24
N°69 JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 ign.fr DOSSIER ZOOM CARHAB, OU LA CARTE VERTE AVANT 2025, UNE CARTE AU 1:25000 DE LA VÉGÉTATION DE LA MÉTROPOLE DANS LES AMBULANCES DU SAMU 94, DES DONNÉES QUI SAUVENT DES VIES

CARHAB, OU LA CARTE VERTE - ign.fr · phiques de la BD TOPO® de l’IGN acquises en 2007, la Chambre d’agriculture et la ... « cours d’eau » ainsi constituée a vocation

  • Upload
    haliem

  • View
    212

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

N°69 JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 ign.fr

DOSSIER

ZOOM

CARHAB, OU LA CARTE VERTEAVANT 2025, UNE CARTE AU 1:25 000 DE LA VÉGÉTATION DE LA MÉTROPOLE

DANS LES AMBULANCES DU SAMU 94, DES DONNÉES QUI SAUVENT DES VIES

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:50 Page1

2 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

TRIMESTRIEL DE L’INSTITUTNATIONAL DE L’INFORMATIONGÉOGRAPHIQUE ET FORESTIÈRE

Direction générale et siège social73, avenue de Paris, 94 165 Saint-Mandé Cedex.Tél. : 01 43 98 80 00.ISSN : 1624-9305.

Directeur de la publication Pascal Berteaud.Directrice de la rédaction Véronique Lehideux.Rédacteur en chef Philippe Truquin.Rédacteur en chef adjoint Jean-Marc Bornarel.Comité de rédactionE. Aracheloff, M. Bacchus, B. Bèzes,C. Cecconi, J.-E. David, X. Della Chiesa, M. Laniesse, M. Morand,J. Peron, J.-M. Viglino.Ont participé à ce numéroGenevièvede Lacour, Marc Provot, Alain Puiseux, Franck Tertre.Conception éditoriale et graphiqueAgence Cinquième Colonne,tél. : 06 83 25 03 52www.agencecinquiemecolonne.com

CouvertureIGN

Impression IGN

Dépôt légal Février 2013

La faune et la floresauvages constituent

un patrimoinefondamental qu’il nousfaut recenser, protéger etgérer pour le transmettreaux générations futures. La directive européenne « Habitats Faune Flore »,en donnant naissance auréseau des sites deconservation Natura 2000,transcrit cette exigence. La France a non seulementdéfini des mesuresparticulières de protectionet de gestion de ses 1753sites, mais elle s’est aussidotée d’une stratégienationale pour labiodiversité (2011-2020)qui invite acteurs publicset acteurs privés àcontribuer, sur une basevolontaire, à lapréservation de cesrichesses.

Le programme « Carhab »invite ces acteurs àqualifier et cartographierfinement la végétation. Cet outil d’observation etde représentation que vousdécouvrirez dans cenuméro d’IGN magazine,est en coursd’expérimentation ; pouren réussir le déploiementsur l’ensemble du territoiremétropolitain de 2015 à2025. L’ambition, portée par cenouvel outil est depermettre au plus grandnombre d’acteurs deconnaître pour mieuxgérer et valoriser lesrésultats de cette gestion.La biodiversité fait partiede notre quotidien ;apprenons à la découvriret à la comprendre. Merci à la carte verte et àses concepteurs de nous yaider.

ACTUALITÉ ÉDITORIALAGENDA

QUALIFIER ET CARTOGRAPHIERFINEMENT LA VÉGÉTATION »

L’éditorial de…Jean-Marc MichelDirecteur général de l’aménagement, du logement et de la nature auministère de l’écologie,du développementdurable et de l’énergie.

DR

AU SOMMAIRE DU NUMÉRO 69 JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

2 / IGNMAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

Pelouse. Le site du lac Fourchu, dans le massif du Taillefer (Isère).

PROJET CARHAB : LA NOUVELLE CARTE DU TENDREComment l’IGN participe à l’établissement de la première carte des habitats naturels de la métropole.

DOSSIER 6-12

JANVIER30-31Paris40e congrès international d’ATEC-ITS France (Association pourle développement des techniquesde transport, d’environnement et decirculation) sur le thème de la mobilité.

FÉVRIER19 AU 22LyonEurobois. Le salon de tous les professionnels du bois.

23Marne-la-ValléeJournée portes ouvertes de l’ENSG,l’école de la géomatique (campus de la Cité Descartes).

MARS12Saint-Mandé (IGN)Restitution de la 2e enquête nationalesur la mise en œuvre d’Inspire.

23Journée météorologique mondialede l’ONU.

25MontpellierJournée SIG LR de l’Association SIG en Languedoc-Roussillon,avec le soutien de l’IGN.

26Marne-la-ValléeForum de l’ENSG sur l’imagerie 3D et le positionnement précis en milieudifficile, de 9 à 17 heures.

27 AU 28MarseilleRencontre de l’ORME, l’Observatoire des ressourcesmultimédia en éducation.

28 MARS AU 1ER AVRILParis (Hôtel de ville)Forum international de la météo et du climat

J.-C. VILLARET / CBNA

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:50 Page2

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 3

Une base «cours d’eau» unique dans le Finistère et un partenariat exemplairen En septembre 2012 à Brest, l’IGN a signéavec la préfecture, la Chambre d’agricultureet la direction départementale des terri-toires et de la mer (DDTM) du Finistère uneconvention de partenariat pour l’échange dedonnées géographiques. En s’appuyant sur les données hydrogra-phiques de la BD TOPO® de l’IGN acquisesen 2007, la Chambre d’agriculture et laDDTM ont enrichi les données en effectuantdes inventaires détaillés des cours d’eau parcommune sur l’ensemble du département

du Finistère. Ce travail est le fruit d’une démarche locale de dialogue entre usagersdes territoires : agriculteurs, pécheurs, as-sociations, élus. La base de données des« cours d’eau » ainsi constituée a vocationà devenir une référence unique départe-mentale pour les besoins des politiques agri-coles et d’aménagement du territoire. L’ac-cord signé prévoit donc que cette base« cours d’eau »  soit validée techniquementpar l’IGN et vienne enrichir le référentiel àgrande échelle (RGE®). L’IGN s’engage

également à en assurer une actualisationannuelle. La Chambre d’agriculture, la DDTMet tous les utilisateurs du RGE bénéficierontainsi d’une base hydrographique amélioréepour leurs missions de service public.Cette collaboration entre acteurs publics està la fois une source de connaissances par-tagées, d’économies et une amélioration dela représentation cartographique du terri-toire, outil essentiel pour la mise en œuvredes politiques publiques, à l’échelon localcomme au niveau national.

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 3

> POUR TÉLÉCHARGER GRATUITEMENT IGN MAGAZINE, RENDEZ-VOUS SUR IGN.FR

ACTUS 3-5

L’IGN au festival de Saint-Dié-des-Vosges 4Un nouvel Édugéo 4Une journée d’expertisepour les professionnels 5Pléiades fait avancer l’image satellite 5

ZOOM 18-21

Dans les ambulancesdu Samu 94Quand l’information géographique sauve des vies

QUESTIONS,RÉPONSES 13

GÉOPORTAIL16-17

Posez vos questionssur ign.fr

CARTES SUR TABLE 22

Sylvie BrunelMilitante d’une géographie sensible et amoureuse

Les quatre têtes d’affiche du concours 2012

J. DELMARTY

CHU HENRI MONDOR

IGN / DDTM 29 / CA 29 / PRÉFECTURE © FRANK EXPOSITO FOTOLIA.COM

FORÊTS14-15De l’enquête Daubrée à l’IGN, cent ans de statistique forestière

IGN

AberL’Aber Benoît, fleuve côtier du pays de Léon, dans le Nord-Ouest du Finistère.

A

EN POINTE

ÉquipeLes cours d’eau saisis par l’IGN(bleu ciel) et par la Chambred’agriculture et la DDTM 29(bleu marine).

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:50 Page3

4 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

n Du 11 au 14 octobre, l’IGN etl’École nationale des sciencesgéographiques (ENSG) partici-paient au 23e festival internatio-nal de géographie, à Saint-Dié-des-Vosges. Cette année, le festi-val avait pris pour thème «Les fa-cettes du paysage: nature, cul-ture, économie» avec comme in-vité d’honneur la Turquie.L’IGN avait habillé le sol de lagare de Saint-Dié avec une or-thophotographie aérienne desmonts du Beaujolais, acquise en2012 avec la caméra numériquenouvelle génération. La contri-bution de l’IGN au cycle de

conférences a porté sur le nou-veau découpage écologique etforestier de la France métropo-litaine en sylvoécorégions. Côtésalon du livre, les dernières col-lections de cartes routières, tou-ristiques et de randonnée ontété présentées. Au salon de la géomatique, lesvisiteurs ont pu tester la nou-velle version d’Édugéo, le géo-portail de l’éducation (voir ci-dessous) ou s’informer surl’ENSG et ses cursus de forma-tion en géomatique. L’an pro-chain, le festival se mettra àl’heure de la Chine!

nÉdugéo®, le géoportail de l’édu-cation, utilisé par plus de 1400 éta-blissements scolaires en France,évolue. Développé par l’IGN avecle ministère de l’éducation natio-nale, il propose sur la Francemétropolitaine et les départe-ments d’outre-mer une interfacepensée pour le monde scolaire.Une orthophotographie affichéeen transparence avec la carte to-pographique permet de se loca-liser, d’identifier les détails, dezoomer sur un territoire. Lesélèves peuvent visualiser, super-poser, comparer d’anciennescartes et photographies aériennessur 30 zones pédagogiques cou-vrant près de 50 000 km2. Édugéo dispose d’outils de sé-

lection des données, d’affichageet de navigation, mais aussi decroquis, de légendage ou d’an-notation.

NOUVEAUX OUTILS

La nouvelle version du servicefusionne les espaces de visuali-sation et de croquis, ce qui per-met de modifier les données vi-sualisées sans fermer son cro-quis. Autres nouveautés, des ou-tils de mesure de longueur et desurface, une bibliothèqued’images riche de plus de 150symboles, et l’accès à de largespossibilités de dessin. La com-patibilité avec les formats KML,GPX et GML permet l’intégra-tion de fichiers personnels.

