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Imprimé comme manuscrit. ' 21. Paris, Avril 19t7 Bulletin Yougoslave / ;-" /^ubliébpar le Comité Yougoslave de Londres (54, Chepstow Villas, Bavswater, W. ) J l / / tf ' ~1 " / \ ' ' .•'-/ Président : Dr ANTE TRUMBIC t - W-, ' .C-/- . X. . Le Bulletin Yougoslave, parait, selon la néressité, à de courts intervalles, en. deu-v éditions : anijlaisè â Londre* et française à Paris. Le siège de l'administrâtio i à Paris est 17, rue Cadet. Le Bulletin est destiné à donner des renseignements d la presse, aux hommes politiques et d "tous' les amis : i de la cause Yougoslaoe. Il est distribué gratuitement. On n'a, pour T>;.jvceaoir .«.* / réqulièrement, qu'à s'adresser à l'Administration. ** LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVES Les Yougoslaves les Serbes, les Croates et les Slovènes unis par le sans;, la langue, les traditions, les conditions économiques et politiques et les aspirations nationales, ne forment qu'une seule et même nation. Les Yougoslavesvivent en un groupe .conipae' de cinq millions d'iiommesflans les Royaumes libres de Serbie et de Crna Gora (Monténégro;, et en Autriche-Hongrieils sont liuit millions. En Autriche-Hongrie,ils sont soumis à deux dominations, l'allemande et la magyare, et divisés en dix provinces. Ils y sont opprimés et persécutés au point :le vue national, civil, économique rt leur civilisation propre y est menacée. 2.100.000 Yougoçlavs vivent sous la domination allemande, à savoir: en Styrie niéi'idii.nale -'ilO.CÛO, en Carinlliie méridionale Î20.000- en Cai-niole .Wii.f.OH, en (ïi iiea-Grariiska 1:5.000. en Istrie 225.000. en Dalinatie 610 nno. Les Magyarsimposent leur autorité à .",.'20(1.010 Yougoslaves,â savoir: en Croatie-Slavonio 2.300.COO. au sud et sud-oneslde la'Hongrie fMcd.jumnr.ie. le long de la frontière de la Styrie et de la Hongrie, en Baranja, en Backa et dans le Banal) '.IOO.OI 0. En Bosnie-Herzégovine, sous la domination con.mune austro-magyare, on compte I.OÛO.OUO Yougoslaves. Enfin, un million de Yougoslavesvivent aux Kla's-Unis, cl dans l'Amérique du Sud et les colonies anglaises on en compte un demi-million. Les Yougoslavesont toujours a=piré à une vie nationale indépendante, litre de tnu'e dominationétrangère (turque, vénitienne ou ausln-inngyare..D'eux Klals yougoslaves, la Serbie et la Cru (iora, réussirent, à réaliserleur indépendance,mais les efforts de leurs compatriotesdu Nord, en vue d'une, union même, partielle et pour assurer leurexistence nationale à l'intérieur des frontières austrq- lionirroises,restèrent vains. Tous les Yougoslavesd'Autricbe-ITongrie son! convaincus que les luttes glorieuses soutenues par la Serbie, la Crna Gora el leurs puissants alliés leur apporteront la délivrance complète de tout loug étranger et l'union avec leurs frères libres. Ils réclament l'application intégrale a leur profil du principe des nationalités afin qu'ils puissent former avec la Serbie cl la Crua Gora un Etat unique et indépendant, comprenant lous les territoires qu'ils baliitent depuis des temps immémoriaux. Le programme de la délivrance et de l'union de tous les Yougoslaves a éle solennelle nient approuvé par la Skupstina, dans ses ordres du jour d<' novembre 1914 el d'août l'.llà el le Gouvernement actuel serbe y a proclame son adhésion à maintes reprises. Ce programme est conforme aux déclarations des eprésenlants des grandes puissances alliées, qui ont torjours afiirnié qu'un dos buts principaux poursuivis dans la guerre aeluelle était ^affranchissement ries petits | eu pies et la lilic pour eux de s'unira leur gré. Le programme national des Yougoslaves encore FOU mis à la domination étrangère a été développédans le mémoire pré- senté par le Comité Yougoslave aux représentants de la Triple-Entente; il a été publié dans la Bibliothèque Yougoslave, éditée, par les s >ins du Comité. La Révolution Russe et la Libération des Yougoslaves Aussitôt que nous aurons fini de ooi.nrre la barbarie qui nous, menace non seulement de l'Est, mais aussi de l'Ouest (par la derise: Mncht geht vor Redit, Macht schaiït Redit (I), alors cnm- menrera l'ère slare, pressentie et prédite par les nobles esprits de notre nation et qui amènera l'hu- manité, dans la justice et dans la paix, à son but élevé. Prague, le 30 Décembre 1871. '' Lettre de François Pal.acki/ à M. P. Pogodin. L'es événements historiques qui se sont dérou- lés du 8 nu 15 Mars dernier à Pétrograd et qui ont abouti au renversement du régime tsarisle non seulement ont assuré à la grande nation russe la plénitude de ses droits individuels et civiques, mais ont marqué, d'un Irait encore plus saillant, la marge qui sépare les deux partis aux pri-es : d'un côté les empires de la tyrannie, de l'autre les puissances de la liberté. E]n fait, la révolution russe, avec l'esprit de large et généreux idéalisme dont elle est animée, a raffermi le caractère émi- nemment libérateur de la grande guerre carac- tère qui ô certains moments risquait d'être offus- qué par un égoïsme étroit que quelques-uns se sont empressés d'élever à la dignité de l'idéal national sacré. Après l'avènement de la démocra- tie politique el sociale russe, les rêves de conquête et de domination ne sont plus possibles. Désor- mais, sont, justifiés les plus beaux espoirs que les démocraties du monde eniier mettent dans les résultats de la grande lutte. C'est la libération de lous les peup'es, petits ou grands, de la domina- tion étrangère et du régime qui leur est contraire, et leur libre union dans la société des nations, qui sera appelée à mainienir la paix dans le monde et à assumer la justice parmi les peuples. Les Yougoslaves ne peuvent que se réjouir des changement* qui se sont opérés en Russie à la suite de la Révolution. Luttant eux-mêmes contre le pouvoir absolu d'une dynastie étrangère qui tire ses lit'es de domination du principe moyen- âgeux de droit divin, les Yougoslaves sont heu- reux de, voir leurs frères Russes secouer le joug tsarien el réalist-rainsi leur liberté intérieure. Dans celte guene, est échue à la Russie et à ses alliés la noble tâche d- délivrer les petites nations opprimées du joug germano magyaro turc. Or ce n'est pas une armée d'esclaves qui peut accomplir une telle tache. Seul un peuple libre est capable, dans un élan du généreux idéa- lisme, d'assurer, au prix de son sang, le grand bonheur de la liberté à d'autres êtres humains qui en sont privés, Par l'émancipation démocra tique du peuple russe cette condition préalable, inhérente à toute guene de libération, est remplie, et les forces de I Entente au front oriental se trouvent, de ce coup, transformées en armées de libres citoyens comme leurs frètes d armes sur le front occidental. (1) LB force prime le droit, la force engendre le dreit Nous, n'éprouvons pas moins de joie en lant que j Slaves, car les changements intervenus dans la constitution intérieure de la Russie, loin d alîai- | blir la puissance de la pensée el des forces slaves dans le monde, la consolideront el accroîtront son ascendant moral. Jusqu'à présent l'idée slave était généralement confondue avec, le tsarisme, l'ortho- doxie et le panslavisme ou panrussisuie. Celle confusion, en facilitant l'oeuvre de diffamation que les Allemands poursuivaient contre le sla- visuie, a beaucoup nui au mouvement slave dans l'opinion publique du monde et a été une des prin- cipales causes pour lesquelles les démocraties de l'Europe Occidentale sont restée-- jusqu'à ces der- niers temps insensibles aux souffrancesdes Slaves d'Autriche-Hongrie. Or, ce n'est qu'une erreur d'appréciation fondée sur de fausses apparences. En réalité ni le tsarisme, ni le panslavisme ou panrussisme n'ont rien de commun avec la vraie idée slave idée foncièrem-nt pacifiste el huma- nitaire, empreinte de mysticisme el respectueuse de toute liberté individuelle ol collective. En ce qui concerne le tsarisme, tout le monde sait aujourd'hui que ses servants et ses favoris se recrutaientparmi les admirateurs de l'autocratie prussienne. D'ailleurs la cour et l'entourage des tsars de Russie ont été de tout temps composés do germanophile- avérés. Le grand historien et homme politique tchèque, François Palacky, un des plus forts el d-'S plus clairs esprits d<i monde slave, écrivait déjà en 1872 : « On ne peut pas dis- simuler que le trône du tsar batiu'ika (le petitpère) est entouré des anciennes liaditions el sympa- thies allemandes qui (surtout grâce aux femmes) y ont la préférence. On peut rencontrer çà et des manifestationsde caractère slave qui toutefois ne contredisent pas la règle ». Ces lignes ont la fraîcheur de l'actualité. On voit que depuis Alexandre II les cho-es n'ont pas changé, sou-le règne d'Alexandre 111 pas plus que sous celui de Nicoias 11. Encore avec moins de raison peut on mettre au compte de l'idée slave les extravagances du pan- slavisme ou du panrussisme Ces deux succédanés du tsarisme qui, sous deux termes différents, expriment le plus souvent la même idée, lors- qu'ils ne prêchaient pas le retour à-la barbarie asiatique, s'efforçaientd'appliquer à la race grand russienne cerlaines théories allemandes sur la supériorité des races. Cependantles idées profes- sées par les panslavistes russes n'avaient trouvé qu'un médiocre écho au.sein de la société russe dont les sympathies étaient acquises aux idées libérales de l'Europe occidentale. Uuant aux autres nations slaves, leurs représentants les plus autorisés ont résolument rejeté toute idée d'une fusion panslavistedans laquele leur nation aurait disparu dans la mer moscovite- Le même refus fut opposé à l'idée d'une église orthodoxe pansla- viste. Ce refus est venu non seulement de la part dos Slaves Catholiques, mais aussi et encore plus catégorique—de la pari des Slavesorthodoxes Serbes et Bulgares qui no sont aucunement disposés à renoncer à leurs églises nationales. Dans ces derniers temps le panslavisme et le panrussisme avaient évolué en xénophobie natio- naliste et orthodoxe, plus connue, surtout, en Russie, sous la dénomination de « nationalisme zoologique ». Les excès de ce nationalisme intolé- rant ont trouvé leur expression dans la politique «le persécution que le régime tsariste pratiquait en Pologne, en Petite Russie el en Russie Blanche. Ainsi au lieu d'établir l'union, voire même 1 > fusion des nationsslaves, les nationalistes russes déguisés en panslavistes y ont apporté le trouble et la dis- corde. Leurs agissementsont rendu l'idée pan-lave tellement impopulaire chez les Slaves que même les actions les mieux inspirées en vue de rappro- cher les peuples slaves les uns des autres et de raffermir leur solidarité, comme les congrès néo slaves organisés avant la guerre par le docteur Kramàf, par le professeur Pogodin et d'autres, ont rencontré une oppositionirréductible chezlesélé- ments avances slavesqui croyaient y découvrir une tentative pour ressusciter,sous une forme plus mo- dérée et pi us habile, le vieux mou veinent panslaviste. La Révolution russe, en terrassant le tsarisme,. aura fait justice aussi des vices qu'il a engendrés, et parmi le-quels le travestissement de la pensée slave et de l'esprit de la religion orthodoxe n'est pas le moindre. La Russie renaissante à la liberté et au progrès démocratique el accordant les pr n- cipes de son gouvernement avec les hauts idéals de I humanité, se retrouve elle-même dans le sens que le grand écrivain russe, F. M. Do-toï-vsky, indiquait quand il écrivait : « Devenir vrai russe ne signifie peut-être que devenir le frère de tous, les hommes, l'homme universel, si.je puis m'ex- primer ainsi. » Par cela la Russie retourne à son, peuple qui n'a jamais cessé d'être démocratique et. humanitaiie et qui, loin de partager les idées d -nt s'est inspiré le régime Isa riste.-leur est loti joui s resté

