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Le Carnaval de Granville, c’est une grande fête populaire. Ce sont aussi des histoires, des valeurs et des traditions. Suivez notre guide.
Carnaval de Granville 24-28 février 2017
25 FéVRIER 2017 - WWW.LAMANCHELIBRE.FR
Le carnaval de Granville animera les rues de la cité portuaire du vendredi 24 au mardi 28 février. L’un des moments les plus attendus du grand public reste, bien entendu, la grande cavalcade et son défilé d’une quaran-taine de chars. Celle-ci aura lieu le dimanche 26 février. Les chars s’élanceront à 13h30 du port, de la Haute-Ville et de la place du casino pour converger vers la place de la mairie et remonter jusqu’au quartier du Calvaire. Pour les néophytes, la place de la mairie, le cours Jonville, ainsi que la rue Couraye, et son prolongement, seront les rues empruntées par les carnavaliers.Avant cela, il faudra vous rendre jusqu’à Granville. Plusieurs moyens de trans-port : en voiture, en bus ou en train. Afin de réduire vos frais, vous pourrez apprécier le covoiturage. Des aires de co-voiturage se situent à Bréhal (La Lande), Sartilly (La Huchepie), Fleury (La Maison Neuve) ou encore à La Co-lombe (L’Hôtel Massu), plus d’informations sur www.covoiturage-manche.fr.Pour ceux qui opteraient pour le bus, sachez que la ligne 4 : “Avranches-Gran-ville par la côte”, fonction-nera exceptionnellement le dimanche 26 février avec un départ d’Avranches à l’heure
du déjeuner et un retour le soir. Cette ligne déposera les festivaliers directement au départ des navettes gra-tuites, en service de 10h à
20h (près du magasin Mon-sieur Bricolage, route de Vil-ledieu).Enfin, pour les personnes en provenance de Caen, des
trains à 9h, 11h11 et 12h46 assureront une liaison à des-tination de Granville, pour des arrivées à 12h03, 12h59 et 14h50.
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La cavalcade s’élancera le dimanche 26 février à 13h30. La bataille de confettis, elle, aura lieu le mardi 28 février à 18 heures sur la place de la mairie.
Une quarantaine de chars
dans les rues de Granville
La fête du 24 au 28 février !
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Carnaval de Granville
Vendredi 24. Les festivités dé-buteront donc le vendredi soir, avec le concert d’ouverture donné à la maison du Carna-val, dont l’entrée se situe sur le boulevard d’Hauteserve. Cette année, le groupe “La Caravane passe” entonnera les toutes premières notes.
Samedi 25. Le lendemain, le samedi, deux événements seront à suivre. Le premier, à 14 h, avec la remise des clefs de la ville à Sa Majesté “Baudroda-teur Ier, Roi des parkings payant et de la tirelire municipale”, au rond-point du Calvaire. Une remise de clefs qui sera suivie de la Cavalcade des enfants, dès 14 h 15. Depuis le rond-point du Clavaire, les enfants descendront la rue Couraye pour rejoindre le cours Jonville et terminer la fête, à travers un bal costumé, à la Maison du Carnaval.
Dimanche 26. Le dimanche sera la journée phare de ces cinq jours de festivité, avec la grande cavalcade et son défilé d’une quarantaine de chars. Le cortège s’élancera depuis le port jusqu’au rond-point du Calvaire, de 13 h 30 jusqu’en fin d’après-midi.
Lundi 27. La journée du lundi sera consacrée aux différents bals, avec le bal des Toujours jeunes, à 14 h 30, à la salle Saint-Nicolas, puis le bal à Papa, à 19 h, à la Maison du Carnaval, et le bal à maman, à la même heure, à la salle du Hérel.
Mardi 26. La journée du mardi 26 clôturera la fête avec le ju-gement du Roi, à 16 h 30, sur le port. A 18 h, ce sera la bataille de confettis place de la mairie.
Mise à mort du roi, sur le Plat-Gousset, en 2004. En cette 143e édition, le roi sera jugé sur le port, mardi 28 février, à 16 h 30.
