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Causes de la Première Guerre mondiale Les causes de la Première Guerre mondiale sont complexes et actuellement toujours débattues. Guerre de coalition à l'échelle européenne, ce conflit entraîne la mort de plus de 18 millions de personnes et 20 millions de blessés . Depuis le déclenchement de ce conflit, les intellectuels, les militants politiques et les historiens se sont penchés sur ces causes, entraînant l'existence d'une historiographie nombreuse et variée. On peut distinguer, dans la diversité des causes, les

Causes de la Première Guerre mondiale

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Page 1: Causes de la Première Guerre mondiale

Causes de la PremièreGuerre mondiale

Les causes de la Première Guerre mondialesont complexes et actuellement toujoursdébattues. Guerre de coalition à l'échelleeuropéenne, ce conflit entraîne la mort deplus de 18 millions de personnes et 20millions de blessés. Depuis le déclenchementde ce conflit, les intellectuels, les militantspolitiques et les historiens se sont penchéssur ces causes, entraînant l'existence d'unehistoriographie nombreuse et variée. On peutdistinguer, dans la diversité des causes, les

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causes immédiates, le casus belli du 28 juin1914, découlant du problème rencontré par laDouble Monarchie avec l'irrédentisme slavedu Sud autour de la Serbie, et les causes plusprofondes, de nature politique, économique etsociale. La multiplicité de ces causes pousseles historiens à proposer différentesinterprétations, parfois en contradiction lesunes avec les autres.

Même si le contexte international duprintemps 1914 laisse entrevoir auxintellectuels le déclenchement à court termed'un conflit à l'échelle européenne[1], c'estl'assassinat de l'héritier du trône impérial etroyal, François-Ferdinand d'Autriche-Este, qui

Les causes immédiates etultimes

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ouvre le « troisième chapitre des guerresbalkaniques », selon le mot du chancelierallemand, Theobald von Bethmann-Hollweg,qui affirme en mars 1914, qu'il deviendrarapidement un conflit européen[2].

L'assassinat de François-Ferdinand et la crise de juillet1914

La mort de l'archiduc héritierd'Autriche-Hongrie

Article connexe : Attentat de Sarajevo.

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Le 28 juin 1914, l'archiduc-héritier François-Ferdinand d'Autriche est assassiné lors d'unevisite dans la ville de Sarajevo[3]. L'annoncedes circonstances de la mort de l'héritier dutrône suscite au sein de la double monarchiedes réactions diverses, de la tristesse à lasatisfaction de voir disparaître le plus ferventpartisan du trialisme[4] : Conrad, le chef d'état-major austro-hongrois ou encore Istvan Tisza,le président du conseil du Royaume deHongrie, semblent soulagés, pour des raisonsdifférentes[5] tandis que le ministre commundes affaires étrangères, Berchtold, estprofondément attristé[6]. Cependant, lanouvelle de l'assassinat renforce le sentiment

L'assassinat de François-Ferdinand d'Autriche, héritier destrônes d'Autriche et de Hongrie, constitue la principalecause immédiate du déclenchement de la Grande Guerre.

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d'hostilité, déjà largement répandu depuis laguerre des cochons, contre les Austro-Hongrois et la Serbie[7] .

Si les sentiments inspirés aux responsablesaustro-hongrois sont divers, les réactionsserbes sont sans équivoques. Les diplomatesen poste dans le royaume rapportent avoirassisté à des manifestations de joie, autant àBelgrade qu'en province[8], en dépit del'annonce de l'observation, en Serbie, d'undeuil de huit semaines. Cependant, la pressenationaliste serbe, profitant de la libertégarantie par la constitution, se déchaînecontre la double monarchie, en dépit desdemandes de diplomates serbes en poste enEurope et de remontrances de l'ambassadeurd'Autriche-Hongrie. De plus, le contexte decampagne électorale en Serbie (des élections

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doivent se tenir le 14 août) n'incite pas legouvernement à s'attaquer ouvertement auxnationalistes serbes[9]. Ainsi, Nikola Pašić,premier ministre du royaume de Serbie,apprend la nouvelle alors qu'il est endéplacement au Kosovo, et organise laréponse serbe diversement, durant le mois dejuillet 1914 : dans un premier temps, lecabinet serbe ne doit pas modifier sonprogramme et envoie des condoléances àVienne[10]; puis, dans un second temps, àpartir de la prise de position hongroise enfaveur du conflit, au milieu du mois de juillet,le président du conseil serbe prépare laréponse serbe à une réaction austro-hongroise; enfin, la réception de l'ultimatum le23 juillet ouvre la dernière période politique del'action de Pašić, inquiet devant la montée

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des menaces[11]. Durant cette période,cependant, le gouvernement serbe multiplieles déclarations maladroites ou déplacées,assurant, par exemple, lors de la messe derequiem au représentant autrichien àBelgrade apporter à l'enquête le même soinque pour le meurtre d'un membre de la familleroyale serbe, ce qui apparaît comme uneprovocation[12]; ou encore développer, etlaisser développer par la presse, la thèse de lalégitime défense des Serbes face à lapolitique menée dans l'empire desHabsbourg[13].

La crise de juillet 1914

Article connexe : Crise de juillet.

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Cependant, dans les cercles militaires etpolitiques austro-hongrois, « trancher le nœudgordien par la force » constitue le principe dela politique serbe de la double monarchie,mais uniquement si le Reich assure lamonarchie de son soutien[4]. Un certainnombre de diplomates, notamment le futurambassadeur à Berlin, ou encore, le ministrecommun des finances, Leon Biliński, ainsi queson subordonné, le gouverneur de Bosnie-Herzégovine, Oskar Potiorek poussent à cettepolitique de fermeté[14].

Alors que, en 1913, le Reich avait empêchéson allié austro-hongrois de mener une actionoffensive contre la Serbie, le gouvernementallemand, informé par son ambassadeur enposte à Vienne, du relatif consensus qui règneau sein des responsables austro-hongrois[15],

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juge la situation européenne favorable à unrèglement définitif, « énergique et décisif »(selon le mot de l'ambassadeur allemand àConstantinople) du différend austro-serbe. Eneffet, selon les propres dires de Guillaume IIet de ses ministres, la France est préoccupéepar des questions de politique intérieure etpar les faiblesses de son artillerie lourde[16], laRussie n'est pas en mesure de soutenir uneguerre contre les puissances centrales[17]

tandis que la Grande-Bretagne doit gérer lesproblèmes générés par la question irlandaise.Seule la Russie, touchée dans ses sphèresd'influence vitales, semble prête à prendre lerisque d'un conflit avec la doublemonarchie[18].

La réponse austro-hongroise : 28 juin- 22 juillet 1914

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Assurée du soutien inconditionnel du Reich,officiellement le 7 juillet[19], en réalité dès le 4,par des contacts moins formels[20], soutienqui se matérialise, le 24 juillet, entre autrespar l'envoi à l'ensemble des ambassades etconsulats du Reich, d'une note fournissantdes argumentaires aux destinataires[21], legouvernement austro-hongrois prépare untexte minutieusement étudié pour être refusépar le gouvernement de Belgrade[22] : lesmots employés dans la note font l'objetd'échanges entre les gouvernements austro-hongrois et allemand. Malgré tout, le cascontraire (l'acceptation de la note) estenvisagé par les diplomates allemands[23],d'autres exigences seraient présentées[21]. Unrefus serbe à quelque moment dudéroulement du scénario entraînerait

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immanquablement une « expédition dechâtiment »[19]. Dans les faits, c'est le 6 juillet1914 que le « chèque en blanc », donné auministère austro-hongrois des affairesétrangères, est « constitutionnellementcontresigné », selon le mot de FritzFischer[24] : l'initiative est en dernier ressortlaissée à Vienne, mais, souhaitant résister à la« marée slave », selon le mot même deFrançois-Joseph[25], les responsables de ladouble monarchie, malgré l'opposition à cestade de Tisza, président du Conseil duroyaume de Hongrie, et les réserves de KarlStürgkh, président du conseil autrichien,partisans l'un comme l'autre de l'envoi d'unenote acceptable par les Serbes, se montrentfavorables à un conflit avec la Serbie[26].Jusqu'au 19 juillet, Istvan Tisza, président du

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conseil hongrois, s'oppose au scénario mis enplace à Vienne, proposant la mise en placed'une politique alternative, devant aboutir soità remporter un succès diplomatique soit àfaire porter la responsabilité de la guerre à laSerbie[27].

L'ultimatum du 23 juillet et sesconséquences : 23 juillet - 28 juillet1914

Article détaillé : Ultimatum du 23 juillet 1914.

Le texte de l'ultimatum austro-hongrois,savamment rédigé pour être repoussé "[28],n'accuse pas la Serbie d'être responsable del'attentat, mais simplement d'avoir rompu lesaccords de 1909, qui l'obligeaient à « desrapports de bon voisinage » avec son voisinseptentrional : le gouvernement de Belgrade

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aurait laissé se développer sur son territoiredes organisations menant une propagande enfaveur du mouvement slave du Sud. Nonseulement les rédacteurs de l'ultimatumexigent du gouvernement de Belgrade qu'ildésavoue clairement l'agitation panslave dansl'empire des Habsbourg, mais aussi qu'iljustifie les propos hostiles à la doublemonarchie, tenus par des représentantsserbes, tant en Serbie qu'à l'étranger. De plus,des policiers austro-hongrois doivent pouvoirmener des investigations sur le territoireserbe[29].

