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SOMMAIRE
INTERNET : http://aftoc.perso.neuf.fr
Un lien, un soutien, des infos.
ne fois n’est pas coutume, voici
à la une les mots croisés de Joël
Fauré, pour honorer l’au-
teur, adhérent Toulousain
qui, avec régularité et fidé-
lité, nous transmet son
ouvrage d’art à chaque
bulletin ; et aussi pour ho-
norer l’été, propice aux
jeux et à la réflexion. Une
réflexion personnelle et
argumentée que nous
trouverons dès la seconde
page avec Thierry, pour la
suite de son article com-
mencé au bulletin N°64.
Parmi les thèmes déve-
loppés, celui de la dissi-
mulation du trouble par
certains jeunes. Pages 15
et 16 sont présentés le
témoignage vécu de
Frédéric et le texte hom-
mage d’Isabelle à sa fille
Claire-Cécile. Ils donnent
corps à ce que le soutien
et le combat, dans l’intimité
d’une famille ou avec les
échanges d’un groupe de
parole, peuvent engager d’émotions et
d’évolution positive. Enfin les proposi-
tions de lecture de Michèle sur une
technique de méditation actuellement
bien étudiée : « la pleine conscience ».
Je vous souhaite une très bonne lectu-
re de ce bulletin, et un très bel été !
Christophe Demonfaucon
EDITO
2010
BULLETIN
N°65
POUR CONTACTER L’AFTOC :Téléphone : 01.39.56.67.22Mail : [email protected]
Edito 1
Les motscroisés deJoël
1
Recherche 1
Le début d’unTOC
2
Contacts &groupes deparole
12
Médias 15
EspaceLiberté
À ma filleClaire-Cécile
15
16
Côté Livres 20
Internet enligne
Mot de passeinternet
20
20
Bulletin N°66 : TCC degroupe
>>>LES MOTS CROISES de Joël Fauré
>>>RECHERCHE
Toujours dans la ligne du PRICRI, Partenariat Institution
Citoyens pour la Recherche et l’Innovation, une enquête
est en ligne sur le site internet de l’AFTOC. Les buts et
les modalités sont décrits sur le site en cliquant sur le
bouton bleu, « enquête sur le TOC », en page d’accueil.
Tous, adhérents et vos proches qui avez internet ou
pouvez y accéder, participez ! Nota : ce questionnaire
peut-être rempli de façon anonyme.
BulletinLe DEFI EMOTIONNEL
Une Edition de l’AssociationFrançaise de personnessouffrant de TroublesObsessionnels Compulsifs
Adresse administrative etpostale : 12 route de Versailles78117 Châteaufort
Tél./Fax : 01.39.56.67.22
Rédaction :
Responsable du bulletin :Christophe
Réalisation techniqueChristophe
Relecture :Agnès, Christophe
Auteurs pour ce bulletin :
Christophe, Frédéric, Isabelle,Michèle, Thierry
Diffusion du bulletin N°65Evelyne, Marcelle et Michel
———
08.07.2010
BULLETIN N°65 Page 2
Diffusion du bulletin N°65: votreréception juillet
Bonne lecture à tous !
Le début d' un TOC, les premiers soinspossibles : attendre et laisser faire, ou
agir sans tarder ?
Il y a différents types de thérapies,
avons-nous dit... D'emblée, écartons un
conseil erroné qui pourrait vous être
donné : il n 'est pas impossible qu'on
vous recommande la psychanalyse,
peut-être l'hypnose ou d'autres théra-
pies, peut-être aussi une psychothéra-
pie institutionnelle française d'inspira-
tion et d'orientation psychodynami-
ques, psychanalytiques, donc... Je crois
pouvoir affirmer que c' est une erreur :
là encore, chaque cas est particulier,
mais toutes les études montrent que
ce sont les Thérapies Cognitives et
Comportementales (TCC) qui appor-
tent, et de très loin, les résultats les
meilleurs ; la psychanalyse et ses déri-
vés sont longs et lents, ont peu d'effet,
bien souvent aucun, et peuvent même
aggraver, je crois... D'une manière gé-
nérale, ce sont les TCC qui sont pré-
conisées par l' OMS, parce qu' ayant
fait leurs preuves, selon tous les critè-
res de scientificité et d' efficacité, sont
également étroitement inter-reliées à
la recherche neuroscientifique et en
pleine expansion théorique et clinique :
voir à ce sujet l' ouvrage collectif dirigé
par Jean Cottraux : " TCC et émo-
tions. La troisième vague." Il ne semble
donc pas qu'il y ait à hésiter. A mon
avis, en matière de soins, le mieux se-
rait la complémentarité d' une TCC
assidûment suivie, d'un guide d'autothé-
rapie cognitive et comportementale - à
ce sujet, l' AFTOC a édité un excellent
"Carnet de Bord" et dispose, par le
biais de la bibliographie générale figu-
rant sur son site Internet ou par celui
des conseils de lecture que donnent
téléphoniquement ses bénévoles, de
très bonnes indications livresques ou
autres. Concernant les médicaments, je
ne les conseille pas vivement, mais ne
les déconseille pas non plus formelle-
ment ; là ne sont ni mes compétences
ni mon rôle. Je dirais cependant qu'il
faut privilégier la TCC, ne serait-ce que
parce qu'elle fait appel à nos ressour-
ces propres, et aussi parce qu'il a été
observé que son bénéfice est définitive-
ment acquis, tandis qu'il peut y avoir
rechute à l'arrêt d' un traitement médi-
camenteux, sans parler des risques d'
effets secondaires... Mais le médecin-
traitant est là pour vous informer et
orienter.
A propos de la TCC à proprement
parler, je crois savoir que, pour cer-
tains d' entre vous du moins, un pro-
blème d' argent et / ou de proximité
des soins peut se poser ; au sujet
des déplacements, même s'il y a des
difficultés, je n'en pense pas moins
Créer, participer à un groupe de parole : 01.39.56.67.22, en cas d’absence, laissez un message avec
votre numéro de département et vos coordonnées, ou par mail à : [email protected]
Page 2BULLETIN N°65 Page 3
qu'avec de la bonne volonté, voire
de la motivation, on pourra sans
doute trouver un arrangement pra-
tique ; pour les frais aussi, ne serait
-ce qu'en réalisant des économies
dans d' autres domaines, qu'en pen-
sant également que le TOC risque
de devenir plus onéreux que le
montant des consultations – en
outre et surtout, les dépenses
qu’exige le TOC par les contraintes
qu’il impose sont complètement
improductives et, qui plus est, l’
entretiennent et l’aggravent insi-
dieusement, tandis que l’argent
consacré aux soins est la voie di-
recte et sûre vers l’amélioration
rapide, voire la guérison..., et que,
de toute façon, c'est une question
de santé et d'avenir socioprofes-
sionnel, question in fine extrême-
ment importante. En ce sens, prag-
matiquement parlant, il ne me para-
ît pas qu'il y ait d'obstacle ni même
de gêne véritable…
J' accorde, d'un autre côté, que la
gêne puisse surtout être psycholo-
gique : on peut avoir un peu peur,
au sens large et imprécis du ter-
me ; quelque chose comme un va-
gue sentiment d' appréhension, que
ce soit envers l' acte social de s'
adresser à un psychologue/
psychiatre, ou au sujet du déroule-
ment des soins lui-même. Mais il ne
faut surtout pas dramatiser indû-
ment d'avance : à propos du fait d'
aller consulter un professionnel de
santé mentale, la réaction générale
des gens qui le sauront ne sera pas
aussi défavorable que ce que vous
redoutiez peut-être ; je crois pou-
voir l' affirmer d' expérience : enco-
re une fois, le niveau d' intelligen-
ce est suffisamment élevé pour
qu'on comprenne qu'il y a un pro-
blème qui appelle des mesures de
remédiation . Ni plus, ni moins, c'
est tout. Par rapport à la thérapie,
le praticien est correctement for-
mé au traitement de cette
catégorie de troubles, et
connaît très bien les pro-
cessus d' élévation et bais-
se de l' anxiété , de même
que les techniques à em-
ployer pour couper court aux com-
pulsions - vous pouvez vous faire
une idée de tout ceci en lisant at-
tentivement le "Carnet de Bord "
publié par l' AFTOC, de sorte que
la thérapie sera tout sauf un suppli-
ce ; de plus, au fur et à mesure des
séances, l'anxiété deviendra très
rapidement de plus en plus faible
puis inexistante ; les compulsions,
quant à elles, dépériront à vue
d'oeil. Ce que j'affirme ici est expé-
rimentalement établi. Certes, pour
certains et selon la gravité, il n'est
pas à exclure que les premières
séances soient plus ou moins diffici-
les, mais c'est un passage obligé, la
condition sine qua non ouvrant la
voie vers la guérison. Pour faire
une analogie, si vous vous blessez,
pour vous soigner il se peut qu'on
vous fasse mal quelques instants,
mais s' ensuivront un soulagement
et une guérison complets et défini-
tifs ; à l'inverse, si on laissait telle la
blessure, vous auriez peut-être un
peu moins de douleur sur le mo-
ment, mais avec, à terme, des
conséquences gravissimes : la mort,
par exemple...On peut donc dire
qu'il en est à peu près de même de
la prise en charge des TOC : il faut
à tout prix étouffer le mal dans l'
œuf ... A préciser que, en règle gé-
nérale, plus le trouble est précoce-
ment traité, et plus les soins sont
faciles et la rémission rapide, si bien
qu'on ne doit absolument pas tar-
der, atermoyer, tergiverser, pro-
crastiner. Enfin, j'ai lu dans une re-
vue de psychologie scientifique -
"Cerveau et Psycho ", ex-
cellente revue, vaste et
instructive, dont on peut
avoir un aperçu sur le site
www.cerveauetpsycho.fr -
que la représentation, l'an-
ticipation mentales, etc., d'une tâ-
che ou activité pouvaient être plus
décourageantes et donner davan-
tage d' aspects contraignants que la
tâche elle-même, une fois qu'elle se
déroule et que nous y participons ;
dit autrement, lorsque vous aurez
commencé les soins, vous ne vous
apercevrez peut-être même pas de
l'investissement individuel requis,
les progrès allant très vite ; bien au
contraire, fiers et confiants en
vous, vous souhaiterez affronter de
plus en plus rapidement et directe-
ment l' anxiété, voyant bien qu'elle
s' éteint systématiquement. Aussi n'
y a-t-il aucune raison de redouter
de façon anticipatoire la thérapie,
tant dans un sens social que pro-
prement curatif.
