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Hiver 2012 BUREAU DU HAUT- REPRÉSENTANT DES NATIONS UNIES POUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS, LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT SANS LITTORAL ET LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT Le nouveau Haut-Représentant détaille sa vision du développement durable des pays les moins avancés, pays en développement sans littoral et petits États insulaires en développement.

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Hiver 2012

BUREAU DU HAUT-REPRÉSENTANT DES NATIONSUNIES POUR LES PAYS LESMOINS AVANCÉS, LES PAYSEN DÉVELOPPEMENT SANSLITTORAL ET LES PETITSÉTATS INSULAIRES ENDÉVELOPPEMENT

Le nouveau Haut-Représentantdétaille sa vision dudéveloppement durable despays les moins avancés, paysen développement sans littoralet petits États insulaires endéveloppement.

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Sommaire Hiver 2012

SpécialInterview de M. GyanChandra Acharya

MEDIAGLOBAL NEWS est une organisation médiatique internationale indépendante, sise auprès del’Organisation des Nations Unies, qui s’emploie à sensibiliser les médias mondiaux aux questions dejustice sociale et de développement dans les pays les moins avancés du monde. Elle a son siège à NewYork dans les bureaux du Secrétariat de l’ONU. Concentrant ses activités sur les pays du Sud, MediaGlobal News diffuse des informations sur le développement économique, la santé mondiale, la sécuritéalimentaire et l’incidence des changements climatiques sur les pays en développement. «

L’Engagement » est publié en collaboration avec le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. Pour deplus amples informations, veuillez nous contacter :

Chef de BureauNosh Nalavala

Rédacteur en chefKevin Huyge

Assistante de rédactionMadeleine Kuhns

CorrespondantsLauren LavittToni Bacala

Larkin GallagherYvonne Borkhur

CoordonnateurRicardo Dunn

NATIONS UNIESDag Hammarskjold

Library Building, L-221 KNew York, NY 10017

3Le Haut-Représentant nouvellementnommé souligne ses priorités

3 Le Haut-Représentant nouvellement nommé souligne ses prioritéspour les pays les moins avancés, les pays en développement sanslittoral et les petits États insulaires en développement

M. Ricardo Z. Dunn, responsable de la sensibilisation et de la promotion duBureau du Haut-Représentant, s’entretient avec M. Gyan Chandra Acharya,Secrétaire général adjoint et Haut Représentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développement sans littoral et les petits Étatsinsulaires en développement

12 Les pays émergeants partagent leur prospérité avec les PMAJean-Francis Régis Zinsou, Représentant permanent du Bénin auprès desNations Unies s’entretient avec Nosh Nalavala, Chef de Bureau deMediaGlobal News

15 Le portail des PMA – Un outil pour les PMA sur la voie dureclassement

Ana Luiza Cortez, Chef du Secrétariat du Comité des politiques dedéveloppement des Nations Unies, s’entretient avec Nosh Nalavala, Chefde Bureau de MediaGlobal News

www.mediaglobal.org 609.529.6129 [email protected]

L’éducation est devenue un facteur d’impulsion

essentiel dans les pays les moins développés

émergeant d’un conflit.

Interviews

7 Soudan du Sud : les défis d’une jeune nation

8 Sur la voie de la Conférence d’examen décennal pour les pays endéveloppement sans littoral

10 Le Programme de développement pour l’après 2015

14 Les préparatifs de la Troisième conférence internationale sur lespetits États insulaires en développement, 2014

17 UN-OHRLLS participe activement au processus sur le changementclimatique à la 18ème Conférence des États parties à la CCNUCC

18 Les PMA jouent un rôle de premier plan dans les délibérations del’Assemblée générale

20 Meilleures pratiques

Également dans ce numéro

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M. Ricardo Z. Dunn,responsable de lasensibilisation et de lapromotion du Bureau duHaut-Représentant pour les pays les moins avancés,les pays en développementsans littoral et les petitsÉtats insulaires endéveloppement,s’entretient avec M. GyanChandra Acharya,Secrétaire général adjointet Haut Représentant

Ricardo Z. Dunn Quelques moisaprès votre entrée en fonction en tantque Secrétaire général adjoint et HautReprésentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développementsans littoral et les petits Étatsinsulaires en développement, quelleest votre première impression desefforts de développement déployés parce groupe de pays ?

SGA M. Gyan C. Acharya sur unplan général, les pays de ce groupeont enregistré des progrès constants àtous les niveaux, aussi bien dans ledomaine du développement humain etsocial que dans celui de la croissanceéconomique d’ensemble. Plusprécisément, les faits témoignentd’une réduction du niveau général depauvreté dans bon nombre de cespays, dont certains affichent desrésultats impressionnants dansl’atteinte d’OMD spécifiques, liés à lamortalité maternelle et infantile, àl’éducation, à l’autonomisation desfemmes et l’assainissement.

Mais la disparité des progrès, lapersistance de l’extrême pauvreté et dela faim et les inégalités grandissantescontinuent de nous préoccuper tous.La vulnérabilité persistante de cespays face aux chocs internes etexternes, y compris aux nouveauxdéfis émergeants tels que leschangements climatiques et les crisesalimentaires récurrentes, et lavolatilité mondiale ont freiné leurtransformation structurelle. Lacommunauté internationale aconscience de la nécessité de renforcerles capacités et les institutions etd’accroître les ressources dans cespays vulnérables pour parvenir à desprogrès rapides et durables dans tousles domaines.

Je voudrais également insister sur lesgraves préoccupations que nousinspirent les contraintes structurellesfondamentales ainsi que la faiblesse etle manque d’inclusivité de lacroissance, une croissance pourtantindispensable pour briser le cerclevicieux de la pauvreté et du sous-développement dans ces pays. Cetaspect est d’autant plus importantqu’ils partent d’un niveau

extrêmement bas. Les pays ensituation de conflit ou de post-conflitsont par ailleurs confrontés à desproblèmes de capacitésinstitutionnelles et de stabilité.

Le Programme d’action d’Istanbul enfaveur des pays les moins avancés,adopté lors de la Quatrièmeconférence des Nations Unies en 2011,s’est penché sur les défis posés auxPMA de manière holistique et a permisl’élaboration d’un document finaltourné vers l’avenir, ambitieux etcomplet, véritable consensus mondialsur leurs défis et opportunités. Il aégalement appelé à un partenariatmondial solide et renforcé en faveurdu développement des PMA.

Une question clé reste décisive pour leprogramme du développement desPMA : la transformation structurellepar le renforcement de la capacitéproductive, y compris en matièred’infrastructures et d’énergie, ledéveloppement humain et social, etl’accroissement de la résilience. Noussouhaitons voir ces pays s’engager

INTERVIEW

suite en page 4

Le Haut-Représentant nouvellementnommé souligne ses priorités pour lespays les moins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et lespetits États insulaires endéveloppement

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dans cette voie afin de satisfaire auplus tôt aux critères de sortie de lacatégorie des PMA.

Nous avons constaté que plusieursPMA avaient commencé à alignerleurs plans de développement sur lesdomaines prioritaires du Programmed’action d’Istanbul dans le but destimuler un développement durable. Ilva sans dire qu’il est impératif que ceprocessus bénéficie d’un large soutienmais aussi d’un appui politique fort auplus haut niveau. D’autre part, il estencourageant de noter que lespartenaires de développement et lesystème des Nations Unies ontcommencé à intégrer les dispositionsde ce Programme d’action dans leursprogrammes de travail et leurs cadresrespectifs de coopération en faveur dudéveloppement. Nous suivons de prèsla mise en œuvre du programmed’action et veillons à ce que tousavancent au même rythme afin d’avoirun impact maximum sur la vie deshabitants des PMA.

Certains signes annonciateurs deprogrès ont été perçus, mais nousn’échappons pas à la réalité actuelle etsommes obligés de reconnaître que lesystème économique mondial estsoumis à des pressions énormes. Enparticulier, les pays donateurstraditionnels demeurent confrontés àde sérieux problèmes de croissance,d’emploi et d’équilibre budgétaire. Lerécent déclin, en termes réels, de l’aideinternationale au développement,l’impasse persistante dans laquelle setrouvent les négociationscommerciales de Doha et ladiminution des flux d’investissementdirect étranger suscitent bienévidemment de grandes inquiétudes.

J’ajouterais cependant qu’en dépit desépreuves auxquelles sont confrontéstous les pays, une bonne nouvelle enmatière de coopération pour ledéveloppement est à signaler : certainsdes principaux donateurs ontmaintenu voire augmenté l’aideaccordée aux PMA, même sil’assistance collective audéveloppement octroyée aux PMAsous forme de pourcentage du revenu

Interview de M. GyanChandra Acharyasuite de la page 3

national brut a légèrement diminué en2011.

En matière commerciale, le volumedes échanges des PMA est en hausseet nous en sommes heureux. Bien sûr,la quote-part de ces pays dans lecommerce international ne reflète pasencore leur plein potentiel, mais grâceà l’élargissement de l’accès auxmarchés et le renforcement descapacités d’offre, la situations’améliorera encore.

Permettez-moi d’aborder maintenantla situation des pays endéveloppement sans littoral.

Étant donné les difficultés inhérentesà leur situation géographique,caractérisée par l’absence d’accèsdirect au commerce maritime, les paysen développement sans littoral setrouvent pénalisés sur la voie dudéveloppement. Ces difficultés sontaggravées par l’éloignement desprincipaux marchés internationaux,des marchés intérieurs de tailleréduite et hautement vulnérables auxchocs externes, de fastidieusesprocédures de transit, des coûts detransport et de transaction élevés etl’insuffisance de l’infrastructure detransport. Ces difficultés n’ont passeulement une incidence sur lacroissance économique, elles ont aussides répercussions majeures sur lesaspects sociaux et environnementauxdu développement et notamment surla réduction de la pauvreté et laréalisation des objectifs du Millénairepour le développement. C’est aussipourquoi bon nombre de ces pays endéveloppement sans littoral comptentparmi les plus pauvres du monde. Lesétudes ont montré que dans ces paysl’enclavement réduit la croissance duPIB de 1,5 à 2 pourcent tous les ans.

La Conférence des Nations Unies quis’est réunie en 2003 à Almaty, auKazakhstan, a adopté le Programmed’action d’Almaty pour répondre àleurs besoins et défis spéciaux,notamment dans cinq domainesprioritaires qui sont les problèmesfondamentaux liés aux politiques detransit ; le développement etl’entretien des infrastructures ; lafacilitation du commerce, notammentdu commerce international ; lesmesures d’appui internationales etl’application et l’évaluation.

Si collectivement ces pays endéveloppement sans littoral ontenregistré des progrès en termes decroissance économique, et si sur unplan général les échanges se sontdéveloppés, beaucoup d’entre eux nedisposent que de ressources limitéesrencontrent d’importantes difficultés àrenforcer leur capacité productive, àdiversifier leur base économique, àpromouvoir le développement humainet à tirer profit de la mondialisation etdes marchés mondiaux en raison decoûts de transit trop élevés,d’infrastructures inadaptées et desretards. Tous ces facteurs ontfortement entravé leur potentiel dedéveloppement.

