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N o 742 Sommaire Eléments Essentiels d’Information - Essential Elements of Information p. 6-7 ’est une excellente nouvelle pour les biotech et medtech françaises, mais aussi pour toute la bioindustrie européenne ! Les forces vives de l’innovation devraient pouvoir s’adosser de plus en plus aux puissantes capacités de financement des grandes associations de patients internationales et nationales. Le phénomène est déjà bien ancré aux États-Unis où les organisations de patients ont saisi, tout autant que les entreprises, l’intérêt de s’engager sur cette voie. On se souvient de l’épisode exceptionnel du Kalydeco de Vertex, soutenu par la Fondation pour la mucoviscidose. Après avoir apporté 138 M€ (150 M$) à l’entreprise en non dilutif, l’association a bouclé son opération en cédant les royalties du médicament pour 2,95 Md€ (3,2 Md$) à Royalty Pharma. De quoi réalimenter abondamment, pour la suite, la recherche au profit des patients. Aujourd’hui, cette vague de financement, alternative aux voies tradition- nelles, ne demande qu’à déborder bien au-delà des seules frontières américaines et elle pourrait être copiée de façon croissante par des associations françaises, tout au moins celles qui disposent de fonds suffisants. Récemment, Biotech Finances annonçait dans ses colonnes un financement de ce type, totalement inédit dans l’Hexagone. Pour la première fois, une organisation américaine, la Foundation Fighting Blindness, l’une des toutes premières associations mondiales pour la lutte contre les maladies rétiniennes a, en effet, fait la traversée Atlantique en vue de mener un investissement conséquent au capital de Sparing- Vision, à peine créée dans le courant de l’été 2016 (1) . Nous avons ainsi révélé que cette fondation pourrait apporter entre 5 à 8 M€ sur les 20 M€ levés par la jeune société pour son round A, et surtout qu’elle interviendrait vraisembla- blement en equity. « Le financement par une association de patients présente de très nombreux avantages », nous a indiqué Christian Girard, consultant expert en financement alternatif dans le secteur des maladies rares. « Qu’il soit dilutif ou non, il n’obéit pas aux mêmes rationnels que celui des VC. Le temps s’exprime différemment quand la volonté de voir aboutir la création d’un médicament est décorrélée du seul intérêt financier à court terme. Mieux, dans ce type d’interaction, l’entreprise bénéficie de supports essentiels pour ses essais cliniques, à la fois pour la qualification et le recrutement des patients et, au-delà, d’un moyen supplé- mentaire de dialogue avec les autorités de santé, puis avec le ou les payeur(s). » En France, l’AFM en pointe, mais.. En France, l’AFM est à la pointe du mouvement. L’un de ses engagements marquants reste celui effectué auprès de Trophos : 23 M€ au total, dont 3 M€ en equity et le solde en non dilutif. Après la vente de Trophos à Roche, elle devrait, hors royalties, empocher 47 M€, soit plus du double de sa mise initiale. Prochainement, elle pourrait annoncer sa participation au tour de SparingVision. Mais n’est-elle pas un cas isolé au regard de la différence de moyens avec d’autres associations de patients ? « Nous ne sommes pas l’AFM ! » réagit Gérard Raymond, président de la Fédération française des diabétiques, au sujet des financements alternatifs de la recherche privée venant d’associations de patients. « Avec nos 3,5 M€ de budget annuel, nous privilégions d’autres pistes comme celle de notre Diabète Lab, qui remet le patient au cœur du processus d'inno- vation en lui offrant la possibilité de donner son avis et de tester les produits ». Il ajoute toutefois : « Nous ne nous interdisons pas de penser financement de l’innovation dans l’entreprise, même si nous en sommes encore loin. » Un signal de changement, timide certes, mais pour le moins révélateur. p. 3 p. 4 p. 5 p. 6-7 p. 8 p. 8 FINANCEMENTS ALTERNATIFS : QUAND LE PATIENT FRANÇAIS S’ÉVEILLERA ! p. 2 p. 3 p. 4 p. 5 p. 4 p. 5 « Le temps s’exprime différemment car décorrélé du court terme. » C Jacques-Bernard Taste o o L’AUTRE PALMARÈS DES PHARMA !