J' écrivais plus haut que le mieux
est la complémentarité TCC/
lectures et pratiques autothérapeu-
tiques individuelles/traitement(s)
médicamenteux éventuel ; c'est
peut-être un mieux, il est vrai, mais
d' autres itinéraires et stratégies d'
attaque du trouble me semblent
possibles ; ils sont plus souples et
légers, linéaires et progressifs, si l'
on veut, et peuvent, à eux-seuls,
suffire...Par exemple et à titre pure-
ment indicatif, on pourra commen-
cer par mettre au courant du trou-
ble les personnes qui doivent l' être
ou, du moins, au sujet desquelles il
est largement bénéfique pour tout
le monde qu'elles sachent ce qu'il
Page 4BULLETIN N°65
en est - soit dit en passant, si on s'
obstine désespérément à dissimu-
ler le problème, ces gens, et d'
autres probablement, finiront bien
par soupçonner quelque chose,
mais ne comprendront pas quoi,
au juste ; or, quand on se doute de
quelque chose, mais sans savoir de
quoi il peut retourner, il est possi-
ble qu'on suppose ou imagine je ne
sais quoi, de sorte qu'on verra
bien de toute façon qu'il y a un
problème , mais qu'on sera dans l'
incertain, le faux et la méfiance,
peut-être : vous voyez donc à nou-
veau que vous ne gagnez stricte-
ment rien à occulter les choses,
cela peut même vous être injuste-
ment et bêtement préjudiciable - :
pour les collégiens, lycéens, étu-
diants, on pourra le faire savoir au
médecin /infirmier scolaire, de mê-
me qu'aux principaux membres de
l' équipe pédagogique - à propos
des enseignants, ceux-ci ont pu lire
il y a quelques mois, un article pré-
sentant sommairement, mais clai-
rement les TOC ; celui-ci se trou-
vait dans un bulletin de la MGEN,
la Mutuelle à laquelle adhère une
bonne part d'entre eux ; ils savent
donc ce que sont ces troubles, et
ils le savaient probablement depuis
longtemps... -, après avis de la fa-
mille, bien sûr ; pour les personnes
suivant une formation, on prévien-
dra le responsable ; cela étant, je
ne conseille rien en général sur ce
point, chaque situation relationnel-
le étant particulière, chaque cas de
TOC aussi ; par ailleurs, je
conviens que cette initiative peut
être assez délicate ; en tout cas et
quoi qu'il en soit, il est impératif de
mettre au courant les personnes
affectivement proches, et de pren-
dre leur avis pour le reste. Mais
attention, en parler est à double
tranchant : il se peut que vos TOC
s’aggravent, n’ayant plus à les
contrôler vis-à-vis des autres, puis-
qu’ils sont au courant. Vous ris-
quez de vous sentir faussement
rassuré et de vous appuyer sur un
soutien qui n'en est pas un en ré-
alité et qui ne pourra que vous
porter préjudice. Faisons remar-
quer que, si l' on ne souffre que d'
une obsession qui n' est que plus
ou moins intermittente et/ou assez
peu anxiogène, de même que d' un
rituel peu accaparant et contrai-
gnant, le simple fait d' en parler
clairement et précisément avec
des personnes mûres, intelligentes,
instruites et compréhensives -
choisissez assez prudemment vos
interlocuteurs ; il n' est pas impos-
sible qu' avec certains, vous vous
heurtiez à de l' incompréhension,
de la moquerie peut-être – pourra
possiblement faire disparaître les
perturbations, ne serait-ce que
parce que cela permettra de ratio-
naliser et d'instaurer ipso facto un
recul réflexif qui les volatilisera
rapidement ; la pensée obsession-
nelle, à ses premiers stades du
moins et lorsqu’il ne s’agit pas d'un
TOC à proprement et clinique-
ment parlé, ou pas encore d’un
TOC, n' est pas bien solide : elle
peut fort bien s' effondrer dès que
confrontée aux propos rationali-
sants d' un autre. Je dis bien : en
parler avec clarté, décrire et expo-
ser avec précision, et non pas se
laisser aller à des demandes de
réassurance de plus en plus fré-
quentes, celles-ci ne pouvant que
favoriser l'installation du TOC, car
étant justement une forme d' ex-
pression du trouble; si elles résis-
tent, s' estompent, mais revien-
nent, cèdent leur place à d' autres,
etc., il faudra bien entendu enta-
mer les soins au sens technique du
terme, à proprement parler donc.
En ce sens et en cas d'échec de
cette première tentative, on décla-
rera qu' on est atteint d' un trou-
ble, mais on n' omettra pas de sou-
ligner, en même temps, qu'on va
commencer au plus vite les soins,
car on sait qu'on peut et qu'on va
soit être considérablement amélio-
ré, soit guéri. En parallèle et chose
indispensable, le médecin-traitant
sera informé de la manière la plus
objective et précise possible ; il
aura peut-être ses idées… Théra-
peutiquement, et avant peut-être
de s'adresser à un praticien des
TCC, on pourra se procurer les
guides d' autothérapie : il est possi-
ble qu'ils suffisent à tout le moins
seront-ils un excellent commence-
ment. J' ai à l' esprit, entre autres, "
Vivre avec un TOC et s'en libérer
", Editions Josette Lyon, 17 Euros,
de même qu'un Coffret-CD " Se
libérer du TOC ", Jérôme Boutil-
lier, 60 euros. Comme dit, il n'est
pas à exclure que les exercices
proposés soient suffisants. Il y a
bien entendu d'autres publications
en ce sens ; l'AFTOC pourra vous
les indiquer, selon les cas. Soit dit
au passage, si vous lisez ce texte,
mais que vous n'êtes pas Adhé-
rents de l' Association - un Adhé-
rent vous aura prêté le Bulletin,
par exemple -, je vous conseille
vivement l' adhésion à cette Asso-
ciation, excellente à tous points de
vue, et très proche de ses Adhé-
rents. Par la suite, si le résultat
global n'est pas vraiment satisfai-
Page 5BULLETIN N°65
sant ou s'il l'est, mais qu'on a le
sentiment qu'avec un thérapeute
on parviendrait à plus et mieux,
plus rapidement, etc., on n'hésitera
pas à en consulter un, s' entend.
Concernant les médicaments, com-
me dit, il faudra aviser à la fois en
fonction de l'état de santé général,
de la sévérité actuelle du trouble,
de l' avis du thérapeute si celui-ci
est un psychiatre, de même que de
celui du médecin-traitant. Les ré-
pondants à l' AFTOC ont aussi
leurs indications à donner, je
crois...Mais chaque cas est particu-
lier : la seule généralité est qu'il
faut décider d'après un ensemble
de facteurs et d' avis autori-
sés...Donc, à la rigueur et de ma-
nière schématique, le parcours in-
cluant la reconnaissance du trouble
et son traitement serait progressif,
dirigé du plus simple et léger vers
le plus massif et efficient : com-
mencer par éliminer les préjugés et
prendre confiance et en soi et dans
les soins disponibles, informer l'
entourage et les personnes direc-
tement impliquées, annoncer l'in-
tention d' entreprendre un traite-
ment - en parallèle, on met au cou-
rant le médecin-traitant, si ce n' est
pas déjà fait, car son rôle est im-
portant -, se procurer et assimiler
les documents d' autothérapie -
pratiquer de l'autorelaxation ou de
la relaxation en général, initiale-
ment ou en appoint, peut être une
idée...-,effectuer soigneusement les
exercices, par la suite et éventuel-
lement consulter un praticien des
TCC et envisager possiblement un
traitement par médicament(s).
L'ensemble, bien sûr, se modifiant
et s'ajustant en fonction des réac-
tions du trouble et de ses éven-
tuelles comorbidités (un autre
trouble associé). Mais quoi qu'il en
soit, si on mobilise et combine soli-
dement tous les moyens, en simul-
tané, le TOC devrait aussitôt être
sérieusement ébranlé, puis régres-
ser assez vite, pour finir peut-être
par être définitivement dissout...D'
une manière générale, pour savoir
par où, par quoi et par qui com-
mencer, l' AFTOC est un excellent
interlocuteur.
Je concède que, selon les cas et à
première vue au moins, un par-
cours de soins, même en dépit de
tout ce qui a été dit plus haut,
peut peut-être paraître encore
quelque peu difficile, émotionnelle-
ment, pratiquement, pragmatique-
ment, budgétairement assez coû-
teux et peu motivant : il est possi-
ble que, dans l' esprit, on soit en-
tièrement d'accord, mais qu'on ne
parvienne pas vraiment à commen-
cer concrètement et effectivement.
Dans un tel cas, on peut penser
aux proverbes "Il n' y a que le pre-
mier pas qui coûte", "Qui ne tente
rien n' a rien", etc. ; d'ailleurs, ce
qui a été écrit plus haut re-
vient entre autres à cela. D'une
manière plus générale, il faut voir
et cela, nous le savons tous, quelle
que soit notre situation personnel-
le - qu'assez souvent, en cette vie,
on n' a rien sans rien, rien pour
rien, qu'on ne fait pas d'omelette
sans casser d'œufs" ; c' est l'exis-
tence humaine et la réalité qui
sont ainsi: pour obtenir quelque
chose, il est nécessaire de donner,
de travailler, d' investir, d'une façon
ou d' une autre, dans un quel-
conque sens de ces verbes. De
savoir aussi attendre, peut-être,
parfois : "Paris ne s'est pas fait en
un jour." Néanmoins, et dans le cas
qui nous intéresse présentement, si
on sait mesurer rationnellement et
raisonnablement ce qu'on donne,
investit, etc., ce pour quoi on le
donne et ce qu' on espère obtenir
en retour - ici, dans le cadre de
l'investissement émotionnel et gé-
néral contre le TOC, donc -, il est
évident que, compte tenu du rap-
port investissement/gain, aucune
hésitation ni perte de temps n'a de
fondement ni de caractère valable,
en vertu des raisons exposées dans
les paragraphes précédents. Spino-
za un philosophe du XVII siècle -,
écrit ( Ethique, Livre IV, Proposi-
tion 66 ) : " Nous préférerons sous
la conduite de la raison un bien
plus grand futur à un moindre pré-
sent, et un mal moindre présent à
un plus grand futur ". Si on adapte
et aménage cette formule à la
question qui ici nous intéresse, on
aura, à peu près, comme équiva-
lent, et en simplifié : " Rationnelle-
ment et raisonnablement parlant, il
va de soi qu'il faut préférer une
situation qui , à l'avenir, nous sera
largement favorable à un état de
choses dont on s' accommode plus
ou moins aujourd'hui, mais qui s'
avèrera néfaste; inversement, on
choisira immédiatement, sans hési-
ter, dans le présent, quelque chose
qui va peut-être un peu nous em-
barrasser, nous faire affronter des
difficultés, si c'est la condition obli-
gée pour éviter un état de fait fu-
tur inévitable et beaucoup plus gra-
ve." Et donc, dans le sens de la for-
mule, plus directement encore, vis-
à-vis du TOC et de son évolution
probable : il est impératif de se
soumettre et de s' imposer quel-
ques contraintes et difficultés émo-
Page 6BULLETIN N°65
tionnelles aujourd'hui, pour en-
rayer le pire : le " bien plus grand
futur ", c' est votre état, une fois
que le TOC aura été correctement
traité ; le "moindre bien présent",
c' est l'état actuel, encore plus ou
moins supportable, et dont vous
pouvez vous accommoder, que
vous préférez peut-être à la dé-
marche de soins ; cela dit, il est
probable qu'il finisse par évoluer
dans un sens désastreux. Le "mal
moindre présent", ce serait le dé-
but et la poursuite des soins, en ce
qu'ils paraîtraient pénibles - enten-
dons-nous bien : commencer des
soins n' est absolument pas un mal,
même "moindre" ; c' est très bien
en soi ; je veux simplement dire
que cela peut paraître difficile dans
un premier temps, que "ça peut
faire mal", si l' on veut, un peu
comme une piqûre salvatrice est
douloureuse, une fraction de se-
conde -, et le "plus grand mal futur
" est la probable évolution du
TOC, dans le sens déjà dit. Mais je
pense qu'on se comprend claire-
ment . Aussi bien, quelles que
soient vos situations respectives, il
faut s'engager dans les soins, même
lentement mais sûrement !
