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Biologie RÉGULATION DE LA GLYCÉMIE Mars 2008 CUEEP - USTL DÉPARTEMENT SCIENCES JACQUES COGET

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eRÉGULATION DE LA

GLYCÉMIE

Mars 2008

CUEEP - USTLDÉPARTEMENT SCIENCES

JACQUES COGET

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Table des matières

Table des matières 3

I - Introduction 5

II - Une constante homéostasique 7

III - Le système hypoglycémiant 11

IV - Le système hyperglycémiant 15

V - Le diabète 17

VI - Exercices d'application 19

A. Exercice d'application 1...................................................................19

B. Exercice d'application 2...................................................................21

C. Exercice d'application 3...................................................................21

Solution des exercices de TD 25

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I - Introduction I

Tout organisme vivant en interaction avec son environnement, il s'ensuit denombreux échanges de matière et d'énergie entre le milieu extérieur et le milieuintérieur ce qui a pour conséquence d'entraîner d'importantes perturbations descaractéristiques physicochimiques de ce milieu telles que la température centrale,le degré d'hydratation, le pH sanguin ou la concentration de toutes sortes desubstances.

De la même manière, les cellules sont le siège d'échanges permanents entre lemilieu extracellulaire et le milieu intracellulaire ce qui leur permet de puiser dansleur environnement les éléments nécessaires à leur physiologie et à leurmétabolisme et d'y rejeter déchets et produits de sécrétion divers avec pourconséquence de modifier également les caractéristiques physiques et chimiques dumilieu intérieur.

Or, le fonctionnement cellulaire s'accommode mal de ces changements et il estdonc indispensable que des mécanismes régulateurs assurent le maintien d'uncertain nombre de paramètres biologiques qui ne peuvent varier que dans deslimites extrêmement strictes et qui, pour cette raison, sont qualifiés de constanteshoméostasiques – l'homéostasie (du grec homoios = semblable et stasis = état)étant définie comme « la stabilisation, chez les organismes vivants, des différentesconstantes physiologiques » (Le petit Robert).

La glycémie ou teneur en sucre du sang est l'une de ces constanteshoméostasiques. Il s'agit essentiellement de glucose et sa concentration moyenneoscille autour de 0,80 g.l-1 avec des minima et des maxima qui, selon les individuset les moments de la journée peuvent atteindre 0,65 g.l-1 et 1,20 g.l-1, tout écartsupplémentaire entraînant une hypoglycémie ou une hyperglycémie qui, si elle seprolonge, peut être mortelle.

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II - Une constantehoméostasique

II

Au cours d'une journée, l'apport en glucides (repas, friandises, boissons sucrées)est irrégulier et leur consommation par les tissus (effort musculaire, travailcérébral, lutte contre le froid ou le chaud) l'est tout autant. Pourtant, si on mesurela concentration sanguine de glucose au cours du temps, on constate que cesfluctuations sont rapidement suivies d'un retour à une valeur moyenne qui, elle, nevarie pas. Il faut donc concevoir un mécanisme de régulation qui permet àl'organisme de stocker le glucose à la suite de son absorption intestinale, maiségalement de le libérer dans la circulation générale en fonction des besoinscellulaires.

C'est à Claude Bernard (physiologiste français, 1813-1878) que l'on doit ladécouverte de ce phénomène en 1855 au cours d'une série d'expériences qui sontdevenues particulièrement célèbres et qui lui ont permis de développer uneapproche radicalement nouvelle et particulièrement féconde des fonctions vitales,encore connue aujourd'hui sous le nom de méthode expérimentale.

Auparavant, on avait remarqué que l'ablation du foie (hépatectomie) chez un chienprovoquait une chute rapide de la glycémie qui s'accompagnait de troublesfonctionnels importants (tachycardie, baisse de la température, hypertension)conduisant au coma puis à la mort de l'animal au bout de quelques heures.

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C'est alors que Claude Bernard a l'idée de comparer le taux de glucose en amont eten aval du foie en mesurant la glycémie dans la veine porte hépatique (en amont),qui amène au foie le sang en provenance de l'intestin, et dans la veine sus-hépatique (en aval) qui permet au sang de rejoindre la circulation générale. Or, sile taux de glucose est variable dans la veine porte hépatique selon que le sujet està jeun ou en digestion, il reste étonnamment stable dans la veine sus-hépatique.