Adressée le 22 juillet au chargé d'affairesaustro-hongrois à Belgrade[30], la note austro-hongroise doit être remise le lendemain. Le23 juillet, à 18 heures (horaire choisi enfonction de l'horaire de départ annoncé du

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président français, de retour de visite enRussie[31]), la note austro-hongroise estremise par l'ambassadeur d'Autriche-Hongrieau ministre serbe des Finances (assumantl'intérim pour le premier ministre endéplacement à Niš[32]), qui dispose alors de48 heures pour l'accepter[21].

Le gouvernement de Belgrade accède alors àune majorité des revendications austro-hongroises, mais refuse, après consultationdu chargé d'affaires russe à Belgrade[33], puissoutien clair du ministre russe des affairesétrangères[33], non seulement l'intervention dela police autrichienne sur son territoire[21],mais aussi la publication de la réponse serbedans le journal officiel du Royaume le 26juillet[34]. La réponse serbe, l'« exercice destyle le plus brillant de virtuosité

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diplomatique », selon le mot du rédacteur dela note autrichienne, le baron Musulin[35],pousse Vienne à rompre les relationsdiplomatiques avec Belgrade le jour deréception de la note serbe[21].

Dans les jours qui suivent, malgré lespressions allemandes, les grandespuissances tentent diverses mesures deconciliation, les 26 et 27 juillet. Londrespropose une conférence européenne, Saint-Petersbourg des « conversations directes »,basées sur la réponse serbe à l'ultimatum.Ses tentatives de médiation poussent laDouble Monarchie, et son ministre commundes Affaires étrangères, Leopold Berchtold, àaccélérer encore le déroulement du scénariode la crise et à répondre que toutes les

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démarches de conciliation sont « dépasséespar les évènements »[36].

Ainsi, alors que, jusqu'au 28 juillet, la crisedécoulant de l'assassinat de François-Ferdinand demeure austro-serbe, ladéclaration de guerre austro-hongroise auroyaume de Serbie transforme cette crisebalkanique en crise puis en guerreeuropéenne très rapidement[19]. Dans lesheures qui suivent cette déclaration de guerre,les responsables russes décrètent lamobilisation de 13 corps d'armée, qui nelanceront pas d'opération offensive avantl'invasion du territoire serbe; cette réponsepousse le Reich, qui avait encouragé son alliédans la voie de la fermeté, à refuser toutes lesdemandes de négociation russes, formuléesmême après l'annonce de la mobilisation des

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13 corps d'armée. Le 29 juillet, une notebritannique fait connaître des propositions denégociations, après l'occupation de Belgrade,tout en faisant savoir que Londress'engagerait dans le conflit en casd'intervention directe du Reich et de la France.Berchtold, conscient que la question serbe seposerait à nouveau à moyen terme, repousseles propositions de conciliations, défendantdevant le chancelier allemand, favorable àpartir de ce moment à une conciliation, lafermeté devant la Serbie. Devant cettefermeté, le gouvernement russe procède à lamobilisation générale le 30 juillet, ce quientraîne la mobilisation allemande[37].

À partir de l'annonce de la mobilisation russe,les militaires de l'ensemble des payseuropéens prennent le pas sur les politiques

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et les diplomates; ainsi, des notes sontpréparées à Berlin pour exiger la fin de lamobilisation en Russie, pour connaître laposition française en cas de conflit et pourexiger du gouvernement belge l'autorisationde passer par son territoire. Après avoirdécrété la mobilisation générale de sonarmée, le Reich déclare la guerre, le 1er août àla Russie, le 2 au royaume de Belgique (qui arefusé les termes de l'ultimatum allemand) etle 3 à la France. Londres réagit lors del'occupation du Luxembourg, le 2 août, enfaisant savoir que sa flotte serait engagéecontre la Reichsmarine, puis le 4 août, enexigeant le retrait des troupes allemandes deBelgique. Le jour même, Londres déclare laguerre au Reich[38].

Deux blocs d'alliance

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À partir de 1879, le système d'alliances entrepays européens se structure en fonction del'alliance austro-allemande. Par delà lesévolutions de ce système, l'alliance austro-allemande reste sur la durée la plus stabledes alliances européennes.

La Triplice

L'Europe polarisée : la Triplice (beige) et la Triple Entente(vert) en 1914.

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Article détaillé : Triplice.

Au départ conçue pour pérenniser unrapprochement germano-austro-russe,l'alliance militaire germano-austro-hongroiseplace l'Autriche dans l'alliance allemande etoblige le Reich à suivre Vienne dans sapolitique balkanique[39]. En 1913, devant laperte d'influence générale du Reich en Europe,les hommes d'État allemands sont amenés àsoutenir totalement et aveuglement leur alliéautrichien dans sa politique balkanique : lesdirigeants allemands, Guillaume II le premier,se voient obligés, alors que l'Autrichecommence à se tourner vers l'Entente pourses besoins de financement[40], de s'alignertotalement sur la politique de sonentreprenant allié, comme l'affirme GuillaumeII après son entretien avec Berchtold[41]. Cette

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dépendance du Reich à l'égard de son allié,dépendance envers le « brillant second », estrenforcée par l'alliance de revers franco-russe[42].

À cette alliance austro-allemande, se jointl'Italie en 1881, mais cet apport ne constituepas un renfort fiable. Les rivalités entre l'Italieet l'Autriche-Hongrie dans les Balkans et surla frontière austro-italienne ne créent pas lesconditions d'une alliance solide entre les deuxvoisins[43]. De plus, en 1900 et en 1902, desaccords secrets franco-italiens annulent defait l'ensemble des accords signés par leroyaume dans le cadre de la Triple alliance[44].Au début des années 1910, cependant, leReich obtient non seulement lerenouvellement, jusqu'en 1920, de l'allianceavec l'Italie, mais aussi la définition précise

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des clauses de la participation italienne encas de conflit européen : fourniture d'unitésimportantes, coopération navale austro-italienne dans l'Adriatique et enMéditerranée[45]. Malgré ce renouvellement,l'Italie, au début du siècle est presquetotalement détachée de l'alliance la liant auxempire allemand et austro-hongrois, et leroyaume mène une entreprenante politique derapprochement avec la Russie et la France,tout en maintenant son alliance avec le Reichet la double monarchie[46]. Face à cerevirement politique, certains responsablesmilitaires de la double monarchie se montrentfavorables au déclenchement d'une guerrepréventive contre cet allié incertain[47].

Cependant, en dépit de la proximité des liensqui existent entre le Reich et son voisin

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méridional, le Reich tente de mener unepolitique entreprenante dans les Balkans,tentant de mettre en place des liens deproximité politique avec la Roumanie et laGrèce, tout en assurant des positionsdominantes dans l'Empire ottoman, parl'intermédiaire à la fois de liens économiqueset de conventions militaires : la constructiondu Bagdad Bahn et la réorganisation desarmées ottomanes. Cependant, malgré dessuccès d'estime non négligeables, comme lanomination de Liman von Sanders aux postesd'instructeur général de l'armée ottomane etde commandant du corps d'armée stationné àConstantinople, il apparaît de plus en plus auxdirigeants allemands que la Turquie s'éloignede la sphère d'influence allemande, le Reichne pouvant plus satisfaire aux demandes

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financières turques[48]; en dépit de l'envoi d'unautre spécialiste de l'utilisation du chemin defer dans les conflits, le Reich ne peut queconstater la disparition progressive de soninfluence dans l'empire turc[49]. De même,l'alliance de la Roumanie avec la Triplice, quidate de 1883, est considérée par Czernin,ambassadeur austro-hongrois en Roumanie,comme une « chose morte »[50], le Reichn'étant pas en mesure de couvrir les besoinsfinanciers de son allié roumain[48].

Cependant, la situation en mi-teinte du Reichen Turquie est contrebalancée par ses succèsen Bulgarie[48], mais ces succès sont remis encause par la défaite bulgare du printemps1913[50]. Dans les premiers mois de 1914, lapolitique bulgare, pilotée depuis Vienne, inciteles autres États de la péninsule balkanique à

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initier, sous le patronage de la Russie, unrapprochement[2].

Pour l'historien Fritz Fischer, c'est dans cecontexte d'effritement de ses alliances que leReich incite son allié austro-hongrois à semontrer ferme lors de la crise de juillet1914[25].

La Triple-Entente

Article détaillé : Triple-Entente.

Affiche russe de 1914 symbolisant la Triple-Entente avecMarianne, la Mère Russie et Britannia.

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De l'autre côté, l'alliance franco-russe, puisfranco-anglaise assure à la France un solidesoutien face au Reich, cause de toutes lescraintes françaises depuis 1870. En dépit deleurs rivalités en Méditerranée, en Asie et enEurope, ces trois pays sont en effet inquietsdevant la politique menée par Guillaume II etson gouvernement[51] (c'est d'ailleurs la loimilitaire allemande de 1890, autant que lenon-renouvellement de l'accord de 1887 quipousse la Russie à se rapprocher de laFrance[52]). Ainsi, la montée en puissance dela flotte de haute mer (Hochseeflotte)allemande et la politique de Berlin dans lesBalkans et en Mésopotamie contribuent àcréer, puis à resserrer, une alliance franco-russe puis franco-anglaise tandis qu'un

Marianne, la Mère Russie et Britannia.