Dès les débuts du parcours, il est
bien possible que vous soyez les
premiers surpris par l' efficacité
des techniques et la rapidité des
résultats, le TOC n' étant, selon
des formules de l'AFTOC, qu'un
colosse aux pieds d' argile", un
"château de cartes : une seule est
ébranlée, et tout l' édifice se met à
vaciller" ; le doute inhérent à l' ob-
session est qualifié, à juste titre de
"réelle arnaque". Du même coup,
la confiance en vous s'élèvera rapi-
dement, que ce soit envers le
TOC, le stress et l'anxiété en gé-
néral ou, plus largement encore,
les choses de la vie... L'image que
vous avez de vous-mêmes devrait
s' améliorer, de même que l' esti-
me générale de soi : fiers d' avoir
vaincu facilement ce qui vous em-
bêtait considérablement il y a en-
core quelques semaines, vous se-
rez satisfait d' avoir remporté une
victoire sur vous-même et, de fa-
çon plus globale, peut-être plus
motivé pour tout. Je ne suis pas à
même de l'affirmer de façon certai-
ne, mais je crois
bien que c'est ce
qui peut se pro-
duire... Une sorte
de bénéfice se-
cond et indirect
des soins, donc... Cela vous aura
donné
l' occasion de "suivre sa pente en
montant", selon le mot d' André
Gide, ce qu' on peut ici compren-
dre comme le fait de progresser
malgré les obstacles, et même grâ-
ce à eux, leur dépassement pou-
vant être fructueux et enrichissant
en matière d' expérience de vie
générale, de savoir faire habilement
face à ce que peut réserver l'ave-
nir...
J'espère avoir réussi à vous
convaincre, mais j' admettrais qu'il
puisse toujours subsister des fac-
teurs d'hésitation, d' indécision, de
doute, d' incertitude, bref, que la
motivation ne soit pas encore suffi-
sante. Des voix divergentes peu-
vent venir contrebalancer la mien-
ne, par exemple : il est possible
que des personnes bien intention-
nées, bienveillantes, mûres, instrui-
tes, etc. - peut-être même certains
professionnels de santé, encore
aujourd'hui, hélas...- vous tiennent
des propos comme : " Des idées
fixes, on en a tous..." / " Chacun
peut avoir ses petites manies, ce n'
est pas bien grave, il y a nettement
pire !" / "Vous avez des angoisses
parce que vous êtes jeunes : avec l'
âge et la maturation, ça disparaî-
tra..."/ " Quand vous irez mieux..."/
" Si vous vous tournez vers la psy-
chiatrie, vous risquez de ne plus en
sortir, ça va vous suivre", et autres
discours revenant à cela. Non, il
faut se méfier à l' extrême de ces
paroles fausse-
ment dédramati-
santes : leurs au-
teurs ne font que
commettre l'er-
reur d' apprécia-
tion que nous avons relevée et
contre laquelle nous avons sévère-
ment mis en garde, en ce sens
qu'elle peut avoir, à moyen ou long
terme, des conséquences lourdes
et difficilement réparables ; pour
autant, on ne doit absolument pas
blâmer les gens qui vous conseille-
raient de la sorte : encore une fois,
et vu de l' extérieur a fortiori, le
traquenard est si finement et per-
nicieusement monté que n' impor-
te qui serait dupé et fait comme
un rat, à moins d' avoir été préve-
nu et correctement informé, pris la
mesure des choses, et donc pu
prendre les devants pour déjouer
le mouvement tournant ; or, c' est
précisément ce que je tente de
vous faire comprendre et réaliser
dès à présent. Certes, on n'est
jamais irrévocablement et définiti-
vement condamné, mais il a été
montré que, plus un trouble est
pris en charge précocement par les
méthodes adaptées, plus celles-ci
« se méfier àl'extrême de ces
paroles faussementdédramatisantes »
Page 7BULLETIN N°65
seront facile à appliquer et appor-
teront des acquis rapides, stables,
solides et définitifs, et inverse-
ment : commencement tardif des
soins, pronostic déjà moins favora-
ble, en général...D'un autre côté,
bien sûr, il ne faudrait pas tomber
dans le travers opposé, c' est à dire
se croire à tort malade, et donc s'
alarmer pour rien. Pour éviter cela,
il existe, me semble-t-il, des
moyens simples : l'Echelle de Yale-
Brown permet de mesurer objecti-
vement, d'une façon fiable et scien-
tifiquement validée, la gravité d'un
TOC, quelle que soit sa nature, ou
bien, plus simplement, si TOC il y
a, ou non, les questionnaires d’auto
-évaluation proposés par l'AFTOC
et figurant sur le site internet de
celle-ci ou, dans un cadre plus large
et général, l' auto-questionnaire d'
anxiété d'Angst, outil lui aussi
scientifiquement élaboré, fiable, et
régulièrement employé en psychia-
trie /psychologie clinique, donne
une idée précise des différents ty-
pes d'anxiété, de dépression, ainsi
peut-être que d' autres troubles ;
ces documents doivent être acces-
sibles par Internet, via un moteur
de recherches comme Google, par
exemple ; aussi serait-il judicieux,
peut-être même avant toute autre
initiative, de les passer le plus ri-
goureusement possible, puis de
discuter du résultat obtenu avec le
médecin-traitant et /ou quelqu'un
de l' AFTOC qui, lui, en tout cas,
portera un jugement avisé et global
et vous conseillera dans le meilleur
sens. Enfin, toujours au sujet des
indications utiles et accessibles par
Internet, vous pouvez découvrir
une liste de précieux guides d'auto-
thérapie, dont les fondements
théoriques et cliniques sont cogni-
tivo-comportementalistes ; ces
livres donnent des consignes pour
venir à bout de troubles cognitifs
et/ou comportementaux, ayant une
origine ou une composante anxieu-
se notamment ; pour cela, il faut
lancer une recherche internet en
saisissant : " La Collection Réussir
à surmonter ". Sur un plan indivi-
duel, psychologique, émotionnel,
affectif, etc., et en dépit de tout ce
qui a été écrit, il n' est pas impossi-
ble que demeurent de l' appréhen-
sion, une sorte d' anxiété anticipa-
toire – la peur d' entreprendre
quelque chose qui n' aboutira à
rien ou, pire, qui risquerait d' ag-
graver, ou d'autres éléments qui
auraient un effet de frein, de dis-
suasion...-mais, dans ce cas, je ré-
pète avec insistance ce que j' ai
déjà dit : il peut se produire, quels
que soient le cas, la tâche à effec-
tuer, la situation qu'on va connaî-
tre, etc., que les difficultés, la gêne,
la contrainte, les obstacles, etc.
