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Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

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LES SIX COMPAGNONS DANS LA CITADELLE par Paul-Jacques BONZONL'appartement du jeune professeur d'anglais a été littéralement soufflé par une déflagration inexplicable. Aurait-il des ennemis? Mais, bientôt, d'autres explosions se produisent, un peu partout en France.C'est Mady, avec sa fameuse intuition, qui trouve le détail révélateur : la présence répétée de montres à quartz synthétique sur le lieu des explosions.L'usine est à Besançon. Qu'à cela ne tienne ! Les Six enfourchent leurs vélomoteurs, sans oublier d'accrocher la remorque de Kafi.Et, dans la capitale de l'horlogerie, à l'ombre de l'antique Citadelle, s'engage bientôt un combat sans merci...

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LES SIX COMPAGNONS DANS LA CITADELLE

par Paul-Jacques BONZON

* L'appartement du jeune professeur

d'anglais a été littéralement soufflé par une déflagration inexplicable. Aurait-il des ennemis? Mais, bientôt, d'autres explosions se produisent, un peu partout en France.

C'est Mady, avec sa fameuse intuition, qui trouve le détail révélateur : la présence répétée de montres à quartz synthétique sur le lieu des explosions.

L'usine est à Besançon. Qu'à cela ne tienne ! Les Six enfourchent leurs vélomoteurs, sans oublier d'accrocher la remorque de Kafi.

Et, dans la capitale de l'horlogerie, à l'ombre de l'antique Citadelle, s'engage bientôt un combat sans merci...

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A mon petit-fils Olivier Bonzonqui vit le jour en la bonne villede Besançon.Avec toute l'affection d'ungrand-père.

P.-J.B.

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PAUL JACQUES BONZON

Les Six Compagnons

1 1961 Les Compagnons de la Croix-Rousse 2 1963 Les Six Compagnons et la pile atomique3 1963 Les Six Compagnons et l'homme au gant4 1963 Les Six Compagnons au gouffre Marzal5 1964 Les Six Compagnons et l'homme des neiges6 1964 Les Six Compagnons et la perruque rouge7 1964 Les Six Compagnons et le piano à queue8 1965 Les Six Compagnons et le château maudit9 1965 Les Six Compagnons et le petit rat de l'Opéra10 1966 Les Six Compagnons et l'âne vert11 1966 Les Six Compagnons et le mystère du parc12 1967 Les Six Compagnons et l'avion clandestin13 1968 Les Six Compagnons et l'émetteur pirate14 1968 Les Six Compagnons à Scotland Yard15 1969 Les Six Compagnons et les agents secrets16 1969 Les Six Compagnons et le secret de la calanque17 1970 Les Six Compagnons et les pirates du rail18 1970 Les Six Compagnons et la disparue de Montélimar19 1971 Les Six Compagnons et la princesse noire20 1971 Les Six Compagnons et les espions du ciel21 1972 Les Six Compagnons à la tour Eiffel22 1972 Les Six Compagnons et la brigade volante23 1973 Les Six Compagnons et l'œil d'acier24 1973 Les Six Compagnons en croisière25 1974 Les Six Compagnons et les voix de la nuit26 1974 Les Six Compagnons se jettent à l'eau27 1975 Les Six Compagnons dans la citadelle28 1975 Les Six Compagnons devant les caméras29 1976 Les Six Compagnons au village englouti30 1976 Les Six Compagnons au tour de France31 1977 Les Six Compagnons au concours hippique32 1977 Les Six Compagnons et la clef-minute33 1978 Les Six Compagnons et le cigare volant34 1978 Les Six Compagnons et les piroguiers35 1979 Les Six Compagnons et la bouteille à la mer36 1979 Les Six Compagnons et les skieurs de fond37 1980 Les Six Compagnons et les bébés phoques38 1980 Les Six Compagnons dans la ville rose

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PAUL-JACQUES BONZON

LESSIX COMPAGNONS

DANS LA CITADELLE

ILLUSTRATIONS MAURIN PAULI N

HACHETTE

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TABLE

I. Une curieuse explosion 8II. Le récit du professeur 21

III. A l'écoute du transistor 29IV. Des montres à quartz 39V. La citadelle 53

VI. Une échelle de spéléologue 69 VII. Sur les remparts 81

VIII. Un homme dans la nuit 96 IX. 9, avenue de l'observatoire 110X. La bande magnétique 124

XI. Une audace de Mady 140XII. Le parapluie bleu 151

XIII. Le secret des Alpha-Dzeta 167XIV. Epilogue 184

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CHAPITRE PREMIER

UNE CURIEUSE EXPLOSION

TIDOU dormait, profondément quand son réveil tinta. Il étendit le bras pour arrêter la sonnerie, s'étira, bâilla et se pencha hors du lit pour donner une tape amicale à son chien qui, comme d'habitude, avait dormi près de lui, sur le plancher.

« Debout, Kafi! c'est l'heure! Heureusement, la semaine prochaine, nous serons en vacances. A nous les grasses matinées! » Le chien-loup, un magnifique berger allemand,

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se dressa, battit de la queue et regarda son maître avec l'air de dire :

« S'il ne tenait qu'à moi, Tidou, je me lèverais tous les jours aux aurores pour courir dans les rues de Lyon.»

Sa toilette faite, son petit déjeuner avalé, Tidou descendit avec son chien les cinq étages de son immeuble et recommanda, en arrivant au rez-de-chaussée :

« Pas de bruit, Kafi, pense à la concierge. »Le conseil était superflu. Kafi savait qu'il n'était que

toléré dans la vieille bâtisse. Pour amadouer la concierge, Tidou avait d'ailleurs appris à son chien à s'essuyer les pattes sur le tapis-brosse, ce que Kafi ne manquait pas de faire... même en descendant.

Dehors, le temps était humide, plutôt froid. On était pourtant en mars. A part quelques journées ensoleillées, au début du mois, on n'apercevait aucun signe du printemps. De sa rue de la Petite-Lune, Tidou grimpa vers le lycée, sur le boulevard. Quelques élèves seulement discutaient sur le trottoir avant d'entrer dans là cour.

« Je suis stupide, se dit Tidou, j'arrive toujours trop tôt. Aucun de mes camarades n'est encore là. J'aurais pu profiter de mon lit dix minutes de plus. »

Il revenait sur ses pas après s'être éloigné du « bahut » quand le rejoignit Gnafron, le « petit » Gnafron, comme on -l'appelait au lycée, ce qui ne

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lui plaisait guère, puisqu'il avait le même âge que les autres.

« Enfin! la dernière semaines fit Gnafron en fourrageant dans sa tignasse plus noire que le plumage d'un corbeau» Le trimestre a été long. Vivent les vacances!... »

Après lui arriva le Tondu, le plus grand de l'équipe, mais avec cette particularité qu'une maladie lui avait laissé le crâne plus lisse qu'un œuf. Pour cacher sa « boute à zéro » comme il disait, il portait en permanence un béret basque, même en classe.

Puis se pointa Bistèque, le fils d'un commis boucher du quartier, le chef-cuisinier de l'équipe, qui n'avait pas son pareil, comme il se devait, pour faire dorer une escalope.

« Quoi de neuf? demanda-t-il.— Rien, fit Tidou, sinon que la Guille n'est pas

encore là, comme tu vois, et qu'il arrivera après la cloche. »

C'était presque une habitude chez la Guille, II avait une montre, comme tout le monde, mais jamais à l'heure. Ses camarades lui reprochaient d'être toujours dans la lune, ce qui était vrai. N'empêche qu'il était excellent joueur d'harmonica... et qu'un jour il avait été engagé sur une péniche-restaurant pour charmer les clientsl. Quand quelqu'un manquait un rendez-vous, se trompait de jour, commettait une gaffe, c'était

1. Les Six Compagnons se jettent à l'eau.

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toujours la Guille. Mais personne ne lui en tenait rigueur. Il était si sympathique!

Quand la cloche sonna, sous le porche d'entrée, il n'était pas encore en vue. Ses camarades, les Compagnons, comme on les appelait dans le quartier, pénétrèrent en classe sans lui. Ils étaient déjà assis à leurs pupitres, attendant l'arrivée du « prof », quand notre la Guille fit irruption dans la salle, suant, soufflant, se trompant de rangée, pour s'affaler enfin à sa place, à côté de Tidou.

« Une chance, je croyais être très en retard; le prof l'est encore plus que moi... Pourquoi n'est-il pas là?

— Je ne sais pas, d'habitude, il est à l'heure.— Il a peut-être raté son bus. »Il s'agissait de M. Thévenet, le professeur d'anglais,

un très jeune professeur, qui préparait l'agrégation, et savait rendre ses cours vivants et intéressants.

Dix minutes s'écoulèrent. Toujours rien. Les élèves commençaient à chahuter quand l'un d'eux aperçut le buste du proviseur derrière les vitres du couloir.

« Silence!... Le « provo... »Les lycéens avaient rarement à faire avec ce

personnage important qui dirige l'établissement mais qu'on ne voit pas souvent. Avait-il, en passant, été alerté par le bruit?

Il pénétra dans la classe et annonça :« M. Thévenet ne viendra pas aujourd'hui... ni

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les jours suivants jusqu'aux vacances de Pâques. Prenez vos affaires et allez vous installer dans la salle de permanence... en silence, s'il vous plaît. »

Et il ajouta :« M. Thévenet vient d'être victime d'un accident. »

Là-dessus, le proviseur disparut. Les trente et un élèves de la classe rassemblèrent livres et cahiers et se dirigèrent, à l'autre bout du lycée, vers la salle de permanence où les cinq Compagnons se retrouvèrent ensemble.

« Probablement un accident d'auto, fit le Tondu. Avec sa voiture de sport, M. Thévenet roule vite. Il a dû se casser la figure hier dimanche, dans la campagne.

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— Non, pas un accident d'auto, souffla un grand gars de terminale qui se trouvait aussi dans la salle, il paraît que son appartement a été soufflé par une explosion, la nuit dernière. C'est dans le journal de ce matin.

— Une explosion? reprit Bistèque. Pourvu que ça ne soit pas grave. Je l'aime bien, M. Thévenet. Il est sportif et il blague avec nous comme avec des copains.»

Cet accident, survenu à leur, professeur préféré, alimenta, tout le reste de la matinée, les conversations de la classe. A la sortie, les Compagnons se précipitèrent vers un kiosque à journaux pour acheter un numéro. Ils ne découvrirent l'article qu'en dernière page, aux informations de dernière heure.

EXPLOSION DANS LA RUE LONGUE

Cette nuit, vers deux heures du matin, les habitants de la rue Longue dans le Ier arrondissement ont été réveillés par une violente explosion dans le studio occupé par un jeune professeur, lequel, blessé, a été transporté à l'hôpital de Grange-Blanche. On suppose cette explosion due à une fuite de gaz- Prochains détails dans notre édition du soir.

Tidou achevait de lire l'article, tout haut, quand une main se posa sur son épaule, celle de Mady.

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« Qu'y a-t-il de si intéressant, ce matin? demanda la jeune fille.

— Notre prof d'anglais... un accident'.».— M. Thévenet?— Tu le connais?— Il a fait des remplacements, à notre lycée, quand

notre professeur, Mme Dupuy, attendait un bébé. Nous l'aimions bien. Nous aurions voulu le garder... C'est grave?

— Le journal ne dit pas grand-chose. Regarde! »

Mady parcourut les quelques lignes et prit un air navré.

« Le gaz! oui, probablement le gaz... Pourvu qu'on ait pu ranimer le malheureux. Nous en saurons plus long ce soir. »

Il était midi et quart. L'équipe se disloqua et chacun rentra chez soi... pour se retrouver sur le boulevard au début de l'après-midi... et de nouveau, à quatre heures, à la fin des cours.

« Je me suis risquée à demander des nouvelles de M. Thévenet à la surveillante générale de mon lycée, annonça Mady. Elle ne sait pas grand-chose de plus que nous, sinon que l'état de M. Thévenet ne serait pas trop inquiétant. Descendons dans la rue Longue, nous aurons tout de suite des détails, en attendant l'édition du soir.

— D'accord, approuva le Tondu, Pas nécessaire de prendre le bus. La rue Longue se trouve près de la place des Terreaux. »

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Ils dévalèrent les pentes de la Croix-Rousse, avec Mady, la seule fille de l'équipe. Mady! une chic camarade. Ils l'avaient connue quelques années plus tôt. Atteinte d'une maladie osseuse, elle se laissait promener par Tidou dans les rues de Lyon sur une chaise longue montée sur roues. Depuis, elle faisait partie de la bande. Si sa force physique ne valait pas celle des garçons, elle était douée d'intuitions extraordinaires qui faisaient leur admiration.

La rue Longue se situait; en effet, derrière la place des Terreaux, célèbre par ses pigeons et sa fontaine. Elle portait bien mal son nom, cette rue Longue, en réalité très courte. Les Compagnons repérèrent tout de suite l'appartement de leur professeur, au troisième étage d'un immeuble fraîchement ravalé. Une fenêtre avait été complètement soufflée, l'autre disloquée. Des débris de verre jonchaient encore le caniveau, au pied du trottoir. De toute évidence l'explosion avait été violente, car elle avait également brisé des carreaux aux fenêtres des appartements voisins. Pas de concierge dans l'immeuble; pas d'ascenseur non plus.

« Montons », dit Gnafron.Ils grimpèrent au troisième étage et se heurtèrent à

une porte disloquée, rafistolée avec des planches, fermée avec un cadenas car la serrure avait été arrachée.

« C'était à prévoir qu'on ne pourrait pas entrer, fit Bistèque; on va tout de même jeter un coup d'œil à travers les planches. »

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Il se baissa pour regarder par une fente quand une voix lança, à l'autre bout du palier :

« Eh bien, les gônes1, ne vous gênez pas. Voulez-vous décamper! »

C'était un petit vieux qui les interpellait, un bonhomme de soixante-dix ans, au moins. Les vitres de son propre appartement n'avaient sans doute pas encore été remplacées, car il avait jeté un pardessus sur ses épaules. Une oreille lui manquait, une oreille non pas arrachée par l'explosion car on ne voyait aucune cicatrice récente; une blessure de guerre sans doute.

1. Gônes : nom familier donné aux jeunes à Lyon.

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« Vous n'êtes pas vitriers, n'est-ce pas? reprit-il. Alors, que venez-vous faire ici? »

Malgré son ton bougon, il n'avait pas l'air terrible.« M. Thévenet est un de nos professeurs, fit Mady.

Voyez nos cartables; nous descendons du lycée de la Croix-Roasse. Nous voulions savoir ce qui s'est passé. M. Thévenet est-il gravement atteint? »

Mady n'avait pas sa pareille pour amadouer les gens, même les plus rétifs. Elle savait prendre le ton qui convenait. Le bonhomme hésita puis, rajustant son pardessus qui glissait de ses épaules :

« Pauvre M. Thévenet! Un bien gentil jeune homme, complaisant, poli, et tout et tout... Je ne comprends pas ce qui s'est produit chez lui.

•— Une fuite de gaz? fit la Guille,— Pas du tout... et c'est bien ce qui met la policé

dans l'embarras. Le robinet du compteur était fermé... D'ailleurs, quand je suis entré chez M. Thévenet... car c'est moi qui l'ai découvert, je n'ai senti aucune odeur de gaz. C'est autre chose qui a explosé... mais quoi?

— Dans quelle pièce de l'appartement s'est produite cette explosion?

— En fait d'appartement, c'est simplement un studio : une pièce et une salle de bain. A mon avis, comme à celui de la police, l'explosion a eu lieu dans la salle de bain... et c'est ce qui

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a sauvé M. Thévenet. Il avait le visage plein de sang quand je suis entré, mais le docteur, arrivé en même temps que la police, a dit qu'il n'avait pas de fracture du crâne. »

Et le bonhomme ajouta, à mi-voix, comme une confidence :

« Pour moi, c'est une bombe qui a fait sauter l'appartement. C'est devenu à la mode, les bombes. Pour un oui ou pour un non, hop! une bombe. Pourtant, que je sache, M. Thévenet ne fait pas de politique. Je me demande qui pourrait lui en vouloir... Peut-être un de ses collègues du lycée?

— Sûrement pas, trancha le Tondu. Il est bien avec tout le monde. Il ne s'intéresse qu'à ses cours et au sport. »

Et il ajouta :« Est-ce qu'on pourrait jeter un coup d'œil dans

l'appartement?— Malheureux! se récria le bonhomme, vous n'y

pensez pas! C'est la police qui a mis ce cadenas. Elle va revenir. »

Le vieillard les écarta de la porte comme s'ils allaient commettre un sacrilège.

« Ne restez pas là. Il vaut mieux que les inspecteurs ne vous trouvent pas sur le palier, s'ils remontent. »

Le brave homme avait l'air si apeuré qu'ils n'insistèrent pas. Tous les six redescendirent dans

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la rue d'où ils jetèrent un dernier coup d'œil vers l'appartement.

« Curieux! fit le « petit » Gnafron. Que va dire le journal du soir? »

Ils retraversaient la place des Terreaux quand, précisément, un crieur du Progrès débouchait d'une rue, son paquet sous le bras. Tidou se précipita pour acheter un numéro. En troisième page, les Compagnons découvrirent ce titre :

LA MYSTÉRIEUSE EXPLOSION DELA RUE LONGUE

On ne s'explique toujours pas l'explosion survenue, la nuit dernière, dans un immeuble du centre de Lyon. Il est en effet prouvé qu'il ne s'agit ni d'une fuite de gaz ni d'un court-circuit. Interrogée ce matin à l'hôpital de Grange-Blanche, la victime, M. Thévenet, professeur d'anglais, n'a pu donner aucune explication. S'agit-il d'un attentat à la bombe? M. Thévenet, qui ne fait pas de politique, n'a que des amis. On n'a d'ailleurs vu personne pénétrer chez lui. L'enquête se poursuit.

L'article terminé, Mady déclara :« En somme, c'est ce que nous a dit le bonhomme à

l'oreille cassée. Nous ne sommes pas plus avancés. Il faudrait voir M. Thévenet lui-même.

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S'il a pu recevoir la police dès ce matin, son état n'est pas grave. »

Elle jeta un coup d'œil sur sa montre.« Trop tard pour ce soir, mais nous pourrions filer à

Grange-Blanche demain, après les cours de l'après-midi. Moi, je sors à trois heures, le mardi.

— Nous aussi, répondit le Tondu, puisque de trois à quatre M. Thévenet sera absent en anglais.

— Alors, rendez-vous à la « caverne » pour prendre nos vélomoteurs. »

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CHAPITRE II

LE RÉCIT DU PROFESSEUR

A QUATRE HEURES ET QUART, l'équipe se retrou-vait dans la fameuse « caverne » un ancien atelier de tisserand, au bas de la rampe des Pirates (une montée bien mal nommée car, de mémoire d'homme, aucune agression, aucun attentat n'y avait jamais été perpétré).

Les vélomoteurs étaient prêts, le Tondu avait passé son dimanche à les remettre en état en

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prévision d'une expédition dans le Midi, pendant les vacances de printemps.

« Dépêchons-nous, dit Mady. Les visites à l'hôpital se terminent tôt, l'après-midi. »

Et,/à Tidou :« Tu as bien fait de ne pas prendre Kafi; on ne

l'aurait pas laissé entrer. »Presque tous connaissaient cet hôpital de Grange-

Blanche. Pour s'y rendre, il fallait traverser tout Lyon, Heureusement, ce n'était pas encore la sortie des ateliers et des bureaux. Il était cependant près de cinq heures quand ils arrivèrent au centre hospitalier.

« Laissez Mady se renseigner seule, dit le Tondu. Pour ces sortes d'affaires, les filles se débrouillent mieux que nous. »

Mady se présenta au bureau de réception. Une employée feuilleta un registre.

« M. Thévenet?... C'est que, il y a deux Thévenet.— Je crois qu'il s'appelle Jean.— L'autre aussi. Vous connaissez son second

prénom?— Euh, fit Mady embarrassée, il s'agit d'un

professeur, blessé dans une explosion, rue Longue.

— Alors, c'est Jean-Philippe... Vous le trouverez au service d'ophtalmologie.

— Les yeux? demanda Mady, il a été blessé aux yeux?

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— Allez vous renseigner sur placé. Ce pavillon, là-bas, pas le premier, le second. »

Mady remercia et revint vers ses camarades. « M. Thévenet est au service d'ophtalmologie.

— D'oph... d'ophta quoi? demanda la Guille.— Les yeux, voyons, ne fais pas celui qui ne sait

jamais rien. Venez tous! »Ils traversèrent la cour, et l'équipe se présenta dans

la salle d'attente où Mady reposa sa question.« Thévenet Jean-Philippe, fit l'employée. Premier

étage, chambre 3... mais hâtez-vous, les visites seront bientôt terminées. »

Négligeant l'ascenseur, tous les six grimpèrent au premier, à pied. La chambre n° 3 était presque à l'entrée du couloir. Tidou allait frapper quand une infirmière intervint.

« Ah! non, pas tout ce régiment! Un ou deux seulement... et pas de bruit, s'il vous plaît. »

Les Compagnons échangèrent un regard. Qui entrerait?

« Vous deux, Tidou et Gnafron, fit Bistèque. Pendant ce temps nous attendrons dans le couloir. »

Tidou frappa pour de .bon, cette fois, et entrebâilla lentement la porte, juste assez pour- entrevoir un visage ridé aux yeux bandés, aux cheveux et barbe blancs.

« Nous nous sommes trompés de chambre, fit Tidou. Pourtant c'est bien le numéro 3.

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— Oui, le 3, répéta Gnafron. Une erreur de l'employée sans doute. »

Ils allaient s'éloigner pour se concerter avec leurs camarades, quand la porte s'ouvrit. Leur professeur apparut, l'œil droit recouvert d'un pansement, mais le visage souriant.

« Oh! deux de mes élèves!... Comme c'est chic d'être venus me voir. Je commence à m'ennuyer. »

Puis, un doigt sur les lèvres.« Pas de bruit! Mon voisin a été opéré hier de la

cataracte. Il a besoin de calme. Asseyez-vous sur le pied de mon lit. Vraiment, je ne m'attendais pas à cette visite.

— Nous craignions de vous trouver étendu sur un lit, à peine conscient, dit Gnafron. Nous sommes heureux de vous voir debout. Quand nous avons appris cette explosion, nous avons tous été « tourneboulés ».

— « Tourneboulés », reprit le professeur amusé, un mot qui serait difficile à traduire en anglais... Non, comme vous voyez, ce n'est pas grave. On me retirera mon pansement dans deux ou trois jours.

— Votre œil est atteint? ._— Juste un petit coin de la cornée, mais ça se

cicatrisera tout seul. Je ne comprends pas ce qui s'est produit dans mon appartement, la police non plus d'ailleurs. Je dormais. J'ai été secoué sur mon lit comme sur un tapis volant et j'ai ressenti une vive douleur à la joue et à l'oeil. J'ai

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tout de suite pensé au gaz mais j'aurais d'abord été intoxiqué. Quand mon voisin est arrivé, il n'a rien senti, lui non plus.

— Nous l'avons vu. Il nous l'a dit.— Deux inspecteurs sont venus m'interroger, ce

matin... et sont encore remontés aujdébut de l'après-midi; des messieurs très aimables mais bien curieux. Il a fallu que je leur raconte toute ma vie, mon emploi du temps de dimanche, minute par minute. J'ai l'impression qu'ils pensaient à une bombe, déposée chez moi en cachette... ou à un engin explosif que j'aurais fabriqué moi-même et qui aurait éclaté prématurément... Vous me voyez jouant les terroristes?...

— D'après votre voisin, dit Tidou, l'explosion aurait eu lieu dans la salle de bain.

— C'est certain... et si je n'en avais pas laissé la porte ouverte je m'en serais tiré sain et sauf. La police a localisé l'endroit de l'explosion : l'étagère de verre placée juste au-dessus du radiateur, près du lavabo, qui a craqué en plusieurs morceaux. C'est un bout de verre que j'ai reçu à la joue et à l'œil.

— Qu'y avait-il sur cette étagère? » demanda Tidou.

Le professeur sourit.« Ah! Vous aussi vous venez me faire subir un

interrogatoire?... C'est en effet la question que m'ont tout de suite posée les inspecteurs. Sur l'étagère, il n'y avait que mes affaires de toilette :

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peigne, brosse à dents, rasoir, blaireau (je déteste le rasoir électrique)... et ma montre.

— Votre montre?— D'ordinaire, elle ne quitte pas mon poignet,

mais la veille j'avais fait changer le bracelet qui me serrait un peu... Ça aussi je l'ai dit aux policiers. Ils m'ont alors demandé pourquoi je n'avais pas déposé aussi sur l'étagère de verre mon dentifrice et ma crème à raser. J'ai répondu que, ce soir-là, le radiateur chauffait anormalement fort. Le dentifrice et la crème auraient risqué de fondre. Je les avais posés sur le coin du lavabo... Vous voyez. Vous savez tout, à présent. »

Et, détendu, le jeune professeur ajouta :

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« L'essentiel est que je m'en tire à bon compte... Ce qui m'ennuie le plus c'est que je vais être obligé de chercher un autre studio. »

Il parlait à voix haute, sans s'en apercevoir. D'un geste de la main l'autre malade réclama du calme. M. Thévenet pensa qu'il fallait abréger la visite.

« Puisque vous êtes rassurés, dit-il à ses élèves, vous feriez bien de vous retirer... mais revenez dans deux ou trois jours, si je suis encore ici... et encore merci. Dites à vos camarades que je serai en pleine forme pour la rentrée de Pâques. »

Tidou et Gnafron sortirent sur la pointe des pieds. Leurs camarades les attendaient, à l'autre bout du couloir.

« Alors? demanda vivement Mady. C'est grave?— Non, un gros pansement mais pas grand mal

dessous. Juste un petit coin de la cornée de l'œil droit égratigné. Nous avons trouvé notre prof debout, en pyjama. S'il avait été seul vous auriez tous pu entrer, mais il y a un opéré dans sa chambre. »

Ils redescendirent dans la cour. Alors, Mady demanda : « II vous a donné des détails sur l'accident?

— Ceux qu'il a fournis à la police, c'est-à-dire peu de choses.

— Mais encore? »Tidou et Gnafron répétèrent ce que M. Thévenet

avait dit au sujet de l'étagère, énumérèrent les objets laissés sur la plaque de verre.

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« Vous dites que cette étagère était posée sur le radiateur?

— Posée, ce n'est pas le mot, fixée quelques centimètres au-dessus, probablement.

— Et ce radiateur chauffait anormalement fort?... Ce n'est pas lui qui aurait explosé?

— Sûrement pas. L'appartement aurait été inondé. Le voisin de M. Thévenet n'en a pas parlé. »

Soulagés de savoir leur professeur presque indemne, mais de plus en plus intrigués par cette explosion, les Compagnons remontèrent sur leurs machines pour rentrer à la Croix-Rousse, en passant par la caverne, bien entendu. Il n'était que six heures et demie; ils avaient le temps. Il faisait d'ailleurs bon dans la caverne, qui avait gardé la chaleur du feu allumé l’avant-veille par le Tondu.

« En somme, dit la Guille, un mystère qui a peu de chance d'être éclairci... en tout cas, par nous.

— Qui sait? » fit Mady.Les cinq garçons la regardèrent. « Tu viens d'avoir

une intuition? fit Bistèque, mi-sérieux, mi-moqueur.— Non, pas d'intuition... mais vous me

connaissez, je suis trop curieuse pour laisser tomber cette affaire, ne serait-ce que pour disculper M. Thévenet. Qui sait si, au fond, la police ne le soupçonne pas de quelque chose? »

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CHAPITRE III

À L'ÉCOUTE DU TRANSISTOR

NON, Mady ne venait pas d'être visitée par une 1 ' intuition. Mais, elle ne savait au juste pourquoi,, peut-être par sympathie pour ce jeune pro fesseur, elle tenait à trouver la cause de cette explosion. D'après M. Thévenet et la police, elle s'était produite au niveau de l'étagère fixée au-dessus du radiateur, lequel était particulièrement chaud ce soir-là.

Rentrée chez elle, rue des Hautes-Buttes, elle réfléchit à ces minces détails et refit, mentalement, rénumération des objets déposés sur la plaque : peigne,

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rasoir, blaireau, montre. Elle s'imagina un blaireau comme celui de son père, avec un manche rond en corne ou matière plastique. Ce manche cachait-il un explosif? Qui aurait eu l'idée de dissimuler un explosif à l'intérieur?... et plus encore, qui en voulait au jeune professeur? Comment, aussi, l'inconnu avait-il pu subtiliser ce blaireau pour le truquer? Quelqu'un était entré dans le petit appartement? M. Thévenet négligeait peut-être de fermer sa porte à clef?

Toutes ces suppositions trottaient encore dans la tête de Mady quand, le dîner terminé, elle se retira dans sa chambre.

« Autre chose m'intrigue, se dit-elle. Pourquoi le radiateur chauffait-il anormalement cette nuit-là? L'inconnu savait-il que le blaireau, étant chargé de poudre, exploserait à cause de la chaleur? Etait-ce lui, l'inconnu, qui était descendu au sous-sol pour « trafiquer » le thermostat? »

Lasse de se torturer l'esprit, Mady se coucha, espérant que les journaux du lendemain apporteraient du nouveau, puisque l'enquête se poursuivait. Mais sa cervelle continuait de travailler.

« Je suis complètement « dingue », se dit-elle. Quand il nous arrive des aventures c'est toujours moi qui freine mes camarades. Aujourd'hui, voilà que je m'emballe. »

Elle ferma les yeux pour essayer de dormir. En vain. Alors, elle étendit le bras pour prendre son

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transistor, sur la table de nuit. Il était neuf heures moins cinq. Elle écouta deux chansons puis le gong annonça le flash des nouvelles. Le speaker débita les derniers événements de la journée : un accident d'avion au Canada, l'arrestation d'un gang de la drogue à Hambourg, la mort d'un artiste de théâtre puis, pour terminer, il passa aux informations de moindre importance. C'est ainsi que, tout à coup, Mady entendit ceci :

« Un fait curieux s'est produit, cet après-midi, sur la plage de Cannes où régnait une chaleur déjà estivale, propice à la baignade. Une jeune femme, Mme Brécourt, descendue à l'hôtel Bristol, venait de prendre un bain et regagnait la plage où elle avait laissé peignoir et objets divers, quand une explosion a déchiqueté le peignoir, dispersé les objets, dans un nuage de sable. On imagine la stupeur de la baigneuse. On ignore la cause de cette explosion qui a semé la panique sur la plage sans faire cependant de victimes. On suppose qu'une grenade datant de la dernière guerre aurait inopinément éclaté sous l'effet de la chaleur solaire. Prochaines informations à 21 heures 30. »

Encore une explosion. Cette fois, l'explication était plausible. Pourtant, depuis tant d'années, l'engin aurait dû déjà exploser. En juillet et en août, l'année précédente par exemple, il avait fait si chaud.

« Curieux, pensa Mady. Là encore il est question

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Mady courut vers sa propre école.

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d'objets de toilette... mais j'imagine que la baigneuse ne trimballait pas un blaireau sur la plage, plutôt des produits pour le bronzage, des lunettes de soleil, un peigne... sa montre peut-être, oui, sa montre qu'elle avait retirée pour aller à l'eau. »

Sa montre!... Ce détail la frappa. M. Thévenet avait, lui aussi, enlevé sa montre pour la mettre sur l'étagère. Peut-on cacher assez d'explosif dans une montre pour produire une telle explosion, surtout une petite montre de dame?

Troublée par ce rapprochement entre les deux explosions, Mady faillit se relever pour aller dire à Tidou ce qu'elle venait d'entendre à la radio. Il n'habitait pas très loin. Mais ne se moquerait-il pas d'elle? D'ailleurs, il était tard.

« Demain, se dit-elle, je me lèverai plus tôt et j'irai attendre les Compagnons devant leur lycée. »

Elle avança d'un quart d'heure l'aiguille de son réveil, se fourra la tête dans l'oreiller et finit par s'endormir.

Le lendemain, bien avant l'heure des cours, elle faisait les cent pas sur le boulevard de la Croix-Rousse. Comme par hasard, les cinq garçons arrivèrent ensemble, Tidou, un journal à la main.

« Quoi de nouveau? demanda-t-elle.— Pas un mot sur l'explosion de la rue Longue. Ou

bien la police tient à garder le secret de l'enquête ou bien elle a laissé tomber l'affaire.

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— Le journal ne parle pas d'une autre explosion mystérieuse à Cannes?

— A Cannes? Quel rapport?— Passe-moi le journal, Tidou, je vous expliquerai

après. »Elle déplia le quotidien et, ensemble, ils

feuilletèrent les seize pages. Rien sur cette explosion de Cannes, sans doute parce qu'elle n'avait fait ni dégâts sérieux ni victimes. Alors Mady répéta mot pour mot ce qu'elle avait entendu avec son transistor.

« Vous voyez, fit-elle, comme pour M. Thévenet, il s'agit d'objets de toilette; ça m'a frappée.

— D'accord, approuva Bistèque, mais l'explication de la grenade enfouie dans le sable est plausible. Des éclatements d'engins datant de la guerre arrivent souvent. Les grenades remontent peu à peu à la surface et, crac! un beau jour, c'est l'explosion.

— Admettons, fit Mady, je ne connais pas grand-chose aux engins de guerre, mais j'ai entendu mon père dire qu'une grenade n'éclate que si on la dégoupille.

