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Science & Sports (2013) 28, 1—10 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com REVUE GÉNÉRALE Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques Psychological outcome of exercise in patients with chronic disease G. Nino EA4556 laboratoire Epsylon, université Montpellier-1, 4, boulevard Henri-IV, 34000 Montpellier, France Rec ¸u le 20 novembre 2010 ; accepté le 20 mars 2011 Disponible sur Internet le 24 janvier 2013 MOTS CLÉS Maladie chronique ; Activité physique ; Psychologie ; Prévention ; Santé Résumé Objectifs. Cet article propose une synthèse de la littérature des effets des pratiques d’activités physiques adaptées sur les principales variables psychologiques et psychosociales chez des patients malades chroniques avec le parti pris d’une lecture transversale de ces maladies (et non spécifique à une en particulier) et du respect de l’approche Evidence-Based Medicine/Psychology. Actualités. Malgré l’hétérogénéité des méthodologies et des programmes utilisés, quatre catégories de bénéfice en lien avec la santé peuvent être distingués, les retentissements sub- jectifs globaux, les ressources psychologiques et cognitives, les indicateurs comportementaux et les indices sociaux. Les résultats mettent en évidence des bénéfices psychosociaux liés à la santé de la pratique régulière, dosée et individualisée d’activités physiques chez les personnes malades chroniques. Cette pratique améliore la santé mentale, réduit les effets secondaires des traitements, favorise l’appropriation de la maladie chronique, améliore l’autogestion de la maladie, réduit les soins non programmés et retarde l’apparition de nouvelles maladies. Les effets aversifs sont mineurs. Perspectives et projets. Des travaux restent à mener sur les mécanismes physiopathologiques, sur les fonctions cognitives et sur la survie afin d’augmenter le niveau de preuve. Des recherches interventionnelles sur les doses et le contenu des pratiques devraient également être menées. Conclusion. Les preuves s’accumulent sur les bénéfices psychosociaux liés à la santé de la pratique régulière, dosée et individualisée d’activités physiques chez les personnes malades chroniques tant en phase de traitement qu’après. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Adresse e-mail : [email protected] 0765-1597/$ see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.scispo.2012.12.001

Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

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Page 1: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

Science & Sports (2013) 28, 1—10

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

REVUE GÉNÉRALE

Bénéfices psychologiques des activités physiquesadaptées dans les maladies chroniquesPsychological outcome of exercise in patients with chronic disease

G. Nino

EA4556 laboratoire Epsylon, université Montpellier-1, 4, boulevard Henri-IV, 34000 Montpellier, France

Recu le 20 novembre 2010 ; accepté le 20 mars 2011Disponible sur Internet le 24 janvier 2013

MOTS CLÉSMaladie chronique ;Activité physique ;Psychologie ;Prévention ;Santé

RésuméObjectifs. — Cet article propose une synthèse de la littérature des effets des pratiquesd’activités physiques adaptées sur les principales variables psychologiques et psychosocialeschez des patients malades chroniques avec le parti pris d’une lecture transversale de cesmaladies (et non spécifique à une en particulier) et du respect de l’approche Evidence-BasedMedicine/Psychology.Actualités. — Malgré l’hétérogénéité des méthodologies et des programmes utilisés, quatrecatégories de bénéfice en lien avec la santé peuvent être distingués, les retentissements sub-jectifs globaux, les ressources psychologiques et cognitives, les indicateurs comportementauxet les indices sociaux. Les résultats mettent en évidence des bénéfices psychosociaux liés à lasanté de la pratique régulière, dosée et individualisée d’activités physiques chez les personnesmalades chroniques. Cette pratique améliore la santé mentale, réduit les effets secondairesdes traitements, favorise l’appropriation de la maladie chronique, améliore l’autogestion dela maladie, réduit les soins non programmés et retarde l’apparition de nouvelles maladies. Leseffets aversifs sont mineurs.Perspectives et projets. — Des travaux restent à mener sur les mécanismes physiopathologiques,sur les fonctions cognitives et sur la survie afin d’augmenter le niveau de preuve. Des recherchesinterventionnelles sur les doses et le contenu des pratiques devraient également être menées.