Boulletin Yougoslave - 21 (1917)

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Boulletin Yougoslave 21 (1917)

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  • Imprim comme manuscrit. ' N 21.

    Paris, Avril 19t7Bulletin Yougoslave/ ;-" /^ublibpar le Comit Yougoslave de Londres (54, Chepstow Villas, Bavswater, W. ) Jl

    / / tf ' ~1 " /\ ' ' .'-/ Prsident : Dr ANTE TRUMBIC t-

    W-, ' .C-/-.

    X..Le Bulletin Yougoslave,parait, selon la nressit, de courts intervalles,

    en. deu-v ditions : anijlais Londre* et franaise Paris. Le sige del'administrtioi Paris est 17, rue Cadet. Le Bulletin est destin donnerdes renseignements d la presse, aux hommes politiques et d "tous' les amis : ide la cause Yougoslaoe. Il est distribu gratuitement.On n'a, pour T>;.jvceaoir ..* /rqulirement, qu' s'adresser l'Administration. **

    LES PAYS YOUGOSLAVES ET LE PROGRAMME NATIONAL DES YOUGOSLAVESLes Yougoslaves

    les Serbes, les Croateset les Slovnes

    unis par le sans;, la langue, les traditions, les conditions conomiqueset politiques et les aspirations nationales, ne forment qu'uneseule et mme nation.

    Les Yougoslavesvivent en un groupe.conipae' de cinq millions d'iiommesflans les Royaumes libres de Serbie et de Crna Gora (Montngro;, et en Autriche-Hongrieo ils sont liuit millions.En Autriche-Hongrie,ils sont soumis deux dominations, l'allemande et la magyare, et diviss en dix provinces. Ils y sont opprims et perscuts au point :le vue national, civil, conomiquert leurcivilisationpropre y est menace.

    2.100.000 Yougolavs vivent sous la domination allemande, savoir: en Styrie nii'idii.nale -'ilO.CO,en Carinlliie mridionale 20.000- en Cai-niole .Wii.f.OH,en (i iiea-Grariiska 1:5.000.en Istrie225.000. en Dalinatie610 nno.

    Les Magyarsimposent leur autorit .",.'20(1.010Yougoslaves, savoir: en Croatie-Slavonio2.300.COO.au sud et sud-oneslde la'Hongrie fMcd.jumnr.ie.le long de la frontire de la Styrie et de laHongrie, en Baranja, en Backa et dans le Banal) '.IOO.OI0.En Bosnie-Herzgovine,sous la domination con.mune austro-magyare, on compte I.OO.OUOYougoslaves.Enfin, un million de Yougoslavesvivent aux Kla's-Unis, cl dans l'Amrique du Sud et les colonies anglaises on en compte un demi-million.Les Yougoslavesont toujours a=pir une vie nationale indpendante, litre de tnu'edominationtrangre (turque, vnitienne ou ausln-inngyare..D'eux Klals yougoslaves,la Serbie et la Cru(iora, russirent, raliserleur indpendance,mais les efforts de leurs compatriotesdu Nord,en vued'une,unionmme, partielle et pour assurer leurexistence nationale l'intrieur des frontires austrq-lionirroises,restrent vains.Tous les Yougoslavesd'Autricbe-ITongrieson! convaincusque les luttes glorieusessoutenues par la Serbie, la Crna Gora el leurs puissants allis leur apporteront la dlivrance complte de toutloug tranger et l'union avec leurs frres libres. Ils rclament l'application intgrale a leur profil du principe des nationalits afin qu'ils puissent former avec la Serbie cl la Crua Gora unEtat unique et indpendant, comprenant lous les territoires qu'ils baliitent depuis des temps immmoriaux.Le programmede la dlivrance et de l'union de tous les Yougoslavesa le solennelle nient approuvpar la Skupstina, dans ses ordres du jour d

  • BULLETIN YOrr.OSLAYK

    tranger. Personnen'a mieux saisi cette vritquele prsidentWilsonquand il a prononc, dans sonmessage du 3 Avril, ces paroles mmorables ausujet de la rvolution russe : Noire espoir depaix future

    a-t il dit

    a t renforc par lesvnements merveilleux qui viennentd'avoir lieudans cette Russie qui, pour tous ceux qui la con-naissent le mieux, a toujours t profondmentdieratique.JL'autocratiequi couronnaitle soin-rrrej de son difice politique, si longtemps qu'ellese soit maintenue et si terrible qu'ait t sa puis-sance relle, ne reprsentait pas au fond la Russiedans son caractre national.

    Lit Russie rgnre,s'inspirant dans les actesde son gouvernement des hauts principes del'humanit, a t du mme coup, acquise l'idede la solidarit slave. En fait, un des premiersactes du gouvernementprovisoire a t la procla-mation de l'indpendancede la Pologne, rintgredans son unit territoriale. Par cet acte gnreuxqui effacel'odieusesouilluredont, pendantprs d'unsicleetdemi, l'histoirede l'Europea ten tache, leplus noble rejeton de la raceslaverentredans la com-munaut des nations libresdont l'avait ray la soifde domination des trois dynasties autocratiquesallemandes:Ilohenzollern,HabsbourgetHolstein-Golhorp(naturaliseRomanov).La libration dela Pologne, spontanmentconsentiepar le peuplerusse, devenu matre de ses destines, met la paixet l'ordre dans la maison slaveen cartant le prin-cipal motif de discorde.En effet, tous ceux qui onteu l'occasion de s'occuperdes choses slaves, saventtrs bien qu'aucuneaction commune en vue d'unrapprochementintellectuel ou politique des peuplesslaves n'tait possible tant que la nation polonaisetait contrainte de subir la domination russe.Toutes les tentatives faites dans ce but

    et ellessont nombreuses : les congrs scientifiques, lescongrs politiques (noslaves), l'organisation descrivains et des journalistes, l'union des socitsde gymnastiqueSokols etc.

    se sont heurtes la rsistance polonaise et ont dit choueren tantqu'organisationscommunesde lous les Slaves. Act du conflit russo-polonais le diffrend serbo-bulgare tait un pisode ngligeable, d unesoudaine et passagre crise de mgalomanie quis'est empared'un petit peuple peine effleur parla civilisation et inaccoutum jouir, avec mesure,du grand bonheur de la libert qui lui est chunon par ses mrites, mais grce l'heureuxconcours des vnements et la gnrositd'autrui.

