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Benedetto Avignon 2016
Il était présent par trois spectacles :
Au Théâtre des Vents André Benedetto est sorti de son cher Théâtre des Carmes pour
le texte Lettres anonymes d’aujourd’hui joué par la Compagnie Un Peu De Poésie avec
Elsa Stirneman, Véronika Soboljvescki et Stéphane Roux. Une galerie de portraits
pour montrer l’ambigüité de la nature humaine.
Mais bon au Théâtre des Carmes il était toujours là.
La Nouvelle Compagnie d’Avignon présente Barbelés, une compagnie où le musicien
est Sébastien Benedetto qui en tant que fils d’André fera la promotion de L’homme
aux petites pierres encerclé par les gros canon avec, suite à une des représentations,
une veillée le 14 juillet suite à la pièce en présence de Leila Shahid car il est question
de Palestine.
Voici l’entretien avec Sébastien Benedetto présentant L’homme aux petites pierres
encerclé par les gros canon.
Pourquoi confier ce texte à ce collectif Le Bleu Armand ? Sébastien Benedetto: Le Bleu d'Armand a joué ses deux premiers spectacles au
Théâtre des Carmes. En voyant Chienne de vie, je me suis dit qu'ils sauraient s'emparer
de L'Homme aux petites pierres encerclé par les gros canons. Le Bleu d'Armand a fait
une première lecture l'an dernier, très forte. J'ai décidé d'en soutenir la création. Ce
texte parle d’un peuple occupé et opprimé, sans jamais citer le conflit israélo-
palestinien. Mon père l’a écrit en 2002 et joué en 2003. Il le jouait tout seul, encerclé
par des cailloux. C’était l’histoire d’un homme sur le dernier carré de terre de son
pays. Il appelle au secours et personne ne l’entend. Quand les membres de Bleu
d’Armand se sont rendus en Palestine, ils ont entendu les habitants demander les
mêmes choses : qu'on les entende, qu'on raconte ce qui s'y passe et ce qu'ils vivent.
Quel rapport entre cette reprise et la création originale? S. B.: Ce qui m'intéressait, c'est justement qu'ils n'avaient jamais vu jouer mon père.
Le texte n'avait jamais été repris. J'ai voulu que le collectif s'empare du texte sans
indications : je crois que c'est la meilleure manière de faire vivre les textes de mon
père. On n'a pas regardé les captations. Évidemment, moi, je l'avais vu, mais je ne leur
en ai pas parlé. En revanche, nous avons beaucoup parlé du texte, et le collectif est
parti en Israël et en Palestine : ils étaient sensibles à la situation, mais la connaissaient
mal. Le voyage les a confortés. La création a eu lieu en en mars : j’étais très content du
résultat. Il n’a rien à voir avec ce qu’avait fait mon père, c’est complètement autre
chose, et c'est tant mieux, parce que c'est une autre génération. C'est le théâtre que j'ai
envie de voir. Un théâtre très fort.
Comment gérez-vous l'héritage d'André Benedetto ? S. B.: Il y a le Théâtre des Carmes et les textes de mon père. Ce sont deux choses
différentes. Quand j'ai repris le théâtre, je l'ai voulu ouvert à de jeunes compagnies,
pour écrire une nouvelle page du Théâtre des Carmes. Toutes ne créent pas les œuvres
de mon père. Pour ce qui concerne ses œuvres, nous passons par de multiples voies
pour les mettre entre toutes les mains. Ses textes sont pratiquement publiés par les
éditions du théâtre, ils sont tous disponibles; mais entre vingt et trente sont vraiment
édités. Mon père voulait que ses textes soient joués. Peu importe si c'est raté et tant
mieux si, comme pour ce spectacle, c'est réussi !
Propos recueillis par Catherine
Dauphiné Libéré 8/7/206
En plus de la grande famille de Benedetto (par le sang et par l'esprit), des artistes et des
amis, du président d'Avignon Festival et de la Compagnie Raymond Yana, et de tous
les fidèles, il y avait beaucoup de beau monde hier jeudi, devant le théâtre André-
Benedetto. Celui des élus, actuels ou anciens - dont Marie-Josée Roig - venus
nombreux pour cet événement.
Bertrand Hurault, cofondateur des Carmes, en maître de cérémonie, a donné la parole
aux intervenants, non sans rappeler qu'à cette date historique du 10 juillet 1966 où
André Benedetto avait créé "Statues", il n'avait pas l'intention de lancer quoi que ce
soit, mais voulait juste « jouer au pied de la citadelle autre chose que des classiques...