L’IGN au festival international de géographieLES NOUVELLES CARTES ROUTIÈRES

AU 1 : 350 000

LE CONCEPT L’IGN édite une nouvelle série de cartesroutières au 1 :350000 couvrant l’ensemble du territoiremétropolitain. Grâce à un découpage de la France en grandsquarts géographiques (Nord-Ouest, Sud-Ouest, Sud-Estet Nord-Est), il est désormais possible avec une seule cartede circuler dans une zone couvrant cinq à six régions.

LE CONTENU Les automobilistes bénéficient de l’intégralitédu réseau autoroutier, national, régional et départementalpour planifier leurs déplacements ainsi que des principalesinformations touristiques pour découvrir les richessesde la France. L’index des communes cartographiéespermet de se situer rapidement. Avec ce nouveau support,l’IGN met à la disposition des usagers un outil à la foisfonctionnel et actualisé grâce aux dernières informationsen date sur le réseau routier.Prix : 5, 95 €

FRANCE RASTER®LE PRODUIT Les cartes France Raster® coéditées par l’IGN et ESRIFrance sont une série d’images géoréférencées couvrant la Francemétropolitaine et les départements d’outre-mer à douze échellesdifférentes. France Raster®, produit à partir des bases de donnéesvecteur de l’IGN, offre une cartographie homogène. Un estompageissu de la BD ALTI® permet d’afficher le relief. Selon les échelles,France Raster® permet la visualisation des réseaux routier et ferré, dubâti, de l’hydrographie, de la végétation, des adresses, des sens decirculation, de la toponymie… La version Premium intègre desinformations complémentaires sur les routes, le bâti et la toponymie,au 1 : 5000.

LA TECHNIQUE La base est une pyramide d'images géoréférencéesà douze échelles, du 1 : 8000000 au 1 : 2500, issues des basesde données BD TOPO®, BD ADRESSE®, BD CARTO®, BD ALTI®,ROUTE 500® et ROUTE 120®. Le format est le Tiff 8 bits couleur(compressé LZW). Les projections disponibles dans les systèmesgéodésiques légaux sont les Lambert 93 et Lambert II étendu (pour la métropole), et les projections UTM pour l’outre-mer.Prix : sur demande.

PARIS EST UN LEURRE

n À la fin de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français planifie la constructiond’un « double » de Paris, une ville de carton-pâtedestinée à leurrer d’éventuels pilotes allemandscherchant à bombarder la capitale. Ce projet unique a été passé au crible par Xavier Boissel, qui a arpenté le site, situé près de Villepinte, pour retrouver les traces d’une ville fantôme.

Auteur : Xavier BoisselÉditions Inculte. Prix : 13,90 €

EN BIBLIOTHÈQUE

ACTUALITÉ PROSPECTIVE

DR

IGN

NOUVEAUTÉS CARTOGRAPHIQUES

IGN

Nouvel Édugéo: la géographie est un jeu d’enfants

Œil d’aigleLe Beaujolais et ses monts… comme si vous étiez un géant.

IGN

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page4

n Le 29 novembre, l’IGN organisait pour la troi-sième année consécutive une journée institu-tionnelle et professionnelle traitant des nouveauxusages et des nouvelles applications dans les sec-teurs clés de la géomatique et la filière bois.Après l’allocution d’ouverture de Jean-PhilippeGrelot, directeur général adjoint de l’IGN, Jean-Christophe Victor, fondateur et directeur scien-tifique du Laboratoire d’études prospectives etd’analyses cartographiques (Lepac) a présentél’apport de l’imagerie satellitaire à l’analyse géo-politique. Suivirent des conférences et tablesrondes sur le Géoportail de troisième générationet les cycles d’actualisation des données, lesnouveaux capteurs satellitaires et photogra-phiques, les nouveaux référentiels RGE Alti ®, lecadastre vert de la ville de Genève et la repré-sentation parcellaire cadastrale unique. Des ses-sions de formation ont permis de mieux faire

connaître l’API Géoportail, les statistiques de l’in-ventaire forestier et l’application de la directiveInspire. La journée a été close par la remise desprix du concours Géoportail 2012 animée par Jérôme Bonaldi — lire en pages 16 et 17.Toutes les présentations et la vidéo de la journée sur ign.fr

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 5

POINTSDE REPERES

Toulouse vue de l’espace

Le satellite Pléiades,produit local,observe la planèteet révolutionnela cartographie. [...]

Depuis le Géoportail de l’IGN(www.geoportail.gouv.fr)il est possible […] de pénétrerdans Toulouse, d’examiner le Pont-Neuf, la médiathèque, le quartier Saint-Michel ou le Capitole. Il suffit de choisir son point de chute et dezoomer. […] Pléiades prendplusieurs images d’une mêmesurface qui, superposées lesunes aux autres, permettent de donner du relief. [...]. C’est en particulier grâceà son agilité — l’instrument peutchanger de direction de visée(avant, arrière, gauche, droite) —que l’outil se distinguedes précédents satellitesde la famille Spot. Et le système,qui sera complété le30 novembre par la mise enorbite d’un second satellited’observation, n’a pas finide nous surprendre [le satellitePléiades 1B a été mis en orbitele 2 décembre 2012par le lanceur Soyouz depuisKourou en Guyane, N.D.L.R.].Dans sa configuration finale,le système Pléiades peut offrir450 images par jour et parsatellite [...] Pléiades devraitdonc bousculer la cartographie,vu que les photos aériennessont encore aujourd’huiles données de basede ce secteur. À IGN Espace,établi à Ramonville, où lesrésultats de Pléiades s’affichentsur les murs, cela ne fait aucundoute. À terme, on combinerades images satellitaires et desimages aériennes [...]. « AvecPléiades on regarde toujoursplus haut, s’enthousiasme-t-onà l’IGN. […] Ses prises de vuesqui permettent d’examiner des traits de côte ou de fleuves,pourraient notamment jouerun rôle dans le suivi des inondations, des tsunamis. Il pourrait également servirdans la prévention des feux,pour préparer l’organisation de secours dans les zones à risques, pour assurer la sécurité lors d’événementsinternationaux, pour gérer la bonne santé de nos zones littorales, pour défendre la biodiversité [...].

LE POINT 20 septembre 2012

IGN

CN

ES /

OP

TIQ

UE

VID

ÉO C

SG

/ P.

BA

UD

ON

, 20

12

Du cadastre vert au Géoportail 3,une journée d’expertise

HyMeX: la Méditerranée sous surveillance rapprochée

Pléiades, un œil neufsur la Terren Le lanceur Soyouz, tiré depuis le centre spa-tial guyanais, a placé le deuxième satellitePléiades sur orbite dans la nuit du 1er au 2 dé-cembre 2012.Le système dual Pléiades offre une avancée ma-jeure. Il peut acquérir plus de mille images parjour (400 000 km2). Leur précision permet de car-tographier la majorité des évolutions des terri-toires, anthropiques ou naturelles. Déjà, le CNES,l’agence française de l’espace, et l’IGN ont mis enplace un service facilitant l’usage des imagesPléiades par les utilisateurs institutionnels fran-çais. Le CNES est chargé du recueil des besoinsde la communauté scientifique française et del’exploitation du système. L’IGN recueille les be-soins applicatifs des utilisateurs institutionnelsfrançais. Une fois optimisé le carnet des com-mandes des satellites, l’IGN rend les images ac-quises sur le territoire national cohérentes avecle RGE et diffuse les produits au travers du Géo-portail, conformément à la directive Inspire.

DécollageLe 2e satellitede la constellationPléiades esten orbite.

DiplômesLes lauréats du concours Géoportail 2012

n Le climat change. Le projet international Hy-MeX, coordonné par le CNRS et Météo-France, etauquel l'IGN participe via son laboratoire de re-cherche en géodésie, veut améliorer la compré-hension du cycle de l'eau en Méditerranée. Il viseune meilleure prédiction des pluies intenses,crues rapides et sécheresses à l'origine de dégâts

récurrents sur le pourtour de la Méditerranée occidentale. Les campagnes de mesures pro-grammées de septembre 2012 à novembre 2013font l'objet de multiples collaborations, souventinternationales, entre océanographes, atmo-sphériciens, hydrologues, prévisionnistes, géo-désiens, modélisateurs et instrumentalistes.

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page5

6 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

Les chasseurs, les ra-masseurs de champi-gnons, les familles enbalade du dimanche,

les agents de l'inventaire forestierde l’IGN même… Sûrement, lessangliers les connaissent et ontl’habitude de les croiser. Bientôt, ilsauront d'autres visiteurs.Selon les régions, ce sera à partir de2015, et jusqu’en 2025. Ces pro-meneurs, comme d'autres, aurontune paire de bottes en caoutchouc,une musette, sans doute un appa-reil photo. Ils devraient aussi avoiren main une tablette numérique ouun écran comparable, sur lequel

apparaîtra une drôle de carte mu-nie de coordonnées GPS, portant lelogo de l'IGN et juxtaposant, surtout le territoire métropolitain,des polygones irréguliers formantune étrange mosaïque de couleurs.Ces arpenteurs de landes, de forêts,de prairies, seront des phytosocio-logues, étudiant l’assemblage desvégétations et leurs liens avec letemps et l’espace. Une espèce in-connue des suidés et qui ne leurveut aucun mal, pas plus qu'auxfraises des bois. Il n'est pas impos-sible qu'ils se connectent au Géo-portail pour y examiner les der-nières images aériennes de la zone

dans laquelle ils se trouveront. Unœil sur la végétation, l'autre sur lepaysage, ils renseigneront, sur la ta-blette ou ailleurs, une carte qui au-jourd'hui n'existe pas: la carte desvégétations de France. Elle est por-tée depuis 2010 par le projet CarHAB du ministère du déve-loppement durable. Le projet courtjusqu'en 2025, date à laquelle toutle territoire concerné devra êtrecouvert. Le budget est estimé à85 millions d'euros.CarHAB est une aventure écolo-gique, géographique, et méthodo-logique: il n'existe, en Europe, au-cune carte comparable des habitats

En 2025, l'État français disposera pour la métropole d'une carte au 1:25000de la végétation, couvrant 300 000 km² de zones naturelles ou semi-naturelles.C'est le projet CarHAB, comme carte des habitats : une aventure écologique,géographique et méthodologique dont l'IGN fournit bien plus que les fondations.

