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Carnaval des fleurs, les artistes opinent

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Carnaval des fleurs, les artistes opinent

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2 3 août 2012No 674

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEF

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONJoël FANFANDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreJunior Plésius LouisPeguy Flore PierreRaphaël FéquièreEnock NéréLégupeterson Alexandre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEStevenson EstèvePhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel Louis

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 3456 1920 / 2945-4646 3806-3717

Vente signature de TiFanne

Après le carnaval traditionnel de février déroulé dans le sud du pays, les habitants de Port-au-Prince étaient ap-pelés à découvrir le carnaval des Fleurs, le week-end écoulé.

Si le pari est gagné sur le plan de la participation populaire, plus d’un dé-plore la brutalité de certains agents de la PNH. Une fois de plus, ces derniers se sont comportés en véritables bour-reaux en créant un climat de tension et de désordre : bastonnades et jets de gaz lacrymogène au moment des bousculades ont plu dru. Carnaval est-il synonyme d’émeute dans le lexique de la PNH ?

« Sans les agents de la police, on aurait eu un meilleur moment de dé-

Carnaval des fleurs

La PNH sur le banc des accusés

foulement…» affirme Rigaud 23 ans. « Je n’avais rien en main, même

pas un sachet d’eau, il n’y avait pas de bousculade », poursuit ce dernier qui a reçu un coup de bâton à l’arcade sour-cillière gauche alors qu’il passait près du char de T-Vice.

« Ils ne sont que des trouble-fête », conclut la victime dont l’état est encore inquiétant. Rigaud n’est pas la seule victime de la brutalité policière lors du dernier carnaval.

Lord Edwin [email protected]

Bélo continue sa tournée

Bélo est rentré samedi dernier et se prépare déjà à reprendre l’avion pour l’Europe, où il performera à Londres. Avant de partir, l’artiste et ses musi-ciens offriront une prestation à Garden Studio, à Pétion-Ville. Le samedi 4 août, il sera à la troisième édition du Festival de Saint-Marc selon ce que nous a fait savoir Harry Luc son manager. La se-maine dernière, l’artiste était sur scène à New York et à la Jamaïque.

Si ce n’était le dj du moment, plu-sieurs chanteurs de la tendance com-pas seraient à court d’animation sur le parcours du défilé du carnaval des Fleurs. Disons donc merci à notre cher Tony Mix de créer de si bons slogans ! En panne d’originalité et d’inspiration flagrante, les artistes tels que T-Joe Zenny ou Michaël Guirand s’en sont donné à cœur joie de puiser dans le répertoire bien garni du dj.

Tony Mix, qui animait sur le char de son groupe fétiche Barikad Crew, a sans nul doute effectué le parcours carnava-lesque à plusieurs reprises grâce à ses slogans gratuitement utilisés. Le dj peut se vanter d’être le grand gagnant du carnaval des Fleurs ! Ouuuwwooo!

Tony Mix le grand gagnant !

Fraîchement revenu du carnaval des Fleurs, le groupe Rockfam annonce pour ce vendredi 3 août la sortie du vidéoclip de la chanson « Assez », assure leur mana-ger Adolphe Janvier sur sa page Face-book. Réalisée par Abdias Laguerre de Lux Production, la vidéo est très attendue par les fans de Lame a.

La vente-signature de l’album de P-Jay intitulé «Men sak best la » est prévue pour ce vendredi 3 août à Mango Lounge. Le nouvel opus de l’artiste est annoncé par la vidéo de la musique « Ne dors pas » qui promet de faire un buzz de par sa conception. Une pléiade d’artistes tels que Flav, Fantom, TeeVee, Tony Mix, Eud, Dug G... accompagneront P-Jay.

Du nouveau sur nos petits écrans

Les meilleurs• T-Vice• Djakout#1• KreyòlLa

Les bons• BarikadCrew• NouKrezi• TeamLòbèy

Les déceptions• Carimi• Rockfam• Vwadèzil• Brother’sPosse• Ram• RasinMapou• Masskonpa

Pito l pa t la• Kon’Beat

Comme chaque année après le carnaval national, Ticket publie son classement. Notre choix, bien entendu, se base sur la perfor-mance pendant les trois jours, la sonorisation, et surtout l’anima-tion des groupes musicaux. Le car-naval des fleurs, deuxième grand événement du pays en six mois, a réuni au Champ de Mars les 29, 30 et 31 juillet, 14 des formations les plus prisées de l’industrie musicale haïtienne.

Ticket reprend son classement publié dans le numéro précé-dent. Retrouvez dans les pages 4 et 5 les commentaires des artistes sur le carnaval des Fleurs et le palmarès.

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33 août 2012No 674

Une foule incommensurableVidé de ses tentes, le Champ de Mars

n’avait jamais accueilli tant de monde depuis le 12 janvier 2010`. Le public a acclamé cette fête populaire dans la capitale avec euphorie. Stands bourrés. Parcours chargé. Que ce soit la place de l’Escalier, la place Pétion, la place Christo-phe, tous les coins et recoins du Champ de Mars étaient remplis à craquer.

L’envers du décorChars, stands, défilés artistiques, on

en a déjà vu mieux. Même si le comité carnavalesque a consenti beaucoup d’efforts pour arriver à ce résultat, les couleurs manquaient d’éclat pour ce retour à la tradition. Toutefois, le public a changé à sa guise le panorama. Les ta-bles d’objets d’arts, rangées tout près du kiosque, ont servi de stands à la masse qui n’avait pas le privilège de se trouver sur les stands décoratifs des différentes entreprises et ministères alignés tout le long du parcours. Sans aucune préfé-rence, à l’arrivée de chaque char, ils se déhanchaient, se défoulaient et criaient à gorge déployée.