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accord anglo-russe gèle les rivalités entre cesdeux puissances en Asie centrale[53].

Au fil des années, l'Entente cordiale serenforce, se double d'une convention navaleen 1912. Aux termes de cette convention, ladéfense de la Manche et de la Mer du Nordest confiée à le Royal Navy tandis que la flottefrançaise est déployée en priorité enMéditerranée : aux yeux du gouvernementbritannique, toute menée offensive dans laManche, comme toute offensive en Belgique,est alors considérée comme une déclarationde guerre. Dans les derniers jours de juillet1914, aux yeux de nombreux conservateurs,un équilibre des puissances sur le continentconstitue le meilleur garant de la puissancebritannique[54].

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Ainsi, dans le cadre de la recherche d'un alliéface au Reich, la France se rapproche, à partirde 1892 de la Russie[55], entrée en oppositiondans les Balkans avec l'Autriche, soutenue parl'Allemagne[56]. La création de cette alliancede revers, puis de l'alliance franco-anglaise,crée les conditions de la création dans leReich d'un sentiment d'encerclement[42], queles actions diplomatiques du Reich essaientde briser. En France, comme en Russie,l'alliance devient vite populaire, par le soinqu'apportent les responsables des deux paysà la faire vivre, par l'organisation de festivitéset l'impression, sur de multiples supports,d'une riche iconographie[57].

Cette politique se révèle un échec, en dépitd'apparences de succès des 1909 et 1910[58],

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en partie en raison de la politique impérialistequ'entend mener Guillaume II[59].

Dans les années qui précèdentimmédiatement le conflit, un axe se dessineaussi entre Paris et Belgrade, axe renforcé parla visite du roi Pierre à Paris en novembre1911. Cette visite constitue l'occasion pour leroi de Serbie de réitérer son souhait de voirréunis dans un même État l'ensemble despopulations serbes, aussi bien celles de sonroyaume que celles de la double monarchie etcelles de l'empire ottoman[60].

La course aux armements et sesconséquences

À partir du début du ��e siècle, les principauxpays européens sont engagés dans une

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course aux armements. Alors que dans lesannées 1900, la Russie, par sa politique deréarmement massive, avait imposé le rythmede croissance des appareils militaires del'ensemble des pays d'Europe, c'est le Reichqui impose aux États européens son rythmed'augmentation des budgets et des effectifsmilitaires dans les deux années précédant leconflit[61].

Depuis le début des guerres balkaniques, lesprincipales puissances européennes se sontengagées dans un renforcement massif deleur appareil militaire respectif. Ainsi, leseffectifs des armées, les tonnages desmarines de guerre et les budgets militairesconnaissent une croissance importante dansles années qui précèdent immédiatement ledéclenchement du conflit[62].

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Article détaillé : Course anglo-allemande auxarmements navals.

En Allemagne, Guillaume II accélère ledéveloppement de la marine de guerre,provoquant une course aux armements avecl'Empire britannique. Dès mars 1911, le Reichadopte, sur les pressions de son état-major,des dispositions visant à augmenter leseffectifs en temps de paix et à former cesnouveaux soldats[63]. Cette augmentationsubstantielle de la taille de l'armée impériale

Visite de l'empereur Guillaume II à bord du SMS Geier de laKaiserliche Marine, en Crète (1912).

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en temps de paix constitue la réponse desresponsables du Reich à la politique deréarmement russe, perçue commemenaçante à terme : en effet, ayant pansé sesplaies, la Russie réactive sa politiqueeuropéenne à partir de 1912[64]. À la fin del'année 1912, sur un rapport de Moltke,favorable à un ambitieux programme deréarmement[61], ces dispositions sontcomplétées en janvier 1913 : le projet alorsdéposé devant le Reichstag prévoit uneaugmentation des effectifs de l'arméeimpériale en temps de paix de 132 000, soitun effectif de 761 000 soldats[63] : le 1er

octobre 1913, une première tranche de 72 000hommes est appelée sous les drapeaux[65].Ces 761 000 soldats sont destinés à êtrerenforcés par 60 000 autres, l'armée

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allemande devant compter 821 000 hommesen temps de paix au mois d'octobre 1914[63].Cette augmentation massive des effectifs setraduit aussi par une augmentation rapide desbudgets du ministère de la guerre : entre 1910et 1914, le budget militaire du Reich est plusque doublé, passant de 205 à 442 millions dedollars[66]. Destinées à combler un écart avecles capacités militaires de l'Entente qui secreuse au fil des années, les dispositionsvotées en 1912 et 1913 incitent les Alliés àrépliquer en conséquence, à renforcer leurpropre appareil militaire. De plus, conscientsde la faiblesse relative du réseau ferréallemand à destination de la frontièrefrançaise, les responsables militaires duReich tentent également de contrebalancercette faiblesse[67].

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La double monarchie, sous la directionmilitaire de Franz Conrad von Hötzendorf[47],prévoit elle aussi une augmentationsubstantielle de l'armée commune et desunités territoriales des deux parties de lamonarchie, entraînant une hausse du budgetmilitaire, porté à 250 millions decouronnes[68] ; en effet, Conrad, proche deFrançois-Ferdinand, souhaite donner à lamonarchie des moyens militaires à la mesurede sa place au sein des puissanceseuropéennes et accélérer la mutation del'armée austro-hongroise[47]. En 1912, la duréedu service militaire avait été portée à troisannées pour les unités montées (deux annéespour les unités non montées), tandis que lecontingent annuel de l'armée commune avaitété porté de 103 000 à 160 000 hommes en

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temps de paix[69]. Devant les divisionspolitiques, le renforcement de l'armée austro-hongroise se fait en court-circuitant lesparlements autrichien et hongrois[68]. À la finde l'année 1913, une nouvelle loi militaire estproposée au vote du parlement, mais ellen'est pas encore adoptée en juin 1914[69].Mais ces mesures ne permettent pas à ladouble monarchie d'achever la remise en étatde son appareil militaire[70].

La loi militaire allemande annoncée enFrance, au début de l'année 1913, lesmilitaires français, Joffre en tête, demande levote d'une nouvelle loi militaire, permettant unrééquilibrage du rapport de force franco-allemand[63]. Le 5 mars 1913, la Loi des troisans est proposée au parlement qui l'adopte le7 août 1913[69] : elle porte les effectifs de

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l'armée à 750 000 hommes, par le retourpartiel au service militaire d'une durée de troisans et l'appel dès la vingtième année[71].

La Russie adopte également une loicomparable, portant les effectifs de sonarmée en temps de paix à 1 800 000hommes; ce programme aboutit dans les faitsà faire passer les effectifs de l'armée russe de1 300 000 hommes à 1 400 000 hommes,mais l'encadrement demeure insuffisant. Àcette augmentation des effectifs s'ajoute,avec l'aide financière de la France[72], unemodernisation de l'artillerie et la création denouvelles lignes de chemins de fer vers lesfrontières allemande et autrichienne[71]. Dès1914, le gouvernement russe peut appelersous les drapeaux 585 000 hommes, soit130 000 de plus que l'année précédente[61].

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Au terme de ce processus de renforcementdes capacités militaires russes, en 1917[67],l'armée doit compter près de 2 millions desoldats[72].

Devant le renforcement constant descapacités militaires des probablesadversaires du Reich, les principauxresponsables militaires du Reich émettentl'idée d'une guerre préventive contre la Franceet la Russie : à leurs yeux, le réarmementrusse mettrait le Reich dans l'obligation derefondre ses plans de guerre à l'horizon 1916,le plan Schlieffen ne pouvant plus s'appliquerdans le contexte supposé de 1916-1917 : àpartir de 1912, l'idée d'une guerre préventivegagne du terrain parmi les officiers généraux,ce dont les responsables français etbritanniques sont parfaitement conscients[73].

Page 38: Causes de la Première Guerre mondiale

Les états qui souhaitent ne pas participer àune conflagration générale, notamment laBelgique et les Pays-Bas, mènent aussi unepolitique de réarmement : la Belgique adopteun projet de loi visant à permettre la créationd'une armée de 330 000 hommes surplusieurs années, tandis que les Pays-Bas etla Suède adoptent, par la voie de leurparlement, des lois visant au renforcement deleur appareil militaire[74].

L'ensemble des observateurs avertis de lascène européenne ne semblent pas surprispar le déclenchement du conflit[75].

Le revanchisme français

Les causes profondes

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Article détaillé : Guerre franco-prussienne.

L'Alsace-Lorraine (ou plutôt l'Alsace-Moselle)avait été détachée de la France et annexéepar l'Empire allemand en 1871 par le traité deFrancfort après la défaite de la France en1870.

