25
Voir notice légale en page 3 BELGIE - BELGIQUE P.B. / P.P. B/24 Agenda Culturel Vie du Collège : Voyage en Tunisie Des instruments et des hommes La trousse d’Esculape : Un Bourdaloue en faïence de Rouen n° 982 - Juin - Juillet 2000 Le visage de la Médecine (suite) : Pages I - III La grande fête de l’OPET Pages IV - VIII Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise Bimestriel - 138 Av Circulaire - 1180 Bruxelles Afgiftekantoor - TOURNAI I Bureau de dépôt - TOURNAI I Autorisation de fermer B/24A COLLECTIF MEDICAL DES GENERALISTES ET SPECIALISTES

Bimestriel - 138 Av Circulaire - 1180 Bruxelles Collège ...users.skynet.be/colmed/pdf/colmed982_0006.pdf · 1180 BRUXELLES 3. ... un peu fané, je m’arrache les ongles sur le cou-vercle

Embed Size (px)

Citation preview

Voi

r no

tice

léga

le e

n pa

ge 3

BELGIE - BELGIQUE

P.B. / P.P.

B/24

• Agenda Culturel

• Vie du Collège : Voyage en Tunisie

• Des instruments et des hommes

• La trousse d’Esculape :

Un Bourdaloue en faïence de Rouen

n° 982 - Juin - Juillet 2000

Le visage de la Médecine (suite) :Pages I - III

La grande fête de l’OPETPages IV - VIII

Collège Royal des Médecinsde l’agglomération bruxelloiseBi

mes

trie

l - 1

38 A

v Ci

rcul

aire

- 11

80 B

ruxe

lles

Afgiftekantoor - TOURNAI IBureau de dépôt - TOURNAI I

Autorisation de fermer B/24A

COLLECTIF MEDICAL DES GENERALISTES ET SPECIALISTES

Som

mai

re

Collège Royal des Médecins

de l’agglomération bruxelloise

“Maison des Médecins”

Comité DirecteurPrésident : Prof. Jacques MarinPrésident d’honneur : Prof. Jean-Claude Demanet1er Vice Président : Dr Guy Pâque2e Vice Président : Dr Alain de Meeûs d’ArgenteuilSecrétaire Général : Dr Albert Jortay Secrétaire Général Adjoint : Prof. Monique de Rood Trésorier : Dr André BruynsTrésorier Adjoint : Dr Jean-Marie DalcqMembres :Dr Marguerite Cambron, Dr Michel Chantraine,Dr Philippe Paulet, Dr Justin Vanatoru.

Délégué à l’Entraide : Dr Maurice Anckaert

Délégué à la Mutuelle : Dr Justin Vanatoru

Maison des MédecinsPrésident honoraire : Prof. Jean LedererPrésident : Prof. Jean-Claude DemanetAdministrateur-Gérant : Dr Guy PâqueAdministrateurs : Dr Henri Bondue,

Dr André Bruyns, Dr Marguerite Cambron, Dr Alain de Meeûs d’Argenteuil, Dr Jean-Robert Fagnart, DrAlbert Jortay, Prof. Jacques Marin

Délégué aux jeunes médecins :Dr Michel Chantraine

Editeur responsable &Rédactrice en chef : Dr Marguerite Cambron(pages locales) Av. du Pic-vert, 24

1640 Rhode-St-GenèseTél./Fax 02/358.19.25

Rédacteur en chef : Dr Jean Andris(pages nationales)

Comité de rédaction : Prof. Jean-Claude Demanet, Prof. JacquesMarin, Dr Guy Pâque, Dr Albert Jortay, Dr Alain de Meeûs, Dr P.Fransen, Dr Justin Vanatoru

Directrice administrative : Mme Emmanuelle Wagschal

La rédaction du bulletin n’assume aucune responsabilité dans les offreset demandes contenues dans les petites annonces et dans les pages publi-citaires en général. Les textes des articles publiés n’engagent que leursauteurs. Le droit de copie de tous nos articles originaux est réservé.

Collège des Médecins et caisse d’entraide : Crédit Communal :068-2171659-50

Union professionelle reconnue sous le n° 709Moniteur Belge du 31-12-1903, acte n° 5675

Régie publicitaire :MEDIALMr Alain MathieuRue du Prieuré 321360 Malèves-Sainte-MarieTel : 010/88.94.48 - Fax 010/88.03.18

Mutuelle du Collège des médecins : Tél. 02/344.41.10

Bureaux : Av. Circulaire, 138 - 1180 BruxellesOuvert lundi au jeudi de 9 à 12h00

lundi au jeudi de 13 à 17h30vendredi permanence téléphoniqueTél. 02/374.97.00Fax 02/375.85.82E-mail [email protected]

AbonnementMembres : gratuitNon-membres : 2000 FEB/an

Le mot de la rédactrice 4-5

Agenda 6

Médecine

Troubles artériels périphiques 7Prise en charge de l’alcoolisme 9Le nez en abrégé 12Dépression et infarctus 13

Vie du Collège

Voyage en Tunisie 15Culture

Artefact 8Art copte 10-11Los Honores : les tapisseries de Charles Quint 14Des instruments et des hommes 15, 18

La trousse d’esculapeUn Bourdaloue en faïence de Rouen 16-17

Le visage de la Médecine I-III

La grande fête de l’OPET IV-VIII

Notice CORVATARD®

1. DENOMINATION Nom de la spécialité : CORVATARD® - Principe actif : Molsidomine (DCI). 2.1. TITULAIRE D'ENREGISTREMENT THERABEL PHARMA S.A. - rue Egide Van Ophem 110,1180 BRUXELLES 3. COMPOSITION Molsidomin. 8 mg - Sacchar. lact. - Cellulos. microcrist. - Macrogol. 6000 - Hydrogen. ricin. oleum - Magnes. stearas. q.s. pro tablet. compressa una. 4.FORMES, VOIES D'ADMINISTRATION ET CONDITIONNEMENTS Boîtes de 40 et 80 comprimés à libération prolongée, dosés à 8 mg de molsidomine. Administration : par voie orale. 5.1. INDI-CATIONS Traitement prophylactique et traitement au long cours de l'angine de poitrine. NB : Les comprimés de CORVATARD ne sont pas adaptés au traitement de la crise d'angor. 5.2. POSOLO-GIE ET MODE D'EMPLOI La posologie doit être adaptée à la sévérité des symptômes angineux et à l'évolution de l'état clinique du patient. La dose usuelle est de 1 comprimé à libération prolon-gée de CORVATARD 2 fois par jour. 5.3. CONTRE-INDICATIONS L'administration de CORVATARD est contre-indiquée en cas de choc cardiogénique ou d'hypotension grave, ainsi qu' en cas d'al-lergie connue à la molsidomine. 5.4. EFFETS INDESIRABLES Des céphalées et, exceptionnellement, des troubles gastro-intestinaux, des phénomènes d'hypotension orthostatique et des mani-festations allergiques peuvent survenir. 6.1. DELIVRANCE Sur prescription médicale. 6.2. DERNIERE MISE A JOUR DE LA NOTICE 02.07.1997. 6.3. NUMERO D’ENREGISTREMENT 152 IS117 F3

Collège Royal des Médecins

de l’agglomérationbruxelloise

4 Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

Quand vient le temps

des vacances, nous as-

sistons à une migration

de voyageurs, plus

nombreux chaque an-

née, qui nous laisse

pantois et génère par-

fois un certain malaise :

trains internationaux

bondés, surcharge dans

les avions, surbooking

dans les hôtels, inter-

minables files de voi-

tures et de cars sur les

autoroutes.

Obéissant au consensus

général, j’ai pris l’avion pour un petit trajet en

classe bien nommée « économique », tout y

étant en effet mesuré à l’extrême : l’espace, la

largeur du siège, la qualité du repas et même le

sourire de l’hôtesse. Délaissant le hors-d’œuvre

un peu fané, je m’arrache les ongles sur le cou-

vercle – obstacle inamovible – du plat de gou-

lasch et pâtes collantes. Après avoir dégusté la

petite masse chocolatée et élastique du dessert,

je touille avec résignation un peu de lait dans

mon Nescafé dilué, au goût bizarre car la peti-

te cuillère en plastique est tombée dans la gou-

lasch.

A ce moment, je me suis demandée d’où vient

chez l’homme ce goût incoercible du voyage,

au mépris parfois de son confort ou même de sa

sécurité. Sans aucun doute, d’un désir de faire

une coupure dans sa vie quotidienne, de se dé-

payser, de découvrir d’autres horizons, d’autres

modes de vie et de culture. Ce désir d’aventure

me semble lié à deux facteurs : d’abord une in-

satisfaction plus ou moins consciente de notre

genre d’existence, ensuite une persistance de la

curiosité qui de tout temps a habité l’homme, le

poussant à réaliser des exploits parfois surpre-

nants à nos yeux.

Je rêve quelques instants à nos lointaines ori-

gines, à la façon dont l’homme a envahi peu à

peu notre planète. Le peuplement de la Terre

semble bien s’être accompli à partir de

l’Afrique, par vagues de migrations successives

qui se sont répandues à travers l’Ancien Mon-

de, en se mélangeant aux populations plus ar-

chaïques déjà en place. Les anthropologues ne

sont pas tous d’accord sur ce sujet. Certains dé-

fendent l’idée d’une origine polycentrique,

mais la génétique moléculaire, par la décou-

verte de “l’Eve africaine”, a renforcé cette hy-

pothèse d’un point de départ unique : « Out of

Africa ».

Le mot de la Rédactrice en chef

EEEEDDDDIIIITTTTOOOORRRRIIIIAAAALLLL

Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

EEEEDDDDIIIITTTTOOOORRRRIIIIAAAALLLL

5

Le premier grand migrateur semble bien être

l’Homo Erectus, grand, athlétique, au crâne

long et bas, aux fortes mâchoires. Il y a un mil-

lion et demi d’années environ, il a commencé à

quitter son Afrique natale pour se répandre en

Asie, puis en Europe, sans doute à la recherche

de nouveaux territoires de chasse et de cueillet-

te, selon l’idée généralement admise. Pourtant,

cet être fruste, à l’outillage rudimentaire, peu

armé pour se défendre des grands prédateurs,

devait vaincre bien des frayeurs et des périls en

partant vers des horizons qui lui étaient totale-

ment inconnus.

Il est tout de même surprenant que l’Australie,

qui fut toujours un continent isolé, se soit ainsi

peuplée il y a 50.000 ans. Que l’Homo Erectus,

en précurseur de Christophe Colomb, se soit

aventuré en mer, sur des barques très rudimen-

taires, allant d’île en île, à l’aveugle, à travers

vents et marées, nous prouve non seulement

qu’il inventa la navigation, mais que sa curiosi-

té l’emporta sur ses craintes.

Au cours d’une très longue période, il se trans-

forma peu à peu pour devenir l’Homo Sapiens,

semblable à nous par sa biologie, mais qui

continua à évoluer par sa technique et sa cultu-

re.

Il y a 25.000 ans, nous trouvons des traces d’oc-

cupation humaine en Sibérie, région pourtant

bien peu hospitalière. Il y a 15.000 ans enfin

que le peuplement des Etats Unis semble s’être

fait par le Nord, selon le préhistorien canadien

Jacques Cinq-Mars. A l’époque, une période de

glaciation avait entraîné une chute du niveau

des océans, ce qui créait probablement des pas-

sages entre la Sibérie et l’Alaska, à l’actuel dé-

troit de Bering. Quand on sait que Vitus Bering

est mort en 1740 en explorant ces mers glacées

pour le service du tsar Pierre le Grand, on se de-

mande ce qui a pu pousser ces peuples primitifs,

encore à l’âge de la pierre, à explorer ces éten-

dues désertiques , où régnait un froid si peu pro-

pice à la vie. Sans doute l’espoir de trouver tou-

jours plus loin un territoire plus favorable, mais

ces migrations étaient lentes et s’étendaient sur

de nombreuses générations, la motivation au fil

du temps devait s’affaiblir.

Je tiens entre les mains un livre qui parle de

notre futur, où des bioastronomes de renom ra-

content comment ils ont découvert depuis

quelques années seulement, la présence d’une

vingtaine de planètes gravitant autour d’étoiles

de notre galaxie, comme nous autour du soleil.

Certains pensent y trouver peut-être la vie et mê-

me des civilisations, plus ou moins avancées que

la nôtre.

