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BON TANT PIS - Le travail - Juillet 2014 -

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51ème numéro de Bon Tant Pis BON TANT PIS est destiné aux grands, à ceux qui veulent s’amuser, se divertir tout en se posant des questions sur les grands sujets de notre temps. J’espère que les réponses que vous y trouverez seront stupides et drôles. BON TANT PIS réunit des créateurs de partout, qui sont ici juste pour inventer et expérimenter sans pour autant gagner de sous avec (pour l’instant). L’idée principale c’est ça : écrire, dessiner, créer pour s’amuser, On va essayer de pas se prendre au sérieux et faire gaffe aux fautes d’orthographes.

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JUILLET 2014 : LE TRAVAILSOMMAIRE PROVISOIRE EN PERMANENCE (SPP)

LA COUCOUV - Pauline Goasmat

PREDITORIAL - Gaël Bernard

LES CARTES BTP

ESSAI : L’AUDACE AU TRAVAIL - Sebastien Riet

LE MEILLEUR AMI DE L’HOMME : le travail c’est la santé - Joël

LE SAVIEZ-TU? Cheshireyan

ENQUÊTE : LE SUICIDE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL - Hubert Joyeux

En remplacement : GAG NE PAS SE LAISSER ABATTRE - Bernard Butine

LES EXCUSES

MARCUS EN IMMERSION la restauration d’entreprise

SOCIÉTÉ MES COLLÈGUES SONT-ILS MES AMIS ? Albert Casard

LE GRANTRETIEN-THIERRY BECCARO - Rita Worth

SAN_É : MICHEL PINÈDE - Professore Marcello Terrapiano

LE COURRIER DES LECTEURS

SEXE : COPY TOP - Sébastien Knorr

L’HÉROSCOPE - Madame Lune

ON EST PAS QUE DES COW-BOYS : HAUT MIDI - Edouard Schmoll

LA POSTFACE : Guillaume Martin

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Salut, Bonsoir, Coucou,

Tu n’as pas l’air de savoir où tu as mis les pieds. Je suis là pour ré-pondre à tes questions. Vas-y, je t’écoute

Bon.. Bonjour, je voulais savoir ce que c’est qu’un prédito?Merci pour cette première ques-tion.Un prédito, c’est entre la pré-face et l’édito. Ça présente le sujet du mois, et ça développe les inten-tions. Comme on est sur un format un peu spécial, on a le droit d’in-venter des trucs comme le prédito. En passant, on va se tutoyer, c’est plus sympa. Une autre question?

Pouvez-vous nous parler de BON TANT PIS ?BON TANT PIS existe depuis quelques temps maintenant. De-venu une référence dans notre belle région du Terrier, c’est LE magazine généraliste pour nous les grands. Notre version papier a vécu cinquante grands numéros : on a déjà travaillé sur des sujets comme LES GRANDES OPÉRA-TIONS (L’addition/la soustraction - n°7, à cœur ouvert/sans anesthésie - n°8), LES ROIS FRANÇAIS ET LE TRICOT (la passion royale mécon-nue - n°21), LES MOUSTACHU(E)S CÉLÈBRES (leurs réseaux - com-ment les reconnaître - n° 27), le spé-cial LES FRANCS-MAÇONS ONT DU CŒUR (les journalistes du Point n’en ont pas - n°38)...

Oui mais le changement c’est important. ET PAF, ça tombe ce mois-ci. Le temps du kiosque est terminé, et aujourd’hui tout passe par les internets. A la tête de la nouvelle équipe de rédaction, nous avons décidé qu’il était temps d’évoluer et de révolutionner l’in-dustrie magazinique avec une nou-velle formule innovante appelée le Magaweb, un mot-valise élégant pour un grand départ...

Un magaweb? Tu veux dire un webzine non?Non non, un magaweb. (Webzine ? Aargh tu trouves pas que c’est pas joli du tout et que ça fait super sé-rieux?)

On vous promet un rendez-vous différent tous les deux jours, grâce à une équipe formidable de chroni-queurs bourrés de talent, On vous promet de la BD, des nouvelles, des dessins, des trucs et des ma-chins à découper, par pleins d’au-teurs et d’artistes différents et for-midables..

On vous promet de vous informer, de vous divertir, de vous faire sou-rire, de vous apprendre des choses complètement stupides et absolu-ment pas nécessaires.

Comme on sait jamais ce qui peut se passer, le sommaire est suscep-tible d’évoluer, c’est donc un som-maire perpétuellement provisoire - ça, ça s’appelle se blinder.

C’est ça un magaweb, c’est un magazine qui se construit devant vos yeux. Et comme on sait même pas encore trop ce qu’il y aura de-dans, nous avons décidé que la couverture serait publiée en der-nier, elle illustrera au mieux ce qu’il s’est passé pendant le mois. Ou pas. C’est l’artiste qui décidera.

Ok c’est cool, c’est super, on a capté. Mais ça parle de quoi ce mois-ci?Aujourd’hui, on est le premier juil-let (sauf si tu lis ça le jour après la parution, dans ce cas on est le deux. Si tu lis cet écran plusieurs jours après sa parution, je t’invite à demander autour de toi la date. Je suis un très mauvais calendrier).

Juillet donc. Un des deux mois pen-dant lequel les gens de l’hémis-phère nord prennent le plus sou-vent leur congés annuels.

Du coup

- soit t’es en vacances, et tu vas aller bronzer tranquillou cet aprèm donc c’est l’heure de checker tes mails et ton facebook - ce midi je te conseille de passer à la rotisserie pour choper un bon poulet-patate.

-soit tu pars en août, et du coup l’ambiance au travail est plus inti-miste, on est moins, donc on s’en-nuie un poil à la machine à café, mais comme la patronne est par-tie, t’as de nouvelles responsabi-lités, genre le tampon «VALIDÉ» qu’elle t’a confié pour tamponner trois fois chaque facture avant de l’envoyer au service concerné, donc quand même t’as pas trop le temps de glander mais bon tu vas pas te faire un claquage non plus, mollo mon grand.

Nous avons pensé à toi en choi-sissant de parler du TRAVAIL ce mois-ci (en mode tranquille sans se prendre la tête tkt tonton). Si t’es à la plage, ça te fera penser aux col-lègues qui sont toujours au boulot. Si t’es au boulot, ça va te détendre un bon coup. Si t’es au chômage, on sait très bien que ça te concerne tout autant, parce que chercher un travail, c’est du gros boulot.

Nous espérons que tu passeras un excellent moment avec nous. On va faire de notre mieux pour que ça se passe tranquille, à la fraîche. Sinon on dira...

BON TANT PIS!!!

Gaël Bernard,

Co rédacteur en chef

Agathe, vous me copiez ça bien propre en mettant ma signature, en réarrangeant quelques formulation un peu trop familières et en choisis-sant une photo où j’ai l’air intelligent.Vous êtes bien gentille.

Le PRÉDITO

La photo de Gaël est signée Pauline Goasmat.

Gaël BERNARD n’a jamais été co-rédacteur en chef avant. Quand on lui a demandé d’écrire sa bio pour accompagner cet article, il a eu l’air outré, a demandé à la secrétaire de direction de le faire, elle a du coup demandé à son adjoint, qui a demandé à l’hôtesse d’accueil, qui est charmante, et à qui je n’ai pas pu dire non quand elle m’a demandé de le faire.Ce que je peux vous dire sur M. Bernard, c’est que son haleine est loin d’être impeccable, qu’il arrive rarement à l’heure, et qu’il se prend pas pour n’importe qui.Gnagnagna JE veux MON café BIEN noir gnagnagnagna.

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LES IMAGES BON TANT PIS À COLLECTIONNER!

Mode d’emploi : décou-pez l’écran avec des ci-seaux, ou imprimez sur du papier autocollant. Puis reliez un cahier, col-lez tout ça dedans et ran-gez ça dans un tiroir.

Etienne est stressé, le di-recteur des achats lui met grave la pression, du coup il

mange n’importe quoi.1-Le TRAVAIL c’est STRESSANT

Nicolas passe une bonne journée, il a réussi à fi nir un chantier bien relou :

4-Le TRAVAIL, c’est GRATIFIANT.

Julie ne sait pas se servir des post-its, c’est une digne représentante de ce que l’on trouve dans Google Image quand on tape

«femme+travail»3-Le TRAVAIL c’est un mi-

lieu un peu MACHISTE

P47R1C14 est toute sourire, l’ambiance est tip-top en ce moment dans la boîte:

2-Le TRAVAIL c’est VIVRE en COMMUNAUTÉ

Tous les mois retrouvez les cartes BTP à collectionner. On sait jamais, peut-être un jour on vous fera un magazine pour les coller dedans.