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La poudrière balkanique

Page 40: Causes de la Première Guerre mondiale

Depuis la guerre de Crimée, la péninsulebalkanique, placé sous la suzeraineté d'unEmpire ottoman moribond, constitue unchamp clos pour les rivalités entre lesgrandes puissances européennes

La question yougoslave depuis 1878

En 1878, lors du Congrès de Berlin, laprincipauté de Serbie, autonome au sein del'Empire ottoman, acquiert son indépendanceet devient un royaume. Jusqu'en 1903, leroyaume est gouverné par la dynastie desObrenovic[76]. Les deux rois, Milan et son filsAlexandre, qui se succèdent en Serbie

Nicolas II de Russie (sous les traits de son père), GuillaumeII d'Allemagne, François-Joseph d'Autriche tentent delimiter l'impact de la Première Guerre balkanique sous leregard inquiet de John Bull et d'un militaire français.

Page 41: Causes de la Première Guerre mondiale

jusqu'en 1903 constituent des vassauxloyaux, mais turbulents, de l'empire desHabsbourg, l'un proposant à l'empire desHabsbourg d'annexer ses états, l'autredéclenchant une guerre avec la Bulgarievoisine, alliée de la Russie[77].

Le coup d'état de 1903 crée les conditionsd'une nouvelle donne dans les relationsaustro-serbes. À partir du coup d'état quiporte au pouvoir la dynastie desKarageorgévitch représentée par Pierre Ier deSerbie, le gouvernement de Belgrade s'éloignede la dépendance autrichienne. Rapidement,les autorités autrichiennes tentent de réagir,dans un premier par une guerre commerciale,puis par l'annexion formelle de la Bosnie-Herzégovine à l'automne 1908[78]. En effet, lerenversement de la dynastie des Obrenovic

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remet en cause les liens qui unissent Vienneet Belgrade, la nouvelle dynastie s'appuie eneffet sur des cercles hostiles à la doublemonarchie[79].

À partir de ce moment, les partisans de laréunion de tous les Serbes, voire de tous lesSlaves du Sud, dans un seul État exercent uneforte influence sur le gouvernement deBelgrade. par exemple, en 1914, la salle deréception du ministère de la guerre à Belgradeest ornée d'une représentation allégorique dela Serbie, une femme armée dotée d'unbouclier sur lequel sont inscrits les noms deprovinces destinées à revenir au Royaume,provinces toutes situées dans l'empire desHabsbourg[80]. En 1914, devant la vitalité dupetit royaume de Serbie, les responsablesaustro-hongrois voient la sujétion de la Serbie

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comme une « question vitale » pour la doublemonarchie[81].

Le nouveau roi, Pierre Ier, ayant déclarésouhaiter régner et non gouverner[82], lepouvoir passe au parti radical, majoritaire auparlement de Belgrade; ce parti souhaite lamise en place d'une monarchieconstitutionnelle et le rassemblement del'ensemble des populations serbes dans unseul état[83]. Rapidement, la liberté de ton dela presse serbe, alimentée par la fin de lacensure, permet le développement decampagnes de presse nationalistes, dirigéescontre la double monarchie[84], permettant àun observateur, le général français MaxRonge, de définir la Bosnie-Herzégovinecomme une « région politiquementinfestée »[85].

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Ainsi, jusqu'en 1908, les grandes puissancesparviennent à contrôler les petits Étatsturbulents et instables de la péninsule[86].Mais l'annexion de la Bosnie-Herzégovine, lesambitions balkaniques austro-hongroises etla résistance serbe à ces pressions changentrapidement la donne à partir de 1903.

Le Drang nach Osten autrichien dansles Balkans

Article connexe : Drang nach Osten.

Depuis le congrès de Berlin, l'Autriche-Hongrieadministre au nom du Sultan ottoman lesSandjaks de Bosnie et d'Herzégovine[87]. Lecaractère officiellement provisoire de cetteadministration ne dupe aucune chancellerieeuropéenne : pour Vienne, il ne fait aucundoute que cette administration doit durer

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sans limite de temps[88]. Elle entretientégalement des garnisons dans quatre villesdu Nord du Sandjak de Novipazar, sur l'axeDanube-Vardar, que la monarchie souhaitecontrôler de façon exclusive[89] et qui doit seterminer à Salonique que la double monarchiesouhaite contrôler[90].

Ainsi, peu de temps avant l'annexion de laBosnie-Herzégovine à la monarchie,l'entreprenant ministre austro-hongrois desaffaires étrangères, Aloïs d'Aerenthal, rendpublic un accord austro-hungaro-ottomanrelatif à l'extension du réseau ferré de ladouble monarchie dans le Sandjak de Novi-Pazar, à partir de la Bosnie-Herzégovine versMitrovitza ; cet accord est cependantrapidement enlisé dans les difficultés

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politiques et financières de la réalisationd'une telle ligne de chemin de fer[89]

L'annexion formelle de la Bosnie-Herzégovineà la double monarchie, à la faveur de larévolution jeune turque, entraîne une réactionserbe, mais, faute de réel soutien russe, cetteréaction tourne court[91], devant un ultimatumremis au gouvernement de Belgrade le 19mars 1909[92]. À partir de 1909, la politiquebalkanique de l'Autriche-Hongrie pousse leReich à soutenir de plus en plus fermementson alliée face à l'empire Russe[53]. Cetteprésence austro-Hongroise dans les Balkanscontribue à dégrader les relations de ladouble monarchie, et par voie deconséquence du Reich, avec la Russie et à lapousser dans une alliance avec lesadversaires du Reich, puis à renforcer les

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liens qui unissent l'empire des Tsars à laFrance[39]. De plus, le renforcement del'influence de la double monarchie en Albaniepousse les Italiens[N 1] à mener une politiquede plus en plus entreprenante dans lapéninsule balkanique[93].

L'annexion formelle des sandjaks de Bosnie etd'Herzégovine entraîne le renforcement de laposition, au sein de l'appareil dirigeant de ladouble monarchie, des tenants de la solutionfédérale, avec un troisième pôle, slave duSud : le renforcement de la présence slave duSud au sein des deux États de la doublemonarchie pourrait créer les conditions de lacréation d'une troisième entité, centrée autourdes Croates, non seulement en faisantcontrepoids à l'influence du royaume deBelgrade, ainsi marginalisé[88], mais aussi en

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limitant l'influence magyare au sein de ladouble monarchie et en bloquant les velléitésitaliennes en Dalmatie[85]; mais cette sourdelutte contre le royaume de Serbie voit sedévelopper, au sein des dirigeants autrichiensde la double monarchie, un groupe depression favorable à une guerre préventivecontre la Serbie, autour de Conrad[47].

Après la défaite essuyée par la Bulgarie, quis'est rapproché de la Triplice[94] et, de ce fait,chargée par le Reich et la double monarchiede réduire les prétentions serbes, la doublemonarchie, soutenue par le Reich, maiscontre l'avis de l'archiduc héritier, envoie augouvernement de Belgrade un ultimatum lesommant de retirer ses troupes d'Albanie[95].Dans le courant du mois de juin 1914, lapolitique antiserbe menée par le ministère

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commun des Affaires étrangères austro-hongrois a été redéfinie et doit aboutir à laformation d'une nouvelle ligue balkanique,cette fois-ci dirigée contre la Serbie[96].

La Péninsule balkanique, champ closdes rivalités entre grandespuissances

Dans un contexte marqué par l'instabilitépolitique dans l'empire ottoman, les grandespuissances régionales, Autriche-Hongrie etRussie, se disputent la clientèle des petitsÉtats turbulents de la péninsule balkaniques,tout en tentant d'étendre leur influence dansl'Empire ottoman proprement dit. Ces deuxÉtats doivent aussi compter avec lesambitions italiennes en Albanie, faisant de ceroyaume, un acteur important de la politiquebalkanique[97].

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Dans les années suivant le congrès de Berlin,les grandes puissances austro-hongroises etrusses s'étaient entendues pour geler lasituation balkanique, à leur profit et auxdépens, notamment de l'Italie[98].

Cette situation est rapidement remise encause par les turbulents États balkaniques,plus ou moins soumis à la Russie ou à ladouble monarchie. Ce désordre dans le jeudes grandes puissances se matérialise par lamise en place d'alliances fluctuantes entreces États, alliances patronnées par cesgrandes puissances rivales, aspirant l'unecomme l'autre à dominer la péninsule pour sefaufiler vers la Méditerranée[99] ainsi que pardes compromis de courte durée entregrandes puissances.

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Depuis 1903, la Serbie a quitté le gironautrichien, pour s'appuyer sur la Russie, quiutilise le royaume comme instrument depénétration russe dans les Balkans[94]. Devantl'entreprenante politique du régime mis enplace par le roi Pierre Ier en Serbie, le ministreaustro-hongrois des affaires étrangères, Aloïsvon Aehrenthal souhaite une politique activedirigée contre le royaume serbe : cettepolitique aboutirait à contrôler à nouveau lepetit royaume, et réduirait ainsi l'agitation desSlaves du Sud en Autriche-Hongrie. Uneguerre commerciale, la guerre des cochons,constitue la première manifestation de cettenouvelle orientation, l'Autriche souhaitantmettre à genoux économiquement le royaumeserbe; cette guerre commerciale estrapidement suivie de l'annexion formelle des

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sandjaks de Bosnie et d'Herzégovine, devantlaquelle la Serbie est impuissante, enl'absence de réelle intervention russe pourcontrecarrer le fait accompli autrichien[78].

