23

Ce que croyait Bernadette

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Ce que croyait Bernadette
Page 2: Ce que croyait Bernadette

Ce que croyait Bernadette

Page 3: Ce que croyait Bernadette
Page 4: Ce que croyait Bernadette

PIERRE-MARIE THÉAS

Ce que croyait Bernadette

MAME

Page 5: Ce que croyait Bernadette

Imprimatur : Pau, le 2 mai 1973, Jean-Paul Vincent, évêque de Bayonne.

© Marne, Paris, 1978, 1996. ISBN : 2-7289-0816-8.

Page 6: Ce que croyait Bernadette

Aux pèlerins de Lourdes, spécialement au National français

à l'occasion de son centenaire 1873-1973

et du centenaire de l'Association de Notre-Dame de Salut.

Page 7: Ce que croyait Bernadette
Page 8: Ce que croyait Bernadette

PREFACE A LA NOUVELLE EDITION

Evêque de Tarbes et Lourdes de 1947 à 1970, Mgr Théas a accueilli à Massabielle d'innombrables pèlerins pour leur présenter le message de la Vierge Marie transmis par Bernadette.

Mgr Théas avait le génie de la clarté, de la formule que l'on retient, de la parole qui va au cœur. On retrouvera ici avec plaisir, en de courts chapitres, l'essentiel de son ensei- gnement centré chaque fois sur une parole de Bernadette.

Mais que l'on ne s'y trompe pas : sous l'apparente sim- plicité du propos, on retrouvera la solidité doctrinale de celui qui eut la hardiesse d'entreprendre l'étude critique des Appa- ritions, confiée à l'abbé Laurentin qui en établit tous les documents authentiques.

On y trouvera aussi la profondeur spirituelle d'une vie passée à l'ombre de la Grotte dans une méditation incessante du fait de Lourdes à travers la vie et les paroles de Bernadette qui, de Lourdes à Nevers, balisent peu à peu un chemin de sainteté.

« Je ne dis à personne de me suivre », disait Bernadette au temps des Apparitions. Mgr Théas nous aide à la suivre dans sa montée vers Dieu par les simples chemins de la foi : nous ne le regretterons pas.

Abbé Michel de Roton Recteur du sanctuaire de Notre-Dame

de Lourdes

Page 9: Ce que croyait Bernadette
Page 10: Ce que croyait Bernadette

INTRODUCTION

Ce que croyait Bernadette, nous ne le trouvons pas dans un texte sorti de ses lèvres ou de sa plume. Sa foi n'est pas formulée mais vécue. Sa foi est la foi de l'Eglise, celle du foyer des Soubirous. Elle fut accrue, pour Berna- dette, par des grâces personnelles peu communes.

A l'époque des apparitions, que sait la voyante de Massabielle ? Le Notre Père, le Je vous salue, l'invocation O Marie conçue sans péché. Quant au Je crois, elle trébu- che, en le récitant.

Privée de catéchisme malgré elle, Bernadette n'est pas cultivée, mais — quelle compensation ! — elle est éclairée par l'Esprit-Saint. C'est sa grande richesse ; elle est à la fois pauvre et comblée.

Dans les nuits les plus obscures, son âme découvre tou- jours une clarté d'en haut qui éclaire sa route et qui nous aide, aujourd'hui, à cheminer à travers les humbles sentiers de la foi.

Ce modeste ouvrage ne donne pas le récit des appari- tions : il n'est pas un livre d'Histoire, mais il part de l'Histoire et voudrait lui être fidèle. Il n'est pas davantage une étude théologique sur la foi de Bernadette. Il voudrait seulement, en partant d'une parole de l'humble enfant, découvrir sa foi

Page 11: Ce que croyait Bernadette

profonde, inspiratrice de toute sa vie, et obtenir que la nôtre en soit éclairée et fortifiée.

Dans l'assemblée des croyants, la Vierge Marie occupa la première place. Les liens qui unissent Marie à Jésus sont bien plus ceux de la foi que ceux de la maternité. « En obéis- sant et en croyant, Marie s'est rendue plus proche de son Fils qu'en lui donnant la vie humaine 1 »

Qu'est-ce que croire ? Eclairée par l'Esprit-Saint, Ber- nadette répond : « Avoir la foi, c'est voir Dieu partout. » Dans cette formule, la simplicité atteint la sublimité. A une heure où l'incroyance se répand, à une heure où certains ne voient Dieu nulle part, il est très bienfaisant de se mettre à l'école de Bernadette.