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Sébastien RIET

Sébastien Riet est un jeune essayiste prometteur. Après des études sur l’éthnologie du jeu chez les indiens d’Amérique, la fondation d’un groupe de rock nihiliste au succès rapide, une entrée dans la vie politique au conseil d’administration de la

MJC de Ploudalmézeau, et enfi n de nombreux stages dans des sociétés de produc-tion parisiennes, c’est tout naturellement que Sébastien a rejoint l’équipe du Bon

Tant Pis pour nous prodiguer ses excellentes pensées. Il prépare actuellement un livre sur les plus grands mystères de l’âme humaine et un autre sur les légendes urbaines

au bac.

C’est aussi et surtout le FILS AINÉ de notre cher PRÉSIDENT Antoine Riet pour qui il est une fi erté de chaque instant.

CE QUI PROUVE QUE L’AUDACE AU TRAVAIL IL FAUT POUVOIR SE LA PERMETTRE.

(heureusement que personne ne lit les bios).

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LE MEILLEUR AMI DE L’HOMME

LE TRAVAIL C’EST LA SANTÉ

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GUILLAUME MARTINEngagé pour une démocratisation de la procrastination et une reconnaissance de la pa-resse au niveau de l’état, Guillaume Martin a commencé à dessiner pour voir s’il pouvait s’améliorer. Force est de constater que non, mais tout de même, ses personnages lui en voudraient de laisser tomber. Ce qu’il fait pourtant régulièrement. Un vrai militant, je vous dis.

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Pour fêter ses 104 ans, la marque Alfa Romeo vient d’affi rmer être enfi n en mesure de passer en Béta.

Le séminaire annuel de la société de den-drologie s’est achevé dans une vive tension. Les hêtres ont en effet accusé les érables de leur voler leurs bou-leaux.

Les scandales de la Résistance Française ne cessent de res-surgir. Ainsi l’on vient d’apprendre que Ray-mond, dignitaire résis-tant français, faisait travailler sa femme, Lucie, au black.

Le travail tire son nom du tripalium, instru-ment de torture à trois poutres. Le plombier lui viendrait du pulbarum, instrument de levage à une seule raie.

Le décret du 1er mai 2014 limite la discrimina-tion professionnelle des moines hindouistes. 700 entreprises se sont déjà engagées à respecter l’ascète du travail.

Les RTT auraient, selon des sources internes, été crées afi n de permettre aux travailleurs de pro-longer leur weekend, faisant ainsi peu à peu disparaitre l’expression « Comme un lundi »

Selon l’Institut Français d’Etudes Profession-nelles Incomplètes, il semblerait que 76% des travailleurs.

LE  SAVIEZ  –  T

U  ?!

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Femmes manifestant pour l’égalité salariale. Parce que, mine de rien, les aspirateurs ça coute cher.

Concours : Sur cette rare image d’archive un cheminot au travail. Oui mézou ? rtEnvoyez votre ré-ponse à la direction pour rempor-ter une ITT.

LE  SAVIEZ  –  T

U  ?!  

LES  ARCHIVE

S.

Cheshireyan

Son hobby ? Faire du stop sur les autoroutes de l’information. Son auteur préféré ? 1m72. Sa bataille ? Laurent Fontaine. Son animal fa-vori ? L’ornyto…. ornitho….L’aurnyt… L’élan. Pourquoi Cheshireyan ? Parce que Sylvain Mirouf, c’était déjà pris.

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ENQUÊTE

Bernard ButineBernard a longtemps milité, et ses dessins étaient publiés dans les gazettes CGT. Son oeil vif et son dessin adolescent et tremblant font de lui une poin-ture dans le dessin d’humeur.

AVEC NOS EXCUSES

GAG

Nous sommes malheureusement dans l’impossibilité de vous fournir le fruit de l’en-quête de notre ami et confrère Hubert Joyeux, victime d’un accident de travail. Il aurait pousser les investigations sur son sujet beaucoup trop loin. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement. En remplacement nous vous proposons le gag du mois.

Nous nous excusons pour le gag publié qui est un peu trop proche de l’actualité de notre rédaction, et qui pourrait passer pour une blague de mauvais goût.

La rédaction ne publiera plus rien aujourd’hui, il y a des jours comme ça où tout est contre vous, sans trop savoir pourquoi.

LE SUICIDE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL

NE PAS SE LAISSER ABATTRE

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MARCUS EN IMMERSION

LA RESTAURATION D’ENTREPRISEMarcus Anodin est de ceux qui pointent du doigt, qui dénoncent, et fi nalement, qui dérangent. Régulièrement, il part « en immersion », dans l’inconnu du monde qui nous entoure, afi n de trouver les réponses aux questions que nous nous po-sons tous et faire ainsi éclater la vérité, parfois même au péril de sa vie.

Guilllaume MartinEngagé pour une démocratisation de la procrastination et une reconnais-sance de la paresse au niveau de l’état, Guillaume Martin a commencé à dessiner pour voir s’il pouvait s’améliorer. Force est de constater que non, mais tout de même, ses personnages lui en voudraient de laisser tomber. Ce qu’il fait pourtant régulièrement. Un vrai militant, je vous dis.

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Mes collègues sont-ils mes amis?Par Albert Casard

Mes amis m’appellent «le petit général», à cause de mon nom («Al Casard»), mais aussi et surtout à cause d’une habileté naturelle à commander, à m’imposer naturellement en tant que mâle alpha, dans n’importe quel groupe, dans la majorité les situations. Le lea-dership émane de mon corps comme si il était imprimé dans mes hormones, je peux faire ce que je veux d’un groupe.

Et comme les chefs d’états, les plus grands généraux, les meilleurs capitaines des plus belles fl ottes, des plus grandes équipes sportive, comme tous ces leaders d’exception, je sais la diffi culté de cultiver une véritable relation d’amitié avec une autre personne.

Les raisons sont simples : il ne suffi t pas de provoquer l’admiration chez quelqu’un, il faut trouver son égal, sans susciter la Ja-lousie.

C’est aussi la raison pour laquelle j’ai arrêté de croire en l’Amour, les femmes immédiatement charmées par mon cha-risme savent fort bien qu’elles ne seront jamais à mon niveau. Les êtres excep-tionnels ont tous la même malédiction: la solitude est notre fardeau.

Je pourrais évidemment vous raconter milles histoires pour illustrer cette diffi culté de trouver l’Amitié, des histoires mettant en scène les plus grands Hommes à tra-vers l’Histoire - de l’Antiquité à Avril 68.

J’ai choisi de vous parler de mon vendre-di après midi de la semaine dernière.

Le débat

La réunion éditoriale du vendredi matin est l’occasion pour tous les collaborateurs du magazine «BON TANT PIS» de se retrouver. Ce jour là, nous avons rencontré les deux nouveaux rédacteurs en chef, et nous étions tous plutôt déprimés par cette pré-sentation. Notre magazine manquait déjà d’hommes forts à sa tête et ces deux là n’auguraient rien de bon.

Ce rendez-vous hebdomadaire précède traditionnellement un déjeuner réunissant toutes les équipes du magazine au restau-rant «Le Tapioca».

C’est là que le service administration nous a appris la nouvelle, au milieu des ca-rottes rapées: notre collègue, notre estimé confrère, le vénérable du sommet qui a connu les plus grandes rédactions, qui est intervenu sur les confl its les plus diffi ciles, qui a eu ses entrées partout sous Pompi-dou ET sous Giscard, notre grand reporter Hubert Joyeux - le «Roublard» comme on le surnomme - a été admis à l’hôpital dans la matinée. La nouvelle est rude, et nous n’avons pas plus de détails.

Nous échangeons quelques plaisants sou-venirs de l’éminent collègue. Pour ma part, je me tais : je crois dans la sélection naturelle, mais je sais qu’un commentaire

SOCIETE

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Mes collègues sont-ils mes amis?comme celui-là soulèvera la controverse.

Nicole de la compta ouvre alors sa bouche désagréable pour proposer d’aller le voir à l’hôpital. Un débat commence : doit-on y aller? Cette démarche est-elle d’ordre professionnel ou d’ordre privé?

Pour tout vous dire, pour moi cela tombait au plus mal : je suis un cours pour deve-nir marionnettiste le vendredi après-midi. J’adore manipuler ces petites poupées, être le maître de leur petit monde, et je ne manquerais ça pour rien au monde.

J’affi rme donc qu’un homme de cette trempe n’accepterait jamais qu’on le voit diminué, alité, malade, triste, malheureux, sous-ali-menté, sondes anales apparentes dans cet horrible endroit qu’est l’hôpital et que nous pourrions faire mieux pour lui rendre hommage. Comme lui envoyer une carte ou même un bouquet de fl eur. La fi erté du Roublard en prendrait un coup, nous voir tous le regardant comme un animal en cage, et cette mascarade aurait sur le malheureux un effet catastrophique, peut-être même fatal.

J’ai rallié la plupart des gens de la tablée au groupe des «contre». Nicole, face à moi, poursuit son raisonnement, même si elle n’a plus que quelques partisans.