La Conférence consacrée à l’examendécennal complet de l’application duProgramme d’action d’Almaty qui doitse tenir en 2014 comme l’a décidél’Assemblée générale des NationsUnies, est une excellente occasionpour la communauté internationale derenforcer son partenariat et desoutenir les pays en développementsans littoral. La Conférence procéderaà une évaluation d’ensemble de la miseen œuvre du Programme d’actiond’Almaty, partagera les meilleurespratiques et les enseignements tirés,et identifiera les obstacles et lescontraintes rencontrés ainsi que lesactions et initiatives nécessaires pourles surmonter. Fort de la participationde tous les pays en développementsans littoral, pays de transit etpartenaires et institutions dedéveloppement, la conférenceélaborera et adoptera un nouveaucadre de partenariat en faveur dudéveloppement pour la prochainedécennie afin d’aider les pays endéveloppement sans littoral àconforter leur intégration dans lesmarchés internationaux et à parvenirà la croissance économique durable etplus forte indispensable pouraméliorer la vie de leurs populations.

Venons-en aux petits États insulairesen développement. Leurs principauxproblèmes sont l’environnement et ledéveloppement. Le Programmed’action de la Barbade et la Stratégiede Maurice ont fait prendre conscienceau monde de leurs vulnérabilités. Il enest allé de même des résultats de laConférence Rio+20. Les vulnérabilitésdes petits États insulaires endéveloppement découlent en grandepartie de l’étroitesse de leur base de

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ressources et de leurs marchés, qui lesempêchent de profiter d’économiesd’échelle, du coût élevé de l’énergie etdes infrastructures du fait del’éloignement, de leur faible résilienceface aux catastrophes naturelles et dela fragilité de leur environnementnaturel. Bon nombre de cesvulnérabilités sont inhérentes auxpetits États insulaires endéveloppement. Les changementsclimatiques et l’écosystème des océansont une importance primordiale poureux.

Pour analyser en détail les défis et lesopportunités de ces petits Étatsinsulaires en développement et créerun cadre cohérent de partenariatmondial pour les traiter de manièreholistique, nous comptons sur laTroisième conférence internationalesur les petits États insulaires endéveloppement, qui doit se tenir en2014 au Samoa.

Une série d’activités de préparationnationales et régionales seraorganisée en 2013. Il est trèsimportant que tout ceci se dérouleavant le lancement du Programme dedéveloppement pour l'après-2015 etavant l’échéance de l’accord sur leschangements climatiques en 2015. LaConférence de 2014 procèdera à uneévaluation de la Stratégie de Maurice,appellera à un engagement politiquerenouvelé et au renforcement dupartenariat mondial. Les petits Étatsinsulaires en développementcontinueront de dépendre du soutienélargi de la communautéinternationale pour l’atteinte desobjectifs actuels convenus au planinternational et des objectifs futurs.C’est à la communauté internationalequ’il appartient de veiller à la prise encompte effective des préoccupations etles attentes des petits États insulairesen développement, l’un des groupes depays les plus vulnérables, dans leprocessus mondial de développement.

RD Vous avez activement participéau processus d’examen à mi-parcoursdes progrès accomplis en vue de laréalisation des objectifs du Millénairepour le développement, entrepris en2010, et à la Conférence des NationsUnies sur le développement durable(Rio+20), tenue à Rio de Janeiro,Brésil. Selon vous, comment cesconférences s’inscrivent-elles dans laperspective du processus dedéveloppement ?

GA Les OMD et Rio+20 sont d’uneimportance essentielle pour tous, maisplus encore pour les pays vulnérables,du fait de leurs énormes problèmesstructurels et de leurs contraintes entermes de capacité. Tous ces paysdisposent de ressources humaines etnaturelles abondantes et d’un grandpotentiel de développement qu’ilssouhaitent réaliser avec le soutien etla coopération de la communautémondiale. L’important pour cesconférences est qu’elles aient réussi àattirer notre attention, de manièreinclusive et unifiée, sur les problèmesde développement les plus critiquespour notre société contemporaine.Cette attention est essentielle poursusciter et mobiliser, tant au planmondial que national, des actionsvisant à traiter rapidement cesquestions dans un esprit departenariat mondial et d’approchemultipartite.

Les OMD placent un accent fort sur ledéveloppement humain, un aspectessentiel du processus dedéveloppement de tous les pays. LesOMD ont facilité la formulation et lamise en œuvre d’actions collaborativeseffectives pour lutter contre lapauvreté, préserver des vieshumaines, promouvoir l’éducation,assurer l’autonomisation des femmeset sa prise en compte dans lesprocessus de développement. Signeencourageant pour tous, certainsOMD ont été atteints à l’échellemondiale. Cependant, bon nombre deces objectifs resteront hors d’atteintepour les pays vulnérables. C’estpourquoi il nous faut consolider lacollaboration pour compléter les voletsinachevés du programme et en mêmetemps fixer des objectifs et des ciblesqui nous permettront de répondre auxproblèmes nouveaux et émergeantsqui menacent notre avenir commun.

Ceci nous amène à Rio+20 et auxobjectifs de développement durable. Laconférence a fort judicieusement placéla réduction de la pauvreté au centredu développement durable et appelé àune approche holistique, intégrée etcohérente de ce développementdurable par la promotion de l’équitésociale, de la croissance économique etde la protection de l’environnement.

Nous travaillons tous à la fois sur leprogramme de développement pourl'après-2015 et sur les objectifs de

développement durable. Nousessayons de soutenir ces processussur la base de trois piliers, enl’occurrence le développement humainet social, la croissance économique etla capacité productive et enfinl’environnement et les changementsclimatiques, avec la perspectivemaîtresse d’éradiquer la pauvretégrâce à un partenariat internationalrenforcé en faveur du développement.Une approche globale de ce type peutcontribuer effectivement à surmonterles difficultés rencontrées par lesmillions de laissés-pour-compte de lamondialisation. Ce faisant, noustravaillons en étroite collaborationavec les États membres, lesorganisations du système des NationsUnies, le secteur privé, la société civileet les milieux universitaires.

RD Vous avez brossé un tableaurapide de la situation des paysvulnérables et des conférencesmondiales traitant des défis posés audéveloppement. Pouvez-vous nous endire un peu plus sur le « discours »actuel sur le développement, ycompris les objectifs de développementdurable et le programme dedéveloppement pour l'après-2015 dupoint de vue des pays vulnérables ?

GA Vous venez de soulever unequestion extrêmement importante.Tous les groupes de pays vulnérablessont confrontés à des défis spécifiquesliés à leur situation, qui ont étéidentifiés dans les documents finauxrespectifs des conférences dédiées desNations Unies. Leur mise en œuvre estessentielle si nous voulons focaliserl’attention sur les progrès et ledéveloppement dans ces pays et leurapporter le soutien adéquat. Mais pourappréhender leur plein potentiel, nousdevons également nous pencher surl’architecture globale pour ledéveloppement. Comme évoquéprécédemment, si l’on s’en tient auxOMD, tous ces pays vulnérables ontenregistré à titre individuel desprogrès substantiels dans l’atteinte debon nombre de ces objectifs, mais, entant que groupe, ils en restent les pluséloignés. D’ici 2015, c’est dans cespays que nous devons toutparticulièrement redoubler d’effortsafin d’accentuer les progrès. Puis ilappartiendra à la communautéinternationale de faire le point de la

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situation d’ensemble et de décider dela façon de traiter les partiesinachevées du programme ens’appuyant sur les réalisations.

Un volet du programme dedéveloppement pour l'après-2015devra donc être consacré aux partiesinachevées du programme actuel.Mais un aspect tout aussi importantdes problèmes de développement estlié à la pérennité de notre modèle dedéveloppement et la diminution rapidede notre capital naturel. Sil’éradication de la pauvreté doit êtreau cœur des discours en faveur dudéveloppement, il convient de sepencher sur le sujet et sur ladurabilité du point de vue del'environnement de manièreholistique. L’eau, l’énergie et lasécurité alimentaire sontinextricablement liés, tout comme lapréservation de la diversité biologiqueet des autres ressources naturelles.

RD Pour en revenir au soutien desdonateurs, quel est votre avis sur lasituation actuelle, compte tenu del’austérité qui sévit au plan mondial ?Plus précisément, pensez-vous que lesengagements pris au niveauinternational seront tenus ?

GA Contrairement aux prévisionsantérieures, dans les faits, les paysvulnérables n’ont pas été épargnés parles impacts de la crise. Cela signifiequ’en échafaudant des perspectivespour ces pays, il nous faut tenirsérieusement compte d’une possibilitébien réelle de détérioration encoreplus forte de l’environnementéconomique mondial, qui à l’évidenceaffecterait négativement tous lesexportateurs par une dégradation destermes de l’échange, une réduction del’investissement direct étranger et lamise en place de barrièrescommerciales.

Mais permettez-moi aussi de soulignerque la diminution de l’APD sembleêtre un phénomène temporaire lié auxdifficultés rencontrées par les paysdonateurs. Récemment, lacommunauté internationale aréaffirmé ses engagements en lamatière dans le document final de la

Interview de M. GyanChandra Acharyasuite de la page 5

Conférence des Nations Unies sur ledéveloppement durable, dans lecontexte des efforts pour parvenir audéveloppement durable et de la miseen œuvre effective du Programmed’action d’Istanbul. Les hautsresponsables des pays donateurs aveclesquels j’ai été en contact m’ontassuré qu’ils maintiendraient unsoutien fort en raison desvulnérabilités spécifiques de ces pays.

RD Éradiquer la pauvreté et intégrertous les pays vulnérables au processusde développement durable semble êtreune tâche herculéenne. Quelle sont lesapproches retenues par votre Bureaupour parvenir à ces objectifs ? Enclair, quels seront les grandesorientations du Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développementsans littoral et les petits Étatsinsulaires en développement dans lefutur proche ?

GA Mon Bureau concentrera sonaction sur les points suivants.D’abord, il intensifiera ses travaux desuivi de la mise en œuvre effective desrésultats des Conférences des NationsUnies propres à chaque groupe. Ils’agit du Programme d’actiond’Istanbul pour les PMA, duProgramme d’action d’Almaty pour lespays en développement sans littoral etdu Programme d’action de la Barbadeet de la Stratégie de Maurice pour lespetits États insulaires endéveloppement. Le Programmed’action d’Istanbul doit être mis enœuvre par les pays concernés, lespartenaires de développement et lespays du Sud par l’intégration dans leprocessus de développement. Demême, nous préparons actuellementles conférences 2014 pour les pays endéveloppement sans littoral et lespetits États insulaires endéveloppement, et à cet égard lesactions de sensibilisation à leurspréoccupations et l’établissement d’unnouveau cadre de développementreflétant dûment leurs problèmes etintérêts sera une autre prioritémajeure du Bureau.

Deuxièmement, le Bureau intensifierason rôle de coordonateur au sein dusystème des Nations Unies et en-dehors avec d’autres institutionsfinancières ou commerciales afin detraiter de manière effective la questiondes intérêts des pays vulnérables.

Nous encourageons vivement cesinstitutions à accorder la priorité auxpays vulnérables dans leursprogrammes d’action.

Troisièmement, il promouvra lesintérêts et les préoccupations des paysvulnérables en les intégrant dans leprogramme de développementmondial. Le seul fait d’assurer lavisibilité de leurs préoccupations et deleurs intérêts dans le discoursmondial en faveur du développementassurera la cohérence dansl’élaboration de la politique mondialeet un impact effectif du développementdans ces pays.

Quatrièmement, le Bureauentreprendra des actions de plaidoyeren faveur de mesures de soutienglobales pour ces pays.

