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Bulletin de liaison des membres du RESEAU ARBRES TROPICAUX N° 38 juin 1996 25 FF

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Bulletin de liaison des membres du RESEAU ARBRES TROPICAUX

N° 38 juin 1996 25 FF

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LE FLAMBOYANTN° ISSN : 1241 - 3712

Directeur de Publication :Arthur MEDACKER.Comité de lecture :Claude BARBIER,Urbain BELEMSOBGO,Ronald BELLEFONTAINE,Alain BERTRAND,Jean CLÉMENT,François COLAS,Bernard DABIRÉ,Donard ELAT FOTAH,Jean ESTÈVE,Jean-Jacques FAURE,Lucie de FRAMOND,Charles GUILLERY,François LAMARQUE,Francis LECCIA,Bernard MALLET,Didier MULLER,Marna NTOUPKA,Delphine OUEDRAOGO,Abdel Wedoud OULD CHEIKH,Jean-Pierre PROFIZI,Gérard SOURNIA.Secrétaires de rédaction :Viviane APPORA, François BESSE.Maquettiste : Paula BOURGOIN.Impression : ARTE COM.Remerciements à : A. LARTIGES,O. FERRY, P. MENGIN-LECREULX.

SECRETARIAT DURÉSEAU ARBRES

TROPICAUX

SILVA21, rue Paul Bert

94130 Nogent-sur-MarneFRANCE

Tél. : (33-1) 48.75.59.44Fax: (33-1)48.76.31.93

e-mail : [email protected]

SOMMAIRE

Le Flamboyant est publié parl'Association SILVA avec le

soutien financier du Ministèrefrançais de la Coopération etdiffusé gratuitement en

Afrique.

ABONNEZ-VOUS

au "Flamboyant"4 numéros/an

Particuliers 80 FFInstitutions 200 FF(contribution de solidarité)

Payable à l'ordre de SILVA parmandat postal ou chèque compen-sable en France.

LE FLAMBOYANT N° 38 - JUIN 1996

ÉDITORIALPar V. APPORA p3

s . _ r r : . ^^ , , . . r _ . NOUVELLES DU RÉSEAU• Les réseaux au Sud p4• Bilan d'activités 94/95 p 4• Le Réseau Congo par G. C. BOUNDZANGA p5•Le Réseau Burkina Faso parD. OUEDRAOGO p 5• Le Réseau Côte d'Ivoire par M. F, N'GORAN p 6• Le Réseau Nord-Cameroun

par M. NTOUPKA, I. PEGHOUMAetF. GUIBAOT p6

Mmmmmmmemimm mmmmm • ••• L'ARBRE DU M O I S

• L'anacardier par S. A. AOGOU p7

• SOS : la réserve forestière de Melap (Foumban)parR, NJOUKAM, I. R. TCHOUAMO etR. PELTIER pl2

ENVIRONNEMENT• Le parc National du Mont Sangbé (Biankouma)

par YÉO SINOUROU p!7

L'antilope cheval ou hippotraguepar U. BELEMSOBGO

FAUNE

p21

• ••• RECHERCHE• Les "parcelles feux" d'Aubreville

par D. LOUPPE et N'K. OUATTARA p 26ÉCHOS DES TROPIQUES

• La coopération décentralisée P.N. Mt Sangbé/P.N.R. Ht JuraparB. DIABATÉ, P LECHINE et L P MARESCHAL p 29

• Coopérations françaises au VietnamparC. BARBIER p 34

FORÊTS ET COMMUNAUTÉS• Expérience de la SODEFOR parJ. PLAN p 35

L 'ADDDC A DA I A 12DUCnKDKC r\ rnLMDKtO

• Le PAFT Cameroun par R, CATINOT p 38• Dis-moi Terre par M. K. NOGLO p 39• Écoutons la prière de la forêt à l'homme

par T. B, OURO p 39• L'agonie de notre environnement par K. APOM p 39• Contribution au débat sur les enjeux forestiers

mondiaux par AKAGOUZEDONG p 40• La découverte par P, FREBO p 41

EN BREF p42

PHOTO DE COUVERTURE : Anacardier (Anacardium occidentale)fruits. Photo : C. BERNARD.

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EDITORIAL

Trente années de coopération d'État à État, longtempsfondée sur des stratégies de développement ruralaxé sur des schémas productivistes et directifs, n'ontpas donné de résultats probants. Depuis la fin des

années 70, des expériences isolées de projets de développe-ment intégrant les populations concernées dans leur mise enoeuvre prouvent que rien ne vaut une coopération qui tien-ne compte des réalités locales. C'est ainsi que l'aide françaises'est orientée d'une approche productiviste, puis gestion deterroirs, vers ce qu'elle nomme désormais le développementlocal. LE FLAMBOYANT n°36, consacré aux enjeux de ladécentralisation de la gestion locale des ressources naturelles(auquel fait suite le dossier du numéro 37), tentait d'aborderplus en détail cette question qui avait fait l'objet de réflexionsdans les numéros précédents1.

Nous vous proposons dans ce numéro de votre bulletind'approfondir ce concept de gestion locale des ressourcesnaturelles dans le cadre d'une coopération décentralisée, àl'aide d'une expérience citée en exemple dans le domainede la coopération décentralisée entre aires protégées2. L'ori-ginalité de ces aires (du Haut Jura et du Mont Sangbé) vientde ce qu'elles sont non seulement protégées mais égale-ment productives et donc génératrices d'un développementlocal grâce à une coopération intercommunale axée sur ledéveloppement local et la préservation de l'environnement.

La coopération décentralisée (de Région à Région et nonplus d'État à État) constitue l'une des nouvelles formes d'assis-tance technique dont le développement est encouragé pardifférents gouvernements et organisations mondiales. Mais il ya encore d'autres formes de coopération. Certains d'entrevous pourraient en témoigner et partager leurs expériences.

Il est également question de coopération, collaboration, ges-tion partagée des ressources naturelles dans les articles rela-tant le danger de disparition de la réserve forestière deMelap (Cameroun) et l'expérience de la SODEFOR enmatière de gestion participative dans la région de Bouaké(Côte d'Ivoire). Ces textes montrent combien l'implicationdes différents acteurs, et notamment des populations locales,dépend d'une volonté politique des structures en charge dela gestion des ressources naturelles. Rappelons que si cettevolonté est une condition nécessaire, elle est loin d'être suffi-sante.

Comme vous le constatez, ce numéro du FLAM-BOYANT est bien fourni, seule manque la rubrique"La main verte" qui a été intégrée dans "L'arbre dumois". Cette dernière rubrique fait l'objet d'une

attention particulière de beaucoup d'entre vous. Aussi, pourmieux répondre à vos souhaits et améliorer le fonctionne-ment en réseau au niveau du bulletin de liaison, nous joi-

gnons à votre revue un questionnaire concernant "L'arbre dumois" auquel nous vous serions reconnaissants de répondretrès rapidement. Permettez-nous de vous rappeler que vous,lecteurs du FLAMBOYANT, êtes ses premiers rédacteurs...alors ne vous contentez pas de proposer des sujets à traitermais pensez aussi aux compétences des uns et des autres quipourraient écrire sur un arbre. Avec la liste des articles parusdans cette rubrique, vous ne risquez plus d'écrire sur un arbredéjà présenté...

En réponse aux nombreuses sollicitations concernant desarticles "Faune", la rédaction du FLAMBOYANT a réuni unedizaine de personnes à Paris en octobre 1995 pour réfléchirà la création d'un groupe de travail "faune" dans le cadre duRéseau Arbres Tropicaux. Il ressort de cette rencontre que sila demande d'information sur la faune existe bien au niveaudes membres du Réseau en Afrique, c'est aussi là que setrouve cette information. L'existence d'un groupe de travail,informel, permettant d'alimenter LE FLAMBOYANT, contri-buant à une réflexion sur des thèmes précis et faisantconnaître les différentes approches de gestion de la faune,n'a d'intérêt que si les membres d'Afrique sont prêts à le fairevivre et donc à transmettre leur expérience (heureuse oumalheureuse) et leurs interrogations, au travers d'articles oudu courrier des lecteurs. Nous vous proposons d'introduireune rubrique "L'animal du mois" (fiche technique sur un ani-mal à partir du modèle de "L'arbre du mois" - l'articleconcernant l'hippotrague pourrait l'inaugurer), de décrire desprojets (aires protégées ou gestion de la faune) et de trans-mettre des "brèves" relatives aux manifestations et ouvragesliés à la faune.

Etre membre du Réseau Arbres Tropicaux peut ne passe limiter à lire LE FLAMBOYANT et éventuellementy écrire. Vous pouvez également contacter d'autresmembres et organiser des actions communes. Vous

lirez quelques initiatives allant dans ce sens dans les "Nou-velles du Réseau". Si dans certaines régions on peut dire quec'est la majorité des membres qui participe à la vie duRéseau, dans d'autres seules quelques personnes, notam-ment les animateurs, déploient leur énergie pour faire vivrele Réseau A.T. localement.

Nous (animateurs nationaux, secrétaire technique etmembres du comité de gestion) vous invitons tous à réagir etnous informer de vos initiatives. L'avenir du réseau dépendaussi de vous. Alors, manifestez-vous !

Aaùoafeîr de v-oae oire, et èowe

Viviane APPORASecrétariat Réseau Arbres Tropicaux

1 n° 32 -Enjeux forestiers mondiaux-, n° 33 dossier "Forêts et développement local", n" 34 l'arbre à palabres "Décentralisation et gestionforestière", n° 35 dossier "Forêt guinéennc", faune "Le modèle de Nazinga : réussite technique et incertitudes sociales", forêts et communau-tés "Agroforesterie au Sahel : quelles approches de vulgarisation ?"2 cf'LE FLAMBOYANT n° 35 forêt "Jumelage entre forêts : quelles approches ?" et "Étude relative au jumelage entre aires protégées - France-Afrique francophone : quelle politique, quel partenariat ?" U1CN.

0 38 -/ai, 1996

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Dans le Flamboyant n° 31 nous vousinterrogions sur votre vision des réseauxlocaux dans les pays tropicaux (au Sud).Vous savez en effet que le Ministèrede la Coopération, qui finance le fonc-t ionnement du secrétariat techniquedu réseau et la publication du bulletinde l ia ison des membres , souhai tel'émergence de réseaux locaux au Sudqui ne soient pas des " f i l i a l es " dusecrétariat techn ique mais de vér i -tables réseaux nationaux.

Le Ministère invite le secrétariat tech-nique à diversifier ses sources de finan-cements et compr imer les coûts. Ilsouhaite également que les appuisfinanciers aux antennes locales soientNés à la structuration progressive desmembres dans les pays du Sud, afin deleur permettre d'at teindre une véri-table autonomie avec une communi-ca t ion d i rec te entre les d i f férentsmembres, le secrétar iat techn iquejouant un rôle d'animateur, d'appui etde point focal.

Les courr iers de quelques-uns (quenous remercions) et les avis des uns etdes autres exprimés lors des missionsde la secrétaire technique confirmentun souhait de l'existence de véritablesréseaux d'échanges Sud-Sud, prioritai-rement au sein d'un même pays, puisentre pays voisins et à l'échelle d'unesous-région notamment.

Ces réseaux nationaux ne peuvent exis-ter que si les membres, que vous êtes,s'y investissent. Quelques animateursnationaux ne peuvent tout faire ; cha-cun do i t se sent i r concerné à sonniveau. C'est ce que l'on observe danscertains pays. Que les expériences rela-tées dans ce bulletin encouragent touset chacun à appo r te r sa p ie r re àl'émergence de réseaux locaux auto-nomes !

Comment envisagez-vous cetteautonomie des réseaux au Sud ?Comment vous organisez-vousdans votre région/pays ?

Les activités en1994-1995

Durant ces deux années, le nombre demembres du Réseau A.T. a continué decroître. 3 523 personnes étaient inscrites aufichier des membres au début de l'année1996. Si l'augmentation globale est d'envi-ron 150 personnes par an, il y a une fortedynamique interne avec en réalité près de300 nouvelles adhésions et 1 50 suppressionschaque année (94 et 95). La proportion desmembres résidant au Sud a encore aug-menté (plus de 91 % contre 86% début 93).

Pour aider les membres à mieux seconnaître, une liste par pays a été éditéedans six numéros du Flamboyant (RCI, Bur-kina Faso, Cameroun, Sénégal, RCA-Congo-Zaï re-Angola, Ma l i ) . Seuls lesmembres des trois premiers pays ont réagispontanément pour corriger la liste. Leslistes des autres pays seront publiées àl'attention des membres de chaque paysuniquement. Les habitants de Madagascar,du Niger, de Mauritanie, du Bénin, duTogo, du Cap Vert, de Sierra Leone, duNigeria, de Guinée équatoriale, de SaôTome e Principe, ont reçu une liste desmembres de leur pays avec le Flamboyantn° 37. Ceux du Tchad, Gabon, Rwanda,Burundi, d'Afrique du Nord et de Guinéerecevront la liste concernant leur pays avecce numéro du Flamboyant et les suivants.

La liste des membres par pays est dispo-nible sur simple demande au secrétariattechnique.

La secrétaire technique a effectué desmissions au Burkina Faso, Cameroun,Congo et en Côte d'Ivoire. Ces voyagessont l ' occas ion de rencon t re r lesmembres, de mieux les connaître, derépondre à leurs questions relatives auRéseau et de les inciter à participer à lavie du Réseau, tant sur place qu'au tra-vers d'articles pour le Flamboyant.

Ces déplacements permettent ausside faire connaître le Réseau en dehorsdes structures publiques forestières.Les O N G , les adminis t rat ions nonforestières, les professionnels et lesmédias sont contactés peu à peu.La participation des rédacteurs du Sud

au Flamboyant ne cesse de croître et lenombre d'articles proposés au secrétariattechnique a contraint ce dernier à aug-menter le volume de la revue (qui atteint40 pages). Toutefois, certaines rubriquessont pauvres ; les arbres sahéliens devien-nent rares et "L'arbre du mois" s'orientevers les zones humides. Les activités desréseaux locaux ne sont pas présentées....

Pourtant dans certains pays, des membresdu Réseau A.T. sont dynamiques commel'illustrent les textes ci-joints. On retiendraqu'au Nord Cameroun, les membrescontribuent à la sensibilisation des popula-tions par des actions concrètes ; qu'auCongo, quelques rédacteurs ont pris encharge le bulletin de liaison des membres" I R V I N G I A " , mais la majorité desmembres reste trop discrète ; qu'en Côted'Ivoire, un noyau d'animateurs est misen place et se propose de renouer lescontacts avec tous les membres qui sontinvités à se manifester ; qu'au BurkinaFaso, après un repos forcé, les animateursreprennent la course et espèrent un regainde dynamisme.

Et ailleurs...? A vous de nous le dire !

Le bilan d'activités du Réseau AT

(Gabon) et dans quelq

t l d

N O N O U K A C O M A ' T Ala in e ^ NJacques (Congo) on, également acceptéanimateurs du Réseau. P

Tous attendent votre contribution. N'hésitez

s, vous leur prêtiez main forte?

et attendons des nouvelles

tEFiAMB0?AtfT*o38 -/ai* 7996

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Depuis mars 1994, les membres du RéseauArbres Tropicaux résidant au Congo se retrouventautour des feuilles IRVINGIA pour un échanged'information. Ce bulletin national de liaison, estune initiative de Messieurs Georges ClaverBOUNDZANGA (Directeur Régional des Eaux etForêts de Brazzaville), Jean-joël LOUMETO(enseignant chercheur à la Faculté des Sciences -Congo) et Jean-Pierre PROFIZI (Coopérant fran-çais actuellement en service au Gabon). Lesquatre premiers numéros ont été réalisés grâce àl'aide de la Mission Française de Coopération etd'Action Culturelle et celle du Plan Nationald'Action pour l'Environnement.

L'initiative de réunir autour d'un bulletin, lesmembres du Réseau Arbres Tropicaux résidant auCongo n'a pas encore atteint ses objectifs, maisl'espoir est permis, dans la mesure où le renforce-ment de la communication entre les membres etnon membres du Réseau Arbres Tropicaux duCongo s'établit et se renforce davantage. De deux

pages avec ses deux premiers numé-ros, IRVINGIA a grandi en gagnantdeux pages supplémentaires. Le bul-letin qui est apparu très utile à tousles lecteurs a déjà permis de :

- ramener au réseau A. T. certainsmembres du Congo qui avaientperdu l'espoir du réseau parceque ne recevant plus la revue deliaison "Le Flamboyant" ;

- faire découvrir le Réseau ArbresTropicaux aux lecteurs congolaisnon membres ;

- susciter de nouvelles adhésionsau Réseau A. T. Une trentaine delecteurs d'IRVINGIA ont déjàsignifié leur volonté d'adhésion.

Après la parution du n° 4, IRVINGIAa connu une halte conjoncturelle dufait du départ de J-P. PROFIZI. Ladynamique créée par ce bulletinreste encore vivante au regard desnombreuses sollicitations des lec-teurs congolais et autres (membreset non membres du réseau).

La dernière visite de la secrétairetechnique Viviane APPORA enoctobre-novembre 1995 au Congo apermis de remettre les pendules àl'heure. De nombreux créneaux ontété explorés pour la relanced'IRVINGIA.

Aujourd'hui, la saison morte a pris finet les lecteurs d'IRVINGIA ontretrouvé depuis mai 1996, les n° 5 et6 de leur bulletin national.

Les prochains numéros de l'annéeparaîtront en août et octobre. Nousespérons respecter une périodicitéde quatre publications par an et sou-haitons le soutien du secrétariattechnique.

À bientôt !

Georges Claver BOUNDZANGABP 14536 Brazzaville

Les activités du Réseau au Burkina Fasoont connu un ralentissement en 1994-1995 compte tenu des multiples occupa-tions des uns et des autres.

Les animateurs de l'antenne Burkina Fasoont réalisé une petite enquête par son-dage qui a montré que :

FLAMBOYANT : reconquérir- les membres du Réseau apprécient leurbulletin de liaison et attendent une régu-larité effective dans la parution du Flam-boyant - en témoignent les nombreuxappels téléphoniques reçus par les res-ponsables d'antenne suite au retard deparution du n°37 ;

- certains lecteurs du Flamboyant se plai-gnent que les derniers numéros (1995)traitent peu de l 'Afrique de l'Ouest(Arbre du mois, Faune,....) ; il leur a étéexpliqué que la revue était destinée àtoute l'Afrique... à chacun son tour !

- au niveau des rédacteurs, l'apparitionde revues nationales qui traitent dethèmes similaires au Flamboyant les inci-te à écrire dans celles-ci plutôt que dansun "journal lointain" ;

FICHES TECHNIQUES : continuer- l'idée des fiches techniques a retenul'attention des membres depuis plusieursannées. Ces publications constituent desoutils précieux de travail pour les agentsdes Eaux et Forêts et des ONG sur le ter-rain. Des volontaires pour la rédaction deces fiches se sont manifestés au sujet despépinières, de la lutte contre le bracon-nage, des actions de DRS et CES. Lesecrétariat technique du Réseau doitpermettre la réalisation de ces projets ;

AVENIR : diversifier- très bien connu dans les structures éta-tiques forestières notamment, le Flam-boyant sera davantage proposé aux ONG,associations et services d'information etde communication concernés. En effet sile Réseau "fonctionne" au niveau desforestiers, il doit encore se diversifier pourrassembler "ceux et celles qui s'intéres-sent aux arbres" au Burkina Faso, contri-buer à un "décloisonnement desréflexions" et permettre aux différents

acteurs de mieux se connaître et de dia-loguer pour une gestion concertée desressources naturelles ;

- des projets d'articles sont en cours deréalisation avec des ONG et associationsécologistes intéressées par la lutte contrela désertification.

Delphine OUEDRAOGO01 BP5910Ouaga01

NB : parmi les revues intéressant lesrédacteurs du Flamboyant, signalons :

- "Arbre et Développement" publié parle Direction Générale des Eaux et Forêts(16 numéros parus) et consacré essen-tiellement à la formation des agents deterrain ;

- "Notre Environnement", le dernier nédont le numéro 0 vient d'être publié enavril 96 par le Conseil National pour laGestion de l'Environnement. Ce bulletina pour objet de faire connaître les activi-tés du secrétariat permanent duCONGASE, structure chargée de la coor-dination des actions au plan national enmatière de développement-environne-ment.

lEFlA/HtBD</A/\tT*° 33 -/uk me

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• M NOUVELLES DU RESEAU

Le noyau d'animateurs du Réseau aupays des Éléphants s'est étoffé et a tenudes réunions de travail fin 95 et début96. Il s'organise peu à peu. Voici sonmessage :

"En vue de dynamiser le Réseau ArbresTropicaux, en Côte d'Ivoire, il a été misen place un comité d'animateurs dontle rôle est :

- de développer les activités duRéseau au niveau national,- d'élargir les membres,- d'être le médiateur entre la Côted'Ivoire et le secrétariat technique(Paris).

Lesactivités du Réseau

Arbres Tropicaux dansles provinces du Nord-

Cameroun

Depuis la désignation des CoordinateursProvinciaux, les activités du Réseau ArbresTropicaux dans l'Adamoua et le Nordpour les six derniers mois ont porté surquatre points essentiellement. D'abordles contacts individuels ont permis d'orga-niser deux réunions dans l'Adamoua aveccertains membres potentiels en sep-tembre 95. Ces réunions ont permisd'envisager la création d'un comité d'ani-mation (bénévole) composé du (des) :

- représentant local du Réseau AT.,- représentant de l'Université deNgaoundéré,- représentants de la RechercheAgronomique et de la RechercheZootechnique,- représentant d'une ONG,- représentant des groupements

Ont été présentés comme animateursMessieurs KOFFI KONAN Jean-Claude(SODEFOR-Abidjan), LORNG Jean-Paul (SODEFOR-Abidjan), BELIGNEVincent (CI. Nature), GROGA BADACamille (M1NAGRA - Service jardin etpépinières - Abidjan), AHOBA Assandé(IDEFOR-DFO-Abidjan) et Mademoisel-le N'GORAN Marie-Françoise (SODE-FOR-Abidjan)."

M a été décidé en mars 96 de cerner lepotentiel des adhérents avant de tenterde mener des activités communes.Aussi la mise à jour du fichier desmembres constitue la première actionà réaliser. Nous serions reconnaissantsaux membres de RCI de bien vouloirretourner la fiche d'identification ci-jointe avant le 31 août 1996.

Un mini sondage des membres enCôte d'Ivoire montre que plusieursd'entre eux reprochent au Flamboyant

d'être trop "sahélien" et souhaiteraientdes publications par pays.Par ailleurs, le Réseau Arbres Tropicauxfonctionne trop de façon unilatérale etpas assez en "toile d'araignée". Desrelations et échanges directs pourraientse développer entre réseaux nationaux.Enfin, il serait intéressant d'ouvrir undébat sur l'intérêt réel et le besoinpour l'Afrique d'un réseau. De celadécoulerait une recherche de moyenspour pérenniser les réseaux par le biaisd'une plate-forme d'actions communeset le financement de projets par desgouvernements africains. Cette ques-tion pourrait faire l'objet d'une séancelors du 1 Oème anniversaire du RéseauArbres Tropicaux.