Conclusion. — Les preuves s’accumulent sur les bénéfices psychosociaux liés à la santé de lapratique régulière, dosée et individualisée d’activités physiques chez les personnes maladeschroniques tant en phase de traitement qu’après. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Adresse e-mail : [email protected]

0765-1597/$ – see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.scispo.2012.12.001

Page 2: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

2 G. Nino

KEYWORDSChronic disease;Exercise;Psychology;Prevention;Health

SummaryAim. — This article proposes a review of effect of exercise on psychosocial factors in patientswith chronic disease within a transversal analysis and evidence-based medicine/psychologyapproach.Actuality. — Instead heterogeneity of methodologies and programs, four categories of effectslinked to health may be distinguished, global subjective perceptions, psychological resources,behavioral indicators and social indices. The results show several benefits with periodic, dosedand individualized practice. Studies note an improvement of mental health, a decrease of sideeffect of treatments, a contribution for acceptance, an improvement of self-management, anda decrease of unscheduled care. Adverse effects are rare.Perspectives. — Further studies need to be conducted to better determine biopsychologicalpathways, cognitive function impacts and survey to increase level of evidence. Interventionalstudies are needed.Conclusion. — Evidence increases about the benefits of periodic, dosed and individualized prac-tice of exercise on psychosocial factors linked to health in patients with chronic disease duringtreatments and after.

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Satppfacon progressive, par poussée ou par pallier. Elle impose

© 2013 Elsevier Masson SAS

. Introduction

n 2005, l’OMS constatait que 77 % des handicaps et 86 %es décès prématurés étaient liés en Europe à des maladieson transmissibles, non totalement réversibles et deve-ues chroniques [1]. Les principaux facteurs de risque et’aggravation de ces maladies sont le tabagisme, le sur-oids, l’hypertension, l’abus d’alcool, l’inadaptation autress, un mode de vie sédentaire, des croyances erronéesur la santé et la non observance aux recommandationsédicales. Ces maladies se répercutent sur de multiplesomaines, famille, travail, loisirs, relations sociales. . . Ceonstat est devenu aussi problématique pour la qualité deie des patients que pour l’économie de santé notammentar le recours à des soins non programmés.

Les maladies chroniques exigent un traitement au longours et le plus souvent des modifications durable duode de vie. Si, vu de l’extérieur, l’adoption de nou-

elles conduites de santé paraît évidente, seul un patientur deux y parvient [2]. Des symptômes résiduels, desomplications, des idées recues sur la maladie ou lesraitements, des conduites à risque viennent enrayer ceshangements [3]. De ce fait, l’amélioration des stratégies’adaptation à la maladie, la prévention des complicationst l’acquisition de comportements favorables à la santé àoyen terme sont devenues des objectifs aussi importantsue l’amélioration à court terme de l’état de santé ou de’autonomie physique [3]. Dans cette logique de préven-ion santé secondaire et tertiaire, la pratique régulière, eti possible supervisée, d’activités physiques adaptées (APA)st devenue une pièce maîtresse avec l’accompagnementsycho-éducatif et la diététique. Si les présupposés sontégions sur la base d’expériences personnelles ou d’étudesxploratoires pionnières, ces bénéfices psychosociaux com-encent à être mis en évidence par des études rigoureuses

ondées sur l’Evidence-Based Medicine (EBM). L’approcheBM permet de délivrer aux décideurs des preuves irré-utables d’efficacité de telle ou telle pratique d’APA afinu’elle puisse être généralisée, et non plus uniquement des

reuves de concept.

Cet article vise à faire une synthèse de la littérature sura base d’une lecture transversale des maladies chroniques

uct

rights reserved.

t non spécifique. Ce parti pris se fonde sur trois raisons.es revues sur la question existent déjà, par maladie chro-ique [4] ou pour quelques unes [5]. Si l’inactivité physiqueeut être l’une des causes de certaines maladies chroniquese.g., diabète de type 2, syndrome d’apnée du sommeil),n retrouve dans la plupart d’entre elles des signes cliniquesommuns sur lesquels la pratique régulière d’APA va avoir unénéfice santé. Enfin, l’activité physique va être un média-eur indispensable au changement de style de vie exigéar une maladie chronique (surveillance des critères biolo-iques, prévention des complications, adoption de conduitese prévention).

Malgré l’hétérogénéité des méthodologies des étudesubliées, des programmes d’APA et des recoupements deertains facteurs, cet article propose un regroupement desacteurs psychosociologiques en quatre catégories en lienvec la santé, les retentissements subjectifs globaux, lesessources psychologiques, les indicateurs comportemen-aux et les indices sociaux. Cette revue s’appuie sur lesaladies chroniques ayant fait l’objet du plus d’études,

es cardiopathies, l’hypertension, la bronchopneumopa-hie chronique obstructive (BPCO), l’asthme, les diabètes,’obésité, les cancers, l’ostéoporose, l’arthrose, la fibromy-lgie et la dépression. Elle se focalise sur les effets avantprès d’un programme d’APA, même si la question de laérennisation des bénéfices et du changement de conduitese santé est centrale.