». A tout seigneur tout honneur, c'est donc Benedetto qu'on a entendu d'abord, par la
voix de Claude Djian et Charlotte Adrien lisant, perchés sur les cubes d'origine, des
extraits de "Statues". La maire d'Avignon, Cécile Helle, a souligné le côté visionnaire
de Benedetto, en lisant son percutant édito 2009 (l'année de sa mort) du Off qu'il
présidait. Jean-Claude Roubaud, président du Grand Avignon, a salué le précurseur
grâce auquel « Avignon est devenu le plus grand marché de théâtre de France et du
monde ». Philippe Caubère, grandiose de simplicité et d'impertinence, a lu un texte
fameux de Benedetto : "A qui sert le théâtre ?
Tous, impressionnés, vibrants et impatients, attendent la grande, la magnifique, la
modeste Ariane Mnouchkine, que Benedetto qualifiait de « grand homme de théâtre ».
Elle se tient aux côtés de Frances Ashley, momentanément coincée dans un fauteuil
roulant. Très accessible, la célèbre metteuse en scène se laisse aborder avec beaucoup
de gentillesse, accepte les photos, mais refuse tout net de parler de sa création en
gestation : « Je ne suis pas là pour ça. »
Lorsque c'est à son tour de monter au micro, elle est profondément émue : « Il me
manque. Ses mots restent, mais je pense à l'homme en tant que tel, à son corps, sa
beauté. Il avait embelli en vieillissant Il est venu en 1988 à la Cartoucherie avec "La
mort de Robespierre ". À cause d'une grève de métro, il a joué dans le désert. On avait
du temps pour se parler. Il était ce que nous devrions tous être, la fureur et l'amour qui
ne devraient pas aller l'un sans l'autre, comme la justice et la force... »
C’est sous des tonnerres d’applaudissements qu’elle a coupé le fil du voile qui
enveloppait la plaque souvenir, sobre et belle. Elle représente l’illustration de
« Statues » dessinée par son auteur et acteur, André Benedetto.
Anne Camboulives.
Un encadré précise de plus que du 7 au 30 juillet il y a une exposition des manuscrits,
dessins et photos de la pièce « Statues », de Benedetto, rassemblés par sa fille Pascale
Benedetto.
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Un article précédent sur Benedetto
Sur Benedetto
Dauphiné Libéré 19/06/2011 Ils ont pris la relève. « Ils », ce sont Andriève et Sébastien, les enfants du poète.
Aujourd’hui, ils défendent la voix d’André Benedetto, aidés par les plus grands. A
leurs côtés, celui qu’ils nomment leur artiste associé, Philippe Caubère. D’une lecture
d’”Urgent Crier” sur quatre dates l’an dernier, le comédien a tenu à revenir cette année
sur la durée du Festival dans une véritable mise en scène du texte. Philippe Caubère
s’est même engagé plus avant, apportant avec lui son équipe, comme son attachée de
presse ou encore Luigi son fidèle directeur technique qui a entièrement repensé la régie
du théâtre. Andriève a suivi les plans à la lettre et à juste titre n’en est pas peu fière.
L’autre ami de la maison, c’est Jean-Claude Drouot, venu ici pas tout à fait par hasard
l’an dernier grâce à Melly Puaux. En 2010, il y joue des “Portraits Cévenols” et en
profite pour se plonger dans l’écriture de Benedetto. Il est séduit par ”Lear et son fou”,
une pièce que le poète a écrite en 89 pour Alain Cuny et lui-même, le spectacle n’a
jamais vu le jour... C’est donc une création que propose Jean-Claude Drouot, une
véritable renaissance pour ce texte qui sera édité pour la première fois par “Le temps
des cerises”.
Au cœur de la programmation du lieu emblématique, la belle compagnie de Michel
Bruzat, “Le Théâtre de la Passerelle“ propose ”Montaigne”, la compagnie
avignonnaise “On est pas là pour se faire engueuler” s’empare du texte de Jean-Luc
Lagarce “Les règles du savoir-vivre dans la société moderne”, Jane Bréduillieard vient
y rejouer son “De vos à moi” et pour terminer la journée de façon joyeuse et festive,
Ali Bougheraba et ses copains de la troupe des Carboni embarquent le public dans un
spectacle forain de théâtre musical et dansé, un cabaret opérette marseillais bien frais,
mais aussi “La Jeanne“ sur trois dates pour la plus belle des soirées.
