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CAV : Le cinéma russe dans les années 20 II. Quelques cinéastes Sergueï Eisenstein (10 janvier 1898 Riga - 11 février 1948 Moscou) cinéaste russe de la période soviétique, il interrompt ses études d'ingénieur et s'engage dans l'armée rouge puis devient théoricien du cinéma, il est souvent considéré comme un des « pères du montage » . Il est un pionnier de l'utilisation de plusieurs techniques cinématographiques dont le montage-attractions (désigne un assemblage de scènes ayant un fort impact visuel), qu'il explique dans ses écrits théoriques et qui eurent une grande influence dans l'histoire du cinéma. Il fait ses débuts au cinéma en 1923, avec Le Journal de Gloumov, un petit film burlesque inséré dans une représentation théâtrale. Sergueï Eisenstein s'exprime à travers ses montages uniques et l'utilisation de ce que les critiques nommeront « le cinéma-poing », forme d'expression s'opposant au « cinéma-œil » de Dziga Vertov. Tous ces films seront en partie muets. En 1930, il signera un contrat important de cent mille dollars avec Paramount Pictures. 1925 : Le Cuirassé « Potemkine » Il traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa en 1905, 1938 : Alexandre Nevski Le film retrace un événement phare de l'histoire de la Russie au xiiie siècle , Lev Vladimirovitch Koulechov ( 1er janvier 1899 Tambov – 30 mars 1970) cineaste et théoricien russe puis soviétique. Il deviendra plus tard réalisateur mais avant cela un exercera le métier de professeur de cinema dans une école de Moscou. Il partira en mission pour filmer des actualités de guerre, puis organisera ses cours en fonction. En 1934, Koulechov parlera des « acteurs », des « comédiens » car avant il les appelés modèles vivants. La majorité de ses écrits concerne la formation des comédiens au jeu spécifique devant la caméra. Il propose une quantité importante d’exercices auxquels les prétendants aux rôles de cinéma doivent se plier. Il aura au final a son actif de nombreux films mais aussi des documentaires. Effet Koulechov

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CAV : Le cinéma russe dans les années 20

II. Quelques cinéastesSergueï Eisenstein (10 janvier 1898 Riga - 11 février 1948 Moscou) cinéaste russe de la période soviétique, il interrompt ses études d'ingénieur et s'engage dans l'armée rouge puis devient théoricien du cinéma, il est souvent considéré comme un des « pères du montage » . Il est un pionnier de l'utilisation de plusieurs techniques cinématographiques dont le montage-attractions (désigne un assemblage de scènes ayant un fort impact visuel), qu'il explique dans ses écrits théoriques et qui eurent une grande influence dans l'histoire du cinéma. Il fait ses débuts au cinéma en 1923, avec Le Journal de Gloumov, un petit film burlesque inséré dans une représentation théâtrale. Sergueï Eisenstein s'exprime à travers ses montages uniques et l'utilisation de ce que les critiques nommeront « le cinéma-poing », forme d'expression s'opposant au « cinéma-œil » de Dziga Vertov. Tous ces films seront en partie muets. En 1930, il signera un contrat important de cent mille dollars avec Paramount Pictures.

1925 : Le Cuirassé « Potemkine »   Il traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d’Odessa en 1905,1938 : Alexandre Nevski  Le film retrace un événement phare de l'histoire de la Russie au xiiie   siècle ,

Lev Vladimirovitch Koulechov ( 1er janvier 1899 Tambov – 30 mars 1970) cineaste et théoricien russe puis soviétique. Il deviendra plus tard réalisateur mais avant cela un exercera le métier de professeur de cinema dans une école de Moscou. Il partira en mission pour filmer des actualités de guerre, puis organisera ses cours en fonction. En 1934, Koulechov parlera des « acteurs », des « comédiens » car avant il les appelés modèles vivants. La majorité de ses écrits concerne la formation des comédiens au jeu spécifique devant la caméra. Il propose une quantité importante d’exercices auxquels les prétendants aux rôles de cinéma doivent se plier. Il aura au final a son actif de nombreux films mais aussi des documentaires. Effet Koulechov

