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Rapport de stage
Stage en PVD
Cajamarca, Pérou
Université Catholique de Louvain DENIS Camille Faculté de Médecine MED 23-24 Maître de stage : Dr. Myriam Malengreau Année 2010-2011
#""
Table des matières
Mes motivations……………………………………………………………………………..3
Cajamarca……………………………………………………………………………………3
Hôpital Régional de Cajamarca………………………………………………………..…..3
Fonctionnement………………………………………………………………….….3
Description du service de médecine interne….………………….………………4
Description du service d’urgences..……………………….………………………4
Expérience personnelle à l’HRC…………………………………………………..5
Centre de santé de Santa Barbara…………….………………………………………….6
Fonctionnement……………………………………………………………………..6
Expérience personnelle à Santa Barbara………………………………………...7
Points positifs………...……………………………………………………………………...8
Points négatifs…….………………………………………………………………….......…8
Mes investigations……………………………………………………………………...…..9
Mortalité néonatale et infantile au Pérou…………………………………………9
Satisfaction du personnel de santé………………………………………….……9
Eventuels projets d’investigation………………………………………………………….11
Conseils pratiques…….…………………………………………………………………....11
Remerciements...…………………………………………………………………………...11
$""
Mes motivations
Tout a commencé par le cours d’hygiène tropicale en premier master…Pour moi, assister à ce
cours était évident… J’avais vraiment envie de partir en Amérique latine, je ne m’étais même
pas vraiment posé la question...
Puis, fin deuxième master, l’attribution des destinations par ce fameux tirage au sort…Quel
stress…J’avoue que ma première idée était de partir au Chili, mais le Pérou ne m’a pas du
tout déplu, au contraire…
Cette année sabbatique au Mexique, après ma rhéto, m’avait vraiment donné l’envie de
retourner dans un pays latino. D’abord, parce que je maitrisais les quelques bases d’espagnol,
et puis surtout, pour découvrir un autre monde, une autre réalité de la vie quotidienne et de la
santé dans les zones moins favorisées du monde. J’avais ce désir d’aller voir ailleurs :
rencontrer des gens avec d’autres besoins, d’autres priorités, et peut-être parvenir à donner un
petit coup de main là-bas.
Cajamarca
Cajamarca est une des villes les plus importantes du nord des Andes péruviennes. Elle se situe
à 2650m d’altitude et est entourée d’immenses montagnes.
Elle compte environs 135.000 habitants. Sa population est très hétérogène, elle se compose
autant de paysans avec de grands chapeaux et des écharpes colorées vivant de l’agriculture et
de l’artisanat, que de jeunes citadins plutôt attirés par la mine.
Au niveau météorologique, le Pérou comporte trois grandes zones climatiques :
- La jungle amazonienne (selva) à l’est, avec un climat tropical chaud et humide.
- Les montagnes et hauts plateaux andins (sierra) au milieu du pays où il peut faire très
froid la nuit et où il faut se protéger du soleil la journée.
- Le désert côtier (playa) à l’ouest, avec un climat aride et sec toute l’année.
Il y a deux saisons à Cajamarca, la saison des pluies de novembre-décembre à mars-avril et la
saison sèche tout le reste de l’année. Les pluies peuvent être violentes, mais le soleil
réapparait souvent.
Les collines autour de Cajamarca regorgent d’or. Yanacocha est devenue l’une des mines les
plus productives du monde. L’afflux d’ingénieurs étrangers à Cajamarca a donc entrainé une
augmentation du niveau de vie dans la région. L’exploitation est réalisée par le lavage
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d’énormes quantités de terre de la montagne avec des solutions de cyanure. Cette technique
dangereuse nécessite d’immenses volumes d’eau, ressource dont dépend la vie des paysans…
Tout cela ne laisse donc pas indifférent les Cajamarquinais. Il y a déjà eu plusieurs
mobilisations populaires importantes, notamment lors du combat pour l’eau potable.
Hôpital Régional de Cajamarca
Entrée de l’Hôpital Régional de Cajamarca.