Notre curiosité maintenant a dépassé notre pla-

nète et ses environs immédiats. Nous envoyons

non seulement des satellites d’observation, mais

aussi des sondes qui partent très loin dans l’es-

pace et nous sommes à l’écoute permanente

d’éventuels signaux extra-terrestres.

Ce désir de connaissance qui fait partie de la

nature humaine, fut certainement l’un des mo-

teurs de notre évolution. Et s’il existe un gène de

la curiosité qui nous pousse au voyage, il nous

vient peut-être de l’Homo Erectus. Dans ce cas,

impossible d’y échapper, aussi je vous souhaite,

chères lectrices et chers lecteurs, de merveilleuses

vacances.

Docteur Marguerite Cambron

6 Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

A N O T E RJournées d’automne 2000

Exposition d’artistes médecins et conjoints de médecins

Cher(e) Collègue,Nous avons le plaisir de vous annoncer que le Col-lège des Médecins organise à nouveau cette an-née, à l’occasion de ses Journées d’Automne, uneexposition d’œuvres d’artistes médecins, peintreset sculpteurs, également ouverte à leur conjoint.Nous serions très heureux de vous retrouver oude vous découvrir aussi nombreux que les autresannées.Ces journées se dérouleront au mois de novembremais nous attendons au plus vite la confirmationde votre intention de participer en nous renvoyantle formulaire ci-dessous.Nous attendons le plaisir de pouvoir admirer vosœuvres

AVIS IMPORTANT :le Collège des Médecins a obtenu la garde médicale à la

Société Philarmonique de Bruxelles.et du théatre “Le public”

Médecins intéressés, manifestez-vous au 374.97.00.Pour toutes les activités du Collège :

Réservations uniquement par inscription téléphonique au374.97.00 et par communication de votre numéro de carte

VISA et de sa date d’expiration.

Nos jubilairesDans notre édition précédente nous avons entamé l’évocation des jubilairesfêtés en l’an 2000. Dans notre prochain numéro, nous poursuivrons enévoquant les confrères qui viennent de fêter leurs 50 ans de diplôme.

Formulaire de participationLe (la) soussigné(e) a l’intention de participer à l’exposition des Journées d’automne du Collège desMédecins (dates non encore précisées).

Nom : ..................................................................................Prénom :................................................

Adresse : ..............................................................................................................................................

................................................................................................................................................................

Tél. : ....................................................................................Fax ........................................................

Pour les conjoints exposants, nom du conjoint médecin :Signature :

(à renvoyer au Collège des Médecins, 138 avenue Circulaire à 1180 Bruxellesà l’attention de Madame Wagschal.)

Visite du Musée InstrumentalNovembre 2000

(voir article page 15, 18)

Visite du Musée instrumental, qui s’ouvrira en juin 2000 à la PlaceRoyale, commentée par Monsieur Jean-Claude Lalanne-Cassou,éminent musicologue et auteur de nombreux articles dans notre re-vue. Visite prévue pour novembre 2000. Intéressé ? Inscrivez-vous auprès du secrétariat du Collège au 02/374.97.00

Tableau de Mme DAMSEAUX

7

MMMMEEEEDDDDEEEECCCCIIIINNNNEEEE

Les troubles artériels périphériques,prélude à l’infarctus et à l ’AVC

Les moyens préventifs dont on dispose aujourd’hui justifient une attitude plus activedans la détection des patients atteints de vasculopathie périphérique

Dans la cadre du 19è Congress of the International Union ofAngiology, qui s’est tenu à Gand au début du mois de mai, Sanofi-Synthelabo et Bristol-Myers-Squibb organisaient conjointement unsymposium satellite consacré aux troubles artériels périphériques etaux risques qu’ils peuvent entraîner. La fréquence de ces troubles estlargement sous-estimée, a souligné le Pr. Hiatt (Denver, USA) et ilsreprésentent une pathologie sous-diagnostiquée. Le programme“PARTNERS” destiné à évaluer l’impact des facteurs de risque et àfournir une information adéquate aux médecins traitants et auxpatients, a permis de démontrer la possibilité d’une détection effica-ce de ces troubles en pratique quotidienne. Or, on sait aujourd’huique le recours à un traitement anti-plaquettaire peut limiter lesrisques ischémiques liés aux troubles artériels périphériques, ce qui

devrait justifier une modification des stratégies dedétection des patients porteurs.

Des facteurs connus

Parmi les personnes les plus concernées, figurentbien entendu les fumeurs et les diabétiques. L’âgeavancé, le sexe masculin, un taux élevé de fibrino-gène constituent d’autres facteurs de risque, a rap-pelé J.F. Belch (Dundee, UK). D’autres études ontaussi accusé le rôle favorisant de l’angor, de ladécompensation cardiaque, de l’hypertension et desantécédents d’AVC ou d’infarctus.

Les moyens disponibles pour la détection desindividus atteints sont à la portée de tout médecinde famille: ce sont l’anamnèse, l’examen cliniquegénéral et l’examen vasculaire, notamment la palpa-tion des pouls périphériques et la mesure de la pres-sion sanguine. Il faut toutefois savoir qu’il existe desfaux positifs et des faux négatifs.

Le risque d’accident cardiaque ou d’accident vas-culaire cérébral devrait être évalué. J. Caro(Concord, USA) a rapporté une étude canadienne(16.440 patients porteurs de troubles artériels péri-phériques) selon laquelle 8,5 % des patients ont étévictimes d’un AVC et 8,3 % ont subi un infarctusdans les cinq ans qui ont suivi le diagnostic de leuratteinte artérielle périphérique. La présence d’un oude deux facteurs de risque supplémentaires multi-plie le risque d’infarctus par 1,7 et celui d’AVC par2,4. Trois facteurs de risque ou plus multiplient cesprobabilités par 7 et 8, respectivement.

Le rôle des plaquettes

En fin de compte, toutes ces situations sont liéesà l’athérosclérose, pathologie dans laquelle uneactivation des plaquettes survient fréquemment.Cette activation, à son tour, peut jouer un rôle dansla formation d’un thrombus. C’est sur cette baseque repose l’utilisation d’anti-agrégants plaquet-taires dans la prévention des accidents cardio-vas-culaires aigus. Une rméta-analyse des étudesconcernant ce problème a permis de conclure quece type de prévention amène une réduction de25% du risque d’accident ischémique par rapport àdes sujets contrôles. C’est aussi ce qui ressort del’étude CAPRIE (Clopidogrel versus Aspirin inPatients at Risk of Ischaemic Events), mais avec unavantage supplémentaire de 8, 7% du clopidogrelsur l’aspirine, ainsi que l’a rapporté Agnelli(Perugia, Italie).

Dr. J. Andris

8 Pages nationales - Nationale bladzijden

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

Ballades commentées en Cité Ardente

Connaître une ville, même celle où l’on habite depuis longtemps, tient lieu de gageure impos-sible. Dès lors, pourquoi ne pas redécouvrir nos cités, avec l’œil privilégié d’un guide averti ?

C’est ce que nous vous proposons de faire à Liège, grâce à une A.S.B.L. spécialisée en la matière.

Fondée en 1981, l’A.S.B.L. Art&Fact regroupe les histo-riens de l’art, archéologues, musicologues et orientalistesde l’Université de Liège. L’association édite une revue etdes livres scientifiques. Elle propose également, à un largepublic, les activités suivantes : visites guidées, excursionset voyages culturels, stages pour enfants et pour adultes,expositions, festivals du film sur l’art et ouvrages de vul-garisation. Voici quelques-uns des projets de viste qu’ellea mis sur pied pour les prochaines semaines.

Place Saint-Lambert etIlot Saint-Michel

Tapis depierre enp e n t ed o u c ebordé d’es-caliers, lan o u v e l l eplace Saint-L a m b e r tc o m b l el ’ e s p a c eindécis que

l’on avait laissé s’installer entre l’ancien palais desPrinces-Evêques et les grands magasins. Son troisièmecôté, depuis peu rebâti, combine à la nécessaire circula-tion des véhicules privés et des bus, les fonctions pro-prement urbaines de commerce, services et habitatdense, groupées sous l’appellation « Ilot Saint-Michel ».La place, véritablement redevenue lieu public, trouvepeu à peu ses marques dans une ville qui redécouvreson centre. La visite s’attache à mettre en évidence lesenjeux architecturaux et urbanistiques de ce vaste chan-tier en voie d’achèvement.

Art baroque et néo-baroque à la collégiale Saint-Jean

La collégiale Saint-Jean l’Evangéliste fut fondée vers980 par l’évêque de Liège, Notger, qui y fut inhumé.

L’église fut édifiée à la fin du Xème siècle sur le pland’un dodécagone couvert d’une coupole et entouré d’undéambulatoire. A la fin du XIIème siècle, on éleva uneimportante tour, seul témoignage médiéval conservé jus-qu’à nos jours. En 1752, les chanoines chargèrent l’ar-chitecte Pisoni de détruire l’édifice du Xème siècle et derebâtir un nouveau sanctuaire. Jacques-BarthélémyRenoz fut chargé de la surveillance du chantier. Confiéeà Jean Latour, la décoration monumentale du XIIèmesiècle est bien conservée. Parallèlement, la collégialeabrite de nombreux chefs-d’œuvre de l’art baroque, issusnotamment du talent de Renier Panhay de Rendeux,Cornelis van der Werck, Bertholet Flémal, JacquesDartois et Jacques Vivroux. Plusieurs pièces de mobiliermontrent également la permanence du style baroque auXIXème siècle.

Architecture et patrimoine : l’Egliseorthodoxe grecque du Potay et le

temple protestant du Quai G. Kurth

A deux pas de Hors-Château, l’église Sainte-Barbe auPotay est l’ancienne chapelle du couvent, aujourd’huidisparu, des Carmélites déchaussées. Edifiée au début duXVIIIème siècle, elle conserve sa physionomie extérieu-re, ses stucs et ses boiseries d’époque. Depuis trente-cinq ans, la chapelle est affectée au culte orthodoxe ; unmobilier spécifique a été installé. De l’autre côté de laMeuse, à l’angle du quai Godefroid Kurth et de la rue ducommandant Marchand, se dresse l’église protestante dela Rédemption, œuvre de l’architecte anglais H.H.Stanley. Dédicacée en 1930, elle constitue un des fleu-rons du style art déco marqué par la qualité de l’appa-reillage de la brique.

Art&Fact

Place du 20-Août, 7 - 4000 Liège - tél. 04 / 366.56.04

Mercredi 15 novembre à 15h00 & 19h30Eglise orthodoxe grecque

Rue du Potay, 5 - 4000 LiègeGuide conférencière : Isabelle Graulich

Mercredi 11 octobre – 15h00 & 19h30Collégiale Saint-Jean

Place Xavier Neujean - 4000 LiègeGuide-conférencier : Jean-Christophe Hubert

Mercredi 13 septembre – 15h00 & 19h30Place Saint-Lambert,

terrasse au-dessus de la Maison du TEC4000 Liège

Guide-conférencière : Hélène Ancion

9Pages nationales - Nationale bladzijden

MMMMEEEEDDDDEEEECCCCIIIINNNNEEEE

Certes, la prise en charge dupatient alcoolique est pluridiscipli-naire. Mais à toute action, il y a uncommencement. Et bien souvent, cecommencement, c’est le médecingénéraliste qui doit y pourvoir. Dansla réalité quotidienne, la demanden’émane pas toujours du patient lui-même. Elle vient parfois de l’entou-rage, qui n’en peut plus des frasqueset dépenses de son membre et quidemande de l’aide.

Motivation d’abord

Parfois aussi, comme on vient dele dire la demande est le fait de l’al-coolique lui-même. Mais elle n’estpas toujours explicitement formulée.Il peut s’agir de plaintes somatiques(souvent digestives), à moins que cene soit la demande de prise en char-ge d’un état anxieux ou d’unedépression.

Dans un cas comme dans l’autre,le médecin généraliste sait que rienn’est possible si son patient n’est pasvraiment motivé. Il va donc s’effor-cer en premier lieu de le responsa-biliser face aux plaintes qu’il expri-me. Il ne s’agit pas de le culpabiliser,mais plutôt de tenter de l’amener àcomprendre quelle catastrophe ilgénère pour lui-même et pour sesproches. Pour cela, on peut luiexpliquer qu’il existe une relationentre la prise d’alcool et les mauxqu’il ressent.