1924 :Les Aventures extraordinaires de Mr West au pays des bolcheviks Mr West, riche américain envoyé en mission en Russie, se prépare à rencontrer des russes armés de marteaux et de faucilles .1925: Le Rayon de la mort Dans un pays étranger capitaliste, les ouvriers d’une usine mènent une révolte qui est réprimée par le patronat, assisté d'une organisation fasciste 1926 : Dura Lex Au Klondike, cinq mineurs exploitent fructueusement un filon de métal précieux. Vsevolod Poudovkine (28 février 1893 Penza – 30 juin 1953 Riga)est un réalisateur, scénariste et acteur soviétique, théoricien du montage. En 1920 : il vit le film Intolérance de D. W. Griffith, qui le conquiert définitivement au cinéma. Admis sans examen à l’École de cinéma de Moscou, il est un temps élève de Lev Koulechov, puis de Vladimir Gardine. Poudovkine commence son premier film, Les Mécanismes du cerveau.  Premiers cours à l’Institut d’État du cinéma eurent lieu en 1926 ensuit en 1928, il signa avec Eisenstein et Alexandrov le Manifeste sur le contrepoint audiovisuel.

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1925 : La Fièvre des échecs c'est une comédie soviétique. Alors que la ville de Moscou accueille un grand tournoi d'échecs, toute la ville semble gagnée par la fièvre des échecs. Il s'agit d'un court métrage d'une vingtaine de minutes, muet.

LE CUIRASSE POTEMKINE :

Ce film a été réalisé par Sergueï Eisenstein en 1925 et c'est une drame historique et a été d'abord une commande d'un comité du paarti communiste. Il est considéré comme l'un des plus grands films de propagande de tous les temps. Il est choisi, en 1958, comme le meilleur film de tous les temps par 117 critiques internationaux lors de l’exposition universelle de Bruxelles. Ce film se divise en 5 grandes parties qui sont :1 Les hommes et les vers : les marins protestent contre le fait de manger de la viande pourrie.2 Drame dans la baie : les marins et leur chef se révoltent.3 La mort demande justice : le corps du chef est porté par la foule du peuple d'Odessa venue acclamer les marins comme des héros.4 l'escalier d'Odessa : scène mythique de l’œuvre, les soldats de la garde impériale massacrent la population d'Odessa sur l'escalier.5 La rencontre avec l'escadre : l'escadron qui a pour tache de stopper la révolte du Potemkine refuse et les ordres et se révoltent.Ce film est un film muet mais qui a été recouvert par plusieurs versions sonores

CAV : Le cinéma russe dans les années 20

I. Présentation du mouvement

Contexte historique : après la révolution russe, cinéma valorisé par pouvoir (Lénine, Trotski) nationalisé donc très bien financé, mais censuré. Cinéma d’Etat mais novateur quand même. Pour le pouvoir : cinéma pour éduquer, rendre accessible la littérature, mais aussi instrument de propagande.

Institut national de la cinématographie, 1919, à Moscou (1ère école de cinéma du monde)

Années 30 et 40 : cinéma devient moins inventif, de + en + instrument de propagande.

Plusieurs courants : ciné-œil, cinéma-vérité (kino pravda) = documentaire (Vertov, Koulechov) et cinéma-drame = fiction, avec Eisenstein par exemple (Griffith, fresques historiques)

Nouveaux principes : Kino pravda : nouvelles techniques, montage comme art et non plus comme effet technique (Effet Koulechov), cinéma pour montrer la réalité (documentaire),

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caméra = œil mais en mieux (nouveaux effets : split screen, ralenti, accélération, surimpression). Dziga Vertov ! Cinéma vérité Jean Rouch

Fiction : Eisenstein par exemple. Scénario, personnages. Propagande « ouvertement ». Travail sur les mouvements de caméra.

II. Cinéastes

Dziga Vertov (1896-1954), réalisateur, monteur. Attachement au documentaire, mouvement d’avant-garde. Réalisme socialiste (montrer tt en accord avec idéologie communiste, valoriser communisme) = nouvelle doctrine officielle, DV n’adhère pas, se retire progressivement.