Entrée des urgences de l’HRC.
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Partie de l’HRC où se trouve les bureaux.
Fonctionnement
L’HRC est un hôpital de plein pied. Il est le principal de la ville de Cajamarca, mais aussi de
tout le département de Cajamarca. Il y a aussi de nombreuses cliniques privées qui sont
réservées exclusivement aux plus fortunés.
Cet hôpital comporte un service de médecine interne, d’urgences, de gynécologie, de pédiatrie
et de soins intensifs. Il y a aussi des consultations (cardiologie, gastroentérologie,
dermatologie, ophtalmologie,…) qui se déroulent surtout au matin.
La pharmacie de l’hôpital se situe en dehors des urgences, à l’entrée de l’hôpital. Elle contient
des médicaments de bases génériques : antibiotiques, antidouleurs, hypotenseurs, solutions
d’hydratation et de perfusion, matériels de chirurgie,…Pour les choses qui ne sont pas
disponibles en pharmacie ou pour les médicaments de marque, il y a d’autres pharmacies en
dehors de l’hôpital.
Le SIS est un système de sécurité sociale où il faut payer un minimum pour être assuré.
Malheureusement ce système ne couvre pas les pathologies chroniques, comme par exemple
l’hypertension, le diabète, l’arthrite, les cancers,…Beaucoup de patients ne peuvent donc pas
se payer les examens et les traitements nécessaires. Le médecin essaie alors de trouver un
compromis : faire le moins de dépenses possible pour une prise en charge la plus correcte
possible. Il existe aussi d’autres systèmes de sécurité sociale qui couvrent plus de maladies
mais qui coûtent alors plus chers.
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Les internes (étudiants en 7ème année), fortement responsabilisés, assurent le fonctionnement
des services, avec la supervision des médecins spécialistes. Ils effectuent leur internat d’une
année dans ce même hôpital et changent de service tous les trois mois.
Actuellement, un nouvel hôpital à 6 étages est en construction, il se situera plus en périphérie
de la ville. Le personnel compte s’y installer fin de l’année.
Description du service de médecine interne
Ce service contient une trentaine de lits (une dizaine de chambres), avec le bureau des
médecins, une pièce pour les infirmières et un petit espace pour les internes.
Le docteur Gil (un médecin qui a fait la spécialité de médecine interne) est le médecin qui m’a
accueilli quand je suis arrivé dans ce service. Tous les matins, un exposé était réalisé
(insuffisance cardiaque, thrombose veineuse profonde,…) dans la pièce réservée pour les
internes de ce service. Ensuite, le médecin, avec ses assistants, effectue la visite quotidienne
des patients, ce qui prenait souvent plusieurs heures, car le médecin réexpliquait la pathologie,
nous posait des questions,… C’était très intéressant.
On pouvait trouver toutes sortes de pathologies dans ce service : avant tout beaucoup de
tuberculoses, des cancers, des accidents vasculaires cérébraux, des insuffisances cardiaques et
respiratoires, des neurocysticercoses, des ulcères gastriques, de l’HTA, du diabète,…
On m’avait conseillé de d’abord passer par ce service avant d’aller au service d’urgences, car
celui-ci était plus calme et cela allait m’aider à améliorer mon vocabulaire médical.
Description du service d’urgence
Ce service est constitué d’une pièce principale où se trouvent deux tables d’examens. Le
patient doit avant tout passer par la caisse située à l’extérieur des urgences pour avoir un reçu
et pouvoir être examiné. Une fois le problème du patient cerné et le traitement prescrit, la
personne qui accompagne le malade va alors chercher les médicaments nécessaires à la
pharmacie de l’hôpital. Si le patient est couvert par le SIS, c’est un aide technique qui va les
chercher. Ensuite, soit le patient rentre chez lui, soit il reste en observation. Il y a trois salles
de repos (pour les hommes, les femmes, et les enfants).
Communiquant avec la pièce principale, se trouve la salle de trauma choc pour les patients qui
nécessitent un contrôle plus fréquent des fonctions vitales et des manœuvres de réanimation.