— En principe, oui, répliqua Tidou, mais une grenade enterrée depuis des dizaines d'années est forcément rouillée, rongée par le sel du sable. Elle peut éclater toute seule. »

Et, avec un sourire un peu incrédule : « Je crains, cette fois, Mady, que tu ne fasses fausse route. »

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Mady allait répondre quand îa cloche du lycée de garçons tinta. Elle courut vers sa propre école toute proche. Quelque peu distraits pendant leurs cours, les Compagnons réfléchirent à ce que Mady venait de leur annoncer. Evidemment, dans les deux cas, il était question d'objets de toilette, mais de là à établir un lien entre les deux événements... De plus, de Lyon à Cannes îa distance était grande. Cependant, à la sortie de midi, quand les garçons retrouvèrent Mady, ils se montrèrent plus intrigués qu'ils ne voulaient le laisser paraître.

« II faudrait écouter la radio à longueur de journée, fit Mady. Nous aurions peut-être des surprises... et lire les journaux, ceux qui donnent beaucoup de petites nouvelles de ce genre, pour toute la France.

— Tous les journaux? fit la Guille, autant vouloir éplucher un par un les mots du Larousse en dix volumes. »

II était midi et quart. L'équipe se sépara, pour se retrouver, deux heures plus tard, sur le boulevard. Les garçons attendaient la sonnerie d'entrée devant la porte du lycée quand Mady surgit, à bout de souffle, rouge d'avoir couru.

« Ça y est! dit-elle vivement, j'ai trouvé. Mon voisin de palier lit surtout les journaux parisiens. Il avait encore ceux de la semaine dernière... Voyez ce que j'ai découvert dans un numéro daté du 12.

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Elle ouvrit le journal et lut tout haut :

INEXPLICABLE EXPLOSIONDANS UNE HORLOGERIE-BIJOUTERIEDE TOULOUSE

Hier, vers 14 heures, une explosion a ravagé la vitrine de l'horlogerie-bijouterie Vitrolle, rue de Metz à Toulouse. S'agit-il d'un attentat? Aucun éclat d'engin explosif n'a été découvert sur les lieux. En tout cas, le magasin n'a pas été cambriolé. Les passants, nombreux à cette heure-là, et une bouquetière, assise au soleil à côté de la vitrine, n'ont rien vu.

L'article terminé, Mady regarda ses camarades les uns après les autres.

« Qu'en pensez-vous? »La Guille hocha la tête.« Lyon!... Cannes!... Toulouse!... A supposer qu'il

s'agisse de terroristes, on ne voit pas leur but... surtout en ce qui concerne M. Thévenet, étranger à la politique. Quant à la baigneuse de Cannes, elle ne devait pas avoir d'autres soucis que celui de se bronzer. Aucun rapport entre ces trois explosions.

— Eh bien, moi, j'en vois un, répondit Mady. Dans les trois cas, il est question de montres. M. Thévenet avait posé la sienne sur l'étagère, la baigneuse de Cannes avait évidemment enlevé la

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sienne... Enfin, d'après le journal, c'est la vitrine d'un horloger qui a volé en éclats. Ça ne vous frappe pas? »

Les garçons se regardèrent, sans souffler mot.« Evidemment, reprit Mady, ce n'est peut-être qu'un

hasard, mais on peut vérifier quelque chose. J'ai mon idée là-dessus.

— Quelle idée?— Donnez-moi le temps de la mûrir. Nous en

reparlerons ce soir à la sortie. »Elle tendit la main à ses camarades et courut vers

son lycée.« Quelle fille formidable! s'exclama le Tondu,

admiratif. Elle fait toujours des rapprochements... et avouez que ça lui réussit souvent.

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— Souvent, mais pas cette fois, répondit laGuille... ou alors c'est à croire qu'elle possède un

sixième sens. »Les garçons, eux aussi, devaient rentrer. Ils

s'acheminèrent vers leur classe, pour Je cours de français, qu'ils suivirent distraitement car, malgré tout, l'idée de Mady les travaillait. Ils avaient hâte de retrouver leur camarade afin de savoir ce qu'elle avait encore imaginé, pendant son cours.

Ils étaient à peine sortis sur le boulevard, qu'ils la virent accourir.

« Venez avec moi, dit-elle vivement.— Où?— Vous comprendrez tout à l'heure... »

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CHAPITRE IV

DES MONTRES À QUARTZ

MADY entraîna ses camarades vers le plus proche bureau de poste et chercha l'annuaire des Alpes-Maritimes.

« Les Alpes-Maritimes? fit la Guille. C'est à Cannes que tu veux téléphoner? »

Elle ne répondit pas et feuilleta le gros volume, à la recherche du numéro de l'hôtel Bristol qu'elle demanda à l'employée.

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« Tu vas appeler la baigneuse? demanda Gna-fron à son tour. Tu te rappelles son nom?

— J'ai bonne mémoire. Entrez avec moi. » Ce n'était pas la première fois qu'ils s'entassaient dans une cabine. Celle-ci était vraiment trop exiguë. La Guille et Bistèque ne réussirent pas à s'y caser. Ils restèrent à la porte, l'oreille collée contre le panneau de bois.

La communication fut obtenue rapidement. Une voix masculine annonça, dans l'écouteur : « Hôtel Bristol! j'écoute.

— Je voudrais parler à Mme... ou Mlle Brécourt.— Mademoiselle, précisa la voix... Vous

connaissez son numéro de chambre? La standardiste vient de s'absenter.

— Non!— Alors, un instant, s'il vous plaît. »Le temps pour le remplaçant de la standardiste de

chercher le numéro sur un registre. Puis il y eut un déclic. Une voix jeune, de femme, appela.

« Allô!— Mlle Brécourt?— Elle-même.— Un renseignement, s'il vous plaît... au... au sujet

de l'accident, disons l'incident qui vous est arrivé sur la plage.

— Qui êtes-vous?...— Je voudrais seulement savoir si vous aviez

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laissé votre montre, sur la plage, à côté de votre peignoir de bain... ou dessus.

— Evidemment! Je ne suis pas une femme-grenouille, je ne porte pas de montre de plongée.

— Quelle était sa marque?— Sa marque?... Une Alpha-Dzêta... une montre à

quartz, mais quel rapport avec l'explosion? Laissez-moi tranquille avec cette affaire. »

Ce fut tout, la jeune fille avait raccroché.« Alpha-Dzêta! répéta Mady... Deux lettres

grecques! C'est vraiment la marque d'une montre? Tu dois savoir ça, toi, le Tondu, qui te passionnes pour la mécanique.

— Pas la mécanique miniature comme celle-là... mais j'ai entendu ce nom. »

Ils sortirent de la cabine. Mady répéta- à la Guille et à Bistèque son bref dialogue avec l'inconnue du Bristol.

« Vous voyez, comme M. Thévenet, cette jeune fille avait enlevé sa montre-bracelet... reste à savoir si celle de notre prof est aussi une Alpha-Dzêta... et si l'horloger de Toulouse vend cette marque. Profitons de ce que nous sommes à la poste pour passer un coup de fil à Toulouse. Malheureusement je n'ai que huit francs. Ce n'est sûrement pas suffisant pour les deux communications.

— Ne t'inquiète pas, dit le Tondu, j'ai un billet dans mon porte-monnaie. »

Mady régla le premier appel et consulta, cette

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fois, l'annuaire de la Haute-Garonne. Le « petit » Gnafron découvrit, le premier, le numéro de l'horlogerie-bijouterie Vitrolle, rue de Metz. Mady s'adressa de nouveau à l'employée et les Compagnons se précipitèrent vers la cabine n° 7, sans pouvoir naturellement y tenir tous les six. Cette fois, pour changer, le Tondu et Gnafron restèrent dehors.

La communication avec Toulouse était difficile à établir. Enfin, la liaison fut obtenue.

« Allô! appela Mady. L'horlogerie-bijouterie Vitrolle?

— Oui, répondit une voix de femme. Vous désirez? ,

— Un renseignement.— A votre service.— Avez-vous, dans votre magasin, des montres

Alpha-Dzêta?— Nous « faisons » cette marque de montres à

quartz, en effet. C'est pour un achat? »Mady, embarrassée, se demanda ce qu'elle devait

dire.« J'aimerais connaître vos prix.— En montres de dames ou montres

d'hommes?— Euh... en montres de dames.— Le premier modèle est à mille cent cinquante

francs... en plaqué or... Bien entendu la montre en or est plus chère. Je vous fais remarquer, madame... ou mademoiselle...

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— Mademoiselle.— Que nous sommes les seuls dépositaires des

montres Alpha-Dzêta à Toulouse. Si cette marque vous intéresse, vous feriez bien de passer au magasin.

— Je vous remercie », fit Mady. Et elle raccrocha.« Et de deux! s'exclama-t-elle, triomphante. Deux

montres de la même marque... Reste celle de notre prof. Il faut retourner à l'hôpital... s'il n'est pas trop tard... Mais pas tous à la fois.

— Vous deux, Tidou et toi, Mady, proposa le Tondu. Nous vous attendrons à la caverne.

L'équipe descendit au bas de la rampe des Pirates où Mady et Tidou prirent leurs vélomoteurs. Il était déjà cinq heures, mais à l'hôpital,

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ils ne perdirent pas de temps à chercher le pavillon. Sans hésiter comme la veille, Tidou frappa au numéro 3. Le vieux malade avait toujours son bandeau sur les yeux, cependant, il paraissait moins abattu. Assis sur son lit, M. Thévenet parcourait une revue anglaise.

« Tiens! une seconde visite! » fit-il en souriant.Puis, portant son regard vers Mady :« II me semble vous reconnaître!— J'étais dans la classe où vous avez fait un

remplacement, au lycée de filles de la Croix-Rousse, à l'automne.

— Nous venons prendre de vos nouvelles, expliqua Tidou, mais pour être francs, nous aimerions connaître un petit détail. Quelle était la marque de votre montre?

— C'est important?... Un rapport avec l'explosion?— Peut-être!— Une Alpha-Dzêta! »Mady ne put retenir un soupir de soulagement.« Je m'en doutais, une Alpha-Dzêta, comme celle

de la jeune fille, comme celles de Toulouse. »M. Thévenet la regarda, interrogateur. Mady

raconta ce qu'elle, avait entendu à la radio et découvert dans un journal.

« Curieux, en effet, reconnut le professeur. Trois explosions, trois montres Alpha-Dzêta!., mais n'est-ce pas un simple hasard? »

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Il réfléchit puis sourit, sceptique : « Vous ne surestimez pas vos talents de détectives en voulant expliquer ce que la police, ne comprend pas?

— Peut-être, répondit Mady, mais nous aimons jouer le jeu jusqu'au bout quand la partie est commencée. Puisque vous aviez une montre à quartz, vous savez sans doute ce qu'est ce système d'horlogerie.

— Vous vous trompez. Je ne suis pas fort en mécanique. A part l'anglais, le rugby et la natation... Tout ce que je peux dire c'est que ce sont de bonnes montres, qui ne se dérèglent pas-mais diablement chères. J'ai payé la mienne plus de mille francs, il y a trois mois. Une folie! Un camarade me l'avait conseillée. Je l'ai écouté... et je le regrette d'autant plus, à présent, que la montre s'est volatilisée... C'est tout ce que vous vouliez savoir?

— Oui, c'est tout... mais peut-être beaucoup, répondit Tidou. Et votre œil?... nous ne vous avons pas demandé si la blessure se cicatrisait.

— Tout va bien. Je compte quitter l'hôpital bientôt... Si, d'ici là, vous pouviez me dénicher un studio!... dans le même quartier, un studio meublé.

— Nous nous en occuperons », promit Mady.Ils ne s'attardèrent pas davantage car une infirmière

venait d'entrer, leur faisant remarquer qu'ils parlaient trop fort. Ils serrèrent la main de

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M. Thévenet et sortirent, pour enfourcher leurs vélomoteurs et remonter à la Croix-Rousse. C'était la mauvaise heure. Traverser tout Lyon dans la cohue n'était pas une petite affaire. Il était sept heures quand ils débouchèrent au bas de la rampe des Pirates. Les quatre garçons les attendaient, en jouant aux cartes. « Alors? demanda le Tondu.

— J'en étais sûre, annonça Mady triomphante. La montre de M. Thévenet était aussi une Alpha-Dzêta... autrement dit, une montre à quartz-mais qu'est-ce qu'une montre à quartz? Tu ne sais vraiment pas, toi, le Tondu?

— Seulement que ce sont des chronomètres très précis. Pour en savoir plus, il faudrait voir un horloger.»

Puis, sautant au cou de Mady pour l'embrasser :« Tu es formidable!... plus que formidable!... Ces

montres sont sûrement pour quelque chose dans les explosions. Malheureusement, comment pouvons-nous éclaircir le mystère! Faut-il en parler à la police? »

Les Compagnons réfléchirent. Tous étaient d'accord pour faire un rapprochement entre les explosions et les montres Alpha-Dzêta... mais prévenir la police? Les avis furent partagés. Comme toujours, Gnafron regimba.

« Non. En réalité, nous n'avons aucune preuve... Ce que Mady vient de découvrir n'est pas une preuve. La police admettrait-elle qu'une montre puisse contenir assez d'explosif pour souffler un appartement, faire

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jaillir une gerbe de sable, ou démolir une vitrine? Quelle explication donnerions-nous? »

Et il ajouta :« II faut d'abord se renseigner sur les montres à

quartz. Aucun d'entre vous ne connaît un horloger?— Si, moi, déclara la Guille; dans mon ancien

quartier de la Guillotière, j'avais pour voisin un horloger, dans une toute petite boutique. Il faisait surtout la réparation. Je doute qu'il vende des montres de ce prix-là.

— Il est peut-être quand même compétent, dit Tidou. Nous irons le voir demain... malheureusement, demain soir seulement. Il ne s'agit pas de « sécher » les derniers cours du trimestre. »

Le lendemain soir, donc, l'équipe prit la direction de la Guillotière, de l'autre côté du Rhône.

« C'est là, dit la Guille en débouchant dans une rue étroite, la boutique vert pomme. Vous voyez, elle est assez minable mais le père Doucet est un bonhomme épatant. »

Quand ils entrèrent, l'horloger, une loupe à l'œil, nettoyait des rouages dans une coupelle pleine de pétrole. Il releva la tête et, reconnaissant la Guille, son visage s'éclaira.

« Tiens! te voilà?... Tu reviens habiter ton ancien quartier?

— Non, monsieur Doucet, mais j'aurais besoin

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d'un renseignement. Des camarades m'ont accompagné. Ça les intéresse, eux aussi.

— Un renseignement?— Sur les montres à quartz. » Le bonhomme

fronça les sourcils.« Les montres à quartz?... Je n'en ai encore jamais

réparé.— Mais vous connaissez leur fonctionnement?— Bien sûr. D'ailleurs, un jour viendra où on ne

vendra plus que celles-là. Pour le moment, elles sont trop chères. »

Puis, détaillant les autres Compagnons : « C'est vrai?... Ça vous intéresse? Que voulez-vous savoir?

— Leur fonctionnement.

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— C'est à la fois compliqué et simple. Vous connaissez le principe d'une montre ordinaire?... Tenez, en voici une, sans son boîtier. Ceci est le balancier-spiral, mû par le ressort qui se remonte. Il va et vient à une cadence réglable et communique le mouvement aux aiguilles à l'aide d'un système de rouages. L'énergie est donc fournie par la main qui actionne le remontoir. Compris ?

— Compris!— A présent, voici une montre à pile. Pas

besoin de remontoir, la pile fournit l'énergie nécessaire au mouvement... Dans d'autres montres cette énergie est obtenue par les simples mouvements du poignet. La montre à quartz est toute différente. Pas de balancier-spiral susceptible de variations de vitesse selon la température ambiante, l'humidité, etc. L'énergie est encore fournie par une pile miniature, mais qui agit sur un infime morceau de quartz.

— Qu'est-ce, au juste, que le quartz? demanda Mady, une sorte de pierre?

— De la silice cristallisée. Il existe une foule de variétés de quartz, plus ou moins colorés. Naturellement, celui utilisé pour les montres est très pur. Sous l'impulsion d'un courant électrique le quartz oscille à une fréquence de 32 768 périodes par seconde. C'est cette vibration constante, invariable, qui constitue le progrès des systèmes à quartz sur les anciennes

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montres. Pensez qu'une montre à quartz varie au maximum d'une minute par an... On vient d'ailleurs de fabriquer des quartz artificiels à périodes plus élevées, donnant encore une précision plus grande... C'est le cas dans les montres

Alpha-Dzêta. »A ce nom, les Compagnons ne purent s'empêcher

de réagir.« Alpha-Dzêta? reprit Mady.— Vous connaissez cette marque? fit le

bonhomme, surpris.— Nous en avons entendu parler.— Ces montres sont pourtant récentes... Elles

coûtent cher; moins, cependant, que les montres au quartz naturel, et elles sont plus précises : 20 secondes d'écart par an, pas davantage. Ce quartz artificiel est une invention récente, son procédé de fabrication secret... »

Et, regardant d'un drôle d'air les Compagnons : « Ça vous intéresse vraiment ce que je vous

raconte?... Vous avez les moyens de vous offrirdes Alpha-Dzêta, malgré leur prix?— Les moyens, non, répondit Mady, mais nous

avons entendu dire que ces montres pouvaientexploser. »Le bonhomme éclata de rire.« Exploser? Qu'est-ce qui les ferait exploser?... Le

quartz? Non, le quartz ne peut pas exploser, tout au plus se fendre, se désagréger.

— Une dernière question, dit Tidou. Où ces

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montres sont-elles fabriquées?... en Suisse, probablement?

— Pas du tout, en France, à Besançon, dans des ateliers tout neufs... mais où on n'entre pas comme on veut. Pensez donc! Un secret de fabrication qui vaut de l'or. »

Et, après une pause, le bonhomme termina : « Voilà, c'est tout ce que je peux vous dire sur les Alpha-Dzêta. Ça vous suffit?

— Largement, monsieur Doucet, dit la Guille. Merci de nous avoir tout expliqué. Nous ne vous dérangeons pas plus longtemps. »

Le bonhomme sourit, reprit sa loupe et se pencha de nouveau sur sa coupelle de verre.

« II est drôlement calé, ton père Doucet, dit le Tondu à la Guille quand ils se retrouvèrent sur le trottoir. En somme, d'après lui, le quartz ne peut pas exploser. Pourtant...

— Oui, pourtant... » reprit Mady. Perplexes, les Compagnons étaient restés au

bout de la rue, peu pressés de remonter sur leurs vélomoteurs.

Tous réfléchissaient. Soudain, après avoir nerveusement passé les doigts dans sa tignasse noire, Gnafron déclara :

« Réfléchissez! Les explosions se sont produites à Lyon, à Cannes et à Toulouse trois villes très éloignées. D'autres ont pu avoir lieu ailleurs, tout aussi inexpliquées. Il ne s'agit pas de terroristes, ces

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explosions visaient des gens trop différents, ou plutôt elles ne visaient personne en particulier. Or, le père Doucet l'a dit, les montres Alpha-Dzêta sont fabriquées à Besançon dans le plus grand secret technique. Pour moi, c'est à Besançon que se trouve la clef du mystère. Nous avions projeté, pour les vacances de Pâques, une expédition dans le Midi. Si nous changions d'objectif?... Qu'en dites-vous?

— C'est exactement ce que je pensais », approuva Tidou.

Et à ses camarades : « Vous seriez d'accord?— D'accord! tous à Besançon... »

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CHAPITRE V

LA CITADELLE

"TVE RETOUR à leur caverne, les Compagnons •V^ s'empressèrent de déplier une carte routière. Le Tondu calcula la distance entre Lyon et Besançon : 218 kilomètres, en passant par Bourg et Lons-le-Saunier.

« En somme, conclut-il, ce serait faisable en une étape....à condition de se lever tôt, le matin. En mars, les jours sont déjà longs. De toute façon, il faudrait arriver là-bas avant la nuit pour trouver un terrain de camping. Je me demande quel

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genre de ville est Besançon,— Une ville curieuse, fit la Guille. — — Tu la connais?— J'y suis allé une fois avec mes parents, en

voiture.— Tu ne pouvais pas le dire plus tôt, bougonna

Gnafron.— C'est que, il y a de cela cinq ou six ans. Mes

souvenirs sont plutôt vagues. C'était à l'automne ou en hiver. Nous étions allés à l'enterrement d'un parent. La famille de ma mère est de cette région. Une drôle de ville encerclée par la Saône qui en fait presque le tour et, tout autour, des collines couvertes de hauts immeubles et

d'usines.— La Saône? reprit le Tondu. Tu veux dire leDoubs? Regarde la carte.— La Saône ou le Doubs, peu importe... en tout

cas une rivière qui se traîne à la façon d'une limace percluse de rhumatismes. Les vieux quartiers sont entassés dans la boucle, comme nous hier dans la cabine téléphonique... mais le plus curieux c'est la forteresse qu'on appelle la Citadelle. De là-haut, on domine toute la ville. C'est là que nous avons couché.

— Quoi? fit Mady. Il n'y a pas seulement des casernes, mais aussi des hôtels?

— Non, pas d'hôtel. La Citadelle est désaffectée. Une cousine de ma mère tient le bar-buvette pour

les visiteurs. Elle y loge.

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— Très intéressante, cette cousine, fit Gnafron. Nous irons la voir en arrivant. Elle nous indiquera peut-être un abri. Ce serait mieux que de coucher sous la tente. Le pays doit être humide. Comment s'appelle-t-elle cette cousine?

— Nicole.— Nicole comment?— Nicole Tasselin.— Décidément, la Guille, il faut tout t'arracher.

Ecris-lui tout de suite... ou mieux appelle-la. La buvette a peut-être le téléphone. Nous n'en sommes plus à une communication près.

— Oui, téléphonons, approuva Mady... Viens, la Guille! Vous aussi, les autres. »

Ils partirent vers le bureau de poste où ils étaient déjà entrés, la veille. Le bouillant Gnafron se hâta de consulter l'annuaire du Doubs. Chance! le bar-buvette de la Citadelle était indiqué. La Guille demanda le numéro... et se trompa deux fois de cabine avant de pénétrer dans celle que l'employée lui indiquait. Tidou et Mady s'y enfermèrent avec lui. La communication fut établie instantanément.

« Allô! La buvette de la Citadelle?... Je voudrais parler à Mme Tasselin, Nicole Tasselin.

— C'est elle-même à l'appareil.— Bonjour, cousine! Ici, votre cousin Pierre, de

Lyon, la Guille si vous préférez. Figurez-vous

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que je vais venir à Besançon, à la fin de la semaine..., samedi.

— Avec tes parents?— Non, des camarades. Où peut-on camper, à

Besançon?— Camper? En cette saison?... Il pleut tous les

jours.— Alors, vous pourriez peut-être nous trouver un

garage, une remise, n'importe quoi. Nous ne sommes pas difficiles. »

II y eut un silence. A l'autre bout du fil la cousine réfléchissait.

« Pourquoi ne vous installeriez-vous pas dans la Citadelle?

— Ce serait possible?— Combien êtes-vous?— Six. Cinq garçons et une fille.— Vous êtes trop nombreux pour que je vous

héberge, mais la place ne manque pas dans les vieux bâtiments. Il vaudrait mieux, malgré tout, que le conservateur soit au courant. Je lui demanderai la permission. Cependant arrivez avant la fermeture des portes, à six heures.

— Soyez tranquille, cousine, nous serons là avant... Merci et à bientôt. »..

La Guille reposa le combiné et sortit de la cabine, triomphant.

« Ça y est! » lança-t-il aux Compagnons restés à l'extérieur.

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Et, en plein bureau de poste, il sortit son harmonica et se mit à jouer un air entraînant qui fit retourner employées et clients.

Puis tous les six rentrèrent à la caverne pour discuter de l'organisation du voyage.

« Arriver le soir avant six heures sera difficile, dit Bistèque. Mieux vaudrait faire deux étapes.

— Non, protesta Gnafron. Ce serait perdre une journée. »

Tidou hocha la tête.« Oui, c'est faisable en un jour, à condition que je

n'emmène pas mon chien. Quand je traîne sa remorque, je ne peux pas rouler vite. Tu oublies, Gnafron, qu'il pèse quarante-cinq kilos... presque autant que toi. »

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Gnafron fronça les sourcils. C'était lui rappeler sa petite taille.

Le ton de la discussion s'éleva. Kafi ou pas Kafi? Aucun des Compagnons ne pouvait sérieusement envisager une expédition sans le chien.

« Alors c'est simple, dit le Tondu. Après-demain, nous démarrerons à cinq heures. Dix heures de route, deux heures pour les haltes; nous serons là-bas à cinq heures.

— Entendu, approuva Mady, nous partirons à cinq heures. Il fait encore grand-nuit à ce moment-là. Le Tondu, tu vérifieras les éclairages. »

Cela dit, l'équipe, enfin d'accord, se sépara... pour se retrouver, le lendemain matin, dernier jour de classe, sur le boulevard de la Croix-Rousse. Tidou avait acheté le journal, Gnafron aussi. Aucune nouvelle explosion, sauf près de Poitiers, celle d'un camion citerne chargé d'essence, qui n'avait aucun rapport avec les montres.

« Avant de partir, dit Mady, il faut se débrouiller pour chercher un nouvel appartement à M. Thévenet. Nous lui avons promis. Je m'en charge, je n'ai qu'une heure de cours au début de l'après-midi. »

L'après-midi, donc, pendant que les garçons étaient encore en classe, elle fit le tour des agences du quartier des Terreaux. Elle en visita huit avant de trouver ce qu'elle cherchait, un studio refait à neuf, rue

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Poulaillerie, c'est-à-dire pas très loin de la rue Longue, et dont le loyer lui parut convenable. Elle le retint sous réserve d'acceptation du professeur, et enfourcha son vélomoteur pour filer à l'hôpital.

« J'ai trouvé ce qu'il vous fallait, monsieur Thévenet, dit-elle en entrant dans sa chambre. Je pense que vous serez satisfait. Je me suis hâtée car mes camarades et moi nous partons demain matin pour Besançon. Les montres Alpha-Dzêta sont fabriquées dans cette ville. Nous trouverons peut-être, là-bas, la cause des explosions... Vous connaissez Besançon?

— Un peu.— Nous nous installerons dans la Citadelle. » Le

professeur sourit.« Evidemment, si les explosions ont un rapport

avec les montres Alpha-Dzêta comme vous vous l'êtes mis en tête, il est possible que le point de départ remonte à Besançon. Mais ne vous imaginez pas qu'on entre dans cette usine comme dans un moulin... De toute façon, vous n'êtes pas plus calés que moi en matière de mécanique hor-logère. Enfin, si ça vous amuse!... En tout cas, merci pour l'appartement. Je me fie à vous et je l'accepte. Je dois sortir de l'hôpital dans quatre jours. »

Mady donna à son ancien prof le nom de l'agence, l'adresse de l'appartement et ne s'attarda pas. Après un détour par la place des

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Terreaux pour avertir que le studio était définitivement retenu, elle rentra directement à la caverne. Bistèque, le cuisinier de l'équipe, avait déjà fait les provisions, pour ne pas perdre de temps, le lendemain, sur la route. Le Tondu révisait les éclairages des engins. Tidou et Gnafron examinaient un plan de Besançon dans un guide Michelin. Quant à la Guille, il jouait tranquillement de l'harmonica, assis par terre, le dos au mur.

Ce soir-là, l'équipe se sépara plus tôt qu'à l'ordinaire. Il fallait être en forme pour l'expédition et beaucoup dormir.

... Le lendemain, à cinq heures moins le quart, en pleine nuit encore, toute l'équipe se retrouvait au bas de la rampe des Pirates. Comme d'habitude, Kafi voyagerait dans sa caisse montée sur roues de vélo, traînée par son maître. Outre les sacs de couchage, les provisions, on emportait les talkies-walkies, le magnétophone qui avait souvent été si utile, un transistor et trois sifflets à ultra-sons.

Au moment de sauter dans sa remorque, Kafi se montra réticent. Il aurait préféré suivre la troupe « à pattes ». Mais deux cent dix-huit kilomètres?...

A cinq heures, exactement, tous phares allumés, les Compagnons se mettaient en route. Le temps était gris, sans vent, la température pas trop fraîche, les rues de Lyon pour ainsi dire

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désertes. Les moteurs, révisés par le Tondu, tiraient bien. Tidou qui roulait moins vite que les autres, à cause de la remorque, prit la tête de la caravane étirée en file indienne, la Guille le dernier, comme. d'habitude. La route, toute plate, à travers la Bresse, était roulante. En deux heures et quart ils atteignaient Bourg, sous un jour gris, toujours sans vent, ce qui rendait le froid plus supportable.

« Formidable! s'écria le Tondu en brandissant son béret. Nous serons à Besançon bien avant cinq heures. »

Ils continuèrent de rouler sans incident jusqu'à Lons-le-Saunier. Il était midi. Au lieu de s'arrêter en dehors de la ville pour pique-niquer au bord de la route, ils pénétrèrent dans la préfecture du Jura et s'installèrent dans un café où ils déballèrent leurs victuailles. Ankylosé, Kafi se détendit les pattes en tournant autour de la table et en jouant avec un petit roquet dont il aurait fait trois bouchées.

« Rien ne nous presse, dit le Tondu. Plus que quatre-vingt-six kilomètres. Trois ou quatre heures de route, au plus. »

Ils terminaient leur dessert, quand Tidou, remarquant un journal abandonné par un client, sur une autre table, se leva pour le prendre.

« Voyons les nouvelles! »Il le parcourait rapidement quand ses sourcils se

froncèrent.

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« Qu'y a-t-il? demanda Gnafron.— Encore une explosion!— Où?— En Bretagne... et aucune explication.

Regardez!»

Mady lut tout haut, pour les autres :

Quimper, 16 mars. Une curieuse explosion s'est produite, hier matin, au domicile de maître Kerligen, notaire à Quimper. Mme Kerligen s'apprêtait à donner un bain à son enfant âgé de deux ans; elle l'avait laissé seul, un instant, dans la salle de bain où coulait l'eau chaude quand une violente explosion s'est produite, projetant l'enfant à demi assommé sur le carrelage. On ignore la cause de cet accident qui aurait pu être grave. Il ne s'agirait ni d'une fuite de gaz, ni d'un court-circuit...

Du coup, les Compagnons oublièrent de finir leur dessert.

« Dès notre arrivée à Besançon, nous téléphonerons à Quimper, dit Bistèque. On ne doit pas trouver dans cette ville trente-six notaires de ce nom.

— Non, pas de Besançon, rectifia Tidou. Ce ne serait peut-être pas prudent. Pourquoi pas d'ici? »

Gnafron consulta sa montre :« Une heure dix! La poste doit être fermée,

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entre midi et deux heures, nous ne pouvons pas attendre son ouverture.

— Alors, téléphonons du café, si la patronne le permet. »

La brave femme accepta. Malheureusement, elle ne possédait que l'annuaire du département, c'est-à-dire du Jura.

« Tant pis, fit Tidou, nous nous arrêterons plus loin, dans une autre poste. »

Le repas terminé, s'étant payé le luxe d'un café pour se donner du courage, les Compagnons se remirent en selle tandis que Kafi sautait dans sa caisse.

L'équipe roulait depuis un moment quand une petite pluie, fine comme un crachin normand,

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l'obligea à mettre pied à terre pour endosser les imperméables. Plus loin, en traversant un village, Mady jeta un coup d'œil sur l'horloge d'un clocher : trois heures dix.

« Stop! Le téléphone! »Pas de chance! Le village était trop peu important.

Son bureau de poste ne disposait que des annuaires du Jura et des départements limitrophes. Ils n'eurent pas l'idée de demander le service des renseignements.

« Quelle est la prochaine ville que nous devons traverser? demanda Mady.

— Arbois! répondit le Tondu... mais je crains que ce ne soit encore qu'un gros village. Si nous faisons tous les bureaux de poste de France et de Navarre, nous allons finir par être en retard sur l'horaire.

— Tant pis! répliqua Mady. J'ai hâte d'être fixée. »

La poste d'Arbois était munie de tous les annuaires. Ils feuilletèrent celui du Finistère. A Quimper, existaient une dizaine de Kerligen, mais un seul était notaire. Donc pas d'erreur possible. Cependant, Mady hésita, le notaire avait deux numéros, celui de l'étude et celui de l'appartement. Elle opta pour l'appartement. La poste ne comportait que deux cabines, mais plus grandes que celles de Lyon; ils s'y entassèrent tous les six... avec Kafi, et attendirent longtemps la communication. Pensant à son horaire, le

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Ces quatre explosions, je crois savoir à quoi elles sont dues.

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Tondu ne cessait de passer les doigts -sous son béret en signe d'impatience.

Il bougonna :« Annulons notre appel. Nous avons perdu toute

notre avance. »Enfin, la liaison avec Quimper fut établie.« Allô! demanda Mady de sa voix calme, pourrais-

je parler à Mme Kerligen?— De la part de qui? fit une voix mal assurée,

celle, d'une femme de ménage sans doute.— C'est personnel et urgent.— Bien... Je vais prévenir Madame, ne coupez

pas.»Mady et Tidou, qui avait pris l'autre écouteur,

perçurent un bruit de pas puis une discussion : deux voix de femmes. L'employée de maison devait se faire gronder pour n'avoir pas exigé l'identité de la personne qui appelait.

« Allô! j'écoute, fit une voix sèche.— Excusez-moi de vous déranger, c'est au sujet

de...— De l'explosion? coupa Mme Kerligen. Ah! j'en

ai assez! Encore une journaliste?...— Juste une question. Pour donner le bain à voire

enfant, aviez-vous enlevé votre bracelet-montre?— Evidemment!... Je ne vois pas du tout ce que...— De quelle marque était cette montre?

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— Une... une Alpha-Dzêta, Mais encore une fois...— Je vous remercie. C'est tout ce que je voulais

savoir », dit Mady qui raccrocha aussitôt.Et, se tournant vers ses camarades :« Et de quatre!». »Suivis de Kafi les Compagnons allaient quitter le

bureau de poste quand Tidou s'arrêta, un doigt sur le front.