Enfin, le Bureau fera en sorte defaciliter la présentation et latransmission des politiques mondialesaux décideurs politiques nationaux etla projection de leurs expériencesnationales au plan mondial. Il s’agit làd’un processus décisif en ces tempscomplexes, car les défis etopportunités pour le développementsont de plus en plus marqués d’unedimension globale.

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7Hiver 2012

Au Soudan du Sud, des femmes relèvent le défi de

bâtir une jeune nation. John Ferguson/Oxfam

Soudan du Sud : les défis d’une jeunenation

Un portrait de ToniBacala, Correspondant,MediaGlobal News

Depuis l’acquisition de son indépendancesi convoitée en juillet 2011, le Soudan duSud est la plus jeune nation du monde.Malgré un territoire enclavé, le Niltraverse des terres fertiles et le pays setargue de disposer de réserves pétrolièresde 1,7 milliard de barils et d’autresressources naturelles qui ont été à la foissources de promesses économiques et deconflits civils. Le Soudan du Sud était enguerre avec son voisin du Nord depuis1955, lorsque le Soudan moderne s’estlibéré de ses colonisateurs égyptiens etbritanniques. Après des décennies deguerres civiles, le conflit Nord-Sud a prisfin avec l’Accord de paix global en 2005,qui comportait une clause d’auto-détermination permettant à la populationsoudanaise de déterminer elle-même si leSoudan du Sud devait ou non rester unepartie du Soudan. En 2011, suite à unréférendum, le Soudan du Sud est devenuun état indépendant.

Malgré la sécession pacifique du Soudandu Sud, des litiges concernant les revenuspétroliers et les droits de transit ontcontraint ce pays à arrêter la productionpétrolière début 2012. Alors que leSoudan du Sud produit la plus grossepart du pétrole de la région, sa situationgéographique enclavée le rend dépendantdes filières d’exportation du Nord. Ceslitiges ont placé l’économie et la sécuritédu pays dans une situation délicate, 98 %des recettes de l’État provenant des

exportations de pétrole.

Hormis les réserves pétrolières, le Soudandu Sud est également l’une des régionsagricoles les plus fertiles d’Afrique grâceà un climat équatorial et de généreusesprécipitations. Selon US AID, 90 % duSoudan du Sud sont considérés commezones écologiques. Cependant, seuls 5 %des 30 millions d’hectares de terresarables du pays sont exploités à des finsagricoles.

La majorité de la population dépend del’agriculture de subsistance, alors qued’autres produits alimentaires sontimportés des pays voisins. L’annéedernière, de graves inondations et desviolences communautaires ont entraîné ledéplacement de plus de 400 000personnes, aggravant la situationalimentaire déjà précaire tant au niveaude la production locale que desdisponibilités des produits.

Les catastrophes naturelles et lesmouvements inattendus de population sesont accompagnés de maladies touchantle bétail, les cultures vivrières et lesressources en eau. Néanmoins, lepotentiel du Soudan du Sud en termesd’activités agricoles, et notamment dansle secteur de la production de céréales,d’oléagineux et de cultures marchandes,offre de grandes perspectives auxexploitants locaux.

La communauté internationale a décidéde développer la capacité productive duSoudan du Sud. Le Centre internationalde développement des engrais (IFDC) alancé des programmes favorisantl’utilisation de technologies agricolesmodernes et le développement destratégies orientées vers le marché pourtransformer l’agriculture de subsistanceen une agro-industrie rentable. LeProgramme des Nations Unies pour ledéveloppement (PNUD) a aidé lesautorités locales à mettre en place dessystèmes d’imposition efficients afind’augmenter les revenus non-pétroliers.

L’année 2013 a bien commencé pour leSoudan du Sud, avec une diminution del’inflation de 41 % en 2012 à 25 %. Cettemême année, l’Organisation des NationsUnies pour l'alimentation et l'agriculture(FAO) mettra en œuvre un programmevisant à améliorer la qualité des semenceset à atténuer les problèmes de sécuritéalimentaire. Pour diversifier son

économie après l’interruption de laproduction pétrolière, le Soudan du Suds’est lancé dans la microfinance etl’exploitation de réserves minières tellesque l’or, l’uranium et le cuivre.

Mais l’avancée du Soudan du Sud sur lavoie de la stabilité économique resteentravée par la pauvreté. La pauvretérurale frappe plus de la moitié de ses 9millions d’habitants. Près de 75 % d’entreeux ont un accès limité aux services desanté et à l’éducation de base. Le taux demortalité infantile est élevé du fait de lamalnutrition et de maladies telles que lepaludisme et la pneumonie. Les tensionstransfrontalières ont mis en danger unepopulation de réfugiés composée pourl’essentiel de femmes et d’enfants.

En décembre 2012, l’intégration duSoudan du Sud dans la catégorie des paysles moins développés (PMA) des NationsUnies a fait naître au sein de la jeunenation l’espoir d’un combat plus facilepour acquérir sa pleine indépendanceéconomique et politique. Des années deviolence ont fortement ébranlé le milieusocio-économique du Soudan du Sud. Dessolutions durables sont nécessaires pourpérenniser les investissementséconomiques et les actions humanitaires,notamment pour assurer l’avenir desnombreux jeunes qui composent sapopulation.

Améliorer l’approvisionnement et l’accès à l’eau potable

sont des besoins urgents pour le futur des enfants du

Soudan du Sud.PNUD Soudan du Sud/Brian Sokol

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8 Hiver 2012

Sur la voie de la Conférence consacrée àl'examen décennal complet de l'application duProgramme d'action en faveur des pays endéveloppement sans littoral

Les défis posés aux paysen développement sanslittoral

En 1776, Adam Smith constata que lesrégions enclavées d’Afrique et d’Asieétaient les zones économiquement lesmoins développées au plan mondial. Deuxcent trente cinq ans plus tard, PaulCollier, professeur d’économie àl’université d’Oxford, dans son ouvrageintitulé « The Bottom Billion », dressait lemême constat et déclarait quel’enclavement et le manque de ressources,conjugués à un mauvais voisinage,rendent le développement plus difficile.

Pourquoi les pays en développement sanslittoral sont-ils confrontés à ces défispersistants ? Smith affirmait qu’en raisondes difficultés à commercer, les zonesgéographiquement éloignées ont du malà progresser sur la voie de laspécialisation et à profiter des avantagesconnexes. Il a fondé son analyse sur lesfacteurs entravant le transport terrestresur de longues distances – un problème

qui, en dépit des énormes progrèstechnologiques, reste d’actualité. Lescoûts de transport élevés défavorisent lespays en développement sans littoralcomparativement à leurs voisins côtierslorsqu’ils sont en concurrence sur lesmarchés mondiaux.

Collier avance qu’il n’existe pas destratégie de croissance évidente etgagnante susceptible de permettre auxpays sans littoral disposant de peu deressources d’acquérir le statut de pays àrevenu intermédiaire. Ces pays doiventpar conséquent faire preuve d’ingéniosité,notamment en promouvant de bonnespolitiques commerciales aux niveauxnational et régional, et en particulier àl’égard des gouvernements voisins.

Les Nations Unies reconnaissent 31 paysen développement sans littoral, répartistout autour du globe : 15 sont situés enAfrique, 12 en Asie, deux en Europecentrale et orientale et deux en Amériquelatine. En dépit de leur localisation surquatre continents, tous les pays endéveloppement sans littoral connaissentles mêmes problèmes d’éloignement

géographique (ils sont situés en moyenneà 1606 km de la mer) et d’absence d’accèsdirect à la mer, impliquant unedépendance à l’égard des systèmesd’échange et de transport des pays côtiersvoisins.

Bien que la mondialisation aitinterconnecté les économies commejamais auparavant, les pays endéveloppement sans littoral semblentmarginalisés sur les marchés mondiaux.Ils sont moins intégrés dans l’économiemondiale que la moyenne des autres paysen développement. La proportiond’exportation de marchandises des paysen développement sans littoral dans letotal des exportations mondiales estrestée faible, d’à peine 1,2 %. L’absenced’accès à la mer et l’éloignement desgrands marchés, l’inadéquation desinfrastructures de transit, la lourdeur desprocédures douanières et defranchissement de frontières sont autant

Des goulets d’étranglement majeurs font

obstacle aux flux commerciaux dans les pays en

développement sans littoral.

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de facteurs qui engendrent des coûts detransport et de transaction élevés, sapantles efforts entrepris pour renforcer lacapacité productive.

Les Nations Unies soutiennentles pays en développementsans littoral

Les Nations Unies ont reconnu les paysen développement sans littoral commel’un des groupes de pays présentant desbesoins et défis spéciaux, et les ontinscrits depuis 1957 à l’ordre du jour del’Assemblée générale suite à l’adoptionpar consensus de la Résolution 1028 (XI).Depuis lors, ces pays sont restés à l’ordredu jour de l’ensemble du système desNations Unies, y compris de l’Assembléegénérale et des autres organes desNations Unies, des organisationsinternationales et régionales et despartenaires de développement.

En 2001, le Secrétaire général de l’ONU aétabli le Bureau du Haut-Représentantpour les pays les moins avancés, les paysen développement sans littoral et lespetits États insulaires en développement,avec pour objectif principal d’aider et desoutenir les pays en situations spéciales,y compris les pays en développement sanslittoral.

Par ailleurs, pour remédier auxcontraintes posées aux pays endéveloppement sans littoral, les NationsUnies ont organisé la PremièreConférence ministérielle internationaledes pays en développement sans littoral etde transit, des pays donateurs et desorganismes internationaux definancement et de développement sur lacoopération en matière de transport entransit à Almaty, Kazakhstan, en août2003. C’est à cette occasion qu’ont étéadoptés la Déclaration ministérielle et leProgramme d’action d’Almaty.

L’objectif principal du Programmed’action d’Almaty est de favoriserl’établissement de systèmes efficaces detransport dans tous les pays endéveloppement sans littoral, sur la based’une collaboration mutuellementbénéfique avec les pays de transit endéveloppement et avec le soutien despartenaires de développement. Cinqdomaines prioritaires ont été identifiés,en l’occurrence : 1) les problèmesfondamentaux liés aux politiques detransit ; 2) le développement et l’entretiendes infrastructures ; 3) la facilitation ducommerce, notamment du commerceinternational ; 4) les mesures d’appuiinternationales et 5) l’application etl’évaluation.

Les progrès enregistrés dans lamise en œuvre du Programmed’action d’Almaty

Les pays en développement sans littoralcontinuent de réaliser des progrèsnotables dans la mise en œuvre desdomaines prioritaires du Programmed’action d’Almaty, et la communautéinternationale a intensifié son soutienfinancier et technique. En tant quegroupe, les pays en développement sanslittoral ont enregistré une croissanceéconomique moyenne de l’ordre de 5 % aucours de la période 2003-2010. Durantcette même période, les importations debiens et services ont augmenté, passantde 43 milliards de dollars en 2003 à 158milliards de dollars en 2010, et lesexportations de biens et services sontpassés de 50 à 142 milliards de dollars.Par ailleurs, l’aide publique audéveloppement (APD) dont ont bénéficiéles pays en développement sans littoral aplus que doublé au cours de la période2000-2010. L’investissement directétranger (IDE) dans les pays endéveloppement sans littoral s’est accrudepuis 2000, passant de 3 à 35 milliardsen 2011, alors même que ces pays nereçoivent que 4,5 % du total des fluxd’IDE pour les pays en développement etles économies en transition, comme l’areconnu le Rapport 2012 surl´investissement dans le monde.