Le programme des festivités
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Carnaval de Granville
L’histoire du Carnaval se perd dans la nuit des temps, puisqu’il faut remonter aux fêtes de la Rome antique pour en retrouver les origines. Après le Moyen-Age, il fallut attendre le milieu du 19e siècle pour redécouvrir le carnaval, fête populaire.
■■ Une tradition héritée des terre-neuvas
Ainsi, dans le département de la Manche, des festivités carnavalesques se déroulaient dans de nombreuses communes. A Granville, on en retrouve la trace dans une délibération du conseil municipal du 22 Pluviôse an IV de la République (11 février 1796), où il est écrit qu’une patrouille de police dut intervenir pour disperser des enfants qui importunaient les passants le jour de mardi-gras... A la fin du Second Empire, pratiquement aucune ville du département ne fêtait plus le carnaval, à l’exception de Granville.Il faut chercher cette survivance dans le fait que le mardi-gras était en février,
au plus tard début mars, période qui correspondait au départ des terre-neu-vas. C’était le moment où des centaines d’hommes, venus des villages côtiers ou des campagnes voisines, conver-geaient vers Granville pour être enrôlés à bord des navires qui armaient vers Terre-Neuve. Tous nos mathurins, sur-nom donné aux marins, savaient que le métier était pénible, voire dangereux, et que certains ne reviendraient peut-être pas ; ayant reçu une avance de l’armateur, ils participaient aux fêtes carnavalesques auxquelles ils appor-taient leur joie de vivre. A la fin du 19e siècle, l’armement pour Terre-Neuve déclina. La fête perdit de son éclat et beaucoup se demandaient même si le carnaval passerait le cap du 20e siècle ! La population et les commerçants s’en inquiétèrent et demandèrent à la municipalité d’intervenir. Dès 1898, les festivités prirent un nouveau départ et, quelques années plus tard, les fon-dements du carnaval actuel étaient établis. Une tradition qui a su traverser les siècles jusqu’à nos jours.
Jean-Louis Goëlau
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Départ des terre-neuvas pour la grande pêche au début du 20e siècle.
Aux origines du Carnaval...
Avant de partir pour les bancs de Terre-Neuve, les mathurins apportaient leur joie de vivre dans les rues de Granville.
■◗ 1870. 41 navires arment pour Terre-Neuve, puis 27 en 1895. Le chiffre remonta un peu les années suivantes, mais ils ne furent plus que 24 en 1914.
■◗ 1898. Sous l’impulsion de la Ville et du casino, le Carnaval reprend des couleurs et les Gran-villais découvrirent le bonhomme Carnaval.
■◗ 1902. La commission munici-pale des fêtes créée les comités de quartier et décide l’année suivante que la cavalcade aurait désormais lieu le dimanche.
■◗ 1923. Venue de la République de Montmartre.
■◗ 1968-2003. Entrée payante le dimanche pour voir la cavalcade.
■◗ 2016. Inscription du Carnaval au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Repères
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Carnaval de Granville
De mémoire de carnavaliers, la date du 30 novembre 2016 restera à jamais graver. Et pour cause, c’est ce pourquoi le carnaval de Granville fut inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
■■ L’idée folle d’une bande de copainsPourtant, la partie était loin d’être gagnée. Il aura fallu patience, voire acharnement, et un petit grain de folie pour que cette idée, germée en 2009, prenne finalement racine. Une idée née d’une bande de copains : André Bressolles, Jean-Pierre Do-ron, Raphaël Gassot, Yvan Guiton, Didier Leguelinel et David Letort. “Une can-didature lancée un peu par
hasard, voire par erreur”, reconnaît David Letort, l’un des grands artisans de cette reconnaissance internatio-nale.Le jeune homme aura eu le mérite d’aller au bout de sa démarche, jusqu’à présenter la candidature du Carnaval de Granville au ministère de la Culture en janvier 2014. “Le temps du trajet, nous nous demandions ce que nous allions bien pouvoir raconter à tous ces experts... Finale-ment, nous avons décidé de rester naturel”, se souvient-il. Une stratégie gagnante comme le montre l’issue que nous connaissons au-jourd’hui... Même le carnaval de Dunkerque, avec ses lan-cers de harengs, ou celui de Nice, et sa parade de géants, n’ont pas eu ce privilège !