. Comprendre la maladie chronique

.1. Chronique

i la logique scientifique de Pasteur convient à la maladieiguë (une cause provoque une maladie qui justifie un trai-ement ciblé conduisant à la guérison), elle ne correspondas aux maladies chroniques [6]. Une maladie chronique estar définition non guérissable. Elle évolue dans le temps de

ne approche différente de la maladie aiguë tant dans laompréhension de ses mécanismes que dans ses perspec-ives thérapeutiques. Dans la maladie aiguë, les signes sont

Page 3: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

Bénéfices psychologiques des activités physiques 3

Maladie respiratoire chronique

Anxié té liée à la dyspnée

Kinésiophobie

Anxié té de l a m aladie

Effondrement de la qualité de vieDiminution de l‛espérance de vie

Dyspnée(part respira toire)

Sédentari sation

Déconditionne mentet myopat hie

Aggravation de l a dyspnée(part mus culaire)

Dépression mineure

Maladie ch roniqueMaladie ch ronique

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DspSvllBiune écoute attentive et régulière des plaintes du patient.Cette instabilité sera un frein majeur à l’adoption durablede comportements favorables à la santé.

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Healthy (M, 64 years old)

COPD (M, 65 years old)

Figure 3 Évolution bi-quotidienne de l’estime de soi durant

Figure 1 Cercle vicieux du déconditionnement dans la bron-chopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [6].

évidents et d’apparition brutale. L’évolution est connue. Lasouffrance est temporaire. La patience, le repos et la prisedes traitements sont de rigueur. Dans la maladie chronique,les signes sont insidieux. L’évolution est progressive, peuprévisible et non totalement réversible. La souffrance estcontinue ou épisodique. Ses symptômes se confondent par-fois avec ceux du vieillissement. La maladie chronique obligeles patients à collaborer de manière proactive et respon-sable avec les professionnels de santé et de la prévention. Cemode de collaboration se nomme l’alliance thérapeutique[1].

2.2. Systémique

Une maladie chronique entraîne avec le temps des réper-cussions qui vont bien au-delà de l’organe et de la fonctionlésés. On parle de complications consécutives à la maladieet à ses traitements ou comorbidités. Par exemple, dans laBPCO caractérisée par une diminution non complètementréversible des débits aériens, d’autres organes sont tou-chés à cause d’une inflammation systémique, d’hypoxiesrépétées et du stress oxydant (muscle périphérique, cœur,pancréas, os, foie, système nerveux central) [7].

Une des conséquences insidieuses d’une maladie chro-nique qui contribue aux effets systémiques est l’activationd’un processus psychophysiologique d’inactivité physiqueappelé le cercle vicieux du déconditionnement [6]. Il agitcomme un amplificateur de la vulnérabilité et de processusdu vieillissement entraînant la personne vers la dépendanceet une qualité de vie effondrée (Fig. 1). Dans la BPCO, ilest activé par un essoufflement inconfortable à l’effort, ladyspnée. Pour ne pas avoir à la vivre, le patient adopteun mode de vie sédentaire qui dégrade notamment la voieénergétique aérobie. Il devient encore plus sensible à la dys-pnée, ce qui entraîne une peur disproportionnée par rapportau niveau d’effort attendu. Sans pratique d’activité phy-sique, le patient n’est plus capable d’estimer son niveau decondition physique. Il perd confiance dans ses capacités à

se déplacer, à réaliser les actes de la vie quotidienne, cequi favorise son inactivité. Si rien n’est fait pour enrayerce phénomène, s’en suivent une dépression mineure et destroubles métaboliques, musculaires et osseux (. . .).

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igure 2 Processus sur-handicapant d’une personne atteinte’une maladie chronique [6].

En portant un regard global sur les retentissements’une maladie chronique, on s’apercoit que ces dégrada-ions vont être intriqués avec les processus du vieillissement8] (Fig. 2). À un instant t, il devient ainsi difficile de fairea part des choses entre le rôle des différents facteurs incri-inés, les liens de causalité devenant circulaires.

.3. Instable

es thérapeutes considèrent qu’une maladie chronique esttable si les traitements permettent de rééquilibrer lesrincipaux paramètres biologiques dans des zones cibles.eulement, bien des symptômes et des sensations restentariables au fil du temps. La douleur, la fatigue, l’anxiété,’estime de soi varient de jour en jour. La Fig. 3 présente’évolution bi-quotidienne de l’estime de soi d’un patientPCO et d’une personne sans maladie chronique [9]. Cette

nstabilité traduit une véritable vulnérabilité qui impose

rois semaines chez deux adultes, l’un sans pathologie et l’autretteint de BPCO de stade 3 (auto-évaluation matin et soir entre

et 9 h par échelle visuelle analogique de 10 cm, 0,0 : pas duout ; 10,0 : tout à fait).