Cette salle contient un appareil à ECG, du matériel pour les intubations, deux moniteurs pour
le contrôle des fonctions vitales,…
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Il y a aussi une pièce pour la petite chirurgie (lavage de plaies, sutures,…) et une pièce qui
sert de tri pour la gynécologie-obstétrique.
Le moyen diagnostique le plus important reste la clinique. Dans l’hôpital, il y a aussi un
laboratoire (hémogramme complet, groupe sanguin, analyse de sédiment urinaire, urée,
créatinine, glucose) et la possibilité de faire des radiographies. Des organismes privés (tout
proche de l’hôpital) proposent d’autres moyens diagnostiques comme les scanners, analyses
des gaz du sang,…mais ce n’est pas pris en charge par le SIS, c’est donc aux frais du patient.
Expérience personnelle à l’hôpital
Ce n’était pas facile le premier jour quand je suis arrivée là-bas devant l’hôpital. J’étais seule,
il y avait plein de monde partout, j’avais l’impression d’être dans une gare…En plus, je ne
savais pas trop à qui m’adresser…Les gens me dévisageaient comme si je venais de la planète
Mars…Pour rentrer dans l’hôpital, je devais montrer mon passeport et mes papiers aux
vigiles !
Avec le temps, tout est devenu plus facile, les médecins savaient qui j’étais, d’où je venais et
ce que je venais faire ici. J’étais déjà plus sûre de moi, je savais où je devais aller,…
J’ai donc commencé mon stage dans le service de médecine interne (avec le docteur Gil). J’y
ai fait la connaissance de nombreux internes qui m’ont rapidement intégrée dans leur travail.
J’ai aussi fait des consultations de gastroentérologie (avec le docteur Alban). Beaucoup de
cancers de l’estomac y étaient diagnostiqués, on en voyait plusieurs par
jours…Malheureusement, la plupart des malades ne pouvait pas payer le traitement adéquat.
Je suis aussi partie avec lui un week-end à Namora (dans le « campo ») pour travailler dans
un centre de santé (posta). Cela m’a vraiment beaucoup plu.
J’ai aussi participé aux consultations du docteur Martos, l’unique cardiologue de l’hôpital. Il a
énormément de travail et est très apprécié par ses patients. Il était fort demandé. En plus des
consultations de cardiologie, il réalisait aussi des échographies cardiaques et fœtales, des
échodopplers, des ponctions pleurales (il manque, en effet, un pneumologue dans cet hôpital),
des ECG,… Ensuite, je suis allée dans le service d’urgences avec le docteur Blanco. Au
début, ce n’était pas évident, car les internes en médecine changeaient tous les jours et donc je
devais quotidiennement expliquer qui j’étais et ce que je faisais ici. J’ai commencé par
observer pour comprendre le fonctionnement du service et les habitudes de prise en charge et
de traitement des patients. Ensuite, petit à petit, j’ai pu prendre en charge moi-même l’accueil
des patients, faire quelques sutures, désinfections de plaies,…
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Les pathologies rencontrées sont similaires à celles rencontrées en Belgique : appendicite,
cholécystite, infection urinaire, pyélonéphrite aigue, colique néphrétique, accident de la voie
publique, AVC,…La différence, c’est qu’on les rencontre à un stade souvent plus avancé.
Bien souvent, les malades ont déjà essayé de se traiter, ce qui rend souvent le diagnostic plus
difficile.
Ce qui m’a aussi impressionnée, c’est le nombre important de tentatives de suicide par
Carbamate ou « mort-aux-rats », surtout par des adolescentes. Il y a également beaucoup de
violence : blessures par balle, coups de couteaux,…
C’était très intéressant au niveau sémiologique, j’ai pu affiner mon jugement diagnostique à
partir de la clinique. Ce stage m’a aussi appris à évaluer l’état d’urgence d’un patient.
Finalement, on essaie de s’adapter à la situation économique du patient et donc le plus
souvent, de faire le moins d’examens complémentaires possibles.