De Saint-Domingue à Port-au-Prince

Pendant les trois jours du carnaval des Fleurs, le défilé était pauvre en cou-leurs. Ce qu’on pouvait identifier comme originalité a été copié typiquement sur la République Dominicaine : les reines en décapotables. Ceux qui avaient fait le déplacement les mars les avaient déjà vues. Ces véhicules ont remplacé nos jolis chars allégoriques qui captivent tant le public. Pourtant, nos camionnettes qui sont décorées de façon originale n’ont pas été présentes aux défilés. Ceci prouve que la culture est là, mais que nous ne la valorisons pas assez.

Team Lòbèy et Kon’BeatQuatorze groupes ont été sélec-

tionnés pour donner au peuple un carnaval hors du commun. Parmi eux, deux vivaient ce moment pour la toute première fois : Team Lobèy et Kon’Beat. Après avoir assisté à leur performance durant les trois jours, on a pu rapidement les classer. Team Lobèy est incontestable-ment la révélation du carnaval des fleurs et Kon’Beat le groupe le plus décevant. Team Lobèy, qui partageait son char avec

Pas avant sa réalisation, le carnaval des Fleurs était un mythe dans l’esprit de plus d’un. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il a bel et bien eu lieu, et la grande foule a fait le déplacement pour s’amuser sans réserve.

Carnaval des Fleurs :une deuxième victoire !

J-Perry, a étonné plus d’un par sa per-formance. Aidé du chanteur fétiche de King Posse, Black Alex, ils ont vraiment « fè lobèy », et leur refrain, « Manman m achte yon kabann, mwen p ap manyen kanpe », a avivé la flamme des fêtards. On peut déjà conter sur cette nouvelle équipe à sa prochaine participation. Quant au groupe de Mikaben et d’Olivier Duret, il n’y a pas grand-chose à dire, sinon qu’ils auront beaucoup à prouver la

prochaine fois.

Bravo aux bandes à pied !On ne peut parler de carnaval sans men-

tionner le défilé des bandes à pied. Pendant les trois jours, elles ont donné le meilleur d’el-les-mêmes. Contrairement à certains chars, les bandes à pied ont performé durant tout le parcours sans aucun souci de sonorisation ou d’électricité

Elisée Décembre

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4 3 août 2012No 674

T-ViceDéfinitivement, T-Vice semble confir-

mer de jour en jour sa position de « Mèt beton ». Les solos de Roberto et Rey-naldo Martino ont fait triompher T-Vice aux Cayes comme à Port-au-Prince. Bien orchestré, le groupe n’a admis aucun rival pendant les 3 jours. « Le carnaval, en gros, était une réussite », nous dit Roberto. Nous sommes très satisfaits de notre prestation. Les numéros 2, 3, etc. peuvent varier dans les classements mais le premier restera le même. On respecte le travail des autres groupes. Ils sont nombreux à avoir bien performé. Mais notre victoire est incontestable avec no-tre bonne sonorisation, notre bonne ani-mation et notre méringue phénomène. Rigwaz la pa gen parèy. Je remercie le public, les sponsors et tous ceux qui ont permis à T-Vice de réaliser ce ‘’2 kabès ».

Djakout #1Il est toujours difficile de départa-

ger Djakout et T-Vice, quelle que soit la méthode et les critères utilisés. Pour le carnaval des Fleurs, les interprètes de « Pwofite », peu chanceux, s’étaient livrés une bataille sans merci contre les proté-gés de Jessie Al-Khal. Djakout cherchait à tout prix à détrôner T-Vice, son rival de toujours. Dans la dernière manche, le troisièmejour,Djakoutvoulaitêtre#1.Le band s’était donné à fond en faisait mention des faits subtils pour éclipser son concurrent direct. Ceux qui étaient présents sur le parcours sont témoins que Djakout n’a pas cédé son numéro fé-tiche. Il a tenu le haut du pavé en bonne et due forme. D’après Shabba, « le carna-val des Fleurs est une louable initiative. Il est vrai qu’il y a eu des accidents de parcours, mais en somme c’était bon. » Le deuxième chanteur du groupe tient à adresser ses excuses à la police nationale qu’il a injurié au carnaval.

Kreyòl LaLa bande à Ti Djo mûrit davantage.

Pendant les 3 jours, elle a prouvé de quoi elle est capable. Chaleur, maîtrise et har-monie soutiennent sa motivation. Rien à reprocher à la formation Bebi. Aucun membre du groupe n’était disponible ce jeudi pour répondre à Ticket. Encore fatigués ?!

Barikad CrewBC a été le premier groupe dans la

dernière manche à apporter une forte tension sur le parcours. Fred Hype n’a pas donné son avis de gaieté cœur. Le producteur de Barikad Crew n’est pas très content du classement publié dans notre dernière édition : « On veut détruire le rap, mais à chaque fois que ces choses arrivent, elles nous rendent plus forts. Je n’ai pas trop de problèmes avec T-Vice à la tête du classement, mais les deux

autres groupes n’ont pas fait mieux que Barikad sur le parcours ! » Fred Hype s’est montré satisfait de la prestation de BC. Par contre, il s’est plaint de l’attaque qu’à subie le groupe au niveau de la Grand-Rue. « Des jets de pierres, et des tessons de bouteilles nous provenaient des toits de plusieurs maisons de la zone. Il y a eu des tirs aussi. Sans le concours de la PNH, on ne sait pas ce qui aurait pu nous arriver », a-t-il dénoncé. Fini le carnaval, le groupe se concentre désormais sur sa tournée nationale, la sortie prochaine des vidéos de « Boukannen » et « Just Crazy ». Samedi, il sera au festival de St-Marc pour une prestation RED.