Fondateur Kino-pravda, films expérimentaux avec grande importance montage. Contre les décors, la mise en scène, les acteurs, les scénarios, les studios…

1925 : Kino-pravda, film qui met en application ses principes

1926 : La sixième partie du monde (montrant diversité URSS, documentaire mais peu de succès au niveau de la propagande)

1929 : L’Homme à la caméra

1934 : Trois chants sur Lénine (célébrer 10 ans mort Lénine, glorification, narration faite par cartons avec phrases courtes toutes les 5 minutes)

L’Homme à la caméra (1929)

Film expérimental sans scénario, sans intertitres, sans acteurs ou décors… Documentaire (raconte la vie d’une ville par différents aspects : travail, loisirs, sport, plage, mouvement dans la ville…) et film expérimental.

Se détacher totalement du langage du théâtre et de la littérature.

Montage très travaillé (parallèle ou alterné ?), « nouveaux » effets : surimpression, accéleré, ralenti, stop-motion. Mise en abyme (on voit un homme filmer, la monteuse, au début et à la fin du film des salles de cinéma…).

Film muet mais musique rajoutée par dessus après.

TROUVER EXTRAIT !!

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Exposé CAV   : Le cinéma allemand des années 20

Le cinéma allemand est l’un des cinémas nationaux à l’histoire la plus prodigieuse. Nous sommes le 1er novembre 1895, soit plus d’un mois avant Les Frères Lumières. Les frères Max et Emil Skladanowsky présentent lors des premières représentations publiques et payantes au Wintergarten (Berlin) des images photographiques animées grâce au bioscope (en allemand : Bioskop ; appareil optique de projection jumeaux, utilisant deux bandes distinctes d'images pouvant fournir quarante-huit images chacune, enregistrées puis projetées alternativement). L'inventeur, Max Skladanowsky revendique son antériorité sur les projections des Lumière. On citera aussi comme pionners du cinméa allemand :  Guido Seeber, le premier directeur de la photographie du cinéma allemand ; Oskar Messter, construit et vend en 1896 la croix de Malte dans un projecteur (mécanisme qui permet de passer d’un mouvement de rotation continu à une rotation saccadée : ainsi, en faisant avancer la pellicule de cette manière, la pellicule s'arrêter bien à chaque image devant l'obturateur). Mais un autre Berlinois, Max Gliewe, ainsi qu’un français, Jules Carpentier, ont mis au point à peu près au même moment ce système. Messter a construit le premier studio de cinéma en Allemagne.L’industrie du cinéma allemand remonte alors à la même période que celle démarrer par les fameux frères Lumière en France. Le cinéma allemand est riche et prestigieux, porte des liens très étroits avec son histoire politique, sociale...

I/ Le contexte de l’après-guerre

Durant la 1ère GM, se développaient dans les cinémas une propagande anti-allemande. Ainsi, en 1917, la UFA (Universum Film AG) est créer afin de contrer cette propagande anti-allemande, et de favoriser le cinéma allemand.

Après la guerre, le cinéma est donc favorisé par la République de Weimar (le régime mit en place entre 1918 et 1933, qui est une démocratie parlementaire). Cela est dû à des raisons économiques : après la guerre, le cinéma allemand était boycotté par les sociétés étrangères ; pour favoriser leur film, les productions allemandes ont donc créé une politique audacieuse en créant des films originaux et productifs, car ils ont compris qu’ils ne pourraient exporter qu’à l’étranger des chefs d’œuvres. C’est donc pour cela que le cinéma allemand connait son âge d’or entre 1918 et 1933 : car il était favorisé par le pouvoir. Deux grandes sociétés de production se développent : la Babelsberg (près de Berlin) et la Geiselgasteig (aujourd’hui les Bavariastudios) à Munich. L’essor du cinéma allemand est tel qu’à la fin des années 20, de nombreux cinéastes sont invités aux Etats-Unis pour y tourner de grosses productions (comme Murnau avec L’Aurore en 1929).