Cette femme perfi de (célibataire avec deux enfants probablement délinquants) certifi e qu’il faut nous montrer proche de lui dans ces moments diffi ciles. Elle ajoute qu’Hubert n’a jamais pris un congé, jamais un arrêt maladie, et que ça doit être bien grave.

Un point de plus pour la préservation de la fi erté de notre reporter vedette! Notre équipe est loin devant elle.

C’est alors qu’Agathe, la nouvelle assis-tante de direction, (engagée un vendredi vers 03h00 du matin par notre grand pa-tron dans une boîte minable de Dieppe) atteste que n’importe quel autre groupe de presse enverrait une délégation visiter le malade.

Ah l’hypocrisie!

Un bon coup de pub - au détriment de la victime!!!

Entre alors dans le restaurant notre grand patron Antoine Riet nous rejoignant pour un café mérité,- une pause modeste et logique en comparaison du travail formi-dable qu’il effectue. Il est accompagné de son fi ls Sébastien, un jeune homme ta-lentueux mais encore loin d’avoir la stature parentale. S’intéressant à tout ce qui l’en-

toure, comme à son habitude,

M. Riet s’interroge sur l’origine de notre agitation. Lorsque nous lui parlons d’Hubert Joyeux, sa mine sympathique se fait plus

grave qu’à l’habitude, me cherche du re-gard, me fi xe droit dans les yeux et me dit :

«- Mon cher et fi dèle collaborateur, mon ami Casard, vous êtes passé très très près de prendre sa place de grand reporter du magazine! Notre collègue Joyeux fut bien malheureux; à vouloir être trop profession-nel, il faillit en périr.»

Je suis abasourdi, autant par l’annonce que par l’élégance avec laquelle elle est faite.

Hubert Joyeux le Roublard enquêtait ap-paremment sur le suicide au travail, et il est passé trop près de son sujet.

Et moi pas loin de sa place.

Le grand patron propose alors qu’une dé-légation aille le voir après le repas. Je me rallie bien évidemment à cette proposition. Au diable les marionnettes.

Les arguments du patron ont fait mouche immédiatement - ils sont bien plus parlants que ceux exprimés auparavant par les gen-tilles hypocrites. Je dois également avouer qu’une idée nouvelle a germé dans ma tête et a d’autant plus motivé mon chan-gement de perspectives.

Si le grand journaliste veut en fi nir avec la Grande Traversée, si mon mentor veut me voir lui succéder, comment la vie a-t-elle pu contrarier sa volonté?

Une démarche

d’ordre

professionnel ou privé?

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Direction l’hôpital, j’ai une prise à débran-cher.

EDDY ET LE DESTIN

Nous sommes huit à faire le déplacement. Huit personnes sur le chemin de mon avan-cement. Je comprends très vite que le cours de marionnettes de cet après-midi va bien avoir lieu, les pantins seront justes un peu plus grands que prévus.

Mes capacités de leader feront le reste. Je prends donc en charge l’organisation de l’après midi.

Nous pouvons évidemment compter sur le véhicule de notre cher Edouard Sch-moll - un mini-van avec lequel il parcourt les routes du dépar-tement le week-end pour «per-former son show» de sosie d’Ed-dy Mitchell. Je l’accompagne donc avec Nicole (comptable moustachue), Marcus(journaliste aventu-rier), Benjamin (Personne ne sait ce qu’il fait à la rédaction) et Julie (journaliste d’opi-nion opiniâtre féministe et évidemment misandre). Aucun des deux nouveaux rédacteurs en chef n’ont pris la peine de se déplacer (est-ce que ce monde est sé-rieux?).

Reste les deux petits nouveaux : Agathe, la nouvelle secrétaire de direction (qui n’a pas eu ce poste grâce à ses qualités d’or-ganisation) et le fi ls de notre patron, Sébas-tien, représentant la direction. Je propose qu’ils partent ensemble dans la smart de celui-ci, en leur demandant discrètement de prendre un gâteau bien sucré.

Comme ils font partie des derniers arrivés à la rédac, ils ne savent qu’Hubert était hautement diabétique.

Soyons réalistes, il y a peu de chances qu’il absorbe du gâteau sans s’en rendre compte, mais Agathe allait être au plus mal. Ce serait bête de se passer de ce petit plaisir.

Sur le chemin, alors que tout le monde ra-conte une nouvelle fois une petite histoire sympathique sur le formidable Hubert «Rou-

blard» Joyeux, je me souviens qu’il m’a ac-cueilli le premier jour avec un sourire, qu’il m’a soutenu récemment devant l’ancien rédacteur en chef. Il m’arrive alors quelque chose de très étrange : je suis pris de doutes sur mon objectif. Serais-je capable de lais-ser partir le gentil nain de Blanche-Neige?

Depuis que j’ai quitté «Le nouveau détec-tive» suite à un petit scandale ridicule, et que la vie et un divorce coûteux m’ont obligé à prendre cette place que j’occupe dans ce magazine modeste (minable), j’ai toujours aspiré à prendre la place d’Hubert Joyeux.

Cet homme qui mérite amplement son pa-tronyme effectue malheureu-sement un excellent travail, et il est d’une sympathie diffi cile-ment conciliable avec l’envie de le voir décéder d’une mort douloureuse pour prendre sa place.

Ces remords me dévorent les tripes lorsque la radio d’Édouard se met à diffuser la cé-lèbre chanson d’Eddy Mitchell «Il ne rentre pas ce soir».

C’est un coup du Destin. Je ramasse mes tripes qui s’écoulent dans le fond du mini-van, et je retrouve le courage et la hargne qui me caractérisent, tout en me promet-tant de ne plus jamais avoir de ces hor-ribles remords.

Merci M. Eddy, je vous en dois une belle.

Diviser pour mieux débrancher

La Eddymobile est arrivée la première à l’hôpital. Voulant éviter une séance de pa-thos très gênante dans la chambre et me débarrasser de toute cette mascarade au plus vite, je décide d’agir immédiatement. Il faut donc que je me retrouve seul avec Hubert, et pour cela il me faut diviser les forces présentes au plus vite.

Je me dirige vers l’accueil : Hubert est au 5ème, chambre 512. Sans me démonter, je fais semblant de faire un scandale et je reviens furieux vers mes collègues. Je leur annonce alors qu’il y a deux Hubert Joyeux

Direction

l’hôpital,

j’ai une prise

à débrancher.

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Mes collègues sont-ils mes amis?hospitalisés en même temps à l’hôpital et que l’accueil est incapables de nous dire lequel est le nôtre. Marcus, l’aventurier mo-derne propose qu’on se sépare. Évidem-ment Nicole-de-la-compta est contre et insiste pour qu’on reste groupé. Elle se rend au guichet, et revient surprise et agacée : ils n’ont évidemment qu’un seul Hubert Joyeux. Je fais le surpris et traite les em-ployés d’incompétents.

Nous passons devant la cafétéria, et je propose de manger un morceau avant de monter. Tout le monde me regarde sans comprendre. J’essaye de renchérir sur ce que je sais des femmes et d’un point faible plutôt commun chez elles : je propose la dégustation d’un gâteau au chocolat, sa-chant qu’Hubert est diabétique et qu’on ne peut décemment pas lui en apporter.

L’argument est jugé ridi-cule et le gâteau tout à fait dispensable, et je sens bien que je suis mal engagé. Jusqu’à cette remarque de Nicole, accompagné d’un sourire : «Nous pourrons peut-être en prendre un bout en partant. Nous verrons.» Enfi n, elle s’ouvre, et j’aperçois un point faible.

Il me reste peu de temps, et je dois écarter les membres du groupe si je veux parvenir à mes fi ns. Sur notre chemin vers l’ascen-seur, je demande à Edouard d’acheter de la lecture pour Hubert à la maison de la presse - en espérant secrètement qu’Eddy Mitchell fasse la couv’ d’un grand maga-zine et que son sosie s’y intéresse suffi sam-ment longtemps pour nous laisser tran-quilles un bon moment. Il accepte avec un grand sourire sympathique.

La prochaine offensive concerne Benja-min : je le questionne sur la nature exacte de son travail en attendant l’ascenseur. Il a quelques problèmes à m’expliquer exac-tement son poste, celui-ci étant transversal entre plusieurs activités : le graphisme, la compta, la gestion du web. Je lui deman-dais alors laquelle de ces activités il pense qu’une femme ne peut pas faire à sa place - puisque c’est ce qu’il m’a affi rmé récem-ment à la machine à café. Julie, la jour-

naliste féministe, le prend à part pour avoir plus de détails alors que l’ascenseur arrive, nous assurant qu’ils nous rejoignent juste après. Nous rentrons dans l’ascenseur, et je m’aperçois avant que Marcus se trouve celui d’en face. Les deux portes se refer-ment, Marcus réalise alors qu’il part dans le mauvais sens vivre une de ses aventures incroyables.