En dépit de quelques progrès dans ledéveloppement et la maintenance desinfrastructures, notamment dans les paysen développement sans littoral asiatiques,le pourcentage de routes goudronnées, leprincipal mode de transport, reste bas.Seuls neuf pays en développement sanslittoral disposent de plus de 50 % deroutes goudronnées, ce pourcentage étantde l’ordre de 20 à 49 % dans huit autresde ces pays. Selon une étude de la Banquemondiale, les difficultés en matière detransport sont liées à une insuffisanced’infrastructures physiques mais aussi àun manque d’infrastructuresimmatérielles, principalement de serviceslogistiques. Il convient d’améliorer lesmarchés en parallèle des couloirs detransport et de transit.

Sur la voie de la Conférenced’examen décennal pour lespays en développement sanslittoral

En 2012, dans sa Résolution 66/214,l’Assemblée générale des Nations Unies adécidé de tenir en 2014 une Conférenceconsacrée à l’examen décennal completde l’application du Programme d’action

d’Almaty. Elle sera précédée d’activitésde préparation nationales, régionales,mondiales et thématiques. En plus, dessessions du Comité préparatoireintergouvernemental seront organiséesavant la conférence.

La conférence a principalement pourobjectif de : procéder à une évaluationd’ensemble de la mise en œuvre duProgramme d’action d’Almaty, identifierles politiques efficaces aux plansinternational, régional, sous-régional etnational à la lumière des résultats del’évaluation, réaffirmer l’engagementmondial à répondre aux besoins dedéveloppement et aux défis spéciaux despays en développement sans littoral, etmobiliser des mesures et des actions desoutien internationales supplémentairesen faveur de ces pays.

L’Assemblée générale a désigné leBureau du Haut-Représentant pour lespays les moins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et les petitsÉtats insulaires en développementcomme centre de coordination duprocessus préparatoire au niveau dusystème des Nations Unies. Elle aégalement invité d’autres organes dusystème des Nations Unies et desorganisations régionales, dans lecontexte de leurs mandats respectifs, àapporter le soutien requis et à contribueractivement au processus d’examenpréparatoire et à la Conférence consacréeà l’examen décennal complet.

Les préparatifs ont démarré. Enparticulier, le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développement sanslittoral et les petits États insulaires endéveloppement a élaboré une feuille deroute mettant en lumière les activités àentreprendre à l’approche de laconférence. Deux réunions interagencesont eu lieu – en février 2012 à New Yorket en novembre 2012 à Genève – afin derassembler les engagements despartenaires pour ce qui est del’organisation d’événements, depublications, de réunions d’examenrégionales préalables à la conférence etde s’assurer des contributions au volet «secteur privé » de la conférence et sesprincipaux domaines prioritaires.

La conférence devrait rassembler plus de1 000 participants de haut niveau etexperts des pays sans littoral et de transiten développement, ainsi que leurspartenaires de développement, desorganisations internationales, y comprisdu système des Nations Unies, desinstitutions internationales et financières,des organisations du secteur privé et lesmilieux universitaires.

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10 Hiver 2012

Les 49 pays les moins développés (PMA)comptent parmi les États membres lesplus vulnérables des Nations Unies enraison de la pauvreté largement répandue,du capital humain restreint, de lavulnérabilité face aux chocs extérieurs etde la capacité productive limitée. Enmoyenne, ils ont enregistré des taux decroissance du PIB relativement élevés aucours de la dernière décennie ainsi quequelques progrès dans l’atteinte desobjectifs du Millénaire pour ledéveloppement, quoi que plus faibles quedans les pays d’autres groupes.

Mais une bonne part de cette croissancen’a pas entraîné de création d’emplois etleur structure économique a pourl’essentiel stagné. Ceci explique la forteconcentration de leur structure deproduction et d’exportation et leurdépendance à l’aide. Les handicapsgéographiques, généralementl’éloignement et la superficie réduite deleur territoire, accentuent encore leurmarginalisation dans l’économiemondiale. Ces pays sont de ce faitdisproportionnellement affectés par lescrises multiples, la volatilité et le niveaudes prix des produits alimentaires et del’énergie et les effets des changementsclimatiques.

Les PMA et leurs besoins spéciaux sont

soulignés dans la Déclaration duMillénaire, qui insiste toutparticulièrement sur l’accès aux marchés,l’allègement de la dette et l’assistance enfaveur du développement. D’où l’inclusionde l’APD pour les PMA et de l’accès auxmarchés en franchise de droits pour cesmêmes PMA dans l’OMD 8.

Le Programme d’action d’Istanbul, adoptéen 2011, vise à faire sortirprogressivement ces pays de la catégoriedes PMA grâce à la réduction de leursvulnérabilités structurelles et aurelèvement des nouveaux défis posés audéveloppement, en insistant sur latransformation des structures et lerenforcement de la capacité productive. Ilréaffirme les engagements d’offrir unaccès aux marchés et d’allouer 0,15 – 0,2% du RNB à l’APD en faveur des PMA.

Les OMD ont réussi à attirer l’attentionsur les pauvres et contribué à unemeilleure prise en compte des résultats,mais de nombreux défis subsistentconcernant les OMD 1-7. Il s’agit entreautres de l’allocation d’une grande part del’APD aux secteurs sociaux au détrimentdu renforcement de la capacité productive,y compris dans l’agriculture. Par ailleurs,les questions d’inégalité, de qualité, et desynergies intersectorielles ont étélargement négligées.

Comment le nouveaupartenariat en faveur dudéveloppement peut-ilaccorder la priorité aux PMA ?

Les PMA ont été disproportionnellementaffectés par la triple crise récente etl’impact grandissant des changementsclimatiques. Leurs vulnérabilitésspécifiques aux chocs mondiaux et auxcatastrophes naturelles sont apparues augrand jour. Malgré l’attention particulièrequi leur est portée, ils comptent parmi lesgroupes qui ont enregistrés les progrès lesplus lents dans l’atteinte des OMD. Laforte incidence de la pauvreté — plus de 50% de la population vit avec moins d’undollar par jour dans les PMA — combinéeà une grande dépendance auxfinancements externes et une faiblecapacité d’adaptation aux problèmesconnexes témoignent de leur vulnérabilité.

C’est pourquoi le nouveau partenariatmondial doit accorder la priorité aux PMAafin de les soutenir dans leurs efforts poursortir du piège de la pauvreté. Il doitégalement être axé sur le renforcement dela résilience pour un développementdurable à long terme dans le sens le plus large.

Les populations des PMA ont subi toute une série

de crises, dont la flambée des prix des denrées

alimentaires.

Le Programme de développement pour l’après 2015 :Rationalisation des priorités des pays les moins développés

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11Hiver 2012

La dynamique de la pauvreté escomptéedans ce groupe de pays au cours desprochaines années est autre raison decentrer l’action sur les PMA.

S’agissant des mesures de soutieninternational, il est important de noterque la plupart des PMA restent trèsdépendants de l’aide tant au niveau de laquote-part d’APD dans les dépensespubliques que de l’accès aux devises. Pourles PMA, la quote-part d’APD dans le RNBdu pays bénéficiaire était de 6,9 %. Denombreux pays dont le niveaud’endettement a également augmentérécemment auront donc besoin de l’APD etd’allègements de dettes dans un avenirprévisible.

Cependant, l’amélioration de la qualité del’aide a été lente, notamment en ce quiconcerne la fragmentation, le recours àdes mécanismes donateur-bénéficiaire et laprévisibilité, et il convient de l’accélérer.Un nouveau partenariat en faveur dudéveloppement devrait ainsi reconnaître lerôle de nouveaux acteurs et de nouveauxflux, notamment les financementsinnovants, mais également accorder lapriorité aux PMA dans l’allocation del’APD. Cette démarche pourrait êtrefacilitée par exemple grâce à l’emploi decritères d’allocation de l’APD, commeconvenu dans la récente résolutionconcernant la transition sans heurt pourles pays retirés de la liste des pays lesmoins avancés.

Dans le domaine commercial, l’accentplacé par la cible 8B sur un accès auxmarchés en franchise de droits et decontingent doit être repensé car il estprobable que nous assistions à lapoursuite de l’érosion des préférences. Enplus de mettre en œuvre les engagementsliés aux préférences commerciales, ilconviendrait d’attacher davantaged’importance aux barrières non-tarifaires,qui affectent souvent de manièredisproportionnée les PMA (y compris lasimplification des exigences en matière derègles d’origine), les mesures defacilitation du commerce, ainsi que l’aidepour le commerce. La Déclaration duMillénaire puis le Programme d’actiond’Istanbul ont également reconnul’importance cruciale de l’accès à latechnologie pour la transformationstructurelle et sa nature transversaleimpactant tous les domaines dudéveloppement, depuis la santé etl’éducation jusqu’à la création d’emplois.Cependant, les OMD concernés sontrelativement peu exigeants et les paysindustrialisés ont cherché davantage àprotéger les droits de propriétéintellectuelle qu’à faciliter l’accès à latechnologie aux pays vulnérables. Lesengagements internationaux dans le

domaine du commerce et de latechnologie, y compris ceux duProgramme d’action d’Istanbul, devraientse traduire dans un nouveau partenariat.

Par ailleurs la question de la cohérencepolitique pour le développement,longtemps reconnue comme un élémentdécisif, doit être abordée de manière plusconcrète. Il convient d’y inclure des bienspublics mondiaux, tels qu’unearchitecture financière internationalemieux adaptée aux crises, afin de réduirela fréquence des chocs extérieurs. Demême, la participation et la représentationdes PMA dans les institutionsmultilatérales doivent être renforcées.

Comment le nouveauprogramme en faveur dudéveloppement peut-il refléterles préoccupations etquestions prioritaires des PMA ?

Certains ont convenu que latransformation structurelle devait être lapierre angulaire du cadre pour l’après-2015, car c’est le moyen d’éradiquerdurablement la pauvreté. Ceci est d’uneimportance particulière pour les PMA,caractérisés par des déficiences et desvulnérabilités structurelles. Tout ens’appuyant sur les OMD existants et eninsistant sur la réduction de la pauvreté etle bien-être des populations, il estindispensable de réorienter les priorités etde passer de la compartimentation ensecteurs sociaux à l’intégration dans lesstratégies de développement qui visent àcombiner croissance économique, créationd’emplois et développement participatif.

Le fait que les cibles des OMD aient étéinterprétées, à tort, comme des objectifsnationaux plutôt que mondiaux, vouaitquasiment à l’échec l’atteinte de la plupartdes cibles par les PMA. Les progrès dansun domaine donné, par exemplel’éducation, suivent généralement unetrajectoire en cloche, avec une phase dedémarrage relativement lente, suivi d’unepériode d’accélération et enfin unralentissement. Juger de la réussite d’unpays sur la base de cibles nationalespermettrait une interprétation plus justedu succès.