L'HUMANITÉ, MARIE-JOSÉ SIRACH, MERCREDI, 16
JUILLET, 2014 Avignon, envoyée spécial. Lundi soir, 14 juillet. Fête de la Révolution. Rentrez chez
vous, peuple d’Avignon. Pas de bal populaire. Ni de feu d’artifice. Ainsi en a décidé la
nouvelle mairie d’Avignon. Sûrement pour de bonnes raisons. Rue de la République,
des jeunes gens légèrement éméchés s’époumonaient dans des micros au son rouillé. Il
flotte une drôle d’ambiance au Festival d’Avignon. Place au théâtre du verbe ! Place au
théâtre du verbe ! Entend-on sur tous les tons. Lit-on sur tous les programmes. Du
verbe au verbeux, l’exercice est périlleux… Coup de blues. Coup de fouet. On est allé
au théâtre des Carmes. Celui d’André Benedetto. Lundi soir, c’était sa fête. Ses mots,
on les a retrouvés, savourés, appréciés. Un autre poète était là. Serge Pey. Formidable
de simplicité, d’humilité. Face au public, il a interprété des morceaux choisis, puisés
dans l’œuvre de Benedetto. Dans Urgent crier !, dans l’Acteur loup… Avec la voix, le
corps, les pieds qui frappent le sol, la terre, les mains qui dessinent la langue des
plaines sauvages du Dakota pour évoquer le plus vieux prisonnier du monde, Léonard
Peltier, incarcéré depuis 1976 dans la prison de Lewisburg, Pennsylvanie. Serge Pey
tout entier à sa tâche, poète jusque dans ses silences, empruntant les mots de
Benedetto, nous emportera loin au-dessus de la révolution polie des salons. Pey
évoquera plus tard des souvenirs magnifiques, ces drôles de chemins biscornus qu’ils
ont empruntés, tous les deux, depuis qu’ils s’étaient croisés en 1968. Allures de
beatniks, on les imagine, Benedetto et Pey, faisant les quatre cents coups au nom de la
poésie, de la liberté, de la révolution, de l’utopie. Leur route croisera celle de Colette
Magny, de Bernard Lubat. Avignon-Uzeste. Il n’existe pas de TGV pour relier les
deux. On s’en fout. On se souvient de Benedetto, du haut des murailles du château de
Roquetaillade, lors des 22e Hestejadas d’Uzeste, racontant la vie tumultueuse du pape
Clément V, fondateur de la papauté en Avignon et enterré dans la collégiale d’Uzeste.
Combien de temps a passé ? Les mots des poètes se bonifient avec lui quand ceux des
charlatans s’évaporent dans les limbes de la poésie officielle. Pey et Benedetto, deux
Indiens dans une ville qui compte beaucoup de chefs…
L'HUMANITÉ, MARIE-JOSÉ SIRACH, VENDREDI, 25
OCTOBRE, 2013 André Benedetto est mort voilà quatre ans. En plein Festival d’Avignon, dont il fut une
des figures marquantes. On ne peut passer devant le Théâtre des Carmes, son théâtre,
sans éprouver un pincement au cœur. Benedetto disparu, son fantôme n’est pas loin.
Là, derrière un rideau de scène ; ici, dans le hall du théâtre où il faisait les cent pas ;
ailleurs, dans les réunions très officielles du off qu’il présidait, l’œil bleu vif pétillant
de malice. Pour les cinquante ans du théâtre, voici donc les premières Rencontres, qui
se dérouleront tout ce week-end. Débats, expositions et théâtre, forcément, assurément.
Dès ce vendredi soir, sous la houlette d’Olivier Neveux, brillant universitaire qui
travaille sur l’œuvre théâtrale et l’engagement de Benedetto, l’occasion de
(re)découvrir Thermidor Terminus la Mort de Robespierre dans la mise en scène de
Roland Timsit. Samedi, plusieurs tables rondes se dérouleront tout au long de l’après-
midi qui se déclineront en trois mouvements : Benedetto, poète des Carmes / poète de
la scène / poète du monde, avec la participation de personnalités et d’amis qui
témoigneront de son œuvre encore trop méconnu. Le soir, une « soirée-mêlée » :
comédiens, musiciens, plasticiens se relaieront autour des mots et des images de
Benedetto. Dimanche, une balade poético-avignonnaise avec lectures dans les rues de
la ville de textes, happening et autres surprises. Promenade qui se terminera à Tavel,
son village, sur la route de Nîmes, avec la représentation de Fin de journée, jouée par
Jean-Claude Drouot et Maryvonne Schiltz. Lectures de poèmes aux flambeaux autour
de son olivier, où il aimait méditer…
L'HUMANITÉ, CHARLES SILVESTRE JEUDI, 18
JUILLET, 2013 Philippe Caubère fait de Memento occitan, créé en 1980 à la Fête de l’Humanité, l’épopée d’un troubadour à moto. Sur les photos projetées sur le mur du fond, Benedetto est à moto. De face, sur l’une,
visage dégagé, front haut, penché sur l’engin, dans un halo créé par le flou du cliché
qu’on devine instantané ; de profil, sur l’autre, bras tendus sur le guidon, visage haut,
cheveux au vent. En deux images de l’artiste jeune, on a le troubadour qui traversait le
Sud de long, en large et en travers, et dont il a fait son Mémento occitan créé en 1980
par l’auteur à la Fête de l’Humanité, repris au vol, cette année, au Théâtre des Carmes,
par un surprenant Philippe Caubère.