Pierrick Trousselle
Le 30 novembre 2016, à l’annonce de l’inscription du Carnaval à l’Unesco, des carnavaliers se sont spontanément réunis au hangar de la Parfonterie.
L’apothéose 143 ans plus tard, l’inscription à l’Unesco !
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Carnaval de Granville
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Le char des reines quitte les casernes pour rejoindre le centre-ville en empruntant la rue des Juifs.
Des journées mémorablesAlors que Granville fête cette année son 143e Carnaval, il est très difficile de dire quels sont ceux qui ont marqué l’histoire de la fête granvillaise. Sans vouloir remon-ter trop loin dans le temps, sans doute faudrait-il retenir 1923, avec la venue de la République de Montmartre, et 1947, le premier carnaval au lendemain de la guerre.
■■ 1923, la venue de la République de MontmartreA l’origine de la venue de la République de Montmartre (association fondée en 1921 qui œuvre notamment au profit de l’enfance défavorisée), il y eut Auguste Berthelot, conseiller municipal, qui contacta Adolphe Willette, le président de l’association. Celui-ci accepta l’invitation avec plaisir et promit de venir avec plusieurs de ses “ministres”. Le samedi 10 février, la place de la gare était noire de monde pour accueillir le président Willette, entouré de Poulbot, Neumont, Orsi, Millières, tous dessinateurs ou cari-caturistes de grand talent, qui avaient été rejoints à Folligny par Auguste Berthelot, ministre des Réjouissances, et Odette Ière, la toute nouvelle impératrice.Le dimanche, sous un grand soleil, ils par-ticipèrent à la cavalcade avant la signature du “Traité d’alliance, défensif, offensif et définitif” entre Odette Ière et le président Willette. La venue de la République de Montmartre attira la foule des grands jours et fit beaucoup pour la notoriété du Carna-val, avec quatre photos à la une du journal parisien “L’Excelsior” et une séquence aux actualités Pathé.Au mois de janvier 1947, malgré plusieurs réunions pour envisager la reprise du Carnaval, après sept ans d’interruption, l’ambiance restait morose ; personne n’avait vraiment l’esprit à la fête !Il fallut attendre le 25 janvier et le bal de la Police, au cours duquel furent élues reine et demoiselles d’honneur, pour qu’un comité soit créé dans l’urgence sous la présidence de Raymond Blier. Pas de temps à perdre pour recevoir le ministre des Restrictions et sa suite le 15 février avant la cavalcade du 16. Vu les difficultés en tous genres, le manque de temps, beaucoup craignaient une cavalcade miséreuse et quelques tra-vestis... Il n’en fut rien ! Le public était au rendez-vous, un public qui voulait oublier ces sept années, rire et s’amuser. Comme le nota Marcel Chouber, journaliste à La Manche Libre : “C’était mieux qu’avant-guerre !”
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Carnaval de Granville
Anne-Marie Turpin, reine en 1963, avant d’être élue duchesse de Normandie l’année suivante.
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Nelly Billard, reine du carnaval 1958.
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Michèle Marie, reine du Carnaval 1956.
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Denise Leroy, reine du Carnaval 1931.
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Jacqueline Delamotte, reine de l’association La Granvillaise de Paris en 1936.
Les Demoiselles du Pays granvillais
Après la Grande Guerre, un conseil-ler proposa l’élection d’une reine des reines... pour remplacer le bonhomme Carnaval qui donnait des signes de fatigue. Il ne fut pas suivi, mais, en 1923, Auguste Berthelot, à l’initiative de la venue de la République de Montmartre, proposa l’élection d’une impératrice.