La capacité productive, première prioritémais également thème transversal duProgramme d’action d’Istanbul, doitbénéficier d’une attention accrue dans unnouveau cadre de développement.L’objectif central, la création d’emploisdécents, est essentiel pour parvenir à uneréduction de la pauvreté. De même, desefforts en faveur du développement

agricole contribueraient à réduire la faimet la malnutrition. De plus, beaucoup defacteurs susceptibles de favoriserl’augmentation de la capacité productive,notamment les infrastructures, l’accès àl’énergie, une éducation de meilleurequalité et un accès plus large à latechnologie, produisent des effetsbénéfiques dans d’autres secteurs, parexemple la santé. La promotion del’économie verte devrait ainsi êtreconsidérée comme un moyen de renforcerla capacité productive, d’attirer desinvestissements et de conquérir denouveaux marchés. C’est pourquoi il estimportant de prendre explicitement encompte les interconnexions entre lessecteurs et d’éviter toutecompartimentation dans le nouveau cadrede développement.

Selon un rapport de la Banque mondialeintitulé « Turn Down the Heat », les PMAcomptent parmi les pays les plus affectéspar les effets des changementsclimatiques, depuis la réduction de laproductivité agricole et des réserveshalieutiques à une augmentation de lafréquence et de l’impact des catastrophesnaturelles, en passant par la hausse descoûts de renforcement de la résilience (parexemple la hausse des coût desinfrastructures ou des services de santé)et une intensification des migrations. Leschangements climatiques constituent parailleurs une menace pour la sécurité. Lenouveau programme de développementdevra garantir une résilience renforcéedes PMA mais aussi insister surl’atténuation des effets de ceschangements climatiques.

Le renforcement des capacités dans tousles domaines susmentionnés est essentielpour permettre aux PMA de s’engagerdans la voie du développement durable. Ils’agit entre autres de la capacité àréglementer les divers secteurs et ànégocier avec ceux qui investissent dansles terres ou les industries extractives afinde générer davantage de revenus tout enévitant les impacts négatifs sur lapopulation et l’environnement. Pourparvenir à un développement durable, ilfaudra par ailleurs renforcer la capacité àréformer le secteur public, à accroître lesrecettes nationales et à lutter contre lafuite illicite de capitaux.

C’est pourquoi le programme dedéveloppement pour l’après-2015 devraitinclure un engagement fort de répondreaux besoins spéciaux des PMA, accordantune priorité visible à leurs défisspécifiques et au renforcement de leurscapacités à les relever. Un tel programmede développement plus completpermettrait également un renforcementde la cohérence des politiques.

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12 Hiver 2012

Les pays émergeants partagent leurprospérité avec les PMA

Jean-Francis RégisZinsou, Représentantpermanent du Béninauprès des Nations Uniess’entretient avec NoshNalavala, Chef de Bureaude MediaGlobal NewsNosh Nalavala

Nosh Nalavala Monsieurl’Ambassadeur, quel est votre ordre dujour en tant que Président du groupe desPMA ?

Jean-Francis Régis Zinsou Jevous remercie de me donner l’occasiond’aborder avec vous et vos lecteurs letravail du Bureau de coordination despays les moins avancés que j’ail’honneur de présider au plan mondial.Le Bureau de coordination a pour rôled’amener tous les États membres dugroupe des PMA à élaborer uneperspective commune et à faire frontensemble contre leurs défis communs.Notre travail s’inscrit dans le processusde mise en œuvre du Programmed’action en faveur des PMA. Nous avonsdéveloppé en mai 2011 à Istanbul unnouveau programme d’action, leProgramme d’action d’Istanbul pour lespays les moins avancés, dont le butessentiel est l’élaboration de méthodesde travail et de politiques permettant lereclassement des PMA d’ici 2020. Voicil’ordre du jour : aider les PMA à sortirde la liste des pays les moins avancés etles assister dans la mise en place destratégies à cet effet.

NN Je crois savoir qu’en 2007 le Bénina introduit le « cadre axé sur le peuple ».Quelles en sont les caractéristiques, quelen est l’intérêt pour le Bénin et peut-ilêtre mis à profit par d’autres PMA sousvotre conduite ?

JFZ Pour parvenir au développement,le Bénin a décidé d’adopter uneapproche centrée sur le peuple car lesdéfis posés aux PMA dans ce domaineconcernent pour l’essentiel lesconditions de vie, le manqued’opportunités et les vulnérabilités de lapopulation – qui sont aussi lesvulnérabilités et les défis de leur pays.C’est pourquoi nous continuons deprivilégier une approche dudéveloppement centrée sur l’humain.

NN En quoi ce cadre peut-il aiderd’autres PMA ?

JFZ Chaque PMA peut tirer profit dece qui a été réalisé, la devise étant de «faire plus de ce qui marche », et le Béninest en tête. Nous nous efforçons depromouvoir les échanges d’expériencesavec les autres PMA, et profitons desenseignements tirés.

NN Pouvez-vous nous parler desrésultats du Programme d’actiond’Istanbul et de l’avancement de samise en œuvre ?

JFZ Le Programme d’action d’Istanbulest un programme global visant àrelever effectivement les défis auxquelsles PMA sont confrontés. Il a été conçusur la base d’une évaluation duProgramme d’action de Bruxelles, menédurant la décennie 2000-2010. La mise

en œuvre du Programme d’actiond’Istanbul progresse de par sonintégration dans les stratégies et lespolitiques nationales. En effet, lesévaluations que nous avons menées lorsde la Conférence d’Istanbul, qui aconduit au Programme d’actiond’Istanbul, et durant sa préparation ontmontré que les PMA pouvaient avancerplus rapidement à condition d’optimiserlocalement les potentiels. Pour ce faire,les pays doivent identifier les domainesdans lesquels ils sont les meilleurs ou cequ’ils sont capables de faire le mieux.C’est ce que nous appelons, en analysepolitique, « l’avantage coopératif ».Lorsqu’un pays fonde sondéveloppement sur les avantagescoopératifs, il a toutes les chances deprogresser à grand pas.

NN Dans le cadre du suivi, quellesnouvelles mesures envisagez-vous deprendre pour renforcer le processusde mise en œuvre ?

JFZ Beaucoup d’initiatives sont encours. Le processus de mise en œuvrene peut être abordé indépendammentdes processus mondiaux actuels. Noussommes allés à Istanbul, puis nous noussommes rendus à Rio où nous avonsdéveloppé une vision réelle de ladurabilité des programmes importantslancés à Istanbul. Désormais, il nousfaut générer des synergies, tout en nousappuyant sur ces programmes. Et c’estce sur quoi nous travaillons en cemoment. Ayant été nommé membre d’ungroupe de 30 experts chargé dedévelopper des objectifs dedéveloppement durable, je suis doncbien placé pour relever ce défi. Nousavons la chance de travailler ensynergie pour profiter de ce qui est faitau plan mondial, mais aussi pourmettre en œuvre ce qui a été conçu àIstanbul. C’est là que nous avons mis aupoint une nouvelle approche trèsspécifique — axée sur le développementdes capacités sur la base des avantagescoopératifs.

NN La coopération Sud-Sud a-t-elleaidé le Bénin et comment envisagez-vous de réduire la fracture entre leNord et le Sud ?

INTERVIEW

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JFZ La coopération Sud-Sud s’estavérée très utile et l’ensemble des PMAest extrêmement reconnaissant auxpays émergeants qui font l’effort departager avec eux leur prospérité.

NN A quels pays faites-vousréférence ?

JFZ La Chine est en tête. L’Inde et leBrésil font beaucoup d’efforts. Parailleurs un groupe de pays à revenuintermédiaire procède avec nous à deséchanges d’expériences fort utiles. Nousavons appris ainsi que les PMA ont prisl’initiative de manière proactive deremédier véritablement aux lacunes etfaiblesses de l’économie qui lesempêchent de faire le grand saut dans ledéveloppement. Nous nous y attelonsdésormais en renforçant la coopérationSud-Sud. Comment réduire l’écart entrele Nord et le Sud ? Il nous faut attirerles investissements du Nord et lescombiner avec les savoirs du Sud pour,avec l’aide des politiques nationales desPMA, générer de nouvelles approchesdu développement au plan local,capables de mobiliser et d’impliquer lespopulations dans le développement. L’undes aspects essentiels de la nouvelleapproche du développement mise aupoint à Istanbul est la nécessitéd’impliquer les populations.

NN En parlant de l’implication desautres, alors que les pays les moinsavancés relèvent de vos compétencesen tant que chef du groupe des PMA,qu’en est-il des pays en développementsans littoral et des petits Étatsinsulaires en développement, dontbeaucoup sont des PMA ?

JFZ Le Programme d’action d’Istanbulest ouvert et global. Un pays demontagne ne rencontre pas les mêmesproblèmes qu’un pays de plainesdisposant de nombreuses terresagricoles pour son développement.Notre programme ouvre des voies queles pays peuvent emprunter enfonctions des défis qu’ils ont à relever,qu’ils soient pays en développementsans littoral , petit État insulaire endéveloppement ou PMA sur un plangénéral. Notre programme a pourobjectif de relever des défis et nous lefaisons avec la participation despopulations. Le programme est centrésur le peuple et a pour objectif decorriger les défauts des politiques et deréduire la vulnérabilité. Notre cadre estaxé sur le traitement des vulnérabilitésen optimisant la capacité locale dedéveloppement.

NN Pouvez-vous nous parlerbrièvement de l’impact deschangements climatiques sur les PMA? Que font les PMA, et plusspécifiquement le Bénin, en matièred’adaptation et d’atténuation, sachantque votre pays est confronté à desproblèmes croissants d’inondation etd’érosion côtière ?

JFZ Ces problèmes sont extrêmementperturbants car ils touchent auxobjectifs du Millénaire pour ledéveloppement, à l’approvisionnementen eau, à la sécurité alimentaire, etc.Lorsque des inondations se produisentau Bénin, toute la population en pâtit.Beaucoup de champs sont situés àproximité des rivières et nous pouvons ydévelopper la production de riz. Maisqu’advient-il en cas d’inondation ? Lescultures sont noyées. Nous envisageonsde construire des digues pour protégerces zones, des investissements à effetcatalyseur qui nous permettrontd’optimiser nos points forts. Concernantl’érosion des côtes, nous avons profité dela coopération avec les pays arabes pourla construction de digues destinées àprotéger nos rivages et prévenirl’érosion. Dans la ville de Cotonou, despans entiers de l’agglomération ont été «mangés » par les vagues et descomplexes hôteliers, construits à uneépoque où l’érosion n’était pas aussiforte, ont été totalement rayés de lacarte. C’est un domaine dans lequel lacommunauté internationale a unintérêt, car le manque d’investissementpour prévenir cette érosion se traduiraun jour ou l’autre par une crisehumanitaire dont le coût financier serabien plus élevé.

NN Monsieur l’Ambassadeur, en tantque président du groupe des PMA,qu’attendez-vous de la communautéinternationale ?

JFZ La communauté internationaledoit créer des synergies, s’appuyer surles capacités locales et tenter de générer

« La coopération Sud-Sud s’est

avérée très utile et l’ensemble

des PMA est extrêmement

reconnaissant aux pays

émergeants qui font l’effort de

partager avec eux leur

prospérité. »

des résultats plus concrets sur le terrainen faveur des populations. Nous devonsà cette fin impulser des changementstangibles. Pendant des décennies, nousavons appelé au renforcement descapacités de transformation des PMA. Sivous cultivez des tomates mais si vousn’êtes pas capable de les transformer,vous mangerez des tomates durant troismois et passerez le reste de l’année àattendre la prochaine récolte. Parcontre, si vous êtes capable de lestransformer, vous pourrez les conserver,les mettre en bouteille et disposerezainsi de tomates tout au long de l’année.C’est ce que nous faisons désormais, etla Chine, l’Inde et le Brésil jouent unrôle prépondérant dansl’autonomisation au plan local de nospays en manque d’installations detransformation.