Page 4: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

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prrfeddssfàmsvgtcpdans le contrôle de son état de santé dans des situations

igure 4 Stades psychologiques associés à la maladie chro-ique [6].

.4. Complexe

n l’état des connaissances, l’intrication gène/comportem-nt/environnement des facteurs aggravant et améliorantne malade chronique rend impossible la prévision à moyenerme de l’évolution de l’état de santé d’un patient. Lesacteurs agissent de concert pour altérer ou améliorer laanté dans une singularité déconcertante. Des auteurs envi-agent aujourd’hui de comprendre une maladie chroniqueomme le résultat d’un système complexe où la plupartes liens de causalité seraient intriquées et non linéaires10]. Ainsi, seuls des paramètres globaux (ou intégrés)esurés fréquemment pourraient avoir une pertinence pour

omprendre l’évolution d’une maladie et éventuellementrévoir son évolution.

.5. Appropriation

e modèle de l’appropriation correspond à un ajustementsychologique actif de la personne à sa maladie chronique6]. La notion d’acceptation, anglicisme couramment utiliséacceptance), ne convient pas car elle revêt un caractèrerop passif. Le but du processus d’appropriation est deieux vivre avec la maladie. Elle implique des changementse comportement, parfois plus radicalement, de mode deie. La durée des six phases varient d’un patient à l’autreFig. 4). Elles sont imbriquées entre deux attracteurs, soit’appropriation et soit la résignation :

la phase de déni est une stratégie défensive visant à mini-miser l’impact des symptômes sur la vie quotidienne. Lepatient et son entourage ne s’attachent pas à compren-dre leur véritable signification. Il minimise sa gêne. Sonentourage relativise la gravité des signes. Ne sachant, nine pouvant, maîtriser le déclenchement des symptômes,des stratégies d’évitement sont mises en place ;

la phase de stress symptomatique correspond à lapeur du déclenchement des symptômes devenus plusintenses, plus fréquents et/ou plus durables. Des situa-tions deviennent handicapantes. L’entourage constatedes réactions émotionnelles disproportionnées et inha-

bituelles. Elles sont causées par l’incertitude desconséquences de la situation et seront un motif essentielde la consultation médicale ;

d

f

G. Nino

la phase de choc suit l’annonce du diagnostic. Elle pré-sente un caractère soudain et objectivé par une batteried’examens. Le patient et ses proches ne sont pas enmesure d’en comprendre tout le sens ;

la phase de dénégation constitue une stratégie défensivevisant à minorer l’anxiété provoquée par la non réver-sibilité de la maladie et à préserver le style de vie [3].En routine, 75 à 85 % des patients ne changent pas deconduite de santé après le diagnostic [2]. Ils se rac-crochent à l’idée d’une possible guérison. Ils accusentd’autres agents responsables de la maladie. Ils s’isolent,refusent des soins parfois avec agressivité ;la phase d’anxiété de la maladie est consacrée aux consé-quences systémiques de la maladie et aux stratégiesfacilitant le bien-être. La répétition des décompensa-tions et la limitation des activités procurant du plaisirconduisent à une prise de conscience de la situation. Lemalade souhaite y remédier au mieux par l’élaborationavec les professionnels de santé d’un programme indivi-dualisé. Cette attitude fait naître de nouveaux projets devie ;la phase de dépression mineure liée à la maladie chro-nique représente une période passagère d’abandon, derenoncement. Elle correspond à une manifestation épiso-dique de symptômes dépressifs de sévérité modérée. Lepatient manifeste de temps à autre un ralentissement,une fatigue, des difficultés attentionnelles, des pertesde mémoire. Il ressent un certain désespoir qui se mani-feste par un pessimisme important, des sentiments detristesse et une dépréciation de soi. Il se demande à quoiservent les efforts consentis face une maladie qui gagnedu terrain. Cette impression est accentuée par le regarddes autres, assimilant perte d’autonomie contextuelle etinvalidité. Une réduction de la socialisation, une baisse del’activité quotidienne, une lenteur ou une agitation, uneperte d’appétit, des variations de poids et des troublesdu sommeil, des troubles de la sexualité sont observés.