    La proclamation du gouvernement provisoirerusse concernant l'indpendance et l'unificationdes trois trononscoupsde la Pologne met fin une situationembarrassantepour tout le Slavismeet nuisible aux intrts bien compris de la Russieelle-mme. Par ce geste gnreux et digne de laplus haute admiration, la nation russe tout entireacquiert une' position morale sans gale dans lemonde et par cela mme assume le rle de prolec-teur et de guide du Slavisme

    rle qui luirevient de droit par la noblesse de son me, par hpuissance et l'originalit de sa civilisation et parson nombre. Mais l n'est pas toute la porte del'actede l'indpendancepolonaise. La proclamationdu gouvernement russe a une porte encore plusgrande et une signification bien plus leve. Enfait, elle constilueMa/7naCarta libertatis,la grandecharte de libert de tous les peuplesslaves. Oui, parl'acte sublimedu 29 Mars qui a proclam l'indpen-dance et l'unification de !a Pologne, ont t procla-mes aussi notrelibert et notre unification. Qu'onne se mprenne pas en Europe Occidentale sur lesens el sur la porte d'un pareil acte. Dsormaisilfaut considrercomme entendu que la dmocratierusse qui renonce aux territoires polonais enrestaurant la libert et l'upit de la Pologne (enmme temps qu'elle rtablit les anciens droits dela Finlandel, ne permettra jamais qu'un membrede la famille slave, en partie ou dansson ensemble,soit soumis, contre sa volont, la dominationtrangre. La Russie a acquis par le noble dsin-tressement dont elle a fait preuve, le droit deparler au nom des peuples slaves et de faire res-pecter leurs liberts,droit que dsormais personnene lui pourra raisonnablementcontester. Pour lacause yougoslave ce changementest d'une impor-tance capitale, parce que, de ce fait, la nationyougoslave est non seulementassured'tre libredu joug de ses matres actuels, mais aussi elle estprserve de toute tentative d'une diplomatiesuranne, irrespectueusede la volont populaire,de renouveler,au compte de la nation yougoslave,les graves fautes du Congrs de Vienne, dans lecas, d'ailleurs peu probable, que de telles vellitsse fassent jour.

    Aprs avoir pris ses rsolutionset fix ses butsde guerre, la dmocratie russe doit songer

    assurer leur ralisation. Cela ne peut se l'airequecontre les autocraties qui dominent les Empiresde l'Europe Centrale. C'est l que le pouvoir mo-narchique a sa source, non dans le libre con-sentementdes peuples, mais dans le droit divinappuy sur la force matrielle. Ce pouvoir, lesIlohenzollern et leurs compagnons le voudrontconservercoteque coteet opposeront une rsis-tance dsespre tout essai de soustraire leur-domination les peuples asservis. Il faut doncbriser les rsistances impriales et royales. Or.cela est impossible tant que les armes formi-dables et fidles dfendent le trnedes Hohenzol-lern, des Habsbourg, des Colapurg et des sultansturcs. Pour obtenir les gages'que le grand prin-cipe de libert des nations et du gouvernementdmocratiquesera appliqu sur les territoires desEmpires centraux, il faut d'abord battre lesarmes de l'autocratie. 11 faut remporter tavictoire intgrale. Les partis dmocratiques dela nouvelle Russie, quelles que soient leurs aspi-rations politiques et sociales, ne peuvent pastarder comprendre cette vrit si simpleet si inluctable. C'est pour cela que noussommes fermement convaincus que la dmocra-tie russe accomplira son devoir jusqu'au bout.Aussi, les voix qui se font entendre dans lesrunions et dans la presse des socialistes et. desrvolutionnairesde Ptrograd, ne prchent-ellespas une entente avec les autocraties des empiresdu centre, mais bien une lutte outrance. Lesillusionsque quelques-unsd'entre eux se font surles moyens employer pour y parvenirne chan-gent rien au fond de la situation qui exige la lutteimpitoyable contre les autocraties imprialistes.Les intrigues que les gouvernements impriauxde l'Allemagne el de l'Autriche-Hongrie entre-prennent avec la complicit de quelques meneurssocialistes leur service pour faire dvier ladmocratie russe du droit chemin, ne peuventqu'chouermisrablement.Les clochesqui sonnentdans la Pravda, dans la Rabucaja Gazeia, dans leDel Nai'oda, et dans les autres journaux russesplus ou moins extrmes,plus ou moins pacifistes,ne sontpas des signaux d'alarmeen vue de secourirles trnes chancelants de Guillaume II et de sescomplices, mais bien les tocsins des autocratiesmourantes.Il est temps de s'crier : petites nationsopprimes, victimes des ambitionsautocratiqueseldes nationalismes imprialistes: debout ! l'heureest venue de votre rsurrection. F. C.

    Les buts de guerre de la RussieDclaration de M. l'.-N. Milioukov,

    Ministre des Affaires /trangresdu gouvernementjirovisoire.

    Le 2 i-mars, M. Milioukov a pri le reprsentantde l'agence tlgraphiqueRadio, Ptrograd, detransmettre l'opinion franaise les dclarationssuivantes :

    La. rvolution russe a t faite pour dbarrasser la Russie des entraves qui /'immobilisaient etla. retenaient sur le. chemin de la victoire. Elle a.russi a la librer et redoublera ses efforts pouratteindre plus srement cette victoire qui est la.condition mme. de. son existence.

    Une victoire allemande quivaudrait la vic-toire de la raction et entranerait pour rions la.perte de tous les espoirs que nous avons placsdans la fin. victorieuse de la guerre.

    Le changement de gouvernement n 'a pasmodifi nos aspirations.

    (( Nous dsirons plus que jamais la possessionde Constanlinople qui est indispensable notrelibert conomique.

    Nous voulons la libration des nationalitsopprimes. d'Autriche-Hongrie.Notre programmeest toujoursguid par le souci de raliser les lgi-times aspirations de tous les peuples.

    u Aussi, les nationalits crase:-, par l'Alle-magne au cours de la guerre, les malheureusesBelgique, Serbie, Roumanie, renatront plusgrandes encore que par le pass.

    Nous entendonsconstituerune You-goslavie solidement organise. Nouslverons,autour de la glorieuse Serbie,une barrire infranchissable contre lesambitions allemandes dans les Balkans.La Russie libre ne peut avoir d'autreambition et d'autre idal que la libra-tion des peuples victimes de l'impria-lisme allemand.

    Ces buts de guerre, certes, ncessitent unevictoire complte car ils ne sauraient se ralisersans elle. Nous l'atteindrons yrare A la volontinbranlable qui anime le peuple russe.

    i Dites bien la France que la dmocratierusse prouve pour sa strur, la dmoeratte fran-aise, une ardente et ternelle sympathie. LaRussie et la Fiance n'uni plus dsormais que desides communes.Plus quejamais l'alliancefranco-russe est devenueune alliancede sentiments .

    Les remerciementsdu Comit yougoslave

    A la suite de ces dclarations, le Comit yougo-slave a envoy M. Milioukov le tlgrammesuivant :

    et A Monsieur P. N. Milioukov,ministre des Affaires trangres

    Ptrograd.G est avec une grande joie que nous avons lu

    les dclarations que transmet l'Agence Radio l'opinion franaise et par lesquelles vous avezdfini les buts de guerre de la Russie nouvelle.

    Le monde civilis tout entier doit admirer lapolitique russe qui, sous votre direction claire,est guide par le souci de raliser les lgitimesaspirationsde tousles peupies avec la ferme volontd'obtenir tout particulirement la libration desnationalitsopprimesd'Autriche Hongrie.

    La Russie libre ne peut avoir d'autre ambi-tion el d'autre idal que la librationdes peuplesvictimes de l'imprialisme allemand, suivant vospropres termes qui indiquentdes gnreusesdcisions auxquelles 1monde tout entier ne [tout querendre hommage.

    Notre peuple sci-bn croate-slovne n'oubliera-jamais avec quelle amiti fraternelle vous avezbien voulu considrer son prochain avenir.

    Outre que vous a^ez affirm que la Serbie

    comme la Belgiqueet la Roumanie,ses malheu-reuses compagnes

    renatra plus grande que parle pass, vous ave/, bien voulu l'gard de notrepeuple (oui entier, ajouter les dclarations sui-vantes : Nous entendonsconstituer une Yougo-slaviesolidement organise.Nous lverons autourde la glorieuseSerbie une barrire infranchissablecontre les ambitionsallemandesdansles Balkans.

    Ravi de ces dclarations, qui envisagent l'uni-fication en un tat indpendant du peuple yougoslave tout entier, le Comit yougoslave a l'hon-neur de vous exprimer les sentiments les plussincres de joie et de reconnaissance que vosparoles ont suscitschez lui, et il se fait eh mmetemps l'interprte des sentiments et des voeux dehuit millions de serbo-croates-slovnes, dont il estle reprsentant, qui se trouvent malheureusementencore soumis l'Autriche Hongrie ou qui enattendant la libration du sol natal, vivent dansles colonies yougoslavesdes deux Amriques et del'Autralasie.

    Avec une satisfaction particulire,nous retrou-vons dans le programmedu gouvernementrusse,que vous venez d'exposerdans ses grandes lignes,la mmeconception du prochain arrangementpoli-tique de notre peuple loul entier,qui est dveloppdans le programme que le Comit yougoslave alanc au dbut de sa constitution, savoir quetous les pays serbo-croates-slovnesde l'Autriche-llongrie doivent tre affranchis de cette mauditemonarchieet unifis avec la Serbie et le Mont-ngro, formantdj une unit ethniqueet terriloriale, en un tat yougoslaveunique.