Nou Krezi Nou Krezi reprend timidement sa vi-

tesse de croisière. Pendant les 3 jours, les interprètes de « Vagabon Repanti » ont sorti le grand jeu pour drainer la foule. James C., très habile, a été irréprocha-ble et a usé de toutes les astuces pour délivrer la marchandise. Selon les propos de David Dupoux, la participation de Nou Krezi au carnaval des Fleurs est une bonne expérience et entre dans les an-nales du groupe comme étant l’un de ses plus beaux succès. « A côté des problè-mes d’organisation qu’on a eus, je peux dire que tout s’est déroulé comme prévu. Question animation, sur le parcours, on n’a pas eu recours aux anciennes mé-ringues pour nous faire valoir. « Falomi « nous a permis de garder une stabilité satisfaisante. Si aujourd’hui on parle de succès pour Krezi, sachez qu’on doit un grand merci à nos fans et à Toto Beat de Pro Sound », confie David, maestro de Nou Krezi.

J-Perry et Team Lobèy Mario Viau Fils exprime sa satisfac-

tion au nom du groupe. « C’était une expérience très émouvante. C’est bien la première fois qu’on a eu à faire face à un public de cette taille. On a eu des problèmes de sonorisation le deuxième jour, mais cela ne nous a pas entière-ment paralysés. On est satisfait de ce premier carnaval. Je suppose qu’il en est de même pour le public, qui nous a suivis tout le long du parcours. Pour ce qui est du classement de Ticket, je ne vais pas dire qu’il est correct ou non. Mais je n’ai aucune objection. Sinon, j’aimerais encore remercier T-Ansyto pour le beat de cette méringue qui une fois encore a fait ses preuves. »

CarimiCarimi veut se confirmer parmi les

ténors du carnaval, mais beaucoup reste à faire. Le trio magique, qui a fêté récemment sa première décennie, aurait pu faire mieux. Sur le parcours, Michael a utilisé plusieurs titres à succès d’autres formations et artistes musicaux, comme

le hit «Alaway, alaway» de Tony Mix pour tirer son épingle du jeu. « Le premier jour aurait dû être mieux, on le concède. Mais, les deux derniers jours étaient assez satisfaisants. On a, bien entendu, eu des problèmes, notamment une panne de génératrice devant le stand de la prési-dence le premier jour. Mais, pour nous, le bilan est positif », nous dit Richard Cavé, chanteur du groupe.

RockfamHabituellement les mouchoirs noirs

font mieux. Malgré l’enthousiasme et le dynamisme côté animation, Rockfam n’est pas arrivé à s’imposer. Toutefois, Adolphe Janvier, manager de Rockfam et ancien collaborateur de Ticket, affirme : « Je suis très satisfait des prestations de Rockfam à tous points de vue. Bien que le deuxième jour du carnaval on a dû faire face à quelques pépins. Le verdict controversé de Ticket Magazine, comme toujours, ne joue jamais en notre faveur. Donc, on n’en a cure. Personnellement, j’avoue que le carnaval des Fleurs est une grande réussite à notre actif. »

VwadèzilVwadèzil, avec une sonorisation peu

commode, a tenté de frayer sa route pour sa seconde participation. Contraire-ment au carnaval des Cayes, l’interprète de « Boule jou a » n’a pas été dans ses grands jours parmi les poids lourds du compas.«Rabòdaypakomisè»mixéavec « M p ap ka ba w met afè w » n’a pas réussi à faire ses preuves. Fresh La n’avait

aucun commentaire sur le carnaval des Fleurs ce jeudi.

Brothers PosseVictime de sa sonorisation, Brothers

Posse aurait pu faire mieux. Il a su par dessus tout faire vibrer le public avec son refrain. « Au carnaval, il est question de sonorisation, d’animation et de présence. Et Brothers a réuni ces trois conditions », nous dit Juniro Rigolo, chargé de com-munication du groupe. Il poursuit : « Je considère que le classement de Ticket s’est fait en grande partie sur la notoriété decertainsgroupes,Djakout#1,parexemple, qui, selon moi, n’a pas toujours été au plus haut de sa forme. Quant au groupeTeamLòbèy,ilnepeutfigurerparmi les bons. Il a tout simplement été la révélation de ce carnaval. »

RamOn ne trouve pas un seul adjectif pour

résumer les performances du groupe de Richard Morse. Seulement on s’attendait à beaucoup mieux par rapport à leur passé musical. Richard serait-il un peu trop pris par ses préoccupations politi-ques ?!

Racine MapouA l’instar de Ram, Racine Mapou de

Azor, l’icône représentative de la ten-dance racine, n’a pas étonné ni comblé les fans. Ti Nonm, l’infatigable, n’a pas ménagé ses forces et ses cordes vocales pour essayer de faire revivre aux carnava-

Depuis le passage du séisme, aucun événement culturel n’a su réunir autant de monde. Le carnaval des Fleurs orga-nisé les 29, 30 et 31 juillet 2012, inopinément, a réveillé de bons souvenirs au Champ de Mars. Amour, passion et folie ont scellé chaque instant de bonheur et ravivé la polémi-que entre les groupes musicaux. Les artistes donnent leur opinion sur le classement de Ticket et sur le carnaval des Fleurs.

Carnaval des Fleurs :les artistes opinent

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53 août 2012No 674

liers des moments de rêve enfouis avec Azor.

