Blyton Enid Série Mystère 5 Le mystère de Monsieur Personne 1956 Barney The Rat-A-tat Mystery.doc

8/9/2019 Blyton Enid Série Mystère 5 Le mystère de Monsieur Personne 1956 Barney The Rat-A-tat Mystery.doc

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LE MYSTÈREDE MONSIEUR PERSONNE

par Enid BLYTON

UN ancien manoir accueillant au creuxdes collines blanches de givre... Qu'il fait bons'y reposer au coin du feu après une ourn!e

pass!e au grand air " luge# patinage# batailles$ coups de boules de neige. Nelly et %oger &erdier# en compagnie de l'espiègle oufou etde leur grand ami (ylvain# s'en donnent $c)ur oie. *ais la +ui!tude de la vieillemaison ne tarde pas $ ,tre bi-arrement

troubl!e... l s'y passe des chosesextraordinaires... (erait/elle vraiment hant!eainsi +u'on le chuchote dans le pays0

l faut tout le courage de (ylvain# l'astucede oufou et l'esprit d'initiative de Nelly et de%oger pour faire la lumière sur les !trangesagissements de l'insaisissable *. ersonne





ENID BLYTON

LE MYSTÈREDE

MONSIEUR PERSONNE

ILLUSTRATIONS DE JEANNE HIVES

HACHETTE76

ENID BLYTON

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LE MYSTÈREDE

MONSIEUR PERSONNE

ILLUSTRATIONS DE FRANCOIS BATET

HACHETTE

TABLE DES MATIERES

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1. &acances de No6l 72. (ylvain 28

3. Une invitation palpitante 38. 9he- (ylvain 3. :e manoir de o+uatoc 4. ;n s'installe 4<5. oc# toc# toc <8<. laisirs d'hiver <77. Une ourn!e heureuse 181

18. = +ui est ce gant0 1111. Un bruit dans la nuit 12<12. >es traces de pas 13<13. >es choses très int!ressantes 151. ?ncore un mystère 1<1. =ttention# oufou @ 14314. = la cave 15415. :es r!flexions de (ylvain.. 1<4.1<. (ur la piste 17317. Une amère d!ception 17728. :e t!l!phone 28521. Nelly a une id!e 21422. &oila l'h!licoptère 22523. oufou fait encore une d!couverte 2372. :a fin du mystère 28

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CHAPITRE PREMIER

Vacances de No!

UN AN;%*? choc !branla soudain le plafond#fit trembler la maison sur ses assises.

B 9'est trop fort@ C s'!cria *. &erdier ensursautant. l posa# $ cheval sur le bras du fauteuil#le ournal +u'il lisait paisiblement et se tourna verssa femme " B 9es vacances de No6l ne finirontdonc amais@ 9'est de la folie furieuse@ Qu'est/ce+u'ils font# ces

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enfants# l$/haut0 ls d!molissent les meubles $ pr!sent0

/ Da doit ,tre oufou# comme d'habitude# dit*me &erdier d'un ton r!sign!. Ee l'avais envoy!faire son lit.... C

?lle se leva pour aller appeler son neveu.B oufou# +ue fais/tu encore0 our+uoitout ce vacarme0 on oncle n'est pas content@

/ ;h@ tante (u-anne# e regrette# r!pondit legamin pench! sur la rampe. 9e n'est pas ma faute.Ee d!plaFais +uel+ues meubles et la bibliothè+ues'est renvers!e. Ee suis d!sol!/=ttention@ 9racarrive# il est un peu excit! ce matin. C

Un !pagneul noir descendait l'escalier $ toute

vitesse. *me &erdier se eta de cGt! pour laisser passer ce tourbillon. >ans son !lan# le chien patinasur le par+uet trop cir! et ne put s'arr,ter. l vint

buter# dans le salon# contre le siège de *. &erdier.9elui/ci lui administra une vigoureuse tape sur lat,te avec le ournal repli!. ?tonn! et froiss!# 9rac

ressortit de la pièce aussi vite +u'il !tait entr!# pour regrimper $ l'!tage#B Quelle maison@ grogna *. &erdier dès +ue sa

femme revint prendre sa place. oufou n'est pas plus tGt ici +ue tout est en r!volution.

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(ur l'exemple de leur cousin# Nelly et %oger deviennent# eux aussi# impossibles. Quant $ cechien# il est cette fois encore plus insupportable+ue d'habitude.

H rends patience# mon cher# dit *me&erdier. =près tout il n'y a +u'un No6l dans l'ann!e.l faut bien +ue le pauvre oufou aille +uel+ue part

pendant son cong!. u sembl!s oublier +u'il est

orphelin./ l me serait beaucoup plus sympathi+ue s'iln'!tait pas mon neveu# r!pondit *. &erdier.>'ailleurs# pour+uoi# diable@ devons/nous accueillir ce chien cha+ue fois +ue ce gamin vient ici0 &eux/tu me le dire0

H ;h@ %ichard# tu sais bien +ue oufou neviendrait pas sans son chien. l adore 9rac. H (i c'est comme cela# dit *. &erdier en

d!ployant de nouveau son ournal# aux prochainesvacances nous n'aurons +u'$ refuser de prendrecet animal. =lors oufou nous fera# peut/,tre#

!galement grIce de sa charmante compagnie. H u ne parles pas s!rieusement@ dit*me &erdier in+uiète. 9'est parce +ue tu es rest! $la maison ces ours/ci +ue oufou t'agace.*ais tu vas bientGt retourner au bureau.

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- 9'est ce +ui me d!sole. Ee vais devoir reprendre mon travail sans avoir pu mereposer. C

= l'!tage sup!rieur# ?ric &erdier# dit B oufouC# !tait assis sur son lit d!fait. l caressait leslongues oreilles soyeuses de 9rac tout en causantavec ses cousins %oger et Nelly. 9eux/ci !taientaccourus lors+u'ils avaient entendu le fracas.

B Qu'est/ce +ui t'a pris de d!placer le mobilier0demanda Nelly./ Ee n'en avais pas l'intention. *ais une pièce

de un franc avait roul! sous la commode. our lar!cup!rer 'ai dJ pousser le meuble de cGt!.=lors 'ai trouv! +ue la bibliothè+ue serait mieux

$ cet endroit/l$. *alheureusement# en la tirant#elle s'est renvers!e.9'est ce +ui a caus! ce vacarme.u vas avoir affaire $ papa. l est $ cran# dit

%oger. u sais bien +u'il a horreur du bruit. (i tucontinues# il finira par s'en prendre $ nous aussi.

9'est vraiment stupide de ta part# oufou. apa sera bientGt de nouveau au bureau toute la ourn!e. u pourrais faire un effort et te tenir convenablement pendant +u'il est $ la maison.

H *ais e nie tiens très bien@ s'!cria oufou

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d!pit!. Qui a renvers! le caf! sur la nappe cematin0 as moi# touours@ C

lein d'indignation# il fixait ses yeux verts sur ses cousins.

andis +u'il se ustifiait# Nelly et %oger d!visageaient avec affection et +uel+ue impatiencela figure couverte de taches de rousseur de oufou#dont la tignasse# couleur carotte# flamboyait plus

+ue amais. ls aimaient bien ce petit compagnonde leurs vacances# aux in!puisables ressourcesd'imagination dans leurs eux en commun.9ependant# revers de la m!daille# sa turbulenceleur valait souvent des semonces +u'ils estimaientimm!rit!es. >'après eux# seul leur cousin !tait

responsable. ;ui# oufou !tait parfois p!nible $supporter.B as !tonnant +ue papa en ait par/dessus la

t,te# dit Nelly. 9rac et toi# vous ,tes pires +u'un ra-de mar!e. our+uoi n'apprends/tu pas $ ton chien $laisser en paix les chaussures et les brosses0 u

sais +u'il a chip! la brosse $ habit de papa0 ?lle setrouvait pourtant sur l'!tagère de sa table detoilette. Ee me demande comment cet animal a pur!ussir ce tour de force.

H 9'est vrai0 s'exclama oufou en sautant

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$ bas du lit. ?h bien# il ne man+uait plus +uecela@ :'oncle %ichard va encore ,tre furieux@ 9rac#oK l'as/tu mise0 =llons# viens la chercher pour laremettre $ sa place. C

:es f,tes de No6l avaient !t! follement gaiesche- .les &erdier. :es enfants# ravis d'avoir cong!#!taient rentr!s $ la maison tout oyeux $ la pens!edes bonnes choses +u'ils allaient manger# des

cadeaux +u'ils recevraient.... >'abord oufou s'!taitun peu mod!r! $ cause de ses notes +ui n'!taient pas fameuses. (on oncle et sa tante avaient !t!agr!ablement surpris de le trouver d'une politessesi pr!venante.

*alheureusement ses bonnes dispositions

Lravaient pas dur!. (on naturel avait repris ledessus rapidement. >epuis# oufou# second! par son !pagneul# n'arr,tait pas de faire des b,tises. Un

our# il avait m,me oubli! de fermer le robinet dela salle de bain +ui avait !t! inond!e. *ais commec'!tait No6l# il avait !chapp! $ la correction +ue

son oncle lui promettait.?n d!pit de ces petits incidents# tout le mondes'!tait bien amus! pendant les f,tes. (eule ombreau tableau " la neige promise par la m!t!o n'!tait

pas encore tomb!e.

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B Quel guignon@ se lamentait oufou. Un No6lsans neige n'est pas tout $ fait vrai... H ;h @ ne craigne- rienM :a neige viendra

après les f,tes# dit *me &erdier. &ous pourre-alors vous amuser tout votre content. ?t 'auraienfin la paix. C

*ais au lieu des parties de luge et de patin proet!es# les enfants durent se contenter de rester $ la maison. Une pluie fine et froide !tait venue +uiemp,chait toute sortie# au grand m!contentementde *. &erdier "

B our+uoi faut/il +u'ils vocifèrent ainsi

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et +u'ils fassent marcher la radio le plus fort possible0 ?t ce chien de malheur est touours dansmes ambes@ ('il me fait tomber# son compte est

bon. Ee le mettrai dehors# dans le chenil. C9es menaces laissaient 9rac absolument froid#

('il !prouvait le besoin de s'arr,ter $ l'improviste pour se gratter commod!ment# eh bien# tant pis pour son entourage. aire culbuter +uel+u'un !tait

le cadet de ses soucis. O n'!coutait m,me plus lesremontrances de oufou. :ors+u'il se sentait enfaute# il levait sur son eune maPtre des yeux!perdus de tendresse# battait la mesure avec son

bout de +ueue# puis continuait# imperturbable# $ segratter ou $ gambader suivant sa fantaisie. oufou

avait beau lui d!montrer +u'il n'avait pas de puces#+u'il devait rester tran+uille s'il ne voulait pas sefaire corriger par *. &erdier# rien n'y faisait.

Un matin pluvieux# Nelly flInait# d!s)uvr!e.B ;h@ Nelly@ s'!cria sa mère +ui la trouvait

encombrante. our l'amour du 9iel# occupe/toi $

+uel+ue chose. on lit est/il fait0 =s/tu !pousset!0out est/il rang!0 H ;ui# maman# tout# absolument tout# dit

Nelly.

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u peux me croire. &eux/tu +ue e taide0 H Non# va plutGt voir ce +ue manigance

oufou# r!pondit sa mère. H iens# e l'entends ustement ouer de

l'harmonica. u ne trouves pas +ue c'est très oli0 H ;h non r!pondit *me &erdier. Quelle

musi+ue agaFante@ 9'est ton père +ui va ,tre ravi@ Nelly se d!p,cha l'aller reoindre son cousin $

l'!tage. l continuait $ s'acharner sur soninstrument. our le faire cesser# Nelly Im tenditune carte postale repr!sentant un paysage hivernal.>ans un coin# gentiment dessin!# on y voyait un

eune garFon portant un petit singe sur l'!paule.B iens# regarde# c'est (ylvain +ui a dessin!

lui/m,me son portrait avec &irginie.# Ee medemande s'il s'est bien amus! lui aussi pendant lesf,tes de No6l# les premières de sa vie +u'il passedans sa famille. C

%oger entra dans la chambre uste $ cet instant.l eta un regard sur la carte de leur ami# reFue

avant l'arriv!e de oufou et +u'il avait d!$ eul'occasion d'admirer.B 9e bon vieux (ylvain# fit/il. 9omme

'aimerais

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l'avoir avec nous pendant ces vacances@ *aismaintenant +u'il est nanti d'une famille# il seramoins press! de nous revoir.

H ;h@ non# remar+ua oufou. (ylvain auratouours beaucoup d'amiti! pour nous.

H 9'est !gal# il a eu une chance inouRe# aouta Nelly. %etrouver son père et toute une vaste parent! " grands/parents# oncle# tante# cousins...#

+uel changement pour lui après son existence desaltimban+ue @ (on papa# +ue nous avons vu $Llanec# a l'air bien gentil. u te souviens# oufou#du mal +ue nous nous sommes donn! l'!t! dernier

pour l'aider0 l !tait si d!sol! de ne pas connaPtreson père.

H Oeureusement +u'avec mon savoir/faire... commenFa oufou en se rengorgeant. H ;h@ toi# +u'est/ce +ue tu ne serais pas

capable d'accomplir@# lanFa Nelly sur un tonironi+ue.

H 9'est pourtant vrai +ue oufou a !t! très

utile# dt %oger. H l me vient une id!e merveilleuse@s'!cria soudain Nelly en se frappant le front. (i l'ondemandait $ maman d'inviter (ylvain ici pour +uel+ues ours0 l en aura des choses $ nousraconter@ Da serait passionnant@

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H ?t nous reverrions sa chère petite guenon&irginie@ s'exclama oufou sautant de oie. uentends# vieux 9rac. &irginie@ &irginie@ C

9rac# $ +ui ce nom rappelait toutes sortesd'impressions m!lang!es# se mit imm!diatement $aboyer.

B N'excite pas 9rac# oufou. 9e n'est pas lemoment d'agacer maman alors +ue.... Lon# allons/y

tout de suite. *ais fais taire ce chien@ C Nelly bondit hors de la pièce en criant " B *aman#maman# ou/es/tu0

H ci# dans la salle de bain. Que veux/tu0 C

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CHAPITRE II

S"!#a$n

%oger et oufou s'!lancèrent dans le sillage de Nelly. 9rac suivit le mouvement# empress! comme

touours. l menait oyeux vacarme# heureux de participer $ 1 animation des enfants.* &erdier# occup! $ !crire des lettres dans sachambre# se mit $ protester "B.*audit chien@ (i cela continue# il faudra luiinterdire absolument la maison@ C

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9ependant Nelly# pr!c!dant les autresS !taitarriv!e près de sa mère +ui changeait les serviettesde toilette.

B *aman# nous avons une id!e merveilleuse#annonFa Nelly.

H 9'est vrai# ma petite fille0 C demanda/t/elle# un peu in+uiète. uis# s'adressant $ oufou "B eux/tu me dire comment tu fais pour salir ton

essuie/main de la sorte0 u n'as pas ramon! unechemin!e# par hasard0 H ?uh@ euh euh...@ C fit oufou# l'air un peu

ben,t. l ne savait +ue dire pour s'excuser.B ?coute# maman# c'est s!rieux @ Nous avons

une id!e splendide# r!p!ta Nelly.

H Nous permets/tu d'inviter (ylvain pour +uel+ues ours0 demanda %oger# allant droit au but. >is oui# maman# dis oui @

H Nous ne l'avons plus revu depuis +u'il aretrouv! sa famille aux grandes vacances

H ?t nous avons absolument besoin de le

revoir C# aouta oufou tandis +u'il s'efforFaitd'arracher $ 9rac le tapis de bain +ue celui/cisecouait comme s'il se fJt agi d'un rat.

B *a foi# mes enfants# commenFa *me&erdier d'une voix incertaine. Ee ne sais trop +uevous r!pondre....

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H ;h@ fit Nelly# surprise de cette h!sitation..u aimais bien (ylvain et sa petite guenon&irginie# n'est/ce pas# maman0 u ne veux pas lèsinviter0

H E'aime touours ce garFon# certes# mais ecrains +ue votre père n'estime +u'$ vous trois voussuffise- amplement $ mettre la maison sensdessus dessous# et puis....

H *ais nous ne mettons pas la maison sensdessus dessous@ s'!cria Nelly. ?st/ce +ue e n'ai pas pass! la matin!e $ faire le m!nage0 ;h@ maman# ete promets +ue nous serons sages comme desimages si tu invites (ylvain. Nous avons tellementenvie de l'entendre nous raconter sa nouvelle vie@

H ?h bien# va demander la permission $ ton père# Nelly. ('il accepte d'avoir (ylvain ici# moi e veux bien. . 9'est $ lui de d!cider.

H ;h@ fit Nelly d'un air d!sol!. u ne ferais pas mieux de lui en parler# toi0

H Non# dit sa mère. Tesse de tripoter ce

robinet# oufou. u entends0 ?t sors/moi ce chiend'ici. Ee sens mon gant de crin en danger.=lle-# ouste# file-@

H &iens# 9rac# dit oufou tristement. ;n nouschasse. =llons ouer dans le garage.

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H Non# oufou# tu vas rester avec nous# dit%oger d'un ton ferme. l faut nous aider $.convaincre papa.

H mpossible# r!pondit oufou. ;ncle %icharda d!clar! ce matin +u'il ne voulait pas nous voir dela ourn!e# 9rac et moi.

H/ >ans ce cas# ta pr!sence n'arrangerait pasles choses# conclut %oger. &iens# Nelly. Nous nous

d!brouillerons seuls. *ais surtout# oufou# Ee t'ensupplie# ne te mets pas $ ouer de ton harmonicadevant sa porte uste au moment ou nous serons entrain de lui parler@

H Ne craigne- rien# e descends C# r!pli+uaoufou.

9rac d!vala l'escalier $ toute vitesse commed'habitude# suivi de son maPtre +ui sautait troismarches $ la fois. *me &erdier hocha 'la t,te ensouriant. Non# vraiment# il n'y aurait amais moyend'incul+uer $ oufou et $ 9rac des manières plus

paisiblesM

%oger et Nelly frappèrent discrètement $ la porte de leur père.B ?ntre-@ C cria/t/il. l leva la t,te pour

regarder ses deux enfants. B E'espère +ue vous nevene- pas encore me r!clamer de l'argent de pocheaprès tout ce +ue vous ave- reFu $ No6l0

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/ Non# non# papa# s'empressa de dire%oger. Nous n'y pensons pas. Oum.... Nous nousdisions... +ue... nous aimerions beaucoup...# Faserait agr!able....

/ =gr!able et aussi gentil si...# continua Nelly# si (ylvain....

/ Qu'est/ce +ue vous baragouine- l$0 &ous ne pourrie- pas vous exprimer plus clairement0

H ?h bien# voil$# nous voudrions inviter (ylvain pour +uel+ues ours ici# dit Nelly tout$ trac. u te souviens de (ylvain# papa0 Notre amile saltimban+ue.

/ arfaitement# dit *. &erdier. Un gentilgarFon. ?st/ce +u'il n'avait pas un singe0

/ (i# papa@ dit. %oger imp!tueusement.&irginie# une petite guenon charmante. ?st/ce +uetu nous permets d'!crire $ (ylvain de venir nousvoir0

/ >emande- $ votre mère# r!pondit *.&erdier.

/ 9'est elle +ui nous a dit de venir t'en parler. H =lors# c'est non@ d!clara *. &erdier. Ee suissJr +ue votre mère est de mon avis. &ous ,tesinsupportables ces ours/ci. ?t d'ailleurs# e viensde recevoir une lettre de votre grand/oncle %obert.

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l compte passer deux ou trois ours che- nous.E'!tais ustement en train de me dire +u'il faudraitenvoyer oufou che- sa tante =gathe. Ee n'ai pasl'impression +ue l'oncle %obert sera en !tat desupporter ce gamin et son chien.

/ apa# tu n'as pas invit! notre grand/oncle uste pendant ces vacances0 s'!cria Nelly. ln'arr,te pas de parler et nous n'osons plus placer un

mot./ Quelle aubaine@ =lors e l'attends avecimpatience# dit son père avec une petite lueur

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ironi+ue dans l')il. 9ependant# e vous ferairemar+uer +ue c'est lui +ui s'est invit!. l a !t!souffrant et il a besoin d'un grand repos. /H ;h@dit Nelly tristement. >ans ce cas# impossibled'avoir (ylvain aussi. Que c'est ennuyeux@ Nousaurions tant d!sir! le revoir@ *aintenant >ieu sait+uand nous aurons l'occasion de le rencontrer denouveau. Ne pourrais/tu pas !crire $ l'oncle %obert

de venir un peu plus tard0/ Non# e ne peux pas# r!pondit *. &erdier. ?tm,me si e le pouvais# e ne le ferais pas. Ee neveux pas de (ylvain. &ous ,tes bien asse- de fouscomme Fa. >ites $ oufou de se pr!parer $ aller che- sa tante =gathe. C

:a nouvelle horrifia oufou.B Ee n'aime pas aller che- elle. 9rac est mis auchenil# et moi e dois me laver les mains au moinsvingt fois par our. Ee promets de ne plus ouer del'harmonica# de ne plus siffler# et de descendrel'escalier sur la pointe des pieds.

/ 9'est pour le coup +ue maman te croiraitmalade@ &oil$ tous nos proets $ l'eau@ s'exclama%oger.

/ ?t nous ne verrons pas (ylvain ni lagentille &irginie# dit Nelly.

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/ %egarde-# regarde-@ s'!cria soudainoufou. l neige@ C

ls coururent tous $ la fen,tre. ?n effet# de grosflocons tombaient dru. Nelly leva les yeux vers leciel mais il neigeait si fort +u'elle ne put riendistinguer.

B (i cela continue# nous allons pouvoir nousamuser dehors. =insi on ne g,nera pas le grand/

oncle# dit %oger +ui paraissait un peu rass!r!n!. Nous pourrons faire de la luge..../ ?t patiner s'il gèle @ s'!cria Nelly# oyeuse./ *ais moi e ne serai pas l$# g!mit oufou

d'une voix si d!sesp!r!e +ue ses cousins se mirent$ rire. Ee serai avec la tante =gathe et l'oncle

Oorace# et le malheureux 9rac abandonn!tout seul dans son chenil pleurera our et nuit. H auvre oufou@ Ne te tourmente pas

d'avance. eut/,tre '+ue le grand/oncle sed!commandera », dit Nelly.

:e lendemain# cependant# une lettre du grand/

oncle confirmait sa prochaine arriv!e. oufou etaun regard de d!tresse $ sa tante. ?st/ce +u'il allaitvraiment devoir partir0 l !tait pr,t $ promettren'importe +uoi pour rester. >'autant plus +ue laneige commenFait $ s'!paissir et l'!tang $ geler.andis +ue che-

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la tante =gathe il n'y avait rien de semblable.*ais *me &erdier restait ferme sur ses

positions. (i le grand/oncle n'allait pas très bien#rien ne lui serait plus pr!udiciable +u'une B dose Cde oufou et de 9rac. :eurs exploits conugu!s!taient de nature $ lui donner une crise cardia+ue.

B Ee vais t!l!phoner tout de suite $ ta tante=gathe# dit/elle. Ne me regarde pas ainsi# oufou#

ce n'est pas la fin du monde@ C?lle se rendit aussitGt dans le vestibule. =umoment oK elle allait d!crocher# la sonnerie se mit$ retentir.

B E'espère +ue c'est le grand/oncle +ui sed!commande@ C cria oufou.

Non. 9e n'!tait pas cela. *ais *me &erdier setourna en souriant vers les enfants accourus.B >evine- +ui est au bout du fil0 (ylvain@

H (ylvain @ C crièrent/ils tous en se pr!cipitant. %oger r!ussit $ s'emparer le premier del'appareil.

B (ylvain# c'est toi# vraiment0 =s/tu pass! un bon No6l0 C !couta la r!ponse de (ylvain et# soudain# une

expression de oie extr,me se peignit sur sonvisage.

2<



B ;h@ (ylvain# +uelle id!e magnifi+ue@ ;ui. Eevais demander $ maman# ne +uitte pas# C

oufou et Nelly bouillaient d'impatience.B *aman# dit %oger en se tournant vers sa

mère# (ylvain et l'un de ses cousins vont passer +uel+ue temps dans une maison +ui appartient $leur grand/mère# au bord d'un petit lac entour! decollines. :e lac est gel! et les collines couvertes de

neige. >e +uoi faire de la luge et du patinage. ldemande si nous voulons y aller avec eux. »

Nelly et oufou se mirent $ pousser $ l'unissondes cris de oie "

B Naturellement@ Lien sJr@ C9ependant %oger poursuivait "

B :a grand/mère de (ylvain voulait tet!l!phoner ce matin pour te demander l'autorisationde nous inviter. *alheureusement# elle a !t!oblig!e de s'absenter. ?lle t'appellera ce soir.(ylvain !tait tellement impatient +u'il n'a pas puattendre. ;h @ maman# tu acceptes# n'est/ce pas0

Nous irons retrouver (ylvain au lieu de l'avoir ici.oufou n'aura pas besoin d'aller che- tante =gatheet l'oncle %obert pourra se reposer tran+uillement.ersonne ne le d!rangera. »

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CHAPITRE III

Une $n#$%a%$on &a!&$%an%e

*=>=*? &?%>?% contemplait les troisenfants +ui fr!tillaient d'impatience. ?lle secouait

la t,te en souriant d'un air indulgent. B =u fait# pour+uoi pas0 9e serait une excellente solution pour tous.... ;h@ oufou# lIche/moi@ »

oufou avait saisi sa tante par la taille et lafaisait valser autour de la pièce $ une allure folletout en hurlant "

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B Oip hip hip hurrah@ &ive (ylvain@ &ive&irginie@ C

=ttir! par ce vacarme# *. &erdier surgit. lapprit la grande nouvelle avec int!r,t et donnaaussitGt son accord. (ans discussion.

B arfait# parfait. =u moins nous aurons la paix# d!clara/t/il. Ee suppose +ue 9rac est invit! luiaussi@

/ Lien sJr@ s'!cria oufou. 9ela va de soi. C s'approcha de son oncle# pr,t# dans sonenthousiasme# $ lui faire faire !galement +uel+uesentrechats. *ais il se ravisa $ temps. :'oncle%ichard n'!tait pas homme $ appr!cier ces faFonsd!sinvoltes.

%oger annonFa aussitGt la bonne nouvelle $(ylvain. *ais# comme la conversation semblaitdevoir se prolonger# Nelly lui arracha le r!cepteur#impatiente d'entendre# elle aussi# la voix de sonami. Un petit habillement familier se fit entendre $l'autre bout du fil.

B ;h@ mais c'est &irginie@ s'!cria/t/elle# ravie.Lonour# ma olie. Lonour# (ylvain# $ bientGt. CB ;uah@ ouah@ C fit 9rac !tonn! de tout ce

remue/m!nage au+uel il ne comprenait rien. ls'!tait mis $ tirer doucement le tapis de sous les

pieds de *. &erdier dans l'espoir

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+u'une bonne secousse finale ferait choir sonennemi h!r!ditaire. Oeureusement +ue oufou s'enaperFut uste $ temps.... l l'entraPna par son collier vers le t!l!phone pour !changer !galement+uel+ues mots avec (ylvain.

ls avaient tous !t! enchant!s d'avoir desnouvelles de ce dernier. %assembl!s au salon# ils semirent $ parler de cette invitation inesp!r!e.

B ense-# une maison au milieu de belles pentes couvertes de neige# et un lac gel!. ;n ne pourrait rien r,ver de mieux@ dit %oger +uiexultait. Ee vais sortir mes vieux patins. u as de lachance# oufou# d'en avoir reFu des tout neufs $

No6l.

/ lJte# comment allons/nous faire pour laluge0 demanda Nelly. :a nGtre est devenue trop petite pour nous $ pr!sent et puis c'est tropcompli+u! $ transporter.

/ Ee vais nous en payer une autre avec l'argentde mes !trennes# dit oufou d'un petit air sup!rieur.

>ommage +ue e ne puisse pas aussi acheter des patins $ 9rac. C%oger se mit $ rire.B ?n effet ce serait amusant. :e pauvre ne

saurait pas sur +uelle patte danser# c'est le cas de ledire.

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/ Ee crois r,ver# dit Nelly en se laissant tomber sur une chaise. >is# maman# tu ne vas pas t'ennuyer de nous0 e sentir trop seule0

/ Ne crains rien# mon petit# dit sa mère. E'auraiainsi plus de temps $ consacrer $ votre grand/oncle. ?t >ieu merci# 9rac ne sera pas touoursdans mes ambes. >is/moi# %oger# +uand donc lagrand/mère de (ylvain va/t/elle t!l!phoner0

/ >ans la soir!e# dès +u'elle rentrera C#r!pondit %oger# puis s'adressant $ Nelly etoufou " B (ylvain paraPt ,tre touours le m,me.

/ *ais pour+uoi aurait/il chang!0 demanda*me &erdier.

/ *a foi# expli+ua %oger# voil$ un

bohème# va/nu/pieds et en haillons# habitu! $manger sur le pouce n'importe +uoi# +ui estsoudain transplant! dans une famille de bons

bourgeois ais!s. ;n lui offre de beaux habits# desleFons particulières# tout ce +u'il d!sire.... &ousm'avouere- +u'il y avait l$ de +uoi lui tourner la

t,te./ (ylvain ne changera amais# amais C# ditoufou d'un ton s!rieux# puis il s'exclama " B ?tdire +ue bientGt nous allons pouvoir filer commedes flèches sur une pente enneig!e@

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;h @ l$ @ l$ @ &--- @ C es+uissa une glissade

sur le par+uet cir! mais s'arr,ta net en voyant lamine de sa tante.

B oufou@/ 9e +ue e vais patiner@ C continua le gamin.

?t il se mit $ d!crire# sur la pointe des pieds#d'!l!gantes circonvolutions autour de la chambre

us+u'au moment oK il bouscula une petite table#mal !+uilibr!e sur ses pieds fragiles.

Nelly se pr!cipita. Euste $ temps pour rattraper le gu!ridon.

B Ne fais pas l'idiot@ lui dit/elle. Ee medemande combien de fois tu te flan+ueras par

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terre avant de savoir patiner proprement. Ee mer!ouis $ l'avance d'assister $ ce spectacle @ C

:a grand/mère de (ylvain t!l!phona $ *me&erdier comme pr!vu. (a voix douce et agr!ablefPt une excellente impression $ *me &erdier. ?llese dit +ue (ylvain avait eu de la chance. :esenfants !taient impatients d'apprendre ce +ue *me:ambert avait dit $ leur mère.

B :a maison oK vous alle- est# paraPt/il# habit!eseulement pendant les vacances. :es :ambert yfont +uel+ues s!ours en !t!# plus rarement enhiver. 9omme depuis cet !t! elle !tait ferm!e#*me :ambert va envoyer +uel+uun pour laremettre en !tat. ?lle pense +ue vous pourre- y

aller d'ici deux ours./ V aura/t/il +uel+u'un de responsable avec cesgalopins0 demanda *. &erdier. ;n ne peut tout dem,me pas les laisser dans une maison solitairelivr!s $ eux/m,mes.