DOSSIER

LA (NOUVELLE) CA

KaléidoscopeExtrait de la carteforestière V2 produitepar l’IGN, permettantde localiser 32 types de formations végétalessur le territoire.

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page6

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 7

naturels basée sur la méthode ditede phytosociologie sigmatiste, quine distingue pas des espèces végé-tales mais des associations d'es-pèces, typiques d'un habitat. L'IGNbien sûr y participe aux côtés del’Irstea (l'Institut national de re-cherche en sciences et technologiespour l'environnement et l'agricul-ture), des conservatoires bota-niques nationaux, de plusieursuniversités, du Muséum national

d'Histoire naturelle et de la Sociétéfrançaise de phytosociologie. Laphase préparatoire s'achèvera en2014. Et d'ici-là, presque tout est àconcevoir.

DE L'USAGED'UNE CARTE DES HABITATS

La carte de la végétation a deuxsources. La première est la célèbredirective européenne HabitatsFaune Flore de 1992, dite directive

Habitats, qui a donné naissanceau réseau de zones de conserva-tion Natura 2000. Elle impose queles États partenaires livrent tousles six ans un rapport sur l'évolu-tion de ces zones protégées… et laFrance a pris sur le sujet un cer-tain retard.La seconde est la stratégie natio-nale pour la biodiversité (2011-2020) adoptée dans la foulée duGrenelle de l'environnement, en2011. Elle prévoit, parmi une tren-taine d'autres mesures, que laFrance lance en 2011 le chantierd'une cartographie nationale deshabitats à l'échelle du 1: 25 000 etpoursuive la cartographie natio-nale des enjeux de la biodiversitéremarquable. Elle intègre égale-ment la réalisation d’un atlas de labiodiversité, à partir de 200 pre-mières communes tests, et la des-cription des «trames vertes etbleues», corridors de survie de labiodiversité.

CARTE DU TENDREIGN

IGN

IGN

LES PARTENAIRESMené sous la direction du bureau de la connaissanceet de la stratégie nationale pourla biodiversité du ministère del’écologie, du développementdurable et de l’énergie, le projetCarHAB associe, pour la miseen œuvre du fond blanc, l’IGN,l’Irstea (ex Cemagref) deGrenoble et de Montpellier,l’équipe de recherche EVS-ISTHME rattachée à l’universitéde Saint-Etienne,

les conservatoires botaniquesnationaux et leur fédération et l’université de Rennes 2.

Pour les autres aspects, le projet associe le Muséumnational d’Histoire naturelle, la Société française de phytosociologie, les herbiersuniversitaires de Clermont-Ferrand, les universités deBrest, de Rennes 1 et deBordeaux.

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page7

tonnes d'or dans sa banque cen-trale ; mais ignore le nombred'hectares de prairies, de landes,de tourbières dont elle dispose, etl’état dans lequel elles se trouvent.Localement, une carte des habi-tats permettra d'aider à la gestiondes Znieff (les zones naturellesd'intérêt faunistique et floris-tique), des parcs naturels régio-naux ou nationaux, des 1750zones Natura 2000 françaises, oudes trames vertes et bleues. En réalité, l'environnement est detoutes les politiques, expliqueavec le sourire Arnault Lalanne,responsable du projet CarHAB,dans son bureau du ministère del'Écologie, dans l'une des ailes dela Grande arche de la Défense (lireinterview en page  12). Chaquefois qu'il faudra prendre une dé-cision d'aménagement et quelleque soit l'échelle du projet, unecarte des habitats naturels pourraêtre dépliée avec avantage. L'Étatpourra y superposer les projets de

grands équipements et éventuel-lement arrondir un tracé d'auto-route ou de TGV. Le maire d'unecommune pourra mieux choisirles parcelles sur lesquelles im-planter un lotissement.

UN FOND BLANCPOUR LES NATURALISTES

La carte sera au 1:25000, en for-mat A0 pour sa version papier,comme les célèbres série bleue del'IGN. Elle couvrira environ300000 des 550000 km² du ter-ritoire métropolitain, soit l’en-semble du territoire «à l'exclu-sion des milieux artificiels et ur-bains» selon son acte de nais-sance officiel, les cultures étantbien sûr distinguées des espacesnaturels. Le 1:25000 ne sera que l'échelle derestitution des données. Les élé-ments recueillis par les naturalistessur des minutes de terrain ali-menteront une base de donnéesnumériques qui permettra d'ex-

8 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

DOSSIER LA (NOUVELLE) CARTE DU TENDRE

À quoi servira-t-elle? À la poli-tique de l'environnement, au pre-mier chef, qu'elle soit nationale oulocale. Si l'État dispose bien d'unréférentiel géographique, le réfé-rentiel à grande échelle (RGE), iln'a pas de référentiel écologique.«La France a perdu 30 % de seszones humides depuis les annéessoixante-dix», faisaient remar-quer le 17 octobre dernier, lors ducolloque sur la cartographie de lavégétation en Europe qui s'esttenu à l'IGN, des chercheurs del'université de Rennes. Ils plan-chent, pour les soins du pro-gramme CarHAB, sur la télédé-tection des associations floralesdes prairies de l'estuaire de laLoire.

L’ENVIRONNEMENT, DANSTOUTES LES POLITIQUES

La France, comme la plupart desÉtats, sait combien elle compte decitoyens, d'entreprises, de kilo-mètres carrés de territoire ou de

Crête Le pic de Chaterme,dans le massif de Belledonne (Isère).

LacLe lac Fourchu, dans le massif du Taillefer(Isère).

EchantillonsPrélèvements effectuésen sous-bois.

CorolleGentiane des Alpes

THOMAS SANZ / CBNA

J.-CHARLES VILLARET / CBNA FRANCK JUERY

TH

OM

AS

SA

NZ

/ C

BN

A

GIL

LES

PA

CH

E /

CB

NA

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page8

traire, pour des zones très sensiblesou très surveillées, des cartes à plusgrande échelle, allant jusqu'au1:2000. La carte représentera leslimites de chacun des habitats, ausens écologique du terme, définispar les phytosociologues, la surface

minimale d'un polygone étant de5000m². Reste à la constituer, cequi n'est pas une mince affaire. Carl'idée est jolie, mais on ne verra ja-mais deux ou trois mille enquê-teurs marcher en ligne de la fron-tière espagnole à la frontière belge,

un crayon dans une main, uneflore dans l'autre. «Il serait difficilede lever une armée de bota-nistes…», s'amuse Loïc Comma-gnac. Même si le recours à des ob-servations de terrain est inévitableen phase finale, et même souhai-table, il a mieux à proposer pourpréparer le terrain.Agent de l’ancien Inventaire fo-restier national qui a fusionnéavec l'IGN au 1er janvier 2012, chefdu projet CarHAB pour l'institut,Loïc Commagnac revendique une

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 9

PHYTOSOCIOLOGIE : DANS LES PAS DE HUMBOLDT«Aux côtés de la botanique proprementdite, qui examine les caractères,l'organisation, et les rapportsdes végétaux, se place une autre science,dont l'origine ne date pas d'un demi-siècle.Désignée sous le nom un peu vaguede géographie des plantes, elle liela botanique descriptive à la climatologie…»Ainsi commence l'introductionde la Géographie des plantes, publiée àParis en 1807 par Alexandre de Humboldt,après son exploration des Amériques.Savant, entrepreneur, botaniste,explorateur, prussien de naissancemais révolutionnaire et français de cœur,compagnon d'Arago ou de Gay-Lussac,Humboldt a inventé la phytosociologie —voire l'écologie — avantque le mot n'existe. Lui-même finbotaniste — il a légué son herbierau Muséum national d'Histoirenaturelle de Paris —, il avaitcompris que la connaissancedes espèces est inséparablede celle de leurs milieux. Mettanten avant l'assez confidentiellephytosociologie, la directiveHabitats Faune Flore de 1992rendit d'une certaine manièrehommage à celui qui fut, aussi,

un Européen avant l'heure.La phytosociologie est aux plantesce que la sociologie est aux hommes:l'étude des rapports de groupes,dits «communautés végétales».Le phytosociologue est d'abord unbotaniste. Il doit avoir une connaissanceexacte des espèces. Mais il les considèredans leur milieu et examine les rapportsque les populations de plantes ont entreelles, dans l'espace et dans le temps.La phytosociologie repose sur unehiérarchie complexe des communautésvégétales —groupements, variantes,phases, races, faciès…—, dites syntaxonset désignées par le nom d'une espècedominante. Discipline peu courante, mais

théorisée par de multiples écolestout au long du XXe siècle,la phytosociologie est adoptéepar le projet CarHABdans sa définition «sigmatisteet paysagère». Sigmatiste,car théorisée dans les annéescinquante par la «stationinternationale de géobotaniqueméditerranéenne et alpine»basée à Montpellier. Le Sigmagrec est aussi le symbolede la somme. Et paysagère, car

«elle consiste à comprendre un paysage,comment il est construit, et commenton peut le faire évoluer suivant tel ou telobjectif de gestion», explique ArnaultLalanne. L'influence humaine est priseen compte et fait partie des variables.Imaginons un phytosociologue paysagerplanté au bord d'une prairie de moyennealtitude du Massif central. Qu'y lit-il?«D'abord, il va relever les espèces,leur associer des taux de recouvrement— ça, c'est pour la phytosociologie. Ensuite,il va lever le nez — c'est le côté paysager.Il voit qu'il se trouve sur un plateau. Un peuplus loin, il y a des broussailles de genêts.Et puis des bois de chênes, et des boisde hêtres. Toutes ces composantesvégétales sont sur un même gradient:elles composent une série, qui évolueclassiquement d'un milieu ouvert versun milieu fermé. Si on arrête le pâturage,les genêts vont pousser. Puis ils serontremplacés par des chênes. Puis des hêtres.Faut-il influencer cette évolution ? A-t-onbesoin de bois de chauffage ? Et duquel?Le chêne est meilleur que le hêtre.Faut-il faucher la prairie ou la faire pâturer?Le résultat ne sera pas le même,et le sera encore moins avec trois Salersou avec douze Salers dans le champ…»

Sans le fond blanc que prépare l’IGN,géoréférencé et superposable au RGE®, la carte des habitats naturels ne pourrait être renseignée.