Le Comités/c Marie-Françoise N'GORAN

Arbres Tropicaux - Réseau Côte d'Ivoires/c SODEFOR

01 BP 3770 Abidjan 01

paysans qui participent à des projetsde protection de l'environnement.

Les réflexions se poursuivent en vued'identifier dans toutes les structures despersonnes prêtes et assez disponiblespour ce travail de manière bénévole etd'élaborer des stratégies d'animationappropriées. Des initiatives de ce genreont été entamées dans les provinces duNord et de l'Extrême-nord.

Le deuxième point a consisté en la miseà la disposition de toute personne inté-ressée de quelques numéros du Flam-boyant et des fiches techniques dispo-nibles chez les coordinateurs provinciaux.Il a été diff ici le de contacter tout lepublic potentiellement intéressé, et c'estla raison pour laquelle un petit espace aété créé au sein des émissions radiodiffu-sées "Notre Environnement, Notre Sur-vie" et "Nature et Société" à Ngaoundé-ré et Garoua, pour exploiter certainsarticles du Flamboyant ainsi que les fichestechniques, en vue de sensibiliser et deformer les populations de ces provinces.

En outre le coordinateur provincial del'Adamoua a participé au nom duRéseau AT, à l'élaboration de deux pro-jets actuellement en cours d'exécutionpar deux communautés villageoises de la

ville de Ngaoundéré. Il s'agit :- du groupe Mardock qui exécute unmicro-projet d'agroforesterie avec lefinancement de D.E.D. Maroua (une insti-tution de la GTZ allemande),

- du G.I.C. Profil Espace Nature exécutantun projet de vulgarisation de foyers amélio-rés non portatifs en matériaux locaux (argileet sable) dans le ville de Ngaoundéré.

En dehors de ces actions sur le terrain,plusieurs réflexions sont en cours commenous l'avons dit précédemment pour éla-borer des stratégies efficaces d'animationdes activités du Réseau AT et aussi poursoumettre à l'approbation du secrétariatpermanent du Réseau certaines initia-tives locales en vue de la promotion del'arbre, de la forêt et de la sauvegarde denotre environnement.

NTOUPKA MarnaReprésentant Réseau ATGrand Nord du CamerounBP222 Maroua

PEGHOUMA IbrahimaCoordinateur Réseau A.T.

Province de l'AdamouaGUIBAOT FlavienCoordinateur Réseau A.T.Province du Nord

Comme vous venez de le lire, ces quatre pays ne sont pas au même stade... Les membres du nord-Cameroun en sont déjà aux actions concrèteset de façon bénévole, tandis qu'ailleurs quelques animateurs seulement portent tout sur leurs épaules depuis quelques mois ou années, avec unedisponibilité et une motivation variées.À vous de faire en sorte que l'on puisse lire davantage de récits d'expériences et d'échanges entre les membres !

°38 -Jain 1996

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ARBRE DU MOIS

L'ANACARDIERAnacardiutn occidentale, famille des Anacardiacees

Ndlr : le regain d'intérêt pour les anacardiers a conduit à développer particulièrement les chapitres "Multipli-cation" et "Plantation" qui tiennent Heu de "Main verte".

Introduction Écologie

Originaire d'Amérique tropicale, l'anacardier s'est répandudans toutes les autres régions tropicales dès le XVIè siècle. Il estainsi devenu très commun dans les régions côlières de l'Afriqueorientale, en Inde et en Malaisie. Son fruit, l'anacarde ou noixde cajou, contient plusieurs éléments à valeur économique.

Réputé pour sa grande rusticité et les produits multiples desa fructification, l'anacardier a fait l'objet d'attentions particu-lières en vue du développement de sa culture en Afrique fran-cophone de l'Ouest et en Afrique orientale. Selon les condi-tions climatiques, l'arbre est cultivé pour sa fructification ou enreboisement.

Au Bénin, après une période d'essais de 1954 à 1960 surdix hectares, la culture de l'anacardier s'est rapidement répan-due dans les régions du centre et du nord du pays grâce aufinancement du Fond Européen de Développement (FED).Essentiellement cultivé pour ses fruits et ses graines, l'anacar-dier couvrait jusqu'en 1978 une superficie totale de 10 000 haau Bénin, fortement réduite par les feux de brousse. Depuis1991, cette culture commence à reprendre sa place dans cer-taines exploitations agricoles (de 100 F en 1990, le prix du kilo-gramme est passé à 250 F en 1994). Outre le marché local, lemarché international pourrait se développer.

Description

L'anacardier est un arbre d'une dizaine de mètres de hau-teur. Les feuilles sont alternes, simples et coriaces ; elles mesu-rent 7 à 18 cm de long sur 5 à 12 cmde large et sont portées par un pétiolede 1 à 2 cm environ, épaissi à la base.

Les fleurs, mâles ou hermaphro-dites, blanches ou jaune pâle striées derosé, sont nombreuses, regroupées enpanicule terminale et odoriférantes. Lefruit, noix cajou, est sec, indéhiscent, àune seule graine : sous une coque trèsdure se trouve l'amande de cajou (enfait la graine) de 2 à 3 cm de long et decouleur gris-brun. Celle-ci est portéeau bout de la pomme cajou ou "faux-fruit" (qui est en fait le pédonculeépaissi), comestible, parfumé et degoût sucré.

Climat : soudanais pour production fruitière

L'anacardier supporte des régimes pluviométriques variés.Toutefois, pour mieux produire, il exige une pluviosité annuel-le comprise entre 800 et 1 800 mm répartie sur cinq à septmois consécutifs. Une saison sèche de cinq à six mois favorisenon seulement une bonne fructification mais aussi une bonneconservation des graines. Sensible au froid, aux écarts impor-tants de température et à l'altitude, l'anacardier supporte destempératures de 12° à 32°C et des altitudes allant jusqu'à 1000 mètres en situation privilégiée et chaude. L'ensoleille-ment est nécessaire pour la floraison et la fructification qui ontlieu durant la saison sèche.

- Dans les zones où la pluviosité dépasse 1 000 mm/an etest régulièrement répartie, le développement végétatif del'arbre est excellent et sa croissance rapide ; mais après la flo-raison, l'arbre fructifie peu à cause de l'humidité constante etélevée qui provoque la croissance d'inflorescences effilées. Lesnoix trop grosses, mûrissent mal d'où une conservation problé-matique. Le taux de pourriture peut aller jusqu'à 40% en deuxà trois mois. Ces zones correspondent à celles comprises entrela côte atlantique et la hauteur d'Abomey (Bénin, Togo), à larégion de Bouaké (Côte d'Ivoire) et à la Casamance (Sénégal).

- Dans les zones où la pluviométrie est supérieure à1 000 mm/an, mais avec une saison sèche bien marquée,l'anacardier trouve son fief par excellence. La saison sèche decinq à sept mois favorise une bonne fructification et une

bonne conservation des récoltes. Ces zonessont comprises entre Dassa-Zoumé et Sava-lou (où l'on observe les meilleures produc-tions du Bénin) ; les régions au nord deKatiola (Côte d'Ivoire), au sud de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), au sud de Bamako(Mali), le Sine Saloum et le nord de la Casa-mance (Sénégal).

Pomme Cajou(ou faux fruit)

Noix Cajou

- Dans les zones à pluviosité annuelle demoins de 1 000 mm et à saison sèche desept à neuf mois, l'influence du climat sou-dano-sahélien se fait sentir. Les vents pro-longés sont desséchants et frais (harmattan) ;ce qui fait avorter les fleurs. L'arbre se déve-loppe bien, mais la fructification est faible.Cette zone s'étend au nord de la latitudede Kandi (Bénin) à Kaolak (Sénégal).

33 -Juin 1996

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L'ARBRE DU MOIS

MALI

NIGER

Zones écologiquesfavorables à l'anacardier

en Afrique de l'Ouest francophone

I | Moyennes - passables

I I Bonnes - excellentes— — — Frontière d'Etat

Source : Fruits - vol. 28, n°3, 1973, p. 225

Sol : meuble et profond

L'anacardier est une essence qui s'adapte à divers types desols. Il n'exige pas un sol riche, mais préfère les sols légers,sableux, profonds, bien drainés, à 25% d'argile. Sur les cui-rasses latéritiques et les bas-fonds, il végète car son pivot estsensible aux obstacles indurés et à l'inondation. La profondeurdu sol est le critère fondamental, car le pivot croît très rapide-ment ; ainsi à quatre mois de plantation, il mesure 0,80 m delong et à deux ans de plantation, il atteint 2 m et parfois plus.

En conclusion, sur sol meuble et profond de préférence,l'anacardier sera exploité en vergers sous climat soudanais eten reboisement avec une vocation de protection des sois sousclimats soudano-sahélien et soudano-guinéen.

Multiplication

Semis direct

La mise en place de l'anacardier est réalisée le plus sou-vent par semis direct (trois à cinq graines bien saines parpoquets disposés à intervalles de 10 x 5 m en quinconce). Laréussite du semis direct dépend de la quantité et de la réparti-tion des pluies tombées après le semis. Il y a donc risque degaspillage de graines (en cas de semis successifs).

Aussi, est-il préférable d'élever les plants en pépinière pourfaciliter la reprise. Voici quelques techniques de pépinière.

Production de plants en pépinière

1° Pré-pépinière

Les graines destinées au semis sont récoltées dans l'année.On choisit les grosses graines bien remplies et sèches. La quanti-

té des graines dépend du nombre de plants qu'on souhaite pro-duire (prévoir 125 à 150 graines pour 100 plants).

a) Trempage

Les graines sélectionnées sont trempées pendant 72heures dans l'eau ; on élimine les graines flottantes. L'eau detrempage est renouvelée toutes les six heures pour éliminer leliquide toxique contenu dans le mésocarpe et qui peut détrui-re l'amande.

b) Confection de planche et semis

Les 72 heures écoulées, on confectionne une planche deterre qu'on arrose copieusement. On trace des raies paral-lèles, à intervalles réguliers de 10 cm à l'aide d'un plantoir oud'un bâton. La profondeur doit être légèrement supérieure àl'épaisseur des graines.

On procède ensuite au semis en disposant les graines facecontre sol, les unes accolées aux autres dans ces raies sur toutela planche. Puis, on ferme les rayons en amenant légèrementla terre sur les graines pour les couvrir, puis on recouvre avecdes feuilles pour maintenir une humidité constante. Ensuite,on arrose copieusement.

c) Entretien

L'entretien se limite à un arrosage par jour et de préférencele soir, jusqu'à la levée des graines.

2° Pépinière

a) Repiquage en pots

Au bout de deux semaines, les graines ont normalementgermé. À trois semaines, les deux premières feuilles apparais-

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L'ARBRE DU MOIS

senl au-dessus des cotylédons. On peut alors procéder au repi-quage. L'arrachage, précédé d'un arrosage, se fait au transplan-toir sans léser la racine pivotante.

Les plantules, qui doivent garder leurs cotylédons encoreblancs, sont repiquées dans des sahets plastiques en faisant untrou au plantoir au centre du pot. On introduit les racinesjusqu'au niveau des cotylédons et on tasse légèrement la terretout autour.

Après le repiquage, l'arrosage continue encore pendantun mois, moment où les plants ont déjà la taille nécessairepour être mis à leur place définitive en plein champ. AuBénin, il est donc souhaitable de commencer la pépinière dèsle début du mois de mai afin qu'au 15 juin au plus tard laplantation soit faite (densité 100 plants/ha).

b) Remarque

On peut aussi semer directement dans les pots, mais letaux de levée est très irrégulier et faible (humidité insuffisante)alors que par la pré-pépinière le taux de germination est esti-mé à 95% d'où réduction considérable du gaspillage desgraines.

Plantation-culture*

Préparation du terrain

Après un choix judicieux du terrain (élimination des bas-fonds et des zones de cuirasse, de marécages et de chien-dent), on le débarrasse de toute végétation. Sur friche, le net-toyage doit être terminé pour fin mars au plus tard**.

Densité de plantation

Pour une production fruitière, les grands espacements sontrecommandés. Cependant pour pallier l'inconvénient desfaibles récoltes et d'un entretien plus coûteux les premièresannées, l'éclaircie progressive des plantations est souventadoptée. Ce système consiste à planter à des distances relati-vement faibles au départ, puis à procéder à des éclaircies suc-cessives qui augmenteront l'écartement des arbres.

Piquetage-trouaison

Deux ou trois mois avant la reprise des pluies, le piquetagepeut se faire en carré ou en quinconce. Pour accélérer lacroissance des plants, on peut adopter un écartement dedépart de 6 m x 6 m ou 5 m x 5 m dans les zones de bonnesconditions écologiques. L'écartement d'origine de 7 m x 7 m(204 plants/ha) est adopté dans les zones d'excellentes condi-tions. Les écartements définitifs sont de 1 2 m x 1 2 m, 10 m x10 m ou 14 m x H m (51 arbres/ha) ; les plants bénéficientalors du maximum de lumière.

La trouaison s'effectue immédiatement après le piquetage.En lieu et place de chaque piquet on creuse un trou de 50 cmx 50 cm x 50 cm en sol meuble ou 50 cm de côté et 80 cm deprofondeur en sol de gravier. Au cours de la trouaison, on metd'un côté la terre arable et de l'autre, la terre végétale stérileet grossière. Un mois plus tard, les trous sont rebouchés au ter-reau (mélange de terre et fumure éventuellement).

Plantation proprement dite

Elle a lieu dès les premières pluies.La plantation en plein champ doit sefaire en bloc (contenu du pot et dujeune plant) dans un trou creusé aupréalable et arrosé. Le sol contenudans le pot sert alors de milieu detransition avec le sol de la plantationet empêche les blessures du système

Pratiquement, au centre des trousrebouchés, on ouvre juste un petittrou pour recevoir la motte contenantle plant. On enlève le sachet polyethy-lénique en le sectionnant à la base àl'aide d'une lame ou d'un canif. Onintroduit le sachet contenant encorela motte de terre dans le trou sansenfoncer le collet du plant. On tireensuite le bord extérieur du sachetvers le haut par dessus le plant pourlibérer la motte de terre dans le trou.

Anacardium occidentale, fruit. Photo : C. BERNARD.

Les principes énoncés sont valables pour les plantations forestières, dans lesquelles, par contre, les densités sont plus importantes et la fumurenon encore pratiquée. Ces différences interdisent une plantation d'anacardiers à double vocation : soit on conduit une plantation en verger, soiten reboisement.** Les dates indiquées sont valables pour le sud Bénin.

33 -Jw 1996

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L'ARBRE DU MOIS

Anacardium occidentale, (loiniso/i et fructification. Photo : S. AOCIOU.

renvoi de l'intérieur de la végétation conti-guë au pare-feu pour limiter les risquesd'incendie. Pendant toute la saison sècheles plantations doivent être gardées pourlutter contre les feux de brousse.

4° Lutte contre les maladieset ennemis

II n'existe pas de maladies impor-tantes. Quant aux ennemis, ils sont relative-ment nombreux. Les dégâts provoqués parcertains d'entre eux peuvent être graves.Par ordre d'importance décroissante nousciterons : les chenilles dévoreuses defeuilles (Eutelia), les chenilles enrouleusesde feuilles (Sylepta) et les cochenilles, lesthrips, les flatides qui piquent les feuilles.

On ramène alors la terre tout autour de la motte en la tassantau pied fortement pour supprimer les poches d'air éventuellesqui se trouveraient autour de la motte.On utilise la fumure (organique ou minérale) en plantationindustrielle.

Entretien des plantations

1 ° Sarclage

Les deux premières années de plantation, trois sarclagesannuels sont nécessaires. En troisième et quatrième annéesdeux sarclages suffisent : un au début de la saison des pluies etun autre au début de la saison sèche. D'où la rentabilité defaire des cultures intercalaires (maïs, niébé, soja...) dans la plan-tation pour faciliter et réduire le coût de l'entretien.Outre l'agroforesterie, on peut également pratiquer le sylvopas-toralisme après l'abandon des cultures intercalaires quand lesarbres sont suffisamment développés pour que la consomma-tion des feuilles par les bovidés ne leur soit pas préjudiciable.

2° Éclaircie

À l'écartement d'origine de 5 m x 5 m, 6 m x 6 m ou 7 m x7 m, la plantation d'anacardiers subit deux éclaircies. La pre-mière éclairc ie à c inq ans é l imine un arbre sur deux surchaque ligne. La deuxième éclaircie à neuf ans élimine uneligne sur deux. On obtient ainsi un écartement définitif de 10m x 10 m, 1 2 m x 1 2 m ou 14 m x 14 m.

3° Protection contre les feux de brousse

L'anacardier es! très sensible au feu qui a un effet néfaste sur lacroissance et le développement de l'arbre. Chaque année,dès la fin de la saison pluvieuse (octobre ou novembre selonles régions), les plantations doivent être entourées de pare-feularges de 10 à 20 m entièrement désherbés. Un réseau inté-rieur de pare-feu semble conseillé aussi. Il est recommandé,quand on en a les moyens, d'allumer des feux précoces et de

Récolte

Planté sans fumure, l'anacardier entre en production àl'âge de quatre à cinq ans en moyenne. Il faut attendre cepen-dant la septième année pour avoir une fructification abondan-te. Le fruit atteint sa pleine maturité lorsque la pomme cajouest prête à tomber. Quand la pomme tombe, l'amande cajoupeut être séparée très facilement. Les graines sont séchées ausoleil pendant deux à trois jours, elles devront être bien sèches(dures) avant leur conservation en magasin pendant plusieursmois. Il est important de débarrasser la graine de toute tracede la pomme cajou.

Les rendements obtenus varient selon les conditions écolo-giques et les techniques de plantation. Dans les meilleuresconditions du sol et d'entretien, on peut obtenir les rende-ments suivants : ,.

60 kg de noix/ha la 3ème année,140 kg de noix/ha la 4ème année,1 75 kg de noix/ha la 5ème année,200 kg de noix/ha la 6ème année (après éclaircie),350 kg de noix/ha la 7ème année,

- 1 000 kg de noix/ha environ de la 10ème à la 1 2èmeannée.- A partir de 20 ans, on obtient les rendements maximums(1 500 à 2 000 kg de noix/ha).

Au-delà de 25-30 ans, la production commence à baisser.Au Bénin, les rendements osci l lent entre 100 et300 kg/ha.

Usages

Les principaux produits de l'anacardier sont issus des troiséléments du fruit : la coque, l'amande et la pomme.

-jm 1996

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L'ARBRE DU MOIS

- La coque, très dure, contient une huile astringente àfaible viscosité, très utile pour les mécanismes de précision. Cebaume de cajou est utilisé dans la fabrication de résine synthé-tique (colle, vernis, matières plastiques, etc.) pour la préserva-tion du bois- Par distillation, l'huile fournit des produits de basepour la fabrication de revêtements spéciaux, d'isolants... Lacoque est également utilisée pour l'imperméabilisation et lafabrication de panneaux de particules. Elle constitue un boncombustible industriel.

- La pomme cajou (ou faux fruit) est gorgée de substancesnutritives : elle est consommée fraîche (localement) ouséchée. Sa pulpe sert à préparer un jus de fruit riche en vitami-ne C, du sirop et des pâtes de fruits. On peut aussi fabriquerdes boissons alcoolisées.

- L'amande cajou, comestible, est consommée surtout sousforme grillée. Elle est largement utilisée dans les industries ali-mentaires (biscuiterie, confiserie, pâtisserie, chocolaterie, etc.).Elle contient une matière grasse, l'huile cajou, à partir delaquelle on peut préparer du beurre d'anacarde utilisé en ali-mentation et en pharmacie.

Notons que le marché pour la pomme cajou pourraitdevenir florissant dans les prochaines années dans les paysdéveloppés.

Conclusion

Comme produits secondaires tirés de l'anacardier, on peutciter

• le tanin tiré de l'écorce,• le bois de chauffage tiré des produits d'éclaircie oud'arbres trop âgés qui ne donnent plus assez de fruits,• la gomme d'anacardier ayant des propriétés insecticidesutilisées pour la reliure des livres.

Bien que beaucoup d'autres fruitiers constituent aussi dessources de revenus garantissant la retraite des paysans, l'anacar-dier se montre encore plus rentable à cause de la conservationde ses fruits. Les noix se conservant plus longtemps que lesmangues, les papayes et autres, le paysan peut paisiblementattendre la montée des prix de vente avant de livrer ses pro-duits.

À cause de cette diversité de produits et la possibilité deprocurer des revenus dès la troisième année, la culture del'anacardier mérite d'être encouragée.

Souleymane A. AOGOUPépiniériste forestier

ŒTA-INABP 10 N'dali

BÉNIN

Bibliographie

GOUJON P., LEFEBVRE A., LETURCQ Ph., MARCELLESI A.P. & PRALORAN j . C, 1973. Études sur l'anacardier. Fruitsvol 28, n° 3 : 21 7-225 ; vol 28, n° 4 : 271-278.

VANDENPUT R., 1981. Les principales cultures en Afriquecentrale. A.G.C.D., Bruxelles, 1 252 p.

Situation et possibilités de développement de l'anacardierdans sept pays d'Afrique de l'Ouest francophone.Bois et Forêts des Tropiques n° 149, 1973.

Transformation des peuplements d'anacardiers en vergers.Bois et Forêts des Tropiques n° 150, 1973.

Anacardium occidentale. Photo : C. BERNARD.

38 -Jm 7996

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OR ET

S.O.S. :la réserve forestière de Melap

(i ou m ban) est en danger dedisparition...

PEUT-ON ENCORE LA SAUVER ?De nos jours, il est de plus en plus admis que denombreux projets en milieu rural, bien qu'envisagéspour le bien-être des populations locales, ont étéélaborés sans y associer ou intégrer celles-ci. Lespromoteurs de ces projets se sont contentés de ren-contrer l'autorité traditionnelle qui, en fonction dela dimension du projet, a exproprié les villageoisde l'espace concédé. Des villages entiers ont ainsiété déplacés*, le plus souvent sans indemnité decompensation et installés dans d'autres sites plusou moins favorables, d'où il faut repartir à zéro. Lepaysan pour qui le projet a été conçu, se considèrecomme chassé de sa terre et abandonné à lui-même. Il est donc frustré et s'érige par conséquenten saboteur.

La réserve forestière de Melap n'échappe pas à ceconstat. Face à la forte pression humaine (intru-sions diverses, coupes frauduleuses, feux de broussefréquents et installations récentes des culturesvivrières), nous nous sommes rendus auprès despopulations environnantes pour savoir commentelles percevaient, de nos jours, ce massif forestier.Après une brève présentation de la réserve nous ana-lyserons dans les lignes qui suivent, l'environnementsocio-économique, les réactions recueillies auprès deces populations et, en guise de conclusion, nous pro-poserons quelques recommandations qui, nous l'espé-rons, pourront contribuer à sauver cet îlot de forêtartificielle en perdition.

Ndlr : en limite de la zone des projets.

WÊ^UÊ* Présentation de la réserve

La réserve forestière de Melap se trouve en zone de savanehumide du Cameroun et fait partie des 26 réserves que comp-te la Province de l'Ouest. Classée par l'arrêté n° 224 du 27juillet 1934, elle s'étend d'une part entre 5°44' et 5°48' delatitude nord et d'autre part entre 10°52' et 10°54' de longi-tude est, avec une superficie de 1 705 hectares. Cette réserveest située près de la ville de Foumban, chef-lieu du départe-ment du Noun.