La guerre a cependant laissée des traces en Allemagne, et on la retrouve au cinéma. En effet, les films allemands des années 20 utilisent des thèmes fortement liés au conflit : la tyrannie (il montre les souffrances qu’elle infligeait comme dans Nosferatu de Murnau), le

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destin (les cinéastes décrivent un monde de chaos), le chaos (présente l’anarchie de la société, liée à la tyrannie), le dilemme intérieur (recherche spirituelle) et la rébellion. De plus, la situation économique étant peu favorable, les budgets de production ne sont pas élevés ; les cinéastes doivent donc redoubler d’inventivité pour créer de véritable chef d’œuvre. Va alors se développer l’expressionisme.

II/ L’expressionisme, âge d’or du cinéma allemand

L’expressionisme est un mouvement apparu en 1905 qui s’oppose à l’impressionnisme. Il se caractérise par des décors très graphiques et très géométriques (l’image est presque traitée comme une gravure). Le thème de la révolte contre l’autorité y est très présent.

A/ Les origines de l’expressionisme   : Le cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene (1919) 1/ Biographique de Robert Wiene

Robert Wiene est né en 1873 en Silésie (actuelle Pologne). Il écrit des scénarios dès 1912 et s’intéresse au paranormal et au fantastique. Son premier grand succès est Le Cabinet du Docteur Caligari en 1919. Il reste ensuite fidèles à ses thèmes de prédilections en écrivant Satanas de F.W Murnau en 1919 et en réalisant Genuine en 1920. Après la fin de la période expressionniste, il se tourne vers le cinéma parlant, mais dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir en janvier 33, il est persécuté et se réfugie en Angleterre en 1934. Plus tard, il s’installe à Paris et tente de tourner un remake du Cabinet… avec Jean Cocteau. C’est en 1938 qu’il réalise son dernier film, Ultimatum. Malheuresement, il meurt au cours du tournage, le 17 juillet 1938, et son film sera achevé par Robert Siodmak.

2/ Un film expressionniste précurseur

Le Cabinet du Docteur Caligari est un film réalisé par Robert Wiene (1873-1938) sorti en 1920. Synopsis : « Une fête foraine plante ses attractions dans la petite ville allemande d'Holstenwall. Un étrange vieillard, le docteur Caligari, entend y exhiber un jeune somnambule, Cesare, dont il monnaie les dons de voyant. Mais Caligari n'obtient pas de l'administration l'autorisation qu'il lui demandait. Le lendemain, le fonctionnaire responsable de cette humiliation est retrouvé mort. Le soir même, Cesare prédit à un jeune homme qu'il ne verra pas la fin de la nuit. Sa prédiction se réalise. Bouleversé, l'ami du défunt, Francis, se met à surveiller Caligari, qu'il suspecte du meurtre... »C’est le premier film expressionniste. Il reprend les codes de l’expressionisme, à la fois dans les décors (ceux-ci sont tordus et déformés, il y a une opposition entre l’ombre et la lumière, et la perspective est abolie) et dans les thèmes.

En effet, il traduit le malaise psychologique et social en Allemagne, traumatisme lié à la guerre : c’est un film d’épouvante, un drame, dans lequel de jeunes hommes tuent et sont pris de crises de paniques épouvantables (cela rappelle les poilus traumatisés). Il présente des situations de tension psychologiques et, de plus, aucune autorité n’est présente dans l’histoire.Parallèlement à cela, il présente un univers symbolique et onirique grâce à un décor déformé et décalé.

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-> Extrait : Cesare, somnambule et dans une sorte de transe, enlève Jane, l’amie de Francis. https://www.youtube.com/watch?v=Y0A0sfxM6AE

Pour toutes ces raisons, Le Cabinet du Docteur Caligari est un film majeur dans l’histoire du cinéma allemand. Il a même influencé de nombreux cinéastes et est devenu un mouvement à part entière : le caligarisme.