Dans d’autres cas, c’est encore parle biais de la médecine du travail quele patient alcoolique aboutit au cabi-net de son médecin de famille. A l’oc-casion d’un contrôle, un avertisse-ment lui a été donné ou bien ce sontses collègues qui se sont plaints desrisques qu’il leur faisait courir aupoint de vue sécurité, quand ce n’estpas la baisse marquée de rendement

professionnel qui a déclenché l’affai-re. Quoi qu’il en soit, le médecin dutravail a renvoyé la personne à sonmédecin généraliste. Ce mode dedébut constitue parfois un bon pointd’appui pour commencer la prise encharge ou tout au moins s’efforcer derenforcer la motivation du patient.

Prendre consciences

Mais au fil des entretiens, quin’ont pas nécessairement le sevragepour but principal et immédiat, il fau-dra tenter d’évaluer de manièreobjective jusqu’à quel point le patientest réceptif au message d’abstinence.Lorsqu’il en vient peu à peu à accep-ter la notion de sa propre responsa-bilité dans l’affaire, le travail véritablepeut commencer. La première étape,on l’a dit, consistera à l’amener àprendre conscience de sa situation etdes conséquences qu’elle engendrepour lui et pour les siens. Il s’agit làvéritablement d’un « fruit qui doitmûrir ». C’est un travail de longuehaleine, fait d’entretiens successifs.Toutefois, il est difficile au généralis-te, vu le caractère non contraignantde sa pratique, d’imposer au patientde revenir à des dates déterminées. Ilfaut plutôt profiter des occasions devisites à domicile ou de retour dupatient au cabinet pour une autreplainte.

S’appuyer sur unréseau

La notion de réseau de prise encharge du patient alcoolique est capi-tale. Le généraliste doit pouvoir faireappel à des compétences spécifiques.par exemple, lorsqu’une pathologiedigestive importante est en cause, lerecours à un gastro-entérologue sen-sibilisé aux problèmes spécifiques de

l’alcoolisme peuts’avérer nécessaire.Cela ne veut pasdire que le médecintraitant abandonneson patient, puisqu’ille reverra au coursdu suivi du traite-ment, ne fût-ce quepour prescrire lesmédicaments aveclesquels le spécialistea lancé un traitement.Parfois aussi, c’est aupsychologue ou au psy-chiatre que l’on devra faireappel, ou encore à l’assistantesociale.

Impliquer la famille

La tâche sera de longue durée etchaque fois que possible, la partici-pation de la famille devra être sol-licitée, en veillant à ne pas se lais-ser manipuler par elle. Il ne faudrapas non plus abandonner troprapidement en se disant quel’on n’y parviendra pas.Même si le taux de réus-site reste faible et si larechute est toujours pos-sible, toute amélioration dupatient est appréciable. Elle permet-tra éventuellement de rendre lepatient à la vie sociale et/ou de solu-tionner les problèmes matériels . Entout cas, elle permettra de retarder,voire d’éviter la dégradation mentaleet l’évolution vers la cirrhose dufoie. C’est déjà fort appréciable.

Dr J. Andris

D’après un entretien avec le Dr. Chr. Geniesse (Wanfercée-Baulet)

Le médecin de famille et le réseaude prise en charge de l’alcooliqueAu mois de mars dernier s’est tenu à Charleroi une journée d’étude visant à préparerla mise en place d’un réseau de soins des problématiques alcooliques. Le Dr. Christian

Geniesse, généraliste à Wanfercée-Baulet et président de la Société de Médecine deCharleroi, participait aux débats. En marge de cette réunion, nous lui avons demandé

comment se situait le médecin généraliste dans cette problématique

Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise I

AAAARRRRCCCCHHHHIIIITTTTEEEECCCCTTTTUUUURRRREEEE

Le visage de la médecine (II)Un siècle d'architecture hospitalière à Bruxelles 1820-1940

(suite COLMED n°981 - Avril-mai)

Une première version de ce texte a été publiée par laRégion de Bruxelles Capitale, service des Monuments etSites, à l’occasion des journées du Patrimoine de 1999dans l’ouvrage « Architecture et Art Public ».

A côté de Horta, l'architecture médicale de la pre-mière moitié du XXe siècle à Bruxelles est dominée parla forte personnalité de Jean-Baptiste Dewin (1873-1948). Chargé de son premier établissement hospitalierlors d'un stage chez Georges Hobé, Dewin rencon-

tre l'éminent chirurgienAntoine Depage (1862-1925), qui lui confie en1903 la construction desa propre clinique pri-vée, place Brugmann àIxelles (actuelle Croix-Rouge). C'est le débutd'une carrière de spécia-liste de l'architecturehospitalière, alors enplein essor. En 1907,Dewin participe à l'ou-vrage “La constructiondes Hôpitaux. Étude cri-tique” rédigé par les

Docteurs Antoine Depage, Paul Vandervelde et VictorCheval dans le cadre de la polémique sur la réalisationde l'hôpital Brugmann. Il y présente les divers aspectsde la nouvelle clinique, notamment la fenêtre cintréepour les salles d'opération du dernier étage, qu'ilreprendra dans diverses réalisations ultérieures.

L’essor des cliniques spécialisées

Jusqu'à la seconde guerre mondiale, Dewin met aupoint de très nombreux programmes, tant pour des cli-niques privées de dimensions limitées comme les insti-tuts ophtalmologiques du Dr Frère, rue des Vétérinairesà Anderlecht (1912) et du Dr Coppez, avenue deTervueren à Etterbeek (1912) et la clinique dentaire duDr Rosenthal, chaussée d'Etterbeek à Bruxelles (1913),que pour des établissements plus importants, tels l'Éco-le belge d'infirmières et ses diverses extensions, rues E.Cavell et M. Depage à Uccle (1913-1937), la clinique duLongchamp à Uccle (1914), le home pour enfants tuber-culeux à Bredene (1925), la maternité d'Ixelles (1930),l'agrandissement de l'hôpital d'Ixelles... A une parfaitemaîtrise de nouvelles exigences du monde médical enmatière d'hygiène, d'éclairage, d'aération, de distributiondes espaces, Dewin allie l'élaboration d'un cadreaccueillant et confortable. La conception décorativeapparaît comme un véritable système psychologique quimet le patient dans les conditions les plus favorables. Laqualité des matériaux et de la mise en œuvre, l'orne-mentation sobre et raffinée agrémentée de motifs ani-maliers qui retiennent l'attention, le soin dans le traite-ment de la lumière réchauffée par de petits vitraux,confèrent aux bâtiments un luxe discret et rassurant

J.B. Dewin, Clinique du docteur Antoine Depage à Ixelles (1903). Vue de la faça-de place Brugmann, à peine terminée. (Photo Coll. Archives d’Architecture

Moderne. Fonds Dewin).

J.B. Dewin, Vue intérieure d’une salle d’opération avec la fenêtre cintrée ( cliniqueEdith Cavell, 1925) (Photo Duquenne, Coll. Archives d’Architecture Moderne).

J.B. Dewin, vue schématique en coupe de la fenêtre cintrée mise au point par l’architecte pouréclairer les salles d’opération du Dr Depage. Publiée dans l’ouvrage « La Construction des

Hôpitaux, étude critique » des docteurs Depage, Vandervelde et Cheval (1907).

II Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

AAAARRRRCCCCHHHHIIIITTTTEEEECCCCTTTTUUUURRRREEEE

salué par la critique : "l'architecte s'est efforcé de bannirdes salles de malades et des salles de jour la froideur, unpeu inquiétante, des salles d'opération. Il a cherché à enréchauffer l'aspect par l'emploi de colorations riantes etde vitraux en plomb discrètement répartis ... partout,nous sommes frappés par la douce lumière répanduedans les salles : un bain de blancheur. Au confort, auxnécessités du laboratoire s'est joint le charme de l'orne-mentation : de la simplicité, du bon goût, de la richessequi n'a pas d'ostentation, un luxe même, mais un luxerationnel qui semble puiser ses raisons dans la sciencemême. Le malade doit se sentir à l'aise dans ces salles,grandes ou petites, où les rayons du soleil, doucementtamisés, semblent apporter avec eux leur remède".

De 1922 à 1935, il élabore le vaste programme dunouvel hôpital universitaire Saint-Pierre, minutieuse-ment préparé par un voyage d'études aux États-Unis eten Angleterre. Inspiré des exemples anglo-saxons, lebâtiment central présente une structure compacte de sixniveaux en peigne couronnés par un solarium. Soucieuxde conserver une échelle familière, Dewin dessine uneentrée particulièrement soignée mais de dimensionsmodestes, dépourvue de tout effet monumental. Pour

les longs bâti-ments bordantla rue Haute, iladopte l'éton-nante formuled e r e z - d e -chaussée com-merciaux, des-tinés à aug-menter le ca-ractère d'hôpi-tal d'attirance.

C'est dans cetessor de cli-niques privéesspéc ia l i séesque s'inscritl'un des bâti-ments les plusin t é re s san t sr é a l i s é s àBruxelles à laveille de lapremière guer-re mondiale :

la clinique orthopédique du Dr Maurice Van Neckconstruite par Antoine Pompe, rue H. Wafelaerts à Saint-Gilles (1910). Fervent adepte de la gymnastique, Pompetrouve dans la nouveauté du programme et la confian-ce du commanditaire l'occasion de réaliser une premiè-re œuvre personnelle totalement originale. La façade

aux formes et aux couleurs insolites à l'époque– briques gris clair, ferronneries bleues et châssisblancs – s'efforce d'incarner l'idée d'une "hygiènemoderne". Le porche en retrait à éclairage nocturne, lagrande salle de gymnastique du premier étage ferméepar des briques de verre qui servent d'isolant thermique,acoustique et lumineux, le balcon en fer forgé amoviblepour permettre le passage d'objets encombrants, lesgaines de ventilation en saillie qui structurent la façade...apparaissent comme autant de solutions rationnelles etinventives, annonciatrices d'une architecture nouvellequi dépasse à la fois l'éclectisme et l'Art Nouveau. Aprèsla première guerre mondiale, Pompe conçoit dans unesprit plus expressionniste l'agrandissement de l'Institutchirurgical de Bruxelles, 12 rue Boduognat (1925). Lafaçade très sobre qui joue essentiellement sur un traite-ment raffiné des matières - soubassement de pierrebleue taillé en facettes, granito vert, béton bouchardé,brique 'belvédère' violacée - forme au dessus du trottoirdes encorbellements successifs couronnés par lesgrandes baies des salles d'opération.

L'institut dentaire Eastman construit en 1934-1935 parMichel Polak présente, dans des formes plus acadé-miques, un esprit proche de celui des bâtiments deDewin. Financée par le philanthrope américain GeorgesEastman qui fonde des établissements similaires àRochester, Londres, Rome, Stockholm et Paris, la cli-nique est destinée à donner des soins dentaires com-plets aux enfants défavorisés. Selon le souhait de soncréateur, la beauté et le caractère engageant de l'édificesitué dans le cadre séduisant du parc Léopold devaitinciter les parents à s'informer sur les conditions desoins. L'intérieur combine les installations techniques lesplus avancées à une attention particulière aux condi-tions d'accueil des enfants. La partie centrale de l'étageest consacrée à une vaste salle de traitement destinée àcontenir quelque cinquante postes d'examen, abondam-

Antoine Pompe, Clinique orthopédique du docteur Van Neck à Saint-Gilles (1910), façade rue Wafelaerts (Photographie Coll. Archives

d’Architecture Moderne).

Michel Polak, Institut dentaire George Eastman. Vue de la grande salle du premierétage (Photo Coll. Archives d’Architecture Moderne).

IIICollège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

AAAARRRRCCCCHHHHIIIITTTTEEEECCCCTTTTUUUURRRREEEE

ment éclairés par les verrières latérales et un lanterneaude verre opalin. La salle d'attente, décorée d'une frisereprésentant les fables de La Fontaine et agrémentéed'une grande volière aux oiseaux multicolores, compor-te un mobilier spécial allant jusqu'à la taille des patientsde quatre ans.