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FOUMBAM

Le relief est assez tourmenté (pente 0 à 80 %). L'altitudemoyenne est aux environs de 1 000 m et atteint 1 250 m ausommet de certaines collines.

Le climat est caractérisé par une saison sèche allant de mi-novembre à mi-mars avec trois mois écologiquement secs(décembre, janvier et février) et une saison des pluies de mi-mars à mi-novembre. Les pluies sont très irrégulières pendantcette saison. La pluviométrie moyenne annuelle est de1 907 mm et la température moyenne de 21,4 °C.

Les sols se répartissent en deux catégories principales :

- les sols peu évolués (faible proportion de lithosols et sols allu-viaux), qui se rencontrent surtout aux abords de la rivière Nchi,

°3ô -/m 7996

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Réserve forestière de Uelap. Photo : R. NJOUKAM

- les sols ferralitiques, qui occupent la plus grande partie dela réserve.

La végétation actuelle appartient au secteur guinéo-souda-nien des savanes périforestières, avec dans les strates arboréeet arbustive des arbres tels que Annona senegalensis, Termi-nalia glaucescens, Albizia adianthifolîa, Harungana madagas-cariensîs et Hymenocardia acida. La strate herbeuse est sur-tout composée de graminées de genres Hyparrhenia, Parti-cum, Loudetia..., avec d'autres espèces comme Aframomumlatifolium, Combretum lianoïdes...

Depuis les années 50, la végétation naturelle dans la réser-ve a progressivement été remplacée par les plantations artifi-cielles d'essences exotiques. Les arbres plantés appartiennentaux genres Eucalyptus (environ 30 espèces), Pinus (environ 15espèces) et autres {Cupressus, Callitris et Widdringtonia). Lessuperficies plantées se répartissent de la façon suivante :

- eucalyptus :- pins :- autres :

755525

60

hahaha.

Eucalyptus saligna, E. grandis, Pinus kesiya et P. caribaeaont donné de bons résultats de production et d'adaptation, etcontinuent d'être plantés dans les reboisements publics parl'ONADEF1 et en sylviculture privée.

^ • i H M m ^ Utilisations desproduits forestiers

L'eucalyptus est une essence dont l'importance localen'est plus à démontrer. C'est le principal (sinon le seul) boisutilisé comme support de lignes électriques et téléphoniques.En milieu rural, les perches d'eucalyptus rentrent dans laconstruction des cases et des enclos. Les arbres de grossesdimensions sont sciés à la tronçonneuse et les débits sont éga-lement utilisés dans les constructions. Les rebuts issus des diffé-rentes exploitations servent de combustible aux populations

rurales et même urbaines. Les feuilles rentrentparfois (en de très faibles proportions) dans lapharmacopée traditionnelle.

Le pin a longtemps été considéré commearbre ornemental par les populations locales.L'ONADEF exploite chaque année en décembredes arbres au stade bas-perchis et les acheminevers les villes pour satisfaire une demande nonnégligeable en "sapins" de Noël. Cette essencefournit aussi un bon bois d'oeuvre. La scierie deMassangam (située à 75 km au sud-est de Foum-ban) a effectué des essais de sciage concluants surdes arbres abattus dans la réserve. Ce bois est trèsapprécié dans la fabrication des meubles d'inté-rieur et des lambris. Il est également utilisé loca-lement en artisanat dans la sculpture desmasques et piliers.

Environnementsocio-économique

L'arrondissement de Foumban (secteurs urbain et rural}abrite environ 128 000 âmes (rapport économique1991/1992) sur une superficie de 2 183 knV, soit une densitéde 59 habitants au km2. Cette densité est faible par rapport àcelle de la province entière (98 hab/knV). La population estconstituée surtout de Bamoun. D'autres ethnies (Bamiléké,Haoussa, Bororo) sont aussi représentées, notamment dans laville de Foumban.

La famille constitue l'unité de base de la société. Elle estcomposée d'un homme chef de famille, d'une ou de plusieursépouses, d'enfants légitimes et de dépendants adultes et ado-lescents issus d'autres relations.

La société, comme celle de la plupart des villages de laProvince de l'Ouest est fortement hiérarchisée et s'organisede la façon suivante : au sommet de la hiérarchie, l'autorité estexercée par le Sultan et au bas de l'échelle par le chef defamille, en passant par les chefs de groupements et de villages.Le Sultan délègue une partie de ses pouvoirs aux chefs degroupements, ceux-ci à leur tour en délèguent aux chefs devillages. Cette organisation est fortement influencée par la reli-gion musulmane. : |

Dans la région comme dans tout le département duNoun, le Sultan en sa qualité de chef politique et religieux estle gardien ainsi que le gestionnaire des terres. Il en distribueaux membres de la communauté par le truchement des chefsde groupements ou des chefs de villages. Le système fonciertraditionnel cohabite très bien avec le système foncier moder-ne qui, après la tenue de palabres, délivre les titres fonciers.Dans la région, il y a suffisamment de terres pour les membresdu groupe. Cependant les conflits fonciers ne sont pas absents.Les habitants sont en majorité de religion musulmane. Il existecependant des chrétiens et des animistes.

L'économie de la région est surtout basée sur l'artisanat,l'agriculture, l'élevage et le bois-énergie.

1 Office National de Développement des Forêts.

38 -Jm 1996

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FORET

L'artisanat porte principalement sur le tissage, la sculpturesur bois el le moulage des objets en bronze. Cette activité arti-sanale attire beaucoup de touristes.

Les principales cultures vivrières de la région sont représen-tées par le maïs et quelques tubercules (manioc et patatedouce). Le café arabica est l'unique culture de rente.

L'élevage des bovins est surtout pratiqué par les peuls Boro-ros qui sont pour la plupart des éleveurs transhumants en pro-venance de la province voisine (Adamaoua). La réserve fores-tière de Melap est un passage obligé pour ces troupeaux. Lesparcelles situées aux abords de la route sont régulièrement tra-versées par le bétail qui se nourrit des herbes [Hyparrheniaru fa, Melinis minutiflora) et fertilise le sol par ses déjections.Signalons que ces passages comportent également quelquesinconvénients tels que tassement du sol, piétinement dessemis et blessures éventuelles des arbres par les cornes. Lespopulations locales s'adonnent surtout au petit élevage.

Le bois-énergie est une activité non moins importante. Laquasi totalité de la population (90%) n'a pas accès au gaz quicoûte de plus en plus cher et utilise uniquement du bois

comme combustible. Selon des enquêtes menées par leMinistère des Mines et Énergie, la consommation en bois defeu serait de 700 kg/hab/an dans toute la province. Dans larégion de Foumban, la seule source d'approvisionnement enbois de feu demeure la savane où Hymenocardia acidaest l'undes arbustes les plus prisés. Or il s'avère que cette savaneautour de la ville de Foumban devient de plus en plus pauvreen espèces ligneuses. Devant cette pénurie croissante, lespopulations sont obligées d'augmenter leurs prélèvements surla réserve, malgré l'interdiction formelle stipulée par la législa-tion forestière. Le bois prélevé est conditionné et vendu dansles villages à 50 FCFA pour un fagot d'environ 10 kg. Ce mêmefagot rendu dans la ville de Foumban coûte 1 00 FCFA2 .

Qu'en pensent les populationsenvironnantes ?

Méthodologie d'enquêtes

Pour apprécier les façons de percevoir la réserve par lespopulations, nous avons utilisé la "Méthode Accélérée deRecherche Participative" (M.A.R.P.). La collecte des informa-lions a nécessité plusieurs phases.

Initiée au début des années 80, la M.A.R.P., contrairementaux méthodes traditionnelles d'enquête, est un processusqui permet de mieux connaître en un temps record lesréalités rurales. Les initiateurs de la M.A.R.P. reprochentaux méthodes formelles d'enquêtes : leurs coûts élevés, lalongue durée de collecte et de traitement des données,un doute sur la fiabilité de l'information surtout lorsqu'ils'agit des questions jugées sensibles ou controversées.

Zone de passage des troupeaux, Réserve forestière de Melap.Photo : R. NfOUKAM.

- Première phase. Les auteurs ont réfléchi sur le typed'informations nécessaires à l'appréciation des réactions despopulations. La réflexion a conduit à l'élaboration d'un guided'entretien.

Communauté

Njiloum I (Feloum)Njiloum IINjinkaNjinloulNjinketnkieKoupa Ngagnu

* à vol d'oiseau

Njiloum I (Feloum), rFoumban. Le chef <k

Distancelocalité-réserve

limitrophelimitrophelimitrophelimitrophe1,3 km*2,4 km*

\ljinka el Njinlout

Autorité rencontrée

Représentant du chef duChef de villageChef de quartierChef de groupementChef du villageReprésentant du Chef du

sont des quartiers de la ville degroupement réside à Njintout cl coiffe les quar-

tiers Njîntout et Njiloum I (Feloum), ledeux autres villages non concernés par

village Koupa Gagnu ainsi quenos enquêtes.

quartier

village

Effectif des personnesprésentes

H)3520113020

Les visites de Njiloum 1 et de Njintoutdes jours du marché de Foumban. Cparticipation aux enquêtes.

Qualité

Notables + adultesNotables + adultesNotables + adultesJeunesAdultes + jeunesNotables + adultes

ont eu lieu un mercredi, l'unest ce qui explique une faible

2 Soit 10 FCFA/kg : ce prix est élevé (l'énergie domestique d'une famille de dix personnes représente donc 70 000 FCFA/an, soit plusieurs moisde salaire d'un ouvrier, mais reste moindre que dans les villes de zone sèche (15 FCFA/kg à Garoua et 20 FCFA/kg à Niamey, Niger, (d'aprèsPFJ.TIERet al., 1993).3 Le marché a lieu tous les mercredi et les samedi.

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FORET

- Deuxième phase. La descente sur le terrain a été soute-nue par une lettre d'introduction requise auprès des autoritésadministratives. Cette lettre précisait également le calendrierdes visites qui ont duré trois jours et ont permis de rencontrerles chefs traditionnels, leurs notables et quelques membresdes communautés présents lors des entretiens. Les différentescommunautés et la qualité des personnes rencontrées figurentau tableau p 14.

- Troisième phase. Les différents entretiens se sont dérou-lés avec l'aide d'un interprète. Ils ont été l'occasion, pour lesautorités traditionnelles et les membres des communautésrespectives, de donner librement leurs avis sur la réserve deMelap. Ces entretiens nous ont également permis d'identifieret de hiérarchiser, avec les concernés, les principalescontraintes rencontrées notamment dans l'approvisionnementen bois-énergie et la pratique des cultures vivrières.

Résultats des enquêtes

Les avis recueillis lors des visites sont résumés en troispoints : l'historique de l'installation de la réserve, les objectifset les fonctions de la réserve tels que perçus par les personnesenquêtées.

- L'installation de la réserve

La réserve forestière a été implantée sur la terre apparte-nant aux groupements Njintout et Njinka. Cette terre a étéattribuée à l'administration coloniale par le Sultan gestion-naire et gardien du territoire du peuple Bamoun. Les occu-pants de cette terre ont donc été déplacés et affirment retour-ner dans leurs anciennes concessions pour au moins entreteniret gérer les bas-fonds à Raphia vignifera dont la sève sert àfabriquer un vin de palme apprécié4. Certains anciens occu-pants y rentrent pour nettoyer discrètement les tombes desancêtres. Cependant la législation forestière a toujours interdittoute activité dans la zone qui est une propriété privée del'État.

- Objectifs de la réserve

Les populations déplacées n'auraient pas été informéesdes objectifs initiaux de la réserve. C'est bien plus tard, parsuite des réclamations et de leur entêtement à ne pas respec-ter l'interdiction de pénétrer dans la réserve, que les objectifsde la création de celle-ci leur ont été peu à peu dévoilés : laréserve forestière procurerait du bois (d'oeuvre, de service etde feu), attirerait des touristes et permettrait de lutter contrela sécheresse.

Bien que n'ayant pas été associées à la définition de cesobjectifs, les populations affirment tout de même avoir partici-pé à la mise en place et aux entretiens des parcelles. Ellesdéplorent cependant leur non participation à la gestionactuelle du massif forestier.

- Fonctions actuelles de la réserve

D'après les réponses fournies par les populations, la créa-tion de la réserve de Melap a eu plusieurs conséquences. Laréserve est source d'insécurité, de conflit entre les populationslocales et l'État ainsi que source d'exode rural. Elle génèreaussi des emplois et sert d'exemple aux sylviculteurs privés.

Perceptions paysannes de la réserve forestière de Melap

• une source d'insécuritéCet aspect est relevé notamment par les habitants du village Nji-loum II qui sont obligés de traverser toute la réserve pour serendre à Foumban. Ils craignent surtout les passages nocturnes quisont quelquefois perturbés par des bandits utilisant la réservecomme refuge ;

• une occasion permanente de conflits entre les populations etl'ÉtatToutes les communautés riveraines estiment que la réserve lesoppose à l'Etal. Pénétrer dans la réserve pour chercher du bois outoute autre ressource expose le contrevenant à des sanctions. Lespaysans rencontrés souhaiteraient qu'on les autorise à ramasser dubois mort, à utiliser les espaces non plantés pour pratiquer les cul-tures vivrières et à vénérer librement les tombes des ancêtres ;

• une cause d'exode ruralL'installation de la réserve a provoqué la migration des populationsvers la ville de Foumban. C'est surtout le cas des habitants desquartiers Njinka, Njintout et Njiloum ;

• une possibilité d'emploi et un modèle des plantations privéesToutes les personnes enquêtées n'ont pas avancé que des aspects"négatifs" à propos de la réserve. Certains paysans affirment êtred'anciens employés du service des Eaux et Forêts ou de l'ONA-DEF, auteurs de plusieurs travaux de reboisements dans la réserve.D'autres, s'inspirant de ces travaux, ont créé leurs propres planta-tions privées d'où ils tirent des revenus substantiels issus des ventesde poteaux, de perches et de bois de feu.

Dmnm^HM Conclusions etrecommandations

À l'issue des différents entretiens que nous avons eus dansles villages et groupements visités, nous pouvons affirmer sansambages que toutes les personnes interrogées reconnaissentimplicitement le bien-fondé de la réserve, malgré quelquesgriefs formulés çà et là à l'encontre de cette dernière.

L'un des principaux objectifs de la création de ce massifétait de mettre régulièrement à la disposition des populations,des produits ligneux. Cet objectif n'a malheureusement pastoujours été atteint à cause des conflits de rôles entre les ser-vices et organismes forestiers, II y a une dizaine d'années,l'ONAREF5 avait pris l'initiative de fournir du bois de feu auxpopulations à raison d'une somme de 1 000 FCFA le stère.Cette opération, très appréciée par les consommateurs, n'apas fait long feu. L'ONAREF a été très vite rappelé à l'ordre

4 Le "vin de raphia" ressemble au vin de palmier à huile ou au vin de rônier, plus connus en Afrique de l'Ouest sous le nom de "vin de palme".5 Office National de Régénération des Forêts devenu ONADEF,

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FORET

pour avoir outrepassé ses attributions en se livrant à "l'exploita-tion forestière". Depuis lors, faute d'autres mesures semblablesà celles de l'ONAREF, la réserve forestière de Melap est deve-nue progressivement une forêt de protection et non de pro-duction. Malgré l'entrée prohibée dans cette réserve, les popu-lations se "servent" convenablement, même de nuit afind'échapper aux gardes forestiers.

Une autre revendication souvent avancée lors de nos visites(notamment à Njiloum II, Njitout et Njinka) est l'occupationpar les populations des espaces non plantés pour la pratiquedes cultures vivrières. Celte option est assez délicate el méritemûres réflexions. À notre avis, il faudrait à tout prix éviterl'invasion anarchique de la réserve par les populations, si l'onveut continuer à préserver cet "îlot de forêt" situé près de laville de Foumban. La gestion de ces espaces non boisés pourrait(en accord avec un plan d'aménagement) s'effectuer dans lecadre des essais agroforestiers. Ainsi, toute personne désireusede cultiver dans la réserve devrait être répertoriée et, à travers,un contrat, s'astreindre à toutes les exigences stipulées par lesprotocoles d'essais.

L'exemple d'intégration du .paysan à un projet de reboise-ment nous vient finalement du Burundi et mérite d'être suivi,notamment en cas d'éventuelle création de nouveaux péri-mètres de reboisement. Le projet burundais6 avait prévu dans sesactivités un volet agro-pastoral pour assister les populations expro-priées et environnantes dans leurs travaux quotidiens. Celles-ci,ne se sentant pas délaissées, ont contribué efficacement à laréussite et non au sabotage du projet de reboisement7.

Compte tenu de l'importance des produits ligneux dans larégion, des efforts doivent être faits afin de réorienter la réserveforestière de Melap vers son objectif initial, à savoir l'approvision-nement soutenu en ces denrées qui deviennent de plus en plusrares.

Aussi faudrait-il :

- élaborer et appliquer un plan d'aménagement8. L'étatactuel de la réserve frise tout simplement l'abandon. En dehorsde quelques activités menées par la recherche forestière, Melapest le théâtre d'intrusions diverses (coupes frauduleuses, feux debrousse et, tout récemment, pratique de cultures vivrières) ;

- créer au sein de la Direction des Forêts ou de l'ONADEFune cellule dotée de moyens appropriés pour assurer les opé-rations d'éclaircies et de nettoiement'3. Ainsi, les produits decette opération, loin de susciter la convoitise des populationspour ensuite devenir illégalement la propriété de quelquesrusés, seraient mis de façon officielle à la portée de tous ;

- encourager les populations, notamment celles de Njikentkieet de Koupa-Ngagnu (qui ont de l'espace et se sont montrées trèsdisponibles), à mettre en place des boisements individuels oucommunautaires. L'ONADEF et la recherche forestière devraientêtre disposés à apporter un appui efficace à une telle opération ;

- élaborer un plan de gestion participative des formationsnaturelles environnantes, compte tenu de la pression anthro-pique exercée sur la réserve ;

- tout en poursuivant les recherches sur les essences exo-tiques à croissance rapide, la recherche forestière devra égale-ment se pencher sur les essences locales hautement appré-ciées par les populations pour leurs usages multiples. Signalonsà cet effet qu'une étude sur la germination du Canariumschweinfurthii (Aiélé) a été réalisée et une parcelle de com-portement permettant de suivre sa croissance en peuplementa été mise en place.

Raphaël NJOUKAMI.R.A.BP 285 FoumbanCAMEROUN

I.-R. TCHOUAMOFaculté d'Agronomie et des Sciences

Agricoles - Université de DschangBP 247 Dschang

CAMEROUNRégis PELTIERCIRAD-Forêt

BP 503534032 Montpellier

FRANCE

BIBLIOGRAPHIE

CHAMPAUD j . , 1973. Atlasrégional. OUEST II. Ed. Ram-bault & Guiot, 117 p. + Carteshors texte.

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FAURE J.-j., 1986. RéserveForestière de Melap. Pland'aménagement (1987-1996).MINAGRI/MESIRES, 61 p. +Annexes.

NjOUKAM R., 1995. Contribu-tion à l'étude des interactions"essences forestières à croissan-

ce rapide et sols des savanes tro-picales humides". Cas de laréserve forestière de Melap(Foumban} au Cameroun. Thèsede doctorat, Faculté Universitai-re des Sciences Agronomiquesde Gembloux (Belgique), 215p., 44 tabl., 26 fig. et photos. . .

PAMO T.E., KAMAJOU F. &TCHOUAMO I.-R., 1993. Uneétude de la gestion des res-sources naturelles à Barawa,Département du Mayo-Kanr,Province de l'Extrême Nord duCameroun. Université deDschang. • ; ;

PELTIER R., TRIBOULET C ,MJITI C. F., HARMAND J. M.,1993. Les fronts pionniers sou-daniens, revue BFT n° 236,CTFT N.ogènt-sur-Marne, Fran-ce, pp 5-23.

Ndlr : cet article, à partir de l'exemple de Melap, pose le problèmeplus général de savoir si les services forestiers de la province del'Ouest du Cameroun ont les moyens politiques, humains et maté-riels de gérer les massifs forestiers de l'ouest en assurant, à la fois,la protection de l'environnement (lutte contre la sécheresse) et ledéveloppement économique (production de bois, tourisme). Dansce cadre, cet article suggère des actions intéressantes, mais quinécessiteront beaucoup de temps pour être appliquées.

6 Projet de reboisement FAC/BM.7 C'était également le cas du projet AFRI au Togo à travers la culture de pare-feux et l'élevage du mouton. Voir l'article de Claude BARBIER etal. dans BFT n° 224, 1990.8 Le plan d'aménagement rédigé par FAURE (1986) et qui devait démarrer en 1987 est resté jusqu'à présent lettre morte.9 Ou pour confier ces travaux à des groupements villageois sous le contrôle technique de l'administration.

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JSJVJJLOJSINfMENT

LE PARC NATIONAL DUMONT SANGBÉ (BIANKOUMA)

HistoriqueCompte tenu de sa situation sur la l imi-

te forêts-savanes et de sa diversité fauniqueet végétale, l 'admin is t ra t ion co lon ia leérige la zone environnante du Mont Sang-bé ou Monts Toura en forêt domanialeclassée dite "Mont Sangbé" d'une superfi-cie de 105 600 ha (par arrêté n° 82 SE/Fdu 10 janvier 1945).

Le 13 décembre 1954, la forêt classée duMont-Sangbé est partiellement déclassée(suite aux demandes des populations duParc qui réclament des terres cultivables)pour ne conserver que deux massifs fores-tiers classés : le massif de Kangolo de24 000 ha et ce lu i du Mon t Boin de16 000 ha.

Le 19 févr ie r 1 9 7 6 , par décre tn° 76-215 du Président de la Républiquede Côte d ' Ivoi re, ces deux massifs sontréunis avec de nouvelles limites sur unesuperficie de 95 000 ha pour donner leParc National du Mont Sangbé.

Exceptée la l imite ouest convent ion-nelle longue de 45 km, le parc est limitépar des cours d'eau (cf. carte).

Le 28 août 1990 , par l 'a r rê tén° 290/AGEP/DPN la Cellule d'Aménage-ment du Parc National du Mont Sangbé(CAPNS) est créée, Cette Cellule dont lesiège est à Biankouma a pour mission lagestion du Parc National du Mont Sangbé.

^̂ ^̂ ^̂ ^̂ ^̂ ^̂ ^̂ ^̂ BEBRB9S&HKBR£**̂ :::: ^» I I 1 1 *m I M m • I I

géographiqueLe Parc Na t i ona l du M o n t Sangbé

(PNMS) est situé dans l'ouest de la Côted'Ivoire. Il est compris entre les coordon-nées suivantes : 7°05 et 7°25 de longitudeouest ; 7°50 et 8°10 de latitude nord.

PARC NATIONAL DU MONT SANGBE

Ruisseau /<ooa\o

Mafala /

Mt Sangb Campement f(de 3 cases) I

1MASSIF FORESTIER

DUMTBOIN9 16 000 ha

PâmaMASSIF FORESTIER

DE KANGOLO24 000 ha

Lotou

KourokoroLimite foret classée du Mt SangbéLimite parc national

Cours d'eauVillage 5 km

Aux confins des sous-préfecturesde Biankouma, Gbonné, Guintégué-la et Sif ié, il occupe le quat r ièmerang après les Parcs Nationaux de laC o m o é (1 115 0 0 0 ha) , de Taï(350 000 ha) et de la M a r a h o u é(100 000 ha) (cf. p. 18).

