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la médaille et ses revers Sport : L’ESPERLUETTE Belgique - België P.P. Bruxelles X 1 / 2425 Bureau de dépôt - Bruxelles X P701162 Périodique trimestriel du CIEP/MOC n° 80 • avril • mai • juin • 2014 Signe typographique qui représente la conjonction de coordination “et” © REPORTAGE PHOTO & 80

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la médailleet ses revers

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Périodique trimestriel du CIEP/MOC n° 80 • avril • mai • juin • 2014

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EDITO

Sport: des (en)jeux contradictoires 3

ANALYSE

Sport: la médaille et ses revers

Refaire le match, refaire le monde 4

Mondial 2014: les racines d’une contestationplurielle 6

La JOC à un autre Mondial… 8

Le sport: outil de plaidoyer et de sensibilisation aux droits des travailleurs 9

Le football féminin hors-jeu? 11

Je cours pour ma forme: un programme qui renforce la santé et crée du lien 14

MOUVEMENT EN CAMPAGNE

Le combat des Afghans: retour sur une mobilisationporteuse d’espoir ! 16

Colloque du RWADE: faire du droit à l’énergie un enjeu central de la prochainelégislature 18

EN RÉGIONS

MOC Verviers: une semaineinternationale enrichissante! 20

Divers-Cité: même pas peur!Festival du film social de Perwez 21

VIE DE L’ISCO 22

EN BREF 22

AGENDA 23

FICHE PÉDAGOGIQUE

Le travail en sous-groupes:compétences, forces et fragilités

Sommaire

I sabelle Marchal est une citoyenne-photographe: elle a suivi pendant plu-sieurs mois le combat des Afghans pour la reconnaissance de leursdroits. De septembre à décembre 2013, ses photos témoignent de

l’«accueil» qui est réservé ici à ces migrants, entre occupations pré-caires, expulsions et débrouille, mais aussi du combat qu’ils ont mené etde la dignité dont ils font preuve chaque jour. Au fil des pages de ce numéro, elle nous livre un regard mêlé d’indigna-tion et d’espoir, qui résonne comme un écho à l’analyse engagée co-écritepar deux travailleuses du CIRE, qui ont suivi et soutenu au quotidien la luttedes Afghans pour la reconnaissance de leur statut de réfugiés, de citoyensà part entière. n

POUR EN SAVOIR PLUS SUR SON TRAVAIL: HTTP://SIVOUSINSISTEZ.BLOGSPOT.BE/2013/12/PUISQUE-LES-MOTS-SEULS-NE-SUFFISENT.HTML

Comité de rédaction: Lahcen Ait Ahmed, Stéphanie Baudot, Virginie Delvaux, France Huart (coordination),Alain Loutte, Florence Moussiaux, Michèle Stessel, Nicole Tinant, Anaïs Trigalet (coordination)

Secrétariat: Francine Baillet, Lysiane Mettens

Ont participé à ce numéro: Lahcen Ait Ahmed, Stéphanie Baudot, Jessica Blommaert, Aurélie Ciuti,Laurent Delcourt, Perrine Detober, Slim Essaker, Damienne Martin, Dieudonné Wamu Oyatambwe, Maroua Sebahi, Benjamin Sottiaux, Elodie Vanmechelen, Magali Verdier

Photos: Isabelle Marchal

CIEP communautaire: Tél: 02/246.38.41, 42, 43 - Fax: 02/246.38.25 - Courriel: [email protected]

Editeur responsable: Virginie Delvaux - Chaussée de Haecht 579 - 1030 Bruxelles

Design: DCL PRINTERS - Courriel: [email protected] - Imprimé sur papier 100% recyclé sans chlore

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Edito

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SPAR VIRGINIE DELVAUX, DIRECTRICE DU CIEP-ISCO

port: des (en)jeux

contradictoires

On y est. La Coupe du Monde de football bat sonplein dans des matchs qualifiés tantôt d’in-tenses, tantôt de décevants par tout supporterqui s’assume. Mais derrière ceux-ci ce sont sur-

tout des parties économique, culturelle et politique qui sejouent et cela, dans le champ du football mais aussi dansceux des jeux olympiques, du tennis, du cyclisme, etc. Mais je vous entends déjà me dire: tiens, voilà que mêmele CIEP se sent obligé de parler de football en cette périodede Coupe du Monde. Pourquoi tant surfer sur cette vaguefatigante? Qu’est-ce qu’un mouvement d’éducation perma-nente pourrait bien dire sur le sport évènementiel? Pourquoise préoccuper de ces loisirs sans doute futiles alors quenous sommes au lendemain d’élections politiques en Europeet en Belgique qui posent des questions tout à fait fonda-mentales en termes de démocratie, de participation ci-toyenne et de projets de société?Au CIEP, nous constatons que le sport cristallise l’évolutionde nos sociétés; il pose, selon nous, cette double question:constitue-t-il, en fait, un lieu où se vivent des inégalités ou,au contraire, un réel lieu de stimulation d’initiatives progres-sistes et égalitaires?Il faut bien avouer que l’actualité de ces dernières semainestend à soutenir la première proposition. En quelques jours,le sport a démontré sa capacité à incarner des propos clai-rement sexistes, racistes et extrêmement capitalistes. Pour exemple, la lamentable intervention du tennisman Er-nests Gulbis, âgé de 25 ans à peine, qui, à la question desavoir s'il pensait que ses deux jeunes sœurs, qui jouentaussi au tennis, seraient un jour aussi fortes que lui, a conclusa réponse par: «Vous savez, je pense que les femmes doi-vent profiter de la vie, (…) penser à la famille, (…) penseraux enfants. Quel enfant tu peux envisager avant l'âge de27 ans quand tu es une joueuse de tennis professionnelle?Ce n'est pas sérieux». La réaction a fait grand bruit maisa reçu un traitement médiatique assez ambigu de la part

de certains journalistes, voire d’autres sportifs (et sportives!),qualifiant son intervention de «sorties sulfureuses» mais fi-nalement «comme on les aime».Rappelez-vous aussi, il y a quelques mois, d’Alves, ce foot-balleur espagnol qui, face à la violence symbolique d’un sup-porter qui lui avait lancé une banane, l’avait soigneusementépluchée et mangée avant de tirer son coup de coin; il avaitdu coup été soutenu par de nombreux individus et célébri-tés sportives.Dernier exemple, celui de Michel Platini expliquant, lors deson intervention sur les mouvements de contestation bré-siliens: « il faut absolument dire aux Brésiliens qu'ils ont laCoupe du Monde. Ils sont là pour montrer les beautés deleur pays, leur passion pour le football… et que, s'ils peu-vent attendre un mois avant de faire des éclats un peu so-ciaux, ça serait bien pour le Brésil et pour la planète foot-ball.»Enfin, je pourrais aussi aborder les fraudes financières au-tour de l’organisation de la prochaine Coupe du Monde defootball au Qatar, ce pays de la chaleur humaine et de ladémocratie, ou encore la vitrine russe de Poutine avec lesrécents Jeux de Sotchi. STOP, me direz-vous, la coupe estpleine. Et pourtant…Vous trouverez aussi, dans ce dossier, des expériences etanalyses montrant en quoi le sport en lui-même, sa média-tisation aussi parfois, peuvent être de réelles opportunitésde construction de rapports plus égalitaires, solidaires etécologiques1. En sachant que nous n’aurons absolument pas épuisé le su-jet, je vous souhaite de prendre du plaisir à vous penchersur ce premier dossier sur ce thème et de passer de doucesvacances ensoleillées… Qu’elles soient rythmées desport… ou pas! n

1. Dans le sens de bon pour soi et bon pour tous.

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Analyse

4E n 2011, au milieu de la cam-

pagne pour les élections gé-nérales espagnoles, un son-

dage annonçe que les Espagnolspréfèrent assister à un débat téléviséentre José Mourinho (entraineur duclub de football du Real Madrid) etPep Guardiola (entraineur du club defootball de Barcelone), plutôt qu’entreJosé Zapatero (du Parti socialiste ou-vrier espagnol) et Mariano Rajoy (duParti populaire). Cette anecdote n’estpas anodine: au-delà du renvoi un peuironique à la classique opposition po-litique «droite vs gauche», c’est unesérieuse mise en évidence de la com-plémentarité (l’interdépendance?) dechacun de ces deux acteurs (poli-tique et sportif) avec l’institution mé-diatique1: celle-ci invite presque aussisouvent les responsables sportifs quepolitiques afin qu’ils puissent expli-quer leurs actions (motivations, stra-tégies, réussites, échecs).

DU SPORT ET DE LA POLITIQUELe sport est la continuation desconflits sociopolitiques par d’autresmoyens2. Il médiatise, à travers sespropres dimensions (pratique corpo-relle, spectacle et objet de discours),des catégories, des oppositions et descombinaisons fondamentales: per-dant-e/gagnant-e, bas/haut, fort-e/fai-ble, rapide/lent-e, dynamique/apa-thique, effort/succès, etc. Si onécoute avec attention un échangeconcernant un sport (le football, par

exemple), on reconnaitra très certai-nement quelques «positionnements»sociopolitiques, rapprochant certainesattitudes sportives et quelques valeursdites «populaires3»: l’abnégation, la gé-nérosité ou l’exaltation, par exemples.Cette première proposition de laconversation pourra très vite être re-lativisée par un argument pointant lefootball comme «opium du peuple» -un peuple aveuglé par les immensesrichesses scandaleusement accapa-rées par quelques-uns, sourd aux ar-

Sport :la médaille et ses revers

Refaire le match, refaire le mondePAR LAHCEN AIT AHMED, CIEP COMMUNAUTAIRE

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Analyse

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rangements (matchs truqués) ettrompé par le dopage (la négation dumérite, de l’éthique et de l’équitésportive). Il sera alors temps d’évoquerles nombreux projets associatifs quiparient, eux, par contre, sur les ver-tus sociales du football (intégration,etc.). Mais ce ne sera, bien entendu,pas le dernier chapitre de la discussionpuisqu’un peu plus loin on aborderacertainement le football comme syno-nyme de la beaufitude (racisme, popu-lisme4 et machisme5) et de la violence(hooliganisme), etc. On voit ainsi quele sport «ne se laisse enfermer dansaucune définition réductrice. (…), il nepeut se définir comme le simple ins-trument d’une manipulation des uns parles autres6».

DE LA POLITIQUE DANS LE SPORTS’ils/elles sont relativement rares,quelques sportifs-ves ont utilisé leur vi-sibilité pour dénoncer des injustices:on se souvient que, lors des jeux olym-piques de Berlin (1936), la victoire sur100 mètres de l’afro-américain JesseOwens entraina deux charges: la pre-mière contre Hitler - qui comptait surces jeux pour mettre en évidence la su-périorité aryenne - la seconde contrele pouvoir étatsunien, le sprinter décla-rant: «Hitler ne m’a pas snobé, c’estRoosevelt qui m’a snobé». Il faisait ré-férence à l’apartheid étatsunien. Detelles déclarations sont très rares etde plus en plus sanctionnées par lesautorités sportives (FIFA, Comité inter-national olympique, Fédérations natio-nales, etc.). Celles-ci entretiennent, ilest vrai, d’étroites relations avec lesempires commerciaux, médiatiques etindustriels mais également avec desEtats peu fair-play7. Chez le sportif, cedevoir de réserve entre par ailleurs enrésonance avec une formation qui sur-valorise l’effort, la discipline et lemérite individuel. Si on y ajoute ses in-térêts de «classe» (notamment ses in-térêts financiers), on comprend mieuxpourquoi le sportif est peu pressé derattraper le peloton des militant-e-s. N’en déplaise aux autorités sportiveset aux sportifs/ves, les militant-e-s sa-vent utiliser les pistes et les terrainsde sport pour mettre en scène leursrevendications: des activistes corsesutiliseront, par exemple, le passage duTour de France pour lancer un «Cor-sica is not France - French go home8»;l’ONG Greenpeace rappellera la causearctique lors d’une course de Formules19 et, plus récemment, ce sont des mi-

litant-e-s de la question gays qui détour-naient notre attention des J.O de Sot-chi10. En se glissant ainsi devant les ca-méras du monde entier, les militant-esfont d’une pierre deux coups: ils/ellesdonnent une visibilité importante à leurcause mais surtout ils/elles redéfinis-sent l’évènement qui se donne à voir:«Vous pensiez assister au Tour deFrance?! Vous êtes en Corse!». C’estcette «stratégie» qui est actuellementà l’œuvre au Brésil: les milliers de ma-nifestants nous invitent à prendre enconsidération le fait que là où desstades se construisent pour la Coupedu Monde de football, il faudrait plu-tôt des écoles, des hôpitaux et desmoyens de transport accessibles;que là où la police exproprie violem-ment des populations, elle aurait dû as-surer leur sécurité. Les activistes re-cadrent ainsi la préparation d’un évé-nement dit «festif» en symbole de l’in-justice et de la violence sociale.

EN SPORT VOUS SAVEZ, TOUT EST POSSIBLE…Si le/la sportif-ve dépense beaucoupd’énergie sur le terrain, force est deconstater qu’aujourd’hui le/la pas-sionné-e de sport (bloggeur-se) en dé-pense presque autant sur Internet - ré-seaux sociaux, forums, etc. Ceux-cifourmillent de débats interminables -qui shoote et rate aurait dû passer; quimanque sa passe, aurait dû shooter11,etc. Comme ces économistes qui ex-pliquent les causes d’une crise aprèsson surgissement, comme ces socio-logues ou politologues qui expliquentla révolution après l’occupation de laplace Tahrir (ou la contre-révolutionaprès le passage de l’armée), tous lesamateurs-trices de sport sont capablesd’expliquer la défaillance d’une équipeou d’un joueur à l’issue de la rencon-tre. Ces analyses de l’après coup ren-voient à une idée majeure véhiculée parle sport: la glorieuse incertitude12. Lerésultat, s’il était, en effet, acquisd’avance (réduit en quelque sorteaux statistiques), serait sans surpriseet sans nouveauté. Dès lors, au plusbas des classements et des divi-sions, il y aura toujours l’espoir de ga-gner un match, de marquer un panier,de faire un peu mieux que dans le setprécédent. C’est donc toujours dotéd’un projet minimal positif que lesjoueurs-ses entreprennent leur matchet que les supporters-trices se rassem-blent autour du terrain (ou devant leurposte de télévision).