3/ Le calligarisme

A la différence du terme expressionnisme, qui touche tous les domaines artistiques, le Caligarisme est spécifique au cinéma. On peut d’ailleurs dire que le Caligarisme est le point de départ de l’expressionnisme. Il ne s'applique qu’à un petit nombre de films (dont Genuine de R. Wiene 1920, Faust de F.W Murnau, Le Cabinet des figures de cire de P. Léni 1924). C’est du film Le Docteur Caligari que sort cette tendance, d’où son appellation. Le Caligarisme aborde des thèmes angoissants tels que l’inconscient, le rêve, l’hypnose ou encore l’illusion.Le Caligarisme se distingue particulièrement pour un décor stylisé (c’est-à-dire schématiser/simplifier), géométrique, abstrait et absurde. Basé sur un contrôle d’une écriture minutieuse et des décors résolument non réalistes, ces films étaient tournés en studio. Souvent trouve aussi l’utilisation d’objets extravagants. En déséquilibrant les formes, les décors altéraient systématique l'espace. On retrouve aussi un jeu sur le clair-obscur : l’éclairage est très contrasté. Beaucoup de films ont eut recours à la peinture sur toile pour marquer directement les lumières et les ombres. De plus, un jeu assez outré était attendu des acteurs : le jeu devait être excessivement expressif. Parfois, les gestes devaient suffire à remplacer la voix, prenant des allures de mime. Leurs costumes étaient aussi peu réalistes que les décors et le maquillage servait à remodeler et accentuer les traits de leur visage ainsi que leur expression. Au final, le Caligarisme a survécu aux changements politiques, économiques et artistiques du milieu des années 20 mais ce mouvement prend fin avec la montée en puissance du nazisme en Allemagne qui force une majorité des cinéastes à s’exiler aux Etats-Unis ou en Europe de l’Ouest pour continuer à pratiquer en liberté leur activité.

B/ Evolution de l’expressionisme   : F.W Murnau et Fritz Lang

1/ F.W Murnau

Friedrich Wilhein Murnau est né en 1888 dans une famille bourgeoise. C’est un intellectuel, qui étudie l’art et la littérature. Il découvre la mise en scène dans une pièce étudiante. Durant la 1ère GM, il devient aviateur. Quand il revient à Berlin en 1919, il est pris par la fièvre du cinéma et fonde sa maison de production avec l’acteur Ernest Hoffmann. Il réalise alors son premier film, L’Emeraude fatale (1919). En deux ans, il tourne huit autres films, dont très peu ont été conservés. Ils sont caractéristiques de son œuvre : décors naturels et de studios, esthétisme, tendance à la nostalgie.

Mais c’est en 1922 qu’il obtient le succès avec le film d’horreur Nosferatu le Vampire, une symphonie de l’horreur. Synopsis : «  En 1838, Thomas Hutter, commis d’agent immobilier, quitte sa jeune femme Ellen pour le château du comte Orlok dans les Carpates. Là-bas, Hutter découvre que le comte est en fait Nosferatu le vampire et est victime des morsures répétées du monstre. Celui-ci quitte son château dans un cercueil rempli de terre et,

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après un voyage en voilier au cours duquel il décime l'équipage terrorisé, va prendre livraison de sa nouvelle demeure, située face à celle de Hutter et Ellen… ». On peut donc dire que c’est un film expressionniste car il en respecte les jeux d’ombres et de lumière, variant lugubre et lumineux, pour donner une atmosphère inquiétante au film. De plus, le vampire est représenté comme une bête d’épouvante, et pas comme un gentleman. Mais, contrairement aux films expressionnistes classiques, il a été tourné en extérieur. Ce film marque le succès de Murnau car il a véritablement inventé un nouveau genre au cinéma : le film de vampire (c’est en effet la première adaptation du roman Dracula de Bram Stoker, qui sera de nombreuses fois réadaptés par la suite).

En 1924, le scandale dû à la caméra déchaînée de son film Le Dernier des hommes le rend célèbre à l’internationale (première caméra à l’épaule et gros mouvements de caméra).