HydrographieLe Parc National £lu Mont Sang-

bé est arrosé dans sa partie est par lefleuve Sassandra, tandis que la rivièreBafing le traverse dans sa partie cen-trale puis au sud.

tfFlAMBD<fA/\tr*° 38 -Jm 1996

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ENVIRONNEMENT

MALI

GUINEE

Plus de 500 m

Do 200 à S00 m

De 0 à 200 m

Monts

Parcs nationaux1 Comoé2 Taï3 Marahoué4 Mt Sangbé

LIBERIA

À ces deux grands cours d'eau, iî faut ajouter :

- le Baba (affluent du Sassandra), au nord du parc et délimi-tant celui-ci, qui permet l'alimentation en eau de la faunelocale (cob en particulier) ;

- le Goué (affluent de la rive droite du Bafing) qui permet parses chapelets de mares en saison sèche, le maintien des condi-tions hydriques favorables pour les bubales et cobs dans le suddu parc.

Quant aux marigots de savanes, ils s'assèchent tous en sai-son sèche en formant parfois des chapelets de mares dans leurlit. C'est le cas du Gan prenant sa source au nord-ouest (versDioman), traversant le Parc d'ouest en est, redescendant ausud pour se jeter dans le Bafing non loin du confluent de celui-ci avec le Sassandra.

Sur le plan écologique, le marigot Gan joue avec le Babaun des rôles les plus importants vis-à-vis de la faune comptetenu de sa position et de son itinéraire en milieu de savanesèche, biotope par excellence de l'hippotrague.

Relief, climat et végétationAvec un relief très accidenté (le point culminant étant le

Mont Sangbé à 1 072 m) au sud-ouest et des plateaux aunord-est, le régime climatique du parc est celui des savanesguinéennes à caractère préforestier au sud et sub-soudanais aunord.

En fait, la présence des savanes boisées, avec des hautesherbes au nord, et des forêts claires au sud avec des plainesinondables le long du Sassandra, confère au Parc National duMont Sangbé le statut de zone de transition, d'où sa richesse

1 00 km

faunique aussi bien en espèces desavanes que de forêts. Les tempéra-tures moyennes sont de 25°C, mais onobserve des températures plus bassesdans les Monts Toura* en décembre etjanvier. Les précipitations annuellesvarient entre 1 100 mm et 1 500 mm.

Une grande diversité d'essences arbo-rées et de graminées peuple les sols duparc.

Celles-ci sont réparties sur le terrain enquatre zones :

- la zone des reliefs de l'ouest et sud-ouest,- la zone de savane sèche du nord,- la zone des plaines d'inondations duSassandra et la confluence du Bafing,- la zone des savanes sur les collines dusud.

Parmi les essences du parc, on peutciter :

en forêt : Triplochiton scleroxylon (Samba), Mansonia altis-sima (Bété), Ceiba pentandra (Fromager), Chlorophora excelsa(Iroko), Cola grandi foi ia ;

en savane : Khaya senegalensis, Daniellia oliveii, Lophiralanceolata, Ficus capensis.

Les principales graminées du parc sont : Imperata cylindrica,Loudetia simpiex, Andropogon macrophyllus, Andropogon ivo-

Pennisetum purpureum, Sporobolus pectinellus.rensis,

FauneOn rencontre une grande variété d'espèces animales. Mal-

heureusement, du fait du braconnage, elles ne sont guèrefaciles à approcher. Le tableau ci-contre présente les princi-pales espèces.

On a pu dénombrer au total 71 espèces de mammifèresdans le PNMS. À ces mammifères, il faut ajouter plusieursespèces de reptiles et d'oiseaux, comme :

- les crocodiles (c. du Nil, c. à museau court et c. faux gavial),- le python royal et le grand python,- le mamba vert et le Naja nigricolis,- l'aigrette garzette, le jabiru du Sénégal, le héron goliath,l'aigle couronné, l'outarde de Denham, la tourterelle duCap, la chouette pêcheuse, le calao à joues brunes, etc.

wm$mm$mmm Problèmes rencon t résJusqu'à présent, il y a encore des villages installés à l'intérieur

du parc. Le nombre d'habitants de ces villages est de 752.

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B I W > I ENVIRONNEMENT « • •

ESPÈCE

Syncerus caffer nantis (buffle d'Afrique de l'Ouest)Neolragus pygmaeus (antilope royale)Sylvicapra grimmia (céphalophe de Grimm)Ccphalophus rufilatus (céphalophe à flancs roux)Cephalophus dorsalis (céphalophe à bande dorsale noire)Alcelaphus buselaphus (bubale major)Kobus kob(coh de Buffon)Kobus defassa (cob defassa)Tragelaphus scriplus (guib harnaché)Hippotragus equinus (hippotrague)Potamochcrus parais (potamochère)Loxodonta africana (éléphant d'Afrique)

Hippopotamus amphibius (hippopotame)Procavia capensîs (daman des rochers)Dcndrohyrax arborais (daman des arbres)Fclis aurala (chat doré)Mangoustes, genettes : espèces diversesPan troglodytes (chimpanzé)Papio anubis (cynocéphale)Colobus polykomos (colobc magistral)

SITUATION DANS LE PARC NATIONAL DU MONT SANGBÉ

commun dans l'ensemble du parc tant en savane qu'en zone de forêtsrencontrée dans les forêts du Bafing et celles des versants montagneux du parcobservé en savane (surtout dans le nord du parc)dans l'ensemble du parcdans l'ensemble du parcpeuple toutes les savanes du parcpartout au bord des cours d'eau et dans les savanes humides du parcdans l'ensemble du parc au bord des cours d'eaudans l'ensemble du parcdans l'ensemble du parc, mais est beaucoup moins menacé que le précédentgaleries des affluents du Bafing et du Sassandrale long des rivières Baba et Gan ; son nombre décroît de jour en jour, ce qui lecondamne à une disparition très proche du parcprésent dans le Sassandra el le Bafing, il est très menacé par les braconniersdans l'ensemble du parcdans l'ensemble du parcen savane,uniquement dans les monts Toura*dans l'ensemble du parcau sud du parcen savane sur les sommets rocheuxen petite bande dans les forêts du parc et dans les galeries

Le PNMS étant encore non aménagé, l'accès en est diffi-cile. En fait, les agents assurant la surveillance parcourent leparc sans aucun repère fixe. Les repères possibles sont lespistes des champs illicites ou les pistes reliant un village à unautre dans le parc. Il suffit qu'un champ soit abandonné pourque le repère disparaisse. Quant aux braconniers, ils délaissentleurs pistes dès qu'ils savent que les agents des Eaux et Forêts ysont passés.

Les habitants des villages à l'intérieur (ethnie Toura) etautour du parc chassent dans l'aire protégée. De plus, ils abri-tent et protègent les Guinéens et Maliens qui n'ont d'autre

Aigrette garzette, porc de Waza (Cameroun). Photo : F. LAMARQUE

activité que la chasse pour survivre. En outre, ces habitantsdégradent les milieux en détruisant les galeries de forêts duparc pour faire effectuer leurs cultures. Ici l'on ignore la pra-tique des jachères : toute parcelle culturale est utilisée au plustrois ans avant d'être définitivement abandonnée pour unenouvelle.

Malgré les efforts déployés par l'Etat ivoirien pour équiperles parcs nationaux, les moyens techniques de travail sont tou-jours insuffisants (faible dotation des agents en tenues de tra-vail, armes en nombre réduit, manque de boussoles, etc.).

Les interventions intem-pestives des autorités pol i -tiques et administratives pourlibérer les contrevenants à lalégislation de la chasse consti-tuent une des grandes difficul-tés de la surveillance.

r Solutionsenvisageables

Le problème essentielauquel se voit actuellementconfrontée l'autorité du PNMSest la nécessité de conserverl'aire protégée dans son inté-grité.

Pour ce faire, il faudraabsolument déplacer les villagesou campements installés dans lazone avant la création du parc.Ceci nécessite des moyensfinanciers pour dédommager lespopulations à déplacer.

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ENVIRONNEMENT

D'une part, l'État ivoirien devra s'atteler àtrouver les moyens financiers nécessaires pource déplacement des populations ; indispen-sable pour la sauvegarde du parc.

D'autre part, nous, agents de la Celluled'Aménagement du Parc National du MontSangbé, devrons savoir conjuguer sensibilisa-lion et répression lors de nos patrouilles de sur-veillance afin d'amener les habitants du parc àarrêter d'être les complices de ces bracon-niers. La seule sensibilisation ne pourra pasremédier à ce fléau. Elle devra être appuyéepar une volonté politique.

Nous mettons beaucoup d'espoir dans leprogramme élaboré dans le cadre de lacoopération décentralisée entre notre ParcNational et le Parc Naturel Régional du Haut-Jura (France). Ce programme (cf. p. 29) devraitpermettre l'accroissement de la surveillance,le départ progressif des habitants et la réduc-tion du braconnage. Ces évolutions contribue-ront à une gestion durable du parc.

YÉO S1NOUROUChef des patrouilles et protection de

la nature à la cellule d'aménagementParc National du Mont Sangbé

BP 8 BiankoumaCÔTE D'IVOIRE

CAPNS : Cellule d'Aménagement du Pair Nationaldu Mont SangbéPNMS : Parc National du Mont Songbé

* L'ethnie Ton m qui peuple l'ensemble des montssitués dans la partie ouest du parc a donné son nomà cet ensemble dont font partie le Mont Sangbé etle Mont Bain.

Le braconnagedans le PNMS

Ndlr : l'autre (étranger) est toujoursle coupable du braconnage. Même sic'est souvent vrai, il ne faut pasoublier que les braconniers ne peu-vent braconner qu'avec l'appui despopulations locales (qui en tirentégalement un profit : alimentairepour les uns, voire financier pourd'autres). Autochtones et étrangersvivent donc en symbiose. La note deYéo Sinourou le confirme.

Qui sont les braconniers ?

Cette activité frauduleuse est déve-loppée au maximum par des étran-gers (venus depuis les années 80) peuscrupuleux, n'ayant aucun souci de laréglementation et des lois en vigueuren Côte d'Ivoire. La plupart de cesbraconniers sont des anciens mili-taires qui ont fui leur pays d'origineavec des armes de l'État après uncoup d'État manqué ou réussi. Ilsn'hésitent pas à ouvrir le feu à la vuedes Agents des Eaux et Forêts quenous sommes.

Certains d'entre eux appréhendés parnos services ont affirmé qu'ils n'aban-donneraient le braconnage qu'à leurmort : car disent-ils, c'est l'activité laplus rentable en milieu rural. D'autrespar contre, nous menacent de mort.

Le braconnage continue donc sonbonhomme de chemin avec unechaîne bien organisée malgré notreprésence régulière dans le parc.

Qui sont leurs associés ?

- Des trafiquants (le plus souvent desfemmes originaires de la région ouest)fournissent des munitions et des vivresaux chasseurs d'origine étrangère.

- Des piétons, cyclistes ou piroguierscollectent la viande boucanée et latransportent jusqu'aux pistes carros-sables pour la mettre à la dispositiondes commanditaires. : » - •• •

- Ces commanditaires (trafiquants)assurent le ramassage soit par camion-nette privée soit par transport encommun les jours des marchés. Lors-qu'une patrouille à moto ou un véhi-cule de nos services rencontre de telscamions, les conducteurs et apprentislivrent une opposition farouche àtoute fouille.

Qui les protègent ?

Ce non-respect de la réglementationet des lois en vigueur dans le pays parles braconniers est dû au fait que :

- les habitants du parc et les riverains(installés avant le classement de lazone) hébergent ces étrangers les-quels paient la dîme de la couvertureen contrepartie ;

- les autorités politiques et. administra-tives interviennent en faveur de ceux-

Avec de telles couvertures, les bra-conniers se croient tout permis. Il estdonc écœurant pour tout ivoirien res-ponsable (comme nous) de constaterque des citoyens sans scrupule, denationalités diverses s'efforcent dedécimer cette richesse à des finségoïstes.

Quel avenir ? }

Nous fondons beaucoup d'espoirs surle projet "Programme Mont-Sangbé(1995-2000)" financé par le Commu-nauté Européenne pour freiner untant soit peu ce fléau qu'est le bra-connage dans le PNMS.

Tête de bubale, parc de Buba djida (Cameroun). Photo : F. LAMARQUE

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UNE

L'ANTILOPE CHEVALOU HIPPOTRAGUE

Hippotragus equinus, Desmarest, 1804

L'Afrique, le continent aux grands troupeaux sau-vages d'antilopes, reste aujourd'hui encore unecuriosité à découvrir. Malgré les menaces sérieusesqui pèsent sur l'ensemble des espèces grégaires,essentiellement dues à la réduction progressive deshabitats, le tourisme cynégétique et le tourisme devision prennent de plus en plus d'ampleur dans denombreux pays africains. Parmi les antilopes lesplus majestueuses des savanes, l'hippotrague ouantilope cheval ou encore koba retient incontesta-blement l'attention des gestionnaires de la fauneet des aires protégées ainsi que des visiteurs detout genre.

Les données techniques et scientifiques sur lesmammifères d'Afrique de l'Ouest restent encoretrès fragmentaires. C'est pourquoi, nous proposonscet article dont le but est de contribuer à unemeilleure connaissance de la grande faune sauvageafricaine en vue d'aider à sa gestion durable.

La phylogénie de l'hippotrague peut être ainsi représentée :

Systématique etbiogéographie

L'hippotrague (Hippotragus equinus), comme l'ensembledes ruminants, est issu d'ancêtres apparus au cours de l'ère ter-tiaire. C'est probablement dans la période de l'éocène (58millions d'années) et le début de l'oligocène (37 millionsd'années) que ce groupe a véritablement émergé (Andersonet Jones 1984, Estes 1992, Wilson et Reeder, 1993). Selon lesmêmes auteurs, la famille des bovidés s'est diversifiée au coursdu pliocène (toujours dans le tertiaire). La plupart des rumi-nants contemporains proviendrait cependant des formes issuesdu pléistocène (1,6 millions d'années) dans l'ère quaternaire.C'est au cours de cette ère que les mammifères dans leurensemble ont aussi connu leur âge d'or, suivi, durant ces der-niers 20 000 à 10 000 ans, d'une extinction de presque 40%des espèces (Estes, 1992).

Embranchement :Classe ;Sous-classe :Ordre :sous-ordre :Famille :Sous-famille :Genre :Espèce :

VertébrésMammifèresEuthériensArtiodactylesRuminantsBovidaeHippotraginaeHippotragusequinus

La sous-famille des hippotraginés compte trois genres :Addax, OryxeX Hippotragus. Le genre Hippotragus comprenaittrois espèces, toutes endémiques à l'Afrique : H. equinus (l'hip-potrague rouan), H. n/ger{l'hippotrague noir ou sable) et H. leu-cophaeus (l'hippotrague bleu). Cette dernière est éteinte.

Estes (1 992) indique que l'hippotrague est une grande anti-lope avec une silhouette de cheval. Son nom provient de lacombinaison de deux mots grecs : Hippos (cheval) et Tragos(chèvre). La distribution géographique de ce genre à l'intérieurdu continent semble se limiter à la zone de savane. Le genreparaît donc éviter aussi bien les zones désertiques que la forêtdense humide ou sèche. L'espèce H. equinus, objet de cetarticle, occupe la plus grande zone de répartition. En effet, onla rencontre dans les savanes de toute l'Afrique et dans la forêtclaire sèche, alors que H. niger est inféodé aux savanes del'Afrique australe et orientale comme l'indique les cartes dedistribution.

Distribution du genre Hippotragus en Afrique (Estes, 1992).

Hippotragus niger Hippotragus equinus

° 33 ~Jm 7996

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FAUNE

La plus ancienne description connue de l'antilope cheval(H. equinus) est de Desmarest en 1804. Il existe égalementtoute une série d'appellations scientifiques de cet animal.Gmbh (in Wilson et Reeder, 1993) indique qu'il s'agit desynonymes utilisés soit comme sous-espèce, soit parfoiscomme espèce : H. c. aethiopica, H. e. aurita, H. e. bakeri, H.e. barbata, H. e. cottoni, H. e. docoi, H. e. dogetti, H. e. gam-bianus, H. e. jubata, H. e. koba, H. c. langheldi, H. e. rufopal-iidus, H. e. scharicus et H. e. truteri.

Description générale

L'hippotrague est la quatrième plus grande anlifope aprèsl'élan de Derby {Taurotragus derbianus), l'élan du Cap [Tauro-tragus oryx) et le grand kudu {Trageiaphus strepsiceros).

Le poids des adultes mâles est compris entre 260 et300 kg et celui des adultes femelles entre 225 et 275 kg (Hal-tenorth et Diller, 1984). Boy (1964) a cependant signalé despoids de l'ordre de 400 kg pour les mâles adultes dans la zonedu W et de l'Arly, à la frontière entre le Burkina Faso et leNiger.

Les cornes sont présentes chez les deux sexes, d'alluredroite puis fortement incurvées vers l'arrière. À âge égal, lescornes des femelles sont plus fines, Leur longueur, mesuréeen suivant la courbure extérieure varie de 70 à 100 cm chezle mâle el de 60 à 80 cm chez la femelle.

Il existe également un dimorphisme sexuel de taille favo-rable aux mâles. La hauteur au garrot est de 1 50 à 1 60 cmchez les mâles et de 1 30 à 1 50 cm chez les femelles.

L'organisation sociale est de type matriarcal. Un troupeauest toujours dirigé par une femelle dominante et un seulmâle reproducteur (dominant). Dans ce troupeau, on trouvegénéralement des femelles de tous âges et des mâles demoins de deux ans. Dès que ces mâles atteignent l'âge detrois ans, ils sont progressivement chassés du troupeau et vontrejoindre le groupe des "célibataires". Le processus d'évictiondu jeune mâle commence donc à partir de deux ans et sedéclenche lorsque la distance entre celui-ci et le dominantest inférieure à quinze mètres (joubert, 1974). Des zonesd'intolérance sont ainsi créées. La maturité sexuelle n'inter-vient cependant qu'au bout de cinq à six ans chez les mâleset de deux à trois ans chez les femelles.

Les relations de dominance/soumission sont assez fortes etdes hiérarchies nettes confèrent un rang social à chaquemembre du groupe. Il est reconnu que cette forte hiérarchierenforce la stabilité du troupeau.

Hippotmgue mâle. Photo : A. LARTIGES.

•'mu \ m\m Organisation sociale

Les hippotragues sont des animaux grégaires et territoriaux(Jarman, 1974). Quand les conditions sont favorables, ils onttendance à être sédentaires. On note des troupeaux allantjusqu'à 45 lêtes, mais en général les animaux se rencontrentpar petits groupes de moins d'une vingtaine de têtes.

Comportementsalimentaires

Le comportement alimentaire de l'hippotrague varie enfonction des saisons. L'espèce est classée parmi les herbivoresdits "herbivores-mixtes" à la fois consommateur de monoco-tylédones (paisseurs) et de dicotylédones (brouteurs), mais detendance paisseurs (Owen-Smith, 1991, Spencer 1995). Uneétude menée par Poché (1975) révèle que 85% des alimentsde l'hippotrague sont constitués d'herbes alors que le resteest composé de fruits, de branchages et autres.

Le comportement alimentaire de cet animal varieégalement en fonction du milieu et donc des dis-ponibilités fourragères. L'hippotrague est parexemple à dominante "paisseur" dans les savanesherbeuses alors qu'il est principalement "brou-teur" dans les savanes arbustives ou arborées(Lamarque, corn. pers.).

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PtfSiiffHliTOniWrïfW • V r l i r i I I I l i t l l f l l l l Ër I

dispersion

Dans des conditions très favorables, l'hippo-trague peut se reproduire tous les dix mois. L'oes-trus intervient pendant un à deux jours,-durant les-quels, le mâle peut assurer huit à dix copulations.

Les femelles donnent majoritairement unpetit par portée bien que des cas de jumeauxaient été notés de temps en temps (Poché, 1 975).Dans les conditions de semi-liberté, le sexe-ratio àla naissance est équilibré. Les nouveaux-nés sontdits "followers" (suiveurs ou nidifuges) : les jeunes

sont alors capables de suivre leurs mères quelques heuresaprès la naissance. Ce qui n'est pas le cas de certaines espècescomme le céphalophe de Grimm (Sylvicapra grimmia) ou leCob Defassa (Kobus ellipsiprymnus defassa), pour lesquellesles juvéniles sont dits "hiders" (cachés ou nidicoles). La duréede gestation est comprise entre neuf à neuf mois et demi. Lagrande partie des naissances intervient entre octobre etdécembre, période pendant laquelle, l'herbe est suffisam-ment haute pour protéger le jeune des prédateurs. L'investis-

me

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Troupeau dHippotragus nigcr ou antilope sable. Photo : SILVA.

sèment de la mère est capital et la contribution de celle-ci àla survie du jeune est importante (allaitement pendant deux àtrois mois, défense contre les prédateurs et protection contreles attitudes "despotiques" des mâles adultes). Chez la plupartdes grandes antilopes, l'accroissement des effectifs est surtoutdû au taux de recrutement des jeunes. Ce taux traduit la surviejuvénile. Celle-ci est en général plus forte chez les femellesque chez les mâles de même âge.

L'hippotrague peut, dans les conditions optimales, vivrejusqu'à dix-sept ans.

La dispersion des animaux au niveau des deux sexes est trèspeu connue. Plus particulièrement, les processus de conquê-te, d'accès aux territoires riches et de contrôle de ces dernierspar les mâles sont des aspects non encore clairement élucidés.De même, le processus de sélection des territoires des mâlespar les femelles comme stratégie démographique, qui permetde maintenir un matériel génétique diversifié, demeure unimportant domaine de recherches.

La dispersion, dans son ensemble, est donc un paramètredémographique qu'il convient de mieux comprendre chezl'hippotrague. Il est fortement soupçonné que l'organisationsociale ci-dessus décrite y joue un grand rôle.

LJ Prédation-mortalité

Les plus grands ennemis de l'hippotrague restent les grandscarnivores (lion, léopard, guépard, hyène) et l'homme. Face àcette situation, l'hippotrague tente de localiser le danger,observe longuement dans sa direction et finit par se déplacer àgrand galop. Les vitesses de pointe enregistrées ne dépassentpas 57 km/h (Estes, 1992). L'usage des cornes et des ruades estsecondaire et n'intervient que dans le "corps à corps" oulorsque les juvéniles sont attaqués et que les femelles se voientobligées de les défendre. Les systèmes d'alerte sont des bruitsprovoqués par des compressions nasales (sorte d'éternue-ments). Mais l'antilope comme la plupart des espèces sympa-

triques (vivant parfois en groupes plurispécifiques)met également à profit les alarmes provenantd'autres espèces mammaliennes et même aviaires.

Il est reconnu que certains sens sont particu-lièrement développés chez cette espèce notam-ment l'ouïe et la vue. L'ouïe détecte tous les bruitsinsolites et la vue est suffisante pour distinguer clai-rement les formes, notamment les quadrupèdesdes bipèdes. À l'opposé, il semble que l'odorat desantilopes soit moins développé que les autres sens.