TH

OM

AS

SA

NZ

/ C

BN

A

DR

GIL

LES

PA

CH

E /

CB

NA

PrairieVallon du Bacheux, dansle massif de Belledonne(Isère).

PanacheCentaurée uniflore.

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page9

photo-interprétation. Dans le pro-jet CarHAB, l'IGN est chargé del'élaboration du «fond blanc»,première ébauche de la carte, àpartir d’images satellitaires et aé-riennes. Sans ce fond, géoréfé-rencé et superposable au RGE®, lacarte ne pourrait être renseignée.Surtout, ce fond va faciliter la pla-nification et le travail des natura-listes, et cela de deux manières.

LA TÉLÉDÉTECTION RÉDUIT LES CHOIX

Environnementale d'abord: l'al-titude, l'exposition, la pente d'unespace donné, disponibles dans leRGE® et associées aux caracté-ristiques de son sol, permettentun premier tri des associationsvégétales. Pas d'orangers sur le solirlandais, pas de myrtilles dans leNord-Pas-de-Calais — même si leshabitats ne sont pas à confondreavec des espèces précises. Mais lefond blanc sera aussi «physio-nomique»: l'aspect, sur les

10 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

double culture de géographe et denaturaliste: son parcours l'a faitpasser d'une école d'agriculture àun laboratoire d’étude des sols,puis à une faculté de géographie,et enfin à l'IGN. Il est venu à la car-tographie «par les SIG» et la

images satellitaires ou aériennes,des zones à cartographier permetun tri plus ou moins précis desmilieux. «Pour les milieux ou-verts d'altitude, l’Irstea de Gre-noble distingue une dizaine depostes de pelouses, landes ouéboulis rocheux», explique LoïcCommagnac.Les capteurs des satellites n'ontpas encore les yeux assez per-çants pour permettre de différen-cier les lichens. En revanche, la no-menclature des forêts, encore encours d'élaboration, pourraitcompter une quarantaine depostes: expérimentés, les photo-in-terprètes forestiers de l’IGN iden-tifient les essences d'arbres sur desphotographies aériennes infra-rouges. Les experts, en croisant lesdonnées environnementales etphysionomiques, poursuit LoïcCommagnac, «devraient réduirele champ des possibles à seulementdeux ou trois associations végé-tales, qu'il conviendra de vérifier

DOSSIER LA (NOUVELLE) CARTE DU TENDRE

« C'est clairement non», annonceArnault Lalanne lorsqu'on l'interrogesur un éventuel volet collaboratifde CarHAB. « On n'est clairement pasdans les sciences participatives»,et les cartes ne seront renseignées que par des scientifiques, sans participation du publicou des amateursde botanique.

CROWDSOURCING, NON MERCI

FaçadeLe siège de l’IGN, à Saint-Mandé.

HabitatsSangliers en forêt de Cinglais (Calvados).

Bons pinsPins de Weymouth, en Sologne.

IGN

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page10

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 11

boratoires travaillent par télédé-tection sur image satellitaire,d’autres par photo-interprétationdes photographies aériennes. Lesimages satellitaires restent moinschères et plus faciles à renouve-ler que les photographies aé-riennes.

LA PHYTOSOCIOLOGIEACCESSIBLE À TOUS

On peut très bien imaginer, ex-plique Loïc Commagnac, une im-brication des deux sourcesd’information «pour avoir lemeilleur des deux mondes». Sanscompter que d'ici à la fin de laproduction, prévue pour 2025,les techniques auront certaine-ment évolué.

au sol». Le programme CarHABest encore en phase de tests. Ceux-ci dureront jusqu'en 2014, date àlaquelle les outils et la méthodo-logie devront être arrêtés, pour undébut de production en 2015. Pourl'heure, une commission de scien-tifiques travaille sur la nomencla-ture et l'analyse de chaque milieuécologique, sous la houlette d'unorganisme spécialisé.L'Irstea de Grenoble étudie lesmilieux d'altitude. L'IGN planchesur les forêts. Le laboratoire«Image, société, territoire,homme, mémoire» de l'univer-sité de Saint-Étienne, rattaché auCNRS, travaille sur les plaines.L'enjeu, c'est l'automatisation del'analyse des images. Certains la-

En 2012, des premiers tests ont étéeffectués dans le Cher, la Loire,l'Isère (dans le massif de Belle-donne) et en Corse. «En 2014 et2015, les fonds blancs de certainsdépartements seront complets, etnous pourrons mieux appréhen-der ce que sera véritablement letravail, explique Arnault Lalanne.En Corse, il a fallu quarante jour-nées de terrain pour renseigner10000 hectares, avec 2000 mètresde dénivelé. Dans le bassin aqui-tain, dans le bassin armoricain,on peut espérer que cela ira plusvite. Le fond blanc sera d'unegrande aide. Les phytosociologuesferont des transects à travers lespolygones, et cela ira vite. Si lefond blanc est de qualité, ils serontplus en mode vérification qu’en si-tuation de découverte.»Parce qu'il faudra marcher, toutde même. «Arpenter», disent lesprofessionnels. La vérification surle terrain est irremplaçable, elleest donc inévitable. «Tant mieux :

IGN

« Il y a un chantier dans le chantier »,poursuit le directeur du projet, qui consiste à diffuser et valoriser les données qui seront recueillies.

Le fond blancconsiste en un

premier découpage detous les milieux naturels et semi-naturels duterritoire métropolitainselon une approcheenvironnementale etphysionomique. Ici, unextrait du fond blancforestier, dans le massif de Belledonne. Cettecouche d’informationgéographique offrira un support cartographiquepour le recueil del’informationphytosociologique. Elle permettra égalementd'organiser et de stratifierle travail de terrain.La carte ci-contre présenteun extrait de la BD Forêtversion 2 (contoursjaunes) produite par l’IGN,superposé à la BDORTHO© IRC. Les contours blancsmatérialisentl’enrichissement effectuépour le fond blancphysionomique desmilieux forestiers. La représentation d’objetsde taille inférieure et lanomenclature plus richedu fond blanc forestier,déterminées en accordavec les partenaires et lesobjectifs du programme,expliquent le redécoupagedes objets de la BD Forêtv2. L’importance des redécoupages donneune idée de la précisionrecherchée.

Ce qu’ilfaut voirpar LoïcCommagnacChef du projet CarHAB à l’IGN

MEDDTL / ARNAUD BOUISSOU

IGN

IGN

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page11

12 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

Quels usages l'Étatpeut-il avoir d'une cartographiedes espaces naturels?D'abord, avoir la connaissance dela végétation. Nous sommes sou-mis, par la directive Habitat fauneflore, à un rapportage tous les sixans, qui précise notamment lesrépartitions potentielles et réellesdes zones concernées. Ensuite, il ya Natura 2000. La cartographieoffrira une meilleure connais-sance de l'état de conservation deszones, et servira à évaluer l'im-pact des mesures de conservation.En ce qui concerne les autres po-litiques ministérielles, la cartographie sera un outilpour les trames vertes et bleues et les schémas de co-hérence écologique. Elle permettra de mieux connaî-tre la végétation dans les Znieff (zones naturellesd'intérêt écologique, faunistique et floristique). Elleservira à établir des listes rouges, à mieux pointer lessecteurs où l'on pourrait créer des aires protégées, ouà prédéfinir les périmètres de futurs parcs régio-naux. Très localement aussi, elle facilitera pour unmaire le travail de classement des zones d'un plan lo-cal d’urbanisme (PLU), afin de savoir où construireune zone d’aménagement concerté (Zac), un rond-point ou un lotissement. Et les collègues du ministèrequi programment une ligne de TGV, une route na-tionale ou une voie navigable sauront où faire pas-ser leurs fuseaux. On pourra mettre en exergue lesnoyaux de biodiversité, voir où il ne faut pas « ta-per », et si on choisit de le faire quand même, où ilfaut compenser.

Aucun état européen n'a établi une cartographieaussi étendue et aussi précise en se basant

sur la phytosociologie paysagère.Sur qui prendre exemple ?D'autres pays ont mis en œuvre les mêmes mé-thodes, mais à une échelle plus petite. Cela dit,le 1:25000 est l'échelle de restitution, qui per-met d'être compatible avec le RGE®. Mais lesminutes de terrain devraient être en moyenneau 1: 10000 et pourront descendre jusqu'au1:2000. La gestion des données se fera depuisun système d’information géographique dédiésur lequel on pourra zoomer. Dans un certainnombre de cas, pour les zones à enjeux, lescartes pourront être plus précises. La phyto-sociologie paysagère est encore peu développéeen France. Mais la Catalogne et l'Italie l'ont uti-lisée. C'est parce qu'il n'y a pas de modèle ou

de référence que nous avons constitué un consortiumde partenaires. La Société française de phytosociologie,des universités, l'IGN, les conservatoires botaniques na-tionaux et leur fédération… et aussi des partenairesétrangers. Nous avons tenu deux séminaires de travailà l'université de Brest en 2012, un autre en janvier 2013.L'objectif est d'avoir fait tous les tests d'outils en 2014,pour que l'élaboration de la carte puisse commenceren 2015. Il faut aussi relancer la phytosociologie dansle monde académique. On re-forme des jeunes, c'est l'undes points essentiels du programme.

D'autres méthodes que la phytosociologiepaysagère ont-elles été envisagées ?Il y a d'autres méthodes. Mais elles sont plus longues,plus coûteuses, plus difficiles à mettre en œuvre, et nepermettent pas le renouvellement de la donnée. Leursrésultats sont aussi très dépendants de la personne quieffectue les relevés. La phytosociologie paysagère,c'est cadré, borné, il y a peu de questions à se poser. Le temps de formation est relativement long, mais en-suite, il n'y a pas de soucis de mise en œuvre.