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Eléments Essentiels d’Information - Essential Elements of Information

p. 6-7

’est une excellente nouvelle pour les biotech et medtech françaises, mais aussi pour toute la bioindustrie européenne ! Les forces vives de l’innovation devraient pouvoir s’adosser de plus

en plus aux puissantes capacités de financement des grandes associations de patients internationales et nationales. Le phénomène est déjà bien ancré aux États-Unis où les organisations de patients ont saisi, tout autant que les entreprises, l’intérêt de s’engager sur cette voie. On se souvient de l’épisode exceptionnel du Kalydeco de Vertex, soutenu par la Fondation pour la mucoviscidose. Après avoir apporté 138 M€ (150 M$) à l’entreprise en non dilutif, l’association a bouclé son opération en cédant les royalties du médicament pour 2,95 Md€ (3,2 Md$) à Royalty Pharma. De quoi réalimenter abondamment, pour la suite, la recherche au profit des patients. Aujourd’hui, cette vague de financement, alternative aux voies tradition-nelles, ne demande qu’à déborder bien au-delà des seules frontières américaines et elle pourrait être copiée de façon croissante par des associations françaises, tout au moins celles qui disposent de fonds suffisants. Récemment, Biotech Finances annonçait dans ses colonnes un financement de ce type, totalement inédit dans l’Hexagone. Pour la première fois, une organisation américaine, la Foundation Fighting Blindness, l’une des toutes premières associations mondiales pour la lutte contre les maladies rétiniennes a, en effet, fait la traversée Atlantique en vue de mener un investissement conséquent au capital de Sparing-Vision, à peine créée dans le courant de l’été 2016 (1). Nous avons ainsi révélé que cette fondation pourrait apporter entre 5 à 8 M€ sur les 20 M€ levés par la jeune société pour son round A, et surtout qu’elle interviendrait vraisembla-blement en equity. « Le financement par une association de patients présente de très nombreux avantages », nous a indiqué Christian Girard, consultant expert en financement alternatif dans le secteur des maladies rares. « Qu’il soit

dilutif ou non, il n’obéit pas aux mêmes rationnels que celui des VC. Le temps s’exprime différemment quand la volonté de voir aboutir la création d’un médicament est décorrélée du seul intérêt financier à court terme. Mieux, dans ce type d’interaction, l’entreprise bénéficie de supports essentiels pour ses essais cliniques, à la fois pour la qualification et le recrutement des patients et, au-delà, d’un moyen supplé-

mentaire de dialogue avec les autorités de santé, puis avec le ou les payeur(s). »

En France, l’AFM en pointe, mais..En France, l’AFM est à la pointe du mouvement. L’un de ses engagements marquants reste celui effectué auprès de Trophos : 23 M€ au total, dont 3 M€ en equity et le solde en non dilutif. Après la vente de Trophos à Roche, elle devrait, hors royalties, empocher 47 M€, soit plus du double de sa mise initiale. Prochainement, elle pourrait annoncer sa participation au tour de SparingVision. Mais n’est-elle pas un cas isolé au regard de la différence de moyens avec d’autres associations de patients ? « Nous ne sommes pas l’AFM ! » réagit Gérard Raymond, président de la Fédération française des diabétiques, au sujet des financements alternatifs de la recherche privée venant d’associations de patients. « Avec nos 3,5 M€ de budget annuel, nous privilégions d’autres pistes comme celle de notre Diabète

Lab, qui remet le patient au cœur du processus d'inno-vation en lui offrant la possibilité de donner son avis et de tester les produits ». Il ajoute toutefois : « Nous ne nous interdisons pas de penser financement de l’innovation dans l’entreprise, même si nous en sommes encore loin. » Un signal de changement, timide certes, mais pour le moins révélateur. � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � �

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FINANCEMENTS ALTERNATIFS : QUAND LE PATIENT FRANÇAIS S’ÉVEILLERA !

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« Le temps s’exprime

différemment

car décorrélé

du court terme. »

C

Jacques-Bernard Taste

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L’AUTRE PALMARÈS DES PHARMA !

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