« Tu en fais une tête, dit Gnafron, A quoi penses-tu?

— A ces quatre explosions... Je crois savoir à quoi elles sont dues.

— A quoi?— A la chaleur... Ecoutez-moi bien, tous les cinq.

M. Thévenet avait posé sa montre sur un radiateur anormalement chaud... La baigneuse de Cannes avait abandonnera sienne sur le sable qui devait être brûlant... A Toulouse, le magasin de la rue de Metz doit être exposé en plein midi puisque la marchande de fleurs, installée à côté, se trouvait en plein soleil. C'était dit dans le journal. Le verre de la vitrine a pu faire l'effet d'une loupe.

— Et à Quimper?— L'explosion s'est produite pendant l'absence de

la mère. J'imagine que l'enfant s'est amusé avec la montre, déposée sur un coin du lavabo, et qu'il l'a laissée tomber dans l'eau chaude de la baignoire. »

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Ces quatre explications firent réfléchir les Compagnons. Oui, c'était ça : la chaleur.

« Formidable! Tidou », s'écria le Tondu en lui donnant une grande bourrade dans' le dos.

Puis, jetant un coup d'œil sur .l'horloge de la poste :« Tonnerre de malheur! Trois heures dix!... Partons

vite!... »

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CHAPITRE VI

UNE ÉCHELLE DE SPÉLÉOLOGUE

«LA GUIGNE! s'écria Bistèque, comme ils sortaient de la poste. Le brouillard! » Durant la demi-heure perdue à téléphoner, la petite pluie avait fait place à la brume, une brume aussi dense que celle qui se forme parfois sur les quais de Lyon.

Le Tondu ne cacha pas sa colère, lui, le responsable de l'horaire.

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« Je vous l'avais dit, tous ces arrêts ont compromis notre avance. »

Il était évident que le brouillard allait ralentir leur allure. La circulation devint tout de suite dangereuse dans cette crasse.

« Serrez bien à droite », répétait Mady, à chaque instant.

C'était tout juste si le Tondu, qui suivait la remorque de Kafi, distinguait le feu rouge de son camarade. La chance, avec eux au départ, les abandonnait. A un moment, une voiture freina si brusquement, derrière la Guille, que tous crurent à un accident.

Les Compagnons parcoururent ainsi une quinzaine de kilomètres à vitesse réduite. Ils venaient de dépasser un village au curieux nom de Mouchard quand, voulant serrer davantage sur la droite pour laisser un camion le doubler, Tidou, happé par le fossé, fit une embardée et se retrouva dans le creux avec la remorque et Kafi. Ni lui ni son chien ne s'étaient fait mal mais la roue ayant du vélomoteur était plus que voilée. Elle frottait contre la fourche et ne pouvait plus tourner. Malgré tous leurs efforts, les Compagnons ne purent la redresser.

« La guigne! toujours la guigne! grommela Gnafron, à son tour.

— Pas d'autre solution, dit Tidou, que de retourner à Mouchard, à pied, avec la roue de mon vélo. »

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Et il ajouta :« Le Tondu, attache la remorque de Kafi à ta

machine et filez tous à Besançon sans m'attendre.— Pas question! protesta Mady. Nous arriverons

ensemble ou pas du tout. »Pour perdre moins de temps, le Tondu proposa à

Tidou de monter, avec la roue -voilée, sur le porte-bagage de son propre engin et de l'emmener à Mouchard. Ils y trouvèrent un mécanicien mais celui-ci voulait terminer son travail en cours avant de s'occuper d'eux. Pour comble de malchance, quand il redressa la roue, plusieurs rayons se brisèrent. Bref, quand les deux camarades regagnèrent la troupe, ils avaient perdu près d'une heure.

« Plus loin, dit Mady, le brouillard va peut-être se dissiper. »

Elle se trompait. Plus ils approchaient de Besançon, au contraire, plus la visibilité se réduisait. A tel point que, Gnafron et Bistèque s'étant heurtés sans se voir, la troupe mit pied à terre. A l'heure que le Tondu s'était donnée pour l'arrivée, les Compagnons étaient encore à trente-cinq kilomètres dû but. C'est ce que Gnafron put lire sur une borne avec sa lampe de poche.

« Bah! si nous sommes en retard, nous dormirons au pied des remparts. On n'en mourra pas, pour-une nuit. »

Enfin, le réseau de brume semblant s'éclaircir, ils remontèrent sur leurs machines. Ce n'était

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qu'une trêve. L'équipe s'entêta cependant à continuer de rouler, mais si lentement que Kafi bondit de sa caisse pour suivre « à pattes ».

« Non, Kafi! cria son maître, remonte dans ton coffre, tu vas te faire écraser!... »

II était plus de six heures quand ils atteignirent les faubourgs populeux et industriels de Besançon, suivant une route assez plane. Ils se rendirent compte alors qu'ils arrivaient à un pont... un pont sur le Doubs? On n'en voyait que le parapet.

« Par ici, dit la Guille, je suis sûr que c'est par ici!— Tu crois?— Puisque ça monte! Je vous l'ai dit, la Citadelle

est sur la hauteur. »L'équipe le suivit, avec toutefois l'impression

qu'elle faisait fausse route. Elle avait parcouru cinq cents mètres, à pied, mains au guidon, quand un fracas de tonnerre se produisit au-dessus de leurs têtes.

« Un pont! s'écria Tidou, un pont de chemin de fer. Tu te trompes, la Guille. La Voie passe au-dessus de nous. Or, elle ne traverse pas la boucle. Je l'ai vu sur la carte. »

Il fallut faire demi-tour, franchir un autre pont, de rivière celui-là, pénétrer dans la vieille ville encombrée de voitures aveugles, en dépit de leurs phares allumés. Ces autos répandaient une horrible odeur prenant à la gorge, à celle de

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Kafi surtout, qui humait l'air au ras des pots d'échappement. Les Compagnons cherchaient leur chemin dans cette cohue quasi invisible quand surgit l'ombre d'un agent en gants blancs. Ils étaient en sens interdit. « Demi-tour! s'il vous plaît!

— Monsieur l'agent, protesta Tidou, nous ne sommes pas en défaut puisque nous marchons à pied.

— Et ça, ce n'est pas une voiture? » II désignait la remorque de Kafi.

« C'est la caisse de notre chien, intervint Mady de sa voix la plus suave. Nous ne connaissons pas Besançon. Nous arrivons de Lyon. Nous nous rendons à la Citadelle. »

L'agent regarda sa montre.« A la Citadelle?.,. Six heures et demie! Elle est

fermée.— Nous y sommes attendus par la tenancière du

snack-bar. »L'agent hocha la tête, regarda encore la remorque,

sortit son carnet et le remit dans sa poche.« Bon pour cette fois... Mais n'y revenez pas. »Et, tendant le bras :« Prenez cette petite rue et tournez- à droite.

Ensuite, c'est direct, jusque là-haut!— Pas commodes, les agents de Besançon,

bougonna Gnafron. Il vaut mieux ne pas se mettre en infraction dans ce pays. »

Ils suivirent les rues indiquées, se heurtèrent presque à ce qu'ils pensèrent être une église et

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s'arrêtèrent pour se renseigner.« Oui, tout droit, leur dit un bonhomme... euh!

c'est-à-dire tout droit mais en zigzag, la rue des Fusillés.»

Rue des Fusillés! Un nom sinistre. Ils le cherchèrent même pas la plaque qui l'indiquait; poussant leurs machines, ils grimpèrent tout droit... en zigzag, comme avait dit le bonhomme,

« Tu avais raison, la Guille, de dire que c'était haut», souffla Mady, la respiration coupée par l'effort.

Mais tout à coup, comme par magie, tout devint parfaitement clair autour d'eux. Us

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venaient de percer le plafond du brouillard. Une longue et haute muraille apparut. La Citadelle! Au pied de la façade se creusait un profond ravin empli de ronces et franchi par un pont donnant accès à une porte fermée.

« Trop tard! soupira Tidou en regardant sa montre. Sept heures moins vingt. »

Ils hésitèrent entre chercher un abri sur place et redescendre en ville casser la croûte dans un café. Fatiguée par la route, et la raide montée, Mady demanda grâce.

« Pendant qu'il reste un peu de jour, cherchons un endroit, sur place. Nous y pique-niquerons et déploierons nos sacs de couchage. En nous serrant les uns contre les autres nous n'aurons pas froid. »

Le Tondu approuva, Bistèque aussi, qui n'avait pas envie de trimballer ses provisions jusqu'en bas pour les remonter ensuite. Les autres ne protestèrent que pour la forme. Tous contournèrent le fossé et, plus loin, au pied de la muraille, découvrirent une sorte de plate-forme : large dalle de pierre raboteuse mais sèche.

« Ne cherchons pas plus loin, dit Tidou. Ce damné brouillard nous cache tout. Nous risquerions de dégringoler dans le vide, au-dessous. »

Ils avaient laissé leurs vélomoteurs près du fossé. Les garçons retournèrent chercher les sacs.

« Vite, la becquée, réclama Mady, en riant. Mon estomac piaille de faim. »

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Ils s'assirent en rond sur la pierre et Bistèque alluma le camping-gaz, car tous avaient envie de manger chaud. Entre-temps, la vraie nuit était venue. Le Tondu alluma une lampe de poche. Pendant un quart d'heure on n'entendit que des bruits de mâchoires, celles de Kafi n'étant pas les moins bruyantes. Enfin, le Tondu soupira:

« Dire que, si on m'avait écouté, nous serions, à cette heure, bien installés de l'autre côté des remparts.

— Peu importe, répondit Mady. Moi je pense surtout aux montres. A Lyon il me semblait que nous trouverions facilement, à Besançon, le secret des explosions. A présent que nous y sommes...

— Ah! non, protesta Tidou, tu ne vas pas dire que nous avons fait cette expédition pour rien. J'ai encore réfléchi, en roulant, sous la pluie. Puisque ces explosions se sont produites aux quatre coins de la France, l'origine ne peut remonter qu'à un seul endroit... ici... et il ne s'agit certainement pas d'un défaut de fabrication. Demain, nous essaierons de visiter l'usine.

— Demain, c'est dimanche, objecta Gnafron.— Alors, après-demain. »Le repas terminé, chacun déroula son sac de

couchage. La dalle était assez large pour tous les six, à condition de bien se rapprocher. Ils s'y enfoncèrent jusqu'aux yeux, Kafi étiré entre Tidou et Mady. Ainsi couchée, l'équipe discuta un

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moment, en regardant les lueurs de la ville qui, ne parvenant pas à crever le brouillard, faisaient une sorte de halo rougeâtre. L'air était frais, mais pas le moindre souffle de vent. La Guille se mit tout de suite à ronfler. Puis, chacun à leur tour, les autres Compagnons sombrèrent dans le sommeil. Depuis longtemps, ils n'avaient pas couché à la belle étoile, surtout en cette saison. Bien calés les uns contre les autres, ils ne sentaient pas le froid.

Pour son compte, Tidou dormait depuis longtemps quand, en étendant instinctivement le bras, pour caresser son chien, il ne rencontra que le vide. Réveillé, il allongea la main, plus loin, et effleura Mady qui s'éveilla à son tour.

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« Qu'y a-t-il, Tidou?— Kafi a disparu; sa place est vide entre nous

deux.»Ils scrutèrent la nuit étoilée rendue assez claire par

une croissant de lune. Rien.« Mon Dieu! murmura Mady, pourvu qu'il ne soit

pas tombé dans le vide, trompé par le brouillard. »Tidou se leva' et sortit son sifflet à ultra-sons, ce

merveilleux petit instrument aux vibrations ultra-rapides, perçues par les chiens, mais inaudibles pour les humains. Kafi tarda à reparaître. Enfin, Tidou le vit surgir au pied des murailles, sur une espèce d'étroit sentier qui longeait les remparts. Il s'approcha en poussant de petits

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grognements significatifs. Il avait découvert quelque chose qui l'intriguait.

« Couche-toi, Kafi », gronda son maître.Mais au lieu de regagner sa place entre les sacs de

couchage, l'animal battit de la queue et mordilla le bas du pantalon de Tidou pour inviter celui-ci à le suivre.

« Qu'as-tu donc vu, Kafi? »Le chien insistait d'une telle façon que Tidou

murmura à Mady :« Je vais voir. Il y a quelque chose d'anormal par

là.»Derrière Kafi, Tidou s'engagea sur le sentier, qui

n'était qu'un simple passage à travers des broussailles, encore dépourvues de leurs feuilles. Ils parcoururent ainsi, difficilement, trois ou quatre cents mètres. Puis Kafi s'arrêta et, au lieu de flairer le sol, dressa la tête vers les hautes murailles. C'est alors que Tidou aperçut une échelle d'acier, une échelle de spéléologue, comme celles qu'ils avaient utilisées au gouffre Marzal 1. Etait-ce cette échelle que Kafi voulait montrer à son maître? Avait-il vu quelqu'un l'utiliser?

Tidou la secoua pour voir si elle grimpait jusqu'au sommet des remparts, mais au même moment, elle lui échappa des doigts. Quelqu'un d'invisible, là-haut, la remontait lentement. Kafi se mit à gronder.

« Tais-toi », souffla Tidou.

1. Les Six Compagnons ut gouffre Marzal.

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Puis, regardant sa montre :« Une heure! Qui vient de s'introduire dans la

Citadelle en pleine nuit? Cette échelle a dû être descendue le long de la muraille afin de permettre à quelqu'un de se hisser dans les lieux. C'est cet inconnu que Kafi a surpris, tout à l'heure, pendant sa promenade nocturne. »

L'échelle disparue, Tidou attendit. Plus rien. Il revint sur ses pas, avec son chien, prenant mille précautions pour ne pas tomber.

« Alors? » murmura Mady.A voix basse, pour ne pas réveiller les autres

Compagnons, il raconta sa découverte.« Curieux! souffla Mady. D'après la Guille, il n'y a

aucun secret militaire dans cette Citadelle désaffectée, pas d'armes, pas de munitions... Recouche-toi, mais passe sa laisse à Kafi et tiens l'autre bout enroulé autour de ton poignet. S'il entend de nouveaux bruits, tu seras tout de suite averti. »

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CHAPITRE VII

SUR LES REMPARTS

IL ÉTAIT sept heures quand le Tondu, qui avait dormi comme un loir, s'agita dans son sac et retira son béret posé sur ses yeux. A peine debout, il s'écria :

« Oh! Regardez!... »Tirés de leur sommeil, les Compagnons émergèrent

les uns après les autres de leurs cocons, se demandant ce qui arrivait.

« Regardez! hurlait le Tondu. Regardez! Formidable!... »

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Plus trace de brouillard alors que, généralement, les brumes de vallées se forment le soir ou dans la nuit pour ne se dissiper qu'en fin de matinée. Un petit vent, pas chaud du tout, les avait balayées. Tout Besançon s'étalait devant eux, vu comme d'un avion, avec ses vieilles maisons enserrées dans la boucle du Doubs et, aux alentours, des collines hérissées de forteresses, de bastions, d'immeubles, d'usines, etc.

« Jamais je n'aurais cru que nous avions grimpé si haut! s'exclama Mady... et surtout que l'endroit où nous venons de dormir était si dangereux. »

Dangereux, certes, le lieu l'était. La dalle de rocher, qu'ils croyaient entourée de buissons, dominait le vide d'une cinquantaine de mètres. Un écart de quelques pas et c'eût été la chute fatale.

Le saisissement passé, Tidou raconta à ses camarades ce qui s'était passé dans la nuit pendant qu'ils dormaient comme des souches.

« Une échelle de spéléo? s'étonna Gnafron. Peut-être des garçons qui s'exercent à l'escalade de la forteresse, faute de rochers abrupts aux environs.

— Pas en pleine nuit, répliqua le Tondu. Quelqu'un cherchait plutôt à s'introduire dans la Citadelle, aidé par un individu déjà à l'intérieur. »

La Guille haussa les épaules.« Pourquoi risquer de se casser la figure le

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long des remparts quand on entre si facilement dans ces vieilles bâtisses désaffectées?

— Pas à toutes les heures... La preuve, nous venons de coucher dehors. »

Gnafron réfléchit, puis demanda.« J'aimerais, Tidou, voir l'endroit où était

suspendue cette échelle. »Tous voulurent suivre. Jamais, sans le brouillard,

Tidou n'aurait osé se risquer en pleine nuit sur ce qui n'était qu'une corniche surplombant le vide. A un endroit, ils durent enjamber une faille ouvrant sur le néant. Dans la nuit, Tidou l'avait sautée sans se rendre compte que, s'il manquait son pas, il tombait dans l'abîme. Même l'intrépide Gnafron sentit son cœur se serrer en la franchissant.

Kafi retrouva l'endroit où, comme le supposait son maître, il avait aperçu quelqu'un, le long de l'échelle. Les Compagnons remarquèrent des touffes d'herbe foulée, au pied du rempart. En se penchant vers le vide, le Tondu déclara qu'il était certainement possible, pour quelqu'un d'entraîné, de se hisser d'en bas, jusque-là, d'un rocher à l'autre.

Il s'agissait donc bien d'une escalade clandestine. Tidou s'interrogeait sur le but de cette ascension quand Kafi, qui s'était éloigné de quelques pas, vint retrouver son maître pour le tirer par le bas de son pantalon.

« Eh bien, Kafi, qu'y a-t-il encore? »Tidou le suivit à quatre ou cinq mètres de là. Le

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chien lui montra alors quelque chose de brillant, sous la lune. Un point lumineux, verdâtre, comme un ver luisant. Ce n'était pourtant pas la saison des lucioles. Tous six s'approchèrent.

« Une montre!... s'écria Mady. On dirait le cadran lumineux d'une montre. »

C'en était une en effet. Son verre était brisé, son boîtier cabossé à deux endroits, comme s'il avait reçu des coups de marteau. Gnafron en déchiffra la marque. Alpha-Dzêta.

Une Alpha-Dzêta! Sur le coup, cette constatation ne les étonna qu'à demi. Peut-être qu'à Besançon, lieu où on les fabriquait, les Alpha-Dzêta étaient très répandues. A la réflexion, cette découverte, au pied des remparts, d'une montre coûtant très cher les intrigua... d'autant plus qu'il s'agissait d'une montre de poignet mais sans bracelet.

« A coup sûr, fit Gnafron, elle est tombée de haut de la poche de celui qui grimpait le long de la muraille ou de celui qui tenait l'échelle. Sinon, elle n'aurait pas subi un pareil choc. Pourquoi ne l'avait-il pas au poignet?

— Curieux! fit Mady à son tour. Aurions-nous cette chance, à peine arrivés, de tomber sur une piste? Ce serait trop beau. »

Ils examinèrent de plus près le chronomètre en métal chromé qui, bien entendu, ne marchait plus. Depuis quand était-il dans l'herbe?

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« Mets-le dans ta poche, dit Gnafron à Tidou, et rentrons au campement. Nous y serons plus à l'aise pour discuter. »

Ils regagnèrent leur dalle et détaillèrent de nouveau la montre, une montre d'homme, avec deux fentes sur les côtés pour le passage du bracelet. Soudain, une idée traversa l'esprit de la Guille :

« Essayons de voir si elle explose sous l'action de la chaleur. De toute façon, elle n'est pas réparable.

— Non! s'écria Mady, c'est trop dangereux.— En prenant nos précautions, nous ne risquons

rien. Passe-moi le réchaud, Bistèque. Nous allons la mettre au fond d'une casserole, à feu doux, pour nous donner le temps de fuir. »

Mady protesta encore, mais les garçons insistèrent. La Guille alluma le réchaud, à petite flamme, déposa la montre dans une casserole et se sauva vivement, avec ses camarades.

Cinq minutes s'écoulèrent, puis dix... vingt. Rien! Pourtant, la flamme du camping-gaz brillait toujours sous la casserole.

« Elle n'explosera pas, en conclut Gnafron. Nous pouvons nous rapprocher. »

Effectivement, la montre était brûlante au point qu'on ne pouvait y toucher, mais intacte. Les Compagnons restèrent perplexes. L'objet refroidi, Tidou le remit dans sa poche.

L'équipe reprit alors ses affaires, les vélomoteurs, et

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s'approcha de la grosse porte de la citadelle. Une plaque, fixée près de l'entrée, indiquait que les fortifications avaient été édifiées par Vauban.

Enfin, la porte s'ouvrit. Voyant ces jeunes gens pressés d'entrer, le gardien s'exclama en riant :

« Pas si vite! Vous êtes les premiers... mais sûrement pas les derniers. La journée s'annonce belle. Aujourd'hui dimanche, nous aurons beaucoup de visiteurs. »

Tidou demanda où se trouvait le snack-bar.« Comment? Déjà soif à cette heure? Il n'est peut-

être pas encore ouvert. Passez l'autre « front. »Des « fronts », c'est ainsi que se nommaient les

diverses enceintes. Le snack-bar ouvrait ses portes. La Guille reconnut sa cousine qui sortait un tourniquet à cartes postales. Comme la plupart des Franc-Comtoises, elle ne se montra guère démonstrative dans son accueil. Cependant, les Compagnons comprirent tout de suite que c'était une brave femme, prête à se mettre en quatre pour rendre service.

« Je vous ai attendus hier soir, dit-elle en jetant un regard vers Kafi qui l'impressionnait par sa taille. Vous n'étiez pas encore là?

— Si, dit la Guille, mais nous sommes arrivés très tard. Nous avons dormi à la belle étoile, au pied des remparts.

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— Pauvres jeunes gens! Vous êtes gelés! Entrez vous réchauffer. »

Elle leur prépara un copieux petit déjeuner... et trouva même un restant de viande pour Kafi qui ne cacha pas sa satisfaction.

« Quelle idée de venir à Besançon en cette saison? poursuivit-elle. Le printemps, ici, manque souvent le rendez-vous de Pâques. Je vous ai trouvé un endroit convenable, pas humide du tout, ce qui est l'essentiel. Venez, je vais vous le montrer avant l'arrivée des premiers clients. »

Elle les conduisit vers un terrain gazonné, encore roussi par les gels de l'hiver. Puis elle grimpa un escalier aux rudes marches de pierre et ouvrit une porte.

« C'est là, une ancienne salle de corps de garde que j'appelle mon cellier. Vous y serez bien... Vous comptez rester longtemps?

— Quelques jours seulement, cousine, répondit la Guille, le temps de visiter la ville et les environs.

— Alors, commencez par la Citadelle. Roger vous montrera ce qu'il faut voir puisqu'il est en vacances, comme vous.

— Roger? fit Mady.— Le cousin de Pierre... pardon, de la Guille, qui

va passer le bac cette année. Mon fils, si vous préférez. »

Tous se tournèrent vers la Guille.

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« Tu ne nous avais pas dit que tu avais un cousin presque de notre âge?

— Euh! bafouilla la Guille, il me paraissait tellement plus grand que moi quand nous sommes venus, mes parents et moi. Je ne savais pas qu'il était encore au lycée. »

Ce cousin était à la buvette quand ils y entrèrent. C'était un garçon de dix-huit ans, avec une tête ronde, l'air un peu endormi mais sympathique. Il accepta avec plaisir de piloter les Lyonnais.

« Je vais vous faire visiter la Citadelle, mais d'abord, pour commencer, un peu d'histoire.

— Oh! non, protesta Mady, pas un cours, nous

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sommes en vacances. Tu nous expliqueras au fur et à mesure. »

La Citadelle, qui défendait jadis la boucle du Doubs, était vaste, composée de plusieurs enceintes et de nombreux bâtiments : le musée populaire franc-comtois, le muséum d'histoire toire naturelle et l'émetteur de la télévision régionale, sans parler d'une vieille chapelle désaffectée. L'extrémité du promontoire était aménagée en zoo. Son entrée n'était pas permise aux chiens mais Tidou ne vit pas l'écriteau.

Le groupe passait devant les cages des fauves quand un employé apparut, portant un seau plein de charogne pour les hyènes. Sans qu'on sût pourquoi, Kafi le suivit. Sentant un souffle derrière lui, l'homme se retourna, lâcha son seau et décocha un coup de pied vers le chien qui s'esquiva.

« Va-t'en! Ta place n'est pas là! »Et, aux Compagnons :« Vous n'avez pas lu l'écriteau? »Puis l'homme s'emporta, plus que l'incident ne le

méritait. Tidou dut ramener Kafi à l'entrée du zoo où il pria son chien de l'attendre.

« Pas commode, cet employé, fit-il en rejoignant l'équipe. D'accord, j'étais dans mon tort. Il pouvait au moins être poli. C'est lui, le responsable du zoo?

— Non seulement un aide, répondit Roger. Il est ici depuis deux ou trois mois seulement. Il est intelligent, cultivé même, mais bizarre. »

Du zoo, ils revinrent prendre Kafi qui attendait

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sagement à l'entrée. Puis Tidou demanda s'il était possible de grimper sur les remparts.

« Bien sûr, dit Roger. De là-haut, la vue est magnifique, surtout à droite, elle plonge sur le quartier de Rivotte et la zone industrielle où s'est édifiée, il y a quelques mois, en dehors de la boucle, l'usine Alpha-Dzêta.

— Les montres à quartz? s'exclama la Guille.— Tu les connais?— Nous en avons entendu parler; des montres à

quartz spécial, plus précises que les autres. Tu vois, nous ne sommes pas Besançonnais, nous savons tout de même beaucoup de choses. »

Roger pouffa de rire.« Beaucoup de choses, mais pas tout, mon vieux.

Les gens d'ici ne s'appellent pas des « Besançonnais » mais des Bisontins... Suivez-moi! Attention aux marches!... »

Il entraîna l'équipe sur le rempart, terminé par une petite tour carrée, baptisée tour du Roi. De là-haut, la vue était grandiose.

« Tenez! fit Roger, le doigt tendu, vous apercevez de l'autre côté du Doubs, toute blanche et toute neuve, la fabrique Alpha-Dzêta.

— On pourra la visiter? demanda Tidou.— Sûrement pas... à cause du secret de fabrication

du quartz synthétique. L'usine est gardée, même le jour. Regarde avec mes jumelles, tu verras. »

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Tidou régla les oculaires à sa vue et observa l'usine blanche. Deux hommes allaient et venaient, comme des promeneurs, mais ne s'éloignant pas de l'entrée.

« Je suppose, fit Mady, que les autres fabriques doivent voir d'un mauvais œil cette nouvelle usine.

— Non. En tout cas pas celles qui continuent la fabrication traditionnelle. Les Alpha-Dzêta, pour le moment, se vendent surtout à l'étranger. »

Après s'être attardés à regarder la nouvelle usine, ils se dirigeaient, au bout du rempart, vers la tour du Roi, quand Tidou s'aperçut que Kafi ne suivait plus. Le chien s'était arrêté une trentaine de mètres en arrière. Dressé contre le parapet, il semblait, lui aussi, vouloir profiter du coup d'œil.

Tidou comprit tout de suite ce qui l'intéressait. Il revint sur ses pas. Comme il le supposait, son chien ne cherchait pas à regarder par-dessus le parapet. Il en flairait les pierres. Tidou se pencha alors au-dessus du vide et reconnut, au pied de la haute muraille, l'endroit où ils avaient découvert la montre. Autrement dit, Kafi retrouvait l'odeur de l'homme qui s'était hissé le long de l'échelle de spéléo.

Tidou se penchait plus avant, pour essayer de suivre une trace d'escalade sur les rochers, quand le Tondu l'appela :

« Viens jusqu'à la tour du Roi, Tidou! Formidable! Tout Besançon, comme Paris du haut de la tour Eiffel. »

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Il rejoignit le groupe puis tous firent demi-tour. Kafi était toujours appuyé au parapet. A leur tour, les autres Compagnons comprirent ce que le chien sentait, mais ils n'en soufflèrent mot à Roger à qui Mady demanda seulement :

« Il existe une école d'escalade à Besançon?— Oui, j'en fais même partie.— Vous n'utilisez jamais les remparts pour des

exercices de descente en rappel?— Il y a mieux, dans la région, du côté des gorges

de la Loue... Pourquoi cette question? Tu fais de l'alpinisme?

— J'aime la montagne. »

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Ils poursuivirent leur promenade à rebours, sur le rempart, descendirent les marches et franchirent le « front royal » qui les ramenait à l'entrée de la Citadelle, dans un vaste espace où les promeneurs étaient déjà nombreux.

« Il n'est que dix heures, dit Roger, nous pourrions descendre en ville, je vous montrerais les principales curiosités. Besançon a gardé de nombreux vestiges espagnols. »

Un peu fatiguée, Mady ne se montra pas très enthousiaste.

« Nous avons déjà vu beaucoup de choses.— C'est que, déclara Roger, je ne serai pas là

demain pour vous servir de guide. Je pars cet après-midi pour une semaine aux environs de Dijon. »

Il mettait trop de gentillesse à jouer ce rôle de cicérone. Mady se laissa entraîner.

« Allez prendre vos vélomoteurs, dit-il, je vais chercher le mien. »

Ils redescendirent, freins serrés, la longue côte zigzagante grimpée la veille en plein brouillard, et se trouvèrent plongés dans la vieille ville et ses rues étroites à l'atmosphère bruyante et polluée.

Le cousin de la Guille les entraînait vers le célèbre palais Granvelle quand Gnafron, avisant un bureau de tabac, déclara :

« Si on achetait le journal? »Il entra dans la boutique et prit un quotidien

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parisien de la veille plutôt que le journal local. Avait-il eu, lui aussi, une intuition? En troisième page, un titre accrocha son regard :

LES MONTRES A QUARTZ SERAIENT-ELLES DANGEREUSES?

Les autres Compagnons et Roger se penchèrent sur son épaule pour déchiffrer l'article, qui disait :

Un accident à première vue inexplicable vient de se produire aux aciéries de Thionville en Moselle. Hier, en fin de matinée, un ingénieur surveillait une coulée de fonte quand une explosion lui a déchiré le bras gauche en même temps qu'elle renversait un chef d'équipe.

Interrogé sur son lit d'hôpital, l'ingénieur a déclaré aux enquêteurs que sa montre était probablement en cause, une montre à quartz spécial récemment achetée à Metz.

Or, des accidents de ce genre se sont déjà produits dans plusieurs villes de France. Fait curieux, les victimes de ces explosions inexpliquées possédaient, elles aussi, des montres à quartz synthétique. Est-ce une coïncidence? Le quartz de synthèse serait-il dangereux? Dans certaines circonstances, se désagrégerait-il violemment? On sait que l'unique fabrique de ces montres est installée à Besançon. Une enquête technique sera certainement ouverte.

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Les Compagnons échangèrent un regard. Roger, lui, hocha la tête.

« Si c'était vrai, ce serait un sale coup pour Besançon. Heureusement, ça ne nous intéresse pas. Nous n'avons pas les moyens, vous et moi, de nous offrir des montres de ce prix... Venez plutôt voir le palais Granvelle. »

Ils le suivirent, mais sans mot dire, plus impressionnés par l'article du journal que par l'architecture pourtant fort belle du palais. Ils avaient hâte de se retrouver entre eux, pour parler de ce qui les intéressait au plus haut point.

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CHAPITRE VIII

UN HOMME DANS LA NUIT

L'ÉQUIPE rentrée à la Citadelle, Roger parti pour Dijon, les Compagnons purent discuter à leur aise dans leur corps de garde. Le matin, en ville, ils avaient eu beaucoup de mal à dissimuler leur trouble devant Roger, à la lecture du journal. A présent, ils pouvaient le commenter sans être gênés.

Cet article les avait frappés, non parce qu'il relatait un nouvel accident, mais parce que, en

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haut lieu, on avait fini par faire un rapprochement entre les explosions et les montres Alpha-Dzêta. Une enquête technique allait être ouverte, une mission compétente serait sans doute envoyée à Besançon. D'un côté, les Compagnons se sentaient soulagés, il ne se produirait plus d'accidents; mais d'un autre ils auraient aimé percer eux-mêmes le secret des montres.

S'il se révélait que le quartz synthétique, porté à une certaine température, était susceptible d'exploser, l'usine bisontine devrait fermer ses portes... ou se reconvertir dans la fabrication des montres à quartz naturel. En tout cas, l'enquête piétinerait sans doute avant d'aboutir et M. Thévenet ne connaîtrait pas la cause de sa blessure avant longtemps.

« Je ne comprends pas, dit Gnafron, les ingénieurs qui ont mis au point ce quartz synthétique ne sont tout de même pas des imbéciles. Ils ont dû tester ses propriétés, ses réactions à tous les phénomènes, atmosphériques ou autres, avant de l'utiliser. Les explosions ne sont pas dues à la chaleur, mais à autre chose.

— A quoi? demanda la Guille.— C'est justement ce qu'il faut trouver. Pour moi,

il s'agit de sabotage, pas de toutes les montres mais de certaines. Réfléchissez! Un nouveau procédé qui offre un double avantage : plus de précision et coût moins élevé. Il y a de quoi faire des envieux.

— J'y ai pensé, moi aussi, dit Tidou... et même dès les premiers jours.

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— Moi aussi, enchaîna Mady... mais quel sabotage? Comment cacher un explosif aussi puissant dans un objet aussi petit qu'une montre... surtout une montre de dame? »

La question demeura sans réponse. Puis Tidou reprit :

« Admettons la thèse probable du sabotage. Pour nous, le problème est simple. Existe-t-il un rapport entre ces sabotages et l'individu qui s'est hissé la nuit dernière dans la Citadelle? Pour mon compte, je vois deux raisons de le soupçonner. D'abord, il montait à la forteresse par le côté nord-est... celui où se trouve la fabrique. Ensuite et surtout, c'est probablement lui qui a perdu la montre en grimpant à l'échelle de spéléo. Je ne vois pas qui d'autre aurait laissé tomber cette montre sans bracelet, à cet endroit... Si cet individu est le saboteur, il n'en est pas à son coup d'essai. Il revient quelquefois dans la Citadelle. Qui sait si la nuit prochaine...?