Dès la phase de choc, la personne malade chroniqueeut basculer dans un attracteur l’appropriation ou laésignation. L’appropriation correspond à une profondeéorganisation psychique. Le patient prend conscience qu’ilaut faire face activement à la maladie et à ses contraintesn essayant d’en limiter les conséquences sur la vie quoti-ienne. Les altérations, si insoutenables lors de l’annonceu diagnostic, sont désormais évoquées avec moins deouffrance ou d’émotion. Le patient plaisante, refuse de’apitoyer sur son sort, apprend à vivre avec sa maladie, laait sienne. Il s’épanouit dans différents projets. Il cherche

renforcer ses capacités. Il ne refuse plus catégorique-ent les avantages de sa situation. Ce processus modifie

a relation aux autres, souvent par une attention accrueis-à-vis des proches. L’entrée dans l’appropriation est unage d’adhésion à l’observance thérapeutique et au main-ien des conduites favorables à la santé. Le patient créé lesonditions d’une relation de confiance avec l’équipe théra-eutique. Il est capable d’engager sa propre responsabilité

’urgence ou de routine.La résignation correspond à un renoncement, un laisser

aire, un abandon de soi. Elle justifie des comportements à

Page 5: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

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Bénéfices psychologiques des activités physiques

risque vis-à-vis de la santé. Ne tolérant plus ses incapacités,son handicap, le patient défie la mort. Il n’a plus de projet.Il renonce implicitement ou explicitement à vivre.

3. Plans ministériels

Différents organismes de santé comme l’OMS [1] et la HauteAutorité de santé [11] ont pris la mesure des conséquencesde l’augmentation de la prévalence des maladies chro-niques, notamment en matière sociale et économique. Cetteprise de conscience tient surtout au fait que nombre decoûts de santé peuvent être évités par des actions de pré-vention ciblée. De ce fait, l’amélioration des stratégiesd’autogestion de la maladie et l’acquisition de conduitesfavorables à la santé sont devenues des objectifs aussiimportants que l’augmentation de l’autonomie physique etde la durée de vie [12].

L’État a ainsi décidé de ne plus opposer soins et pré-vention en développant une approche populationnelle de lasanté prenant en compte l’ensemble de ses déterminants.Cela se traduit par la loi du 9 août 2004 relative à la poli-tique de santé publique, la loi du 21 juillet 2009 portantsur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à lasanté et aux territoires, les décrets associés à ces lois (e.g.,décret du 2 août 2010 relatif aux conditions d’autorisationdes programmes d’éducation thérapeutique du patient) etdifférents plans (e.g., plan pour l’amélioration de la qua-lité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques,2007—2011).

4. Rappels méthodologiques

L’EBM vise à fonder les décisions cliniques, sur des connais-sances théoriques, le jugement et l’expérience (principalescomposantes de la médecine traditionnelle), et sur despreuves scientifiques qui tiennent compte des préférencesdes patients [13]. La notion de preuve correspond à uneconnaissance issue de recherche clinique réalisée principa-lement dans le domaine du pronostic, du diagnostic et dutraitement des maladies. Cette démarche se base sur desrésultats valides et applicables dans la pratique médicalecourante. Les études cliniques considérées sont les essaisrandomisés contrôlés, les méta-analyses et les études trans-versales ou longitudinales bien construites [13]. Les avis sontclassés selon le niveau de preuve, du meilleur, le niveauA (revue systématique d’essais randomisés contrôlés, essairandomisé contrôlé avec indice de confiance étroit ou situa-tion où le traitement amène une amélioration évidente), enpassant par les niveaux B (revue systématique d’études decohortes, étude de cohorte, essai randomisé contrôlé avecun suivi inférieur à 80 %), C (revue systématique d’études decas témoins, étude cas témoin individuelle) et D (série decas, cohorte ou étude cas témoins), au niveau le plus faibleE (opinion d’experts ou étude exploratoire).

S’il est méthodologiquement assez aisé de vérifierl’efficacité d’un médicament ayant une action ciblée fon-dée sur un principe actif, l’évaluation d’une intervention

en activité physique l’est bien moins. Par exemple, conce-voir un protocole en double insu est quasiment impossible.Isoler l’effet d’une intensité d’une activité physique impo-serait que la personne soit inactive entre les séances. Ainsi,

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5

ertaines études assimilent l’activité physique au terme’exercice en laissant penser que toutes les activités sealent en termes de bénéfices santé. Elles ne distinguentas toujours suffisamment clairement la nature des activi-és physiques, les modalités pédagogiques (e.g. individuelu collectif, autonome ou supervisé), le contexte de pra-ique (e.g. domicile, association, hôpital, cabinet) et la dosee.g. durée, fréquence, intensité).

Le nombre d’essais cliniques de qualité s’accroît deanière exponentielle depuis la prise de conscience des

utorités sur les bénéfices santé de la pratique des APA.ous commencons à disposer de solides études auprès dealades chroniques mesurant des facteurs psychosociaux et

ocioéconomiques. Les premières revues systématiques etéta-analyses renforcent ces preuves d’efficacité.