Le foie apparaît donc comme l'organe capable de stocker le glucose mais il reste àcomprendre pourquoi le sang qui en ressort contient toujours le même taux desucre. Claude Bernard réalise alors une seconde expérience dite du foie lavé danslaquelle le foie est perfusé avec de l'eau injectée dans la veine porte hépatique.« J'ai choisi un chien adulte, vigoureux et bien portant qui depuis plusieurs joursétait nourri de viande ; je le sacrifiai sept heures après un repas copieux de tripes.Aussitôt le foie fut enlevé et cet organe fut soumis à un lavage continu par la veineporte (...) Je laissai ce foie soumis à ce lavage pendant quarante minutes ; j'avaisconstaté au début de l'expérience que l'eau colorée en rouge qui jaillissait par lesveines hépatiques étaient sucrée ; je constatai en fin d'expérience que l'eau,parfaitement incolore qui sortait, ne renfermait plus aucune trace de sucre (...)J'abandonnai dans un vase ce foie à température ambiante et, revenu 24 heuresaprès, je constatai que cet organe que j'avais laissé la veille complètement vide desucre s'en trouvait pourvu très abondamment. »

Le foie ayant été vidé de son sucre au cours du premier lavage et 24 heures s'étantécoulées avant qu'un nouveau lavage soit effectué, il faut donc imaginer que le foierenferme une substance capable de se transformer en sucre au cours du temps.C'est du reste la conclusion de Claude Bernard qui donne à cette substance le nomde matière glycogène (= qui génère du sucre).

On sait aujourd'hui que le foie est capable de stocker jusqu'à 120 grammes deglucose sous forme de glycogène et que les hépatocytes remplissent (entre autres)

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Une constante homéostasique

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deux fonctions essentielles au maintien de la glycémie :

d'une part convertir en glycogène les oses absorbés au cours de la digestionet amenés au foie par la veine porte : c'est la glycogénogenèse ;

d'autre part hydrolyser le glycogène pour fournir aux cellules le glucosenécessaire à leur métabolisme : c'est la glycogénolyse.

On sait aussi que le foie n'est pas le seul organe à stocker du glucose. En effet,suite à l'injection de glucose tritié à un animal, on constate l'apparition deglycogène radioactif dans les muscles et celle de triglycérides radioactifs dans lestissus adipeux mais cette mise en réserve ne participe pas directement à larégulation de la glycémie. Elle peut, par contre, contribuer à la néoglucogenèse,c'est-à-dire la fabrication de glucose (et éventuellement de glycogène) par le foie àpartir de substances protidiques ou lipidiques qu'il puise dans le sang. Dans lepremier cas, il s'agit d'acides aminés glucoformateurs produits par le catabolismeglucidique musculaire et dans le second de certains acides gras et du glycérollibérés après hydrolyse des triglycérides par les adipocytes.

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Ainsi, la constance de la glycémie résulte d'une autorégulation de la fonctionhépatique. Toutefois, l'ensemble de ces mécanismes présente une certaine inertieet ne permet pas d'ajuster en permanence les variations en plus ou en moins quirésultent de l'activité métabolique. D'où l'existence de deux systèmes régulateursneuroendocriniens assurant à l'organisme un maintien plus rapide et plus précis dela glycémie :

le système hypoglycémiant vagohormonal,

le système hyperglycémiant sympathicohormonal .

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Une constante homéostasique

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III - Le systèmehypoglycémiant

III

Il est essentiellement lié à la production d'insuline par le pancréas comme l'ontmontré plusieurs expériences déjà anciennes.En 1889, Oskar Minkowski et Josef von Mering sont les premiers à pratiquerl'ablation du pancréas (pancréatectomie) chez le Chien. Immédiatement, ilsconstatent une augmentation de la glycémie qui conduit à la mort de l'animal aubout de plusieurs jours.

Quelques années plus tard, des expériences de greffe externe confirment cesrésultats. Dans un premier temps, on réalise une pancréatectomie chez un chien demanière à provoquer une hyperglycémie. On raccorde ensuite un pancréas frais àl'animal par circulation croisée de telle sorte que l'organe soit irrigué en suturantune carotide à l'artère pancréatique et que le retour sanguin soit assuré en suturantla veine pancréatique à une jugulaire. Ainsi le pancréas externe se trouve« branché » sur la circulation générale de l'animal pancréatectomisé. On constatealors une baisse rapide de la glycémie qui ne dure que le temps du branchement.