— Compris! approuva Gnafron, nous nous embusquerons cette nuit sur le rempart, dans la tour du Roi.

— Tous les six... avec Kafi? dit Bistèque.— Non, pas tous. Il faut jouer sur tous les tableaux

en même temps et surveiller aussi les établissements Alpha-Dzêta. Pour cela, deux et même quatre guetteurs sont indispensables, un

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sur chaque face de l'usine. Dans un moment, avant la fermeture de la Citadelle, vous quatre, Gnafron, la Guille, le Tondu et Bistèque, vous sortirez avec vos vélomoteurs. Vous passerez la nuit là-bas. Pendant ce temps, je me posterai dans la tour du Roi avec Kafi.

— Et moi? s'inquiéta Mady.— Tu te coucheras tranquillement. Tu t'es fatiguée,

cet après-midi, à aider la cousine à faire des sandwiches et laver les verres. Tu as besoin de repos.

— Et quand rentrerons-nous? dit Gnafron. A huit heures seulement, à l'ouverture de la grande porte?

— Non, plus tôt. Si la cousine était levée elle se demanderait où vous avez passé la nuit. Vous reviendrez à cinq heures et demie. Il fera encore grand-nuit. Je vous entrebâillerai le portillon et vous pourrez vous coucher pour de bon.

— J'y pense, coupa Mady, s'ils emportaient un talkie-walkie! Ils pourraient communiquer avec nous.

— Impossible, répondit le Tondu.— Pourquoi?— A cause de la proximité de l'émetteur régional.

Nous serions tout de suite repérés. »Il n'était encore que cinq heures, mais le soleil

déclinait déjà. L'air devenait frais. La forteresse qui avait connu une affluence record voyait ses visiteurs repasser le « front » et monter dans leurs voitures.

« N'attendons pas le dernier moment, dit

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Gnafron. Nous nous ferions remarquer. »Les quatre guetteurs descendirent sous la salle du

corps de garde prendre leurs vélomoteurs. Tous s'étaient chaudement vêtus. A six heures moins dix, ils franchirent la grande porte, en même temps qu'une dizaine de touristes, sans être remarqués. Puis ils sautèrent sur leurs machines et, au bas de la ville, obliquèrent à droite pour gagner le faubourg de Rivotte. Ils suivirent la route jusqu'à la passerelle, qu'ils avaient vue du haut des remparts. Ayant mis pied à terre, ils traversèrent le Doubs, large et tranquille. Puis ils se dirigèrent vers l'usine blanche, sans trop s'en approcher, car il faisait encore jour. Ils l'observèrent dans ses moindres détails. Deux hommes en civil, probablement armés, faisaient les cent pas devant l'entrée. Les rares fenêtres percées dans les murs étaient munies de solides barreaux. Il paraissait impossible de pénétrer dans l'usine ou d'en sortir autrement que par la grille d'entrée.

Les quatre camarades s'embusquèrent derrière une murette de jardin et attendirent. Le ciel étant dégagé, la nuit tombait lentement, mais on sentait déjà qu'elle serait fraîche.

Soudain, une idée traversa l'esprit de Gnafron.« Tidou a eu tort de tous nous envoyer ici.Je ne vois pas comment quelqu'un pourrait entrer

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dans cette usine gardée de l'extérieur... et probablement aussi, par un homme de ronde, à l'intérieur.

— Alors? demanda le Tondu.— Le Tondu et Bistèque, restez ici. Dès qu'il

fera grand-nuit, vous vous approchez de l'usine et vous ouvrez l'œil. La Guille et moi, nous allons repasser le Doubs, et nous poster près de la route, à l'endroit où, d'en haut, l'escalade des rochers a paru possible. »

Le groupe se scinda donc en deux. Tandis que le Tondu et Bistèque, accroupis derrière leur murette, restaient sur place, Gnafron et la Guille reprirent leurs engins pour retraverser la passerelle. Il faisait grand-nuit à présent. Le long du faubourg, les lampadaires étaient assez éloignés les uns des autres. Dans la demi-obscurité, les deux camarades cherchèrent l'endroit qui leur paraissait le plus facile pour grimper jusqu'aux remparts.

« Ce pourrait bien être là, dit la Guille, montrant une faille entre les rochers.

— Probable », approuva Gnafron.Pour s'en assurer, il se hissa de quelques mètres,

traversa une voie ferrée et, plus loin, constata qu'il était en effet possible de poursuivre l'ascension.

Il était déjà près de huit heures. Ils cherchèrent un endroit, de l'autre côté de la route,

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pour se camoufler en bordure du Doubs. Cet endroit, ils le trouvèrent derrière le talus. Alors, chacun déballa les victuailles qu'il avait emportées. Il ne leur restait plus qu'à attendre, en souhaitant que le brouillard ne vînt pas tout gâcher.

Malgré leurs tricots de laine, le froid les pénétrait. Ils regrettèrent de ne pas avoir pris leurs sacs de couchage.

Sur la route, la circulation, intense au début, se ralentissait. La plupart des voitures rentraient à Besançon après un beau dimanche à la campagne.

Onze heures... minuit. Soudain, Gnafron constata

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qu'un halo se formait autour des lampadaires.« La guigne!... Le brouillard. Quel pays!... »

Dieu merci, ce n'était qu'une légère brume qui ne s'épaissit pas. On pouvait encore distinguer le tronc des arbres à cinquante mètres.

Tout d'un coup, alors que la circulation était devenue pratiquement nulle, la Guille posa la main sur le bras de Gnafron. « Ecoute! ... des pas!... »

Ils se dressèrent, derrière le talus, juste assez pour apercevoir la route. Un homme arrivait à droite. Un noctambule qui rentrait chez lui dans le faubourg? Il parvint à leur hauteur, à moins de vingt mètres, s'arrêta, alluma une cigarette, ou plutôt essaya de l'allumer car la flamme du briquet s'éteignit. Entre-temps, il se retourna, comme s'il attendait quelqu'un... ou se croyait suivi. A ce moment, une voiture passa, rentrant à Besançon. L'homme alluma sa cigarette, pour de bon, cette fois, mais sitôt l'auto éloignée, il la jeta et disparut brusquement dans les buissons. L'oreille tendue, les deux camarades perçurent le bruit de petits cailloux qui dégringolaient. L'homme escaladait les rochers pour rejoindre celui qui, là-haut, de l'intérieur de la forteresse, lui tendait l'échelle de spéléo.

« J'étais sûr que nous faisions bien en nous postant là, dit Gnafron. Cet individu doit monter toutes les nuits à la Citadelle. Il y a moins de

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brouillard là-haut. Tidou aura peut-être la chance de distinguer ses traits...

— En tout cas, il ne venait pas des usines Alpha-Dzêta, remarqua la Guille, il aurait emprunté la passerelle et serait arrivé à gauche. Que faisons-nous?

— Attendons! Il ne restera pas toute la nuit là-haut. Il redescendra avant le lever du jour. »

Puis, réflexion faite, Gnafron ajouta : « Je reste ici. Tu as le temps d'aller prévenir le Tondu et Bistèque. Tu leur diras ce que nous venons de voir et leur demanderas ce qu'ils ont observé. »

Pour éviter de faire du bruit avec son vélomoteur, la Guille partit à pied. Il traversa la passerelle, chercha la murette où ses camarades s'étaient embusqués. Personne! Ils avaient dû s'avancer vers le grand bâtiment dont la blancheur se détachait derrière le fin réseau de brouillard. Soudain, un chien aboya. Un instant, la Guille se demanda si Tidou n'était pas sorti de la Citadelle avec Kafi. Non, c'était bien la voix d'un chien-loup mais pas celle de Kafi.

La Guille rampait sur le terrain humide, à la recherche de l'un ou l'autre des Compagnons, quand il distingua une ombre tapie derrière un sac de ciment abandonné.

« Qui est là? murmura-t-il. Le Tondu?... Bistèque ?— Le Tondu!... D'où viens-tu, la Guille?

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— C'est Gnafron qui m'envoie. Il y a un quart d'heure, un homme a escaladé les rochers pour grimper à la Citadelle.

— Il venait d'ici?— Apparemment non... mais de la ville... Où est

Bistèque?— Camouflé derrière l'usine, de l'autre côté.

J'étais sûr que nous ferions le guet pour rien. Impossible à un rôdeur d'entrer dans cette fabrique, encore moins de nuit que de jour. Regarde! »

Le Tondu pointa un doigt vers une ombre qui allait et venait, tenant un gros chien en laisse. « Un chien policier comme Kafi. Tu penses bien, la Guille, que l'animal percevrait le moindre bruit... La preuve, il t'a entendu. » Et le Tondu ajouta :

« Au lieu de nous geler ici, nous ferions mieux de tous revenir sur la route, et de suivre l'homme quand il redescendra... Je vais chercher Bistèque. » Pour éviter d'alerter le chien, le Tondu fit un grand détour derrière l'usine. Un quart d'heure plus tard, il reparaissait avec Bistèque qui claquait des dents.

Toujours sans bruit, les guetteurs allèrent reprendre leurs engins et, à pied, rejoignirent Gnafron, recroquevillé au bas du talus. Tous quatre se serrèrent les uns contre les autres, pour se tenir chaud.

« Je me demande murmura la Guille, si ce

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qui se passe, la nuit, dans la Citadelle, a quelque chose à voir avec les montres... »

Plusieurs heures s'écoulèrent, interminables. Les Compagnons tombaient de sommeil. Pour se tenir éveillé, la Guille sortit son harmonica et le porta à ses lèvres.

« Tu n'es pas fou? » le houspilla le Tondu.Quatre heures du matin! Toujours rien. Aucune

voilure sur la route. Le brouillard commençait à s'épaissir. A peine distinguait-on, à présent, l'autre côté de la chaussée. Soudain, un petit grésillement de cailloux qui roulent.

« L'homme!... Il redescend, souffla Gnafron. Regardez bien de quel côté il file. »

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Quelques instants plus tard, l'inconnu atteignait la route, vague silhouette dans le halo de la brume. Cette fois, il n'hésita pas. Il s'éloigna aussitôt vers la ville, d'où il était venu.

« Prenons nos vélomoteurs et suivons-le, murmura Gnafron, mais sans bruit, à pied. »

Ils eurent beaucoup de peine à ne pas le perdre de vue tant le brouillard était épais. Soudain, au bout de cinq cents mètres, ils le virent obliquer à gauche... et disparaître. Mais presque aussitôt ronronna un démarreur d'auto.

« C'est lui, fit Bistèque, il avait laissé sa voiture sur un parking. »

Un halo blond de lumière perça les ténèbres. L'homme venait d'allumer ses phares. Le moteur vrombit. Le Tondu reconnut tout de suite son bruit.

« Une R 4... Il ne peut pas rouler très vite.— Filons sans lumière, dit vivement Gnafron, nous

nous guiderons sur ses feux rouges. »C'était dangereux mais, à quatre heures et demie du

matin, la ville était déserte. Ils risquaient seulement de se heurter entre eux ou de faire une embardée sur un trottoir. Prudent, l'homme roulait d'ailleurs lentement. Il longea un moment le Doubs qu'il traversa et aborda une côte, à l'opposé de la Citadelle. Bientôt ses feux rouges devinrent plus visibles. A mesure qu'il prenait de la hauteur, le brouillard s'estompait. Il franchit alors un pont, un pont de chemin de fer. « S'il file dans la campagne, dit Bistèque, nous

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sommes fichus, surtout s'il n'est pas ralenti par le brouillard. »

L'homme distançait en effet les vélomoteurs. Mais tout à coup, les Compagnons virent le faisceau des phares obliquer vers la gauche. Puis subitement plus rien. Ni lumière, ni bruit de moteur. La voiture s'était arrêtée. L'homme habitait-il ce quartier?

« Stop! » dit Gnafron.Ils scrutèrent la nuit, claire à présent, avec un

fourmillement d'étoiles au-dessus de leurs têtes. Soudain, une lumière apparut à une fenêtre, très haut.

« Il vient de rentrer chez lui », dit la Guille.Un grand immeuble se découpait sur la nuit.

Bistèque se hâta de compter les étages et conclut :« Il habite au huitième...— Oui, au huitième », approuva Gnafron.La Guille comptait à son tour quand la lumière

s'éteignit. L'homme devait s'être couché. Alors, les Compagnons s'avancèrent, à pied. Devant le haut immeuble s'étendait un parking privé. Une trentaine de voitures y stationnaient dont plusieurs R.4. Gnafron reconnut celle de l'individu à son capot resté chaud. Il en releva le numéro. Après quoi, il examina l'immeuble, une sorte de tour semblable à plusieurs autres, aux environs. Celle-ci portait le numéro 9, mais quel était le nom de la rue? Ils finirent par le découvrir sur une plaque : avenue de l'Observatoire.

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« Inutile de chercher à en savoir plus pour le moment, dit Gnafron. Dépêchons-nous de rentrer. Tidou doit nous attendre à la petite porte à cinq heures et demie; il ne faut pas le manquer. » Ils remontèrent sur leurs machines, phares allumés à présent, et redescendirent vers la boucle où les attendait le brouillard. Ah! le brouillard! Quelle calamité! Ils se perdirent trois fois, quatre fois, dans la boucle, avant d'atteindre la fameuse rue des Fusillés qui grimpait tout droit... en zigzag (l'expression les amusait) à la Citadelle.

La montre du Tondu marquait cinq heures vingt quand ils parvinrent au pied des remparts, dégagés de la « crasse » qui submergeait la ville. Ils attendirent alors patiemment, se demandant ce que, de son côté, Tidou avait observé.

Enfin, un faible grincement! Une tête apparut dans l'entrebâillement du portillon pratiqué dans la maîtresse porte. Malgré la pénombre, ils virent tout de suite que Tidou n'avait pas son air calme de la veille.

« Que s'est-il passé? demanda Gnafron. — Kafi!... disparu!... Entrez, je vous expliquerai... »

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CHAPITRE IX

9, AVENUE DE L'OBSERVATOIRE

A SES camarades rentrés dans la salle du corps de garde, Tidou expliqua :

« Je ne comprends pas ce qui est arrivé à mon chien, pourquoi il ne m'a pas rejoint. J'étais embusqué dans la tour du Roi, avec lui. Peu après minuit, il m'a donné l'alerte. Il entendait marcher sur les remparts. Il n'y avait pas de brouillard mais la lune n'était pas encore levée.

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« Au bout d'un moment, j'ai distingué un individu penché sur le parapet. Je suppose qu'il déroulait l'échelle de spéléo le long de la muraille. Je ne voyais bouger que ses bras. Puis l'homme est resté immobile, accroupi contre le parapet. J'ai attendu. Par précaution, au cas où je serais surpris, j'avais détaché la laisse de Kafi que je tenais par le collier... Au bout d'une dizaine de minutes, une autre silhouette a enjambé le parapet. Toutes deux se sont rapidement éloignées.

— Et tu les as suivies? demanda Gnafron.— A distance, en tenant toujours Kafi par le

collier... Mais tout à coup, elles se sont évanouies. J'ai eu l'impression qu'elles n'avaient pas pris l'escalier, au bout du rempart, mais un autre, plus proche. Je me suis arrêté pour écouter. Des pas crissaient dans la cour, au-dessous de moi. J'ai lâché Kafi pour m'agenouiller, les deux mains appuyées au bord du rempart... Je me suis tellement penché en avant que j'ai cru basculer dans le vide et j'ai étouffé un cri. Kafi a-t-il cru que je lui demandais de courir après les deux hommes?

« II est parti comme une flèche. Je me suis relevé vivement pour le rappeler avec mon sifflet à ultra-sons. Il ne m'a pas entendu... ou n'a pas voulu m'entendre. Je l'appelais une seconde fois quand, dans la cour pleine d'ombre, un bruit bizarre m'a fait tressaillir.

— Quelle sorte de bruit?— Je suis incapable de le préciser. Un petit coup

sec.

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— Comme celui d'un revolver muni d'un silencieux?

— Non, plus faible encore, pas un coup de feu... Puis plus rien. Pendant quelques secondes, je me suis demandé ce que je devais faire. J'étais trop inquiet pour mon chien. Je suis descendu dans la cour. La nuit était sombre, je ne distinguais rien. J'avais ma lampe de poche, mais pas question de l'allumer. Alors, je suis revenu réveiller Mady. Elle m'a accompagné dehors. Ensemble, nous avons cherché à tâtons, sans résultat. Voilà où nous en sommes.

— ... Pas d'hésitation, dit Gnafron, recommençons les recherches tous ensemble. »

Tidou l'en dissuada.« Non, le jour va se lever, nous pourrions être vus.

A présent, il faut attendre l'ouverture de la Citadelle aux visiteurs. »

Et il ajouta, des larmes dans la voix.« Ça ne servira d'ailleurs à rien. Si Kafi était vivant,

il serait revenu, même blessé... ou je l'aurais entendu gémir. »

Il y eut un silence. Instinctivement, tous regardèrent leurs montres. Six heures et quart. Près de deux heures à attendre. Dehors, le jour pointait, froid et clair, alors que la nappe de brouillard, au-dessous de la forteresse, emprisonnait la ville dans son manteau ouaté.

« Je ne comprends pas, répétait Tidou, la tête dans les mains. Cela s'est passé si vite! Au moins,

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si j'avais entendu Kafi se battre avec les deux hommes. Non, rien. Il n'a même pas aboyé... Pourtant, Kafi n'est pas un chien à se laisser attraper. Si les deux hommes avaient voulu le saisir, il les aurait écharpés et la bagarre aurait fait du bruit. »

Son angoisse était telle que Tidou en oubliait de demander à ses camarades ce qu'ils avaient observé.

« Et vous? fit-il enfin, avez-vous découvertquelque chose.— Oui, répondit la Guille... mais apparemment

sans rapport avec les montres Alpha-Dzêta. Nous n'avons pas tous passé la nuit près de l'usine blanche. C'était inutile. Elle est trop bien gardée par deux hommes accompagnés d'un chien policier comme Kafi. D'ailleurs toutes les ouvertures sont garnies de barreaux.

— En revanche, enchaîna Gnafron, nous avons vu l'inconnu se hisser le long des rochers, peu après minuit... Nous avons attendu qu'il redescende pour le filer, malgré le brouillard. Il habite de l'autre côté de la boucle, dans l'avenue de l'Observatoire. Nous pourrons connaître son identité. »

Tidou écoutait à peine. Il ne cessait de regarder sa montre. Pour tuer le temps, Bistèque prépara un copieux petit déjeuner agrémenté des sandwiches que la cousine Nicole avait donnés à Mady, la veille, pour la remercier de son aide.

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Enfin, huit heures! La porte du front Saint-Etienne (c'était le nom du premier rempart) s'ouvrit toute grande. Les visiteurs, en ce lundi matin, ne se bousculaient pas à l'entrée. Ils étaient quatre, en tout, des Allemands, descendus d'une voiture laissée sur le parking. Malgré tout, les Compagnons pouvaient circuler dans l'enceinte comme ces anonymes promeneurs.

« Partageons la Citadelle en trois secteurs, décida Tidou. Le Tondu et Mady, vous explorerez le zoo. Vous deux, la Guille et Bistèque, vous passerez au peigne fin le grand terrain en pente de l'entrée, pendant que Gnafron et moi, nous fouillerons la partie intermédiaire. Rendez-vous au corps de garde dans une heure. »

Les consignes données, les trois groupes se séparèrent. Tidou et Gnafron traversèrent sans s'arrêter le vaste espace où les biches, déjà sorties de leur abri, longeaient les grillages, mendiant de la nourriture. Puis ils franchirent le second rempart, le front royal, et se trouvèrent dans la partie la plus importante de la Citadelle, celle où se situaient les musées et l'ancienne chapelle. Après avoir cherché en vain autour des bâtiments, ils repassaient devant la chapelle quand Gnafron, y jetant un coup d'œil pour la seconde fois, s'écria :

« Nous avons mal vu, tout à l'heure. Regarde... là-bas!... au fond, cette masse sombre. »

Tidou tressaillit.

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« C'est lui... Kafi!... »Ils se précipitèrent vers le chœur de l'ancien

sanctuaire. Couché en rond, le museau sur ses pattes, le chien semblait dormir. Tidou s'agenouilla devant lui. Le corps de l'animal était chaud. Son cœur battait régulièrement et ses flancs se soulevaient à une cadence presque normale, simplement un peu lente.

« Kafi!... Kafi!... »Le chien n'eut aucune réaction, comme s'il

n'entendait pas. D'ordinaire, au moindre claquement de langue de son maître, il était debout, car il avait le sommeil léger.

« Oui, fit Gnafron, il dort, mais pas d'un sommeil naturel. Aurait-il été empoisonné?

— Ramenons-le tout de suite au corps de garde, nous le montrerons au directeur du zoo. Il doit s'y connaître pour soigner les animaux. »

Le chien était si lourd, si inerte, qu'ils ne parvinrent pas à le porter. Gnafron courut chercher la remorque où l'animal se laissa déposer, inconscient... comme il se laissa étendre ensuite sur les dalles, près de la cheminée de la salle, les yeux clos, les pattes molles. Il ne paraissait pas souffrir. Pas la moindre bave ou écume ne sortait de ses babines et il ne poussait aucune plainte. Tidou lui souleva une paupière et passa devant l'œil le rayon lumineux de sa lampe de poche. Immédiatement, la pupille se rétrécit.

« Bon signe, dit Gnafron, les réflexes sont intacts. »

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Tidou allait sortir pour prévenir le responsable du zoo quand les autres Compagnons arrivèrent.

« Mon Dieu! s'écria Mady, à la vue du chien étendu sur les dalles. II... il est mort?

— Non, il dort... mais d'un drôle de sommeil. »Comme tout à l'heure Tidou, Mady tomba à genoux

pour l'examiner, le caresser.« C'est vrai, il paraît simplement dormir. Serait-il

subitement devenu sourd pour qu'il n'entende pas son nom? »

Elle le caressa encore, passant la main dans sa belle fourrure soyeuse. Puis, tout à coup, elle s'écria :

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« Du sang!... une trace de sang sur mon doigt. » Tidou passa la main à travers les poils de l'animal et, les écartant, découvrit une infime blessure, comme faite par une aiguille. Kafi avait-il été piqué par les inconnus, qui voulaient le supprimer? Ce n'était pas possible. Jamais Kafi ne se serait laissé approcher, et encore moins faire une piqûre, par un étranger.

« Piqué ou non, peu importe, dit Mady, il ne souffre pas peut-être justement parce que c'est grave. La Guille, je vais demander à ta cousine l'adresse d'un vétérinaire.»

Elle allait sortir quand, tout à coup, Kafi bougea. Oh! imperceptiblement, juste un battement de la queue. Penchés sur lui, les Compagnons restèrent en suspens. La queue bougea une seconde fois. Puis Kafi bâilla, les mâchoires grandes ouvertes, comme s'il revenait d'un long somme. « Kafi!... Kafi!... » l'appela son maître. Cette fois, le chien perçut la voix. Il ouvrit les paupières et tourna la tête vers Tidou, d'un air encore endormi mais naturel. Puis il se leva sans paraître souffrir. Aucun de ses membres n'était brisé puisqu'il se tenait debout sans gémir. Soudain, en le regardant, Gnafron passa rageusement les doigts dans sa tignasse embroussaillée et demanda à Tidou :

« Tu as bien dit avoir entendu un léger bruit... plus faible que celui d'un revolver? — Oui, un petit coup sec.

— Je viens de comprendre. »Tous les regards se tournèrent vers Gnafron qui

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expliqua :« C'était un pistolet à fléchette... un pistolet dont se

servent les vétérinaires ou les soigneurs de fauves, pour immobiliser un animal dangereux avant de l'opérer ou de lui faire un pansement.

— Tu crois? fit Bistèque... mais la fléchette, nous l'aurions retrouvée?

— Celui qui a fait le coup a pris la précaution de la retirer quand Kafi s'est endormi. Surpris par Kafi, les deux hommes avaient compris que c'était dangereux pour eux d'être suivis; ils n'ont pas hésité à tirer, de loin. Si mon explication est juste, cela prouverait qu'un des deux individus est employé au zoo.

— Oui, approuva vivement Mady, c'est cela, un employé du zoo... l'aide-soigneur qui t'a rabroué, hier, Tidou. Rappelle-toi! Kafi lui flairait les talons. Ce n'était pas la charogne du seau qui intéressait ton chien. Il venait d'ailleurs de manger. C'était l'homme qu'il sentait parce qu'il avait déjà décelé son odeur sur l'échelle de spéléo. »

Les garçons approuvèrent. L'explication était claire. Ainsi, l'aide-soigneur du zoo paraissait jouer un double jeu. Dans la journée il s'occupait des fauves et ensuite se livrait, avec son acolyte, à une activité clandestine. Que faisaient-ils tous deux, chaque nuit, dans la Citadelle?

Rassurés pour Kafi qui, à présent, bien réveillé,

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ne présentait aucun trouble, les Compagnons s'interrogèrent.

« Surveillons les faits et gestes de cet aide-soigneur, dit la Guille, mais dans la journée, il doit se comporter normalement. Et la nuit, ce sera difficile, à cause de ma cousine. Il ne faudrait pas lui attirer des ennuis.

— Sans doute, approuva Gnafron, mais nous avons l'adresse de son acolyte... »

Et, comme toujours, aussitôt décidé à passer à l'action, il proposa :

« Descendons en ville... sans Kafi. Il vaut mieux le tenir à l'écart... du moins pour le moment. Qui veut le garder?

— Moi! dit la Guille, je lui jouerai de l'harmonica; il adore ça. »

Les cinq autres prirent leurs vélomoteurs et plongèrent (c'était bien le mot) dans la nappe de brouillard qui couvrait encore la vallée du Doubs. Malgré la densité de ce réseau opaque, la ville était animée, plus que la veille. A pied, la main au guidon de leurs machines, les Compagnons traversèrent la boucle, se faufilant à travers les voitures et les passants... des passants qu'à plusieurs reprises ils entendirent prononcer le mot : montre. Y aurait-il du nouveau au sujet des Alpha-Dzêta?

« Attendez-moi, dit Tidou, je vais acheter le journal. »

Il était à peine entré dans la boutique qu'un

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énorme titre lui sauta aux yeux, sur l'édition locale.

LES ATELIERS ALPHA-DZETA DEVRONT-ILS FERMER LEURS PORTES?

Il acheta un numéro et rejoignit ses camarades en courant, bousculant deux passants qu'il n'avait pas vus.

L'information parue hier dans un journal parisien a mis la population bisontine en émoi. Il n'existe évidemment aucun rapport entre certaines explosions survenues aux quatre coins de la France et les montres Alpha-Dzêta qui sont en

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passe de parfaire la réputation de notre cité. Si toutefois, contre toute vraisemblance, l'enquête technique prouvait le danger du quartz synthétique, on se demande ce que deviendraient les quatre cent cinquante ouvriers et ingénieurs de cette usine modèle, et les conséquences qui en découleraient pour notre production horlogère.

L'article lu "et relu, les Compagnons demeurèrent perplexes. Sur place, à Besançon, ils se rendaient mieux compte des bouleversements que ces faits, s'ils étaient exacts, pourraient apporter dans la capitale de la Franche-Comté.

Cependant, ils ne s'attardèrent pas dans la boucle. Ils traversèrent le Doubs et, un plan en main, repérèrent l'avenue de l'Observatoire. De loin, Gnafron la reconnut à ses grands blocs d'immeubles qui émergeaient dans la brume, ce qui les faisait paraître encore plus hauts. Celui qui portait le numéro 9 était le second, près d'une grande artère de dérivation. Gnafron et le Tondu comptèrent les étages.

« Là-haut, au huitième, à droite, expliquèrent-ils à Tidou, les fenêtres qui n'ont pas de rideaux.

— Il n'est pas chez lui, dit Bistèque. Sa voiture n'est pas sur le parking. »

Ils pénétrèrent dans le vestibule où s'alignaient de nombreuses boîtes aux lettres portant le nom des locataires, suivi du numéro de l'étage. Pas de

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problème pour le huitième : d'un côté, Mme Vve Clément, de l'autre, J. Riesler.

« C'est bon, fit Mady, je monte... Je vais sonner à la porte de ce Riesler.

— Et si tu te trouves nez à nez avec quelqu'un!— Il n'y a personne, puisque la voiture n'est pas là.— Mais sa femme, par exemple?— S'il y avait une femme, dans ce logement, elle

aurait posé des rideaux.— Formidable! fit le Tondu. Tu penses à

tout. »Mady appuya sur le bouton de l'ascenseur, ouvrit la

cabine et se laissa emporter jusqu'au huitième. Sur le palier de l'étage, elle trouva deux portes. Celle de droite ne mentionnait aucun nom, celle de gauche, celui de Mme Vve Clément. Elle sonna chez Riesler. Naturellement, elle avait trouvé une explication toute simple au cas où, contre toute attente, quelqu'un répondrait. Elle s'excuserait en disant qu'elle s'était trompée d'étage. Elle n'eut pas à le faire car le petit son de cloche qui tinta à l'intérieur resta sans écho.

Alors, elle traversa le palier et sonna chez la veuve. Sur le coup, elle crut qu'il n'y avait personne là non plus. Puis elle perçut le glissement de pas feutrés, à l'intérieur, le déclic d'un judas optique qu'on soulève pour identifier le visiteur. Enfin, la porte s'ouvrit.

« Vous désirez, mademoiselle? demanda une

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dame d'un certain âge, un châle sur les épaules.— M. Riesler habite bien l'autre appartement, sur

le palier? Je viens de sonner chez lui, personne n'a répondu.

— M. Riesler est à son travail. Si vous voulez le voir, il ne rentre pas à midi, il déjeune à la cantine. Vous voulez que je lui fasse une commission de votre part?

— Non, non, protesta Mady. Où travaille-t-il?— Aux nouvelles usines, vous savez, les

montres... les Alpha-Dzêta... »Pendant une fraction de seconde, Mady demeura

interdite.« Ah! oui, bredouilla-t-elle, les montres... les

montres Alpha-Dzêta?.., »Elle remercia et, oubliant de prendre l'ascenseur,

fonça dans l'escalier.

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CHAPITRE X

LA BANDE MAGNÉTIQUE

QUAND Mady redit ce qu'elle venait d'apprendre au huitième, les garçons pensèrent aussitôt, comme elle, à un rapport certain, cette fois, entre les visites nocturnes du nommé Riesler à la Citadelle et les montres Alpha-Dzêta. Ce rapport leur parut d'autant plus évident qu'un moment plus tard, dans une épicerie du quartier où Bistèque fit ses provisions, ils apprirent que Riesler n'habitait avenue de l'Observatoire que

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depuis trois mois... tout comme l'aide-soigneur du zoo n'occupait son poste que depuis trois mois également, époque où l'usine Alpha-Dzêta avait été mise en service. Que de troublantes coïncidences!

Rentrée à la Citadelle où elle retrouva Kafi en pleine forme, écoutant d'un air ravi la valse que lui jouait la Guille sur son harmonica, l'équipe commenta sa découverte. Celle-ci leur parut capitale. Une question se posa alors à tous. Fallait-il avertir la police?

« Non, trancha Tidou! pour deux raisons. D'abord, jusqu'ici nous n'avons fait que des rapprochements. Ensuite, la police se demanderait ce que nous faisons en permanence à la Citadelle et ta cousine, la Guille, aurait des ennuis.

— A mon avis, déclara Gnafron, il faut se renseigner sur cet employé du zoo, savoir où il se cache, la nuit, avec son acolyte; autrement dit, le filer... mais ce sera difficile, sans Kafi. Il se méfie de lui. Kafi ne doit plus se montrer.

— Surtout au zoo, précisa Tidou... mais nous pouvons tout de même l'utiliser.

— Comment?— En lui faisant flairer quelque chose appartenant

à cet aide-soigneur... ou quelque chose dont il se sert souvent.

— J'en fais mon affaire, déclara Mady.— Il serait intéressant aussi de voir de près les

traits de Riesler, suggéra Bistèque. Jusqu'à présent, nous ne connaissons que sa silhouette.

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Ce serait facile, il se rend à son travail en voiture. Ce soir, à six heures, à la sortie des ateliers, je pourrais attendre, près de l'auto, sur le parking. Il fait encore jour à cette heure-là.

— Et pour rentrer?— S'il le faut, je coucherai dehors, jusqu'à

l'ouverture de la Citadelle, le lendemain.— Non, coupa Tidou; deux nuits dehors, c'est trop.

Puisque nous savons où la cousine de la Guille accroche la clé, dans le snack-bar, j'irai t'ouvrir, à dix heures et demie... avant que nous ne grimpions monter la garde dans la tour du Roi. Tâche de voir s'il porte une Alpha-Dzêta. »

Il était presque midi, l'heure de déjeuner. Bistèque avait fait ses provisions près de l'avenue de l'Observatoire : de la charcuterie et, bien entendu, du fromage de la région. Tous mangèrent avec plaisir, même et surtout Kafi que son long somme n'avait pas privé d'appétit.

« Il fait très beau, dit Mady, lorsqu'ils eurent terminé. Si nous allions prendre un café sur la terrasse du snack? Une fois n'est pas coutume.

— Oui, un bon café, approuva le Tondu. Ça nous remettra en forme. »

Il faisait chaud sur la magnifique terrasse qui surplombait la ville. Pour la première fois de l'année, la cousine de la Guille avait déployé ses parasols. Cependant, un lundi, les clients n'étaient pas nombreux. Ils étaient installés

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depuis quelques minutes, près du parapet quand deux hommes vinrent s'asseoir à la table voisine et commandèrent, eux aussi, des filtres. Visiblement, ils venaient de se rencontrer sans s'être donné rendez-vous.