L’ascenseur se referme. Reste Nicole.

Elle fait partie de cette génération de Ni-cole qui, avec les Martines et les Corinnes, pensent tout savoir.

Je les connais bien, mon ex-femme s’ap-pelait Corinne.

En tête a tête

L’ascenseur avancent doucement vers le cin-quième étage, j’envisage alors mes options pour me

débarrasser de Cor... de Nicole. Quand l’ascenseur débouche sur le cinquième étage, j’affi rme que je ne connais pas le numéro de la chambre, espérant trouver un plan de dernière minute pour me débar-rasser de l’encombrante comptable. Elle me traite d’incapable et prend la liberté de demander à une infi rmière au bout du couloir. Je me jette en 512 : le «Roublard» est seul, endormi. Je ressors pour aperce-voir Nicole et l’infi rmière qui lui montre la direction de la chambre.

Acculé, je panique, cours vers elle. Je la prends par la main, l’emmenant dans la première pièce autour de nous - un pla-card.

Pris de court, je l’embrasse avec la langue. Lentement, doucement, nos corps s’étreignent et elle accepte la caresse et le baiser du général. Le temps se suspend - un long instant sensuel et magnétique. Lorsque j’arrête, son visage est rouge et chaud. Je lui avoue un amour à son en-contre (bien entendu imaginaire) qui me dévore depuis mon arrivée à la rédaction. Elle est abasourdie, puis se met en colère brutalement, furieuse d’avoir vue sa cara-pace abominable se fi ssurer. Elle me ré-

j’ai toujours aspiré à

prendre la place

d’Hubert Joyeux.

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pond qu’elle a remarqué mes sentiments pour elle (Madame voit tout, Madame sait tout) et que tout ça est ridicule et enfantin. Encore une qui feint de ne pas tomber sous mon charme. Je la pousse alors, sort en courant, et bloque la poignée de la porte avec une chaise.

Vous n’imaginez pas ma surprise quand je la vois tirer sur la porte : celle ci est à double battant.CARAMBA, encore raté.

Je m’excuse, expliquant mon geste par la honte de m’être fait éconduit, et je la suis embarrassé vers la chambre d’Hubert.

Il dort toujours paisiblement. Cela aurait été tellement facile de faire ce pourquoi j’étais venu si la sorcière m’avait laissé seul.Après les remords, les regrets.

L’AFFRONTEMENT

Juste après nous rentrent Marcus, Benjamin et Julie (me regardant tous les deux d’une façon très désagréable), puis arrivent les deux petits jeunes retardataires avec leur gâteau. Hubert se réveille et nous ac-cueille avec un grand sourire. Quand à Édouard, il nous a rejoint plus tard : il a retrouvé un sosie de Johnny hospitalisé, et ils se sont fait un duo au bar-ka-raoke d’en face pour fê-ter l’annonce du concert des Vieilles Canailles.

Hubert nous raconte alors son accident : il a glissé sur les toits d’une entreprise de télé-phonie où les employés venaient fréquem-ment se suicider. (Presque) tout le monde rit, soulagés de savoir qu’Hubert n’a aucun désir de se prendre la vie. Je serre les dents.

Il partage alors le gâteau qu’il ne mange pas, remerciant Agathe et Sébastien, l’am-biance est sympathique, on rit, on chante même. Je repense à mon spectacle de marionnette : ça ne se serait pas passé comme ça du tout...

Drôle, humble, gentil, le Roublard est un être beaucoup trop formidable, et restera à jamais un véritable obstacle pour moi - professionnellement et personnellement,

vivant ou mort - je le hais de tout mon âme. J’aurai le plus grand mal à lui prendre sa place.

Puisque je n’ai plus rien à faire ici et qu’est venu la fi n de l’heure de visite, je décide tout le monde à partir. Hubert en saluant tout le monde me demande de rester seul avec lui. J’accepte à nouveau, surpris. Les autres partent à contrecœur, je les rassure en leur promettant de les rejoindre dans un instant. La chance me sourie à nouveau!

Seul avec lui, je peux enfi n l’assommer, le débrancher, lui injecter un produit, faire quelque chose!

Il y aura de nombreuses personnes pour té-moigner que je suis resté seul avec lui, mais un problème après l’autre.

Le premier, c’est d’affronter le Roublard.Certainement le plus diffi cile.

Il est tellement sympathique ce salaud.

Il attaque immédiatement, à peine la porte fermée : il trouve que je fais un travail admi-rable. Il pense que je mérite mieux que la

place que j’occupe. Mon esprit est confus sur la ma-nière dont il faudra lui ou-vrir le crâne alors que mes oreilles entendent des compliments.

Je bafouille : il ne faudrait pas les assommer avec cette nouvelle, ils débrancheraient certainement, et que c’était un grand honneur qu’il me propose de m’injecter dans sa nouvelle formule.

Il me dit que mon style est peut-être un peu pompeux, et qu’il faudra l’adapter à ces chroniques. Enfi n, il baisse sa garde, je n’ai pas besoin de beaucoup plus pour me dé-cider. Mais alors que j’attrappe un plateau pour le faire taire, il me dit qu’il a vu les choses les plus sincères dans mes articles depuis très longtemps.

Je repose le plateau, la gorge serrée, et lui dit que c’est lui le meilleur. Il me remercie chaleureusement, et me dit qu’il est rempli de doutes et de questions après cet inci-dent. Il me dit qu’il pense à laisser progres-

le Roublard restera

un obstacle pour moi

professionnellement

et

personnellement

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Mes collègues sont-ils mes amis?sivement sa rubrique, et il aimerait m’impli-quer pour trouver la bonne démarche afi n d’intéresser au mieux css lecteurs.

Je le regarde alors, faible, vul-nérable, seul, à ma merci.Je suis venu pour le tuer, mais il m’a pétrifi é.Je suis venu pour prendre sa place, il me l’a offert.

On ne joue défi nitivement pas dans la même cour.

Je ne contrôle plus alors ce que je lui dis, un poche d’admiration se crève et je lui dis tout ce qu’il a besoin d’entendre : nous avons besoin de lui, tout comme ses lec-teurs, tout comme il a besoin de ce tra-vail, qu’il aime et qu’il fait admirablement. Il n’est peut-être plus dans les rédactions nationales, mais il reste un exemple et une référence pour tous les gens de ce métier.

Il me sourit, la larme à l’oeil, me demande de l’excuser car il a mal au crâne, et se re-tourne dans son lit.

Je sors le coeur léger. Sur le retour, Eddy Mitchell chante Rio Grande - «dès la fron-tière passée, on s’ra blanchis sauvés.»

CONCLUSION

Nous croisons nos collègues tous les jours. On peut les considérer comme de simples voisins de bureau, de simples collabora-teurs, appartenant à la sphère profession-nelle. Pourtant on lie avec eux une véri-table relation dès lors qu’on accepte de les laisser nous donner des leçons, mais surtout dès qu’on leur offre une part d’at-tention, de soi-même.

Hubert Joyeux est revenu à la fi n du mois dans la rédaction, avec de nombreuses idées, et une confi ance en lui qui nous fait croire qu’il a encore quelques belles années de scoops devant lui. Nos relations sont cordiales, et je n’hésite pas à aller chercher des conseils chez lui, des conseils qui font de moi un homme meilleur. Sa confi ance est le plus beau des cadeaux qu’on m’ait fait.

Depuis, j’ai accompagné Agathe à chaque étage de la rédaction pour lui

présenter tout le monde, la laissant profi ter de mes petits avantages accumulés au fi l des années avec chacun de mes collabo-rateurs .

J’ai demandé à Benjamin de faire une signature automatique au nom de BON TANT PIS pour mettre en bas de mes mails, et tout le monde lui en a demandé autant : il a trouvé rapidement l’approbation de tous et il a enfi n obtenu sa place dans la rédaction.

Samedi, j’ai organisé un déplacement au concert de notre Eddy à nous.

Enfi n, j’ai offert un gâteau au chocolat à Ni-cole pour me faire pardonner , un gâteau qu’elle a dévoré devant moi et qu’elle a trouvé succulent. J’ai fait ensuite ce qui im-porte le plus pour elle, ce que je sais qui lui ferait le plus plaisir, j’ai avoué qu’elle avait eu raison et que j’avais eu tort devant le service comptabilité rassemblé pour l’oc-casion.

Les tranquillisants, les diurétiques et autres médicaments que j’ai volé à l’hôpital et placé dans le gâteau qu’elle vient de consommer ont fait effet très rapidement, et son comportement tout à fait inappro-prié pendant mes excuses entrainera son renvoi rapide sans solde pour faute grave.

L’ordre général est rétabli, mon autorité ne sera plus menacée, et j’ai trouvé l’appui d’un ami.

Oui mes amis, je le sais,

cela arrivera vite :

le petit général vaincra.

