La campagne de dépoussiérage

La poussière est l’un des plus grands ennemis des livres et documents anciens et précieux.

L’air ambiant véhicule des gaz, des poussières et des micro-organismes qui viennent se déposer sur et à l’intérieur des documents ainsi que sur les rayonnages.

Les poussières sont des particules extrêmement pénétrantes qui sont à l’origine de nombreuses dégradations (salissures, abrasions des surfaces, acidité, attaques chimiques, attaques biologiques).

En cas de variations de température dans la salle patrimoniale et notamment en cas d’augmentation du taux d’humidité, la poussière présente sur les documents pourrait entraîner l’apparition de moisissures. Celles-ci sont une véritable calamité pour les collections patrimoniales et nécessitent un lourd traitement de désinfection des livres

C’est pourquoi, à titre préventif, le dépoussiérage peut faire l’objet de campagnes périodiques de nettoyage des rayonnages et des documents. Cette opération se déroule de préférence au printemps (période qui correspond au réveil des espèces biologiques).

Le dépoussiérage constitue de fait une des diverses tâches relevant de la mission de conservation des documents patrimoniaux de la bibliothèque.

Pour cette tâche relativement salissante, le personnel

dispose de blouses de travail.

Le dépoussiérage des rayonnages se fait avec un aspirateur traîneau ou un aspirateur dorsal pour les travées en hauteur, munis de variateurs de puissance et de filtres absolus de norme HEPA (High Efficiency Particulate Air Filter), qui ne

rejettent absolument pas la poussière dans l’air ambiant.

Par exemple, la brosse souple chinoise est faite de poils de chèvre montés sur bambou. Son manche large est pratique pour travailler sur les grands formats. Les poils longs et souples sont adaptés pour un dépoussiérage des documents sans risque

d’abrasion.

Pour la plupart des documents, nous utilisons des brosses souples fixées à l’aspirateur, et pour les livres très fragiles ou

précieux, des pinceaux ou des brosses spécifiques.

Les brosses Surukomi-Bake sont des brosses japonaises de fabrication artisanale. Leur montage est manuel et sans lien métallique évitant toute possibilité d’oxydation. Le manche est en bambou. Les poils sont un mélange de poils de cheval et de cerf qui offre un toucher doux et souple. Ces brosses japonaises sont utilisées pour les travaux délicats de dépoussiérage.

La gomme chaussette, elle, permet d’enlever les salissures sur les pages ou la reliure des documents.

Les livres sont retirés de leur travée et posés sur la table de travail de la salle patrimoniale.

Les documents reliés sont dépoussiérés à l’extérieur et sur les tranches, du dos vers la gouttière. A l’intérieur, ce sont surtout les premières pages et les fonds de cahier qui nécessitent un dépoussiérage.

Pour les documents les plus précieux, comme les manuscrits, l’aspirateur est évidemment proscrit et seules sont utilisées les larges brosses chinoises ou les brosses japonaises.

Pour les imprimés plus récents, en complément des brosses, l’aspirateur peut éventuellement être utilisé mais à sa plus faible puissance d’aspiration et avec des embouts spécifiques (brosses en poils de poney par exemple, plus doux que d’autres espèces animales).

Avant de les réintégrer en rayon, les travées et les rayonnages sont également aspirés.

En plus du dépoussiérage, cette tâche nous permet également de vérifier l’état du bois des rayonnages et de noter l’état des reliures, afin de prévoir le plan de restauration des fonds.

Après chaque séance de dépoussiérage, le matériel est lui-même nettoyé pour éviter de nouveau le dépôt de la poussière sur les livres.

Le dépoussiérage des collections patrimoniales peut paraître une tâche ingrate et longue mais la Bibliothèque se doit de conserver dans des conditions optimales les documents de la salle patrimoniale. La conservation du fonds ancien est l’une des missions de la section patrimoniale, et le dépoussiérage en est un des éléments moteurs.

Section patrimoniale Bibliothèque d’Agglomération de Saint-Omer

Mai 2012