NN A choisir entre l’APD et unaccroissement de l’investissement, àvotre avis quelle sera à l’avenir lasolution la plus bénéfique pour lesPMA ?

JFZ A l’avenir, nous avons besoind’investissements, autantd’investissements que possible. Nousdevons mettre en place des structures,des institutions capables de réaliser cesinvestissements. L’APD créée unenvironnement propice grâce àl’assistance en matière d’infrastructureet au renforcement des capacités dedéveloppement. Ceci constitue le cadrede l’assistance. Si on vous octroie desmoyens et que vous ne générez pas decroissance, vous n’avancez pas. Et c’était bien là le problème de l’APDjusqu’à présent. L’APD apporte uneamélioration des conditions de vie, maisne confère pas de pouvoir. Nousœuvrons à l’autonomisation de nospopulations, et nous nous appuyons sur ces infrastructures et surl’assistance que nous recevons pourgénérer véritablement de la croissance,générer de la croissance parl’investissement.

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14 Hiver 2012

En juin dernier, les responsablesmondiaux se sont réunis à Rio de Janeiropour la Conférence des Nations Unies surle développement durable, intituléeRio+20.

C’est à cette occasion qu’a été adopté ledocument final « L’avenir que nousvoulons », dont le paragraphe 180 appelleà la tenue d’une Conférence internationalesur les petits États insulaires endéveloppement en 2014. A Rio+20toujours, le message concernant les petitsÉtats insulaires en développement étaitclair : ils restent un cas à part en matièrede développement durable en raison deshandicaps auxquels ils se heurtent et quileur sont propres. Lors des négociationstenues en marge du débat de la 67eAssemblée générale en septembre 2012,les dirigeants des petits États insulairesen développement ont convenu de réunirla conférence à Apia, Samoa.

Bien que la date exacte en 2014 reste àfixer, la Seconde Commission del’Assemblée générale a adopté larésolution A/C.2/67/L.40 concernant lesmodalités de la conférence et de sonprocessus préparatoire. En l’état, cetterésolution énonce que la conférence devraévaluer les progrès accomplis à ce jour etrecenser les difficultés dans la mise enœuvre du Programme d’action de laBarbade pour le développement durabledes petits États insulaires en

développement et de la Stratégie deMaurice pour la poursuite de la mise enœuvre du Programme d’action pour ledéveloppement durable des petits Étatsinsulaires en développement.

La Conférence aura également pour butl’engagement politique renouvelé de tousles pays afin de se pencherfructueusement sur les besoins et lesvulnérabilités propres à ces États et lerecensement de leurs difficultés etpossibilités nouvelles et naissantes pour ledéveloppement durable. Par ailleurs, laConférence visera à renforcer lespartenariats de coopération entre cesÉtats et la communauté internationaletout en explorant de nouveauxpartenariats susceptibles de favoriser lesaspirations au développement durable despetits États insulaires en développement.

Le 21 novembre 2012, le Secrétairegénéral des Nations Unies Ban Ki-moon anommé M. Wu Hongbo, Secrétaire généraladjoint aux affaires économiques etsociales, Secrétaire général de laTroisième conférence internationale surles petits États insulaires endéveloppement. M. Hongbo travaillera ausuccès de la Conférence de 2014 en étroitecollaboration avec M. Gyan Acharya,

Secrétaire général adjoint et HautReprésentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développement sanslittoral et les petits États insulaires endéveloppement, le système des NationsUnies au sens large et les entitésrégionales.

Les changements climatiques, la sécuritéalimentaire, la réduction des risques decatastrophe, les océans, le transfert detechnologie et l’établissement departenariats durable sont en tête del’ordre du jour du Haut-Représentant etde son Bureau.

Il est impératif que les donateursinternationaux et bilatéraux ainsi que lesecteur privé, les institutions financières,les fondations et autres donateurssoutiennent la préparation de laConférence par des contributionsvolontaires au fonds d’affectation spécialepour les petits États insulaires endéveloppement du Département desaffaires économiques et sociales (DAES).Pour la levée de fonds, le Haut-Représentant Acharya collaboreétroitement avec le Secrétaire généraladjoint Hongbo du DAES, en sa capacitéde Secrétaire général de la Conférenceinternationale de 2014, pour sensibiliserles partenaires de développement aubesoin d’un soutien financier pour cetteconférence et son processus préparatoire.

De même, le Bureau du Haut-Représentant travaille en étroitecollaboration avec le DAES en sa qualitéde Secrétaire de la Conférence et d’autresentités du système des Nations Unies etorganes régionaux, par le biais du Groupeconsultatif interorganisations sur lespetits États insulaires en développement,en vue de mobiliser un soutien et desressources pour le processus préparatoireet la conférence proprement dite. LeBureau du Haut-Représentant joueraégalement un rôle important dans l’équipespéciale interdépartementale qui sechargera des modalités logistiques encollaboration avec le pays hôte.

En ce qui concerne les questions de fond,le Bureau du Haut-Représentant prévoitplusieurs événements spécifiques pour lespetits États insulaires en développement –distincts des autres manifestations enrelation avec les PMA et les pays en

La vulnérabilité des petits États insulaires en

développement est exacerbée par l’impact négatif

des changements climatiques.

Les préparatifs de la Troisièmeconférence internationale sur les petitsÉtats insulaires en développement, 2014

RAPPORT D’AVANCEMENT

Reuters

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15Hiver 2012

développement sans littoral - qui serontassociés aux préparatifs de la Conférence2014 sur les petits États insulaires en développement à Samoa. A titred’exemple :

• En mars 2013, le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développementsans littoral et les petits Étatsinsulaires en développement envisaged’organiser une réunion d’experts surl’importance des sciences ettechnologies marines et durenforcement des capacités et dutransfert de technologies marines pourles petits États insulaires endéveloppement. Cette réunion devrait setenir à New York avec la collaborationd’autres entités des Nations Unies, dontla Commission océanographiqueintergouvernementale (COI) del’UNESCO.

• Entre le 19 et le 23 mai 2013, laquatrième session du Dispositifmondial pour la réduction des risquesde catastrophe se déroulera à Genève.A cette occasion, le Bureau du Haut-Représentant prévoit d’organiser une

manifestation spéciale de haut niveauconcernant les petits États insulairesen développement afin d’attirerl’attention sur l’importance demobiliser un soutien international pourréduire les risques de catastrophes etrenforcer la résilience descommunautés de ces petits États.

• Du 9 au 11 avril 2013, le Bureau duHaut-Représentant pour les pays lesmoins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et les petitsÉtats insulaires en développementtravaillera en partenariat avec le Muséeaméricain d’histoire naturelle et sonCentre de la diversité biologique àl’organisation d’un symposium de deuxjours abordant les problèmes actuels depréservation de la diversité biologiqueet culturelle dans les iles océaniques.Alors que le symposium sera axé surdes thèmes scientifiques, le Bureau duHaut-Représentant s’attachera à mettreen lumière les liens essentiels entre lascience et l’élaboration des politiquesen matière de résilience et debiodiversité dans les petits Étatsinsulaires en développement.

Le portail des PMA – Unoutil pour les PMA sur lavoie du reclassementAna Luiza Cortez, Chef du Secrétariat du Comitédes politiques dedéveloppement desNations Unies, s’entretientavec Nosh Nalavala, Chef de Bureau deMediaGlobal News

Nosh Nalavala Mme Cortez,l’objectif du portail consacré auxmesures de soutien des PMA, comme jel’entrevois, est de renforcer les capacitésnationales des gouvernements et dusecteur de l’exportation des PMA qui yparticipent. Ce projet est-ilprincipalement axé sur des questionscommerciales ?

Ana Luiza Cortez Non, pasvraiment. L’idée de départ du projet est derenforcer les capacités des pays les moinsavancés car nous avons pris conscience,au Secrétariat du Comité des politiques dedéveloppement, qu’à chaque fois qu’unPMA était proposé au reclassement poursortir de la liste des PMA, ce payscraignait à juste titre de perdre certainsbénéfices et avantages. Par contre il nesavait pas quels avantages il allait perdre,ce qui était problématique. Bon nombrede ces pays pensaient que l’obtention d’unprêt préférentiel, par exemple du FMI oude la Banque mondiale, était conditionnéepar l’appartenance au groupe des PMA.Or n’est pas le cas. Ils s’inquiétaientégalement de toute une série d’autresmesures qui, d’après eux étaientréservées aux PMA, alors qu’elles ne lesont pas. Ces pays avaient besoin d’êtredavantage informés des mesures desoutien existantes afin de pouvoir y

recourir et mieux se préparer aureclassement.

NN Que faites vous pour dissiper cescraintes ?

ALC Nous avons classé ces mesures entrois grandes catégories : d’abord les

INTERVIEW

suite en page 16

• Suite à Rio+20 et bien sûr à la Stratégiede Maurice, le Bureau a l’intention deprocéder, dans l’année à venir, à uneévaluation des dispositions nationalesen faveur du développement durabledes petits États insulaires endéveloppement, axée sur les besoins encapacités institutionnelles de ces États,et le soutien qu’elles ont apporté à laréalisation des aspirations nationalesau développement durable.

L’objectif de ces consultations thématiquesest d’informer le processus préparatoiremenant à la Conférence 2014 sur les petitsÉtats insulaires en développement et depermettre aux États concernés et à leurspartenaires de développement de sepencher sur d’éventuels thèmes etdomaines de coopération et decollaboration futures.

Les efforts déployés par le Bureau duHaut-Représentant en collaboration avecle DAES et d’autres entités du système desNations Unies et organes régionauxdevraient assurer le succès de la Troisièmeconférence internationale sur les petitsÉtats insulaires en développement de2014 et mener à de nouveaux progrès surla voie des aspirations au développementdurable de ces États.

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16 Hiver 2012

mesures liées aux avantagescommerciaux, pas seulement l’accès auxmarchés mais également les traitementspréférentiels liés à d’autres dispositionslégales ou fiscales. Puis les mesures liéesà l’aide publique au développement, etenfin ce que nous appelons les autresformes de soutien, par exemple lesremises, la contribution au budget desNations Unies, l’accès aux financementsde voyage etc.

NN Je sais que le portail est dédié auxPMA mais certains d’entre eux fontpartie du groupe des petits Étatsinsulaires en développement et d’autresdu groupe des pays en développementsans littoral. Sont-ils égalementconcernés par le portail ?

ALC Les petits États insulaires endéveloppement et les pays sans littoralclassés parmi les pays les moins avancésont accès aux mêmes mesures que lesPMA, à condition de figurer dans cegroupe. En tant que tels, ils ont enthéorie également accès à ces mesuresainsi qu’aux informations du portail.

NN Vous employez l’expression «traitement spécial ». Que cherchent lesPMA en termes de traitement spécialconcernant les obligations imposées parl’OMC ?

ALC Je ne sais pas ce que les PMAnégocient spécifiquement mais je sais parexemple qu’ils ont obtenu récemment unaccès préférentiel au marché pour lesservices, qui ne fait pas partie desmesures spéciales en faveur des PMA. Ilsdisposaient jusqu’à présent d’un accèspréférentiel au marché pour les biens,mais pas pour les services. Et c’est unenouveauté, bien évidemment c’estvolontairement que les partenairescommerciaux, par exemple les États-Unis,l’Union européenne ou l’Inde, accordentun traitement préférentiel aux servicesdes PMA. Ils ont obtenu une dérogationqui n’existait pas auparavant.