/ (ylvain vaut largement une grande

personne. l a plus de maturit! d'esprit +ue bien desgens# s'empressa de dire oufou./ 9'est la s)ur de la cuisinière de

*me :ambert +ui part tout pr!parer. ?lle resteraensuite pour s'occuper du m!nage et

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surveiller les enfants. *ais# e compte sur toi#%oger# $ ton Ige tu dois avoir suffisamment de bonsens et !viter de faire des b,tises# aouta *me&erdier.

H N'aie pas peur# maman. Ee te promets +ue nousserons sages. Nous nous d!brouillerons fort bien.*on >ieu@ dire +ue dans deux ours nousserons dans cette petite maison....

/ ?lle ne paraPt pas tellement petite# dit sa mère.>'après ce +ue e viens d'entendre# il y a plusieurschambres $ coucher# un salon# une salle $ manger et une grande cuisine $ l'ancienne. l vous faudraaider un peu la personne +ui sera avec vous pour +u'elle ne trouve pas sa tIche trop lourde.

/ Ee la soulagerai de mon mieux. ?t puis# chacunfera bien soigneusement son lit# dit Nelly. (auf oufou# !videmment +ui se contentera# commed'habitude# de tirer vaguement les draps et neretournera amais son matelas. Coufou se rebiffa "

B Ne t'occupe pas de ce +ui ne te regarde pas. 9'estmon lit# non0 H >ès demain matin nous allons examiner ce+ue vous emportere-. l vous faut des

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II esquissa une glissade.

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v,tements chauds et des bottes fourr!es#naturellement# dit *me &erdier. E'espère +ue tun'as pas oubli! les tiennes comme la dernière fois#oufou0

/ ;h@ non# ma tante. Ee les ai. Ee me souvienstrès bien de les avoir mises dans ma valise.... outau moins un des pieds....

H 9omment s'appelle la maison oK nous

allons0 demanda Nelly./ Ee ne suis pas sJre d'avoir comprisexactement le nom au t!l!phone. l m'asembl! entendre +uel+ue chose comme B lemanoir de o+uatoc. »

out le monde se mit $ rire.

B o+uatoc# mais c'est très drGle @ s'exclama Nelly. E'espère +ue c'est bien son nom.#C:e lendemain fut une ourn!e très occup!e.

Lottes# chaussettes# gants# tricots# patins furentsortis des placards pour ,tre examin!sattentivement.

endant la nuit il !tait encore tomb! de laneige. :a m!t!o annonFait +ue le froid allait durer.B 9e +ui est excellent pour les sports d'hiver »,

trompetait oufou triomphalement. >ans soneuphorie# il ressortit son harmonica et faillit rendrefolle toute la maisonn!e en essayant d'apprendre

un nouvel air.

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inalement *me &erdier n'y tint plus. ?lleconfis+ua l'instrument +u'elle alla enfouir subrepticement dans un endroit connu d'elle seule.

*ais il !tait difficile d'avoir le dessus avecoufou. l se mit aussitGt $ gratter un banoimaginaire dont il tirait des sons si discordants#+u'$ tout prendre l'harmonica !tait pr!f!rable.*alheureusement# *me &erdier n'avait pas la

ressource de lui enlever ce bano inexistant....B ?st/ce +u'on ne pourrait pas envoyer cegamin $ o+uatoc dès auourd'hui0 demanda *.&erdier de plus en plus exasp!r!. Oeureux oncle%obert @ l n'arrivera +u'après le d!part de cefl!au@C

9rac# pour sa part# ne cessait de courir du hauten bas de la maison dans le louable dessein de serendre utile. >ès +u'il avisait une paire dechaussures ou un tas de chaussettes pos!es près desvalises ouvertes# il s'en saisissait d'autorit!. *,meoufou trouva +ue son chien devenait un peu trop

encombrant. = un certain moment# ils serencontrèrent dans l'escalier# l'un montant# l'autredescendant. :e choc fut rude. ls se retrouvèrentdans le hall formant un tas inextricable d'oK!mergeaient p,le/m,le ambes et pattes.

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B ?spèce d'idiot@ vocif!ra oufou furieux#lors+u'il parvint $ se relever. u ne viendras pasavec nous si tu continues. u as failli me fairecasser une ambe@ 9rrr@ (ale chien@ C

9rac prit un air penaud et# +ueue basse# alla setapir sous le grand bahut du vestibule. Une

d!licieuse odeur de souris flottait l$/dessous +ui enrendait le s!our paradisia+ue. 9rac se mit $renifler avec force et $ tourner en rond# enrampant# pour d!pister l'animal. *. &erdier#intrigu!# observa un moment le

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manège du chien mais il ugea plus prudent de ouer l'indiff!rent.

l avait !t! entendu +ue les enfants &erdier iraient reoindre (ylvain cite- lui et de l$ ils serendraient toiC ensemble au manoir de o+uatoc.

B *aman# combien de temps pouvons/nousrester l$/bas0 demanda Nelly.

H endant les huit ours de vacances +ui vous

restent. (i# toutefois# il y a de la neige et +ue vousne vous ennuyie- pas tout seuls. H Ne crains rien# maman. Ee suis sJr +ue

cette semaine passera bien trop vite# h!las@r!pli+ua %oger. oufou# tais/toi@ on banoimaginaire nous casse les oreilles@ C

ort docile# oufou changea aussitGtd'instrument. .9ette fois/ci ce furent les sons d'unecithare +u'il produisit. Lien +ue beaucoup plusagr!able# cette musi+ue n'en !tait pas moinsassommante.

%!sign!e# *me &erdier songeait +ue le talent

imitatif de ce gamin !tait stup!fiant. B ourvu +u'ilne se mette pas au tambour ou au tam/tam aumilieu de la nuit@ C se disait/elle en montantl'escalier.

:'heure du d!part sonna enfin. :a matin!e !taitlumineuse# le ciel clair oK brillait un

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doux soleil aune pIle. (ous les pas# la neigecrissait comme du sucre fil!.

B Une ourn!e absolument divine# d!clara Nelly ravie. ?xactement le temps +u'il nous faut. C

9omme *. &erdier avait eu besoin de savoiture pour une course urgente# c'est un taxi +uiles attendait devant la porte pour les conduire $ lagare. :'exaltation de 9rac !tait extraordinaire. l

fallut lui mettre la laisse pour le faire tenir tran+uille. res+ue aussi excit!e +ue le chien# toutela bande s'engouffra dans l'auto.

?n avant vers les plaisirs de la neige @ &iventles vacances d'hiver@

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CHAPITRE IV

C'e( S"!#a$n

:= =*::? de (ylvain habitait %ethel en=rdennes. :e garFon attendait les enfants &erdier

sur le +uai de la gare. 9omme d'habitude &irginie!tait uch!e sur ses !paules# une &irginie toutefr!tillante# co+uettement emmitoufl!e dans sesfourrures.

B (ylvain @ Notre vieux (ylvain @ &irginie @Lonour# &irginie@ » hurlaient les enfants $

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moiti! hors de la portière# en faisant degrands gestes. /

:e train n'!tait pas complètement arr,t! +uegamins et chien sautèrent ensemble sur le sol.(ylvain accourut. l rayonnait de oie. (es yeux

brillaient plus clairs +ue amais. Quant $ &irginie#elle faisait de la voltige sur le chef de son maPtre et

babillait tant +u'elle pouvait. ?lle reconnut tout son

monde imm!diatement.« *on grand (ylvain# comme e suis heureusede te revoir@ C s'!cria Nelly en l'embrassant.

%oger lui donna Ine tape dans le dos. Unlarge sourire affectueux illumina la frimousse deoufou. Quant $ 9rac# renvers! sur son dos# aux

pieds de (ylvain# il p!dalait# les pattes en l'air# $une allure vertigineuse. >ans cette positionincommode# il aboyait de son mieux pour attirer l'attention du garFon sur lui.

B Lonour tout le monde@ C dit (ylvain. (onvisage basan! resplendissait de bonheur. l

retrouvait enfin les anciens amis du temps de savie errante. B *on >ieu# comme c'est bon de vousrevoir@ N'est/ce pas# &irginie0 C



:e singe sauta sur l'!paule de Nelly et se mit $lui chuchoter de tendres choses dans l'oreille dontil tenait le lobe entre ses doigts minuscules suivantson habitude. Nelly se mit $ rire.

B *a petite &irginie@ u es touours la m,me.?t ce +ue tu peux ,tre chic dans ton oli costumerouge et ton bonnet garni de fourrure@ C

?n revanche# l'aspect de (ylvain s'!tait

modifi!. oint sa taille# touours !lanc!e# mais $ pr!sent# il !tait habill! avec soin et portait unecravate# ce +ui ne lui arrivait pas souvent +uand il!tait au cir+ue. =vec ses cheveux bien coup!s etson !l!gance# il avait si fière allure +ue Nellysurtout ne se lassait pas de l'admirer.

(ylvain ne put s'emp,cher de rire en voyantces trois paires d'yeux fix!s sur lui.B ?st/ce +ue e vous parais tellement chang!0

C demanda/t/il de sa voix au timbre agr!able et bien pos!. ?t d'un petit ton gouailleur# en bombantle torse d'une faFon comi+ue " B *e voil$ devenu

un gentleman $ pr!sent@ ini le pauvre pierrotfam!li+ue +ui pour manger acceptait n'importe+uel travail. ini le clochard avec ses malheureusesespadrilles perc!es# sa culotte crasseuse et sachemise en lambeaux.... =dmire-/moi@ C



(es trois amis l'!coutaient en riant. our finir#il r!p!ta "

B ;ui# e suis un v!ritable gentleman# $ pr!sent. *ais# e suis touours le m,me (ylvain. N'est/ce pas# &irginie0 C

our toute r!ponse# &irginie bondit de nouveausur l'!paule de son maPtre oK clic se mit $ danser une gigue en poussant de petits cris affectueux.

Qu'est/ce +ue. cela pouvait faire la faFon dont(ylvain !tait habill!0 (altimban+ue ou nobleseigneur# il !tait touours son (ylvain $ elle@

B ;ui# tu es bien touours le m,me C# dit Nellyavec un petit soupir de soulagement. ?lle s'!taitdemand! avec +uel+ue appr!hension si le fait

d'avoir une famille# une belle maison# de l'argent#changerait (ylvain. Oeureusement# il n'en !taitrien@

B =llons# dit le garFon après un instant. *on père vous attend. C

;n le sent très fier de prononcer B mon père C#

se dit Nelly !mue. 9omme le brave garFon doit,tre heureux de l'avoir retrouv! après tant d'ann!esde recherches@

= la sortie de la gare# une voiture les

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accueillit. 9'!tait un ample v!hicule fortcommode pour y empiler les bagages. =u volant setenait *. :ambert. ar d!licatesse il avait pr!f!r!laisser (ylvain s'avancer seul au/devant de sesamis. :es petits &erdier furent !tonn!s# une fois de

plus# de constater la ressemblance +ui existait entrele père et le fils " les m,mes yeux bleus !tincelants#les m,mes cheveux couleur de bl! mJr# la m,me

grande bouche touours pr,te au sourire. ls ne sediff!renciaient +ue par le teint# beaucoup plusfonc! che- (ylvain.

B Lonour les enfants# dit *. :ambert trèscordialement. 9'est gentil $ vous de venir voir (ylvain. *onte- vite# nous allons d!euner $ la

maison. Nous repartirons aussitGt après pour lemanoir de o+uatoc. H *erci beaucoup# monsieur# dit %oger en

veine de politesse. &ous ,tes bien aimable d',trevenu nous chercher $ la gare. Nous sommes aussitrès reconnaissants $ madame votre mère de nous

avoir invit!s. &ous ne pouve- pas vous figurer combien nous sommes enchant!s d'aller faire dessports d'hiver avec (ylvain. C

:es garFons empilèrent leurs valises $ l'arrièrede la voiture. >'autorit!# 9rac sauta

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dans l'auto pour s'installer le premier dans uncoin d'oK il pouvait contempler le paysage.endant les voyages# il adorait sortir la t,te hors dela portière et sentir ses longues oreilles soyeusesflotter dans la brise. l !tait parfaitement heureuxde retrouver (ylvain mais point aussi sJr de sessentiments $ l'!gard de la petite guenon. 9ettesatan!e b,te lui avait souvent ou! des tours

pendables. 9ertaines de ses farces seffaFaientdifficilement de sa m!moire. l lui lanFa du coin del')il# un regard digne et prudent. =urait/ellel'audace de recommencer0

:'auto ne tarda pas $ s'arr,ter devant unemaison aux murs patines par le temps et orn!s de

hautes fen,tres# ce +ui donnait beaucoup d'allure $cette belle demeure.:a voiture s'!tait $ peine immobilis!e +ue la

porte en haut du perron s'ouvrit vivement. (ur leseuil parut une femme Ig!e. 9'!tait *me :ambert#la grand/mère de (ylvain.

9ette petite vieille# très allante# au sourireenou!# avait un visage ros! bien conserv!# aur!ol!de cheveux blancs tout boucl!s. ?lle fit d'embl!e lacon+u,te des enfants# agr!ablement surpris de voir#

uch! sur son !paule# un singe# pas plus grand +ue&irginie# dont

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les yeux bruns !taient aussi vifs +ue ceux de samaPtresse.B =h# vous voil$@ s'!cria cette charmante

personne avec volubilit!. (oye- les bienvenus.(ylvain m'a tellement parl! de vous +ue e d!sirais#depuis longtemps# faire votre connaissance. ?ntre-#

entre- vite. &ous voye-# moi aussi 'ai un petitsinge. ;n en a touours eu dans la famille. Nousaimons !norm!ment ces animaux. iens# *alou# ete pr!sente des enfants fort sympathi+ues. (alue/les. C

*alou n'!tait pas habill!e comme &irginie#

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elle portait simplement sur ses minces !paulesune cape de velours aune. >'une faFon grave etsolennelle# elle avanFa une minuscule pIlie rid!e

pour serrer la main $ chacun. 9rac la contemplaitstup!fait. ('agissait/il d'un autre animal ou bienvoyait/il double0

LientGt toute la compagnie se trouva r!uniedevant un bon feu p!tillant. >es rideaux de

cretonne# aux fraPches couleurs# !gayaient la pièceconfortable et sur la table des mets fortapp!tissants !taient dispos!s. oufou y eta de loinun regard connaisseur.

Une grande atte remplie us+u'au bord d'unemagnifi+ue salade de tomates trGnait au milieu de

la nappe. ?lle !tait entour!e de raviers contenantdes hors/d')uvre affriolants " sardines# crevettes# ambon# )ufs durs $ la mayonnaise et bien d'autreschoses encore# signes avant/coureurs d'un festin

plantureux. oufou !tait content. (ans plusattendre# le premier# il s'!loigna de la chemin!e

pour aller s'asseoir sans faFon $ cette table pantagru!li+ue. *achinalement# les autressuivirent.

B Qu'est/ce +ue l'on va nous servir après cela0C chuchota/t/il $ l'oreille de (ylvain# son voisin#asse- fort cependant pour ,tre

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entendu de *me :ambert dont l'ouRe !taitexcellente.

9elle/ci le renseigna aussitGt "B (ylvain m'a dit +ue vous aime- tous

beaucoup le rosbif saignant accompagn! de pommes rissol!es. E'espère +ue vous sere-satisfaits. *on petit/fils a si souvent partag! vosrepas et e suis enchant!e +u'il puisse# $ son tour#

vous rendre votre hospitalit!. Coufou appr!cia comme il se devait le petitdiscours de la vieille dame. >!cid!ment# il trouvaitcette famille :ambert très sympathi+ue.

:'espace d'un !clair# $ sa satisfaction se m,laune fugitive pointe d'envie. l songea +ue (ylvain

avait eu plus de chance +ue lui# lui +ui ne serait amais +u'un pauvre orphelin. ?t dire +ue certainsenfants se plaignent de leurs parents@ ls neconnaissent pas leur bonheur. #

=u cours du repas# (ylvain parla avec plaisir de ses leFons particulières. 9omme il n'avait

amais !t! r!ellement $ l'!cole# il lui fallaitrattraper le temps perdu. >ou! d'un esprit !veill!# il portait grand int!r,t $ ce +u'on lui enseignait etapprenait facilement.

B l excelle dans ses !tudes autant +ue naguèredans l'acrobatie# dit son père en riant.

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/ 9'est bien agr!able C# remar+ua on fou +ui alousait vaguement son ami pour des dispositionsdont lui/m,me# n'!tait guère pourvu. B >is/moi#(ylvain# ne regrettes/lu pas les cir+ues et lesfoires0

/ Quel+uefois# r!pli+ua (ylvain. *aisrarement. l m'arrive cependant de resonger auxnuits pass!es $ la belle !toile# aux casse/croJte sur

le pouce dans un coin de la roulotte. (omme toute#c'!tait une vie asse- amusante. :es gens du voyageme man+uent un peu.

/ ersonne ne t'emp,che de la reprendre# cetteexistence vagabonde# si le c)ur t'en dit# affirmason père en souriant.

/ Ee sais# papa# merci. E'aime bien la vie libredes nomades mais 'aime encore mieux me sentir parmi vous. ?t maintenant +ue 'ai trouv! ce +uim'a touours man+u! " une famille# 'entends

bien la garder@ C dit le garFon en etant unregard plein d'affection $ son père et $ sa grand/

mère.:e d!euner s'!coula ainsi paisiblement dansune atmosphère amicale et intime. 9rac# sous latable# se f!licitait de pouvoir s'empiffrer siconsciencieusement. :es enfants en

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$ seuls avec (ylvain n'enchantait guère. =insi#ils pourraient reprendre plus facilement contactavec leur ami.

:'heure du d!part sonna. ;n remonta envoiture après force effusions et remerciementschaleureux. *me :ambert et sa petite guenon*alou restèrent sur le perron $ suivre des yeuxcette bande oyeuse us+u'$ ce +u'elle disparJt au

tournant de la route.=près son !norme repas# oufou avait envie dedormir. l se pelotonna dans un coin de l'auto.

B Ee m'en vais faire un petit somme pour reprendre des forces avant d'arriver $ piedd')uvre... C# eut/il uste le temps de dire avant de

s'assoupir.= pied d')uvre# il ne croyait pas si bien dire.



CHAPITRE V

Le )ano$* de To+,a%oc

:?( %;U?( glissantes et couvertes de neige ne permirent pas aux .voyageurs d'avancer très vite. l

leur fallut passablement de temps pour atteindre levillage dont d!pendait le manoir de o+uatoc# situ!$ +uel+ues Wilomètres de celui/ci.

B Nous n'en sommes pas bien loin# remar+ua le père de (ylvain +ui conduisait. *on >ieu# +uand e pense combien nous



avons pu nous amuser dans ces collines dutemps de notre enfance en compagnie de mesfrères# s)urs et cousins @ = ton tour# (ylvain# tuauras beaucoup d'agr!ment ici avec tes amis. C

ls traversèrent le petit pays# puis prirent unesorte de raidillon asse- large mais très enneig!. =mi/cGte# l'auto s'arr,ta# ses roues patinaient etn'avanFaient pas.

B (orte- les sacs de ute et les pelles# mesenfants# dit *. :ambert. Ee me doutais de ce +uiallait nous arriver. Oeureusement +ue 'ai ce +u'ilnous faut. &ous trouvere- aussi des chaPnes dans la

boPte $ outils. C:es enfants d!gagèrent avec entrain les roues

immobilis!es dans une congère et placèrent lesserpillières sous elles afin +u'elles puissent $nouveau avoir prise.

=insi la voiture put finalement se remettre enmarche# et# grIce aux chaPnes# elle atteignitlentement le sommet de la colline.

B est heureux +ue 'aie transport! hier leravitaillement dont vous aure- besoin. (i ce tempscontinue# les routes vont devenir tout $ faitimpraticables.

H 9hic@ s'!cria oufou $ +ui sa petite siesteavait rendu toute sa vigueur.

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nous serons coup!s de tout erdus dans lesmontagnes aux neigeC !ternelles@ Llo+u!s dans lemanoir de o+uatoc. mpossible de retourner $l'!cole de tout l'hiver# Ourrah @

l d!clamait avec une emphase si amusante +ueles autres !clatèrent de rire. our ne pas ,tre enreste# 9rac se mit $ aboyer oyeusement. Quand ilentendait le mot B hurrah C et voyait les gens

s'esclaffer autour de lui# il savait +ue tout le monde!tait satisfait. l croyait donc de son devoir de faire!cho. *ais &irginie allongea la patte pour tirer unedes longues oreilles de l'!pagneul# ce +ui provo+uaimm!diatement une bataille très vive entre lesdeux b,tes.

?n entendant ce remue/m!nage# *. :amberts'impatienta "B aites cesser ce chahut@ Da me g,ne pour

conduire @ » s'exclama/t/il.oufou se d!p,cha d! donner une calotte $ son

chien +ui# ustement indign!# se mit $ apper de

plus belle.rès lentement# la voiture redescendit leversant oppos! pour se trouver peu après devantune nouvelle mont!e. :e pays !tait très accident!.*. :ambert craignait une nouvelle panne.

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Oeureusement# il n'en fut rien.9'est avec un soupir de soulagement +ue les

voyageurs se trouvèrent sur la hauteur. Un pIlesoleil d'hiver brillait dans un ciel de finemousseline a-ur!e. = leurs pieds s'!tendait un

paysage de toute beaut! sous sa cape de neige!tincelante. 9elle/ci# telle une gouache blanche#rehaussait d!licatement les traits noirs +ue

formaient troncs et branches d'arbres# haies et palissades. Nelly trouvait cela aussi oli +u'uneestampe aponaise. ?lle ne pouvait en rassasier savue.

B Nous allons pouvoir nous offrir demagnifi+ues glissades# dit %oger. ?t si le froid

persiste# la glace de l'!tang +ue e vois l$/bas seraasse- solide pour nous permettre de faire de belles parties de patinage.

H Ee vous le souhaite », r!pondit le père de(ylvain# taudis +u'il mettait le cap sur une petitevall!e entour!e de collines enneig!es. B =ttention#

dans une minute vous verre- le manoir. 9'est usteau tournant. »

ls longèrent le lac dont la surface !tait d!$ prise.

B >e loin# on aurait dit un simple !tang#remar+ua Nelly surprise. ?n r!alit! c'est un vrai

lac. Quel dommage de ne pouvoir en

<



m,me temps y faire du canotage et s'y baigner@out le monde se mit $ rire.

B &ous demande- l'impossible# ma petitedemoiselle# dit *. :ambert. *ais rien ne vousemp,chera de revenir en !t! avec (ylvain et sescousins.

H Lien volontiers# monsieur# r!pondit Nellyavec effusion.

H ?t voil$ la maison@ C d!clara oufou d'unton approbateur tandis +ue la voiture s'engageaitdans l'all!e conduisant $ l'entr!e principale. B ?lleme plaPt. ?lle a bon aspect. *ais +uel air [email protected]

9'!tait une ancienne habitation campagnarde#

mi/paysanne# mi/demeure seigneuriale# aux murs!pais propres $ retenir chaleur et fraPcheur# suivantles saisons. (urmont!e d'un grand toit# +ui lacoiffait bas# elle semblait $ la fois farouche etaccueillante. oufou avait raison# il flottait# autour d'elle# un air !trange....

B ?lle est vieille# dit *. :ambert" *ais bItiecomme elle est# elle peut encore d!fier les siècles.>'après la tradition# une reine de rance s'y seraitr!fugi!e +uel+ues mois# il y a très longtemps. ;ndit aussi +u'un spadassin#

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c!lèbre dans l'histoire d'?spagne# fut cach!dans ces murs par des amis. ;n ne le revit

amais.... H *on >ieu@ s'!cria oufou surexcit!. ourvu

+u'il ne s'y trouve pas encore@ Ee ne sais pas un motd'espagnol. ;ui# vraiment# l'aspect de cettedemeure me convient tout $ fait. Ee sens +ue des!v!nements extraordinaires s'y sont d!roul!s. C

:a porte d'entr!e s'ouvrit et une femme d'Igemoyen# aux cheveux fonc!s tress!s en

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couronne autour de la t,te# accueillit avec unegentille simplicit! les arrivants. (ur sa robe $fleurs# elle portait un tablier blanc tout fraisrepass!. (a physionomie avenante plutimm!diatement aux enfants.

B 9'est *me *erlin# nest/ce/pas0 demandavivement oufou# +ui le premier avait saut! de lavoiture.

H ;ui# dit (ylvain. Lonour# *ariette# 'espère +ue vous n'ave- pas trop souffert de lasolitude0

H Ee n'en ai pas eu le temps C# r!pondit cette personne vive et !nergi+ue +ui se mitimm!diatement $ aider $ d!charger les

bagages. B &ous n'ave- pas eu trop froid0&ene- vite vous r!chauffer# 'ai allum! un bonfeu dans la salle $ manger. Lonour# monsieur :ambert. Ee suis bien contente de vous voir. E'avaisun peu peur +u'avec ces chutes de neige vous ne

puissie- passer.

/ Nous ne nous sommes enlis!s +u'uneseule fois# dit *. :ambert. our ma part# e ne vais pas m'attarder. >ès +ue les enfants seront install!s# e repars. ;n dirait +ue le temps va se remettre $la neige.

/ ;h oui@ monsieur# vous ferie- bien de vous

hIter pour rentrer che- vous avant la

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nuit# remar+ua *me *erlin. *on >ieu@+u'est/ce +ue c'est +ue cette b,te/l$0 C

9ette b,te c'!tait 9rac +ui prenait ses !batsdans la neige.

B Ee ne savais pas +ue vous amènerie- unchien. Ee n'ai rien pr!vu pour lui# continua *me*erlin.

H Da ne fait rien. 9rac mange volontiers

comme nous autres. l sait appr!cier aussi bien +uemoi une bonne tranche de rGti ou une cGtelette C#affirma oufou.

*me *erlin regarda l'!pagneul# horrifi!e.B ?t puis +uoi encore0 u peux ,tre sJr +ue

tant +ue c'est moi +ui m'occuperai de la cuisine ici#

il n'en verra pas la couleur C# r!pli+ua *me *erlintandis +u'elle faisait entrer tout son monde dans lamaison. B E'aime +ue les chiens restent $ leur placeC# poursuivit/elle# et# etant un regard $ &irginieinstall!e sur l'!paule de son maPtre " B ?t les singesaussi@ ?h bien# mette-/vous $ votre aise et vene-

près du feu. &oici de bons fauteuils. C?lle les conduisit dans une grande piècelambriss!e de ch,ne clair. >ans une immensechemin!e de grosses bJches cr!pitaient avecentrain.

42



B Qu'on est bien ici @ s'!cria Nelly en regardantautour d'elle avec ravissement. ;n dirait un contede f!es. ?t +uelle merveilleuse clart! @

/ 9'est le reflet de la neige# expli+ua*ariette. *ais +u'a donc ce chien0 C

9rac grondait sourdement et marchait d'une

faFon bi-arre $ reculons pour s'!loigner de l'Itrevers le+uel il venait de se ruer.%oger remar+ua "B (ans doute la t,te de cette peau d'ours !tal!e

par terre lui fait peur. l croit +ue l'animal estvivant# le pauvre idiot@ C

43



:e fait est +ue le malheureux 9rac avait une peur atroce. =lors +u'il escomptait d!$ le plaisir dese pr!lasser douillettement devant cette belleflamb!e# il s'!tait trouv! ne- $ ne- avec uneaffreuse gueule garnie de crocs menaFants. >esyeux $ l'!clat mal!fi+ue le regardaient fixement. ls'imaginait +ue cette b,te aplatie se ramassait pour

bondir sur lui. %!fugi! $ une prudente distance# il

n'arr,tait pas de grogner d'une manière +u'ilesp!rait intimidante# sans pour cela paraPtre tropdangereusement provocante.

B Trand nigaud@ dit oufou. rends exemplesur &irginie. ?lle n'a pas peur# elle@ » ?n effet#&irginie avait !galement aperFu le monstre# mais

les peaux d'ours genre descente de lit lui !taientfamilières. Nullement impressionn!e# en deux bonds# elle !tait all!e s'installer sur la t,te de l'ogre.=ccroupie sur le crIne de la b,te# elle ex!cutait#toute guillerette# une sorte de danse cosa+ue. ?nm,me temps# elle tenait $ 9rac# de sa voix

ga-ouillante# un discours prolixe +ui devait ,tre plein de bon sens.B ?lle te trouve couard et godiche# mon pauvre

9rac. &raiment tu me fais honte# dit oufou./ *me *erlin va vous montrer vos

4



chambres et vous faire visiter cette demeure#dit *. :ambert en consultant sa montre. ?lle vousa sans doute pr!par! un excellent goJter. =ide-/lale plus possible# n'est/ce pas0 (ylvain# c'est $ toi+ue e confie la maisonn!e. (i +uel+ue chose ne va

pas# avertis/moi imm!diatement./ Lien sJr# r!pondit (ylvain. Ee suppose +u'il

y a le t!l!phone ici0

H 9ertainement# dit son père. u n'auras +u'$m'appeler. *ariette sait oK sont rang!s lestraPneaux. Quant $ tes patins# e les ai apport!s hier avec le ravitaillement et les couvertures. Lon#amuse-/vous bien# mes enfants. *ariette# ne leur laisse- pas trop la bride sur le cou pour +u'ils ne

fassent pas des b,tises./ Ne craigne- rien# monsieur# e ferai bonne garde C# affirma/t/elle d'un air r!solu et un peu s!vère. *ais elle eut aussitGt un bon sourire. BEe suis bien contente de les avoir autour de moi.:es miens sont d!$ tous grands $ pr!sent. :e

chahut de ceux/ci me rappellera les ancienstemps.... Lonne rentr!e# monsieur@ Coute la bande escorta *. :ambert us+u'$ la

voiture. :a nuit allait bientGt tomber.

4



l ferait rapidement noir malgr! la laiteuseclart! +u'irradiait la neige.

B =u revoir@ =u revoir@ Cant +ue l'auto fut en vue# chacun fit de grands

gestes $ l'adresse de *. :ambert# puis# ilsrentrèrent dans la salle de s!our. ?lle !taitvraiment confortable avec ses profonds fauteuils etla chaude lumière dansante des flammes +ui se

refl!taient sur la patine des meubles anciens.oufou se planta de va ni le feu et se frotta lesmains avec satisfaction.

B 9'est !patant ici# dit/il. >ommage +u'on ne puisse pas dès auourd'hui sortir pour faire une belle partie de luge. u te vois# 9rac# filant $ toute

vitesse@ ----.... u aimeras Fa# dis# mon vieux0 C9rac n'avait amais entendu parler de luges#mais il faisait confiance $ son maPtre. >u moment+ue celui/ci ' aimait cette chose# il pouvait l'aimer aussi. :'excitation g!n!rale +u'il sentait dans l'air l'!moustillait. =ussi se mit/il $ galoper autour de la

pièce $ une allure vertigineuse tout en donnant dela voix. (oudain# il perdit pied sur le par+uet trop bien cir!. %oulant sur lui/m,me# il fit une longueglissade sur le dos# les +uatre

44



pattes en l'air. l !tait si drGle +ue tout lemonde !clata de rire.