soient essentiellement dans la pen-
sée de la chose, l'idée plus ou
moins fondée qu'on s' en fait, la
représentation spontanée ou réflé-
chie qu'on en a, les raisonnements,
associations d'affects, d' images, d'
idées auxquels tout cela peut don-
ner lieu, beaucoup plus que dans la
chose elle-même, une fois qu'on y
est, de l' intérieur : cette appréhen-
sion psychologique est une tendan-
ce générale que certains d' entre
nous peuvent avoir, de façon plus
ou moins marquée, à propos de
tout et n' importe quoi : dans l'An-
tiquité, le philosophe Stoïcien Sé-
nèque notait que - et la formule est
restée plus ou moins célèbre et
connue - : " Ce n' est pas parce
que les choses sont difficiles que
nous n' osons pas, c' est parce que
nous n' osons pas qu' elles sont
difficiles ". A l'évidence, cette affir-
mation ne peut être acceptée inté-
gralement et sans réserve : il est
indéniable que tout individu a des
limites au-delà desquelles il ne peut
absolument pas aller, c' est in-
contestable et, d' ailleurs, je ne
vous demande pas du tout de ten-
ter d' outrepasser vos possibilités ;
toutefois, on ne saurait méconnaî-
tre la certaine part de vérité et de
justesse psychologique de ce pro-
pos, du moins dans certains
contextes et circonstances ; en ce
sens et dans le cas qui ici nous in-
téresse, il ne s'agirait plus alors que
d' « oser oser » - si je puis dire -,
par un acte initial de volonté qui
devrait entraîner automatiquement
à sa suite tous les autres, de façon
fluide et dynamique ; ceux-ci se-
ront sans doute émotionnellement
moins coûteux. L'écrivain Marcel
Jouhandeau, quant à lui, relève
que : " C'est parce qu'on imagine
simultanément tous les pas qu'on
devra faire qu'on se décourage,
alors qu'il s' agit de les aligner un à
un". Ici, l'accent est mis sur la ma-
nière dont on se représente les
choses et, du même coup, un inté-
ressant conseil est donné, dans un
sens cognitif : commencez donc
par penser - et encore, très évasi-
vement et si vous voulez ; attendre
de voir ce qui va se passer et com-
ment sans se poser aucune ques-
tion est peut-être tout aussi profi-
table, voire plus...- à la première
étape des soins, la plus élémentaire
et la moins rébarbative à première
vue et, quant au reste, attendez, en
vous convaincant que toutes les
Page 8BULLETIN N°65
techniques sont aujourd'hui suffi-
samment développées et conçues
pour soulager et guérir, non pour
mettre dans l' embarras, enliser
dans la souffrance. Bref, si vous
prenez bien conscience de ces re-
marques sur notre fonctionnement
cognitif, vos appréhensions et dou-
tes devraient s'estomper. Ne sur-
tout pas se dire, par exemple , que
les premières séances risquent d'
aggraver et que, si tel est le cas, on
n' aura plus le courage d' y retour-
ner ; on sera seul , avec un état
psychique qui se sera dégradé, et
donc dans l'impasse. Non, c' est un
préjugé complet, une idée entière-
ment préconçue et fausse : les
techniques cognitives et comporte-
mentales sont développées, testées
et vérifiées pour être souples,
adaptables à chaque cas, de même
que rigoureusement et expéri-
mentalement élaborées, etc. : au-
cune étude n' a pu montrer qu' une
TCC, correctement menée et sui-
vie aggrave quoi que ce soit ; dans
certains cas rares et particulière-
ment sévères - mais quasiment im-
possibles à votre âge -, elle peut
rester sans effet, mais en aucun cas
renforcer le trouble et /ou en faire
apparaître un autre... Je l' affirme
absolument ; soyez donc pleine-
ment rassurés, si c' était l' une de
vos inquiétudes préalables. Il m' a
été rapporté, il est vrai, que cer-
tains ont pu revenir déçus de leur
première séance de TCC, suite à
un mauvais contact relationnel
spontané avec le thérapeute. C'est
possible, mais ce ne doit absolu-
ment pas être une raison pour re-
noncer et tout arrêter d'emblée :
la première rencontre ne signifie
rien du tout quant à la future mau-
vaise entente qu'il risquerait d'y
avoir avec le soignant : il est parfai-
tement possible qu' au fil des
consultations, la relation se régule
très rapidement, s' améliore, de-
vienne même très bonne, l' un
connaissant et comprenant mieux l'
autre ; si néanmoins vous avez le
sentiment que, en dépit de tout ce
que vous pensez être votre bonne
volonté, il n' en demeure pas
moins une invincible mauvaise en-
tente, l'impression de ne pas être
compris et soigné comme on vou-
drait, etc., on se dira alors qu'on a
tout simplement affaire à un cas de
figure possible des relations inter-
personnelles en général : lorsque
deux individus se rencontrent et
sont amenés à se fréquenter, quel
que soit le contexte, ils peuvent
spontanément soit s' entendre et
se comprendre à merveille, soit ne
pas parvenir à communiquer claire-
ment et ouvertement, mal se sup-
porter, etc., chacun pensant pour-
tant faire preuve de bonne volon-
té ; entre ces deux extrêmes, se
retrouvent évidemment tous les
degrés intermédiaires. La relation
soignant-soigné ne déroge proba-
blement pas à la règle. Et il serait
effectivement ennuyeux, fâcheux et
compromettant pour le déroule-
ment et la bonne réussite de la
thérapie que règne une entente
douteuse ; aussi, si vous avez la
sincère conviction d' être dans une
situation de ce type, vous pouvez,
pourquoi pas, envisager de quitter
votre psychiatre /psychologue pour
un autre, car il faut savoir à l' évi-
dence que les formations et ni-
veaux de qualification sont les mê-
mes ou à peu près selon la profes-
sion, mais que l' affectivité indivi-
duelle est propre à chacun, de mê-
me que la manière de travailler : en
ce sens et autrement dit, une en-
tente douteuse et difficile, des diffi-
cultés à se faire écouter et com-
prendre comme on l'espérait, mê-
me au long des séances - bref, un
manque réciproque d' affinités – ne
doivent ni ne peuvent en aucun cas
remettre en question les TCC, que
ce soit dans leur armature théori-
que et clinique, ou vis-à-vis des
compétences, de la déontologie, du
savoir-faire relationnel et profes-
sionnel, etc., de ceux qui les exer-
cent concrètement : si une relation
satisfaisante ne s' est pas créée
avec le premier soignant consulté,
elle sera présente avec un autre,
chaque personne étant particulière,
chaque relation interpersonnelle
aussi...Donc, jamais de désappoin-
tement de votre part, mais tou-
jours de l' avant, du recul critique
envers ce que peuvent être les rap-
ports humains en général, de l' ou-
verture et de la recherche...Pour
en terminer avec la TCC dans son
effectivité même, je vous rapporte-
rai, par anecdote, que j' ai conseil-
lé, il y a un certain temps, la TCC à
une personne qui m' avait dit pré-
senter des TOC, et qui pouvait
avoir à l' époque 33-35 ans ; au
retour de la première visite, elle m'
a dit quelque chose comme : " La
TCC, c' est très concret, très prag-
matique" ; elle paraissait satisfaite
et motivée, pas du tout affolée, pas
davantage habitée et perturbée par
ses angoisses... C' était juste un
exemple, s'il fallait vous rassurer
quant à ce que devrait être pour
vous la première séance de TCC...
J' en ai un autre à l' esprit : j' ai éga-
lement préconisé la TCC à quel-
Page 9BULLETIN N°65
qu'un de plus jeune, mais qui pa-
raissait présenter un TOC plus
sévère que la première personne :
en revenant de la première entre-
vue, cette personne souffrante
semblait réellement contente, plei-
ne de motivation et d' espoir, et
fermement décidée à enchaîner les
rendez-vous. Considérez donc
deux points : premièrement, que la
première visite chez le thérapeute
n' est pas facteur de hausse de l'
anxiété, de sentiment d'aboutisse-
ment à une impasse, de déception,
etc., mais bien au contraire de pri-
se de confiance en soi et en les
soins, d'espoir d' amélioration rapi-
de et de guérison, de volonté de
s’attaquer frontalement au trouble
pour en venir à bout, de projets
envisagés avec le soignant en ce
sens, etc. Naturellement, dans le
cadre de la question qui nous oc-
cupe présentement, on ne peut
construire une argumentation soli-
de et à valeur générale sur la base
de deux cas, je l' accorde ; seule-
ment, ce sont les seuls que j' ai
connus en matière de recomman-
dation de la TCC contre le TOC ;
je ne fais donc que vous rapporter
les réactions qui s' en sont suivies,
réactions favorables en l' occurren-
ce. Deuxièmement et comme dit, il
existe des gens - davantage que ce
que vous pourriez peut-être croire
à première vue...- qui présentent
tel ou tel trouble, mais ne s' en
font pas indûment mystère, ont
confiance dans le système de soins,
l'exploitent avec un bénéfice avéré
ou qui, du moins, sont spontané-
ment disposés à aller vers lui, ac-
cueillent avec bienvenue l' aide thé-
rapeutique, etc. Pour avoir un
aperçu général théorique des TCC
dans leurs fondements comme
dans leurs applications cliniques à
présent, vous pouvez effectuer une
recherche Internet par Google ou
autres en saisissant, par exemple "
Les Thérapies Cognitives et Com-
portementales " ; vous devriez
trouver des présentations évoca-
trices, avec liens et renvois pour
en savoir davantage, si on le dési-
re...En résumé, ces méthodes vi-
sent avec succès à faire diminuer
puis disparaître les peurs irraison-
nées par des mises en situation,
des séances d' exposition graduées
et progressives : on apprend au
patient, petit à petit et pas à pas, à
se confronter cognitivement - par
les associations d' idées qu'il peut
faire, en situation anxiogène : on
restructure celles-ci dans un sens
rationnel et en accord avec la réali-
té - et comportementalement - en
lui faisant acquérir un comporte-
ment adapté à la situation, et non
dicté impérativement par des peurs
incontrôlables - à ses gênes, peurs,
angoisses, en allant de celle qui est
la moins intense à celle qui l'est le
plus, par transitions presque im-
perceptibles, jusqu' à ce qu'elles
finissent par dépérir puis s' étein-
dre, sans guère de possibilités de
résurgence. La nature même de
notre fonctionnement psychique et
comportemental fait que c' est in-
déniablement le moyen le plus dé-
cisif, radical, mais qui n' en reste
pas moins souple, fluide, et donc
parfaitement supportable, motivant
même : "Ce n'est qu'en affrontant
ses peurs qu'on parvient à les sur-
monter ", ai-je lu à peu près dans
un article de la Revue "Cerveau
et Psycho" ; dans le cas du traite-
ment du TOC, la peur allant en
baissant, elle entraînera dans son
déclin l'anxiété, cette dernière
étant une variante de la peur et, l'
anxiété s' étiolant, les obsessions
suivront la descente générale, du
fait qu'elles sont de nature quasi-
exclusivement anxieuse ; or, plus d'
obsessions, plus de compulsions,
en ce sens que celles-ci ne sont
accomplies que pour prémunir et
rassurer contre celles- la ; en un
mot, plus de TOC tout court,
donc. C'est à la fois logique et psy-
chologique. Dans les limites de ce
que je me permets d' écrire, je n'
en dirai pas davantage sur ce point;
en revanche, je vous renvoie avec
insistance au "Carnet de Bord "
édité par l'AFTOC, et/ou à l' ou-
vrage " Vivre avec un TOC et s' en
libérer ", édité par Josette Lyon.
D'un point de vue social et moral,
je pense que, d’une façon générale,
il faut se responsabiliser face au
problème, plutôt que, peut-être,
maugréer indéfiniment des
"Pourquoi moi !? ", ou autres...