Sa proposition fut acceptée à l’una-nimité et le comité décida que toutes les jeunes filles de Granville “ayant une plastique supérieure, de la beauté et de la vertu” pourraient se présenter.Le 12 janvier, Odette Roche fut élue Impératrice de l’Etat libre de Granville sous le nom d’Odette Ière. Les années
Les Demoiselles Granville Terre et Mer 2017, entourées de leur présidente Monique Lemoine et son mari Henri, ainsi que d’Antonina Julienne, présidente du comité d’organisation, et des petits porte-drapeaux.
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Carnaval de Granville
Les Demoiselles du Pays granvillais
suivantes, ce fut tout et n’importe quoi, chaque quartier voulant absolument avoir sa reine, le comité faisant même parfois venir une reine de Paris.Après la guerre, une organisation se mit en place et l’élection se fit d’abord à l’applaudimètre, avant que le comité ne s’autorise à pressentir des parents
pour que leur fille se présentât. Soup-çonné de favoritisme, notre comité fut amené à revoir la présélection des can-didates. Aujourd’hui, et cela depuis un peu plus de 20 ans, Monique Lemoine veille jalousement au bon déroulement de l’élection des Demoiselles de Gran-ville Terre et Mer.
Les Demoiselles Granville Terre et Mer 2017, entourées de leur présidente Monique Lemoine et son mari Henri, ainsi que d’Antonina Julienne, présidente du comité d’organisation, et des petits porte-drapeaux.
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Alycia Gicquel, Demoiselle Granville Terre et Mer en 2016.
Laury Thomas, Demoiselle Granville Terre et Mer en 2015.
Lucile Lecellier, Demoiselle du Pays Granvillais en 2014.
Anaëlle Chrétien, Demoiselle du Pays granvillais en 2013.
Mireille Maure, reine du Carnaval 1964.
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Jean-Louis Goëlau
Avec le retour de la gratuité pour assister à la grande cavalcade, la foule est à nouveau au rendez-vous !
2005 : un souffle nouveau !
Un peu plus de dix ans ont déjà passé, mais il est probable que 2005 entre dans l’histoire du Carnaval comme celui du renouveau. Après le clash financier des premiers jours de janvier 2004, qui avait mis le carnaval en péril, son “sauvetage” par une équipe de carna-valiers, et un élan général de générosité, est en marche.Dans les mois qui suivirent, le comité, fraîchement élu, eut pour objectif de donner un nouveau souffle au carnaval qui ronronnait. Une des premières mesures fut de confier la création de l’affiche aux scolaires, en lançant un concours auprès des élèves des écoles du Pays granvil-lais : 153 dessins, venus de 14 écoles à départager !
■■ L’entrée désormais gratuite
Pour relancer la fête, Sa Majesté “Port’Epique” fit un cadeau royal : l’entrée pour assister à la cavalcade le dimanche serait désormais gratuite, sur les bons conseils de son Premier ministre Jean-Pierre Do-ron ! Plus de 60 ans que le bon peuple attendait cette mesure, qui annulait ainsi la décision prise en 1968 par son aïeul la Très Vilaine Altesse (TVA) “Michou Ier”. La nouvelle fit l’effet d’une bombe et, le dimanche, ils étaient des milliers sur le passage de la cavalcade, dont le départ avait été éclaté sur quatre sites.Le mardi, le jugement du roi se fit sur le port. Avant la grande bataille de confetti, un cadeau de plusieurs tonnes attendu par une foule en délire !Un grand souffle d’air frais pour la jeunesse granvillaise.
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Jean-Louis Goëlau
Avec les carnavaliers, tout y passe : actualité locale et nationale, toujours avec humour et dérision !