    Poui cette ide la Serbie n'a recul devantaucun sacrifice et des dizaines de milliersde volonta ires yougoslaves d'Autriche-Hongrieont luttenSerbie, sur la presqu'le de Gallipoli, sur les frontsde Salonique,de France et de Dobroudja et luttentencore en diffrents endroits.

    Ce n'est que par une telle solution qu'on peutrendre notre peuple martyr sa paix el sa vie,aprs tantde guerres sculairespourson existence.C'est la seule faon de lui donner une digne rpa-ration pour les sacrifices qu'il a gnreusementofferts la cause commune des Allis et pour lesmrites acquis pour la civilisation et la libertdans cette guerre et dans le pass, ayant pendantcinq sicles, sans interruption,vers son sang endfendant l'Europe contre la rue turque.

    Le gouvernement de la nouvelle Russie, audbut de son arrive au pouvoir, par votre franchedclaration,a donn encore une preuve de sincressentiments slaves et de son dvouement illimit l'ide dmocratique.

    Notre peuple, profondment dmocratique,estrespectueux de ce qui est aux autres et ne veutrevendiquerque ce qui est lui.

    Nourris de cet esprit, nous el notre peupleaim, avons toujours, mme dans les plus angois

    ,

    sants priptiesde cette effroyable conflagration,soutenu notre inbranlable foi en notre rsurrec-tion.

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    Fiers de notre commune origine avec le peuplerusse, nous saluons avec enthousiasme sa renais-sance.

    Il a compltl'alliance d'armes avec les peupleslibres par la solidarit spirituelle; il a reli sapropre libert la libration de ses frres slaves del'odieuxjoug trangeret il a pris sa place dans lespremiersrangs des grandes dmocraties,en cham-pion de la libert, de la civilisationet de l'huma-nit.

    Le peuple qui, par un coup de gant, a reven-diqu sa libert ne permettra pas

    nous ensommes srs

    qu'aucun membre de la grandefamille slave reste, aprs une guerre pareille,dansl'esclavagetranger.

    L'heure est proche o vont se raliser lesparoles prophtiques prononces par le dputBaric, il y a une trentaine d'annes, la DileCroate de Zagreb, que la libert surgira notrehorizon lorsque le sabot du cheval cosaque aurafoul le pav de la Vienneimpriale .

    Ces mots de ce grand patriote slave ont branlalors la conscience impure des gouvernementsaustro-hongrois et maintenant le cosaque dmo-crate, avec ses vaillants allis, va renverser ladomination brutale de Berlin, Vienne, Budapestet de leurs satellites.

    l'aube do la nouvelle glorieusehistoire de laGrande Russie, nous autres, Yougoslaves, sangde votre sang, me de votre me, nous formonsles voeux les plus ardents pour votre patrie, pourvous et vos minents collgues qui est confie laconduite de ses destines dans cette heure fati-dique.

    Nous vous prions d'tre l'interprtede ces voeuxauprs du Gouvernement provisoireet auprs dupeuple russe tout entier.

    Pour le Comit Yougoslave,Le Prsident : Dr. A. TRUMBIC

    D'autre part, les membresdu ComilYougoslave Londres ont envoy M. Milioukov le tl-gramme suivant :

    Noussommesprofondmentmus de l'attentioncordialede la Russie qui, ds lesdbutsdu nouveaurgime, au milieu des difficults d'o est sortie labrillante renaissance du peuple russe et celle detout le Slavisme, par Vous, illustre reprsentantde la grande nation dmocratique russe, couvreimmdiatement sa traditionnelle et fraternellesolidarit avec la Serbie, fidle et dvou lutteuraux cts du frre russe invincibleet aux cts deses puissants allis, et qui en mme temps accentuel'union en un tat des Slaves du Sud autour de laglorieuse Serbie, comme l'un des idals de lalibration des peuples victimes de l'imprialismeallemandel de ses complices.

    C'est la ferme aspiration commune lous lesSerbes, Croules et Slovnes que, par l'union delous les pays yougoslaves avec le royaume deSerbie reconstitu, soit cre une Yougoslavie,qui avec ses allis, dans l'esprit d'une politiquedmocratique et slave, toujours pratique par laSerbie el par noire peuple tout entier, sera unferme point d'appui pour la politique dmocratiqueslave dans les Balkans, et une puissante bariiresur le Danube et dans l'Adriatique contre lesaspirations allemandes vers Constanlinople etl'Orient. Nous vous prions, Monsieur le Minisire,de bien vouloir agrer pour toute la nation russeet pour Votre personnenos remerciementsles plusprofondset nos voeux les plus ardents que le soleilde la Libert de la Neva claire les grands et lespetits peuples pour la gloirede la Grande Russie elpour la terreur des ennemis.

    La rponse de M. Milioukov

    Au tlgramme ci-dessus, les signataires ontreu de Ptrograd le 12 avril 1917, cette rponse :

    Mercipour vos aimables ooenu:. Vous savez mesSijmpathi.es pour vos aspirations. J'espre que larvolution russe sera le promoteur de toute jv.siccause des petites nations.

    Sign : P. N. MILIOUKOV.

    La jeunesse universitaire yougoslaveet la nouvelle Russie

    La jeunesse universitaire yougoslave de Ge-nve a tenu une assemble extraordinaire lasuite de laquelle elle a envoy au Prsident de laDouma, M. Rodzianko, le tlgramme suivant :

    La jeunesse universitaire yougoslave Ge-nve salue avec enthousiasme la grande rvolu-tion russe. Dans l'aube de libert qui sourit la

    nation russe, le peuple yougoslave subjugu voitl'indice de nouvelles luttes glorieuses, qui appor-teront aussi au peuple yougoslave la libert dansson tat dmocratique et indpendant, embrassantlous les pays serbes, croates et slovnes, el runi-ront tous les peuples slaves affranchis dans lafraternitel dans la libert.

    Pour l'assemble : Stojanovi de Belgrade,Bozovi de Cetinje, Janosevic de Zagreb, Fa-biani de Ljubljana.

    D'autre part, il a t envoy au ministre desAffaires trangres, M. Milioukov,un tlgrammeo il est dit :

    Votre dclaration proclamant la ncessitdecrer une Yougoslavieunie comme une forte bar-rire contre le germanisme dans les Balkans, arempli de joie et de profonde reconnaissance tousles coeurs serbes, croates et slovnes, qui voientdans la nouvelle Russie le championde libert detous les peuples opprims et de fraternit desslaves affranchis du joug tranger.

    A la suite de ce tlgramme, les signataires ontreu en rponse la lettre suivante :

    Messieurs, Je viens de recevoir un tlgramme de

    M. Milioukov. ministre des Affaires trangres Ptrograd, en date du 30 Mars courant, nie char-geant de Vous transmettre sa reconnaissance laplus vive pour les sentimentsexprims dans Votretlgramme du 28 Mars, sign par MM. Stoja-novic, Janosevic, Fabiaoci et Bozovi. lin mefaisant un plaisir de Vous informer de ce qui pr-cde, je Vous prie, Messieurs,d'agrerl'assurancede ma considration distingue.

    Le consul de Russie Genve : Gornoslajev,m. p.

    LES MAGYARSACCUSENT LES DPUTS CROATESLe 21 mars, le Parlement hongrois a t le

    thtre d'un orage violent. La vhmence et labrutalit des parolesqui ontt changesau coursde cette sance mmorable dpassent les expres-sions sauvages entendues jusqu'ici la chambredes lgislateurs magyars. LedpulSzmrecsanyi,membre du parli populairecatholique, faisantpartie de l'opposition hongroise, a dnonc dansun discours violent, les menes panserbes desdputs de la majorit parlementaire croate, il adclar avoir des preuves irrfutables, des listesdu premier ministre serbe M. Pasi, suivantlesquelles les dputscroates,MM. baron Rajaci,Lorkovi,Budisas'ljevi,Surmin,VilderelSvetislavPopovic, auraientl des confidentsde M. Pasi.Et il a demand une punition exemplaire de ceshommes politiques, que ie dput Szmrecsanyidsigne comme amis politiques du comteTisza (!) Pendant la guerre, ajoule-t-il, lespauvres paysansserbes de Bosnie, d'Herzgovineet de Croatie ont expi, tandis que les vritablescriminels et instigateurs sont pargns el jouentmme un rle important dans la vie politique dupays . Il pose donc l'interpellation suivante auPrsidentdu Conseil : tant donnque plusieurshommes politiques minents de la Croatie el de laSlavonie, qui sont en mme temps membres duParlement hongrois, sont suspects de haute trahi-son, ce que le Prsident du Conseil, lui aussi,n'ignore pas : je demande s'il est dispos faireconnatre au Parlement pourquoiil n'a pas intentune action contre ces individusdans le but d'assu-rer la scurit de l'tal .

    Le comte Tisza, dans sa rponse, a reconnuqu' a en Croatie s'exerait une propagande panserbe trs ramifie . Il partage l'opinion dudput Szmrecsanyi que les instigateurs doiventtre punis; nanmoins il est oblig de dclarerque la plupart de ses accusations ne rpondentpas la vrit.

    (t Nouspoursuivonsles coupables,a dit le comteTisza, mais nous ne pouvons pas nous fier auxintrigues et aux dnonciations pour traiter d'unemanire hostile les grandes couches populairesIl y a quelque temps, sur mes instances, le roi aordonn aux autorits militaires de me remettretoutes les donnes jetant une lumire sur l'agita-tion panserbe en Croatie. Nous agissons d'aprsdes donnesprcisescontrechaquecoupable,nousacceptons de chacun des rvlations relles, maisla suspiciongnrale n'a aucun but .

