Bourreau

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    Page Web ralise partir des travaux de Sverine Georgopoulos etGeoffroy-Luc Guissard

    Faire lhistoire des bourreaux et des excutions, cest sintresser

    ncessairement aux premires heures de lhumanit, tant celle-ci advelopp en matire dexcution capitale, une imagination qui na rien envier celle de nos contemporains. Les techniques seules ont chang aucours des ges.

    dfinition

    "Le bourreau est une personne qui infligeait les peines corporellesprononces par une juridiction rpressive (la peine de mort) et/ou une

    personne qui torture quelqu'un, physiquement ou moralement". (PLI 1999)

    Lattitude de la socit envers le mtier et la personne du bourreau au coursdu temps

    Lorigine de la terrible fonction dexcuteur demeure mystrieuse.

    Dans lantiquit, chacun se souvient de la scne dont Platon fut le tmoin et

    qui nous relate la conversation entre Socrate et celui qui lui apporta sadernire boisson, le bol de cige...

    On connat aussi la passion de Jsus et la succession des actes poss par lessoldats romains pour l'emmener jusqu' la crucifixion. On sait que Paul,citoyen romain, fut dcapit tandis que Pierre demanda d'tre crucifi tte enbas, ne se jugeant pas digne de mourir comme son Matre. Dans certains cas,les bourreaux sont multiples comme dans une lapidation o plusieurss'emparent de pierres. Il ne semble pas y avoir d'excuteur professionnel,affect exclusivement cette tche, maillon ultime de la chane judiciaire.

    Au dbut du moyen ge, le bourreau ne limite pas encore son travail excuter les peines capitales, il est oblig de prendre en charge d'autrestches comme la torture, l'quarissage des animaux morts, la capture deschiens errants, l'ensevelissements des supplics et des suicids, le nettoyagedes cloaques ou encore la surveillance des bordels.

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    Mais partir du 13e sicle, une rglementation - les Droits Municipaux -dfinissent sa charge en France, droits qui lui confrent un autre rle social,en n'intervenant qu'aprs le jugement. On commence alors charger unhabitant de la ville, toujours le mme, des excutions. Ds quil devintprofessionnel, il fut ha et mpris. Ce mpris de la socit se manifestait de

    milles manires. Pendant longtemps, le bourreau fut qualifi doprateur , matres des basses et hautes uvres . Des surnoms multiples leur ont tattribus : le carnassier, le brise-garot, Jean-cadavre, Et galement CharlotCassebras (supplice de la roue), le nom de Charlot vient de la clbre familleSamson, bourreau de pre en fils pendant plus dun sicle.

    Mais surtout le fait dappeler un bourreau bourreau lui dplaisaitfortement, au point de traner devant les tribunaux ceux qui lemployaient.

    Pendant tout le moyen-ge, la statuaire qui reprsente souvent lesbourreaux, leur donne toujours des visages repoussants, ce que lon nommaplus tard des visages dhrdosyphilitiques. Il est la personnification de lamort, il est la mort qui veille au milieu des vivants.

    Il fait peur et habite la maison du pilori, il ne faut pas le toucher, il est maudit.

    Il devait revtir un casque dune forme et dune couleur spciale (rouge) ainsique des chausses et un maillot couleur sang de buf.

    Si ce costume devient peu peu obligatoire seulement pour les excutions,les jours ordinaires, dans beaucoup de villes, le bourreau doit arborer sur son

    habit ou son chapeau une marque de son office.

    Le moyen-ge eut des bourreaux spcialiss. Une profusion de bourreauxexerce ce moment-l car il y a une multitude de siges de justice. Tout unfolklore prend son essor.

    Au 15eme et dbut du 16e sicle, on pendait en place de Grve Paris deuxou trois fois par semaine, tout le monde avait assist de nombreusesexcutions et tous les habitants des grandes villes taient familiariss avecce genre de crmonie.

    En ce qui concerne la royaut, le monarque est le roi de lumire et lebourreau est le prince des tnbres. Tous deux sont la reproduction vivantedu couple indissociable : Dieu Satan.

    Les rois rputs bons avaient besoin eux aussi dun bourreau.

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    A ces liens puissants et indivisibles qui unissaient ces deux cratures, places deux extrmits de lchelle sociale, sen ajoutait une autre, de naturemagique et sacre.