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Enfin, en 1921 Frederick Banting et Charles Best isolent la substance pancréatiquehypoglycémiante et lui donne le nom d'insuline, du latin insula (= île) en raison deson lieu de production. Il s'agit d'une hormone peptidique de 51 acides aminésfabriquée par les cellules β des îlots de Langerhans, petits amas cellulairesdisséminés au milieu des acini pancréatiques. Il faut en effet savoir que le pancréasest une glande mixte, endocrine par ses îlots de Langerhans (qui sécrètentplusieurs hormones) et exocrine par ses acini (qui sécrètent les sucs pancréatiquesrenfermant de nombreuses hydrolases).

L'insuline est libérée de deux manière :

d'une part, l'hyperglycémie provoque une augmentation de la pénétration deglucose dans les cellules β des îlots de Langerhans ce qui favorise soncatabolisme et conduit par une série de réactions métaboliques complexes,faisant intervenir l'ATP, le NADP et les ions calcium, à l'exocytose desvésicules renfermant l'insuline ;

d'autre part, certaines cellules du bulbe rachidien (zone insulino-sécrétrice)sont sensibles au taux de glucose sanguin et réagissent à l'hyperglycémie enenvoyant un influx insulino-sécréteur en direction des cellules β, parl'intermédiaire du nerf vague (dixième paire de nerfs crâniens), ce quiconduit également à l'exocytose d'insuline.

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Le système hypoglycémiant

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Une fois libérée dans le sang, l'insuline agit sur la plupart des cellules del'organisme en favorisant la pénétration intracellulaire de glucose et en augmentantson utilisation par les tissus. Toutefois, son action est particulièrement importante :

sur le foie où elle favorise la glycogénogenèse et bloque la glycogénolyse ;

sur les muscles où elle favorise également la glycogénogenèse, augmente lecatabolisme du glucose et stimule indirectement la synthèse des protéines ;

sur les tissus adipeux où elle favorise la lipogenèse en stimulant lemétabolisme des pentoses, ce qui contribue à faire baisser la glycémie.

Dans chaque cas, le mécanisme d'action est identique et fait intervenirl'adénylcyclase membranaire qui permet aux hormones de nature protéique (qui nepénètrent pas à l'intérieur des cellules) d'exercer leurs effets biologiques.L'hormone se fixe sur un récepteur membranaire spécifique ce qui a pourconséquence d'activer un système transducteur (protéine G) qui, à son tour, activel'adénylcyclase, une enzyme membranaire spécialisée dans la production d'AMPcyclique à partir d'ATP. L'AMP cyclique prend alors le relais de l'hormone àl'intérieur de la cellule (d'où son appellation de second messager hormonal) etconduit à la réponse métabolique souhaitée par phosphorylation de certainesenzymes qui deviennent ainsi actives. Il faut toutefois noter que dans le cas del'insuline l'ensemble du mécanisme, particulièrement complexe, est encore malconnu.

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Le système hypoglycémiant

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IV - Le systèmehyperglycémiant

IV

Il fut plus difficile à mettre en évidence et mobilise plusieurs hormones qui sonttoutes (à l'exception du cortisol) de nature protéique.

L'hormone hyperglycémiante la plus importante est le glucagon. Il s'agit d'un petitpolypeptide de 29 acides aminés fabriqué par les cellules α des îlots de Langerhans,beaucoup moins nombreuses que les cellules β et situées en périphérie des îlots. Sasécrétion est déclenchée par une hypoglycémie et provoque une augmentation dela glycogénolyse hépatique ce qui permet au foie de libérer du glucose dans lacirculation sanguine. Dans une moindre mesure, le glucagon agit également sur lestissus adipeux en favorisant la lipolyse de manière à intensifier la néoglucogenèse.

Les mêmes effets sont produits par l'adrénaline, une hormone dérivée de latyrosine et produite par les cellules chromaffines des médullosurrénales. Salibération est également déclenchée à la suite d'une hypoglycémie mais elle met enjeu un circuit nerveux à point de départ hypothalamique. En effet, certaines cellulesde l'hypothalamus sont sensibles au taux de glucose circulant et réagissent enenvoyant des messages excitateurs vers la zone adrénalino-sécrétrice située dansle bulbe rachidien et connectée aux médullosurrénales par l'intermédiaire des nerfssplanchniques du système orthosympathique.