    Le dput Szmrecsanyi n'tait pas satisfait dela rponse du comte Tisza. Il a produit les docu-ments. Un de ceux-ci est ainsi conu : Le prfetde police de Belgrade informe le ministre de laGuerre serbe qu'un espion de Karlovci (Syrmie)

    a envoy le rapportsuivant: Je suis inform parle baron Rajaciqu'une artillerie norme est con-centre Sarajevo. L'infanterie et la cavalerie,transportes gnralement nuitamment, se con-centrent Mostar, Foca el Gorazda et dans lesenvirons .

    Aprsce documentle dput Szmrecsanyitalecornme dessert (cesontles termesdu comte Tisza)l'affaire du dput Surmin, professeur l'Univer-sit croate de Zagreb. Suivant les pices en sapossession, la police de Zagreb aurait remarquaprs l'attentat de Sarajevoque le professeurSur-min avait cachdes papiersdans sa cave. La policefit une perquisition et trouva la clef de certainesdpches d'Etat chiffres. Il y avait l dj troisdpchesdchiffres el deux cartes de Belgrade,sous le timbre desquelles on pouvait remarquerdes chiffres jusqu'ici non dchiffrs.

    Le comte Tisza rplique que de la liste desdputscroates trouvechez M. Pasi, on ne pou-vait que dduire que le gouvernementserbe tenaitcompte de ces dputs. Quant aux accusationsportescontre le dput Surmin, il ne connat riende cette affaire, mais il sait qu'il y a une grandemarge entre la vrit et les preuvesdo M. Szmrec-sanyi.

    Le baron Rajaci, qui tait prsent la sance,prit la parole pour rfuter les accusations dudput Szmrecsanyi. 11 dclara n'avoir t qu'uneseule fois Belgrade, pendant le rgne de ladynastie des Obrenovic, el qu'il ne connat pasM. Pasi. Par contre, il sait que le dput Szmrec-sanyi a fait en 1906, avec de nombreux publicisteset dputs magyars, une excursion en Serbie aucours de laquelle les plerins hongrois ont tenudes discours sditieux. Ainsi M. Szmrecsanyi enpersonneet ses amis dclarrent que les Magyarsconsidraient la Bosnie et l'Herzgovine commeprovinces serbes et qu'ils n'accorderaient pas augouvernement auslro-hongrois la nouvelle levedes recrues, car ils ne voulaientpas la guerre avecla Serbie.

    Ce souvenir d'un pass bien vile reni et oubliprovoqua un ouragan de jurons et d'exclamationsde la part de l'opposition et sa colre fut surtoutgrande quand le dput Rajaci raconta queM. Szmrecsanyiavait port en triomphe, sur sondos, le prsident de la Narodna Odbrana,M. Bra-nislav Nusic qui, celte occasion, aurait dit : La Hongrie s'est installe il y a plusieurs siclessur le dos de la Serbie. Pourquoi ne devrais-jepasrester une demi-heuresur les paules d'un dputmagyar aussi/esc/i(joli) que celui-ci!

    A ces paroles, le tumulte atteignit son apoge;on ne pouvaitdiscernerque ce bouquetd'pi thtes: Tratre, espion, ivrogne, porc saoul et beau-coup d'autres pi thtes magyares qui ne peuventpus tre reproduites.

    Szmrecsanyi, affol, crie que le dput Rajaicest une racaille tratresse; il demande que celleaffaire soit juge par les tribunaux militaires. Le baron Rajaci, continue-t-il, figure sur uneliste ct des hommes dont une partie a fui etdont l'autre a t pendue ou emprisonne . Ledput magyardemandedonc une justice militairepour que le verdict soit plus srement la potenceet la gele.

    Cette sance tumultueusea provoquune sensa-tion norme dans tout le pays et tous les journauxlui consacrent de longs articles.

    Le journal socialisteNepssavaen parle dans unarticle, intitul La dnonciation : Le rgisseurde h chasse l'homme de mercredi tait Szmrec-sanyi, dput du parti populaire. Il attaqua vio-lemment le comte Tisza et le ban de Croatie,Skerlecz pour n'avoir pas pendu et enferm deshommes qui, d'aprs Szmrecsanyi, se sont renduscoupables de haute trahison. M. Szmrecsanyi adnonc el voulait et veut remettre des hommesentre les mains du bourreau et du gelier. Cetavilissement do la morale parlementaire, undput dnonant les autres dputs du mmeParlement, comme l'a fait Szmrecsanyienvers sescollguescroates, est peut tre sans exemple dansle monde .

    Celle dsapprobationn'a pasempchM. Szmrec-sanyi et les autres dputs de l'opposition,notam-ment MM. Rakovszki, Iluszar et Sumegyi derevenir lit charge dans la sancedu jour suivant.Pendant que ies dputs Szmrecsanyi et Iluszarrenouvelaient les accusations contre les dputscroates, M. Rakovszkys'cria : Pour une telleaffaire, on va tout droit la potence!

    Dans la sance du 25 mars, le dput Hrelja-novic a pris la parole, au nom de la dlgationcroate; il a dclarque les dlguscroatestaientsolidaires avec leurs collgues accuss. En outre,il a exprim des doutes au sujet de l'authenticitdes documents cits par le dput Szmrecsanyi.

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    rgime de libert

    Les doutes mis sur la solidit de ses preuvesparaissentavoir incit M. Szmrecsanyi,pour don-ner plus de poids ses accusations, dclarer : Ces documents ne sont pas invents, mais ilsproviennent de source officielle. Ce ne sont pasdes intrigues ou tles dnonciations, mais des informations irrfutables de l'enqute militaire.Notre arme a trouv dans le territoire occup ungrand nombre de papiers compromettants,surtoutpour certaines personnes de Croatie. Ensuite, ils'est mis prciser le rle jou par les dputscroates accuss. Le dput Vilder

    a-t il dit

    est compromis dans l'attentat Schaeffer et Herci-gonja. D'ailleurs, le rle du dput Vilder n'est pastrs sympathique. Le dput Srdjan Budisavljevia t condamn dans le procs de haute trahisonintent la Socit do gymnastique Sokol pen-dant la guerre; il est maintenant en prison. Lesdputs Svetislav Pppovic et Loi-kovic sont aussiimputs d'tre les agents de la propagandepan-serbe. Leur conduite politique, leurs discours etleurs articles le prouvent depuis longtemps. Lesautoritsmilitairessont en tat de savoir la vrit.Je vous assure

    s'crie M. Szmrecsanyi

    quesi quelques-uns de ces messieurs accuss descen-daient dans la zone de guerre intrieure, le pre-mier poste de gendarmerie militaire aurait, non-seulement le droit, mais aussi le devoir de lespendre au premier arbre venu. (Approbation gauche.) Le dput Beck : Et on le fera! Ledpute Schay : On pend pour des souponsmoinsgraves que ceux-ci. Le dput. Hocky : Il fau-drait seulementdemander Bel/a Tallian (le bour-reau de Budapest) : il en a beaucoup pendu pourdes raisons moins graves.

    On est stupfi de voir une telle soif de pers-cution chez une opposition qui prtendcombattrela raction politique. Et quand on pense que cesmmesparlementaires,qui rclamaientla potencepour les dputs croates coupables de souhaiter lalibration de leur peuple, ont, quelques joursaprs,mis en demeure le gouvernementde ne porteraucune atteinte au nouveau rgime de libertinaugur en Russie !

    Il n'y a qu' dire : les Magyarssont les acteursparfaits en matirepolitique. Ils jouent indistincte-ment tous les rles : ceux de ractionnaires demme que ceux de libraux, ceux de bourreauxaussi bien que ceux de rvolutionnaires.Tout leurest bon pourvu que leur rticc ou le parti au-quel ils appartiennenten tirent profil.

    Ces mmes motifs

    le chauvinisme intolrantet la spculation du parti

    sont aussi la basede la campagne contre les dputs croates. Parleurs accusations sensationnelles, les dputs del'opposition magyareavaient pour but de nettoyerle pays des tratres, mais aussi de renverser lecomte Tisza et le rgime actuel en Croatie. Voicice qu'en d'il VA:. Ujsag : Nous devons remar-quer que l'interpellationsensationnellen'avait pasle but de dmasquer les tratres. Les dputs del'opposition sont alls Vienne une audience duroi el c'esl pour cola qu'il faut une musique d'ac-compagnement la maison. Cela n'est pas unecalomnie : il suffit de lire la presse de l'opposi-tion pour s'en convaincre. Les dputs de l'oppo-sition dirent l haut Sa Majest que la situationde la politique intrieure tait intenable,que l'in-dignation contre le gouvernement tait grande.Pour que cela devienne plus manifeste il faut doncfaire natre des passions et provoquerdes indigna-lions afin que les informations de l'opposition nemanquent pas d'illustrations.