Etre affecté d' un trouble est une
chose regrettable et radicalement
indépendante de notre volonté,
personne ne le contestera, mais
cela n' autorise nullement à consi-
dérer cet état de choses avec lais-
ser-faire, résignation, impuissance,
colère qui ne mène à rien, fatalis-
me, voire complaisance. Ce qui est
complaisant est lexicalement et
sémantiquement lié à ce qui est
plaisant, et le TOC, dans sa forme
compulsive,
un certain
temps du
moins, peut
être plaisant
en ceci qu'il
rassure, apai-
Page 10BULLETIN N°65
se ; on pourrait donc comprendre
qu'il puisse y avoir complaisance, et
ne pas décrier celle-ci : en effet, on
peut se plaire et se complaire à
être en présence d'un ami, rien de
mal à cela, c'est à juste titre fort
agréable et on ne saurait vous le
reprocher - à figurativement par-
ler, les rituels de réassurance sont
assimilables en apparence à un ami,
puisqu'ils soulagent, réconfortent -
; seulement, voilà, attention, le
TOC est, selon une formule de l'
AFTOC, "un faux-ami, un compa-
gnon cruel qui veut vous tyranni-
ser" - soit dit en passant, si
ces formules vous intéressent, si
vous sentez que vous pouvez les
exploiter, vous les retrouverez de
manière développée dans le livre "
Vivre avec un TOC et s' en libé-
rer", édité par Josette Lyon, et
mentionné plus haut , si bien que la
complaisance, le laisser-faire, ne
vous profitent absolument pas, ne
serait-ce que d' un point de vue
psychologique, étant donnée l' évo-
lution probablement envahissante
et tentaculaire du trouble. J’évo-
quais plus haut la notion de res-
ponsabilité sociale et morale ; oui,
je crois que celle-ci mériterait d'
être sollicitée, et envers soi-même
et envers la société : j' ai lu à peu
près - à peu près, car je cite de
mémoire...- dans un précédent Bul-
letin de l' AFTOC, que : "Nous ne
sommes pas responsables de notre
maladie, mais nous le sommes de
notre guérison". Je suis d' accord,
mais en nuançant quelque peu, di-
sant pour ma part : des moyens
mis en œuvre pour notre guérison
et de notre investissement réel en
eux ; or, ces moyens, ils existent,
nous les avons presque tous passés
en revue et, en outre, sont d'un
accès relativement facile et d' une
efficacité avérée ; les ignorer serait
donc moralement assez difficile-
ment acceptable. Je crois qu'on
peut voir, dans des émissions télé-
visées, radiophoniques, dans la
Presse, etc. des gens relater, à titre
de témoignages, ce qu'était leur
état avant les soins, pendant et
après ; la plupart d' entre eux sont
fiers et contents d' être considéra-
blement améliorés, voire guéris ;
s' ils témoignent, c'est peut- être
en partie pour qu'il y ait de l'écou-
te, du suivi, bref pour encourager ;
ils ont donc donné le bon exemple,
et à eux-mêmes et aux autres ; ne
mériteraient-ils donc pas qu' on
leur emboîte le pas ? Certes peut
persister encore et toujours le fac-
teur psychologique, émotionnel,
dans le sens d'une peur ou, du
moins, d'un manque de motivation
pour affronter des difficultés re-
doutées ; je ne conteste pas leur
possible existence, mais je ferais
valoir l' argument
suivant : il est proba-
ble que, dans d'au-
tres domaines, vous
ayez, dans un pre-
mier temps, des dif-
ficultés à surmonter,
mais cela ne vous
décourage pas, car vous savez bien
que c' est dans la perspective d' un
acquis intéressant, stable, solide et
définitif ; peut-être même êtes-
vous plus ou moins fiers d' être
face à elles et obligés d' en venir à
bout pour obtenir ce que vous
voulez. Par exemple, suivre et ré-
ussir votre formation, préparer et
réussir les examens, apprendre à
conduire, faire du sport pour amé-
liorer l'apparence physique, et je
ne sais quoi d' autre; analogique-
ment parlant, pourquoi donc et en
quel sens les éventuelles difficultés
pouvant être liées à ses soins -
soins qui peuvent tout à fait, rappe-
lons-le, être bien plus rapides,
brefs, décisifs et moins contrai-
gnants, voire enthousiasmants que
prévu -, seraient-elles, par leur seu-
le crainte, dissuasives, découra-
geantes ? Ici également, il y a quel-
que chose d'intéressant et même
de capital à obtenir. Alors, pour-
quoi diable tergiverser encore !!??
Parce qu'entreprendre une quel-
conque thérapie serait admettre
implicitement qu'on est atteint d'un
trouble, d'un défaut, ce qui nous
ridiculiserait ? Mais nous avons déjà
examiné cette objection et répon-
du à celle-ci en y coupant court,
dans la première partie de l' article
du bulletin
précédent. Enfin, au risque de para-
ître assez brutal, je dirais tout de
go que mieux vaut, pour soi-même
et pour la société en
général, une person-
ne épanouie et dans
la vie sociale même -
c' est à dire qui tra-
vaille, a des loisirs et
des vacances, une
famille si tel est son
souhait, etc. - qu' un probable futur
invalide ou, à tout le moins, quel-
qu'un qui exerce un métier sous-
qualifié par rapport à ce que lui
permettraient ses capacités réelles,
s'il n' était pas gêné par le TOC, ou
encore qui ne peut s' organiser
exactement comme il le souhaite-
rait, exploiter et profiter de tout
son temps, etc. : voilà encore des
risques liés à l' évolution d' un
« c'est dans laperspective d'unacquis intéres-
sant, stable, soli-de et définitif »
Page 11BULLETIN N°65
TOC non traité à temps... Alors,
de grâce ... pas de gâchis ! Parfois,
vous demandez ceci, cela ; on vous
refuse, vous vous sentez frustrés,
injustement traités, etc. ; vis-à-vis
des soins contre le TOC, on met
quelque chose à votre disposition,
on vous encourage fermement,
et ... vous déclineriez, sachant qu'il
y a un enjeu majeur, fondamental ?
Celui de la qualité de vie de toute
une existence humaine, peut-
être...Non, honnêtement, la ques-
tion n’a même pas à se poser.
Dans le dernier bulletin de l' AF-
TOC, Monsieur le Docteur Bran-
thomme incitait vivement les souf-
frants à entreprendre des soins, de
même qu' il recommandait aux
proches d' un souffrant de lui
conseiller l'offre thérapeutique ;
pourquoi donc ne pas écouter cet-
te voix autorisée, parmi tant d'
autres ? En bref, il s'agirait simple-
ment d'avoir juste un peu, rien qu'
un tout petit peu d' écoute, d' at-
tention, de réceptivité et d' accueil
favorable à ce qui vous est dit, par
ce texte ou par d' autres, ainsi
qu'un peu de bonne volonté afin de
poser la toute première pierre, d’
impulser le primum moyens – for-
mule latine signifiant « premier
mouvement initiateur de tous les
autres» - d' enclencher le mouve-
ment général et sui generis vers l'
amélioration ou la guérison - en
tout cas, l'évitement à peu près
certain de la dégradation - : le res-
te devrait suivre avec succès pour
finir, faites connaître d’ une maniè-
re générale l’AFTOC et recom-
mander, à toute personne directe-
ment ou indirectement concernée
par le TOC, les troubles liés à l’
anxiété au sens large – à l’Associa-
tion, on vous indiquera ce qu’on
peut faire pour vous, directement
ou par renvois… -, l'adhésion à
cette dernière, n'hésitez pas à
montrer ce texte à des gens qui
souffrent de TOC, d' anxiété en
général, ou de tout type de trou-
ble, puisque les soins sont néces-
saires et bienvenus pour tous et
pour tout. Vous pouvez également
le faire voir à vos proches affectifs
- vos parents notamment - ;ils de-
vraient largement aller dans le sens
de ce qui est écrit et conseillé...A
l'inverse, si ce sont des familiers d'
une personne concernée par un
trouble qui le lisent d'abord, en
parler à l'intéressé(e), et tenter de
convaincre, du fait que c' est main-
tenant que se jouent et la santé
mentale, et l'avenir socioprofes-
sionnel, bref, toute l'existence d'
un jeune être...Non, ce serait vrai-
ment trop dommage et désespé-
rant d' avoir la possibilité et la faci-
le opportunité de pouvoir être
soigné - tous les pays n'ont pas les
mêmes moyens que le nôtre ; ce n'
est là encore qu'un argument, par-
mi plusieurs autres qu'on pourrait
ajouter – et ne pas en profiter.
Comprenez et réalisez bien cela.
Pensez aussi que vous appartenez à
une génération qui bénéficie d' une
offre de soins assez bonne, en ma-
tière de psychiatrie ; il y a encore
vingt ans, les possibilités étaient
plus faibles ; pourquoi donc laisser
filer une telle aubaine ? Raison sup-
plémentaire, s'il en fallait : à ce
jour, l' AFTOC est entièrement
bénévole ; ce sont donc
des gens qui ont leurs obligations
professionnelles, familiales, etc.,
droit au temps libre et au repos
aussi qui l'ont fondée, la dirigent et
l'animent, s' impliquant considéra-
blement dans la lutte contre la
souffrance et le progrès de la mala-
die par des moyens très larges et
étendus : écoute, soutien, ré-
confort, conseils personnalisés,
etc., suivi permanent et méticuleux
des avancées de la recherche, pré-
sentation et synthèse dans les Bul-
letins d'articles, d'études, de livres
dernièrement parus et traitant du
TOC, de l' anxiété et des troubles
psychiques en général, information
globale excellente, organisation de
réunions dans lesquelles intervien-
nent des spécialistes mondiaux,
nombreux liens inter- associatifs,
et autres activités toutes haute-
ment profitables à tous points de
vue ; tant de travail bénévole et
désintéressé n' appellerait-il pas un
certain écho de votre part, sachant
que c'est exclusivement dans vos
intérêts les plus notoires ? Je
conclus en vous souhaitant à tou-
tes et à tous une bonne réussite
dans vos projets de vie respectifs,
en tous domaines, vous recom-
mande de vous motiver, de pren-
dre confiance en vous à la fois en
général et contre le TOC ou au-
tres, vous conseille aussi un opti-
misme raisonnable, et vous répète
encore d'entreprendre des soins,
et tout de suite ! Vous serez très
probablement gagnants, en tout cas
vous ne serez pas absolument pas
perdant !
Amicalement et bien à vous tous.
Thierry
>>> MEDIASichèle va participer en septembre
prochain, à l’émission du magazi-
ne de la Santé sur France 5 dont un des
thèmes sera le TOC. La diffusion aura
lieu le vendredi 03 septembre à 14h25.
Page 12BULLETIN N°65
PICARDIE : responsable région :Abdelkrim 03.22.42.10.16.
AMIENS : contact : Abdelkrim 03.22.42.10.16
CENTRE : responsable région Catherine, contact: 02.38.96.57.79 (le soir)
ORLEANS : contact : Catherine 02.38.96.57.79
PROVENCE – ALPES – COTE D’AZUR: responsable région Monique contact:04.42.72.51.01.
Projet de café(s) – rencontre(s) en PACA : contacter Monique
POITOU – CHARENTE: responsable région Carole : 05.49.44.00.34 .
Mail: aftocpoitiers @orange.fr
POITIERS : contacter : Carole 05.49.44.00.34 et Paule : 05.49.88.07.02.
Pour les prochaines dates et le nouveau lieu des groupes de parole .
Pour contacter l’AFTOC
Par téléphone : (horaires selon disponibilité)Christophe : 01.39.56.67.22Pierre : 04.78.36.89.25Marcelle : 01.48.02.86.09Isabelle B : (Antenne enfants / Ados) 01.39.68.77. 35Par mail : [email protected]
Permanence à la Maison des Usagers de l’hôpital Ste Anne à Paris (MDU St Anne).Les premier et troisième mardi de chaque mois , entre 14h et 17h Contact : N° 01.45.65.74.79.Nota : la MDU est ouverte en juillet, fermée en août, et reprend en septembre.