Comme l'a écrit le P. Ravier, S. J. : « Bernadette est avant tout une âme qui vit de sa foi. Ex fide vivit. » En admirant la foi de la voyante de Lourdes, associons- nous à l'hymne de jubilation de Jésus : « Je te loue, ô Père, Maître du ciel et de la terre, d'avoir caché ces choses aux sages et aux prudents, tandis que tu les as révélées aux tout-petits » (Mt 11, 25).

1. BRAUN, La Mère des fidèles, Casterman, p. 61.

Page 12: Ce que croyait Bernadette

CHAPITRE I

En prononçant ces mots, Bernadette savait-elle qu'ils étaient en profonde harmonie avec l'Evangile ? En quelle cir- constance ont-ils été dits ?

A Bartrès, dans le troupeau qu'on lui a confié, Ber- nadette découvre un agneau dernier-né blanc et sans tache. Elle le regarde avec admiration et presque avec tendresse.

« Pourquoi l'aimes-tu plus que les autres ? lui demande- t-on.

— Parce que c'est le plus petit. J'aime tout ce qui est petit »

Par ces mots, Bernadette révèle qu'elle a les mêmes goûts que la Très Sainte Vierge. Marie, nous dit Vatican II, « oc- cupe la première place parmi les humbles et les pauvres du Seigneur qui, avec confiance, espèrent et reçoivent le salut de Dieu ». Oui, en tête de la foule des petits, nous trou- vons la Vierge Immaculée. Sa taille, à Massabielle, atteint à peine celle de Bernadette, peut-être même pas. Elle est toute petite et si jeune ! Et son regard ? « Le regard de Marie, écrit Bernanos, est le seul regard enfantin qui se soit levé sur notre honte et sur notre malheur. »

Est-il étonnant que pour préparer Bernadette à être sa

1. TROCHU, Sainte Bernadette Soubirous, Vitte, p. 61.

Page 13: Ce que croyait Bernadette

confidente et sa messagère, la Vierge Immaculée l'ait d'abord associée à son humilité ?

« Parce que j'étais toute petite, j'ai plu au Très-Haut. » La liturgie met ces paroles sur les lèvres de la Sainte Vierge.

Mais qu'est-ce que être petit ? Ce n'est pas une question d'âge ni de taille. Etre petit, selon l'Evangile, c'est être hum- ble. L'essentiel est que l'on soit pauvre de soi, sans recherche de soi, sans égoïsme !

Personne autant que la Sainte Vierge n'obtint de Dieu cette grâce de la petitesse. Certes, elle est le chef-d'œuvre de Dieu, la créature la plus comblée. Mais elle est en même temps la sainte la plus humble. Après avoir dit dans le Magni- ficat : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur », elle reconnaît que le Seigneur s'est pen- ché sur son humble servante. Dans toute son action de grâce, une parole est sous-entendue : après tout, je ne suis rien. Marie est comblée, mais c'est un néant comblé. « Parce que j'étais toute petite, j'ai plu au Très-Haut. »

Est-il question de choisir, à Lourdes, une messagère ? Notre-Dame choisira la jeune fille la plus humble : Bernadette. Celle-ci a reçu, à un degré rare, la grâce de l'enfance spiri- tuelle. Elle est pauvre d'argent, de santé et de culture. Elle est surtout pauvre de vanité, pauvre de soi. Dès lors, elle est apte à être comblée par Dieu, à recevoir, avec la grâce des dix-huit apparitions de la Vierge Immaculée, les lumières de l'Esprit-Saint. Elle est disposée à connaître les secrets de Dieu et à vivre dans son intimité.

Dans la lumière de la foi, seuls les petits sont grands. Bernadette est grande parce que très petite. Et, dans son humilité, elle aime tout ce qui est petit. Toute sa vie, elle aura une prédilection pour tout ce qui est petit : les enfants,

Page 14: Ce que croyait Bernadette

les malades, les pauvres, qui, à leur manière, sont des petits.

Durant son séjour à l'hospice de Lourdes, où elle était écolière des sœurs de Nevers, elle est, à l'occasion, chargée des petites filles pauvres de la classe gratuite. Déjà grande- lette, elle les surveille, elle leur apprend à appeler et à lire. Un jour qu'elles ont été particulièrement attentives et gen- tilles, Bernadette est profondément heureuse. Spontanément, sous la poussée de la joie qui remplit son âme, elle leur dit : « Vous avez été bien mignonnes aujourd'hui, je vais vous récompenser : nous allons dire ensemble un Je vous salue. » Ainsi fut fait. Son amour pour les tout-petits a inspiré cette initiative à Bernadette. Admirons, par surcroît, son sens péda- gogique, dans l'initiation à la prière. Celle-ci n'est pas une chose ennuyeuse, mais une joie ; elle n'est pas une pénitence, mais une récompense.