De plus, la défaite russe en extrême-Orient aobligé l'empire des Tsars à réorienter les axesde sa politique d'expansion politique etéconomique. Ainsi, la Russie redevient activedans la péninsule balkanique, mettant fin à undemi-siècle d'entente avec la doublemonarchie, sanctionnant le relatif effacementrusse de la péninsule balkanique[100].

Pour faire face à cette sourde oppositionautrichienne, le royaume de Serbie serapproche de la principauté de Bulgarie et lesdeux états négocient une alliance secrètepolitique, économique et militaire sous le

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patronage de la Russie : le 12 mai 1904, letraité d'alliance secret entre le royaume deSerbie et la principauté de Bulgarie est signéà Belgrade, il comporte un accord douanier,un traité d'amitié et un traité d'alliance, toustrois dirigés contre la double monarchie[84].

Auprès de la Russie, la diplomatie austro-hongroise s'est engagée, lors d'une entrevueavec le ministre russe des affaires étrangères,Alexandre Izvolski, à appuyer un changementdans le régime des Détroits[91]. Le 5 octobre1908, le décret d'annexion est signé parl'empereur-roi[91]. Après avoir obtenu de laPorte, le 26 février 1909 la reconnaissance deson annexion, à la suite de longsmarchandages[92], portant notamment sur laquote-part de dettes turques allouée auxsandjaks de Bosnie et d'Herzégovine, la

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double monarchie obtient, le 31 mars 1909,de la Serbie, isolée, la reconnaissance du« fait accompli »[101]. Cette victoireautrichienne se double d'un accord secretavec l'Italie, qui obtiendrait descompensations en cas de nouvellesannexions autrichiennes dans lesBalkans[101]. Cette défaite diplomatique de laSerbie, et plus encore de la Russie, incitecette dernière à resserrer les liens quil'unissent au petit royaume balkanique, à enfaire son alliée privilégiée dans la région[18], età la soutenir, sous peine de perdre soninfluence dans la péninsule[19].

Profitant de la crise bosniaque, le princeFerdinand rompant les quelques liens quiunissaient encore sa Principauté à l'Empireottoman, déclare la Principauté totalement

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indépendante et prend le titre de roi : le jourde la signature du décret d'annexion de laBosnie-Herzégovine, l'indépendance de laBulgarie est ainsi proclamée[91].

En 1911, la guerre italo-turque crée lesconditions d'une entente des Étatsbalkaniques contre la Turquie[102],enhardissant les petits États balkaniques[103] :des traités d'alliance, patronnés par la Russie,

Les Balkans à l'issue de la Première Guerre balkanique : unaccroissement de puissance de la Serbie ne peut quesusciter des oppositions austro-hongroises.

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entre la Serbie et la Bulgarie puis entre laGrèce et la Bulgarie sont signés en mars et enmai 1912. Ces traités non seulement mettenten place une alliance défensive, mais aussiélaborent des plans de partage de la partieeuropéenne de l'Empire ottoman. Ces traitéssemblent conçus par les diplomates russesqui participent à leur élaboration et lesutilisent comme un moyen de restaurerl'influence et le prestige russe, entamés par ladéfaite essuyée lors de la crise de 1909[104].

Les rivalités coloniales

Articles détaillés : Empire britannique, Empirecolonial français, Empire colonial allemand etWeltpolitik.

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Depuis la Conférence de Berlin, les Étatseuropéens se sont taillés en Afrique desempires coloniaux. Rapidement menaçantepour la position de l'ensemble des payseuropéens, le Reich mène donc une activepolitique coloniale, rapidement contrée parl'ensemble des grandes puissancescoloniales[105].

Le partage du monde

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Depuis le ���e siècle, les puissanceseuropéennes se sont lancées à la conquêtedu monde; les indépendances américaines dela fin du �����e siècle et du début du ���e siècle

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modifient les rapports de force coloniaux.Durant le ���e siècle, l'Afrique constitue lenouvel objet des ambitions coloniales.

Conquis par des missions, le continent estpartagé en 1878 entre les principalespuissances européennes, la France en Afriquede l'Ouest et au Gabon, la Grande-Bretagne enAfrique de l'Est, le Portugal conservant sescolonies, le Reich obtenant un empire colonialen Afrique, composé de territoires plus oumoins vastes, mais séparés par lespossessions françaises, Belges oubritanniques.

Le Reich, puissance colonialetardivement arrivée dans lacompétition

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Les calculs de Bismarck, devant aboutir àfaire du Reich le garant de l'équilibreeuropéen, ont ralenti, pendant les années1870, l'expansion coloniale du Reich.Cependant, à partir de la fin des années 1880,la pression d'une partie de la populationconduit le chancelier de fer à modifier sonapproche des questions coloniales. Dans lesannées 1880, Bismarck fait ainsi acquérir pardes entrepreneurs coloniaux un chapelet deterritoires en Namibie, à la fureur britannique,mais les ambitions allemandes entraînent descoalitions de fait des puissances colonialesdéjà présentes. Souhaitant, chaque fois quecela est possible, créer les conditions d'unessor de l'influence allemande, lesresponsables du Reich se heurtent à laGrande-Bretagne, en Anatolie lorsque les

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industriels allemands obtiennent laconcession de la construction puis del'exploitation d'une ligne de chemin de fer endirection de Konya, en Afrique, lors du traitédu 12 mai 1894 qui aboutit à faire en sorteque les possessions allemandes soienttotalement encerclées par des coloniesbritanniques, ou encore dans le Transvaal,alors objet des convoitises britanniques, maissoutenu par le Reich[106].

Systématiquement, la politique extra-européenne du Reich place ce pays encompétition avec la France ou la Grande-Bretagne, créant, par delà les rivalitéscoloniales franco-anglaises, les conditionsd'un rapprochement entre les deux principalespuissances coloniales.

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Les changements politiques desannées 1890-1914

Cependant, dans le cadre d'une politiquevoulue par Guillaume II, les dirigeants duReich poursuivent sa politique expansionnisteaussi pour des raisons de politique intérieure,espérant fournir à une population enconstante mutation un dérivatif aux tensionsinternes[107]; ainsi, cette politique ne parvientqu'à exacerber la méfiance des puissancescoloniales déjà installées, et à cimenter desalliances dirigées contre le Reich deGuillaume II[108].

Ainsi, dès 1898, les rivalités pour lapossession d'îles dans l'océan Pacifique et lecontrôle de régions sur la route des Indes metaux prises le Reich avec l'ensemble des

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acteurs de la région, États-Unis, Japon,Grande-Bretagne. Ainsi, les tentativesallemandes de pénétration économique etpolitique dans l'Empire ottoman(renouvellement de la concession duBagdadbahn, ou encore demande deconcession de territoires en Mésopotamie, àdes fins pétrolières ou agricoles) renforcentles antagonismes anglo-allemand etgermano-russe[109].

Les crises marocaines

La crise de Tanger : contestation de l'influence française auMaroc par l'empereur Guillaume II à Tanger, le 31 mars1905.

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Article détaillé : Crises marocaines.

Dans le contexte de la guerre russo-japonaise,au début de l'année 1905, les responsables duReich entendent profiter de l'empêchement dela Russie à intervenir sur la scène européennepour disputer à la France son influencenouvellement acquise au Maroc, arguant quel'évolution de la situation marocaine concernel'ensemble des puissances. Ainsi, souhaitants'opposer à la mainmise française sur le pays,mainmise qui organise autour des réformesque souhaite mettre en place le présidentfrançais dans le pays, Guillaume II se rend àTanger, prononce un discours dans lequel ilaffirme que le Reich défendra la souverainetédu royaume chérifien, puis obtient dugouvernement français la démission de

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Théophile Delcassé, ministre français desaffaires étrangères, partisan d'une politiquede fermeté. Cependant, à la suite de l'accordde Björkö entre Guillaume II et Nicolas II,signé le 24 juillet 1905, le Reich croit pouvoirmener une politique conciliante, mais, devantl'opposition du gouvernement russe, tente demener une politique plus agressive, mais,devant l'opposition américaine, britannique etitalienne à ses propositions (qui visaient enréalité à écarter la France du Maroc), Bülow,chancelier du Reich, doit prendre acte de sonéchec, définitivement signifié par l'acted'Algésiras, qui confie à la France et àl'Espagne l'organisation de la tutelleeuropéenne sur le Maroc[110].

La crise bosniaque

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Article détaillé : Crise bosniaque.

Maintenu sous la souveraineté nominale de laPorte, mais administré par l'Autriche-Hongriedepuis le congrès de Berlin, le Vilayet deBosnie, comprenant les sandjaks de Bosnie etd'Herzégovine, voit son statut modifié àl'automne 1908, à la faveur de la révolutiondans l'Empire ottoman[111].

En effet, les responsables politiques de ladouble monarchie craignent une remise encause du modus vivendi établi en 1878 parl'article 25 de l'article 25 du traité deBerlin[112]. Durant l'été 1908, appuyé par leReich, Aloïs d'Aerenthal, souhaitantrassembler les Slaves du Sud de la doublemonarchie sous un même sceptre[79], défendl'idée d'un rééquilibrage dans les Balkans,

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dont l'annexion formelle de la Bosnie-Herzégovine constitue le premier pas[91] etl'arrêt de la propagande serbe dans la doublemonarchie le second[101].