Et face à l’homme «du réel» - qui ditfaire ce qui doit être fait et prendre lesdécisions qui s’imposent13, l’homme«doué du sens du possible ne dira pas:ici s’est produit, va se produire, doitse produire telle ou telle chose; maisil imaginera: ici pourrait, devrait se pro-duire telle ou telle chose14». C’est làpeut-être un point commun minimalmais essentiel entre le/la militant-e etce bloggeur-se passionné-e de sport:nous rappeler que d’autres Mondessont possibles et que la partie est doncloin d’être terminée. n

1. Sur ce sujet, lire: BEAUD, S., Affreux, riches etméchants? Un autre regard sur les Bleus. Paris,La Découverte, 2014.

2. RAMONET, I., Football et passion politiques. Ma-nière de voir, 39, 1998. En ligne:http://www.monde-diplomatique.fr/mav/39/

3. CARRÉ, L., Qui parle au nom du peuple? Les ca-hiers du CIEP, 15, 2014, pp. 6-11.

4. Le(s) populisme(s). Les cahiers du CIEP, 15,2014.

5. LOUVEAU, C., Femmes sportives, corps dési-rables. Le Monde diplomatique, octobre 2000;En ligne: http://www.monde-diplomatique.fr/2000/10/

6. RAMONET, I., op. cit.7. On vient, par contre, d’apprendre que le prési-

dent bolivien Evo Morales a signé un contratavec un club professionnel pour la prochaine sai-son: «Il recevra le salaire minimum, soit environ174 livres sterling [213 €] par mois.» Source:Temps libre. Le Monde diplomatique, juin 2014.En ligne: http://www.monde-diplomatique.fr/2014/06/A/50498

8. Corscica infurmazione, Revendication pendant letour de France, 2014. En ligne: http://www.corsicainfurmazione.org/44240/corse-revendications-toutazimut-sur-les-routes-du-tour-de-france-tdf-corsicaisnotfrance/2013/

9. Greenpeace Suisse, Greenpeace s’invite auGrand prix de Formule 1, 2013. En ligne:http://m.greenpeace.org/switzerland/fr/high/publications/photos/grand-prix-formule1/?imageID=6

10. Le Figaro, 4 militants gays arrêtés avant l’ouver-ture des JO, 2014. En ligne:http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/02/07/97001-20140207FILWWW00299-4-militants-gay-arretes-avant-l-ouverture-des-jo.php

11. 11 to 11, Le football et l’anticipation, 2014. Enligne: http://11to11.net/le-football-et-lanticipation-30282/

12. Sur ce sujet, lire: PORTA, E.F., Homo Sampler,culture et consommation à l’ère afterpop, Inculte,Paris 2011, pp. 172-176.

13. «Les lois ou les décrets que promulgue le gou-vernement se présentent comme de simplesmises en forme (…) des lois sociales ou éco-nomiques auxquelles il prétend se plier, etdonc comme la manifestation de leur volonté im-personnelle. (…) à énumérer les contraintes aveclesquelles ils doivent compter et qui les obligentà agir comme ils le font, sans aucune alternativepossible.» Source: BOLTANSKI, L., De la critique.Précis de sociologie de l’émancipation, Galli-mard, Paris, 2009.

14. Encyclopædia Universalis, L’homme sans quali-tés, 2004. En ligne: http://www.universalis.fr/encyclopedie/l-homme-sans-qualites/

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Mondial 2014:les racines d’une contestation pluriellePAR LAURENT DELCOURT, HISTORIEN ET SOCIOLOGUE, CENTRE TRICONTINENTAL

O ctobre 2007, le Brésil esteuphorique: la FIFA vient deconfier au pays l’organisation

de la 20e édition de la Coupe du Mondede football. Promesse d’importantesretombées économiques, cette «Copa»doit alors symboliser la «réussite» dumodèle de développement expéri-menté par le géant sud-américain etconfirmer son statut de nouvelle «puis-sance émergée». Depuis, pourtant, l’optimisme a cédéle pas à la colère et à la frustrationcomme le montre la multiplication ré-cente des tensions et conflits sociauxdans le pays. A quelques jours dugrand spectacle footballistique, l’heuren’est donc plus vraiment à la fête, n’endéplaise à Michel Platini, mécontentsans doute de voir ce peuple «ingrat»troquer ballons ronds et tambourinscontre pavés et cocktails Molotov1. Loin des clichés habituels et desimages convenues, cette contestationplurielle mérite qu’on s’y attarde, carelle révèle l’envers du décorum et lèvele voile sur des facettes bien plus som-bres de la réalité brésilienne.

L’ÉMERGENCE D’UNECONTESTATION ANTI-MONDIALA priori, rien ni personne ne devaientperturber le cours des choses: entre2003 et le début du mandat de DilmaRoussef (2011 - …), le Brésil avaitconnu une croissance soutenue, la pau-vreté s’était fortement tassée, le pou-voir d’achat avait augmenté et jamais

le taux de chômage n’avait été aussibas, rendant peu plausible une remiseen cause de l’action gouvernementale2.Mais c’était sans compter sur lavague aussi inattendue qu’inédite demobilisations urbaines qui, en juin2013, est venue jouer les trouble-fête,faisant descendre, dans les rues deplusieurs villes du pays, des dizainesde milliers de protestataires, jeunes,voire très jeunes pour la plupart3. Hétérogène dans sa composition,plurielle sinon contradictoire dansses revendications et peu structurée,cette contestation n’était toutefoispas initialement dirigée contre laCoupe, pas plus qu’elle ne visait direc-tement le Gouvernement Dilma4. Sonorigine se situe dans les actions me-nées à São Paulo par un petit collec-tif de gauche qui dénonçait l’aug-mentation des tarifs des transports pu-blics dans la mégapole. Revendicationciblée, enjeu localisé donc! Mais mo-bilisation qui servira de détonateur àl’expression complexe d’un ensemblede frustrations accumulées, jusque-làmises en sourdine. Reste que ce qui explique la massifi-cation soudaine du mouvement, c’est,avant tout, la violente répression po-licière qui s’est abattue sur ces jeunesprotestataires. Et ce n’est qu’aprèscoup, à mesure que la protestations’étendait à d’autres villes et milieux,que le catalogue de revendicationss’est élargi. Dans le même temps, lesslogans contre la vie chère et la cor-ruption et les revendications pourdes transports moins couteux et plusefficaces ou pour un meilleur systèmede santé publique ont fini par conver-ger dans une dénonciation généraledes conditions d’organisation de laCoupe.

Si le mouvement de juin 2013 s’esttrès vite essoufflé, en revanche, cettedénonciation des travers du Mondials’est faite plus permanente, massiveet incisive, rencontrant d’emblée unlarge écho dans l’opinion publique.Ainsi, un sondage réalisé par Datafolhaen février dernier révélait que plus de50 % des Brésiliens soutenaient lesmobilisations et, plus significatif en-core, que près de 38 % d’entre euxs’opposaient à l’organisation de laCoupe du Monde. Un chiffre en haussedepuis juin 2013, alors même que lesmobilisations ont perdu en intensité eten ampleur5.

LA COUPE: UNE OPPORTUNITÉHISTORIQUE? Première cible de la critique, les dé-penses colossales engagées pourl’organisation de l’événement qui attei-gnent d’ores et déjà près de 10 mil-liards d’euros! Chiffre qui, bien entendu,ne prend pas en compte les dé-penses liées, par exemple, à la sécu-rité aux abords des stades durant l’évé-nement. A titre de comparaison, pourorganiser la précédente Coupe duMonde, le Gouvernement sud-africainavait engagé 3,45 milliards d’euros,pour un budget initialement prévu de202 millions d’euros, et ce, pour desretombées bien moindres que cellesescomptées au départ6. Retour sur investissement auquel necroit pas non plus une bonne partie dela population brésilienne. De plus enplus nombreux sont ceux, aujourd’hui,qui qualifient l’organisation du Mondialde farce, sans bénéfice aucun pour lapopulation, ou, à l’instar de l’ex-inter-national Romário, reconverti en chefde file de la contestation, de «plusgrand vol de l’histoire du pays»,

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tandis que d’autres l’accusent de ren-forcer la fracture sociale ou encored’être un vecteur de corruption. Et les groupes protestataires de dé-noncer, pêle-mêle, les dépenses somp-tuaires réalisées dans le cadre de l’évé-nement, l’inutilité de certains travaux(par exemple, la construction destades flambants neufs à Brasilia et àManaus), l’opacité de certains contratset concessions dont ne tire profitqu’une poignée de grosses entre-prises privées, la gestion irresponsa-ble de l’événement par certainesvilles, les malversations ou détourne-ments de fonds dont sont accusés plu-sieurs responsables politiques etsportifs (dont l’ex-président de laConfédération brésilienne de footballlui-même, Ricardo Teixeira, contraintà la démission en mars 2012), la flam-bée du prix des loyers dans les villesoù se tiendra la compétition ou encorel’imprévoyance des autorités dansun contexte de ralentissement écono-mique, de reprise de l’inflation etd’annonces répétées par le Gouverne-ment de restrictions budgétaires dansplusieurs secteurs7.Ceci sans parler des conséquencesprévisibles des aménagements ur-bains, lesquels ont entrainé l’expulsionde plusieurs milliers de familles, et desfréquents accidents liés aux désas-treuses conditions de travail sur leschantiers du Mondial, avec pas moinsde huit ouvriers décédés depuis le dé-but des travaux!

LA FIFA SUR LA SELLETTESi les pouvoirs publics se sont trouvésdans la ligne de mire des protesta-taires, la critique est plus violente etplus généralisée encore envers laFIFA, accusée non seulement de cher-

cher à capter l’essentiel des bénéficesde l’événement sans prendre le moin-dre risque, mais aussi d’ingérences in-tempestives dans les affaires inté-rieures du pays. Une intrusion qui nefait qu’exacerber le sentiment souve-rainiste des Brésiliens, lassés parles leçons assenées par les mentorsde la Fédération, leur attitude mépri-sante et leurs pressions constantes. Ainsi, dans une déclaration qui n’a rienà envier à la condescendance naïved’un Platini, le secrétaire général de laFIFA, le Français Jérôme Valcke,n’avait pas hésité à suggérer aux au-torités, de manière à peine dissimulée,de privilégier la force pour neutraliserles protestations durant la Coupe8.Sans sourciller, le même Valcke avaitdéclaré, quelques mois plus tôt, à pro-pos de l’attribution du Mondial à la Rus-sie de Vladimir Poutine qu’«un moindreniveau de démocratie est parfois pré-férable pour organiser une Coupe dumonde»9. A bon entendeur…

DES QUARTIERS POPULAIRESEN ÉBULLITIONL’usage immodéré de la force, voilàprécisément ce qui, actuellement,met en émoi et en ébullition les quar-tiers populaires, et pousse leurs habi-tants à rejoindre le camp des protes-tataires, jusque-là confinés, dans unelarge mesure, aux classes moyennesdes grandes villes: disparition d’unjeune homme détenu par l’Unité de po-lice pacificatrice de la favela Rocinhaà Rio de Janeiro en aout 2013; décès,le 16 mars, d’une habitante de la fa-vela Morro da Congonha, blesséepar balle par la police militaire et dontle corps a été trainé sur plusieurs cen-taines de mètres par le fourgon quil’emmenait à l’hôpital; découverte, le22 avril, du corps sans vie du popu-laire danseur de la TV Globo, DouglasRafael da Silva, confondu avec un tra-fiquant et battu à mort; durant lesémeutes qui ont suivi cette découverteà Copacabana, décès d’un enfant de12 ans, etc. Depuis quelques mois, lesbavures se succèdent suite aux inter-ventions musclées de la police dansles favelas et les quartiers popu-laires, y rendant la situation de plus enplus explosive10. Si elles jettent une lumière crue sur lesviolences policières et le respect toutrelatif des droits humains par lesforces de l’ordre au Brésil, ces bavuresétaient prévisibles. Elles sont la consé-quence de l’accélération du pro-

gramme de pacification et de sécuri-sation des favelas, à l’approche ducoup d’envoi de la Coupe. Ces ré-centes explosions de colère, aux-quelles s’ajoutent les nombreusesmobilisations, bien moins médiati-sées celles-là, d’organisations d’habi-tants ou de mouvements sociaux ur-bains contre les expulsions, et les ré-centes manifestations de sans-abris etde camelots dénonçant l’entreprise denettoyage social aux abords des infra-structures sportives (en particulier, lamise en place d’une zone d’exclusionde deux kilomètres autour des stadesimposée par la FIFA) représentent leversant populaire de la révolte. Prenantdes expressions multiples, ces mobi-lisations sont le signe que l’exaspéra-tion des couches populaires desgrandes villes du pays a atteint son pa-roxysme.

POPULARITÉ ÉRODÉE, GAUCHE DIVISÉELa monté de la contestation et l’exa-cerbation des tensions sociales au Bré-sil ne sont évidemment pas sansconséquences politiques. Ce qui de-vait servir de vitrine aux nombreusesréalisations entreprises sous les man-dats de Lula et Dilma Rousseff et as-seoir davantage la légitimité de leurmodèle socio-économique a finalementviré au cauchemar pour le Gouverne-ment et le Parti des Travailleurs (PT).A cinq mois de l’échéance électorale,la présidente-candidate n’est plus cré-ditée que de 37 % des intentions devotes alors qu’un an plus tôt, elle ca-racolait encore dans les sondages. Certes, ses chances de l’emporter de-meurent fortes. Mais, à l’évidence, sonParti ne sortira pas indemne de l’aven-ture… à moins qu’il ne change radica-lement de cap politique. Message nonentendu jusqu’à présent! De fait, téta-nisé par les événements, le PT n’aguère été prompt à réagir. Prisonnierdes logiques institutionnelles du pou-voir, il a préféré s’arc-bouter sur sesréussites et ses certitudes plutôt qued’entendre les revendications de la rue.Au risque de se couper davantage deses bases sociales et d’une nouvellegauche en gestation, qui ne se recon-nait pas - ou plus - dans le PT, ce der-

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nier n’a pas su donner une réponse ap-propriée aux nouvelles demandes so-ciales et politiques. Parfois, il a mêmedonné l’impression de ne pas lesavoir comprises, à l’instar d’une bonnepartie de la gauche sociale historique,divisée sur les événements, et incapa-ble de trouver un terrain d’entente etde convergence avec ces nouveauxacteurs de la contestation11. A l’heure où nous écrivons ces lignes,quelques jours avant le coup d’envoidu Mondial, la gauche brésilienne ap-parait plus que jamais morcelée et af-faiblie. Une situation qui, à plus longterme, risque de faire le jeu d’unedroite qui désespère de revenir au pou-voir. n

1. Conférence de presse, 25 avril 2014.2. COSTA DE SOUZA, G., Les penaltys du déve-

loppement… France-Amérique Latine Magazine,18, premier trimestre 2014, pp. 10-12.