La naissance du modernisme

Le milieu des années 1930 marque l'introductiondéfinitive de l'architecture moderniste dans le domainehospitalier. En 1934, Maxime Brunfaut entame auxportes de Bruxelles la réalisation du vaste sanatorium deTombeek à Overijse pour le compte de la PrévoyanceSociale (1934-1937). Le jeune architecte de 25 ans yexploite avec brio toutes les ressources du vocabulairede l'avant-garde pour répondre aux exigences spéci-fiques du sanatorium : construction sur pilotis qui trans-forme le rez-de-chaussée en promenoirs et en espace decures communiquant avec les jardins, vastes baiesvitrées horizontales et verticales à châssis métalliquesqui inondent l'intérieur de lumière, grandes terrassescouvertes, tubes de verre Pyrex et dalles marines pourles rampes d'escalier, les garde-corps, les têtes de lits,etc. La même année, Sta Jasinski et Gaston Brunfaut sontchargés de la construction des instituts de traitement des

tumeurs Jules Bordet - Paul Héger jouxtant l'hôpitalSaint-Pierre (1934-1939). L'exiguïté du terrain impose unédifice en hauteur formé de deux ailes perpendiculaires(hospitalisation et traitements) aux façades entièrementrecouvertes de carreaux de grès émaillés. L'image de lasalle d'opération - blanche, lisse, aseptique, immaculée -s'étend désormais à l'ensemble du bâtiment d'où sontéliminés les matériaux organiques et "tous élémentsdécoratifs irrationnels". Parmi les réalisations mar-quantes du premier modernisme, il faut encore citerl'extension de la clinique Longchamps exécutée en 1936par Louis Herman De Koninck sous la forme d'une ailearrière cubique en voile de béton armé.

Eric Hennaut et Marie Demanet

Orientation bibliographique A. UYTTERHOEVEN, Notice sur l'hôpital Saint-Jean, étude sur la meilleure manièrede construire et d'organiser un hôpital de malades, Bruxelles, 1852.

E. et F. PUTZEYS, Description de l'Hôpital Militaire de Bruxelles, Liège, 1889.

A. DEPAGE, P. VANDERVELDE, V. CHEVAL, La construction des hôpitaux. Étude cri-tique, Misch & Thron, Bruxelles, 1907.

V. HORTA, Administration des hospices & secours de la Ville de Bruxelles. HôpitalBrugmann à Jette-Saint-Pierre. Description du plan général et des services,

Bruxelles, 1909.

Hôpital Brugmann. Compte-rendu de la cérémonied'inauguration le 18 juin 1923. Précédé d'une noticehistorique, Administration des hospices et secours,Bruxelles, 1924.

Bâtir, Bruxelles, n° 18, 15 mai 1934, n° 35, octobre1935, numéros consacrés à l'architecture médicale.

D. COEKELBERGHS et P. LOZE (direction), LeGrand Hospice et le quartier du Béguinage àBruxelles, Bruxelles, 1983.

Musée des Archives d'Architecture Moderne. Collections,AAM, Bruxelles, vol. 1, 1986, vol. 2, 1999.

A. BRAUMAN, M. DEMANET, Le parc Léopold1850-1950, AAM, Bruxelles, 1985.

M. Polak, Institut dentaire G. Eastman (1934-1935) vue de la salle d’attente et sa volière (Photo Coll. Archives d’Architecture Moderne).

ta Jasinski et Gaston Brunfaut, Instituts Jules Bordet/ Paul Héger à Bruxelles (1934-1939) (Photographie, Coll. Archives d’Architecture Moderne).

Fernand et Maxime Brunfaut, Sanatorium Joseph Lemaire à Tombeek (1934-1935) Dessin perspective (Coll. Archivesd’Architecture Moderne. Fonds M. Brunfaut).

Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloiseIV

CCCCOOOONNNNTTTTEEEE DDDD’’’’EEEETTTTEEEE

La grande fête de l’OPETDans l’Egypte pharaonique, au Nouvel Empire, le mois de THOTH clôture l’année agricole. LeNouvel An débute avec l’arrivée de la crue du Nil devant le Grand Temple d’AMON à KAR-NAK (appelé alors IPET-ISOUT). Cela se passe à la mi-juillet. Rompant avec la réalité histo-rique, le docteur Guy-Roland Pâque vous propose ici un « Conte d’été » où tous les personnagesont existé, mais leur histoire, bien que dans un contexte réel, relève de la fiction.

Docteur Marguerite Cambron

Depuis deux jours que ANTEFANKH, le prêtre astrono-me, a annoncé la fin du mois de THOTH, le dernier de l’an-née agricole, tous les habitants de la Capitale, du plushumble au plus puissant, sont dans l’attente.

Le nouvel-an, l’OUP RENEPET, débutera aussitôt que lecri joyeux « HAPY » aura retenti.

Trotte menu, OUPNEFERE, prêtre lecteur du GrandTemple d’AMON, malgré l’heure matinale, est déjà en nage,tant il se hâte. C’est qu’il est en charge d’une mission deconfiance importante. Il doit se rendre au bord du fleuve etlire dans la crique sacrée le niveau du Nil. Il l’a déjà fait hieret encore avant hier, sans pouvoir annoncer la plus petiteremontée des eaux. Serait-ce pour ce matin ? OUPNEFERE aconscience que cette année-ci, la première du Règne Officielde Pharaon, « Vie-Santé-Force , qui purifie NIOUT et satisfaitAMON », l’attente de la crue du Nil est angoissante et qu’el-le suscite bien des commentaires tant dans les clergés queparmi la population.

A l’intérieur du Grand Temple, dans le sein des saints,HAPOU-SENEB, Premier Grand Pontife d’AMON et GrandInitié de SEKHMET, est en proie aux mêmes appréhensions.Car, depuis deux millénaires, c’est la première fois que le Roin’est pas un « Taureau Puissant » dont la fécondité garantit lapérennité de l’Egypte entière. Toutes les Règles ancestrales ontété scrupuleusement observées, MENKH, le Ministre del’Intérieur, dûment mandaté par Pharaon, est parti depuis troissemaines pour SOUANIT. Il porte au clergé de KHOUM, ledieu à tête de bélier, les cadeaux rituels pour bien le disposerdans son rôle d’éclusier, ouvreur de la Caverne, la premièreCataracte, permettant à l’eau du Nil d’entrer en Egypte. EtPharaon a été particulièrement généreux.

Lui-même, HAPOU-SENEB a interrogé SEKHMET, ladéesse lionne qui sait interpréter la pensée des Dieux.Hélas, il lui faut attendre.

Arrivé à la crique sacrée, OUPNEFERE ne peut réfréner

un cri de joie. Merveille parmi les merveilles, Gloire àAMON, le niveau a monté. Frénétiquement, il agite son dra-peau, battant l’air, pour être vu des gardes en service sur lahaute tour du porche d’entrée du Grand Temple.

« HAPY » crient en chœur les gardes, « HAPY » répondenten écho les officiers et le cri se transforme en une clameurqui se répand partout.

Habillée du pagne plissé, le torse nu largement recouvertpar un collier magnifique, coiffée du némes royal, Pharaons’en revient paisiblement, contente de ses performances aucours de son entraînement militaire matinal. A peine rentréedans ses appartements du Palais Royal, HATCHEPSOUT s’enremet aux soins attentifs de SATNEM, sa servante préférée.Elle n’a pas le temps d’être pomponnée et parfumée queHAPOU-SENEB, hors d’haleine, triboule à ses pieds, tout

SEKHMET (photo de l’auteur prise dans le Petit Temple de PTAH,dans l’enceinte du Grand Temple d’AMON à IPET-ISOUT (KARNAK).

Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise V

CCCCOOOONNNNTTTTEEEE DDDD’’’’EEEETTTTEEEE

débordant de joie. Cet ancien ami de son père, qui est aussison parrain, parvient à grand peine à dire « HAPY » Majesté !

“Et MENKH ? Est-il rentré ?” demande aussitôt HATCHEPSOUT. Une horrible brûlure poigne HAPOU-SENEB,lui qui espérait tant être remercié par un gracieux sourire de «Sa Majesté » pour l’annonce tant attendue. Son visage reflète àce point son désappointement que HATCHEPSOUT éclate deson célèbre rire et devant la consternation du Grand Pontife,elle lui met la main à l’épaule : “Idiot, dit-elle affectueusement,si MENKH n’est pas encore là, c’est que la crue va plus vite quelui et que KHNOUM a largement ouvert les vannes”. HAPOU-SENEB est confondu, il a beau être un Sage, un Grand Prêtreexpérimenté, un politique habile, le voilà mouché comme unsimple novice par Sa Reine. En un éclair, il la revoit, gamineespiègle, se préparant à la cérémonie du SETEP-SA qui fit d’el-le la Fille d’AMON. Tout à la fois ému, admiratif et penaud, ilsourit doucement.

Ils sont interrompus par l’arrivée, beaucoup plus proto-colaire, de PENNEKHEB, le Grand Argentier, suivi par leGénéral NEHESI, le Chef des Braves du Roi, la formationd’élite qui est chargée de veiller sur les Pharaons.

La plupart de ses proches collaborateurs étant près d’elle,HATCHEPSOUT appelle un des officiers de sa suite et luimande de lui ramener immédiatement le Premier de sesMinistres, SENMOUT. Celui-ci, jamais bien loin de Pharaon,entre aussitôt et félicite

« Celle qui embrasse AMONLa première des NoblesPuissante en Force de VieVerdoyante d’ann é e , D i v i n e d’ApparitionVérité et Justice, est l’âme du SoleilRoi du Double Pays de Droit Divin. »

Le couplet réjouit son auditoire, qui se transforme enConseil Royal, car il y a urgence de préparer et réussir la pre-mière Grande Fête de l’OPET du Règne. PANEHESY, prêtreSem, revêtu de la peau de panthère, entre alors que la séan-ce royale est commencée. Il a un rôle important à tenir entant que Serviteur du Dieu MIN « le taureau de sa mère, l’au-teur de la fertilité », celui qui féconde la terre.

Au Grand Temple, tout se met en place. Depuis deslustres chacun sait exactement ce qu’on attend de lui.

Toujours agité, NEBOUAY, 4e Prophète d’AMON, partinspecter toutes les barques, la sacrée et les procession-nelles de navigation. Elles doivent être en parfait état,depuis des mois elles ont été repeintes, les brèches col-matées, les rames sont neuves et les voiles vérifiées.«HORUS femelle», surnom affectueux donné par les arti-

sans à leur Reine,sera contente. MaisNEBOUAY resteprudent, car il saitque le plus petitaccroc sera sévère-ment critiqué etsanctionné.

D e s o n c ô t é TJANEFER, le 3eProphète, musicienà ses heures, se rendauprès de NEFE-ROURE, la fille pré-férée de HATCHEP-SOUT, qui, bien quesouffrante, veut rem-plir les devoirs quiincombent à l aDivine Adoratriced’AMON. Ensemble,ils passent en revueles chants et s’assu-rent qu’aucun hym-ne ne manque etqu’aucune louange àAMON et aux Dieuxinvités ne soit oubliée.

Enfin l’énergique DOUA-ENENEH, le second Prophèted’AMON se rend par l’allée des sphinx, les SHESEP-ANKH,directement à IPET-RESIT, le Temple frère, celui qui abrite leharem d’AMON. Pour la circonstance, ce temple va sortir dela léthargie où il est plongé le reste de l’année. DOUA-ENE-NEH rencontre ANTEF, qui a également rang de secondProphète dans la hiérarchie religieuse d’AMON. Sous le cou-vert de sourires et de mutuelles félicitations, les deuxhommes engagent un dialogue où chaque mot, chaque pen-sée cache bien des calculs. Ils sont concurrents pour la suc-cession, dans le futur, de HAPOU-SENEB et chacun espèreprendre l’autre en défaut. Mais pour l’heure, ils sont condam-nés à unir leurs efforts pour la réussite de la Fête, car pourle peuple AMON est infaillible et doit le rester.

Le Commandant d’escadre AMENHOTEP est lui aussi pré-occupé, les bateaux du cortège vont devoir affronter unenavigation difficile, la remontée sur 7000 coudées du fleuveen crue constante et contre le vent soufflant du Sud. La bon-ne ordonnance du défilé dépend de l’habilité des rameurs etdes préposés aux gouvernails. Décidé, habitué à commanderet à être obéi, AMENHOTEP rassemble les équipages et sansménagement promet le fouet et l’exil à tout malheureux quifaillirait à la tâche.

HATCHEPSOUT, dont le shenou (cartouche) a été usurpé par THOUTMES 3 –

Musée de Louxor, photo de l’auteur.

