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REVUE DE PRESSE © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 41 AMC pratique n°225 février 2014 J.-J. Monsuez leur hospitalisation pour une autre cause est mal connu. Il a cependant des implications évidentes, dans la mesure où l’importance des moyens thérapeutiques mis en œuvre pour réanimer le malade est d’autant plus rationnelle que le pronostic d’aval ne soit pas trop limité, en partie chez le sujet âgé. Le registre Medicare a répertorié les 6 972 malades de plus de 65 ans ayant été réanimés avec succès d’un arrêt cardio-circulatoire intra-hospitalier entre 2000 et 2008. Les facteurs prédictifs associés à la survie à 1 an et/ou à la réhospitalisa- tion après la sortie ont été examinés. Plus de la moitié des malades (58 %) sont en vie un an après la sortie, et 34,4 % ont été réhospitalisés. La survie à 1 an est d’autant plus réduite que le sujet est âgé : 63,7 % de 65 à 74 ans, de 58,6 % de 75 à 84 ans, 49,7 % au-delà de 85 ans (p < 0,001). Elle est aussi moindre chez les femmes que chez les hommes (58,6 % vs 60,9 %, p = 0,03), et chez les Noirs (52,5 % vs 60,4 %, p = 0,001). La survie à un an dépend aussi du statut neurologique à la sortie : 72,8 % en l’absence de séquelles neurologiques (ou minimes) à la sortie, 61,1 % lorsque le malade sort avec des séquelles moyennes et 42,2 % lorsqu’elles sont importantes (p < 0,001). A trois ans de la sortie, le pronostic est voisin de celui des malades hospitalisés pour d’autres affections sévères, telles que l’insuffi- sance cardiaque (tableau 1). En pratique, la réanimation des arrêts cardiaques survenus pendant l’hospi- talisation de sujets âgés n’est pas remise en cause par l’importance de la mortalité ultérieure. En effet, 43,5 % des malades réanimés avec succès sont en vie 3 ans plus tard, proportion identique à celle de l’in- suffisance cardiaque. Chan PS, Nallamothu BK, Krumholz HM, et al. Long-term outcomes in elderly survivors of in-hospital cardiac arrest. N Engl J Med 2013;368:1019-26. nullipares), l’origine ethnique et sociale, l’indice de masse corporelle (23,5 kg/m²) ne diffèrent pas entre les deux groupes. Le NT-proBNP et les index de pulsatilité et de résistance aux dopplers utérin et ombilical sont plus élevés chez les femmes ayant une cardiopathie congé- nitale à la 20 e et à la 32 e semaine. La fréquence cardiaque maternelle, la prise de médicaments cardiotropes et l’excursion systolique de l’anneau tricus- pide sont corrélés à l’altération du flux utéro-placentaire, de même que l’éléva- tion de NT-proBNP et la présence d’une fuite mitrale ou pulmonaire. Les compli- cations obstétricales sont plus fréquentes chez les femmes atteintes de cardiopa- thie (58,9 vs 32,9 %, p < 0,0001), de même que les complications attei- gnant le nouveau-né (35,4 vs 18,6 %, p = 0,008). Les anomalies du flux doppler des artères utérines et de l’ar- tère ombilicale sont régulièrement observées à la 20 e et/ou la 32 e semaine de grossesse chez les femmes atteintes de cardiopathie congénitale y compris réparée chirurgicalement. Elles expo- sent à un risque accru de complications maternelles et néonatales. Pieper PG, Balci A, Aarnoudse JG, et al. Uteroplacental blood flow, cardiac func- tion, and pregnancy outcome in women with congenital heart disease. Circulation 2013;128:2478-87. Arythmies : arrêt cardio-circulatoire Plusieurs travaux en cours ont tenté de préciser deux aspects importants par leurs implications de la prise en charge des arrêts cardio-circula- toires, l’identification des patients et des lieux à risque accru, et le pro- nostic ultérieur après réanimation efficace. Pronostic Le pronostic à long terme des malades ayant été réanimés avec succès d’un arrêt cardiaque survenant pendant Cardiopathies et grossesse Les progrès de la chirurgie des cardio- pathies congénitales, anomalies qui affectent 1 % des enfants à la nais- sance, expliquent qu’un nombre crois- sant de femmes ayant été opérées dans leur enfance entreprennent une grossesse, dont le risque de complica- tions cardiovasculaires (en l’absence de contrindication formelle) se situe autour de 10 %. A ce risque maternel s’ajoute celui de l’enfant, dont il a été montré qu’il était corrélé à l’impor- tance de l’altération de la fonction cardiaque maternelle. Les mécanismes qui rendent compte de cette corréla- tion ne sont cependant pas bien compris, même si l’on sait que le processus de placentation est lié à l’hé- modynamique maternelle et qu’il est altéré, même en l’absence de cardiopa- thie, par l’hypertension artérielle. Le processus de placentation peut être surveillé par l’emploi du doppler utéro- placentaire, approche qui s’est généra- lisée dans la surveillance obstétricale au cours des dernières années. Une cohorte de suivi de 209 femmes enceintes atteintes de cardiopathie congénitale a été comparée à 70 femmes indemnes de cardiopathie avec recueil de paramètres cardiaques (NT-proBNP, fonction ventriculaire gauche systolique et diastolique, fonc- tion ventriculaire droite en échogra- phie) et du doppler utéro-placentaire (doppler des artères utérines et ombili- cale) à la 20 e et à la 32 e semaine de gros- sesse. Dans cette cohorte (ZAHARA-II), 27,3 % des femmes ont une cardiopa- thie gauche (sténose aortique/bicuspi- die, coarctation aortique), 30,6 % une lésion du cœur droit (tétralogie de Fallot, sténose pulmonaire, anomalie d’Ebstein) et 28,7 % un shunt (CIA, CIV, CAV, retour veineux anormal). Les patientes avec cyanose sont exclues. La majorité des cardiopathies (78,5 %) ont été corrigées chirurgicalement aupa- ravant. L’âge moyen de conception (29 ans), le degré de parité (64 %