Si Benedetto avait été américain, allure à la Kerouac, texte de beatnik au physique
d’italien d’origine qu’il était, ces images auraient pu figurer dans Paris Match, façon
James Dean. Mais on n’a jamais cherché à savoir ici s’il existait des beatniks français,
si du cliché importé on pouvait passer au poète qu’on avait « sous les pieds » comme
l’Avignonnais le disait d’un Marseillais du nom d’Artaud. Et, surtout, si cet auteur de
descriptions de la géographie humaine à coups de métaphores puissantes n’en avait pas
moins une pensée politique de son temps. « Fantôme d’un pays qui n’a pas existé / Autrement que par sa culture et par sa langue
/ L’Occitanie dans sa robe de sel et d’ocre / Et de terres abandonnées au plus offrant /
Abandonnée de tous vous rend ici visite. » Cette visite, Philippe Caubère la reprend. Il
démarre en première, pour dire d’abord paisiblement ce Memento, déployant tout son
art de la diction, appuyant un mot, adoucissant l’autre, juste un sourire entendu à
certains moments. Tranquille, comme on dit sous ces latitudes. Et, soudain, enchaînant
une nouvelle version, enclenchant la deuxième, la troisième, la quatrième, il profère le
même texte, le clame, le gueule. Il se paye même le luxe de le balancer à la Johnny,
style Pénitencier, le chanteur qu’il aime. Le Memento occitan devient rock’n’roll par
la grâce d’un acteur fou de cet épique écrit et de la guitare électrique de Jérémy
Campagne, alternant la douceur d’accords au ralenti et la foudre des cordes
déchaînées. Ceux qui l’ont connu savent que Benedetto préférait cette musique « de
sauvage » aux savantissimes compositions.
Cette audace de Caubère n’est pas tombée du ciel. Elle a surgi du sol d’une scène à
Tarascon-sur-Ariège où il jouait, au printemps, sa Danse du diable. Le tendon droit
rompu, écroulé, dans une scène que l’on crut d’abord inénarrable, digne de son
Ferdinand, mais où le rire s’est figé à l’annonce du diagnostic. Annulation de la Danse
du diable, qui devait prendre figure d’un pied de nez au festival où elle avait triomphé
à l’époque… Dès lors, Caubère fait « danser » Benedetto par la voix. Sa mise en scène
est d’une grande simplicité : un fauteuil qu’il rejoint à cloche-pied pour la première
version « dite » au public, un tabouret surélevé de cabaret où il se hisse pour
« chanter », micro en bouche, le rock du Memento. C’est, comme disent les branchés,
gonflé un « max », mais du risque Caubère, rebondissant, a fait son art. Il y gagne une
nouvelle dimension.
L'HUMANITÉ CHARLES SILVESTRE JEUDI, 12 JUILLET,
2012 Fin de journée, variation sur un couple de vieux acteurs, est reprise au théâtre des
Carmes par Jean-Claude Drouot et Maryvonne Schiltz dans une version toute en
puissance.
correspondance. André Benedetto s’est beaucoup amusé en 1986 en montant Fin de
journée, une variation sur un couple de vieux acteurs assis côte à côte sur des chaises
longues en bord mer (1). L’argument tient en quelques mots. « LUI : On n’a jamais
joué le Cid. ELLE : On aurait pu… LUI : On n’a jamais. ELLE : C’est pas maintenant
que ça nous arrivera ! » En fait d’amusement, Benedetto a peut-être laissé, longtemps
avant sa disparition en 2009, un testament sur sa conception du théâtre. Lui qui s’est
vu coller une réputation d’anti-classiques joue pendant une heure trente avec Corneille
et Shakespeare, confronte avec beaucoup de drôlerie ses classiques. Les premiers sont
des juristes, des coupeurs de cheveu en quatre ; les seconds, toujours dans l’action, la
permanence. Et pourquoi pas jouer un vieil Othello, un vieil Hamlet, le couple
Macbeth couvert de toiles d’araignées, le vieux Lear ? Tous ces drames laissent des
espaces pour les écritures, pas les « vieilles lectures ». Benedetto, à ce stade, règlent
des comptes avec les nostalgiques : « C’est parce que nous sommes du thé froid que
nous pouvons faire du théâtre réchauffé. » Puis finit en beauté : « Quand tu auras lu ce
texte dont tu rêves », lui dit-elle. « C’est un alexandrin », lui répond-il.
Il y a vingt-cinq ans, LUI et ELLE étaient joués par Bertrand Hurault et Jacqueline
Benedetto, dans une mise en scène de l’auteur tout en douceur entre trois complices.
Le souvenir teinté de mélancolie confère une aura particulière à ces représentations
d’un charme fou, surprenant à l’époque, donnant d’autant plus de relief au propos
sarcastique. L’esprit du couple à la Beckett rôdait encore aux Carmes où André, avec
Bertrand, Vladimir et Estragon, avait créé un formidable Godot, puis avec Jacqueline,
Oh les beaux jours. Jean-Claude Drouot et Maryvonne Schiltz, dans une mise en scène
du premier, jouent cette année une Fin de journée toute en puissance. Drouot, avec sa
stature, son visage terrible, sa voix grave, accentue le côté maître que Maryvonne
Schiltz, dans sa jolie bouille de blonde, coupé court, malicieuse en diable, renvoie
régulièrement dans les cordes. La différence donne une nouvelle vie à cette œuvre rare.