VI Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

Cela lui paraît stimulant et, en tout cas, le soulage, d’au-tant plus qu’il vient d’être informé, par un envoyé secret,qu’il ne pourra laisser partir la procession que sur ordre deSENMOUT et non de HAPOU-SENEB comme le veut la tra-dition.

A l’opposé de cette agitation, le bon peuple se ras-semble, chacun s’apprête à porter de belles offrandes auTemple du Harem d’AMON. Leur répartition participe àl’âpreté du débat entre ANTEF qui souhaite tout garder etDOUA-ENENEH qui veut prélever le plus possible.

Parmi les paysans qui se sont mis en route, OUNI l’oa-sien et sa fille ISIS cheminent devant un âne chargé decadeaux et de marchandises qu’OUNI s’apprête à vendre aumarché de la ville. Ils sont en route depuis quatre jours etOUNI espère obtenir de beaux bénéfices, il sait que toutdépendra de HAPY. Si la crue est bonne, les acheteursseront plus nombreux et plus généreux.

Trois heures du jour se sont passées depuis le début duConseil Royal. Toutes les directives pour les heures à veniront été prises. L’écueil de « Taureau Puissant » dans laTitulature classique est évité grâce à son remplacement parle couplet que SENMOUT a présenté juste avant la séance.Alors que HATCHEPSOUT remercie personnellement cha-cun des officiels, un envoyé, venu du Sud, est annoncé.

Admis, après avoir salué Pharaon, il informe que MENKHarrivera en retard car il convoie deux beaux petits obé-lisques en marbre précieux, à la pointe d’or, destinés à ornerla terrasse de la chambre royale. HATCHEPSOUT est heu-reuse et le montre. SENMOUT sourit, MENKH a beau offrirpareils cadeaux à Pharaon, le sien sera d’un niveau biensupérieur.

Après que trois jours se soient passés en préparatifs minu-tieux, l’heure des festivités a enfin sonné. Tôt le matin du qua-trième jour de la remontée des eaux, la statue secrète d’AMONest sortie de son tabernacle. Lavée par PENANOUQI, le prêtredu pagne, puis habillée de neuf en byssus, ce lin fin tissé à l’in-térieur du sanctuaire, l’idole est confiée à MONTOUEMHAT, levénérable Chef des Prêtres Purs. Il lui prodigue, selon un rituelaussi immuable que secret, des fumigations à l’encens. Enfinprête, la statue est prise en charge par HAPOU-SENEB et PETE-SIRIS, homme à la vaste culture, représentant officiel de la scien-ce dans l’enceinte du Grand Temple. Ensemble, avec beaucoupde précautions, ils la déposent dans l’OUSER-HAT, la petitebarque sacrée qui, portée par six prêtres purifiés, se dirige main-tenant vers la sortie du Temple. Là, une escorte de douze offi-ciers, choisis parmi les plus valeureux de l’armée, encadrela barque sacrée jusqu’au quai où l’attend la barque proces-sionnelle. Pharaon et tous les plus hauts dignitaires civils etmilitaires présents dans la Capitale les ont précédés.

Chaussée de fines sandales blanches rehaussées deboucles en or, HATCHEPSOUT resplendit. Sur un sous-vête-ment long, du coton le plus transparent, elle porte le pagneblanc plissé, tissé or, serré à la taille par une ceinture en or àlaquelle pend sur l’arrière une queue de léopard et non detaureau comme le voudrait la coutume. La poitrine ne révèlequ’une féminité discrète derrière un pectoral de quatre rangsde grosses perles maintenues par des fils en argent, avec deschaînons d’or sertissant des turquoises, des saphirs et des éme-raudes. Ses yeux allongés et fardés montrent une intenseexpression de joie, ses oreilles sont ornées de deux boucles enor rehaussées d’émeraudes. Autre innovation, à la place de ladouble couronne traditionnelle, HATCHEPSPOUT est coifféed’un diadème divin, le NEFERHAT, étoffe précieuse en formede bourse qui retient ses cheveux surmontée de deux plumesd’autruche, à l’instar d’AMON. Si la clef de vie, en or, dans lamain gauche rappelle la fertilité, la présence dans l’autre duHEQAT, le sceptre en ivoire en forme de crosse, informe cha-cun qu’il se trouve devant Pharaon.

Grand ordonnateur de la cérémonie, HAPOU-SENEBinvite tout le monde à embarquer selon son rang. En tête labarque processionnelle d’AMON où prennent place lesquatre principaux Prophètes, puis la barque royale où SEN-MOUT, PENNEKHEB et le général NEHESI se placent der-rière HATCHEPSOUT. La troisième barque est réservée à la

COMMANDANT d’ESCADRE AMENHOTEP ici en scribe – Musée deLouxor, photo de l’auteur.

CCCCOOOONNNNTTTTEEEE DDDD’’’’EEEETTTTEEEE

VIICollège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

Divine Adoratrice d’AMON, NEFEROURE,entourée de ses meilleures chanteuses etde quelques musiciens. Puis c’est labarque du Clergé et des Grands Prêtresd’autres cultes invités pour la cérémonie.Enfin le cortège comprend encore lesbarques des Grands Dignitaires del’Administration et de l’Armée. Les Bravesdu Roi fermeront le convoi.

Au moment précis où HAPOU-SENEBs’apprête à donner l’ordre d’appareiller àAMENHOTEP, le Commandant de toutecette petite escadre, sur un geste vif deSENMOUT, les trompettes et les timbalesqui accompagnent les Braves du Roi,font retentir « l’Appel du Roi »….. Et c’estla barque royale qui quitte la première lequai pour se porter en tête. HATCHEP-SOUT garde son sourire, impassible com-me si cela ne la concernait pas. Le remplacement de ladouble couronne par le diadème divin, la queue de léo-pard, l’absence de barbe postiche prennent toute leursignification. Pour tous ce n’est pas HATCHEPSOUT –Pharaon qui suit le Dieu AMON, mais bien HATCHEP-SOUT-Fille Divine d’AMON qui conduit son Père AMONd’un Temple à l’autre.

Interloqué, le haut clergé de la barque sacrée se tournevers HAPOU-SENEB qui ne laisse rien paraître de ses senti-ments. HATCHEPSOUT vient de marquer, par ce geste fort,sa volonté de prééminence. Il verra plus tard s’il y a lieu deréagir. De toute manière c’est maintenant impossible, lesbarques manoeuvrent suffisamment difficilement en cettepériode de crue ascendante pour ne pas risquer un accidentnéfaste pour tous. Pour les représentants de l’Administrationet de l’Armée, c’est une satisfaction qui renforce encore leurfidélité au Chef suprême.

Sage et avisée, NEFEROURE, dont la barque s’est placéejuste derrière celle d’AMON, détend l’atmosphère en invitantses Divines Adoratrices à entonner les hymnes aux Dieux :

« Salut à toi, HAPYQui sort de terre et vient vivifier le Double PaysSa suite le chanteLui qui fait vivre les prairies créées par AMONPour faire vivre tout le bétail...Auteur de l’orge, producteur de bléQui met en fête les Temples...Toi qui apporte la nourriture, riche en vivres...»

Certains passages sont repris par la foule qui s’est mas-sée sur la berge, notamment dans les hymnes à AMON.

« Salut à toi, AMON, Seigneur des trônes du Double Pays,Qui réside à IPET-ISOUT (Karnak)Taureau de sa mère, qui réside devant ses prairies,Vénérable du ciel, aîné de la terre,Unique en son espèce parmi les Dieux,Qui est à la tête de tous les Dieux (les chanteuses)Qui est à la tête de tous les Dieux (la foule)...»

Mais le peuple n’a d’yeux que pour HATCHEPSOUT, quis’est pratiquement déifiée de son vivant alors que lesPharaons attendaient leur mort pour y prétendre, et seule-ment dans l’au-delà.

Tous ont revêtu leurs beaux atours. Pour les hommes unpagne plus court devant que derrière et une chemise avecou sans manches courtes. Les femmes sont revêtues d’unesimple chemise à bretelles qui descend jusqu’aux chevilles.Les caprices de la mode se jouent uniquement dans le décordes bretelles, tantôt droites, tantôt croisées ou brodées. Lescouleurs sont le blanc, le rouge et l’ocre-jaune. Tous sontrigoureusement propres et parfumés. Les hommes portentdes pectoraux qui sont le reflet de leur niveau social et lesfemmes arborent un ou deux rangs de perles cylindriquesselon leur aisance matérielle.

A IPET-RESIT (Louxor), le Temple du Harem d’AMON, toutest prêt pour accueillir l’Auguste Visiteur et sa suite. ANTEF,entouré de quelques prêtres purs, et PANEHESY, le Supérieurdu culte de MIN, devisent en guettant l’arrivée de la barque pro-cessionnelle d’AMON. L’ampleur croissante de la liesse popu-laire leur paraît de bonne augure. L’arrivée en tête du cortèged’HATCHEPSOUT portant le NEFERHAT divin les déconcerte.

Barque processionnelle sacrée de AMON ( chapelle en quartzite rouge de HATCHEPSOUTdans le Musée Lapidaire de KARNAK , photo de l’auteur).

CCCCOOOONNNNTTTTEEEE DDDD’’’’EEEETTTTEEEE

Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloiseVIII

CCCCOOOONNNNTTTTEEEE DDDD’’’’EEEETTTTEEEE

Déstabilisé, ANTEF ne peut cacher sa répro-bation, ce qui lui coûtera ses chances de succé-der un jour à HAPOU-SENEB. De son côté,PANEHESY avait préparé un discours d’accueil,en tant que représentant du Dieu MIN, à unDieu-mâle AMON, et le voilà face à une femme.Il enrage de n’avoir pas été prévenu et cherchantdu regard le responsable, il se heurte à SEN-MOUT qui, à son habitude, joue les indifférents.Souriante, charmeuse, le sentant dans l’embarras,HATCHEPSOUT s’impose à nouveau par la rapi-dité de sa présence d’esprit. C’est en tant que“Puissante” qu’elle ordonne que les hymnes àAMON-MIN soient entonnés :

« Salut à toi, MIN-AMON, Seigneur du TempleViens, avance vers les prairies,Respire le parfum de ton paysPlace le KA du Roi à côté de toi...Que ton cœur soit dans la félicité pour le RoiLes deux plumes vénérables sont sur ta tête...»

Pendant les chants, toujours imperturbable HAPOU-SENEB et PANEHESY, qui s’est ressaisi, plantent là le pauvreANTEF. Ensemble, ils se chargent du débarquement de labarque sacrée qui lentement entre dans le Harem d’AMON.Elle y restera dix jours. Dans l’air flotte une odeur pénétranteoù se mêlent l’olibon, encens mâle, le parfum destiné àAMON-MIN et l’iber, l’encens femelle, réservé à ses épouses.

Un jeune officier tente de retenir l’attention de HAT-CHEPSOUT qu’il n’arrive pas à approcher. Il lui rappellequelqu’un d’autre, son neveu THOUTMES qu’elle serait bienavisée d’envoyer sur le Chemin de Horus, au Nord du SINAI,sous le prétexte de parfaire son éducation militaire. Fendantla foule aussi respectueuse et admirative qu’intimidée, pasdu tout habituée à côtoyer Pharaon de si près, le GénéralNEHESI ramène le messager. Il est porteur d’une nouvellequi remplit d’aise HATCHEPSOUT : son ami MENKH et sonprécieux chargement sont arrivés au Palais. Cela tombebien, la partie officielle de la Fête de l’OPET est finie, etle bon peuple ne pourra réellement s’amuser qu’après ledépart de tous les Grands Personnages. Prenant congé detous, distribuant des sourires enjôleurs et quelques motsaffectueux, HATCHEPSOUT monte dans le char qui l’at-tend. Entourée de l’escorte des Braves du Roi, elle file àvive allure vers le Palais. Fille divine d’AMON, Pharaon,elle n’en reste pas moins femme et le cadeau de MENKHla comble autant que les savantes manœuvres politiquesde SENMOUT. Elle est heureuse d’avoir su garder sesanciens compagnons de jeux, qui se complètent si bien.

Dans toute la ville, le peuple rassuré donne libre cours à sa joie.

AMON, Pharaon, et HAPY ont veillé sur eux. Certes beaucoup detravail les attend, mais l’année qui débute s’annonce bonne.