Bernadette nous interpelle au sujet de notre prière et de la formation religieuse à donner aux enfants. La voyante de Massabielle aime les petits enfants. Et elle en est aimée. Quand elle se rendra à Varennes, chez les petites orphelines, ce sera une explosion de joie. Les enfants sont comme fascinés par sœur Marie-Bernard. Le Supérieur du grand séminaire de Nevers décrit ainsi la scène dont il a été le témoin : « On a remarqué l'empressement que mettaient les enfants à venir à elle, la joie qu'ils éprouvaient à l'entourer, à provoquer et à recevoir ses caresses, leur peine à s'éloigner d'elle. On aurait dit que de sœur Marie-Bernard s'échappait comme une émanation de candeur, d'innocence, de pureté, qui attirait et retenait près d'elle ces petits enfants, eux aussi purs, simples et candides 1 »

1. GUYNOT, Sainte Bernadette, p. 149.

Page 15: Ce que croyait Bernadette

Est-il possible, est-il opportun de parler aujourd'hui des petits selon l'Evangile, de prêcher l'enfance spirituelle ? Il n'est question actuellement que de promotion. L'homme se glorifie des découvertes scientifiques, des progrès techniques, des conquêtes de l'espace.

Vatican II admire que grandisse aujourd'hui la cons- cience de l'éminente dignité de la personne humaine, supé- rieure à toutes choses (G. S., n° 26). C'est vrai. Mais cette grandeur de l'homme est un don de Dieu et elle proclame la dépendance de l'homme devant son Créateur. Tout ce qu'il a, tout ce qu'il est, l'homme le doit à son Créateur. Qu'est-il par lui-même ?

L'homme de la fin du XX siècle a besoin d'entendre lui aussi cette parole du Christ : « Si vous ne redevenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le Royaume des Cieux » (Mt 18, 3).

Mais comprenons bien l'Evangile. Il rejette l'infantilisme et demande que chacun développe au maximum sa person- nalité. C'est ce que fait Bernadette. Après sa comparution devant les autorités policières de Lourdes, Bernadette aurait pu dire les mots qu'écrira plus tard sa sœur cadette de Lisieux : « Jésus me rendit forte et courageuse et me revêtit de ses armes. » Paul VI, annonçant le centenaire de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, nous rappelle que « l'esprit d'enfance est aux antipodes de la puérilité, de la passivité, de la tristesse ».

C'est un devoir pour chacun de développer sa person- nalité, de devenir adulte, comme on dit maintenant. Mais cette étape étant franchie, il faut, avec la grâce de Dieu et l'effort personnel, redevenir enfant. Cela veut dire réaliser son impuissance et sa dépendance, et être rempli d'une confiance sans borne.

« Cette voie d'enfance, disait Pie XI, n'a d'enfantin

Page 16: Ce que croyait Bernadette

que le nom ; elle est inséparable d'une réelle force d'âme. Pensons au courage qui a animé Bernadette de Lourdes et Thérèse de Lisieux.

Parmi les avantages accordés aux tout-petits, deux méri- tent d'être signalés : l'esprit d'enfance dispose l'âme à ac- cueillir et à transmettre le don de la foi. Dieu refuse sa lumière à la suffisance et à l'orgueil ; il la donne à l'humilité des âmes simples.

A notre époque d'oecuménisme, signalons enfin que c'est dans un climat d'enfance spirituelle, c'est-à-dire d'humilité, de simplicité et d'abandon que pourra se faire l'union entre chrétiens de différentes confessions.

J'aime tout ce qui est petit, disait Bernadette. La foi nous invite à parier et surtout à penser de même.

Page 17: Ce que croyait Bernadette

CHAPITRE 11

Avant d'être la voyante, la confidente et la messagère de l'Immaculée, Bernadette reçoit la grâce d'une foi profonde et d'une sainteté authentique. Ecoutons ces paroles de la bergère de Bartrès : « Je pensais que le Bon Dieu le vou- lait. Quand on pense : le Bon Dieu le permet, on ne se plaint pas. » Cette réflexion n'exprime pas une réaction de la nature, mais uniquement celle d'une âme éclairée par la foi, d'une âme habitée et conduite par l'Esprit-Saint. Nous sommes à Bartrès. En septembre 1857, Marie Laguës, son ancienne nourrice, prend chez elle Bernadette comme bonne à tout faire : elle aidera au ménage, à la garde des brebis. Si elle en a le temps, elle ira à l'école et au catéchisme. En fait, le travail qu'on demande à la petite Soubirous est exces- sif et la nourriture insuffisante ; au cachot, elle mangeait un peu de pain ; ici, on ne lui donne que de la pâte de maïs, le pain étant réservé aux maîtres. Quant à l'école et au caté- chisme, il n'est pas question de les fréquenter, malgré les promesses ; le travail de la ferme passe avant tout et il n'est jamais fini.