« Moi aussi, fit l'un d'eux, je monte quelquefois ici prendre mon café, quand j'ai le temps. Au moins, on n'y respire pas un air pollué comme dans la Boucle.

— Puisque tout le monde en parle dans Besançon, fit l'autre, dites-moi ce que vous pensez de ces montres explosives. Je suppose qu'en qualité d'ingénieur chez Alpha-Dzêta, vous allez me mettre les choses au point... »

A ces mots : ingénieur, Alpha-Dzêta, les Compagnons tendirent l'oreille.

« Ce que je pense? fit l'ingénieur. Cette histoire d'explosions du quartz ne tient pas debout.

— Pourtant, ces accidents, toujours avec des montres Alpha-Dzêta...

— Je vous fais remarquer que, pour les explosions dont parlent les journaux, aucune des victimes ne portait sa montre... sauf l'ingénieur de Thionville qui a eu le bras déchiré, probablement par de l'acier en fusion, puisqu'il surveillait une coulée. Des coïncidences... et on sait que les journaux ont vite fait d'exploiter les coïncidences. En tout cas, notre directeur s'est rebiffé. Il n'entend pas qu'on jette le discrédit sur son usine. Il vient d'envoyer au journal parisien, auteur de cette nouvelle extravagante,

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une lettre « salée », avec menace de poursuite. A-t-on jamais vu exploser du quartz?

— Evidemment, à moi aussi, ça me paraît énorme. Pourtant, ce matin, dans mon bureau, j'ai entendu quelque chose sur mon transistor. Il paraîtrait que la chaleur...

— Impossible! Dans nos laboratoires, nous avons encore testé le quartz utilisé dans notre fabrication en élevant progressivement sa température jusqu'à 700°. Rien. A 700° le quartz commence à se fissurer, se déliter, se désagréger, mais sans aucune explosion, même quand ce quartz est enfermé dans le boîtier d'une montre. »

Et l'ingénieur ajouta, relevant sa manche gauche :« Voyez ma propre montre, une Alpha-Dzêta

étanche. Hier soir, j'ai fait cette expérience. Je l'ai mise dans une casserole pleine d'eau portée à l'ébullition pendant une demi-heure. Il ne s'est rien produit.

— Alors, pourquoi cet article?...— Il est un fait que nous sommes espionnés, mais

toutes les précautions sont prises. L'usine est gardée en permanence, en particulier le laboratoire où on fabrique le quartz de synthèse. Dans la journée, deux surveillants sur qui on peut compter se promènent dans les ateliers. L'un d'eux, un nommé Riesler, a détecté, il y a un mois, un faux ingénieur... qui avait réussi à se

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faire embaucher sous une fausse identité avec l'intention probable de découvrir notre secret de fabrication... Mais je bavarde et je vais être en retard.

— Moi aussi, Munioz, j'ai un rendez-vous à deux heures. »

Les deux hommes finirent leur café et se levèrent pour regagner leurs voitures, sur le parking.

Les Compagnons se regardèrent.« Vous avez entendu, fit la Guille, cet ingénieur a

fait la même expérience que nous. La chaleur n'a aucun effet sur le quartz, et Riesler est un surveillant... donc un homme sûr. »

Il y eut un silence. Le « petit » Gnafron passa rageusement les doigts dans sa tignasse, tandis que le Tondu se contenta de frotter son crâne lisse, sous son béret.

« Réfléchissons calmement, dit Tidou. Riesler est peut-être un excellent surveillant... Il n'en reste pas moins qu'il grimpe clandestinement la nuit à la Citadelle... et ça, l'ingénieur ne le sait pas. Continuons nos recherches comme si nous n'avions rien entendu, tout à l'heure.

— C'est aussi mon avis, approuva Mady. Pour mon compte, je file au zoo. »

Elle quitta la terrasse, traversa l'esplanade (si on peut appeler esplanade un terrain très en pente) et arriva à l'extrémité de l'enceinte. Les promeneurs étaient déjà nombreux, des mères de

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Alors elle prit le gant.

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famille, surtout, qui amenaient leurs enfants voir les animaux. Elle parcourut discrètement les allées et finit par découvrir l'aide-soigneur, dans l'enclos des dromadaires, qui nettoyait un abreuvoir. L'homme aurait pu la reconnaître, elle ne s'approcha pas. Quand il sortit, elle le suivit de loin et le vit entrer dans un bâtiment où il s'attarda avant de reparaître pour aller s'occuper des singes. En sortant, il avait laissé la porte entrebâillée. Mady risqua un œil à l'intérieur du local, une pièce assez vaste d'où se dégageait une drôle d'odeur. Partout des sacs, pleins de produits destinés sans doute à l'alimentation des animaux. Aux murs, pendaient des étrilles, des brosses, le nécessaire pour la toilette des

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pensionnaires du zoo. Au fond de la pièce, un escalier de pierre grimpait à l'étage supérieur où l'homme logeait sans doute. Elle ne s'aventura pas jusque-là. Pourtant, c'était peut-être là-haut que l'homme donnait rendez-vous à Riesler.

Elle se demandait ce qu'elle pourrait emporter pour Kafi quand elle avisa, dans un angle, un petit lavabo et, suspendus à côté, une serviette et un gant de toilette.

« Le gant! se dit-elle. Il doit s'en servir souvent. »Elle revint jusqu'à la porte jeter un coup d'œil à

l'extérieur. L'aide-soigneur était toujours dans la cage aux singes, pour la plus grande joie des enfants, car un ouistiti, grimpé sur ses épaules, se livrait à toutes sortes d'acrobaties. Alors, elle prit le gant, le fourra dans sa poche et quitta tranquillement le zoo pour rejoindre ses camarades.

Son choix se révéla bon; le chien ayant flairé -l'objet de toilette se mit à battre de la queue d'un air de dire :

« Que faut-il faire?... suivre la piste?... »II était trois heures de l'après-midi, le moment de la

journée où la Citadelle connaissait la plus grande affluence. Au milieu de tout ce monde, les divagations de Kafi passeraient inaperçues. Son maître lui attacha sa laisse et les Compagnons suivirent l'intelligent animal. Comme il fallait s'y attendre, c'est vers le zoo que Kafi voulut entraîner l'équipe, preuve que l'odeur relevée sur

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le gant était bien celle du soigneur.« Non, Kafi, pas de ce côté!... Partout où tu

voudras, mais pas là! »Kafi regarda son maître bizarrement. On lui

demandait de suivre une piste et on l'empêchait d'aller jusqu'au bout.

« Si nous le conduisions au point de départ, suggéra Gnafron, c'est-à-dire sur le rempart, à l'endroit où l'homme descend son échelle de spéléo, la nuit. » L'idée était bonne. Sur le rempart, Kafi s'arrêta à l'endroit précis où Tidou avait vu l'inconnu se pencher, l'autre nuit, pour attendre Riesler. De là, le chien suivit le chemin de ronde jusqu'à l'escalier et, le museau au ras du sol, descendit dans la cour. Mais tout à coup, il s'arrêta et se mit à gronder.

« Pourquoi grogne-t-il? s'étonna Mady. Personne ne le menace. »

Tidou réfléchit.« Ce doit être là, à cet endroit, qu'il a reçu la

fléchette. Il s'en souvient. »Son maître l'encouragea alors d'une caresse et lui

fit, de nouveau, sentir le gant. Kafi reprit la piste et se dirigea vers les bâtiments du front royal qui abritaient le musée folklorique que les Compagnons n'avaient pas encore exploré. On y entrait librement. Quelques visiteurs contemplaient des costumes comtois d'autrefois, dans

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des vitrines. Les Compagnons en firent autant, tout en surveillant Kafi du coin de l'œil. Celui-ci tirait sur sa laisse, en direction d'une porte sur laquelle était placardé un écriteau : entrée interdite.

« Curieux! fit Gnafron. Qu'y a-t-il derrière cette porte? »

S'assurant que personne ne le voyait, il essaya d'en tourner la poignée. Elle était fermée à clef. Pour être sûr que Kafi ne se trompait pas, Tidou lui montra encore le gant. La réaction du chien fut immédiate. Il se mit à gratter contre la porte.

« La nuit prochaine, dit la Guille, il faudrait s'embusquer ici... mais je ne vois pas comment passer inaperçu. »

Tous réfléchirent.« Une idée! murmura Bistèque, nous pourrions

utiliser le magnétophone. »Mady approuva vivement.« Oui, le magnéto... le plus près possible de la

porte. Nous viendrons le cacher ce soir vers dix ou onze heures pour le reprendre demain matin... Nous pourrions le placer sous les jupes de ce mannequin : elles traînent jusqu'à terre. »

Tous approuvèrent, et quittèrent le musée. Dehors l'après-midi déclinait vite car le temps, si clair à midi, se couvrait. La nuit viendrait tôt. Les Compagnons se retirèrent dans leur salle de corps de garde.

« Inutile, Bistèque, que tu descendes aux

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usines Alpha-Dzêta voir quelle tête peut avoir Riesler, dit Tidou. Nous connaissons à présent son emploi à la fabrique de montres... Ce qui nous intéresse, c'est ce qu'il vient faire ici. »

II ne restait plus qu'à attendre. Bistèque alluma du feu dans la cheminée. Il y fit cuire des saucisses et une grande marmite de pâtes. Puis, le dîner terminé, on commenta de nouveau la discussion entre l'ingénieur et son ami, sur la terrasse. Le quartz ne pouvait pas exploser. Pourtant, certaines montres éclataient, les Compagnons en étaient persuadés...

Enfin, à dix heures, Tidou sortit le magnétophone et enroula la bande à son point de départ.

« C'est le moment, dit-il... Empêchez Kafi de me suivre. »

Le ciel était si couvert qu'il ne risquait guère d'être aperçu. Il se dirigea vers le musée dont la porte n'était pas fermée à clef. Il s'avança à tâtons dans la grande salle et, du bout des doigts, effleura le mannequin, presque grandeur nature, de la paysanne comtoise aux longues jupes. Agenouillé sur le sol, il plaça l'appareil sous les amples plis d'étoffe en prenant soin, toutefois, de laisser dépasser le micro, dirigé vers la porte du fond. Puis il mit le magnéto en marche. Il était exactement dix heures et demie. La bande avait une durée d'écoute de sept heures. Par conséquent, elle cesserait de se dérouler vers cinq heures et demie. A ce moment-là, les deux hommes auraient sans doute quitté le musée... s'ils y

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venaient cette nuit.L'opération terminée, Tidou rejoignit l'équipe et dit

à Gnafron :« Je te charge de faire le guet, sur le rempart, la

première partie de la nuit. Je te relèverai à deux heures du matin.

— D'accord. Si tu ne me l'avais pas demandé, je te l'aurais proposé. »

Gnafron enfila un gros pull, mit son imperméable par-dessus, et sortit dans la nuit, tandis que ses camarades s'enfonçaient dans leurs sacs de couchage. Tidou avait son réveil à côté de lui, la petite aiguille de la sonnerie sur deux heures.

Cependant, tous cinq discutèrent encore avant de s'endormir. Ils avaient l'impression que le moment approchait où ils allaient percer le mystère des montres...

A deux heures, aux premiers grésillements de la sonnerie, Tidou arrêta son réveil et sortit de son sac pour aller relever Gnafron.

« Oui, dit celui-ci, Riesler est monté sur Je rempart par l'échelle de spéléo. La nuit était trop sombre, je ne l'ai pas vu, mais, je l'ai entendu chuchoter.

— Quelle heure était-il?— Minuit juste... Tu as bien fait, Tidou, de te

harnacher comme moi, il fait un froid de canard dans cette tour pleine de courants d'air.

— File vite te coucher. »

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Tidou prit la relève. Il était quatre heures et demie du matin quand, à son tour, il perçut des bruits sur le rempart. Riesler quittait la Citadelle, toujours par le même moyen, aidé par l'employé du zoo. Il laissa le temps à celui-ci d'enrouler l'échelle et de s'éloigner puis regagna le corps de garde où il réveilla ses camarades en annonçant :

« Riesler est reparti. Je vais chercher le magnétophone. »

Dans la nuit glacée, il traversa la grande cour, franchit le front royal et pénétra dans le musée, à tâtons. L'appareil était à sa place, sous les jupes du mannequin.

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Mais qu'avait-il enregistré? « Déroule vite la bande », demanda Mady,

impatiente, quand il rentra au corps de garde.Tidou appuya sur un bouton. La veille, il avait réglé

la puissance, au maximum de sorte que les moindres bruits devaient s'entendre... mais percevrait-on aussi ceux de la salle interdite au public, quand la porte serait refermée?

Il déroula le début de la bande très vite, puisque le magnétophone n'avait rien enregistré avant minuit. Puis, subitement, on entendit un bruit énorme, suivi d'un juron. Les deux hommes venaient d'entrer; l'un d'eux s'était probablement heurté à une vitrine. Il y eut ensuite une discussion. Les Compagnons captèrent ce dialogue, l'une des voix était" bien celle de l'employé du zoo.

« La clef?... où est la clef?— A sa place...— Je ne la trouve pas... Tu as changé de poche?— Non, la marionnette au chapeau de paille.— Elle n'y est pas.— Tant pis, allume... mais plaque ta main

devant la lampe.— Ça y est, je l'ai. Elle avait glissé, tombée dans

un pli de la robe. »Puis, les voix se turent. On perçut des crissements

de pas sur les dalles, le bruit d'une clef dans une serrure, celui d'une porte qui s'ouvre et se referme.

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« Attention, dit Tidou, prêtez l'oreille. C'est maintenant le plus intéressant. »

Hélas! les deux salles n'étaient pas séparées par une simple cloison, mais par un mur, et la porte devait être épaisse. Le magnétophone ne restitua que de faibles bruits confus, des bruits de voix absolument incompréhensibles.

« C'est ce que je craignais, dit Tidou, nous ne saurons rien... à moins que, tout à l'heure, quand ils sortiront... »

De nouveau, il passa très vite toute la partie de la bande qui s'était déroulée entre minuit et demi et cinq heures du matin. Soudain, nouveau bruit de clef dans une serrure. Les deux hommes s'en allaient.

« Quatre de plus, murmura l'employé du zoo... mais je me demande si un jour... »

La phrase s'interrompit net. Ce n'était hélas pas l'homme qui s'était arrêté, mais le magnétophone. Le ruban s'était déroulé plus vite que prévu. Arrivé à son extrémité, il n'avait pas enregistré la suite.

« La guigne! s'écria Gnafron en serrant les poings. Dire que nous allions peut-être savoir de quoi ils parlaient... »

Puis, se calmant :« Nous avons tout de même appris quelque chose.

La clef de la pièce interdite au public est cachée dans la poche d'une marionnette... »

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CHAPITRE XI

UNE AUDACE DE MADY

IL ÉTAIT huit heures quand la cousine de la Guille frappa à leur porte. « Vous n'avez pas eu froid, cette nuit? Savez-vous qu'il a gelé? Venez vous réchauffer au snack. Je vous y offre le petit déjeuner. »

Les Compagnons acceptèrent, Gnafron et Tidou avec plus d'empressement que les autres, car ils

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avaient claqué des dents pendant leurs longues heures de guet dans la tour du Roi.

Ils s'installèrent dans la grande salle du snack-bar, bien chauffée, et déjeunèrent copieusement. Ils étaient là depuis un moment quand le gardien de l'entrée poussa la porte et se frotta les mains, pour se réchauffer.

« Se croirait-on au printemps, madame Tasse-lin? Vous me servirez un café bien chaud... A propos, vous avez vu le journal de ce matin?

— Non.— Encore une explosion... cette fois, à Besançon,

dans la rue des Granges. Une bijouterie... Le premier étage dévasté... Tenez, lisez! »

La cousine Nicole prit le journal que le gardien lui tendait, lut l'article et eut un mouvement d'épaules.

« Quelle idée, aussi, ce bijoutier!... »Et elle ajouta :« Toutes ces inventions nouvelles, voyez-vous, ne

me disent rien de bon. Comme si nos anciennes montres à remontoir ne suffisaient plus. »

Puis, redonnant le journal au gardien :« Pour moi, cette nouvelle usine va faire faillite.

Bien sûr, quatre cent cinquante ouvriers au chômage... mais ces accidents... »

Les Compagnons avaient écouté sans rien manifester. Cependant, Tidou ne put résister. Il demanda au gardien de lui prêter le journal.

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Penchés sur son épaule, ses camarades lurent en même temps que lui.

UNE MONTRE EXPLOSE, RUE DES GRANGES.

Intrigué par les bruits qui circulent concernant les montres à quartz, un bijoutier de la rue des Granges a voulu en avoir le cœur net. Hier soir, après la fermeture de son magasin, il s'est livré à une expérience qui, malgré les précautions prises, aurait pu avoir de graves conséquences. Pour s'assurer que les sept montres Alpha-Dzêta qu'il possédait ne présentaient aucun danger pour ses clients, il a placé celles-ci sur une plaque chauffante électrique à feux, doux. A peine était-il sorti de la cuisine qu'une violente explosion a disloqué la porte et fait voler les vitres en éclats. D'après les premières constatations de la police et d'ingénieurs envoyés par les établissements Alpha-Dzêta, une seule des sept montres avait explosé, littéralement désintégrée. Le petit nombre de morceaux recueillis rendra l'enquête difficile, sinon impossible. D'ores et déjà, on parle de suspendre la fabrication des chronomètres à quartz synthétique.

L'article terminé, Tidou rendit le journal au gardien qui finit sa tasse de café et sortit.

« Et vous, mes jeunes amis, demanda la cousine Nicole, que pensez-vous de tout cela?

— Ça nous paraît plutôt mystérieux! »

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Fallait-il la mettre au courant?... lui révéler que, la nuit, au lieu de dormir tranquillement, ils déambulaient dans la Citadelle? Les Compagnons s'interrogèrent du regard. Tidou secoua légèrement la tête pour inviter ses camarades au silence. Puis, tous les six, avec Kafi, regagnèrent leur corps de garde.

« Descendons en ville, proposa alors Gnafron. Nous aurons des détails supplémentaires. »

Ils prirent leurs vélomoteurs et dévalèrent la fameuse côte des Fusillés. Il y avait foule dans la rue des Granges. Des badauds levaient le nez vers l'appartement du bijoutier, au premier étage. Il n'y avait pourtant rien à voir, que des carreaux brisés. Tous parlaient d'une éventuelle fermeture de l'usine et s'en montraient navrés. Plusieurs femmes dont les maris travaillaient aux ateliers Alpha-Dzêta faisaient grise mine.

« Que deviendrait mon mari? s'inquiétait l'une d'elles. Trouverait-il à s'embaucher ailleurs? Pourtant, depuis quelques jours, je ne suis pas tranquille. J'ai peur que toute l'usine ne saute. » Les Compagnons regardaient comme tout le monde, quand un inspecteur de police, en gabardine, descendit de chez le bijoutier. Il était accompagné de l'ingénieur Munioz qui prenait son café, la veille, à la Citadelle. Tidou se demanda s'il devait les aborder.

« Non, dit Gnafron... pas tout de suite. Ce soir nous en saurons sûrement plus long sur les

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deux hommes. Nous savons où ils cachent leur clef. Nous recommencerons l'opération du magnéto, mais dans la pièce interdite au public, cette fois. »

La Guille, Bistèque et le Tondu furent d'accord pour attendre. Seule, Mady hésitait. Elle pensait à tous ces accidents, sans parler de ceux qu'on ignorait. Pourtant, elle aussi voulait une preuve formelle. Pour rassurer le sympathique prof d'anglais, qu'on soupçonnait peut-être de quelque activité subversive, elle était capable de n'importe quoi.

Finalement, l'équipe s'éloigna. Profitant de cette descente en ville, Bistèque bourra ses sacoches de provisions et on remonta à la Citadelle. Il était près de midi. Bistèque prépara un repas vite fait. A midi et demi, Tidou déclara :

« C'est le moment, l'heure creuse! Retournons au musée, en emmenant Kafi. L'aide-soigneur est sûrement en train de déjeuner. Il ne risque pas d'apercevoir mon chien. »

Quittant leur corps de garde, ils se hâtèrent vers le front royal. Une seule personne visitait le musée, une vieille dame myope qui se frottait le nez contre les vitrines et prenait des notes. Ils attendirent son départ pour fouiller les poches des deux seules marionnettes portant des chapeaux de paille.

« La clef!... Je l'ai! dit Mady. Que quelqu'un fasse le guet à l'entrée.

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— Moi ! se proposa la Guille. Si quelqu'un vient je jouerai un air d'harmonica. »

Mady introduisit la clef dans la serrure et poussa la porte. Les Compagnons se trouvèrent dans une salle aussi vaste que la première, une salle vraisemblablement destinée à agrandir le musée plus tard. Elle renfermait du mobilier d'autrefois, des rouets, des bahuts, un métier à tisser devant lequel, assis sur un tabouret, un mannequin de cire représentait une femme, presque grandeur nature, en longue robe de laine pelucheuse, corsage fleuri, bonnet blanc sur la tête et tenant une navette à la main.

« Bizarre! murmura Gnafron. Ce n'est pas ce

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bric-à-brac qui intéresse nos deux hommes. Pourquoi se donnent-ils rendez-vous ici? »

Alors, Tidou sortit de sa poché le gant de toilette qu'il présenta à son chien. Kafi n'hésita pas. Il se dirigea tout de suite vers une sorte de secrétaire.

« Aucun doute, fit le Tondu, c'est ce meuble qui intéresse nos deux hommes. Regardez, les autres sont couverts de poussière, pas celui-là. »

Il chercha à en ouvrir le tiroir, malheureusement fermé à clef.

« II faut l'ouvrir », décida Gnafron.Il « trafiqua » la serrure avec la lame de son canif

et, presque du premier coup, réussit à faire jouer le pêne. Ce tiroir contenait toutes sortes d'objets étranges, très petits, pinces, lames de rasoir, tournevis minuscules, loupes à fort grossissement et même un double oculaire pouvant jouer le rôle de microscope.

Evidemment, de tels outils pouvaient servir à ouvrir des montres, à en enlever les rouages. Gnafron se grattait la tête en regardant le tiroir quand le Tondu ouvrit des yeux ronds.

« Et ça?... qu'est-ce que c'est? »Entre les deux panneaux disjoints formant le fond

du tiroir, il venait d'apercevoir quelque chose qu'il retira avec la pointe de son couteau.

« Ça y est! s'écria-t-il. Cette fois, une preuve... »Il montra un objet minuscule, au creux de sa main.

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« Une pile électrique de montre... perdue dans la jointure du bois. Probablement une pile d'Aï... »

Il n'acheva pas, interrompu par un air d'harmonica. Bistèque referma vivement le tiroir et tous passèrent dans l'autre salle, après avoir donné un tour de clef à la porte. Il était temps. Un groupe de touristes entrait, des Belges, reconnaissables à leur accent chantant. Les Compagnons firent semblant, comme eux, d'admirer les vitrines puis rejoignirent la Guille.

« Oui, reprit Tidou, la preuve est faite. Nos deux individus manipulent des montres. Ce soir, après la fermeture de la Citadelle, nous reviendrons cacher le micro dans la deuxième salle... et demain matin nous serons fixés.

— Pas sûr, répliqua Mady. Le magnétophone enregistre les bruits... mais les faits et gestes? »

Gnafron la regarda d'un drôle d'air.« Tu as quelque chose de mieux à proposer?— Le mannequin de la tisseuse, devant le métier,

est à peu près de ma taille, Cette nuit, je m'affublerai de ses oripeaux et je prendrai sa place, immobile, la navette en main.

— Tu es folle, Mady, protesta le Tondu. Une nuit entière sans le moindre mouvement? Pas même la possibilité de te moucher si tu en éprouves le besoin?... et si tu éternuais?

— Je saurai me retenir. »Elle avait tout le monde contre elle, mais elle ne

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désarma pas. « De toute façon, si j'étais surprise, vous seriez à

proximité. Cette nuit, il faudra jouer le grand jeu. Vous vous posterez derrière le musée avec Kafi. J'emporterai un sifflet à ultra-sons. Si Kafi l'entend, cela voudra dire que vous devez intervenir. Nous avons perdu trop de temps. Il faut savoir ce que font les deux hommes toutes les nuits dans le musée. »

Gnafron fronça les sourcils.« Et si je prenais ta place? Si je m'habillais en

paysanne...?— Non, répondit Mady, je te connais, Gnafron, tu

ne tiens pas en place. Au bout d'un quart d'heure tu ne pourrais pas t'empêcher de te gratter la tête. Tu as si peur pour moi? »

Mady ne cédant pas, les garçons se résignèrent. Tout le reste de la journée l'équipe vécut dans l'attente fébrile de la nuit. L'heure du dîner venue, chacun mangea du bout des dents... sauf Mady que la perspective d'une aventure extravagante excitait.

Dès dix heures, à pas feutrés, les Compagnons quittaient leur salle de corps de garde pour le musée. La clef de la pièce interdite était toujours à sa place dans la poche gauche de la marionnette à chapeau de paille.

« Laissez-moi, demanda Mady, le temps de me changer. Je vous appellerai. Vous me direz si ça va. »

Elle passa dans la pièce au bric-à-brac. Ses

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vêtements enlevés, camouflés dans un bahut avec le mannequin, elle enfila la longue jupe de droguet, le corsage fleuri et s'enfonça le bonnet blanc de la paysanne jusqu'aux oreilles, comme elle l'avait vu sur le modèle. Puis elle s'assit sur le tabouret, devant le métier à tisser, la navette aux doigts.

« Vous pouvez entrer à présent! »Les garçons poussèrent la porte. Pour juger de

l'effet, Tidou se risqua à allumer sa lampe de poche une fraction de seconde. Le résultat était concluant, la supercherie complète.

« Maintenant, demanda Mady, refermez la porte, replacez la clef dans la poche de la marionnette et camouflez-vous. »

Mady enfermée, les garçons allèrent se cacher derrière le musée, sous une fenêtre de la salle, aveuglée par un carton. Par précaution, ils s'étaient tous vêtus chaudement. La nuit serait froide puisque, en fin d'après-midi, le ciel s'était dégagé.

« Nous n'aurions pas dû laisser Mady s'exposer de cette façon, répétait le Tondu. C'est se mettre dans la gueule du loup. »

Une heure s'écoula, interminable. Aucun brouillard ne venait envelopper les guetteurs et les protéger du froid. Les deux hommes viendraient-ils?

Tidou consultait sa montre qui marquait minuit dix quand Kafi dressa les oreilles.

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Il venait de capter des bruits de l'autre côté du musée. Retenant leur respiration, les Compagnons écoutèrent... Oui! des pas!... Les deux hommes pénétraient dans le bâtiment. Quelques instants plus tard, Kafi leva la tête vers la fenêtre aveuglée par le carton, au-dessus de lui. Les noctambules étaient déjà dans la salle interdite. Allaient-ils remarquer le faux mannequin? Il sembla que non car aucune exclamation, aucun cri ne transpira.

Alors, commença une longue attente pleine d'angoisse. Mady tiendrait-elle si longtemps sans bouger? Dans la nuit silencieuse les garçons ne cessaient de penser à elle, Tidou surveillant Kafi pour voir s'il détectait l'appel du sifflet à ultrasons. Non, Kafi entendait des bruits, mais légers, qui n'étaient pas des appels.

Une heure du matin!... deux heures!... Tassés les uns contre les autres, les garçons commençaient à somnoler, engourdis par le froid, quand ils tressaillirent. Non seulement Kafi, mais eux aussi venaient de percevoir un bruit lourd de chute, comme celui d'un corps qui s'effondre.

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CHAPITRE XII

LE PARAPLUIE BLEU

Oui, un bruit sourd suivi d'un silence. Mady a-t-elle appelé à l'aide? S'il avait perçu des ultra-sons, Kafi aurait réagi plus violemment. Il se contente de pointer les cornets velus de ses oreilles vers la haute fenêtre d'où sortent d'infimes bruits inaudibles pour les garçons.

« Bizarre! murmure Gnafron. Kafi n'a quand même pas l'air tranquille, il se passe quelque chose d'anormal là-haut. »

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Plusieurs secondes s'écoulent, dans une pénible anxiété. Soudain, cessant de regarder la fenêtre, Kafi tourne la tête vers la droite, c'est-à-dire vers l'entrée du musée.

« Attention! souffle Bistèque, nos individus s'apprêtent à filer... Oui! Regardez!... Ils se sauvent. »

La réaction de Tidou est immédiate.« Le Tondu, cours t'occuper de Mady! Les autres,

suivez-moi! »Son chien en laisse, de crainte que celui-ci ne

reçoive une nouvelle fléchette, il s'élance le premier.« Par là, Tidou, crie Gnafron.— Vers le rempart?— Non, on dirait qu'ils sont partis vers le zoo. »

Tidou réfléchit en une fraction de seconde. « Tant pis, une fléchette n'est pas mortelle.

Cette fois, Kafi saura peut-être l'esquiver. »II détache vivement son chien.« Va, Kafi, rattrape-les!... »Kafi ne se le fait pas dire deux fois. Il bondit et

disparaît sous la voûte du front de secours... mais presque aussitôt, il revient, à reculons, la queue basse, poussant de sourds grondements. Les Compagnons stoppent immédiatement. Tidou se penche sur son chien dont les poils sont hérissés comme ceux d'une brosse. Pourquoi l'animal, si courageux d'ordinaire, tremble-t-il ainsi?

Les garçons cherchent, devant eux, un danger

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caché. Soudain, une sueur froide coule entre les épaules de la Guille.

« Les... les lions!... »Deux lions, deux lions énormes se découpent dans

l'embrasure de la voûte. En se sauvant, l'aide-soigneur a ouvert la grille de leur cage pour protéger sa fuite et celle de son complice.

Les lions! Assis sur le train de derrière, ils semblent barrer le passage. Cloués sur place, les Compagnons ne sentent plus leur sang couler dans leurs veines. Les deux fauves vont-ils bondir?

« Reculons, souffle Gnafron, reculons lentement pour regagner le musée. Si nous courons, nous sommes perdus. En trois bonds ils nous auront rattrapés. »

Alors, à petits pas, en même temps que Kafi, silencieusement, ils se rapprochent du musée. Les lions, eux, ne bougent pas, leurs yeux de feu trouant la nuit de quatre points lumineux. Peut-êire ne s'aperçoivent-ils pas que les silhouettes s'éloignent. Plus que vingt mètres... plus que dix, jusqu'à l'entrée du musée.

« Courons vite, à présent », lance Tidou.Tous s'élancent, avec Kafi. Les deux masses

énormes des lions bondissent à leur tour. "Trop tard! La porte du musée se referme sur eux en claquant. Sauvés!... mais les Compagnons ont eu chaud... au figuré comme au propre car ils transpirent à grosses gouttes.

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« Que vous arrive-t-il? demande vivement le Tondu.

— Les misérables!... Pour nous empêcher de les poursuivre ils ont lâché les lions. Deux fauves sont là, derrière la porte, qui guettent notre sortie. »

Si le Tondu possédait des cheveux, comme tout le monde, il les sentirait se dresser sur sa tête. Cependant, Tidou, lui, reprend vite ses esprits.

« Mady? s'inquiète-t-il. Que lui est-il arrivé?— Rien de grave.— Où est-elle?— Dans la pièce interdite, en train de se changer...

La voici. »Mady apparaît, entre deux rangées de vitrines, les

cheveux encore en désordre. En apprenant que les lions du zoo cernent le musée, elle pousse un cri d'effroi.

« S'ils défoncent la porte?...— Non, Mady, aucun danger, répond Tidou... Vite,

que s'est-il passé? ce bruit que nous avons tous entendu?...

— La malchance! Tout allait bien. Pendant deux heures j'avais réussi à ne pas me trahir. D'ailleurs, les deux hommes me tournaient le dos... Et puis, tout d'un coup, crac! J'étais plus lourde que le mannequin. Un pied vermoulu du tabouret a cédé. Je suis tombée, sans pouvoir étouffer un cri. Les individus ont compris le stratagème. Ils se sont jetés sur moi.

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— Et ils t'ont frappée?— Seulement bâillonnée et ligotée avec des

cordes du métier à tisser. Je les ai entendus ramasser leurs outils et prendre la fuite.

— Tu sais ce qu'ils trafiquaient?— Ils truquaient des montres. Je pense qu'il ne

s'agissait pas de quartz mais de piles. C'est un mot qu'ils répétaient souvent.

— Tu es sûre que c'était des montres Alpha-Dzêta?— Absolument sûre. Il y en avait trois; je les ai

reconnues. Ils ont d'ailleurs aussi répété ce nom : Alpha-Dzêta. »

Rageur, Gnafron se gratte les cheveux.« Ah! si nous avions su... ou si nous avions osé! A

cette heure, ils seraient entre les mains de la police... Nous avons perdu la partie. En ce moment, ils doivent escalader le rempart.

— En tout cas, fait Mady, pas avec l'échelle de spéléo. Dans leur précipitation, ils l'ont oubliée... Ils n'ont pensé qu'aux montres et aux outils.

— C'est vrai?— Venez voir. »Elle les entraîne dans la salle du fond, leur désigne

l'échelle enroulée, dans un coin.« Je comprends pourquoi ils n'ont pas directement

filé vers le rempart, explique Gnafron. L'aide-soigneur a entraîné son complice chez lui, au zoo. Ils ont auparavant lâché les lions pour

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se donner le temps de préparer un autre moyen d'évasion... par exemple une corde faite de draps noués les uns au bout des autres, s'ils ne trouvent pas mieux.

— Mais les fauves? dit Bistèque.— L'aide-soigneur ne risque rien, lui. Les

lions le connaissent. C'est lui qui leur apporte leur nourriture. Il faut empêcher les deux misérables de fuir.

— Comment? nous sommes bloqués ici. »Si le musée possédait un poste de téléphone, tout

serait simple. Hélas! Pour téléphoner, il faut atteindre le snack-bar, à l'autre bout de la Citadelle, c'est-à-dire traverser la cour et le grand terrain nu.