Albert CASARD a débuté dans Tintin, c’est un ancien de Voici, Détective, Le Nou-veau Détective, Tout Est Possible.

Il est l’inventeur d’un nouveau genre de journalisme, le journalisme picaresque (rien à voir avec les surgelés ou le nord de la France) où il expose les luttes, les aspira-tions et les accomplissements fantastiques d’un journaliste de magazine. Le Petit Général (1m55) fi nira par devenir grand. Eventuellement.

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LE GRANTRETIEN

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RITA WORTH

Rita sait ce qu’elle veut et elle l’aura toujours : la parole des plus grands et leurs petites recettes resteront ce qu’elle préfère faire partager à tous.

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Pour ce cinquante et unième numéro de Bon Tant Pis, nous avons l’im-mense joie de vous offrir une interview de votre ancien Ministre du Travail, MICHEL Pinède. (NDLR: l’interview a eu lieu le 12 Février dernier, quelques heures avant le regrettable décès de Mr. Pinède lors de l’incendie de son jardin. L’enquête est toujours en cours.)

Professore: Bonjour Mr. Pinède, merci pour le temps que vous nous consa-crez aujourd’hui. Pour commencer, nous allons jeter un oeil à votre traite-ment chronique, cela ne vous pose pas de problème?

M. Pinède: Bonjour Professore, c’est à moi de vous remercier de m’avoir invité à m’exprimer dans Bon Tant Pis pour ce numéro spécial Travail. Et concernant mon traitement, ce serait un honneur d’avoir votre avis pro-fessionnel.

Professore: Alors… (l’ordonnance comporte six anxiolytiques, huit antidé-presseurs et du Cocafl ex, la nouvelle molécule du laboratoire Fist & Fister, première cocaïne sur prescription médicale). Ah ouais, quand même M. Le Ministre! Vous tenez le choc?!

M. Pinède: Ca pourrait aller mieux… En sus, la situation actuelle du pays m’oblige à revoir les doses de mon traitement à la hausse. Une espèce d’infl ation conjoncturelle médicamenteuse, voyez-vous. Je ne vais pas vous embêter avec des termes techniques… Sachez juste que ces chiffres du chômage (NDLR: 78% au 12/02/2014) m’empêchent de dormir en ce moment mais le gouvernement du Président Ben Mahmoud tiendra les promesses prononcées avant son élection. Toutes les français sont tou-chés.

Professore: Excepté votre pharmacien! Haha, je rigole, M. le Ministre! Jus-tement, M. Pinède, les politiciens, leurs maladies et traitements en période de crise, ça intéresse nos lecteurs… Comment faites-vous pour supporter cette pression?

SAN_É

L’ITW: LE MINISTRE DU TRAVAIL: SES ANGOISSES, SES PATHOLOGIES.

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M. Pinède: Je ne la supporte pas malheureusement. (NDLR: tremblant, Mr. Pinède avale le premier Lexomil de son interview. Seize comprimés sui-vront. Nous vous les avons indiqués par l’abréviation L-numéro.) Je ne dors que quelques minutes par nuit, les insomnies détruisent mon sommeil. Par ailleurs, les manifestations sous mes fenêtres m’ont donné les premières attaques de panique de ma vie. Je ne pensais pas que ça pourrait m’arri-ver. (L2, L3)

Professore: Attacus panicus comme on le dit dans notre jargon! Quels symptômes particulièrement?

M. Pinède: Ben… (L4) Ca commence dans le bras gauche, une douleur in-tense, incontrôlable, comme si un cheminot CGTiste me tirait par la main à Gare du Nord. Forcement, là, les images ressurgissent (L5), je revois ces militants dans la fosse à purin… (NDLR: les fameux événements de la mani-festation FdePUTE (FN, PS et UMP Tous Ensemble) qui a causé la mort de 18 militants Front de Gauche, étouffés sous 8 tonnes d’excréments dans les Arènes de Lutèce. L’enquête est toujours en cours.) On est allé trop loin, même s’ils le méritaient surement. J’y étais avec le Ministre de la Guerre et le Chancelier Américain. C’était très dur à regarder… Passons. Après les douleurs, je me calme avant de rentrer dans une phase paranoïaque. Ne sentant plus mon bras gauche, j’essaye à chaque fois de relancer la cir-culation avec de l’eau chaude mais les mêmes fantômes me suivent, dix Clément Lombric se masturbent dans le couloir qui sépare ma chambre de ma salle de bain. Toujours le même cauchemar…

Professore: Le fameux militant anti-tout.

M . Pinède: Exactement. Il me regarde (L6 à L10) droit dans les yeux et me crache littéralement le fi el de sa haine anti sociale au visage. Les voix m’appellent et je ne m’en sors qu’en m’allongeant nu sur mon lit. Je ferme les yeux et deux trois heures après, la crise passe.

Professore: C’est ce qu’on appelle le complexe de Reagan en psychana-lyse transactionnelle. Je comprends que vous ne dormiez pas… D’autres pathologies?

M. Pinède: Mis à part ma H-Ische que j’ai depuis ma plus tendre enfance, je n’ai pas à me plaindre. (pas tant que ça, L11 et L12…)

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Professore: Ah la fameuse Hémoroidose Ischémique, belle pathologie! Une veine de 4 cm de diamètre qui sort de la partie distale de l’anus pour rentrer au niveau de la rotule. Merveilleux. Parlez-nous-en simplement, en quelques mots, c’est compliqué à vivre au quotidien?

M. Pinède: Non c’est très simple, il faut juste faire attention à ne pas s’ac-crocher aux poignées de porte et aux pieds des chaises.

Professore: Les deux grands facteurs de risque de décès pré-mortem. Vous suivez un traitement?

M. Pinède: Plus en ce moment. Personne n’a attenté à ma vie malgré notre politique ultra-libérale et ses conséquences sur les classes les plus pauvres de notre société. J’ai le cul bordé de nouilles, ça atténue la dou-leur.

Professore: Une très belle avancée médicale israélienne, je suis heureux de voir qu’elle profi te aussi à nos grands hommes. Je vois votre assistant nous faire signe, je vais fi nir avec un dernier sujet. Comment vous êtes vous retrouvé sous Cocafl ex?

M. Pinède: C’est une idée de mon médecin traitant afi n de tenir le rythme (L13). Il considérait que la 0.9 du Grand Journal était trop mal coupée. Par ailleurs, ce traitement a une double utilité: cela me tient éveillé et je ne sens plus mes hémorroïdes. J’en suis assez content même s’il est très addictif. (Il sort un pochon et tape une énorme trace. Le service d’ordre nous empêche de fi lmer.) D’ailleurs, nous testons une journée de sevrage aujourd’hui. (perdrait-il la tête?)

Professore: Le grand noir derrière vous nous montre son 45 mm, je crois que nous devons vous laisser à vos dossiers. Merci de nous avoir reçu dans votre bureau.

M. Pinède: Mer.. Merci.. A… Merci à vous!!!

Professore: L’effet du Lexomil couplé à celui du Cocafl ex! Merveilleux! Vous arriverez à travailler ce soir?

M. Pinède: Oui.. Non… J’organise un barbecue dans mon… JARDIN CE SOIR, CA VA ETRE TROP BIEN!!

Professore: Attention, Clément Lombric derrière vous! (L14 à L17) Non je déconne! Au revoir Monsieur le Ministre.

M. Pinède: Au.. Revoir..

La rubrique est sous la direction du Professore Marcello Terrapiano, diplômé de la fac de Naples et radié de l’ordre des médecins de Rome

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Bonjour, j’ai lu avec inquiétude qu’il était arri-vé malheur à notre ami Hubert Joyeux. Qu’en est-il aujourd’hui? Pouvez-vous nous tenir informés?En lui souhaitant un prompt rétablisse-ment,Continuez, votre magaweb est super.

Mireille JoyeuxPS: Vous serait-il possible de m’expédier un acte de décès de mon mari, le cas échéant. J’ai besoin de quelques jours de repos auprès de mon employeur.

Vends chili con carne,très peu servi.Idéal séminaire ou consti-pation. Haricots rouges, viande hachée et piment compris.A venir prendre sur place.

Prix à débattre.

BjrG remarké une fote d’ortograf sur dan la caz 8 du reportaj 2 marcus.O lieu dékrir « vous», vou AV écri « vouis ». Du cou, G U du mal a comprendr le gag.Merci dètr + vijilan a l’avnir.

Jean-Eudes, en Vendée.

L’amicale des daltoniens tient à vous féliciter pour les choix des couleurs jaune et noir de votre page d’ac-cueil bontanpis.fr (c’est bien du jaune et du noir, n’est-ce pas?) Nous tenons à vous remettre le «Ave-rell d’Or» qui récompense les défenseurs de notre communauté. Cordialement.

:) VOUS AVEZ LA PAROLE :(On vous publie mais on vous répond pas.