Mass KonpaMass Konpa a tenté de remettre son

compas au pas. Mais le public avide de plaisir et de défoulement était réticent. Black Easy, qui prêtait main forte à Gracia Delva en cette occasion, a usé de blagues croustillantes pour gagner la sympathie de plus d’un... dommage. Il a laissé sans souffle ses fans inconditionnels avec le refrain « Komisè a di m pa nan zokiki, e se nan zokiki mwen kilikiki, kili kili kilikiki… ». (whatever…)

Kon’Beat Un agneau lâché parmi des loups, voilà

l’image que nous a renvoyée Kon’Beat. Un peu gauche dans leur animation, Olivier Du-ret et Michael Benjamin peinaient à s’adapter à l’ambiance. Pour une première partici-pation au carnaval, ils se sont quasiment ridiculisés et sont passés presqu’inaperçus. Ti Lionel, manager du groupe, tente d’expli-quer cet échec. « On avait une entente avec une compagnie de sonorisation qui n’a pas respecté sa part du contrat. C’est seulement vendredi que j’ai trouvé une autre compa-gnie qui n’avait malheureusement pas assez de matériels. On a dû faire avec les moyens du bord. Quant au classement de Ticket, je ne peux pas émettre d’opinion car je n’ai pas pu voir performer les autres groupes. Toutefois, j’avais quelque peu aperçu Carimi et je ne l’avais pas jugé décevant. »

Propos recueillis parDimitry Nader Orisma et Daphney V.

Malandre

Carnaval des Fleurs :les artistes opinent

Barikad Crew

Brother’s Posse

Mass Konpa

Djakout #1T-Vice

Le deuxième jour du carnaval des Fleurs, Shabba et Pouchon ont offert aux carnvaliers et aux super branchés du petit écran un spectacle inattendu. Ses musiciens qui se côtoient depuis plus de dix ans se sont laissé emporter dans une dispute jusqu’à se bagarrer publiquement. La bande vidéo de cette mésaventure crée déjà le buzz sur les réseaux sociaux. C’est un acte indécent qui ternit la réputation du groupe selon plus d’un. Toutefois, Shabba, l’accusé principal, a fait ses excuses à Auguste Duverger. « On n’arrive pas toujours à s’entendre sur tous les points, mais Pouchon et moi sommes comme les doigts de la main. Durant le 2e jour, il était ivre et je ne m’étais pas rendu compte de son état. Quand il m’a réprimandé et bousculé un peu au moment où j’étais en pleine animation, j’ai riposté sans réserve. Et c’était injuste de ma part. A cet effet, je tiens à m’excuser auprès de mon fidèle ami et des fans deDjakout#1»,nousconfieShabba.Parailleurs,Shabbaaaussiprofitépourprésenter ses plus nobles excuses au près de la Police nationale d’ Haïti pour ses propos mal placés.

Shabba s’excuse

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Vendredi 3 août 20126

Comme on en est loin de l’ex-hortation du baron Pierre de Coubertin qui, en 1896, res-suscita les Jeux Olympiques

de l’Antiquité grecque : « L’essentiel, c’est de participer ». Remarquez qu’il n’a pas exclu l’obligation de résultat, il n’a pas écarté la possibilité de la victoire. Or, la défaite chatouille le sentiment national. Le naturel d’un pays ressent comme une humiliation le fait, par la délégation qui le repré-sente, de ne pas récolter une moisson de médailles. Et pour revenir au pays avec-soyons modestes, ne mettons pas la barre trop haut- quelques mé-dailles, il y a toute une organisation en soubassement.

La cure d’amaigrissementDepuis les J.O de Montréal en

1976, la participation haïtienne, d’une olympiade à l’autre, baisse en quan-tité. Avec appréhension, nous voyons arriver l’échéance d’une olympiade. On y a droit sur qualification et sur invitation. Il y a quatre ans, pour les J.O de Pékin, la délégation haïtienne comptait au moins dix athlètes dont les coureurs Dudley Dorival et Nadine Faustin, le boxeur Mike André Berto, le judoka Joël Brutus dans les plus de cent kilos et la judokate Ange-Mercie Jean-Baptiste (48 kilos), Sanon Tudor en Taekwondo. En athlétisme, le gros de l’effectif venait de la diaspora, d’ailleurs les coureurs étaient formés à l’extérieur, et leur préparation se dé-roulait dans des centres universitaires américains.

En 2012, la délégation a subi une sévère cure d’amaigrissement: seule-

ment quatre coureurs en athlétisme et Linouse Desravines, pratiquante de judo (52 kilos). La mort dans l’âme, nous avons pris connaissance de la composition modique de la partici-pation haïtienne.

Avec une délégation de douze membres dont cinq compétiteurs, comment espérer arriver au moins en demi-finales d’une course de fond ? Comment, à moins d’un miracle, espérer monter sur le podium ? Déjà, quand Linouse Desravines arriva en France pour un stage de préparation, elle était comme perdue. Elle lorgna du côté des autres athlètes pour s’apercevoir de leur encadrement technico-médical. Malgré tout, elle s’arma de courage, décidant de faire avec les moyens du bord. Mais avouez que ces conditions ne sont pas idéales pour s’attendre à un exploit haïtien (une performance) en judo (1), et plus largement, en athlétisme! Bref, on ne se fait pas d’illusion sur l’issue finale. Il n’y aura que l’exhortation du fondateur des Jeux olympiques mo-dernes pour nous consoler de notre déception prévisible.

Même potion pour la Côte-d’Ivoire

On en était là, plongé dans une semi-torpeur, quand quelques jours avant la traditionnelle cérémonie d’ouverture de la 27e olympiade, à l’écoute de la fréquence internatio-nale de Radio France, nous parvint la correspondance d’Emmanuel Koffy depuis Abidjan. En substance, il ap-prend à l’auditoire que même si la délégation ivoirienne a subi depuis (la

La participation symboliqueest dépassée

Jeux olympiques D’été

26e olympiade) une cure d’amaigris-sement avec, en cette année 2012, seulement neuf athlètes (qui seront engagés dans les compétitions), il n’en reste pas moins que les espoirs de médaille ne se sont pas pour autant envolés. Avec l’encadrement technico-médical, la délégation est forte de trente-trois personnes; le budget- puisque toute participation coûte de l’argent- est financé par l’Etat ivoirien.