3. LOUAULT, Fr., Brésil. La coupe est pleine. Alter-natives Internationales hors-série, 14, janvier2014, pp. 122-123.

4. LOUAULT, Fr., DELCOURT L., Brésil 2014, uneCoupe du monde contestée! Interview à parai-tre, 2014.

5. Rejeiçao a protestos é a maior desde junho, dizDatafola, Folha de Sao Paulo, 24 février 2014.

6. LOUAULT, Fr., op. cit. pp.122-123.7. Ibid.

Voir aussi: IHU, As implicações sociais da Copado Mundo. Entrevista com Roberto Morales, IHU-UNISINOS, 11 janvier 2012. En ligne:http://www.ihu.unisinos.br/entrevistas/505552-as-implicacoes-sociais-da-copa-do-mundo-entrevista-com-roberto-morales

8. Conférence de presse, Brasilia, 17 février2014.

9. LATTA, J., Platini recommande aux Brésiliensd’augmenter les doses d’opium, Le Monde,2014. En ligne: http://latta.blog.lemonde.fr/2014/04/28/platini-recommande-aux-bresiliens-daugmenter-les-doses-dopium/

10. ZIBECHI, R., Brasil: la olla de presión puede es-tallar. La jornada, 2 mai 2014.

11. LOUAULT, Fr., DELCOURT, L., op. cit. © R

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La JOC à unautre Mondial…PAR SLIM ESSAKER, JOC

C ette année, la JOC va participer au Mondial Antiraciste qui se dérouledans le nord de l'Italie, à Bologne. Ce rendez-vous international en està sa dix-huitième édition. Il y a plusieurs disciplines comme le volley-

ball ou le basket-ball, mais celle qui remporte le plus de succès est sansconteste le football. Avec pas moins de 8000 participants pour l'édition pré-cédente, avec des équipes venant d'Afrique, d'Europe et d'Asie, c'est l’évé-nement incontournable des personnes et des mouvements qui luttent contrele racisme et le fascisme.

Aujourd'hui, ces deux thématiques sont au cœur de l’action de la JOC. Plu-sieurs groupes, dans différentes fédérations, analysent et combattent ces idéesqui sont de plus en plus présentes dans nos sociétés. Le capitalisme et sescrises ne font que renforcer ces courants qui rejettent la faute sur l'autre (ce-lui qu'on ne connait pas ou qui est différent), ne proposent que des solutionsantisociales et antidémocratiques et nous imposent une gouvernance danslaquelle nous n'avons plus notre mot à dire.

Les jeunes de la JOC s'organisent et mènent un combat permanent contrele racisme et le fascisme. Nous sommes conscients qu'il est nécessaire deporter cette lutte au niveau international. On constate en effet au lendemaindes élections européennes une montée en puissance des forces d'extrêmedroite.

Ce Mondial Antiraciste se veut être un lieu international d'échange et d'orga-nisation autour de ces questions à travers le sport. C'est un événement noncompétitif: il n'y a rien à gagner; et la mixité dans les équipes est encoura-gée afin de lutter contre les idées sexistes, car là aussi, il y a des luttes àmener. Ce Mondial Antiraciste est donc aussi un lieu où s'organisent des confé-rences, des débats et des ateliers sur la thématique du racisme, ainsi quedes concerts et des moments festifs. Une quinzaine de jeune de la JOC y se-ront présents cette année, à travers leurs actions antiracistes/antifascisteset avec la participation de plusieurs équipes dans plusieurs disciplines. n

PLUS D’INFORMATIONS? WWW.MONDIALIANTIRAZZISTI.ORG OU SLIM ESSAKER, [email protected] OU 0493/18.85.92.

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Le sport: outil de plaidoyer et de sensibilisation aux droitsdes travailleursPAR DIEUDONNÉ WAMU OYATAMBWE,SOLIDARITÉ MONDIALE (WSM)1

A ujourd’hui, les grandes compé-titions sportives, organisées auniveau mondial et retransmises

simultanément dans l’ensemble despays de la planète, captent le regardde millions de spectateurs. Derrièreces grands spectacles et l’engouementpopulaire se cachent pourtant des im-pacts sociaux extrêmement négatifset préoccupants pour les populationset travailleurs locaux. Si un travail deplaidoyer politique est indispensablepour dénoncer ces dérives, nous es-timons parallèlement que le sportconstitue un excellent outil de sensi-bilisation, que ce soit par rapport auxrelations Nord-Sud en général, ouplus précisément sur la question desdroits des travailleurs. En effet, le sportsuscite un grand intérêt et véhicule unesérie de représentations positives(identification et sentiment d’apparte-nance collective au-delà des diffé-rences, mobilisation des jeunes, etc.).Il permet ainsi de toucher des publicsdiversifiés et de dépasser les barrièresculturelles ou générationnelles.

Dès lors, Solidarité mondiale (WSM) or-ganise régulièrement des activitéssportives qui rassemblent et mobili-sent, autour d’une cause, ses militantset sympathisants, afin de sensibiliseret d’attirer l’attention du grand publicsur une problématique. Dans ce cadre,nous veillons à attirer l’attention sur descas de dérives concrets (par exemple,sur les chantiers des événements spor-

tifs au Brésil ou au Qatar), car les dé-cideurs politiques sont alors plus sen-sibles. C’est également le meilleurmoyen pour mobiliser les médias et,par-là, relayer l’interpellation ou l’indi-gnation auprès du grand public.

LES DÉRIVES DU SPORT COMMETHÈME DE PLAIDOYER POLITIQUELe (non) respect des conditions de tra-vail décent dans l’organisation d’évé-nements sportifs mondiaux est devenuun enjeu majeur. Au Brésil, en vue dela Coupe du Monde de 2014, les chan-tiers ont été gigantesques et souventen retard de réalisation; les ouvriersont travaillé selon des horaires qui dé-passent les limites humainement ac-ceptables. Alors que les urgences so-ciales sont nombreuses, et même sile football est roi au Brésil, les habi-tants se demandent pourquoi tant dedépenses somptueuses pour un seulévénement. L’indignation des Brésiliensnous concerne aussi en raison des re-lations économiques que nous entre-tenons avec ce pays. Et nous pouvons,dès lors, agir à notre niveau.

Ainsi, le 1er avril 2014, à l’occasion dulancement de la campagne «Les mou-vements sociaux, ça bouge!», Solida-rité mondiale a organisé une grandeopération de sensibilisation sur lesconditions de travail des travailleursbrésiliens, en particulier dans les sec-teurs de la construction des stades etde la cueillette des oranges dont leBrésil est le premier exportateur versle marché européen: «Dans laconstruction des stades comme dansla cueillette des oranges, les travail-leurs brésiliens sont pressés commedes oranges!». Une affiche symbolisecette utilisation du sport pour attirer

l’attention sur les droits des travailleursbrésiliens; elle porte ce message:«Mondial 2014, la Belgique entière sou-tient les Diables! Combien serons-nouspour soutenir les travailleurs brési-liens?»

L’attribution de l’organisation de laCoupe du Monde de football de 2022au Qatar mobilise également les ac-teurs sociaux. Le Qatar, qui a déjà in-vesti 5 milliards de dollars, prévoit d’in-vestir encore 50 milliards supplé-mentaires durant les dix prochaines an-nées dans la construction et la moder-nisation de stades de football, ainsi quedans les infrastructures hôtelières. Cemégaprojet est conduit par des entre-prises locales en partenariat avec desinvestisseurs étrangers. Parmi ceux-ci, 70 entreprises belges (dont Barco,Besix, Desso, Veldeman, Alfacam),

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regroupées au sein du «Belgian SportsTechnology Club», lorgnent les contratsen jeu.

Au-delà de l’indignation qu’a suscitéela décision scandaleuse de la FIFA d’or-ganiser la compétition au Qatar, ce pe-tit pays du Golfe est sous le feu descritiques à propos de l’exploitation, surd’immenses chantiers lancés en pré-vision de ce Mondial, de plus de 2 mil-lions de travailleurs venant principale-ment du Népal et des Philippines. Denombreux articles dans la presse et té-moignages syndicaux parlent mêmed’esclavagisme moderne: conditionsde travail et de logement désas-treuses, salaires de misère, rétentionsde passeports, etc. On déplore déjàplus d’une quarantaine de décès suiteà des accidents de chantier!

Pour les défenseurs des droits des tra-vailleurs, il est inacceptable d’organi-ser un tel événement sportif dans unpays qui ne respecte pas les droits destravailleurs et où, en outre, la santé desfootballeurs est également en jeu enraison des températures très éle-vées (pouvant atteindre 50 degrés).

Avec des organisations syndicalespartenaires, Solidarité mondiale mo-bilise donc ses publics pour dénoncerles mauvaises conditions de travail etinterpeller les différents acteurs poli-tiques, économiques et sociaux, afinqu’ils veillent au respect des normesde travail internationales au Qatar. Lessyndicats, via la campagne internatio-nale «revote» de la CSI, estiment quece pays doit faire respecter les droitsfondamentaux des travailleurs, sansquoi la FIFA doit revoter et attribuer leMondial 2022 à un autre pays. Il y vade la santé et de la vie de milliers detravailleurs!

Malheureusement, le mardi 26 juin2013, le Sénat belge a ratifié un ac-cord d’investissement avec le Qatar,accord qui protège ses investisseurs,mais ne donne aucune garantieconvaincante du respect des droits destravailleurs: «On préfère donc fermerles yeux sur les conditions de travailcatastrophiques de millions de travail-

leurs migrants au nom du roi football»,s’indigne le monde syndical2.

Pour la Coalition belge pour le travaildécent, composée de syndicats etd’ONG, cet accord n’est pas accepta-ble. Elle a d’ailleurs adressé, le 9 avrildernier, un courrier au Ministre belgedes Affaires étrangères pour le dénon-cer et insister sur la nécessité de ga-rantir des conditions de travail dé-centes aux travailleurs migrants au Qa-tar. A cette occasion, la Coalition a éga-lement interpellé les entreprises(belges ou européennes) qui investis-sent dans ce pays.

DES ACTIVITÉS SPORTIVES POURSENSIBILISER ET MOBILISER…Malgré les nombreuses dérives dansle champ du sport et, particulièrement,dans le cadre de grands évènementssportifs mondiaux, nous pensons qu’ilconstitue un excellent moyen de ras-sembler, autour d’une cause, des mi-litants et des sympathisants et, pluslargement, de sensibiliser le grand pu-blic à cette cause.

C’est pourquoi Solidarité mondialeorganise régulièrement des activitéssportives qui permettent, outre ces ob-jectifs, de récolter des fonds en faveurdes partenaires du Sud. Ainsi, chaqueannée, une équipe de quelques cen-taines de coureurs participent aux 20kilomètres de Bruxelles pour soutenirun projet ou un partenaire du Sud. Dela même manière, une fois par an, lesFédérations régionales MOC et Solida-rité mondiale organisent le «Cyclo-So-lidaire», qui invite des groupes de sym-pathisants et des familles à découvrirune région par le biais de balades pé-destres et cyclistes. Une occasion deles sensibiliser aussi à des causes surlesquelles nous travaillons, dans laconvivialité. D’autres activités, plus oc-casionnelles ou spécifiques, naissentde la propre initiative des sympathi-sants; c’est le cas, par exemple, du«Running for solidarity», une activitésportive et solidaire initiée au retourd’un voyage d’immersion organisépar Solidarité mondiale en Bolivie.

Au-delà de la sensibilisation aux rela-tions Nord-Sud, nous pensons que desactivités sportives peuvent soutenir letravail de plaidoyer politique relatif auxdérives du sport et sensibiliser les ac-teurs de ce champ (supporters, clubs,etc.). Ainsi, dans le cadre de la Jour-

née mondiale du travail décent du7 octobre 2013, la Coalition belgepour un travail décent a organisé unmatch de football devant l’entrée dustade Roi Baudouin. Cette action visaità montrer que le sport est un élémentpositif et rassembleur de notre cultureet que nous refusons qu’il se fasse àl’encontre des travailleurs et de leur sé-curité, sans respect de leurs conditionsde travail et de leurs salaires. Princi-pales cibles de notre action: le Qataret la FIFA qui a attribué l’organisationdu Mondial 2022 à ce pays, mais aussiles Diables rouges, les supporters, lesinvestisseurs belges présents au Qa-tar. Les représentants de la Coalitionbelge ont également rendu visite auprésident de l’Union belge de footballqui a dit soutenir l’action. Il s’est, parailleurs, engagé à écrire à la FIFA eta appelé les Diables rouges à signerles tee-shirts «Don’t play with theworkers» («Ne jouez pas avec la viedes travailleurs») de la Coalition.

En conclusion, un travail de veille per-manente est nécessaire pour défendreles droits des travailleurs; et le sport,en fonction de l’intérêt qu’il suscite etdes enjeux qu’il brasse, reste un pré-cieux vecteur pour mobiliser les gensà soutenir cette cause. Derrière cesactivités sportives, Solidarité mondialemène donc, avant tout, un travail desensibilisation, de plaidoyer ou d’inter-pellation politique, et y trouve aussi unmoyen de récolte de fonds pour l’ap-pui financier à des partenaires du Sud.n

1. ONG du Mouvement ouvrier chrétien.2. Voir les Cartes blanches publiées dans Le Soir

(3 octobre 2013) et L’Echo (22 juin 2012).