B 9'est comme Fa +ue tu vas sWier0 demandaoufou. u seras beau@ C

:a voix de *me *erlin s'!leva dans levestibule.

B &ene- voir vos chambres. ?t montons lesvalises# voule-/vous0 ?nsuite# $ table@ E'espère +ue

vous fere- honneur $ mon repas @

45



CHAPITRE VI

On s-$ns%a!!e

UN &=(? ?(9=:?% conduisait $ l'!tage.

9omme en bas# des boiseries en ch,ne clair rev,taient les murs. =u passage# oufou s'amusa $cogner dessus par/ci par/l$. 9ela produisait un

bruit sourd asse- impressionnant# +ui se r!percutaitdans toute la maison.

B oufou# est/ce absolument n!cessaire de

4<





. Je trouverai peut-être sa trace. /

58



dit *me :ambert. Quant au chien# il couchera$ la cuisine.

H 9'est impossible# marmonna oufou $mi/voix. l ne voudra pas de Fa@ C

:es chambres +ue les enfants prirent !taient!galement lambriss!es et oufou se mit en devoir de donner des coups de poing partout. 9es pièces!taient pourvues de tables de toilette $ l'ancien ne

mode et d'!normes placards. Nelly# +ui venaitd'ouvrir le sien# remar+ua "B ;n ne dirait amais des armoires. lutGt des

alcGves bIties dans le mur. Ee n'ai encore amaisrien vu de pareil# on se dirait au *oyen =ge.

H Notre chambre est aussi !patante#

d!clara oufou. ;K est *me *erlin0 ;h@ elle n'est plus l$@ ant mieux. Ee voulais ustement dire+uel+ue chose +u'elle n'a pas besoin d'entendre. lne faut pas lui permettre d'enfermer 9rac $ lacuisine cette nuit. l serait affreusementmalheureux tout seul l$/bas. l va falloir +ue e

trouve +uel+ue moyen de l'en emp,cher. 9ette pauvre b,te doit coucher sur mon litcomme d'habitude. Qu'est/ce +ue e vais bien

pouvoir inventer si *me *erlin persiste dans sesintentions0 C

51



:es autres haussèrent les !paules sansr!pondre.

Nelly se mit $ d!baller ses affaires et $ lesranger soigneusement. endant ce temps# lesgarFons exploraient le reste de la maison. (oudain#on entendit la voix de *me *erlin +ui appelaitd'en bas M

B :e goJter va ,tre pr,t dans cin+ minutes. Ne

vous mette- pas en retard. C Nelly s'empressa de h!ler ses compagnons.B %oger# (ylvain# oufou@ *me *erlin nous

appelle@ >!p,che-/vous de vider vos valises@ C%oger et (ylvain se hItèrent d'ob!ir. 9e fut vite

fait. ls empilèrent tout leur attirail dans les

immenses commodes et placards mis $ leur disposition. Quant $ oufou# on le vit surgir# encompagnie de 9rac# sa torche !lectri+ue $ la main#et couvert d'une r!sille grisItre de toiles d'araign!e.

B Quel goret@ ;K es/tu all! te fourrer encore0s'!cria Nelly d'un air d!goJt!. Ne t'approche pas de

moi# e t'en supplie@ :es mille/pattes et les perce/oreilles doivent fourmiller sur toi.... H u crois0 C fit oufou !tonn!. l se mit $

s'administrer des tapes si vigoureuses +ue

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la poussière dont il !tait couvert volait danstous les coins. B E'ai explor! le grenier. iens#+u'est/ce +ue c'est +ue Fa0 ;n dirait une f,tecarillonn!e 0

H 9e n'est +ue la cloche annonFant le repas. »

*ariette# lasse d'attendre# s'!tait souvenue decet engin +u'elle man)uvrait comme un gros

bourdon de cath!drale.

B =llons vile# dit Nelly. oufou# tu doisabsolument d!faire ta valise avant de descendre@/ Da va# Fa va# madame l'institutrice# r!pli+ua

oufou. Ne commence pas $ vouloir me r!genter#toi aussi. Ee ne serai pas long# tu vas voir. C

?n effet# il empoigna son sac de voyage# ouvrit

le battant de son placard et hop@ il y d!versa p,le/m,le toutes ses affaires. ?nsuite# il poussa sa valisevide dans le fond et referma la porte.

:es autres !taient $ peine arriv!s dans la salle $manger +u'il se rua dans l'escalier suivi de 9rac.

Nelly lui lanFa un regard lourd de reproches#

B oufou# tu n'as pas eu le temps de

53



d!baller tes affaires. %emonte tout de suite et fais

ce +ue e te dis@ H E'ai tout serr! dans mon armoire# madamel'institutrice.

/ 9esse de m'appeler ainsi. u te crois spirituel@ »

s'exclama Nelly exasp!r!e.oufou ne lui pr,tait plus aucune attention. (ur la

nappe# resplendissante de blancheur# s'amoncelaient de

splendides nourrituresB &ive *me *erlin@ la perle de toutes les perles# la

reine des cuisinières@ se mit $ hurler le gamin. ;K ,tes/vous# madame *erlin0 C

?t oufou# 9rac sur ses talons# se pr!cipita

5



hors de la pièce et p!n!tra comme un ouragan dansla cuisine pour manifester son enthousiasme $ une*ariette fort surprise. :e garFon se demanda l'espaced'un instant# s'il allait se eter dans ses bras etl'embrasser. %!flexion faite# il se dit +u'après tout# il nela connaissait pas encore asse- pour se permettre cegeste.

B u es un drGle de num!ro@ ile vite $ table. :esautres pourraient tout manger. C

= cette id!e# pris de pani+ue# oufou repartitcomme une flèche. Oeureusement#

70

5



il y en avait asse- pour tout le monde. *ais pour se rattraper# il fut oblig! de mettre les bouch!es doubles.

9e repas fut une v!ritable petite f,te pleine degaiet! et d'entrain. :es reparties de (ylvain# l!gèreset spirituelles# fusaient. *,me oufou#l'impertinent oufou# n'arrivait pas# ce soir/l$# $ luiriver son clou.

(itGt +u'ils eurent fini de manger# ils aidèrent $d!barrasser la table. 9omme la nuit !taitcomplètement tomb!e# *ariette avait allum! unevieille lampe $ p!trole.

B &ous fere- bien attention# recommanda/t/elleavant de retourner $ la cuisine. (urtout si vous

ave- l'intention de vous amuser avec ce chien fou+ue vous ave- amen!@ l suffirait de renverser lalampe pour faire flamber toute la maison en un clind')il.

H Ee serai prudent# promit oufou./ (ur le palier# en haut# vous trouvere- un

pa+uet de bougies# poursuivit *me *erlin. ?tdans le vestibule 'ai pr!par! des chandeliers pour +uand vous ire- vous coucher. :e placard# l$# prèsde la chemin!e# est rempli de bois. &ous n'aure-+u'$ y puiser. ?t si vous n'en ave- pas asse-# 'iraivous en chercher au bJcher.

54



/ ;h @ non# e vous en prie# se hIta de dire%oger. 9'est moi +ui me chargerai de ce travail. (ivous ave- besoin d'aide# ne vous g,ne- pas#madame# c'est bien volontiers +ue nous vousrendrons service.

H *erci# mes enfants. &oil$ un langage +uime plaPt », dit *me *erlin# et elle sortit de la salleen souriant# très satisfaite de ses hGtes.

%est!s seuls# les enfants se rassemblèrentautour du feu.B Eouons $ +uel+ue eu# dit oufou. E'ai apport!

des cartes. Ee cours les chercher. »

;n pouvait suivre son traet rien +u'enentendant les toc/toc et poum/poum sur les

boiseries dont il agr!mentait sa marche.B our+uoi faut/il +ue oufou fasse touoursdu bruit0 dit %oger. ci# il s'est d!couvert cettenouvelle manie. = force de les !branler# ceslambris ne seront plus capables de d!fier lessiècles# selon l'expression de ton père# (ylvain. ls

vont tomber en poussière.... »:es toc/toc et les poum/poum reprirent et

redevinrent de plus en plus forts. 9'!tait oufou +uiredescendait.... 9rac dressait $ demi une oreille# lat,te pench!e de cGt! pour

55



mieux !couter. &irginie avait la m,me attitude.9es sons creux +ui r!sonnaient lugubrement!taient agaFants.

ar +uel+ue subtil mal!fice# ils donnaient unair sinistre $ cette demeure# isol!e dans les vastes!tendues neigeuses.

B =vant de commencer $ ouer# faisons une belle flamb!e. C 9e disant# (ylvain alla tirer du

placard deux !normes bJches +u'il posa avec pr!caution sur les tisons rougeoyants.*ais les cartes !taient $ peine distribu!es +u'ils

sursautèrent tous# effray!s. oc/toc... poum/ poum... voil$ +ue ce bruit !trange reprenait de plus belle. ?t cette fois/ci ce n'!tait pas oufou. l !tait

l$# $ cGt! d'eux tous# !coutant# asse- apeur! luiaussi.B Lah# c'est probablement *me *erlin +ui

plante un clou dans la cuisine ou +uel+ue chosecomme Fa# dit %oger voyant +ue Nelly semblaiteffray!e.

/ Non# ce n'est pas elle# r!pondit sa s)ur# $voix basse. :es bruits viennent de cette chambrem,me. ?t pourtant nous sommes seuls. C

oc/toc... poum/poum....?xactement le m,me rythme et la m,me faFon

de frapper +ue oufou.

5<



B ;ui# c'est bien dans cette pièce# dit (ylvain#sautant sur ses pieds. Qu'est/ce +ue cela peut bien,tre0 Qui cogne ainsi0 Ee n'aime pas du tout Fa@

/ =ppelons *me *erlin C# dit %oger# etsortant dans le vestibule# il se mit $ crier " B*adame *erlin# vene- vite@ Nous avons besoinde vous@ C

?tonn!e# *me *erlin arriva imm!diatement

en se s!chant les mains sur son tablier.B Qu'est/ce +ui se passe0 demanda/t/elle# envoyant l'air effar! des enfants.

/ ?coute-# madame C# dit %oger un doigt lev!tandis +ue le toc/toc reprenait plus doucement. B9es coups# madame# +ue signifient/ils0 C

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/ eut/,tre ignore/t/il cette vieille l!gende C#r!pondit *me *erlin. :e bruit avait cess! et elle

poussa un soupir de soulagement. B 9'est hier#lors+ue 'ai !t! au village# avant les grosses chutesde neige# +ue l'on m'a racont! cette histoire.>'après ce +ue l'on dit# ce seraient ces coups#frapp!s d'une faFon myst!rieuse# +ui auraientdonn!# adis# son nom $ cette maison.

=sseye-/vous et raconte-/nous donccela C# dit (ylvain.*ariette s'assit sur le bord d'une chaise et se

mit $ parler $ voix basse "B Ee ne fais +ue r!p!ter ce +ue 'ai entendu.

Une l!gende +ui date de loin.... 9'est le vieux

buraliste +ui me l'a racont!e. :ui la tenait de sonarrière/grand/mère.... C*me *erlin s'arr,ta un instant# les yeux fix!s

sur les flammes +ui dansaient dans l'Itre. %oger la pria avec impatience de continuer. Euste $ cetinstant# une bJche s'effondra# r!pandant autour

d'elle des gerbes d'!tincelles. :e bruit fit sursauter les enfants# d!$ passablement !nerv!s. our serassurer# %oger !leva la voix pour prier derechef *me *erlin de poursuivre son r!cit.

B >'abord# cette demeure portait le nom

<1



du village et du lac voisins# finit/elle par dire.*ais voil$ +ue# soudain# ses habitantscommencèrent $ entendre frapper d'!normes coups$ la porte d'entr!e....

/ = la porte# d'entr!e0 s'!tonna %oger.&oule-/vous dire +u'on y donnait des coups de

poing0/ Non. ;n cognait avec le heurtoir# celui +ui

est encore l$. &ous ne l'ave- pas remar+u! +uandvous ,tes arriv!s cet après/midi0 H :es battants !taient grands ouverts. 9'est

pour+uoi# sans doute# nous ne l'avons pas vu# dit Nelly. l est grand0

/ rès. &ous ne pouve- pas vous imaginer le

vacarme +u'il est capable de faire# m'a dit le buraliste. Un vrai roulement de tonnerre. ;n nel'emploie plus guère. *ais autrefois# lors+u'il!branlait la maison de ses coups# les valets se

pr!cipitaient. ?n vain. ls ne trouvaient amais personne derrière la porte.

/ 9elui +ui frappait avait peut/,tre fil!#remar+ua oufou pour se donner du courage. l y aun tas de mauvais garFons +ui sonnent comme Fa#

pour s'amuser# et puis prennent la fuite. ls trouventcela drGle.

/ 9'est idiot# voil$ ce +ue c'est# dit

*me *erlin. >ans mon village# il y a un eune

<2



imb!cile +ui se livre $ ce sport. l a cru pouvoir s'atta+uer $ moi. *al lui en a pris. E'ai bien englu!le heurtoir avec une poix de ma confection. lfallait voir sa t,te et surtout ses mains@ =h ah ah@ C

9hacun fit !cho $ son rire.B *ais revenons $ nos moutons# dit oufou.

our+uoi donc celui +ui frappait n'attendait/il pas+u'on lui ouvre0

/ ersonne ne l'a su# car on ne l'a amais vu# bien +u'on l'ait entendu frapper de our et de nuit C#r!pondit *me *erlin# heureuse# au fond# deraconter une histoire aussi dramati+ue. B ?t +ui

plus est# d'après ce +u'on raconte# cemyst!rieux visiteur est venu frapper pendant

plus de cent cin+uante ans@/ =lors# il ne pouvait pas s'agir du m,meindividu@ s'exclama oufou. Qu'est/ce +uecela voulait donc dire0 9'!tait unavertissement0

/ ;ui. l paraPt +ue c'!tait pour signaler la

pr!sence d'un traPtre dans la maison#r!pondit *me *erlin. H >ans ce cas# il a dJ y avoir pas mal de

traPtres ici# si ce petit eu a continu! pendant unsiècle et demi@ r!tor+ua (ylvain.

/ :e buraliste m'a dit# poursuivit

<3



*me *erlin# +u'$ cha+ue fois on interrogeaittous les domesti+ues pour voir si le coupable ne secachait pas parmi eux. ;n n'a amais rien trouv!@

>epuis +uand le ph!nomène a/t/il cess!0demanda (ylvain. &ous vene- de nous dire +uecela a dur! cent cin+uante ans. 9e manoir est bien

plus ancien./ l y a bien une centaine d'ann!es +ue *.

ersonne n'a pas donn! signe de vie. »:'histoire de *me *erlin# si int!ressante# avait pres+ue fait oublier leur frayeur aux enfants. *aisles sons myst!rieux ne tardèrent pas $ retentir denouveau.

oc# toc# toc.... boum# boum....

:!gers# ind!finissables# les appelsrecommencèrent +uel+ue part dans le salon.(ylvain# +ui en avait vu d'autres dans son

existence# dit d'un ton r!solu "B faut absolument d!couvrir d'oK vient ce

bruit.

/ (eigneur E!sus@ s'exclama *me *erlin# lamine d!faite. &oil$ *. ersonne +ui reparaPt. *ais pour+uoi0 l n'y a pourtant pas de traPtre ici0

/ %emette-/vous# s'!cria %oger pas trèsrassur! lui non plus. ?n tout cas on ne

<



frappe pas $ la porte d'entr!e. aise-/vous touset !coutons. C

=bsolument immobiles# ils attendirent.B 9ela provient de ce coin l$/bas... C# dit

(ylvain au bout d'un moment. l s'y dirigea sur la pointe des pieds# puis s'arr,ta.

:es coups cessèrent pour reprendre aussitGt.B 9ela vient du placard $ bois# poursuivit

(ylvain. H ;ui# c'est l$/dedans +ue l'on cogne@

<



E!sus *arie@... *ais le placard ne contient +uedes bJches# pour a ni nul +ue e sache...

H ;n va bien voir tout de suite C# dit (ylvaind!cid!.

l lira violemment $ lui le battant. ?t voil$ +uel'on vil surgir du r!duit# comme un diable furieux#la petite &irginie +ui sauta en grinFant des dentssur l'!paule de son maPtre.

B &irginie# petite peste@ 9e n'!tait +ue toi@Qu'est/ce +ue tu faisais l$/dedans0 u nous as faitune belle peur@ *ais pour+uoi frappais/tu de lasorte0

/ arbleu@ ?lle a voulu imiter oufou@s'exclama Nelly. ?lle passe son temps $

singer chacun de nos gestes.u as raison# dit %oger avec soulagement. Lrrr# e n'aimais pas beaucoup Fa.... Quand donc cetanimal a/t/il trouv! le moyen de se glisser l$/dedans0

/ :ors+ue 'ai ouvert le placard pour y prendre

des bJches# dit (ylvain. E'ai dJ refermer la porte sur elle sans m'en apercevoir./ Quelle frayeur m'a fait ce singe@ E'espère

+u'il va s'en tenir l$@ s'!cria *me *erlin +uireprenait peu $ peu ses esprits. ?t vous# mes

pauvres enfants# oublie- l'histoire

<4



+ue e viens de vous raconter. >epuis plus decent ans +u'on n'a pas entendu *. ersonne# il n'y aaucune raison +u'il revienne.

/ >'autant plus +ue nous n'avons pas detraPtres dans la maison# aouta (ylvain. ?t toi#&irginie# ne t'avise pas de nous refaire une pareilleniche. 9'!tait idiot@ >'ailleurs comment cela sefait/il +ue nous ne nous soyons pas aperFus de

ton absence0 H 9e +ui m'!tonne# c'est le silence de 9rac.>'habitude# au moindre bruit# il ameute toute lamaison.

H as difficile $ deviner# dit oufou d'un petitair entendu. l !tait bien trop content de savoir

&irginie enferm!e./ u as probablement raison C# r!pondit(ylvain en regardant 9rac en train de segratter en toute innocence. B *!chant# m!chantchien +ui laisserait la pauvre &irginie mourir dansun placard sans un geste pour la sauver@ C

B ;uah@ » fit 9rac tout en continuant de ouer de la guitare avec sa patte. oufou le poussa de la pointe de sa chaussure "

B u as fini0 u pourrais au moins !couter +uand on te parle @ C

9rac se mit sur son arrière/train et

<5





CHAPITRE VIII

P!a$s$*s d-'$#e*

UN? >;U9? chaleur r!gnait dans la pièce. :es

flammes p!tillaient gaiement dans l'Itre. :esenfants# engourdis dans un parfait bonheur#songeaient aux oies +ui les attendaient lelendemain. = travers la fen,tre# dont on n'avait pastir! les rideaux# on apercevait un ciel !toile.

B *on >ieu# ce +ue 'ai envie de dormir@

<7



dit %oger. Nous avons trop mang!# e suppose.oufou# comment vas/tu faire pour !viter +ue 9racne couche dans la cuisine0 Ee parie +ue *me*erlin ne va pas se laisser faire si facilement. C

oufou ne r!pondit pas.Eustement *me *erlin parut# un bougeoir $ la

main# pr,te $ aller au lit.B 9'est l'heure d'aller se coucher# mes enfants.

Ee vais d'abord emmener ce chien $ la cuisine#annonFa/t/elle. Ee lui ai pr!par! un vieux tapis prèsde la cuisinière. l n'aura pas froid.

/ &ous ne craigne- pas +u'il fasse desd!gIts0 demanda oufou d'un air indiff!rent. lva sans dire +ue e les paierai# bien +u'en ce

moment ma bourse soit asse- plate# C*me *erlin# un peu interlo+u!e# fixa une prunelle h!sitante sur 9rac# puis regarda oufou+ui la consid!rait sans ciller.

B Que veux/tu dire0/ ;h@ ce n'est pas sa faute# dit oufou. >ès

+u'il est seul# 9rac s'ennuie. =lors# pour passer letemps# il ronge# d!chire et remue tout le temps.9'est sa nature. ;n n'y peut rien. :a nuit# il ne restetran+uille +ue lors+u'il dort avec moi. C

78



:es enfants se poussaient du coude en setordant.

*me *erlin regardait oufou# perplexe. ?lleavait nettement l'impression +ue ce garnement luiracontait des sornettes# +u'il se payait sa t,te. *aiselle avait eu une ourn!e charg!e. ?lle se sentaitlasse et avait besoin de repos. (i oufou disait vrai#ce chien !tait capable de tout. Qui sait si au milieu

de la nuit# il ne se mettrait pas $ battre le rappelavec les casseroles0B Lon# bon# finit/elle par dire. Qu'il couche sur

ton lit si tu ne crains pas son odeur./ our vous ,tre agr!able# madame *erlin# e

suis capable de supporter m,me sa pestilence#

n'est/ce pas# 9rac0 C9rac r!pondit en tambourinant victorieusementsur le plancher avec son bout de +ueue.

= la vue de cet appendice +ui remuaitdrGlement# &irginie s'!lanFa pour le saisir. :e chiense retourna furieux. =lors# d'un geste prompt# la

guenon lui sauta sur le dos. our se d!barrasser decette importune cavalière# 9rac se mit $ galoper autour de la pièce# mais la guenon# accroch!e $ sesoreilles# ne lIcha pas prise.

71



B %oule/toi par terre# espèce d'idiot# lui criaoufou. &ite@ C

&irginie# cependant# ne lui en donna pas letemps. lus l!gère +u'un oiseau# elle abandonna samonture# +ui gigotait sur le sol# et bondit sur l'!paule de (ylvain. >e l$/haut# elle fit $ l'adresse

de 9rac un geste +ui# ma foi# ressemblait fort $ un pied de ne-.B Un vrai num!ro de music/hall# dit *me

*erlin en riant. ?h bien# va/t/on se coucher# oui ounon0 Ee ne vais pas vous laisser seuls ici# avec cesvieilles lampes $ p!trole. &ous pourrie- mettre le

feu $ la maison.

72



&ous ave- raison# madame# dit %oger en selevant. =llons# vene- tous. rene- vos bougeoirs. C

(ylvain attendit dans le vestibule +ue chacuneJt en main son chandelier pour !teindre la lampedu salon. &irginie# touours ta+uine# s'amusait $souffler les bougies au fur et $ mesure +u'on lesallumait.

B ?h# (ylvain @ cria oufou indign!. >is $ ton

singe de cesser ces impertinences. *a parole# il estto+u!. C(ylvain fit entendre son rire oyeux.B ;h@ &irginie@ dit/il. u te souviens donc

encore du gIteau de grand/mère0 C se tournavers les autres " B &oye-/vous# il y a +uel+ue temps

nous avons f,t! son soixante/dixième anniversaire.:a cuisinière avait confectionn! un superbe moWaorn! de petites bougies. 9'est &irginie +ui a aid!grand/mère $ les !teindre. ?lle a trouv! ce petit eu

passionnant./ Ee vois Fa# grommela %oger. Xut@ la voil$ +ui

a de nouveau souffl! la mienne. (ylvain# prends/la. Nous n'allons amais pouvoir monter# si ellecontinue. C

&irginie fut mise hors d'!tat de folItrer et la petite procession monta $ la +ueue leu leul'escalier# 9rac filant en t,te comme d'habitude.

73



B Lonne nuit# dit *me *erlin. >orme- bien. Nous sommes tous les uns près des autres. (i+uel+u'un a peur# +u'il appelle aussitGt. C

*ais tous !taient bien trop ensommeill!s pour craindre +uoi +ue ce soit. :es lits !taient des plusconfortables et pourvus de couvertures chaudes etmoelleuses.

oufou trouva l'eau de son broc beaucoup trop

froide. l d!cida +u'il se laverait le bout du ne- lelendemain matin. %ien ne pressait. l estima aussi+ue le rangement de ses affaires ne pr!sentait pasla moindre urgence. l pourrait trier le fouillisentass! dans le fond du placard $ son r!veil.

9rac# allong! au milieu de la couche de son

maPtre# dormait d!$ profond!ment. oufou dut le pousser vers le pied du lit avant de pouvoir seglisser dans les draps agr!ablement ti!dis par lechien.

oufou resta une minute !veill! $ !couter. asle moindre bruit. B *on >ieu@ se dit/il# si soudain#

dans ce grand calme# le vieux heurtoir se mettait en branle myst!rieusement0 C endant un courtinstant# il s'amusa

7



ainsi $ se faire peur# mais ce plaisir ne dura paslongtemps. l s'endormit sans s'en rendre compte. lne sentit m,me pas 9rac +ui peu $ peu s'!taitrapproch! pour s'!taler $ demi sur son maPtre.

:e lendemain matin la ourn!e !tait lumineuseet le soleil si brillant +ue la couche de neige +uirecouvrait le lac gel! fondait $ vue d')il.

B arfait# dit %oger en se frottant les mains# s'il

n'y a pas de nouvelles chutes de neige# il gèlera pendant la nuit et demain nous pourrons patiner.?n attendant# auourd'hui nous tIcherons de faireune belle partie de luge. C

=près le petit d!euner +ue oufou# enconnaisseur# taxa de super/!patant# les enfants

allèrent demander $ *me *erlin si elle avait besoin de leur aide. /:a cuisine !tait une salle spacieuse munie

d'une pompe $ eau et d'une vaste cuisinière +uironflait tout son content et d!gageait une chaleur agr!able.

B &oule-/vous +ue l'on vous aide $ laver lavaisselle# madame0 demanda Nelly./ *erci# mes enfants# ce n'est pas n!cessaire.

*ais puis+ue vous tene- $ vous rendre

7



utiles# e vous demanderai de faire chacunvotre lit et d'aller me chercher du bois dans le

bJcher. l ne serait pas mauvais non plus +ue l'unde vous nettoie les lampes. 9ela m'avancerait

beaucoup.out le monde dans les chambres# commanda

Nelly prenant l'initiative des travaux. oi# %oger# tuvas demander $ oufou de t'aider $ tourner ton

matelas. uis vous en fere- autant pour le sien.&eilles/y bien# autrement il n'y touchera pas. uentends# oufou0

/ = vos ordres# madame l'institutrice C# fitoufou en es+uissant de ustesse une cla+ue de sacousine.

ous les travaux furent ex!cut!s# et bienex!cut!s# en un tour de main. *,me les draps deoufou furent aussi consciencieusement tir!s +ueceux des autres lits. outes les lampes furentasti+u!es# garnies# pr,tes pour la nuit. ?t onapporta $ *me *erlin une +uantit! de combustible

suffisante pour huit ours. >u moins c'est ce +u'elled!clara.oufou estima +u'$ pr!sent il !tait asse- intime

avec cette bonne dame pour la serrer affectueusement dans ses bras. 9elle/ci fut un peusurprise de cette manifestation d'amiti!.

74



B =llons# allons# +u'est/ce +ui te prend0 lu mecoupes le souffle avec tes embrassades espèce de

ph!nomène@... ;h@ voil$ ce chieni a de nouveau chip! ma brosse. =ttends +ue e

t'attrape et tu vas voir la correction +ue turecevras.C

*ais mettre la main sur ce rus! compère !taitaussi facile +ue poser une pinc!e de sel sur la+ueue d'un moineau. l se faisait un pointd'honneur $ d!rober $ *me *erlin plumeaux#torchons et serpillières de telle sorte +ue la bravedame finit par avoir touours un balai sous la main#

+u'elle agitait

75



d'un air menaFant dès +ue 9rac surgissait.B = pr!sent# allons nous habiller pour sortir# dit

(ylvain +uand ils eurent fini leur travail. / ;K sontles luges0 demanda %oger.

>evant la porte. Ee viens de les sortir# r!pondit(ylvain. lus tard# pour nous r!chauffer# si vousvoule-# nous organiserons une bataille de boules deneige. »

Lottes# cache/ne-# gants# pull/overs furent viteenfil!s.irant deux grands traPneaux# ils grimpèrent

sur le coteau le plus proche. 9rac voulut s'!lancer $son allure habituelle. l dut vite constater avecennui +ue cette matière molle et blanche dans

la+uelle il s'enfonFait us+u'au ventre ne lui permettait +u'une allure d'escargot.&irginie ne voulut pas +uitter l'!paule de son

maPtre. Tambader dans la neige n'!tait pas sonaffaire. ?lle la trouvait trop froide.

:a pente de la colline +u'ils d!valaient !tait

asse- raide pour donner une sensation de vitesseenivrante. =rriv!s en bas# ils culbutaient plutGt brutalement mais sans se faire de mal. 9ela provo+uait de grands !clats de rire. 9rac apprit bien vite $ se tenir sur la luge entre %oger etoufou. :e vent rabattait

7<



en arrière ses longues oreilles +ui flottaientcomme des banderoles. l aboyait oyeusement etse livrait $ ce sport avec un intense plaisir.

&irginie# elle# se serrait contre (ylvain +uilugeait avec Nelly. 9e n'est pas sans appr!hension+u'elle avait senti le sol se d!rober sous elle.elotonn!e sous la veste de son maPtre# elle nemontrait +ue le bout de son petit museau.

B u as peur# &irginie0 lui demanda (ylvain. lvaudrait mieux +ue tu nous attendes l$/haut. C*ais elle refusa de lIcher son maPtre# ne fJt/ce

+ue +uel+ues instants.ls organisèrent des courses# d'abord deux sur

cha+ue luge# puis# un $ la fois. (ylvain gagna

facilement. l rayonnait. :e bonheur de vivrerehaussait encore l'!clat de ses yeux. out lemonde se sentait heureux. :a ourn!e !tait claire et

brillante. Naturellement ce fut oufou +ui# le premier# !prouva les affres de la faim.

B &oyons# oufou# tu ne peux pas avoir d!$ la

fringale# dit %oger. u as englouti plus d'unedou-aine de tartines $ toi tout seul ce matin. C

77





CHAPITRE I1

Une 2o,*n3e 'e,*e,se

4UEL d!licieux fumet@ dit oufou humantl'odeur +ui flottait dans le vestibule. Qu'est/ce

+ue c'est0/ ;n dirait du pot/au/feu C# fit remar+uer %oger +ui reniflait de son cGt!.

?n effet# il s'agissait bien d'une r!confortante pot!e aux l!gumes. >'habitude les enfantsn'appr!ciaient pas tellement ceux/ci#

181



mais le grand air et l'exercice sont l! meilleur des condiments.