Vous avez publiez un article qui faisait 10 pages. #onfai-tunblogoncomprendrienau-net

Anonyme

Vous avez caché un lien vers un clip des L5 dans un de vos articles. N’avez-vous pas de pitié pour le genre humain? Vous croyez-vous tout permis parce que vous êtes sur Internet?

Anonyme

AIDEZ MOI! JE SUIS STAGIAIRE CHEZ BON TANT PIS, J’AI RÉUSSI À M’ÉCHAPPER. Ils nous retiennent prisonniers dans leurs bureaux et nous obligent à faire leur travail en nous payant même pas tellement, trop abusé j’avoue. En plus, si j’ai bien compris leur plan trop pas stylé, ils vont nous forcer à faire un rapport de stage que personne ne lira et.... Ça y est, l’alarme est déclenchée, ils vont bientôt trop me repérer, venez nous aidez qumoihùok,;,mokmlm;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

BON TANT PIS recherche un nouveau STAGIAIRE, sou-riant et dynamique, pour découvrir le monde du travail et celui de l’édition! S’adresser au courrier des lecteurs.

Je représente la commu-nauté des Nicoles, des Martines, des Corrines et des Moniques, qui ont été moquées dans vos pages ce mois-ci. Nous trouvons ça intolérable. Encore une fois, rien sur les Serges, les Patrices, les Renés, et encore moins sur ces connards de Emiliens.Toujours les mêmes qui prennent, c’est marre à la fi n. Des bisous.

Karine

Le Averell d’or de la rédaction

On a pas parlé des fonction-

naires dans ce numéro spécial

travail. Coincidence?

Je ne crois pas.

COURRIER DES LECTEURS

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Avant d’être employé à plein temps (à titre gracieux) comme chroni-queur par Bon Tant Pis j’ai enchaîné tout un tas jobs alimentaires. Pendant une dizaine d’années j’ai été tour à tour chauff eur de salle, chauff eur de rickshaw, vendeur de climati seurs et refroidisseur de tétons (un boulot de rêve : j’appliquais des glaçons sur les tétons des danseuses du Lido avant leur entrée sur scène). Mais le méti er le plus « excitant » qu’il m’ait été donné d’exercer c’est de loin « vendeur dans un magasin de reprographie » (Oui, dans le milieu on parle de « reprographie ». On laisse les « Photoco-pies » aux bureaux de tabac polyvalents).

Le travail en soit n’était pas des plus sti mulants mais l’immeuble voi-sin abritait une agence de mannequins et il leur fallait souvent imprimer des books sur un joli papier brillant 180 grammes. Et alors me direz-vous ? Ce n’était pas Svetlana-la-slovaque-de-17-ans qui allait déplacer son cul-ti mbre-poste dans ma bouti que pour s’acquitt er d’une si vulgaire besogne. Svetlana… ma douce, ma belle, mon adorable Svetlana… Svetlana au sourire braguett e et aux jambes infi nies. Svetlana briseuse de vœux monasti ques. Svetlana qui privait mon cerveau de sang à chaque fois que je laissais traîner mes yeux sur sa poitrine parfaite. Parfaite Svetlana l’était. Même mieux que parfaite. Top. Et une top ça ne va pas faire des photocopies. Non. L’encre ça tâche et une top ça ne ne se lave pas. Une top ça brille. Ça brille de mille feux et de milliards d’érecti ons. Venir imprimer des dossiers c’était le travail de Monique, la secrétaire. Monique était toujours genti lle avec moi. Elle avait une cinquantaine d’année, son propre thermos et portait à merveille son prénom.

Et puis elle boitait aussi. Et ça c’était ma chance : vu que c’était com-pliqué pour elle de se déplacer, en « homme genti l » (c’est comme ça que m’appelait Monique) j’avais donc pris l’habitude de lui apporter les dos-siers qu’elle m’envoyait par mail. Un pur bonheur. Chaque sorti e était pour

SEXE

COPY TOPRien ne vaut l’original

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moi l’occasion de voir la bombe Svetlana. Lorsque celle-ci était absente je prétextais alors une page mal imprimée, une reliure de travers, pour refaire le travail et avoir une nouvelle chance de la croiser plus tard. Svetlana… Je ne savais rien d’elle, je ne l’avais aperçue qu’à cinq reprises, je ne lui avais jamais adressé la parole et pourtant j’étais amoureux d’elle. Alors pour lui déclarer ma fl amme, je décidai de mett re en place ma technique d’approche : baisser les yeux à son passage, jouer l’indiff érence et ne pas la saluer. Les semaines s’écoulèrent et rien ne se produisit. Ma technique devait être trop subti le.

Je décidai alors de suivre les conseils de mon ami Gaël et de passer à la vitesse supérieure. Gaël, lui, s’y connaissait en femmes. On l’appelait « la poutre de Brest ». Il était breton, tenait beaucoup à ses trémas et était un excellent charpenti er. Gaël me conseilla donc d’y aller franco. Sa soluti on me paru un peu trop radicale mais Gaël était sûr de lui. « Au moins comme ça elle comprendra le message… ». Gaël était persuasif, breton et surtout il avait une grosse culture télé. Je décidai alors de me lancer. Cett e nuit là, malgré le rideau de fer ti ré, malgré l’obscurité ambiante, quelques fl ashs lu-mineux éclairèrent ponctuellement le trott oir du magasin de reprographie.

Quand on a un jour de congé ce n’est jamais agréable d’être réveillé le mati n par son téléphone. Et 9h du mati n pour un insomniaque c’est l’aurore. Mais quand le téléphone vous annonce une bonne nouvelle, le plus insuppor-table des bips se transforme en cuicui mélodieux. « RDV 15H. HÔTEL FO-LAMOUR. CHAMBRE 214 ». SMS. Svetlana Ma Sublime avait ouvert mon enveloppe et été conquise. Soyons folle s’était-elle dit ! Soyons Folamour ! Oh oui mon amour ! A quoi bon intellectualiser les envies ? Les mots sont peu de choses quand le corps veut s’exprimer. Depuis longtemps mon corps avait repéré le sien mais elle, de son côté, était restée muett e. Il n’avait fallu que quelques photocopies bien placées pour ouvrir ses yeux et mouiller sa culott e. La gamine semblait gourmande. Avec moi elle allait être servie. Buff et à volonté !

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Le sexe plus dur qu’une matraque de CRS, le sang plus chaud qu’une baraque à frites, je me rendis à l’hôtel. J’allais réaliser mon fantasme : j’allais enfi n faire l’amour à Svetlana. « Faire l’amour », que dis-je ? Lui casser les patt es arrières, oui ! Lui dévorer le kebab ! Lui racler la boîte à saucisses ! Il était 18h, j’étais très excité et mon cerveau n’était plus irrigué en sang depuis neuf heures du mati n. Je frappai trois peti ts coups à la porte. « Trois peti ts coups qui en annoncent plusieurs » pensai-je, amusé par mon bon mot. Mais mon sourire d’autosati sfacti on s’eff aça lorsque Monique m’ouvrit la porte. Elle était là, devant moi, en nuisett e. Je n’eu pas le temps de com-prendre la situati on que Monique m’atti ra dans la chambre. Elle me plaqua sur le lit et commença à me déshabiller. Un homme normal aurait pris ses jambes à son cou. Un homme normal aurait décliné le coït. Un homme nor-mal aurait expliqué que tout cela n’était qu’un aff reux malentendu. Mais je ne suis pas un homme « normal ». Je suis un homme « genti l ».

En homme genti l donc j’assumai le quiproquo. Fati gué j’avais dû écrire, par habitude, le prénom de Monique sur l’enveloppe desti née à Svet-

lana. Ou alors était-ce un acte manqué ? De toutes façons, à ce moment là ça n’avait plus d’importance. Monique était là, au-dessus de moi, le nez en-foui dans mes poils pubiens. Sa bouche gourmande avait déjà enti èrement englouti mon membre viril et son menton chatouillait mon scrotum. Bref. Il était trop tard pour jouer les pucelles eff arouchées. En bon chréti en je déci-dai alors de jouer le jeu. Et j’en rajoutai même « Cett e nuit, ma Monique, tu t’en souviendras toute ta vie. Cett e nuit torride occupera une place de choix au panthéon de tes souvenirs. Jamais on ne t’aura aussi bien bai…AAAAAA-HHHH »…

Oups…

« genti l, genti lle. adjecti f. (du lati n genti lis). Se dit d’une personne ai-mable, pleine de bons senti ments à l’égard d’autrui. Synonyme : lâche ».

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La gourmande savait s’y prendre… Avec pareille technique elle avait du en faire sauter des boutons de braguett es… Je rougis plein de honte mais Monique ne m’en ti nt pas rigueur. Elle releva la tête, la bouche encore dégoulinante de mon plaisir précoce, s’approcha de moi et… me roula un énorme pati n ! Et à ma grande surprise j’adorai ça ! Cett e prati que a priori répugnante s’avérait tout bonnement délicieuse. J’étais au Paradis et on me servait de l’ambroisie.