(1) Fin de journée, d’André Benedetto, mise en scène de Jean-Claude Drouot. À
15 h 30. Tél. : 04 90 82 20 47. Le Temps des cerises fait un travail d’édition
remarquable des œuvres de Benedetto. Après Urgent crier, titre du spectacle de
Philippe Caubère, et Lear et son fou, l’an dernier, c’est Fin de journée qui paraît cette année avec une postface et un dessin de l’auteur.
Philippe Caubère « André Benedetto est né en 1968, comme Bob Dylan »
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE-JOSÉ SIRACH
VENDREDI, 2 DÉCEMBRE, 2011
L'HUMANITÉ
Philippe Caubère est en ce moment à la Maison de la poésie à Paris. Il présente Urgent
crier !, textes d’André Benedetto, jeu, Caubère. Un moment inoubliable où la plume de
Benedetto, incisive, belle et rebelle, fait mouche, encore et toujours. À cette occasion,
nous avons rencontré Philippe Caubère, acteur hors normes, totalement habité par son
personnage. Belle rencontre.
André Caubère/Philippe Benedetto, notre regard se brouille, les souvenirs remontent à
la surface, et sur scène, tandis que la voix de Caubère gronde, on redécouvre le visage
de Benedetto, beauté sauvage, indomptable, regard de braise qui pouvait se durcir d’un
coup de sang. Caubère, Benedetto, les deux silhouettes se superposent pour n’en faire
qu’une. Car Caubère ne joue pas Benedetto. Il l’incarne, avec l’intelligence secrète des
acteurs qui ne vivent que pour exercer leur métier, sans concession, avec cet
entêtement volontaire de celui qui ne se laisse pas envoûter par les sirènes du succès.
Caubère/Benedetto, c’est la quintessence de l’acteur retrouvée sur le plateau, à l’état
brut, sans truquage. Avec l’humilité et l’authenticité des plus grands. Ce n’est pas un
hommage qu’Urgent crier ! C’est un cri du cœur et du corps.
Votre première rencontre avec André Benedetto ?
Philippe Caubère. J’avais dix-huit ans et, à cette époque, j’étais étudiant à Aix-en-
Provence. Nous sommes en 1967 et je vais le voir au Centre dramatique du Sud-est
que dirigeait alors Antoine Bourseiller. Et là, je découvre un garçon magnétique dans
son adaptation de Xerxès, la voix très basse qui, soudain, s’arrête au beau milieu d’un
monologue dans un plein feu lumière. Il ne bougeait pas et il gronde : « Il manque un
projo… » Il avait remarqué que le lumiériste, comme il aime à les appeler, était parti
boire un coup ! J’ai craqué pour lui à cet instant. Je l’entends, encore, dire : « Je suis
Xerxès », « Je suis la reine », les bras grands ouverts et on y croyait. J’ai loupé Zone
rouge en 1968 mais ensuite j’ai tout vu. Ma rencontre avec Ariane (Mnouchkine) et
André… Deux êtres qui ont compté et comptent dans ma vie, deux chefs indiens.
Vous diriez de Benedetto qu’il était un chef indien ?
Philippe Caubère. Un chef indien, un chef de bande, un Gitan. Il avait cette grâce, ce
charme, le côté impressionnant de ces grands artistes. Il pouvait être coléreux, il
n’avait rien à perdre. Il était sauvage, il était un acteur fabuleux, jamais dans l’air du
temps, un acteur exceptionnel qui traverse l’accent. Trop souvent, au théâtre, les
acteurs sont anonymes. On leur apprend à jouer selon des conventions qui gomment
tout. André, lui, échappait à toutes les conventions, sauf à celles qu’il s’était inventées
lui-même !
Dans le spectacle, vous parlez de lui en disant qu’il était un homme Sud, un acteur
Sud. Vous-même ne relevez-vous pas de cette filiation ?
Philippe Caubère. Bien sûr. Il y a une filiation et je me sens plus proche de lui que de
Pagnol. Un acteur Sud est une question importante et pas anodine. C’est même
fondamental. Raimu, Harry Baur, quels acteurs ! Ça remonte à l’Occitanie, aux
troubadours qu’on tente d’ignorer mais qui, dans la réalité comme dans l’art, existent.
À Paris, on oublie que c’est la dialectique centrale d’une République moderne. La
décentralisation fut un progrès et en même temps un désastre : André en parle très
bien.
Vous qualifiez Benedetto de poète-acteur…
Philippe Caubère. Il n’y a pas plus fort que poète-acteur. Je n’ai pas osé monter ses
pièces de son vivant et ce n’est que maintenant qu’on peut monter ses pièces.