La cavalcade : entre dérision et satire
La première cavalcade dominicale eut lieu le 7 février 1875 à l’initiative “d’une foule de jeunes gens désireux de s’amuser et de faire du bien aux pauvres”, comme l’écrivit la presse locale. L’événement était exceptionnel, à double titre : c’était la première fois que le public voyait une véritable cavalcade et que celle-ci se déroulait un dimanche.C’est finalement en 1903 que la commission muni-cipale des fêtes officialisa définitivement la sortie des chars le dimanche. Pour fonder ce choix, outre le fait que beaucoup de per-sonnes bénéficiaient déjà du congé dominical, elle estima
qu’en cas de mauvais temps, il serait possible de reporter la cavalcade au mardi ; elle pensa aussi que, pris dans l’ambiance de la fête, se tra-vestir le dimanche donne-rait envie de recommencer le mardi.Il ne faudrait pas non ou-blier la décision du direc-teur du casino, Monsieur de Martini, qui enterra “la hache de guerre” avec les commerçants. En effet, le directeur décida de ne pas ouvrir son établissement, mais, en contrepartie, prit en charge l’animation de la rue Lecampion, avec un grand bal travesti à l’Hôtel du Nord. Un choix d’autant plus important qu’il fit reve-
nir le roi Carnaval. Ainsi, le dimanche 22 février 1903, cinq chars parcoururent la ville devant quelques milliers de personnes.
■■ De 5 chars en 1903 à plus de 40 aujourd’huiDepuis quelques années, plus de 40 chars, dont un nombre croissant d’indivi-duels, défilent devant des dizaines de milliers de spec-tateurs. De beaux et grands chars et, surtout, pas une fête des fleurs qui dénatu-rerait l’esprit du carnaval. Si, au fil des années, les fes-tivités ont pris une nouvelle
dimension, l’esprit est resté le même : les carnavaliers passent l’actualité à la mou-linette, locale de préférence, et la déclinent : humour et satire sont toujours au ren-dez-vous ! Les chars, pour la plupart sont fabriqués dès l’automne. Des heures et des heures de travail, dans des conditions parfois difficiles, sont nécessaires. Les der-niers coups de pinceau étant, eux, souvent donnés dans la nuit du samedi qui précède le jour J. Le dimanche, c’est enfin la sortie au grand jour, les tout derniers réglages de la sono, avant de rejoindre le départ pour un défilé de plu-sieurs heures dans les rues de la ville, noires de monde.
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Le char de Sa Majesté “Carnaval III”, lors du carnaval de 1903.
Sa Majesté, roi du CarnavalDans les dernières années du 19e siècle, le Carnaval, dont le succès était pour beaucoup lié aux terre-neuvas, s’essouf-flait, le nombre de navires armant pour Terre-Neuve ayant fortement diminué. Finie la joyeuse ambiance que faisaient régner les mathurins, et qui en avait fait son succès ; ceux-ci se faisaient rares et beaucoup se posaient des questions sur l’avenir de la fête.Les commerçants s’en inquiétèrent. En 1898, la Ville s’enten-dit avec Auguste de Martini, le directeur du casino, qui fit distribuer 150 affiches dans les grandes villes de l’Ouest et offrit aux Granvillais leur premier roi Carnaval. Le succès fut immédiat, ce qui n’empêcha pas notre brave roi d’être brûlé sur la plage du casino, comme le voulait la tradition.Il revint l’année suivante, avant de prendre le chemin de l’exil devant la fronde des commerçants qui acceptaient mal de voir leur chiffre d’affaires diminuer quand celui du casino augmentait.
■■ Le retour du roi en 1903Après la signature d’un traité de paix entre les deux parties, la ville accueillit de nouveau un roi en 1903 : Sa Majesté “Carnaval III”, prince de Charenton, roi des fous… Depuis, tous les ans, à l’exception des années de guerre, la popula-tion reçoit un rejeton de la famille royale granvillaise pour un règne éphémère de quatre jours.L’accueil a toujours été enthousiaste, mais, pendant long-temps, l’intendance ne suivit pas ; ainsi, en 1947, premier carnaval d’après-guerre, lisait-on dans la presse : “Malgré ses 39 années d’activité et ses 10 ans de guerre ou de maquis, le Bonhomme Carnaval marche du même pas allègre, rythmé par le cours inexorable du temps.”Depuis, bon an mal an, le trône royal est remodelé, la garde-robe renouvelée et il arrive aussi que le roi ait droit à un lifting chez des spécialistes de la chirurgie esthétique à Cholet.Ce qui n’a pas changé, par contre, c’est l’ingratitude de ses sujets granvillais qui lui font la fête, lui font visiter la ville, le font acclamer pendant plusieurs jours, avant de le juger et de le brûler à la fin du quatrième jour !Qu’en sera-t-il du prochain souverain “Baudrodateur Ier”, roi des parkings payants et de la tirelire municipale ? Pro-bablement le même sort que ses prédécesseurs lui sera réservé… Le rendez-vous est donné sur les quais du bassin à flot le mardi 28 février.