. Preuves des bénéfices psychosociaux de laratique des activités physiques adaptéeshez les personnes souffrant d’une maladiehronique

.1. Marqueurs subjectifs globaux

n concept très utilisé pour évaluer l’efficacité d’un pro-ramme en APA chez des patients malades chronique esta qualité de vie liée à la santé. Ce concept (en anglaisealth-related quality of life) correspond à un « agrégat deeprésentations fondées sur l’état de santé, l’état physio-ogique, le bien-être et la satisfaction de vie » [14]. Cetteomposante ne tient pas compte du revenu, du travail, dea spiritualité et des loisirs.

Un autre concept psychologique global est le bien-être.l comprend à la fois une dimension affective, composanteui concerne l’état hédoniste qui ressort de la comparai-on entre l’état émotif, les affects positifs et les affectségatifs, et une dimension cognitive, qui fait référence à’évaluation individuelle du degré de satisfaction de vie [15].

Un dernier concept global est l’âge subjectif (ou âgeercu). Il correspond à l’âge que se donne un individu eton différentiel avec l’âge chronologique [16]. Ce conceptepose sur l’âge ressenti par une personne, l’âge qu’elle seonne en fonction de ses centres d’intérêt et de ses activi-és.

Ces trois concepts sont mesurés très souvent par unuto-questionnaire. Le Tableau 1 indique les bénéfices desrogrammes d’APA avec un niveau de preuve A sur les dimen-ions globales de qualité de vie liée à la santé, B sur leien-être et E sur l’âge subjectif.

.2. Ressources psychologiques

es effets des activités physiques sur les ressources psy-hologiques sont présentés dans le Tableau 2. Sauf pour laépression mineure et la valeur physique percue (sentimente compétence physique ou estime de soi au niveau cor-orel) qui présentent un grade A, les preuves de l’efficacité

es programmes d’activités physiques restent encore à four-ir chez les populations souffrant d’une maladie chronique.n dénombre peu d’essai randomisé contrôlé de grandeualité méthodologique prenant en compte ces concepts
Page 6: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

6 G. Nino

Tableau 1 Bénéfices des activités physiques adaptées (APA) sur des marqueurs subjectifs globaux.

Bénéfices Programme Exemple Niveau de preuve

Amélioration de laqualité de vie liée à lasanté

Supervisé, 20 séances APAminimum

BPCO, cancer A

Amélioration dubien-être

45 min de marche, 5 fois parsemaine pendant 12 semaineset alimentation [17]

Obésité B

Réduction de l’âgesubjectif majoré

Niveau d’activité physiquefondé sur les recommandations

Obésité E

BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive.

Tableau 2 Bénéfices des activités physiques adaptées (APA) sur des marqueurs psychologiques.

Concepts Programme Exemple Niveau de preuve

Réduction de la douleur Aérobie et renforcementmusculaire, pratique en groupe,supervisé, verbalisations en fin deséance [19]

Lombalgie chronique, BPCO(dyspnée)

C

Diminution de la fatigue Aérobie et renforcementmusculaire, minimum 12 séancessur site ou à domicile avec soutientéléphonique [20]

Cancer du sein B

Réduction de l’anxiétémodérée

Aérobie, minimum 12 semaines,séance d’au moins 30 minutes[21,22]

Fibromyalgie, sclérose enplaque, BPCO, maladiescardiovasculaires, troublesanxieux

A

Diminution de la dépressionmineure

Aérobie, minimum 10 semaines,séances 30 à 60 minutes, 2 fois parsemaine plus renforcementmusculaire, verbalisation [23,24]

Diabète, VIH, BPCO, cancer,trouble dépressif nonmajeur

A

Augmentation del’efficacité personnelle

Aérobie ou renforcementmusculaire, si possible en groupeavec des objectifs individualisés

BPCO, cancer, diabète detype 2

B

Augmentation du niveaud’estime de soi

Aérobie [25] BPCO, cancer, diabète detype 2

B

Augmentation du niveau devaleur physique percue

Aérobie [25] Toute maladie chronique A

Amélioration des fonctionsmnésiques

Aérobie [26] Démence D

Amélioration des fonctionsexécutives

Aérobie et coordination [26] Démence C

Amélioration de l’attention Aérobie et coordination [26] Démence C

Amélioration des praxies Aérobie et coordination [26] Démence C

Amélioration du sommeil Aérobie régulier de moyenne àforte intensité (70 à 80 % FC max)[18]

Syndrome d’apnée dusommeil, syndrome desjambes sans repos

C

Amélioration de lasociabilité

Activité physique collective (i.e.réhabilitation) [4]

BPCO, cancer D

BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive.

Page 7: Bénéfices psychologiques des activités physiques adaptées dans les maladies chroniques

Bénéfices psychologiques des activités physiques 7

Tableau 3 Bénéfices des activités physiques adaptées (APA) sur des marqueurs comportementaux.