En 1925-26, il réalise Faust. Synopsis : « Tourmenteur de l'humanité avec la guerre, la peste ou la famine, Méphisto considère que la terre lui appartient. L'Archange Gabriel lui évoque le nom de Faust, un vieux savant, un juste dont la vie entière est la preuve que la terre n'est pas totalement soumise au Mal. Méphisto promet de détourner de Dieu l'âme de Faust. Alors la terre sera tienne, promet l'Archange... Dans son village décimé par la peste, Faust, désespéré, trouve un grimoire lui permettant d'invoquer le Diable, et signe avec lui un pacte de 24 heures pour sauver les malades. Mais les villageois s'en aperçoivent et veulent le lapider. En proie au suicide, Faust accepte une nouvelle proposition de Méphisto : retrouver sa jeunesse en échange de son âme… ». Ce film est l’une des plus grosses productions des années 20. Son esthétique est remarquable, et utilise énormément le clair-obscur (beaucoup qualifieront ce film d’ « apogée du clair-obscur »). Malgré une esthétique notable qui restera gravée dans les mémoires, le film connait un succès mitigé auprès des critiques, qui n’apprécient pas la liberté prise par Murnau dans ce film. Extrait : début du film

En 1927, il se rend à Hollywood et réalise une super production Hollywoodienne avec la Fox : L’Aurore. Ce film raconte l’histoire d’un couple dont le mari est infidèle. Il présente également le parallèle entre la pauvreté dans les campagnes et la richesse de la ville.

Vite lassée des contraintes imposées par les producteurs américains, il part pour Tahiti, où il tourne Tabou, son dernier film, en 1931. Il n’assistera cependant pas à la première projection de celui-ci, car il meurt quelques jours avant d’un accident de voiture à Santa Monica.

2/ Fritz Lang

Comme Murnau, Fritz Lang, né en 1880 à Vienne, est issue d’une famille bourgeoise.Fritz Lang tient une formation très imprégné de l’histoire et traitera dans sa carrière les thèmes récurrents de la vengeance, la folie, la mort, le surhomme, la soif de pouvoir et, surtout, le double parfois lié au thème de l’invention. Il est le fils d’un architecte réputé et alors grandit dans un cercle intellectuel et artistique productif. Après de brèves études d’architecture, il s'oriente vers les arts plastiques et voyage énormément avant de s'établit quelque temps à Paris. Mobilisé, c’est à la déclaration de guerre de 1914 qu’il se voit obligé de regagne les rangs de sa patrie. Durant le conflit, Fritz Lang tient un journal intime dans lequel il écrit des réflexions indignées sur la nature humaine. Un sujet récurrent qu’il mettra au centre dans ses films. Blessé au front, c’est à cette époque qu’il commence à écrire des scénarios. C’est d’ailleurs au début des années 1920 qu’il devient réalisateur de films muets (avec son premier film La Métisse, 1919) et qu’il fait la connaissance du producteur allemand Erich Pommer. Il faut ajouter que Fritz Lang avait été flairé pour participer à l'élaboration du fameux Cabinet du docteur Caligari. Mais Fritz Lang était déjà sur un autre projet de tournage. Il réalise en 1927 le film allemand le plus coûteux de l'histoire du cinéma allemand, Metropolis, qui sera un échec commercial à sa sortie. Son

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premier film parlant est le fameux M le maudit (1931), qui renvoie aux meurtres en série caractéristiques de cette sombre époque de l'histoire allemande.

Si Hitler admirait quelques uns de ses films, dont Metropolis, cela n’empêcha pas Fritz Lang de critiquer son gouvernement avec Le Testament du Docteur Mabuse (1933). Suspecté, Fritz Lang se voit proposer la tête du département cinématographique de son ministère, offre qu’il décline et donne pour réponse son exil. Puisque c’est en fuyant le nazisme (dont sa femme a rejoint le parti) que Fritz Lang s’exile en France et y retrouve Erich Pommer. Il y réalise un film (Liliom) avant de se tourner vers les Etats-Unis. Il y réalise des westerns : Fury (1936), Le retour de Frank James (1940). Ainsi que des films anti-nazi avec Les bourreaux meurent aussi en 1943 parexemple. Il se fera naturalisé américain à l’âge de 55 ans.