EN ACTION: POUR LE RESPECTDES TRAVAILLEURS BRÉSILIENS,JE ME BOUGE!Dans la récolte des oranges commedans la construction des stades dela Coupe du Monde, les travailleursbrésiliens sont «pressés commedes oranges»!

Nous devons soutenir les mouve-ments sociaux brésiliens avec lamême vigueur qui a mené les Diablesau Mondial. Réclamez avec nous desconditions de travail décentes pourles cueilleurs d’oranges surwww.pressescommedesoranges.be!

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Le football féminin hors-jeu?REGARDS CROISÉS DEMAROUA SEBAHI (ASBL DÉCLIK)ET MAGALI VERDIER(VIE FÉMININE BRUXELLES)

Pour commencer, pourriez-vousvous présenter ainsi que la struc-ture dans laquelle vous vous im-pliquez?

Maroua Sebahi: Je m’appelle MarouaSebahi, je suis professeur d’éducationphysique et éducatrice bénévole àl’ASBL DéClik. J’ai 27 ans et je suis ma-man de deux petites filles. DéClik estune ASBL qui existe depuis 2005 eta toujours travaillé sur trois axes: lalutte contre le décrochage scolaire, lesoutien à la parentalité et l’aide aux dé-tenus. Dans ces trois axes, on essayede développer plusieurs projets, de fa-çon bénévole et en organisant nos pro-pres évènements pour récolter desfonds.Magali Verdier: Moi, c’est Magali Ver-dier, je suis responsable régionale deVie féminine Bruxelles. Vie féminine,c’est un mouvement féministe d’édu-cation permanente féministe qui dé-fend un projet de société solidaire etégalitaire.

Nous avons appris qu’un matchde football avait été organisé parVie Féminine Bruxelles dans lecadre de la Caravelle des Droitsdes Femmes1, en collaborationavec l’ASBL DéClik. Comment ceprojet est-il né et quel était sonobjectif?

MV: L’objectif du match de foot,c’était d’informer les habitant-e-s de

l’arrivée de la Caravelle des Droits desFemmes. Ce projet de Caravelle estinspiré directement du Maroc: quandil y a eu le changement du Code de lafamille, des mouvements citoyens defemmes ont circulé dans tout le Ma-roc avec une caravane pour en infor-mer les femmes. L’une d’elles, qui estvenue présenter la caravane à Vie fé-minine, m’a dit qu’elles avaient orga-nisé un match de foot pour annoncerleur arrivée dans un village. C’était unebonne idée car ça a permis d’impliquerles hommes et de rendre plus facilel’accueil de la caravane. Quand j’aiparlé de ça à la personne responsa-ble de la cohésion sociale de Saint-Gilles, elle m’a conseillé de contacterl’association DéClik qui a mis enplace une équipe féminine de footballen salle à Saint-Gilles. L’idée est venuecomme ça…

Comment cette équipe est-ellenée au sein de l’ASBL DéClik etcomment ça se passe pour elle?

MS: Elle a été mise en place, il y adeux ans, par des filles de l’ASBL:toutes du quartier, on avait l’habitudede jouer sur la place Bethléem mais,en grandissant, on ne voulait plus jouerà l’extérieur où les garçons sont là etnous regardent. Alors, on s’est tour-née vers DéClik, et Samira, la Prési-dente, nous a donné le feu vert: on estdevenues championnes du Brabant, ona joué la Coupe de Belgique et on estarrivées finalistes dans un tournoi in-ternational à Nantes. Ce sont lescoupes que tu vois là! Et notre logo,avec le drapeau belge, le drapeau ma-rocain et le sigle de FC DéClik, on l’afait nous-mêmes… La salle de la ruede Russie à Saint-Gilles nous donnait

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juste une heure pour jouer le champion-nat mais pas d’heures d’entraine-ment. Et donc, de temps en temps, onallait louer une salle à l’ADEPS pours’entrainer. Après deux ans, certainesont porté le voile, d’autres ont été en-ceintes et notre équipe s’est un petitpeu éparpillée. Pour garder notre li-cence à la Ligue, une équipe mascu-line de DéClik occupe notre heure, d’icià ce que les plus petites, qu’on a dé-cidé d’entrainer, reprennent FC DéClikdans un an ou deux.

Comment est-ce que vous faitespour informer et toucher les plusjeunes?

MS: C’est vraiment du bouche àoreille et il y a aussi le compte Face-book de DéClik sur lequel on a an-noncé la formation d’une équipe fémi-nine. Les filles, elles viennent au fur età mesure, et puis ça leur plait et ellesrestent… On sent qu’elles sont en de-mande. Là, elles sont treize à venirs’entrainer tous les samedis. C’est undéfouloir et, en même temps, on ri-gole…MV: Lors des entrainements pour lematch FC DéClik/Vie FéminineBruxelles, les joueuses de DéClikétaient nombreuses mais beaucoupmoins lors du match qui avait lieu à l’ex-térieur… Je crois que c’est parce quec’est plus compliqué d’aller dehors…

C’est interpellant, pourquoi est-ceque les filles ne sont pas venueslors du match à l’extérieur alorsqu’elles étaient motivées au dé-part?

MS: Au début, elles étaient engouéesparce qu’elles allaient enfin avoir ac-cès au terrain extérieur. Habituelle-ment, ce sont les garçons qui sont làet on ne veut pas jouer devant eux nirisquer des moqueries si on n’arrivepas à bloquer la balle. Quand on leura proposé ce projet, elles étaient à lasalle, rue de Russie, dans un contexteoù elles se sentent épanouies et ellesse sont dit pourquoi pas. Mais le jourdu match, on a reçu des désistements.Parce que le terrain était rempli, quetous les garçons du quartier étaient là,

les filles ont été gênées et n’ont pasosé venir. Celles qui sont venues, ellesse sont battues et DéClik a gagnéquand même!

Ça montre tout l’enjeu pour lesfilles d’avoir une salle. Mais çapose aussi la question desfemmes dans l’espace public. Etde comment elles peuvent dépas-ser cette difficulté si elles sou-haitent jouer à l’extérieur…

MS: Oui, ça montre tout l’enjeu d’avoirune salle. Mais ça va être compliquéde dépasser la difficulté d’aller dehors.Ça reste un terrain de foot où il y a,tous les jours, les garçons. Si tu viensavec trois ou quatre filles, ils vont peut-être te dire de venir jouer avec euxmais ils ne vont jamais te laisser l’es-pace…MV: Sauf si tu y vas chaque semaineet qu’il y a une espèce de régularitéqui s’installe. A un moment donné, lesgars vont devoir s’y habituer! Mais ilne faut pas seulement des gens d’ici:par exemple, Malin, une joueuse del’équipe de Vie Féminine, n’a pas de re-lation avec les garçons; elle ne lesconnait pas et donc, c’est plus facile…A un moment donné, on avait proposéde jouer Place Morrichar, un lieupeut-être plus facile où les hommessont moins présents.

MS: Les filles de DéClik qui sont quandmême venues jouer le match, ellesavaient peur des critiques… mais tuas vu comme les garçons les ont en-couragées? Elles étaient super fières…et les garçons aussi!MV: Oui, ça change le rapport habituel!Et c’est intéressant parce que, pourcelles qui ont osé venir, même si ellessont venues en pantalon, ça a permisquelque chose… Ce serait bien de re-jouer un match d’ici quelques temps…D’ailleurs, Vie Féminine a perdu 2-6 etest en demande d’une revanche!MS: Pas de problème, on accepte ledéfi! Mais on préfère jouer à l’inté-rieur…

Au-delà de cette question inté-rieur/extérieur, est-ce que fairedu sport ensemble, ça donne l’oc-casion de créer une confiance etde discuter de difficultés qu’ellesrencontrent?

MS: Quand tu as une équipe, il y a unesprit d’équipe qui entre en jeu et tues obligée de faire confiance à tajoueuse qui est derrière et ainsi desuite. La confiance qui se crée sur leterrain, elle se crée aussi après,dans le vestiaire. Après tu discutes,l’une va te parler de ses relationsamoureuses, l’autre de ses parents,etc. Mais moi, ce qui me frappait sur-tout, c’était qu’on se disait que les gar-çons ont quand même plus de chanceque nous: ils peuvent pratiquer le foot-ball n’importe où, ont plus facilementdes heures de salle, etc. alors que,nous, on doit se battre pour cela! C’estun sujet qui revenait souvent…

Vous deviez vous battre pouravoir accès à la salle de votrequartier, celle de la rue de Rus-sie?

MS: C’est vrai qu’il y a trop de de-mandes et pas assez de places…Mais il n’y a que des équipes mascu-lines! On était la seule équipe féminineen Championnat. Et ce qui nous met-tait en rage, quand on allait dans lesConseils communaux, c’est qu’ilsnous disaient «place aux filles» et puisqu’après, ils revenaient en arrière etne nous donnaient pas d’heures desalle (en dehors de celle obligatoirepour toutes les équipes inscrites à laLigue). Et puis, on se rendait comptequ’à DéClik, on avait une heure pourjouer nos matchs alors qu’à la Cité ou

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au CIFA, ils en avaient cinq ou six. Enfait, le centre sportif de la rue de Rus-sie est communal et donc, en principe,la priorité est donnée aux Saint-Gillois.Mais ce qu’on a constaté, c’est quenous qui habitions quasiment toutes àSaint-Gilles, notre demande était refu-sée par le Collège communal alors quecertains clubs qui n’avaient qu’un seuljoueur Saint-Gillois, étaient acceptés.Ce n’est pas normal, c’est de la dis-crimination! Il faut qu’il y ait de la trans-parence dans la sélection des clubs.

Face à cette inégalité, avez-vousmené des actions?

MS: On a invité l’Echevine des Sports,une femme, à DéClik. On lui a montréce qu’on faisait, les Coupes qu’on ga-gnait. Elle nous a dit qu’elle allait fairequelque chose et, finalement, il n’y arien eu de concret. Quand on a de-mandé à la Commune de mettre un au-tocar à notre disposition pour allerjouer un tournoi international à Nantes,ce qui était une manière de nous va-loriser et nous motiver, on n’a mêmepas eu de réponse!

J’ai lu une statistique selon la-quelle seulement 30% desfemmes de plus de 15 ans ontune activité sportive contre 75%des hommes. D’après vous,qu’est-ce qui empêche lesfemmes d’avoir accès à la pra-tique sportive?

MV: Je pense qu’il y a, d’abord, laquestion du temps des femmes. Trèstôt dans leur vie, les femmes commen-cent à assumer plusieurs rôles: ellessont mères, travailleuses, etc. Parfois,elles élèvent seules leurs enfants ou,quand il y a deux parents dans la fa-

mille, ce rôle n’est pas partagé équi-tablement. Un deuxième élément estd’ordre culturel. Quand tu es unefemme, on ne t’apprend pas à prendredu temps pour toi. Et, dans lesimages véhiculées par la publicité, desfilles qui font du football, tu n’en voispas! Déjà à l’école, dans la cour de ré-création, tu peux voir les petits gar-çons qui occupent l’espace avec le bal-lon et les petites filles qui sont sur lamarelle à côté! Et il n’y a aucune pé-dagogie proactive pour encourager lesfilles. Ça commence donc dès l’en-fance et quelle que soit la culture. Parailleurs, s’il n’y a pas de conscientisa-tion sur la question du genre dans lescommunes, peu importe qui est l’éche-vin des sports, ça ne va pas être unepriorité. Ça va être «normal» que cesoit les jeunes garçons qui jouent plusau football. Quand tu interpelles lessalles de sport sur le fait que le calen-drier est quasi exclusivement mascu-lin, on te répond que c’est parce qu’ily a plus d’hommes. C’est vrai qu’ob-jectivement, il y a plus d’hommes, lesstatistiques le confirment. Mais que si-gnifie faire une politique publique quiva soutenir la pratique sportive chezles femmes? C’est de faire de la dis-crimination positive. A partir du constatque les femmes sont en inégalité parrapport à la pratique sportive, on valeur donner, comparativement aunombre qu’elles sont, plus de moyens.Pour moi, les filles de DéClik de-vraient avoir 10h pour rattraper toutesles heures qu’elles auraient pu joueret qu’elles n’ont pas joué! Mais cultu-rellement, ce n’est pas ancré. MS: Au bout d’un moment, quand tuvois que plusieurs portes se ferment,que tu dois, chaque fois, te battre pourpouvoir jouer, à la fin, il n’y a plus deplaisir et tu es découragée.

Et qu’est-ce qui fait que tu conti-nues, toi, Maroua?

MS: Je me bats pour les plus jeunes,pour nos petites sœurs qui ont enviede faire du foot. Pour nous, c’est troptard, on s’est laissé faire et on n’a plusnotre équipe… A force de mener descombats, je me rends compte quec’est plus facile de parler pour les au-tres que pour soi-même. Si les petitesme disent qu’elles veulent faire du foot,je vais directement à la Commune etje leur dis: «Voilà, elles sont là!».C’est nécessaire d’avoir des gens der-rière…

C’est une belle perspective pourl’avenir, est-ce qu’il y en a d’au-tres?