« Impossible d'aller jusque là-bas, grogne Bistèque. Nous n'avons plus qu'à attendre le lever du jour... et à ce moment-là, nos lascars seront loin. »

Furieux, Gnafron se frappe la tête à coups de poing, comme s'il voulait en faire sortir une idée. Soudain, il reste en suspens, le regard fixé sur un de ces grands parapluies bleus dont se servaient autrefois les paysans pour protéger leurs éventaires de légumes, sur le marché. Ce parapluie le fascine.

« Ça y est! s'écrie-t-il, voici ce qui va nous sauver.»II montre du doigt le gros « pépin ». Ses camarades

se demandent s'il ne perd pas la raison.« Oui, je vais sortir avec ce parapluie grand ouvert,

braqué devant moi, comme un bouclier. Les lions ne comprendront pas ce que c'est. Ils auront peur et

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n'oseront pas m'attaquer... d'ailleurs, ils ne me verront pas.

— Non, proteste Mady, pas d'idée farfelue. Un parapluie contre des lions! D'un coup de patte ils déchireront sa toile en lambeaux.

— Des lions de zoo ne sont pas des lions sauvages. Nous allons bien voir. »

II ouvre une fenêtre et se penche vers l'extérieur. Les lions se sont couchés devant l'entrée du musée, à quelques mètres.

« Ils dorment! annonce Gnafron.— Ou ils font semblant de dormir, rectifie

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Mady. Les lions sont comme les chats, ils ne sommeillent que d'un œil.

— Il faut tenter la chance.— Non, intervient Tidou... en tout cas, pas toi seul.

Le parapluie est assez large pour nous abriter tous les deux, je t'accompagne. »

Et, aux autres :« Vous, ne bougez pas. Surtout, empêchez Kafi de

nous rejoindre. C'est probablement lui, tout à l'heure, que les fauves suivaient. »

Malgré les protestations des autres Compagnons, Tidou se risque à entrebâiller la porte. Dans la nuit, il distingue deux formes allongées et deux paires d'yeux brillants. Les lions ne dorment pas. Tant pis! Gnafron ouvre le grand parapluie bleu dont la coupole fait bien deux mètres de diamètre. Soudain, un rugissement.

« Rentrez! Rentrez vite! » crie Mady.Mais Tidou, à présent, est aussi décidé que

Gnafron. Tous deux quittent le musée. Par chance, le parapluie n'est pas en bon état. Sa toile a des accrocs. Par ces « lucarnes », il est possible d'observer les fauves, qui se sont levés mais sans bouger de place. Comme tout à l'heure, les deux camarades progressent à reculons. Intrigués par cette forme ronde et mouvante, les lions s'approchent, prudemment.

« Attention! » souffle Gnafron.Pas à pas, évitant les mouvements brusques, sans

perdre de vue les fauves, Tidou et Gnafron

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traversent la cour, le front royal et atteignent enfin le grand terrain nu de l'esplanade. Toujours intrigués par cette coupole bleue, les lions avancent eux aussi, mais en gardant leurs distances, méfiants.

« Nous approchons », murmure Tidou en se retournant.

Ils ne sont plus qu'à une vingtaine de mètres du snack. Encore quelques pas et ils seront sauvés. Mais tout à coup un rugissement, suivi d'un second! Les fauves ont-ils compris qu'ils viennent d'être mystifiés? Vont-ils se jeter sur le parapluie.

« Lâchons tout », souffle Tidou.Abandonnant le parapluie grand ouvert, les les deux

camarades courent éperdument vers le snack et referment vivement la porte derrière eux, en soupirant de soulagement.

« Vite! le téléphone!... »Tidou saisit le combiné et compose le numéro de

police secours, inscrit sur le cadran.« Allô! Allô!... Ici, la Citadelle. Deux lions se

promènent dans l'enceinte... Leur cage a été ouverte par deux dangereux individus... Oui, dans la Citadelle... Faites vite, les hommes sont peut-être encore à l'intérieur... Une affaire grave... les montres Alpha-Dzêta... »

Tidou repose le combiné, et à Gnafron :« Montons vite au premier réveiller la cousine de la

Guille. Cette fois, il faut tout lui dire. »

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Quelques instants plus tard, la cousine Nicole apparaît, en robe de chambre, bigoudis dans les cheveux, complètement affolée.

« Les lions?... vous dites les lions?...— Regardez par la fenêtre! »Dans la pénombre, elle distingue les deux fauves,

assis sur leur train de derrière, qui semblent attendre que le parapluie bleu bouge de nouveau pour le suivre.

« Mon Dieu! comment ont-ils pu s'échapper? Il faut vite prévenir la police.

— C'est fait, elle va arriver. Je vais lui ouvrir.— Mais... mais les lions? » Courageusement,

Tidou se glisse de nouveaudehors en longeant les murs pour atteindre la

grande voûte, tandis que la cousine de la Guille alerte, par téléphone, tous ceux qu'elle peut joindre à l'intérieur de la Citadelle pour les prévenir du danger.

Pour Tidou, ce danger est écarté. Un miraculeux coup de vent a entraîné le parapluie bleu à l'autre bout de l'esplanade... et les lions avec lui.

Deux tours de clef dans la grosse serrure du portail et l'entrée de la Citadelle est libre. Que faire? Attendre là, au risque de voir les lions revenir?... Laisser la porte ouverte et regagner le snack-bar?

Le choix ne se pose pas, car Tidou perçoit soudain des bruits de moteurs dans la rue des Fusillés.

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Deux voitures arrivent et stoppent devant les remparts : un camion rouge de pompiers et une fourgonnette sombre de la police. Un inspecteur en civil, accompagné d'agents, descend vivement de l'estafette et s'avance vers Tidou, surpris de trouver devant lui un garçon si jeune.

« C'est toi qui viens d'appeler?— Oui, monsieur l'inspecteur. Deux individus ont

ouvert la cage aux lions pour ne pas être poursuivis.— Poursuivis par qui?— Par mes camarades et moi... Je vous expliquerai

plus tard, monsieur l'inspecteur. Il faudrait faire vite... C'est grave! Les montres Alpha-Dzêta... »

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Les policiers remontent à bord de l'estafette. Les deux voitures pénètrent dans l'enceinte, celle des pompiers la première. Son puissant projecteur balaie l'esplanade à la recherche des fauves qu'il prend dans son rayon. Dans la lumière du phare, leurs yeux étincellent. Tous deux sont tranquillement couchés derrière le parapluie bleu, à l'endroit où le vent l'a entraîné.

Alors, la voiture rouge s'avance. Deux pompiers saisissent des lances qu'ils pointent vers les fauves. Soudain, un jet d'eau bouillonne, se tend, visant les lions qui secouent leur crinière sous la douche glacée... et reculent pas à pas en grondant. Instinctivement, ils retrouvent le chemin du zoo et, d'eux-mêmes, réintègrent leur cage au moment où survient le gardien-chef qui referme vivement la grille.

Le danger dissipé, la Citadelle s'anime. Réveillés en sursaut par les appels de la cousine Nicole, le conservateur, des employés de l'O.R.T.F. accourent... les Compagnons eux aussi, avec Kafi.

« Monsieur l'inspecteur, dit alors Tidou, l'un des deux individus était l'aide-soigneur, il s'est peut-être caché chez lui. »

Tous s'engouffrent dans la pièce voûtée où Mady a pris le gant de toilette. L'inspecteur frappe à la porte de la chambre, au premier. Pas de réponse. Il ouvre. Un désordre indescriptible

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Lentement, la large pierre se soulève.

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règne dans la pièce : placards ouverts, lit défait. « Je ne comprends pas, fait le gardien-chef. Méricourt était un homme secret, certes, mais consciencieux dans son travail. Il ne s'absentait jamais.

— Possible, dit l'inspecteur, mais regardez le lit. Plus de draps, ils ont sûrement été enlevés pour être tressés en corde.

— Oui, approuve un agent. Regardez ces bouts de fils qui traînent à terre. Les draps ont été déchirés. L'employé et son complice ont cherché à fuir la forteresse en se laissant dégringoler le long des remparts. Il est peut-être encore temps... »

L'inspecteur court jusqu'à la fourgonnette pour donner, par radio, l'ordre de cerner la Citadelle, à sa base. Puis il revient interroger les Compagnons :

« Que faisaient exactement ces individus? »Mady, calmement, raconte ce qu'ils ont appris et

découvert, ses camarades et elle, le résultat de leur surveillance nocturne depuis deux jours.

« Oui, monsieur l'inspecteur, affirme-t-elle, ils trafiquent des montres Alpha-Dzêta. Ce sont eux les responsables des explosions. »

Le policier fronce les sourcils. Il voit mal la relation. Cependant, le fait que les deux hommes aient pris la fuite après avoir lâché les lions l'intrigue profondément.

« Monsieur l'inspecteur, propose timidement

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Tidou, impressionné par l'air sévère du policier, nous avons un moyen de savoir si ces individus sont encore à l'intérieur de la Citadelle.

— Un moyen?— Mon chien a été dressé. C'est lui qui nous a mis

sur la piste, dans le musée. Grâce à ce gant de toilette appartenant au soigneur, il a retrouvé sa trace. »

Et, comme le policier paraît sceptique, il ajoute :« Regardez, monsieur l'inspecteur! » II présente une

fois de plus le gant à Kafi en insistant.« Reprends la piste!... toujours la même. » Kafi bat

de la queue. L'odeur retrouvée, il commence par faire le tour de la chambre, humant les rares meubles, le lit, puis redescend au rez-de-chaussée. De là, il file tout droit vers le musée.

« Non, Kafi, pas par là!... La dernière piste. » Le chien a compris. Ramené au logis de Méricourt, il repart, la truffe au ras du sol, va, vient, tourne en rond comme s'il retrouvait partout la trace de l'employé. Puis il traverse la grande cour et pénètre dans l'ancien sanctuaire.

« Tu dois te tromper, Kafi! Cette chapelle est vide. Tu confonds avec l'endroit où il t'a laissé endormi, l'autre nuit. »

Mais le chien insiste. Il flaire les dalles, particulièrement l'un de ces rectangles, le plus grand,

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couvert d'inscriptions en latin, peut-être la pierre tombale d'un ancien moine.

« Curieux! fait le conservateur. Je possède les plans de tous les bâtiments de la Citadelle. La chapelle n'a pas de crypte ».

Le chien, cependant, s'entête... comme il s'était entêté, l'autre année, à flairer la plaque de tôle sur la péniche 1.

« Regardez, monsieur l'inspecteur, dit un agent, cette dalle paraît descellée, on doit pouvoir l'enlever. »

En voyant le policier se pencher sur la pierre, Kafi redouble d'attention, sa queue s'agite vivement.

« Attendez! dit un autre agent. Il y a un tas de vieilles grilles à l'autre bout de la cour. Je vais chercher ce qu'il faut. »

Lampe de poche en main, il s'éloigne et revient avec deux barreaux de fer en guise de leviers. Un groupe s'arrondit autour de la dalle. Lentement, la large pierre se soulève. Soudain, Mady pousse un cri...

l. Les Six Compagnons se jettent à l'eau.

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CHAPITRE XIII

LE SECRET DES ALPHA-DZETA

Au FOND d'un caveau étroit, une ancienne tombe, les deux hommes se tiennent recroquevillés, tassés l'un contre l'autre, tête sur les genoux, comme s'ils espéraient encore passer inaperçus. Méricourt, le premier, est extrait de la cachette, puis Riesler. Un policier saute alors dans le trou mais n'en remonté que des lambeaux tressés de draps. Aucune trace de montres ou d'outils.

« Fouillez-les », ordonne l'inspecteur à un agent.

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Rien dans les poches des deux individus, qu'un pistolet dans celle de Méricourt, le pistolet à fléchette qui a servi à anesthésier Kafi. L'inspecteur se tourne vers les Compagnons, interrogateur.

« Ils ont dû camoufler ailleurs leur attirail, déclare Mady. Ils ne tenaient sans doute pas à ce qu'on trouve quelque chose de compromettant sur eux, au cas où ils seraient pris. »

Invités à révéler l'endroit où ils ont caché chronomètres et outils, les deux hommes protestent. Ils ne s'intéressent pas aux montres à quartz. Ils se retrouvaient, la nuit, dans la salle du musée, pour réparer de vieilles « toquantes » destinées à être revendues.

L'explication ne tient pas debout. Mady proteste.« Oh! Monsieur l'inspecteur! Il ne s'agit pas de

vieilles « toquantes », comme ils disent, mais d'Alpha-Dzeta. »

Les deux hommes ricanent, comme s'ils étaient sûrs d'eux.

« Alors, allez voir au musée. »Encadrés par deux agents, Méricourt et Riesler sont

emmenés au musée où ils désignent le tiroir d'un bahut comtois. Effectivement, le policier y découvre de vieilles montres, des rouages, des pinces, des limes, l'outillage classique de l'horloger. L'inspecteur se tourne de nouveau vers les Compagnons, l'air déçu.

« Ce bric-à-brac était probablement destiné à

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donner le change, déclare Mady, Les vrais outils, les montres Alpha-Dzêta étaient dans un autre tiroir, celui de ce secrétaire. Je les ai vus, de mes yeux vus. Ils ont été cachés ailleurs, qui sait? peut-être dans la chambre de l’aide-soigneur:

— Alors, allez voir là aussi », fait Méricourt.Malgré une fouille en règle, les agents ne

découvrent rien, ni dans la pièce voûtée du bas, ni dans la chambre de Méricourt, au-dessus. Perplexes, les Compagnons s'interrogent. Une fois de plus, Tidou pense alors à son chien. Il lui redonne le gant à flairer.

« Cherche, Kafi, cherche partout. » Sur le coup, Kafi ne comprend pas ce qu'on lui demande. Il avait mission de découvrir l'aide-soigneur; c'est fait. Que veut-On de plus? « Cherche, Kafi! cherche!.,. » Consciencieusement, l'intelligent animal fait le tour de la chambre, puis redescend au rez-de-chaussée. Rien. C'est alors qu'une idée vient à son maître.

« Kafi! le zoo!... »Le chien obéit, à regret. Visiblement, il n'aime pas

l'odeur des fauves. Il sait cependant dominer sa répugnance, sa peur aussi peut-être. Après une hésitation, il s'approche de la cage des lions, qu'on n'aperçoit d'ailleurs pas car ils sont rentrés se coucher dans leur abri. Puis il se dresse contre les barreaux, humant l'air comme si l'homme ne

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s'était pas contenté d'ouvrir la grille mais avait pénétré dans la cage.

« Oui, affirme Tidou, l'aide-soigneur est entré chez les fauves. Il y a peut-être caché montres et outils, persuadé que personne n'irait les chercher là. »

L'inspecteur fronce les sourcils. Ce n'est certes pas lui ni les agents qui se risqueront à pénétrer dans la cage... Quant à Méricourt, il se récuse, comme c'était à prévoir. Heureusement, le gardien-chef déclare :

« Brutus et Royal ne sont pas terribles. Ils connaissent ma voix. »

Instinctivement, Compagnons et policiers reculent. Une fourche à la main, par précaution, le gardien-chef pénètre dans la cage, appelant les lions par leur nom.

« Surtout, pas de torches allumées », recommande-t-il en se retournant.

En voyant sa silhouette disparaître, courbée en deux, dans l'abri des fauves, les Compagnons frémissent. Un grognement les fait sursauter. Mais tout à coup le gardien reparaît, une boîte en métal à la main.

« Oui, cette boîte, s'écrie Mady. Je la reconnais. — Ouvrez-la », commande l'inspecteur à un agent.

Les Compagnons s'approchent. Ils découvrent quatre Alpha-Dzêta, trois montres d'homme et une de dame. Cette fois, les deux individus

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changent de mine. Invités à s'expliquer, ils déclarent qu'ils subtilisaient des montres dans l'usine pour les revendre. Mais cette explication n'a aucun sens. Avaient-ils besoin de les apporter dans la Citadelle?... de les démonter?

« Non, dit l'inspecteur, de simples voleurs s'y seraient pris autrement. »

Méricourt donne alors une autre explication. Tous deux, Riesler et lui, cherchaient à percer le secret des montres à quartz synthétique pour vendre ce procédé de fabrication à une autre firme.

Cette explication est plus plausible; elle ne convainc cependant pas les policiers.

« Monsieur l'inspecteur, dit Mady, ce n'est pas le quartz qui les intéressait mais les piles, ils ne cessaient de répéter ce mot. Ce sont les minuscules piles qu'ils manipulaient. »

L'inspecteur se gratte le menton. Un des agents propose :

« Si on ouvrait les montres pour en retirer les piles et les faire examiner?

— Surtout, n'y touchez pas, intervient l'inspecteur. Il faut appeler un ingénieur de la fabrique Alpha-Dzêta.

— Où le trouver, à cette heure? Les ateliers sont fermés la nuit.

— Nous en connaissons un, hasarda Tidou, du moins nous avons entendu son nom. Il s'appelle

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Munioz. Il paraît très au courant des propriétés du quartz. Il a peut-être le téléphone. »

L'inspecteur fait signe à un agent d'accompagner Tidou. Tous deux courent au snack-bar où la cousine Nicole, qui ne s'est pas recouchée, va et vient, toujours en robe de chambre, bigoudis dans les cheveux.

L'agent se précipite sur l'annuaire. Décidément, dans cette mystérieuse affaire, le téléphone aura joué un grand rôle. Munioz est un nom assez courant à Besançon. L'agent en relève plusieurs mais un seul porte la mention : ingénieur. Il décroche le combiné, compose le numéro. La sonnerie retentit longtemps, très longtemps dans l'écouteur. Enfin, une voix pâteuse demande :

« Qui m'appelle à cette heure?— La Citadelle!... La police est sur les lieux... Les

montres à quartz synthétique... Deux individus arrêtés; un nommé Riesler et un autre.

— Riesler?... Le surveillant?— Montez immédiatement. La police vous

attend pour examiner les montres.— Le temps de m'habiller; j'arrive. »Un quart d'heure plus lard, Munioz se présente

devant le front Saint-Etienne où la police l'attend.A peine descendu de voiture, l'ingénieur est conduit

au musée où l'inspecteur a réuni tout son monde. En apercevant Munioz, le zélé surveillant des usines Alpha-Dzêta tressaille.

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« Vous, Riesler, aux mains de la police? » s'exclame l'ingénieur. Et à l'inspecteur : « Les faits, expliquez-moi vite les faits.

— Interrogez plutôt ces jeunes gens, ce sont eux, avec leur chien, qui ont tout découvert. »

Tidou, d'abord, puis Mady et les autres garçons recommencent leur récit, Mady insistant sur son sentiment que le quartz intéressait moins les deux individus que les micropiles.

L'ingénieur écoute, secoue la tête, dubitatif.« Nous allons voir. »II examine les quatre chronomètres de précision, les

tourne, les retourne puis entreprend d'en ouvrir les boîtiers.

« Non, non, se récrie l'inspecteur.— Le quartz n'explose pas.— Mais, les piles! » dit vivement Mady, inquiète.

L'ingénieur hoche la tête.« Les piles non plus. »A demi rassurés seulement, Compagnons et

policiers reculent. Un long moment, loupe en main, l'ingénieur détaille l'intérieur des montres.

« Apparemment, rien d'anormal... je vais les emporter pour les faire analyser au laboratoire de l'usine. »

Les Compagnons cachent mal leur déception. Ils espéraient tant connaître, tout de suite, le secret de ces montres... car pour eux, aucun doute, ce sont des montres dangereuses. Le fait de les

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avoir vues démontées devant eux n'est pas une preuve.

C'est alors qu'une idée jaillit dans le cerveau d'un agent... la même que celle de la Guille.

« Si on les faisait chauffer, comme celles qui ont explosé?

— Oui, répond l'inspecteur, tentons immédiatement l'expérience. »

Et aux deux individus :« Vous pensez, vous aussi, n'est-ce pas, que la

chaleur n'a aucun effet sur les montres?— Pourquoi la chaleur? répond Méricourt.— Eh bien! nous allons voir. Quelqu'un peut-il me

procurer un réchaud électrique?— Moi, déclare le gardien-chef... et même une

plaque d'amiante.— Parfait. Allez les chercher. »Un nouveau silence emplit l'arrière-salle du musée.« Regarde! murmure Mady à Tidou, les deux

hommes ont l'air moins sûrs d'eux, à présent. Ils ont peur. Pourtant, la montre que nous avons trouvée au pied des remparts n'a pas explosé.

— Elle était sans doute tombée de la poche de Riesler quand il grimpait le long de l'échelle, donc avant qu'elle ne soit trafiquée. »

Le temps de courir chez lui, dans un bâtiment du zoo, et le gardien-chef est de retour. L'inspecteur dispose alors les quatre montres sur la plaque d'amiante. Par chance, le fil électrique du

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réchaud est assez long pour atteindre la prise de courant dans la première salle.

« Vous, ordonne l'inspecteur aux suspects, restez près des montres, puisque vous assurez ne rien craindre. Les autres, refluez au fond du musée. »

Tous les regards convergent vers les deux hommes, restés plantés près des chronomètres, une lueur d'effroi dans le regard. Mady sent son cœur se serrer. Ces odieux saboteurs sont tout de même des hommes. Elle ne peut se retenir.

« Monsieur l'inspecteur, souffle-t-elle au policier, timidement... est-ce que... est-ce que vous allez vraiment...?

— Non, ma petite, murmure-t-il, rassure-toi. Je viens de couper un des deux fils. Le courant ne passera pas... L'essentiel est que ces énergumènes se croient en danger. »

Et, répétant son ordre aux assistants :« Reculez encore! abritez-vous derrière les

meubles!.. »Ostensiblement, il branche la prise de courant et

s'éloigne en courant pour rejoindre le groupe des curieux.

En l'espace d'une seconde, les deux individus changent de couleur. Leur visage passe du jaune au vert. Soudain, la frayeur l'emporte. Us courent se réfugier derrière un bahut.

L'expérience est concluante. Si le réchaud avait été réellement branché, les montres auraient explosé.

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« Les piles! répète Mady avec assurance. Ce sont sûrement les piles qui sont truquées. »

L'ingénieur Munioz réfléchit. Il déclare n'être pas compétent en la matière. Sa spécialité est le quartz... Mais un de ses collègues et amis, qui dirige la fabrication des piles, pourrait peut-être découvrir le secret.

« Son nom est Aubert, dit-il, il habite dans la vieille ville, tout près, et il a le téléphone.

— Alors, appelez-le! » demande l'inspecteur. Dix minutes plus tard, tiré de son lit par la

sonnerie, l'ingénieur Aubert se présente, en pyjama, pardessus sur les épaules. Comme son collègue, il reste ébahi en apercevant le surveillant des ateliers Alpha-Dzêta. Munioz lui explique les faits, répète les affirmations de Mady.

« Les piles? Voyons ça! »Sans hésiter, il rouvre les montres, en extrait quatre

capsules qu'il examine méthodiquement, à la loupe, puis sous le double oculaire.

« Oui, déclare-t-il, les traces sont à peine visibles mais ces piles ont été trafiquées, la capsule positive séparée de la capsule négative. L'isolant est légèrement détérioré. Quelque chose a été incorporé dans la masse de cet isolant... des sortes de plaquettes minuscules d'un demi-millimètre à peine d'épaisseur.

— Ces plaquettes pourraient être quoi? » demande l'inspecteur.

L'ingénieur ne répond pas. Il se penche vers son

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collègue. A voix basse, ils échangent des termes techniques qui échappent aux Compagnons comme aux policiers.

« Aucun doute, murmure Aubert, ce ne peut être que ça. Vérifions-le tout de suite. »

Et promenant son regard à la ronde :« Tout le monde dans la cour! »Le musée évacué, les Compagnons se demandent

ce qui va se passer. Les ingénieurs ont laissé le réchaud électrique mais emporté la plaque d'amiante... ainsi que les plaquettes fines comme des lamelles. L'amiante réfractaire est déposée au milieu de la cour, sur deux briques trouvées là. Aubert place alors les plaquettes sur cette amiante. Enfin il sort son briquet et le cale,

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allumé, entre les briques. Après quoi, il s'éloigne en courant.

Cinq, dix secondes s'écoulent De loin on distingue à peine la flamme vacillante du briquet. Anxieux, les Compagnons retiennent leur respiration. Mady serre le bras du Tondu.

Dix secondes encore!... puis dix autres... une minute! Toujours rien.

Puis, soudain, une explosion, comme un coup de tonnerre, accompagné d'une flamme fulgurante, une seconde détonation et deux autres presque en même temps. Un véritable feu d'artifice.

Cette fois la preuve est faite. Les quatre capsules ont explosé. Toutes étaient trafiquées.

« C'était donc vrai, fait l'inspecteur. Ces jeunes gens ne s'étaient pas trompés? »

Et à l'ingénieur Aubert :« Il existe des explosifs si puissants sous un si petit

volume?... de la dynamite?— Non, pas de la dynamite. Un nouvel explosif

récemment découvert, la tricheddite, bien plus puissante que la cheddite ordinaire. Je l'ai reconnu à la couleur de la flamme, à la détonation. Je m'en doutais d'ailleurs. Ces individus doivent avoir des notions de chimie. »

Cette fois, le policier ne tergiverse plus. Sommés de s'expliquer, les misérables se regardent puis passent aux aveux.

En réalité, ce n'était pas Riesler, le « cerveau »

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de l'équipe, mais Méricourt. C'est lui qui avait fait engager Riesler comme surveillant aux établissements Alpha-Dzêta. Pour mieux cacher son double jeu, celui-ci avait donné une preuve de son efficacité en démasquant un ingénieur espion, qui, en réalité, n'était autre qu'un troisième complice. De cette façon, il avait gagné la confiance de la direction

Ainsi, depuis trois mois, Riesler « empruntait » presque chaque jour quelques chronomètres, pris sur le lot des montres qui étaient en instance d'expédition, et avaient donc subi leurs derniers contrôles. Méricourt le technicien, un ancien chimiste, se chargeait de truquer les piles. Il avait mis au point un ingénieux système d'amorçage thermique, à l'aide de fils de cuivre, plus fins que des cheveux, dont la dilatation déclenchait la mise à feu de l'explosif à environ 55 degrés.

« Pourquoi cette température? demande Munioz.— Il était impossible de loger dans les montres un

système d'horlogerie à retardement... Nous ne voulions d'ailleurs pas que des explosions systématiques donnent tout de suite l'alerte. Il fallait que les chronomètres explosent dans des conditions exceptionnelles, pour qu'on ne comprenne pas leur origine, et qu'en fin de compte, on accuse le quartz synthétique.

— Autrement dit, soupire l'inspecteur, tout était calculé. De ce côté-là, vous avez réussi, puisque la presse s'est inquiétée. Misérables! Avez-vous

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pensé aux accidents que vous provoquiez? »Les deux hommes baissent la tête. L'inspecteur

poursuit. v« Vous n'étiez certainement que des agents

d'exécution. Quel intérêt aviez-vous à discréditer les montres à quartz de synthèse? Pour le compte de qui agissiez-vous? »

Les deux hommes se regardent et ne répondent pas. L'inspecteur insiste.

« Vous n'allez tout de même pas me faire croire qu'il s'agit d'une firme concurrente?

— Non, pas une fabrique concurrente, murmure Riesler.

— Qui, alors? »Méricourt hésite. Il semble regretter d'avoir si

facilement « vidé son sac ». Mais l'inspecteur se montre pressant.

« Encore une fois, qui?— L'ancien associé du directeur des établissements

Alpha-Dzêta. Le contrat d'association prenait fin l'an dernier. Le directeur actuel n'a pas jugé bon de le renouveler, au moment où un de ses amis, ingénieur comme lui, venait de décou-vir les propriétés du quartz synthétique.

— Et c'est par vengeance que cet ancien associé aurait fait cela, qu'il vous aurait soudoyés?

— Oui, approuve vivement Riesler, comme si

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cette accusation allait le disculper. C'est lui, le vrai coupable

— Le nom de cet associé? »Les deux hommes se taisent de nouveau.« Peu importe, fait l'inspecteur; nous le connaîtrons

bientôt. »Puis, se tournant vers un agent :« II est urgent d'avertir la radio pour éviter de

nouveaux accidents. Demandez qu'on passe un avis sur les ondes pour prévenir d'un danger possible tous les possesseurs d'Alpha-Dzeta. »

Et à un autre agent :« Passez les menottes à ces misérables et

embarquez-les, je vous rejoins. »Soulagé, l'inspecteur soupire. Son visage n'a plus

l'aspect sévère de tout à l'heure. Souriant, à présent, il s'adresse aux six camarades :

« Merci, jeunes gens!... merci pour cette belle besogne... et merci à votre chien qui mériterait de faire partie de notre police bisontine. Quel flair extraordinaire!

— Pour Kafi, monsieur l'inspecteur, déclare Tidou, la tâche n'était pas très difficile. Retrouver une piste dans une enceinte comme la Citadelle n'était qu'un jeu pour lui. Dans cette aventure, c'est plutôt notre camarade Mady qui s'est montrée extraordinaire.

— Pourquoi elle, particulièrement?— Alors que personne n'y pensait encore, elle a

fait, elle, le rapprochement entre les mystérieuses

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explosions survenues un peu partout en France et les montres Alpha-Dzêta. C'est grâce à elle que nous sommes venus à Besançon.

— Oui, monsieur l'inspecteur, enchaîne le Tondu. Notre camarade a été formidable. Plus que formidable, géniale! »

Mady sourit en protestant :« Admettons que j'ai eu une petite idée, mais la

chance nous a ensuite beaucoup aidés, par exemple la découverte de la montre au pied des remparts... Et n'oubliez pas Gnafron, monsieur l'inspecteur. Une trouvaille, ce grand parapluie bleu pour intimider les lions.

— Disons, conclut le policier, que toute l'équipe est à féliciter. »

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C'est fini. Dans le jour qui grandit et s'annonce beau, les Compagnons regardent les malfaiteurs gagner la fourgonnette entre deux agents. Une dernière poignée de main de l'inspecteur et les Compagnons se retrouvent seuls. La Guille s'aperçoit alors que son estomac crie la faim.

« Vite, au snack-bar! »Ils y retrouvent la cousine Nicole, toujours en robe

de chambre et bigoudis, complètement affolée par les quatre explosions qui ont fait trembler les vitres. En apprenant qu'il s'agissait de bombes, elle se met à trembler et s'affale sur une chaise.

Tandis que les garçons s'affairent pour la ranimer, Mady, qui dans toute cette affaire a surtout pensé au prof d'anglais, se précipite sur le téléphone, et demande le service des renseignements.

« S'il vous plaît, mademoiselle, le numéro de l'hôpital de Grange-Blanche, à Lyon... »

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ÉPILOGUE

JOUR DE FÊTE aux établissements Alpha-Dzêta. Dans la salle de réception, pourtant grande, les invités sont serrés comme des allumettes dans une boîte. C'est que le directeur a convié à cette petite cérémonie tout son personnel : ingénieurs, techniciens, ouvriers et ouvrières... sans parler, bien entendu, des Compagnons, car c'est pour eux qu'a lieu cette fête. Naturellement, les chaises ne sont pas assez nombreuses pour tout ce monde qui reste debout, autour des tables où trônent des bouteilles de Champagne.

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Les Compagnons se sentent tout émus. Ils ne s'attendaient pas à pareille réception. C'est trop, beaucoup trop. Heureusement, ils ont auprès d'eux les ingénieurs Munioz et Aubert avec qui ils ont fait plus ample connaissance lorsqu'ils se sont tous retrouvés, au siège de la police, pour la signature des dépositions. Dans cette cohue qui possède tant de pieds, Kafi ne sait plus où mettre ses pattes, qui ne sont pas chaussées, elles. Mais il entend rire autour de lui et il se sent tout guilleret, à côté de son maître.

Enfin, quelqu'un réclame le silence. Le tumulte s'apaise. Le directeur s'est approché de la grande table, la table d'honneur. Il va parler... Il parle. « Mesdames, messieurs, mes chers collaborateurs. Est-il besoin de vous dire la joie que j'éprouve à accueillir ici ces six jeunes Lyonnais qui par leur perspicacité, leur opiniâtreté, ont permis l'arrestation si rapide des saboteurs de notre production.,.? Certes, on peut penser qu'un jour ou l'autre le mystère de ces explosions aurait été percé, mais combien d'accidents se seraient encore produits, certains peut-être très graves. Et quel discrédit sur notre entreprise! Je puis vous l'avouer aujourd'hui, je venais de recevoir, de notre conseil d'administration, l'ordre d'arrêter notre fabrication... Vous pouvez imaginer les conséquences désastreuses qu'aurait entraînées une telle décision

« Cette sympathique équipe de jeunes gens a rapidement mis le point final à une odieuse et

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perfide campagne menée contre notre fabrication. J'ajouterai même que, dans l'avenir, cette campagne se retournera contre son auteur et fera mieux connaître nos chronomètres à quartz synthétique.

« Je sais que ces jeunes Lyonnais n'accepteraient aucune récompense. Qu'ils me permettent cependant, disons, pour ne pas les froisser; à titre de publicité, de leur remettre, à chacun, une de nos montres de précision. Levons notre verre à la santé des Six Compagnons, comme on les appelle dans leur quartier de la Croix-Rousse. Levons-le également à la prospérité de notre établissement. »

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A peine a-t-il terminé que les bouchons des bouteilles de Champagne sautent... explosions pacifiques celles-là. Les verres se lèvent, des applaudissements crépitent. Le président-directeur général s'approche des Compagnons, leur serre la main et remet à chacun une superbe montre. La distribution terminée, il lui en reste une septième. Non, pas pour Kafi celleJàu

« Vous la remettrez à votre professeur d'anglais, dit-il à Mady, car, en somme, c'est par amitié pour lui que vous vous êtes lancés dans cette aventure. »

Les Compagnons ne savent comment remercier. Les cadeaux sont trop beaux. Pourtant, il leur serait difficile de refuser. Ils se montrent gênés d'être les vedettes de cette réunion. Mais l'atmosphère demeure toute simple, cordiale.

