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BEZIERS Le journal de www.ville-beziers.fr Numéro 14 / 1 er juin 2015 Non, je n'ai pas la grosse tête " " Pierre Augé

BEZIERS · a été, et est encore, au «˚cœur du réacteur˚» de la téléréalité. Et que ... un gitan... Comme dans un scénario ? ... On parle dans mon dos

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Non, je n'ai pas la grosse tête" "Non, je n'ai pas la grosse têtePierre Augé

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Star de « Top Chef », dont il est le seul à avoir disputé deux � nales, « Petit Pierre » a longuement reçu le JDB dans son restaurant. Et ce, quelques jours après son nouveau triomphe dans l'émission de M6.

ès les premiers mots, son témoignage décoiff e. Parce que Pierre Augé a été, et est encore, au «  cœur du réacteur » de la téléréalité. Et que notre homme est sacrément dé-calé  ! Sans langue de bois, le Bi-terrois revient sur son aventure

médiatique. Sur ses relations avec les autres candidats, sur le fonction-

nement de la machinerie. Il admet le côté addictif de ces programmes, le danger de « déconnexion » du réel et dévoile un peu l'envers du décor. De quoi faire réfl echir, car, qu'on le veuille ou non, nous sommes tous un jour ou l'autre happés par le grand barnum de la téléréalité, phénomène miroir de notre socié-té. De son côté, Pierre Augé nous le confi e : il tient le choc grâce à sa famille et à ses valeurs. Enraciné dans son terroir, qu'il défend à la moindre occasion, Pierre Augé garde le contrôle. L'après téléréalité est dur. C'est pour ça qu'il veut que ça continue !

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RÉALISÉ SANS TRUCAGES ?édito

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L' APRÈS TOP CHEF

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Interview vérité

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La téléréalité : une drogue dure ?

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La téléréalité : une drogue dure ?Comment un jeune cuisinier biterrois peut-il se retrouver dans Top Chef ?> En vérité, j'ai travaillé dix ans à Paris et des magazines spécialisés avaient parlé de moi. Ça aide. Alors un jour, j'ai reçu un coup de fil, pour un concours. Je me suis retrouvé avec 500 ou 600 candidats. C'est un gros casting. Tu es mis à l'épreuve devant une caméra, pendant 20 minutes. Il re-garde comment tu es, comment tu parles. Il n'y a pas que le côté cuisine. Après, c'est deux mois d'émission, en commu-nauté avec les autres candidats. Parfois, des sessions de trois semaines d'affilée sur Paris. C'est chiant. Il faut savoir qu'en plus, la production ne te paye qu'un billet de train aller retour pour toute la saison. Moi je rentrais régulièrement à Béziers. C'était tout pour ma pomme !

L'ambiance entre les candidats semble sympathique à l'écran. C'est la réalité ?> Oui, ça se passe en général très bien. Après, on a plus d'affinités avec certains. Moi je me sens bien avec Noémie ou Quentin notamment. Avec les mecs, ça nous est souvent arrivé d'aller boire des coups le soir après le tournage. Une nuit j'ai pris une caisse pas possible, je suis rentré à l'hôtel à 4 heures du matin. Deux heures plus tard, les gars de l'émis-sion me réveillaient...

Parlons franchement. Passer à la télé peut devenir une drogue ; quand ça s'arrête, n'est-ce pas trop dur ? > Je vais te dire, Top Chef est une émission qui me manque. Elle est profonde, c'est un concours sur la durée, tu dois te sublimer, te remettre en question, tu dois puiser en toi. Oui, j'aime ça. J'aime gagner. Je veux conserver mon titre.

"Quand l'emission est terminée, tu es complètement déconnecté. La première fois, j'ai mis un mois à m'en

remettre ! Il faut replonger dans le réel, c'est dur, en fait, tu n'as pas envie d'arrêter. "

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Tu te sens dans quel état quand Top Chef est terminé ?> Les journées de tournages sont très longues. Quand tu re-viens, tu es complètement déconnecté. La première fois, j'ai mis un mois à m'en remettre ! Il faut replonger dans le réel, c'est dur, en fait, tu n'as pas envie d'arrêter. Il y a de l'adréna-line. Mais, pendant toute la durée de l'émission, tu ne te vois jamais à l'écran. Alors tu restes dans ton cocon, sans recul. Le rythme est dur. Pour le « choc des champions », je n'ai quasiment pas dormi pendant trois semaines !