MS: A DéClik, on prône l’égalité gar-çons-filles. Nos garçons et nos fillesjouent ensemble au football, pourque les garçons voient qu’il y a desfilles qui jouent au foot. Et quand onpart en voyage avec DéClik, on essaied’avoir le même nombre de filles quede garçons et on les encourage à êtreensemble…MV: Il y a beaucoup de travail car çarégresse! Il y a des combats trèsconcrets comme la volonté de DéClikd’obtenir des heures de salle, quenous, en tant que Mouvement, on peutsoutenir. On est aussi impliquéesdans des démarches collectives et vi-sant à faire connaitre le point de vued’un groupe. On pourrait donc partici-per à une émission de radio autour decela, rédiger des articles, etc. bref,contribuer à rendre cette parole pu-blique. Enfin, on a aussi une expériencepolitique qu’on peut mettre au servicede groupes de femmes, et, avec uncombat concret comme celui-là, ce quiest positif, c’est qu’il a des chancesd’aboutir et donc de faire bouger unpetit peu les choses! n

1. La Caravelle des Droits des Femmes est un ou-til de sensibilisation aux droits des femmes, par-tant du principe qu’elles sont les principales ac-trices et expertes de leur propre situation. En2013 et 2014, cette Caravelle itinérante est par-tie à la rencontre des femmes de Wallonie et deBruxelles et a mené un vaste travail d’informa-tion, de mobilisation et de renforcement desfemmes autour de leurs droits.©

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financiers, physiques et culturels quipeuvent rendre problématique voire im-possible l’accès à toute pratique spor-tive, et contribuer ainsi au phénomènede sédentarisation, voire de repli sursoi, de la société actuelle. Le joggingest probablement une des pratiquessportives les plus adaptées pourcontourner cet obstacle. En effet, cettediscipline est facile d’accès (on peutla pratiquer presque partout, sans pré-requis…), a un faible cout, nécessitepeu d’équipement et offre la possibi-lité de pratiquer seul ou en groupe. En outre, la souplesse du programmeJCPMF, qui propose plusieurs for-mules adaptées aux besoins et capa-cités des participants (courir 5, 10, 15ou 20 kilomètres), contribue à laréussite du projet. Beaucoup de scep-tiques quant à leurs capacités d’y ar-river… y sont arrivés! Les chiffres ac-tuels sur les activités menées révèlentl’engouement pour le programme5, lasatisfaction des participants6 maisaussi la diversité du public. Pour un âgemoyen de 41 ans, c’est une personnede 69 ans qui détient le «trophée» duplus valeureux sportif contre 4 cou-reuses âgées de 13 ans qui ouvrentla pyramide des âges. En outre,quand on sait que seulement 30% desfemmes pratiquent régulièrement unsport, on peut interpréter la pré-sence majoritaire de femmes (81%)comme un signe positif d’accessibilitédes activités proposées.

LA COURSE À PIED: GÉNÉRATRICEDE LIENS SOCIAUX?Plusieurs témoignages soutiennentque le coach, le lieu (proche du domi-cile des participants) et surtout legroupe concourent largement au suc-cès du programme. Dès la première

Je cours pour ma forme: un programme qui renforce la santé et crée du lien!PAR BENJAMIN SOTTIAUX, ASBL PROMUSPORT

O n le sait, bouger, c’est bonpour la santé. On nous le ré-pète souvent: pratiquer une ac-

tivité physique améliore le sommeil,aide dans la gestion du stress, ren-force l’endurance et le souffle. Lesnombreuses recherches et étudesqui se penchent sur le sport révèlentles bienfaits de l’activité physique surla santé, sur le corps et sa physiolo-gie. Mais pas seulement. Nombred’entre elles mettent également enavant les vertus du sport comme ou-til social, que ce soit en termes de «re-liance», d’intégration, de solidarités en-tre pairs, de gestion de la violence. Le

sport représente «une activité hu-maine qui repose sur des valeurs so-ciales, éducatives et culturelles essen-tielles»1. Il est théoriquement un «fac-teur d’insertion, de participation à lavie sociale, de tolérance, d’accepta-tion des différences et de respect desrègles»2.La récente initiative «Je cours pour maforme»3 (JCPMF) proposée par l’ASBLPromusport4 allie ces propriétés dusport en proposant un programme deremise en condition physique par lacourse à pied. L’objectif initial duprojet est d’atteindre des personnesqui ne pratiquent pas ou plus desport et de leur permettre de (re)met-tre le pied à l’étrier.

LA COURSE: UN BON POINT DE DÉPARTL’implication dans un sport peut com-porter un certain nombre de freins

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Analyse

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l’effort, sanctionné notamment par laremise d’un diplôme de fin des ses-sions JCPMF constitue égalementune dimension importante du projet àlaquelle sont fortement attachésl’équipe Promusport ainsi que lescoaches. Cette étape n’est absolumentpas anodine. Elle permet une recon-naissance officielle du groupe, deson vécu et du défi qu’il a réalisé col-lectivement. En témoignent les nom-breuses pages de réseaux sociaux quilaissent apparaitre de nombreuxgroupes arborant leurs diplômes,très honorés et fiers d’être reconnusdans leurs efforts.L’objectif de Promusport est que lesgens s’inscrivent de façon durabledans une activité physique et onconstate qu’en effet, quand les ses-sions touchent à leur fin, de nombreuxparticipants continuent à se fixer ren-dez-vous pour aller courir ensemble,ce qui constitue également un indica-teur de la réussite du projet.

UNE MARÉE DE COUREURS AUXABORDS DE L’EAU D’HEURELe 22 juin prochain, ce sont 700 par-ticipants (répartis sur les différentescommunes de notre territoire du Hai-naut oriental et de la Province de Na-mur) qui sont invités à prendre le dé-part des 5 ou 10 kilomètres qui mar-quent l’aboutissement de leur cycle decourse à pied. Déjà maintenant, les en-traineurs nous font parvenir l’enthou-siasme de tous de participer à cettejournée. Tous veulent prendre le départ«de la course» et ensuite partager unverre et un grand barbecue (sur desnappes de pique-nique et sous les pa-rasols) avec leurs coéquipiers. Lacontrainte de départ s’est muée en unmoment d’activité physique convi-vial… et beaucoup en sont même de-venus «accros»! n

POUR OBTENIR PLUS D’INFORMATIONS SUR LES

ACTIVITÉS ET LES SESSIONS JCPMF ORGANISÉES

PAR PROMUSPORT, RENDEZ-VOUS SUR: WWW.PROMUSPORT.BE

LES AMATEURS DE COURSES À PIED SOUHAITANT

COURIR SANS ESPRIT DE COMPÉTITION SONT LES

BIENVENUS LORS DE L’ÉVÈNEMENT DU 22 JUIN

PROCHAIN (ATTENTION, INSCRIPTIONS OBLIGA-TOIRES!)POUR CONTACTER PROMUSPORT:ASBL PROMUSPORT - PARTENAIRE SPORT &SANTÉ DE LA MUTUALITÉ CHRÉTIENNE DU HAI-NAUT ORIENTAL - RUE DU DOUAIRE, 406150 ANDERLUES - TÉL.: 071/[email protected]

séance, un groupe se forme, de nou-velles personnes se rencontrent autourd’un objectif commun et de nouvellesamitiés naissent. Ce qui apparaissaita priori comme une contrainte se trans-forme petit à petit en réel plaisir, dansune ambiance conviviale.Tout en courant dans leur village ouleur quartier, les participants se par-lent et apprennent à se connaitre.Aussi, ils se motivent et s’assistentdans l’effort. Ils se retrouvent chaquesemaine à un jour fixe pour suivre unentrainement collectif avec le coachmais se rencontrent également en de-hors du programme pour effectuer lesautres séances dites «libres». Courirà plusieurs est plus agréable et plusmotivant que seul.Comme le met en évidence une étudede la Fondation Roi Baudouin7, l’inté-gration sociale au niveau local est sou-tenue par le sport, le jeu et l’activitéphysique. L’expérience que nousavons menée montre à quel point lesoutien mutuel entre participants estun facteur et une condition sine quanon de cet effet intégrateur du sport.Notre choix de mettre l’accent davan-tage sur la participation et l’amusementque sur la compétition et l’exploit spor-tif encourage à la convivialité et à lacréation croissante de liens sociaux.A titre d’exemple, nous n’avons jamaisconnu un groupe JCPMF dans lequelun participant se retrouve largué seul,en bout de course. Régulièrement, lespremiers viennent rechercher les der-niers. Ainsi, les moins rapides sesentent soutenus dans l’effort. Enoutre, la cohésion du groupe favoriseles échanges entre les membres dontles conversations évoluent au coursdes activités en passant du simplecontact courtois à la prise de connais-sance pour ensuite aboutir à un véri-table partage personnel d’expériences.

APRÈS L’EFFORT, LE RÉCONFORT!La mise en place de moments convi-viaux et de reconnaissance après

1. Définition du Conseil européen de Nice, citéedans: CLOES, M., VANDERMEULEN, M., Sportet société. Vers une action de la Fondation RoiBaudoin. Rapport définitif. Document non publié,Université de Liège, 2007.

2. Ibib.3. Le programme «Je cours pour ma forme» est

organisé sous forme de cycles de différents ni-veaux (1, 2, 3 ou 4 en fonction du nombre dekilomètres à atteindre: 5, 10, 15 ou 20). Un cy-cle dure 12 semaines, chacune étant ponctuéepar 3 séances dont une, au minimum, est en-cadrée par un coach formé, les deux autresétant exécutées librement par le participant (ensuivant le programme donné par le coach).

4. Partenaire sport & santé de la Mutualité chré-tienne du Hainaut oriental, l’ASBL Promusportvise à favoriser le bien-être et le maintien enbonne santé par l’activité physique. Elle proposedurant toute l’année aux enfants, aux parents,aux familles… différentes activités sportives:stages sportifs pendant les vacances scolaires,programmes de randonnées, clubs sportifs, jog-ging et (ré)apprentissage de la course à pied…

5. Depuis 6 mois, ce sont ainsi près de 450 per-sonnes qui ont pris part aux deux programmesproposés par Promusport et au terme desquelsils étaient capables de courir 5 ou 10 kilomè-tres.

6. 94% des participants aux précédentes sessionsorganisées par la Mutualité chrétienne de la Pro-vince de Namur étaient entièrement satisfaitsdu programme et de son déroulement sur 12semaines.

7. VINCKE, J., CLOES, M., Développer les liens, amé-liorer l’accès. Une exploration de l’impact socialdu sport. Fondation Roi Baudouin, 2007.

POUR EN SAVOIR PLUS:• BAGES, L., SPORT: OÙ SONT LES FEMMES?

AXELLE, 158, 2013, PP. 23-28.• BOURDIEU, P., QUESTION DE SOCIOLOGIE.

PARIS, EDITIONS DE MINUIT, 1980.• CLOES, M., VANDERMEULEN, M.,

SPORT ET SOCIÉTÉ. VERS UNE ACTION DE LA

FONDATION ROI BAUDOIN. RAPPORT DÉFINITIF.DOCUMENT NON PUBLIÉ, UNIVERSITÉ DE

LIÈGE, 2007.• ELIAS, N., DUNNING, E., SPORT ET CIVI-

LISATION: LA VIOLENCE MAITRISÉE. PARIS,FAYARD, 1984.

• LOUAULT, F., BRÉSIL: LA COUPE EST PLEINE.ALTERNATIVES INTERNATIONALES HORS-SÉRIE,14, 2014. EN LIGNE: HTTP://WWW.ALTER

NATIVES-INTERNATIONALES.FR/BRESIL-LA-COUPE-EST-PLEINE_FR_ART_1269_66691.HTML

• NAJAM, A., LA PRATIQUE DE LA NATATION PAR

LES FEMMES MAGHRÉBINES: MOTIVATIONS ET

FREINS. MÉMOIRE, INSTITUT SUPÉRIEUR DE CUL-TURE OUVRIÈRE, BRUXELLES, 2008.

• PEUT-ON AIMER LE FOOTBALL? MOUVEMENT DES

IDÉES ET DES LUTTES, 78, 2014. • SPORTIVES, JEUX ET ENJEUX. CHRONIQUE FÉ-

MINISTE, 112, 2013.• FOOTBALL ET PASSIONS POLITIQUES. MANIÈ RE

DE VOIR, 39, 1998.• SPORT-BUSINESS: L’ENVERS DU JEU. IMAGI NE,

12, 1999.

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Mouvement en campagne

E xilés d’un pays en guerre enproie à une grave crise huma-nitaire, les Afghans, auxquels la

Belgique refusait l’asile, ont réussi, en-semble, à sortir leur sort du silence età faire entendre leur voix. Une mobi-lisation exemplaire, qui restera dansles mémoires, et, sans doute, en ins-pirera d’autres. Avec «We want Jus-tice» pour slogan, la marche commemode d’action, la persévérance etl’union comme moteurs, les Afghansauront fait parler d’eux en Belgiqueces derniers mois. Il y a moins d’un an encore, près dela moitié (47%) des Afghans qui deman-daient l’asile en Belgique se voyaientrefuser la protection, les instancesd’asile estimant tantôt que leur récitmanquait de cohérence et de crédibi-lité, tantôt que leur région de prove-nance était suffisamment sécurisée.Une fois déboutés, ils étaient incitésà retourner «volontairement», et, pourcertains, détenus puis expulsés versl’Afghanistan. La situation sur place est pourtant ju-gée grave par la Communauté Inter-nationale. L’Afghanistan est enlisédans une guerre depuis plus de trenteans. L’insécurité persiste en de nom-breuses régions et on peut parler d’in-stabilité pour l’ensemble du territoire,en raison du caractère mouvant de laviolence et des nombreuses atteintesaux droits fondamentaux recensées.D’après le Haut-Commissariat desNations Unies pour les Réfugiés (HCR),la majorité de la population est en proie

à des violations de ses droits fonda-mentaux. La situation humanitaireest, en outre, catastrophique, reléguantle pays à la 175e place sur 186 entermes de développement humain.Même les autorités afghanes ont de-mandé à l’Etat Belge de ne pas ren-voyer de force leurs ressortissants,s’estimant incapables d’assurer leur sé-curité et de répondre à leurs besoinsélémentaires.

UNE MOBILISATIONÀ TOUTE ÉPREUVE…Les associations de défense desétrangers ont, à plusieurs reprises, re-vendiqué davantage de souplessedans l’examen des demandes d’asiled’Afghans et des risques liés au retour.Mais le contexte politique était cade-nassé: un agenda de crise avec desélections à l’horizon, une secrétaired’Etat rigide et imperturbable, dans unclimat social propice aux replis iden-titaires et peu favorable à l’accueil despopulations migrantes.Pourtant, contre toute attente, les Af-ghans vont parvenir à se frayer un che-min dans ce climat hostile! Fin de l’étédernier, environs 450 hommes,femmes et (familles avec) enfants, dé-boutés de l’asile, se sont rassemblésautour de revendications communes:ne pas être renvoyés en Afghanistan,voir enfin reconnu leur besoin de pro-tection et pouvoir jouir d’un droit de sé-jour en Belgique. Le collectif des Afghans est allé expri-mer ses demandes dans l’espacepublic, en marchant à travers Bruxelleset en se rassemblant devant dessièges de partis, de ministres, de par-lements. Prix à payer: de nombreusesarrestations et détentions en centrefermé, dont certaines se sont soldées

Le combat des Afghans:retour sur une mobilisation citoyenneporteuse d’espoir!