Cardiopathies et grossesse

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REVUE DE PRESSE

© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 41AMC pratique n°225 février 2014

J.-J. Monsuez

leur hospitalisation pour une autre cause est mal connu. Il a cependant des implications évidentes, dans la mesure où l’importance des moyens thérapeutiques mis en œuvre pour réanimer le malade est d’autant plus rationnelle que le pronostic d’aval ne soit pas trop limité, en partie chez le sujet âgé. Le registre Medicare a répertorié les 6 972 malades de plus de 65 ans ayant été réanimés avec succès d’un arrêt cardio-circulatoire intra-hospitalier entre 2000 et 2008. Les facteurs prédictifs associés à la survie à 1 an et/ou à la réhospitalisa-tion après la sortie ont été examinés.Plus de la moitié des malades (58 %) sont en vie un an après la sortie, et 34,4 % ont été réhospitalisés. La survie à 1 an est d’autant plus réduite que le sujet est âgé : 63,7 % de 65 à 74 ans, de 58,6 % de 75 à 84 ans, 49,7 % au-delà de 85 ans (p < 0,001). Elle est aussi moindre chez les femmes que chez les hommes (58,6 % vs 60,9 %, p = 0,03), et chez les Noirs (52,5 % vs 60,4 %, p = 0,001). La survie à un an dépend aussi du statut neurologique à la sortie : 72,8 % en l’absence de séquelles neurologiques (ou minimes) à la sortie, 61,1 % lorsque le malade sort avec des séquelles moyennes et 42,2 % lorsqu’elles sont importantes (p < 0,001). A trois ans de la sortie, le pronostic est voisin de celui des malades hospitalisés pour d’autres affections sévères, telles que l’insuffi-sance cardiaque (tableau 1).En pratique, la réanimation des arrêts cardiaques survenus pendant l’hospi-talisation de sujets âgés n’est pas remise en cause par l’importance de la mortalité ultérieure. En effet, 43,5 % des malades réanimés avec succès sont en vie 3 ans plus tard, proportion identique à celle de l’in-suffisance cardiaque.