Comportement Programme Maladie chronique Niveau de preuve

Amélioration del’observance auxtraitements

Aérobie et coordination [25] Maladie chronique C

Réduction du tabagisme Minimum 8 semaines, 2 fois parsemaine, aérobie de moyenne àforte intensité,séances > 30 minutes début duprogramme avant ou au momentarrêt [27,28]

Dépendance tabagique,BPCO

C

Réduction de l’alcoolisme Yoga [29] ou aérobie [30] Dépendance alcoolique D

Amélioration de la gestiondu stress

Aérobie avec une base derésolution de problème (stratégiesactives de coping)

BPCO C

Réduction des troubles ducomportementalimentaire

Activité physique et style de vielaissés au choix [31]

Obésité C

Réduction des troublesenvahissant dudéveloppement

Aérobie intensité élevée Troubles envahissant dudéveloppement

C

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BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive.

et isolant une maladie chronique. Si la fatigue est réduitedurant les traitements de chimiothérapie et de radiothé-rapie du cancer du sein, ce résultat reste à démontrerdans d’autres types de cancer en particulier lors des phasesde traitement. Pour l’anxiété, une part de l’améliorationmontrée tient à la réduction de la kinésiophobie, anxiétédisproportionnée anticipant un effort physique [9]. Pourl’estime de soi, l’augmentation est surtout significative chezles patients qui présentent les niveaux les plus faibles audébut du programme. Les résultats vont dans le mêmesens pour le domaine physique de compétence et ses sous-domaines (force, endurance, apparence et compétencessportives percues). Un niveau élevé de ce sentiment decompétence sera un bon indicateur de la motivation àpoursuivre de manière autonome la pratique. Pour les fonc-tions et ressources cognitives, les travaux fondés sur desessais randomisés contrôlés sont trop rares pour avancerun niveau de preuve élevé. Les populations d’étude sonttrès hétérogènes. Les méthodologies ne parviennent pas àbien distinguer l’effet du vieillissement. La pratique d’APAaurait un effet protecteur des troubles du sommeil chez lesmalades chroniques qu’il mériterait de confirmer [18].

5.3. Marqueurs comportementaux

Le Tableau 3 résume les effets des pratiques en APA sur lesprincipaux marqueurs comportementaux. Ces pratiques ontun effet connus sur les conduites de dépendance (notam-ment le craving ou besoin irrépressible de consommer) et les

symptômes dépressifs durant le sevrage. Dans la gestion dustress, la pratique des APA facilite l’utilisation de stratégiesactives de coping. Elle augmente le contrôle et l’expressiondes émotions et réduit la rigidité de la prise alimentaire.

a

Sc

.4. Indices socioéconomiques

e Tableau 4 résume les effets de la pratique des APA sures principaux marqueurs sociaux et économiques chez lesublics malades chroniques. Les marqueurs sont encore trèsisparates. La pratique d’APA diminue l’utilisation des ser-ices de santé d’urgence, et ainsi les coûts de santé nonrogrammées avec un niveau de preuve assez élevé (niveau).

. Potentialisation des bénéfices

u-delà des limites méthodologiques des essais publiés quint été mentionnées plus haut, les bénéfices de la pra-ique d’activités physiques adaptées et régulières sur lesacteurs psychologiques vont être potentialisés par une ali-entation équilibrée et un soutien psychosocial (éducation

hérapeutique et intervention psychologique). Une méta-nalyse récente montre qu’une réhabilitation combinant’activité physique, l’éducation thérapeutique et le soutiensychosocial est plus efficace dans la réduction du niveaue dépression que l’éducation thérapeutique ou le réentraî-ement à l’effort utilisé isolément [40]. On parle alors deomprehensive rehabilitation, terme qui souligne les effetson plus additifs mais démultipliés des interventions respec-ives.

. Conditions d’efficacité des pratiques en

ctivités physiques adaptées

i les travaux suivant les recommandations de l’EBMommencent à apporter des preuves d’efficacité de la

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8 G. Nino

Tableau 4 Bénéfices des activités physiques adaptées (APA) sur des marqueurs sociaux-économiques.