3 questions à...Arnault LalanneDocteur en écologieforestière, responsabledu programme CarHABau ministère de l'écologie

LA PHYTOSOCIOLOGIE PAYSAGÈRE,C'EST CADRÉ, BORNÉ»

DOSSIER LA (NOUVELLE) CARTE DU TENDRE

c'est quelque chose de formidable,ajoute Arnault Lalanne. C’est l’oc-casion de rencontrer des gens et devoir ce qui se passe au sol.» Etsurtout de l'expliquer.«Il y a un chantier dans le chan-tier», poursuit le responsable duprojet, qui consiste à diffuser etvaloriser les données qui serontrecueillies. La phytosociologiepaysagère est l'étude de l'assem-blage des végétations, et de leursliens dans le temps et dans l'es-pace. Le projet CarHAB remet ladiscipline à l’ordre du jour dans le

monde académique, mais le pro-jet peut aussi avoir un impact au-près du grand public. La phytosociologie n'est pas facileà vulgariser, mais si elle peut êtreutile aux collectivités et à ceux quigèrent la biodiversité, elle peutl'être aussi aux agriculteurs, auxforestiers publics ou privés, àtous les acteurs économiques. Etc’est alors qu’elle prendra tout sonsens, une fois que ses apports leurauront été présentés.Le projet prévoit pour cela lamise en place d’un comité d'uti-

lisateurs. «Nous avons besoind'eux pour qu'ils traduisent les ré-sultats, les rendent utiles à ceuxqui n'ont pas un bac+8 ensciences de la nature. Le sujet estcomplexe, et parfois même lescientifique qui étudie l'évolutiond'une population de papillonsliée à la désagrégation de son ha-bitat pourra ne pas comprendreles résultats. Il faut donc les luirendre accessibles, tout commeau maire d'une petite communequi doit créer un lotissement pouréviter que son école ne ferme.» n

Le calendrierdu programmeCarHAB

2012-2014Phase de tests,production du fondblanc dans troisou quatredépartements tests,finalisationdes nomenclatures,installation du SIG,développementdes outils de saisienomade, rédactiondu guideméthodologique.

2015Début de la miseen production,à raison de six à huitpuis une dizainede départementspar an.

2018Couverture des zonesNatura 2000permettantle rapportage exigépar la directiveHabitats.

2025Achèvementde la carte.

FauneEcureuil (famille dessuridés) et chamois(bovidés).

IGN

IGN

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page12

1. Que fait l'IGN sur les médias sociaux ?

2. Comment fabrique-t-on une carte ?

n Depuis Usenet en 1980, puisAsk en 1996, Wikipedia, Face-book, YouTube et Twitter, appa-rus entre 2000 et 2006, le réseausocial s'est imposé comme unmode relationnel incontourna-ble entre une entreprise, pu-blique ou privée, et son public.L'IGN n'est pas en reste. Sur sa page Facebook, l'institutéchange quotidiennement avecses 3 400 fans des informationssur les loisirs de plein air, les pro-duits IGN et les nouveautés oupromotions de la boutique Loi-sirs en ligne. Les fans peuventaussi voter pour décerner le prixdu public du concours Géopor-tail, signaler à l'IGN des modifi-cations à porter sur ses cartes, re-cueillir des conseils et échangeravec nos experts, suivre l'actua-lité de l'institut et de ses publi-cations, comme IGN Magazineou L'IF, son supplément dédié à

Philippe Truquin Rédacteur en chef d’IGN Magazine

IGN

Philippe Gerbe Directeur de la production

IGN

QUESTIONS RÉPONSES

l'information forestière. Petitecerise sur le gâteau depuis la mi-octobre : chaque lundi, la pageprésente un épisode de l'histoirede l'IGN. Le feuilleton attire tel-lement de likers — des amateursdéclarés — que l'IGN a décidé demultiplier ce type de rendez-vous thématiques avec son pu-blic (le suivant est consacré à laforêt). Chaque publication enri-chit l'album d'images belles, sur-prenantes ou rares. Voir pours'en convaincre l'album « His-toire de l'IGN ».Les amateurs d'images retrou-veront aussi sur YouTube 80films sur l'IGN. Déjà visionnésplus de 19 000 fois, ces films pré-sentent notamment les dernierstravaux de recherche de l’IGNou des animations sur le Géo-portail et son API. Les albumsphoto de Flickr comptent 70photographies visionnées 40 000

fois : images de l’histoire del’IGN, des concours Géoportailou de la boutique Le Monde descartes. Le blog Actu-loisirs IGN,créé en janvier 2012 et dédié auxloisirs de plein air, recense 5 800visites et plus de 8 000 pagesvues par mois. Le compte Twit-ter ignfrance totalise plus de1 700 abonnés.Le Géoportail aussi possède unepage Facebook dédiée et uncompte Twitter. Celui-ci fait lelien entre les experts du Géo-portail et une communauté depresque 4 000 abonnés, essen-tiellement professionnels de l'in-formation géographique.

Les photos aériennes. Quatreavions de l'IGN photographientrégulièrement la France. Les pho-tographies sont prises à la verti-cale. Les clichés se chevauchent.Cet ensemble d'images est laprincipale source des bases dedonnées et des cartes qui en sontdérivées.Les bases de données géogra-phiques. Le recouvrement desimages permet de reconstituerune vue 3D du territoire selon leprincipe de stéréoscopie. Sur despostes informatiques de photo-grammétrie, des opérateurs poin-tent, décrivent et enregistrentles objets géographiques identi-fiés sur les photos  : bâtiments,routes, rivières… On dispose alorsd'une base de données géogra-phiques.Les relevés de terrain. Les géo-mètres de l'IGN sillonnent laFrance et assurent les mesuressur le terrain pour renseigner oucompléter ce qui n'a pu être vusur les photographies aériennesou ce qui a évolué depuis la prise

de vues. Ce travail de mise à jourse fait en continu. Sentiers ensous-bois, limites de communes,viabilité des routes, toponymes,position des adresses sont ainsirecensés et enrichissent la basede données.La rédaction cartographique.Auparavant dessinées entière-ment à la main, les cartes sontaujourd'hui dérivées des basesde données géographiques. L'au-tomatisation est très pousséemais l'intervention des dessi-

nateurs cartographes reste né-cessaire pour garantir la parfaitelisibilité de ces documents quellequ'en soit l'échelle.L'impression, la diffusion pa-pier et électronique. Les cartessont ensuite imprimées sur lespresses offset de l'IGN avant derejoindre les différents points devente. Les cartes sont aussi ac-cessibles en version numériquesur le Géoportail, le portail desterritoires et des citoyens.geoportail.gouv.fr

Faites maisonL’impression des cartesde grand format et dehaute précision est aussieffectuée par l’IGN.

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 13

www.facebook.com/ignfr

www.facebook.com/geoportail

https://twitter.com/Geoportail/

https://twitter.com/IGNFrance

www.youtube.com/user/IGNcommunication

www.flickr.com/photos/igncommunication

http://actu-loisirs.ign.fr/

CÉCILIA GARRONI PARISI

IGN Mag 69 • 01-13-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:51 Page13

Dans les régions rurales, cet ac-croissement de superficie s'est faiten très grande majorité sur des terrains privés. La part des forêtsprivées est passée de 66 % en 1908à 76  % aujourd'hui. Ce dernierchiffre a été calculé avec les don-nées cartographiques du derniercycle d'inventaire de l’IFN, avant lechangement de méthode. Le nombre de propriétaires fo-restiers privés a doublé, pas-sant de 1,5 à plus de 3 millionsen l'espace d'un siècle. La taillemoyenne des propriétés a dansle même temps diminué, pas-sant de 4,4 ha en 1908 à 2,8 haaujourd'hui.

La surface forestière est pas-sée de 10 à 16 millions d'hec-

tares en un siècle, soit six  millionsd'hectares supplémentaires de forêt*. Cette évolution spectaculairen'a été homogène ni dans l'espace,ni dans le temps. L’accroissements'est fait principalement en Sologne, dans le Massif central etdans la zone méditerranéenne.Seule la Champagne crayeuse aconnu un déboisement marqué.Dans la première partie du siècle,la forêt s'est développée de façonplus intensive dans le Massif central et en Bretagne. Ces trentedernières années, la forêt a continuéde gagner du terrain en Bretagne,

mais aussi dans toute la zone mé-diterranéenne, et de façon moinsimportante dans le centre du pays.

UNE FORÊT EN EXPANSION…

La reconstruction des limites can-tonales et le recollement avec la situation actuelle font constater, de façon surprenante, que la forêt aprogressé jusque dans la périphérieproche des grandes concentrationsurbaines. Dans ces zones, ce sont lesterres de cultures, les vignes et lesvergers qui ont été, tout au long duXXe siècle, laminés par l'urbanisa-tion alors que d'efficaces méca-nismes compensateurs mainte-naient la superficie forestière intacte.

14 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

CENT ANS DE STATISTIQUE FORESTIÈREEn 1912 est publiée une étude statistique nationale menée parLucien Daubrée, directeur général des Eaux et Forêts. La suivante ne seraéditée qu’en 1981 par l’Inventaire forestier national, qui de 1958 à 2011 a tenu les comptes de la forêt française. En cent ans, qu’est devenue notre forêt?

Pionnier Lucien Daubrée (1844 - 1921),alors directeur généraldes Eaux et Forêts,laisse son nom aupremier inventaire des forêts françaises,publié en 1912.

FORÊTS

Taux de boisement: évolution (en %) entre 1908 et 2009.

DR

IGN

/ IN

RA

/ IN

ED

Hors France en 1908

-50/-30-30/-20-20/-15-15/-10-10/-5-5/00/55/1010/1515/2020/3030/4040/5050/7575/100

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:53 Page14

hors France en 1908

Evolutionde la récolte de bois entre 1908 et 2009

moins de 1 foisentre 1 et 1,5 foisentre 1,5 et 2 foisentre 2 et 3 fois3 fois et plus

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 15

…ET UNE SYLVICULTURE EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION

La sylviculture a également évolué.Les peuplements menés en taillisou en taillis sous futaie sont moinsreprésentés ; la part des taillis sim-ples a régressé, de 25  % de la surface boisée à 14 %. La futaie, quifavorise la culture d'arbres de grosdiamètres et de meilleure qualité,est la structure la plus répandue.On constate aussi à partir des don-nées cartographiques une netteprogression des résineux dans lesrégions où la forêt progresse, parplantation dans le Massif central ou

Pyrénées-Atlantiques, par exemple.Ces chiffres sont issus d'une pre-mière analyse des données de l'en-quête Daubrée aux niveaux canto-nal et départemental, qui ont étécouplées avec les données carto-graphiques ou statistiques de l'IGN.Ces éléments mettent en défaut uncertain nombre d'idées reçues surl'évolution de la forêt française aucours du dernier siècle. D'autrestravaux sont en cours pour affinerces premiers résultats et étudier lescaractéristiques de ces forêts « nou-velles », tant en termes de produc-tivité que de biodiversité.