Dans Urgent crier !, deux personnages prennent une place considérable : Jean Vilar et
Antonin Artaud.
Philippe Caubère. Les relations que Benedetto eut avec Vilar sont étonnantes. André
s’est souvent opposé à Vilar et Paul Puaux (qui a succédé à Vilar). Mais Vilar et Puaux
respectaient André. Ils comprenaient son style, son travail. Ce qui ne fut plus jamais le
cas de leurs successeurs au Festival d’Avignon : avec l’arrivée de Bernard Faivre
d’Arcier, le Festival a porté sur Benedetto un regard de colon sur le Nègre au fond de
la brousse. Artaud fut, lui, un maître pour André. Ne jamais oublier qu’André est avant
tout un poète, un acteur. Artaud, c’est un autoportrait. C’est son trajet, son parcours
atypique et hors norme qui ramène Benedetto à Vilar, par la seule question de l’acteur.
La question de l’acteur devient centrale et donc taboue puisqu’à ce moment-là la place
du metteur en scène devient envahissante. C’est Vilar qui a tout déclenché : le théâtre
est un combat et le combat de ma vie, c’est la question de l’acteur. C’est le cœur et le
corps du théâtre et même son âme. Le reste est une question de gouvernance, avec la
répartition des tâches mais le cœur, c’est l’acteur. Et on est loin du compte de nos
jours…
Avez-vous eu des maîtres ?
Philippe Caubère. J’ai la chance formidable d’avoir eu des maîtres : Ariane
Mnouchkine, André Benedetto, Jérôme Savary et Patrice Chéreau. Après 1968, le
terrain était labouré. C’était un désordre comme un bordel après la fête. Je faisais du
théâtre dans la rue, je ressentais le besoin d’un maître. Pas le conservatoire, non. J’ai
rencontré le top. Ariane, une femme, le top du top. André, malgré toutes ses
pérégrinations, des spectacles ratés, il est resté mon maître même s’il y eut des
ruptures, il y eut surtout des retrouvailles. C’était un vrai artiste, un poète, un penseur
et il n’a jamais transigé avec ça. Il n’a jamais été un copain, je le respectais trop, tout
comme Ariane. À un moment de ma vie, je me suis détaché de Chéreau, parfois
d’Ariane et, curieusement, jamais de Savary. C’est curieux que je vous dise cela, je ne
l’avais jamais formulé ainsi…
L’année 1968 est plus qu’une année charnière…
Philippe Caubère. André Benedetto est né en 1968. Comme Bob Dylan. Comme les
luttes du tiers-monde. Les deux formes d’art qui ont incarné 1968, c’est la musique et
le théâtre. « Notre jeunesse », ce n’est pas l’extrême droite de Brasillach mais celle de
1968. J’ai abordé ce moment dans mon spectacle comme une merveilleuse métaphore
de toutes les révolutions. André donne à 1968 une dimension tragique. Et Vilar devient
un roi shakespearien. Le meurtre du père (qu’il représentait aux yeux de tous même si
je suis persuadé que, ce qui a tué Vilar, c’est le travail) était incontournable. Mais dans
la réalité, ce fut horrible…
Dans le spectacle, vous projetez des images d’André et il est terriblement beau…
Philippe Caubère. Il était beau et dégageait quelque chose d’érotique. Le plus érotique,
chez lui, c’était son authenticité. Sur scène, pas de complaisance, pas de volonté de
plaire. Il s’en foutait. Il jouait quelque chose d’intense et ça ne faisait qu’aggraver son
cas. Il ne pouvait faire autrement que de rester à Avignon, sa ville natale. Il n’aimait
pas Paris. Il n’aimait pas le succès : dès qu’un spectacle marchait, il l’arrêtait. Ariane
aussi avait ce côté-là, ce rapport ambigu au succès mais elle, elle avait une troupe à
faire tourner. Pas André. Et ce renfermement était inévitable, nécessaire, obligé pour
qu’il puisse écrire une œuvre. Et quand on écrit une telle œuvre, on ne connaît pas le
succès, D’où son impossibilité de collaborer à l’extérieur. Quand toute votre pensée est
accaparée de la sorte, c’est impensable. Ça se rapproche du travail des paysans aux
champs : quand on travaille la terre, on ne sort pas tous les soirs en ville. André s’est
renfermé et il a choisi de rester dans sa ville. J’ai toujours regretté que les télévisions
ne l’invitent pas plus souvent : il aurait excellé dans ce curieux exercice. Il avait de
l’allant, de l’humain, il était en dehors du discours officiel et ils sont peu nombreux,
ceux qui sortent du discours officiel bien balisé.
Que faites-vous de la reconnaissance ? N’en a-t-on pas besoin, particulièrement les
artistes ?