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Dans les deux cas, le mode d'action est identique. L'hormone se fixe sur desrécepteurs membranaires spécifiques et active le système adénylcyclase demanière à induire les réponses métaboliques souhaitées.

Enfin, signalons que d'autres hormones possèdent également un effethyperglycémiant en favorisant la néoglucogenèse de différentes manières. C'estprincipalement le cas :

des hormones thyroïdiennes T3 et T4,

de l'hormone somatotrope élaborée par l'antéhypophyse,

du cortisol, une hormone stéroïdienne fabriquée par les corticosurrénales.

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Le système hyperglycémiant

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V - Le diabète V

Connu depuis l'Antiquité, le diabète est une maladie qui se caractérise par unehyperglycémie chronique. On considère aujourd'hui qu'un sujet est atteint dediabète si sa glycémie à jeun est supérieure à 1,26 g.l-1 ou si elle excède 2 g.l-1 quelque soit le moment de la journée. Il convient toutefois de distinguer deux types dediabète qui n'ont ni les mêmes causes, ni les mêmes effets :

le diabète de type 1 encore appelé diabète insulinodépendant (DID) oudiabète juvénile qui représente environ 20 % des cas,

le diabète de type 2 encore appelé diabète non insulinodépendant (DNID) oudiabète gras qui représente environ 80 % des cas.

Le diabète de type 1 se manifeste généralement avant l'âge de vingt ans (d'oùson nom de juvénile) et affecte des sujets minces. L'hyperglycémie est permanenteet entraîne une glycosurie (présence de sucre dans les urines), le rein se trouvantdans l'impossibilité de réabsorber tout le glucose circulant. Il s'ensuit uneaugmentation de la pression osmotique de l'urine qui, pour compenser, attire l'eaudu plasma avec pour conséquence une intense sensation de soif liée à des mictionsexcessives. Par ailleurs, les cellules consommant abondamment le glucose issu dela transformation des lipides de réserve contenus dans les tissus adipeux, le sujets'amaigrit et éprouve une sensation de faim qui s'accompagne d'une grandefatigue.

Il s'agit d'une maladie auto-immune dans laquelle certains lymphocytes qualifiés de« tueurs » s'attaquent par erreur aux cellules β des îlots de Langerhans quifinissent par disparaître, entraînant de ce fait un arrêt de la production d'insuline.Le malade doit donc surveiller son régime alimentaire, contrôler fréquemment saglycémie et compenser le dysfonctionnement hormonal par des injections répétéesd'insuline adaptées aux besoins de l'organisme de manière à éviter une surdose etune chute trop brutale de la glycémie pouvant conduire à une perte deconnaissance (coma insulinique). Neuf fois sur dix, on ne connaît pas d'antécédentsfamiliaux.

Le diabète de type 2 survient, par contre, chez des sujets ayant généralementdépassé la quarantaine et présentant un surpoids du à une alimentation trop richeen sucres et en graisses (d'où son nom de diabète gras). Sa découverte est souventfortuite et généralement diagnostiquée à la suite d'examens médicaux ayant révéléune hypertension artérielle accompagnée d'un taux excessif de triglycéridescirculants.

Cette fois, la maladie n'est pas liée à un déficit d'insuline mais à une perte desensibilité des cellules cibles à cette hormone qui s'expliquerait par une diminutiondu nombre des récepteurs membranaires et une altération des mécanismes

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cellulaires activés à la suite de la combinaison insuline-récepteur. L'insuline libéréepar le pancréas ne suffit donc plus à faire baisser la glycémie d'autant que lephénomène s'accompagne généralement d'une sécrétion accrue de glucagon. À unstade plus avancé de la maladie, la production d'insuline diminue et l'hyperglycémiedevient permanente. Le malade doit donc également surveiller son régimealimentaire et notamment diminuer sa consommation de glucides (en privilégiantles sucres lents) et de lipides. En général, il existe des antécédents familiaux.