Et c'est l'assaut des photographes, des journalistes, des reporters.

« Quelques mots pour Le Comtois... Une déclaration pour L'Est républicain... Une photo pour L'Echo de Dijon. »

A chaque flash, Kafi lâche un grognement. Il n'aime pas ce genre d'explosion, oh! non, pas du tout... mais puisque son maître ne proteste pas...-

Enfin détendus, les Compagnons se laissent gagner par l'ambiance joyeuse. Un groupe se forme autour d'eux, ils racontent leur aventure.

« Un groupe! les interrompt un photographe. C'est pour Le Comtois, le journal de Besançon.

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Vous ne pouvez pas refuser. Un groupe de tous les six avec le chien au premier plan. »

Les Compagnons se font tirer l'oreille, mais c'est demandé si gentiment

Alors, ils se rassemblent, Tidou au milieu, avec Kafi à ses pieds, un Kafi qui tire la langue par malice... ou plutôt parce qu'il fait très chaud dans cette salle. Mais tout à coup, au moment où éclate le flash, le Tondu, subitement grisé, jette son béret en l'air en lançant :

« Formidable!... »Et c'est ainsi que, dans Le Comtois du lendemain, on

devait découvrir sur la photo cinq visages hilares, un sixième bouche ouverte, crâne déplumé, et un chien faisant un saut prodigieux pour attraper un béret au vol.

Cette photo, vous pourriez la voir dans la caverne de la Rampe des Pirates, à la Croix-Rousse. Les Compagnons l'y ont épinglée et ils la regardent souvent. Pendant longtemps, elle leur rappellera leur odyssée de Besançon.

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PAUL JACQUES BONZON

Les Six Compagnons

1 1961 Les Compagnons de la Croix-Rousse 2 1963 Les Six Compagnons et la pile atomique3 1963 Les Six Compagnons et l'homme au gant4 1963 Les Six Compagnons au gouffre Marzal5 1964 Les Six Compagnons et l'homme des neiges6 1964 Les Six Compagnons et la perruque rouge7 1964 Les Six Compagnons et le piano à queue8 1965 Les Six Compagnons et le château maudit9 1965 Les Six Compagnons et le petit rat de l'Opéra10 1966 Les Six Compagnons et l'âne vert11 1966 Les Six Compagnons et le mystère du parc12 1967 Les Six Compagnons et l'avion clandestin13 1968 Les Six Compagnons et l'émetteur pirate14 1968 Les Six Compagnons à Scotland Yard15 1969 Les Six Compagnons et les agents secrets16 1969 Les Six Compagnons et le secret de la calanque17 1970 Les Six Compagnons et les pirates du rail18 1970 Les Six Compagnons et la disparue de Montélimar19 1971 Les Six Compagnons et la princesse noire20 1971 Les Six Compagnons et les espions du ciel21 1972 Les Six Compagnons à la tour Eiffel22 1972 Les Six Compagnons et la brigade volante23 1973 Les Six Compagnons et l'œil d'acier24 1973 Les Six Compagnons en croisière25 1974 Les Six Compagnons et les voix de la nuit26 1974 Les Six Compagnons se jettent à l'eau27 1975 Les Six Compagnons dans la citadelle28 1975 Les Six Compagnons devant les caméras29 1976 Les Six Compagnons au village englouti30 1976 Les Six Compagnons au tour de France31 1977 Les Six Compagnons au concours hippique32 1977 Les Six Compagnons et la clef-minute33 1978 Les Six Compagnons et le cigare volant34 1978 Les Six Compagnons et les piroguiers35 1979 Les Six Compagnons et la bouteille à la mer36 1979 Les Six Compagnons et les skieurs de fond37 1980 Les Six Compagnons et les bébés phoques38 1980 Les Six Compagnons dans la ville rose

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OLIVIER SECHAN

39 1982 Les Six Compagnons et les Agneaux de l'Apocalypse40 1983 Les Six Compagnons à l'étang de Berre41 1984 Les Six Compagnons et le carré magique

PIERRRE DAUTUN

42 1984 Les Six Compagnons hors la loi43 1985 Les Six Compagnons et le chasseur de scoops44 1985 Les Six Compagnons et l'énigme de la télémagie45 1986 Les Six Compagnons et la radio libre46 1986 Les Six Compagnons au Tournoi de la Chanson47 1987 Les Six Compagnons et la fiancée de Kafi

MAURICE PERISSET

48 1988 Les Six Compagnons à l'affût49 1994 Les Six Compagnons et les caïmans roses

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Paul-Jacques Bonzon

LES SIX COMPAGNONS, MADY ET KAFI

Tidou et Kafi Corget Gnafron Le Tondu

Bistèque la Guille Mady

Illustrations originales d’Albert Chazelle

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PAUL JACQUES BONZON

Les Six Compagnons

1 1961 Les Compagnons de la Croix-Rousse 2 1963 Les Six Compagnons et la pile atomique3 1963 Les Six Compagnons et l'homme au gant4 1963 Les Six Compagnons au gouffre Marzal5 1964 Les Six Compagnons et l'homme des neiges6 1964 Les Six Compagnons et la perruque rouge7 1964 Les Six Compagnons et le piano à queue8 1965 Les Six Compagnons et le château maudit9 1965 Les Six Compagnons et le petit rat de l'Opéra10 1966 Les Six Compagnons et l'âne vert11 1966 Les Six Compagnons et le mystère du parc12 1967 Les Six Compagnons et l'avion clandestin13 1968 Les Six Compagnons et l'émetteur pirate14 1968 Les Six Compagnons à Scotland Yard15 1969 Les Six Compagnons et les agents secrets16 1969 Les Six Compagnons et le secret de la calanque17 1970 Les Six Compagnons et les pirates du rail18 1970 Les Six Compagnons et la disparue de Montélimar19 1971 Les Six Compagnons et la princesse noire20 1971 Les Six Compagnons et les espions du ciel21 1972 Les Six Compagnons à la tour Eiffel22 1972 Les Six Compagnons et la brigade volante23 1973 Les Six Compagnons et l'œil d'acier24 1973 Les Six Compagnons en croisière25 1974 Les Six Compagnons et les voix de la nuit26 1974 Les Six Compagnons se jettent à l'eau27 1975 Les Six Compagnons dans la citadelle28 1975 Les Six Compagnons devant les caméras29 1976 Les Six Compagnons au village englouti30 1976 Les Six Compagnons au tour de France31 1977 Les Six Compagnons au concours hippique32 1977 Les Six Compagnons et la clef-minute33 1978 Les Six Compagnons et le cigare volant34 1978 Les Six Compagnons et les piroguiers35 1979 Les Six Compagnons et la bouteille à la mer36 1979 Les Six Compagnons et les skieurs de fond37 1980 Les Six Compagnons et les bébés phoques38 1980 Les Six Compagnons dans la ville rose

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LES SIX COMPAGNONS, MADY ET KAFI

Ce tableau présente les Six Compagnons, Mady, et Kafi. Les illustrations sont d'Albert Chazelle, le premier illustrateur de la série. Les illustrations de Chazelle collent parfaitement au sujet, dégagent une certaine poésie, et sont très vivantes. Elles collent assez près au texte, et conviennent particulièrement à l'époque évoquée, et au milieu où vivent les Six Compagnons.

Les renseignement puisés dans les ouvrages sont très peu nombreux ! Paul Jacques Bonzon donne peu de renseignements sur les noms, prénoms de ses personnages...Il use avant tout de leurs surnoms !

On remarquera des changements de noms, au fil du temps... Oubli de l'auteur, ou changement d'avis... Nul actuellement ne le sait !

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Tidou et Kafi

Tidou Aubanel est né à Reillanette, près d’Avignon, en Provence.Son grand-père Aubanel tenait le bureau de tabac de Reillanette et son père travaillait comme « gareur » (réparateur de métiers à tisser) dans une filature qui a fermé ses portes (Croix Rousse).

C’est pour travailler à Lyon, capitale du tissage, que ses parents déménagent. Avec désespoir, Tidou quitte le soleil (et les quatre pièces de son logement avec jardin) de son village natal pour le brouillard de la grande ville. En effet, le grand amour de sa vie, son chien Kafi, ne peut être du voyage. Sa venue, en secret, lui permettra de faire la connaissance de la Bande du Gros Caillou, embryon des Six Compagnons de la Croix Rousse. Au départ de Corget (Le Secret de la Calanque), on pourra considérer Tidou comme le chef des Compagnons.

Il habite au 5e étage dans un trois pièces de la rue de la Petite Lune, surnommée ainsi car elle est courbe comme un croissant de lune, dans un vieil immeuble plusieurs fois voué à la démolition mais qui possède quand même un extincteur !

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Il est en Troisième B, au fond à droite de la classe, près du radiateur, à côté d’un élève qui a pris ses aises et occupe les deux casiers à livres, Corget (Croix-Rousse).

Sa mère, qui fait des ménages, s’occupe du petit frère de Tidou, Géo, âgé de quatre ans, qui se passionne pour tout ce qui vole. En bonne mère, elle s’inquiète toujours de la santé de Tidou, avec la peur constante qu’il s’enrhume car elle a horreur de la neige, si rare dans sa région d’origine. Habile de ses mains et économe, elle sait se confectionner une robe et même un manteau pour Kafi dans un vieux pardessus de son mari.

Le reste de la famille de Tidou se compose de son oncle Marius Plantevigne, employé à la SNCF, sa femme Valérie et leur fille désormais mariée à Nîmes. La cousine de son père s’appelle Henriette et possède un cabanon dans sa maison de Saint-Antoine, dans un faubourg de Marseille

A Reillanette, le meilleur ami de Tidou était Frédéric Aubanel, le fils du boulanger, mais qui ne semble pas être de sa famille. Le frère de Frédéric n’est autre qu’Antonin Aubanel, le célèbre coureur cycliste qui a sauvé Tidou de la noyade dans une rivière quand il était enfant.

Tidou collectionne les timbres, s’intéresse au rugby et au cyclisme. Il a l’habitude d’écrire et fait moins de fautes que les autres.

Il éprouve une affection particulière pour Mady, la seule fille du groupe avec qui il s’entend à merveille et qu’il comprend à demi-mot.

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Corget

C’est le seul des Compagnons à ne pas avoir de surnom. C’est aussi le chef de la bande dans un premier temps.

Son père, employé de banque, s’appelle H.Corget. Il sera muté à Toulouse (Le Secret de la calanque) où ils habiteront un quatre pièces, rue Mermoz, dans un faubourg de Blagnac (la banlieue), immeuble les Cigales, au 6e étage (Dans la ville rose).

Sa mère est balayeuse dans un atelier de tissage (Piano à queue).

Il a une petite sœur (Croix-Rousse) mais n’aime pas les filles, sauf Mady qui n’est pas comme les autres.

Voisin de banc de Gnafron (Homme au gant) ou de Tidou (Croix-Rousse, Petit Rat de l’Opéra), Corget est un garçon qui ne s’emballe pas facilement. D’un abord froid, voire autoritaire, il n’accorde pas sa confiance au premier venu. C’est sa manière à lui de cacher sa pudeur et ses sentiments. La seule fois où il se confiera, ce sera pour révéler un souvenir douloureux : il a eu un petit chien qui s’est fait écraser par un sac de charbon tombé d’un camion,

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juste au virage de la rue Pilate et qu’il a longtemps pleuré (Croix Rousse). C’est lui qui propose à Tidou de faire venir Kafi à Lyon.

D’un milieu modeste comme ses camarades, il doit emprunter le vélo de sa mère (Pile Atomique). Concernant sa santé, nous apprendrons juste qu’il a attrapé la scarlatine (Agents Secrets).

Quand quelque chose le préoccupe, il passe toujours deux doigts dans le col de sa chemise comme si elle le gênait (Croix-Rousse).

Réservé mais néanmoins fidèle en amitié, c’est avec émotion qu’il retrouvera bien plus tard ses camarades de Lyon pour une ultime aventure en leur compagnie (Dans la Ville Rose).

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Mady

Seule fille du groupe, Mady n’a pas été acceptée tout de suite dans la Bande du Gros-Caillou car les garçons ne voulaient pas d’une fille ! Mais son côté chic fille l’a tout de suite rendue indispensable.

Longtemps alitée suite à une grave maladie de la hanche droite qui lui a interdit le sport, nécessité du repos et du soleil, Mady a été soutenue par les Compagnons qui lui ont construit un fauteuil roulant baptisé le « Carrosse ».

Jolie de visage, sans prétention, aussi simple qu’on peut l’être (Se jettent à l’eau), Mady se caractérise par sa gentillesse et ses intuitions qui ne la trompent jamais. Dans un rêve prémonitoire, elle verra le lieu où les Compagnons retrouveront Kafi (Croix-Rousse).

Mady habite au quatrième étage d’une grande maison grise, rue des Hautes-Buttes, près du funiculaire de la Croix-Paquet appelé la « ficelle » (Croix-Rousse). De sa chambre, on aperçoit les gratte-ciel de Villeurbanne et même parfois le Mont Blanc.

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Son nom de famille n’est pas déterminé précisément : Charvet (Emetteur Pirate) ou Tavernier (Princesse Noire).

Son père est receveur de bus à l’O.T.L., Omnibus et Tramways de Lyon (Perruque Rouge, Emetteur Pirate). Bien que ses parents aient acheté une voiture (Emetteur Pirate), ils n’ont pas le téléphone contrairement à leur voisine, Mme Bravais (Brigade Volante).

Sa grand-mère habite en banlieue à Vaugneray, à côté de St-Laurent d’Aunay (Clef-minute). La sœur de sa mère est établie en Haute-Savoie (Perruque Rouge). Un de ses oncles a travaillé aux « Papeteries réunies lyonnaises » (Se jettent à l’eau) et un de ses cousins travaille à la Préfecture du Rhône (Brigade Volante).

Très intéressée par les cours de français, elle apprend le français deux fois par semaine à Luis Vinaroz, un ouvrier espagnol d’une trentaine d’années venu travailler en France (L’œil d’acier).

Ses amies sont des camarades de classe : Elisabeth surnommée Zabeth et Elvire Janin surnommée Virette qui ont parfois partagé ses aventures (Agents Secrets, Pirates du Rail, Mystère du Parc).

Comme Tidou, Mady collectionne les timbres, mais connaît aussi les constellations (Cigare Volant) et sait imiter le cri de la chouette.

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Gnafron

De son vrai nom Louis Gerland (Homme au Gant) doit son surnom au fait d’habiter au-dessus de l’échoppe d’un cordonnier comme le Gnafron du Guignol Lyonnais. On l’appelle souvent le Petit Gnafron ou encore la Puce (Agents Secrets).

Gnafron est un des plus attachants de la bande car il compense sa petite taille, qui pourrait être un handicap, par son « mauvais » caractère. C’est le plus décidé et le plus rouspéteur de la bande (Bébés Phoques). Gnafron a horreur des uniformes (agents ou gendarmes) car ils ne l’écoutent jamais à cause de se petite taille (Se jettent à l’eau). Il n’aime pas les tableaux et les cours d’histoire et n’aime pas jouer les rôles de guetteur (Ane vert).

Plus vieux que La Guille et Bistèque (Ane vert), il a les cheveux noirs en broussaille et le teint sombre.

Etant tout petit, il a perdu une sœur qu’il aimait beaucoup (Ane vert), ainsi que son père (Croix-Rousse) dans des circonstances qui ne sont pas développées. Il a aussi perdu une tante à Trévoux (Croix-Rousse). Pour sa part, il a eu une appendicite aiguë (Homme au gant)

Sa mère travaille à l’usine, en atelier, du matin au soir (Homme au gant). Il n’a pas le téléphone contrairement à son voisin boulanger (Voix de la nuit) mais possède un tourne-disque (En Croisière).

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Il aime les fleurs, arrose souvent les deux géraniums de sa mère et a deux serins dans une cage (Homme au Gant).

Bien qu’il ne sache pas distinguer les bons des mauvais champignons (Pirates du Rail), il est agile comme un singe et excellent nageur (Village englouti).

Enfin, il promène toujours un tas de cartes dans son sac (Perruque rouge).

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Le Tondu

Depuis qu’une grave maladie, une fièvre inconnue (Croix-Rousse) l’a privé de ses cheveux à l’age de cinq (Tour Eiffel) ou six ans (Disparue de Montélimar), celui qu’on surnomme le Tondu a le crâne aussi lisse qu’une boule de billard. Il cache son infirmité sous un éternel béret basque qui le protège du froid et des moqueries des filles (Croix-Rousse). Il ne l’enlève que par politesse devant les adultes ou lorsqu’il le lance en l’air en poussant son célèbre cri de joie : « Formidable ! ». Cependant, sa calvitie ne l’empêche pas d’avoir les sourcils bien fournis (Tour Eiffel).

Avec ses grandes jambes d’araignée, c’est le plus grand et le plus robuste de tous (Voix de la Nuit). C’est aussi le plus frileux (Tour Eiffel) et le meilleur « ronfleur » de la bande (Homme des Neiges). Il aura l’appendicite deux ans après Gnafron (Secret de la Calanque).

Né un 23 novembre, nous savons, grâce à son portefeuille perdu, que ses initiales sont J.B. (Tour Eiffel).

Ses parents ne sont pas riches et son père a été maçon (Homme au Gant). Il a une sœur à qui il achète une petite poupée savoyarde (Homme des Neiges), une grand-mère (Petit Rat de l’Opéra) et une tante paternelle, Henriette Meyrieu, appelée tante Riette, jamais

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mariée directrice d’une école maternelle, rue Chapouteau, dans le VIIe arrondissement de Paris (Tour Eiffel).

Spécialiste de la mécanique et de l’aviation (Cigare Volant), c’est lui qui entretient et répare les « pétarelles » des Compagnons. Il possède un appareil photo (En Croisière) et une boussole (Pirates du Rail).

Toujours de l’avis de Mady (Se jettent à l’eau), il lui sait gré de ne s’être jamais moquée de son crâne.

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Bistèque.

Aussi blond de cheveux que Gnafron est noir (Croix-Rousse), ce fils d’un garçon boucher, qui lui doit son surnom (« Bistèque » pour « bifteck »), a longtemps habité le quartier de Fourvière dans le Ve arrondissement de Lyon avant de venir à la Croix Rousse (Homme des Neiges). C’est donc tout naturellement lui le cuistot de l’équipe quand ils partent en expédition.

Ses parents ne sont pas riches (Homme des Neiges) et son père a fait son service militaire dans l’armée de l’air, sans doute à Bron (Scotland Yard). Cependant, c’est depuis leur aventure en Angleterre que Bistèque a une passion pour l’aviation (Agents Secrets).

Sa mère a été femme de chambre dans un hôtel de Lyon. Du reste de sa famille, nous savons juste qu’il a un cousin (Mystère du Parc).

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La Guille

Robert (Emetteur Pirate) ou Pierre (Dans la citadelle) doit son surnom à l’ancien quartier de Lyon où il habitait, La Guillotière.

Fantaisiste de l’équipe, il est toujours en retard (Se jettent à l’eau) et provoque souvent des catastrophes. Adroit sur des skis ou des patins à roulettes, il ne vaut rien sur un vélo (Perruque rouge), celui de son grand-père qu’il apprend à monter (Pile atomique). Il a même eu un accident de vélomoteur et s’est retrouvé à l’hôpital (Disparue de Montélimar).

De ses parents, nous saurons juste qu’ils ont le téléphone (Brigade Volante). Il a une grand-mère qui habite son ancien quartier, La Guillotière (Voix de la Nuit) et une grande sœur dont le mari à un cousin en Argentine (Piano à Queue). La famille de sa mère est originaire de la région de Besançon. Une cousine de sa mère, Nicole Tasselin, y tient un bar-buvette (Dans la citadelle).

Il joue de l’harmonica (Homme au Gant) et a même décroché le premier prix dans un concours d’amateurs (Se jettent à l’eau). Une fois, il s’essaye à la flûte traversière (Bébés Phoques).

Il a toujours un plan de Lyon dans son cartable(Homme au Gant) et possède une paire de jumelles (En Croisière).

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Meilleur « ronfleur » de la bande avec Le Tondu (Homme des Neiges), il ne ferait pas de mal à une mouche et n’aime pas mentir (Se jettent à l’eau).

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Kafi

Kafi est un beau Berger Allemand de plus de 35 kilos, autant que Gnafron (Agents Secrets), au poil luisant de la soie, au dos d’un beau noir de suie et à l’extrémité des pattes du roux le plus vif comme le brasier du feu de la St-Jean (Croix-Rousse).

Il doit son nom au vieil arabe, un marchand ambulant, qui l’a donné à Tidou, six ans plus tôt, pas plus gros qu’une pelote de laine (Croix-Rousse). Il est le seul survivant d’une portée de deux chiots. Tidou l’a élevé au biberon et ils ont grandi ensemble, lui sur ses deux pieds et Kafi sur ses quatre pattes.

Kafi couche à côté du lit de Tidou sur une natte (L’œil d’Acier), sait essuyer ses pattes sur un paillasson (Voix de la Nuit) et ne pas s’ébrouer quand il est mouillé (Pirates du Rail). Kafi n’est pas un chien de chasse, il n’a jamais appris à reconnaître l’odeur des bêtes des bois mais sait reconnaître des bolets sous les feuilles mortes (Pirates du Rail).

Meilleur ami, meilleur camarade de Tidou, Kafi est surtout un chien policier au flair infaillible. C’est un membre à part entière des Compagnons de la Croix-Rousse qui joue un rôle prépondérant dans leurs aventures. A de nombreuses reprises, il sera d’ailleurs blessé par balles par des malfaiteurs.

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Kafi adore la Place des Terreaux où il peut courir après les pigeons ou les chats, juste pour les effrayer. En revanche, il n’aime pas les vaccinations mais doit bien s’y plier (Piroguiers). Au fil des aventures, il a vaincu sa peur des appareils-photos.

Un temps à pattes, il suit les Compagnons dans une caisse sur roues qu’ils lui ont aménagée.

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LA RAMPE DES PIRATES :

Sur le « Toit aux canuts », une étroite terrasse bordée d’une murette qui domine la ville de Lyon, se tient la « Rampe des Pirates» et la « Caverne » des Six Compagnons, un ancien atelier de canut fermé avec un cadenas dont chaque Compagnon a la clé (Se jettent à l’eau).

La Caverne de la Rampe des Pirate(nous abordons la rude montée de la Croix-Rousse). Intérieur: les rondins de bois en guise de sièges, les vieux

rideaux tendus contre les murs pour dissimuler les creux et les bosses, la lanterne suspendue au plafond, la table boiteuse calée par des briques, un vieux fourneau déniché dans une cave qui peut servir, par exemple, pour chauffer de l'eau.

Là, ils peuvent se réunir, garer leurs vélos puis leurs «pétarelles» (vélomoteurs) ainsi que leur matériel qui grossit au fil des aventures et des récompenses (tentes puis marabout, matériel pour la « tambouille », magnétophone, sifflets à ultra-sons, talkies-walkies, transistor et lampes de poche). Car les Compagnons sont travailleurs et généreux. Ils ont même aidé à la réfection de la chapelle de Charpieux (En Croisière).

Les illustrations originales des personnages sont d'Albert Chazelle, le premier illustrateur de la série.

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PAUL JACQUES BONZON

Les Six Compagnons

1 1961 Les Compagnons de la Croix-Rousse 2 1963 Les Six Compagnons et la pile atomique3 1963 Les Six Compagnons et l'homme au gant4 1963 Les Six Compagnons au gouffre Marzal5 1964 Les Six Compagnons et l'homme des neiges6 1964 Les Six Compagnons et la perruque rouge7 1964 Les Six Compagnons et le piano à queue8 1965 Les Six Compagnons et le château maudit9 1965 Les Six Compagnons et le petit rat de l'Opéra10 1966 Les Six Compagnons et l'âne vert11 1966 Les Six Compagnons et le mystère du parc12 1967 Les Six Compagnons et l'avion clandestin13 1968 Les Six Compagnons et l'émetteur pirate14 1968 Les Six Compagnons à Scotland Yard15 1969 Les Six Compagnons et les agents secrets16 1969 Les Six Compagnons et le secret de la calanque17 1970 Les Six Compagnons et les pirates du rail18 1970 Les Six Compagnons et la disparue de Montélimar19 1971 Les Six Compagnons et la princesse noire20 1971 Les Six Compagnons et les espions du ciel21 1972 Les Six Compagnons à la tour Eiffel22 1972 Les Six Compagnons et la brigade volante23 1973 Les Six Compagnons et l'œil d'acier24 1973 Les Six Compagnons en croisière25 1974 Les Six Compagnons et les voix de la nuit26 1974 Les Six Compagnons se jettent à l'eau27 1975 Les Six Compagnons dans la citadelle28 1975 Les Six Compagnons devant les caméras29 1976 Les Six Compagnons au village englouti30 1976 Les Six Compagnons au tour de France31 1977 Les Six Compagnons au concours hippique32 1977 Les Six Compagnons et la clef-minute33 1978 Les Six Compagnons et le cigare volant34 1978 Les Six Compagnons et les piroguiers35 1979 Les Six Compagnons et la bouteille à la mer36 1979 Les Six Compagnons et les skieurs de fond37 1980 Les Six Compagnons et les bébés phoques38 1980 Les Six Compagnons dans la ville rose

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OLIVIER SECHAN

39 1982 Les Six Compagnons et les Agneaux de l'Apocalypse40 1983 Les Six Compagnons à l'étang de Berre41 1984 Les Six Compagnons et le carré magique

PIERRRE DAUTUN

42 1984 Les Six Compagnons hors la loi43 1985 Les Six Compagnons et le chasseur de scoops44 1985 Les Six Compagnons et l'énigme de la télémagie45 1986 Les Six Compagnons et la radio libre46 1986 Les Six Compagnons au Tournoi de la Chanson47 1987 Les Six Compagnons et la fiancée de Kafi

MAURICE PERISSET

48 1988 Les Six Compagnons à l'affût49 1994 Les Six Compagnons et les caïmans roses

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Paul-Jacques Bonzon

Paul-Jacques Bonzon (31 août 1908 à Sainte-Marie-du-Mont (Manche) - 24 septembre 1978 à Valence) est un écrivain français, connu principalement pour la série Les Six Compagnons.

Biographie

Paul-Jacques Bonzon est originaire du département de la Manche. Né à Sainte-Marie-du-Mont en 1908, scolarisé à Saint-Lô, Paul-Jacques Bonzon fut élève de l'école normale d'instituteurs de Saint-Lô, promotion 1924-1927. Il fut d'abord nommé en Normandie, dans son département d'origine. En 1935, il épouse une institutrice de la Drôme et obtient sa mutation dans ce département où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt-cinq ans. En poste à Espeluche puis à Chabeuil, il rejoint Saint-Laurent-en-Royans en 1949 et Valence en 1957 où il termine sa carrière en 1961.

Il se consacre alors entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants ayant rejoint l'Académie Drômoise des Lettres, des sciences et des arts, association culturelle qui groupe des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois".

Son œuvre tranche sur la littérature pour la jeunesse de l'époque par le caractère réaliste et parfois triste de certaines situations : les enfants qu'il met en scène sont confrontés à la misère, au handicap, à l'abandon. Paul-Jacques Bonzon décrit la solidarité qui anime les milieux modestes auxquels ils appartiennent, n'hésitant pas à les insérer dans des contextes historiques marqués comme, Le jongleur à l'étoile (1948) ou Mon Vercors en feu (1957).

La plus grande majorité de ses ouvrages ont été publiés à la Librairie Hachette. À ce titre, il se trouve être l'un des romanciers pour la jeunesse les plus représentatifs de cette époque.

Plusieurs de ses ouvrages mettent en scène le Cotentin et plus particulièrement Barneville-Carteret, qu'il nomme d'ailleurs Barneret et Carteville dans ses romans. Les cousins de la Famille HLM y prennent leurs vacances. Delph le marin, publié chez SUDEL, se déroule à Carteret (Hardinquet, dans le roman) de même que "Le marchand de coquillages" ,"Le cavalier de la mer" ou encore "Le bateau fantôme". L'auteur connaissait bien la région. Il y venait régulièrement.

Paul-Jacques Bonzon laisse une œuvre dont l'importance se mesure au succès rencontré notamment par des séries fortement appréciées comme Les Six compagnons, La Famille HLM ou Diabolo, mais pas seulement car ce serait oublier tout un autre aspect de l'œuvre, tout aussi significative de la qualité de l'écrivain. Les ouvrages de Bonzon ont été traduits, adaptés et diffusés dans 18 pays dont la Russie et le Japon. Les premières adaptations

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connues l'ont été en langue néerlandaise pour les Pays-Bas mais également pour l'Indonésie et l'Afrique du Sud. Il l'est encore aujourd'hui. Par exemple, Le roman Les Orphelins de Simitra a été adapté sous forme d'une animation diffusée, en 2008, au Japon, sous le nom de "Porphy No Nagai Tabi" (Le long voyage de Porphyras).

Paul-Jacques Bonzon est aussi connu dans les milieux scolaires. Il publie chez Delagrave,à partir de 1960, une série d'ouvrages de lectures suivies pour l'école dont l'un, "La roulotte du Bonheur", se déroule dans son département d'origine. Il a écrit en collaboration avec M. Pedoja, inspecteur départemental de l'Éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques".

Il décède à Valence le 24 septembre 1978. Néanmoins, les éditions Hachette poursuivront l'œuvre de l'écrivain en publiant, encore quelques années, plusieurs titres de la série Les Six Compagnons, mais sous d'autres signatures. Aujourd'hui, un peu moins d'une vingtaine de titres figurent encore au catalogue de l'éditeur, dans la collection bibliothèque verte, sous une présentation modernisée.

En mars 2010, la première aventure de la série Les Six Compagnons a été rééditée en Bibliothèque rose dans une version modernisée.

Le 12 mars 2011, la ville de Valence a inauguré un square à son nom, en présence de ses enfants, petits-enfants et admirateurs.

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Paul-Jacques Bonzon

Biographie : rédigée par la dernière épouse de Paul Jacques ; Maggy

Paul-jacques Bonzon est né le 31 août 1908 à Sainte marie du mont, Manche, en Normandie.

Élève de l'école normale d'instituteur de Saint-lô, il fut d'abord nommé en Normandie. Pour des raisons de santé, il vint dans la Drôme où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt cinq ans. Marié, père de deux enfants : Jacques et Isabelle, il termine à Valence en 1961 sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants.

Il appartenait à l'"Académie Drômoise", association culturelle qui groupe des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois".Il ne rattachait pas ses livres à un courant historique quelconque, cependant il lisait beaucoup Freud, Bergson, Huxley. Très peu de romans, sauf ceux dans lesquelles il trouvait la documentation qu'il cherchait. Pourtant, il aimait Simenon dont il appréciait la psychologie, l'étude d'un milieu.

A l'origine de son oeuvre est un concours de circonstances. Pendant la dernière guerre, instituteur dans le Vercors, (mon Vercors en feu), il eut à se pencher sur la condition de vie des enfants réfugiés, des juifs en particulier. Pour les aider moralement et les distraire, il leur lisait des histoires qu'il écrivait pour eux. Envoyé à un éditeur "Loutsi-chien" fut accepté. D'autres romans, tous retenus, suivront.

Tout naturellement, l'instituteur qu'il était a écrit pour ses élèves, pour la plupart d'un milieu modeste. Ils se reconnaissaient dans les héros de Paul-jacques Bonzon, enfants de la rue, sans moyens financiers (la série Six compagnons), mais adroits, dévoués, généreux, chevaleresques même.

C'est aussi cette connaissance des enfants qui lui a fait introduire des animaux dans ses romans : Kafi (Six compagnons), Tic-Tac (Famille H.L.M.), Minet, (La roulotte du Bonheur), Ali-Baba-Bikini (La maison au mille bonheurs), l'Âne (série des "Pompon").Les romans sentimentaux, plus psychologiques sont le plus souvent une quête, celle d'une sœur, d'une famille affectueuse, d'ou leur atmosphère un peu triste, tous, et en particulier, ceux écrits pour les écoles, s'attachent à faire connaître la France ou les pays étrangers (Sénégal, Laponie, Japon, Portugal, Espagne, Grèce, Italie, Angleterre). La documentation est

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toujours très sérieuse, la vérité historique respectée (Le viking au bracelet d'argent, La princesse sans nom, Le jongleur à l'étoile).

Ecrits dans un but éducatif et culturel, le livres de Paul-jacques Bonzon allient à une langue simple, pure, évocatrice, souvent poétique, le souci d'instruire autant que celui de plaire.

Il a écrit en collaboration avec Monsieur Pedoja , inspecteur départemental de l'éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques".

Chacun écrivait un chapitre et le communiquait.

Il disparaît le 24 septembre 1978 à Valence, Drôme.

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Paul-Jacques BONZON

J'ai demandé à plusieurs personnes si ce nom leur était familier et la plupart m'ont répondu par la négative...

Mais lorsque j'ai parlé des "Six Compagnons", tout à coup des souvenirs leur sont revenus dans une bouffée de chaleur et de bonheur de l'enfance...!

Paul-Jacques Bonzon a été un auteur très prolifique. Son écriture légère et fluide destinée aux enfants n'en est pas moins rigoureuse et très littéraire. Son style, un enchantement et ses histoires toujours bien ficelées jusque dans les moindres détails. Des adultes peuvent trouver grand plaisir à la lecture de ces histoires bien construites et dans lesquelles les grandes valeurs de la morale judéo-chrétienne ont cours. Mystère, tristesse, tendresse, émotion et joie, tout y est...!