Pour avez la possibilité de retrouver les actualités et les dates des régions sur le site internet de l’AFTOC, rubri-que «régions» de la page d’accueil, ou d’appeler les responsables région dont les coordonnées figurent sur cebulletin.
Page 13BULLETIN N°65
BRETAGNE: responsable région Rémi , contact : 02.43.04.78.26
Mail : [email protected] , [email protected]
RENNES : animateurs Alain, contact: 02.99.60.35.47 et Rémi , contact: 02.43.04.78.26.William, contact: 09.64.23.03.36. / 06.66.93.84.65 .
Date groupe de parole : contacter Rémi.
Lieu: La maison de Quartier de Villejean, 2 rue de Bourgogne à Rennes, Rocade nord, métro Villejean.
ILE DE FRANCE
PARIS
Groupes de Parole ouvert à tous animé par Anne, Laurent et Lin, contact: 06.13.42.27.12.Un samedi par mois, à l'hôpital Sainte-Anne, de 14 h 30 à 18 heures, amphithéâtre Morel.Prochains rendez-vous : Les samedis 4 septembre, 2 octobre, 6 novembre, 4 décembre 2010, 11 janvier, 5 fé-vrier, 5 mars, 2 avril, 14 mai, 11 juin, 2 juillet 2011 (voir sur le site).
Lieu : hôpital Sainte-Anne (accès par la rue Cabanis, ou la rue d'Alésia) – pavillon Magnan, amphithéâtre Morel àcôté de la cafeteria de l'hôpital –
Maison des usagers de l’Hôpital Ste Anne : 1 rue des cabanis 14ème - N° 01.45.65.74.79
Si vous recherchez des informations , si vous désirez échanger avec nous , nous vous invitons à venir nous ren-contrer , sans rendez -vous , les premier et troisième mardi de chaque mois , entre 14 et 17h
Michèle, Monique ,Anne , Paul , Michel , bénévoles AFTOC à la maison des usagers .
La MDU est ouverte en juillet, fermée en août, et reprend en septembre.
LANGUEDOC – ROUSSILLON: responsable région Georges contact:04.67.40.23.05. Mail : [email protected]
MONTPELLIER animateurs contact: Georges 04.67.40.23.05. et Florence 04.67.55.46.51.
Dates groupes de Parole : les samedis 20 Mars,17 Avril,15 Mai, 19 Juin 2010 à partir de 14h30 .
Lieu: Maison de Quartier « Emma Calvé» rue des Poiriers ou Impasse des Acacias à Montpellier, au niveau del'hôpital Lapeyronie (tramway: station Lapeyronie)
LORRAINE:
METZ : animateurs Jeannine et Bernard, contact: 03.87.52.51.73Dates groupe de parole : Les samedis 18 septembre 2010 , 08 Janvier 2011 à 14h30
Lieu: Foyer du Jeune Travailleur – Espace Pilâtre de Rozier – 2 rue Georges Ducrocq .Metz .
Page 14BULLETIN N°65
MIDI – PYRENEES : responsable région Danielle contact 05.61.54.21.72 .
TOULOUSE: animateurs Joël et Danielle: contact: 05.61.54.21.72.
Dates groupe de parole : contacter Danielle.
Lieu: C.M.S (communauté municipale de santé de Toulouse) 02 rue Malbec 31000 Toulouse .
NORD PAS DE CALAIS : responsable région Marie-France contact:03.20.94.54.11. Mail: [email protected]
HELLEMMES - LILLE : Animatrice Marie- France, contact: 03.20.94.54.11
Dates groupe de parole : les samedis 18 septembre , 04 décembre 2010 de 14h30 à 19hLieu: salle Bocquet, Parc Bocquet, rue Roger Salengro (face à la place Hentges)Métro Hellemmes (ligne 1 direction "4 cantons", station Hellemmes)
Lire le témoignage de Frédéric page 16.
NORMANDIE(S) ( BASSE ET HAUTE ) : Responsable région(s) David - Contact06.62.71.50.32 - Mail : [email protected]
ROUEN : animateur David - Contact: [email protected] - 06.62.71.50.32.Date groupes de parole : les samedis 25 septembre 2010, 8 janvier et 14 mai 2011, de 14h00 à17h30.Lieu: Maison de Quartier Ouest Rouen, 47 rue Mustel , Rouen rive droite (sur l'avenue du Mont-Riboudet , direction le Havre , tourner à droite avant le garage Niort , prendre la rue Filleul, puis 2ème rue sur lagauche).
CAEN animateurs Jennifer et David - Contact : [email protected] - 06.62.71.50.32
Date groupe de parole : les samedis 23 octobre 2010, 5 février et 11 juin 2011, de 14h à 17h30 (appelerDavid pour confirmation des dates)Lieu: Centre Socio-Culturel de Giberville (près de Caen) esplanade Raymond Collet, près de la mairie (appelerDavid pour confirmation du lieu).
PAYS DE LOIRE: responsable région Evelyne, contact: 02.41.54.32.18Mail: [email protected]
ANGERS : animateurs Evelyne et Michel, contact: 02.41.54.32.18Date groupe de parole : contacter EvelyneLieu: salle de la Délégation des Paralysés de France, 22 Bld des Deux Croix (à coté d'une pharmacie) AngersEst.
ANCENIS :Dates groupe de Parole : contacter Evelyne .
Lieu :Espace Corail , salle de conférence - 30 Place Francis Robert 44150 Ancenis.(tout près de la gare)
Page 15BULLETIN N°65
RHONE – ALPES: responsable région Pierre, contact: 04.78.36.89.25
Mail: [email protected]
LYON : animateur Pierre, contact: 04.78.36.89.25.Dates groupes de parole, une fois par mois : contacter PierreLieu: l'Espace 101, salle 4, 101 Bd des Etats-Unis 69008 Lyon
GRENOBLE /PONT-DE-CLAIX: animateur Christophe , contact: 06.20.16.36.51Dates groupe de parole : Le samedi 25 septembre 2010 de 14h à 18hLieu: Maison des Sociétés, avenue du Maréchal Juin à Pont-de-Clais , en face de la mairie, à côté des pompiers ,salle N° 2 .
Chambéry : Christophe, contact: 06.20.16.36.51.
e m’appelle Frédéric et souffre de
troubles obsessionnels depuis
environ une vingtaine d'années ; j'ai
vécu des épisodes aigus au cours
desquels cette maladie a engendré
une grande souffrance et un grand
mal-être, et des périodes de rémis-
sion sans véritable guérison puisque
j'ai appris qu'il s'agissait d'une mala-
die fluctuante.
En fait, il s'agit chez moi d'obses-
sions qui se traduisent par des pen-
sées récurrentes qui peuvent s'ins-
taller littéralement dans ma tête en
permanence et génératrices d'une
très grande angoisse. Par contre, je
n'ai pas de rituels spécifiques, sauf
parfois mentaux, de telle sorte que
cela ne se voit pas de l'extérieur et
qu'il m'a toujours été possible
d'exercer une activité.
Je ne saurais plus dire quand exac-
tement cela a commencé ; j'avais
déjà remarqué au cours de mon
enfance que j'avais certains rituels
arithmétiques, souvent mentaux ; il
m'arrivait de répéter mentalement
une phrase quelconque un nombre
de fois et je me souviens quand
même qu'il fallait toujours que ce
soit un nombre pair ; lorsque je
fermais des robinets, il m'est arrivé
de faire le geste plusieurs fois en
comptant. Je ne m'en suis jamais
véritablement inquiété et mes sou-
venirs restent très parcellaires ; je
pense qu'il y avait chez moi une
prédisposition à ce genre de mala-
die, mais je ne pense pas en toute
honnêteté que j'étais encore at-
teint. De toute façon, c'était dans
les années 75/80 et on n'en parlait
pas à cette époque.
De même, quand j'étais en lycée, il
m'est arrivé d'avoir des angoisses
furtives, liées à la peur de faire du
mal à autrui, quand j'étais en pré-
sence de personnes de mon entou-
rage, mais ces angoisses disparais-
saient aussi vite qu'elles apparais-
saient, comme des voleuses ! J'avais
tendance à les refouler.
Je me souviens que les troubles ont
véritablement commencé quand
j'étais étudiant. J'ai commencé par
être envahi littéralement et en per-
manence par une obsession de la
mort. Ce thème m'obsédait à tel
point que je n'avais plus que cela en
tête. C'était la crainte de mourir et
de voir des personnes mourir. Je
me souviens bien que cette obses-
sion s'est installée en moi à l'épo-
que du décès de Thierry Le Luron
(hiver 1986/87). On nous annonçait
qu'il était mort après une lente ago-
nie et depuis cet événement et
pendant environ un an, cette obses-
sion ne m'a plus lâché ; j'avais d'ail-
AQUITAINE: responsable région Brigitte, contact: 06.76.83.05.33Mail : [email protected]
BORDEAUX: animatrices Brigitte, contact: (06.76.83.05.33 ) et BéatriceDates groupe de Parole : les samedis 11 septembre, 09 octobre, 11 décembre 2010 de 14h15 à 18h.
Lieu Bordeaux : La Maison Cantonale (La Bastide), 42 rue des Nuits, Bordeaux – Accès: de bus 5, arrêt collè-ge Léonard Lenoir – Tram A, arrêt Jardin Botanique.
Pau : contact Michèle : 05.62.34.78.60
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Mon amour, ma belle, ma filleTa joie, ta volonté, ton courage et ta ténacité m'ont ouvert la voie
Tu as gagné, après avoir tant subiTu as dérouillé et souffert tant que même ta vie fut en danger
Tous autour de nous sont partisTu as vécu le plus dur, j'ai su te rejoindre et ensemble on a gagné
Petite fille fragile et incompriseJeune fille tu es devenue après un combat sévère mais mené à deux
On a gagné Clairette, on a gagné ma belleTu es formidable. Vis, jouis, respire et persiste dans tes projets merveilleux.
Ton combat est devenu le mien Cécile et même si tu voles de tes propres ailes, si l'enfer ne faitplus rougir tes yeux, je ne lâche pas ta main ma belle.
C'est toi Claire qui avait raison face à tous ces ignorants, ces bien pensants; la parole d'une enfant qui souffre deTOC face à tous ces adultes semble encore irréelle.
Ca te révolte je sais, tu m'encourages c'est vrai et ton combat ne sera pas inutile ma belle, ta force me propulsevers la transmission d'un horizon moins cruel.