J’ai beaucoup aimé ce stage, car j’ai pu voir beaucoup de pathologies différentes.
Centre de Santé de Santa Barbara
Ancienne posta à gauche, nouvelle posta à droite.
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Fonctionnement
Le village de Santa Barbara se trouve à une dizaine de kilomètres de Cajamarca. Il fait partie
du district de Los Banos del Inca. L’année passée, le centre de santé se trouvait encore dans le
même bâtiment que l’église. Aujourd’hui, un nouveau centre plus grand (un étage) a été
construit juste à côté de l’église. Mais actuellement, il manque d’équipement et de personnel,
alors la plupart des pièces sont vides.
Le centre de santé est ouvert du lundi au samedi dès 7h30 du matin. Il y a tous les jours trois
aides techniques, une infirmière, deux obstétriciennes, et un médecin « sérumiste » (service
civil - première année de pratique de la médecine ). Tous les jours, il y a des consultations de
contrôle pour les enfants, des consultations prénatales pour les femmes enceintes, des
consultations gynécologiques pour les contrôles de frottis et des consultations générales prises
en charge par le médecin, ou par l’infirmière ou obstétricienne lorsque le médecin est absent.
Une fois par semaine, les obstétriciennes vont rendre visite aux femmes gestantes qui n’ont
pas pu se présenter aux contrôles et, les infirmières, elles, vont rendre visite aux enfants
malades et vont faire des campagnes de prévention (choléra, hygiène dentaire,…).
Dans le centre de santé se trouve une petite pharmacie où les malades peuvent s’acheter les
médicaments les plus courants.
Avant toute consultation, une infirmière prend les paramètres du malade : poids, taille,
température, tension artérielle. Ensuite, le dossier avec l’anamnèse (historia) du patient est
remis au médecin ou à l’obstétricienne.
Ce sont surtout les petits enfants et les personnes plus âgées qui vont consulter. Les premiers
plus souvent atteints par des rhinopharyngites, amygdalites, pharyngites, parasitoses
intestinales,…et les suivants pour des problèmes chroniques : douleurs à l’épaule, au dos
(travail manuel), HTA,…mais parfois aussi des brûlures, des blessures, des morsures de
chiens, des infections urinaires,…
Quand la situation des malades dépasse les capacités du centre, les patients sont alors référés à
l’HRC.
Expérience personnelle à Santa Barbara
Lorsque je participais aux consultations médicales, en général, le médecin faisait l’anamnèse,
je réalisais l’examen clinique qu’il refaisait partiellement, et ensuite, on discutait du
traitement. La quantité de patients était en général assez importante, plus, paraît-il, qu’il y a
quelques années, lorsqu’il n’y avait pas encore de SIS.
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Il y avait, au centre de santé, plus de contact avec les patients qu’à l’HRC et on ressentait tout
l’aspect humain de la relation médecin-patient.
J’ai aussi eu la chance de pouvoir faire des consultations avec l’obstétricienne du centre. La
plupart des patientes venaient pour des injections d’hormones (fréquemment utilisées là-bas
comme moyens de contraception), d’autres pour des frottis cervicaux (le Papanicolaou),
d’autres encore pour effectuer un contrôle prénatal,…
Une autre partie du travail au centre consistait en sorties communautaires. Nous partions à
quelques-uns dans les villages (Llagamarca, Los Tres Molinos, Colcapampa,…) pour donner
des soins et faire différentes activités de prévention ou de promotion de la santé. J’ai, par
exemple, eu l’occasion de participer, avec les infirmières, à plusieurs campagnes de
vaccination (papillomavirus et polio-rubéole-rougeole). Je suis aussi allée rendre visite, avec
l’obstétricienne, aux femmes gestantes qui ne sont pas venues aux contrôles.