Programme Exemple Niveau de preuve

Diminution des arrêts de travail Marche [32,33] Diabète de type 2 C

Augmentation de la durée de viesans incapacité

Aérobie Cancer, BPCO D

Diminution des traitements nonprogrammés

1 mois d’initiation à l’APA àl’hôpital et évaluation à l’effort[34]

BPCO B

Diminution des consultations nonprogrammées

1 mois de réhabilitation en centre[35]

BPCO B

Amélioration du coût efficacité Activités physiques incluses dansdes programmes supervisés deréhabilitation [35]

Trouble musculosquelettiques,troubles cardiaques,rhumatismes, cancer du sein,diabète, schizophrénie, BPCO

C

Amélioration des QALYs Mixte [36] Diabète de type 2 B

Diminution des hospitalisations Réentraînement au seuilventilatoire (2 fois par semaine,35—45 min pendant 4 semaines àl’hôpital puis 2 fois par semaine àdomicile) [37]

Diabète de type 2, BPCO,maladies coronariennes [38]

B

Augmentation de la survie Aérobie modérée supérieure à2 heures par semaine [39]

BPCO, maladies coronariennes C

pmprpp[

8

LlemCsmeLmidv

BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive.

ratique régulière et individualisée d’APA chez les patientsalades chroniques, elles devront être enseignées par desrofessionnels qualifiés. S’adressant à des personnes vulné-ables (cumulant souvent des comorbidités et des difficultéssychologiques, sociales et économiques), quelques grandsrincipes sont à retenir pour l’encadrement de ces activités41] :

les activités physiques n’ont de sens que si l’encadrantexplique leur finalité santé aux patients malades chro-niques et que cela fait sens pour leur projet de vie. Ellesdevraient conduire la plupart du temps à une modificationdurable du mode de vie ;

si la dose d’activité physique doit être individualisée, larégularité hebdomadaire de la pratique reste le point cen-tral pour maximiser les bénéfices ;

si les effets physiologiques des pratiques sont objecti-vement mesurables après trois semaines de pratique àraison de trois séances hebdomadaires, les bénéfices psy-chologiques s’observent dès la première semaine chez lespatients malades chroniques [9]. Ces derniers s’avèrentensuite plus durables que les bénéfices physiologiques[41] ;

l’activité physique auprès des malades chroniques devraitêtre coordonnée par une équipe de professionnels desanté, non seulement pour éviter tout effet secondaire(traumatologie du sport) et toute dérive compétitive

(surentraînement, dopage) mais aussi faciliter l’alliancethérapeutique et l’approche préventive en détectant trèstôt des symptômes annonciateurs de nouveaux troubles desanté ou prodrome [42] ;

drb

la révolution biotechnologique va entraîner une multipli-cation des données personnelles relevées. Une éthique etune déontologie très rigoureuses seront exigées [43] ;

la pratique des APA n’est pas que du mouvement. Il nesuffit pas de bouger plus pour avoir un bénéfice santé. Ladose doit être individualisée ;

lors du retour au calme, un moment doit être consacré àl’expression orale des participants pour partager avec legroupe et l’enseignant leur vécu corporel, leur ressenti ;

il est important de présenter aux patients les ressourcesqui lui restent et non celles qui ont été perdues.

. Conclusion

es preuves s’accumulent depuis une dizaine d’années sures bénéfices psychologiques de la pratique régulière, doséet individualisée d’activités physiques chez les personnesalades chroniques tant en phase de traitement qu’après.ette pratique améliore la santé mentale, réduit les effetsecondaires des traitements, favorise l’appropriation de laaladie chronique, améliore l’autogestion de la maladie

t réduit coûts des soins. Les effets aversifs sont mineurs.’activité physique contribue au mouvement actuel sur laaladie chronique où il ne suffit plus de traiter la maladie,

l faut accompagner le malade dans sa globalité (humanité,ignité) et sa singularité en tenant compte de son milieu deie et de ses projets.

Si l’exercice est une molécule sans danger pour la santées malades chroniques s’il est bien encadré, il exige deigoureuses dispositions de sécurité et une qualification deon niveau (si possible de niveau Licence ou Master). Depuis

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Bénéfices psychologiques des activités physiques

une décennie, on (re)découvre ses vertus pour la santédans la mesure où il n’a pas vocation à rentrer dans unelogique sportive compétitive mais de valeur ajoutée santé.C’est une molécule complexe dont il est difficile métho-dologiquement d’isoler un seul principe actif et dont leseffets sont systémiques. Il s’avère être un complémentindispensable des traitements dont les effets vont bienau-delà d’un simple bien-être ou confort. Si des travauxrestent à mener sur les mécanismes physiopathologiques,sur les fonctions cognitives [44,45] et sur la survie pouraugmenter le niveau de preuve, des mesures incitativespermettant d’engager durablement les personnes maladeschroniques dans l’activité physique sont indispensables [46].Elles devraient s’accompagner de dispositifs de soutienpsycho-éducatif et de conseil diététique. Plus encore, cesinterventions bénéficieraient grandement d’un travail coor-donné en réseau [47]. Reste désormais à encourager lesactions de santé publique incitatives, pérennes et évaluées.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-tion avec cet article.

Remerciements

Paquito Bernard, Ahmed Jerome-Romain, Francois Riou etJulie Boiché.

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