Les causes du diabète sont encore aujourd'hui mal connues et d'autant plusdifficiles à appréhender que plusieurs facteurs (terrain de prédisposition génétique,comportement alimentaire, dysfonctionnements métaboliques, agressions virales,molécules cytotoxiques, stress) semblent jouer un rôle dans le déclenchement de lamaladie qui, pour cette raison, est qualifiée de multifactorielle. Néanmoins, deuxséries de facteurs semblent émerger :

des facteurs génétiques,

des facteurs hygiéniques

D'une part, des études épidémiologiques effectuées à partir de données recueillieschez les jumeaux monozygotes ont montré que lorsqu'un jumeau était atteint dediabète, le risque pour le deuxième jumeau de développer la maladie était de 30 à50 % dans le cas du DID et de 80 à 100 % dans le cas du DNID. Il existe doncindéniablement un terrain génétique favorable au développement du diabète maisle nombre de gènes impliqués s'allongeant chaque année, il est actuellement trèsdifficile d'établir un diagnostic précis de cause à effet entre la présence de tel ou telallèle et le déclenchement de la maladie.

D'autre part, des études menées sur des populations génétiquement homogènesprésentant un fort taux de diabète de type 2 ont clairement établi le lien entresédentarité, obésité et apparition de la maladie. C'est par exemple le cas desIndiens Pima (une population amérindienne vivant en Arizona et au nord duMexique) chez qui le pourcentage de diabétiques n'excède pas 10 % chez lesagriculteurs alors qu'il dépasse 40 % chez les sédentaires, une même différences'observant entre les Pimas obèses et ceux qui ne le sont pas. La survenue d'undiabète de type 2 est donc directement corrélée avec l'activité physique et lecomportement alimentaire mais, ici encore, rien n'est simple dans la mesure oùd'autres facteurs pourraient interférer et masquer la cause réelle du déclenchementde la maladie. À titre d'exemple, citons la découverte récente (août 2007), faite pardes chercheurs américains, d'un dysfonctionnement de certains neurones ducomplexe hypothalamo-hypophysaire qui pourrait participer au déclenchement dudiabète de type 2.

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Le diabète

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VI - Exercicesd'application

VI

Exercice d'application 1 19

Exercice d'application 2 21

Exercice d'application 3 21

A. Exercice d'application 1

On fait ingérer à deux sujets à jeun, l'un sain, l'autre diabétique, la même quantitéde sirop de glucose. La glycémie et la glycosurie sont mesurées avant et aprèsingestion.

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Question [Solution n°1 p 25]

Commentez ces résultats.

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Exercices d'application

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B. Exercice d'application 2

De manière à appréhender le rôle du pancréas dans la régulation de la glycémie, onréalise les expérimentations et les observations suivantes chez le Chien.

a) L'ablation du pancréas chez un chien provoque une forte hyperglycémie qui finitpar provoquer la mort de l'animal au bout de plusieurs jours.

b) La ligature des canaux pancréatiques, qui permettent aux sucs pancréatiques dese déverser dans le duodénum, se traduit par des troubles digestifs mais est sanseffet sur le taux de glucose sanguin.

c) L'ablation du pancréas chez une chienne gestante n'entraîne pas de diabète.Celui-ci n'apparaît qu'à la naissance des chiots.

d) Des injections répétées d'alloxane, un agent bêta cytotoxique, conduisent à unétat de diabète chronique. L'autopsie révèle que la majorité des cellules des îlots deLangerhans ont été détruites.

Question [Solution n°2 p 25]

Interprétez ces observations.

C. Exercice d'application 3

Plusieurs études épidémiologiques sont menées chez les Indiens Pima, unecommunauté restée génétiquement isolée des populations voisines pendant dessiècles et présentant naturellement une forte prévalence (pourcentage d'individusatteints, tous cas confondus) du diabète de type 2.

a) Dans un premier temps, la population adulte est répartie selon son indice demasse corporelle (IMC) calculé en divisant la masse de l'individu (en kg) par sataille (en m) élevée au carré. Sont considérés comme obèses les hommes dontl'IMC est supérieur à 25.

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Exercices d'application

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b) Dans un deuxième temps, on isole une partie de la population présentant lamême fourchette d'IMC et on compare la prévalence du diabète de type 2 selon ledegré d'activité physique. La population est classée en trois sous-groupes.

c) Dans un troisième temps, on isole également une partie de la populationprésentant la même fourchette d'IMC et on étudie la prévalence du diabète de type2 chez les Indiens Pima de souche pure et chez les métis de première génération enla comparant à celle de la population nord-américaine voisine.

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Exercices d'application

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d) Enfin, dans un dernier temps, la prévalence du diabète de type 2 est étudiéepar tranche d'âge en comparant les individus qui possèdent ou non desantécédents génétiques à la génération précédente.