C’est cette partie du travail dans le centre de santé que j’ai préférée : rencontrer les
« campesinos » dans leur milieu de vie,…Nous étions en général bien accueillis même si les
gens étaient d’abord plutôt distants avec moi. Ce travail était aussi beaucoup plus détendu
qu’au centre de santé même. Ce que j’ai aussi pu découvrir, c’est que, malgré toute cette
misère, ce manque d’hygiène, et toutes les autres difficultés auxquelles les campesinos
devaient faire face, ils montraient une joie de vivre rarement rencontrée chez nous en
Belgique.
Points positifs
L’HRC est un hôpital universitaire avec ses points positifs : chaque matin nous avions un
exposé sur une pathologie particulière, la plupart des médecins sont également professeurs et
ont donc un côté pédagogique,…
La rencontre avec ce monde médical m’a confrontée au problème de la pauvreté : pas assez de
moyens techniques et un système de santé où les soins sont entièrement à charge du patient.
Cela ouvre l’esprit.
Cette expérience fut aussi une confrontation avec une autre mentalité, une autre culture, avec
la mort et la solitude,…Elle m’a ouvert les yeux et m’a permis d’apprécier les moments moins
ordinaires.
J’ai pu approcher les dimensions sociales et publiques de la santé : prendre par exemple
l’habitude de demander si la personne a une sécurité sociale et si elle sait signer…
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Les sorties en communautés et les campagnes de santé furent aussi une expérience inoubliable
pour moi.
J’ai notamment eu la chance d’être reçue dans une famille péruvienne qui m’a réellement
intégré dans leur vie.
Le fait de partir seule facilite l’intégration avec les autres péruviens : ceux appartenant au
monde médical, mais surtout ceux rencontrés en dehors de l’hôpital.
Je n’ai pas eu de difficultés linguistiques : le quechua étant très peu parlé dans cette région.
Tout le monde parle le castillan. J’ai eu la chance aussi d’avoir de bonnes bases en espagnol,
ce qui a vraiment facilité mon intégration au sein de l’équipe médicale.
J’ai eu la chance d’assister au Carnaval de Cajamarca. Il commence au début du Carême,
généralement en février. Bien que tous les carnavals soient différents, les Péruviens sont
unanimes sur le fait que celui de Cajamarca est de loin le plus beau. Les fêtes durent 9 jours
pendant lesquels la population danse, chante, boit, s’amuse…Les défilés dégénèrent souvent
en batailles d’eau, mais aussi d’huile et de peinture.
Je suis très heureuse d’être partie là-bas.
Points négatifs
L’HRC est un hôpital universitaire avec également ses points négatifs : le nombre de
stagiaires dans l’hôpital est assez impressionnant. On se retrouvait donc souvent à 10-15
autour du lit du patient. On ne pouvait pas toujours entendre les explications du médecin,…
C’était parfois aussi un peu difficile, car nous n’avons qu’une maigre expérience de la
pratique médicale et de la prise de responsabilités. J’ai donc appris là-bas une multitude de
choses sur la sémiologie et la pratique. Je me suis rendue compte de la nécessité d’une prise
en charge en équipe du patient. C’est sans doute un peu triste à dire, mais j’ai aussi appris à
découvrir les limites de ce que ce que je pouvais offrir au patient : la patience, l’écoute, …
Les formalités aussi bien pour les stages en hôpital qu’au centre de santé étaient très
importantes. Tout doit être signé, tamponné, vérifié,…
Au centre de santé, la moitié du temps d’une consultation consistait au remplissage de
papiers, car la plupart des actes rentrait dans le SIS, qui exige un formulaire à remplir.
J’ai également eu des difficultés à me frayer une place active dans le milieu médical : je
devais souvent insister pour pouvoir poser un acte médical.
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Le fait aussi qu’il n’y ait pas les moyens diagnostiques et les traitements nécessaires pour
soigner les malades, ni les moyens financiers par les patients eux-mêmes pour se soigner, était
assez frustrant.
Cajamarca est situé à 2650m d’altitude. Je me suis sentie super fatiguée et épuisée pendant
une grande partie de mon séjour.
Malgré les petits aléas, j’ai été vraiment ravie de mon expérience : elle fut instructive et
inoubliable, autant sur le plan médical que sur le plan humain.