En plus du fait que les antilopes partagent àpeu près les mêmes pâturages, il semble que leurgrégarisme soit lié à une stratégie de prévention etde défense contre les prédateurs (Jarman, 1974).Le fait de se regrouper augmente la vigilance dutroupeau, diminuant ainsi les attaques-surprises. Leregroupement provoquerait également des difficul-tés pour les prédateurs qui doivent mettre beau-coup de temps à sélectionner leur cible. Une deshypothèses émises donc pour certaines grandes

antilopes est que la taille des groupes serait positivement liéeaux pressions de prédation.

L'hippotrague est très sensible au charbon. Au cours desannées 1960, cette maladie a entraîné un grande mortalitéde cette espèce dans le parc national de Kruger en Afrique duSud (Joubert, 1974).

L'effet combiné des pressions de chasse et de prédation,de la sécheresse et des carences alimentaires sur la mortalitéde l'hippotrague n'est pas encore bien connu. Il semblecependant évident que ces facteurs favorisent les affectionsparasitaires et augmentent la mortalité de l'espèce dans lesconditions naturelles.

Valorisation socio-économiquem et gestion des populations

Une petite synthèse bibliographique permet de faire uneestimation numérique des populations d'hippotragues. Lesméthodes d'échantillonnage et d'interprétation des résultatsvarient beaucoup d'une zone à l'autre. Les recensements ontété faits soit à pied, soit en véhicule ou soit en avion.

À défaut de résultats récents sur la totalité de ces zones,une appréciation des tendances d'évolution des effectifs restedifficile à établir, mais il est fort probable qu'à l'instar desautres grandes antilopes, les effectifs totaux de l'hippotraguediminuent sensiblement dans son aire de répartition.

Le tableau 1 récapitule la situation numérique de l'hippo-trague dans dix-sept parcs nationaux africains (quatorzed'Afrique de l'Ouest, deux d'Afrique centrale et un d'Afriqueaustrale). Les données sont obtenues à partir de De Bie et al.(1987), Galat ef al. (1992), Marchand et al. (1993) etENGREF/Montpellier (1995).

38 -j«k 1996

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FAUNE

Tableau 1. Situation de l'hippotrague dans quelques parcsnationaux d'Afrique.

Parc national

KrugerWPendjariAdyWKaboré T. (Pô)Deux BaléNazingaBouba NdjidaSaint FionsComoéFinaBoucle/BaouléWKainjiYankariNiokolo Koba

Pays

Afri. du SudBéninBéninBurkina FasoBurkina FasoBurkina FasoBurkina FasoBurkina FasoCamerounCentrafriqueCôte d'IvoireMaliMaliNigerNigeriaNigeriaSénégal

Année

19711975198219921992199219931993197719 761995

1982

1987

1975

1981

1975

1992

Densitéanimaux/km3

0,361,83----

3,702,420,500,451,75-

0,751,500,160,70

Effectif

2301 8005 0141 150

400200

1 2003 5004 356

5044 5103 940

150

2 2505 886

3605 800

L'hippotrague, avec ses belles cornes, est un animal trèsrecherché dans les safaris. Tout comme le buffle (Syncerus caf-fer) et le lion (Panthera leo), il reste un des animaux symbolesde la grande chasse dans les savanes de l'Afrique de l'Ouest. Lavaleur de son trophée est certainement l'une des plus élevéesdes antilopes de savane. A titre indicatif et en plus des diffé-rents frais liés à la chasse de cette espèce, la taxe d'abattage(valeur du trophée) pour un adulte mâle se situe autour de450 000 francs CFA au Burkina Faso.

Une autre forme de valorisation des troupeaux est le touris-me de vision qui s'exerce dans les parcs nationaux. Malgré lacoloration rouanne de sa robe, la grande taille de l'espècefavorise son observation. De mœurs diurnes, les animaux sonttrès actifs tôt le matin et tard dans l'après midi. Pendant lesheures chaudes, ils se reposent à l'ombre des arbres.

Les hippotragues, abondants dans la plupart des aires pro-tégées d'Afrique occidentale, sont très rares en Afrique austra-le où leurs trophées se vendent très cher. De ce fait, ils sonttrès demandés par des propriétaires de ranch qui sont prêts àorganiser des opérations de transfert. Ainsi sur le marché inter-national, un couple d'hippotragues valait 80 000 dollars US en1985 (Lamarque, corn. pers.).

L'apport de cette antilope à l'alimentation humaine estremarquable. L'hippotrague offre des carcasses appréciables.Toutes les parties de l'animal, à l'exception des cornes, sontconsommées et la viande est très appréciée. Le braconnagetouche particulièrement cette espèce. La viande obtenuedans ces conditions est soit consommée fraîche, soit fumée etrevendue sous forme de quartiers ou de brochettes. Cetteviande se vend bien dans les "maquis"* comme dans certainshôtels et restaurants de luxe. Le kilogramme de viande coûte

environ 1 500 FCFA dans les restaurants de Ouagadougou. Lesrendements-carcasse (poids de la carcasse de l'animal divisépar le poids vidé d'une grande partie de son sang) enregistréssont supérieurs au bétail domestique d'élevage traditionnel enbon état (plus de 54% du poids saigné par exemple à Nazin-ga). Les pattes travaillées par les taxidermistes locaux sont utili-sées comme plumiers. La peau d'un adulte peut assurer laconfection de douze paires de chaussures (De Bie ef a/.,1987).

Du point de vue socio-culturel, quelques uns des organesde l'hippotrague participent à la composition de nombreuxproduits de la pharmacopée africaine. Plusieurs ethnies duBurkina Faso utilisent la corne pilée d'hippotrague en scarifica-tion dans le flanc gauche pour soigner les rates douloureuses.Les os broyés sont administrés aux enfants pour leur fortifier lesdents et les os.

Au niveau international, l'hippotrague est une espèce ins-crite à l'annexe II** de la Convention sur le Commerce Inter-national des Espèces de faune et de flore sauvages menacéesd'extinction (sigle anglais, CITES).

ConclusionLa situation de l'hippotrague dans les savanes de l'Afrique

de l'Ouest reste dans l'ensemble satisfaisante. L'espèce se ren-contre aisément dans la majeure partie de son aire de réparti-tion et surtout dans les parcs nationaux et dans les zones cyné-gétiques où des aménagements conséquents ont été effec-tués.

Les possibilités socio-économiques offertes par cette espè-ce dans la nature sont assez intéressantes et pourraient êtreaméliorées.

En plus de la gestion à l'état sauvage, la domestication ainsique l'élevage intensif de cette espèce sont envisageables etpeuvent être porteurs dans le cadre de l'implication croissantedes opérateurs économiques privés. En amont, il faudraitnécessairement résoudre les problèmes de recherched'accompagnement, notamment les techniques de sélectionet d'amélioration génétique, alors qu'en aval toutes les impli-cations socio-économiques de cette nouvelle "filière" doiventêtre maîtrisées (études de marchés et circuits de commerciali-sation).

La grande faune africaine peut et doit contribuer à finan-cer sa propre conservation.

Urbain BELEMSOBGODirection de la Faune et des Chasses/MEE,

03 BP 7044 Ouagadougou 03BURKINA FASO

* Restaurants populaires**Le commerce international d'une espèce inscrite à l'annexe II de la CITES est autorisé avec des contraintes sévères. Par exemple, il faut unpermis CITES pour exporter ou importer les trophées ou spécimens obtenus par chasse et/ou captures.

M -/ai* 7996

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Estes R.D., 1992. The behaviour guide to the Afri-can mammals. Chicago University Press. 611 p.

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Wilson D.E. and Reeder D.A., 1993. Mammalsspecies of the World. A taxonomic and géogra-phie référence. Smithsonian Institution Press.1027 pp.

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0 38 -Jw 1996

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LES" PARCELLES FEUX"

D'AUBRÉVILLEQuelles leçons en tirer ?

Tout forestier tropical connaît les parcellesfeux d'Aubréville ou, du moins, en a déjàentendu parler. Cette expérimentation,installée en 1936 à Kokondékro (Bouaké)en Côte d'Ivoire, étudie l'effet des feux debrousse sur la végétation ligneuse.

Un essai ''feux", pourquoi ?Au début des années trente, en Côte d'Ivoire', la polé-

mique portait sur l'origine artificielle des savanes du plateaumossi, du pays sénoufo et du "V" baoulé. D'aucuns préten-daient ces savanes d'origine édaphique, que le sol et le climatn'autorisaient pas de formation végétale plus fermée. D'autres,parmi lesquels d'éminents forestiers comme Bégué et Aubré-ville, assuraient que le climax de ces contrées était la forêt ;que la cause majeure de la disparition de cette forêt étaitl'usage abusif du feu de brousse. Ce feu, omniprésent, est utili-sé comme outil de dégagement, de nettoyage des terres agri-coles et de rajeunissement des pâturages.

Comment démontrer les rôles de l'homme et du feu dansla créalion et le maintien des savanes si ce n'est par l'installa-tion d'une expérimentation spécifique ? Ainsi, Aubréville fit-ilmettre en place trois essais. Un seul, suivi régulièrement, a tra-versé les décennies ; celui de Kokondékro. Il nous offre,aujourd'hui, des résultats intéressants.

Le dispositif d'Aubréville etHBKiKSBiiinnrirfiTnnnirinTTTTn IHTT J U U C U V M, M. \ l l l l l v U . M . C ' J I J I •-

L'expérimentation comporte trois parcelles, une par traite-ment, de deux hectares chacune (100 m x 200 m), allongéesdans le sens de la pente. L'essai compare l'effet de la protec-tion intégrale, du feu précoce (15 décembre) el du feu tardif(10 mars) sur la végétation ligneuse.

Le sol est sensiblement plus fertile sur la moitié amont desparcelles. Celles-ci sont au coeur d'un massif forestier danslequel on retrouve des lambeaux de forêt naturelle ainsi quedes plantations de teck, de Cassia siamea et de Gmelinaarborea datant des années 40 pour les plus anciennes.

* Dont la Haute Côte d'Ivoire qui est à présent le Burkina Faso.

Vue générale des parcelles feux- 1974. Source : découverte aérienne de laCôte d'Ivoire. Editions Photivoire - 197.4.

une jachère de sept ans

Le dispositif a été installé dans une jachère de sept ans,précédemment cultivée en coton. Celle-ci était dominée parquelques arbres d'espèces de savane conservés par les agricul-teurs. Une soixantaine d'espèces s'y côtoyaient avec une densi-té de 3 500 tiges à l'hectare.

Soixante années de protection intégrale plus tard, uneforêt secondaire, dense, semi-décidue a remplacé la jachère.Par contre, la répétition des feux tardifs a créé une savane her-beuse supportant encore quelques arbres tortueux. Le feu pré-coce a un impact différent selon la fertilité du sol : sur solpauvre, s'est développée une savane arborée alors que sur solriche, une forêt dense a réussi à s'installer. Cette dernière estmoins riche que celle de la protection intégrale non seule-ment parce qu'elle s'est installée moins rapidement, mais aussiparce qu'elle a été envahie par les espèces exotiques {Cassiasiamea et Tectona grandis principalement). Les différencesentre traitements sont évidentes comme le montrent les pho-tos et le tableau ci-dessous.

Nombre d'espèces et de tiges selon les traitements (après58 années ; inventaire de 1994).

Traitements

(X) Protection intégrale(Y) Feux précoces(Z) Feux tardifs

Espèces

1197929

Tiges (*)

13 7534 488

345

* De plus de deux centimètres de circonférence à 1,30 m,non compris Phyllanthus nummularifolius et les sous-ligneuxtels Cochlospermum planchonii.

-Jm 1996

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i Les leçons à tirer del'expérimentation

1. Seule la protection intégrale contre les feux permet derestaurer, en zone soudano-guinéenne et dans un délai relati-vement courte une forêt secondaire pseudo-climacique.

2. Aucune espèce n'est réellement adaptée aux feux debrousse. Cependant certaines en supportent le passage répé-té, plus ou moins fréquent, plus ou moins tardif.

3. La fertilité du sol est un facteur déterminant': sur les solsles plus riches de l'expérimentation, on peut observer que :

- des arbres de première grandeur dominent la canopéede la "protection intégrale" (X) ;

- une forêt dense a remplacé la savane arborée dans la par-celle "feux précoces" (Y) ;

- des arbres survivent encore, quoique fortement traumati-sés, dans la parcelle "feux tardifs" (Z).

4. Les espèces ligneuses ont des réactions très différentesaux passages annuels du feu. Pour les unes, lorsqu'elles sontsuffisamment installées, le feu ne parvient pas à les éliminer.Ce sont les espèces "pyrorésistantes". Néanmoins, les jeunesplants sont détruits par le feu, mais rejettent tant que lasouche n'est pas épuisée.

Pour les autres, le feu est l'ennemi principal : au moinsquarante espèces de la parcelle en protection intégrale ne seretrouvent pas, même dans la régénération acquise, dans laparcel.le feux précoces. Un feu courant accidentel suffit àdétruire les semis de ces essences qui, de plus, ne rejettent etne drageonnent pas.

Entre ces deux extrêmes, certaines espèces, plus ou moinstraumatisées, émettent, après chaque passage du feu, denombreux rejets ou drageons. Cependant, ce n'est qu'àl'occasion d'une ou plusieurs années sans feu violent que lesjeunes tiges parviennent à s'affranchir.

Une quatrième catégorie existe : celle des arbres qui résis-tent aux feux accidentels, mais ne produisent que peu derejets ou de drageons. Une succession plus ou moins longued'années à feux de brousse suffit à les faire disparaître.

5. Le comportement des essences varie en fonction de lafréquence des feux. Par exemple, Daniellia oliveri, dans la par-celle en protection intégrale n'est présent que sous formed'arbres bien individualisés alors que, dans la partie la moinsfertile de la parcelle feux précoces, il se retrouve sous formede chapelets de drageons rayonnant autour de souches oud'arbres endommagés par le feu. Dans la parcelle feux tardifs,il a complètement disparu.

6. Lors de la reconquête de la jachère par la forêt, il y atoute une succession d'espèces. D'abord, les espèces desavanes présentes se développent, tandis que des essencespionnières s'installent. Apparaissent, ensuite, en sous-bois, lesespèces caractéristiques de la forêt dense semi-décidue. Tan-dis que ces dernières se développent, celles de savane com-mencent à disparaître. Puis les essences pionnières déclinent àleur tour. Telle est la situation actuelle. Quelle en sera l'évolu-tion future ?

7. L'absence de feu favorise les lianes. Celles-ci, dans cetessai, n'ont pas gêné les arbres clans leur première phase d'ins-tallation. Maintenant, elles sont partout dans les houppiers etenserrent les baliveaux d'essences de valeur compromettantleur avenir. Ces lianes seront certainement déterminantesdans l'évolution future de la parcelle en protection intégrale ;évolution qui pourrait bien être régressive en raison de leurabondance !

Parcelle feux tardif mars 1995. Photo : D. LOUPPE Parcelles feux précoces, décembre 1994. Photo : D. LOUPPE

2 Ce délai se compte néanmoins en décennies : une pour l'apparition des premières espèces de forêt, deux pour la fermeture du couvert, troispour la régression des espèces de savane, cinq ou six pour l'éclaircissement du sous-bois suite à la fermeture du couvert dans l'étage dominant(grands arbres), soit 110 à 120 ans !

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RECHERCHE

De l'expérimentationà la gestion forestière

Après soixante ans, l'essai d'Aubréville permet de tirerquelques conclusions. Celles-ci seront utiles au gestionnaireforestier souhaitant aménager, pour une production soutenueet durable, des formations naturelles de la zone soudano-gui-néenne.

Le feu précoce est souvent préconisé dans certainesrégions, dans le cadre d'aménagements forestiers, commeoutil préventif de lutte contre les feux tardifs. Il a cependantcertaines limites.

Seule l'absence de feu permet de restaurer rapidementune formation naturelle fermée. Le feu précoce peut, néan-moins, être un outil de gestion forestière. Sur bons sols, iln'empêche pas le couvert de se refermer, quoique, moinsrapidement qu'en protection intégrale. Sur sol pauvre (et dansles régions sahéliennes), il devrait être à proscrire tout commele feu tardif doit l'être partout5.

La connaissance du comportement des différentesessences vis-à-vis du feu, confrontée aux objectifs de l'aména-gement, permettra de décider si le feu précoce est un outiladéquat. Par exemple, il est aberrant d'aménager une forêtpour la production de bois d'oeuvre avec une ou plusieursespèces à favoriser, si celles-ci sont sensibles (disparition de larégénération, mutilations et malformations du tronc ou duhouppier) au feu et si, dans l'aménagement, l'utilisation desfeux précoces préventifs est prévue.

La connaissance de la succession des espèces au cours dela restauration du couvert forestier permettra d'exploiter lesdifférentes essences avant qu'elles ne disparaissent naturelle-ment. L'aménagement n'en sera que mieux valorisé et l'éclair-cie pourrait bénéficier aux espèces nobles.

Le gestionnaire d'une forêt devra éviter une trop importan-te prolifération des lianes pour pérenniser la production

BIBLIOGRAPHIEAUBRÉVILLE A., 1953. Les expériences de reconstitutionde la savane boisée en Côte d'Ivoire, Bois et Forêts des Tro-piques n° 32, pp:4~10. ;. - :.;

BÉGUÉ L, 1937. Contribution à l'étude de la végétationforestière de la Haute Côte d'Ivoire. Paris, librairie Larose,126 p.

DEREIX C, N' GUESSEN A., 1976. Étude de l'action des feuxde brousse sur la végétation : les parcelles feux de Kokonde-kro ; résultats après quarante ans de traitement, Côte d'Ivoire.Nogent-sur-Marne (FRA) : CERDAT-CTFT, 32 p.

LOUPPE D., N'KLO OUATTARA, COULIBALY A., 1995. .Effets des Feux de brousse sur la végétation. Bois et Forêtsdes Tropiques n° 245, pp : 59-69.

ligneuse. Un délianage régulier, par exemple à chaque rota-tion de quinze ou vingt ans, est indispensable à la bonneconformation des fûts des essences de valeur.

N'Klo OUATTARAIDEFOR-DFOStation de KorhogoBP 947 KorhogoCÔTE D'IVOIRE

Dominique LOUPPECIRAD-Forêt/IDEFOR-DFO

08 BP 33 Abidjan 08CÔTE D'IVOIRE

Remerciements : nous remercions la Communauté ÉconomiqueEuropéenne pour l'appui qu'elle nous a apporté pour la réalisa-tion de l'inventaire 1994 des parcelles feux d'Aubréville.

3 Ndir : il faut bien distinguer les régions soudano-gui-néennes où le feu précoce tous les 2-3 ans si possible estnécessaire et les régions soucLmo-sahéliennes où il doit êtreproscrit.

1994 : limite entre les par-celles feux tardifs et protectionintégrale. Photo : D. LOUPPE

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ECHOS DES TROPIQUES

LA COOPERATION DECENTRALISEEentre le Parc National du Mont Sangbé

et le Parc Naturel Régional du Haut-Jura...

Une expérience au profit du développement local.

Situé dans la zone des montagnes de l'ouest de laCôte d'Ivoire, le Parc National du Mont Sangbé aété créé en 1976. Il couvre une superficie voisinede 100 000 hectares, essentiellement délimitéepar des ruisseaux ou des fleuves.

Une étude réalisée en 1982-1983* a mis en évi-dence la richesse naturelle de ce milieu, constituéde cinq grands types de formations végétales : lesforêts claires des reliefs de l'ouest et du sud-ouest,les savanes sèches du nord, les savanes sur collinesdu sud, les forêts denses humides semi-décidues etles plaines d'inondation du Sassandra et de laconfluence du Bafing (forêts galeries).

Cette étude signalait également la présence d'unefaune riche et abondante (au moins 70 espèces demoyens ou grands mammifères), mais particulière-ment farouche en raison du braconnage intensequ'elle subissait. L'observation des migrations sai-sonnières des éléphants confirmait également lescorrélations existant entre le Parc lui-même et lesforêts classées limitrophes.

Le constat général était toutefois pessimiste,l'auteur affirmant que "si des mesures draco-niennes ne sont pas prises en matière de sur-veillance dans ce Parc, celui-ci sera transformé endésert du silence et de désolation avant uneéchéance proche tant le braconnage y est intense".

Cette problématique se glisse au coeur des discus-sions qui s'engagent entre les représentants com-tois et ivoiriens, intéressés à nouer des relationsd'échanges et d'amitié. L'idée d'un travail collectifen faveur du Parc National du Mont Sangbé naîtrapidement.

*par Edouard MINNER (ORSTOM)

Historique de la coopérationmmmmmmmmm^mm décentralisée

La naissance d'un partenariat

Les échanges entre la Région de Franche-Comté et de lazone des montagnes de l'ouest ivoirien débutent en 1987.

Les représentants de la Direction Régionale de l'Environ-nement (DIREN, à l'époque DRAE - Délégation Régionale àl'Architecture et l'Environnement), du Parc Naturel Régionaldu Haut-Jura et des différents ministères ivoiriens dressent lesbases d'un partenariat et déterminent les actions prioritaires.Après un premier don de livres, médicaments et petit maté-riel émanant des Haut-jurassiens, la coopération prend formeautour du projet d'aménagement et de développement duParc National du Mont Sangbé. Les missions techniques dereconnaissance, conduites par les agents du Parc du Haut-Juraet de la DIREN, débutent en 1988.

Elles révèlent de nombreuses analogies et affinités entre lazone de montagne de l'ouest ivoirien et la Franche-Comté,toutes deux caractérisées par la proximité de frontières entreEtats, la présence de secteurs montagneux et de vastes éten-dues boisées, l'importance du tissu rural organisé autour dequelques pôles urbains et l'existence d'une richesse patrimo-niale à préserver.

Des relations d'échange s'instaurent alors entre villes, àl'initiative des quatre préfectures départementales de laFranche-Comté et des principales villes de l'ouest ivoirien,pôles structurants sur les plans administratif, politique et éco-nomique, situés en périphérie du Parc National :Besançon/Man, Vesoul/Biankouma et Sipilou, Lons-le-Sau-nier/Touba, District urbain de Belfort et Danjoutin/Danané.

Rendue possible par les deux États, la coopération décen-tralisée est formalisée par la signature d'une convention-cadrefranco-ivoirienne en 1990 et la mise en place de protocolesd'accord.

La prise en charge du développement par lesacteurs locaux

La coopération décentralisée vise à promouvoir le déve-loppement économique, social et culturel des régions, dansl'intérêt et selon les spécificités de chacune d'elles.

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ECHOS DES TROPIQUES

COTE D'IVOIRESuperficie : 322 500 km2

Population : 12 000 000 hab.

ZONE DES MONTAGNES DE L'OUESTSuperficie : 34 759 km2

Population ; 950 000 hab.Plus : ïouba, Ouaninou, Guintéguela

PARC NATIONAL DU MONT SANGBESuperficie : 95 000 haZone périphérique : 200 000 haPopulation : 66 000 hab.

/BURKINA FASO/

^ ^ • • B Limite de département

Source : ARDLCOD, 1995

FRANCE

Superficie : 551 255 km2

opulation ; 56 625 026 hab.

FRANCHE COMTÉSuperficie : 16 202 km2

'opulation : 1 907 322 hab,

PARC NATUREL DU HAUT JURASuperficie : 75 672 haPopulation : 44 640 hab.