A ta vie, à ta joie, à ta volonté, à ton avenir je crois.Merci (par ordre alphabétique à) Agnès, Anita, Christophe, Céline, Elie, Françoise, Marcelle et Suzette
Isabelle Barrot
leurs associé le décès de Thierry Le
Luron à une chanson qu'on enten-
dait fréquemment à l'époque :
"Take my breath away" du groupe
Berlin (allez savoir pourquoi !). Je
vivais seul puisque j'étais étudiant
dans une ville universitaire loin de
chez mes parents et de toute ma
famille. A cette épo-
que, je ne compre-
nais pas ce qui m'ar-
rivait et j'avais déjà
pris l'habitude de me
replier sur moi-même et de n'en
parler à personne, de sorte que
mon entourage ne s'est douté de
rien. Par contre, j'étais devenu très
sombre et parfois, plus que l'ombre
de moi-même. J'ai raté de nom-
breuses heures de cours parce qu'il
m'arrivait souvent de ne me lever
qu'à midi voire 13 heures, d'aller à
la fac l'après-midi comme un zom-
bie pour tenter de suivre quelques
cours, parfois sans même me raser
et en me lavant sommairement. En
plus, j'associais volon-
tiers le cancer à la
mort et il y a eu un
moment au cours de
cette période très
noire où j'étais persuadé que j'allais
être atteint de cette maladie et en
mourir inéluctablement. J'avais une
représentation terrifiante de la
mort et cette pensée obsessionnel-
le ne me quittait plus du lever au
coucher ; je crois que le sommeil
était alors devenu un refuge ; je
dormais beaucoup.
Cette obsession et l'angoisse qu'elle
générait ont fini par s'estomper à la
rentrée suivante, au mois d'octo-
bre ; j'ai dû redoubler mon année
étant donné le retard que j'avais
accumulé dans mes cours et mon
échec aux examens ; cela n'a pas
été sans mal parce que mes parents
ne comprenaient pas mon échec et
me le reprochaient. Par contre,
curieusement, cette nouvelle ren-
trée a été bonne pour moi et je
peux même dire que j'ai vécu une
année heureuse, peut-être parce
« je ne compre-nais pas ce qui
m'arrivait »
Page 17BULLETIN N°65
que j'avais réussi à me faire de bons
amis et que je me sentais entouré.
J'ai donc pu réussir mes examens
sans trop de difficultés et obtenir
mon DEUG cette année là en juin.
En tout cas, je ne souffrais plus de
cette obsession.
A la fin de l'été suivant, en septem-
bre, mon état psychologique s'est à
nouveau dégradé et de nouveaux
troubles ont fait surface. Un nou-
veau thème d'obsessions est appa-
ru, la peur de faire du mal à autrui ;
en fait, je remarque qu'il y a eu à
chaque fois des événements déclen-
cheurs qui ont été comme des
chocs pour moi ; dans ce thème
d'obsessions, c'était surtout l'actua-
lité : dès qu'on annonçait des meur-
tres, particulièrement quand il
s'agissait d'enfants, et le cinéma : je
me souviens très nettement d'un
film où j'ai vu quelqu'un se faire
poignarder et j'ai commencé à ru-
miner à nouveau ; j'avais l'impres-
sion que j'étais capable de la même
chose et en tout cas, j'ai ressenti
très vite une angoisse indicible, une
peur irrépressible de faire du mal à
quiconque m'approchait. Cette
peur ne m'a plus quitté, car j'avais
cette pensée en tête du matin au
soir, comme une idée fixe. Cette
obsession a d'ailleurs rapidement
pris la forme d'une phobie des cou-
teaux : je ne pouvais plus voir des
couteaux pointus parce que j'avais
l'impression que j'allais en prendre
un pour poignarder la personne qui
se trouvait en face de moi. J'ai vécu
des situations où je me suis retrou-
vé véritablement liquéfié d'angoisse,
à ne plus pouvoir prononcer un
mot. J'ai notamment travaillé dans
un restaurant où je faisais la plonge
et à chaque fin de service, l'un des
cuisiniers venait à ma plonge pour
laver ses ustensiles de cuisine com-
me c'était l'usage ; il y avait des
couteaux de cuisine de plusieurs
dimensions et dès que je les voyais,
l'angoisse m'envahissait littérale-
ment au point que j'étais inondé de
sueur, comme liquéfié ; j'avais peur
de prendre l'un des couteaux et de
poignarder le cuisinier qui était en
train de laver ses ustensiles et qui
ne se doutait de rien. Je n'avais
alors qu'une hâte, qu'il finisse au
plus tôt et s'éloigne
de moi au plus vite.
Personne ne s'en
doutait parce que je
savais dissimuler mes
états d'âme et c'est
d'ailleurs devenu
comme une seconde
nature chez moi. A
l'époque, l'enjeu était
de taille, car je ne
savais absolument
pas ce qui m'arrivait ; je me suis
persuadé que j'étais un individu par-
ticulièrement néfaste, voire poten-
tiellement dangereux, et qu'il fallait
à tout prix que personne ne le sa-
che. J'avais également peur de l'in-
ternement psychiatrique.
J'étais encore étudiant et c'est à
cette époque que j'ai découvert
l'existence de cette maladie ; dans
une FNAC je suis tombé par hasard
sur un livre de Freud qui traitait de
la névrose obsessionnelle, et dans
lequel étaient décrits plusieurs
exemples de personnes souffrant
de ce thème d'obsessions en parti-
culier. Cela m'a soulagé à un point
tel que j'aurais du mal à le dire ;
c'était donc ça ! une maladie qui
portait un nom précis ; je n'étais
pas quelqu'un de mauvais ni de dan-
gereux.
Cette forme d'obsessions a fini par
s'estomper également jusqu'à la fin
de mes études et jusqu'à mon en-
trée dans la vie active. Elles sont
régulièrement réapparues dans des
périodes où je n'allais pas très bien
pour d'autres raisons et je me
rends compte qu'il y a une fragilité
en moi ; dès que je vis des mo-
ments difficiles, je sais que cette
maladie peut refaire surface et ga-
gner du terrain. Quand j'ai com-
mencé à travailler et
que cette peur de
faire du mal réappa-
raissait, il m'arrivait
de regarder plusieurs
fois des films où on
évoquait de beaux et
de nobles senti-
ments, pour me ras-
surer sur ma capacité
à éprouver des senti-
ments et sur le fait
que je n'étais pas quelqu'un de né-
faste parce qu'alors et comme tou-
jours, j'avais tendance à ruminer à
nouveau et c'est à ce moment-là
que les obsessions pouvaient s'ins-
taller.
Par la suite, j'ai entamé une nouvel-
le activité professionnelle et je ne
préoccupais plus de ces troubles
obsessionnels, c'était du passé ;
j'avais un nouveau métier plein de
promesses, mais au cours de ma
première année d'exercice, quel-
ques erreurs de débutant ont semé
le trouble dans mon esprit qui a
très vite pris la forme d'une obses-
sion dont le thème était l'erreur
irréparable. Dans ce nouveau mé-
tier, j'étais amené à authentifier des
actes et j'ai dès lors conçu une peur
terrible de faire des faux en écritu-
« Personne nes'en doutait par-ce que je savaisdissimuler mesétats d'âme etc'est d'ailleurs
devenu commeune seconde na-ture chez moi. »
Page 18BULLETIN N°65
re ; c'était le thème précis de mon
obsession. Pourtant, je suis juriste,
je sais donc faire la différence entre
une erreur matérielle et un faux en
écriture pénalement sanctionnable,
et j'avais beau me répéter inlassa-
blement qu'une erreur n'est pas un
faux, car il n'y a pas d'intention
frauduleuse et que ça se prouve
facilement, rien à faire, cette peur
ne m'a plus quitté et j'éprouvais
régulièrement le besoin de passer
en revue des actes que j'avais pu
rédiger pour vérifier que je ne
m'étais pas trompé ; si je décou-
vrais des erreurs, j'avais tendance à
tout de suite imaginer qu'on allait
m'accuser de falsification et alors
là, quand mon esprit s'emballait,
rien ne pouvait l'arrêter ! Je me
voyais interpellé, menotté, conduit
devant un juge, le procès, la
condamnation, la perte de mon
travail, devenir SDF et tout le
tremblement. Dans ces moments-
là, l'angoisse était telle que je vou-
lais à tout prix quitter le métier,
par n'importe quel moyen, rien que
pour me soulager. Il m'arrivait de
poser des questions presque débi-
les à certains de mes collègues qui
s'étaient aperçus que quelque cho-
se n'allait pas ; on essayait de me
rassurer et on me disait de ne pas
m'en faire à ce point, mais rien ne
pouvait me rassurer. Dans ma pro-
fession, je passais alors et d'une
manière générale pour quelqu'un
de très pointilleux, voire maniaque.
Dans le cadre de cette activité, j'ai
été amené à changer de service et
à m'occuper d'une comptabilité, de
sorte que je n'avais presque plus
d'actes à authentifier. Cela m'a sou-
lagé au début, mais je manquais
encore de recul pour prendre
conscience que je souffrais de trou-
bles obsessionnels récurrents,
quelle que soit la forme qu'ils pou-
vaient prendre. Tout a recommen-
cé effectivement sous une nouvelle
forme ; cette fois, j'avais peur de
détourner des fonds par inadver-
tance ! concrètement, j'avais peur
de libeller des chèques à mon or-
dre par erreur ou par étourderie
et là encore, l'angoisse m'a à nou-
veau envahi parce qu'à chaque fois,
j'imaginais les conséquences péna-
les, etc. Pour soulager cette angois-
se, qui a été quand même moins
forte, il m'arrivait à un moment
donné, lorsque j'effectuais des ver-
sements et que j'avais tout mis
sous pli, de rouvrir mes enveloppes
et de vérifier à quel ordre j'avais
libellé les chèques, et cela quel que
soit le nombre de plis. Mon supé-
rieur m'a vu une fois refermer mes
enveloppes avec du scotch et s'en
est étonné en me posant la ques-
tion : "elles ne ferment pas vos en-
veloppes ?" J'ai dû baragouiner un
vague prétexte pour qu'il ne cher-
che pas plus loin. Il m'est arrivé
aussi, et contre toute logique, de
vérifier dans mes relevés bancaires
sur plusieurs périodes que je ne
m'étais pas versé des sommes par
inadvertance ou par étourderie.