B ;uf@ e n'en peux plus# dit Nelly +ui se laissatomber lourdement sur son siège. as toi# (ylvain0

as tellement# r!pondit celui/ci. Ee suis plusaguerri +ue vous autres. E'ai men! une vie duredans les cir+ues et les foires. &ous le save-. :ev!avant l'aube# couch! très tard# souvent le ventre $

peu près vide. E'ai subi l$ un entraPnement de(partiate. H on existence actuelle doit te paraPtre

d!lectable# remar+ua Nelly +ui entamait sonmorceau de viande avec une satisfaction !vidente.>is/moi# (ylvain# cela a dJ te faire tout de m,me

une drGle d'impression +uand# pour la premièrefois# tu as retrouv! ta famille. H ;ui# en effet# dit (ylvain. Ee me sentais

emprunt!# chose +ui# e crois# ne m'!taitencore amais arriv!e. E'osais $ peine saluer#embrasser# d!visager ces gens... sauf grand/

maman# bien sJr. ?lle ne m'intimidait pas du tout.(ans doute $ cause de son singe# perch!# comme lemien# sur son !paule. *alou et &irginie ontsympathis! de suite. ?lles se sont m,me serr! la

patte @

182



/es cousins sont gentils0 demanda oufou +uiavanFait son assiette pour +u'on la remplisse $nouveau.

rès# r!pli+ua (ylvain. *ais au d!but# pour la première fois de ma vie# 'ai eu honte de moi# demon pass! de +uasi/clochard.... ls !taient si

propres# eux# tir!s $ +uatre !pingles# bien !lev!s#avec des ongles impeccables.... Ee n'ai pu

m'emp,cher de ressentir une cuisante humiliation.E'aurais voulu pouvoir disparaPtre dans un rou./ as possible@ s'!cria oufou# stup!fait. (ans

les connaPtre# e suis convaincu +ue tu vaux centfois mieux +ue tes cousins. u sais# (ylvain# e tetrouve !patant.

*erci# oufou. u es parfois un peu farfelumais un bien brave gosse dans le fond# r!pondit(ylvain touch!. :e croirie-/vous0 *es cousins neme regardaient point de haut. =u contraire. ls!taient tiers de moi. ;s m'enviaient cette existencede forain bohème# ces roulottes# ces chapiteaux#

ces vagabondages par monts et par vaux. 9ela leur paraissait extraordinaire. ls me traitaient pres+uecomme un h!ros. E'en !tais g,n!.

u m!rites leur estime# dit Nelly# car tu asmen! une vie très p!nible sans amais

183



d!sesp!rer. Quelle chance pour nous de t'avoir rencontr!@ Ee mar+ue d'une pierre blanche ce our/l$. 9ela semble d!$ si lointain. 9ombiend'aventures palpitantes nous avons v!cuesensemble depuis lors# n'est/ce pas0

/ ;ui# dit (ylvain +ui s'!tait lev! et s'appr,tait$ emporter $ la cuisine plats vides et assiettes sales.outefois# 'ai peur +ue cette !po+ue/l$ soit bien

finie. *ystères et aventures battent de l'aile+uand on chemine sur des voies trop aplanies. C>ans son excitation# oufou oublia les bonnes

manières et se mit $ brandir sa fourchette sous lene- de (ylvain.

B Qu'en sais/tu0 cria/t/il. >e grands

!v!nements nous guettent.... Ee le sens..../ u sens surtout l'odeur de la crème auchocolat# r!pli+ua (ylvain en riant. =llons# lève/toi# petit paresseux. =ide/moi $ d!barrasser pour faire place au dessert.

/ r!sent@ cria oufou sautant sur ses

pieds. Xut@ &oil$ +ue mes ambes ne me portent plus. Qu'est/ce +ui m'arrive0 »

%oger et Nelly !taient log!s $ la m,meenseigne. (ylvain se mo+ua gentiment d'eux puisleur expli+ua "

18



B &ous ,tes courbatus. 9'est $ force deremonter la pente enneig!e ce matin. &ous restere-anWylos!s encore un our ou deux. >ans l'!tat oKvous ,tes# vous ne pourre- pas retourner luger cetaprès/midi.

/ ;h@ l$@ l$@ fit oufou avec une grimace.E'aurais plutGt besoin de b!+uilles.

/ l est certain +ue# pour l'instant# nous avons

notre compte de glissades en luge# g!mit Nelly en se laissant retomber sur sa chaise.ourtant cela me d!sole de ne pas profiter d'unesi belle ourn!e.

H l ne faut rien regretter# r!pli+ua (ylvain. Nous trouverons d'autres amusements. Que dirie-/

vous d'une bataille $ coups de boules de neige0 ;u bien aimerie-/vous mieux bItir un bonhomme deneige0 Un tout grand# aussi grand +ue mon père0&ous verre-. 9ela sera passionnant et pas très

p!nible. C(ylvain avait raison. =u sortir de table# ils

avaient l'impression d'avoir des ambes de plomb#mais# peu $ peu# ils retrouvèrent leur souplesse.:ors+ue# finalement# ils furent dehors# la marchedevint de moins en moins ardue.

B aisons des boules de neige# dit Nelly

18



+ui en p!trissait une poign!e dans ses mains

gant!es./ =llons/y r!pli+ua (ylvain. Nelly et moi

ferons !+uipe contre vous deux. >!p,che/toi de me pr!parer des munitions. Ee me chargerai de leslancer. iens# regarde# voici notre forteresse. (i nosadversaires r!ussissent $ nous bouter dehors# ce

seront eux +ui auront gagn!. *ais nous ne nouslaisserons pas faire# n'est/ce pas# Nelly0 C

(ylvain traFa un grand cercle sur le sol. %oger et oufou en dessinèrent un autre un peu plus loin.

>ès +ue les proectiles furent pr,ts# la

184



bataille commenFa. oufou lanFait les siens un peu $ tort et $ travers mais le tir de %oger !taitsavamment ordonn! et faisait pres+ue touoursmouche. Nelly !tait particulièrement vis!e. (ylvains'efforFait de la prot!ger en bombardant l'ennemide salves nourries.

ant d'agitation !tonnait et alarmait la bonne&irginie. ?lle estima plus prudent d'abandonner

l'!paule de son maPtre pour se r!fugier sur les branches d'un arbre voisin. >e l$# elle suivait avec beaucoup d'int!r,t les p!rip!ties de la lutte# y prenant une part# sinon active# du moins trèsanim!e. ?lle sautillait# sans arr,t# sur son perchoir et faisait tomber des pa+uets de neige sur les

combattants.9rac# lui aussi# !tait en effervescence. :es!bats bruyants des enfants le mettaient touoursdans cet !tat. l se d!menait de son mieux# sefourrant dans les ambes des adversaires sansdistinction de partis. = force de recevoir des coups

des uns et des autres# il se d!sint!ressa du combat pour se mettre $ creuser# avec fr!n!sie# un !normetrou dans la neige. l ouait probablement au lapinde garenne poursuivi par un chien de chasse....

:a bataille fit rage us+u'au moment oK

185





comprendre imm!diatement la signification.Qu'est/ce +ui poussait ces gamins $ presser de l$neige dans leurs mains avec tant d'acharnement0 ?t

pour+uoi la eter ensuite aussi loin +ue possible0>'après elle# ils auraient !t! plus avis!s de la couler dans le dos du voisin.... Quand finalement ellesaisit# elle fut ravie d'employer cette nouvellem!thode pour ta+uiner son ami 9rac.

B Lien vis!# &irginie# s'!cria (ylvain riant de bon c)ur. =ttention@ ?n voil$ une autre@ Cif@ paf@... :es coups pleuvaient dru sans +ue

le pauvre chien pJt se venger de la petite fut!e# ensJret! sur son arbre.

*ais bientGt ses petits doigts# complètement

gourds# lui firent atrocement mal. outeg!missante# elle bondit sur l'!paule de (ylvain pour aller les r!chauffer dans la ti!deur de son cou.

B ?h# petite friponne @ s'exclama/t/il enfrissonnant. &eux/tu bien ne pas me couler de laneige dans le dos0 =h@ bon# ce ne sont +ue tes

pattes. %!chauffe/les vite# alors. C=près s',tre repos!s un moment# les enfantsd!cidèrent d'!lever un bonhomme de neige. *aisoufou nourrissait des proets plus ambitieux. lvoulait construire un igloo.

187



B &ous autres# dit/il $ (ylvain et $ Nelly#occupe-/vous de la statue. %oger et moi nous

bItirons la hutte. &ous alle- voir# rien n'yman+uera# pas m,me la chemin!e. C

(ylvain et Nelly se mirent imm!diatement $l'ouvrage. ls firent un personnage en forme de tour

pourra d'un bel embonpoint# d'une grosse t,te etd'immenses pieds.

B Nous allons l'appeler *. Nicolas de laroidure# d!clara Nelly# satisfaite de son )uvre. lne lui man+ue +u'un chapeau. *me *erlin nous entrouvera bien un@ C

%oger et oufou# de leur cGt!# n'avaient paschGm!. ls !taient all!s chercher des pelles $ la

maison. =insi le travail avanFa vite.>'abord les parois en rond# puis un toit tout $fait dans la manière des ?s+uimaux et ensuite une

petite chemin!e.B = pr!sent# les ouvertures# dit oufou au

comble de la satisfaction. &a/t'en# 9rac. Ne me

d!range pas tout le temps@ 9ours emb,ter lesautres l$/bas et laisse/nous construire notre iglooen paix# sinon e te moule dans la neige et tuserviras d'ornement devant la porte. C

ls am!nagèrent une entr!e ainsi +u'une

118



petite fen,tre. rès content# oufou voulutimm!diatement installer $ l'int!rieur pour voir leffet +ue cela faisait de vivre dans un igloo. ?n0rampant# les deux gamins y p!n!trèrent et s'yaccroupirent le plus commod!ment possible.

B ;h@ 'aperFois te fen,tre de notre salle $manger# fit oufou +ui regardait dehors. *me*erlin est en train de mettre la table pour le

goJter. ?h# %oger# il fait rudement froid ici# tu netrouveC pas0 (i on allumait un feu0 »

9ette id!e fit rire %oger.

111



9rac# +ui lui aussi voulait se rendre compte#entra avec son imp!tuosit! coutumière et faillitfaire d!gringoler tout un pan de mur. l futvivement repouss! $ l'ext!rieur.

=u bout d'un moment %oger n'y tint plus "B (ortons d'ici# on gèle# dit/il. Ee ne comprends

pas comment les ?s+uimaux peuvent vivre dansdes machins pareils. *oi# 'y mourrais de froid. C

rampa avec pr!caution hors de la hutte suivide oufou. &irginie vint assister $ la man)uvre.Que fabri+uaient ces deux/l$0 ?lle sauta $l'int!rieur par le trou de la fen,tre et se mit $regarder dehors d'un petit air impertinent. 9rac se

pr!cipita. l voulait punir l'insolente. oufou eut

uste le temps de le retenir par son trognon de+ueue.B 9'est Fa@ Une bonne petite m,l!e l$/dedans

et il ne restera rien de notre bel igloo. C uis#s'adressant aux autres " B (i on rentrait0 9'estl'heure du goJter# en tout cas mon estomac me

l'annonce. E'aurais grand besoin d'un bol dechocolat bouillant. C:a bande rentra# vann!e mais fort satisfaite de

son après/midi. ?lle s'installa autour de la tablecopieusement garnie comme d'habitude. Nellyavait $ peine la force de

112



soulever le pot fumant pour servir $ la ronde.B :a nuit tombe et nous avons encore oubli! de

fermer les rideaux# dit %oger. E'en avais pourtantl'intention mais# $ pr!sent# e n'ai plus le couragede me lever de ma chaise. C

:a lampe etait une lumière diffuse $l'ext!rieur. ?lle !clairait vaguement l'igloo et le

bonhomme de neige +ui se dressait $ peu de

distance.B semble nous observer avec envie. Ee parie+u'il voudrait bien nous tenir compagnie et ser!chauffer un peu. auvre *. de la roidure#comme il est seul@ C dit oufou +ui regardaitdistraitement du cGt! de la fen,tre.

(oudain# il tressaillit et posa pr!cipitammentsur la table la tasse +u'il allait porter $ ses lèvres.(on )il prit une fixit! !trange "

B ?h@ s'exclama/t/il# alarm!. l y a derrièrel'igloo +uel+u'un +ui nous !pie@ C

:es enfants levèrent le ne-# in+uiets. (ylvain

regarda attentivement mais ne vit rien.B *on vieux oufou# ne dis pas d'Ineries. 9en'est +ue notre bonhomme de neige. Qui doncviendrait nous espionner $ cette heure# dans ce

pays perdu0

113



- Ee ne sais pas# r!pondit oufou +ui continuait$ observer fixement l'espace d!couvert devant lamaison. ?n effet# $ pr!sent# e ne vois personne.E'ai dJ me tromper. *ais e vous assure +ue 'ai

bien cru apercevoir un individu immobile en trainde nous !pier. »

(ylvain se leva pour aller tirer soigneusementles rideaux. l eta un dernier coup d')il dehors.

B 9e bon *. de la roidure# se dit/il. oufou araison de le plaindre. l ne doit pas en mener largedans cet air glac!# n'ayant pour tout potage +ue le

plaisir de contempler notre festin. Lonne nuit# mon pauvre ami# bonne nuit. = demain@ »

11



CHAPITRE 1

A +,$ es% ce 5an%

(: y avait eu +uel+u'un# 9rac auraitsJrement aboy!# fPt remar+uer Nelly. / ;ui#tu as raison# r!pli+ua oufou soulag!. 9esont probablement les ombres du cr!puscule +uim'ont tromp!. C

our ne pas effrayer Nelly# (ylvain et %oger !vitèrent de pr!ciser +ue# dans la neige# les pasd'un rGdeur n'auraient pas !t! perceptibles $

l'oreille de 9rac. *ais ils y

11



songèrent. N!anmoins il ne semblait pas yavoir la moindre raison de s'alarmer. 9ependant#

pour en avoir le c)ur net# (ylvain r!solut# in petto,

de faire une petite inspection sur les lieux lelendemain malin.

9et incident fut d'ailleurs vite oubli!. :aconversation g!n!rale reprit et les eux vari!sanimèrent cette fin d'après/midi.

Quand l'heure du dPner sonna# on se remit $table. Une fois le repas fini# chacun aida $desservir comme d'habitude. Eus+u'$ &irginie +uise d!pensa de son mieux. ?lle ramassait lescuillers $ dessert avec ses petites pattes pour lesremettre fièrement aux enfants.

B &oil$ un animal intelligent@ s'exclama *me*erlin# ravie de voir tant de bonne volont! autour d'elle. out de m,me# e n'aimerais pas tellementl'avoir constamment sur mon !paule. ?t puis# brrrr#cette drGle habitude +u'elle a de r!chauffer ses

pattes dans votre cou.... C

= huit heures et demie tous les enfantsdormaient d!$. as dans leurs lits# non# mais dansles fauteuils# un livre ouvert sur les genoux# ouencore sur le tapis devant l'Itre. 9rac aussidormait. l poussait de temps $ autre de petitsg!missements. l r,vait# sans

114



doute# +u'il pourchassait +uel+ue rat. &irginies'!tait endormie dans la veste de (ylvain. ;n nevoyait m,me pas le bout de son ne-.

9'est ainsi +ue les trouva *me *erlin. ?llevenait demander +ui voulait une tasse de lait chaudavant de monter se coucher. :a nuit !tait trèsfroide.

>evant ce spectacle# elle eut un petit rire

silencieux. Un vrai dortoir@ auvres gosses# ils!taient ext!nu!s@ ?lle dut les r!veiller.ls furent très !tonn!s de ne pas se trouver

mollement allong!s dans leurs lits. outensommeill!s# grognant et bIillant# ils allumèrentleurs bougies et se traPnèrent dans leurs chambres

pr!c!d!s de *me *erlin +ui se. mo+uaitgentiment de cette procession de somnambules....:e lendemain matin# ils firent la grasse

matin!e. ls n'entendirent m,me pas la cloche du petit d!euner. *me *erlin n'eut finalementd'autre recours +ue de monter les secouer un $ un.

our oufou# elle fut oblig!e de lui enlever sescouvertures et de le tirer hors du lit.=près avoir pris leur caf! au lait# les enfants se

sentaient mieux mais encore passablement moulus.ar la fen,tre# ils

115



etèrent un coup d')il au lac. (a surface gel!e#nette et lisse# semblait ,tre l$ tout exprès pour unemagnifi+ue partie de patinage.

B (i vous n',tes pas trop fourbus# nous pourrions y aller# proposa (ylvain.

/ ('il s'agissait de regrimper le coteauavec les luges# comme hier# e crois +ue 'yrenoncerais# dit Nelly. *ais un autre exercice

nous fera probablement du bien. Cls va+uèrent aux soins du m!nage pour seconder *me *erlin. Quand elle apprit +u'ilsallaient patiner# elle donna $ chacun un petit pa+uetde biscuits et une barre de chocolat.

B 9e sport aiguise l'app!tit. &ous aure-

certainement la fringale. 9e petit en/cas vousemp,chera# peut/,tre# de nie revenir tellementaffam!s. (i Fa continue# mon menu n'y suffira

pas..../ Ne m'attende- pas# dit Nelly aux garFons. Ee

vous reoindrai plus tard. Ee dois raccommoder

mon pull/over. Une maille a saut!# si e ne m'y prends pas $ temps# tout va lIcher. Candis +u'elle se dirigeait vers sa chambre# les

trois garFons# patins sur l'!paule# s'en allèrent versl'!tang. ?n passant# ils etèrent

11<



un coup d')il $ leur cr!ation de la veille.B : est vraiment imposant# ce bonhomme. Ee.

n'en ai amais vu d'une telle taille. l aurait fallu luimettre un manteau pour le rendre plus r!el.

/ = propos# voyons s'il n'y a pas des traces de. pas autour C# proposa (ylvain se souvenant del'alerte donn!e la veill! par oufou.

*ais ce dernier# un peu honteux $ pr!sent

d'avoir alarm! ses camarades pour rien# se r!cria "B as la peine@ E'ai dJ avoir la berlue# +uel+ue!blouissement. *es yeux !taient un peu fatigu!shier $ cause de la r!verb!ration de la neige.

Nous ne perdons rien pour nous enassurer C# dit (ylvain.

ls firent le tour de *. de la roidure sansremar+uer autre chose +ue leurs propresempreintes pi!tin!es et très brouill!es. ?nsuite ilalla inspecter l'igloo et ses abords. :$ encore unefoule de traces enchev,tr!es ne permettait pas deconclure au passage de +uel+ue rGdeur. 9ependant

son )il exerc! crut discerner des mar+ues +ui nesemblaient pas provenir de leurs propres bottes.*ais

117



*ais cela !tait tellement confus +u'il !taitimpossible de tirer la moindre conclusion positive.

B =llons patiner. Ee ne vois rien de suspect

iciC# finit par dire (ylvain.9ependant# oufou resta $ la traPne pour le

plaisir de faire une halte dans son igloo. l p!n!tra$ l'int!rieur et s'accroupit $ la manière des?s+uimaux. *ais comme les voix de sescamarades s'affaiblissaient dans le lointain# il semit $ +uatre pattes# le ne- contre le sol# pour ressortir.

9'est alors +u'il aperFut un gant. = moiti!enfoui dans la neige# tout près de lentr!e. :egamin le ramassa# surpris +ue (ylvain on

128



%oger l'ait laiss! tomber l$. Non. 9e n'!tait pasleur pointure. 9'!tait un gant immense# tricot! engrosse laine bleu marine. erplexe# oufou se remitdebout. tournait et retournait sa trouvaille danstous les sens tandis +ue son c)ur battait $ grandscoups. l n'avait donc pas eu la berlue# la veille.Quel+u'un s'!tait trouv! l$ pour les !pier $ traversla fen,tre !clair!e. 9ette pens!e le fit frissonner. l

courut reoindre les autres en criant "B (ylvain# %oger# attende-/moi @ E'ai +uel+uechose $ vous montrer@ C

:es deux garFons se retournèrent# frapp!s par le ton pressant de cette voix. 9rac# +ui !tait parti enavant avec eux# revint vers oufou aussi vite +ue la

neige le lui permettait.« Qu'est/ce +u'il y a0 demanda %oger. H %egarde- ce +ue 'ai trouv! $ l'igloo@ dit/il

hors de souffle. 9e gant ne vous appartientsJrement pas.

H Non# il n'est $ aucun de nous# r!pli+ua

(ylvain. :es nGtres sont tous en peau. =moins +ue 9rac l'ait chip! +uel+ue part... H mpossible# r!pondit oufou# :e chien ne

s'est pas encore approch! de la hutte. Ee n'avaisdonc pas des visions hier soir. *ais

121



dans +uel but cet inconnu restait l$ immobiledans la neige et le froid0

H N'en parie pas $ Nelly ni $ *me *erlin.?lles auraient une peur bleue. =près tout# cela neveut peut/,tre rien dire/# our l'instant# il n'y a +u'$attendre. 9e soir nous ferons le guet. ;n verra bienC# dit %ogner.

Un instant ils restèrent tous les trois ind!cis#

puis fs s'approchèrent du lac +ui brillait au soleil.Quelle magnifi+ue patinoire @ls eurent vite fait de chausser leurs patins.

(ylvain en avait de superbes# cadeau de No6l de sagrand/mère. *ais# il fallait apprendre $ s'en servir" n'avait encore amais patin!. :e souci de se tenir

en !+uilibre sur ces minces lames d'acier lui fitrapidement oublier l'affaire troublante du gant"%oger et oufou# eux# nen !taient pas $ leurs

d!buts dans ce sport. oufou# plus adroit +ue soncousin# eut tGt fait de s'!lancer avec assurance sur la surface lisse du lac.

9rac !tait hors de lui de voir son maPtre glisser ainsi avec tant de l!gèret!. =boyant avec entrain# ilse pr!cipita sur les pas de oufou. *al lui en prit.(es pattes s'en allèrent $ la d!rive. Que lui arrivait/il0 9'!tait bien pis +ue sur un par+uet cir!.

122



%assemblant toutes ses forces# il voulut seremettre debout pour prendre son !lan. l se trouva

aussitGt patinant sur le dos. l avait beau sed!mener# $ cha+ue fois il retombait pour seretrouver ramant de ses +uatre membres en l'air comme un hanneton en d!tresse. =près pas mald'efforts# il r!ussit n!anmoins $ se caler sur sa+ueue. >ans cette position# le pauvre chien avait

l'air affreusement penaud.oufou# lui# d!crivait de grands cercles autour de 9rac. out en riant comme un bossu# ill'abreuvait de sarcasmes.

>!pit! de voir son maPtre se mo+uer de lui#

123



9rac# dans un effort supr,me# essaya de seremettre sur ses pattes. *ais# une fois de plus# ilglissa. (on museau cogna durement contre l$ glaceet ses pattes repartirent chacune pour soncompte.... =lors# il se mit $ pousser desg!missements $ fendre l'Ime. :e c)ur de oufoumollit.

B 9'est bon# c'est bon. Ee vais te remettre sur l'a

rive. *ais ne te hasarde plus ici. Da sera plussageC?t prenant 9rac sous son bras# il alla le poser

sur la berge.%oger s'!tait !galement engag! sur la piste#

d'abord avec pr!caution puis avec asse-

d'assurance.(ylvain observa un moment oufou cherchant$ p!n!trer le secret de cette merveilleuse aisance. lse dit +u'il ne s'agissait# sans doute# +ue de biencoordonner ses mouvements. 9e n'!tait pas sorcier.Qu'avait/il fait d'autre au cir+ue +uand il se tenait

sur la corde raide ou galopait debout sur le dosd'un cheval0(ans plus tergiverser# il s'!lanFa sur la glace en

de longues foul!es harmonieuses et rythm!es. l sesentit imm!diatement dans son !l!ment. >es ailessemblaient lui avoir

12



pouss! aux pieds. l se mit $ crier de oie. >ansson exaltation# il appelait ses amis pour les prendre$ t!moin de sa oie enivrante.

B 9'est merveilleux@ *erveilleux@ 9ommentest/ce possible +ue 'aie ignor! ce bonheur us+u'$ce our0 C

%oger et oufou le regardaient stup!faits. 9en'!tait pas sans peine +ue# eux# avaient appris $ se

tenir sur leurs patins# après force chutes etculbutes. ?t voila +ue leur ami (ylvain# dès la première minute# filait sur/la glace $ une vitesse prodigieuse# comme s'il n'avait amais rien faitd'autre toute sa vie@

B *enteur@ lui cria oufou. u nous la bailles

belle +uand tu nous racontes +ue tu ne sais pas patiner./ arole d'honneur# r!pondit (ylvain. 9'est la

première fois@ Un sport pareil est absolumentdivin# passionnant@ C

Nelly arriva sur ces entrefaites. ?lle aussi fut

!baubie de voir les prouesses de (ylvain. 9ommeelle !tait# elle/m,me# une !l!gante patineuse# elles'approcha de son ami en lui tendant la main "

B atine avec moi. ;ui# tiens/moi ainsi. ;h@(ylvain@ c'est merveilleux@ C

ar cette claire matin!e d'hiver# rien n'!tait

12



plus d!licieux +ue ces eux sur le lac gel!.&irginie# très $ l'aise sur l'!paule de (ylvain# s'endonnait $ c)ur oie.

9omme $ l'accoutum!e# oufou se mit $ fairetoute sorte de pitreries# surveill! de loin par 9racimmobilis! sur la rive. = force de se d!penser# legamin sentit la faim le gagner. Oors d'haleine# ilvint s'affaler $ cGt! de son chien pour d!guster ses

biscuits et son chocolat. :es autres suivirent sonexemple et bientGt tout le monde masti+uait avecentrain.

=près avoir mang!# tous se pr!cipitèrent denouveau sur la patinoire.

B Nous reviendrons cet après/midi C# dit

(ylvain lors+ue l'heure de rentrer sonna.l pensait +ue amais il ne pourrait se rassasier de ces merveilleuses !volutions dans l'air pur etglac!. :eur rythme ail! l'emportait dans un monde

us+u'alors inconnu.=ussi dès le d!euner termin!# il pressa toute la

bande de retourner sur la patinoire. :es autres nedemandaient pas mieux.9e soir/l$# ils !taient tellement ext!nu!s +u'ils

se traPnèrent p!niblement us+u'$ leur lit# sitGt ladernière bouch!e aval!e. :a bonne *ariette !tait

pein!e de les voir dans cet !tat/l$.

124





CHAPITRE 1I

Un *,$% dans !a n,$%

9'?( tout uste si les enfants eurent le couraged'enlever leurs v,tements avant de sombrer dansun sommeil sans r,ves.

*me *erlin fut la dernière $ gagner son lit.?lle se d!shabilla lentement# plia avec soin#comme touours# ses affaires# fit sa toilette $ l'eauglac!e et se mPt en devoir de brosser ses tressesd!faites.

12<



9e faisant elle songeait aux +uatre enfantsconfi!s $ sa garde. ?lle les trouvait gentils#touours dispos!s $ rendre service aveccomplaisance# pleins de gaiet! et d'allant. ?t ce

ph!nomène +u'on appelait oufou @ 9'!tait le plusr!ussi de la bande# pensait *ariette# en peignantses longs cheveux.

B 9e petit galopin# avec ses taches de rousseur

et ses grimaces# me rappelle mon garFon +uand ilavait son Ige. 9onstamment pr,t $ faire +uel+ueniche. =ussi malin +u'un singe# oui# autant +uecette petite &irginie +ue e n'aimais pas beaucoupau d!but. *ais elle est irr!sistible avec ses farceset turlupinades. ?t 9rac donc@ out le temps en

train de me chiper mes chiffons et mes plumeaux pour me faire enrager.... Candis +u'elle monologuait de la sorte elle

s'!tait mise au lit. /=près avoir souffl! sa bougie#elle ne tarda pas $ sombrer dans le sommeilcomme toute la maisonn!e.

:a nuit !tait calme# il gelait dur. as un bruitsur la campagne. *,me les hiboux se taisaientdans ce froid .sib!rien. ls se contentaient de voler tristement# d'une aile molle et sinistre# $ larecherche d'invisibles mulots tapis dans leursterriers.

127



(oudain# un bruit terrible retentit dans ce profond silence. Un vacarme !norme +ui !branla lavieille demeure et fit sursauter tous les dormeurs.

oufou# !pouvant!# lit un saut de carpe. Nelly#en revanche# s'enfouit au plus profond de sescouvertures. %oger se mit sur son s!ant en sefrottant les yeux. (ylvain# lui# sauta aussitGt $ basdu lit. Quant $ *me *erlin# elle se couvrit la t,te

avec son drap en s'!criant "B *on >ieu @ Un orage @ Un orage en pleinhiver@C

9rac se mit $ donner de la voix $ pleins poumons# mi/effray! mi/furieux. l !tait en train defaire un si bon somme@ 9ontre son habitude# il

avait oubli! de mettre une oreille en veilleuse. ?tvoil$ +ue cet affreux tapage en avait profit! pour venir $ l'improviste.

>ans le noir# %oger appela oufou "B =s/tu entendu0 Qu'est/ce +ue Fa pouvait bien

,tre# $ ton avis0

/ :a fin du monde# r!pondit oufou +ui avaitencore des palpitations. ?n tout cas# pas un orage#regarde. :e ciel est clair.

/ Ee vais rassurer Nelly. ?lle doit trembler de peur », dit %oger en enfilant ses pantoufles.

138



(ur le palier il rencontra (ylvain +ui sortait desa chambre# le bougeoir allum!.

B Que crois/tu/+ue c'!tait0 demanda %oger.Une explosion# peut/,tre0

/ Ee n'en sais rien. Ee dormais. Tela semblaitvenir de tout près C# r!pondit (ylvain.

>u seuil de la pièce +u'occupait Nelly# %oger l'appela "

B Da va# Nelly0 C9elle/ci# entendant la voix de %oger# sortit prudemment la t,te et fixa un regard angoiss! sur les deux garFons dont l'ombre vacillait sur le mur.

B *on >ieu# heureusement +ue vous ,tes l$@ Eesuis $ moiti! morte de peur@ Que s'est/il pass!0

/ ;n se le demande comme toi. eut/,tre uncoup de tonnerre# dit %oger d'un ton +u'il s'efforFade rendre insouciant afin de ne pas alarmer davantage la fillette.

/ N'y pense plus# reprit (ylvain. out estcalme. 9'est fini. C

*ais il n'avait pas achev! ces mots +u'unnouveau grondement !branla les murs. 9ette foistout le monde l'entendit distinctement.

131



(on !cho sourd et menaFant se r!percutalonguement dans la cage de l'escalier.

Nelly poussa un cri aigu et redisparut $ toutevitesse sous les couvertures. %oger saisit (ylvain

par le bras "B :e heurtoir@ s'exclama/t/il d'une voix

!touff!e. 9'est le heurtoir de la porte d'entr!e. l y a+uel+u'un en bas. Euste 9iel +ui peut nous appeler

ainsi au milieu de la nuit0/ eut/,tre mon père...# dit (ylvain. ourtant#non# il aurait t!l!phon!. =llons/nous ouvrir0 9en'est guère rassurant.... C

:a flamme tremblotante d'un deuxième bougeoir apparut sur le palier. 9'!tait *me *erlin.

Lien +ue mourant de frayeur# elle avait pris sur ellede se lever pour se rendre auprès des enfants. ?lle pouvait $ peine parler tellement ses dentscla+uaient.

B Qu'est... +u'est... +u'est/ce +ue c'est0 ;nfrappe... $ la porte0 aut pas... ouvrir.... »

= son tour oufou sortit sur le palier avec 9rac+ui paraissait très in+uiet lui aussi. l n'aboyait plusmais il n'arr,tait pas de gronder.