Nous avons donc réuni dans cette page, un peu en vrac, des informations pêchées à droite et à gauche sur cet écrivain et nous espérons que cela vous donnera peut-être envie de découvrir son oeuvre.

***

Biographie de P-J Bonzon:

Paul-Jacques Bonzon est né le 31 août 1908 à Sainte-Marie-du-Mont, Manche, en Normandie. Aujourd'hui, un bourg de 700 à 800 habitants, situé à deux pas de la baie des Veys, et des plages du débarquement.

Fils unique né dans une famille aisée, Paul-Jacques eut cependant une enfance assez difficile face à un père autoritaire qui ne lui laissa pas souvent faire ce qu'il aurait aimé.

Elève de l'école normale d'instituteur de Saint-lô, il fut d'abord nommé en Normandie. Pour des raisons de santé, il vint dans la drôme où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt cinq ans.

Marié, père de deux enfants : Jacques et Isabelle, il termine à Valence en 1961 sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants.

Il appartenait à l'"Académie Drômoise", association culturelle qui groupe des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois".

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Il ne rattachait pas ses livres à un courant historique quelconque, cependant il lisait beaucoup Freud, Bergson, Huxley. Très peu de romans, sauf ceux dans lesquels il trouvait la documentation qu'il cherchait.

Pourtant, il aimait Simenon dont il appréciait la psychologie, l'étude d'un milieu.

A l'origine de son oeuvre est un concours de circonstances. Pendant la dernière guerre, instituteur dans le Vercors, (mon Vercors en feu), il eut à se pencher sur la condition de vie des enfants réfugiés, des juifs en particulier. Pour les aider moralement et les distraire, il leur lisait des histoires qu'il écrivait pour eux. Envoyé à un éditeur "Loutsi-chien" fut accepté. D'autres romans, tous retenus, suivront.

Tout naturellement, l'instituteur qu'il était a écrit pour ses élèves, pour la plupart d'un milieu modeste. Ils se reconnaissaient dans les héros de Paul-Jacques Bonzon, enfants de la rue, sans moyens financiers (la série Six compagnons), mais adroits, dévoués, généreux, chevaleresques même.

C'est aussi cette connaissance des enfants qui lui a fait introduire des animaux dans ses romans : Kafi (Six compagnons), Tic-Tac (Famille H.L.M.), Minet, (La roulotte du Bonheur), Ali-Baba-Bikini (La maison au mille bonheurs), l'Ane (série des "Pompon").Les romans sentimentaux, plus psychologiques sont le plus souvent une quête, celle d'une soeur, d'une famille affectueuse, d'ou leur atmosphère un peu triste. Tous et en particulier ceux écrits pour les écoles, s'attachent à faire connaître la France ou les pays étrangers (Sénégal, Laponie, Japon, Portugal, Espagne, Grèce, Italie, Angleterre). La documentation est toujours très sérieuse, la vérité historique respectée (Le viking au bracelet d'argent, La princesse sans nom, Le jongleur à l'étoile).

Ecrits dans un but éducatif et culturel, le livres de Paul-Jacques Bonzon allient à une langue simple, pure, évocatrice, souvent poétique, le souci d'instruire autant que celui de plaire.

Il a écrit en collaboration avec Monsieur Pedoja , inspecteur départemental de l'éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques".

Chacun écrivait un chapitre et le communiquait.

Il disparut le 24 septembre 1978 à Valence, Drôme.

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Article paru à sa mort:

Valence.

La mort de Paul-Jacques Bonzon va toucher des millions de jeunes et d'enfants à travers le monde. Il était leur écrivain, celui qui avait compris leurs goûts, et qui était devenu leur complice à travers une centaine de romans. Depuis plus de trente ans ( c'est à dire que ses premiers lecteurs sont aujourd'hui des hommes), il a enchanté des générations d'écoliers par

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ces récits d'aventure clairs, purs et passionnants. Son oeuvre a été traduite dans un grand nombre de pays, y compris le Japon, et partout elle a connu un et connaît encore, un étonnant succès.

Originaire de Ste-Marie-du-Mont dans la manche, il était doué pour la peinture et la musique, mais son père avait voulu qu'il soit instituteur. Et c'est comme tel qu'il arriva un jours dans le Vercors, puis, plus tard, à l'école de la rue Berthelot à Valence, et qu'il commença à écrire des histoires qu'il lisait à ses élèves, guettant leurs réactions, et s'inspirant souvent de leurs remarques..

Ses héros les plus populaires sont les Six compagnons qu'il entraîna dans des aventures lointaines ou proches, à Valence, à l'Aven Marzal, à la Croix-Rousse, à Marcoules, et qui tiennent aujourd'hui un bon rayon dans la bibliothèque verte. Pour la bibliothèque rose, il mit en scène la famille H. L. M., et écrivit beaucoup d'autres récits comme Mon Vercors en feu, et d'autres fictions tel l' Eventail de Séville qui fut adapté pour la télévision.Paul-Jacques Bonzon avait reçu en France le grand prix du Salon de l'Enfance, puis, à New-York, le prix du Printemps qui couronne le meilleur livre pour enfants paru aux Etats-Unis.Il avait abandonné l'enseignement assez tôt pour se consacrer à son oeuvre, entouré de son épouse et de ses deux enfants, une fille et un garçon, aujourd'hui mariés. Il travaillait le plus souvent directement à la machine dans sa tranquille demeure de la rue Louis-Barthou, prolongée par un charmant petit jardin.

C'est là qu'il inventait ses belle histoires, et lorsqu'il avait achevé un chapitre il prenait sa pipe et venait faire un tour en ville de son pas glissé, calme et amical.

Paul-Jacques Bonzon était naturellement membre de l'académie drômoises, vice-président de Culture et Bibliothèques pour tous. Il était devenu un authentique Dauphinois très attaché à sa province d'adoption. Sa gloire littéraire, qui est mondiale parmi les jeunes, n'avait en rien altéré sa simplicité ni sa bienveillance : et il disparaît comme il a vécu, dicrètement.

Pierre Vallier.

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Autres témoignages:

Paul-Jacques Bonzon est très connu pour sa série de livres parus dans la bibliothèque verte, sous le titre "Les six compagnons". Outre de nombreux autres ouvrages pour la jeunesse de grande qualité, il a aussi publié des ouvrages scolaires. Paul-Jacques BONZON était instituteur.

Paul-Jacques BONZON est surtout connu comme grand romancier de la jeunesse, d'ailleurs abondamment lauré (Second Prix "Jeunesse" en 1953. Prix "Enfance du Monde" en 1955. Grand Prix du Salon de l'Enfance en 1958). Ses ouvrages suscitent

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chez nos enfants - et chez bien des adultes - un intérêt croissant. Il sait, de longue expérience, que composer un livre de "lectures suivies" est une entreprise délicate, que le goût des jeunes est à l'action rondement menée, aux péripéties multiples voire violentes ou cruelles. Les livres d'évasion, de délassement, de bibliothèque, pour tout dire, laissent paraître ces caractères.

Paul Vigroux, Inspecteur général honoraire.

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Paul-Jacques Bonzon a réalisé de très nombreux dessins. En fait il voulait à l'origine être dessinateur, peintre ou musicien mais sont père en a décidé autrement! A une certaine époque, il résidait en Suisse et vivait de ces dessins humoristiques vendus sous forme de cartes postales.

Un dessin de Paul-Jacques Bonzon:

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Voici quelques informations supplémentaires, tirées d'un ouvrage de Marc Soriano, aux Éditions Delagrave, 2002.

L'auteur nous apprend que Paul-Jacques Bonzon, né dans une famille aisée, fils unique, père autoritaire, a eu une enfance difficile.

Paul-Jacques Bonzon, en écrivant pour les enfants, se réinvente une enfance.Il écrit des aventures sentimentales qui sont des quêtes : une soeur, une famille normale...(Du gui pour Christmas, La promesse de Primerose).

Cela plaît particulièrement aux filles, confie Paul-Jacques Bonzon.

Il avoue aussi que s'il ne tenait qu'à lui, les ouvrages finiraient mal !

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Ce qui plaît plus aux filles qu'aux garçons. Un seul titre finit mal : "L'éventail de Séville". Encore l'adaptation télévisée adoucit-elle la fin. Et des pays étrangers, pour la traduction dans leur langue, demandent "une fin heureuse".

Les six compagnons se vendent à 450000 par an en moyenne. L'auteur dit qu'on lui a reproché de "s'être laissé aller" à des séries, comme si c'était une déchéance pour l'auteur et un mal pour le lecteur. Paul-Jacques Bonzon reprend :

"Il est important d'encourager la lecture à une époque ou elle est concurrencées par toutes sorte d'autres sollicitations".

Bonzon avoue aussi son penchant pour les milieux modestes, qui, dit-il plaisent aux enfants. Il comprend, avec le temps, pourquoi sa série des "Six compagnons" a plus de succès que sa série "La famille HLM" : Il y a un chien !

Les ouvrages de Bonzon sont traduits dans 16 pays.

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ŒUVRES COMPLETES (Années)

Paul-Jacques Bonzon

ANNEE TITRE EDITEUR ILLUSTRATEUR1951 LE VIKING AU BRACELET D'ARGENT G.P. Rouge et Or Henri DIMPRE1953 LOUTSI-CHIEN Collection Primevère Louis LAFFOND1953 DU GUI POUR CHRISTMAS BOURRELIER-HACHETTE Maguy LAPORTE1953 MAMADI MAGNARD EDITEUR Christian FONTUGNE1954 FAN-LÔ SUDEL EDITEUR JEAN TRUBERT1954 LE JONGLEUR A L'ETOILE HACHETTE Jeanne HIVES1955 DELPH LE MARIN SUDEL EDITEUR Claude JUILLARD1955 LES ORPHELINS DE SIMITRA HACHETTE Albert CHAZELLE1956 LA BALLERINE DE MAJORQUE BIBLIOTHEQUE ROSE Paul DURAND1956 LE PETIT PASSEUR DU LAC HACHETTE JACQUES POIRIER1957 MON VERCORS EN FEU SUDEL EDITEUR Igor ARNSTAM1957 LA PROMESSE DE PRIMEROSE HACHETTE PAUL DURAND1957 LA DISPARUE DE MONTELIMAR HACHETTE Philippe DAURE1958 LA PRINCESSE SANS NOM HACHETTE J-P ARIEL1958 L'EVENTAIL DE SEVILLE BIBLIOTHEQUE VERTE François BATET1959 UN SECRET DANS LA NUIT POLAIRE Editions Delagrave Henri DIMPRE1960 LE CHEVAL DE VERRE IDEAL-BIBLIOTHEQUE François BATET1960 LA CROIX D'OR DE SANTA-ANNA IDEAL-BIBLIOTHEQUE Albert CHAZELLE1960 LA ROULOTTE DU BONHEUR DELAGRAVE Daniel DUPUY1960 CONTES DE L’HIVER BIAS Romain Simon1961 LES COMPAGNONS DE LA CROIX-ROUSSE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1961 J'IRAI A NAGASAKI BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1962 LE VOYAGEUR SANS VISAGE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1962 TOUT-FOU BIBLIOTHEQUE ROSE Jeanne HIVES1962 LE CHALET DU BONHEUR DELAGRAVE Daniel DUPUY1962 LES SIX COMPAGNONS ET LA PILE ATOMIQUE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1963 LES SIX COMPAGNONS ET L'HOMME AU GANT BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1963 LES SIX COMPAGNONS AU GOUFFRE MARZAL BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1963 LES SIX COMPAGNONS ET L'HOMME DES NEIGES BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1964 LES SIX COMPAGNONS ET LE PIANO A QUEUE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1964 LES SIX COMPAGNONS ET LA PERRUQUE ROUGE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1964 LA FAMILLE HLM ET L'ÂNE TULIPE (Où est passé l'âne tulipe?) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1964 LA MAISON AUX MILLE BONHEURS DELAGRAVE Daniel DUPUY1965 LES SIX COMPAGNONS ET LE PETIT RAT DE L'OPERA BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1965 LES SIX COMPAGNONS ET LE CHATEAU MAUDIT BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1965 LE SECRET DE LA MALLE ARRIERE (HLM n°2) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1966 LES SIX COMPAGNONS ET L'ANE VERT BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1966 LES SIX COMPAGNONS ET LE MYSTERE DU PARC BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1966 LES ETRANGES LOCATAIRES (HLM n°3) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1966 L'HOMME A LA VALISE JAUNE BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 LES SIX COMPAGNONS ET L'AVION CLANDESTIN BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1967 CONTES DE MON CHALET EDITIONS BIAS Romain SIMON1967 VOL AU CIRQUE (HLM n°4) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 POMPON LE PETIT ANE DES TROPIQUES (avec M. Pédoja) DELAGRAVE Romain SIMON1967 LE MARCHAND DE COQUILLAGES (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 RUE DES CHATS SANS QUEUE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 LE RELAIS DES CIGALES DELAGRAVE Daniel DUPUY1968 LUISA CONTRE-ATTAQUE (HLM n°7) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1968 LES SIX COMPAGNONS A SCOTLAND YARD BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1968 LES SIX COMPAGNONS ET L'EMETTEUR PIRATE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1968 LE CHATEAU DE POMPON DELAGRAVE Romain SIMON1969 LES AVENTURES DE SATURNIN BIBLIOTHEQUE ROSE PIERRE LEROY1969 SATURNIN ET LE VACA VACA BIBLIOTHEQUE ROSE PIERRE LEROY1969 LES SIX COMPAGNONS ET LE SECRET DE LA CALANQUE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1969 LES SIX COMPAGNONS ET LES AGENTS SECRETS BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1969 UN CHEVAL SUR UN VOLCAN (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1969 POMPON A LA VILLE DELAGRAVE Romain SIMON1969 LE PERROQUET ET SON TRESOR (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT

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1969 QUATRE CHATS ET LE DIABLE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1970 LE BATEAU FANTOME (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1970 LES SIX COMPAGNONS ET LES PIRATES DU RAIL BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1970 LES SIX COMPAGNONS ET LA DISPARUE DE MONTELIMAR BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1970 LE JARDIN DE PARADIS DELAGRAVE Romain SIMON1970 L'HOMME AUX SOURIS BLANCHES (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1971 SOLEIL DE MON ESPAGNE IDEAL-BIBLIOTHEQUE François BATET1971 LES SIX COMPAGNONS ET LES ESPIONS DU CIEL BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1971 LES SIX COMPAGNONS ET LA PRINCESSE NOIRE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1971 LES SIX COMPAGNONS ET LA BRIGADE VOLANTE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1971 YANI DELAGRAVE Romain SIMON1972 CONTES DE L’HIVER EDITIONS BIAS Romain SIMON1972 LE SECRET DU LAC ROUGE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1972 LES SIX COMPAGNONS A LA TOUR EIFFEL BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1972 L'HOMME A LA TOURTERELLE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1973 SLALOM SUR LA PISTE NOIRE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1973 LES SIX COMPAGNONS ET L'OEIL D'ACIER BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1973 LES SIX COMPAGNONS EN CROISIERE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1974 LES SIX COMPAGNONS ET LES VOIX DE LA NUIT BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1974 LES SIX COMPAGNONS SE JETTENT A L'EAU BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1974 LES ESPIONS DU X-35 (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1975 LE CIRQUE ZIGOTO DELAGRAVE Romain SIMON1975 LE RENDEZ-VOUS DE VALENCE les veillées des chaumières ???1975 LES SIX COMPAGNONS DEVANT LES CAMERAS BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1975 LES SIX COMPAGNONS DANS LA CITADELLE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1975 LA ROULOTTE DE L'AVENTURE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1976 LES SIX COMPAGNONS ET LA CLEF-MINUTE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1976 DIABOLO LE PETIT CHAT BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1976 DIABOLO ET LA FLEUR QUI SOURIT BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1976 DIABOLO POMPIER BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1976 LES SIX COMPAGNONS AU TOUR DE FRANCE BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1976 LE CAVALIER DE LA MER (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1977 LES SIX COMPAGNONS AU CONCOURS HIPPIQUE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1977 LES SIX COMPAGNONS ET LES PIROGUIERS BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1977 DIABOLO ET LE CHEVAL DE BOIS BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1977 L'HOMME AU NOEUD PAPILLON (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1977 DIABOLO JARDINIER BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1978 LES SIX COMPAGNONS AU VILLAGE ENGLOUTI BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1978 DIABOLO PATISSIER BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1978 LES SIX COMPAGNONS ET LE CIGARE VOLANT BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1978 AHMED ET MAGALI DELAGRAVE Monique GORDE1979 LES SIX COMPAGNONS ET LES SKIEURS DE FOND BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1979 LES SIX COMPAGNONS ET LA BOUTEILLE A LA MER BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1979 DIABOLO SUR LA LUNE BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1980 LES SIX COMPAGNONS ET LES BEBES PHOQUES BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1980 LES SIX COMPAGNONS DANS LA VILLE ROSE BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY

THEATRE1953 Coquette chambre à louer 1954 Camping interdit1954 L'insécurité sociale 1956 Les Carottes des Champs-Elysées 1956 Nous les avons vus 1956 Aux urnes, citoyennes ! 1957 Permis de conduire à tout âge 1957 La nuit du 3 mars 1957 Madame a son robot 1957 Plus on est de fous??? Devant le rideau

NOUVELLES 1952 Le Grand Linceul Blanc

(Francs Jeux Africains n°16 du 20 novembre 1952)1953 Les monstres de Maladetta

(Francs Jeux pour les garçons No 174 du 15 Aout 1953) 1959 Le chamois de Zimmis

Publiée dans le numéro 30 du 26 juillet 1959 "Ames Vaillantes" , illustrations de Yvan Marié (illustrateur attitré des Editions Fleurus).

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??? Le père Noël n'avait pas six ans

ŒUVRES COMPLETES (Thèmes)

Paul-Jacques Bonzon

ANNEE TITRE EDITEUR ILLUSTRATEUR

Série : Hors série (23)

1951 LE VIKING AU BRACELET D'ARGENT G.P. Rouge et Or Henri DIMPRE1953 LOUTSI-CHIEN Collection Primevère Louis LAFFOND1953 DU GUI POUR CHRISTMAS BOURRELIER-HACHETTE Maguy LAPORTE1953 MAMADI MAGNARD EDITEUR Christian FONTUGNE1954 FAN-LÔ SUDEL EDITEUR JEAN TRUBERT1954 LE JONGLEUR A L'ETOILE HACHETTE Jeanne HIVES1955 DELPH LE MARIN SUDEL EDITEUR Claude JUILLARD1955 LES ORPHELINS DE SIMITRA HACHETTE Albert CHAZELLE1956 LA BALLERINE DE MAJORQUE BIBLIOTHEQUE ROSE Paul DURAND1956 LE PETIT PASSEUR DU LAC HACHETTE JACQUES POIRIER1957 MON VERCORS EN FEU SUDEL EDITEUR Igor ARNSTAM1957 LA PROMESSE DE PRIMEROSE HACHETTE PAUL DURAND1957 LA DISPARUE DE MONTELIMAR HACHETTE Philippe DAURE1958 LA PRINCESSE SANS NOM HACHETTE J-P ARIEL1958 L'EVENTAIL DE SEVILLE BIBLIOTHEQUE VERTE François BATET1959 UN SECRET DANS LA NUIT POLAIRE Editions Delagrave Henri DIMPRE1960 LE CHEVAL DE VERRE IDEAL-BIBLIOTHEQUE François BATET1960 LA CROIX D'OR DE SANTA-ANNA IDEAL-BIBLIOTHEQUE Albert CHAZELLE1961 J'IRAI A NAGASAKI BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1962 LE VOYAGEUR SANS VISAGE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1962 TOUT-FOU BIBLIOTHEQUE ROSE Jeanne HIVES1971 SOLEIL DE MON ESPAGNE IDEAL-BIBLIOTHEQUE François BATET1975 LE RENDEZ-VOUS DE VALENCE les veillées des chaumières ???

Série : Contes (2)

1960 CONTES DE L’HIVER BIAS Romain Simon1967 CONTES DE MON CHALET EDITIONS BIAS Romain SIMON

Série : Scolaire (11)

1960 LA ROULOTTE DU BONHEUR DELAGRAVE Daniel DUPUY1962 LE CHALET DU BONHEUR DELAGRAVE Daniel DUPUY1964 LA MAISON AUX MILLE BONHEURS DELAGRAVE Daniel DUPUY1967 POMPON LE PETIT ANE DES TROPIQUES (avec M. Pédoja) DELAGRAVE Romain SIMON1967 LE RELAIS DES CIGALES DELAGRAVE Daniel DUPUY1968 LE CHATEAU DE POMPON DELAGRAVE Romain SIMON1969 POMPON A LA VILLE DELAGRAVE Romain SIMON1970 LE JARDIN DE PARADIS DELAGRAVE Romain SIMON1971 YANI DELAGRAVE Romain SIMON1975 LE CIRQUE ZIGOTO DELAGRAVE Romain SIMON1978 AHMED ET MAGALI DELAGRAVE Monique GORDE

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Page 224: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

Série : Les Six Compagnons, Mady et Kafi (38)

1961 LES COMPAGNONS DE LA CROIX-ROUSSE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELL1962 LES SIX COMPAGNONS ET LA PILE ATOMIQUE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1963 LES SIX COMPAGNONS ET L'HOMME AU GANT BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1963 LES SIX COMPAGNONS AU GOUFFRE MARZAL BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1963 LES SIX COMPAGNONS ET L'HOMME DES NEIGES BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1964 LES SIX COMPAGNONS ET LE PIANO A QUEUE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1964 LES SIX COMPAGNONS ET LA PERRUQUE ROUGE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1965 LES SIX COMPAGNONS ET LE PETIT RAT DE L'OPERA BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1965 LES SIX COMPAGNONS ET LE CHATEAU MAUDIT BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1966 LES SIX COMPAGNONS ET L'ANE VERT BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1966 LES SIX COMPAGNONS ET LE MYSTERE DU PARC BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1967 LES SIX COMPAGNONS ET L'AVION CLANDESTIN BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1968 LES SIX COMPAGNONS A SCOTLAND YARD BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1968 LES SIX COMPAGNONS ET L'EMETTEUR PIRATE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1969 LES SIX COMPAGNONS ET LE SECRET DE LA CALANQUE BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1969 LES SIX COMPAGNONS ET LES AGENTS SECRETS BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1970 LES SIX COMPAGNONS ET LES PIRATES DU RAIL BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1970 LES SIX COMPAGNONS ET LA DISPARUE DE MONTELIMAR BIBLIOTHEQUE VERTE Albert CHAZELLE1971 LES SIX COMPAGNONS ET LES ESPIONS DU CIEL BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1971 LES SIX COMPAGNONS ET LA PRINCESSE NOIRE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1971 LES SIX COMPAGNONS ET LA BRIGADE VOLANTE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1972 LES SIX COMPAGNONS A LA TOUR EIFFEL BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1973 LES SIX COMPAGNONS ET L'OEIL D'ACIER BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1973 LES SIX COMPAGNONS EN CROISIERE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1974 LES SIX COMPAGNONS ET LES VOIX DE LA NUIT BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1974 LES SIX COMPAGNONS SE JETTENT A L'EAU BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1975 LES SIX COMPAGNONS DEVANT LES CAMERAS BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1975 LES SIX COMPAGNONS DANS LA CITADELLE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1976 LES SIX COMPAGNONS ET LA CLEF-MINUTE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1976 LES SIX COMPAGNONS AU TOUR DE FRANCE BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1977 LES SIX COMPAGNONS AU CONCOURS HIPPIQUE BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1977 LES SIX COMPAGNONS ET LES PIROGUIERS BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1978 LES SIX COMPAGNONS AU VILLAGE ENGLOUTI BIBLIOTHEQUE VERTE Maurice PAULIN1978 LES SIX COMPAGNONS ET LE CIGARE VOLANT BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1979 LES SIX COMPAGNONS ET LES SKIEURS DE FOND BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1979 LES SIX COMPAGNONS ET LA BOUTEILLE A LA MER BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1980 LES SIX COMPAGNONS ET LES BEBES PHOQUES BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY1980 LES SIX COMPAGNONS DANS LA VILLE ROSE BIBLIOTHEQUE VERTE Robert BRESSY

Série : La famille HLM (20)

1964 LA FAMILLE HLM ET L'ÂNE TULIPE (Où est passé l'âne tulipe?) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1965 LE SECRET DE LA MALLE ARRIERE (HLM n°2) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1966 LES ETRANGES LOCATAIRES (HLM n°3) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1966 L'HOMME A LA VALISE JAUNE BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 VOL AU CIRQUE (HLM n°4) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 LE MARCHAND DE COQUILLAGES (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1967 RUE DES CHATS SANS QUEUE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1968 LUISA CONTRE-ATTAQUE (HLM n°7) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1969 UN CHEVAL SUR UN VOLCAN (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1969 LE PERROQUET ET SON TRESOR (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1969 QUATRE CHATS ET LE DIABLE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1970 LE BATEAU FANTOME (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1970 L'HOMME AUX SOURIS BLANCHES (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1972 L'HOMME A LA TOURTERELLE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1972 LE SECRET DU LAC ROUGE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1973 SLALOM SUR LA PISTE NOIRE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1974 LES ESPIONS DU X-35 (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1975 LA ROULOTTE DE L'AVENTURE (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT1976 LE CAVALIER DE LA MER (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT

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Page 225: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

1977 L'HOMME AU NOEUD PAPILLON (HLM) BIBLIOTHEQUE ROSE Jacques FROMONT

Série : Saturnin (2)

1969 LES AVENTURES DE SATURNIN BIBLIOTHEQUE ROSE PIERRE LEROY1969 SATURNIN ET LE VACA VACA BIBLIOTHEQUE ROSE PIERRE LEROY

Série : Diabolo (7)

1976 DIABOLO LE PETIT CHAT BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1976 DIABOLO ET LA FLEUR QUI SOURIT BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1976 DIABOLO POMPIER BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1977 DIABOLO ET LE CHEVAL DE BOIS BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1977 DIABOLO JARDINIER BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1978 DIABOLO PATISSIER BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS1979 DIABOLO SUR LA LUNE BIBLIOTHEQUE ROSE Pierre DESSONS

Série : Théatre (11)

THEATRE1953 Coquette chambre à louer 1954 Camping interdit1954 L'insécurité sociale 1956 Les Carottes des Champs-Elysées 1956 Nous les avons vus 1956 Aux urnes, citoyennes ! 1957 Permis de conduire à tout âge 1957 La nuit du 3 mars 1957 Madame a son robot 1957 Plus on est de fous??? Devant le rideau

Série : Nouvelle (4)

NOUVELLES 1952 Le Grand Linceul Blanc

(Francs Jeux Africains n°16 du 20 novembre 1952)1953 Les monstres de Maladetta

(Francs Jeux pour les garçons No 174 du 15 Aout 1953) 1959 Le chamois de Zimmis

Publiée dans le numéro 30 du 26 juillet 1959 "Ames Vaillantes" , illustrations de Yvan Marié (illustrateur attitré des Editions Fleurus).??? Le père Noël n'avait pas six ans

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Page 226: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

ŒUVRES COMPLETES

Paul-Jacques Bonzon

9 Séries

118 livres écrits

Série : Hors série (23)

Série : Contes (2)

Série : Scolaire (11)

Série : Les Six Compagnons, Mady et Kafi (38)Série : La famille HLM (20)Série : Saturnin (2)Série : Diabolo (7)

Série : Théâtre (11)

Série : Nouvelle (4)

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Page 227: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

SERIE LES SIX COMPAGNONS

Paul-Jacques BONZON

1 1961 Les Compagnons de la Croix-Rousse 2 1963 Les Six Compagnons et la pile atomique3 1963 Les Six Compagnons et l'homme au gant4 1963 Les Six Compagnons au gouffre Marzal5 1964 Les Six Compagnons et l'homme des neiges6 1964 Les Six Compagnons et la perruque rouge7 1964 Les Six Compagnons et le piano à queue8 1965 Les Six Compagnons et le château maudit9 1965 Les Six Compagnons et le petit rat de l'Opéra10 1966 Les Six Compagnons et l'âne vert11 1966 Les Six Compagnons et le mystère du parc12 1967 Les Six Compagnons et l'avion clandestin13 1968 Les Six Compagnons et l'émetteur pirate14 1968 Les Six Compagnons à Scotland Yard15 1969 Les Six Compagnons et les agents secrets16 1969 Les Six Compagnons et le secret de la calanque17 1970 Les Six Compagnons et les pirates du rail18 1970 Les Six Compagnons et la disparue de Montélimar19 1971 Les Six Compagnons et la princesse noire20 1971 Les Six Compagnons et les espions du ciel21 1972 Les Six Compagnons à la tour Eiffel22 1972 Les Six Compagnons et la brigade volante23 1973 Les Six Compagnons et l'œil d'acier24 1973 Les Six Compagnons en croisière25 1974 Les Six Compagnons et les voix de la nuit26 1974 Les Six Compagnons se jettent à l'eau27 1975 Les Six Compagnons dans la citadelle28 1975 Les Six Compagnons devant les caméras29 1976 Les Six Compagnons au village englouti30 1976 Les Six Compagnons au tour de France31 1977 Les Six Compagnons au concours hippique32 1977 Les Six Compagnons et la clef-minute33 1978 Les Six Compagnons et le cigare volant34 1978 Les Six Compagnons et les piroguiers35 1979 Les Six Compagnons et la bouteille à la mer36 1979 Les Six Compagnons et les skieurs de fond37 1980 Les Six Compagnons et les bébés phoques38 1980 Les Six Compagnons dans la ville rose

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Page 228: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

Paul-Jacques Bonzon

LES SIX COMPAGNONS,MADY ET KAFI

Tidou et Kafi Corget Gnafron Le Tondu

Bistèque la Guille Mady

Illustrations originales d’Albert Chazelle

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SERIE LES SIX COMPAGNONS,

MADY ET KAFI

Paul-Jacques BONZON

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SERIE : LES SIX COMPAGNONS,MADY ET KAFI

Paul-Jacques BONZON

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SERIE LA FAMILLE H.L.M

Paul-Jacques BONZON

1. Où est passé l'âne Tulipe ? (1966) (publié également sous le titre La famille H.L.M. et l'âne Tulipe)

2. Le secret de la malle arrière (1966) 3. Les étranges locataires (1966) 4. Vol au cirque (1967) 5. L'homme à la valise jaune (1967) 6. Luisa contre-attaque (1968) 7. Le marchand de coquillages (1968) 8. Rue des chats-sans-queue (1968) 9. Un cheval sur un volcan (1969) 10. Le perroquet et son trésor (1969) 11. Quatre chats et le diable (1970) 12. Le bateau fantôme (1970) 13. Le secret du Lac Rouge (1971) 14. L'homme à la tourterelle (1972) 15. La roulotte de l'aventure (1973) 16. Slalom sur la piste noire (1974) 17. L'homme aux souris blanches (1975) 18. Les espions du X-35 (1976) 19. Le cavalier de la mer (1977) 20.L’homme au nœud papillon (1978)

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LA FAMILLE H.L.M

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Page 235: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

SERIE : DIABOLO

1. DIABOLO LE PETIT CHAT 1976 2. DIABOLO ET LA FLEUR QUI SOURIT 1976 3. DIABOLO POMPIER 1976 4. DIABOLO ET LE CHEVAL DE BOIS 1977 5. DIABOLO JARDINIER 1977 6. DIABOLO PATISSIER 1977 7. DIABOLO SUR LA LUNE 1979

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Page 236: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

A suivre

SERIE : DIABOLO

8. DIABOLO LE PETIT CHAT 1976 9. DIABOLO ET LA FLEUR QUI SOURIT 1976 10.DIABOLO POMPIER 1976 11.DIABOLO ET LE CHEVAL DE BOIS 1977 12.DIABOLO JARDINIER 1977 13.DIABOLO PATISSIER 1977 14.DIABOLO SUR LA LUNE 1979

A suivre

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Page 237: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

SERIE : SATURNIN

1. LES AVENTURES DE SATURNIN 19692. SATURNIN ET LE VACA VACA 1969

A suivre

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Page 238: Bonzon P-J 27 Les Six Compagnons Dans La Citadelle 1975

SERIE : SCOLAIRE (11)

ORDRE DE PARUTION

1960 LA ROULOTTE DU BONHEUR DELAGRAVE Daniel DUPUY1962 LE CHALET DU BONHEUR DELAGRAVE Daniel DUPUY1964 LA MAISON AUX MILLE BONHEURS DELAGRAVE Daniel DUPUY1967 POMPON LE PETIT ANE DES TROPIQUES (avec M. Pédoja) DELAGRAVE Romain SIMON1967 LE RELAIS DES CIGALES DELAGRAVE Daniel DUPUY1968 LE CHATEAU DE POMPON DELAGRAVE Romain SIMON1969 POMPON A LA VILLE DELAGRAVE Romain SIMON1970 LE JARDIN DE PARADIS DELAGRAVE Romain SIMON1971 YANI DELAGRAVE Romain SIMON1975 LE CIRQUE ZIGOTO DELAGRAVE Romain SIMON1978 AHMED ET MAGALI DELAGRAVE Monique GORDE

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SERIE : SCOLAIRE (11)PAR CLASSE

Le château de Pompon (CP) 1968Pompon à la ville (CP) 1969Le jardin de Paradis (CP, CE1) 1970

La maison aux mille bonheurs (CE1, CE2) 1964Le cirque Zigoto (CE1, CE2) 1975Le chalet du bonheur (CE1, CE2, CM1) 1962

Yani (CM1, CM2) 1971Ahmed et Magali (CM1, CM2) 1978Le relais des cigales (CM1, CM2) 1967La roulotte du bonheur (CM2) 1960

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SAUF ERREUR OU OMISSION

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