Mince consolationY a-t-il une solidarité dans la com-

position modeste de certaines déléga-tions ? C’est à cette mince consolation que, de façon comparative, je m’accro-che avant le dénouement prévisible. Étant entendu que seule une volonté

politique, énergique et continue, per-mettra l’exécution et le déploiement d’un programme sportif ambitieux pour pouvoir remonter le courant et renoncer à la participation symbolique. En effet, il ne suffit plus de participer; monter sur le podium est une nécessité impérieuse en conformité avec le sen-timent national. Après tout, la jeunesse haïtienne ne demande qu’à prouver ses dispositions naturelles et donner toute sa mesure ! Comme toutes les jeunesses du monde.

(1) Le dimanche 29 juillet 2012, une Française gagne la médaille d’or en judo dans la catégorie des 52 kilos.

Jean-Claude Boyer/[email protected] Dimanche 29 juillet 2012

un boxeur cubain participant aux Jo de londres

Michael Phelps est devenu le premier nageur à décrocher trois titres olympiques consé-cutifs dans la même épreuve,

le 200 mètres 4 nages. L’Américain, athlète le plus médaillé de l’histoire des Jeux, s’offre sa 20e médaille.

Enfin ! Michael Phelps a retrouvé l’or en individuel. Déçu sur le 400 mètres 4 nages (4e) puis sur le 200 mètres papillon (argent), l’ex-enfant prodige de Baltimore a enfin touché le premier le mur dans une épreuve autre qu’un relais. Et c’est sur le 200 mètres 4 nages qu’il l’a fait pour mar-quer encore l’histoire. Mardi, il était déjà devenu l’athlète le plus médaillé de l’histoire des Jeux. Deux jours plus tard, il devient le tout premier nageur à remporter trois titres consécutifs d’une même discipline en s’offrant sa 20e médaille olympique. Il écrit une nou-velle page dorée dans sa légende.

Cette médaille d’or en individuel

s’est fait un peu attendre. Mais Michael Phelps avait une occasion en or avec le 200 mètres 4 nages. Il a su la saisir. Car son compatriote Ryan Lochte est arrivé usé sur le plot de départ. Un peu moins de 30 minutes avant, l’autre monstre des bassins avait en effet une autre

finale à son programme. Le 200 mètres dos où il n’a pris que la troisième place. Conscient de la fatigue de son adver-saire, Phelps est parti vite et a réussi à contenir le retour de son compatriote pour s’imposer en 1’54”27. Devant Lochte (1’54”90) et le Hongrois Laszlo

Cseh (1’56”12).Avec deux médailles d’or (200 m 4

nages, relais 4x200 m) et deux d’argent (200 m papillon, relais 4x100 m), le Po-séidon des bassins a déjà fait une belle moisson sur les bords de la Tamise. Il compte désormais à 16 médailles d’or, 2 d’argent et 2 de bronze, étalées sur trois éditions olympiques (2004-2012). Mais si Londres sont ses derniers Jeux, il n’a peut-être pas terminé puisqu’il a encore le relais 4x100 mètres 4 nages mais aussi le 100 mètres papillon à son tableau de chasse. Quelques minutes après avoir reçu sa 16e médaille d’or devant un public de l’Aquatics Center qui lui a réservé une standing ovation, il a d’ailleurs replongé pour les demi-finales du 100 mètres papillon et a tout simplement le meilleur temps pour se qualifier pour la finale. Le Golden Boy de la natation n’a peut-être pas fini d’inscrire encore un peu plus son nom au panthéon du sport.

Jo / NAtAtioN

Michael Phelps marque encore l’histoire

michael phelps et Ryan lochte

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Vendredi 3 août 2012 7FoRmAtioN

Au cours d’une conférence de presse donnée le jeudi 2 août 2012 à l’hôtel, Le Plaza, en présence respectivement de

la légende du football anglais et an-cienne star de Liverpool, John Barnes, du secrétaire général de la Fédération Haïtienne de Football, Carlo Marce-lin, de Garry Nicolas, Président de la Commission d’Organisation des Compétitions Nationales (COCON) et de Jean Ronald Eliacin, la Digicel a officiellement lancé la quatrième édi-tion du programme baptisé : « Digicel Start Clinics » version 2012.

Après Guemsly Junior Joseph et Brisly Renaud (2008), Amincy Esso (2009), Fédé Erickson et Jean Junot (2011), trois autres jeunes haïtiens auront la possibilité de s’entraîner pendant quelques jours sous la hou-lette d’un technicien européen dont celui de Chelsea qui remplace Sun-derland, d’abord en octobre prochain du côté de la Barbade qui recevra la seconde étape de Digicel Kickstart 2012 et ensuite au centre sportif de l’équipe de Chelsea FC (Angleterre).

Ils sont plus d’une trentaine, les jeunes footballeurs choisis au terme de la phase préliminaire tenue au stade Sylvio Cator en juin dernier dans la-quelle participaient environ 64 jeunes issus des écoles de football de football (FOSEJ de Solino), Athlétique d'Haïti, Association Sportive de Truitier Club et les pensionnaires du "Camp Nous" de la Croix des Bouquets.

S’exprimant sur la tenue de la 4e édition de « Digicel start clinics », le responsable du sponsorship de la Digicel s’est dit content de refaire l’expérience. « Vous savez très bien en Haïti, nous avons des talents ex-traordinaires. Ainsi, la Digicel s’estime heureuse de donner la possibilité à ces jeunes de faire des choses extraordi-

naires », dixit Jean Ronald Eliacin.Pour sa part, l’ancienne vedette

de l’équipe de Liverpool s’est montrée particulièrement excité à l’idée de re-faire l’expérience haïtienne. « Je suis très content de revenir en Haïti à titre d’entraîneur en chef de (Digicel Kick Start Clinics). C’est une initiative de base fantastique qui depuis plusieurs années a vu des talents émerger – et dans le long terme, ces genres d’initiatives produiront des joueurs nationaux qui seront assez qualifiés pour arriver au sommet », a-t-il commenté avant d’ajouter: « Je suis particulièrement excité de reprendre l’expérience de l’Académie Digicel qui a été lancée l’année dernière, et qui hébergera encore une fois (la crème de la crème) parmi les talents d’Haïti – avec d’autres jeunes footballeurs de la région – où ils recevront un entraî-nement d’expert dans le sport qu’ils aiment », a fait savoir John Barnes.