    Ils avaient tous deux le pouvoir de gurir. Les rois de France et dAngleterre

    en touchant les malades (les crouelles). La familiarit du bourreau avec lasouffrance et la mort lui confre un pouvoir de gurir. Son pouvoir concernenotamment les rhumatismes et les douleurs corporelles. On pensait que lebourreau qui avait souvent briser des os, avait des connaissances enanatomie. Il tait donc rebouteux.

    Nombre de bourreaux ont ainsi fait commerce de remde contre la douleur,fournissent des drogues aux personnes soumises la torture pour leur viterdavouer, Ils sassurent ainsi un revenu confortable.

    Jusquau 18e sicle, le bourreau et sa famille eurent lobligation de loger horsles murs de la ville. Ces personnages la fois sacrs et infmes vivaient danslombre.

    Ils taient rejets de la cit, de la socit et jamais personne ne staientsouci de savoir qui ils taient. Lui et ses enfants ne pouvaient se marierqu'avec des personnes de mme profession. Ils taient soumis un coded'honneur des plus svres. En cas d'excution rate, il tait menac d'unesanction de l'autorit quand il n'tait pas immdiatement lynch par la fouledes curieux.

    Quand naquit la guillotine (Rvolution), la corporation des bourreaux taitvaste et stendait sur toute la France.

    LAssemble fut saisie dun projet de rhabilitation du bourreau. La rponsefut positive et le bourreau fut alors dclar citoyen actif, lecteur et ligible.

    La nouvelle organisation judiciaire ainsi que les textes promulgus parlAssemble allaient pour la premire fois obliger les lgislateurs sepencher sur ces rprouvs, qui depuis des sicles, napparaissaient qu' desmoments dramatiques, entours d'une foule curieuse et horrifie la fois.

    Seul parmi les hommes il a le droit de tuer. Il en mme lobligation, le devoir.Il reoit un tre humain rendu inoffensif et il le tue en change dun salaire.

    Mais puisque la peine de mort existait, il tait indispensable que quelquunmit excution les jugements de mort. Il aurait d jouir dune hauteconsidration de lopinion publique car celle-ci tait favorable la peine demort. Or, par un inexplicable paradoxe, la foule qui, depuis toujours, hurle la mort, crie vengeance, rclame du sang et le chtiment suprme pour les

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    coupables est en mme temps hostile au bourreau qui donne la mort.

    Mais lexistence du bourreau tait un des signes rels du pouvoir.

    Le bourreau assume le pch de tous, cest lui qui fait le dernier geste, legeste irrparable, interdit par Dieu et lhomme.

    Nul ne peut dire qui est le bourreau, il na pas de vritable existenceofficielle. Nul texte ne dfinit, depuis 1790, sa fonction suprme qui est dedonner la mort au nom de la socit.

    Enfin, le dcret-loi du 29 juin 1939 repoussa la guillotine dans lombre desprisons. Dornavant les excutions ne se feraient plus en public mais bien l'aube dans la cour de la prison, presqu'en secret. Malgr la prsence de lapresse, on en avait fini avec les scnes scandaleuses.

    Quen est-il lheure actuelle ?

    La peine de mort a disparu de la plupart des pays dmocratiques, sinon danstoutes les lgislations, du moins dans les faits. Restent quelques recordssinistres comme les Etats-Unis , la Chine ou certains pays du proche-Orient.

    Le mtier se perd, donc, Dans les Etats o il subsiste, on lui donne parfois un

    caractre mdical qui semble en attnuer la cruaut. On pousse sur unbouton qui dclenche une injection mortelle ou l'on abaisse une manette quidlivre une gicle de courant fatal: pas de sang, pas ou peu de cris, une mortpresqu' aseptise, sans douleur dit-on; quant au peloton d'excution, latradition des fusils chargs blanc permet encore de se croire non-actif...

    Mais si l'on veut se faire une ide assez exacte du travail demand, unelecture de "la ligne verte" de Stephen King suffira se convaincre quel'horreur est toujours bien l. La scne finale de "Dancer in the dark" de Larsvon Trier est assez explicite, elle aussi. Cela ne risque pas, en tout cas,d'veiller des vocations...