    L'opposition magyare espre gagner la faveurdu nouveau souverain en surenchrissant sur lecomte Tisza son zle patriotique. D'autre part,en accusant les membres les plus en vue de lamajorit parlementairecroate, elle veut provoquerla dissolution du Saborcroate, la seule tribuneola voix des nationalits opprimes de la monar-chie puisse encore se faire entendre. En effet, lesrcents dbats sur l'adresse qui ont eu lieu au seindu parlement croate ont provoqu une vritablefureur dans les milieux patriotiques de la capitalemagyare. L'ancien ban do Croatie, baron Raucli,dont on connat les actes de terreur et de violenceau cours du fameux procs de haute trahison deZagreb en 1909, s'est empress de communiquerles nouvelles pices d'accusation contre les chefsde la coalition serbo-croate. Ces documentsseraient-ils plus authentiquesque n'a t le fameuxstatut rvolutionnaireapport par l'espion Nasticdans le procs de Zagreb et que les documents duprofesseur Friedjung Vienne? Le baron Rauchqui, cotte poque l, tait le matre do la Croatie,a pris une part prpondrantedans la fabricationdes faux documents qui ont servi l'accusationdes patriotesserbo-croates. Aussi, sous l'opprobredont se sont couverts les auteurs des accusations

    contre les membres de la coalition serbo-croate,ds que la falsification des documents a perc augrand jour, le baron Rauch a d disparatre pourfaire place un fonctionnaire qui entra en ngo-ciations avec les dputs accuss. Maintenant lebaron Rauch croit que le moment est venu d'es-sayer de prendre la revanchesur ses adversaires.Dans ce but, il s'est alli avec l'opposition ma-gyare, qui, de son ct, en dvoilant une affairede haute trahison et d'espionnage que le comteTisza aurait essay d'touffer (!), espre compro-mettre et renverser le chef actuel du gouverne-ment hongroiset s'asseoir sa place.

    Voil quels sont les motifs qui inspirent lesvaillants combattants du Parlement magyar etleur louche complice de Croatie dans cette cam-pagne patriotiquecontre les dputs croates.

    Le Club de la dlgation croate au Parlementde Budapest a dcid que ses membres accussporteront plainte pour diffamation contre ledput Szmrecsanyi. Ainsi on aura l'occasiond'examiner dans un temps trs prochain l'authen-ticit des documents cits par le dputSzmrecsanyi.

    L'ARME YOUGOSLAVEOn nous crit d'Ora/if/e:

    Ces jours-ci, se trouvait Orange le premierbataillon yougoslave, form de Serbes, Croates etSlovnes d'Autriche-Hongrie,qui se sont enrlsvolontairementpour dfendre la cause des Allis.Except le commandantM. Marco Krsti, qui estun Serbe du Royaume, 4 officiers et les 1.160hommes du bataillon, ainsi que les autres 21officiers sont de nationalit serbo-croale-slovned'Autriche-Hongrie.Il y a en Russie encore unetrentaine de bataillons de volontaires yougo-slaves.

    Le prsidentdu Comit Yougoslave, M. Trum-bi et les membres du Comit, MM. Stojan Protic,ancien ministre serbe, Potonjak et Trinajstic,ont tenu aller saluer leurs compatriotes Orange. A l'occasion de celle visite, les volon-taires yougoslaves, prcds de deux drapeauxserbo croates et acclams par un nombreuxpublic,se rendirentdevant l'Hlel de-Ville pour prsenter

    i leur hommage la ville. Du haut du balcon,M. Trumbic a remercien franais le maire et lapopulation de l'hospitalit gnreuse et des sym-pathies chaleureusesdonl les troupes yougoslavesont l l'objet. Aprs avoir tmoign toute sonadmiration pour la grande et hroque France, ilexprima dans une harangue vibrante en serbe,frntiquement applaudie par les soldats, son in-branlable foi en la victoire et la ralisation del'union yougoslave.

    Le maire d'Orange, en quelques mois mus,s'est associ chaleureusementaux voeux exprimspar M. Trumbi.

    Ce bataillon de Yougoslaves est arriv Toulon,o une cordialeet chaleureuserception lui a tfaite par le colonel Stefanovic, entour de plu-sieurs officiers de l'arme serbe.

    LA YOUGOSLAVIEBARRIRE CONTRE LA MITTEL-EUROPA

    M. E. V. Zenker, dput allemand au Parle-ment de Vienne, vienldepublier dans la VossischeZeilung du 19 mars, sous le litre Les Slaves duSud. Un problme, du. Mittel-Eurojia,un impor-tant article sur la question yougoslave. Il fautque le public franais prenne connaissance del'article de ce reprsentantde la Jeune(') Autricheafin qu'il puisse se rendre compte quel point

    d'aprs l'aveu des Austro-Allemandseux-mmes

    la juste solution de la question yougoslave,c'est--dire l'affranchissement des pays yougo-slaves du joug germano-magyarel leur union avecla Serbie

    est apte dtourner tout jamais lerve allemand d'une Miltel-Europa s'lendanld'Anvers jusqu' Bagdad. Voici l'article deM. Zenker en traduction littrale:

    Dans les notes diplomatiques et dans les dcla-rations qui ont t faites dernirement l'occa-sion de l'offre de paix des Puissances Centrales,on parle excessivementpeu de la question yougo-slave. Dans la rponse des puissances de l'Entente la note du prsident Wilson, on parle, il estvrai, de la restauration de la Serbie et du Mont-ngro, de l'vacuation de, ces pays el des rpara-tions qui leur sont dues, mais on ne dit pas unmol de l'ide qu'on se fait du nouvel tat de choses tablir dans les Balkans, qui se prsententsous

    forme d'une mosaque de peuples identique cellede la Monarchieaustro-hongroise.Dans son der-nier discours, le prsident Wilson a rserv laplace d'honneur la question polonaise, sans direun seul mot de la question yougoslave.

    Ce fait saute aux yeux, d'autant plus que laquestion yougoslave, dans son sens troit, c'est--dire comme question serbo-croate, a t le pr-texte de la guerre mondiale et qu'aujourd'hui toutle territoire serbo-croatese trouveentre les mainsdes PuissancesCentrales et de leurs allis. On nepeut pas supposer que, du ct ennemi, on aitomis ou voulu omettre cette question, de mmequ'on ne peut pas supposer que les puissancesdel'Entente ne dsirent;que le rtablissementpur etsimple de l'ancientat de choses dans les Balkans.

    Le trait de Bucarest est prcisment un deceux qui sont soumis la condamnationsvrede Wilson lorsqu'il parle des arrangementsentreles vainqueurset les vaincus, arrangements quiprofitent aux intrts particuliers et aux buts pro-visoires de certains tats, sans toutefois pouvoirservir de base une paix durable. Je ne veux pasdiscuter la question de savoir pourquoi les puis-sances de l'Entente el l'Amrique, (o l'on dessineavec une grande passion de nouvelles cartes) s'oc-cupent si peu de la question yougoslave. Je doiscependant en exprimer mon tonnement, tantdonn qu'un frisson nous saisit, nous aussi, lors-que nous touchons cette question, quoique ce soitprcismentnous, comme possesseurs actuels detout le territoire serbo-croate, qui avons sansdoute la priorit dans ces dbats.

    La rsolution de la question yougoslave est lafois trs facile el trs difficile. Par sa nature, ceproblme est pos simplement et clairement ; parson dveloppement historique au cours du sicledernier, ce problme se complique exlraordinai-rement et devient un vritable noeud gordien. Ils'agit d'unpeuple de mme langue, d'environ neuf dix millionsd'habitantsqui, en massescompacteshabitent dans la partie nord-ouest de la pninsulebalkanique, tout en s'lendanl jusqu'au littoraloccidental de la mer Adriatique d'un cote et jus-qu'aux vastes plaines hongroises de l'autre. Cepeupleest animdepuissantes aspirationspour sonunionpolitique. Ces aspirationssont nes au com-mencement du xixe sicle; en 18-48-49, elles ontdonn lieu ds luttes politiques, mais non pasdans un sens hostile l'Autriche,pourrevtir,dansle derniers-temps, un caractre de plus en plusdangereux pour l'existence mme de la Monarchieaiistro hongroise.

    Il y eut un temps oit cette opinion reprsentaitl'ide politique essentielle du royaume de Serbie.Pasi, lui-mme, a toujoursreconnu la justesse decet axiome, quoiqu'il ail t partisan de l'ide quecelle ralisation devait tre obtenue au dtrimentde la Monarchie austro-hongroise.Ainsi, malgrune agitation extraordinaire, amene par les l-ments serbes depuis le rgnedu roi Milan, il seraittrs possible d'avoir raison, en Serbie et au Mon-tngro, de la vieille inimiti contre l'Autriche,si, par la solution de la question yougoslave,dans le cadre de la Monarchie austro-hongroise,on arrivait en mme temps raliser le rve del'Union des Slaves du Sud.