* L’Alsace et la Moselle qui n’étaient pas fran-çaises en 1908 n’ont pas été prises en comptedans les calculs.

Cet article a été rédigé à partir d'une étudemenée par J.-L. Dupouey (Inra), I. Séguy(Ined), J.-C. Hervé et M. Duprez, (IGN) et présentée lors de la journée IGN-AgroPa-risTech-Inra qui a eu lieu le 6 décembre 2012dans les locaux de l'IGN à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Les présentations au format PDF sont consul-tables sur www.ign.fr/institut/actualites/cen-tenaire-linventaire-daubree

Couvert De 0 à… 95 % (en vert foncé),le taux de boisementde la France en 1908et en 2000.En un siècle ou presque,l’extension de la forêtest spectaculaire: de 10à 16 millions d’hectares.

IGN

/ IN

RA

/ IN

ED

par accrus de pins dans le Sud-Est.En ce qui concerne la récolte, la statistique Daubrée donne unerécolte de 2,6  m3/ha/an en 1908,dont 71 % de bois de feu. Elle est au-jourd'hui de 3,6 m3/ha/an, majori-tairement au profit du bois d'œu-vre. Localement, la récolte a parfoisfortement augmenté, notammentdans le Massif central où l'on ré-colte plus de trois fois plus debois aujourd'hui qu'il y a cent ans.Elle peut aussi avoir diminué. C’est le cas dans la Marne, lesBouches-du-Rhône, le Vaucluse, leGard, la Drôme, la Vendée ou les

Taillis et futaiesLe taillis est un peuplement destiné à la production de petit bois régénéréprincipalement par rejet de souches. Chaque souche portant le plus souventplusieurs tiges.

La futaie est un peuplement destiné à la production de gros bois (ou de boisd’œuvre) dont les arbres ont généralement une seule tige.

Le taillis sous futaie est un peuplement mélangeant des arbres de futaie dans l'étage supérieur et des arbres de taillis dans l'étage inférieur.

< 1 fois

> 1 et < 1,5 fois

> 1,5 et < 2 fois

> 2 et < 3> 3 fois

Hors France en 1908

Évolution de la récolte de boisentre 1908 et 2009

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:53 Page15

16 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

La 3e édition du concours Géoportail invitait amateurs et professionnelsà développer une application mobile ou sur site à partir du Géoportail et deson API. Près de 3000 personnes ont élu — c’était une nouveauté — leurapplication favorite via Facebook ou par courriel, parmi les neuf sélectionnéespar le jury.

LE GÉNÉRATEUR D’IDÉES

SITYTRAIL

CATÉGORIE DÉVELOPPEMENT DURABLE1ER PRIX

TERR@GÉO : DES DONNÉESGÉORÉFÉRENCÉESPOUR LESCOLLECTIVITÉSTerr@géo, développé par la sociétéSogefi (Toulouse) est un portailgratuit de données à destinationdes collectivités locales et, pourcertaines thématiques, du grandpublic. Le but de Terr@géoest de proposer, via une interfacesimple, des données personnalisées calées sur les vues aériennes et les cartographies de l'IGN.Réseaux, zonages, projets

d'implantations, plans locauxd’urbanisme ou panneaux routierss’affichent ou disparaissent, suivantles choix de couches. Terr@géo estgénéré automatiquement pour

toutes les communes françaises,y compris celles des départementsd'outre-mer.

CATÉGORIE LOISIRS ET CULTURE1ER PRIX

SITYTRAILFRANCE, OU LA BALADEAUGMENTÉESityTrail France est une applicationgrand public destinée à la pratiquede la randonnée pédestre,équestre ou VTT. Le nom Sity, synthèse de “site”et “city” », évoque la découverte de sites naturels remarquablescomme celle des villes et villages,et veut faire le lien entre nature et culture. SityTrail France proposeles cartes topographiques du Géoportail de l'IGN, ainsi quedes milliers de randoguides qui se déclenchent en fonction dela géolocal isation GPS, donnantaccès à des informations diverses,dont des documents multimédias.www.geolives.com

TERRAGÉO

http://terrageo.sogefi-web.com/terrageo/?insee=84089

GÉOPORTAIL

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:53 Page16

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 17

OSM TRANSPORT

UTAGAWA VTT

© F

RIC

BO

S /

FOT

OL

IA.C

OM

CATÉGORIE ACCESSIBILITÉ1ER PRIX

OSMTRANSPORT, OU LE BUS À LA CARTEOSMTransport, de 3Liz(Montpellier), est une applicationde visualisation de données surles transports en commun saisiesdans OpenStreetMap sur des fondscartographiques IGN.On y consulte le tracé des lignesde métro, tram ou buset l’emplacement des stations,y compris celles de partagede vélos.L'utilisateur peut visualiserl'ensemble du réseauou sélectionner certaines lignes.L'accès aux images aériennesde l'IGN, grâce aux services en lignedu Géoportail, offre une visualisationprécise dans un contexte réel.http://demo.3liz.com/osmtransport/france.php

PRIX DU PUBLIC 2012UTAGAWA VTT, LE PIONNIERAvec 1 140 voix sur les 2 903 votes recueillis, UtagawaVTT, de Corbas, en Rhône-Alpes, s'est vu décerner le prix du public 2012. UtagawaVTT est un site de préparation de randonnées VTT pionnier de la géolocalisationdes traces VTT par GPS sur le web.www.utagawavtt.com/

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:53 Page17

Au départ, un calcul à l’an-cienne, simple comme un calculd’itinéraire. Sachant qu’une am-

bulance part de l’hôpital Henri-Mondor deCréteil à 21 heures, à quelle heure sera-t-ellearrivée au 73 avenue de Paris à Saint-Mandé ? Puis l’exercice se complique, ab-sorbant toute la complexité du monde. Sachant que nous sommes un vendredi soiret qu’il pleut, combien de temps supplé-mentaire  ? Sachant qu’un autre véhiculed’intervention rentre à vide d’Ivry-sur-Seine, ne pourrait-il pas être dérouté pourarriver avant le premier ? Sachant que le bâ-timent  L  de l’enceinte du site de l’IGN nefigure sur aucune carte, combien de tempsl’équipe médicale mettra-t-elle à le trouver ?Et puisque chaque minute qui passe aug-mente de 10 % le risque de décès après unarrêt cardiaque, l’équipe du Samu 94 sau-vera-t-elle le malade ?

Projeter l’hôpital vers le blesséLes trajectoires des comètes à travers la ga-laxie sont plus prévisibles que les trajets au-tomobiles en banlieue parisienne. Depuis

Le projet de recherche Posamu (2010-2013)> Le programme PoSamu —comme performance et optimisation systématique de l’aide médicale urgente—a été lancé pour réduire le délai d’accès des secours aux patients, spécialement en zone urbaine. Selon leschiffres mêmes du Samu 94, en 2009, les équipes n’arrivaient au chevet d’un malade ou d’un blessé enmoins de dix minutes que dans 21 % des cas. Le programme est coordonné par le professeur Jean Marty,patron du Samu 94. Il associe le laboratoire Cogit (et d’autres services) de l’IGN, le laboratoire de génieindustriel de l’École centrale de Paris, l’équipe 4390 de l’université Paris-Est Créteil (analyse du risque dansles systèmes de soins complexes) et le laboratoire Ville mobilité transports de l’université Paris-Est.

Depuis 2010, le laboratoire Cogit de l’IGN travaille, avec le Samu 94, à réduire les délais d’intervention des équipes de réanimation en optimisant une chaîne complexe de prise de décision. L’information géographiquesauve parfois des vies. Et les gains ne sont pas forcément là où on le pense.

DE SI LONGUESMINUTES

deux ans, le projet de recherche PoSamu del’Agence nationale de la recherche (ANR, lireencadré ci-dessous) s’efforce pourtant de mo-déliser l’accès des équipes de réanimationaux patients en détresse. L’enjeu ? Raccour-cir les délais et améliorer un système rodédepuis l’invention des Samu, dans les annéessoixante-dix. Un système qui a fait sespreuves en projetant l’hôpital vers le malade,quand les pays anglo-saxons ont une logiqueinverse. Directeur du Samu 94 — 150 sala-riés, sept équipes d’intervention — le pro-fesseur Jean Marty est aussi le coordinateurde PoSamu. En 2009 déjà, avant le lance-ment du programme, il avait fait équiper lesambulances d’un système de géolocalisation,et la salle de régulation d’une carte affichantleur position et leur statut — libre ou occupé.«L’idée s’est depuis répandue. De plus enplus de Samu sont équipés, mais nousavons été l’un des premiers.» Le projet ANRprolonge cette réflexion.Les quatre laboratoires de recherche (lire ci-dessous) réunis par PoSamu ont examinéles horaires des équipes de régulation etd’intervention, jusque-là calqués sur les ho-raires ordinaires des hôpitaux. Ils ont étémodifiés pour s’adapter aux pics d’inter-

vention de la soirée. Puis ils se sont penchéssur deux autres paramètres géographiques :le trajet routier des ambulances et leur bonpositionnement ou prépositionnement,puis l’accès piéton au malade à secourir,cette fois civière en mains et sac au dos.

Le (difficile) choix del’ambulance la plus procheCinq « unités mobiles hospitalières », véhi-cules médicalisés embarquant un médecin,un infirmier et un conducteur, sont basées àl’hôpital Henri-Mondor. Une autre stationneà Vitry. La dernière est à Villeneuve Saint-Georges. Bien sûr, le Samu est en liaison avecles sapeurs-pompiers de Paris, qui commeleurs homologues de Marseille disposent devéhicules médicalisés. Dans la journée, les vé-hicules restent en alerte sur leur base ou sonten intervention, en retour d’intervention, ouen transfert d’un malade après sa prise encharge. Seul un appel sur dix donne lieu audépart d’une unité mobile hospitalière(UMH). Toute la difficulté réside dans le choixdu véhicule en fonction du lieu d’appel.« Il est très difficile de faire le bon choix »,avoue sans détour le professeur Marty.