PAR JESSICA BLOMMAERT

ET DAMIENNE MARTIN, CIRE1

par des expulsions vers l’Afghanistan.Au lendemain même de la manifesta-tion du 26 septembre 2013, qui s’estclose par une forte répression et 60arrestations administratives, le collec-tif s’est fait expulser du bâtimentvide qu’il occupait à la rue du Trône (an-cien centre d’accueil du Samu social). Les Afghans ont ensuite trouvé refugeen différents lieux inhabités deBruxelles, dont ils se sont fait expul-ser successivement, pour finalementatterrir à l’Eglise du Béguinage, refugehistorique des plus démunis, qui a déjàaccueilli et soutenu de nombreux col-lectifs de migrants sans papiers dansleur combat pour la dignité. Ces longs mois de lutte et d’occupa-tion «politique» ont été ponctués derassemblements - tantôt graves tan-tôt plus festifs, de rencontres avec lesdifférents niveaux de pouvoir belge,d’appels à mobilisation de la sociétécivile et de déclarations médiatiques,afin de se faire entendre du Gouverne-ment et de l’opinion publique. A l’ap-proche de Noël, ils ont mené unelongue marche vers Mons, fief du Pre-mier Ministre Elio Di Rupo. Puis, uneautre vers Gand, en janvier 2014, à larencontre d’une population flamandedécrite comme insensible à leur com-bat et réticente à l’immigration, qui apourtant fait preuve d’une grande ou-verture et d’un sens de l’accueil sanségal. Et ce, en écho à la célèbreMarche contre le racisme qui a tra-versé la France dans les années1970. Le collectif des Afghans est ainsi, peuà peu, parvenu à sensibiliser l’opinionpublique et à gagner l’appui d’unnombre grandissant de citoyens. S’or-ganisant en Comité de soutien, ils ontapporté leur aide tantôt dans les as-

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pects pratiques de l’occupation, tan-tôt dans les actions plus politiques. Dif-férents rassemblements, fêtes, expo-sitions, échanges ont été organisés,toujours en étroit partenariat avec lecollectif des Afghans. Les mondes associatif et syndical, duNord et du Sud du pays, se sont ras-semblés en plate-forme pour soutenirles revendications du collectif, dénon-cer les dysfonctionnements dansl’examen des demandes d’asile af-ghanes et plaider ouvertement en fa-veur d’un moratoire sur les expulsionsdans l’attente que la situation se sta-bilise en Afghanistan: pétition, auditionà la Chambre, rencontre de la secré-taire d’Etat, cartes blanches, ras-semblements, ont été à l’agenda decette plate-forme solidaire.

PETIT À PETIT, DES LIGNESPOLITIQUES BOUGENT!À plusieurs moments, le politique a faitmine de bouger en réaction au mou-vement, comme lorsque divers repré-sentants de partis se sont prononcésen faveur des revendications du col-lectif, ou encore lorsque le Premier Mi-nistre a accepté de recevoir une dé-légation. Mais pour se rétracter en-suite, derrière la secrétaire d’Etat àl’Asile et la Migration, Maggie deBlock, qui, jusqu’à aujourd’hui, a tou-jours refusé de suspendre les expul-sions vers ce pays, s’appuyant sur sonprincipe «la loi, c’est la loi» et sur l’idéed’une «politique ferme et humaine».Seule timide ouverture du Gouverne-ment, à la veille de Noël: l’invitation faiteaux Afghans de réintroduire des de-mandes d’asile. Ce sera chose faite,par près de l’ensemble des per-sonnes concernées, dès le début del’année 2014.Parallèlement à cette mobilisation si-gnificative, un accroissement de la vio-lence s’est observé en Afghanistan:élargissement des zones «dange-

reuses», multiplication des attaquesarmées, nombre croissant de mortset généralisation de certaines violationsdes droits. Des constats que lesélections de début avril n’ont faitqu’aggraver, tout comme la perspec-tive du retrait des troupes de l’OTANdans le courant de l’année.Face à cette évolution, Maggie deBlock est restée intraitable puisque, en-core aujourd’hui, elle ordonne l’expul-sion des quelques Afghans détenus encentre fermé. Les instances d’asile se sont mon-trées, elles, un peu plus clémentes:pour les trois premiers mois de cetteannée, 80% des décisions finalesprises à l’égard d’Afghans ont été po-sitives. Cela représente 30% de plusque fin de l’année dernière et inclut despersonnes qui, auparavant, avaient étédéboutées. De plus, il n’y a plus d’arrestations d’Af-ghans depuis plusieurs mois. Certainsont été libérés de centre fermé, dontl’un même avec le statut de réfugié,alors que sa demande avait été,jusque-là, refusée. Ces constats indi-quent une réelle évolution quant à l’éva-luation du besoin de protection des Af-ghans, mais interrogent quant à ce qu’ilserait arrivé si les personnes enfin re-connues avaient été renvoyées et à cequ’il advient de celles qui l’ont effec-tivement été. Bref, petit à petit et en toute discré-tion, les lignes politiques ont bougé.Une victoire de la lutte collective? Cer-tainement! Partielle, seulement. En ef-fet, des Afghans se voient encore - oucraignent bientôt de se voir - refuserune protection et risquent de se fairerenvoyer vers leur pays. Fin avril en-core, les deux derniers Afghans déte-nus (en centre fermé) recevaient leurbillet d’avion pour Kaboul, au motifqu’ils pouvaient s’y installer sans dif-ficulté même s’ils n’en sont pas origi-naires et malgré l’insécurité et la situa-tion humanitaire qui y règnent. La lutten’est donc pas terminée. Pour ceux etcelles qui restent exclus de l’asile. Pourceux qui ont été renvoyés entre-temps ou risquent de l’être. Pourceux qui sont encore sur les routes del’exil et s’apprêtent à venir demanderprotection en Belgique.

UN COMBAT PORTEUR D’ESPOIR…La cause des Afghans s’est faite plusdiscrète ces derniers mois, en l’attented’un bilan plus global des demandesréintroduites début d’année et en rai-

son du focus médiatique sur les élec-tions à venir. Mais les revendicationscommunes restent de mise, tant ducôté du collectif des Afghans - recon-nus comme déboutés - que des ci-toyens mobilisés, des syndicats et desassociations qui restent vigilants quantà l’examen des demandes d’asile etaux mesures d’expulsion, et continuentd’interpeller les instances comme lemonde politique.Après une phase marquée par une oc-cupation collective et des manifesta-tions, la mobilisation pour la cause desAfghans s’invente de nouvelles formes.Elle se poursuivra tant que l’ensembledes Afghans présents en Belgique neseront pas protégés d’une expulsionvers leur pays en guerre et ne jouirontpas d’un vrai droit de séjour, assurentles différents acteurs.Au-delà de ses hauts et bas, de ses dé-faites et victoires, l’expérience resteragravée dans les mémoires, car elle apermis de rendre visible la situationtrès précaire de nombreux Afghans enBelgique. À force d’unité, de persévé-rance et de dignité, cette mobilisationa réussi à toucher une opinion publiquepourtant de moins en moins sensibleaux défis des populations migrantes.Enfin, elle est parvenue à rassemblerdes acteurs très variés, du Nord et duSud du pays, autour d’un message so-lidaire commun. Cet élan de solidaritétout azimut a réellement cimenté lalutte menée. C’est sans doute ce pouvoir de mobi-lisation et de sensibilisation qui a faittrembler les positions des responsa-bles politiques et amené les instancesd’asile à élargir leur champ de protec-tion des personnes originaires d’Afgha-nistan. Une expérience qui inspire confianceen la capacité de la société civile às’élever contre l’injuste, et espoirquant au sens et au potentiel de l’ac-tion collective. n

1. Le CIRE, Coordination et Initiatives pour Réfu-giés et Etrangers, est une structure de coordi-nation pluraliste réunissant 24 associations di-versifiées (services sociaux d’aide aux deman-deurs d’asile, organisations syndicales, servicesd’éducation permanente…) dont le MOC, la CSCet les Equipes Populaires; son objectif est deréfléchir et d’agir de façon concertée sur desquestions liées à la problématique des deman-deurs d’asile, des réfugiés et des étrangers.

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L e 28 avril dernier, le RWADE aorganisé une matinée de débatpréélectoral afin d’interpeller

les partis politiques par rapport à sonmémorandum et de les inviter à yêtre attentifs lors de la législature àvenir. Au fil des années, le RWADE a,en effet, construit une série de reven-dications politiques visant à garantiret concrétiser un droit d’accès àl’énergie pour tous. Dans cet article,nous en passons trois en revue etexaminons les positions des diffé-rents partis présents: CdH, PS,Ecolo, MR et PTB.

LA SUPPRESSION DES COMPTEURSÀ BUDGETEn Wallonie, les pouvoirs publics ontchoisi le compteur à budget commepierre angulaire de la procédure de dé-

Colloque du RWADE1: Faire du droit à l’énergie un enjeu central de la prochaine législature!

PAR AURÉLIE CIUTI, COORDINATRICE DU RWADE

faut de paiement des factures de gazet d’électricité. Ce compteur, placéchez les ménages qui ont contractéune dette envers leur fournisseur,fonctionne avec un système de pré-paiement: si le ménage n’a pas d’ar-gent en temps et en heure pour rechar-ger son compteur, il n’a plus d’accèsà l’énergie jusqu’au prochain recharge-ment. Ce mécanisme, qui menace les mé-nages d’auto-coupures ou d’autopriva-tion, conditionne donc l’accès à l’éner-gie des ménages à leurs seuls moyensfinanciers. De plus, lorsque le Gestion-naire de réseaux de distribution (GRD)ne parvient pas à placer le compteurà budget, les ménages sont coupéssans autre forme de procès (on a re-censé plus de 9000 coupures en2012, été comme hiver). Ce méca-nisme coute par ailleurs très cher à lacollectivité car les couts de placementde ces compteurs sont répercutés surla facture de l’ensemble des Wallons(plus de 48 millions d’euros en 2011!).

Le RWADE plaide, dès lors, pour la sup-pression du placement des compteursà budget et pour le conditionnementde toute coupure à une décision de laJustice de paix, seule garante du res-pect des droits et obligations des par-ties en présence (consommateurs,fournisseurs et GRD).Les représentants d’Ecolo, du PS etdu CdH soulignent les améliorationsapportées au mécanisme lors de la ré-cente réforme du Décret Electricité,qui va, notamment, rendre obliga-toire de proposer un plan de paiementraisonnable aux ménages en diffi-culté préalablement au placement ducompteur à budget. Les représentantsd’Ecolo, du PTB et du PS se disentprêts à aller plus loin et à supprimerce système. Le représentant du CdHne se prononce qu’en faveur de la sup-pression des compteurs à budget gazen raison de l’absence d’un accès àun chauffage suffisant en hiver pour lesménages fragilisés. Le représentant duMR présent s’est, quant à lui, prononcécontre la suppression des compteursà budget mais disposé à discuter desmodalités du placement. L’argumentavancé tant par le CdH que par le MRétant que la solidarité est subsidiaireà la responsabilité individuelle.

L’AMÉLIORATION DELA PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUEDES LOGEMENTSLa rénovation énergétique permetd’offrir aux ménages des réponsesstructurelles à leurs difficultés d’accèsà l’énergie en diminuant leur consom-mation d’énergie. A l’heure actuelle, lesaides publiques octroyées pour sou-tenir ce type de démarches bénéficientprincipalement aux ménages à reve-nus moyens et supérieurs2. Ce constatd’iniquité sociale est à corriger d’ur-gence.Des améliorations ont vu le jour lorsde cette législature via l’Alliance Em-ploi Environnement. Nous avons par-ticulièrement soutenu l’éco-pack qui apermis à davantage de ménages à basrevenus d’intervenir dans leur loge-ment. Il s’agit d’un produit financiercombinant un prêt à taux zéro et unpréfinancement des primes régio-nales. Ces primes sont établies enfonction des revenus de même que ladurée de remboursement du prêt(moins on a de revenus et plus on aun prêt de longue durée).Au RWADE, nous plaidons pour que lesménages en difficulté de paiement©

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et/ou précarisés soient la cible prio-ritaire d’une politique de rénovation etd’amélioration de la performanceénergétique des logements. Il convient,à nos yeux, d’investir une partie desmoyens disponibles dans des straté-gies d’approche et d’accompagne-ment, favorisant l’émergence d’une de-mande de rénovation par des ménagesfragilisés. Pour ce faire, il importe d’ar-ticuler davantage le travail des servicesexistants, particulièrement ceux quisont en contact avec le public préca-risé (CPAS, tuteurs énergie, servicessociaux associatifs, etc.), de construiredes logiques locales et collectives etde dresser l’inventaire des besoins prio-ritaires.

Enfin, un enjeu central est l’améliora-tion de la performance énergétique duparc locatif privé, qui ne bénéficie, au-jourd’hui, que de 5% des aides exis-tantes. Pour cela, il faut réguler lesloyers en tenant compte de la perfor-mance énergétique du logement, à lafois pour faire valoir l’investissementconsenti et pour équilibrer la sommeloyer plus factures. Les différents représentants des Par-tis semblent s’accorder sur l’impor-tance de l’enjeu de réduction de laconsommation et sur les avancées decette législature. Les représentants duPS et d’Ecolo soutiennent un renforce-ment de l’éco-pack pour les catégoriesde revenus les plus faibles; le repré-sentent du CdH insiste, quant à lui, surl’importance de continuer à soutenirla classe moyenne. Le PS évoque lanécessaire mise en place de stratégiespour aller chercher et accompagnerles ménages précarisés. Le PTB dé-

fend, quant à lui, un plan d’investisse-ment public.Le PS, le PTB et Ecolo soutiennent laproposition d’encadrement des loyers.Le CdH et le MR sont en faveur de laconstruction d’une grille de référencesur base d’une concertation mais re-fusent son imposition.