    Au point de vue gographique el au point devue de la politique conomique, les pays yougos-laves appartiennent indubitablement la monar-chie austro hongroise. Toute la Serbie est unergion montagneuse qui, entoure de hauteschanes de montagnes l'est el au sud, descend,par des montagnes moins hautes, vers lu Danube;son lleuve principal, l'artre descendantedu pays,la Morava, appartient au versant du Danube.Malgr toutes les tentatives artificielles auxquellesil a t procd au cours des dernires annes, laSerbie n'a pu el ne peut nulle part satisfaireaussifacilement et aussi bien ses besoins de produitsindustriels qu'en Autriche; de mme, pour sesproduits agraires, elle ne peut nulle part trouverdes marclis aussi naturels et aussi favorablesqu'en Autriche. Si le mot systme d'tat a unsens quelconque, il l'a dans ce cas : la Serbieappartient au systme d'Fiais de la monarchieaustro-hongroise (?). Par cette, constatation, jesuis loin de vouloir plaider pour une politique deconqute. Nanmoins les choses en sont l et laSerbie, iside n'est pas et. ne. peut pas tre conomi-quement indpendante,ce qu'elleprouve par sa. luttedsesprepour obtenir sa route maritime, barrepar l'Autriche. La Serbie ne peut avoir accs litmer que par ce moyen : on bien entrer dans le cadrede la monarchie danubienne, ou bien, conqurir desparties de l'A utriche. La question revient, toujours. son point de dpart : avec l'A utriche ou contrel'Autriche: dans la monarchie ou hors d'elle. I)n'y a pas une question qui touche le nerf vital de

  • BULLETIN YOUGOSLAVIE 5

    .l'Autriche-Hongrie aussi fortement que celle-ci.Cette question yougoslave est lie trs troite-

    ment aussi avec les intrts vitaux de I empireallemand et avec la libert de la, rouie de la Mii-(cl-Europu allie vers l'Orient. En Allemagne, ona toujours t dispos nous dire, en prsencedepareilles difficults, qui, naturellement, ne sontqu'apparemment des questions essentiellementautrichiennes, c'est nous seuls qu'il appartientde les rsoudre.

    Cette mthode ne peut pas tre applique aucas particulier. Il faut dire ici : el vostra res agilur.Il ne faut pas oublier que la rgion serbo-croateva de Quamero la Porte de Fer, et de la Draveet du Danube jusqu' la Macdoine, et que cettergion est une barrirequi s'tend travers toutela Pninsule balkanique. Cette rgion comprendtoutes les portes du commerce de la Mitteleuropa;c'est travers elle que passent toutes les lignesconduisant Coustantinople.Le versant de la Mo-rava et du Vardar est la route naturelle du com-merce de la Mittel-Europa pour Salonique; le pro-jet du Sandjak de Novi-Bazar, qui ne peut encoretre ralis qu' travers le territoire serbe, est trsdifficile en mme temps que trs coteux ; ceprojet a t d'ailleurs abandonn par le gouverne-ment autrichien. Il y a mieux que cela: tous lesports adriutiques de la Monarchie, exception faitepour Trieste seulement, se trouvent dans la rgionyougoslave. La Bouche de Callaro, le port naturelle plus magnifique et le plus commode du monde,est habit par une population croate.

    La solution de la question, yougoslave la-quelle on serait arriv contre l'Autriche, auraitdonc atteint en mme temps les intrts vitaux del'Allemagne, et dans lous les cas une semblablersolution rendrait ulapique la grande ide d'uneMittel-Europa. conomique. C'est une question secondaire que de savoir quelle serait la structurejuridique de l'Aufriche-Honarie, si la Serbie et

    le Montngro venaient lui tre incorpors.Pour l'Autriche, celle incorporation est une ques-tion vitale, laquelle doivent tre subordonnstontes les vellits des diffrents peuples de la.AJonarchie; pour L'Allemagne, c'est la questionde la ralisation du grand but militaire connu.ions le nom de Mille! Europa. Dans tous les cas, ilfaut bien savoir quoi s'en tenir au sujet de cettequestion.

    Plus de la moiti de ces neuf dix millions deSerbo-Croates, appartiennent juridiquement laMonarchie austro-hongroise; l'autre moiti setrouve partage entre deux tats nationaux ind-pendants. Ce peuple a donc vcu avant la guerresous diffrentes formes d'tats : 1 Les Serbesdans le royaume de Serbie; 2" Les Serbes au Mon-tngro; ." Les Serbe.s de la Hongrie mridionale,qui ont t de simples citoyens hongrois; 4 LesSerbes et les Croates en Croatie et en Slavonie,qui, dans le cadre de l'tat hongrois, ont jouid'une certaine autonomie; 5" Les Serbes et lesCroates en Dalmatie, qui appartiennentde droit la Croatie el la Slavonie, donc la Hongrie,quoique, de facto, ils appartiennent l'Autriche;t> Les Croates en lstrie, qui ont t et qui sontAutrichiens,et enfin 7" Les Serbes et les Croatesde Bosnie-Herzgovine, qui appartiennent laMonarchie, mais, non pas seulement l'un des

    deux tatsformant la Monarchieaustro-hongroise, (et qui ont joui d'une autonomie particulire et, 1ajoutons le, toute spciale. Il est vrai que ces rap-ports qui, au premier abord, apparaissent commecontraires la nature, n'ont pas t le rsultatd'une politique de caprice dynastique, mais un

    ,produit parfaitement naturel des crations histo-riques et de l'enchevtrement de toutes les forces

    :des diffrents tats qui ont eu leur inlluenee sur,

    ces rgious la porte des Balkans. D'un autre (ct, on ne pourra pas en dduire non plus que ta \situation telle qu'ellese prsenteest, pour ainsi dire,

    ,le dernier mot de la ziature, et qu'elle doit tre cou- Slovnes appartiennent la grande famille you-goslave au mme litre que les Serbo-Croates.C'est que les Slovnesqui au nombre de 1.200.000habitent les provinces mridionales de l'Autrichebarant la roule aux Allemands vers l'Adriatique,sont destins, dans le p an austro-allemand, formerla Stf/;u{r/.'

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    yougoslavesoit drobe par qui que ce soit. 'ouwill not be robbed, assura-t il d'un ton trs ner-gique les dlgus. En esquissant le portrait duPrsident Wilson, Son Excellence a surtout sou-lign la justesse de ce grand savant doubl d'ungrand hommed'tat. De tous les Chefs d tat, adit M. Sharp ses interlocuteurs, M. Wilson estcertainement un des plus renseigns sur toutes lesquestions si compliques qui attendent leur solu-tion aprs la guerre. Ayez confiance en lui. Il nepermettra aucune injusticecontre aucunenationsipetite qu'elle soit, en sachant bien que chaque lortmenacerait de bouleverser la paix de nouveau.

    A la remarque d'un des dlgus que les Yougoslavesse rjouissentdu rle glorieux du Prsi-dent Wilson, d'autant plus que leurs compatriotesen Amriqueont largement contribu sa rlec-tion et mme l'ont dcide par leurs votes, l'Am-bassadeur leur confirma le fait.

    1 es, / know illeur dit-il, je sais, ayant sjourn dans ce tempsen Amrique, ce qu'ont fait, pour l'lection duPrsident les Yougoslaves, spcialementceux deGleveland.

    Aprs un entretien de trois quartsd'heure, danslequel il s'est montradmirablementrenseign surla question yougoslave, l'Ambassadeur a gracieu-sement congdi ses htes en leur permettant decbl"r le rsum de l'entretien avec eux au Prsi-dent Wilson.

    La Jeunesse Universitaire Yougoslaveau Prsident'Wiisoia

    La jeunesse universitaire yougoslaveen Frances adress au Prsidenldes Etats Unis un loquentappel qu'elle a remis l'ambassadeur de la Rpu-blique Paris, M. Sharp, par une lettre trs docu-mente.

    L'appel adress M. Wilson est conu clans lestermes suivants :

    Monsieur le Prsident,H La jeunesse universitaire Yougoslave, relu

    gie en France, des pays de Banal, Backa, Bos-nie, Croatie, Dalmatie, Herzgovine, Islrie,Montngro,Slavonie, Slovnie el Serbie,a dcid,en sa runion tenue le 11 Mars 1.917 Paris

    centre de sa vie en exil

    de Vous adresser l'appelsuivant. Elle prend la libert de s'adresser Vousparcequ'elle Vousconsidrenon seulementcommele reprsentant de la Grande-Rpubliquede l'Ami;rique du Nord, mais aussi comme un dfenseurminent des ides dmocratiques.

    Au cours de 'a grande guerre europenne, ilVous a t possible, Monsieur le Prsident, d'ob-server dislance aussi bien la lutte elle-mme,que les ides el les aspirations qui ont, guid lespeuples dins celle lutte. Vous ave-/, pu ainsi vousplacer un pointde vue librement choisi et entreprendre au moment opportun une action quirpond aux tendances el aux besoins du mondecivilis et de la vie internationale organise, selonles principes lu droit et de. la justice.

    Dans Votre message du 22 Janvier de celteanne, Vous avez pris avec fermet la dfense desdroits des petits peuples contre les tendances im-prialistes de certaines puissances qui voudraientles tals faibles. Vous avez dit :

    Q'aucune nation ne cherche imposer sa poli-tique aucun autre pays, mais que chaque peuple.soit libre de fixer lui mme sa politique person-nelle, de choisir sa voie propre vers son dvelop-pement, et cela, sans que rien ne le gne, ne lemoles'e, ou l'effraye et de faon que l'on voie lepetit marcher cte cte avec le grand et lepuissant. '

    Qu'il n'existe nulle part aucun droit qui per-mette de transfrer les peuples de potentat po-tentat comme s'ils taient une proprit . Cesparolesont retenti travers l'humanit; elles ontaffirmle droit vritablecontre les thoriesfausseset pseudo-juridiquesimagines pour lgitimer lesconflits et i'ananli-semenlrciproquedes nations.

    (( Elles ont l accueillies avec les plus vivessympathies par les petits peuples, victimes de laviolence austro-allemandeet. atteints par elle dansleur organisme national tel point que leur viepolitiqueet leur dveloppementont d 're arrtspendant des anneset des annes.