Mes investigations
1. Mortalité néonatale et infantile au Pérou
Voir mon incident critique
2. Satisfaction du personnel de santé
- Motivation, démotivation, frustration ? Pourquoi ?
- Heureux, malheureux ? Pourquoi ?
Infirmières
Le positif
- Hôpital : Aime bien ce qu’elle fait, aime s’occuper des gens.
- H : Bonne entente avec le médecin.
- Santa Barbara : Bonne entente avec le personnel.
- SB : Rémunération. Les infirmières, comme les médecins d’ailleurs, doivent faire une année
en tant que « sérumistes » et ne sont pas rémunérés pendant cette année
Le négatif
- H : « Bouc émissaire » : quand le médecin a, par exemple, du retard dans ses consultations,
l’infirmière va en avertir les patients qui la jugent comme fautive, ils deviennent alors
agressifs.
- SB : Certains patients sont très pauvres et on ne peut rien faire pour eux.
- SB : Il y a beaucoup de papiers à remplir lors d’une consultation (SIS…).
- SB : L’obstétricienne de la posta trouve dommage de ne pas avoir le matériel nécessaire
pour pouvoir pratiquer des accouchements. En effet, la posta de Santa Barbara est au niveau
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I.1en ce qui concerne l’échelle des niveaux de soins. Il existe les niveaux : I.1, I.2, I.3, I.4,
II.1, II.2. L’HRC est au niveau I.3.
Etudiants
Le positif
- H : Ils font enfin autre chose qu’étudier.
- H : Ils participaient enfin à ce qu’ils ont toujours voulu faire depuis le début.
- H : C’est un des premiers contacts avec le patient, c’est assez émouvant !
Le négatif
- H : L’HRC est un hôpital peu développé (niveau I.3) : peu de techniques, peu de
spécialistes, peu de chambres…et donc les cas plus complexes sont envoyés à Lima, ce qui est
un peu frustrant (pas d’oncologie, pas de chirurgie pédiatrique,…).
HRC = hôpital niveau I.3
Lima = hôpital niveau II.1 ou II.2
- H : On y retrouve plusieurs fois les même spécialistes (gastroentérologie) et d’autres qui
manquent (endocrinologie, psychiatrie).
- H : Le médecin n’a pas toujours beaucoup le temps d’expliquer aux étudiants les cas
cliniques.
- H : L’étudiant est laissé seul pour quelque chose qu’il n’a jamais fait.
- H : La sécurité dans l’hôpital n’est pas toujours adéquate : vol des sacs des
internes…(pourrait être un projet d’investigation éventuel).
- H : Comme le médecin est pressé (grande patientèle), le bon traitement n’est pas toujours
donné …en plus l’après-midi, le médecin a ses consultations privées…
Médecins
Le positif
- H : Beaucoup de patients.
- H : Aime sa carrière.
- SB : Aujourd’hui, on dispose d’un nouveau bâtiment : espace adéquat et lumineux. L’année
passée, la posta était un trois pièces qu’on louait.
- SB : Présence d’ordinateurs pour faire les horaires,…
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- SB : Existence du SIS (Seguro Integral de Salud), un système de sécurité sociale, et donc
plus de malades se rendent chez le médecin. Il y a plus ou moins 5 ans, le SIS n’existait pas,
les malades devaient payer l’entièreté des soins. Chaque péruvien a droit au SIS.
Malheureusement, de nombreux péruviens ne l’ont pas, car ils n’y pensent pas spécialement
lorsqu’ils sont en bonne santé.
- SB : Il est un des seuls hommes dans la posta et donc le reste du personnel (filles) le traite
bien.
- SB : Il n’est pas le bouc émissaire s’il y a du retard dans les consultations.
Le négatif
- H : Peu d’équipement : pas de CTScan ,…
- H : Peu de spécialistes (pas de chirurgie pédiatrique).
- H : Il faudrait un autre hôpital plus petit où seraient envoyés les cas moins graves.