À l'origine, la protection et la valorisation du Parc Nationaldu Mont Sangbé constituaient l'axe majeur des programmesd'actions. Déterminés conjointemenl par les Comtois et lesIvoiriens, ceux-ci visaient à :

- mieux connaître le Parc et son territoire,

- rendre identifiable sur le terrain le territoire du Parc,

- renforcer la surveillance et la lutte anti-braconnage, endonnant davantage de moyens aux agents,

- étudier les conditions de réinstallation des populations enpériphérie du Parc,

- à plus long terme, favoriser le développement du touris-me, pour contribuer à l'autogestion du Parc.

Exempt de financement lourd, le partenariat était davanta-ge fondé sur les relations humaines, les conseils et la collabora-tion entre les acteurs des deux régions. Il a bénéficié du sou-tien financier du Ministère français de la Coopération, à hau-teur de 400 000 francs français par an pendant cinq ans. Cescrédits, mobilisés par le Parc Naturel Régional du Haut-Jura etla Direction Régionale de l'Environnement de Franche-Comté, ont été abondes par un investissement important desagents de ces organismes en conseils, expertises et prestationstechniques. Les investissements se sont limités à quelquesétudes ou dotations en équipements de base, destinées aux

agents des Eaux et Forêts chargés de la surveillance du ParcNational du Mont Sangbé.

L'objectif de cette démarche consistait à favoriser la priseen charge du développement économique par les partenairesivoiriens, en tenant toujours compte des aspects sociaux, destraditions culturelles et des spécificités écologiques.

Ce principe fondamental présidait également aux actionsconduites en parallèle, dans le cadre du programme decoopération entre villes.

Une meilleure connaissance du territoire etdes populations

Indispensable à la définition des opérations à conduire,l'élaboration d'un fond de plan topographique a été confiée àl'institut de Géographie Tropicale d'Abidjan.

À la suite et conformément aux dispositions de l'arrêtéconstitutif du Parc, les agents ont réalisé la délimitation de laconventionnelle* ouest ; l'ouverture d'un layon, la plantationde bambous de Chine, teck et gmelina, le bornage et la signa-lisation de cette limite rendaient identifiable le territoire duParc,

Ici conventionnel le = limite artificielle tracée selon des données topographiques.

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ECHOS DES TROPIQUES

Au sein du Parc, une dizaine de villages abritant une popu-lation totale estimée à 2 000 habitants, étaient menacés de"déguerpissement" selon les pratiques habituelles des ParcsNationaux ivoiriens. Souhaitant faire évoluer ce concept, lespartenaires comtois ont commandé à l'Institut d'Ethno-Socio-logie de la Faculté d'Abidjan, une étude approfondie visant àdéfinir les conditions de mise en oeuvre d'une "réinstallationaccompagnée" en zone périphérique. Cette étude révélaune population réelle de 700 habitants, appartenant tous ausous-groupe ethnique du Sud-Ouest (Toura). Le quart d'entreeux se disait prêt à quitter immédiatement le territoire duParc.

L'intégration des résultats de ce travail aux perspectivesd'aménagement de la zone périphérique confirmera l'utilitéde cette démarche chère aux Franc-Comtois ; le parc nedevait pas devenir l'ennemi qui condamnait les populations àabandonner leurs villages, mais un véritable outil servant leursintérêts.

Le renforcement de la surveillance

Les fonds mobilisés devaient également améliorer et ren-forcer les moyens d'intervention des agents chargés de la sur-veillance du Parc.

Dès 1989-90, dix hommes ont été équipés de matériel debivouac fonctionnel et de trousses pharmaceutiques, amélio-rant sensiblement les conditions de leurs déplacementspédestres au sein du Parc. La surveillance a également étérenforcée par la motorisation d'une brigade d'intervention.

Basés à Biankouma, six agents pouvaient alors rejoindrerapidement le territoire du Parc, grâce à trois motos tout-ter-rain spécialement équipées en biplace.

De son côté, le Ministère ivoirien de l'Agriculture accédaità la demande conjointe des partenaires comtois et des agentsdes Eaux et Forêts, et créait la Cellule d'Aménagement duParc National du Mont Sangbé (CAPNS) /l'affectation de per-sonnel spécifique et la création de nouvelles brigades en diffé-rents points de la périphérie du territoire allaient dans le sensd'une meilleure lutte contre le braconnage.

En 1993, ces brigades ont reçu leur propre dotation enmatériel, le Parc Naturel Régional du Haut-Jura leur fournis-sant dix équipements de bivouac et dix mobylettes pour facili-ter leurs déplacements.

Néanmoins, le budget alloué à la CAPNS par la Directiondes Parcs n'autorisait pas un nombre suffisant de patrouilles ;faute de présence régulière des agents, le braconnage sepoursuivait assez intensément.

Une aide au fonctionnement a donc été instaurée. Unesomme réservée sur les crédits du Ministère français de laCoopération était mise à disposition du directeur de laCAPNS par tranches successives, en fonction des besoinsexprimés et sur présentation de justificatifs de dépense ; celapermettait une gestion responsable et autonome des moyens.

Cette lutte accrue contre le braconnage renforçait la sécu-rité de la grande faune, rendant alors possible la réalisationd'une retenue d'eau sur la rivière Gan, destinée à réduire lesmigrations vers des secteurs moins favorables. De nombreusestraces d'animaux sont désormais observées à sa périphérie.

Enfin, la perspective de créer quelques aménagementsconduit, en 1994, à une dotation de matériel plus conséquen-te : tracteur avec remorque, chargeur et treuil, tronçonneuse,etc.

H Évolution de la coopération

Si l'aménagement du Parc National du Mont Sangbéconstituait l'action pilote du programme de coopérationdécentralisée, les relations partenariales entre villes comtoiseset ivoiriennes ont rapidement connu un franc succès ; seizecollectivités de l'ouest montagneux de la Côte d'Ivoire sontdésormais jumelées avec des villes de Franche-Comté.

Le développement de la coopération nécessita la mise enplace d'un coordonateur ; sous le couvert des partenairescomtois, un Volontaire du Service National s'installa en Côted'Ivoire.

Dans le même temps, les communes ivoiriennes créaientl'AVICOM-CI (Association des Villes et Communes et l'OuestMontagneux de la Côte d'Ivoire), reconnue par le Gouverne-ment à travers la Direction Générale des Collectivités locales.

De leur côté, les partenaires comtois créaient l'ARDECOD(Association Régionale pour le Développement de la Coopé-ration Décentralisée).

Tandis que les appuis techniques et envois de matériels semultipliaient entre les villes, l'aménagement du Parc Nationaldu Mont Sangbé prenait alors une nouvelle orientation.

Vers un programme communautaire

La coopération engagée entre le Parc Naturel Régional duHaut-Jura et le Parc National du Mont Sangbé a rapidementconduit à reconnaître la difficulté de mise en place d'un systè-me pérenne, que le Parc ne pouvait assurer à lui seul.

S'il fallait s'intéresser à la richesse du territoire du Parc entant que réserve de faune et de flore, il importait égalementde prendre en compte les aspects économiques et humainsdans leur globalité.

Les Franc-Comtois ont alors proposé au Ministère ivoiriende l'Agriculture d'associer le Parc du Mont Sangbé et sa zonepériphérique, à travers un schéma de développement globalmobilisant davantage de moyens, et impliquant une participa-tion des populations riveraines ou résidant dans le Parc.

Ce concept novateur a fait l'objet d'un projet présenté auxdifférentes administrations et aux bailleurs de fonds potentiels.Initialement envisagé dans le cadre des crédits FED (FondEuropéen pour le Développement) ou d'un redéploiement

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mmm ECHOS DES TROPIQUES

de ce type de crédits, ce dossier obtint finalement le soutienfinancier de l'Union Européenne, sur la ligne budgétaire"Actions en faveur des Forêts Tropicales".

La signature d'une convention est intervenue en 1994entre le Ministère ivoirien de l'Agriculture, en tant que Maîtred'ouvrage, et la Commission des Communautés Européennes.

Cette convention présente le Parc Naturel Régional duHaut-Jura comme Maître d'oeuvre du programme ; cette mis-sion est spécifiée par un contrat de financement en date dedécembre 1994.

Toutefois, les conditions de déblocage des crédits commu-nautaires n'ont permis un démarrage effectif des opérationsqu'à compter de septembre 1995.

L'Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP)s'est vue confier une Maîtrise d'oeuvre déléguée sur une par-tie de la zone périphérique ; un contrat lie l'AFPV et le ParcNaturel du Haut-Jura et définit les grands axes d'interventions,lesquels sont ensuite précisés par un Comité de pilotage.

La mise en oeuvre de ce vaste programme a conduit àl'installation d'un chef de projet franc-comtois à Biankouma.

Un développement intégré du Parc et de sazone périphérique

Le programme communautaire s'étend sur cinq années etbénéficie d'une contribution européenne de 2 950 000 ECU(un milliard huit cents millions de FCFA).

Les deux objectifs principaux concernent :

- la protection des milieux naturels et de la faune sauvage,

- la mise en oeuvre d'un programme d'aménagement etde développement économique en périphérie du Parc,associant les populations susceptibles d'intervenir à longterme dans le maintien et la réussite de la protection duParc.

Pour atteindre ces objectifs, trois grands axes d'interventionsont retenus.

- Aménagement du Parc incluant les équipements et lasurveillance

* Compléter l'équipement du Parc, par une nouvelle orga-nisation de la surveillance, la construction de postes et bri-gades pour les agents, la dotation en matériel et véhicules, lamise en place d'un système radio fonctionnant sous énergiephotovoltaïque, l'ouverture d'infrastructures routières etpédestres en périphérie et à l'intérieur du Parc, la créationd'un bac à l'embouchure Bafing-Sassandra.

* Déplacer les populations résidant à l'intérieur du Parc,avec une démarche volontaire et humanitaire.

* Réaliser des infrastructures facilitant une exploitation tou-ristique, notamment des aménagements permettant de fixeret observer la grande faune : points d'eau, plantations d'arbresfruitiers dans les anciens villages, etc.

- Développement périphérique intégré et sensibilisationà l'environnement

* Exploitation de nouvelles alternatives agro-économiques,afin de pallier les phénomènes de braconnage, chasse, défo-restation et brûlis (diversification des pratiques, commercialisa-tion, mise en place d'infrastructures sociales dans les domainesde l'éducation, de la santé et installation d'équipements pho-tovoltaïques).

* Protection des forêts galeries en zone périphérique.

* Sensibilisation et éducation, notamment des enfants, auxproblèmes de l'environnement.

- Inventaires et suivis scientifiques

^Entreprendre des recherches et le suivi des écosystèmesdu Parc et de sa zone périphérique : études ethno-sociolo-giques et économiques, étude de la faune et de la flore, carto-graphie...

Au terme de ce vaste programme, l'aménagement duParc National du Mont Sangbé devrait satisfaire au doubleobjectif de protection et de développement, à l'image duParc Naturel Régional français.

Avantages de la coopération

Au-delà du Parc National du Mont Sangbé, la coopérationdécentralisée de l'ouest de la Côte d'Ivoire bénéficie à denombreuses communes périphériques et constitue un outilfondamental de développement régional.

Les relations humaines particulièrement fortes entre élus,hommes de terrain et populations, la concertation et la riches-se des échanges sont les points forts de ce partenariat, qui viseà confier aux Ivoiriens les moyens de réussir le développementde leur région, plutôt que le réaliser pour eux.

La prise en compte des besoins exprimés par les popula-tions, les communes ou les personnels de terrain permet :

- d'élaborer des programmes de développement adaptés,

- de moduler ou faire évoluer les programmes nationauxpour utiliser les moyens disponibles à la réalisation d'opéra-tions intégrées, leur donnant une force et une cohérenceaccrues.

Les échanges d'information permanents, le suivi régulierdes opérations et le travail en confiance des partenaires renfor-cent les chances de succès de la coopération décentralisée.

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ECHOS DES TROPIQUES

Au-delà de l'enrichissement humain, relationnel et tech-nique qu'elle procure, la mise en oeuvre du programmed'action impose aux Franc-comtois une approche nouvelledes problèmes, et une prise de recul quant à la manière de lesrésoudre, généralement plus simple en Côte d'Ivoire.

Les échanges culturels s'avèrent particulièrement intéres-sants et conduisent à des sollicitations précises (identificationde collections d'art africain ...), ou à la réalisation d'expositionset manifestations en Franche-Comté.

Conclusion

Les menaces qui pesaient sur le Parc National du MontSangbé, de création récente et sans surveillance efficace, ainsique des liens d'amitiés entre quelques personnalités des mon-tagnes du Haut-Jura et de l'ouest ivoirien, ont conduit à lamise en place d'un programme de coopération décentralisée,soutenu par le gouvernement français et l'Union européenne,en parallèle d'un partenariat entre les villes des deux régions.

L'avancement technique de la coopération entre les Parcsreflète la qualité des relations humaines entre les équipes ivoi-rienne et française, ainsi que leur volonté mutuelle de faire del'aménagement du Parc National du Mont Sangbé le vecteurde la coopération décentralisée.

En ce sens, le Ministère ivoirien de l'Agriculture, par laDirection de la Protection de la Nature, et le Parc NaturelRégional du Haut-Jura se sont engagés dans un véritable"contrat d'objectif" à long terme, élevant ce projet au rangd'action pilote de développement économique de la zonepériphérique, en liaison avec l'aménagement du Parc lui-même.

C'est un véritable défi que Franc-comtois et Ivoiriens ten-tent de relever ensemble, forts de plusieurs années d'échan-ge, de travail collectif, d'amitié et de confiance acquises au fildu temps.

L'intérêt gagné des bailleurs de fond et le soutien financierconséquent de l'Union Européenne constituent une premiè-re étape vers le succès, et procurent à chaque partenairel'enthousiasme et la volonté d'accomplir sa mission.

La mise en place d'un Comité de Pilotage du programmecommunautaire regroupant les bailleurs de fonds, le Maîtred'ouvrage (Ministère ivoirien de l'Agriculture), le Maîtred'oeuvre (Parc Naturel Régional du Haut-Jura) et l'équipe pro-jet (Cellule d'Aménagement du Parc National du Mont Sang-bé, Chef du Projet franc-comtois et Association Française desVolontaires du Progrès) favorise les rencontres et le dialogue ;elle contribue au suivi efficace des opérations en cours et àleur réorientation éventuelle pour toujours s'adapter auxvolontés et aux exigences locales.

Il est alors permis de penser que ce travail de longue halei-ne portera ses fruits, à la satisfaction de tous les partenaires.

Brahima DIABATÉResponsable du ServiceAménagement et Tourisme

Parc Nationaldu Mont SangbéBP 8 BiankoumaCÔTE D'IVOIRE

Louis-Pierre MARESCHALChargé de Missionet Patrick LECHINE

Parc Naturel Régionaldu Haut-Jura39310 LajouxFRANCE

ARDECOD : Cité Sarrail 25 000 Besançon, FRANCEAVICOM-CI : BP401 Man, CÔTE D'IVOIRE

Passer d'une coopération d'État à État à unéchange de Région à Région

La coopération décentralisée constitue une des nouvellesformes d'assistance technique dont le développement estencouragé par les différents gouvernements et organisationsmondiales.

Le processus engagé entre le gouvernement ivoirien et leministère français de la Coopération dès 1985 avait pourobjectif d'expérimenter en Côte d'Ivoire le concept de ParcNaturel Régional, c'est-à-dire une coopération intercom-munale axée sur le développement local et la préservationde l'environnement. Le processus s'est concrétisé en 1987par une demande officielle de coopération de Région àRégion.

Pourquoi poursuivre une coopération décentralisée ? Parceque les acteurs de cette coopération apportent des moyenscomplémentaires aux programmes d'aide au développe-ment avec une approche différente des problèmes (bonneprise en compte des spécificités locales, renforcement de ladémocratie locale, meilleure sensibilisation des populationsaux objectifs et résultats, soucis premiers de la pérennisationet de l'appropriation par les populations).

Extrait du bulletin d'information de l'ARDECOD.

Bibliographie

- CARTERON, LECHINE, MARESCHAL, PROST, 1992. Rap-port de mission.

- Cellule d'Aménagement du Parc National du Mont Sang-bé, 1991. Rapport annuel.

- PNR Haut Jura, sans date. Le Parc National du Mont Sang-bé. 35p.

-UICN, 1995. Étude relative au jumelage entre aires proté-gées France-Afrique francophone : quelle politique, quelpartenariat ? 51 p.

- VALKMAN J., 1991. Espace et milieu, coopération décen-tralisée. Mémoire de DESS.

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• M ECHOS DES TROPIQUES

COOPERATIONS FRANÇAISESAU VIETNAM

et Coopération décentraliséeRégion Nord-Pas de Calais/Provinces de Hué et Da Nang

ForumLes 6 et 7 février derniers s'est tenu à Lille, le premier

forum des coopérations françaises au Vietnam, sur le thème"Aménagement du territoire et développement local pour undéveloppement durable".

Cette réunion était organisée par le Conseil RégionalNord-Pas de Calais avec le concours du Ministère des Affairesétrangères.

Depuis plusieurs années, la France consolide sa coopéra-tion avec le Vietnam pour accompagner l'effort de modernisa-tion de ce pays. Ceci se traduit par une augmentation notabledes moyens au niveau gouvernemental et par une participa-tion grandissante des collectivités territoriales (= coopérationdécentralisée).

L'efficacité de la coopération décentralisée est, à l'éviden-ce, une des formules à développer dans les échanges entre laFrance et le Vietnam, non seulement par les moyens nou-veaux qui peuvent y être consacrés, mais plus encore par leuradaptation à des besoins précis émanant des collectivités-par-tenaires elles-mêmes.

^•n Coopération décentralisée

À l'initiative de sa présidente, le Conseil Régional du Nord-Pas de Calais s'est donné comme objectif de consacrer 1 % deson budget à la coopération internationale (pays bénéficiaires,outre le Viet Nam, le Mali et la Pologne) dès 1998 (actuelle-ment 0,5%).

Au Vietnam, les provinces de Hué et de Da Nang, dans lecentre du pays, ont été choisies.

Plusieurs axes ont été privilégiés dont l'aménagementurbain (traitement des déchets, assainissement, circulationroutière, ...), la santé, la culture et la forêt.

Dans le domaine forestier, la demande des provincesconcerne essentiellement la formation des personnels de ter-rain, l'appui aux programmes de plantation (production dematériel végétal amélioré, lutte contre les feux), de transfor-mation et de mise en marché des produits forestiers.

Une première mission vient d'être réalisée sur place, desti-née à engager le programme de formation et à évaluer lesbesoins exprimés (début 1996). Elle a associé au personnel du

Centre du Bois de Thiérache, un ancien chercheur du CTFTactuellement en charge d'un Centre Régional de la PropriétéForestière.

Comme à chaque fois que l'on se rend au Vietnam, on estsurpris par l'ampleur des réalisations des services forestiers pro-vinciaux dans tous les domaines, et principalement dans celuidu reboisement (plantations d'eucalyptus, de pins, de filaos) etce malgré leur indigence en ressources. On est également sur-pris par leur ambition et leurs besoins correspondants et certai-nement autant par l'inadaptation de la politique forestière auxréalités socio-économiques locales.

Les principales difficultés semblent résider dans la considé-ration objective de ces réalités et la nécessité, pour les fores-tiers, d'adopter un nouvel état d'esprit sur :

- la hiérarchisation et la planification des objectifs de déve-loppement,- les itinéraires techniques et leur perfectionnement,- la privatisation -au moins partielle et sous des formes àdéterminer- des facteurs de production,- la vulgarisation justifiée par le point précédent,- les relations entre État eî populations pour la gestion de laressource.

En ce qui concerne ce projet de coopération, la difficultétient, à coup sûr, dans la multiplicité des thèmes d'interventionsollicités, et, pour la plupart, dans leur très large "globalité".

La première action va certainement viser à un choix desthèmes prioritaires, fonction des désirs réciproques et desmoyens disponibles. La seconde concernera la diffusion d'infor-mations techniques en vietnamien pour les rendre réellementaccessibles au plus grand nombre d'acteurs. La troisième visera àsatisfaire les demandes les plus urgentes en matériel de terrain(topographie - dendrométrie). La dernière justifiera une experti-se approfondie sur une stratégie à plus long terme.

Il est certain, comme le rappelait la présidente au forumde Lille, qu'il n'existe aujourd'hui aucun modèle absolu, aucu-ne solution unique à la coopération.

Il n'en reste pas moins vrai que, quelles que soient lesvolontés et les compétences humaines déployées par les col-lectivités territoriales, l'efficacité de leurs actions tient, en pre-mier lieu, aux moyens financiers qu'elles pourront y engager età leur capacité à les cibler au mieux.

Claude BARBIERCRPF de Franche-Comté

2 place René Payot25 000 Besançon - FRANCE

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ËXS-ET~COAiMU.NAUT É S

EXPERIENCE DE LA SODEFORen matière de gestion participative des forêts

dans la Région Centre

Les cinq centres de gestion de la SODEFOR

- le feu de brousse qui parcourt toute la savane et parconséquent toutes les forêts classées, à chaque saisonsèche ;- les défrichements préalables aux cultures itinérantesd'igname et manioc sur brûlis ;- la cueillette anarchique du bois de feu, dans les forêts lesplus proches de Bouaké.

Les villageois riverains étant les principaux acteurs de cettedégradation, la menace ne disparaîtra qu'aux conditions sui-vantes :

- associer étroitement et intéresser les populations rive-raines aux travaux de la SODEFOR en forêt classée ;- promouvoir une agriculture stable, diversifiée et respec-tueuse de l'environnement aux abords et dans les sériesagricoles des forêts classées.

C'est cette démarche participative que nous illustrerons ici enprésentant les types de contrat passés entre la SODEFOR et lesgroupes de paysans habitant les villages riverains des forêts classées.

La plupart de ces groupements se crée spontanémentpour répondre à l'offre de travaux. Ils se constituent sur des cri-tères familiaux ou ethniques, religieux, politiques, par tranched'âge ou par sexe ; au départ ces groupes sont peu formés etmal organisés, à l'issue du travail, les plus performants s'érigenten GVC', les autres disparaissent.

La SODEFOR réalise depuis septembre 1991, unimportant programme de reboisement et d'aménage-ment dans la région de Bouaké, sur financement de laBanque Africaine de Développement :

- reboisement de 12 500 ha de teck dans les forêtsclassées de Kouabo-Boka, Soungourou et Boka-go, à40 km à l'est de Bouaké ; à ce jour, 11 400 ha ontété plantés ;

- aménagement do quelques forêts classées duCentre, choisies comme étant représentatives destypes de peuplement à gérer dans la zone :

• FC Bennafoko (760 ha) et FC Raviart (690 ha) :plantation de teck dominante, âgée de 30-40 anset parvenue au stade des éclaircies marchandes ;

• FC Foro-Foro (6 400 ha) et FC Akobo (2 300 ha) :formations naturelles dégradées à savane arbustivedominante.

1 GVC : Groupement à vocation coopérative ; "N'gno N'nian": expression enLors de l'exécution de ce programme, la SODEFOR a baoulé qui peut se traduire par : "je vais essayer pour voir si ça va réussir" ; ce

établi que les menaces qui pèsent le plus lourdement sur groupement rassemble une centaine de jeunes descoiarises issus de quinze vil-la pérennité de ces forêts naturelles ou artificielles sont : ^ges de la sous-préfecture de Brobo.