Durant l'automne 1908, la diplomatie austro-hongroise s'attache à préparer l'annexion,notamment en s'engageant auprès de laRussie à ouvrir une négociation sur le régimedes détroits, mise en place à partir de laConférence de Paris[113]; la diplomatie russene s'oppose en effet pas à l'annexion, à lacondition qu'elle soit approuvée lors d'uncongrès par les puissances garantes de lasituation dans les Balkans[114].

Le 5 octobre 1908, à la surprisegénérale[N 2],[115], François-Joseph signe ledécret annexant formellement les deux

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sandjaks à la double monarchie, entraînantdes protestations russes et serbes[91],protestations serbes qui n'ont aucunfondement juridique[N 3],[86]. Cependant,soutenus par le Reich, les Austro-hongroisobtiennent la non-intervention des Français etdes Britanniques, tandis que les diplomatesrusses abandonnent la Serbie face à ladouble monarchie[92].

Le 26 février 1909, la Porte reconnaîtl'annexion de ces territoires par la doublemonarchie. Le soutien du Reich se manifestepar l'envoi à Saint-Petersbourg d'une notecomminatoire, demandant la reconnaissancede l'annexion par la Russie[N 4],[116],[92].

Face à cet envoi, les responsables russes nepeuvent qu'accepter le fait accompli,

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acceptent les termes de la note allemande etconseillent au royaume de Belgrade de céderdevant les menaces austro-allemandes[115].La Serbie, abandonnée à son sort face à ladouble monarchie, doit reconnaître l'annexiondes Sandjaks de Bosnie et d'Herzégovine, le31 mars 1909[101], démobiliser son armée ets'engager à entrentenir avec la doublemonarchie des relations de bon voisinage[86].

Les guerres balkaniques

Articles détaillés : Première Guerrebalkanique et deuxième guerre balkanique.

À l'issue d'une période d'accalmie, lesgrandes puissances, Autriche-Hongrie etRussie, souhaitent maintenir le statu quodans la péninsule, mais le 15 octobre 1912,

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les états de la ligue balkanique entrent enguerre contre la Turquie. Si ces deuxpuissances, la double-monarchie et l'empiredes Tsars, se montrent favorables aumaintien du statu quo, les deux guerresbalkaniques fournissent l'occasion à la Russieet à l'Autriche-Hongrie de s'affronter sur leterrain diplomatique et par états balkaniquesinterposés[104].

Rapidement menée, à la surprise générale[117],la Première Guerre balkanique se solde parune défaite de la Turquie, la perte de presquetoutes ses possessions européennes et parun accroissement de la puissance de laSerbie et de la Bulgarie. Cette accroissementde la puissance serbe inquiète legouvernement austro-hongrois ; lesresponsables austro-hongrois incitent donc

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leur allié bulgare à déclencher les hostilitéscontre la Serbie. La seconde guerrebalkanique se termine sur une défaite sansappel de la Bulgarie, écrasée sous lesoffensives menées conjointement par lesSerbes, les Grecs et les Roumains[118].

Durant ces deux conflits rapidement menés etconclus, la position de la Serbie constitue laprincipale préoccupation pour la diplomatieautrichienne. En effet, les succès serbesréalisent, dans les faits le programmenationaliste serbe, annexant des territoirespeuplés de Serbes, contrôlant une partie etayant conquis un débouché maritime pour leroyaume de Belgrade[119]. Ces succèsautorisent le royaume à formuler desrevendications en Albanie, en échange del'absence de revendications en Macédoine

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mais, peu soutenue ni par la Russie, qui nesouhaite pas « se laisser entraîner dans uneguerre à l'occasion de la question du portserbe sur l'Adriatique », selon le mot d'undiplomate russe, ni par la Bulgarie, qui défendune lecture stricte du traité de mars 1912, laSerbie voit ses revendications territoriales enAlbanie remises en cause lors de laconférence de Londres.

Dans les premiers mois de l'année 1913, laquestion du partage de la Macédoine, enjeude la Deuxième Guerre balkanique, mobiliseles chancelleries : l'Autriche soutient son alliébulgare contre la Serbie, soutenue cette foisfermement par la Russie, la perspective d'uneconfrontation directe austro-russe n'étant pasexclue à Vienne. Au début juillet, en dépitd'une médiation russe, permise par le traité de

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1912, et des conseils autrichiens, la Bulgarielance une agression contre la Serbie,rapidement tenue en échec. Souhaitantsoutenir son alliée, l'Autriche se prépare àintervenir, mais en l'absence de soutienallemand, la double monarchie doitrapidement abandonner toute politiqued'intervention directe contre son turbulentvoisin méridional[118].

À l'issue du second conflit, les petits Étatsbalkaniques, tous agrandis des dépouillesottomanes, ne sont pas satisfaits par lespartages territoriaux imposés par les grandespuissances; cette insatisfaction participe à lamodification des rapports de force entregrandes puissances, Russie et Autriche-Hongrie dans la péninsule balkanique[120].

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La montée en puissance dessentiments nationaux

Article connexe : Incident de Saverne.

Le ���e siècle a contribué à modifier le regarddes populations sur les conflits armés. Eneffet, jusqu'à cette période, les guerres sontlocalisées dans l'espace et dans le temps,menées en tenant compte des possibilitésdémographiques et financières des États quiy participent[121].

Dans l'ensemble des pays européens, la forcedes nationalismes crée les conditions del'exaltation de sentiments nationaux, et audéveloppement des rivalités nationales. Ainsi,les responsables du Reich, Guillaume II entête formulent-ils les rivalités politiques etéconomiques avec leurs voisins comme la

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manifestation du conflit entre les Slaves et lesGermains. Multipliant les allusions à unconflit multiséculaire germano-slave,l'empereur allemand inspire certains de sescollaborateurs, dont son chef d'état-major,Helmuth von Moltke, et développe devant desreprésentants austro-hongrois des argumentsde même nature[122].

Face à ce sentiment de l'existence d'uneopposition entre les Germains et les Slaves,les populations slaves en général et russes enparticulier développent en leur sein unsentiment panslave, encouragé par legouvernement après les défaites de 1904-1905[123]. La crise bosniaque de 1908-1909,durant laquelle le royaume de Belgrade a dûcéder face aux prétentions de la doublemonarchie, a exacerbé les tensions entre

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Slaves du Sud et austro-hongrois, incitant à lamise en place de sociétés secrètesnationalistes serbes, œuvrant à la fois àl'intérieur et à l'extérieur du royaume[90].

Ambiances culturelles etintellectuelles du premier avant-guerre

Aux yeux d'un certain nombre d'intellectuels,le déclenchement d'un conflit européen de

Germania. Friedrich August von Kaulbach, 1914.

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grande ampleur sur l'échelle du continenteuropéen ne constitue nullement unesurprise[121], même si le premier conflitmondial se révèle être, pour la majorité desmembres des classes d'âge destinées à êtreappelées sous les drapeaux, la premièreexpérience belliqueuse[124].

En effet, appuyés sur les acquis juridiquesnationaux et internationaux, un certainnombre de juristes, surtout après 1904[125],pronostiquent un conflit à l'échelleeuropéenne de grande ampleur. Cependant,s'ils annoncent le déclenchement d'uneguerre, les intellectuels ne l'approuvent pasforcément, et de plus, certains considèrentcomme seule guerre juste la guerredéfensive[1].

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Dans la société européenne entransformation du début du ��e siècle, l'idéede peuple, de Volk joue un rôle essentiel dansla constitution d'une communauté nationale,du moins pour une partie non négligeable dela société[126]. Ainsi, dès 1898, Rouard deCare, professeur de Droit à l'université deToulouse, réfléchit sur les changementsinduits par la notion de nation en armes[127].

Ainsi, au sein du Reich, un certain nombre depamphlétaires nationalistes du début du��e siècle tend, surtout à partir de la mise enapplication de l'Entente cordiale à opposerl'idéalisme des Allemands au matérialismedes Anglo-Saxons, le « héros » germaniques'opposant au « boutiquier » britannique[128].Ce bourrage de crâne n'est pas unique : ainsi,à partir de 1904, les débats juridiques

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préparatoires à la conférence de La Haye, ouencore la publication en France d'un texteémanant de l'état-major allemand, les Lois dela Guerre continentale, ressuscitent laméfiance française à l'encontre du Reich. Cedernier texte, même s'il est abandonné en1910, donne aux officiers des cadres depensées qui mettent en avant la finalité surles moyens utilisés : il a contribué à laformation des officiers allemands engagés en1914 dans le conflit[125].