    Un reportage, pass sur Arte en avril 2003 et intitul "Bourreau : la mort a unvisage" nous permet d'entrer plus loin dans la psychologie du bourreau au20es. Devant la camra, 7 retraits ont accept de tmoigner pour expliquerleur choix professionnel, se rappeler "leur premire fois", rveiller lessensations prouves aprs avoir effectu leur travail, voquer leurs rapportsavec leurs enfants, leur pouse, leurs collgues ... Le panel tait vari, depuiscelui qui excuta les sentences de Nuremberg jusqu'au commandant du

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    peloton qui mit fin la vie du couple Ceaucescu, en passant par le dernierbourreau franais, fils de son pre, ayant actionn prs de 200 fois lecouperet de la guillotine en Algrie. Excuteur occasionnel, oeuvrant dansdes circonstances historiques comme excuteur professionnel qui expdiadans l'au-del jusqu' 5 condamns dans la mme matine, leur tmoignage

    a quelque chose de surraliste. On y apprend une foule de dtails terre--terre pour que "tout se passe bien" : comment, pendant que papa pousse lecondamn sur la planche bascule, fiston lui attrape le cou que lemalheureux a instinctivement rentr dans ses paules. Comment, lorsque lecondamn a trop maigri et que le cou n'est pas rompu par la corde de lapotence, il suffit de lui sauter sur les paules, et "d'un coup sec, de faire faireune rotation la tte jusqu' ce qu'on entende un craquement", ou encore laparfaite synchronisation ncessaire entre celui qui actionne la trappe et ceuxqui, au fond du trou, tirent sur les pieds... C'est mme parfois drle, lorsquebourreau-fils raconte comment bourreau-pre a trouv un truc "pour qu'onsache chaque fois quel corps appartenait la tte, parce quand on excutaitplusieurs la suite, on risquait de se tromper". Certains se sont rapidementhabitus, d'autres avaient besoin, aprs, d'un litre d'alcool "pour retrouverleurs esprits", d'autres encore n'avaient jamais avou, jusqu' l'interview,leur mtier leurs enfants pourtant dj adultes...

    Et l'avenir ?

    Depuis 1948, la torture est interdite par l'article 5 de la dclarationuniverselle des droits de l'homme "nul ne sera soumis la torture, ni des

    peines ou traitements cruels, inhumains ou dgradants, pratique galementinterdite par l'article 7 du pacte de l'organisation des Nations Unies relatifaux droits civils et plitiques de 1966 et par l'article 3 de la conventioneurpenne de sauvegarde des droits de l'homme.

    Pour lutter contre cette pratique, deux conventions internationales ont enoutre t spcialement labores : la Convention contre la torture, adoptepar l'assemble gnrale de l'ONU le 3 dcembre 1984 ; la Conventioneuropenne pour la prvention de la torture adopte le 26 novembre 1987par le Comit des ministres du Conseil de l'Europe.

    Le bourreau, cependant, lui ne disparat pas avec la torture, il est toujourscharg des mises mort des condamns. On ne peut videmment quesouhaiter qu'il fasse le plus rapidement possible partie de ces "vieux mtiersaujourd'hui disparus" , tmoignages d'une poque o la violence lgale taitla seule rponse la violence de la vie.

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    Bibliographie

    Jacques Delarue, Le mtier de bourreau, librairie Arthme Fayard 1979,numro ddition 2300, 415pages

    http://www.univtlse1.fr/publications/Colloques/RencontresManufacture/BastierBourreaux.html

    Illustrations et informations

    http://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htm

    pour le dessin de Victor Hugo. On y trouvera aussi tout un dossier sur

    l'opposition de Hugo la peine de mort et l'extrait de la prface au "dernierjour d'un condamn" qui relate une excution laquelle il a assist.

    http://www.howstuffworks.com/lethal-injection4.htm, site o figure la photodu lit sur lequel se pratiquent le sinjections lethales. On y trouve aussi ledtail du cocktail chimique utilis avec les dosages et mme les firmespharmaceutiques !

    retour

    http://www.univtlse1.fr/publications/Colloques/RencontresManufacture/BastierBourreaux.htmlhttp://www.univtlse1.fr/publications/Colloques/RencontresManufacture/BastierBourreaux.htmlhttp://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htmhttp://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htmhttp://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htmhttp://www.howstuffworks.com/lethal-injection4.htmhttp://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htmhttp://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htmhttp://www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/lettres/dernier/dernier8.htmhttp://www.marie-stuart.co.uk/execution2.htmhttp://www.howstuffworks.com/lethal-injection4.htmhttp://www.univtlse1.fr/publications/Colloques/RencontresManufacture/BastierBourreaux.htmlhttp://www.univtlse1.fr/publications/Colloques/RencontresManufacture/BastierBourreaux.html