Question [Solution n°3 p 26]

Analysez ces données. Que pouvez-vous en conclure ?

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Exercices d'application

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Solution desexercices de TD

> Solution n°1 (exercice p. 20)

Chez le sujet sain, la glycémie est stable et légèrement inférieure à 1 g.l-1. Elleaugmente suite à l'ingestion de sirop mais cette augmentation est de faibleamplitude et de courte durée, le taux de glucose retrouvant sa valeur normale enmoins de trois heures. On peut donc en déduire que le système hypoglycémiant(sécrétion d'insuline) s'est déclenché et que le glucose absorbé par voie intestinalea été converti par le foie en glycogène. Quant à la glycosurie, elle est restée nulletout au long de l'expérience, le glucose étant naturellement réabsorbé par le rein.Chez le sujet diabétique, on note par contre une hyperglycémie chronique puisqueson taux de glucose sanguin (1,5 g.l-1) est supérieur à la valeur normale. Suite àl'ingestion de sirop, l'augmentation de la glycémie est cette fois plus importante etplus durable que chez le sujet sain, ce qui prouve que le système hypoglycémiantne fonctionne pas, le taux de glucose sanguin ne retrouvant sa valeur initialequ'une fois le glucose éliminé par les urines.

> Solution n°2 (exercice p. 21)

a) Le pancréas est le seul organe à fabriquer l'insuline. Il est donc normal que sonablation entraîne une hyperglycémie puisque seule l'insuline est capable de fairebaisser le taux de glucose sanguin en favorisant sa pénétration intracellulaire et enaugmentant son utilisation par les tissus.

b) Seul le pancréas endocrine est concerné par la production d'insuline. La ligaturedes canaux pancréatiques n'empêchant pas l'hormone de se déverser dans le sang,elle est donc sans effet sur le maintien de la glycémie.

c) Le diabète n'apparaissant qu'après la naissance des petits, on peut supposer quel'insuline fœtale fabriquée par le pancréas des chiots traverse la barrière placentaireet suffit pour réguler le taux sanguin de glucose maternel.

d) L'alloxane détruisant peu à peu les cellules β des îlots de Langerhans, laproduction d'insuline va donc diminuer puis cesser ce qui se traduira par unehyperglycémie permanente et donc un état de diabète chronique.

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> Solution n°3 (exercice p. 23)

a) L'obésité apparaît comme un premier facteur de risque. En effet, plus l'indice demasse corporelle est élevé, plus le risque de développer un diabète de type 2 estimportant, le taux d'individus atteints dépassant même 40 % chez ceux quiprésentent un IMC supérieur à 35, soit approximativement un poids de 110 kg pourune taille de 1,75 m.

b) L'activité physique apparaît par contre comme un moyen de diminuer les risquesde survenue d'un diabète de type 2. En effet, plus celle-ci est importante et plus letaux de survenue de la maladie est faible puisqu'il reste inférieur à 10 % (lesPimas, rappelons-le, présentant naturellement une tendance au diabète de type 2).

c) Le patrimoine génétique apparaît également comme un élément déterminantdans la survenue de la maladie. En effet, pour un même IMC, les Pimas présententun taux de prévalence approchant les 40 % alors qu'il n'est que de 15 % chez lespopulations voisines, les gènes responsables semblant se « diluer » chez leshybrides de première génération.

d) L'étude des antécédents familiaux permet d'affiner cette analyse. En effet, alorsque les Pimas diabétiques ne possédant aucun antécédent représentent moins de10 % de la population adulte, ce taux avoisine 60 % chez ceux dont les deuxparents sont atteints. En revanche, et même si l'étude épidémiologique montre quela prévalence est plus importante chez ceux qui ont une mère atteinte et un pèresain par rapport à ceux qui ont une mère saine et un père atteint, on ne peut allerplus avant dans l'analyse génétique et par exemple invoquer une quelconqueresponsabilité des gènes liés aux chromosomes sexuels. D'autres facteurs (viefœtale, allaitement, habitudes alimentaires) peuvent entrer en ligne de compte etprendre le pas sur les seules causes génétiques. Enfin, il est clair que la survenuede la maladie augmente régulièrement avec l'age, ce qui est une descaractéristiques bien établie du diabète de type 2.

En conclusion, le diabète de type 2 apparaît comme une maladie multifactorielledépendant à la fois de facteurs génétiques et de facteurs hygiéniques.

CUEEP/USTL26

Annexes