LA REPRÉSENTATION DESCONSOMMATEURSCes quatre dernières années, denombreuses consultations ont été or-ganisées autour de la question de l’ac-cès à l’énergie: évaluation des mesuressociales, tarification progressive,compteurs intelligents, etc. Les orga-nisations sociales et de consomma-teurs ont été associées à participer àces différents processus dans desformes et des délais très variables, etl’ont fait avec les moyens limités quisont les leurs. Mais les représentants des consom-mateurs sont encore trop souvent per-çus comme des «facilitateurs» chargésde renforcer l’acceptabilité sociale desdécisions prises par «ceux qui savent».Très souvent pourtant, des débatsd’apparence purement technocratiquedissimulent, en fait, une série dechoix politiques et de société.Il importe, dès lors, de permettre laconstruction d’une expertise collectiveen vue d’assurer une véritable repré-sentation des consommateurs surl’ensemble des questions qui lesconcernent. Les autres acteurs du mar-ché bénéficient, quant à eux, de res-sources financières et humaines pourinstruire ces enjeux et faire entendreleur voix auprès des autorités. C’estpourquoi le RWADE estime qu’il est ur-

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gent de doter les consommateurs d’unorgane structuré et reconnu qui repré-sente et défende leurs intérêts, au seinduquel leurs différents représentantsvont pouvoir construire ensemble desavis et une représentation solide. Etdes moyens doivent être dégagés pourfaire vivre ce lieu et construire cetteexpertise avec les citoyens!Le PS, le CdH et Ecolo et, dans unemoindre mesure, le MR soutiennent larécente création du Conseil généralréunissant les différents acteurs dumarché (et dans lequel les représen-tants des consommateurs sont large-ment minoritaires) et invitent les orga-nisations à se faire entendre dans celieu qui devrait bientôt voir le jour enWallonie. En complément, le PS,Ecolo et le PTB soutiennent le renfor-cement des moyens des organisationsde consommateurs afin de leur per-mettre d’avancer sur des propositionsde solutions stratégiques pour répon-dre aux enjeux de l’accès à l’énergieet pour construire un contre-pouvoir enfaveur des consommateurs. Cette journée aura, à nos yeux, per-mis d’acter la reconnaissance par l’en-semble des Partis, d’une part, des en-jeux liés à l’accès à l’énergie des mé-nages wallons, d’autre part, de la qua-lité du travail associatif autour de cesquestions et de la cohérence de nospropositions. Comme l’a conclu BenoitDerue, le modérateur du débat, vivele lobbying citoyen! n

INFORMATIONS PRATIQUES:PLUS D’INFORMATIONS SUR LES ACTIONS ET LES

REVENDICATIONS DU RWADE: [email protected]

OU 081/71.13.71DES ACTES DÉTAILLÉS DU COLLOQUE SERONT PRO-CHAINEMENT PUBLIÉS ET DISPONIBLES AUPRÈS DU

RWADE.

1. Le Réseau wallon pour l’accès durable à l’éner-gie (RWADE) est un réseau d’organisations so-ciales, syndicales, environnementales, deconsommateurs et de lutte contre la pauvreté(FGTB, CSC, MOC, Inter-Environnement Wallo-nie, Revert, Empreintes, Solidarités nouvelles,Equipes populaires, CRIOC, la Fédération desservices sociaux), qui plaide pour un droit d’ac-cès à l’énergie pour tous, afin que tous les ci-toyens puissent disposer d’un logement décentdans lequel ils peuvent s’éclairer, se chauffer,cuisiner, se connecter et s’informer.

2. 85% des primes Energie bénéficient aux mé-nages à revenus moyens et supérieurs contre15% à ceux dont les revenus sont modestes etprécaires.

Mouvement en campagne

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En régions

objectif consiste à valoriser lesconquêtes sociales d’ici et de là-bas. Acette occasion, une conférence depresse a été organisée et a donné l’op-portunité à Aliou de présenter le travaileffectué par les mutuelles de santé dansla zone de Mamou ainsi que les acquisengrangés. Le 1er avril, dans le centre-ville de Verviers, nous avons sensibiliséles citoyens sur les défis futurs que doi-vent relever les mouvements sociaux auNord et au Sud. Enfin, notre partenairea enregistré une émission à Radio 28,afin de transmettre son expérience entant que superviseur responsable du Bu-reau de Mamou au sein de son ONG. Ces multiples rencontres ont constituédes opportunités pour notre partenairede témoigner de son expérience en tantqu’agent de développement. Ainsi, nousavons découvert les différents projetsmenés par Dynamic-Mutualiste pourune meilleure protection sociale des po-pulations locales: grâce au soutientechnique et financier de Solidaritémondiale, six mutuelles de santé ont étémises en place dans la zone de Mamou,favorisant l’accès aux soins de santé debase pour les communautés locales.Comprenant très tôt l’importance d’unecollaboration entre mutuelles de santéet prestataires de soins, Dynamic mu-tualiste a financé les équipements et lestock de médicaments au bénéfice deces six centres de santé. Un projet d’al-phabétisation (apprentissage du françaiset de certaines langues du pays), plusorienté vers les femmes, a égalementété initié, avec comme objectif auxilliairede former des personnes capables des’investir dans la gestion des mutuellesde santé. Les diverses rencontres organiséesnous ont également permis de prendreconscience des difficultés auxquelles doitfaire face la Guinée. A titre d’exemple,beaucoup de citoyen-ne-s ont été inter-pellé-e-s par le fait que la Guinée-Cona-kry constitue un pays riche en res-sources naturelles et pourtant affecté parune extrême pauvreté.D’un point de vue culturel, Aliou a visitédeux villes: Verviers et Liège. Il y a dé-

couvert des lieux emblématiques commele Musée de la laine qui illustre l’histoireindustrielle de Verviers. Lors de son pas-sage dans la Cité ardente, il a eu lachance d’assister à un match de footballau Standard avec notre secrétaire fédé-ral, Philippe Taquet. Il a gouté à la cui-sine traditionnelle belge et sénégalaiseau travers d’un repas bio et local àCroc’espace ainsi que lors d’une dégus-tation d’un plat typique sénégalais. En conclusion, cette semaine internatio-nale a été enrichissante et inoubliablepour toutes les personnes qui ont ren-contré Aliou Keita. Les échanges au niveau des réalités tantau Nord qu’au Sud ont été très béné-fiques pour les militant-e-s de notre mou-vement. Les actions menées par Dyna-mic mutualiste sur le terrain sont indis-pensables! De plus, ces activités inter-culturelles d’éducation au développementconsolident davantage la solidarité en-tre les mouvements sociaux d’ici et delà-bas et renforcent nos conquêtes so-ciales pour un monde plus juste et équi-table. n

1. Nos remerciements vont à toutes les personneset organisations verviétoises ayant contribué ausuccès de cette semaine internationale: Solida-rité mondiale, le CIEP, les Equipes Populaires,la Mutualité chrétienne, la CSC, la JOC, le GRAIM,l’Espace28, Croc’espace, Lire et Ecrire, Radio28 et la famille d’accueil de notre partenaire(Georges et Marie-Paule Hardy).

2. Entreprise de Formation par le Travail.3. Organisme d’Insertion Socioprofessionnelle.4. Une ASBL active dans le soutien aux personnes

migrantes.5. Groupe de recherche et d’appui aux initiatives

mutualistes, une ONG active au Sénégal dansle développement des mutuelles de santé.

MOC Verviers: une semaine internationale enrichissante1!

PAR ELODIE VANMECHELEN,PERMANENTE CIEP VERVIERS

C omme chaque année, Solida-rité mondiale Verviers accueilleun partenaire du Sud soutenu

par l’ONG du MOC. L’objectif de cettesemaine internationale est de favoriserles échanges et la solidarité entre leNord et le Sud autour d’enjeux fonda-mentaux de développement et, cetteannée, autour de la question des mou-vements sociaux. Du 26 mars au 2 avril2014, nous avons ainsi eu le plaisir derecevoir un acteur de changement gui-néen, Monsieur Aliou Keita, représen-tant de Dynamic mutualiste. Durant son séjour, notre partenaire a ren-contré les organisations et les ser-vices de notre Fédération, afin de mieuxappréhender notre réalité de terrain etde constater nos diverses actions en vued’une société plus juste et plus solidaire.Ainsi, Aliou a découvert le travail syndi-cal de la CSC, participé à une réuniondes Jeunes organisés combatifs (JOC)et rencontré l’ensemble du mouvementsocio-éducatif de la Mutualité chré-tienne. Il a aussi témoigné de son expé-rience lors de deux animations coordon-nées par le CIEP, à destination, d’unepart, d’un groupe de stagiaires de Lireet Ecrire et, d’autre part, des commisde salle et de cuisine de notre EFT2,Croc’espace. Il s’est également rendu ausein de notre OISP3, le CID, et a rencon-tré certains travailleurs sociaux de l’Es-pace284. Un échange Sud-Sud, avec la présencedu GRAIM5, a permis d’aborder les dif-férences d’approches des réalités sani-taires et la diversité des contextes. Uneconférence, mise sur pied par lesEquipes populaires, a été l’occasion pournotre partenaire guinéen d’évoquer la si-tuation socio-économique de la Guinéeet le niveau de démocratie. La semaine internationale a égalementété marquée par le lancement de la cam-pagne de Solidarité mondiale: «Lesmouvements sociaux, ça bouge!»; son

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En régions

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PAR PERRINE DETOBER, CIEP BRABANT WALLON

C ela fait maintenant six ans quele festival du film social1 de Per-wez, «Vivre Debout!», propose,

chaque année, un week-end axé sur laréflexion et le débat autour de ques-tions de société. Pour cette 6e édition,Vivre Debout s’est interrogé sur la diver-sité culturelle. Avec le cinéma commemoyen d’expression, le festival a mis enavant l’importance de dépasser nospeurs, ici et ailleurs, par la rencontre etla découverte de l’autre, par la solidaritéet la coopération plutôt que par le rejetet la stigmatisation.

A LA DÉCOUVERTEDE LA DIVERSITÉ CULTURELLE…La journée du vendredi a été réservéeau public en formation des associationspartenaires du festival, à savoir Lire et

Ecrire2, Mode d’emploi3, le CRABE4 et lesAID5 Brabant wallon. Afin d’impliquer unmaximum les stagiaires dans la dé-marche du festival, un groupe de prépa-ration de cette journée a été constituéquelques mois plus tôt. Invités à être plusque de simples «consommateurs» defilms, ces adul tes en formation sont par-tis à la rencontre de l’autre et de sa cul-ture à travers la réalisation d’un buffetde spécialités culinaires du monde.Chaque Centre de formation a ainsi ré-fléchi aux spécificités qu’il souhaitait met-tre en avant et a proposé soit la réalisa-tion d’un plat, soit un moment d’anima-tion autour d’une spécialité ou encore unatelier de décoration.Après un temps d’accueil et une activitépour briser la glace, les 140 stagiairesprésents ont croisé leurs pratiques, dudécoupage de frites au flan breton enpassant par la fabrication de beignetsafricains et de pastillas. Vers 13h, un buf-fet coloré et appétissant attendait d’êtredégusté. L’après-midi, les participants ont puadmirer des affiches sur le thème de ladiversité imaginées par des stagiairesen infographie. Ils ont ensuite assisté àla projection de deux courts métrageséclairant sur le parcours d’exil et la no-tion de quota.

DES FILMS RICHES DE SENSPOUR UN PUBLIC NOMBREUX!Cette année, onze films et une série d’ac-tivités, s’intégrant dans trois axes, ontété retenus pour exploiter la thématique. Le premier axe portait sur la rencontreet la découverte de l’autre au-delà de lafrontière linguistique entre le Nord et leSud du pays. Pour l’aborder, la soirée dusamedi s’est déroulée en deux tempsavec, d’abord, la projection du documen-taire «La terre promise» suivie d’unéchange avec la salle et, ensuite, le pas-sage du drame «Pauline et Paulette». Unedélégation de militant-e-s de l’ACW de He-rent, présente dans la salle, a collaboréà cette partie de la programmation. Cefut donc une vraie et enrichissante ren-contre de part et d’autre de la frontièrelinguistique.

Divers-Cité: même pas peur!FESTIVAL DU FILM SOCIALDE PERWEZ

Le deuxième axe portait égalementsur la rencontre avec l’autre mais, cettefois, dans la multiculturalité de la sociétéd’aujourd’hui. Pour l’aborder, le di-manche après-midi, la projection dudrame «La pirogue» a été suivie d’un dé-bat avec Jean-François Tamellini de laFGTB sur les enjeux des migrations d’au-jourd’hui. Pour aborder notre troisième axe, por-tant sur le pluralisme politique à la veilledes élections, nous avons projeté un do-cumentaire réalisé par le CAL, suite au-quel un débat s’est tenu avec Anne Mo-relli, historienne de l’ULB, et Jean Slo-vers, coauteur de «La tentation popu-liste», autour du thème du populisme.Chaque année, le festival brasse un pu-blic de plus en plus nombreux. En2014, quelque 700 personnes ont par-ticipé aux projections contre 520 l’annéedernière. C’est le film d’animation «Ernestet Célestine» qui a rassemblé plus despectateurs. En outre, un partenariatavec le Centre culturel de Jodoigne a ras-semblé 130 personnes pour la projec-tion du film «La merditude des choses»,le vendredi 14 mars. n

INFORMATIONS PRATIQUES: VOUS POUVEZ RETROUVER L’ENSEMBLE DES MO-MENTS D’ÉCHANGES SUR WWW.RADIO27.BE, LA

WEB RADIO ASSOCIATIVE DU BRABANT WALLON.L’ANNÉE PROCHAINE, LA 7ÈME ÉDITION SE DÉROU-LERA LES 13, 14 ET 15 MARS. INFORMATIONS EN

TEMPS ET EN HEURE SUR LE SITE INTERNET DU

MOC BRABANT WALLON: HTTP://WWW.MOCBW.BE/

1. Les organisateurs du festival sont le CIEP Bra-bant wallon, le CRABE, la FEC Brabant-Wallon,FORABRA et le Foyer culturel de Perwez.Quant aux partenaires du festival, il s’agit del’ACW Herent, des AID, du CAL, du CLAV, d’AuGrimoire d’Eole, des FPS, d’Inform’Action, de La-titude Jeunes, de la Ligue des Droits del’Homme, de Lire et Ecrire, de Mode d’emploiet de Pro Jeunes. Une aide a également été ap-portée par la CSC, la FGTB, le MOC, la Fédé-ration Wallonie-Bruxelles et la Province du Bra-bant wallon.