Philippe Caubère. On souffre toujours de l’absence de reconnaissance. « Ci-gît mon
silence de grand vaincu », écrivait André Suarès, ce grand poète né à Marseille. C’est
la plus grande souffrance pour un artiste. Le pire, ce n’est pas la reconnaissance
populaire mais la sous-estimation constante du théâtre officiel à son égard. Ils avaient
sous les yeux cet artiste remarquable, exigeant, novateur, et ils le regardaient comme
on regarde un vieil Indien, un vieux Nègre, avec ce regard de colon dont je vous
parlais plus haut. Imaginez un seul instant qu’André ait été aux Bouffes du Nord : il
aurait été immédiatement considéré.
Et pour vous-même ?
Philippe Caubère. J’ai connu le succès et il m’inspire mais il n’a jamais été
commercial. Sinon, on joue pendant cinq années la même chose. La reconnaissance,
un mal nécessaire… Je ne consacre pas ma vie à être connu, je la consacre à jouer.
Votre pire angoisse : avoir du succès avec des choses qui ne vous plaisent pas. Prenez
le rire, il peut surgir d’un malentendu. De toute façon, chaque fois que j’ai essayé de
rentrer dans les clous, je me suis planté, alors… Toucher les gens avec du Benedetto,
ça c’est un challenge. Et le spectacle fabrique son propre public et celui-ci crée un
public, comme un essaim. Il est là, le challenge. Car André Benedetto, ce n’est pas un
argument commercial.
Le succès du spectacle auprès du public est incontestable. Qu’en est-il des réactions
des « professionnels de la profession » ?
Philippe Caubère. Les diffuseurs sont venus cet été en Avignon. Je ne sais pas si le
spectacle leur plaît. En tout cas, il dérange toujours autant. Cela ne me surprend pas
outre mesure. Le théâtre contemporain s’enfuit dans l’abstraction et ne produit que des
malentendus. Tant que les théâtres seront dirigés par des non-acteurs…
L’augmentation des subventions durant les années socialistes ont transformé le théâtre
en une église. Les lois sont truquées et, s’il est un combat à mener, c’est de ramener
l’acteur au centre. Voilà le prochain combat.
Comme André qui était beau, l’acteur c’est le sexe du théâtre, celui que tout le monde
voudrait être mais ne peut. Même si on fait croire que tout le monde peut être acteur.
Quelle supercherie ! Être acteur, c’est un abandon et le fait que ce métier devient
estimable, du fait d’un embourgeoisement de la gauche – on pousse ses enfants à
devenir acteurs alors qu’autrefois c’était sacrilège –, on assiste à un embourgeoisement
du théâtre. Les enfants ne se foutent plus sur la gueule avec leurs parents pour être
acteurs. Ça donne presque la nostalgie de l’époque où on n’avait pas le droit d’exister,
où les acteurs ne pouvaient être enterrés en terre chrétienne. Aujourd’hui, tout le
monde a le droit d’être mégalo, sauf l’acteur. Il le faut timide, soumis, modeste, pas
beau, pas capricieux, obséquieux donc hypocrite et faux-cul. Mais le public ne s’y
trompe pas. Il veut du cul, du sexe, bander. Et quand on lui propose, il y va.
Quel pourrait être l’Urgent crier ! de Philippe Caubère ?
Philippe Caubère. Le même que celui d’André : le Sud, l’importance de l’acteur
méditerranéen. Aujourd’hui, ces acteurs Sud s’appellent Jamel Debbouze, Gad
Elmaleh, Gérard Meylan ou Ariane Ascaride, les acteurs fétiches de Guédiguian. La
plupart des acteurs provençaux, on leur demande encore de parler avec un stylo dans la
bouche. Chez Benedetto, le fait que ses acteurs parlent avec l’accent marseillais, c’était
mal vu. Eh bien, moi, je pense que les acteurs du conservatoire jouent mal. Pas parce
qu’ils sont de mauvais acteurs mais parce qu’on leur apprend à faire comme leurs
aînés. Dès qu’on sort du modèle, le modèle existe toujours. J’en parle d’autant mieux
que quand je joue, spontanément, je me mets à jouer comme les acteurs parisiens. Ça
veut pourtant bien dire quelque chose de la France, l’accent du Sud : il est le vestige
d’une civilisation qui s’est construite à travers la poésie des troubadours.
C’est Frances (l’épouse de Benedetto – NDLR) qui a eu l’idée du titre. Et c’est juste.
J’aime beaucoup ce passage d’Urgent Crier ! : « Et tout d’un coup, cette formidable
envie / de vivre s’empare des hommes / Et tout d’un coup ils veulent vivre debout sur /
l’horizon et la poitrine ouverte / et solennels comme des monuments / Et tout d’un
coup ils veulent vivre et ils savent / que c’est possible / et ils se dressent / gigantesques
(…) ». Il ne faut jamais parier sur l’endormissement du peuple.