J’avais encore du mal à réaliser. Monique…. elle cachait vraiment bien son jeu. Une fois au lit, Monique-la-secrétaire, Monique-au-pied-bot, Mo-nique-la-discrète révélait sa véritable nature. Une ti gresse ? Une cougar ? Un volcan ? Mieux. Un big

BANGMonique… Monique… Monique… Allongée contre moi je ne voyais plus son sourire Picasso ni le bleu de ses varices. Allongée contre moi, je voyais une femme. LA Femme. Ma femme ?J’étais déjà amoureux.

Nous sommes restés deux ans ensemble. Une relati on cachée. Mo-nique m’a tout appris. Je l’ai aimée comme je n’avais jamais aimé aupara-vant. Et puis un jour - je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi - elle en a eu marre. Elle m’a jeté comme un préservati f usagé et elle a disparu de ma vie comme elle y était entrée : par surprise. A l’agence de mannequin personne n’a pu me dire où elle était partie. Je l’ai cherchée partout pen-dant des mois. En vain. Désespéré, je suis alors tombé dans une profonde déprime. Livrer les dossiers imprimés sans voir Monique... A quoi bon ? Des années plus tard Svetlana m’a avoué que c’est ça qui lui avait plu chez moi. Mon côté chien batt u. Aujourd’hui on vit ensemble. Svetlana gagne très bien sa vie et c’est grâce à elle que je peux me permett re d’écrire pour Bon Tant Pis. C’est grâce à elle que l’hivers je skie à Megève et que l’été je bronze à Saint-Tropez. Je mène une vie douce et confortable. J’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé. Tout.Tout… sauf Monique.

Sébasti en Knorr a vécu en Allemagne, en Serbie et en Guadeloupe. En 1998, à Pointe-à-Pitre il fait la connaissance de John B. Root, le célèbre réalisateur de fi lms pornographiques. Ensemble ils collaborent sur plus de 450 fi lms. John à la réalisation, Sébastien aux dialogues et aux accessoires. En 2008 Sébastien quitte le milieu du X et se lance dans l’écriture de romans. Il espère aujourd’hui connaître le même succès qu’Etienne Liebig, son maître à penser.

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Bonjour mes amis, et bienvenue à votre héroscope personnalisé. Un héros-cope n’est ni plus ni moins qu’un horoscope dont vous êtes le héros. Cette consultation vous sera facturée gratuitement. Ces prédictions n’engagent que votre mère et Alain Juppé en slip de bain. Libérez vos chakras et commen-çons à présent.

0. Si vous êtes né un 25 décembre ou un 29 février, allez en 10, sinon, allez en 20.

1. Vous avez tendance à la rêverie ces temps-ci. Remettez-les pieds sur terre ou vous en subirez très vite les conséquences. Et je vous aurais prévenu. Allez en 21.

2. L’été est propice aux rencontres. Mais aussi pour bronzer là où le soleil n’arrive pas toujours, rendez-vous AU CAP D’AGDE.

3. Vous serez d’un calme imperturbable. On se demandera même si vous êtes vivant. Allez en 17.

4. L’oisiveté est mère de tous les vices, méfi ez-vous. Rendez-vous en 30.

5. Si vous êtes sûr que vous n’aimez pas Max Pécas, allez vous faire foutre. Sinon, allez en 2.

6. Vous avez tendance à vous laissez déborder. Allez en 35.

7. Vos collègues/camarades ne s’y trompent pas. Si vous les appréciez, allez en 16, sinon en 42.

8. Les passages successifs de Lunes dans votre ciel rendent votre conception de la fi délité aléatoire. Si vous êtes faible d’esprit, allez au 2. Sinon, rendez-vous au 27.

9. Je n’aurai pas parié sur ce résultat. Retournez en 11.

 

10. On oubliera votre anniversaire cette année, allez en 20.

11. Vieillir vous terrifi e un peu plus chaque jour, syndrome dû à l’arrivée de Mars dans votre signe. Si vous êtes une femme, allez en 2, si vous êtes un homme, allez en 32. Si vous l’ignorez, allez en 38.

12. Si votre héroscope vous déçoit, essayez de faire mieux en retournant au 0 qui vous va si bien. Sinon, retournez donc bosser. Et non, y’a pas de numéro pour ça.

13. Je croyais que vous n’aviez pas de temps à perdre ? Arrêtez donc de pas-ser votre vie sur youtube. Rendez-vous en 25.

 

L’HEROSCOPE

 

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14. Comme quoi, c’était bien la peine qu’on nous bassine avec le réchauffe-ment climatique. Allez en 40.

15. Pousser à bout vos collaborateurs peut vous aider à vous détendre. Allez en 21.

16. Pluton vous rend naïf mais attachant. Si votre livre de chevet comporte des images, allez en 1, sinon, tant pis, allez en 39. Si vous n’avez pas de che-vet, rendez-vous chez IKEA.

17. Si vous connaissez votre ascendant, allez en 36. Sinon, rendez-vous en 19.

18. Nouvelles expériences en perspective. Mais cela ne vous réjouira pas for-cément. Allez en 17.

19. Votre manque de sérieux dérangera votre hiérarchie. Allez en 43.

20. Si vous êtes le 1er des cons, allez en 7. Si vous êtes du 2ème ou 3ème décan, rendez-vous en 22, en cas de doute, cherchez-le sur wikipédia, puis fi lez en 29.

21. Si vous êtes en vacances allez en 4. Sinon, rendez-vous en 22.

22. Les planètes fi nissant en ‘us’ font de votre quotidien une suite sans fi n de frustrations. Courage, la lumière blanche est au bout du couloir. Allez en 30.

23. Vous avez du temps à perdre, grand bien vous fasse, allez en 24.

24. Vous allez en avoir pour un moment, allez en 23.

25. Si vous êtes en couple, allez en 8. Sinon, rendez-vous en 33.

 26. Tout ira bien pour vous. Mais en toute logique, il est impossible d’arriver au 26. Allez en 40.

27. Vous discuterez avec bonheur météo et critiquerez vos amis avec l’être aimé(e). Comme l’année dernière en quelque sorte. Quoiqu’il fera sans doute un peu moins chaud. Allez en 14.

28. Vous aurez du mal à vous faire payer ce mois-ci. Allez en 21.

29. Votre ignorance vous fait perdre du temps, effacez votre historique puis allez en 20.

30. Si vous êtes du début de l’année, allez en 37, si vous êtes de la fi n, allez en 11.

31. L’astrologie ne peut plus rien pour vous. Allez en 40.

32. La lune a une infl uence positive sur votre transit. Un peu trop même. Ren-

 

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dez-vous au 17.

33. La conjoncture planétaire vous pousse à de nouvelles expériences. Si vous aimez Max Pécas, allez en 2. Sinon, rendez-vous en 5.

34. Super. C’était bien la peine de vous prévenir. Allez en 17.

35. Si vous aimez les chats, allez en 13, sinon, allez en 41.

36. Peu de gens le connaissent, c’est bien, félicitations. N’espérez rien de plus pour autant. Allez en 43.

37. Mercure étant en aphasie, troubles du sommeil à prévoir. Si vous pensez boire de l’alcool pour y remédier, allez en 18. Si vous préférez les tisanes, allez en 3. Si vous ne ferez rien de plus que d’habitude allez en 34.

38. Tapez votre nom sur Google et faites une recherche pour connaître votre sexe. Si vous y parvenez, Allez en 9. Sinon, rendez-vous en 31.

 

39. Maux de crâne et céphalées en perspective. Allez en 21.

40. Si vous avez triché pour avoir un meilleur héroscope, le malheur s’abattra sur vous. Allez en 12.

41. On aura tendance à vous reprocher un manque d’humanité, exprimez davantage vos sentiments pourra vous aider à être mieux compris. Mais on aura surtout tendance se moquer de vous. Allez en 25.

42. Y a-t-il un quelqu’un à la compta à votre travail ? Si oui, allez en 15, si non, rendez-vous en 28.

43. Si vous avez du temps à perdre, allez au 23. Sinon, Allez en 6.

Guillaume Martin

Engagé pour une démocratisation de la procrastina-tion et une reconnaissance de la paresse au niveau de l’état, Guillaume Martin a commencé à dessi-ner pour voir s’il pouvait s’améliorer. Force est de constater que non, mais tout de même, ses person-nages lui en voudraient de laisser tomber. Ce qu’il fait pourtant régulièrement. Un vrai militant, je vous dis.

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TOC

 

TOC

Regardez, peuchère, je suis

même en avance, on

avait dit midi. TOC

TOC

 

 

Regardez, peuchère, je suis

même en avance, on avait dit midi.