- H : Le service d’urgence devrait être plus grand et mieux compartimenté.
- H : Lors d’une situation grave qui demande le transfert du patient, celui-ci ne s’en sort pas
s’il n’a pas d’argent. (par exemple un trauma crânien qui demande une chirurgie urgente non
réalisable à Cajamarca) La seule chose qu’il peut faire c’est prier !
- H : Peu de patients de l’HRC ont une assurance, au contraire de l’hôpital Essalud.
- SB : Pas d’accès à internet.
- SB : L’accès géographique est difficile : routes boueuses, non asphaltées.
- SB : Le risque de vol est élevé dans la posta, car le ministère de santé de la ville n’a pas mis
en place une garde pour surveiller la posta la nuit.
- SB : Le personnel n’est pas fixe, présence d’étudiants, stagiaires, de sérumistes,…
- SB : Lors des sorties médicales dans les villages (ex : vaccination), on explique aux parents
qu’il faut venir à la posta pour faire vacciner leurs enfants qui sont à l’école, mais ils ne
viennent pas (peur du vaccin ?, cause de fièvre ?, enfant a mal ?,…).
- SB : Il faudrait plus de personnel : il y a seulement, une obstétricienne, deux infirmières, un
médecin et un technicien fixes.
- SB : Comme il est étudiant sérumiste, il n’est pas payé.
- SB : Les patients sont pauvres et donc le traitement n’est pas le même par rapport à la
population plus riche (par exemple dans des hôpitaux à Lima).
- SB : Il manque des traitements de base dans la pharmacie de la posta : fil de chirurgie,
Ibuprofène, Naproxène,…
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En conclusion, on pourrait dire que plusieurs des problèmes concernant la satisfaction du
personnel de santé au Pérou sont forts ressemblants à ceux retrouvés en Belgique : la quantité
de papiers à remplir, la disponibilité des médecins envers leurs patients et les étudiants,…
Par contre, pour le Pérou, une grande difficulté vient s’ajouter, celle de la pauvreté : le
manque de matériels et médicaments de base, la difficulté d’obtention de SIS, la difficulté
d’accès géographique, …
Eventuels projets d’investigation
A l’HRC, les internes n’ont pas d’endroit pour travailler, ni pour dormir lorsqu’ils sont de
garde. Il leur faudrait un endroit où ils puissent avoir accès à internet, où ils pourraient
déposer leurs affaires en toute sécurité (des casiers), car les vols y sont nombreux (les portes
ne ferment pas à clé).
Il faudrait aussi fournir de l’aide pour les programmes de prévention, par exemple enseigner
aux parents les signes de gravité des maladies infantiles, la prévention des accidents
domestiques (électrocution, brûlure,…).
Conseils pratiques
La famille Blanco-Hauchecorne (une belge mariée à un péruvien) dans laquelle j’ai été
accueillie possède une ferme en périphérie de Cajamarca. La maison est à 15min à pied de
l’hôpital. La famille m’a très bien accueillie.
Famille Blanco-Hauchecorne, Jeanne et Marcial
Via de Evitamiento 2525
Cajamarca
05176364747
Pour se déplacer dans Cajamarca, il y a des taxis à 3 soles et des mototaxis à 2 soles pour
n’importe quelle destination dans la ville. Il y a aussi des combis qui font des circuits, par
exemple pour aller à Santa Barbara, le trajet est de 0,80 sole.
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Il faut essayer d’avoir le plus vite possible un contact avec le directeur de l’hôpital (car il y a
plusieurs formalités à réaliser) pour qu’il donne toutes les autorisations nécessaires pour les
services désirés.
Le docteur Oscar Aguirre Sanchez m’a aidée à faire mon stage à Santa Barbara. Il travaille à
l’HRC.
Remerciements
Merci au Pr Myriam Malengreau pour les cours préalables, pour les conseils apportés, et pour
l’organisation du stage à l’étranger.
Merci à la famille Blanco-Hauchecorne qui m’a accueillie comme une fille de la famille.