M Abengouifou GHANA

Aefaoville

Association teck-igname, igname bouturé en mai 1995. Photo : /. C. PLAN.

38 -Jw 7996

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FORETS ET COMMUNAUTES

Pépinière villageoise d'Akabroukro, mai 1995, production 800 000tecks. Photo : J. C. PLAN.

Production de plants de teckdans les pépinières villageoises

La SODEFOR fournit au groupement les sachets de cultureet les graines sélectionnées et assure l'encadrement tech-nique des pépiniéristes ; toutes les autres prestations incom-bent au groupement.

La SODEFOR s'engage aussi à acheter la productionannuelle de la pépinière (en moyenne 300 000 plants) à unprix convenu en début de campagne ; ce prix augmente avecla performance du pépiniériste :

- le standard de production fixé à 500 plants produits parkilo de graines livré est acheté à 10 FCFA* le plant ;- la tranche médiane (500 - 600 plants/kg) est achetée à 20FCFA le plant ;- la tranche supérieure (plus de 600 plants/kg) est achetéeà 30 FCFA le plant.

À cela s'ajoute le foisonnement du terreau de culture payéà 1 700 FCFA/W et la ration alimentaire du Programme Ali-mentaire Mondial (PAM) qui vient en appui au projet et livreune ration par mois et par tranche de 20 000 plants produits,au prix de 4 000 FCFA la ration.

La totalité des plants de teck de ce chantier de reboise-ment SODEFOR (4,4 millions en 1994 ;4 millions en 1995) estproduite selon ce principe, dans 25 pépinières villageoises.

Contrats de plantation etentretien sur préparation

• mu i mécanisée du terrain

Plantation

La SODEFOR confie au groupement des parcelles de50 hectares déjà défrichées, andainées et labourées et livre lesplants en sachets bord-champ.

1 FCFA =0,01 FF

Le groupement se charge du piquetage des lignes, de latrouaison à la densité de 1 390 plants/ha (3m X 2,40 m), de ladistribution et de la plantation des tecks.

Il est rémunéré à 25 000 FCFA/ha planté et bénéficie del'appui du PAM qui livre 16 rations/50 ha plantés.

Entretien

Ces parcelles plantées font l'objet d'entretien de juin àdécembre. La rémunération versée incite les groupements à pra-tiquer des cultures intercalaires associées aux arbres forestiers2 :

- interligne non cultivé et fauché : 1 000 FCFA/ha- interligne non cultivé et sarclé : 7 000 FCFA/ha- interligne cultivé et sarclé : 9 000 FCFA/ha.

Le groupement bénéfice de l'appui du PAM qui livre 20rations/50 ha entretenus.

L'intégralité des programmes 92 (1 440 ha), 93 (2 880 ha)94 (3 400 ha) et 95 (3 010 ha) a été réalisée selon ce principeet les surfaces cultivées atteignent 3 000 ha en 1995.

Contrats de préparationmanuelle de terrain avec

HHHH^B piantanon ex entretien

Certains groupements ont opté pour ce genre de contratoù la SODEFOR confie au même groupe la préparationmanuelle, la plantation et l'entretien de la parcelle selon larémunération suivante :

- abattage manuel des arbres : 35 000 FCFA/ha,- andainage des rémanents : 25 000 FCFA/ha (certains sontrécupérés et vendus par le groupement),- confection de buttes sur toute la surface ainsi préparée etbouturage d'igname : 20 000 FCFA/ha,- deux entretiens par an à 1 6 000 FCFA/ha/entretien aveccultures intercalaires.

Le PAM intervient pour 66 rations/50 ha préparés, plantéset entretenus. Le montant total du contrat qui couvre tous lestravaux d'installation de la plantation s'élève ainsi à117 000 FCFA/ha.Les surfaces ainsi traitées s'élèvent à 150 ha en 1993, 330 haen 1994 et 650 ha en 1995.

mmsmmmmmmmmm C o n t r a t s d esurveillance-incendie

Cette surveillance s'exerce de novembre à mars, durant lasaison sèche. À cet effet, le groupement exécute des travauxpréventifs (nettoyage et brûlage précoce des pare-feux ceintu-rant les blocs de dix parcelles, mise en culture de ces pare-feuxen manioc), fait des patrouilles de surveillance, des recense-ments et prises de contact avec chaque paysan pratiquant descultures à l'intérieur et en périphérie du périmètre.

-/«in 1996

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FORETS ET COMMUNAUTES

La rémunération mensuelle du groupement dépend du résul-tat obtenu :

- 300 000 F CFA/mois et 20 rations PAM si 0 ha parcourupar le feu dans le mois échu ;

- 200 000 F CFA/mois et 15 rations PAM si moins de 5 haparcourus par le feu ;

- 100 000 F CFA/mois et 10 rations PAM si moins de 10 haparcourus par le feu ;

- 70 000 F CFA/mois et 5 rations PAM si moins de 15 haparcourus par le feu ;

0 F CFA/mois et 0 ration PAM si plus de 15 haparcourus par le feu.

À ce jour, les surfaces parcourues par le feu ont pu ainsi êtrelimitées à 3 % de la surface plantée ; alors que, sans surveillan-ce, c'est l'intégralité de la savane qui brûle en saison sèche.

Concession d'urne sérieagricole de 280 ha en Forêt

•mumu Classée de Kouabo-Boka

Cette série agricole est assise sur une toposéquence carac-téristique de la région Centre, partant d'un sommet d'interflu-ve à cuirasse affleurante et atteignant un bas-fonds inondé ensaison pluvieuse. Le GVC "M'gno N 'nian " à la recherche deterres cultivables, s'était installé dans ce bas-fonds en 1988,avant la prise en main de la forêt classée par la SODEFOR et ypratiquait la riziculture inondée. Pour régulariser cette occu-pation, un bail a été consenti en 1993 au GVC pour unedurée de quinze ans, moyennant un loyer annuel égal à0,50% du revenu net agricole de la parcelle et toujours supé-rieur à 500 FCFA/ha ; ce contrat stipule d'autre part :

- que les cultures doivent bénéficier d'un encadrementtechnique ;- que le recours aux pratiques extensives est interdit ;- que le GVC doit procéder au lotissement de la conces-sion et présenter à la SODEFOR un plan d'aménagementcohérent pour la durée d'occupation.

Pour assurer cet encadrement et proposer un aménage-ment agricole de référence dans la région Centre, la SODE-FOR a conclu, en décembre 1993, une Convention d'appuide trois ans avec l'IDESSA'.

Cet établissement public a mis en place dès 1989 des opé-rations pérennisées sur terroir villageois pour promouvoir lafixation de l'agriculture dans le secteur soudano-guinéen deCôte d'Ivoire ; ces opérations permettent aux chercheurs,agents de développement et paysans d'élaborer et de testerensemble des systèmes de cultures stables, diversifiés et res-pectueux de l'environnement et d'en évaluer la praticabilitéet l'intérêt économique en milieu réel.

L'appui de l'IDESSA au GVC consiste en :

- la mise en place de dispositifs anti-érosifs sur la toposé-quence (bandes alternées culture-jachère, légumineusesarbustives en cordons, haies d'arbres fruitiers, de mûriers et debois de chauffe),

- l'organisation de la rotation des cultures avec jachèreobligatoire et diversification des productions (riz pluvial, igna-me, maïs, manioc, coton, arachide, haricot, gombo, ananas),- l'aménagement du bas-fonds pour y pratiquer la rizicultureinondée,

- la promotion de techniques de travail du sol et de contrô-le des adventices, peu coûteuses et susceptibles de tampon-ner les aléas climatiques de la région (zéro - labour, plantes decouverture, seules ou en dérobé des cultures...),

- la planification de la récolte de bois de feu et de service àpartir de la végétation naturelle.

À travers cet exemple, la SODEFOR manifeste sa volontéde promouvoir un véritable partenariat avec les paysans rive-rains des forêts classées, pour qu'ils deviennent les principauxacteurs et bénéficiaires de son action de protection et d'enri-chissement des forêts.

La SODEFOR n'est plus perçue comme un intrus, interdi-sant brusquement aux populations l'accès à leurs terroirs tradi-tionnels mais devient un partenaire du développement dansune région particulièrement déshéritée où les aléas clima-tiques et la pauvreté des sols ont induit un exode de massevers le sud forestier et la généralisation de pratiques agricolesdestructrices.

Le développement de ces contrats de 1992 à 1995 a per-mis d'arrêter le départ des jeunes de la région de Brobo vers lesud forestier et ses plantations de cacao, et d'amorcer le mou-vement inverse de retour des planteurs au pays.

Pour confirmer durablement cette tendance, la SODEFORdevra :

- assurer toujours une rémunération correcte du travail, enparticulier si la hausse des cours de cacao se confirme ;- aider ces groupements à bien s'organiser, à recevoir unesolide formation en sylviculture et gestion et à se diversifiervers la transformation et la commercialisation des coupes.

Jacques PLANConseiller Technique SODEFOR

01 BP3770 Abidjan 01CÔTE D'IVOIRE

2 L'association des cultures annuelles (maïs, igname, riz, coton...) aux jeunes tecks assure le meilleur entretien des reboisements : grâce à unebonne couverture du sol et au sarclage continu des cultures, tes arbres ne souffrent jamais de la concurrence des graminées ; sur des sols appauvrisou de mauvaise qualité, on utilise plutôt des légumineuses de couverture (pueraria, centrosema, stylosanthés...).3 1DESSA : Institut des Savanes - Département des Cultures Vivrières ; 01 BP 633 Bouaké 01.

° 38 -Jw 7996

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LE PAFT-CAMEROUNUn bel exemple d'incompréhension entre

mouvements écologistes et forestiers

Dans un excellent article "La gestiondu secteur forestiers camerounais'"", M.Foteu Kameni donne un aperçu synthé-tique de ce secteur et fait le bilan actueldu PAFT-Cameroun. Il souligne à cesujet l'atmosphère d'incompréhensionqui a entouré la publication de ce pro-gramme ; en effet une gerbe de cri-tiques très sévères émanant de mouve-ments écologistes parvint à sensibiliser lacoopération internationale à partir del'affirmation que le PAFT-Camerounallait favoriser outrageusement l'exploi-tation du patrimoine au détriment de saconservation. Ils n'en voulaient commemeilleure preuve que les projets rele-vant des industries forestières y représen-tent 23% des dotations globales alorsque la conservation des écosystèmes nebénéficie que de 8,5%. Et pendant plu-sieurs années ces accusations collèrent àla peau de l'ensemble du PAFT, du faitque le PAFT-Cameroun avait été dansl'ordre chronologique le premier enAfrique et le deuxième au niveau mon-dial. Responsable de l'élaboration duPAFT-Cameroun en tant que chef demission, je tiens à rétablir la vérité, ceque différentes circonstances m'avaientempêché de faire jusqu'alors.

Le PAFT-Cameroun a respectéla stratégie traditionnelle des

forestiers en matière deconservation du milieu.

Elle se traduit par trois sortes d'inter-ventions.

- La protection du milieu : onbloque ce dernier à son niveau présentpar suppression de toute agression exté-rieure et on le laisse évoluer naturelle-ment, ce qui se traduit essentiellementpar la création d'"aires protégées"(parcs nationaux, sanctuaires, réserves,etc.) et la conservation de ressourcesgénétiques.L'aménagement de ces aires consisteessentiellement en des infrastructures

(routes, pistes...) et des points d'eau oude nourriture pour les animaux. Bienque les écologistes affirment que l'évo-lution naturelle constitue un idéal à nepas perturber, force est de constaterqu'elle conduit souvent à des déséqui-libres évidents (prolifération catastro-phique des éléphants dans les parcs deTanzanie et celui de Waza au Came-roun). Selon la terminologie du PAFT,les projets correspondants sont regrou-pés sous le thème "conservation desécosystèmes forestiers" (au nombre desept pour le Cameroun).

- La conservation des potentialitésdu milieu par "gestion durable" : onexploite les écosystèmes, mais on faiten sorte qu'à la fin de chaque cycled'exploitation, on retrouve les mêmespotentialités qu'au départ grâce à destravaux concomitants et obligatoires derégénération : c'est l'aménagement"durable" qui étend à l'ensemble del'écosystème les principes du tradition-nel aménagement forestier. La conser-vation de l'écosystème est assurée, maisd'une manière dynamique. Le PAFT-Cameroun a retenu beaucoup de telstravaux intégrés dans les thèmes "déve-loppement des industries forestières"pour la forêt dense et "bois de feu eténergie" pour la savane.

- La restructuration du milieu envue de rétablir ses équilibres et plustard de le gérer durablement : si l'on aaffaire à des écosystèmes trop dégradés(déforestation, érosion...), on recrée unécosystème en équilibre grâce à destravaux de génie civil, de plantation etde protection : c'est l'aménagementdes bassins versants, c'est la réalisationde brise-vent, de travaux d'agroforeste-rie. Un grand nombre en a été retenupar le PAFT-Cameroun, sous larubrique "foresterie dans l'utilisationdes terres", selon la terminologie duPAFT.

Au titre de la conservation dumilieu, les mouvements

écologistes n'ont retenu dans lePAFT-Cameroun que les projets

de protection.

C'est ce qui ressort de toute éviden-ce de leurs critiques puisqu'ils procla-ment que la conservation ne reçoit que8,5% des crédits, chiffre ne concernantque le thème "conservation des éco-systèmes forestiers" (cf. § 1 - Protec-tion). Pourquoi un tel comportement ?Cela n'est pas admissible compte-tenudes nombreuses justifications que nousavons données sur la finalité des amé-nagements forestiers, des bassins ver-sants, etc. dans le rapport de synthèsede la mission (1988) et le rapport deprésentation à la table ronde (1989).Est-ce une position de principe, maisbasée sur quoi ? Ignoraient-ils la gestion"durable" ?

En réalité le PAFT-Cameroun aréservé une place de choix à la

conservation du milieu.

Pour la situer sur le plan des dota-tions financières, il faut lui intégrer unequote-part des projets regroupés sousd'autres rubriques du PAFT, commeindiqué ci-dessus. De ce fait, et sanspouvoir en donner le détail ici121 nousestimons que les dotations du PAFT-Cameroun se sont réparties commedans le tableau ci-dessous.

Il en ressort que, mises à part les ins-titutions, reconnues unanimementprioritaires, la conservation est en réali-té la mieux dotée.

RenéCATINOTEx Chef de la mission interagences

du PAFT-Cameroun

(1) Le Flamboyant n° 37, mars 1996.(2) Nous pouvons communiquer ce calcul àqui le demandera.

Thèmes du PAFT

Proportion

Industries forestières

17%

Bois de feu et énergie

2,6%

Conservation des écosystèmesforestiers

23,3%

Foresterie dansl'utilisation des terres

8,30%

Institutions

49%

M 1996

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DIS-MOI TERRE

Terre ! dis-moi terre !Est-ce don toi qui berçais les hommes ?Qui hébergeais sous ton arbreCultivateurs épuisés... ?Bêtes, insectes... ?Que sont donc devenues tes gigantesquesforêts ?Pourquoi les montagnes sont devenuesSi squelettiques ?Où est passé ton charme ?Pourquoi gémis-tu ?

Ton égard n'est plusL'allégresse de ces bêtesQui galopent, chantent ta grâceDéclina en désolationTerre ! dis-moi terre !As-tu lésé ces braconniersEnemis de la nature ?

Dis-moi flore !As-tu brimé la bête humaine ?Et toi faune,Quelle est ta grave transgression ?Pauvre biche ?Pourquoi pleures-tuJusqu'à te fondre les yeux ?Tu es chasséeTu es décimée, tracasséeTu est poursuivie au bout de la terreIci avec des feux de brousseLà avec des armes terrifiantes

Pauvre flore ! Pauvre faune !Vous ne restez qu'éberluéesDevant ces sauvageries,Devant ces brimades !

Vous êtes énervéesPar ces bêtises, conneriesEt vous répondez avecsécheresse,Famine, malheursDésolation...Pardonnez les hommesDorénavant décidésÀ reboiser,À protéger la faune !Dis-moi terreQue tu écoutes les hommes.

Sèche tes larmesEt pardonneTerre mèreRefuge indéniable deLa race humaineCrois terreQue les hommes sont décidésA faire de toiPour leur bonheurUN PARADIS

NOGLO K. MawuléTA 4 1Collège protestantBP 100Kpalime - TOGO

ECOUTONS LA PRIEREDE LA FORÊT ÀL'HOMME

HommeJe suis la flamme de ton foyer dansla nuit hivernaleEt au plus fort de l'été, l'ombrefranche sur ton toitJe suis le lit de tes sommeils, lacharpente de ta maisonLa table où poser ton pain ; le mâtpour ton navire !Je suis le manche de ta houe, laporte de ta cabaneJe suis le bois de ton berceau etcelui de ton cercueilLe marteau de tes œuvres et laparure de ton universEcoute ma prière...Ne me détruis pas.

OURO Tchédré BannaBP 54SotoubouraTOGO

L'AGONIE DE NOTREEN VIR ONNEMENT

Un vent diabolique se levaMonta au ciel

Laissant tout à découvertQue dévore le soleil

Triste sort des arbres qui perdent leurs âmes.Laissant derrière eux d'immenses zonesDe combat entre dunes et vent etPartout dans les deux plane une folle

Menace de sécheresse.Humus que dis-tu de ta structure en péril

Ne te favorisant une massive production deFoin pour le zébu aussi frappé par l'agonie

Et faisant aussi pleurer le requin à fendrel'âme.

En vérité en véritéLe monde est à repeindre

Toi du Sud et toi du NordTa négligence moindre qu'elle soitFera périr le monde.

Lèves-toi donc !La terre sans être cîanique mais aux bonnes volontésD'exploiter tel en Chine et en IndeMérite :Un soin tel un homme à sa conjointe,Du chaulage et de l'engraissageEt partout des bois plantésAinsi pourra aller le prince au festin sans parasolMais sous l'ombrage des feuillages argentésDes bois qui sans doute des sources d'énergies écono-mique.

APOM KwamiCNDAAtakpame- TOGO

poème primé à la journée del'arbre au Togo (1995)

38 -Jm 7996

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L'ARBRE A PALABRES

CONTRIBUTION AUDÉBAT SUR LES"ENJEUX FORESTIERSMONDIAUX"

Le numéro spécial du Flamboyant "Enjeux forestiers mon-diaux" nous a véritablement comblés avec la multituded'informations servie à travers les différents articles publiéssur ce sujet. Ces articles dont la pertinence est incontestablesont effectivement "une incitation à la réflexion sur lesenjeux actuels liés à la forêt dans une perspective plus globa-le", car ils suscitent inévitablement dans certains des aspectsqui y sont relevés des réactions dont le ton a d'ailleurs étédonné par la rédaction avec des rebondissements qui enrichis-sent finalement le débat.

La présente note s'inscrit dans cette logique pour donnerquelques points de vue inspirés de la situation de l'exploita-tion forestière au Cameroun,

Les problèmes d'exploitation forestière en Afrique tropica-le en général ne peuvent être objectivement bien appréhendésque si l'on intègre suffisamment le préalable de la dialectiquedéveloppement/protection de l'environnement auquel sontconfrontés les pouvoirs publics dans cette partie du monde.Nous n'allons néanmoins pas nous pencher sur cette dualitéévidente qui est pourtant l'un des problèmes centraux de laforêt en Afrique, dont la plupart des aspects soulevés dans ledébat qui nous intéresse n'en sont que les manifestations.

Est-il objectivement raisonnable de poser l'agriculturecomme un problème majeur pour l'exploitation forestière enAfrique ? En tout cas, la situation actuelle du vieux continentne permet pas de répondre par l'affirmative ; car, plusieursdizaines d'années d'exploitation forestière en Afrique (exploi-tation du reste perpétuée par les Occidentaux) n'ont véritable-ment pas permis de placer cette activité aux avant-gardes dudéveloppement. Bien au contraire, c'est l'agriculture pourlaquelle l'Afrique est dite avoir des potentialités énormes quia toujours focalisé l'attention des pouvoirs publics et mêmedes bailleurs de fonds, malheureusement sans atteindre leniveau de développement souhaité.

C'est dire que l'agriculture en Afrique est encore amenée àse développer. Certes il ne s'agira pas exclusivement d'undéveloppement spécial, mais l'augmentation des superficiescultivables ne peut pas ne pas être envisagée aussi bien dans lecas de la continuation avec les méthodes traditionnelles quedans le cas de la modernisation, au regard de la croissancedémographique et des besoins pour le développement ducontinent. Dans cette perspective, la forêt en Afrique tropicalejouera encore pendant un certain temps son rôle de réservefoncière, pas seulement pour le développement de l'agricultu-re, mais aussi de celui de toutes les activités subséquentes audéveloppement des villes. On comprend alors aisément quel'ouverture des pistes par les exploitants forestiers n'ait étéqu'un facteur favorisant pour la pénétration de certains mas-sifs forestiers par les agriculteurs, encore que ce phénomène sedoit d'être considéré dans sa juste mesure. Cela a souvent été

le cas dans les environs des grandes agglomérations et aconsisté en la création de quelques plantations agricoles demoyenne importance (café, cacao, banane, maïs, etc.), dureste due aux investissements de quelques élites locales ou del'État (société mixte). Mais l'envergure de ces plantations estrestée dans la plupart des cas suffisamment faible pourqu'elles puissent ne pas se poser comme problème majeur dela forêt. Par ailleurs, l'agriculture pratiquée par les aborigènesn'a pratiquement jamais été fondamentalement influencéepar l'exploitation forestière, en ce sens qu'elle entre dans lesmœurs de ces derniers aujourd'hui comme toujours, indépen-damment de l'exploitation forestière. H va sans dire néan-moins que l'exploitation forestière en Afrique tropicale aamené avec elle des facteurs nouveaux dans l'ensemble desactivités rurales et relations intercommunautés (rurale eturbaine). Mais le développement des activités agricoles audétriment de ta forêt est resté en général insignifiant tant qu'ils'est limité aux champs des vivriers destinés à la satisfactiondes besoins domestiques.

Il apparaît donc que la menace qui pèse sur les forêts tro-picales n'est pas essentiellement et encore prioritairementl'agriculture. Le problème des forêts tropicales en Afrique sesitue incontestablement ailleurs, et pourrait être davantagecelui de leur aménagement, de leur gestion planifiée en tantque réserve foncière et source de production de biens.