132







/ l pourrait s'agir d'un malheureux bless!# !puis! par la marche... malade... +ue sais/ e0

/ :'individu capable de man)uvrer ceheurtoir avec une telle vigueur n'est sJrement pas

pr,t de se trouver mal# dit (ylvain avec colère. Non# nous ne descendrons pas@ C

ls retournèrent vers *me *erlin et Nelly.

(ylvain leur eta brièvement "B n'y a personne. C:a pauvre *me *erlin recommenFa $

trembler de froid et de peur.B =lors c'est sJrement *. ersonne. :e

revenant d'autrefois. 9elui +ui avertissait les

habitants de cette maison au suet du traPtre.&oyons# *ariette# r!pli+ua (ylvain. 9omment pouve-/vous croire $ de pareilles sornettes0 9ettel!gende n'a ni +ueue ni t,te. >'ailleurs# il n'y a pasde traPtre ici. 9'est sans doute un imb!cile +uis'amuse $ nous faire peur....

u as raison# (ylvain. 9e n'est +u'un mauvaisfarceur +ui prend plaisir $ nous affoler. *ais nousne lui donnerons pas ce plaisir C# dit %oger d'un air d!gag!.

>ans son for int!rieur# cependant# il ne pensait

pas +u'il s'agissait d'une plaisanterie.

13





d'incident +ui le laissait songeur. as un instant iln'avait cru $ cette ancienne l!gende.

B Nous d!couvrirons bien +uel+ue chosedemain matin# se dit/il en s'!tirant paresseusement.;h@ pardon# ma pauvre &irginie# e t'ai fait mal0 C

9e chahut avait tellement effray! la petiteguenon +u'elle !tait rest!e cach!e au fond du lit deson maPtre.

:a pendule du vestibule sonna la demie. B*inuit et demie# pensa (ylvain. rends garde#monsieur ersonne@ Qui +ue tu sois# tu vas avoir affaire $ nous@ C

135



CHAPITRE 1II

Des %*aces de &as

= =% *me *erlin# tout le monde dormit YCfort paisiblement le reste de la nuit. ?lle# +ue le

patinage n'avait pas !reint!e# ne put retrouver lesommeil. 9es !tranges coups nocturnes latracassaient beaucoup.

=vant l'aube# elle se glissa hors de lachambre de Nelly pour rentrer dans la

13<



sienne et faire sa toilette avant de descendreallumer les feux.

lus tard# (ylvain entra che- les deux cousins pour finir de s'habiller en leur compagnie etdiscuter des !v!nements de la veille. :a lumière du

our avait dissip! leur effroi. = eux trois# ils sesentaient m,me pleins de bravoure et enclins $ semo+uer de leur pour de la veille. >ehors# le soleil

brillait sur la neige !tincelante. :a pens!e des plaisirs +ui les attendaient en plein air !tait denature $ chasser les fantGmes de la nuit.

Nelly vint frapper $ leur porte en criant "B ?tes/vous pr,ts0 *oi# e descends./ Nous arrivons# dit %oger +ui lui ouvrit la

porte. *ais# auparavant# allons eter un coup d')il$ ce fameux heurtoir si bruyant. u viens avecnous0 C

9rac compris# ils se pr!cipitèrent vers la ported'entr!e donnant sur le perron. 9e n'!tait pas celle+u'ils empruntaient d'ordinaire. Un passage lat!ral

!tait plus prati+ue pour eux. ls n'!taient donc pas pass!s par l$ depuis leur arriv!e. 9omme il n'yavait pas eu de chute de neige depuis# il devait ,trerelativement facile de relever les traces du visiteur myst!rieux.

137



:'ouverture du battant fut laborieuse. l fallut pousser deux imposants verrous et enlever une

lourde chaPne avant de faire tourner la porte sur sesgonds rouilles.

:e fameux heurtoir !tait somptueux " une!norme t,te de lion en bron-e $ la noble crinière.

:es enfants n'en avaient amais vu d'aussisplendide.

B E'imagine combien il doit ,tre lourd C# ditoufou. l le saisit $ pleines mains pour se rendrecompte. *ais il lui !chappa et retomba avec fracas.

9rac# de frayeur# roula en bas des marches.&irginie fila se r!fugier sous la veste de (ylvain.

Nelly eut un violent sursaut et# dans son

!nervement# apostropha vertement oufou.B ?spèce de balourd@ u n'en fais amais

d'autres@ E'en ai la chair de poule. our+uoi ne peux/tu pas rester tran+uille deux minutes0

/ ardon C# murmura oufou# lui/m,me asse-impressionn!.

*me *erlin arriva $ fond de train# touteretourn!e elle aussi.

B Qu'est/ce... C commenFa/t/elle $ dire#

18



mais elle s'interrompit en apercevant lesenfants. B =h@ c'est vous. E'avais cru +ue *.ersonne !tait revenu faire des siennes. ?t ecomptais le rabrouer vertement# cette fois @ C

>!cid!ment# en plein our# la bonne dame sesentait# elle aussi# le c)ur plus vaillant.

B 9e n'!tait +ue moi# dit oufou. ?xcuse-/moi#madame# e ne l'ai pas fait exprès. as !tonnant +ue

nous ayons !t! si effray! cette nuit. =vec unmarteau pareil# on sèmerait la pani+ue dans uncimetière. :e gaillard +ui l'a mani! avait une rude

poigne @/ (urtout# ne recommence pas.

recommanda *me *erlin. :aisse/moi pr!parer le

petit d!euner en paix. E'allais te faire cuire un)uf# puis+ue tu n'es amais rassasi!. %egardemon chausson@ 9'est lui +ui l'a pris@ >ans monsaisissement# en entendant ce fracas# 'ai toutlaiss! tomber@

/ 9rac# lèche@ C ordonna oufou.

:e chien n'en eut pas le temps. &irginie l'avaitdevanc!. ?n deux coups de langue# le aune +uiconstellait la pantoufle de *me *erlin fut aval!avec une !vidente satisfaction.

11





B %efaisons le traet en sens inverse », dit

(ylvain.ls revinrent lentement en arrière. *algr! toute

leur attention# ils furent incapables de d!couvrir unindice nouveau.

(ur ces entrefaites# *me *erlin surgit# asse-impatiente.

B ?t ce petit d!euner0 &ene-/vous# oui ounon0 Qu'est/ce +ui vous prend de sortir sansmanteau0 &ous alle- attraper la mort@ / *adame*erlin# s'!cria oufou. &ene- voir. Nous avonsd!couvert des traces de *. ersonne. »

*me *erlin dressa l'oreille. ?lle descendit

13



avec pr!caution les marches glissantes du perron.

:es enfants# très fiers d'eux# lui montrèrent ce+u'ils estimaient ,tre une bonne piste.

B ?n effet# dit *me *erlin# très intrigu!e.*ais pour+uoi ces mar+ues de pas ne vont/elles+ue dans un seul sens0

H arce +ue l'homme !tait tout seul# expli+ua

oufou +ui trouvait la remar+ue de *me*erlin un peu simplette. H Lien sJr. *ais# cet individu une fois sur le

perron# il a bien dJ s'en retourner# puis+u'il n'est plus l$. &ous comprene-0 C

ersonne n'avait song! $ cela. Quels !tourdis@

(ylvain# troubl!# fronFa les sourcils.B &ous aye- raison# *ariette# dit/il. Nous!tions tellement pr!occup!s par notre trouvaille+ue nous n'avons pas pens! plus loin.

H 9'est horrible@ s'!cria Nelly. Nous avonsaffaire $ un fantGme +ui traverse les

murailles@ C Z 'ous se regardèrent interlo+u!s et asse-effray!s. *me *erlin grelottait.

B our l'amour du 9iel# vene- d!euner#supplia/t/elle. &ous n',tes pas/ asse- couverts pour rester dehors par cette temp!rature. &ous alle-

attraper un gros rhume. >emain

1



vous sere- alit!s. Da serait gai pour moi touteseule ici avec un hGpital sur les bras. :aisse- *.ersonne tran+uille pour l'instant et d!p,che-/vousde rentrer. =llons EC

:es enfants ob!irent en silence# plong!s dansune grande perplexit!.

?trange# ce *. ersonne +ui s'en !tait all! sansfaire usage de ses# ambes@ l y avait l$ un mystère

capable de vous donner le frisson.ls se mirent $ table avec moins d'app!tit +ued'habitude. oufou se mit $ reparler de l'ombreaperFue près de l'igloo "

B Ee parie ce +ue vous voudre- +ue c'!tait *.ersonne# et +ue le gant +ue 'ai trouv! lui

appartenait. H ;ui# tu as raison# approuva (ylvain.9'est bien cela. Nous savons en tout casmaintenant +ue nous avons affaire $ un hommenanti de grandes mains et de grands pieds. %ien +uiressemble $ un fantGme. *ais ce +ue nous

ignorons# c'est pour+uoi il rode ainsi autour de lamaison. H E'aimerais bien +u'il aille se promener

ailleurs# dit Nelly +ui servait le caf! au lait. ourvu+u'il ne recommence pas $ venir cogner $ la

porte cette nuit@

1



H Ee crois +u'il serait pr!f!rable +ue et!l!phone $ mon père. ('il s'agit d'un malfaiteur# ilavisera. Nous ne pouvons pas rester les brascrois!s $ attendre +ue cet individu nous fasse vinmauvais parti. Qu'en dites/vous0 demanda (ylvain.

>'accord# (ylvain. 11 faut imm!diatement pr!venir la famille. on père viendra sJrement etse chargera de mettre fin aux manigances de cet

insaisissable *. ersonne », approuva %oger.(ylvain se saisit du t!l!phone pour appeler che-lui. *ais l'appareil resta muet. :a ligne !taitcoup!e. ?taient/ce les chutes de neige0 ;u pisencore# +uel+u'un +ui voulait isoler le manoir dureste du monde0

?st/ce +ue cette vieille maison# si accueillanteau d!but# n'!tait pas en train de se transformer enun terrible piège 0 erdue dans l'immensit!

blanche# ne recelait/elle pas un mystère plein desombres menaces0

14



CHAPITRE 1III

Des c'oses %*8s $n%3*essan%es

?O L?N# mes amis# nous voil$ frais @ s'exclama(ylvain. Nous ne pourrions m,me pas appeler lem!decin en cas de besoin. = la rigueur# on pourraitaller chercher du secours au village mais....

/ as très prati+ue. Nous mettrions un temps fouet nous ris+uerions de nous !garer dans ce paysenneig!. (i seulement nous avions des sWis@ dit%oger.

15



/ ant pis@ Nous allons ,tre oblig!s d'!claircir le mystère du manoir de o+uatoc tout seuls. Nousne pouvons pas faire autrement# dit oufou d'un air satisfait. >'ailleurs nous sommes des sp!cialistesen ce genre# n'est/ce pas0 C

?t il se mit $ !num!rer avec complaisancetoutes les !nigmes !lucid!es par eux au cours desdernières ann!es.

B Da ne fera amais +u'une de plus C# conclut legamin.:a perspective d'avoir de nouveau du pain sur

la planche rendit son app!tit traditionnel $ oufou.l redemanda une grosse tartine avec beaucoup de

beurre et de confiture.

Nelly le rabroua. :a goinfrerie de son cousin# $un pareil moment# la scandalisait. ?lle# +ui avait plutGt la gorge serr!e# n'arrivait pas $ avaler lamoindre bouch!e.

9rac frappa avec !nergie son bout de +ueue sur le par+uet tout en l!chant la main de son maPtre.

B %este tran+uille# 9rac# lui cria Nelly. um'!nerves. Ee ne veux plus entendre ce bruit/l$. uentends0 C

our ne pas se laisser gagner par l'angoisse# mieux valait se distraire. %oger proposade retourner luger.

1<



B *oi# e me sens de nouveau frais et dispos#et vous0 C

Nelly et oufou l'approuvèrent. (ylvain# lui#aurait pr!f!r! aller patiner toute la ourn!e# mais#

puis+ue les autres optaient pour la luge# il se ralliavolontiers $ ce proet.

B Ee vous demanderai seulement de choisir uncoteau moins raide. 9elui de l'autre our !tait trop

dur $ remonter C# dit Nelly.=vant de partir# ils donnèrent un coup de main$ *me *erlin. 9elle/ci va+uait $ ses occupationsd'un air absent. ous ces !v!nements myst!rieux lalaissaient songeuse et très alarm!e.

=u grand air# les enfants retrouvèrent leur

entrain. (uivant le d!sir de Nelly# ils choisirent unecolline asse- !lev!e mais aux pentes douces. >usommet# on ouissait d'une vue magnifi+ue sur le

paysage environnant. :e regard fureteur de oufoud!couvrit +uel+ue chose +ui# us+u'alors# avait!chapp! $ son attention.

(ur une des berges du lac# dans une petiteanse# une construction s'!levait. (ans doute unhangar $ bateaux. oufou signala $ ses

17



camarades cette cabane $ peine visible dont letoit !tait rev,tu d'une !paisse couche de neige.

B doit y avoir des bar+ues l$/dedans# n'est/ce pas# (ylvain0 C demanda %oger.

(ylvain se rappela alors +ue son père lui avait parl! des parties de canotage +u'il faisait en !t!.

B ;ui# probablement# r!pondit (ylvain. Ee n'yavais pas pens!. Nous pourrions aller l'explorer

avant de rentrer. C:a neige ferme et crissante !tait parfaite pour les luges. :es enfants s'amusèrent beaucoup. larriva +ue# une fois# dans une descente# oufou

buta contre une grosse pierre. :e gamin et sonfidèle compagnon 9rac furent lanc!s en l'air. 9e

dernier fut !ect! avec tant de force +u'enretombant# il s'enfonFa comme un boulet dans unecongère. l disparut complètement $ la vue de sonmaPtre +ui s'affola.

B 9rac@ 9rac# oK es/tu0 C hurla/t/il.oute cette scène avait !t! si drGle +ue les

autres riaient comme des bossus. oufou se mit encolère. 9omme cela ne fit +u'accroPtre l'hilarit!g!n!rale# il leur cria "

B '?spèces d'imb!ciles@ as d'empaill!s@

18



&ene- m'aider $ sauver 9rac# il va p!rir asphyxi! @

/ Eamais de la vie. =u contraire# Fa l'amuse# dit%oger. l doit ,tre heureux comme un roi@ C

?n effet# 9rac !tait ravi de fouir dans cettematière friable beaucoup plus facile $ creuser +uela terre. out $ son affaire# il perFa# eu un rien detemps# un tunnel +ui le fit resurgir brus+uement

aux pieds de son maPtre# sur le+uel il se eta avecde v!h!mentes manifestations d'amiti!. oufou#surpris par cette atta+ue inattendue# retomba $ larenverse. :e chien en profita pour le pi!tiner etl'asperger de neige. :e gamin se d!battit de sonmieux# furieux d',tre ridiculis! par 9rac et mo+u!

par ses camarades. l se promit de leur rendre la pareille $ la première occasion.:ors+u'ils furent fatigu!s de luger# (ylvain

proposa d'aller se restaurer dans le hangar# s'il yavait moyen d'y rentrer.

*ais la porte !tait ferm!e $ clef.

B Xut@ pas de chance@ 9ependant# puis+ue noussommes venus us+u'ici# essayons de p!n!trer l$/dedans d'une faFon ou d'une autre. C

= travers les carreaux sales# les silhouettes

11



de trois bar+ues se dessinaient vaguementdans la p!nombre. oufou# +ui !tait parti faire letour du bItiment# cria $ ses camarades "

B &ene- par ici. l y a une fen,tre dont lavitre est cass!e. Cls accoururent. %oger remar+ua# pres+ue

aussitGt# de grandes mar+ues de pieds dans laneige. >es empreintes comme celles d!couvertesautour du perron.

B =h# ah@ s'exclama (ylvain tout excit!. Nousallons enfin avoir le mot de l'!nigme. Qui sait sinotre *. ersonne n'a pas eu le

12



toupet d'!lire domicile dans ce hangar0 Qui aune lampe de poche0 C

ersonne. our+uoi s'en serait/on muni pour aller ouer dans la neige en plein our0 ant pis.

B Ee vais# tout de m,me# eter un coup d')ill$/dedans C# annonFa/t/il en enambant prestementl'appui en bois de la fen,tre. Un eu pour unacrobate comme lui.

:es autres attendaient dehors avecimpatience. (ylvain ne tarda pas $ reparaPtre# lamine anim!e# les yeux brillants.

B ;ui# e crois +ue notre homme habite ici.:'un des bateaux est garni de coussins comme si+uel+u'un y dormait. ?n outre# 'ai trouv! Fa. C ?t il

montra un pa+uet de cigarettes vide# +u'il confia $%oger. uis# il ressortit comme il !tait entr!.;n examina de nouveau les empreintes

clairement dessin!es sous la fen,tre. =ucun doute possible. :e myst!rieux visiteur utilisait cette voie pour se glisser dans ce refuge. *ais d'oK venaient

ces pas0 (i on en d!couvrait le point de d!part# onarriverait# sans doute# $ trouver le personnage +uihantait ces lieux.

*alheureusement# les traces aboutissaient

13



au lac. ?t l$# la surface unie de la glacen'avait rien retenu.

B ?n tout cas# grIce $ >ieu# ici au moins lesmar+ues de bottes vont dans les deux sens. ?llessont asse- brouill!es mais bien reconnaissables#vous ne trouve- pas0 demanda %oger.

/ ;ui. 9'est moins effrayant +ue cellesrelev!es devant la maison# dit Nelly. Ee suis

obs!d!e par ce +uidam +ui semble se dissoudredans le n!ant...# H Quoi +u'il en soit# le mystère reste entier.

our+uoi un vagabond viendrait/il faire du chahutche- nous au milieu de la nuit0 r!tor+ua (ylvain.

/ u as raison# d!clara %oger. 9e ne peut ,tre

un vagabond./ Ne nous occupons pas de cela pour l'instant C# dit oufou $ son tour. l venait d'avaler la dernière miette de ses biscuits et voulaitretourner luger. B =llons# vene-# il fait froidici.»

:ors+ue# plus tard# la bande se pr!senta $ table#les oues rouges et les yeux brillants# tout le mondeavait une faim de loup. 9'est avec une intensesatisfaction +ue oufou vit paraPtre une grande

plat!e de cGtelettes de

1



mouton accompagn!es de frites croustillantes.l demanda $ *me *erlin d'un ton oyeux si leur visiteur de minuit n'!tait pas revenu faire marcher le heurtoir.

B Qu'il ose# et il verra comme il sera reFu@ E'aitout ce +u'il faut sous la main. *on grand couteau$ pain el un chaudron d'eau bouillante. C

9es !nerg!ti+ues d!clarations firent rire la

tabl!e. Oeureuse de voir les enfants de bonnehumeur malgr! la situation asse- angoissante# elleaouta "

B %!gale-/vous. *ais n'oublie- pas +u'aprèsFa# il vous faudra encore trouver de la place dansl'estomac pour une grosse charlotte aux pommes. C

9e repas# comme les pr!c!dents# fut d!licieux.:es enfants# bien +u'un peu alourdis par la bonnechère# / n'!prouvèrent pas le besoin de se reposer avant de retourner ouer dans la neige. :a ourn!e!tait trop belle pour ne pas en profiter aumaximum. LientGt# les pentes de la colline

retentirent de nouveau de cris oyeux.9e n'est +u'$ la tomb!e du our# complètement!reint!s# +ue les enfants reprirent le chemin de lamaison.

1



B >ire +u'il faut encore traPner ce paresseux C#grogna oufou. 9rac# en effet# ext!nu! lui aussi#avait trouv! plus prati+ue de s'installer sur une desluges pour se faire voiturer.

B Notre bonhomme de neige est touours ensentinelle auprès de l'igloo# remar+ua %oger.Lonsoir# monsieur de la roidure @ on chapeau esttout de travers. Ee vais te recoiffer

convenablement. C le redressa en passant avant de s'engouffrer avec les autres dans la maison par la porte deservice. ls se hItèrent d'enlever leurs bottes etleurs gants.

B &ous ,tes en retard# leur dit *me *erlin. Ee

vous avais pr!par! un souffl! au fromage +ui auraitdJ ,tre servi il y a un bon +uart d'heure. ant pis pour vous# vous le mangere- comme il est.

H *es ambes ne me portent plus# ditoufou. Ee suis incapable de courir# m,me pour unsouffl!. E'ai l'impression de devenir un vieil

homme d!cr!pi et paralys!. H >!cr!pi et paralys!@ ;n s'en apercevra $table# s'!cria Nelly. u ne vas rien nous laisser @

H l faudrait fermer les rideaux# dit (ylvain.9'est g,nant de penser +ue notre myst!rieux

14



visiteur nous !pie# peut/,tre# install! dansnotre igloo. C

out le monde !tait d'accord mais personnen'avait envie de bouger. 9e fut (ylvain +ui se leva.l eta un regard au/dehors# puis se retourna

brus+uement.B %egarde- @ :e bonhomme de neige a

disparu@ s'exclama/t/il.

/ >isparu0 Qu'est/ce +ue tu nous chantes0 ;nl'a vu il y a +uel+ues instants# s'!cria Nelly.%oger lui a raust! son chapeau +ui !tait tout deguingois.

/ &ene- constater par vous/m,mes# r!pli+ua(ylvain. l ne reste plus +ue ligloo. >rGle

d'histoire@ ;K *. de la roidure a/t/il bien pualler0 C

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CHAPITRE 1IV

Enco*e ,n )"s%8*e

:= (UL? disparition de *. de la roidurelaissa les enfants pantois. B !tait pourtant bien l$#dit %oger perplexe. Ee l'ai touch!. »

(ur ces entrefaites# *me *erlin entra

pr!cipitamment# pIle et boulevers!e. ?lle se pr!cipita aussi vers la crois!e "

B *ais oui# il est parti@ 9'est donc bien lui +uime regardait $ travers la fen,tre de la

1<



cuisine. (ainte &ierge@ Qu'est/ce +ui nous arriveencore@ &oil$ votre bonhomme de neige +ui se met$ marcher $ pr!sent @ Ee ne veux plus rester danscette maison du diable# C

:es enfants se regardaient# p!trifi!s. :es!v!nements prenaient une tournure vraimentapocalypti+ue. (ylvain et %oger accompagnèrent*me *erlin MR la cuisine. *ais il n'y avait plus

personne derrière les carreaux. =rm!s de leurstorches !lectri+ues# ils allèrent inspecter lesalentours. ls ne virent rien de suspect. :es+uel+ues traces de pas +u'ils d!couvrirent !taient

bien trop embrouill!es pour pouvoir en tirer uneconclusion valable.

ls rentrèrent donc bredouilles. *me *erlin sehIta de barricader la porte derrière eux.B serait capable d'entrer ici# dit/elle.

H >ommage +u'il ne vienne pas# dit oufou+ui# plein de curiosit!# avait suivi ses amis. (i notre*. de la roidure s'approchait du fourneau# il

fondrait en deux temps trois mouvements. l n'yaurait# ensuite# +u'$ !ponger et $ eter l'eau dansl'!vier@ C

*me *erlin se mit $ rire.B u en as de bonnes avec ton mystère

li+u!fi!.... *ais# au fait# dit/elle en lui donnant

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une l!gère tape sur le dos# e parie +ue tu n'as pas fini ton souffl!@

/ 9'est vrai# mon >ieu@ C s'!cria oufouhorrifi! $ l'id!e +u'il avait oubli! de vider sonassiette. l se pr!cipita dans la salle $ manger.

:es autres le suivirent plus calmement et tousse trouvèrent bientGt attabl!s de nouveau.

(ans croire tout $ fait au r!cit de *me *erlin#

l'angoisse# cependant# les !treignait. ls avaient beau se dire +u'elle avait dJ avoir des visions# iln'en demeurait pas moins +u'un autre mystèrevenait s'aouter $ la s!rie.

B *,me en admettant +ue *me *erlin ait prisles ombres du cr!puscule pour *. de la roidure#

un fait est certain# c'est +ue notre bonhomme a belet bien disparu# dit oufou +ui masti+uait avecentrain.

/ l a peut/,tre fondu# fit Nelly. ;n dirait +uele temps s'est adouci....

/ u dis des b,tises. (i tu !tais sortie# tu ne

parlerais pas ainsi# r!pli+ua son frère. antmieux d'ailleurs +ue le froid continue@/ ;ui# nous pourrons aller patiner

demain C# dit (ylvain radieux.

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:e reste de la soir!e se passa sans autreincident fIcheux. 9omme *me *erlin n'!taitguère rassur!e# seule dans la cuisine# les enfants#

pour la distraire# lui proposèrent de venir ouer auxcartes avec eux.

*ais elle avait hIte de monter se coucher.=près avoir soigneusement v!rifi! la ferme/lui/cde toutes les issues de la maison# elle d!cr!ta "

B =u lit @ ?sp!rons +ue celle nuit seratran+uille. ?n tout cas moi# e ne me d!rangerai plus# m,me si *. ersonne vient cogner $ ma porte.

/ *oi non plus# dit %oger +ui bIillait $ sed!crocher les mIchoires. ;ui# allons dormir. Nelly

ne tient plus debout. C:es feux !teints et les bougies allum!es# onmonta $ l'!tage. =u bout d'une demi/heure# lamaisonn!e# !tait plong!e dans les t!nèbres et lesommeil.

(auf 9rac +ui estimait plus prudent de garder

d!sormais une oreille en alerte. ?t bien lui en prit#car cette bienheureuse oreille perFut soudain unl!ger bruit au re-/de/chauss!e. as du cGt! duheurtoir# non... ailleurs. :e chien se redressaimm!diatement# tous ses sens en !veil. l sauta dulit pour

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s'approcher de la porte ferm!e. oufou# lui#n'avait rien entendu.

;ui... +uel+ue chose d'anormal se passait en bas.... 9rac revint vers son maPtre en grognantdoucement. 11 gratta les couvertures de sa patte etcomme oufou ne bougeait touours pas# il bonditsur lui suivant une m!thode +ui !tait infaillible.

?t en effet# oufou ne tarda pas $ se mettre sur

son s!ant en maugr!ant avec indignation.B diot. Qu'est/ce +ui te prend0 Ne t'ai/e pas....iens# pour+uoi grognes/tu ainsi0 C

:e garFon fut imm!diatement sur ses gardes.Quel+u'un !tait peut/,tre sur le point d'actionner denouveau le heurtoir. 9rac avait dJ entendre

+uel+ue chose.... (a r!solution fut vite prise. ldescendrait tout doucement guetter *. ersonnederrière la porte pour le surprendre au bonmoment. Quand il se mettrait $ cogner# oufououvrirait tout grand le vantail....

l parla $ l'oreille de 9rac pour l'avertir +u'ils

allaient partir ensemble sur le sentier de la guerre.B &iens# 9rac. >e grands !v!nements se pr!parent. C

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CHAPITRE 1V

A%%en%$on0 To,9o, :

;U;U mit sa robe de chambre et bra+ua lerayon de sa torche !lectri+ue sur l'autre lit. %oger dormait $ poings ferm!s. allait/il l'!veiller0 Non.

l commencerait par descendre en !claireur. ('il yavait lieu# il pourrait touours remonter en vitessealerter son cousin.

9rac# l'oreille dress!e# le corps tendu#continuait $ faire entendre un l!ger grognement.

143



=ucun doute possible " il sentait une pr!sence!trangère.

:'excitation de oufou allait croissant. B9ette nuit# mon vieux 9rac# l'=venture est l$.9ourage@ C

(ur ces mots# le gamin et le chien sortirent encatimini de la chambre. oufou fermasoigneusement la porte derrière lui. (ilencieux# il

s'avanFa us+u'$ l'escalier. :$# il !teignit sa lampeet pr,ta l'oreille. l perFut de vagues bruits !touff!s+ui semblaient venir de la cuisine.

B Qui peut bien ,tre l$0... Notre bonhomme deneige0... out de m,me pas@ se dit/il. lutGt *.ersonne. =ttention# 9rac# soyons prudents@ C

serra la ceinture de sa robe de chambreautour de sa taille d'un air d!cid!. orche en main#il entreprit de descendre $ pas de loup# le chien sur ses talons.

:e bonhomme de neige.... (e pouvait/il +uecette statue bItie par (ylvain et %oger fJt devenue

vivante0 Qu'elle le guettIt dans un coin noir pour se venger d'avoir !t! laiss!e seule dans le froid dela nuit0... =bsurde@ 9ependant dans cette vieilledemeure envahie de t!nèbres# perdue au milieud'!tendues

14



glac!es hostiles# tout semblait possible.... Quesignifiaient ces rumeurs in+ui!tantes +ui

paraissaient sourdre de partout et de nulle part0oufou fut tent! de rebrousser chemin. l n'en

menait pas large. *ais il s'obligea $ continuer. =mesure +u'il s'approchait du re-/de/chauss!e# les

bruits se faisaient plus pr!cis# des bruits bi-arres+u'il ne parvenait# pas $ identifier. l !couta. as

d'erreur# ils venaient de la cuisine. l avanFa encoreun peu. l perFut alors des coups sourdsaccompagn!s de grognements# comme si l'ontraPnait ou portait des obets très lourds. Qu'est/ce+ui pouvait bien se passer0 l recommanda encoreune fois $ 9rac de ne pas aboyer# tandis +u'il

longeait le couloir desservant la cuisine. *me*erlin laissait touours la porte ouverte pendant lanuit. = pr!sent# elle !tait ferm!e.

oufou ris+ua un )il par le trou de la serrure.>e l'autre cGt!# il faisait asse- noir. ;n ne percevait+u'une vague lueur. robablement +uel+ue lampe

portative !clairant le travail des intrus. *ais# legarFon entendit +uel+u'un donner un ordre $ voix basse# puis# un choc.... 9ela semblait venir du fondde la

14



pièce. oufou essaya de se rem!morer !adisposition des lieux. :'office0 Non. :e placard oK*ariette serrait sa vaisselle et ses casseroles0 Non

plus.... :a cave@ ;ui# la cave. 9'!tait bien Fa. lexistait# effectivement# une porte $ cet endroit/l$.(ylvain et lui l'avaient remar+u!e# sans r!ussir $l'ouvrir. ?lle !tait ferm!e $ clef.

B as moyen de descendre# avait dit *me

*erlin $ (ylvain. Ee suppose +ue votre grand/mèrea emport! la clef. Ee ne sais pas pour+uoi d'ailleurs.:'!t! dernier# on se servait constamment de cettecave. ;n y mettait les provisions au frais. ?h hiver#!videmment# e n'en ai pas besoin. C

oufou comprit soudain +ue c'!taient les gens

en train de s'affairer l$/dedans +ui avaient vol!cette clef. :'oreille coll!e contre le panneau# legarFon crJt entendre +uel+u'un descendrel'escalier. Qu'est/ce +u'il pouvait y avoir de

pr!cieux dans cette cave capable de tenter cesvoleurs0 ?n tout cas# ils choisissaient drGlement

leur moment. =vec la route enneig!e et verglac!e# amais un camion ne pourrait passer@*algr! les recommandations de son maPtre#

9rac recommenFait $ gronder sourdement.

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Silencieux il avan!a "usqu#$ l#escalier .