ZOOM

CO

M H

EN

RI-

MO

ND

OR

18 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

IGN

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:53 Page18

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 19

Jusqu’en 2009, les régulateurs se basaient surleur expérience et sur leur connaissance dudépartement. Depuis que les voitures sontpistées, un calcul de distance est devenu pos-sible. « Il suffit alors de faire deux requêtes surles deux véhicules les plus proches. » Cela nedonne cependant qu’une estimation, qui netient compte ni du trafic ni de l’environne-ment. Pour faire mieux, il faut modéliser letrafic en traitant des gigaoctets de données.C’est aussi à cela que s’est attelé le programmePoSamu.Depuis 2010, les véhicules d’intervention si-gnalent automatiquement leur positiontoutes les dix secondes. Aujourd’hui, leséquipes du programme PoSamu disposent dedeux années pleines de données. «Et plus lestock d’informations sera important, plus le

maillage sera fin. » Les données alimententle simulateur de l’École centrale de Paris surlequel a été construit un démonstrateur, etconfirment les creux de trafic des lundis etmercredis, les pics des vendredis après-midiet des week-ends, en fin de journée.

Des outils d’aide à la décision« Pour un lundi à 16 heures, par exemple, lesystème permet de connaître statistique-ment le délai d’intervention jusqu’à unpoint donné du territoire. À terme, nous dis-poserons d’un prototype de calcul en tempsréel tenant compte du trafic et des conditionsmétéorologiques. Ce sont de réels outilsd’aide à la décision pour celui qui envoie un

moyen médicalisé », confirme le professeurMarty. Fonctionnant de manière prévision-nelle, le programme, toujours en phase de re-cherche, pourrait aussi signaler qu’aucunmoyen de secours ne sera disponible pour at-teindre le blessé ou le malade dans le délaide 30 minutes que l’État a fixé aux servicesde secours. Comme ce fut le cas en 2010lorsque des chutes de neige paralysèrent l’Ile-de-France pendant une journée. « Dans cesconditions, il peut être pertinent de reposi-tionner un véhicule pendant quatre heures,par exemple à Bry-sur-Marne pour couvrirl’est du département. » La modélisationpermet de dessiner une zone d’isochronie au-tour d’un véhicule ; elle est déjà utilisée entemps réel par les compagnies de taxis.Étonnamment, les données recueillies ser-

CO

M H

EN

RI-

MO

ND

OR

Point fixe L’hélicoptère sur le pont d’envol du CHUHenri-Mondor. En haut, une vue aériennesur la ville de Créteil.

En alerteTrois des “unités mobiles hospitalières“ du Smur, le bras médicalisé du Samu, avec lequel on le confond trop souvent.

PaquebotLe CHU Henri-Mondor, l’un des plusimportants bâtiments de Créteil, à deux pas des grands ensembles.

IGN

COM HENRI-MONDOR COM HENRI-MONDOR

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:54 Page19

20 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

vent peu à la navigation elle-même: leschauffeurs connaissent le départementcomme leur poche et se fient d’abord à leurexpérience pour choisir le meilleur itiné-raire. « Quelquefois, le trajet qu’ils suiventpeut être différent de celui indiqué par l’or-dinateur. Avec un chauffeur qui travaille de-puis vingt ans dans le Val-de-Marne, il estlégitime, en toute honnêteté, de penser qu’ilmaîtrise son territoire, reconnaît JeanMarty. Ainsi les trajets peuvent être diffé-rents selon les conducteurs. » Grâce à Po-Samu, « on pourrait faire des débriefingsanonymisés » et comparer les solutions.

«Ce qui compte, c’estl’arrivée jusqu’au malade»Chaque seconde a son importance. Malgrésirènes et gyrophares « les véhicules duSmur ne sont pas des tapis volants ». Leurvitesse réelle moyenne ne dépasse pas60 km/h en ville. Les motos testées dans lesannées 80 à Paris ont été remisées : trop dan-gereuses. Le bel hélicoptère blanc perché surson pont d’envol devant l’entrée de l’hôpital,façon Playmobil géant, ne vole ni de nuit nipar temps de brouillard et sert surtout auxtransferts. Le trajet routier n’est cependantque l’une des inconnues de l’équation. Pourle malade, « ce qui compte, c’est l’arrivéejusqu’à lui ». Dans le Val-de-Marne, dans15 % des cas, le trajet piéton ajoute cinq mi-nutes au délai d’intervention; à doubler si lepatient doit être évacué par l’ambulance danslaquelle se poursuivra la réanimation pen-dant le trajet vers l’hôpital. La civière qui à vide passait un escalier de-vra parfois le contourner au retour. Avant deparvenir au malade, l’équipe aura dû, parfois,

identifier le bon bâtiment et la bonne entrée.L’adresse postale, quand elle est uniquepour un même grand ensemble, ne suffitplus. Pas plus que dans un golf ou au port deBonneuil-sur-Marne, rappelle Jean Marty. L’IGN travaille à l’amélioration de sa base dedonnées adresse grâce à des conventions pas-sées avec La Poste, notamment, et les pom-piers ou les communes, explique JulienPerret, chercheur au laboratoire Cogit (lireinterview) qui représente l’IGN au sein duprogramme de recherche. Reste l’accessibi-lité physique. Les architectes qui ont trans-formé Ivry, Fontenay, Arcueil ou Créteil enpetits Brasilia dans les années soixante

n’ont pas facilité le travail des secours.« C’est tarabiscoté, ça tourne, il y a desrampes, des plots », des couloirs trop étroitspour les civières, des portes cadenassées oucodées, des ascenseurs en panne.

Une microgéographie des accès piétonsGrands ensembles compris, cela représente« une cinquantaine de zones dans le dépar-tement», poursuit Jean Marty. « S’il n’y a pasde repérage, la perte de temps est impor-tante. » Le patron du Samu rêve d’une im-primante embarquée donnant à la de-

C’est tarabiscoté, ça tourne, il y a des plots… »

ZOOM

GÉOLOCALISATION: DEUX AUTRES PISTES La géolocalisation n’a pas fini de fairegagner du temps aux équipes du Smur.Deux pistes restent à explorer,qui n’entraient pas dans le cadrede PoSamu. La première est la localisationdes appels passés depuis un téléphoneportable, et dont l’auteur ne peutse situer précisément. «Nous n’avons pasencore progressé sur ce sujet», avouefranchement Jean Marty. La solutionpourrait être logicielle, les appelantsmunis d’un téléphone intelligent

avec GPS embarqué envoyanteux-mêmes leurs coordonnées,de préférence sans avoir à raccrocher.Le logiciel pourrait être fabriqué par l’IGN,avance Julien Perret. Bémol: la liaisonGPS ne fonctionne pas toujours dans lesgrands ensembles.Pour les téléphones ordinaires, la solutionexiste déjà et s’appuie sur la localisationdes bornes relais. Mais les Samu,qui peuvent contourner la liste rougedes téléphones fixes, n’y ont pas accès.

Autre idée : la géolocalisation volontairedes titulaires d’un brevet de secourisme,là aussi grâce à leur téléphone.En attendant l’arrivée de l’équipemobile, le Samu pourrait lui-mêmelocaliser et alerter les secouristesles plus proches du lieu d’un malaiseou accident. « Les pays où il y a euune amélioration dans la récupérationdes arrêts cardiaques sont les paysoù la population a elle-même progressé»,rappelle Jean Marty.

IGN

/ C

OG

IT

Accès Positionnement de l’entrée des immeubles et des allées piétonnes.

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:54 Page20

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 21

mande, outre le trajet routier jusqu’à uneadresse exacte, le trajet piéton final et sessubtilités. C’est à cela aussi qu’a travaillél’IGN, en cartographiant cinq grands en-sembles, pour bâtir un prototype de carto-graphie thématique. Celle-ci peut être as-sociée aux données routières, pour consti-tuer une base multimodale. « Pour l’instant,il ne s’agit que d’un programme de re-cherche », rappelle Julien Perret. La pro-duction systématique n’est pas à l’ordre dujour : les données d’accessibilité ne font paspartie des données de référence produitesà ce jour par l’IGN. Mais la collecte pourraitêtre collaborative.Le professeur Marty, qui vient de passer troismois à l’université de Stanford, en Californie,s’est baladé dans la campagne proche en en-registrant ses promenades sur son smart-phone. Les amateurs de course à pied et derandonnée connaissent ces logiciels simples,qui permettent de superposer un trajet à unecarte, fournie par Google, l’IGN ou d’autres.Le même matériel pourrait permettre auxéquipes du Samu de renseigner elles-mêmesune carte thématique. Ou aux titulairesd’un brevet de secourisme de se déclarer dis-ponibles. PoSamu, en attendant, est plus queprometteur. Prévu à l’automne 2010 pourdeux ans, le programme a été prolongé de sixmois, jusqu’à la mi-2013.

Quelle technologieavez-vous utilisée pouraider le Samu à positionner ses voitures ?Les données de base provien-nent des traceurs GPS, fournispar une entreprise privée. Àterme, nous aurons directe-ment accès aux données GPS.Ce stock d’informations estgéré dans une base spécifique.Nous l’avons mis en corres-pondance avec les informa-tions de régulation (de la ré-ception des appels à l’envoid’une ambulance) pour pou-voir différencier les données d’interventionprimaire (urgences sur les lieux d’accident)d’autres données liées, par exemple, autransport de patients entre deux hôpitauxou à la maintenance des ambulances.Nous avons ensuite fait du map matching,soit la mise en correspondance des pointsGPS — d'une précision de 10 à 30 m environ— avec le réseau de la BD TOPO, compo-sante topographique du RGE. Une analysestatistique des données nous permet ensuitede déterminer les vitesses sur les tronçonsles plus empruntés et d'inférer une vitesseprobable sur le reste du réseau. Une des ex-tensions du projet pourrait être d’avoir unensemble de véhicules traceurs qui nesoient pas du Samu, afin d’estimer le com-portement spécifique des ambulances en in-tervention primaire, lorsqu’elles sont auto-risées à outrepasser les règles du code de laroute. Enfin, les données ont été réinjectéesdans différents systèmes, dont le système desimulation de l’École Centrale.