La forte croissance du Reich dans lesdernières années du ���e siècle crée aussi lesconditions d'aspiration hégémonique sur lecontinent européen. Ces aspirations seformulent dans un premier temps par desthéories racistes développées par l'ensembledes pangermanistes aussi bien dans le Reich

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que dans l'empire autrichien : ainsi, en 1905,Ernst Hasse, responsable de la liguepangermaniste, définit l'expansion territoriale,européenne et extra-européenne, comme« nécessaire au développement d'unorganisme vivant et sain »[129]. Cesaspirations sont aussi affublées de toute unesérie de justifications culturelles ethistoricisantes; en 1912, par exemple, dansun ouvrage intitulé La Préhistoire allemande,une science d'intérêt éminemment national[130]

Gustav Kossina, l'inspirateur desarchéologues de l'Ahnenerbe, exalte la« valeur du pur sang germanique »[131],reprenant partiellement les thèsesdéveloppées en 1905 par la revue Ostara[132].Dans ce climat, Kossina, ayant entre-tempsprécisé sa pensée et ses méthodes pour

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l’exhumation d'un passé germanique, appelleau déclenchement du conflit, défendant l'idéeque les Germains auraient une « missionhistorique d'envergure mondiale » àremplir[130].

Constitués sur la base d'un rapprochemententre hommes d'affaires, hommes politiqueset serviteurs de l'État, des groupes depression en faveur d'une politique étrangèreactive se développent au tournant du��e siècle. Par exemple, le Flottenverein,soutenu par les gouverneurs de province enPrusse, par les princes, par les fonctionnaireset par l'industrie, développe une propagandeen faveur de la constitution d'une flotte deguerre pour permettre au Reich d'accéder austatut de puissance mondiale[133]. De même,regroupant 22 000 membres en 1914, la ligue

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pangermaniste dispose d'une influencelimitée, mais regroupée derrière HeinrichClass, organise sa propagande autour de lanotion des « idées allemandes dans lemonde », contribuant à entretenir dansl'opinion publique du Reich un climatfavorable à une politique impérialiste. Sondiscours est relayé par des publications depresse aux titres évocateurs : Das grössereDeutschland (l'Allemagne plus grande), DerPanther, du nom de la canonnière allemandeenvoyée à Agadir en 1911, fondée en1912[134] ,[123].

La sphère culturelle germanique n'est pas laseule à voir le succès des thèsesunificatrices. Ainsi, la Russie encourage ledéveloppement de thèses panslaves qui

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bénéficient dans l'empire russe d'un certainconsensus.

L'arrivée de nouvelles technologies, tel letéléphone, l'automobile, l'aviation, créent lesconditions d'une révolution culturelle, baséesur l'exaltation de la vitesse ; à l'immobilismede la pensée est substitué le mouvement,avec, parfois, sa violence : sont ainsi mis envaleur l'extraordinaire, la violence et leconflit[135].

Face à ces multiples évolutions, quitransforment les guerres en guerre de masse,mettant en cause l'ensemble de la sociétédes pays engagés dans le conflit, les hommespolitiques tentent de mettre en place desgarde-fous juridiques au déchaînement de laviolence de guerre, tentant de mettre en place

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une humanisation de la guerre et de sespratiques (« clause de Martens »). Ainsi, lesconférences internationales de 1899 et 1907tentent-elles de parvenir à la création d'undroit de la guerre, rapidement remis en causepar les militaires allemands, quisubordonnent les moyens déployés àl'objectif à atteindre[136].

Causes économiques, sociales,commerciales et financières

Pour être exhaustif, les enjeux économiques,au sens large, c'est-à-dire les rivalitéscommerciales, financières et les enjeuxéconomiques propres à chaque État nedoivent pas être négligés. Fritz Fischer lepremier, mais aussi Paul Kennedy, évoquent le

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rôle des enjeux économiques dans ledéclenchement du conflit.

Empire expansionniste tard venu dans lacourse à la puissance, situé au centre del'Europe, le Reich modifie les rapports deforce entre grandes puissances. Le Reichconnaît en effet sous le règne de Guillaume IIune croissance importante. Cette croissanceest démographique, économique etimpérialiste, démographique, parce que leReich gagne 17 millions d'habitants en 25ans, voyant sa population passer de 49millions d'habitants en 1890 à 66 millionsd'habitants en 1914. Du point de vueéconomique, la croissance est plusspectaculaire encore, puisque sa productionde charbon triple entre 1890 et 1914 et laproduction d'acier est supérieure à la somme

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des productions des trois futurs pays del'Entente[137] ; cette croissance fournit auReich, dans les années précédant le conflit, lemoyen d'une infiltration économique chez sesvoisins, Autriche-Hongrie, France, Empirerusse, par le biais d'une politique d'achats deconcessions minières et pétrolières,d'entreprises industrielles : ainsi, la SteauaRomana, entreprise de commercialisation dupétrole roumain, est fondée avec des capitauxde la Disconto Gesellschaft, et obtient lemonopole de commercialisation desproductions pétrolières roumaines enEurope[138]. En France, la pénétrationéconomique prend la forme de participationsprises plus ou moins discrètement, dans lesentreprises sidérurgiques françaises, enLorraine et en Normandie[139].

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Par sa puissance économique, Le Reich peutprétendre à une politique expansionniste etcoloniale de premier plan. Cependant, ledécalage entre cette rapide montée enpuissance d'une part, et la réalité de sonessor politique ultra-marin de l'autre, crée lesconditions d'une exacerbation du sentimentnational dans un contexte marqué parl'absence d'un vrai successeur àBismarck[107].

Au cours de l'année 1913, le Reich semble neplus avoir les moyens de garantir, du point devue économique, ses alliances politiques. Eneffet, la défaite bulgare lors de la SecondeGuerre balkanique est analysée aussi commeune défaite financière du Reich, qui n'a plusles moyens de soutenir sa politiqued'expansion commerciale par une politique

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financière d'octroi de prêts aux Étatsbalkaniques : en effet, au cours de l'année1913, faute d'argent pour les défendre face àune politique financière françaiseentreprenante, le Reich est contraint de céderà la France les positions économiquesacquises dans l'ensemble des royaumesbalkaniques et en Turquie. En décembre 1913,la France remplace le Reich comme principalbailleur de fonds de la Grèce et de laRoumanie, en dépit de contre-mesuresallemandes symboliques, comme l'octroi dubâton de maréchal au roi Constantin[140].

Dans le même temps, dans un contexted'exacerbation des rivalités entre puissanceseuropéennes[75], l'alliance avec la Turquie estmise à mal, pour les mêmes raisons quiaboutissent à l'éviction allemande des

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royaumes balkaniques. En effet, en dépit dusoutien résolu de l'état-major turc, formé parla mission militaire allemande, l'influenceallemande dans l'Empire ottoman déclinedans le courant de l'année 1913, fauted'argent pour accéder aux besoins financiersturcs, selon le mot de Guillaume II lui-même[49].

Contrairement au Reich manquantstructurellement de capitaux, la Francedispose en 1914 de solides réservesfinancières, utilisées pour consolider lesalliances politiques. Ainsi, une habile politiqued'octroi de prêts aux États en recherche decapitaux détache le royaume d'Italie del'alliance allemande à partir des années 1880,assure des neutralités ou fragilise les succèsdiplomatiques du Reich dans la Péninsule

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Balkanique, en Turquie ou en Chine. Cettepuissance financière française masquecependant la faiblesse commerciale de lapolitique étrangère française, incapable derivaliser avec le Reich dans ce domaine[141].

Dès les débuts du conflit, les débatshistoriographiques ont fait rage, fortementmarqués par la publication de l'ouvrage deLénine, L'Impérialisme, stade suprême ducapitalisme, en 1916. Mais la réflexion sur lesraisons de déclenchement du conflit débutentdès la fin de l'année 1914, lorsque Lénine meten parallèle les buts avoués et les objectifscachés des puissances engagées dans leconflit. Depuis, les historiens travaillant sur

Historiographie

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les causes de la guerre se placent dansl'ensemble des traditions de l'historiographie.

À partir de la fin des années 1950, cependant,les historiens allemands, en opposition avecla vision qui prévalait depuis la fin de laSeconde Guerre mondiale, tendent de plus enplus à considérer les deux conflits mondiauxcomme les bornes d'une période historiquespécifique[142].

La thèse des responsabilitésallemandes

Article détaillé : Kriegsschuldfrage.

Depuis la signature du traité de paix, àVersailles, le 28 juin 1919, la réflexion sur laresponsabilité du conflit constitue un enjeuhistorique et historiographique important. En

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effet, l'article 231 du traité affirme la seuleresponsabilité du Reich et de ses alliés dansle déclenchement du conflit, malgré lesprotestations du ministre des Affairesétrangères allemand de l'époque, le diplomateUlrich von Brockdorff-Rantzau[143].