NN Quelle définition donneriez-vousdu « traitement préférentiel » ?

ALC Imaginez que je sois le Brésil etque je taxe systématiquement lesimportations de blé à 10 %. Si vous êtes leBangladesh et si vous exportez du blé, jepeux décider de ne pas taxer mesimportations de blé en provenance devotre pays. Vous serez ainsi avantagé par

rapport aux autres producteurs de blé.C’est ainsi que fonctionne un traitementpréférentiel.

NN Était-ce une mesure ressortant duProgramme d’action d’Istanbul qui estmise en œuvre maintenant par le biaisdu portail pour les PMA?

ALC Non, en fait le portail précède laConférence. Le portail proprement dit n’aaucun lien avec le Programme d’actiond’Istanbul. Il est le fruit d’une initiativedu Secrétariat. C’est notre initiative, maisil est vrai que le portail facilite égalementla mise en œuvre du Programme d’actiond’Istanbul, parce qu’il offre une liste faciled’accès de tous les engagements utiliséspar les PMA eux mêmes. Et la plupart desmesures répertoriées sur le portail, pourainsi dire 99 % d’entre elles, sontantérieures au Programme d’actiond’Istanbul.

NN Remontent-elles au Programmed’action de Bruxelles?

ALC Elles remontent encore plus avant; la clause d’habilitation par exemple a étéadoptée en 1979, donc bien avant cesprogrammes d’action.

NN En d’autres termes, il a fallu 10 anspour que cette initiative soit mise enœuvre ?

ALC Oui et non. L’accès préférentiel aumarché existait antérieurement. Mais aufil du temps il a évolué. A titre d’exemple,en 2005, lors de la réunion ministériellede l’OMC à Hong Kong, un accord a étéconclu pour offrir un accès en franchisede droits et de contingent à 97 % aumoins des produits originaires des PMA(définis au niveau de la ligne tarifaire) etceci non seulement dans les paysdéveloppés, mais également dans lesautres pays en développement qui étaienten position de le faire. La façon de mettreen œuvre cette mesure a évolué dans letemps, elle a été affinée et élargie.

NN Peut-on s’attendre à une extensionde ce traitement préférentiel ? Ceci peut-il contribuer à combler le fossé entre leNord et le Sud en réduisant lesrestrictions commerciales ?

ALC Il offre une occasion aux pays lesmoins développés de bénéficier d’unmeilleur accès aux marchés des paysdéveloppés. Mais il n’est pas clairementétabli si les PMA sont en mesure de saisircette opportunité, d’une part en raison dela limitation de leur capacité productive etd’autre part en raison des règlesd’origine, qui restreignent d’une certainemanière l’utilisation des préférences parles PMA eux-mêmes. Un troisième

problème tient au fait que les pays quiaccordent des préférences aux PMA ontaussi conclu des accords commerciauxavec d’autres pays, auxquels ils étendentces préférences. Fort logiquement, leniveau effectif de préférence est donc bienplus faible.

NN En quoi ce projet sert-il l’aidepublique au développement (APD) ?

ALC En ce qui concerne l’APD, les paysdéveloppés ont des objectifs bienspécifiques. Les pays développés se sontengagés à allouer aux PMA entre 0,15 et0,20 % de leur RNB. Certains ont souscritdes engagements concrets. En bénéficientles pays en développement sur un plangénéral, mais une quote-part spécifiques’applique aux PMA, ce qui fait que lerespect de ces engagements impliquepour les PMA un accès plus large auxoutils financiers et technologiques despays en développement.

NN Vous avez évoqué l’incapacité desPMA à profiter de l’ouverture desmarchés dans les pays endéveloppement. Pourquoi conclure queles PMA sont incapables de tirer partides avantages existants liés à leur statutde PMA?

ALC En tant que PMA, ces pays sontpénalisés par ’une capacité productiveinsuffisante. Ils manquentd’infrastructures, de routes, de capacitéstechniques dans le sens où ils nedisposent pas de toutes les institutionsnécessaires pour profiter de cesavantages. C’est pourquoi il est importantqu’ils améliorent leur capacité productive.

NN Vous avez sélectionné des payspilotes en Afrique pour ce projet. Quelssont ces pays et quels sont lesparamètres du projet ?

ALC Nous avons réalisé des études decas en Afrique, au Cap Vert, qui est unpays radié de la liste des pays les moinsavancés, mais nous voulions étudierégalement l’expérience d’un pays sur lepoint d’être reclassé et la façon dont ilnégocie sa sortie de la catégorie des PMAavec ses partenaires. C’est pourquoi nousnous sommes penchés sur le Mali et plusparticulièrement sur le Cadre intégré,auquel ce pays a été admis. Nous avonségalement procédé à l’étude du cas duMozambique, axé sur le programmenational d'action pour l'adaptation auxchangements climatiques. Les autrespays sont le Samoa, le Bangladesh, leNépal et la Gambie.

Interview d’Ana LuizaCortez suite de la page 15

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17Hiver 2012

UN-OHRLLS participe activement au processussur le changement climatique à la 18èmeConférence des États parties à la CCNUCC

Le Haut-Représentantdétaille un plan d’action

Compte tenu de l’impact disproportionnédes changements climatiques sur lesPMA, les pays en développement sanslittoral et les petits États insulaires endéveloppement, le Bureau du Haut-Représentant pour ces pays prend unepart de plus en plus active au débatmondial sur les changementsclimatiques. Alors que leur contributionau réchauffement mondial estnégligeable, les PMA et les petits Étatsinsulaires en développement subissent etcontinuent de subir de plein fouet leseffets négatifs des changementsclimatiques qui menacent de ruiner lesprogrès enregistrés par beaucoup d’entreeux dans l’atteinte d’un développementdurable. Pour bon nombre de ces paysvulnérables, les changementsclimatiques et leurs effets vont bien au-delà des défis en matière dedéveloppement et des efforts d’adaptation– c’est une question de survie.

Le Bureau du Haut-Représentant pourles pays les moins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et les petitsÉtats insulaires en développement,principal défenseur de ces paysvulnérables au sein du Secrétariat desNations Unies, a pour rôle de faireentendre leur voix et de nouer des

partenariats entre ces pays et leurspartenaires de développement sur cettequestion vitale.

Le Secrétaire général adjoint GyanAcharya a participé et pris la parole àl’occasion de trois manifestationsparallèles de la Conférence des parties(COP-18) à Doha. Le 3 décembre 2012, ila participé à un événement organisée parle Centre international de mise en valeurintégrée des montagnes sur le thème «REDD+ et réduction de la pauvreté :qu’est-ce qui a fonctionné et qu’est-ce quiest possible ? ». Il porté insisté surplusieurs pays pilotes REDD+ en phasede préparation, et sur la réduction de lapauvreté comme co-bénéfice de lalimitation des émissions. Cettemanifestation parallèle a permisd’échanger des expériences, d’analyserdes cas spécifiques en Inde, au Népal etau Mexique, et d’identifier despossibilités de réplication/adaptationdans d’autres pays, y compris des PMA.

Plus tard le même jour, M. Acharya aparticipé en tant que panéliste à unévénement parallèle organisé par leSecrétariat de la CCNUCC et consacré autravail du groupe d’experts des PMA ensoutien des programmes d’actionnationaux aux fins de l’adaptation et desprogrammes nationaux d’adaptationdans les PMA. A cette occasion, legroupe d’expert des PMA a présenté lesLignes directrices pour l’établissement

des programmes d’action nationaux auxfins de l’adaptation. Le lendemain, leHaut-Représentant a assisté à unemanifestation co-organisée avecl’Observatoire PMA, une ONGinternationale œuvrant exclusivementsur des questions de développement enrelation avec les pays les moinsdéveloppés, et intitulé : Justiceclimatique pour les PMA : financerl’adaptation et mettre en œuvre leProgramme d’action d’Istanbul. M.Acharya a partagé la tribune avec le Dr.Keshav Man Shakya, Ministre del’environnement, de la science et de latechnologie, Népal ; le Dr. Arjun Karki,Coordinateur international, ObservatoirePMA ; Mme Lidy Nacpil, représentantedu Centre du Sud ; et un représentant dela Coalition panafricaine sur leschangements climatiques.

Dans son allocution, le Secrétairegénéral adjoint a dressé un état des lieuxde la situation des PMA dans le contextedes OMD et mis en lumière le fait qu’aurythme actuel, un certain nombre dePMA n’atteindront pas même un desobjectifs du Millénaire. Outre cesdifficultés, il a souligné le fait que les

Le Secrétaire général adjoint Acharya informe les

Délégués à la Conférence des parties (COP-18) à

Doha des dommages causés par les changements

climatiques dans les pays vulnérables.

suite en page 18

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18 Hiver 2012

changements climatiques continuerontde dégrader la situation. Les PMA n’ontpas la capacité de résister aux effets deschangements climatiques. Pourbeaucoup d’habitants de ces pays,notamment des zones rurales,l’environnement et les ressourcesnaturelles constituent leurs seulsmoyens de subsistance. L’aide de lacommunauté internationale resteraindispensable pour permettre aux PMAde relever les défis évoqués dans leProgramme d’action d’Istanbul.

Devant les participants, il s’est engagé àpoursuivre le soutien accordé aux PMApar le système des Nations Unies. LeHaut-Représentant a également appelé àune amélioration du transfert et de ladiffusion des technologies et ce demanière plus globale. Il a soulignél’importance de la prise en compte deconsidérations climatiques dans ledéveloppement des infrastructures desPMA et établi le lien entre les problèmesd’eau, d’énergie et d’alimentationauxquels le Programme d’actiond’Istanbul accorde la priorité. Il a parailleurs déclaré que toute nouvellesolution de financement devait prévoirun volet « PMA », ce groupe de paysétant le plus vulnérable.

Le Bureau du Haut-Représentant pour les pays lesmoins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et

les petits États insulaires endéveloppement et leschangements climatiques

La participation du Haut-Représentant àla Conférence des parties (COP-18) a étéappréciée par les représentants des PMA,des pays en développement sans littoral etdes petits États insulaires endéveloppement présents à cette occasion.Son implication dans cette manifestation arenforcé la visibilité du Bureau au sein del’ensemble du système des Nations Unies.Le Bureau continuera de redoublerd’efforts pour s’attaquer aux problèmesliés aux changements climatiques au planmondial.

A la lumière du caractère transversal duprogramme en matière de changementsclimatiques, qui couvre les piliers dudéveloppement et de la sécurité du travailde l’Organisation, le Bureau du Haut-Représentant continuera de défendre lacause des PMA et petits États insulairesen développement et de les soutenir dansle processus lié aux changementsclimatiques. Du fait de son mandatspécifique au sein du système des NationsUnies à l’égard des pays les plusvulnérables dépourvus de moyensd’adaptation aux effets négatifs deschangements climatiques, le Bureau duHaut-Représentant prend des mesurespour renforcer davantage ses travaux surcette problématique.