Le spectacle Urgent crier !, par Philippe Caubère, se joue jusqu’au 31 décembre à la
Maison de la poésie, passage Molière, 157 rue Saint-Martin, Paris 3e. Réservations :
01 44 54 53 00 ou www.maisondelapoesieparis.com
À lire : Urgent crier !, d’André Benedetto, suivi des Poubelles du vent aux éditions Le
Temps des cerises, 16 euros.
itinéraire d’un acteur Sud Philippe Caubère est né à Marseille. Étudiant, il fait ses
premières classes à Aix, au théâtre d’Essai. En 1971, il rencontre Ariane Mnouchkine.
Il joue dans 1789, l’Âge d’or et interprète Molière dans le film éponyme de
Mnouchkine. En 1980, il se lance dans l’écriture. Première version de la Danse du
diable (1981-1983). Il enchaîne avec des improvisations qui aboutiront par créer le
Roman d’un acteur. Dès lors, chaque année, nouvelle création, tournées importantes.
Caubère ne cesse d’écrire et de jouer, toujours et encore. Il s’émancipe de la tutelle de ses maîtres (Mnouchkine, Benedetto particulièrement), mais retrouve ce dernier en 1995, qui l’invite à jouer sa Danse du diable en son Théâtre des Carmes. Au
XXIe siècle, Caubère est plus que jamais présent sur scène. En 2004, il crée Ariane et
Ferdinand, au festival off d’Avignon, l’année suivante l’Homme qui danse. En 2009,
c’est Jules et Marcel, d’après la correspondance Raimu-Pagnol. Entre-temps, il joue
au cinéma (la Femme du boulanger), à la télévision. Juillet 2010, au Théâtre des
Carmes d’Avignon, Urgent crier ! À voir de toute urgence.
L'HUMANITÉ
Charles Silvestre a lu André Benedetto
JEUDI, 10 OCTOBRE, 2002
Benedetto s'est souvenu de la leçon de Cézanne, son voisin : être cosmique.
Impossible, sinon, de faire un livre avec Deux ponts, trois arbres, quatre hommes du
Sud (1). Certes, sans aller jusque là, cela pourrait être un guide du Sud en neuf croquis
: le pont du Gard, le pont Saint-Bénezet, le cyprès, le pin et l'olivier, Artaud de
Marseille, Dardé du Larzac, Jaurès de Castres et Vilar de Sète. Mais le touriste, si
touriste il y a, qui ne cherche que le pittoresque sera de la revue. Avec Benedetto, il
faut entrer dans le pont, dans l'arbre, dans l'homme. Le pont du Gard, " paradoxe
d'aqueduc qui emporterait ses eaux bien au-dessus des eaux tel que si tu te penches tu
les vois en bas mais en réalité les eaux elles passent en haut il y a dans le ciel un canal
souterrain... " Le pont Saint-Bénezet, ce cliché, auquel l'Avignonnais met le feu...
onirique. Le cyprès " flamme noire ", " périscope de la terre par lequel les morts nous
observent ". Le pin, " boule immobile torturée par le vent ". L'olivier qui, arraché,
transporté, " lance des regards furibards par-dessus bord ". " Flamme noire ", " boule
torturée ", " regard furibard ", voici Artaud. Benedetto ne voue pas de culte à Artaud, il
aime Artaud, ce qui change tout. Il le saisit par sa naissance à Marseille, ville qui le
hante et à propos de laquelle il avait déjà eu ce trait de génie : " Si Marseille a toujours
eu un grand club de football c'est parce qu'on y a coupé la jambe de Rimbaud. "
Artaud marseillais ? " Que trouve-t-il soudain, demande l'auteur, au fin fond le plus
secret et le plus magique du Mexique au fin fond du théâtre et de la poésie il découvre
enfoui au plus profond de lui sa culture d'origine il voit la crèche parlante de Marseille
le passage des rois mages sur le bleu profond mexicain et de Notre-Dame de
Guadalupe. " Dans cette constellation du Sud, il y a Dardé, le sculpteur de monuments
aux morts où l'on voit, non le guerrier héros, mais femmes et enfants et " leurs yeux
stupéfiés vont tomber de leurs orbites comme des boulettes d'opium ", il y a " Jaurès la
voix ", long poème théâtral, passion laïque d'une actualité saisissante, et Vilar, enfin,
l'acteur dont tout vient, à Avignon, et s'agissant du festival, ce retour à l'artiste a bien
sûr valeur de philosophie du devenir. Mais, au fait, pourquoi pareil assemblage ? Un
court texte en guise d'épilogue dit notamment ceci : " Ils ont été des chercheurs, des
artistes, des résistants aux dogmes établis et qui ont payé très cher et parfois par la
mort leur esprit d'indépendance et leur humanité. " Deux traits qui se lisent
littéralement sur les quatre portraits au fusain réalisés par Ernest Pignon-Ernest pour
un essai qui mérite bien son nom.
(1) Éditions Jacques Bremond, le Clos de la Cournihle, 30210 Remoulins. 12 euros