Les forêts tropicales en Afrique ont longtemps souffert etsouffrent encore aujourd'hui des lacunes de leur politique degestion. Ces lacunes, qui pour l'essentiel se résument à unmanque de plan d'aménagement des forêts livrées à l'exploita-tion, ont permis et entretenu un mercenariat désastreux dansla profession forestière. En effet, les exploitants forestiers quien principe devraient prélever du bois dans les forêts juste enexécution d'un plan d'aménagement, se sont presque toujourscomportés comme de simples marchands de bois, comme descommerçants véreux qui n'ont aucun souci pour la pérennitéde la ressource. La recherche effrénée du gain a presque tou-jours été leur leitmotiv. Ils sont aidés en cela par les faiblessesdes services forestiers de l'État qui généralement manquentdes moyens nécessaires pour assurer un service minimum decontrôle de l'exploitation, d'où l'absence très préjudiciable dusuivi des opérations in situ. À cela il faut ajouter l'environne-ment socio-économique dans lequel évoluent tous les interve-nants (État, agents de l'État chargés du contrôle forestier etexploitants forestiers) qui est favorable à toutes les compro-missions et dont la conséquence est la perpétuation dans lesmassifs forestiers de toutes les exactions possibles très dom-mageables pour ces écosystèmes. Or, les politiques forestièresqui ne se sont généralement intéressées qu'aux forêts du"domaine public" en inféodant ainsi tous les problèmes deforesterie à l'État, n'ont que contribué à aggraver cette situa-tion en Afrique tropicale, et particulièrement en Afrique fran-cophone ainsi que le souligne si bien Alain BERTRAND pourle cas ivoirien'. Au Cameroun par exemple, jusqu'à une daterécente, la politique forestière n'avait mis l'accent que sur lesforêts domaniales2, et singulièrement sur la filière boisd'œuvre, à telle enseigne que, même après l'élaboration d'unenouvelle politique forestière plus ouverte à tous les espaces dudomaine rural et même à l'intégration voire l'implication despopulations dans la gestion aussi bien des ressources que del'espace, l'opinion publique tout comme le législateur conti-

M jw 7996

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L'ARBRE A PALABRES

nuent à ne percevoir les problèmesforestiers qu'en terme de bois d'œuvre(vente de grumes) et disparition de laforêt dense. Pourtant les problèmesforestiers les plus cruciaux se posentplutôt dans les zones de savane où lesfilières bois énergie et bois de serviceméritent une attention particulière pasmoins que celle accordée au boisd'œuvre des zones de forêt dense (qu'ils'agisse de l'organisation de ces fdières,ou même de leur capacité à générer desemplois et des revenus). Les politiquesforestières n'avaient pas toujours sufaire des populations les partenairesprivilégiés de l'administration desforêts. Voilà pourquoi l'exemple duNiger (qu'il serait intéressant de décou-vrir) tel que décrit par A. BERTRAND3

peut apparaître comme un modèleapproprié de gestion des écosystèmes enzone sèche tropicale nonobstant lescontraintes énumérées par Pape DjibyKONE4 qui sont par ailleurs des réalitéscertaines en Afrique.

C'est dire en définitive que les pro-blèmes forestiers en zone tropicale fran-cophone sont actuellement tributairesde leurs politiques de gestion anté-rieures inadaptées, car, après le constatd'échec des anciennes politiques fores-tières, on s'est attelé dans certains pays(comme le Cameroun) à mettre enœuvre de nouvelles politiques fores-tières. Celles-ci bien que pleines debonnes intentions traduisent la volontédes forestiers (de l'État) à faire uneforesterie plus professionnelle, plus par-ticipative, résolument orientée vers unegestion plus rationnelle, plus durable etplus conservatrice de l'environnement,mais sont malheureusement restéesjusqu'à ce jour tout simplement inopé-rantes à cause des enjeux politico-éco-nomiques dont les forces occultes domi-nent encore la simple volonté du fores-tier aménagiste. Ces forces occultessont en général l'œuvre de quelques pri-vilégiés que l'on retrouve parmi lesgouvernants qui ont formé, avec leursalliés occidentaux, des lobbies d'intérêtéconomique (pour exploiter les forêts)

n'ayant aucun souci sur la contribu-tion en devises de la forêt dans l'écono-mie nationale des États concernés.Ainsi, les forêts, bien que connues pourleur potentiel et valeur économique,n'arrivent presque jamais à financer enAfrique tropicale la résolution des pro-blèmes dont elles souffrent, problèmesqui tiennent pour l'essentiel à leur amé-nagement (inventaire, planificationspacio-temporelle de l'exploitation,contrôle de l'exploitation, régénération,etc.;.

AKAGOU ZEDONGHenri Charles

BP 44 NgaoundéréCAMEROUN

1 Le Flamboyant n° 32 page 102 Une forêt domaniale est au sens de laloi forestière camerounaise une forêtayant fait l'objet d'un classement auprofit de l'État.3 Le Flamboyant n° 32, page 114 Le Flamboyant n° 32, page 31

LA DECOUVERTE

M. DALI et moi appartenons à une même dénomina-tion chrétienne. Un jour après la messe dominicale ilm'approche pour me congratuler. Voilà l'entretien quej'ai eu avec lui :

- DALI : félicitations !- FREBO : mais de quoi s'agit-il ?- DALI : je te félicite parce que tu as fait une très bellephoto.- FREBO : mais où se trouve cette photo ? Dis-moi, dequelle photo s'agit-il ?- DALI : la couverture du numéro spécial du Flam-boyant de décembre 1995 porte une photo dont tu esl'auteur.FREBO : mais dis-moi comment tu as connu le Flam-boyant, es-tu abonné ?- DALI : oui, je suis abonné, mon souci majeur, c'est laprotection de la nature, c'est le combat que je mène.- FREBO : tiens, voilà quelqu'un qui a la même penséeque moi. Je suis un abonné de Flamboyant. Effective-ment, je me rappelle avoir fait des photos au Parc ani-malier d'Aboukouamekro en compagnie de la secrétairetechnique du Réseau Arbres Tropicaux, mais je n'ai pasencore reçu le dernier numéro dont tu parles.- DALI : cours-y vite, va voir à la poste certainementton courrier doit être arrivé !

- FREBO : DALI, je vois en toi un véritable frère nonseulement tu adores le même Dieu que moi mais aussi tuas le même souci que moi : la protection de la nature.

Le lendemain matin le service courrier de monemployeur me tend un paquet, à l'intérieur : "monjournal, le Flamboyant''.

Je tournais et retournais la couverture, qu'est-ce que jevois ; une belle photo d'un troupeau de buffles autourd'une flaque d'eau au Parc d'Aboukouamekro. J'étaiscomblé de joie.

Je voudrais m'adresser aux abonnés ; mon objectif n'estpas de vous amuser avec cette petite histoire de retrou-vailles. Je voudrais lancer un appel à l'endroit desabonnés du "Flamboyant" résidant en Côte d'Ivoire :de se regrouper par ville ! Car il est bon d'écrire indivi-duellement des articles, mais il est mieux de se retrou-ver autour d'une même table pour regrouper nos idéesafin d'avoir une force vive pour être écoutés, car la pro-tection de la nature est notre affaire !

Pierre FREBOBP 1081

YamoussoukwCÔTE D'IVOIRE

° 3S -Jw 7996

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Pour votre bibliothèque

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LES DENTS DU CIEL II

Commission Européenne, DGCI,CTA, Caisse Française de Déve-

loppement, CIRAO

Le héros du nouvel épisode dela bande dessinée éducativeantiacridienne, Boukari Sanogo,a beaucoup soufert des grèvesqui ont eu lieu en France fin1995 pour faire connaître ses

nouvelles aventures et mésaventures dans le domainedifficile mais très porteur d'espoir de la lutte intégrée..Deux ans après "Les dents du ciel", le nouvel épisodepromet d'être passionnant car Boukari va vivre desmoments difficiles avant de comprendre que la lutteantiacridienne ne peut s'imaginer que si l'on connaîtaussi bien les criquets ravageurs que leurs ennemis natu-rels. Sans effort, la réussite n'a pas de goût.

50 000 exemplaires gratuits diffusés par :CIRAD-GERDAT- BP503534032 Montpellier cedex 1 - FRANCE

LA VULGARISATIONFORESTIÈRE

FAO, Unasylva, n°184

Ce dossier examine les défis,présente des exemples insolitesde la vulgarisation forestièredans différents pays du monde(dont le Burkina Faso pour'Afrique) et propose des

réflexions sur les méthodes etoutils contemporains.

Unasylva paraît quatre fois par an en anglais, espagnolet français. Abonnement : un an, $26,00.

Pour souscrire, s'adresser à :Section distribution et ventes FAO,Via délie Terme di Caraealla,00100 Rome - ITALIE

LES FEMMES DANS LES PAYSEN DÉVELOPPEMENT

Guide des thèses de doctoratsoutenues dans les universités

françaises de 1970 à 1994.

Ce guide a constitué une des publi-cations françaises réalisées dans lecadre de la IVème Conférence Mon-

diale cfes Femmes qui s'est tenue à Pékin du 4 au 15septembre 1 995. Il met en lumière des travaux de gran-de qualité souvent méconnus et sous-utilisés.

Réseau Femmes et DéveloppementS/C GRDR : 20, rue Voltaire93100 Montreuil Cedex - FRANCE

LA FORET ET L'ETAT ENAFRIQUE SÈCHE ET

À MADAGASCARChanger de politiques forestières

Gérard BUTTOUD

Cet ouvrage traite des régions tropi-cales d'Afrique et de Madagascar où iln'existe pas de forêt dense humide.Cette zone regroupe généralementdes pays pauvres et confrontés à unecrise forestière, qui se traduit par untaux de déforestation élevé et par desdifficultés croissantes d'approvisionne-ment en produits forestiers.

La dégradation forestière constitue eneffet l'un des problèmes majeurs aux-quels se trouvent confrontés les pay-sans et les pouvoirs publics africains.Une partie importante de l'activitééconomique, notamment agricole,nécessite l'utilisation des ressourcesenvironnantes et le grignotage chro-nique des espaces boisés a créé unesituation suffisamment grave pourqu'un arsenal de mesures ait été prispour y remédier.

L'auteur dresse un bilan critique desdiverses politiques conduites et des

Lii forêt <>t l'Étateu Afr ique sèchvet à Madagascar

activités menées parles administrations,organisations interna-tionales non gouver-nementales depuis(rente ans. En analy-sant les conditionstechniques et écono-miques de leur réali-sation, en les rappro-

chant des objectifs et des stratégiesayant présidé à leur conception, ens'interrogeant sur leur philosophie, ilsouligne à la fois les difficultés qu'il y aà s'attaquer aux causes profondes de ladéforestation, et les piètres résultatsobtenus.l'a r t i e du terrain, la réflexiondébouche sur la nécessité plus globalede repenser la gestion de l'espace etde l'environnement. Elle donne aussil'occasion d'un regard critique sur ledécalage entre les logiques paysanneset celles des États et de leurs experts.

1995, 247p, 140 F

Éditions KARTHALA, collection éco-nomie et environnement22-24, Bd Arago- 75013 ParisFRANCE

HOMMES ET ANIMAUXÉlevages en Afrique sub-saharienne

Inter-Réseaux, 1995

Réfléchir et communiquer pour l'avenir

Après un numéro d'avril consacré à la dévaluation du francCFA, un nouveau dossier commun aux trois réseaux GAO,RD et SA sur les éleveurs et les activités dans différents sec-teurs et plusieurs régions a été publié fin 1995. La volonté

des rédacteurs est d'apporter une information simple, originale, et de per-mettre, sur un sujet donné, d'approfondir les connaissances. Ce dossier apporte-ra certainement des pistes de réflexion et des informations nouvelles que le lec-teur pourra valoriser dans son travail quotidien.

1 995, 56 p., gratuit pour les membres de l'Inter-réseaux.

INTER-RÉSEAUXS/C CFSi32, rue Le Peletier- 75009 Paris - FRANCE

LE SAFOUTIER Ministère de la Recherche Scientifique

THE AFRICAN PEAR et Technique

J. KENGUE &

). NYA NGATCHOU

Actes du séminaire régional sur lavalorisation du safoutier tenu à Douala(Cameroun) en 1994, ce documentprésente les interventions relatives à ladomestication, la biologie, la chimie-technologie et la phytopathologie-entomologie de l'arbre.

1995, 188 p.

^ - > Institut de laRecherche

U.SAI-OI II1K Agronomique,

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t/V uKtr 0 mm fc/V uKttm # # t/V

LE PROCEDE IRRIGASCou l'irrigation par semi-

conduitesMamadou SISSOKO

Guide techniqueComment utiliser chaquegoutte d'eau d'arrosage au

Sahel

Le développement du monderural sahélien passe inévitable-ment par la maîtrise de l'eau.Dans ce cadre, le Sahel a vécule temps des grands barrages,celui des petits barrages aussi.Aujourd'hui, ces expériencesmontrent largement leurslimites. Le temps est arrivé oùil faut redimensionner lesambitions, revoir les politiques,réajuster les stratégies pouratteindre de façon pointue descibles appropriées et essen-tielles. En inventant son procé-dé d'irrigation dil IRRIGASC,M. Jacques GASC, Conseillertechnique au Ministère séné-galais de l'Agriculture, proposeaux Sahéliens dont les res-

sourcessont limi-tées eneau maisaussi enmoyensd'investis-semen t,une tech-n i q u esimple etnon oné-r e u s e

pour gérer la pénurie et utiliserau mieux la denrée précieusequ'est l'eau. En produisant ceguide technique en collabora-tion avec RESADOC, M.Mamadou SISSOKO, cher-cheur consultant malien, valo-rise un résultat de rechercheet vulgarise une technologieappropriée.

Éditeur :Réseau Sahélien de Documen-tation et d'Informations Scien-tifiques et Techniques(RESADOC)Institut du SahelBP 1530- Bamako- MALI

FEUX DE BROUSSEL'aventure de la

démocratie dans lescampagnes africaines

SYFIA

Dans les médias occiden-taux, seule l'Afrique desvilles est sous les feux del'actualité ; curieux choixpour un continent quicompte une>majorité deruraux ! Mais, si les citadinsoccupent le devant de lascène, les campagnes bougentet font à leur manière l'expé-rience de la démocratie ; sanssinger les gens des villes, ellestracent leur chemin et avan-cent à leur rythme.De quelle démocratie s'agit-ild'ailleurs ? Le modèle proposéà l'Afrique francophone pro-vient d'un véritable parachuta-ge des idéaux européens de1989 livrés "clés en mains",sans mode d 'emploi . Com-ment les Africains des cam-pagnes se sont-ils appropriés ceconcept souvent présentécomme une panacée par leshommes politiques locaux ?

C'est ce processus que les jour-nalistes africains et européensde l'agence Syfia ont voulusuivre de 1989 à 1995, dans labrousse du Zaïre, du Bénin, du

Cameroun, duTogo, du Niger, duBurkina Faso, duMali, du Sénégal,de Guinée, deCôte d'Ivoire.Le livre qui enrésulte offre untableau pointillistedu monde paysanafricain et analysela progression de

l'aventure démocratique, leserrements qu'elle a provoquésles détournements auxquelselle a servi de prétexte, lepoint positif étant sans contestela naissance d'organisationspaysannes aujourd'hui recon-nues, véritable contre-pouvoiravec lequel les gouvernementsen place doivent compter.C'est vraiment la voix des pay-sans d'Afrique que l'on trouve-ra dans les dix courts chapitresqui constituent ces Feux debrousse.

199.5, 125 p., 79 FF.

SYROS9bis, rue Abel-Hovelacque75013 Paris FRANCE

Fondation pour leProgrès de l'Homme38, rue Saint-Sabien75011 Paris- FRANCE

Mi DF.Vlîl.OITEMKNT HUl'.NAHtrQUKCENTRAM

LE DEVELOPPEMENT RURAL ENAFRIQUE CENTRALE

Théories et essai d'analyse critiqueGeorges DEFOUR

L'auteur souhaite ébaucher une réflexion éva-luative sur les théories du développementrural. En effet, les trois dernières décennies ontvu surgir plusieurs options, s'opposer différentesstratégies, sans que le problème en soit vrai-ment résolu : des résultats positifs ont certaine-ment été enregistrés, mais les méthodes pré-conisées et mises en œuvre n'ont guère arrêté la détérioration, aupoint que certains ruraux se demandent comment leurs ancêtres fai-saient pour ne pas mourir de faim ! Or il en va de la vie, de l'être et dumieux-être de millions d'hommes : cela vaut la peine de s'y attacher.Le livre ne présente pas des solutions sûres -le développement ruralest et reste avant tout l'affaire des ruraux- mais aide à une réflexion etsuggère des pistes d'accompagnement. Cet effort a d'abord été vécu,durant plusieurs années, comme cours offert, en cycle de licence, auxétudiants de l'Institut Supérieur du Développement Rural de Bukavu(Zaïre). Il garde donc un visage de manuel scolaire : assez souvent, ledéveloppement d'une idée ou d'une manière d'agir se présente sousla forme d'une série d'assertions, de notes documentaires, de ques-tions proposées à la réflexion, à l'échange en groupe, à la discussionen auditoire ou en travaux dirigés.

BANDAR! ÉditionsBP 162 - Bukavu - ZAÏRE ou S/C BP 555 - Bujumbura - BURUNDI

L'AFRIQUE QUI REUSSITVie et combats d'un leader paysan guinéen

M. P. DIALLO, J. VOGEL

En 1986, au cœur de l'Afrique, dans l'un des paysles plus pauvres du monde, des organisations pay-sannes investissent avec succès des filières écono-miques et réussisent. Au prix certes, d'une luttesans merci, face à une bureaucratie parasite, unetechnocratie éloignée de la réalité et des interlo-cuteurs souvent sans scrupules. Ce livre remet enquestion bien des idées reçues sur l'aide internatio-

nale et le développement rural, et plaide pour que la voix, les logiqueset les réalisations des paysans soient entendues de davantage de lieuxde pouvoir.

1996, 222 p., 110 FF

SYROS - 9bis, rue Abel-Hovelacque- 7501 3 Paris - FRANCE

TAXI-BROUSSE

Journal d' information et de liaison fondéconjointement par l'IFAID Aquitaine (ex. Bio-force) et l'Association des Agents de Dévelop-pement International d'Aquitaine, Taxi-Broussepropose un dossier de six pages sur lesfemmes... "L'autre moitié du monde", dans sonnuméro de mars 1996.Les femmes se retrouvent en effet à chaquemaillon de la société africaine : "de l'agricultureà la santé, en passant par l'économie et les tra-

ditions, elles sont le catalyseur du dynamisme nécessaire à tout déve-loppement".

Dossier disponible pour 1 5 FF (revue complète)

TAXI-BROUSSE- S/C IFAID Aquitaine47, rue Charles Tournemire - 33300 Bordeaux - FRANCE

*° 33 -Ja« 1996

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LES FORETS NE DONNENT PASQUE DU BOIS

Un dossier fort intéressant de la revue SPORE (n° 59,octobre 1995) aborde la question des produits forestiersnon ligneux et du rôle que pourrait jouer la gestion deces revenus par les populations pour la sauvegarde desforêts tropicales.À noter une page consacrée auxalternatives à la culture sur brûlisavec des exemples pris enAfrique anglophone.

SPOREPERISCOOP Mulli-médiaAgropolis International34394 Montpellier cedex 5FRANCE

Les ouvrages doivent être comman-dés directement aux éditeurs.

Formation

CIEDELINGENIERIE DE

DÉVELOPPEMENTLOCAL

Une formationuniversitaire et

professionnelle pour desacteurs de terrain

Le CIEDEL : Centre Inter-national d'Études pour leDéveloppement Localforme des cadres dudéveloppement venusdes cinq continents.

OBJECTIF

Améliorer la capacité desactours à concevoir etconduire des programmesde développement local.Produire el expérimenterdes méthodes, des outilsde développement (éva-luation, planification loca-le, gestion des conflits).

PROGRAMME

Douze modules organisésautour de trois thèmes :

- politiques et stratégiesde développement,- conception, gestion etévaluation de projets etd'actions de développe-ment,

- méthodes et outils dedéveloppement local.

DURÉE, PÉDAGOGIE

La formation, continue surdeux ans ou par modulesde trois à huit semaines à lacarte, est conçue commeune confrontation entre lapratique professionnelleacquise et l'enseignement.Elle conduit à la produc-tion individuelle el collec-tive d'outi Is et deméthodes. Elle combineenseignements théoriques,travaux individuels et degroupes ainsi que quatremois de stages pratiquesdans des structures dedéveloppement local.

DIPLÔME

Ingénierie du développe-ment local (Bac + 4)Université catholique deLyon (France]

CONDITIONSD'ADMISSION

Bac: + 2 et quatre ansd'expérience profession-nel le dans le développe-ment -Nord ou Sud).

Renseignements à :CIEDEL30, rue Sainte Hélène69002 LYONTél. (33) 78 37 83 24Fax (33) 72 41 99 88

GUIDE TECHNIQUE SURL'AMÉNAGEMENT

CONCERTÉ DES RESSOURCESFORESTIÈRES (OAPF) MALI

Ce guide préparé par l 'OpérationAménagement et Productions Fores-tières (Sikasso) dans le cadre d'un pro-jet de gestion des Ressources Natu-relles au Malt s'adresse aux agents deterrain et aux agents de développe-ment qui s'intéressent à l'élaborationet la mise en œuvre sur une base

concertée de plans d'aménagementdes ressources forestières en milieutotalement naturel ou à l'intérieur deterroirs.

- PGRN - Ministèrede l'Environne-ment du Mali

- GWC - Consul-tants International,1 220 BoulevardMarie-Victorin,Longueil, QuébecCANADA |4G 2H9

Nouveau

Un nouvel atelier "débitset transformation desbois" vient d'être inau-guré au centre derecherche du Centre decoopération internatio-

nal en recherche agronomique pour ledéveloppement (C1RAD) à Montpel-lier.

Ce nouvel atelier affiche1 une triplemission :

- réaliser en partant de la grume, demultiples éprouvettes d'essais (pour lesautres laboratoires), des prototypes deproduits innovants et des échantillonsde démonstration ;

- servir de laboratoire pour l'étude dela qualité des bois et des procédés detransformation physico-mécanique deces bois (usinage, séchage, collage) ;

- être une base de formation aux tech-nologies nouvelles ou adaptées pourles techniciens, ingénieurs et cher-cheurs des pays et régions partenairesdu département des Forêts du CIRAD.

Programme bois du CIRAD-Forêt :BP 503534032 Montpellier cedex 1FRANCE

Colloques

GESTION DES RESSOURCESGÉNÉTIQUES DES PLANTESEN AFRIQUE DES SAVANESRencontres internationales,Bamako, Mal i , février 1997

L'enjeu de cette rencontre est de bâtirun cadre conceptuel cohérent pourles projets de conservation in situ inté-grant à la fois :

- la protection de la diversité en place,incluant des mesures de suivi à longterme ;- les stratégies de valorisation de cettediversité par des méthodes tradition-nelles et modernes ;- les mécanismes de soutien aux ges-tionnaires de la conservation à la ferme ;- des propositions sur les rôles respectifsdes scientifiques et des autres acteursdu développement.

Dans une première partie, la ren-contre favorisera l'expression de plu-sieurs approches scientifiques derecherche fondamentale et appl i -quée ; y seront exposés des résultats

des recherches les plus récentes dansle domaine des ressources génétiques,à la fois sous l'angle de la biologie etdes sciences sociales.

Dans une seconde partie, des ateliersprésenteront des expériences de déve-loppement incluant la gestion des res-sources génétiques sur le terrain misesen œuvre par différents acteurs (ONG,Agences internationales, associationspaysannes...)

Préinscription :

Secrétariat des inscriptions :Bureau des Ressources Génétiques57, rue Cuvier75231 Paris cedex 05,FRANCETél. : (33-1)44 08 83 10Fax : (33-1) 45 35 70 15E-mail : [email protected]

Préciser : nom, organisme, adresse,téléphone, fax, E-mail,G souhaite recevoir la deuxième circu-laire, G faire une intervention, • titrede la communication.

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