Chan PS, Nallamothu BK, Krumholz HM,

et al. Long-term outcomes in elderly

survivors of in-hospital cardiac arrest. N

Engl J Med 2013;368:1019-26.

nullipares), l’origine ethnique et sociale, l’indice de masse corporelle (23,5 kg/m²) ne diffèrent pas entre les deux groupes. Le NT-proBNP et les index de pulsatilité et de résistance aux dopplers utérin et ombilical sont plus élevés chez les femmes ayant une cardiopathie congé-nitale à la 20e et à la 32e semaine. La fréquence cardiaque maternelle, la prise de médicaments cardiotropes et l’excursion systolique de l’anneau tricus-pide sont corrélés à l’altération du flux utéro-placentaire, de même que l’éléva-tion de NT-proBNP et la présence d’une fuite mitrale ou pulmonaire. Les compli-cations obstétricales sont plus fréquentes chez les femmes atteintes de cardiopa-thie (58,9 vs 32,9 %, p < 0,0001), de même que les complications attei-gnant le nouveau-né (35,4 vs 18,6 %, p = 0,008). Les anomalies du flux doppler des artères utérines et de l’ar-tère ombilicale sont régulièrement observées à la 20e et/ou la 32e semaine de grossesse chez les femmes atteintes de cardiopathie congénitale y compris réparée chirurgicalement. Elles expo-sent à un risque accru de complications maternelles et néonatales.

Pieper PG, Balci A, Aarnoudse JG, et al.

Uteroplacental blood flow, cardiac func-

tion, and pregnancy outcome in women

with congenital heart disease. Circulation

2013;128:2478-87.

Arythmies : arrêt cardio-circulatoire

Plusieurs travaux en cours ont tenté de préciser deux aspects importants par leurs implications de la prise en charge des arrêts cardio-circula-toires, l’identification des patients et des lieux à risque accru, et le pro-nostic ultérieur après réanimation efficace.

PronosticLe pronostic à long terme des malades ayant été réanimés avec succès d’un arrêt cardiaque survenant pendant

Cardiopathies et grossesse

Les progrès de la chirurgie des cardio-pathies congénitales, anomalies qui affectent 1 % des enfants à la nais-sance, expliquent qu’un nombre crois-sant de femmes ayant été opérées dans leur enfance entreprennent une grossesse, dont le risque de complica-tions cardiovasculaires (en l’absence de contrindication formelle) se situe autour de 10 %. A ce risque maternel s’ajoute celui de l’enfant, dont il a été montré qu’il était corrélé à l’impor-tance de l’altération de la fonction cardiaque maternelle. Les mécanismes qui rendent compte de cette corréla-tion ne sont cependant pas bien compris, même si l’on sait que le processus de placentation est lié à l’hé-modynamique maternelle et qu’il est altéré, même en l’absence de cardiopa-thie, par l’hypertension artérielle. Le processus de placentation peut être surveillé par l’emploi du doppler utéro-placentaire, approche qui s’est généra-lisée dans la surveillance obstétricale au cours des dernières années.Une cohorte de suivi de 209 femmes enceintes atteintes de cardiopathie congénitale a été comparée à 70 femmes indemnes de cardiopathie avec recueil de paramètres cardiaques (NT-proBNP, fonction ventriculaire gauche systolique et diastolique, fonc-tion ventriculaire droite en échogra-phie) et du doppler utéro-placentaire (doppler des artères utérines et ombili-cale) à la 20e et à la 32e semaine de gros-sesse. Dans cette cohorte (ZAHARA-II), 27,3 % des femmes ont une cardiopa-thie gauche (sténose aortique/bicuspi-die, coarctation aortique), 30,6 % une lésion du cœur droit (tétralogie de Fallot, sténose pulmonaire, anomalie d’Ebstein) et 28,7 % un shunt (CIA, CIV, CAV, retour veineux anormal). Les patientes avec cyanose sont exclues. La majorité des cardiopathies (78,5 %) ont été corrigées chirurgicalement aupa-ravant. L’âge moyen de conception (29 ans), le degré de parité (64 %