Cependant, durant les négociations de paix, ledébat fait rage dans les chancelleries. Ainsi,un mémorandum établi par des diplomates etdes historiens allemands est publié au débutde l'année 1919, puis une réponse alliée, la« note d'envoi », tandis que Karl Kautsky sepropose de publier une sélection dedocuments visant à démontrer laresponsabilité partielle du gouvernement duReich impérial dans le déclenchement duconflit. À la fin de l'année 1919, unecommission composée d'historiens,

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d'hommes politiques et de diplomatespublient cinq volumes de documentshistorique, tandis que Kautsky, écarté de cettecommission expose aussi, dans son ouvrageWie der Krieg entstand (Comment s'estdéclenchée la guerre ?), à la fin de l'année1919, sa propre vision des faits. Le Reichstagcompte aussi en son sein, de décembre 1919à août 1932, une commission d'enquêteparlementaire sur les responsabilités dudéclenchement du conflit; composée desocialistes, de pacifistes et d'indépendants,elle conclut à un partage des responsabilitésde l'ensemble des États européens dans ledéclenchement du conflit. Dans le Reich,l'historien Alfred von Wegerer, en lien avec leministère du Reich aux Affaires étrangères,qui anime sa propre équipe de recherche sur

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le déclenchement du conflit, publie en 1939L'Explosion de la Guerre mondiale; dans cetouvrage, il défend la thèse que le Reich n'a niprojet d'expansion ni plan de guerre dans lesannées immédiatement antérieures au conflit;Il parvient dans les années précédant 1933 àrallier à sa thèse un certain nombre dechercheurs réputés, dont Hans von Delbrück,le comité de rédaction des volumes de laGrosse Politik der Europäischen Kabinette,1871-1914, ouvrage présentant des sourcestronquées, incomplètes et commentées defaçon tendancieuse[144].

Les marxistes, premiers àproposer une réflexion historique

Durant les premiers mois du conflit, toute unesérie d'arguments moraux ou politiques est

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avancée par les responsables des paysengagés dans le conflit pour justifier leurparticipation au conflit. Le 1er novembre 1914,Lénine, publie un texte , qui définit le confliten cours comme un événement prévisibledans le cadre de l'impérialisme, dont il définitle concept en 1916. Cette analyse est remiseen cause par Karl Kautsky, pour qui ledéveloppement du capitalisme, l'ultra-impérialisme, selon ses mots, interditjustement le déclenchement d'un conflit degrande ampleur entre nations. Cette analysedes causes du conflit, déclenché par l'actionde forces sociales à l’œuvre au sein dusystème capitaliste, est reprise avec desnuances par les proches de Karl Liebknecht,qui donnent, dès 1916, à la « folieannexionniste » des dirigeants du Reich une

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grande responsabilité dans le déclenchementdu conflit[145].

L'influence de l'école des Annales,Pierre Renouvin

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Le moment Fritz Fischer

En 1961, Fritz Fischer publie en Allemagnefédérale un ouvrage, Griff nach der Weltmacht,traduit en français sous le titre Les Buts deguerre de l'Allemagne impériale, dans lequel ilétudie l'opinion publique allemande durant lePremier conflit mondial. Historien modernisteayant commencé sa carrière dans les années1930, et ayant, à ce titre, adhéré au

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nazisme[146], Fischer appuie sa thèse sur uneétude des sources diplomatiques à sadisposition[147].

Devant la controverse générée dans le mondedes historiens allemands, Fischer se trouveobligé de dresser un tableau de la périodeprécédente. Dans son ouvrage, paru en 1965,Weltmacht oder Niedergang, (PuissanceMondiale ou déclin, non traduit en français)Fischer affirme que les dirigeants du Reichavaient souhaité faire de l'Allemagne unepuissance mondiale, la crise de juillet 1914constituant le prétexte pour déclencher uneconflagration permettant la réalisation de ceprojet. En 1969, systématisant davantageencore la thèse centrale de Griff nach derWeltmacht, Fischer publie Krieg der Illusionen.Il analyse la politique du Reich à partir de la

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seconde crise marocaine commeexpansionniste et destinée à distrairel'opinion allemande des problèmesdomestiques. De plus, il insiste sur la crise dedébouchés que connaît le Reich dans lesdeux années précédant le conflit et sur laconcurrence des autres pays européens,entraînant, selon Fischer, une division au seindes élites allemandes sur la position àadopter pour y faire face. Selon Fischer, ladécision de faire la guerre est prise enAllemagne dès la fin de l'année 1912, etl'attentat de Sarajevo a constitué le prétexteutile à son déclenchement[148].

Dès la publication de 1961, l'ouvrage principalde Fischer, en posant le principe de lacontinuité de la politique du Reich entre 1900et 1945 (voire au-delà)[149], déchaîne des

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débats qui embrasent non seulement lemonde des historiens universitaires maisaussi le grand public, car, dans son livre,Fischer remet en cause la mémoire collectivedes Allemands sur la période précédant lapériode nazie[150], remettant notamment encause les thèses des responsabilités desalliés dans l'arrivée au pouvoir de Hitler[151].

Les historiens ouest-allemands de l'époque,Gerhard Ritter en tête, lui reprochentessentiellement sa lecture de la crise de juillet1914[151]. Parmi les plus modérés de sescontradicteurs, Ludwig Dehio, dont lesconclusions des années 1950 avaient permisla recherche de Fischer[152], insiste sur leschoix de la politique allemande depuis 1898,qui ont acté l'échec d'une concurrencemaritime avec la Grande-Bretagne, échec qui

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aurait incité les dirigeants allemands à setourner vers un programme d'expansioneuropéen[153].

Pour répondre à ses contradicteurs, il estimenécessaire de remonter le temps et de fairel'histoire de la période précédantimmédiatement le conflit[151].

Les historiens du culturel

L'historiographie moderne considère que « lesaccusations réciproques et les explicationsdonnées, même si elles n’étaient pas dénuéesd’une part de vérité, ne permettaient pas derépondre vraiment à la question du pourquoi »et estime que les autorités politiques desprincipaux belligérants, prises dans le piègede l’honneur national qui les empêchait de se

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retirer du jeu, furent dépassées par lesévénements qui conduisirent à une guerresans raison[154].

Notes

Références

1. L'Italie lorgne sur l'Albanie depuis les années1870.

2. Selon l'affirmation de Jean-Paul Bled.

3. Le cabinet serbe est parfaitement conscientde cette réalité.

4. La Russie n'est pas en position favorable, surles plans politique, économique et militaire,pour s'engager dans un conflit avec le Reich.

1. Audoin-Rouzeau, 2002, p. 55

Notes et références

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2. Fischer, 1961, p. 62

3. Renouvin, 1934, p. 198

4. Fischer, 1961, p. 65

5. Clark, 2013, p. 397

6. Clark, 2013, p. 395

7. Schiavon, 2011, p. 68

8. Clark, 2013, p. 387

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10. Le Moal, 2008, p. 36

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110. Renouvin, 1934, p. 149, 150 et 154

111. Bled, 2014, p. 18

112. Renouvin, 1934, p. 161, note 1

113. Renouvin, 1934, p. 160

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114. Bled, 2014, p. 21

115. Bled, 2014, p. 22

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118. Renouvin, 1934, p. 175 à 179

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121. Audoin-Rouzeau, 2002, p. 50

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124. Mosse, 1999, p. 65

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130. Olivier, 2012, p. 69

131. Demoule, 2015, p. 179

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136. Audoin-Rouzeau, 2002, p. 55 et 56

137. Kennedy, 1989, p. 248 à 250

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139. Lacroix-Riz, 2015, p. 14

140. Fischer, 1961, p. 56, 57 et 59

141. Kennedy, 1989, p. 261 et 262

142. Droz, 1973, p. 54

143. Droz, 1973, p. 13

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Max Schiavon, L'Autriche-Hongrie dans laPremière Guerre mondiale : La fin d'unempire, Paris, Éditions SOTECA, 14-18Éditions, coll. « Les Nations dans la GrandeGuerre », 2011, 298 p.(ISBN 978-2-9163-8559-4).

Jean Claude Reverchon, Guerre inachevée,paix manquée, 1914-1918, Ed. L'Harmattan2017 (ISBN 978-2-343-12310-3)

Monographies annexes

Page 115: Causes de la Première Guerre mondiale

Stéphane Audoin-Rouzeau (dir.), AnnetteBecker (dir.), Christian Ingrao (dir.), HenryRousso (dir.), Henriette Asséo, Omer Bartovet al., La Violence de guerre (1914-1945) :approches comparées des deux conflitsmondiaux, Bruxelles et Paris, ÉditionsComplexe et IHTP, coll. « Histoire du tempsprésent », 2002, 348 p.(ISBN 2-87027-911-6).

Jean-Paul Demoule, Mais où sont passésles Indo-Européens ? : Le mythe d'origine del'Occident, Paris, Seuil, coll. « La bibrairie du���e siècle », 2015, 742 p.(ISBN 978-2-02-029691-5)

Édouard Husson, Comprendre Hitler et laShoah : Les Historiens de la Républiquefédérale d'Allemagne et l'identité allemandedepuis 1949, Paris, Presses universitaires

Page 116: Causes de la Première Guerre mondiale

de France, coll. « Perspectivesgermaniques », 2001, 415 p.(ISBN 2-13-050301-2, notice BnFno FRBNF37633707).

George Lachmann Mosse (trad. EdithMagyar, préf. Stéphane Audoin-Rouzeau),De la Grande Guerre au totalitarisme : labrutalisation des sociétés européennes[« Fallen soldiers : reshaping the memory ofthe world wars »], Paris, Hachettelittératures, coll. « Histoires », 1999(réimpr. 2003 et 2009), 293 p.(ISBN 978-2-01-2-79144-2).

Laurent Olivier, Nos ancêtres les Germains :les archéologues français et allemands auservice du nazisme, Paris, Tallandier, 2012,320 p. (ISBN 978-2-84734-960-3, notice BnFno FRBNF42738797, lire en ligne ).

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