Un peu partout sur des tréteaux de fortune ou à mêmele sol, des lutteurs exercés exécutent des combats savants,ailleurs ce sont des escrimeurs qui se battent avec desbâtons. Entre ces groupes, des jongleurs et des joueuses deballes donnent à la fête un caractère moins martial. Plusnombreux sont les espaces où la danse se mêle à l’érotismeaux sons mélodieux des harpes et des flûtes. Souvent desaccélérations du rythme sont commandées par les tambou-rins, auxquels se joignent les battements de mains du publicde plus en plus enfiévré. Aux étals de nourriture font faceceux chargés de vins et de bières, véritables tables d’of-frandes pour le peuple. Rapidement AMON s’efface, il cèdela place à HATHOR la déesse de l’amour, de la danse et del’alcool , à KADESH la déesse de la vie sexuelle importéed’Orient et à BASTET la chatte, mais aussi au viril MIN. Lafête se poursuivra pendant plusieurs jours et chaque matinles prêtres-médecins soignent des indigestions et desmigraines. Dans neuf mois, les scribes pourront recenser unaccroissement subit des naissances.

En fin d’après-midi, quand AMON-MIN se repose, OUNIl’oasien et sa fille arrivent en vue du Nil en crue. Emerveilléepar toute cette eau qu’elle voit pour la première fois, écar-quillant ses yeux, la petite ISIS lance le mot qu’elle a tant defois murmuré pendant les longues journées de marche dansle désert : HAPY !

Rapporté par THOTHEMHAT, scribe de SESHAT

Scène de la vie courante prise par l’auteur dans le tombe de MENNA ( rive gaucheVallée des Nobles).

10 Pages nationales - Nationale bladzijden

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

L’art copte en Egypte : 2000 ans de Christianisme

Dès sa naissance, la religion chrétienne se répanditautant qu’elle était réprimée et ses adeptes devaient secacher du pouvoir romain, voire même fuir. C’est ainsique très tôt, des provinces romaines visiblement lointainesde Rome (surtout au vu des moyens de transport del’époque), furent christianisées. Ce fut le cas de l’Egypte

Traditionnellement, on faitremonter l’introduction duChristianisme en Egypte vers l’an 40du premier siècle par l’évangélisteSaint Marc, qui aurait prêché àAlexandrie avant son martyre en 68.C’est sur un canevas de religions etdivinités égyptiennes, grecques etromaines que s’établit cette nouvellereligion. Par la similitude de diffé-rents éléments et aspects de sonculte avec ces religions (symbole dela croix, similaire au symbole de vieégyptien ; Marie, mère nourriciè-re…), son implantation fut particu-lièrement favorisée.

Le terme de « copte », ou cophte,est mentionné pour la première foisdans des récits de voyageurs occi-dentaux durant le bas Moyen-Agepour qualifier les Chrétiensd’Egypte, de souche autochtone.

Le développement

Très rapidement, l’Eglise copte apris une grande importance. Dès lafin du second siècle, une oasis

(Fayoum) ainsi que la Haute Egyptefurent évangélisées. Dans un mêmetemps, une école de catéchèse futcréée en 180 à Alexandrie. Cetteécole sera celle où enseignerontensuite des maîtres comme Pantène,Clément, Origène et Saint Denys.

Cette « suractivité » attira d’ailleursles foudres du pouvoir romain enplace, qui lança une série de persé-cutions sans pour autant parve-niràen endiguer la progression.

A cette même période apparut lephénomène de l’érémitisme. Denombreux adeptes du Christianismefuirent dans le désert face à larépression, ensuite volontairement,dans le but de retrouver la solitudeet l’unité intérieure. Ces ermites peu-vent être qualifiés de premiersmoines. Ce mouvement de mona-chisme, apport essentiel de l’Egypteau Christianisme, sera égalementsource de diversité au sein de cedernier, allant de l’anachorète radi-cal aux cénobites organisés parquelques règles de vie simple(obéissance, pureté du cœur et ducorps, pauvreté individuelle dansune relative prospérité collective,alternance du travail et de la prière).

Le père du monachisme

Considéré comme le « père dumonachisme », Saint Antoine (né en251 dans le village de Qimn al-Arous,l’ancienne Héraclée) a d’abord vécucomme un ermite avant de se retirerdans une grotte du Wâdi Arabah. De

nombreux disciples (estimés à unesoixantaine) se rassemblèrent auprèsde lui pour former ce que l’on peutconsidérer comme l’un des premiersmonastères chrétiens de l’histoire.Mais même si cette manière de se ras-sembler en une collectivité religieuselui est due, c’est Saint Pacôme qui eninstaura les règles, par ailleursreprises pour la plupart par SaintBenoît pour ses Bénédictins auVIème siècle.

Essor du Christianisme

Le quatrième siècle sera celuid’une expansion rapide pour la reli-

11Pages nationales - Nationale bladzijden

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

gion chrétienne. Ainsi, c’esten 313 que l’empereurConstantin décréta la libertéde culte, son successeurThéodose imposant par lasuite le christianisme commereligion d’Etat. Grâce à cesfaveurs, des monastèrespurent être fondés. Ces der-niers donnèrent lieu à l’ap-parition d’un art nouveau,bien que fort influencé parl’imagerie païenne. Toutesces circonstances, ainsi quela presque complète christia-nisation de la populationégyptienne au Vème siècle,concourent à une identité propre auxCoptes face aux sièges de l’épiscopatde Constantinople et de l’empire deRome. Mais dès le VIIème siècle, lesperspectives s’assombrirent quelquepeu avec l’apparition et la montée enpuissance de l’Islam. C’est en 639qu’eut lieu la conquête musulmanemenée par le général Amr ibn al-As.Celui-ci n’eut presque pas à combattre,les Coptes se sentant plus proches desMusulmans que des Byzantins, qui lesécrasaient sous les impôts.

Une nouvelle écriture

La langue copte est née de lanécessité de traduire, pour tous lesnouveaux adeptes du christianisme,les « Saintes Ecritures ». L’écriturepharaonique, séculaire, s’étant extrê-mement complexifiée et le grecs’étant imposé depuis la conquêted’Alexandre le Grand (332 avantJ.C.), les premiers essais de transcrip-

tion vers le copte apparurent. Mais lalacune de certaines consonnes dansla langue grecque par rapport à lalangue égyptienne transparut à tra-vers des hésitations dans les traduc-tions. Vers la moitié du IIIème sièclese stabilisa l’alphabet copte, compo-sé des 24 lettres de l’alphabet grec,complétées par 7 consonnes issuesde l’alphabet démotique (la versionla plus récente et la plus évoluée del’écriture égyptienne). Certes, il nes’agissait dans un premier temps quede traductions, qui furent très utilesquand l’original grec fut perdu, maisrapidement apparurent des œuvresoriginales, principalement des ser-mons et des lettres, témoins de larichesse de cette langue nouvelle.

Naissance d’une littérature

De plus en plus, surtout après la rup-ture de l’Eglise copte avec Byzance, sedéveloppa une littérature copte dominée

par l’hagiogra-phie. Princ-i p a l e m e n td’inspirationreligieuse, cestextes permet-tent une des-cription trèsprécise de lavie quotidien-ne et de latoponymie del’époque.

L ’ i n v a s i o narabe mettra

fin à cette croissance. Lesmusulmans laissèrent unegrande liberté de culte maisau fil du temps, la pressionva s’intensifier pour éliminerl’usage de la langue copte.Ainsi, sous les Omeyyades(660-750), seul un édit de707 vint prohiber l’usage ducopte dans les documentspublics. Sous les Abbassides,des tensions surgirent, pro-voquant des insurrections.Un assouplissement desrègles sous la dynastie tou-lounide améliora le statutdes Coptes, qui firent leur

retour dans les fonctions de l’Etat, pourconnaître une période faste sous lesFatimides. Mais la disparition de ladynastie des Fatimides coïncidant avecles croisades, les Coptes furent évincésde toute fonction étatique et furent vic-times de représailles. A partir de cemoment, la position copte allait s’alté-rer de plus en plus. C’est ainsi que,face à la déperdition de la languecopte, une école de sauvegarde futfondée au XIIIème siècle pour la pré-servation des structures écrites de lalangue.

Ce ne fut qu’en 1805 que lesCoptes regagnèrent leur place dansla société, avec le soutien du papeCyrille IV, pour connaître à nouveauune période particulièrement faste,se poursuivant encore actuellement.

Langelez OlivierD’après le dossier de presse de l’exposition

Exposition “L’art copte en Egypte :

2000 ans de Christianisme”accessible jusqu’au 3 septembre 2000

Institut du Monde ArabeRue des Fossés-Saint-Bernard, 1F-75236 Paris Cedex 05Tel : 0033 / 1.40.51.38.38 Fax : 0033 / 1.43.54.76.45http://www.imarabe.orgTarifs d’exposition : 45 FF / 35 FFIMA-Pass (exposition + musée) :60 FF / 50 FF

L’art copte

S’exprimant dans un premier temps dans l’architecture deséglises et autres monastères, ainsi que leurs peintures ornemen-tales, cette expression artistique s’inspire largement de la mytho-logie grecque, soulignant ses racines païennes autant que chré-tiennes. Le style copte se définit progressivement en s’éloignantdu réalisme du graphisme et en se composant de vastes plagesde couleurs juxtaposées, sans grand souci d’exactitude.

Sous la période musulmane, cet art se rassemblera autour duseul sujet religieux. La sculpture adoptera alors l’arabesque etexploitera autant que possible la boiserie. Une influence byzan-tine dénote des œuvres de l’époque par des thèmes apocalyp-tiques, tout en conservant les traits distinctifs du style local.

12 Pages nationales - Nationale bladzijden

PPPPUUUUBBBBLLLLIIIICCCCAAAATTTTIIIIOOOONNNN

Le nez en abrégéLes services universitaires belges d’ORL publient, avec le soutien d’UCB, un petit livre

pratique sur la sphère naso-sinusienne

Le nez est uno r g a n equelque peunégligé. Biensouvent, on nes’en préoccupeque lorsqu’il estle siège de symp-tômes désa-gréables pour lepatient. En dehorsde cela, les com-mentaires qu’il sus-cite sont confinés audomaine esthétique.Et pourtant - faut-il lerappeler? - il estimpliqué dans desfonctions aussi diversesque complexes. A côtéde son rôle évidentdans l’odorat, il ne fautpas perdre de vue qu’il perçoit desinformations sensorielles qui entrentdans ce sens très élaboré que nousappelons le goût. Il joue aussi unrôle de véritable appareil à condi-tionner l’air. Ses relations anato-miques et fonctionnelles avec lesvoies respiratoires inférieures sontaussi évidentes qu’étroites. Enfin, lenez intervient dans plusieurs méca-nismes de défense.

Des troubles variés

Chacune de ces fonctions peutêtre mise en cause dans l’une oul’autre pathologie. Par conséquent,les troubles du nez, des fossesnasales et de leurs annexes (parexemple les sinus) sont extrêmementvariés eux aussi. Plus encore: l’inci-dence des affections liées au nez etaux cavités sinusales (notamment lesallergies), connaît depuis quelquesannées une augmentation sensible,en Belgique comme dans de nom-breux autres pays.

Les spécialistes belges ont large-

ment contribué à l’élargissement desconnaissances sur les réactionsimmunitaires et inflammatoires sur-venant au niveau de la région nasa-le. Ils étaient donc bien placés pouréditer à l’intention du corps médicalde notre pays un ouvrage consacréau nez. Rédigé par les services d’oto-rhino-laryngologie des universitésbelges, ce livre a pour objectif deprésenter aux médecins généralistes,aux ORL, aux pédiatres et aux pneu-mologues, une approche systémati-sée de l’appareil naso-sinusien.

Symptômes d’abord

Pour atteindre cet objectif, lesauteurs ont choisi de parler du nez àpartir des symptômes qui y sont liésplutôt que d’en aborder, les unesaprès les autres, les différentespathologies.

C’est ainsi qu’après un rappelanatomique et physiologique, les dif-férents chapitres sont consacrés àl’obstruction nasale, à la rhinorrhée,à l’épistaxis, aux algies faciales, auxtroubles de l’odorat et du goût. On

ne peut cependantaborder le nezsans parler desallergies: c’estpourquoi un cha-pitre entier estconsacré aux testsallergologiques.Enfin, l’imagerie dela sphère naso-sinusienne est unoutil dont il faut seservir avec discerne-ment, ce qui justifieun autre chapitre dulivre.