A la question, sur quel critère s’est-il basé pour choisir les joueurs et

pourquoi jusqu’ici aucun joueur haïtien n’a encore signé un contrat pro après l’essai européen ? Barnes n’a pas mâ-ché ses mots pour répondre de cette manière. « Il est difficile de porter un jugement correct pour ce qui est de choisir un ou deux parmi les multiples talents haïtiens. Mon choix est basé sur l’esprit sportif, la technique, la discipline, la condition physique et le talent évidemment. Le travail que je fais est très limité. Une fois choisis, les 28 footballeurs de la région à raison de trois par pays, mon boulot s’arrête là. Donc, ce n’est pas à moi de retenir un joueur pour l’étape suivante », a clairement dit John Barnes.

A en croire, les propos de Jean Ronald Eliacin et de Carlo Marcelin, Haïti est un candidat sérieux pour l’organisation de la seconde phase de « Digicel Kick Start Clinics » l’an prochain. « J’ai pu parler avec le Président de la FHF à ce sujet. Il m’a dit que le centre FIFA Goal n’est pas encore prêt. Ainsi, la Digicel n’attend

que les autorités du football », a dé-claré Eliacin.

En revanche, Carlo Marcelin en a profité pour annoncer que le centre est presque fin prêt pour accueillir cet évènement. « Le problème de loge-ment est désormais résolu. On est en contact avancé avec une firme pour l’électrification d’un terrain artificiel. Autant dire, avant l’an prochain, Haïti sera en mesure d’héberger tous les jeunes de la région ».

Signalons que le programme de Digicel Start Clinics a débuté jeudi au stade Sylvio Cator et prend fin ce vendredi sous la houlette de John Barnes. Ce dernier choisira au terme de ce Start Clinics, trois jeunes qui se rendront en octobre prochain à la Barbade avant éventuellement de se rendre en Angleterre pour s’entraîner dans les installations sportives de l’équipe de Chelsea FC, vainqueur de la Ligue des Champions 2012.

Légupeterson Alexandre /[email protected]

Lancement de la 4e éditionde Digicel Kick Start Clinics

Après l’humiliante défaite sur ippon subie en deux minutes et dix secondes de la judokate, Linouse Desravines (52 kilos)

devant la Mongolienne, Munkhbaatar Bundmaa en seizième de finale des Jeux Olympiques de Londres, diman-che 29 juillet dernier à l’Excel stadium (Arena 2), Marlena Wesh, née le 16 février 1991 (21 ans) et qui réside à Virginia (USA), tentera de franchir le premier tour des 400 mètres dames au terme de la septième série qui se déroulera vendredi 3 août à compter de 5 heures du matin.

Elles sont au nombre de quarante neuf, les athlètes féminines réparties en sept séries de sept athlètes qui prendront part au premier tour des

haïtienne, forte de douze personnes, il a été finalement écarté et c’est Linouse Desravines qui avait cet hon-neur. Samyr Lainé est attendu dans le triple saut pour faire valoir son talent et redorer le blason de tout un pays qui court encore à la poursuite d’une médaille depuis celle remportée par Sylvio Cator lors des Jeux Olympiques d’été de 1928.

Signalons que cela fait déjà 84 ans depuis qu’Haïti ne remporte pas de médaille dans les Jeux Olympiques.

Légupeterson Alexandre /[email protected]

JO 2012 : Haïti en quête de rachat400 mètres dames ce vendredi 3 août au stade olympique de Londres.

Placée dans la septième série, Marlena Wesh doit batailler ferme-ment pour espérer franchir le second tour de cette compétition. Pour y arri-ver, elle doit se défaire des Africaines, Graciela Martins (Guinée-Bussau), Amy Mbacke Thiam (Sénégal) et Re-gina George (Nigéria) ainsi que de la Malaisienne, Olesea Cojuhari, de la Colombienne, Jennifer Padilla et de la Russe, Yulia Gushchina.

Du solide donc pour la représen-tante d’Haïti qui sera placée dans le couloir (#3) soit entre Graciela (#2) et Amy Mbacke (#4). Les trois pre-mières de chaque série sont qualifiées pour le tour suivant.

Même en cas d’élimination, Mar-lena Wesh aura l’occasion de se racheter lundi 6 août lors du premier tour des 200 mètres dames. Le même jour, on suivra de près les prestations de Moïse Joseph, né le 27 décembre 1981 (30 ans) dans les 800 mètres hommes.

Les deux autres athlètes haïtiens ont pris rendez-vous pour mardi 7 août prochain. Jeffrey Julmis, né le 30 septembre 1987 (27 ans) se mesurera dans les 110 mètres/haies alors que Samyr Lainé, né le 17 juillet 1984 et qui réside à New York (USA) reste l’athlète le plus populaire des Haïtiens à l’échelle internationale.

Pressenti initialement pour être le porte-drapeau de la délégation

séance d’entraînement pour les élus de la 4e édition de Digicel Kickstart clinics sous la direction de John barnes au stade sylvio Cator(photo: yonel louis)

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8 3 août 2012No 674

Dossiers Interdits

XXVII

Résumé épisode précédent : Une jeune femme, mademoiselle Fernand, a contacté la SAD pour une raison bien particulière. Elle se retrouverait enceinte alors qu’elle n’a jamais eu de relations sexuelles. Son explication : elle serait enceinte de la maison où elle habite. Dans un rêve, elle a vu souvent cette maison se transformer en un homme pour lui faire l’amour. L’affaire parait délirante, mais mademoiselle Fernand est aussi convain-cante. René Ouari accepte, sans trop y croire, d’enquêter sur ce cas qui, au départ, semble du domaine de la psychiatrie.