Tout est-il vraiment réel dans la téléréalité ?> Là aussi, je vais te parler honnêtement : le premier jour de la seconde saison que j'ai faite, j'ai senti l'ambiance téléré-alité. Ils avaient réuni tous les candidats. Ça sentait trop le casting, je leur ai dit, il y avait toutes les races, un noir, un

Oui, c'est vrai. Je fais des

selfies sans arrêt, je signe des

autographes sur les additions.

L'APRÈS TOP CHEF

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arabe, un gitan...Comme dans un scénario ?> Un peu oui. Il m'est arrivé un truc bizarre dans la saison où j'ai gagné. Depuis ma première participation, je n'étais jamais allé en « dernière chance ». Et un jour, dès mon réveil, tout le monde n'a pas arrêté de me parler de la « dernière chance ». Les mecs di-saient : « fais gaffe, tu vas y aller un jour en dernière chance.  » Au début, c'était drôle, ça chambrait. Puis au bout d'un moment, j'ai trouvé ça un peu curieux. Ils n'arrêtaient pas de me le répéter. Le soir, je me suis retrouvé... en dernière chance !

Dans ton restaurant, je vois que tu ne peux pas décrocher de cette émission...> Oui, c'est vrai. Je fais des selfies sans arrêt, je signe des auto-graphes sur les additions. Quand j'ai perdu en finale, lors de la saison 1, j'ai reçu une tonne de lettres, dont des lettres d'amour.

Tu fais comment pour tenir ? Tu n'as pas peur de craquer, de prendre la grosse tête ?> J'ai les pieds sur terre. Mon épouse, qui travaille avec moi, et mes enfants sont mon oxygène. Ils me permettent de ne pas péter un câble. Et puis quand je vois des gens qui viennent de toute la France pour manger chez moi, certains de l'étranger, même du Liban ! Ça me fait plaisir pour Béziers car les clients viennent aus-si voir notre ville. Je trouve que Béziers va mieux. Avant on disait : « C'est où Béziers, à côté de Montpellier ? » Maintenant on dit direct « je suis de Béziers ». Malheureusement, il y a encore une mentalité biterroise qui fait qu'on dénigre ceux qui réussissent...

C'est-à-dire ?> Les bruits courent. On parle dans mon dos. Certains à Béziers disent que je remplis mon resto uniquement grâce à la télé. Alors que j'ai tout construit petit à petit, et que les gens venaient déjà avant. Personne n'a les couilles de venir me le dire en face, ça me fout un peu les boules... J'aimerais vraiment discuter face à face avec ceux qui crachent sur moi.

Quand je te dis que tu ne décroches pas, as-tu eu des contacts pour d'autres émissions de télé ?> Plein. Je vais faire la cuisine pour le Festival de Cannes sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus. Ensuite, on m'a proposé Fort Boyard. Je regardais ça quand j'étais peque, je vais me réga-ler. J'ai aussi le festival du rire à Marrakech où je ferai à manger dans un hôtel de luxe. Sans oublier un truc pour les restos du cœur à Atlanta ! Je travaille aussi en ce moment sur un dessin animé en 3 D dont je serai le héros ! Si on me proposait une émission spéciale, je ne dirais pas non !

Tu y prends goût visiblement !> Je ne vais pas te dire le contraire. J'aime les gens. J'aime les ren-contres, et en même temps, pouvoir défendre ma cuisine. Le jour où ce qu'on me proposera ne sera pas cohérent avec moi, je dirai non.

Certains à Béziers disent que je remplis mon resto uniquement grâce à la télé. ...Personne n'a les couilles de venir me le dire en face, ça me fout un peu les boules...

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