TOC

Regardez, peuchère, je suis

même en avance, on

avait dit midi. TOC

Regardez, peuchère, je suis même en

avance, on avait dit midi. TOC

Regardez, peuchère, je suis même en avance, on avait

dit midi. TOC

 

 

Regardez, peuchère, je suis

même en avance, on avait dit midi.

TOC

 

Regardez, peuchère, je suis même en

avance, on avait dit midi. TOC

   

   

f

ON EST

PAS QUE DES

COW BOYS Edouard Schmoll

HAUT MIDI --- High noon (1952)  

Juste avant la pause dej, dans le bureau du sheriff Hé bah putain, c’est pas passé loin ! Allez, un bon chili de chez Floris ce midi, et c’est reparti !  

Les Millers se sont pointés ce matin, ça a chié des bulles mais ce soir, ils font une allergie au plomb chez les croque-morts.

Sherif, bien ou bieng ?

Oh non.

Ça veut dire que vous voulez bien me faire passer l’entretieng. ?

A midi avant-hier ! Deux jours de retard pour un entretien, c’est chaud du cul quand même mon petit Lloyd.

Lloyd ? T’as besoin d’un truc ? Toc toc

C’est ouvert !

Toc toc

Ho ! Je rentre alors !

Hé oui té, qu’est-ce que vous croivez, on a rendez-vous, alors je me pointe….

Regardez, peuchère, je suis

même en avance, on avait dit midi.

TOC

Oh puteing ! Y’a plus de places d’adjoints c’est ce que vous me disez ?

Y’avait urgence, Les frangins Miller avait promis de me faire la peau pour se venger. Du coup, j’ai engagé

deux adjoints.

Euh Lloyd, avant qu’on aille plus loin..

C’est quoi le délire avec ton accent chelou ?

Je vieng du sud de la France, et quand je suis nerveux, j’ai mon accent qui revieng.

Bon alors tu te détends parce que ça me stresse.

On va la jouer à la cow-boy du Texas. T’as un CV avec toi ?

Evidemment !

Chouette alors! *

* En Français dans le texte.

C’est super de votre part, Sheriff. Vous êtes un type extra !

Voilà mon CV.

T’as du bol que tout le monde soit mort ce matin - en particulier les adjoints. C’est fini les retards ok ?

Merci. Et interdiction de parler français ici.

Misère.

C’est pas à la cavalerie ici.

ON EST PAS QUE DES COW BOYS

HAUT MIDI

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Dites, Sheriff, entre nous, ça se passe plutôt bien, vous trouvez pas ?

   

Dites, Sheriff, entre nous, ça se passe plutôt bien, vous trouvez pas ?

   

 

Voyons un peu ça : « garçon-vacher depuis 5 ans chez Flannagan, technique du lasso maitrisée… »

Scrich scrich scriiich scrich

« Français courant ». Ça serait mieux si c’était l’espagnol par ici.. Tu parles pas espagnol ?

Non

Ah.

« Activités : Kayak ». Kayak ? C’est quoi le kayak, c’est un truc d’indien ça non ?

Scrich scrich scriiich

rrrrt scrich

Scrich scrich scriiich screech

Scrich scrich

Non non, c’est juste que j’aime bien ce mot, on peut le lire dans les deux sens.

Mouais

(Bref)

« Bagarre : bon niveau ». Tu te débrouilles à la bagarre ? Et bon on va aller voir ça.

Allez ! On va dehors, on va voir ce que tu vaux à la bagarre !

Mmh…

On s’en fout un peu de tout ça

Ça suce.

Hé bin

Ok, ok !!!

Dites, Sheriff, entre nous, ça se passe plutôt bien, cet entretieng vous trouvez pas ?

 

C’est exactement ce dont j’avais besoin. Faut pas le prendre perso si je te marrave, j’ai juste eu une dure journée., d’accord ?

 

EDOUARD SCHMOLL

Fana d’Eddy et des contradictions.

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Non, non, j’veux voir si t’es un homme.

Vous voulez que je vous montre

comment je fais du ch’val ?

Quand tu veux mon petit…

POW

BIM

Vous allez voir!

(smack)

Ça alors…

C’est tout ce que tu as ?

Et oui ! Trop stylé !

N’oubliez  pas  :  il  y  a  toujours  un  moyen  de  s’en  sortir,  dans  une  entretien  d’embauche  comme  dans  un  roman  photo.  Et  de  nombreuses  études  très  sérieuses  le  prouvent  :  dans  75%  des  cas,  il  

suffit  d’un  bisou  pour  que  la  situation  s’arrange.    Nul  besoin  de  vous  faire  un  dessin  :  vous  savez  très  bien  comment  tout  cela  va  finir    

(autant  faire  un  clin  d’œil  à  une  chauve-­‐souris  aveugle).    

Alors  n’hésitez  plus  !    

QUAND  VOUS  N’AVEZ  AUCUNE  IDEE  DE  COMMENT  VOUS  EN  SORTIR    

FAITES  DES  BISOUS  BISOUS    À  TOUT  LE  MONDE!  

 

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Voilà donc un nouveau numéro de Bon Tant Pis qui s’achève, soit le premier en version entièrement numérique. Force est de constater que le passage à cette nouvelle formule est un franc succès en témoigne les hourras et les bravos recensés ici et là dans la presse spécialisée*.

Mais pour autant, devons-nous nous asseoir sur nos lauriers ou les mettre dans notre soupe ? Devons-nous nous avouer vainqueurs comme n’importe quel quidam des bords de la Ruhr ? Devons-nous nous lustrer l’auréole de satisfaction pour mieux dissimuler celle qui suinte depuis nos aisselles ? Eh bien, chère amie, cher ami, chère lectrice, cher lecteur, à cette interrogation je réponds, soutenu par l’ensemble de la rédaction, non. Un non franc, ferme et massif, avec des gros carats dedans, soyez-en certain.Non, nous nous devons de faire mieux, quand bien même vos petits yeux ébahis s’interrogeraient « mieux ? est-ce Dieu possible ? ». Eh bien à cette question, qu’une partie de la presse spécialisée* se pose par ailleurs, la rédaction de votre magaweb de renom répond oui. Un oui clinquant et racolant, mais avec classe et distinction, un oui Zahia en quelque sorte.

Mais comment faire mieux, me direz-vous, nous obligeant ainsi à répondre autre chose qu’un oui ou qu’un non, que tout le monde peut balancer à tout

va (excepté les joueurs de ni oui ni non) ? Eh bien chère amie lectrice, cher ami lecteur, tout simplement en faisant ce que nous faisons de mieux.

Voilà, à présent que l’avenir du magaweb et les révélations sur notre façon de travailler ont été exposées de façon claire et lisible, je propose de rappeler aux petits malins qui ont pris le train du numérique en pleine face (et qui ignorent tout du papier, quel qu’il soit, s’essuyant de ce fait les fesses en 2.0), ceux-là même qui n’ont pas connu les cinquante premiers numéros de Bon Tant Pis, pourtant qualifi ées par un magazine de la presse spécialisée* par une foule de noms d’oiseaux, ce qu’est (ça va ? Vous avez réussi à suivre la phrase à la structure grammaticale complexe et au propos quelque alambiqué ?) un postface. J’entends déjà ces néophytes de notre mensuel glousser en estimant qu’un postface n’est ni plus ni moins qu’un prédito de la fi n. Et c’est bien là qu’ils font erreur d’avoir une pensée aussi saugrenue car en réalité, et les fi dèles lecteurs et lectrices le savent bien, c’est exactement l’inverse, ou plutôt le contraire si vous êtes plus familier avec ce

principe. Mais entendons-nous.

Maintenant donc que nous nous sommes entendus (alors même que nous parlions très forts) et que la ligne éditoriale s’en est retrouvée éclaircie comme il se doit, juste derrière les oreilles, je m’en vais retourner à mon occupation principale, à savoir mon travail. Car voilà bien le thème de notre magaweb qui s’achève et qui a fait la part belle au turbin, au boulot, au taf et à tous ces synonymes du travail que l’on peut aisément trouver sous Word. Le prochain numéro sera ô combien plus ludique et divertissant puisqu’il explorera le monde merveilleux du jeu. Jeu de société, jeu de mains, jeu de vilain, jeu vidéo, jeu de grattage, tout sera passé au crible. Ou en tout cas, au moins une de ces propositions. A moins que ce soit autre chose. Toujours est-il que la rédaction ne ménagera en rien sa peine pour offrir à ses lecteurs et lectrices un travail de qualité, et triple épaisseur s’il vous plait.D’ici là, continuez à lire la presse spécialisée* et portez-vous bien, puisque personne ne le fera pour vous, sauf si vous êtes en fauteuil roulant, petit fainéant.

*Bon Tant Pis le magaweb

GUILLAUME MARTIN,Co-rédacteur en chef de Bon Tant Pis

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