Quel est le comportement de Marie Laguës ? « C'est une femme rude, dont l'affectivité rentrée se manifeste le plus souvent en duretés et brusqueries, surtout envers Berna- dette... La nourrice a pour sa bergère des duretés agressives,

Page 18: Ce que croyait Bernadette

dont elle ne se rend pas compte, car " elle l'aime bien " > Quand l'abbé Aravant, frère de Marie Laguës, passe à Bar- très, il se rend compte que Bernadette est, de la part de sa sœur, « injustement abreuvée de reproches ». Pendant quelque temps, Marie Laguës se surveille, mais, très vite, sa nature reprend le dessus.

La souffrance qui étreint l'âme de Bernadette est vrai- ment imméritée. Quelle est sa réaction ? Pensons à celle que nous aurions si nous étions dans une situation sem- blable. Imaginons la réaction de religieux et de religieuses, en quête de perfection authentique. Que diraient les moines ou les moniales les plus austères ? Que diraient les spécia- listes de la pauvreté, du dépouillement, de la pénitence ?

Que fait Bernadette ? Ce que faisait le Christ quand, dans sa passion, il était victime de l'injustice : il gardait le silence. Le même Esprit qui a conduit le Christ anime Bernadette.

« Puisque tu n'étais pas bien, pourquoi ne le disais-tu pas à ton père ?

— Oh ! non, je pensais que le Bon Dieu le voulait. Quand on pense : le Bon Dieu le permet, on ne se plaint pas »

Cette réaction, qui est l'œuvre du Saint-Esprit, est habi- tuelle dans l'âme de Bernadette. « Partout, dira Jean Védère, elle voyait l'ordre ou la permission de Dieu. »

Marie Laguës, la nourrice d'hier et sa maîtresse d'au- jourd'hui, admire Bernadette tout en la faisant souffrir :

« Jamais, elle ne se plaignait de rien ; toujours docile ; aucune mauvaise réponse. Elle n'a jamais dit qu'elle ait eu à souffrir de la part de quelqu'un... elle n'a jamais divulgué 1. LAURENTIN, Lourdes, Histoire authentique, II, p. 57. 2. LAURENTIN, Bernadette nous parle, 1, p. 17.

Page 19: Ce que croyait Bernadette

un défaut de ses compagnes... Même enfant, elle ne s'est jamais plainte de la nourriture qu'on lui présentait 1 »

Tels sont les faits. Recueillons-nous. Comment expliquer que Bernadette, à la sensibilité si vive, ait réagi, devant l'épreuve, avec une telle patience, avec tant de noblesse, de grandeur et de sainteté ? L'explication est dans la foi de Bernadette, une foi qui voit Dieu partout. « Quand on pense : le Bon Dieu le permet, on ne se plaint pas. >

Qui a fait l'éducation de sa foi ? Qui lui a appris à voir Dieu partout ? L'évêque de Genève avait écrit dans son Traité de l'Amour de Dieu : « On dit qu'en Béotie il y a un fleuve dans lequel les poissons paraissent tout d'or ; mais ôtez-les de ces eaux qui sont le lieu de leur origine, ils ont la couleur natu- relle des autres poissons. Les afflictions sont comme cela. Si nous les regardons hors de la volonté de Dieu, elles ont leur amertume naturelle ; mais pour qui les considère en ce bon plaisir éternel, elles sont toutes d'or, aimables et précieuses, plus qu'il ne peut se dire 2 »

Bernadette n'a pas lu saint François de Sales. Mais cette fille sans culture est éclairée par l'Esprit-Saint. C'est l'Esprit- Saint qui sans cesse infuse la lumière de la foi dans l'âme de Bernadette et lui montre Dieu partout.

Bernadette n'a pas lu saint Jean de la Croix, mais elle en pratique les maximes, celle-ci en particulier : « Il est impossible à l'âme de faire des progrès, si elle n'agit et ne souffre en silence. » Ce que Bernadette a fait, déjà à Bartrès, et donc avant les apparitions, souffrir en silence, le faisons-nous, et qui donc le fait même après de longues

1. LAURENTIN, Lourdes, Histoire authentique, II, p. 59. 2. Livre IX, ch. 4.

Page 20: Ce que croyait Bernadette

années de vie chrétienne et de longues marches vers la per- fection ?