145



=larm!# oufou emprisonna promptement lagueule du chien dans sa main pour le faire taire.uis# il se dit +u'il !tait inutile de rester l$.our+uoi ne pas sortir par la petite porte du ardinet aller surveiller ces bandits $ travers la fen,tre dela cuisine0

B &iens par ici C# chuchota/t/il $ 9rac.%ebroussant chemin# ils passèrent devant la porte

b!ante du salon. = la lueur de +uel+ues tisons prèsde s'!teindre dans Itre# les yeux de verre de la t,ted'ours brillaient dangereusement. 9rac# +ui les vit#eut un brus+ue mouvement de recul et se remit $grogner.

B ais attention# idiot# tu as failli me faire

tomber@ 9'est cette descente de lit +ui te fait peur0u n'es +u'un grand poltron@ C*ais $ part lui# oufou se dit +u'en effet# dans

la p!nombre# cette peau de b,te avait pres+ue l'air vivante et pr,te $ vous sauter dessus. ?t cela luiinspira une id!e +u'il trouva g!niale.

l allait se camoufler dans cette fourrure pour !pier les brigands. (i ceux/ci le d!couvraient# ilsne verraient +u'une !norme gueule de b,te f!rocese disposant $ les d!vorer. Quelle frayeur ilsauraient@ oufou avait envie de rire $ la pens!e dela pani+ue +u'il

14<





derrière. ?t il balanFait le chef d'une faFon tout$ fait impressionnante.

:e seul ennui !tait le poids de cette peau. ?ntitubant l!gèrement# oufou gagna la porte donnantsur le ardin# suivi d'un 9rac guère rassur!# +ui# la+ueue entre les ambes# fixait sur son maPtre unregard perplexe. Qu'est/ce +ue cela signifiait0 :echien se tenait sur ses gardes# pr,t $ bondir si cet

affreux ours faisait mine de vouloir mordre ougriffer oufou.9elui/ci eut du mal $ d!verrouiller l'huis.

158



l sortit finalement dans la nuit froide pour faire le tour de la maison. :a neige# entass!e lelong des murs# lui rendait la marche difficile. 9racavanFait encore plus p!niblement. = mesure +u'ilsapprochaient de leur but# le chien recommenFa $grogner. (on maPtre dut lui donner une calotte pour le faire taire. >ehors# dans le voisinage de la portede la cuisine +ui !tait ouverte# oufou aperFut#

avec surprise# un entassement de caisses. ?lles paraissaient lourdes.Qu'est/ce +ue cela signifiait0 9es hommes

sortaient ou rentraient ces marchandises0 diot# sedit oufou. ls les enlèvent# naturellement@ &oil$

pour+uoi la cave !tait ferm!e. 9ette maison isol!e

et inhabit!e la plupart du temps servait d'entrepGt $+uel+ue trafic illicite.oufou se glissa silencieusement vers la

fen,tre par la+uelle *ariette avait vu le bonhommede neige ambulant.

Une torche !lectri+ue# pos!e sur une table#

!clairait l'entr!e de la cave.9rac# +ui se tenait près de son maPtre# voulaitvoir lui aussi. l se dressa sur ses pattes de derrière

pour regarder dans la pièce. >ocilement# il seretenait d'aboyer bien +ue

151



cela lui coJtIt un gros effort. l faillit s'!touffer d'indignation $ la vue d'un homme surgissant dusous/sol. l marchait $ reculons et paraissait aider +uel+u'un d'autre# hors de vue encore# $ porter unfardeau extr,mement lourd.

nt!ress! au plus haut point# oufou !piait cemanège. &oil$ +u'une caisse# semblable $ cellesentass!es dehors# !tait hiss!e $ son tour. arbleu@

=vec un tel stocW# pas !tonnant +ue la porte de lacave fJt si bien ferm!e.:es deux hommes se trouvaient $ pr!sent au

milieu de la cuisine.B ose/la un instant# T!gène# dit l'un des

hommes tout essouffl!. Ee n'en peux plus. C

9elui +ui avait parl! !tait un individu asse-corpulent# pour autant +ue la p!nombre +ui r!gnaitdans la pièce permPt d'en uger. oufou ne pouvait&oir son visage rest! dans l'obscurit!.

Euste $ ce moment# l'endurance de 9rac arriva$ son terme. B [ouff C fit/il# incapable de se

maPtriser plus longtemps. >ans le silence sonaboiement# bien +u'!touff!# r!sonna comme uncoup de trompette. :es hommes se retournèrent

brus+uement. :'un d'eux se

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saisit de la torche et dirigea ses rayons du cGt!de la fen,tre. l man+ua la laisser tomber desaisissement. Une t,te d'ours se balanFait l$/bas etle regardait d'un )il fixe +ui flamboyait. VA $ cGt!#

plus bus# se tenait une sorte de dragon chinois# très poilu# dont les yeux scintillaient aussim!chamment.

B %egarde@ ;n dirait un ours@ *is!ricorde@

/ Ne dis pas de b,tises# il n'y a pas decir+ue ambulant dans la r!gion $ cette !po+uede l'ann!e@ C s'!cria l'homme +ui s'appelaitT!gène.&oyant +u'il !tait d!couvert# oufou voulut

prendre la poudre d'escampette.

B &ite# 9rac# filons# il faut alerter (ylvain. C*ais dans sa hIte# il tr!bucha un peu plus loincontre un vieil arrosoir oubli! sous la neige ets'!tala de tout son long.

%emuant sous sa peau d'ours# +ui le recouvraitentièrement# le gamin paraissait transform! en un

animal vivant. :e pauvre 9rac se demanda avecterreur si le tapis n'avait pas d!vor! son maPtre.=vant d'avoir eu le temps de se relever# oufou

sentit +ue les deux hommes !taient $ ses trousses.?n effet# ils tournaient le coin de la maison $+uel+ues mètres de lui en

153



s'!clairant de leurs lampes de poche. :'und'eux dut sortir son revolver# car oufou entenditson complice lui dire "

B as de blagues@ Ne tire pas. Un coup de feur!veillerait toute la maison. >'ailleurs cet ours mefait l'effet de n',tre +u'une vieille descente de lit.=pprochons. l ne doit pas y avoir grand danger. C

oufou frein il t/n entendant ces mots. l !tait $

la fois terroris! et horriblement vex!. 9es gredinsne se laissaient pas intimider facilement@ ?t ils nesemblaient pas avoir froid aux yeux. 9omment leur !chapper0 :e gamin voulut se mettre debout pour essayer de se sauver# mais un faux mouvement fitglisser la peau d'ours de ses !paules.

:es deux bandits virent imm!diatement $ +uiils avaient affaire. 9e n'!tait +u'un gosse@ Unmorveux +ui avait voulu se mo+uer d'eux. l allaitvoir de +uel bois ils se chauffaient@ ?n deuxenamb!es# ils furent sur oufou

B =llons# ousteM lève/toi@ Qu'est/ce +ue tu fais

ici et +ue signifie cette mascarade0 C*algr! sa frayeur# oufou ne perdait pas lenord. l !tait indign!.

B &ous ne man+ue- pas de toupet# vous@s'exclama/t/il. 9'est $ vous +u'il faut

15



demander ce +ue vous fabri+ue- dans notrecave au milieu de la nuit@

H Un bon conseil# microbe. Ne fais pas le bravache@ l pourrait l'on cuire@ dit l'un des forbansavec brutalit!. (uis/nous# ton chien aussi. ?t e te

pr!viens +ue si cette sale b,te ne se tient pastran+uille# e l'assomme d'un coup de pied. C

9rac# en effet# montrait des crocs menaFants#

n'attendant +u'un mot de oufou pour passer $l'atta+ue.B Non# non# e vous en supplie# dit oufou

affol! devant les !normes bottes de l'odieux personnage. 9rac est très gentil# il ne faut pas luifaire de mal. C

ouss! par les deux hommes# le garFon seretrouva bientGt dans la cuisine# $ la fois furieux#humili! et angoiss!. *ais tout de m,me asse-content d',tre de nouveau au chaud. >ehors# ilgelait $ pierre fendre.

15



CHAPITRE 1VI

A !a ca#e

oufou s'approcha de la cuisinière encore E/tiède# pour r!chauffer ses membres transis. (on

c)ur battait la chamade. =fin de se donner ducourage et montrer son d!dain# il se mit $ siffloter d'un air d!gag!# mais il s'arr,ta aussitGt. :e nomm!T!gène ricanait. l lui demanda si ce drGle de

p!piement de moineau !tait une s!r!nade en leur honneur.

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.?nsuite# les deux hommes se mirent $ parler $voix basse. oufou n'en menait pas large. 9es

bandits !taient# sans aucun doute# en train dediscuter le sort +u'ils lui r!servaient. Qu'est/ce +uil'attendait0 %ien de bon pour sJr@ :e plus sage !taitd'essayer de s'enfuir. l mesura de l')il la distance+ui le s!parait de la porte donnant sur le couloir.?lle !tait ferm!e mais la clef !tait dans la serrure.

=vec un peu d'adresse# il arriverait peut/,tre $ latourner asse- vite pour d!camper $ toute vapeur.l se d!cida brus+uement. ?n deux bonds# il se

trouva près de la porte. *ais il n'eut pas le tempsde saisir la clef. lus rapides +ue l'!clair# les deuxlascars !taient d!$ sur lui et l'empoignaient

solidement. 9rac# complètement d!chaPn!# se etasur l'un des chenapans avec l'intention d'entamer ses mollets. out ce +u'il put d!guster# ce fut une

petite bouch!e de caoutchouc synth!ti+ue.:'homme portait des bottes +ui lui arrivaient auxgenoux. ?n revanche# le pauvre chien reFut un

coup de pied magistral +ui l'envoya rouler au loin.oufou voulut se mettre $ hurler pour appeler au secours. Une grosse main brutale

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le bIillonna aussitGt. :e gamin continuaitn!anmoins $ gigoter comme un beau diable. =lors#

perdant patience# les hommes tenant# l'un oufou#l'autre 9rac# les pr!cipitèrent/dans l'escalier de lacave. ous deux arrivèrent en bas la t,te la

première.oufou# $ moiti! assomm!# entendit la porte se

rabattre sur .lui et la clef tourner dans la serrure. l

!tait prisonnier.B Xut@ grogna/t/il +uand il eut repris sesesprits. *e voil$ enferm!# maintenant 9'est b,tede m',tre laiss! surprendre. endant +ue e seraicla+uemur! ici# ces deux bandits vont emporter leurs caisses.... *ais comment vont/ils s'y

prendre0Cendant +u'il se faisait ces r!flexions# oufoutItonnait autour de lui. l rencontra +uel+ue chose+ui semblait ,tre une vieille caisse. O s'assit. 9racvint se blottir tout contre son maPtre. :e pauvre'chien# plutGt d!prim! après les coups reFus# roulait

de tristes pens!es. our+uoi oufou !tait/il venu sefourrer dans ce gu,pier0 :ear lit douillet !tait beaucoup plus plaisant +ue cet endroitinconfortable. l est bon de se mesurer avecl'ennemi# mais seulement +uand on est sJr d'avoir le dessus. :'!pagneul fit entendre un g!missement.

15<



our le consoler# oufou lui caressa sa t,tesoyeuse. 9'!tait magnanime de sa part car# sommetoute# sans 9rac# il n'aurait pas !t! en si triste

posture.B Ee t'avais tellement recommand! de rester

coi. (i tu n'avais pas aboy!# nous n'aurions pas !t! pris. =h@ e t'aime bien# mon pauvre vieux# mais parfois tu es vraiment p!nible. :'oncle %ichard n'a

pas tellement tort.... Cout en massant ses contusions# oufou pr,taitl'oreille. l n'entendait plus aucun bruit. :a cave!tait profonde et une porte massive le s!parait desdeux malfaiteurs.

our passer le temps# il se mit $ faire un

discours $ 9rac.B Nous voil$ bien@ l va sans doute falloir passer la nuit ici. ourvu +ue demain matin *me*erlin nous entende et puisse nous lib!rer. E'ai malfait de ne pas avoir appel! %oger avant dedescendre. = deux# les choses se seraient pass!es

autrement. >ire +ue lui dort comme un ange dansson bon petit lit tandis +ue nous grelottons au fondde ce trou@ C

:a d!veine de oufou n'!tait# toutefois# pasabsolue. (oudain# il s'aperFut +ue sa lampe!lectri+ue !tait rest!e dans la poche de son pyama.

l croyait l'avoir perdue dans

157



la bagarre. l promena le rayon lumineux de satorche autour de lui. >errière un cloisonnage $claire/voie cadenass!# des casiers $ bouteilles $moiti! vides s'!tageaient. =illeurs# il y avait des

planches garnies de boPtes de conserve aux!ti+uettes bariol!es " sardines# poulet en gel!e#haricots verts# petits pois# ananas# confitured'abricots.... :a bouche de oufou se remplissait de

salive. Quelle tristesse de ne pas avoir un ouvre/ boPte sous la main@oufou cla+uait des dents. (es pieds n'!taient

plus +ue deux blocs de glace. N'y aurait/il pas+uel+ue part une vieille couverture oubli!e0 ?ncompagnie de 9rac# il se livra# grIce $ sa lampe

!lectri+ue# $ un examen minutieux du souterrain.inalement# il d!couvrit# roul! dans un coin#un vieux matelas poussi!reux. l l'!tendit sur le solet s'y' installa de son mieux. =vec 9rac commechaufferette# il finit par s'endormir malgr! le froid.

endant +ue se d!roulaient ces !v!nements

sensationnels# en haut tout le monde !tait plong!dans un paisible sommeil.:e r!veille/matin de *me *erlin sonna $

l'heure habituelle.

1<8





H Non# pour+uoi0 H l a disparu ainsi +ue 9rac. ourtant ses

affaires sont l$. H Ee parie +u'il est descendu de bonne

heure demander une petite avance sur son d!euner $ *me *erlin C# r!pondit (ylvain.

%oger trouva l'explication très plausible. lrevint donc tran+uillement che- lui pour faire sa

toilette. Nelly passa en coup de vent et lui cria "B Ee vais aider *me *erlin pour le d!euner.

>!p,che/toi. E'ai faim. Ceu après# les garFons se retrouvèrent dans le

vestibule oK *me *erlin et Nelly finissaient

d'!pousseter.B Lonour# *ariette# dit (ylvain. E'espère +uele bonhomme de neige ne vous a pas d!rang!ecette nuit0

/ ('il est venu# e ne l'ai pas entendu# r!ponditla brave dame. uis+ue vous ,tes l$# voule-/vous

mettre la table0 Ee vais vous servir tout de suite. »?lle sortit dans le ardin et revint pres+ue

aussitGt.B =h@ non# il passe la mesure# ce chien de

malheur. E'!tais all!e secouer mon chiffon et +u'est/ce +ue 'aperFois !tal!e l$# devant mes

1<2





;n frappait $ la porte de la cave.... ?t la voixde oufou !touff!e et lointaine semblait implorer de l'aide. ;n entendait aussi les aboiements de9rac.

B est dans la cave. *ais +u'est/ce +u'ilfabri+ue l$/dedans0 s'!cria *me *erlin soulag!e.

/ Da# c'est le bou+uet@ s'exclama (ylvain. Quil'a enferm! en bas0 C courut pour lui ouvrir mais

la clef n'!tait pas dans la serrure.B oufou# oufou@ Qu'est/ce +ui t'arrive0 ;Kas/tu mis la clef0 C

(ylvain secouait en vain la poign!e.B 9e sont les bandits +ui l'ont emport!e@ C =

travers l'!pais panneau de ch,ne# la voix de oufou

!clata# voil!e mais furieuse. B E'aurais dJ m'endouter@ ?ssaie de trouver une autre clef ou bienfracture la serrure# e t'en prie# (ylvain. ais vite@ »

out le monde se regardait abasourdi. ls!taient tellement saisis +ue personne ne songeait $lib!rer oufou. >e +uels bandits s'agissait/il0

Qu'est/ce +ue c'!tait +ue cette histoireabracadabrante0 l ne s'!tait rien pass! d'alarmant pendant la nuit@ ;n se perdait en conectures....

1<



endant ce temps# derrière sa porte# oufoucontinuait $ temp,ter.

B =llons# remue-/vous# les garFons# cria Nelly. l faut essayer les clefs de la cuisine et duvestibule. uis les autres si celles/ci ne vont pas.9he- nous# $ la maison# elles sont pres+ue toutesinterchangeables. >!p,chons/nous. 9e malheureuxgosse doit ,tre $ moiti! gel!. C

=près +uel+ues essais infructueux# on finit par en d!couvrir une +ui# G miracle@ oua dans laserrure. :e lourd battant s'ouvrit...

?t le pauvre oufou en sortit# bleu de froid#cla+uant des dents# suivi de 9rac dont les aboisn'avaient rien perdu de leur vigueur.

1<



CHAPITRE 1VII

Les *39!e;$ons de S"!#a$n

:= &U? de oufou grelottant dans son pyama suscita la piti! g!n!rale. 9hacun voulait lui porter secours et tout le monde parlait en m,me

temps. Nelly le poussa près du feu.B *on >ieu# ce +ue 'ai pu ,tre frigorifi! danscette maudite cave@ expli+ua/t/il. (ans 9rac +ui nietenait un peu chaud# e serais mort de froid.

1<4





>ès +ue oufou fut habill!# les enfants prirentfinalement place $ la table du petit d!euner. 9hacuncommentait les faits avec animation. (ylvain !tait le

plus soucieux. l finit par dire "B Ee suppose +ue tous ces incidents sont reli!s

entre eux. *ais comment0/ ;ui# r!pli+ua %oger. u as raison.

outefois# e ne vois pas de rapport entre ce*. ersonne +ui oue du heurtoir et notre

bonhomme de neige transform! en globe/trotter.

/ Ee pense +ue 'ai trouv!@ s'!cria (ylvain# aprèsun silence. ;ui. Ee commence $ entrevoir la v!rit!....

H >is vite# le pressa %oger./ :aisse-/moi r!fl!chir +uel+ues minutes

tran+uillement C# r!pondit (ylvain.endant ce temps# oufou en !tait $ sa

+uatrième tasse de chocolat bouillant. Quant aunombre de tartines de miel# impossible de lescompter. Lien lest!# il tournait sa m!saventure $ sonavantage# très fier de lui et un tantinet enclin $ semonter en !pingle. 9ela agaFait un peu %oger +uilui dit "

B u as l'air de te prendre pour le premier moutardier du pape# toi. =u fond tu n'es pas

1<<



tellement astucieux. 9'!tait idiot de vouloir lutter tout seul contre ces hommes. u aurais dJnous appeler# (ylvain et moi# dès +ue tu as entendudu bruit. ?nsemble# nous serions peut/,tre arriv!s $un r!sultat plus heureux. Qui sait0 ;n aurait m,me

pu r!ussir $ enfermer ces bandits dans la cave $ ta place.... N'est/ce pas# (ylvain0 C

9e dernier# plong! dans ses m!ditations#

n'avait pas suivi le d!bat. nvit! $ se prononcer# ilne r!pondit pas directement et se borna $ penser tout haut "

B :a d!cision de venir passer +uel+ues oursici pendant les vacances d'hiver fut prise par mon

père $ l'improviste. ?n r!alit!# la maison ne devait

,tre rouverte +ue le printemps prochain. >'ici l$#elle !tait prati+uement d!serte. our des gensd!sireux de dissimuler de la contrebande ou desmarchandises vol!es# +uelle meilleure cachette +uenotre cave0 ls arrivent avec un camion#d!chargent les caisses# les enferment dans le sous/

sol et puis s'en vont en attendant d'en disposer $leur gr!. Ni vu ni connu. :'endroit est solitaire. asd'yeux indiscrets pour surprendre leur trafic.

H ?xactement# enchaPna Nelly.

1<7



ls ne pouvaient mieux choisir. *ais voil$ +uenous arrivons et bouleversons tous leurs plans. ls ontdJ en faire une t,te en nous voyant install!s ici@

/ Ee ne vois touours pas pour+uoi *.ersonne a !prouv! le besoin de faire tout ce raffutavec le heurtoir# intervint oufou. Ni pour+uoi notre

bonhomme de neige est all! se d!gourdir les ambesdevant la fen,tre de *me *erlin. ?lle n'a pourtant

pas r,v!0

/ Non# certainement pas. Ee pense +uetoutes ces manifestations n'!taient l$ +ue pour nous !pouvanter et nous faire vider les lieux# r!pondit(ylvain. 9es fripouilles voulaient sans douter!cup!rer leur bien. Nous les g,nions beaucoup.

/ on raisonnement est parfait@ s'!cria

oufou# plein d'admiration pour la perspicacit! deson ami. Ee# comprends $ pr!sent. *. ersonne!tait l'un des deux hommes +ue 'ai vus. l devaitconnaPtre l'ancienne l!gende et s'en est servi pour nous faire peur. l doit ,tre du pays. l a bien faillir!ussir.

/ ;ui# aouta Nelly. *me *erlin n'aurait pasdemand! mieux +ue de s'en aller. ?t# si le t!l!phoneavait fonctionn!# sans doute le père de (ylvain serait/il venu nous chercher.

178



H Euge- de l'ennui de ces individus ennous voyant nous amuser comme des bienheureux#n'ayant pas l'air de nous soucier de leursmenaces# dit (ylvain. =lors# pour nous obliger $ d!camper# ils ont encore invent!l'apparition de l'homme de neige. =yantd!moli notre *. de la roidure# l'un des hommes#envelopp! probablement d'un drap blanc et

affubl! du vieux gibus# s'est montr! $ la fen,trede la cuisine. ?t comme ce stratagème nedonnait touours pas de r!sultat# ils ont d!cid!de d!m!nager leurs caisses pour les mettre dansun endroit plus sJr. :'arriv!e de oufou a dJ

oliment les d!ranger.

/ *alheureusement pas au point de lesemp,cher d'atteindre leur but# fit remar+uer %oger.:es marchandises se sont bel et bien envol!es.... ?t>ieu sait oK....

H 9'est ustement ce +ue nous devrionsessayer de d!couvrir# r!pli+ua (ylvain. l

s'agit l$ d'une affaire +ui peut ,tre extr,mements!rieuse. (i seulement e pouvais t!l!phoner $ mon père@ Qui sait +uand la ligne serar!tablie@

171



/ (ans doute bientGt# dit Nelly. 9ar ced!rangement ne doit pas ,tre l')uvre de cesmalandrins. ls avaient bien trop envie de nous voir les talons@ = l'heure +u'il est# la compagnie doitsavoir +ue notre ligne ne fonctionne pas. ?lleeffectuera rapidement la r!paration. *ais enattendant# +u'as/tu l'intention de faire# (ylvain0

- >'abord# il faut suivre ces hommes $ la piste.

(ur la neige# il sera facile de retrouver leurs traces./ >ans ce cas# dit %oger# nous n'avons+u'$ nous d!p,cher. %egarde- le ciel@ >enouvelles chutes de neige sont proches. l y a d!$des flocons de neige +ui voltigent dans l'air.LientGt# ils vont tout recouvrir.

/ Quel+ue chose me rend encore perplexe#aouta oufou. 9omment diable *. ersonne s'estarrang! pour venir us+u'$ la porte sansrebrousser chemin0 C

:a +uestion de oufou resta sans r!ponse.(ylvain et %oger s'!taient d!$ pr!cipit!s en +u,te

de leurs manteaux. ls voulaient partir imm!diatement reconnaPtre le chemin pris par lesastucieux individus et leurs lourdes caisses.

172



%&'(IT)E *+III

S,* !a &$s%e

N?::V ne suivit pas les garFonsimm!diatement. ?lle alla retrouver *me *erlin etla mit au courant des d!ductions +u'ilsvenaient de faire. 9ette dernière ouvrit de grandsyeux en s!criant "

B Quelle histoire# mes aReux @ Ee savais bien#moi# +ue nous !tions en grand danger. 9'estmalheureux de ne pouvoir d!m!nager sur/le/

champ @

173



ran+uillise-/vous# madame# r!pli+ua Nelly. (i (ylvain a vu uste# nos ennuis sont finis.lus la peine de vous promener avec votrerouleau $ pItisserie dans la main. » *me *erlin le

brandit d'un air f!roce. B lus souvent# +ue e vaism'en d!munir dans ce pays de sauvages@ »

Nelly se mit à rire et sortit pour reoindre les

autres +u'elle trouva près de l'igloo. ls avaientd!couvert +ue le bonhomme de neige avait# eneffet# !t! d!truit. l ne restait de lui +ue +uel+ues

petits tas de neige informes $ cGt! de ses deux pieds.

:a hutte avait !t! passablement malmen!e. (a

paroi de derrière !tait enfonc!e. eut/,tre par m!garde# peut/,tre intentionnellement par leguetteur +ui s'y !tait abrit!.

B ?t nous avons appris# grIce $ moi d'ailleurs#comment *. ersonne s'y est pris pour revenir enarrière sans laisser de traces. C

oufou# fier de sa subtilit!# lui# +ue %oger avaitd!clar! ,tre sans astuce# se mit $ avancer puis $reculer dans ses propres pas. l se pavanait ainsidans une sorte de danse bi-arre +ui fit !clater derire Nelly. 9elle/ci se sentait très soulag!e. oufouavait trouv!

17



une explication naturelle $ un ph!nomène+ui lui avait donn! la chair de poule.

B Lon# dit %oger. 9e n'est pas tout# Fa. l neigede plus en plus et nous aurons de la peine $ relever les traces de ces crapules si nous ne nousd!p,chons pas. =llons/y imm!diatement etemmenons nos luges. Nous en profiterons pour nous amuser un peu chemin faisant. C

*ais les luges n'!taient plus $ l'endroit oK ilsles avaient laiss!es la veille.

B (apristi@ s'!cria (ylvain. Qui les a prises0/ T!gène naturellement# d!clara oufou +ui

se sentait de plus en plus intelligent. ?t

e sais pour+uoi. l s'en est servi avec soncomplice pour charrier les fameuses caisses. Coufou avait raison. :es enfants n'eurent

aucune peine $ relever les traces des patins de leursluges profond!ment enfonc!es dans la neige# signe+ue celles/ci devaient ,tre lourdement charg!es. 9e

moyen de transport !tait très ing!nieux.B Oonneur soit rendu $ notre (herlocW Oolmes#s'!cria %oger d'un ton mi/plaisant mi/s!rieux. &a/t'en# 9rac. u effaces les empreintes +ue noussuivons. &a# va/t'en ouer avec &irginie. C

17



*ais &irginie n'avait aucune envie de s'amuser avec le chien. =ssise sur l'!paule de son maPtre#elle trouvait très drGle d'attraper au vol les floconsl!gers +ui tombaient autour d'elle. ?lle croyait +uec'!taient des fleurs et des papillons et ne

comprenait pas pour+uoi ils disparaissaient sitGtcueillis.ar un asse- grand d!tour# les traces des luges

conduisaient au hangar $ bateaux. :es enfantss'arr,tèrent $ +uel+ue distance. l !tait clair +ue lesdeux hommes se servaient# $ pr!sent# de cet endroit

pour y cacher leur butin.

174



B ls auraient tout de m,me pu se douter +ue

les mar+ues des luges les trahiraient# observa%oger.

H :a m!t!o a probablement annonc! degrosses chutes de neige. ls se sont dit +ue leur

piste serait bien vite effac!e# fit (ylvain. =vanFons prudemment. 9es malfaiteurs sont peut/,tre cach!sdans la cabane. C

ls progressèrent en silence. 9rac avait !t! pri!de se tenir tran+uille et de ne pas aboyer.

:es empreintes faites par les luges s'arr,taient uste devant l'entr!e de la hutte.

B ;n a bien l'impression +ue les caisses ont !t!d!charg!es ici# dit (ylvain $ voix basse. *ais oKont/ils mis les luges0 C

:')il perFant de oufou ne tarda pas $ lesd!couvrir. = +uel+ue distance# pres+uecomplètement enfoui dans la neige# on apercevait

+uel+ue chose de clair. :es enfants s'enapprochèrent et furent heureux de constater +u'ils'agissait en effet de leur bien. = part +uel+ues!raflures# les luges n'avaient aucun mal.

B Qu'est/ce +ue nous allons faire $ pr!sent0demanda oufou. nspecter le hangar0

175



u n'y penses pas@ ('ils sont dedans# ils noustueront@ s'!cria Nelly.

H ls ne s'y trouvent sJrement pas# r!tor+uaoufou# sinon# ils se seraient d!$ manifest!s.

/ ?n tout cas# nous pouvons touours aller eter un coup d')il par la fen,tre au carreau cass! C# dit%oger.

*ais le temps !tait si sombre +ue l'int!rieur de

la cabane !tait plong! dans les t!nèbres. ;n nedistinguait pas m,me la vague silhouette des bateaux. >e plus# (ylvain avait oubli! sa torche!lectri+ue. l emprunta celle de oufou mais lamaigre lumière +u'il promena l$/dedans ne lui fitrien d!couvrir.

B Nos lascars ont dJ s'en aller# dit/il. ls sefigurent sans doute +ue nous n'aurions pas l'id!e devenir fouiner us+u'ici. 9ependant e parie tout ce+ue vous voudre- +ue les marchandises sont l$.robablement dans les canots ou sous des bIches.?ntrons voir. Nous en avons le droit. Nous sommes

che- nous. C

17<



CHAPITRE 1I1

Une a)8*e d3ce&%$on

&;V=N son maPtre pr,t $ entrer dans lehangar# &irginie se hIta de prendre les devants.?lle bondit $ l'int!rieur et se mit en devoir defureter dans tous les coins avec le plus grandint!r,t.

(ylvain commenFa par enlever les morceaux

de vitre +ui restaient accroch!s au cadre de la

177



fen,tre afin +ue les enfants ne puissent pas se blesser.

oufou piaffait d'impatience. l trouvait tant de pr!cautions inutiles.

B =llons# d!p,che/toi# (ylvain@ Nos grossesmoufles et nos bottes nous prot!geront bien asse-.C

('aidant les uns les autres# ils p!n!trèrent dansle hangar. 9rac ne fut pas oubli!. oufou +ui !tait

rest! le dernier le passa $ %oger.= eux +uatre# ils disposaient de deux torchesavec les+uelles ils se mirent $ explorer le local +uisentait le moisi et l$ vase. >es cordes# des bidons $

p!trole# des boPtes de peinture $ moiti! videstraPnaient par/ci# par/l$. :es bateaux# eux# !taient

pris dans la glace. :es enfants se mirent $ regarder sous les bIches et les toiles $ voiles.B Ee n'ai pas l'impression +ue les marchandises

sont ici C# dit Nelly +ui commenFait $ en avoir asse- de fouiller sans r!sultat dans ce hangar sinistre et glac!.

B Ee me suis donc tromp!# r!pondit (ylvain un peu interdit et d!pit!. oufou a parl! de plusieurscaisses. &raiment# elles ne peuvent ,tre cach!esdans cet endroit. Nous avons regard! partout. C

?n v!rit!# cet !chec !tait une belle d!ception pour les enfants +ui venaient de se donner tant de

mal inutilement.