    Le peuple Yougoslave

    Serbes, Croates etSlovnesqui. outre la Serbie elle Montngro,habitent l'Aulriche-Hongrie, a t par le machia-vlisme des Habsbourg divis on onze rgionsadministratives, et a prouv au plus haut pointl'influence nfastede la politique imprialistedesEmp res centraux, dirige contre la civilisationetcontre les droits des nations.

    u Dans toutes les manifestations de la vie denotre peuple et dans tout son pass, on remarqueune tendanceirrsistible et un besoin profond dese grouper en une unit nationale indpendante.

    Le militarisme et le rgime de la poigne querAutriche-Hongriea constammentappliqus dansses provinces mridionaleset toutesles manoeuvresde la diplomatie autrichienne contre la Serbie etle Montngro se sont toujoursheurts la volontdu peuple qui veut vivre et qui. conscient de savitalit, ne se laisse pas touffer.

    La politique de conqute que l'Autriche apratique en Orient, le Drang Nach. Oslen, ontatteint leur apoge en 1914, dans l'ultimatumadress la Serbie, acte qui, par ses exigences,est sans prcdent dans l'histoire du monde. LaSerbie, aprs avoir fait tous les sacrifices possibles la paix, s'est vue nanmoins imposer la guerre.

    u En dfendant son existence dans ce conflit, laSerbie n'est pas reste seule : tout le monde civi-lis s'est dclar en faveur du droit l'indpen-dance des petits peuples. Les puissancesde l'En-tente ont pris les armes pour le dfendre. Pendanttoute la guerre, dans une lutte ingale, notrepeuple a prouv hautement par des exemplesinnombrables d'hrosme, sa force morale, saconscience nationale et son esprit de sacrifice. Ila dfendu de toutes ses forces son individualitnationaleet les principes levs de l'humanit.

    Il a l oblig de plier dans la lutte, mats iln'a pas succomb, n'est pas mort et n'a pas renonc son idal historiqueet son droit la vie. Parle sang qu'il a vers, par sa force vitale et par saculture il a de mme dmontrqu'il mritaitd'treindpendant etde raliserson unitcans la libert.

    Le peuple yougoslave, pleinement conscientque l'Europe civilise, en dfendant le patrimoinede l'humanit, lutte surtout pour le principe de lalibert des petites aussi bien que des grandesnations, est dcid combattrejusqu'son derniersouille pour l'idal qui l'a tait entrer en lutte.

    La jeunesse universitaireYougoslave se trouvunl en France est l'interprte des aspirations deses frres d'Autriche Hongrie, de Montngroetde Serbie, qui subissent la lourde oppres-ion ger-manique, leur imposant le silence et le privantdesdroits les plus lmentaires de l'homme. La je-nasse universitaire, se faisant l'interprte de sonpeuple, Vous exprime, MonsieurJe-Prsident, sagratitude pour la dfense du principe de libertdes petites nations, dfense que Vous ave-/, bienvoulu assumer, et dclare qu'elle ne fera pas detrve dans celle lutte tant que l'idal de son peuple

    -

    qui est de runir les Serbes,Croates et Slovnesen un tat libre

    n'aura pas l ralis. Elleespre en mme temps que Vous voudrez bienappliquer son peuple les mmes principes quiont cr l'Amrique indpendante, puisqu'endfendant l'indpendance des petites nations,Vous dfendez la libert do l'homme, libert quiest la base constitutionnelledes Etats-Unis del'Amrique du Nord.

    La jeunesse universitaire Yougoslave Vousprie, Monsieur le Prsident, de continuer d-fendre l'idal qui est aussi le sien : /" rie libre desnations dans une humanit libre et. pu ijique.

    Au nom et par autorisation de la jeunesseuniversitaireYougoslave en France :

    Paris, le II Mars 1917. Sians : BOSKOTOKIN (Backa-Banat).KKSTA

    MAHIC (Bosnie). MATO VUCKTIC (Dalmatie).

    UASAN RKBAC. (Herzgovine). JOSIP BAHICEVIC(Croatie)

    BOGDAN IVANOVIC (Montngro).

    GEOIKES ZIVANOVIC (Slavonie).--

    ALEXANDRIElue (Serbie). JANKO LAVIUN(Paysslovnes).

    Les Yougoslaves offrent leurs servicesaux tats-Unis

    La nouvelle de l'intervention amricaine a taccueillie avec la plus grande joie par nos compa-triotes habitant le territoire des Ktats-Unis. Lameilleure preuve en est une information commu-nique par l'Agence tlgraphiqueRadioaux jour-naux franais, et conue ainsi :

    Washington, le 10 Avril. Le conseil national yougoslave reprsentant

    les organisationsembrassant plusieurs centainesde milliers de Serbes, Croates et Slovnes orga-niss aux tats-Unis, a adress M. Baker,secrtaired'tal la guerre, une lettre lui offrantles services de ses nationaux.

    Les membres de nos organisations-

    dit lalettre

    quoique en majorit originaires d Au-triche-Hongrie, dont nombre d'entre eux sontencore sujets

    sont hostiles la monarchiedesHabsbourg et sont anims pour les tats Unis,

    leur patrie d'adoption,d'un dvouementsincreetprofond. Etant donn l'tat de guerre dans lequelse trouvent les tats-Unis,nous pouvons, grce nos nombreuses organisations philantropiques,politiques, de gymnastiqueet d'ducation, parse-mes sur tous ies territoires des tats Unis, four-nir une aide efficace la marine et l'arme fd-rales ainsi qu'une main-d'oeuvre importante pour;le travail dans les usines et pour le ravitaillementdu pays. Nous vous prions de croire que notreolre est inspire par un patriotisme dvou etreconnaissant envers les tats-Unis dont nousnous sentons les citoyens loyaux Nous attendonsvos ordres pour commencernotre action .

    A cette olre. le Conseil National yougoslave areu la rponse de M. Baker, qui en remerciantles Yougoslaves de leur patriotisme, prie le Con-seil National de se tenir en contact avec les auto-rits fdrales, en vue d'utiliser le plus rationellment possible les forces yougoslaves. En mmetemps, le Comit directeur des organisations degymnastiqueyougoslaves Sokol.suivantl'exemple-des organisations de gymnastique polonaises aordonn l'enrlement volontaire de tous sesmembresaptes au service arm.

    Jugoslovenski Sokolski Glasnik (Le Bulletindes Socits de gymnastique yougoslaves Sokol)publie dans son numro de Mars Avril le texte dela proclamationdu Comit directoire de la Fd-ration des Socits de gymnastiqueyougoslavesaux tats-Unis. Nous y lisons :

    c L'Amrique s'lve pour dfendre sa liberten se mettant du ct des tals qui combattentpour la libert et pour l'indpendancedes petitesnations opprimes parmi lesquelles se trouv;aussi la ntre Elle rclameune paix durable fonde sur le respectdesdroitsde to'uslespeuples.petitsou grands. Les buts levs indiqus par le Prsi1dent. Wilson qui constituent les idals de notrepeuple, sont, en mme temps les principes fonda-mentaux du Sokolisme. La lutte de l'Amriquecontre les tyrans, c'est la lutte contre la violencedont a souffert el souffre toujours notre peupl.Notre dvouement notre patrie native et notrepatrie adoptive prsent se fond en un sentimentunique de dvouement, la libert et la justiceuniverselles. Pin combattant pour ces idals dansles rangs de notre arme nationale en Europe;nom combattons aussi pour les idals de l'Am-rique. En luttant pour ies idals de l'Amriquedans les rangs de l'armeamricaine,nous luttonsen mme temps pour les idals et la libert denotre peuple. Si nous nous mettions du ct de*l'ennemi de notre nation, nous nous meitrions duct de l'ennemi de ce libre Pays hospitalier.Eu-travaillantcontrece Pays ou eu refusantde l'aiderde toutes nos forces dans sa lutte, nous nous met-tons du ct du bourreau, de l'oppresseuret dumassacreur de nos frres, pres, mres, soeurs.'femmes et enfants, dans la vieille patrie.

    Les Associations de gymnastique yougoslavesen Amrique, eu ce moment n'ont qu'une seule etunique tache : de se prparer la lutte et d'entrerdans les rangs des combattants pour la libertcontre la tyrannie. Tout le reste est secondair-el indigne de retenir notre attention. Les socitsde gymnastique, yougoslaves doivent se mettreinstantanment la disposition des tals-Unisetdans ce but, elles doivent raffermir son organisa-tion et se mettre la tte des forces armes denotre; peuple .

    Condamnationdu dput DrinkovicLe Primorske Novi.ne du 6 fvrier annonce :

    que le tribunal pnal d'Opatia a condamn ledocteur Mato Drinkovi dput croate la Ditedalmale deux ans de travaux forcs pour crimed'in-tigation contre les autorits.

    Le dput Drinkovic se trouveen prison depuisle dbut de la guerre.La confiscationdes biens

    du Dr Bogumil VosnjakLa Nette Frte. Presse du 28 fvrier annonce :

    L'officiel Wiener Zcitung publie : La Courd'Assisesde Vienne a ordonn le 12 Fvrier 1917la saisie des biens meubles et immeubles duDr. Bogumil Vosnjak, deSostanje (Styrie) inculpdu crime prvu aux paragraphes 58c ei 59h enrapport avec les paragraphes 327 de la loi d'tal.La dfense de l'accus est confie au Dr. HartwigWenger, avocat Vienne.

    M. le. Dr. Vosnjak, professeur l'UniversitdoZagreb, est membre du Comit Yougoslave.

    Le. Grant L. MATHIEU.\m\%. iW.xllr;'ti\-.\rts(A.Millier), lO.ruftharcati, Paria