-Baissez votre, arme, dit l’avocat. Vous faites fausse route.

-Je fais fausse route comment ? demanda Bernard Sourbier en tenant toujours maitre Roulon en joue.

-Je n’ai rien à voir dans ce qui est arrivé à ces filles.

-Vous connaissiez donc qu’il y avait un problème et vous avez quand même loué cette maison.

Une espèce de ricanement retroussa les lèvres de l’avocat.

-Quel problème Des traînées qui tombent enceintes et qui racontent n’importe quoi.

-Non… Non… Maître Roulon Ce n’est pas du n’importe quoi Il y a répétition d’un fait assez singulier qui se termine par la mort du sujet et de l’enfant qu’elle a porté. C’est arrivé trop de fois pour que ce soit une coïncidence. Alors, cessez de tourner autour du pot. Il se passe quoi dans cette maison ?

-Je ne sais pas.-Vous le savez, rugit, Sourbier.-Qu’est-ce que je sais ? explosa soudain

l’avocat. Certainement pas plus que vous. D’accord ! Des locataires féminins de cette maison prétendent avoir été enceintes de cette maison. Mais je suis un scientifique. Comment pourrais-je croire à de telles âne-ries.

-Vous n’êtes donc pas Haïtien, persifla Sourbier.

-Nous ne sommes pas tous pareils, riposta maître Roulon.

-Mais vous avez quand même loué cette maison à une jeune femme sans l’avertir du danger.

-Vous pensiez qu’elle m’aurait cru ?-Que savez-vous ? insista Sourbier.Maître Roulon soupira.-La maison appartenait au frère de ma

femme, Maxime. C’était quelqu’un qui était connu comme un homme aimant les femmes. Il ne pouvait pas s’en passer. Il disait que même mort, il jouirait de leurs charmes. Il est décédé dans cette maison à l’âge de 87 ans. Devinez comment.

-Comment ? demanda Sourbier.-En faisant l’amour avec une femme de

soixante ans plus jeune que lui. Son cœur a lâ-ché. On l’a enterré dans la petite cour de cette demeure comme il l’avait maintes fois exigé.

-Ça n’a pas de sens, se lamenta Sourbier.-Vous me demandez ce que je sais. Je

vous le dis.-Et après sa mort, vous avez loué la

demeure.-Trois ans plus tard. À un jeune couple.

Le mari est parti deux mois plus tard après avoir obtenu une bourse d’études de quatre ans pour la Belgique. Après un an et demi, ce fut le drame. Elle s’est retrouvée enceinte. Je connaissais très bien le couple1. Bien sûr, je n’ai jamais cru à cette histoire de maison.

-Pourtant, vous m’avez bien raconté l’his-toire du frère de votre femme.

-Il y a des débuts d’explication qui peu-vent venir à votre esprit, mais qu’on refuse.

Bernard Sourbier baissa son arme.-Je crois qu’on se reverra. Je ne suis pas

certain que vous m’avez dit toute la vérité.-Je porterai plainte.-Je n’en suis pas certain, dit Sourbier en se

dirigeant vers la porte.

-Et pourquoi donc ? lança hargneusement maître Roulon.

-Je suis certain que vous cachez quelque chose. Et quand on cache quelque chose, on ne porte pas plainte. Cela risquerait de faire venir fouiller dans vos affaires.

Sourbier ouvrit la porte et sortit.

Siège de la Société Anonyme de Désen-voutement.

-Votre opinion, Sourbier ? demanda René Ouari après avoir entendu le compte-rendu de son agent.

-Je ne fais pas confiance à cet avocat.-Ce n’est qu’une impression, lui dit Ouari.-Il veut nous lancer sur une fausse piste.

Je le sens. René Ouari soupira.-Je ne connais pas de cas où un fantôme,

aimant les femmes de son vivant, continue-rait à harceler le beau sexe de l’au-delà étant jusqu’à mettre enceinte ses victimes.

-Surtout qu’il y a un détail qui devrait retenir toute notre attention. Mademoiselle Fernand dit avoir remarqué du sang sur ses cuisses la première fois qu’elle a fait ce rêve étrange. Cela semble trop matériel pour quelqu’un de l’au-delà aimant les femmes.

-C’est vrai, accepta Ouari. Dans l’histoire du paranormal, ce cas n’existe pas. Mais pour-quoi la mort de ces femmes et des bébés au moment de l’accouchement ?

-Un suicide, dit Sourbier.Ouari , ahuri, regarda Sourbier.-Comment ?-Ces femmes sont convaincues d’avoir

fait l’amour avec quelqu’un de l’au-delà. Elles vivent avec la certitude d’une souillure. C’est pire qu’un viol. Elles ont peur de se faire avorter. Elles croient que cette chose qui a joui de leur corps est là, à les surveiller, prête à sévir. Alors au moment de l’accouchement, quelque chose se passe. Elles se tuent et avec l’enfant qu’elles portent.

-C’est une hypothèse osée que vous avan-cez, dit Ouari.

-C’est un cas qui n’a pas de précédent, fit remarquer Sourbier.

-C’est vrai, reconnut Ouari. On fait quoi maintenant ?

-C’est vous qui l’aviez dit, parla Sourbier. On continue. Où en est l’exhumation des corps pour une autopsie ?

-J’ai obtenu l’autorisation d’un juge que je connais et j’ai un expert de la police judiciaire de Miami qui arrive…

Ouari consulta sa montre.-Dans une heure à peine. On devrait avoir

les résultats de ses premières observations dès demain matin.