Fritz Lang est un homme très respecté et adulé dans le monde du cinéma, notamment par Jacques Truffaut ou Jean-Luc Godard par qui il fut sollicité pour jouer son propre rôle dans Le Mépris (1963). Il meurt en 1976 à Los Angeles.

Une petite citation de Fritz Lang : "Dès le premier instant de ma carrière cinématographique, j'ai toujours tenu le cinéma pour l'art de notre temps et dans ce sens il est logique que le cinéma doive refléter son temps. Lorsqu'en 1922, j'ai tourné le premier 'Mabuse', je l'ai appelé 'Un tableau de notre temps'... et je crois que chacun de mes films est, d'une certaine manière, un tableau de son temps. "

III/ Le contre expressionisme

Dans les années 1920, le kammerspiel film et le Strassen film se frayent une place dans l’histoire du cinéma allemand. Ces contre-courants apparaissent comme des réactions à l’expressionisme : on les définit comme des contre-expressionismes.

A/ Le Kammerspiel Film

Le Kammerspiel film est un courant qui touche principalement le domaine du théâtre et du cinéma allemand. Son représentant le plus important est Carl Mayer. Le kammerspiel cherche à simplifier les décors et vise le réalisme le plus pur possible afin de se rapprocher le plus de ce qui est « ordinaire ». Aussi, le Kammerspiel film doit respecter la règle des trois unités : unité de temps, unité de lieu et unité d’action. Le mot allemand signifie « théâtre de chambre » qui renvoie au jeu d’acteur. Son étymologie est plus précisément issue de la pièce de théâtre d’August Strindberg, Kammerspel qui date de 1906, une référence-clef. Pour résumé, le kammerspiel consiste à mettre en avant la complexité psychologique du jeu d’acteur dans cadre sobre. Toutefois, le Kammerspiel film garde les mêmes thèmes que l’expressionisme. On nommera le film Le Rail (1921) de Lupu Pick dont ce dernier et Carl Mayer en sont les scénaristes.

B/ Le Strassen Film

« Straße » Pour un film réaliste, le Strassen Film se tourne dans la rue (« Straße » se traduisant par « rue »). Les personnages présentés basculent vers la marginalité, l’individualisme. Le Strassen film garde la volonté de ne pas tout à fait se détacher de l’expressionisme avec les thèmes de la rue et de la nuit dans la ville. On mentionnera La rue sans Joie (1925) et Loulou (1929).

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C/ Le cinéma expérimental

Le cinéma expérimental se développe avec des cinéastes dadaïstes (mouvement intellectuel et artistique qui remet en cause toutes les conventions sociales, politiques, idéologiques et esthétiques) tel qu’Hans Richter (avec son film abstrait Rythmus 21) ou des documentaristes comme Walter Ruttmann (avec Berlin, symphonie d’une grande ville, documentaire réalisé en 1927 qui suit la vie de la métropole allemande). Le cinéma expérimental allemand, qui rompt avec l’expressionnisme et le réalisme, s’inspire de celui du russe Dziga Vertov.

Le réalisateur Arnold Fanck invente quant à lui le cinéma de montagne, qui présente des films dont l’enjeu est la montagne et sa culture. Il réalise La Montagne Sacrée en 1926, film dans lequel prend place un triangle amoureux au cours d’une expédition d’alpinistes.

CCL 

Le cinéma allemand des années 20 a été marqué par le cinéma expressionniste, qui constitue l’âge d’or du cinéma de ce pays. Parallèlement à celui-ci, se sont développés d’autres genres tels que le Kammerspiel Film, le Strassen Film, le cinéma expérimental et le cinéma de montagne. L’âge d’or prend fin avec la sortie du premier film parlant allemand : L’Ange Bleue, réalisé par Josef von Sternberg. De plus, en janvier 33, Hitler arrive au pouvoir, et le cinéma est très fortement censuré…