Comment ne pas admirer dans l'âme de Bernadette l'action de la grâce ? Celle-ci n'est pas intermittente. Jusqu'à la fin de sa vie, la foi de Bernadette sait voir Dieu par- tout. En juin 1858, lorsque le commissaire, pour empêcher l'accès à la grotte, a dressé des barricades, elle n 'a pas prêché la guerre sainte. Elle a dit : « Il ne faut pas s'arrêter aux hommes. Le Bon Dieu le permet. » Toujours l'expres- sion de la même foi. A travers les hommes et les événements,

Bernadette découvre Dieu. C'est le secret de sa paix inal- térable.

La disposition constante de Bernadette est l'adhésion à la volonté de Dieu. Elle aimerait remplir un emploi, celui de former les enfants. « Mais, dit-elle, puisqu'on ne peut me le confier, je préfère encore la volonté du Bon Dieu. »

Quand elle souffre beaucoup, quand ses crises sont nom- breuses et aiguës, « il n'y a pas moyen de ne pas l'accepter, dit-elle, puisque cela vient du Bon Dieu ». On n'en finirait pas de donner des citations semblables.

Ce sens profond de Dieu et cet amour de la volonté divine, Bernadette les a reçus du Saint-Esprit, bien avant les apparitions de Massabielle. Sa sainteté n 'a pas consisté à voir la Vierge Immaculée, mais à accomplir sans cesse la volonté du Père.

Avec une profonde et constante humilité, Bernadette est la parfaite illustration de cette maxime de saint Jean de la Croix : « Pour s'éprendre de l'âme, Dieu ne porte pas les yeux sur sa grandeur, mais sur la grandeur de son humilité. »

Nous ne connaîtrons pas identiquement les épreuves de Bernadette. Mais nous aurons à souffrir des événements, des personnes, et peut-être des gens de bien. Nous rencontrerons

Page 21: Ce que croyait Bernadette

l'injustice, le mépris, l 'incompréhension, l'ingratitude. Il y a, il y aura des heures pénibles, déchirantes peut-être et cruci- fiantes. Que la foi de Bernadette nous aide à voir Dieu partout. « Quand on pense : Dieu le permet, on ne se plaint pas. > Si elle les avait connus, Bernadette aurait souscrit à ces mots de Péguy : « Les événements, dit Dieu, c'est moi qui vous caresse ou qui vous rabote ; c'est moi qui vous aime... c'est moi, n'ayez pas peur. »

Par-dessus tout, Bernadette réalise, à longueur de vie, cette parole du Christ : « M a nourriture est de faire la volonté de mon Père. >

La vraie grandeur de Notre-Dame n'est pas dans sa maternité divine, mais dans sa foi. La sainteté de Bernadette n'est pas d'avoir vu la Vierge Immaculée mais dit et mis en pratique, déjà à Bartrès et donc avant les apparitions, ces quelques mots : « Quand on pense : le Bon Dieu le permet, on ne se plaint pas. »

Page 22: Ce que croyait Bernadette

Qui est Bernadette Soubirous ? « Je suis comme tout le monde » dira-t-elle souvent. Pourtant, peu instruite, celle qui ne connaissait que quelques bribes de prière a été touchée par la grâce, recevant la plus grande des richesses, cette foi profonde qui a nourri sa vie. La voyante de Massabielle, cette « âme qui vit sa foi » sera précisément un être hors du com- mun parce qu'exemplaire à plus d'un titre. Cette foi vivante qui anime Bernadette, Pierre-Marie Théas s'attache à nous la présenter dans sa vérité, dans sa sincérité et sa force.

Né dans les Pyrénées-Atlantiques en 1894, Pierre-Marie Théas devient évêque de Montauban en 1940. Son courage face aux Allemands durant l'Occupation lui vaut d'être interné dans le camp de concen- tration de Compiègne. Après avoir été responsable du diocèse de Tarbes et Lourdes, il est nommé évêque du Centenaire des Apparitions. Ainsi lui doit-on la restitution de la Grotte dans son état primitif, la basilique souterraine et de nombreuses améliorations des structures d'accueil des pèlerins à Lourdes. Avec Ce que croyait Bernadette il nous laisse sur l'histoire de ce lieu de pèlerinage une contribution de grande valeur. Pierre-Marie Théas est mort le 3 avril 1977.

Page 23: Ce que croyait Bernadette

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections

de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒

dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.