Du concret

Dans chacun des cha-pitres à portée clinique,

l’accent a été mis sur les étapes del’anamnèse et de l’examen clinique,ainsi que sur les examens complé-mentaires.

Richement illustré et accompagnéde nombreux tableaux, « Le nez enabrégé » a été conçu par les auteurspour fournir au médecin des infor-mations utiles dans sa pratique quo-tidienne.

L’ouvrage sera distribué, sursimple demande, par les déléguésd’UCB Pharma, qui en a réalisé l’édi-tion.

Pour information :Mme Annick Deblaere

UCB Pharma s.a.

Route de Lennik 437

1070 Bruxelles

Tél. 02/ 559 92 00

Fax 02/ 559 92 10

e-mail: [email protected]

13Pages nationales - Nationale bladzijden

MMMMEEEEDDDDEEEECCCCIIIINNNNEEEE

La dépression aux mille facettesDepuis le temps que la dépression est connue, de nombreuses questions persistent à sonsujet. Régulièrement, la littérature scientifique projette de petites zones supplémentaires

de lumière sur cette affection. En voici quelques exemples récents

L’Organisation Mondiale de laSanté estime qu’à l’aube du nouveausiècle, la dépression unipolairemajeure sera l’une des causes demorbidité les plus importantes. Bienque l’étiologie de cette affection soitloin d’être complètement élucidée, ildevient de plus en plus évident quedivers facteurs sont impliqués, qu’ilssoient de type génétique ou environ-nemental. Les stratégies de recherchepermettent peu à peu d’approfondirles connaissances sur les mécanismesde la dépression. Elles permettentaussi de mettre progressivement enévidence les nombreuses facettes cli-niques de la maladie. Nous repre-nons ici quelques-unes d’entre elles,récemment publiées dans la littératu-re scientifique.

Une qualitéde vie altérée

Non seulement cela tombe sousle sens, mais encore les recherchesavaient-elles depuis longtempsdémontré le lien entre l’altération dela qualité de vie et la dépression.Mais il n’est pas toujours aisé defaire la différence entre la détériora-tion liée à l’âge et celle qui résultede la maladie, en particulier lorsqueles deux se superposent. Dans uneétude qu’ils ont conduite chez 90personnes, McCall et al. ont confir-mé que l’âge du patient et la gravitéde l’atteinte dépressive étaient lesdeux prédicteurs les plus importantsde la diminution de la qualité de vie.Toutefois, le type de détériorationliée à l’âge que l’on peut mettre enévidence est dépendant mode d’éva-luation. Par contre, la diminution dela qualité de vie avec l’aggravationde la dépression est constante,même après ajustement pour l’âge.

Un spectre continu?

Les différents sous-types princi-paux de dépression (dépressionmajeure, dysthymie, dépressionbrève récurrente, dépression mineu-re) ne restent pas stables au coursde l’évolution d’une dépressionchronique. A travers une étude qui a

duré 15 ans,Angst et al. ontmontré que 51%des pat ientsa t t e i n t s d ed é p r e s s i o nmajeure et 44%de ceux quisouffraient dela forme brèver é c u r r e n t e ,finissaient parrépondre auxcritères dia-g n o s t i q u e sd’un deuxièmesous-type. Plusencore, dansles cas restésstables, il y avait souvent associationavec une seconde forme. Et chez lespatients affectés par une formeunique de dépression, c’est en casde dysthymie que la gravité était laplus importante, même si globale-ment, la situation des personnes tou-chées par des formes associées étaitplus grave que celles qui montraientune variante pure. Cette notionpourrait revêtit à l’avenir une grandeimportance, car elle suggère que ladépression est un spectre continuplutôt qu’un ensemble de formesmorbides simplement juxtaposées.

Gare à l’infarctus

Il est bien connu que la dépres-sion peut constituer un prédicteurde la morbidité et de la mortalité despatients atteints de maladie corona-rienne. Mais il existe de plus en plusde preuves que la dépression peutaussi constituer un antécédent detroubles coronaires. Il se pourraitmême, selon une étude réalisée parFerketich et al., que la situation nesoit pas exactement la même pourles deux sexes. Les auteurs ont eneffet analysé les données de 5007femmes et 2886 hommes enrôlésdans la fameuse étude NAHNES I(National Health And NutritionExamination Survey). Ces personnesétaient indemnes de maladie coro-naire au moment de l’interviewqu’elles ont subi entre 1982 et 1984.

Au même moment, elles ont répon-du à un questionnaire sur la dépres-sion.

Dans ce groupe, les femmes ontencouru au cours du follow-up 187accidents coronaires non fatals et137 accidents fatals. Chez leshommes, ces chiffres étaient respec-tivement de 187 et 129. Le risquerelatif de maladie coronaire chez lesfemmes en dépression était de 1.73,après ajustement, par rapport àcelles qui n’étaient pas déprimées.Parmi les hommes, le risque relatifétait de 1.73. Le groupe des hommesse caractérisait également par uneaugmentation du risque de mortalitécoronarienne chez les dépressifs parrapport aux non-dépressifs. Parcontre, chez les femmes, la dépres-sion n’aurait pas d’effets sur la mor-talité.

Dr J. Andris

Réferences1. McCall W V, Cohen W, Reboussin B, Lewton P;Effects of mood and age on quality of life in depressedinpatients; J Affect Disord, 55 (2- »): 107, 1999. 2. Angst J, Sellaro R, Merikangas K R; Depressivespectrum diagnoses; Compr Psychiatry , 41 (2 Suppl1): 39, 2000.3. Ferketich A K, Schwartzenbaum J A, Frid D J,Moeschberger M L; Depression as an antecedent toheart disease among women and men in the NAHNES Istudy. National Health and Nutrition ExaminationSurvey; Arch Int Med, 160 (9): 1261, 2000.

14 Pages nationales - Nationale bladzijden

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

Los Honores : Les tapisseries de Charles Quint

Neuf tapisseries bruxelloises de Charles Quint ou un « miroir du prince » pour tous

En 1519, Charles de Habsbourg,qui avait 19 ans à l’époque et étaitroi d’Espagne depuis 1516, fut sacréempereur du Saint Empire RomainGermanique par les électeurs alle-mands. Il succéda sur le trône impé-rial à son grand-père Maximilien Ier.Charles fut sacré empereur enoctobre 1520 à Aix-la-Chapelle. Afinde célébrer son accession au trône,l’entourage de l’empereur comman-da une importante série de neuftapisseries en guise de « miroir duprince », à la fois allégorie édifianteet hommage au jeune souverain.

La série fut tissée par les ateliersdu lissier bruxellois le plus renom-mé de l’époque, Pieter van Edingen,également connu sous le nom dePieter van Aelst. Les tapisseries “Loshonores” furent créées en 1520 –l’on découvre cette date inséréedans le tissage de la première piècede la série. Le travail fut terminé en1525. Les documents de l’époquedésignaient la série comme : « Lestapisseries de la Fortune » - fortunesignifiant chance - d’après le motifde la Roue de la Fortune dominantla première pièce. L’une des tapisse-ries, le numéro 5 représentant uneallégorie de l’Honneur – « Honor »,d’où le nom de la série, « Loshonores »-, fut envoyée en Espagneen tant qu’échantillon. Charles Quintacheta la série lors de son séjour àSéville entre mars et mai 1526, àl’occasion de son mariage avecIsabelle de Portugal.

« Le miroir du prince »

Chacune des neuf tapisseriesdépeint la représentation allégoriqued’un ou de plusieurs principesmoraux, appartenant à la « moralelaïque » gouvernant l’éducation d’unjeune souverain.

Par ordre de lecture, le sujet desneuf tapisseries peut être résumécomme suit. Le premier groupe detrois pièces représente consécutive-ment la Fortune capricieuse et saroue tournant sans arrêt ; les vertusrassemblées sous la houlette dePrudentia, la Sagesse ; la Fortunecapricieuse muselée par deux vertusprincipales, la constance ou la Forcemorale (Fortutido) et la Tempérance(Temperentia).

Le deuxième groupe de troistapisseries commence par les septvertus principales, réunies autemple, dirigées par la Foi. Ellesmènent les personnes vertueuses aupalais suivant, qui est le tribunal del’honneur, la récompense suprêmedes rois. Cette tapisserie est la piècecentrale de la série. Les personnessans honneur se pressent en vain aupied du “Tribunal de Honor”. A droi-

te de ce tribunal entrent d’autresfigures, celles de la Renommée,conquise grâce aux actes valeureux ;elles sortent du temple de Fama, laGloire

Le dernier groupe représented’abord la Justice, Justitia, vertu par-ticulière du souverain qui est avanttout un Juge suprême. La tapisseriequi y fait suite dépeint la Noblesse,Nobilitas, condition de la souverai-neté, obtenue ici à travers le sacre etle couronnement de l’empereur. Surcette tapisserie figurent notammentles portraits de l’empereurMaximilien et de Marguerited’Autriche, ainsi que des légendespropres à la maison de Habsbourg.La série se termine par le Cortège del’Infamie, infamia, l’opposé de laRenommée, de la Vertu et de laGloire. A l’extrême droite est assis«l’auteur» de cette histoire. Ce per-sonnage est surmonté d’un longtexte moralisateur.

Il s’agit probablement de la sériede tapisseries la plus impression-nantes fabriquée au début de larenaissance aux Pays-Bas. Chaquefigure, chaque groupe de person-nages offre un spectacle fascinant.

Los HonoresLes tapisseries de Charles Quint

Du 27 mai au 8 octobre 2000

Du lundi au dimanche de 10h00 à18h00, le mardi de 10h00 à 22h00

Centre Culturel A. Spinoy, Malines

Minderbroedersgang, 5

2800 Malines

Tel : 015 / 29.40.00

Fax : 015 / 29.40.29

Email : [email protected]

Los Honores 10. Patrimonio National Madrid(Laurette Blondel)

15Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

suite

pag

e 18

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

Voyage en Tunisie 23 au 30 septembre 2000

Le Docteur Albert JORTAY se propose de vous em-mener pour une exploration du nord de la Tunisiedans ses aspects les plus prestigieux correspondantaux périodes punique et romaine.

PROGRAMMEJ1: BXL – TUNIS : arrivée le samedi à 22h, à l’aéroport de Car-

thage. Installation à l’hôtel de SIDI BOU SAÏD.

J2: CARTHAGE : visite des ruines et du musée de Cartha-ge.

J3: UTIQUE : visite des ruines . Retour à TUNIS : muséedu Bardo (mosaïques)

J4: CAP BON : excursion dans la péninsule ; visite deKERKOUANE (punique) retour par NABEUL (céra-miques)

J5: SIDI BOU SAÏD : visite du palais Erlanger (architectu-re andalouse)

L’après-midi est libre.

J6: KAIROUAN : visite de la Grande Mosquée antiqueaux 125 colonnes romaines et de la zaouia de Sidi Sa-hab (dite mausolée du barbier). Tour dans les ateliersde confection de tapis très renommés .

J7: DOUGGA : visite des ruines romaines. Retour parTHUBURBO MAJUS (capitole, thermes d’été).

L’après-midi est libre.

J8: TUNIS – BXL : départ le samedi après-midi, 15h40,pour l’aéroport de Carthage .Arrivée à Bruxelles à19h25

CONDITIONS• maximum 30 personnes.• prix: 42.000 BEF (chambre double), 45.000 BEF(chambre simple), comprenant l’avion, le logement, lesrepas, l’autocar climatisé et les visites de musée.

Dr Albert JORTAY, organisateur et accompagnateur

KAIROUAN. Zouia de ZIDI SAHAB (Mausolée du barbier). (Photo M. Jortay)

Des instruments et des hommes

À l'occasion de l'ouverture du nouveau Muséedes Instruments de Musique, Jean-Claude

Lalanne-Cassou nous présente, en plusieurs nu-méros, une petite Histoire de la musique, par les

instruments, du silex au synthétiseur.

Au commencement du Monde, la Musique était déjà pré-sente: dans le bouillonnement des galaxies dans le froisse-ment des comètes chevelues dans la giration folle des pla-nètes en formation, comme dans le «silence» des étoiles dontparlait Pascal. Elle était aussi en nous dès notre naissance.Nos premiers jeux et nos premières émotions furent la dé-couverte de notre espace sonore.