Les adresses postales n’ont pastoujours de sens pour le Samu.Comment les préciser ?Dans un quartier de Champigny-sur-Marne,60 immeubles ont la même adresse. L’IGNet La Poste se sont rapprochés pour amé-liorer l’adressage et sa géolocalisation. Destests ont été menés dans plusieurs dépar-tements — dont la Seine-et-Marne, touteproche. L’IGN a développé un outil qui fonc-

tionne sur des smartphonessous Androïd  : les facteursqui l’acceptent en sont équi-pés et peuvent dire «j’y suis»devant un bâtiment pour en-registrer leur position. Si cetteméthode fonctionne, ellepourra être généralisée à toutle territoire.

Comment créerdes cartes d’accessibilitédes grands ensembles?Où se garer ? Comment trou-ver tel immeuble ? Commenty aller à pied et avec un bran-

card ? Pour l’instant, ni les données de l’IGN,ni celles d’OpenStreetMap, ni les donnéesprivées ne répondent à ces questions. Iln’existe pas de cartographie suffisammentfine. Il faut gérer des contraintes de largeur,de hauteur. Parfois, certains passages font60 cm de large. Une civière ne peut pas pas-ser dans un couloir d’un mètre avec un an-gle à 90°. Si la pente est trop forte, elle passeà l’aller mais pas au retour avec le malade.Nous avons conduit une campagne de re-levés dans cinq zones du Val-de-Marne etproposé la structuration d’une base dedonnées permettant de faire un calculmultimodal. Cela répond à un vrai besoin.La deuxième partie du travail porte sur leschemins piétons. L’IGN a son expertise car-tographique. Il a l’habitude de réprésentertous les chemins des parcs et des forêtsdans ses bases de données et cartes de ran-données. Pour les grands ensembles, onpourrait s’appuyer sur les modes de pro-duction habituels, en introduisant desdonnées supplémentaires : les barrières àclefs ou à code, les plots, les bornes, qui blo-quent les voitures et pas les piétons. Ce tra-vail est à faire au sol : ces éléments ne sontpas visibles sur des photographies aé-riennes. L’IGN a proposé des itinéraires, faitdes tests de cartographie et créé une no-menclature des difficultés d’accès. C’est ty-piquement de la cartographie thématiquequi pourra être améliorée et complétée defaçon collaborative.

3 questions à...Julien PerretChercheur au laboratoireCogit de l’IGN.

IL N’Y A PAS DE CARTES SUFFISAMMENT FINES »

IGN

Deux vues d’un grouped’immeubles de Villiers-sur-Marne. En haut, les données du RGE : BD ORTHO, routes etadresses de la BD TOPO. Nous constatons quel'ensemble des adressessont regroupées le longd'un unique tronçon de route. La distanceentre le point adresse et l'entrée de l'immeubleatteint parfois plusieurscentaines de mètres. De plus, aucuneinformation ne permetde savoir commentaccéder à l'adresse dans ce labyrinthe.En bas, les donnéescorrigées avec l'aide de la mise à jour encontinu (Majec). Les adresses sontpositionnées à l'entréede l'immeuble etrattachées aux alléespiétonnes qui ont été saisies.

Ce qu’ilfaut voirpar JulienPerret

IGN

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:54 Page21

JEA

N D

EL

MA

RT

Y

CA

RT

ES S

UR

TA

BLE

1960 Naissance à Douai. Sylvie Brunel grandit dans le Nord.

1983 Enseigne un an dans le secondaire.

1984 à 1989 Travaille pour Médecins sans frontières(MSF).

1989 Devient conseillère stratégique, puis directrice,puis présidente d’Action contre la faim.

2002 Claque la porte de l’humanitaire et devientprofesseur à l’université de Montpellier.

Depuis 2007 Professeur de géographie à la Sorbonne. Elle y dirige un master de développement durable.

Lignes de vie

22 / IGN MAGAZINE JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:54 Page22

JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 IGN MAGAZINE / 23

Quelquespublications

Géographieamoureuse du maïs(Lattès, 2012)

Géographie amoureusedu monde (Lattès,2011), prix Jules Vernede l’Académie littérairede Bretagne et des pays de Loire

Nourrir le monde,vaincre la faim(Larousse, 2009)

Cavalcades etdérobades (Lattès2008) Ce roman a reçu le prix Pégase(Saumur).

À qui profite ledéveloppementdurable ? (Larousse, 2008), prix Luc Durand-Reville de l’Académie desSciences morales et politiques

Famines et politique(Presses de SciencesPo, 2002), prix de l’Association desprofesseurs et maîtresde conférences de Sciences Po

Géopolitique de la faimavec Action contre laFaim (PUF, 2001)

La faim dans le monde,comprendre pour agir(PUF, 1999)

Sylvie BrunelL’œil vif, la passion dans la voix, Sylvie Brunel est une géographe de la faim reconnue. La sémillante universitaire s’intéresse aussi, et de plus en plus, au développement durable. Franc-tireur, toujours enthousiaste, elle envisagela géographie entre science et littérature, et confesse marcher souvent à l’affectif.

JEA

N D

EL

MA

RT

Y

Pourquoi la géographie ?J’avoue avoir toujours été une élève très dissipée aulycée, en cours d’histoire-géographie. Après le bac j’aifait une prépa HEC, puis une licence de droit. En pa-rallèle, je suivais les cours du Centre de formation desjournalistes (CFJ). Et c’est grâce à celui qui n’était pasencore mon mari, Éric Besson, que je me découvre unepassion pour la géographie. Mais pas n’importe la-quelle ! Une nouvelle géographie, intelligente, pour unemeilleure compréhension du territoire. À l’époquemon ex-mari tentait l’École nationale de l’adminis-tration (Ena) et je lui résumais des livres de géogra-phie pour le concours. Je m’inscris en licence. Très viteje suis émerveillée par mes enseignants, quelquesgrands noms comme Jacqueline Beaujeu-Garnier,grande dame de la géographie, Gilles Sauter, spécia-liste de l’Afrique. Puis c’est l’agrégation, et l’enchan-tement continue… À 23 ans, je pars enseigner dans lesecondaire. Lorsque j’intègre un lycée lyonnais, je metsun point d’honneur à ne pas enseigner une géogra-phie descriptive, ennuyeuse mais une géographie ba-sée sur la relation entre les hommes et le territoire.Je me souviens avoir demandé à mes élèves de replacerleurs pays d’origine sur une carte, en y plaçant des pho-tos. Grâce à cette manière légère d’aborder la géo-graphie, ils se sont pris au jeu.

Pourquoi l’humanitaire ?Outre le fait que je souhaitais appliquer la géographieà l’humanitaire, je voulais travailler dans des pays envoie de développement. En 1984, Médecins sans fron-tières me commande une analyse des crises alimen-taires. Il s’agit d’enquêter puis de vérifier la situationsur place, de travailler sur le fond des problèmes, loinde toute idéologie. J’ai été recrutée dans la foulée. Jeplonge au cœur des enjeux humanitaires de l’époque :les émeutes de la faim, les questions de droit et de mo-rale humanitaires, les urgences et le développement.Puis j’enchaîne des missions : au Nordeste du Brésil,en Côte d’Ivoire, en Thaïlande, au Cameroun. Avec laGuerre froide qui se termine, j’observe l’émergence depays. C’est le moment d’un intense foisonnement in-tellectuel. Commence une double activité de re-cherche et de militantisme. Lorsque ma mission au-

près de MSF se termine, avec la dissolution de la fon-dation Liberté sans frontières, Action contre la faimvient me chercher. Je prépare alors un ouvrage de syn-thèse sur la faim et découvre qu’il y a tout à dire surle sujet. Et d’abord différencier famine et malnutrition.Ce travail de terminologie des famines, de typologie,je l’ai réalisé en parallèle des protocoles nutritionnelsétablis par ACF, des itinéraires techniques des ONG.Et quand en 2001, j’endosse la fonction de présidented’ACF, je me rends vite compte que je ne suis pas unepolitique. Mes idéaux de moralisation font long feuface à la réalité de terrain. En 2002, je décide de quit-ter, définitivement, le monde de l’humanitaire pourenseigner à l’université.

Pourquoi le développement durable ?Ce qui en février 2002, lorsque je démissionne d’ACF,n’est qu’un simple sujet d’intérêt est devenu depuis uneconviction. Mais j’ai toujours approché les problèmesde développement durable par la sphère sociale. Jereste persuadée que face aux crises environnementales,on peut trouver des solutions. Je n’aime pas la dra-maturgie employée par certains, les verdicts catas-trophistes qui ont toujours été démentis dans les faits.Comment, par exemple, peut-on envisager des zonesnaturelles protégées sans présence humaine ? J’ai ré-cemment écrit une géographie amoureuse du mondecar ma conviction est que si la Terre est accueillante,c’est parce que les hommes et les sociétés l’aménagent.Ma dernière géographie amoureuse est celle dumaïs. J’ai choisi cette plante parce qu’elle est emblé-matique des malentendus du développement durable :mal aimée, elle permet pourtant de nourrir le monde.Autour du maïs se posent les questions d’usage del’eau, d’OGM ou bien de fermeture du paysage. Maprochaine géographie amoureuse  sera plus… marine.Je ne peux pas en dire plus pour le moment !

J’ai récemment écrit une géographie amoureuse du monde car ma conviction est que si la Terre est accueillante, c’est parceque les hommes et les sociétés l’aménagent. »

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:54 Page23

Forêts Carte générale de Corse de 1831, d’après une carte du Dépôt de la guerrede 1824. En vert, jaune et rose, les forêtsdomaniales, communales et «particulières ». Collection cartothèque IGN.

© IGN / CINQUIEME COLONNE / 2013 / REF.13 / MAGIGN69

IGN Mag 69 • 14-24-6.0jp_IGN Base 05/03/13 11:55 Page24