288



B ?st/ce +ue# par hasard# elles ne pourraient pas ,tre enfouies +uel+ue part# dehors# sous laneige0 demanda Nelly.

H Da se pourrait bien# r!pondit (ylvain. >ansce cas# elles doivent former des monticules faciles$ rep!rer. C

ls ressortirent donc pour explorer les environs.9rac furetait de tous cGt!s/ ne saisissait pas ce+ue les enfants cherchaient. l esp!rait# n!anmoins#+u'il s'agissait de +uel+ue chose de mangeable.&irginie# elle# surveillait les travaux# recro+uevill!esur l'!paule de (ylvain. ?lle aurait pr!f!r! rentrer $

la maison oK un bon feu devait p!tiller dans l'Itre.9e n'!tait pas le moment de rester dehors aveccette neige +ui tombait# tombait.... ?lle avait fini

par comprendre +ue les olis papillons n'!taientrien d'autre +ue la molle matière blanche et glac!e+ui recouvrait le sol. 9ela ne l'amusait plus.

:ors+ue oufou parla d'aller d!euner# onn'avait pas encore aperFu l'ombre de ces satan!escaisses# Quelle triste matin!e@ 9'!tait malheureuxd'avoir perdu tant d'heures pour rienY >es heures+ui auraient pu ,tre plus

281



agr!ablement employ!es $ +uel+ue eu passionnant.

B ant pis# dit oufou. our rentrer# e vaiscouper par le lac et m'offrir au moins +uel+uesglissades.

H u ne pourras pas# r!tor+ua Nelly. :a neigeest tomb!e sur la glace. C

oufou y alla +uand m,me. l prit son !lan et

v---.... (a glissade se termina sur le fond de son pantalon. 9omme il se relevait# il sentit +uel+uechose sous sa main. l regarda. 9'!tait un pa+uet decigarettes pareil $ celui +ue (ylvain avait trouv!dans le hangar lors de la première visite.

B' est $ moiti! plein@ Y s'exclama/t/il. l

courut vers les autres pour leur montrer satrouvaille.B Quels gaspilleurs +ue ces deux lascars@ dit

Nelly. ;n voit# +u'ils font de bonnes affaires. C= la maison\ils furent accueillis par une *me

*erlin asse- in+uiète "

B &ous ,tes en retard. Ee commenFais $ medemander si vous ne vous !tie- pas !gar!s. ?t vous,tes tout blancs de neige@ =lle- vite Gter vosmanteaux. »

Un excellent bouillon r!chauffa les enfants.

282



endant ce temps &irginie grignotaitd!licatement une pomme. *ais +uand elle en eutrong! le trognon# elle songea +ue les p!pins

plairaient beaucoup $ son maPtre. Un $ un# elle leslanFa fort adroitement dans son assiette.

B u es Bne v!ritable petite peste. Ee medemande comment 'ai le courage de te supporterC#grogna (ylvain +ui rep,chait philosophi+uementles grains noirs dans son potage.

&irginie saisit gentiment (ylvain par loreille#y approcha son museau# et se mit $

283



chuchoter des tas de choses. (ylvain !coutaitgravement.

B 9'est bon# ma vieille# puis+ue tu medemandes pardon# e ne dirai plus rien. C

Nelly se mit $ rire. (ylvain !tait touours trèsamusant +uand il faisait semblant de comprendrece +ue &irginie lui racontait.

=près le repas# ils s'installèrent tous autour de

l'Itre. l !tait mpossible de sortir. :a neige tombaittouours. l faisait m,me tellement sombre +u'ilfallut allumer la lampe.

*me *erlin vint leur demander +uels !taientleurs proets pour l'après/midi.

B Nous ne savons pas. l faudra essayer de

trouver +uel+ue eu amusant# dit (ylvain. H = propos# demanda oufou. 9ommentfaites/vous pour le ravitaillement0 ar un temps

pareil# les fournisseurs ne viendront plus us+u'ici.?t il nous sera difficile de nous rendre au village.

H oi# +uand tu auras fini de te pr!occuper de

la nourriture @ » s'exclama Nelly.:e visage de *me *erlin s'!claira d'un bonsourire.

B =ucune crainte. E'ai fait d'amples provisions.?t e ne compte pas ce +ue nous avons d!couvert $la cave. :'office est pleine $ cra+uer.

28



roide comme elle est# rien ne peut se gIter. ln'y a +ue la +uestion du pain +ui est un peu

ennuyeuse. l commence $ ,tre bien rassis. *ais esuis en train d'en pr!parer une fourn!e. &ous aure-

bientGt des miches toutes fraPches.- ?xcellente id!e# dit oufou. &oule-/vous +ue

e vienne vous aider0 H Non# non# merci# s'empressa de r!pondre

*me *erlin. Ee ne tiens pas $ ce +ue tu tripotesma pIte. ?t e te vois venir. u voudrais bien aller fourrer ton ne- dans l'office. ous les pr!textes tesont bons pour faire une exp!dition par l$....

/ *ais comment ferons/nous si la neige

continue $ tomber pendant des ours et des ours0demanda %oger./ Ee n'en sais trop rien# r!pondit (ylvain. (i

seulement on pouvait donner un coup de fil@ ?nattendant# e ne vois rien d'autre $ faire +ue

patienter. Un our ou l'autre# mon père estimera

+u'il est temps +ue nous rentrions. =lors# iltrouvera sJrement un moyen de transport pour nous remmener.

/ Nous aurions besoin d'un grand traPneauet de +uel+ues chiens es+uimaux pour le tirer# dit

Nelly.

28



H ;ui# fit oufou. Un vaste traPneau avec desgrelots# drrling# drrling# drrling.... C

=u m,me instant# comme pour lui faire !cho#une sonnerie aigrelette retentit dans le vestibule.(ylvain sauta de oie sur ses pieds en poussant ungrand cri de oie. B :e t!l!phone@ :e t!l!phone@

/ Ourrah@ :a ligne marche de nouveau@s'exclama Nelly de son cGt!.

/ Nous allons enfin pouvoir raconter nosmisères », dit %oger.9'!tait le père de (ylvain +ui appelait# in+uiet

d',tre sans nouvelles.B Nous allons très bien# papa# seulement

voil$.... >e drGles de choses se passent ici... oui#

très !tranges.... Quoi# tu ne comprends pas0... Eesuis embarrass!. ?coute# voici ce +ui est arriv!.... C?t (ylvain s'embar+ua dans une longue

description des p!rip!ties +ue le manoir venait devivre avec tant d'!motion.

284



CHAPITRE 11

Le %3!3&'one

>]( +u'elle entendit le t!l!phone# *me *erlinarriva pr!cipitamment# toute r!ouie elle aussi.9omme c'!tait rassurant d'entendre de nouveaucette sonnerie familière. ?lle se oignit au groupe+ui !coutait (ylvain raconter leurs vicissitudes. *.:ambert paraissait ahuri. :e timbre de sa voixr!sonnait si clairement dans l'!couteur +u'il !taitfacile de suivre la conversation. outes ceshistoires de coups dans la nuit# d'inconnus

d!m!nageant la cave# de caisses disparues#

285



semblaient très alarmantes $ *. :ambert. l voulaitvenir imm!diatement.

B ;ui# r!pondit (ylvain. (i tu pouvais nousreoindre le plus tGt possible# Fa me ferait plaisir.*ais comment vas/tu faire0 =vec la neige +ui esten train de tomber# les routes ne seront pas

praticables. TrIce $ >ieu# le t!l!phone remarche. H Oeureusement# reprit son père. a

grand/mère se faisait beaucoup de soucis. = tel point +u'elle parlait de chausser mes vieuxsWis pour aller voir ce +ue tu devenais.

H 9ette bonne grand/maman @ dit (ylvain!mu. Ee n'aurais pas !t! autrement !tonn! de la voir arriver en attelage de rennes@

H ?n tout cas# tu peux ,tre sJr +ue e vaisvenir le plus rapidement possible# reprit *.:ambert. Ee trouverai bien un moyen autre

puis+ue la route est enneig!e. = propos# ave-/voussuffisamment de r!serves0

H ;h@ oui# r!pondit (ylvain. Ne t'in+uiète

pas. >e ce cGt!/l$# tout va bien. 9'est l'affaire descaisses et de leur contenu +ui m'angoisse. >is# papa# est/ce +u'il ne faudrait pas +ue tu alertes la police0

28<



/ 9ertainement. Ee vais le faireimm!diatement. Ee te rappellerai plus tard pour tefaire savoir ce +u'ils ont dit. C

(ylvain posa le r!cepteur et eta en riant unregard $ ses camarades.

;uf@ Quel soulagement d',tre de nouveaureli!s avec le monde ext!rieur@ = pr!sent on

pouvait bien s'avouer +ue les derniers ours avaient

!t! un v!ritable cauchemar.B *on père a pris l'affaire en main# nousn'avons plus besoin de nous tracasser.

/ 9e n'est pas malheureux@ dit *me *erlin. Eesuis contente +ue *. :ambert soit au courant denos !preuves.

/ l n'y a plus de danger# madame *erlin# fitremar+uer la raisonnable Nelly. >or!navant# ceshommes nous laisseront en paix puis+u'ils ontr!cup!r! leurs marchandises.

/ 9'est vrai# aouta %oger. >'ailleurs# s'ils ont pu mettre leurs caisses en sJret!# ils ne sont sans

doute plus dans les parages. l ne devait pas fairetellement bon dans ce hangar $ bateaux./ ourtant# ils ne peuvent pas ,tre all!s bien

loin. :a neige est trop profonde# dit (ylvain+ui regardait par la fen,tre. ls sont probablementtapis dans +uel+ue cabane

287



d!serte. Ee me demande comment ilss'arrangent pour leur ravitaillement.

/ N'oublie- pas +ue la cave !tait remplie de boPtes de conserve. 9es voleurs n'avaient +u'$ seservir.

H Ee n'y avais pas song!# dit %oger. ?nattendant# nous ne savons pas encore comment ilssont entr!s dans la cuisine. *me *erlin barricade

cha+ue soir toutes les portes. ls n'ont donc pas puen ouvrir une de l'ext!rieur./ =llons tout de m,me eter un coup

d')il dans le secteur C# proposa oufou.*me *erlin# +ui se souvint $ temps +u'elle

devait enfourner son pain# se dirigea vers la cuisine

suivie des enfants.ls inspectèrent soigneusement la pièce etfinirent par d!couvrir +ue la fen,tre fermait mal. l!tait .facile de faire ouer le lo+uet de telle sorte+u'il parJt enclench!.

B ;ui# dit oufou. 9'est par ici +u'ils sont

venus. l nous faut r!parer ce verrouimm!diatement. =ve-/vous des clous et unmarteau0 C

se mit $ fureter un peu partout. (oudain# ils'exclama "

218



B ;h madame@ +uel beau garde/manger vousave- l$@ ?t comme il est bien pourvu@ %egarde-/

moi ce pIt!@ l est pour +uand0 H &eux/tu bien ne pas y toucher0 dit *me

*erlin en poussant le gamin de cGt!. ?t +ui t'a permis de prendre cette tartelette0 u es vraimentterrible. C

(ylvain levait les yeux sur les !tagèressup!rieures.

B E'espère +ue ces pirates ne sont pas venusmarauder par ici. C

*me *erlin monta sur une chaise pour examiner le rayon.

B Ee ne sais pas exactement ce +u'il y avait ici.E'ai vaguement aperFu# en arrivant# des boPtes etdes flacons mais e n'y ai pas touch!. =h.... Ee voisdes mar+ues de doigts. ls se sont servis# cessatan!s voleurs@

/ *a parole# ils ne se g,nent plus @ Eus+u'$

piller l'office@ LientGt# ils viendront s'installer us+ue dans nos lits@ s'exclama oufou. &ous ferie- bien d'ouvrir l')il# madame.

/ Ee ne man+uerai pas de regarder sous monlit# ce soir# arm!e de mon rouleau $ pItisseries'exclama *me *erlin d'un air furieux.

/ 9'est 9rac +ui va se charger de Fa.

211



l adore fureter sous tous les sommiers. N'est/ce pas# 9rac0

H [ouf@ C fit celui/ci oyeusement ens'!lanFant vers le vestibule comme pour se

pr!cipiter en haut et se mettre $ la besogneimm!diatement.

Quand le lo+uet fut bien assuetti# les enfants

retournèrent dans le salon. ar la fen,tre# ils etèrent un coup d')il $ l'ext!rieur. >es rafales deneige brouillaient le paysage +ui avait perdu toutson charme. (ous ce ciel bas et plomb!# la terre

paraissait franchement hostile aux ,tres vivants.

212



B Ee n'envie pas ce T!gène de malheur et soncompagnon# tout fripouilles +u'ils sont# dit Nelly.

ls doivent ,tre ennuy!s de ne pas pouvoir venir ser!fugier ici. ls avaient dJ compter l$/dessus pour les grands froids.

/ Nous avons certainement d!rang! leurs proets. (ans nous# ils auraient attendu le beau temps pour enlever les caisses. 9'est pour+uoi e persiste $ croire +u'elles sont dansle voisinage. =ucun camion n'a pu passer avec une neige pareille.

H 9'est drGle d'avoir perdu leurs traces prèsdu hangar# dit %oger.

/ = +uoi bon ressasser touours les m,meshistoires@ fit Nelly. (i on ouait $ +uel+ue chose pour nous changer les id!es0 ene-# par exemple#sortons nos boPtes de pu--les.

/ ?lles sont dans l'armoire de machambre. Ee vais les chercher C# dit oufou.

ls s'installèrent autour de la table# chacun avecune boPte devant lui.B r,ts0 demanda %oger. =llons/y@ C9hacun versa promptement le contenu de sa

boPte et se mit $ fouiller dans son tas avec hIte.B *oi# e commence par choisir les morceaux

de bleu# dit Nelly. =insi e compose

213



tout de suite mon ciel. =ttention# oufou# tuviens de laisser tomber un morceau et &irginie s'enest empar!e@ C

9ette peste de &irginie d!rangeait tout lemonde. :es petits bouts de cartons brillants lafascinaient. ?lle voulait absolument aider et nefaisait +ue semer le d!sordre. oufou !tait sa

victime pr!f!r!e. l !tait exasp!r! "B Las les pattes# &irginie@ Ne mets pas Fa ici#ce n'est pas sa place@ =h# non@ u viens ded!ranger mon eu@ (ylvain# garde donc cette b,tesur ton !paule# +ue nous soyons un peutran+uilles@C

*ais la guenon ne voulait pas rester inactive..=lors Nelly mit devant &irginie un eu +u'elle pourrait tripoter $ son aise. 9elle/ci# ravie et trèsfière# s'installa gravement $ la table oK ellecommenFa $ manier les cartons !tal!s devant elleavec un grand s!rieux tout en n'arr,tant pas de

acasser de sa petite voix p!piante. *me *erlin#+ui entrait avec le plateau du goJter# ouvrit degrands yeux "

B Ee parie +ue c'est &irginie +ui gagnera la partie.

21



H *ais non# mais non# s'!cria oufou +uimettait la dernière pièce $ son pu--le. 9'est moi@Ourrah@ ToJtons# goJtons vite. Qu'est/ce

+ue vous alle- m'offrir# madame# commer!compense0 Ee m!rite un gros morceau de gIteau.

Non# au moins deux# deux !normes C Euste $ cemoment/l$ la sonnerie du t!l!phone retentit.9'!tait# sans doute# *. :ambert +ui rappelait

(ylvain. Quelle nouvelle allait/il leur annoncer0

21



CHAPITRE 11I

Ne!!" a ,ne $d3e

(V:&=N se d!p,cha de saisir l'!couteur. B =llG#allG. E'!coute.... C oute la bande s'agglom!raautour de lui# +ui# le r!cepteur coll! $ l'oreille#hochait du chef# les yeux brillants# la minesurexcit!e. >e temps en temps# il etait +uel+ues "B ;ui... oh oui@ certes.... C :es autres auraient bien

214



voulu savoir ce +ue son père lui disait. *ais# cettefois/ci# impossible de suivre la conversation.

?nfin (ylvain prit cong! de son père.B arfait# papa. (ois tran+uille# e suivrai

exactement tes instructions. E'avertis *me *erlin.= demain# papa# $ demain. C

raccrocha et se tourna en silence vers sescamarades# le regard !tincelant.

B Qu'est/ce +u'il a dit0 %aconte vite@ s'exclamaoufou d'une voix aigu6.

H >u calme. Ne me casse pas le tympan.&ous alle- tout savoir. E'ai des nouvellessensationnelles. C

ls se ruèrent vers le salon et s'installèrentautour de l'Itre. 9rac# gagn! par l'excitationg!n!rale# s'!nervait comme d'habitude. Quant $&irginie# elle se balanFait sur son perchoir en

brandissant dans sa 'patte minuscule une pièce de pu--le.

B *on père a rapport! $ la police ce +ue e luiai racont!# dit (ylvain. 9ela a beaucoup int!ress!ces messieurs +ui vont venir demain faire uneen+u,te par ici. l paraPt +u'ils se doutent du

contenu des caisses. *ais ils n'ont pas voulus'expli+uer davantage.

215



H >emain# par ce temps@ s'!cria %oger.9omment viendront/ils0 :a neige est de plus en

plus !paisse. H ls arrivent en h!licoptère# dit (ylvain. Nous devons pr!parer une piste

d'atterrissage./ 9'est merveilleux@ s'exclama oufou au

comble du ravissement. *ais comment allons/nous

nous y prendre0 H *on père nous conseille de battre laneige le plus possible sur une partie de la pelouse#derrière la maison.

/ ?h bien# commenFons de suite C# ditoufou# sautant sur ses pieds. l oubliait +ue la nuit

allait tomber.B ais/toi. :aisse parler (ylvain./ l faudra baliser l'emplacement avec

+uel+ue chose de sombre# reprit (ylvain. H Nous allons descendre les rideaux de

reps bleu marine des chambres# dit *me *erlin

+ui !tait très excit!e# elle aussi. ;n les mettraautour de l'espace +ue nous allons !galiser en lescalant avec de grosses pierres. ('il neige encoredemain# il faudra attendre la dernière minute# sinonils seraient recouverts et nos lib!rateurs ne lesverraient pas.

21<



/ ls seront nombreux0 demanda Nelly. Eecroyais +u'un h!licoptère ne pouvait pastransporter plusieurs personnes.

/ >'après ce +ue 'ai pu comprendre# ils seronttrois# r!pondit (ylvain. *on père# un

inspecteur de police et un brigadier degendarmerie. l paraPt +u'il est urgent de mettre lamain sur ces caisses.

H ourvu +ue les voleurs n'aperFoivent pas l'h!licoptère# dit Nelly. H apa pense +ue cela n'a aucune

importance. ls peuvent croire +ue l'appareil vientnous ravitailler# comme cela arrive fr!+uemmentdans les villages blo+u!s par la neige. >e toute

faFon# pour l'instant# il est plus important detrouver les caisses +ue les hommes./ =lors# repartons $ la chasse# proposa

oufou. Nous finirons bien par les d!nicher. H *ais oK chercher encore0 demanda

Nelly. 9es satan!es caisses semblent s',tre

volatilis!es comme *. ersonne devant le perron. H robablement# elles nous crèvent les

yeux# dit (ylvain. Ee vous r!pète encore une fois+u'elles doivent ,tre dans les environs. 9eshommes n'ont pas pu les transporter bien loin une

fois d!charg!es des luges. ?t nous avons vu

217



clairement +ue les traces s'arr,taient uste au bord du lac.

H Ee me demande... dit Nelly soudain# e medemande.... Non# impossible....

H Qu'est/ce +ui est impossible0 demanda(ylvain avec vivacit!. ?xpli+ue/toi.

/ ?h bien# les mar+ues des luges s'arr,tent sur

la berge et nous avons trouv! celles/ci tout prèsde l$. &ous save- +ue sur la glace# les traces sont $ peine visibles et ce matin# par/dessus le march!# ila neig!. our+uoi ces forbans n'auraient/ils pastravers! le lac avec nos petits traPneaux pour cacher leur marchandise sur l'autre rive0 ls

seraient ensuite revenus avec les luges vides# afinde brouiller leur piste./ 9'est vrai# Fa@ s'exclama (ylvain en se

donnant une tape sur le genou. ls ont fort bien pu proc!der ainsi.

/ Ee pense encore $ autre chose# s'!cria oufou

avec tant de v!h!mence +u'il fit sursauter 9rac. 9e pa+uet de cigarettes +ue 'ai trouv! $ moiti! plein./?h bien# il n'a pas !t! et! volontairement. 9'est undes hommes +ui l'a perdu@

u as raison# oufou# dit %oger. u as trouv! lasolution du mystère# un petit mystère# bien sJr#

mais c'est touours Fa. 9'est l'!vidence m,me. 9es

228



brigands ont laiss! tomber leurs cigarettes par m!garde en traversant le lac. ('il ne faisait d!$nuit nous pourrions aller explorer l'autre rive.

Nous aurions probablement plus de chance +uece matin.

/ %ien ne nous emp,che d'y aller@ renons nos

torches et partons@ C criait oufou +ui sautaitcomme une puce $ travers la pièce# accompagn!d'un 9rac d!chaPn!.

B Eamais de la vie# dit *me *erlin +ui avait!cout! us+u'alors en silence. Eamais de la vie@&ous n'alle- pas sortir dans l'obscurit! par cettetemp!rature glaciale@ &ous pourrie- vous !garer# et

221



demain matin e vous retrouverais morts defroid sous la neige.

/ ;h -ut@ s'!cria oufou trop excit! pour entendre raison. *oi# 'y vais. u m'accompagnes#

(ylvain0/ Non# oufou# *ariette a raison. 9eserait une folie. l vaut mieux attendre.>'ailleurs l'h!licoptère va arriver demain. l faudranous r!veiller tGt pour tasser la neige.

/ Nous aurons besoin de pelles# dit Nelly.

222





leur disposition# celles vol!es dans nos r!serves#naturellement. ?t pour ce +ui est de la boisson# laneige est l$ +ui ne demande +u'$ ,tre fondue. ls

pourront se goberger comme des pachas./ ('il en est ainsi# nous ferions bien d',tre

prudents# dit Nelly alarm!e. Ee n'ai aucuneenvie de nie trouver ne- $ ne- avec ces canailles.9'est $ la police de les rechercher a pr!sent.

H *ais nous devons essayer de l'aider $retrouver la piste des voleurs# fit remar+uer %oger. Nous prendrons les luges pour traverser le lac.?lles nous seront utiles si par hasard nous pouvonsmettre la main sur ces maudites caisses. magine-l'!tonnement des policiers si# $ leur arriv!e# nous

les leur pr!sentions. C9e soir/l$# les enfants !taient pleinsd'animation et de vitalit!# n'ayant pas d!pens! lesurplus de leur !nergie en des eux $ l'air libre.*me *erlin eut +uel+ue mal $ les envoyer au lit.?lle# au contraire# dont la ourn!e s'!tait pass!e $

confectionner du pain et des gIteaux# ne demandait pas mieux +ue d aller se coucher. &ers neuf heureset demie elle passa la t,te par l'entrebIillement dela porte.

B &ous ,tes pr,ts0 demanda/t/elle E'ai pr!parevos bougies. ?lles sont dans le vestibule =llons#

22



d!p,che-/vous. Ne les laisse- pas brJler pour rien.»

9omme la voix de la bonne dame trahissait

la lassitude# (ylvain ne voulut pas demander

un r!pit et se hIta de r!pondre "B out de suite# *ariette# monte- sans nous

attendre# nous vous suivons. our vous rassurer#nous frapperons un petit coup $ votre porte en passant. &ous saure- ainsi +ue tout le monde est enhaut. C

:es enfants bavardèrent encore +uel+uesminutes# puis ils se levèrent pour aller chercher ce

+u'ils appelaient leurs lumignons.:e vestibule !tait plong! dans les t!nèbres.B :aisse la lampe allum!e# cria %oger è

(ylvain# rest! le dernier dans la pièce. ;n n'y voitgoutte. Quel+u'un $ !teint les bougies. E'espère +uece n'est pas encore une farce de *. ersonne.

H (eigneur@ balbutia Nelly# angoiss!e. ;n nesera donc amais tran+uilles@ &a/t/il falloir passer une autre nuit dans les transes0 9ela commence $suffire@ =s/tu trouv! les bougeoirs0 >!p,che/toi@cria/t/elle $ son frère +ui tItonnait dans le noir.

H Un moment# r!pondit/il.

22



H Ee vais allumer ma torche# annonFa Nelly. ourvu +u'un de ces bonshommes ne soit pas cach! dans le hall@ C

>'un geste nerveux# elle promena le faible

rayon de sa lampe dans les coins. (oudain#horrifi!e# elle se mit $ appeler $ l'aide "

B %oger@ %oger@ =u secoure@ :$#/l$# il y a

+uel+u'un. Da bouge@ C%oger vint bra+uer sa lampe sur une petite t,tevelue +ui sortait de derrière une potiche >eux yenY

pleins de malice brillaient comme des charbonsardents.

B N'aie pas peur# Nelly# dit oufou se retenant

avec peine de rire. 9e n'est +ue &irginie# :a petite peste@ =lors c'est toi +ui as souffl! les chandelles09rac# mords/la@ C

*ais avant +ue le chien ait pu l'atteindre# laguenon avait bondi sur la rampe de l'escalier. >eson refuge# elle narguait l'!pagneul.

B Quelle bonne farce@ Eamais tu n'aurais eu uneid!e pareille# mon pauvre 9rac@ C continua oufouen pouffant franchement.

224



CHAPITRE 11II

Vo$!< !-'3!$co&%8*e

:? :?N>?*=N# la ourn!e !tait au beau. :eschutes de neige avaient cess!. Un soleil un peu

an!mi+ue niais très agr!able brillait dans un ciel

225



pIle. 9ela faciliterait beaucoup les op!rationsd'atterrissage.

Gt lev!s# les enfants avalèrent leur petitd!euner $ la hIte. Nelly aida *me *erlin $ laver la vaisselle et les garFons apportèrent du bois. uis#ils allèrent chercher les outils

dans la cabane du ardinier. l y avait l$ tout unassortiment de b,ches et de pelles.

B 9'est parfait# dit (ylvain. =u moins chacuntrouvera son affaire. iens# oufou# en voil$ une $ta taille.

H = ma taille@ %egarde-/moi Fa@ ;n dirait +ue e suis un nain@ u m'exaspères# (ylvain. (ache+ue e suis aussi fort +ue toi# sinon plus. C

(ylvain se mit $ rire et tendit $ oufou uneautre pelle +ui paraissait aussi lourde +u'un bulldo-er.

(ur ces entrefaites# *me *erlin et Nellyvinrent les reoindre. :a bonne dame retroussa sesmanches et prit d'autorit! la pelle offerte $ oufou.

(ylvain la regarda avec admiration. oufou avecd!pit. :e gamin haussa les !paules et partit ensifflotant vers le lieu des op!rations.

:e pr! !tait asse- profond!ment enneig!.(ylvain d!limita le carr! $ aplanir. =près +uoi# toutle monde se mit $ tasser la neige. 9'!tait un travail

22<



très dur. oufou# +ui avait voulu faire du -èle# sefatigua le premier. l dut se reposer un instant.

B u vois comme 'avais raison de te conseiller un outil aussi l!ger +ue possible »,

lui dit (ylvain# une petite lueur ironi+ue au

fond de ses yeux.ls r!ussirent# toutefois# asse- vite $ pr!parer un bon morceau de terrain. 9ela leur semblasuffisant pour l'atterrissage de l'h!licoptère.

*me *erlin et Nelly allèrent chercher lesrideaux fonc!s +ui devaient baliser cet a!roport

improvis!. endant ce temps# les terrassiers b!n!voles estimèrent +u'un peu de repos ne ferait pas de mal $ leurs dos et $ leurs bras endoloris.(ylvain avait eu tellement chaud +u'il s'!tait mis enmanches de chemise pour mieux travailler. ltrouvait m,me +u'il avancerait plus vite le torse nu.

>ès +ue *me *erlin et Nelly revinrent# ondisposa l'!toffe. =près +uoi# *ariette courut $ lacuisine pr!parer +uel+ues sand^iches et de lalimonade glac!e. ersonne ne r!clama une boissonchaude. =ffam!s et alt!r!s# ce fut avec grand

plaisir +u'ils pi+ue/ni+uèrent sur place.

227



B Ee crois +ue nous devrions enlever encore un peu de neige et surtout bien aplanir la pisted'atterrissage C# dit (ylvain# une fois la collationaval!e.

ls se remirent donc $ l'ouvrage. &ers midi#*me *erlin dit "

B serait temps +ue 'aille pr!parer le

d!euner. =vec tant de monde# il me faudra mettreles petits plats dans les grands. Nelly# veux/tu venir m'aider0 u en as fait asse-.

H ;ui# dit (ylvain +ui voyait Nelly se fatiguer de plus en plus. l serait plus sage de lIcher ta pelleet de rentrer avec *ariette. >e toute faFon# nous

avons pres+ue termin!. Ee crois +ue l'h!licoptère peut se poser sans encombre. »

%est!s seuls# les garFons continuèrent un peu $fignoler leur travail. ls !taient très fiers du terraind'aviation +u'ils venaient de pr!parer.

(oudain# dans l'air pur et glac!# on entendit un

vrombissement lointain. :es enfants levèrent lene-. 9'!tait probablement l'h!licoptère.B &ite# d!gage-@ cria (ylvain en proie $ une

extr,me agitation. ?mmene- 9rac et &irginie@ Ceu $ peu le bruit se fit plus pr!cis et bientGt

l'appareil se d!tacha clairement dans le ciel. ;n

238



voyait tournoyer ses pales au/dessus de lui. ls'approchait rapidement.

B :e voil$ +ui descend@ l va atterrir@ l a

vu notre carr! @ criait oufou hors de lui.;h!# l'h!licoptère# par ici# par ici@ C=vec pr!caution et beaucoup d'!l!gance#

l'appareil se posa# pres+ue sans heurts# au milieudu +uadrilatère pr!par! par les enfants. :e

brigadier +ui le pilotait sauta $ terre le premier. l

fit un large sourire aux garFons# +ui# surexcit!s#accouraient en faisant de grands gestes de bienvenue.

B &otre a!rodrome est parfait. Nous l'avonsaperFu de très loin. ous nos compliments@ C

>errière le brigadier surgirent *. :ambert et

l'inspecteur de police. 9e dernier !tait un hommecorpulent et soign! dont la bouche s!vère semblaitadoucie par un bon regard !tincelant sous dessourcils touffus.

B Lonour tout le monde# fit/il. >'après ce +ue 'ai entendu# vous en ave- vu de toutes les

couleurs# ces temps/ci.

231



/ ;h@ oui# r!pondit (ylvain. *ais nousnous en sommes fort bien tir!s. C

*. :ambert sourit $ cette r!ponse# heureux devoir +ue tout son monde se portait bien.

B Ee ne vous aurais amais laiss!s venir dansces campagnes perdues# si 'avais pu pr!voir cestristes !v!nements. %entrons vite et vous nousracontere- vos aventures. C

232



, Il va atterrir

233



andis +ue tout le monde gagnait le salon#*me *erlin# $ la cuisine# d!ployait une activit!f!brile.