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Carnaval de Granville
Des affiches hautes en couleurs
En 1898, sous l’égide de la Ville et du casino, 150 affiches furent envoyées à 35 villes de l’Ouest pour annoncer les réjouissances et notamment l’arrivée du Roi Carnaval, pre-mier du nom à Granville.En 1951, une affiche au-jourd’hui très recherchée par les collectionneurs fut créée; elle était signée Roger Soubie.Pratiquement inconnu des Granvillais, Roger Soubie l’était beaucoup moins du côté d’Hollywood. Quelques années plus tard, dans un style différent, Philippe Saty prenait le relais et créa plu-sieurs affiches caricaturales. Les années 80 n’offrirent rien de bien nouveau si ce n’est
une affiche passe-partout qui exista jusqu’au début des années 2000...Il fallut le clash financier de janvier 2004 pour que le nouveau comité ait l’idée de faire appel aux scolaires. Dès la rentrée, un concours fut lancé auprès des élèves de CM1 et CM2 des écoles du Pays granvillais.Lors de cette première édition, 14 écoles participèrent à la compétition et 153 dessins furent proposés au jury.Cette année, 18 écoles ont participé ; 177 élèves ont réalisé 228 dessins et l’école Saint-Joseph de Bréhal l’a em-porté après avoir déjà gagné en 2015 et 2016.
Roger Soubie, surnommé “l’Américain”, il était l’affichiste préféré des sociétés de production de cinéma américaines pour lesquelles il réalisa plus de 2000 affiches de 1930 à 1960
L’affiche du 143e Carnaval de Granville a
été réalisée par les élèves
de l’école Saint-Joseph
de Bréhal.
Affiche créée par Philippe Saty pour le carnaval 1968. Admirateur de Roger Soubie, il était souvent venu le voir travailler dans son atelier.
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Jean-Pascal Edeline
Chaque année, en tête de cortège, les carnavaliers sollicitent la générosité du public et reversent les fonds recueillis à des associations caritatives.
Des carnavaliers au grand cœur
Au 19e siècle, les associations et bu-reaux de bienfaisance venaient en aide aux déshérités, notamment aux familles des marins partis à Terre-Neuve. Ceux-ci, avant d’embarquer, recevaient une avance de l’armateur pour acheter matériel, équipement et aider leur famille pendant leur ab-sence. Leur départ se faisant toujours en période de Carnaval, il arrivait que nos braves mathurins participent un peu trop aux réjouissances carnava-lesques et dépensent une grande partie de cette avance : “Il a mangé ses quatre
cents francs. Il s’en ira le cul tout nu aux bancs!”, comme le disait la chanson.C’est ainsi que lors de la première cavalcade du 7 février 1875, il y eut, sur l’initiative de Charles Guillebot, conseiller municipal, le char de la Cha-rité, précurseur du char des Pauvres.
■■ La famille Letort, père & fils
Avec la disparition progressive des terre-neuvas, la tradition se perdit,
avant que le comité ne tente de la faire revivre sans succès dans les années 60. Ce n’est qu’en 2003 qu’un groupe d’amis, emmené par la famille Letort, père et fils, reprit l’idée...Après des débuts difficiles, aujourd’hui le char des Pauvres s’est fait sa place dans la cavalcade.Après avoir recueilli 3 900 euros pour le Secours populaire en 2016, le char des Pauvres œuvre cette année pour Emmaüs SOS Familles Granvillaises. A votre bon cœur, Messieurs Dames !
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