-Moi, je retourne dans cette fameuse demeure. Pour l’examiner d’un peu plus près. Je peux avoir raté quelque chose.

***Sourbier, le lendemain, se leva de très tôt

pour se rendre à la demeure de Mademoiselle Fernand. Il avait mal dormi. Il avait rêvé de l’avocat maître Roulon devenu soudain vieux et qui poursuivait une nuée de jeunes petites filles qui s’enfuyaient et qui se réfugiaient sur une montagne si haute qu’elles avaient la tête dans les nuages. Lui, il essayait d’arrêter maître Roulon en tentant de lui tirer dessus à l’aide d’une carabine, mais à chaque fois l’arme s’enrayait. Il s’était réveillé avec une atroce migraine qui avait résisté à deux com-primés de Tylenol.

Madan Aline le fit entrer à nouveau. Elle ne lui demanda pas des nouvelles de mademoiselle Fernand. Sourbier l’expliqua qu’il devait examiner plus en détail la maison. Madan Aline ne lui demanda pas pourquoi. Elle lui fit comprendre qu’elle devait le laisser seul car elle avait de la lessive à faire, l’eau n’arrivant au robinet dans ce quartier qu’une journée par semaine. Sourbier entreprit d’exa-miner chaque recoin du salon. Il ne savait pas ce qu’il cherchait exactement. Il passa ensuite

dans la salle à manger. L’examen minutieux de chaque recoin de la pièce ne le révéla rien. Il prit un peu plus de temps dans la chambre à coucher. Il se dit qu’il ne trouverait rien et qu’il persistait à chercher parce que cet homme de loi lui était antipathique et certainement trempé jusqu’au cou dans cette affaire.

Il s’intéressa au miroir encastré dans le mur tout juste en face du lit. C’était rare ici un miroir encastré dans un mur. Il passa doucement la main sur la surface du miroir, un doigt suivant le contour de son visage de beau jeune homme qui faisait les femmes souvent se retourner après son passage. Il y avait une profondeur curieuse dans ce miroir. Un effet de perspective à peine perceptible. Il alla ouvrir un tiroir de la commode, y trouva un tissu qu’il passa autour de sa main comme pour en faire un gant de boxe puis il s’ap-procha du miroir. Il frappa sec, suivant une trajectoire étudiée pour avoir raison du miroir qui se brisa avec un bruit sinistre. Il fut à peine surpris de découvrir un réduit où quelqu’un de taille moyenne pouvait rester debout. Il comprit qu’il y avait un mécanisme permet-tant d’ouvrir le miroir vers la chambre, mais il ne s’y attarda pas. Un escalier à partir de cet espace s’enfonçait dans le sol. De l’extérieur, on ne pouvait deviner ce passage. Sourbier s’aidant de la torche de son téléphone arriva jusqu’à une cave où il découvrit une tombe avec une stèle où était gravée un nom : Maxime S L’avocat avait quelque part menti. Le frère de sa femme n’avait pas été enterré dans la cour. Peut-être y avait-il eu une céré-monie funéraire dans la cour pour le public, mais le corps, après, avait été déposé ici. Il devait bien y avoir une sortie. Le miroir avait été placé là pour épier les ébats dans la cham-bre. Sourbier trouva facilement la porte. Il vint facilement à bout de la serrure. Il longea un couloir qui le mena jusqu’à une cour dans la demeure d’à côté. Un chien l’accueillit avec de féroces aboiements. Il ne douta pas que cette demeure, elle aussi, était gérée par maître Roulon.

***-Le mystère de la maison qui aimait les

femmes est donc résolu, dit Ouari en feuille-tant distraitement un rapport posé devant lui.

-Je le pense, dit Sourbier. Maître Roulon est un obsédé sexuel d’un genre particulier. Il a profité de ce passage construit par son beau-frère que tout le monde nous a décrit aussi comme un obsédé sexuel. Ce passage a sans doute utilisé pour des choses qu’il est facile de deviner. Avec un gaz soporifique, on peut endormir ceux ou celles qui se trouvent dans cette chambre et le tour est joué.

-Mais que faites-vous des rêves de made-moiselle Fernand, objecta Ouari.

-Un rêve n’est qu’un rêve, dit Sourbier.-On va attendre quand même les résultats

des autopsies et des analyses d’ADN, fit Ouari visiblement fatigué.

-Je suis certain que ces ADN vont incrimi-ner maître Roulon. À ce moment, la justice pourra se mettre en marche.

-Espérons, dit Ouari… Espérons.***Ouari déposa le dossier qu’il tenait pen-

dant tout le temps de son récit. Il me restait à lui poser la question la plus importante.

-Alors Ces tests d’ADN Ils ont révélé quoi ?

-Vous ne le croirez pas… Je vous assure que Sourbier en a pris un coup.

-Ce n’était pas maître Roulon ?-Les enfants n’étaient pas de lui. Tous de

Maxime S Je fus sidéré. -Vous êtes certain que ce Maxime était

bien mort ?Ouari eut l’air scandalisé.-Ne me dites pas que vous voulez mainte-

nant m’apprendre mon métier. Bien sûr que nous avons vérifié que Maxime S. était bien mort et enterré dans cette cave.

-Il doit bien y avoir une explication, bal-butiai-je.

-C’est ce qu’on dit toujours. II doit bien y avoir une explication. Nous avons réussi à convaincre mademoiselle Fernand d’avorter. Nous lui avons sans doute sauvé la vie. Mais nous ne sommes pas allés plus loin que la première explication de Sourbier. À savoir la responsabilité totale de maître Roulon dans cette histoire.

-Il savait pour Maxime S…-Il parait, dit Ouari d’un ton las. Il parait…

C’est l’une des affaires de la SAD qui a été loin d’être élucidée.

LA MAISON QUI AIMAIT LES FEMMES

Par Gary Victor