2. Mouvement d’éducation permanente qui a pourbut le développement de l’alphabétisation enCommunauté française.

3. ASBL d’insertion socioprofessionnelle de Vie fé-minine, Mode d’emploi offre des formations auxfemmes demandeuses d’emploi qui veulent amé-liorer leur accès au marché du travail.

4. Organisme reconnu en éducation permanenteet en insertion socioprofessionnelle, et qui pro-pose des analyses et des études ainsi que desformations notamment e n maraichage et en agri-culture biologique.

5. Les Actions Intégrées de Développement (AID)du Brabant wallon sont actives dans le domainede la formation et de l’insertion socioprofession-nelle.©

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En brefVie de l’ISCO

MASTER EN

INGÉNIERIE ETACTION SOCIALE

E n septembre 2014, sur le site deLouvain-la-Neuve, 7ème rentrée duMaster en Ingénierie et Action

sociale Louvain-la-Neuve / Namur,co-organisé par l’Institut Cardijn (HELHA)et le département social de Namur (HE-NALLUX).Une formation de niveau universitaire, en2 ans, qui prépare à des fonctions de ca-dres dans le non marchand public etprivé, et permet de développer des com-pétences d’analyse politique, d’évalua-tion des pratiques, de recherche, d’ac-tion stratégique et de gestion, dans uneperspective d’action sociale innovanteet émancipatrice. Une formation ouverte à un public mixte(certains bacheliers et possibilité d’ac-cès par la valorisation des acquis de l’ex-périence), et compatible avec une vieprofessionnelle (cours organisés princi-palement le jeudi, entre 14 et 20h, et levendredi de 9 à 18h).Le terrain professionnel est, en outre,reconnu comme lieu d’ancrage des ac-tivités d’intégration professionnelle et derecherche. Etalement et dispenses pos-sibles. n

SÉANCES D’INFORMATIONS: • A NAMUR, DÉPARTEMENT SOCIAL HENALLUX

(RUE DE L’ARSENAL 10 - 5000 NAMUR): LE

JEUDI 11 SEPTEMBRE 2014 À 17 HEURES.• A LOUVAIN-LA-NEUVE, INSTITUT CARDIJN

HELHA (RUE DE L’HOCAILLE 10 - 1348LLN): LE JEUDI 28 AOUT À 17 HEURES.

RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES: WWW.MIAS-LLN-NAMUR.BE - 0497 433 [email protected]

Le grand bazar culturelSemaine d’étude de Vie féminineles 3,4 et 5 juillet à Namur

P arler de «culture» aujourd’hui,est-ce bien raisonnable? La «cul-ture» n’est-elle pas un luxe face

aux urgences sociales et matériellesinduites par la situation économiquedifficile? A moins d’avoir besoin d’autrechose que d’argent et de ressourcesmatérielles? Mais d’abord, la «culture», qu’est-ce quec’est? Et la «Culture», avec un grand «C»?Et «leS cultureS» au pluriel? Pas toujoursévident d’y voir clair. Comme tout domaine, le champ cultu-rel n’échappe pas aux inégalités et auxdiscriminations qui relèvent de logiquespatriarcales, racistes, capitalistes. Pour-tant, c’est aussi par la culture quenous formons et transformons la sociétédans laquelle nous vivons. Vie Féminine propose trois journées derencontres, d’échanges, de décou-vertes, d’expression créative, de tempsfestifs aussi, pour réfléchir et nousrenforcer sur comment produire de la cul-ture à partir de là où nous sommes. Troisjournées pour comprendre commentnous «faisons culture» aujourd’hui, touten affirmant nos capacités à créer deschangements de société! n

INFORMATIONS PRATIQUES:LIEU: CENTRE SCOLAIRE ASTY-MOULIN, 101 RUE

DE LA PÉPINIÈRE À 5002 NAMUR (SAINT-SER-VAIS), À 10 MINUTES À PIED DE LA GARE DE NA-MUR

PROGRAMME COMPLET: WWW.VIEFEMININE.BE

UNE NURSERIE ACCUEILLERA LES ENFANTS DE 0 À3 ANS ET DES ANIMATIONS SONT PRÉVUES PAR LE

CENTRE DE FORMATION D’ANIMATEURS POUR LES 3-12 ANS

INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS: VIA VOTRE

RÉGION OU LE SECRÉTARIAT NATIONAL DE VIE FÉ-MININE, 111 RUE DE LA POSTE À 1030BRUXELLES. MAIL: [email protected],TÉL: 02/227.13.00.

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BAGIC: FORMATION DE COORDINATEURSDE PROJETS CULTURELS ETSOCIOCULTURELS

UNE NOUVELLE SESSIONBIENTÔT À CHARLEROI!

V ous êtes animatrice ou anima-teur dans un mouvementd’éducation permanente, un

centre culturel, une association dequartier, une organisation de jeunesseou d’ainés… Vous travaillez en activi-tés extrascolaires, vous développezdes actions en alphabétisation ou enmilieu ouvert…Vous avez des projetsd’aide à la création et à la créativitéou d’expression culturelle… Vos pro-jets sont féministes, interculturels,sociaux, de solidarité internationale…la formation BAGIC vous intéressera.Elle aborde la question des enjeux etdes acteurs de l’action culturelle et so-cioculturelle; une lecture critique desdispositifs socioculturels et politiques;le pilotage des projets; une supervisionet intervision des pratiques; la métho-dologie de l’action collective; la cultureet l’art comme enjeux citoyens; des ou-tils de gestion et d’organisation. n

LE CIEP COMMUNAUTAIRE LANCERA, À CHARLE-ROI, SA PROCHAINE SESSION DE FORMATION

BAGIC (TOUS LES MARDIS) D’OCTOBRE 2014 ÀJUIN 2016 - MINERVAL: 200 € PAR AN.POUR PARTICIPER À L’UNE DE NOS SÉANCES D’IN-FORMATIONS ET/OU S’INSCRIRE: [email protected] /02.246.38.41

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Agenda

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Adresses des centres régionaux du

CIEPBRABANT WALLONboulevard Fleur de Lys, 251400 Nivelles067/21.89.91

BRUXELLESrue Plétinckx, 19 - 1000 Bruxelles02/557.88.35

CHARLEROI - THUINboulevard Tirou, 167 - 6000 Charleroi071/31.22.56

DINANT - PHILIPPEVILLErue E. Dinot, 21/Bte 6 - 5590 Ciney083/21.24.51

HAINAUT CENTRELa Louvière:rue du Marché, 6 - 7100 La Louvière064/23.80.20Mons:rue Marguerite Bervoets, 10 - 7000 Mons065/35.39.63

HAINAUT OCCIDENTALTournai:av. des Etats-Unis, 10 Bte 87500 Tournai069/88.07.64Ath:rue de Gand, 28 - 7800 Ath068/84.34.31Mouscron:rue St-Pierre, 52 - 7700 Mouscron056/33.48.68

LIÈGE-HUY-WAREMMELiège:rue St-Gilles, 29 - 4000 Liège04/232.61.61Huy:av. Albert 1er, 6 - 4500 Huy085/21.11.33

LUXEMBOURGrue des Déportés, 39 - 6700 Arlon063/21.87.33

NAMURplace l’Ilon, 17 - 5000 Namur081/22.68.71

VERVIERSrue du Centre, 81 - 4800 Verviers087/33.77.07

CANTONS DE L’ESTVHS - Rotenbergplatz, 194700 Eupen087/59.46.30

Dates àépingler

19ÈME UNIVERSITÉ D’ÉTÉDES FORMATEURSD’ADULTES DU CUNICDe nombreux séminaires en vue de contribuerau développement de la profession de forma-teur d’adultes, par l’initiation à divers conceptset outils, l’actualisation des connaissances etla mise en contact active des différents ac-teurs du secteur.

PUBLIC: PROFESSIONNELS DE L’INSERTION ET DE

LA FORMATION D’ADULTES

DATES: DU 18 AU 28 AOUT 2014 (DE 9 À 16H)LIEU: CENTRE UNIVERSITAIRE DE CHARLEROI

(CUNIC) - AVENUE GÉNÉRAL MICHEL 1B, 6000 CHARLEROI

PROGRAMME ET BULLETIN D’INSCRIPTIONS:HTTP://WWW.CUNIC.BE/FORFOR/UE2014.HTML

RENSEIGNEMENTS: TIZIANA MARCUCCU (SECRÉ-TARIAT) - TÉL: 071/65.48.62. COURRIEL: [email protected]

MASTER EN POLITIQUEÉCONOMIQUE ET SOCIALEFOPESNouvelle séance d’informations envue de la rentrée académique 2014

DATE: MARDI 19 AOUT 2014 À 18H

LIEU: FOPES - RUE DE LA LANTERNE MAGIQUE

32 À LOUVAIN-LA-NEUVE (LOCAL D 144).RENSEIGNEMENTS: CHANTAL GRANDMAIRE

TÉL: 010/47.39.07.COURRIEL: [email protected]

WWW.UCLOUVAIN.BE/OPES

JOURNÉE WORKSHOPDE L’UNIVERSITÉ DE PAIX

L’Université de paix, qui propose des forma-tions pour prévenir et gérer les conflits demanière créative, non-violente et efficace, or-ganise des ateliers gratuits lors d’une journéeWorkshop, en vue de faire découvrir leurs for-mations et leur méthodologie.

DATE: LUNDI 25 AOUT 2014HORAIRES: DE 9H30 À 12H ET

DE 13H30 À 16H

LIEU: UNIVERSITÉ DE PAIX - PARTICIPATION GRA-TUITE MAIS INSCRIPTION OBLIGATOIRE.FORMULAIRE D’INSCRIPTION: HTTP://WWW.UNI

VERSITEDEPAIX.ORG/FORMATIONS/INFORMATIONS-PRATIQUES/INSCRIPTIONS

RENSEIGNEMENTS: NADÈGE GRONDIN. TÉL : 081/81.55.40. COURRIEL: [email protected]

RECYCLAGE ISCO: LA MOTIVATION EN FORMATIONPUBLIC: FORMATEURS ISCO, BAGICDATE: VENDREDI 10 OCTOBRE 2014LIEU: MAISON DU TRAVAIL, 17 PLACE L’ILON À

5000 NAMUR

INFOS ET INSCRIPTIONS: SECRÉTARIAT CIEP.TÉL: 02/246.38.43. COURRIEL: [email protected]

JOURNÉES D’ÉTUDED’ACTUALITÉ POLITIQUE DUCIEPDATES: VENDREDI 21 NOVEMBRE ET VENDREDI 6MARS 2015LIEU: INSTITUT CARDIJN À LOUVAIN-LA-NEUVE

INFOS ET PROGRAMME (PROCHAINEMENT):WWW.CIEP.BE

FORMATION CIEP DES NOUVEAUX ANIMATEURS-TRICES EN INTERMOUVEMENTLes objectifs sont de rassembler les nouveauxanimateur-trice-s de toutes les organisations etservices du MOC et d’approfondir ce qui lesunit. Il s’agit de mieux connaitre les autresmouvements et les apports spécifiques duMOC (coordination politique, action en matièrede coopération au développement, de cultureet d’éducation per ma nente). Quatre axes de formation ont été retenus:1. L’évolution du contexte politique, écono-

mique, social et culturel des vingt dernièresannées et les défis que cette évolution poseaux mouvements;

2. Le rapport du MOC au politique;3. Le positionnement et les initiatives du MOC

et des organisations dans le domaine de lacoopération au développement;

4. L’originalité de l’Education permanente.

DATES: 16 ET 29 JANVIER 2015, 12 ET 27 FÉVRIER 2015, 12 ET 27 MARS 2015.LIEU: MAISON DU TRAVAIL, 17 PLACE L’ILON À

5000 NAMUR

INFOS: SECRÉTARIAT CIEP - 02/246.38.41.

CYCLES DE FORMATIONS

CAPLa CNAPD organise à nouveau plusieurs cyclesde formations CAP qui traitent de la préventiondes conflits sous l’angle de l’accès aux éner-gies.

PUBLIC: GRAND PUBLIC AINSI QUE FORMATEURS,UNIVERSITAIRES, ANIMATEURS, ENSEIGNANTS.DATES: PROCHAIN CYCLE LES 25, 26 ET 27AOUT (SI SUFFISAMMENT D’INSCRITS), AINSI QUE LES

3, 10 ET 17 OCTOBRE.LIEU: CNAPD - 51 CHAUSSÉE DE HAECHT À

1210 BRUXELLES

PRIX: UNE PARTICIPATION AUX FRAIS DE 15,00 €EST DEMANDÉE POUR LES 3 JOURS (SANDWICHS,BOISSONS ET CAP MAGAZINES INCLUS).INFOS ET INSCRIPTIONS: HTTP://WWW.CNAPD.BE/FORMATIONS-CAP-2014777

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Le Centre d’Information et d’Education Populaire du MOC (CIEP),est chargé des activités éducatives et culturelles du MOC.

Organisés en équipes régionales et communautaires, nous appuyonsà travers la formation les activités du MOC et des organisations quile constituent. Notre souci est de donner aux groupes et aux indivi-dus les outils nécessaires à leur engagement comme acteurs et ci-toyens et de participer au développement d’une société démocratiquepar une réelle démocratisation du savoir et une valorisation de l’ac-tion collective.

Notre originalité réside essentiellement dans la philosophie de no-tre travail et dans notre expérience accumulée d’une pédagogie par-ticipative notamment à travers l’ISCO.

L’éducation permanente est notre quotidien, la formationnotre spécialité.

Contact:Centre d’Information et d’Education PopulaireChaussée de Haecht, 577-5791030 BruxellesTél.: 02/246.38.41-42-43Fax: 02/246.38.25Courriel: [email protected]

Avec le soutien de