Il s’agit entre autres : d’accroître lesinteractions avec les PMA et les petitsÉtats insulaires en développement sur lesquestions afférentes aux changementsclimatiques ; de développer un site webdédié à ces changements climatiques etprésentant les perspectives des PMA et despetits États insulaires en développement ;de proposer de rejoindre les Partenaires

des Nations Unies sur les changementsclimatiques ; de chercher des opportunitésde participation active aux délibérationsdu Secrétariat des Nations Unies sur leschangements climatiques, y compris parle biais de consultations avec l’Équipe desoutien sur les changements climatiques ;de participer activement à la lutte contreles changements climatiques, y comprispar la facilitation de manifestationsspéciales, de discussions, d’événementsparallèles lors des réunions sur leschangements climatiques et desConférences des parties à la CCNUCC ; decollaborer activement avec les entités dusystème des Nations Unies afin d’élaborerdes documents et des stratégies liées auxeffets des changements climatiques, pourles PMA et les petits États insulaires endéveloppement ; et de renforcer etdévelopper les partenariats avec lesinstitutions, gouvernementales ou non, lesecteur privé et la société civile pourtrouver des solutions permettant derépondre aux effets des changementsclimatiques sur les PMA et les petits Étatsinsulaires en développement.

Conférence des parties (COP-19), Varsovie, Pologne

Le Bureau du Haut-Représentant pourles pays les moins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et les petitsÉtats insulaires en développement al’intention de participer activement à laConférence des parties (COP-19) etd’organiser des manifestations parallèlesen partenariat avec des entités dusystème des Nations Unies et d’autresacteurs et parties prenantes extérieurs àl’ONU. Les thèmes appropriés pourl’organisation de ces manifestationsspéciales seront définis en consultationavec les composantes du Bureau.

Les PMA jouent un rôle de premier plan dansles délibérations de l’Assemblée générale2012 witnessed considerable momentumbehind the Istanbul Programme ofAction (IPoA), which was adopted inIstanbul in May 2011. The continuedsupport from the development partnersand the progress made by the LAu coursde l’année 2012, le Programme d’actiond’Istanbul, adopté à Istanbul en mai2011, a bénéficié d’une impulsionconsidérable. Le soutien continu despartenaires de développement et lesprogrès réalisés par les PMA eux-mêmesse sont confirmés lors des diverses

réunions et manifestations del’Assemblée générale des Nations Uniesconsacrées aux pays les moins avancés.

La réunion ministérielle des PMA s’estdéroulée en septembre 2012 au cours dela 67e session de l’Assemblée générale.Au début de la réunion, le Ministrenépalais des affaires étrangères, M.Narayan Kaji Shrestha a confié laprésidence du groupe des PMA auMinistre des affaires étrangères duBénin, M. Nassirou Bako-Arifari.

Plusieurs délégués de PMA ont expliquéen quoi leurs stratégies nationalestraduisaient les objectifs soulignés dansle programme d’action d’Istanbul etcomment leurs stratégies de retrait de laliste des PMA viendront appuyer leurreclassement d’ici 2020, ce qui est le butultime du Programme d’action. Parailleurs, ils ont insisté sur l’attentionaccrue qu’il convient de porter auxprocessus de transition sans heurt afinde préserver la durabilité de lacroissance. L’accent a été placé sur la

TOUR D’HORIZON ET RÉSUMÉ

UN-OHRLLS à la 18èmeConférence des Étatsparties à la CCNUCC suite de la page 17

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19Hiver 2012

nécessité d’une plus grandeappropriation de la part des PMA etd’une représentation et participationaccrues dans les processus décisionnelsau plan mondial.

A l’issue de la réunion, une Déclarationministérielle a été adoptée parconsensus. Elle réitère l’engagementferme de promouvoir et mettre en œuvrele Programme d’action d’Istanbul etsouligne les graves préoccupationssuscitées par les multiples crisesactuelles qui affectent les PMA dediverses manières, telles que la baisseéventuelle de l’APD bilatérale nette. Ladéclaration insiste par ailleurs sur lanécessité de renforcer le partenariatmondial en faveur du développement, eny associant l’ensemble des acteurs,notamment les parlements, la sociétécivile, le secteur privé et les fondations.

Les problèmes des PMA ont aussi étédiscutés en octobre, à l’occasion de lasession de la Deuxième Commission del’Assemblée générale consacrée auxgroupes de pays en situations spéciales.Le Secrétaire général adjoint, M.Acharya, a présenté les rapports duSecrétaire général intitulés « Mise enœuvre du Programme d’action en faveurdes pays les moins avancés pour ladécennie 2011-2020 » (A/67/88) et «Assurer la bonne exécution desfonctions du Haut Représentant pour lespays les moins avancés, les pays endéveloppement sans littoral et les petitsÉtats insulaires en développement etrenforcer ses capacités et son efficacitéainsi que l’efficacité de l’appui fournipar le système des Nations Unies auxpays les moins avancés » (A/67/262). Parailleurs, le rapport du groupe de travailspécial chargé d’étudier plus avant et derenforcer la transition sans heurt despays sortant de la catégorie des pays lesmoins avancés (A/67/92) a été examiné.

Dans ce contexte, deux résolutionsrelatives aux PMA ont été adoptées : unerésolution intitulée « Suivi de la

quatrième Conférence des Nations Uniessur les pays les moins avancés »(A/Res/67/220) et une autre intitulée «Stratégie de transition sans heurt pourles pays retirés de la liste des pays lesmoins avancés » (A/Res/67/221).

La première résolution réaffirme lavolonté des États membres d’apporter unsoutien accru et personnalisé aux PMAainsi que les engagements souscritsdans le Programme d’action d’Istanbul.Elle propose un suivi et un contrôle pluscohérents à l’échelle du système desNations Unies de la mise en œuvre de ceProgramme d’action, ainsi quel’inclusion de cette mise en œuvrecomme point permanent de l’ordre dujour du Conseil des chefs de secrétariat.De plus, la résolution souligne lanécessité d’allouer au Bureau du Haut-

Représentant pour les pays les moinsavancés, les pays en développement sanslittoral et les petits États insulaires endéveloppement des ressources adéquatespour lui permettre de remplir sonmandat élargi s’agissant de la mise enœuvre opportune et effective duProgramme d’action d’Istanbul.

La résolution sur la stratégie detransition sans heurt énonce la nécessitéd’une transition de sortie progressive dela catégorie de PMA, fondée sur unestratégie nationale et soutenue par desmesures internationales. Les Étatsmembres sont encouragés à accroître lepartage d’informations et à améliorerleur compréhension des mesures d’appuidisponibles au niveau international enfaveur des pays les moins avancés, deleurs caractéristiques et modalités. Ellerecommande que le mécanismeconsultatif pour une transition sansheurt soit mis en place par le paysconcerné, en coopération avec sespartenaires de développement et sespartenaires commerciaux bilatéraux etmultilatéraux, avec le soutien dusystème des Nations Unies. Larésolution invite également lespartenaires de développement à tenircompte des indicateurs spécifiques auxpays les moins avancés, tels que le RNBpar habitant, l’indice du capital humainet l’indice de vulnérabilité économique,comme critères pour l’allocation de l’aidepublique au développement.

Plusieurs questions essentielles affectant les PMA ont été

soulevées durant la 67e Assemblée générale Reuters

Au cours de l’année 2012, le Programme d’action

d’Istanbul, adopté à Istanbul en mai 2011, a bénéficié

d’une impulsion considérable. Le soutien continu des

partenaires de développement et les progrès réalisés

par les PMA eux-mêmes se sont confirmés lors des

diverses réunions et manifestations de l’Assemblée

générale des Nations Unies consacrées aux pays les

moins avancés.

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20 Hiver 2012

MEILLEURES PRATIQUESsur la façon d’exploiter fructueusement les connaissances, aptitudeset compétences de la diaspora et les transférer aux PMA

La diaspora afghane encouragéeà rentrer au pays.

Au cours des années 2000, les organisationsinternationales ont mobilisé des membreshautement qualifiés de la diaspora pourcontribuer, via un transfert de connaissances etde compétences, aux efforts de reconstruction etde renforcement des capacités locales. Entre 2002et 2006, 38 volontaires ont fourni une assistance aux efforts nationaux de renforcementdes capacités de l’Administration intérimaire afghane et du gouvernement qui lui asuccédé. Ils ont été mobilisés par le biais du programme TOKTEN du PNUD. L’OIM alancé un programme intitulé « Retour temporaire de nationaux qualifiés » (TRQN)conjointement avec les Pays-Bas. C’est ainsi qu’a été mobilisé et financé le retourtemporaire (pour trois ou six mois) de membres de la diaspora afghane installés auxPays-Bas et disposant de qualifications dans les secteurs de l’éducation, de la santé, del’ingénierie, des infrastructures et des technologies de l’information. Ces qualificationsavaient été apprises et/ou exercées par les membres de la diaspora dans le pays hôte. Lesparticipants ont évoqué comme motivation leur identification avec leur pays d’origine etleur désir de participer à sa reconstruction.

Réseau médical de ladiaspora pour leBangladesh.

Mobilisation des ressources ettransfert de connaissance enfaveur d’Haïti.Au Canada, le Regroupement des organismescanado-haïtiens pour le développement(ROCADH) rassemble plusieurs organisationsphilanthropiques dont le but est la réalisationdu développement humain durable en Haïti. Le

ROCADH réunit ainsi près de 47 associations de citoyens d'une même ville natale. Ildéploie des activités dans le domaine de l’éducation et du renforcement des capacités (ycompris en matière de technologies agricoles et d’élevage, de transformation desmatières premières, de services médicaux et touristiques). Le ROCADH a réussi àcanaliser des financements substantiels via l’Agence canadienne de développementinternational (ACDI). Pour être éligible aux financements de l’ACDI, le ROCADH doitcontribuer à hauteur d’un tiers du montant du projet.

Des médecins bangladeshisd’Amérique du Nord ont mis en placela Bangladesh Medical Association ofNorth America (BMANA) en 1980.Elle soutient le pays d’origine enorganisant des visites d’équipesmédicales chargées de dispenser desformations, de procéder à destransferts de technologie, de fournirdes services cliniques spécialiséssubventionnés ou bénévoles, ainsi quedes dons de livres, d’ordinateurs et dejournaux aux écoles et universités demédecine du Bangladesh. Sesmembres ont participé à des activitésde transfert de connaissances et deformation aux techniques médicalesde pointe, par exemple en neurologie,chirurgie et contrôle des infections.

Source – Rapport 2012 sur les pays les moins avancés, CNUCED

Renforcer les études de doctorat à l’université d’Addis Abeba.Constatant le besoin manifeste d’une meilleure formation de niveau doctorat en Éthiopie, la plus grande université du pays a misen place plusieurs programmes de doctorat. Elle a cependant réalisé que pour atteindre ses objectifs, elle ne pouvait pas compterexclusivement sur ses propres ressources. C’est pourquoi elle a décidé de mobiliser la diaspora nationale travaillant dans desinstitutions universitaires à l’étranger. A cette fin, en 2008 elle a lancé un programme à grande échelle financé par leGouvernement éthiopien et les agences française et danoise d’aide publique au développement. Les principaux participants del’étranger étaient des Éthiopiens travaillant dans des universités d’Europe et des États-Unis, dont certains sont parvenus àconvaincre leurs collègues non-éthiopiens de prendre part au projet. Leur collaboration avec le pays d’origine s’est traduite par lacontribution à des séminaires de recherche, des dons de livres, l’établissement de relations entre des laboratoires des universitésd’Addis Abeba et des laboratoires étrangers, et des directions de thèses assurées par des membres de la diaspora. Le programme aeu un impact considérable sur plusieurs départements universitaires.