Même encore aujourd'hui dans
mon métier, lorsque je dois faire
des copies d'actes originaux, il
m'arrive régulièrement de vérifier
que les copies correspondent en
tout point aux originaux (nombre
de pages, etc.) et qu'il n'y a pas
d'incohérence, alors qu'elles sor-
tent de la photocopieuse ! Je me
sens encore assez fragile à ce sujet
et j'ai conscience que cette obses-
sion du faux en écriture peut réap-
paraître.
Il est vrai que j'ai toujours eu ten-
dance à refouler, à être dans le
déni et je n'ai jamais fait le lien en-
tre ces diverses formes d'obses-
sions et cette maladie qu'on appelle
les troubles obsessionnels compul-
sifs ; c'est en 2001 que j'ai décou-
vert pour la première fois le livre
de Alain Sauteraud : "Je ne peux
pas m'arrêter de laver, de vérifier,
de compter" et ça a été un vérita-
ble choc parce que le passé m'est
revenu en mémoire et il a bien fallu
que je m'avoue que j'étais atteint
d'une maladie sournoise qui prend
diverses couleurs comme un camé-
léon, au travers des différents thè-
mes d'obsession qui existent ; il est
vrai que je ne me suis jamais fait
poser un diagnostic par un théra-
peute, mais c'est en lisant bien les
définitions et les descriptions, ainsi
que les exemples mentionnés dans
ce livre que j'ai pu identifier les
symptômes de cette maladie au
travers des différentes formes
d'obsessions dont j'avais souffert,
sans compter le retentissement sur
mon état psychologique à chaque
fois. Je pense que, surtout à l'épo-
que où j'étais étudiant, j'aurais eu
besoin d'un suivi thérapeutique et
médical qui m'aurait permis peut-
être de traverser ces années d'étu-
de sans trop d'encombres.
En fait, j'ai découvert qu'en ce qui
me concerne, les obsessions com-
mencent toujours par de la rumina-
tion intérieure sur un thème précis,
souvent déclenchée par des événe-
ments, et si je ne parviens pas à
arrêter mon mental, à un moment
donné ça déborde, ces pensées
s'installent en moi comme des
idées fixes et l'angoisse m'envahit
jusqu'à devenir parfois difficilement
contrôlable. Par contre, je me suis
rendu compte aussi qu'étrangement,
je pouvais m'habituer à l'angoisse,
jusqu'à ignorer complètement ce
que cela pouvait être de vivre dans
la joie ou le plaisir. C'est peut-être
pour cette raison que j'ai toujours
pu travailler ; par contre, inévitable-
ment dans les moments de souffran-
ce intense, j'ai une tendance à me
replier sur moi-même et donc à
m'isoler au maximum.
Plus récemment, il y
a environ deux ans,
les troubles sont
réapparus avec un
nouveau thème:
j'avais lu plusieurs
livres dans le do-
maine spirituel et
redécouvert vérita-
blement la prière. J'ai eu une éduca-
tion catholique particulièrement
stricte et j'ai toujours été croyant ;
j'ai découvert le pouvoir des croyan-
ces et des pensées. J'ai très vite
souffert d'obsessions de nature reli-
gieuse, plus précisément d'une peur
d'être attiré par le mal, le diable
quoi ! J'ai également ressenti une
angoisse terrible à l'idée de faire du
mal à quelqu'un en ayant de mauvai-
ses pensées ; c'est en fait la peur
d'avoir par mégarde de mauvaises
pensées à l'esprit, qui pourraient
nuire à quelqu'un. Il me venait égale-
ment à l'esprit des pensées blasphé-
matoires incontrôlables, génératri-
ces d'une angoisse terrible. Sur le
thème d'obsessions religieuses, il
m'a fallu relire certains passages du
livre d'Alain Sauteraud où il évoque
ce type d'obsessions et la peur
qu'éprouvent les personnes concer-
nées d'être de véritables "suppôts
de Satan", pour me souvenir que
c'est bien la maladie qui se manifeste
et ça me soulage. C'est la maladie,
ce n'est pas moi. En fait, il s'agit
d'une combinaison entre des obses-
sions d'agressivité (la peur de faire
du mal, cette fois en pensée) et des
obsessions de nature religieuse, qui
elles, sont liées dans mon cas à une
représentation plutôt angoissante de
Dieu, acquise par mon éducation.
J'ai adhéré à l'AFTOC en 2001 lors-
que j'ai lu le livre du Docteur Saute-
raud mais ce n'est
qu'en fin d'année
2009 que je me suis
décidé à participer au
groupe de parole
existant dans ma ré-
gion. Je m'y sens bien
et j'ai réalisé que je
pouvais parler de
mes troubles sans me sentir jugé ; je
me suis aussi aperçu que j'avais be-
soin d'en parler, que j'avais trop pris
l'habitude de tout garder pour moi.
Je remercie tous les membres de ce
groupe de parole pour leur accueil
et leur bienveillance inconditionnel-
le. A ce jour, je n'ai pas entrepris de
thérapie ; je n'ai pas franchi le pas, et
les médicaments me font peur à
cause d'éventuels effets secondaires,
car j'ai absolument besoin de
conserver mon activité et surtout,
que mon entourage ne se rende
compte de rien.
Je me rends compte aussi que je ne
me sens vraiment pas à l'aise avec
certains types d'obsessions, comme
la peur de faire du mal ou la peur de
nuire par la pensée, parce qu'il faut
composer avec la honte et la culpa-
bilité, parce qu'il est très difficile
d'en parler ; je me souviens d'ail-
leurs avoir vu dans les années
1991/92, une émission de "Santé à la
une" sur les troubles obsessionnels ;
il y avait un homme qui témoignait
anonymement, expliquant sa souf-
france liée à la peur obsessionnelle
qu'il éprouvait de faire du mal à son
fils ; je ne suis pas surpris qu'il n'ait
pas pu témoigner à visage découvert
d'autant que le journaliste qui l'inter-
viewait lui demandait constamment
s'il avait vraiment peur de tuer son
fils, sans se douter qu'il aggravait
peut-être l'angoisse de ce père ; ce
témoignage m'avait particulièrement
ému et marqué.
Aujourd'hui, j'arrive quand même de
plus en plus à repérer les signes
avant coureurs de l'angoisse qui ap-
paraît dès que je rumine. J'essaie de
m'habituer à me parler à moi-même
en me répétant constamment : "Tu
n'es pas ton angoisse, tu n'es pas tes
pensées", ce qui me procure en gé-
néral un apaisement momentané ;
c'est en fait un recadrage permanent
pour contrôler un peu cette pensée
déréglée afin d'éviter qu'elle ne
s'emballe ; de même, dès que je sens
l'angoisse m'envahir, il m'arrive se-
lon l'endroit où je me trouve de
m'asseoir ou de m'allonger pour
faire des respirations abdominales
lentes et me concentrer dessus, jus-
qu'à ce que je retrouve un rythme
de respirations régulier et que le
calme revienne. Cela me permet de
retrouver un peu le contrôle de ma
vie et de continuer à remplir mes
obligations. Mais la maladie est tou-
jours là. Seul un accompagnement
thérapeutique permettra sans doute
une guérison, mais je n'en suis pas
encore là. En attendant, le groupe
de parole m'apporte beaucoup.
Frédéric
Page 19BULLETIN N°65
« je me suis déci-dé à participer augroupe de paroleexistant dansma région »
Ce Bulletin est édité par l’Association
Française de personnes souffrant de
Troubles Obsessionnels et Compulsifs
(AFTOC) Association restructurée en
1997 et régie par la loi du 1er juillet 1901.
Association déclarée à la Préfecture de
Caen le 14 avril 1997.
Siège social : 1, rue Aristide Maillol,, 75015
PARIS
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Christophe DEMONFAUCON
Fondateur AFTOC-Tourette :
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NB : Les textes signés n’engagent que la
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LE DEFI EMOTIONNEL N°65 PAGE 20
MEDITER pour ne plus DEPRIMER la pleine conscience une mé-
thode pour vivre mieux
De Mark William
, JohnTeasdale, Zindel Segalet, John kabat Zinn.
Édition Odile Jacob/ 325 pages/ le CD/ 25 euros
John Kabat Zinn, professeur de médecine , ayant découvert et pratiqué la
méditation de Pleine Conscience appelée mindfulness en anglais a cherché à inscrire
cette pratique, qui fait partie de la culture bouddhiste depuis des millénaires, dans un
cadre médical . Il a donc ainsi élaboré dès 1979 un programme de réduction du
stress connu sous le nom de réduction du stress par la Pleine conscience ou MBSR en
sigle anglais .avec ses collègues de l’école de médecine de l’université du Massachus-
sets.Il a fondé et dirigé « le centre pour la Pleine Conscience en médecine » et la cli-
nique de réduction du stress mondialement connue.
Mark William professeur de psychologie, John Teasdale chercheur en Psychiatrie, tous
deux à l’université d’Oxford et Zindel Segal psychothérapeute à l’université du Mas-
sachusetts se sont intéressés tous les trois à la Pleine Conscience et l’ont intégré à la
thérapie cognitive ce qui a donné naissance à la thérapie Cognitive basée sur la pleine
conscience ou MBCT en sigle anglais
C’est cette thérapie qui est exposée dans ce livre d’une façon très abordable pour le
grand public. Elle a pour but de donner des moyens pour lutter contre la dépression
et sa récidive.
Au-delà de la dépression et du stress cette approche permet d’établir des bases soli-
des de développement personnel et de connaissance de soi. Elle apprend à faire face
autrement aux difficultés de la vie.
La Pleine conscience désigne un entrainement de l’esprit, par l’attention et la présen-
ce, qui libère des mécanismes automatiques de la pensée, trop souvent aliénants et
qui peuvent mener à la dépression . Ce livre expose les différents mécanismes de la
pensée qui mènent à la dépression et comment par l’entrainement régulier de l’es-
prit , on peut arriver à s’en libérer .
« La Méditation ne marche que si on la pratique . L’idée n’est pas de faire régulière-
ment des exercices pour pouvoir passer à autre chose, mais de vivre l’ensemble de sa
vie de manière plus consciente . L’état de conscience permet de débrancher le pilote
automatique et de s’ouvrir à d’autres possibilités d’agir.
Ce livre contient un CD avec la voix du DR Christophe André qui permet de s’exer-
cer aux différentes façons de pratiquer la pleine conscience .
Pour approfondir le sujet, vous pouvez lire également
Où tu vas tu es apprendre à vivre ici et maintenant de John Kabat-
Zin - Édition J’ai lu / format livre de poche / 280 pages /6 euros
vivre dans le présent en éveillant sa conscience amène à l’ouverture d’es-
prit, la stabilité , développe la créativité,la vitalité la confiance en soi…..
Toutes ces capacités ont un caractère thérapeutique facilitant le rétablisse-
ment de la personne. Michèle