:es policiers posèrent beaucoup de +uestions.ls !coutèrent avec une extr,me attention le rapportdes enfants dont les r!ponses claires et promptesfirent une excellente impression. ls prirent forcenotes.

B &oil$ des gamins intelligents C# fitl'inspecteur tourn! vers *. :ambert# +ui !coutaiten silence# !tonn! +ue sa maison ait pu ,tre leth!Itre de faits aussi !tranges.

=près un moment# l'inspecteur s'adressa denouveau aux enfants "

B *. :ambert m'a dit +ue vous avie- essay!#en vain# de trouver ces caisses. &ous n'ave- pas lemoindre soupFon de l'endroit oK elles sontcach!es0

H *ais si# monsieur C# dit oufou pr!cipitamment. l s'empressa de lui faire part de

leurs dernières suppositions " B :es caisses peuventfort bien avoir !t! d!pos!es sur l'autre rive.9omme la neige avait effac! toute trace# nousavions cru +ue les luges n'avaient pas !t! plus loin+ue le hangar $ bateaux. ?n r!alit!# elles ontcertainement travers! le lac gel!. E'ai trouv! un

pa+uet de

23



cigarettes sur la glace# signe +ue ces hommessont pass!s par l$. C

9ette r!v!lation fit ti+uer les policiers.B =h@ ah# fit l'inspecteur# voil$ un point

int!ressant. 9ela tend $ prouver +ue lamarchandise n'est pas loin et +ue....

/ Que contiennent donc ces caisses#monsieur0C demanda oufou. >epuis longtemps# il

brJlait du d!sir de savoir.B &ous l'apprendre- plus tard# r!pondit le policier sur un ton sans r!pli+ue +ui vexa le gamin.*ais e peux avancer# d'ores et d!$# +ue si leur contenu est ce +ue nous pensons# nous aurons toutlieu de nous f!liciter de cette prise. C

*me *erlin parut sur le seuil de la porte.B E'espère +ue e ne vous d!range pas#messieurs# dit/elle poliment. *ais le d!euner est

pr,t# si vous voule- bien vous mettre $ table. =moins +ue vous ne pr!f!rie- +ue e le tienne auchaud.

/ *ais non# mais non# r!pondit aussitGt *.:ambert. (erve- imm!diatement. *erci# *ariette#de vous ,tre donn! la peine de nous pr!parer unrepas. Nous ne demandons +u'$ y faire honneur.nspecteur# ave-/vous encore beaucoup de+uestions $ poser0

23



H Non# monsieur# 'ai fini# r!pondit le policier tandis +u'il glissait dans sa poche un calepincouvert de notes. *ais cet après/midi# nous ferons+uel+ues investigations du cGt! du lac et du hangar $ bateaux. eut/,tre +ue les enfants voudront biennous servir de guides.

/ 9ertainement# s'!cria oufou +ui sefrottait les mains de contentement. Nous

allons au/devant d'une grande d!couverte#n'est/ce pas# monsieur l'inspecteur0/ Ee l'espère# mon ami C# r!pondit celui/ci. l

contemplait la frimousse couverte de taches

234





ne cessait de la surveiller du coin de l')il. ?lleadorait les ananas et n'attendait +u'un instantd'inattention pour plonger sa petite patte dans ce

plat d!licieux. *ais son maPtre !tait trop vigilant.?lle n'y parvint pas.

B =près cet excellent repas pour le+uel nousvous remercions# madame# ainsi +ue *. :ambert#il est temps de nous remettre aux affaires s!rieuses.

Ee vous demanderai de nous conduire au hangar. Nous allons inspecter s!rieusement ses abords.?nsuite nous passerons sur l'autre rive du lac. C

9ette proposition fut accueillie avecempressement. :es +uatre enfants se d!p,chèrentd'aller rev,tir manteaux# bonnets et cache/ne-#

tandis +ue les trois messieurs fumaient unecigarette en les attendant. ls eurent ainsi l'occasiond'assister $ un des intermèdes habituels de 9rac etde &irginie dont ceux/ci ugèrent $ propos de lesgratifier.

:e chien se pavanait# un petit plumeau de

*me *erlin entre les dents. l courait de/ci# de/l$#se plantait tantGt devant l'un# tantGt devant l'autre#mettant chacun au d!fi de lui ravir son larcin. our l'obliger# ces graves messieurs faisaient mine devouloir le lui

23<



prendre. ls n'y parvenaient pas. 9rac !tait aucomble de la oie. *ais &irginie n'!tait pas contente dene point tenir la vedette. ?lle attendait son heure.

9omme son maPtre revenait# elle alla se percher $sa place coutumière. :$# elle attendit. (itGt +uel'!pagneul passa devant elle# elle se laissa tomber sur ledos du chien +ui# surpris et furieux# se mit $ aboyer#abandonnant ainsi sa prise. lus vive +ue l'!clair#&irginie la saisit et regrimpa sur l'!paule de (ylvain

dont elle chatouilla le ne- de son !poussette. uis# pour ,tre tout $ fait sJre +ue 9rac ne pourrait pas la luireprendre# elle la planta derrière l'oreille de son maPtre.9'!tait du plus oli effet. (ylvain ressemblait ainsi $ une?spagnole dansant le fandango.

9es espiègleries divertirent passablement les deux policiers. 9'est donc de fort bonne humeur +ue l'on

s'!branla pour mener $ bien une entreprise susceptiblede devenir asse- dangereuse.

237



CHAPITRE 11III

To,9o, 9a$% enco*e ,ne d3co,#e*%e

:= %?*]%? chose +ue l'on montra $ l'inspecteur fut l'!norme heurtoir $ t,te de lion de l'entr!e. uis# lacompagnie s'achemina vers le hangar. :$# les enfantsrenouvelèrent leurs explications au suet du carreaucass! et de toutes les autres d!couvertes faites par eux.

:es policiers p!n!trèrent dans le hangar# par la porte# cette fois# car *. :ambert avait

28



la clef. ls se mirent $ fureter en silence partout. Quand ils rassortirent# l'inspecteur secouaitla t,te. l dit "

B Non# il est tout $ fait impossible dedissimuler +uoi +ue ce soit dans cette cabane. *aisces bandits se sont certainement tenus cach!s ici# $en uger par le tas de m!gots et de boutsd'allumettes +ue nous avons trouv!. = pr!sent#

passons de l'autre cGt! du lac. Nous verrons s'il n'ya pas moyen# en route# de relever +uel+ues tracesde luge sur la glace. C

*ais ils eurent beau scruter la surface gel!e#gratter la neige# ils ne trouvèrent rien. (ur la riveoppos!e# les recherches furent men!es très

m!thodi+uement. = chacun fut attribu! un secteur +u'il lui fallait examiner avec attention. l y avait l$de nombreuses congères# parfois asse- !lev!es# +ui

pouvaient servir !ventuellement de cachettes.9e fut un travail ardu et ingrat. ouler

p!niblement une neige !paisse $ la recherche de

choses +ui ne paraissaient pas s'y trouver# !taitextr,mement fatigant et d!cevant. (ous la directiondes policiers# les enfants s'ac+uittèrent de leur tIche consciencieusement. *ais ils ne trouvèrentrien. :'inspecteur les dissuada de pousser plus loinles recherches.

21



?n effet# hors des limites assign!es# il n'y avait+u'une plaine plate et uniforme sans la moindre

bosse.*. :ambert semblait aussi d!sappoint! +ue les

enfants.B Nous voil$ Tros/Eean comme devant# dit/il.

?t pourtant nous avons examin! cha+ue pouce deterrain.

H Ee crois +u'il vaut mieux s'arr,ter pour auourd'hui# aouta l'inspecteur. %ien ne presse. 9es hommes ne vont pas chercher $recouvrer leurs marchandises tant +u'ils ne leur est

pas possible de les transporter par camion. :escaisses vont donc rester dans leur cache us+u'au

moment oK la circulation sera de nouveau possible.=lors seulement# ils essaieront de les r!cup!rer.robablement $ la faveur de la nuit.

H Ee suis de votre avis# dit *. :ambert. our l'instant# rentrons $ la maison oK *ariettenous servira une boisson chaude. C

:e temps allait en s'adoucissant et# par endroits# la neige !tait en train de fondre. oute la bande reprit le chemin du retour. *. :ambert et lesdeux policiers marchaient devant# engag!s dansune conversation

22



anim!e. oufou et 9rac formaient l'arrière/garde. :e gamin s'amusait $ traPner les pieds dansla neige. (oudain# le bout de sa chaussure heurta+uel+ue chose de dur. l poussa un cri de douleur.

B Qu'est/ce +ui t'arrive0 demanda (ylvain ense retournant.

/ Ee me suis cogn!# g!mit oufou +uisautait sur une ambe et tenait l'autre repli!e dans

sa main. ;h@ ce +ue Fa peut faire mal@ =Re# aRe@ Eeme suis cass! l'orteil. H Ne fais pas tant d'histoires# r!pondit

(ylvain. 9'est bien la peine pour un peu de neigegel!e@

/ *ais e suis s!rieusement bless!@ » cria

oufou# indign! du man+ue de piti! de (ylvain.B# = en uger par la souffrance ressentie# il nes'agit certainement pas d'un peu de neige gel!e C#se dit oufou +ui se mit en devoir de d!couvrir lacause de ce choc. l y parvint sans grandedifficult!.

B &iens voir# (ylvain@ s'exclama/t/il. E'avais bien raison. 9'est un gros morceau de glace. >e+uoi se casser le pied@ C

=vec +uel+ue impatience# (ylvain revint sur ses pas pour examiner la trouvaille de

23



oufou. ?lle !tait curieuse# en v!rit!. 9'!tait un!pais bloc de glace# rond et plat. (ylvain# très!tonn!# contemplait la chose sans comprendre.

B 9'est drGle. our+uoi ce glaFon a/t/il cetteforme0 C =u bout d'un instant d'observation# il

poussa un cri +ui fit sursauter oufou.B ?h l$/bas@ papa# monsieur l'inspecteur# vene-

voir@ C

9es messieurs se retournèrent surpris etrevinrent sur leurs pas en toute hIte.B Que se passe/t/il0 demanda l'inspecteur.

=ve-/vous d!couvert +uel+ue chose0/ ;ui# monsieur. %egarde- ce gros dis+ue de

glace# dit (ylvain. ;n dirait +u'il a !t! sci! exprès.

H =h@ ah@ fit l'inspecteur. ?nfin un indice@ C s'agenouilla pour !tudier de plus près les contoursde cet/ !trange tampon. B ?n effet# c'est un dis+ue

parfait# d!coup! $ la scie# comme vous dites. &oil$une trouvaille +ui ne man+ue pas d'int!r,t.>ommage +ue la nuit tombe.... >ites/moi# les

enfants# vous ne voudrie- pas courir $ la maison etrapporter +uel+ues lampes !lectri+ues et des pelles0 l doit y avoir dans le voisinage un trou oKce morceau s'auste exactement. C

2



(urexcit!s $ l'extr,me# les +uatre gosses

rentrèrent pr!cipitamment au manoir. ls raflèrenten hIte toutes les lampes de poche +u'ils purenttrouver# et s'emparèrent de pelles et de balais. =insiarm!s# ils repartirent $ fond de train# sans prendrele temps de satisfaire la curiosit! de *me *erlin.

LientGt# $ l'endroit oK oufou avait fait sa

d!couverte r!gnait une activit! intense. :es torches!lectri+ues !clairaient la neige# tous lesinstruments !taient en action.

B =ttention de ne pas tomber dans le trou@ cria%oger.

2



H our tomber dedans# il faudrait d'abord letrouver# dit Nelly. :'eau a dJ geler de nouveau et#sans doute# il n'en reste plus trace.

/ =lors comment le rep!rer s'il n'existe plus0 »

demanda %oger.*ais (ylvain le d!cela tout de m,me.B 9e doit ,tre Fa@ s'exclama/t/il. %egarde-@ C9hacun s'approcha pour !clairer de sa lampe

l'endroit d!sign! par (ylvain. :$# sur la glaced!gag!e de toute la neige# on apercevait un vaguecercle de la m,me dimension +ue la grosserondelle +ui les avait intrigu!s. *ais l'eau avait denouveau gel!# bouchant l'orifice. :e gendarme

poussa le bloc près de l'ouverture.

B ;n dirait une de ces pla+ues de fonte +ui bouchent les !gouts dans les rues# dit Nelly. &ouscroye- vraiment# monsieur l'inspecteur# +ue cesvauriens ont cach! leur butin dans l'eau# sous laglace0

H Da m'en a tout l'air# grommela l'inspecteur

d'une voix dure tandis +u'il examinait avecattention cette chose bi-arre. >!cid!ment# cesgars ne man+uent pas de ressources. Nous avonsaffaire $ des individus ing!nieux et intelligents.

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/ Qu'allons/nous faire# patron0 demanda le brigadier. l fait bien noir pour entreprendre +uoi+ue ce soit.

/ ;ui# e crois +ue nous pouvons remettre $demain le rep,chage des caisses. ?lles neris+uent pas de s'envoler cette nuit. >emainnous reviendrons faire# $ notre tour# une brèchedans la glace. ;n verra bien@ C

out le monde !tait terriblement excit!. oufou plus +ue +uicon+ue avait de la peine $ attendre.our+uoi remettre $ plus tard ce +ue l'on pouvaittenter sur/le/champ0

B Ee n'arriverai pas $ m'endormir ce soir#monsieur l'inspecteur. Ee passerai la nuit $ me

demander ce +u'il y a l$/dessous. Ee vais chercher une scie. Nous avons aussi une grosse provision de bougies $ la maison.

/ Quel idiot tu fais@ s'!cria %oger. :e vent lessoufflerait# tes bougies@ C

Quant $ l'inspecteur# il ne se donna m,me pas

la peine de r!pondre au gamin. >'un air satisfait# ildonna le signal du d!part# et tout le monde luiemboPta le pas.

ersonne n'accorda la moindre attention au pauvre oufou +ui# pour tIcher de se rendreint!ressant# se mit $ boitiller. (omme toute# sans

lui# on n'aurait pas d!couvert

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cette cache astucieuse. oufou estimait +u'onaurait dJ le plaindre pour son orteil endommag!.;ui# il m!ritait au moins cela.

*me *erlin fut aussitGt mise au courant de la bonne nouvelle. ?lle fut aussi surprise et surexcit!e+ue les autres.

B ?n voil$ une histoire@ aire un trou dans laglace pour y cacher des caisses. &raiment ces gens

ont une imagination f!conde. ?t ne parlons pas dece +u'ils nous ont fait endurer pour nous inciter $ partir. Ee serai bien contente lors+ue vous les aure-mis sous les verrous# monsieur l'inspecteur# oui#vraiment@ / *oi aussi# r!pondit/il d'un air d!termin!. ?videmment# il ne faut pas vendre la

peau de l'ours avant de l'avoir tu!. Nous nesommes pas encore tout $ fait sJrs de notre affaire.*ais 'ai bon espoir. ;ui# en v!rit!# 'ai bonespoir.»

oufou ne se consolait touours pas de ceretard dans les recherches.

B >ire +u'il va falloir attendre us+u'$ demain pour savoir@ s'!cria/t/il d'un ton plein d'amertume.>is# mon vieux 9rac# si nous y allions tous lesdeux $ minuit0 Nous ferions sans doute du bontravail. u veux bien venir avec moi0 C

2<



9rac !tait touours pr,t $ n'importe +uelle!+uip!e et il le manifesta clairement# pour approuver oufou. *ais l'inspecteur ne l'entendait

pas de cette oreille. l trouva l'id!e baro+ue.B ersonne n'ira sur le lac avant le brigadier et

moi# d!cr!ta/t/il. Ee te le d!fends. ?n attendant les!v!nements +ui se pr!parent pour demain# nousallons passer une bonne petite soir!e tous

ensemble# ici# au chaud. _?t la soir!e s'!coula# en effet# de la faFon la plus distrayante. :'inspecteur avait dans son sacune +uantit! in!puisable d'histoires palpitantes.oufou l'!coutait bouche b!e/ apprit une foule dechoses sur les m!thodes employ!es par la police

pour venir $ bout des criminels les plus rus!s.:'inspecteur lui inspirait une sorte de crainte m,l!ed'admiration.

B our sJr +ue e ne ferai rien de mal# amais.=ucun criminel n'a la moindre chance d'!chapper $des gens aussi habiles +ue vous# monsieur

l'inspecteur. Quand e serai grand# e crois +ue em'engagerai dans vos rangs. 9rac vous serait trèsutile pour d!pister tous les gibiers de potence# e

puis vous l'assurer. / ?n attendant# il a encored!pist! la

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brosse $ chiendent de *me *erlin# dit Nelly.%egarde-# il est en train de la d!chi+ueter. ?coute#9rac# est/ce +ue tu ne pourrais pas t'int!resser $autre chose +u'aux brosses et aux plumeaux0 C

9rac d!posa son larcin aux pieds de oufoucomme pour lui faire hommage d'un os succulent.*ais oufou fronFa les sourcils. B *alheureuximb!cile@ Ee suis en train de chanter tes louanges

auprès de *. l'inspecteur et tu ne trouves rien demieux +ue de me faire perdre la face. %endsimm!diatement cet obet $ *me *erlin et fais/luites excuses. =llons# vite# avant +ue &irginie s'enempare C *. :ambert se mit $ rire.9ontrairement $ *. &erdier# il trouvait oufou très

amusant. B =llons# les enfants# il est temps pour vous d'aller vous coucher# dit/il enfin >emainnous aurons une ourn!e fort occup!e. C

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CHAPITRE 11IV

La 9$n d, )"s%8*e

:? :?N>?*=N matin# oufou fut le premier lev!. l descendit $ la cuisine suivi de 9rac#

touours guilleret. 9'est l$ +ue le trouva *me*erlin en arrivant +uel+ues instants après. :egamin !tait en train de secouer les cendres au

potager. l voulait rallumer le feu. B Ee ne pouvais plus dormir# expli+ua/t/il. Ee ne comprends pas pour+uoi l'inspecteur

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n'est pas encore lev!. 9e serait pourtant sondevoir de s'occuper de cette affaire avec toute lac!l!rit! voulue.

H Quel ph!nomène@ dit *me *erlin.:aisse ma cuisinière tran+uille. u es bien gentilde vouloir m'aider. Ee pr!fère +ue tu t'enabstiennes. u m'as fait un gIchis !pouvantable#regarde@ Ee vais avoir dix fois plus de mal $

nettoyer +ue d'habitude. &a r!veiller lesautres. *. :ambert m'a dit d'avancer l'heuredu petit d!euner.

H >ieu soit lou!@ C s'exclama oufou +ui pritla porte pour monter $ l'!tage en compagnie de9rac.

our la première fois depuis leur arriv!e aumanoir# les instants pass!s $ la table du petitd!euner semblèrent une perte de temps auxenfants. Eus+u'$ oufou +ui se rongeaitd'impatience# bien +u'il n'en perdPt pas# pour autant# une seule bouch!e.

= la fin# arm!s de deux scies et de grossescordes# tout le monde partit pour le lieu desop!rations. &irginie !tait install!e# comme $l'accoutum!e# sur l'!paule de (ylvain. Quant $9rac# ses ennuis commenFaient. :a neige sur le lacavait fondu de sorte +ue la surface !tait redevenue

extr,mement glissante.

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(es pattes +ui ne trouvaient plus de pointd'appui s'en allaient chacune de son cGt!. 9elaobligeait le pauvre chien $ des r!tablissements +uilui faisaient prendre les postures les plus ridicules.

:'inspecteur trouva facilement l'endroit rep!r!la veille. (ur un signe de lui# le brigadier s'agenouilla près de l'ancien trou recouvert par laglace et se mit en devoir d'y ins!rer une des scies.

9'!tait un travail difficile et p!nible +uel'homme accomplit en soufflant comme un pho+ue.= force de peiner et de transpirer# il finit par d!couper un rond pres+ue parfait. uis# au moyend'un levier# il parvint $ extraire cette sorte degalette +u'il posa près de la première.

ous les assistants allongèrent le cou pour tIcher de voir ce +u'il y avait au fond du trou.B E'aperFois +uel+ue chose# dit le brigadier +ui

avait la t,te pench!e au/dessus de la cavit!. Eecrois +ue e vais pouvoir l'atteindre. C

retroussa ses manches et introduisit un bras

dans l'eau. l agita sa main dans tous les sens us+u'au moment oK il r!ussit $

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agripper une corde +u'il tira $ lui. *ais elle lui!chappa des mains# +uel+ue chose de très lourd laretenait. l la rep,cha et dit "

B faut y attacher une de nos cordes afind'avoir plus de prise. »

:'inspecteur la lui passa et# s'adressant $oufou# il dit "

B =llons# mon garFon# d!gage# va/t'en. u

pourrais tomber dans le trou. C:e gamin se recula en rechignant. :e brigadier noua solidement les deux cordes. Unissant leursforces# tous se mirent $ tirer.

B Da vient# dit le brigadier# satisfait# mais horsde souffle. ;ooh hisse.... ;ooh hisse@... 9'est

terriblement lourd@ C= la fin# le bord d'une caisse apparut. ?ncoreun effort et la caisse tout entière sortit de l'eau etglissa brus+uement sur la glace. 9ela fut si soudain+ue toute la cord!e tomba $ la renverse# au grand

plaisir de 9rac.

;n fit cercle autour de cette bienheureusecaisse. oufou poussait des exclamations de oie "B ;ui# c'est bien une de celles +ue les bandits

ont retir!es de la cave. Nous les avons# finalement@

2



/ >ois/e l'ouvrir $ pr!sent0 demanda le brigadier.

/ ;ui C# dit l'inspecteur.:e gendarme !tala sur la neige une magnifi+ue

trousse de cuir contenant une collectiond'instruments divers. oufou les regardait avecenvie. 9omme il aurait aim! en avoir desemblables@

=près +uel+ues habiles manipulations# le brigadier r!ussit $ soulever le couvercle et $enlever l'emballage imperm!able +ui enenveloppait le contenu. ?n se penchant# les enfantsaperFurent +uel+ue chose de brillant.

B >es fusils@ C dit oufou saisi d'une

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crainte m,l!e de respect devant ces engins +uilui paraissaient magnifi+ues. ls !taient si bien

prot!g!s +ue l'humidit! ne les avait m,me pasternis.

:'inspecteur et le brigadier se regardèrent et sefirent un signe d'intelligence. ;ui# c'!tait bien lamarchandise +u'ils esp!raient trouver. *. :amberthocha aussi la t,te et dit "

B >u bon travail en v!rit!. Ee devine +u'il s'agitl$ des armes vol!es au camp militaire. :es ournaux en ont longuement parl!.

/ ?n effet# r!pondit l'inspecteur. (i nousn'avions pas mis la main dessus# elles auraientfranchi la frontière pour ,tre embar+u!es. ?lles

devaient servir contre notre pays. H 9'est *me *erlin +ui ne va pas appr!cier l'id!e d'avoir eu tout cet arsenal dans la cave# ditoufou. ?lle va avoir la chair de poule rien +ue d'ysonger. ?st/ce +ue nous n'allons pas extraire aussiles autres caisses0

/ ais/toi un instant# oufou. u es plus bavard+ue &irginie# dit (ylvain +ui tendait l'oreille pour ne pas perdre une syllabe de la conversation entreles trois hommes. Quelle affaire# grands dieux@Quelle affaire sensationnelle@

Un cas de haute trahison. (ans doute# ces

bandits !taient des espions... des traPtres.... »

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>es traPtres... ce mot !veilla en lui une autreid!e. Que racontait donc la vieille l!gende0 Que leheurtoir $ t,te de lion ne r!sonnait +ue lors+u'unf!lon se trouvait dans le manoir ou ses parages.?ffectivement# il y en avait un@ 9elui/l$ m,me +ui#la fameuse nuit# !branla la porte. (ylvain se promitde faire part $ ses amis de cette !trange d!couvertedès +u'ils seraient seuls. Quelle curieuse

coRncidence@B &a chercher une luge# mon garFon# ditl'inspecteur $ oufou. Nous allons transporter cettecaisse che- *. :ambert. Quant aux autres ellesresteront dans l'eau us+u'$ l'arriv!e de meshommes. »

oufou fila et revint bientGt avec le petittraPneau sur le+uel fut hiss! le pr!cieux fardeau.B *ais les autres caisses@# monsieur# ne

croye-/vous pas +ue les voleurs sont capables devenir les r!cup!rer pendant la nuit0 demandaoufou# in+uiet.

H Ee ne pense pas. / &ous n'alle- m,me pas ymettre des

hommes pour les surveiller0 demanda encoreoufou.

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H Non# pour l'instant aucun v!hicule ne peutvenir us+u'ici. *ais sache# mon garFon# +u'$ partir de maintenant toutes les routes de la r!gion serontsurveill!es. as un seul camion ne pourra passer sans ,tre soigneusement fouill! et# au besoin#dirig! sur la caserne de gendarmerie la plus

proche. E'espère +ue tu approuves ces mesures0 ditl'inspecteur d'un petit air ironi+ue.

/ ;h@ monsieur... fit oufou +ui# une fois n'est pas coutume# se mit $ rougir. Ee sais bien +ue vous,tes plus +ualifi! +ue moi# mais e pensais... e medisais... enfin si ces chenapans viennent tirer cescaisses hors de leur cache... eh bien....

/ ?h bien# tu m'en verras ravi. ls nous

!viteraient ainsi la peine de les extraire de l'eau etde les charger sur un camion. = eux la besogne et $nous les honneurs. = moins +ue tu n'aies# par hasard# l'intention de t'occuper de ce rep,chage0

H ;h@ non# monsieur# moi... hum... e.... Coufou bafouillait lamentablement. :es sarcasmes

de l'inspecteur le vexaient beaucoup.=près le d!euner# les policiers +uittèrent le

manoir en h!licoptère. ls emportaient la caisse

d'armes avec eux. :es enfants regrettaient +u'ils ne

2<



puissent rester plus longtemps. :es histoires +u'ilsracontaient les avaient beaucoup amus!s. ls firentde grands gestes d'adieu us+u'au moment oKl'appareil ne fut plus +u'un point minuscule dans leciel. ?nsuite# ils rentrèrent $ la maison.

B apa# e suis content +ue tu sois rest! avecnous. *es amis aussi# n'est/ce pas# Nelly0

H ;h@ oui s'!cria la fillette +ui aimait

beaucoup *. :ambert. Nous sommes ravis de vousavoir# monsieur. >ommage +ue vous ne soye- pasvenu plus tGt nous tenir compagnie. *algr! nosennuis# nous nous sommes bien amus!s pendantces +uel+ues ours. *alheureusement# la neige esten train de fondre. Nos belles parties de luge et de

patinage tirent $ leur fin./ apa# paraPt/il# est un patineur merveilleux#d!clara (ylvain# du ton chaud et vibrant +u'il

prenait touours +uand il parlait de son père. = propos# mon cousin ne va pas mieux0 our+uoin'est/il pas venu avec toi0

/ l n'y avait pas de place pour lui dansl'h!licoptère./ 9'est regrettable# fit (ylvain# mais ainsi#

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nous t'aurons tout $ nous. Ee me demande sinous serons encore ici pour assister $ la.

conclusion de cette aventure0/ 9ela est probable# r!pondit son père. &ous

aure- une dernière petite !motion $ aouter auxautres avant de terminer des vacances +ui ont !t!fort mouvement!es. *es pauvres enfants@ l a fallu'+ue vous venie- aux sports d'hiver uste aumoment +ue ces bandits ont choisi pour cacher leur larcin dans notre cave. ls ont dJ enavoir des palpitations# vous voyant install!sdans la maison @

/ =u fond# c'est oufou +ui a d!couvert le pot

au ros!# dit Nelly pour faire plaisir $

248



son cousin. (ans lui# les choses auraient peut/,tre pris une autre tournure.

/ u parles d'or# Nelly# s'empressa de direoufou# rayonnant de satisfaction. 9'est moi +ui aientendu les bruits au milieu de la nuit# +ui suisdescendu# +ui ai trouv! les caisses....

/ ?st/ce +ue 9rac n'y est pas pour +uel+uechose lui aussi0 l a certainement aboy! sinon tu ne

te serais pas r!veill!. l ne faudrait pas non plus perdre de vue +ue tu t'es fait glorieusementenfermer dans la cave# dit %oger +ui n'!tait pastouours charitable.

/ ?t c'est aussi oufou +ui nous a mis la puce $l'oreille +uand il a but! contre cette pla+ue de glace

+ui a failli lui briser l'orteil. (ans cela on n'aurait amais eu l'id!e d'aller chercher les armes au fonddu lac# poursuivit Nelly. ?n outre# c'est encore lui+ui a trouv! le pa+uet de cigarettes $ moiti! plein.9e +ui nous a permis de deviner la voie emprunt!e

par les voleurs. C

oufou buvait du lait. (a face hilare et b!atefaisait vraiment plaisir $ voir.our conclure# *. :ambert# amus!# aouta

encore "B ;ui# au fond on peut bien affirmer +ue c'est

oufou +ui a perc! le mystère du manoir

241



de o+uatoc. l m!rite une r!compense. =s/tuun d!sir +ue e pourrais satisfaire0

H ;ui# monsieur :ambert# s'empressa der!pondre oufou. E'ai terriblement envie de faireune chose. Ee peux0

H Qu'est/ce +ue c'est0 demanda *. :ambert#l!gèrement in+uiet.

H Ee voudrais donner un formidable coup de

heurtoir $ la porte d'entr!e. oum@ Que Fa r!sonneautant +ue celui de *. ersonne# la fameuse nuit.&ous n'ave- pas id!e du tintamarre +u'il fait.

H ?n voil$ un drGle de souhait# dit (ylvain.:aisse/le faire# papa. l n'aura pas l'Ime en paixtant +u'il ne se sera pas offert cette petite

distraction. :es petites oies aux petits esprits# tusais bien./ 9e marteau est une chose !norme@ r!tor+ua

oufou d'un ton de dignit! offens!e. &iens# 9rac#en avant@ :e our de gloire est arriv! @

H Ee vais pr!venir *me *erlin# dit vivement

Nelly. (inon# elle va s'!vanouir d'effroi# ?t toi#(ylvain# fais attention $ &irginie. :a voil$ perch!esur la chemin!e en train de m!diter +uel+uem!fait. (on )il p!tille# signe de malheur.... C

242



oufou gagna l'entr!e# escort! de 9rac. lregarda son chien et lui dit solennellement "

B 9rac# c'est moi# et moi tout seul +ui ai!clairci le mystère de o+uatoc. Nous allonsl'annoncer au monde entier. =ttention@ »

souleva le lourd marteau des deux mainsaussi haut +u'il put et le laissa retomber de toutesses forces.

;U* @... B u es satisfait# oufou# $ pr!sent +ue tu nousas bien cass! le tympan0 =lors rentre et restetran+uille@ C

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Blyton Enid Série Mystère 5 Le mystère de Monsieur Personne 1956 Barney The Rat-A-tat Mystery.doc