On pourrait imaginer une planète Terre sans les beautésde la sculpture ou de la statuaire. Il n'y aurait pas dans lesparcs et les jardins publics d'importants personnages enbronze pour servir de perchoirs aux pigeons et tourterelles.Cinéma et photographie n'ont pas toujours existé; on vivaittout de même. C'est que les arts sont de notre invention.Mais la Musique est en nous, inscrite dans nos gènes. Elleest aussi autour de nous: dans le hurlement des loupsaboyant après la lune, dans le hululent sourd et feutré de lahulotte (Ah! Le cor de Vigny, ou le début de la Symphoniefantastique!), dans la flûte plaintive du bouvreuil ou les im-provisations du rouge-gorge, à l'aube naissante de sesbrumes.

L'homme de la Préhistoire peignait «à la fresque», etpuisque qu'il dessinait de façon si belle (cfr.Lascaux), etqu'il devait aussi se faire musicien, comment a-t-il inventédes instruments, dont certains, modifiés et perfectionnés par

16 Collège Royal des Médecins de l’agglomération Bruxelloise

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

Un Bourdaloue en faïence de Rouen

Les grandes traditions religieuses retiennentl’origine sacrée de la céramique: dans quasitoutes les religions, le premier homme fut façon-né dans la glaise par un Dieu qui aurait crééun monde pour lui et ses descendants.Et, reconnaissant, cet hommeadore Dieu à son image. La lé-gende retient que, seul parmi lesêtres vivants, l’homme fut un jourcapable de mouiller la terre, d’al-lumer un four et d’y faire cuireles moulages en forme de potqu’il fait sécher au vent. Dans laréalité historique, la céramiquetraditionnelle semble être appa-rue au VIIème-VIIIème millénai-re, durant le néolithique.

Comme le soulignait récem-ment Antoinette Faÿ-Hallé,conservateur du musée nationalde Sèvres, l’art de la terre ayantsubi l’action du feu n’est pas, àpriori, un art d’intellectuels. Si,selon elle, cet art n’évoque aucu-ne considération philosophique etne relève d’aucun principe essentiel del’humanité, il est indissolublement lié à ce quia toujours constitué l’un des enrichissements cul-turels les plus efficaces de l’homme: le voyage. La cé-ramique réalisant des pièces relativement petites , ettoutes transportables, a toujours fait l’objet d’échanges,depuis les amphores antiques, servant au transport duvin, de l’huile ou du grain, jusqu’aux porcelaines de Chi-ne, si nombreuses en Europe.

Les céramistes ont toujours pu connaître, avec plusou moins de retard, ce qui se faisait au loin. Commetous les créateurs, les faïenciers de Rouen ont été in-fluencés par des courants artistiques très éloignés et ilsont inspiré d’autres céramistes. L’objet de cet article tra-duit bien cette double remarque, car il se situe dans lapériode si riche d’échanges et de créativité, qui voitl’apogée de la faïence française, vers 1730-1740.

Lors de la fin du règne de Louis XIV, l’industriecéramique française se vit favorisée par la néces-sité pour les cours et les familles nobles de sou-

tenir le désastreux train de l’état, forcéesqu’elles sont de vendre, souvent de

mauvaise grâce, vaisselle d’or etd’argent. Toutes ces vaissellesfondues sont alors remplacéespar la faïence ou la porcelaine,ce qui contribua encore à l’essordes manufactures de Rouen,dont la qualité était déjà recon-nue.

Rouen utilisait une terre à faïen-ce un peu épaisse, favorable àla création d’objets solides etfrancs , alors que ses concur-rents recherchaient la légèreté.Elle a imaginé une infinie varié-té de formes, qui a satisfait laclientèle, tant aristocratique quebourgeoise, et contribué à rem-plir leurs demeures d’ornementsadmirés. Actuellement, on

connait bien entendu l’importantengouement des amateurs français pour

cette production, mais celui des collection-neurs étrangers est tout aussi réel, à l’égal de la

passion qui existe, par exemple, pour les pièces faites àDelft ou à Moustiers.

Dans bien des cas, les décors, tout en gardant leuréquilibre, se caractérisent par une richesse, une élégan-ce, une puissance inégalées. Quelques oeuvres sont ex-ceptionnelles, tels les globes célestes ou les bustes dessaisons, qu’on trouve au Musée du Louvre. Plus pro-saiques, les objets utilisés à table sont les plus connus:soupières, plats, plateaux, saupoudreuses, assiettes. Onest également séduit par d’autres objets utilitaires ou dé-coratifs, certains inclassables et parfois désignés commepièces de forme: garde-robes et bourdaloues, encriers etporte-montres, fontaines, pendules et torchères.

Cette curieuse faïence (coll. part. - photo Paul Louis)

LA TROUSSE D’ESCULAPE

17Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

fait partie des pièces dites de grand feu, au décor poly-chrome ou des cinq couleurs, période colo-rée favorisée par l’arrivée de décors florauxet de représentation d’oiseaux. De plus,une certaine fantaisie apparait ici dans ledécor dit chinois et l’humour éclate dans lemotif tout personnel de la caricature dumédicastre ricanant et brandissant ceténorme clystère.

Le bourdalou (ou bourdaloue) est un potde chambre, ovale et de petite dimension, res-semblant à une saucière, et qu’on disait avoir étéinventé pour les dames obligées d’être à l’écoutedes interminables sermons du jésuite Louis Bourdaloue(1632-1704), prédicateur ordinaire de Louis XIV. Ora-teur d’exception, il eut un succès éclatant, en pronon-çant des prêches tout en rigueur et d’une très grandelogique. L’impression si vive qu’il produi-sait sur ses auditeurs avait pour cause,outre son grand talent, la curieuse habitu-de de prêcher les yeux fermés.

Au fond de ces petits vases de nuit, unoeil narquois était quelquefois peint, en-touré ou non de légendes grivoises.Quant au bourdaloue illustré ici, il est toutà fait unique par cette représentation cari-caturale d’un physicien dardant avec au-dace son instrument médical. Peut-êtrel’artiste en a t-il trouvé l’inspiration dansune des innombrables gravures deJacques Callot, graveur lorrain particuliè-rement original et malicieux. Ce dernier,au début du XVIIème siècle, avait croquédans de petits espaces gravés, une infinitéde figures dans des accoutrements ridi-cules et aux postures allègres, dont cer-taines appliquées à la comédie italienne,comme c’est le cas ici! Dans une plaquet-te dédiée à la caricature médicale, le doc-teur Cabanès rendait compte du goût deJacques Callot pour ce genre de sujet,avec une illustration très proche (fasc.1fig.13).

Pour conclure, ce sujet nous introduit àcet étonnant dialogue tiré d’une estamped’Abraham Bosse, ayant pour titre « LeClystère »:

Dr Alain de Meeûs d’Argenteuil

L’ob

jet

du p

roch

ain

artic

le

Le médecin :

J’ai la seringue en main; hastez-vous donc, Madame,

De prendre pour le mieux ce petit lavement;

Il vous rafraîchira, car vous n’êtes que flamme,

Et l’outil que je tiens entrera doucement.

La servante :

Tout beau, Monsieur, tout beau! Madame est trop modeste

Pour souffrir votre abord. Allez un peu plus loing.

Donnez-moi la seringue et je ferai le reste,

Car c’est un instrument dont je m’aide au besoing.

Madame :

Vous faites bien du bruit pour un sale mystère,

Qui me déplait si fort, qu’à regret j’y consens.

Mais vous ne voyez pas qu’avec vostre clystère,

Vous ne sauriez guérir la fièvre que je sens.

La servante :

Du mal que j’ai céans, je suis déjà lassée,

Je veux sortir d’ici malgré les médecins,

Qui condamnent madame à la chaise percée,

Et me font tous les jours nettoyer cent bassins.

18 Collège Royal des Médecins de l’agglomération bruxelloise

CCCCUUUULLLLTTTTUUUURRRREEEE

l'Antiquité et les siècles qui suivirent, sont encore jouésde nos jours.

Avant la parution de l'ordinateur et des jeux vidéos,nos aïeuls, nos parents ou nous-mêmes avions d'autresplaisirs enfantins. Je me souviens, pour ma part, avoirpratiqué la main chaude. Les grecs l'appelaient “collabis-mos”. (le soufflet). Et les romains aussi, selon l'Évangile:Devine qui t'a frappé, demandent les soldats au Christ,lors de la Passion.

Nos grand-mères faisaient des rondes en tapant desmains et leurs époux, lors des fêtes, chantaient en frap-pant leurs paumes. Le PREMIER instrument découvertpar l'Homme, ce furent ses mains, et sa voix.

Et ensuite? C'est plus difficile à deviner. Il y a des dé-couvertes qui semblent aller d'elles-mêmes: il suffisait àl'Homme (ou à la Femme) de bien observer. On peutpenser, par exemple, qu'une pierre roulant sur une pen-te herbeuse amena la découverte de la roue. Ou qu'unarbre frappé par la foudre donna le feu à l'Humanité.D'autres découvertes furent le résultat de l'intelligence...ou du HASARD (le roquefort et son berger!). Il en est demême pour les instruments de musique.

Près d'un torrent, à la tombée du jour, quand le cré-puscule se fait d'ombre et de velours, parmi les bruits vé-gétaux qu'anime la brise et les derniers roucoulements dela colombe rieuse, un Homo sapiens, après une rude jour-née de chasse, attendant sa compagne, fit du feu. Aprèsavoir entassé ses brindilles et placé sa bûche en bois debrésil (qu'on nomme ainsi parce qu'il est rouge comme labraise, ainsi que l'affirme Marco Polo), il ramassa sur lesbords de la rivière deux petites pierres, de celles qu'on ap-pelle silex, pour allumer son feu (en cherchant bien, onpeut en trouver dans nos forêts d'Ardenne).

Quand on les frappe l'une contre l'autre, cela fait uneétincelle. Et peut-être que notre primitif, - c'est-à-dire qu'ilest venu avant nous, en premier - qui avait l'âme musica-le (la musique est en nous), fut troublé par le tintementcristallin des cailloux s'harmonisant aux douceurs roucou-lantes de la tourterelle des bois. Il accorda le rythme de sespercussions au chant de l'oiseau et il trouva que c'étaitbeau. Peut-être même fut-il ému. L'Ancêtre venait d'inven-ter (presque) l'instrument qu'utilise Berlioz dans le scherzode son Roméo et Juliette: les cymbales antiques.

On peut aussi imaginer qu'un autre primitif, de ceuxque les savants à grosses lunettes nomment cueilleurs,

parce qu'ils vivaient plus du ramassage des baies et desfruits que de la chasse et de la pêche, est à la poursuited'un essaim d'abeilles (appelées autrefois du joli nomd'avettes) réfugié dans un vieux tronc d'arbre que lafoudre et les orages ont creusé et abattu sur le sol. Tan-dis qu'il les enfume d'une torche de bois résineux, il ta-pe de son gourdin sur l'écorce (on fait mieux depuis). Etnotre homme, ravi, découvre la sonorité résonnante deses coups. C'est déjà la timbale et le tambour.

Autrefois, quand nous jouions dans les parcs, on sefabriquait des arcs et des flèches avec des branches denoisetier et des bouts de ficelle. Quelle invention! Voicidonc notre primitif guettant une antilope. Quand celle-cis'immobilise entre deux fuschias, l'homme bande sonarc. L'empenne de sa flèche est faite des plumes de geaibleu. Il tire. Le trait s'envole vers la cible, et l'arc qui sedétend siffle dansl'air. Et ce bruitfut le premier sond'un premier ins-trument à cordepincée. Avec letemps, on s'aper-çut sans douteque des arcs detaille diverseschantaient diffé-remment. Il suffi-sait alors detendre plusieurscordes sur unmême arc et nousvoilà avec la har-pe de David.

Quelque pas-teur, ayant sus-pendu son instrument aux branches d'un bougainvillier,fut séduit par la vibration sonore des cordes dans le vent,découvrant ainsi la harpe éolienne. Il ne restait plus qu'àunir la résonance d'une calebasse vide et notre harpe (cf.le tronc d'arbre), pour créer... la guitare ou le luth. Cemême arc frottant les cordes de ces instruments, vousvoilà avec vielles et violons.

La MUSIQUE peut commencer.(À suivre...)

suite de la page 15