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CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR SUR L’ÉCONOMIE

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CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOISDEVRAIENT SAVOIR SUR L’ÉCONOMIE

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Des mêmes auteurs

Economics: Private and Public Choice, Forth Worth,Dryden Press, 6th Edition, 1992

[ISBN 0-15-518921-2]

Introduction to Economics: The Wealth and Povertyof Nations, Forth North, Dryden Press, 1993

[ISBN 0-03-098291-X]

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JAMES D. GWARTNEY • RICHARD L. STROUP

CE QUE TOUS LES

QUÉBÉCOIS DEVRAIENT

SAVOIR SUR L’ÉCONOMIE

suivi de

La Vitre casséede Frédéric Bastiat

et de

Les Immigrants volentles emplois des Canadiens

de Patrick Luciani

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Institut économique de Montréal

6418, rue Saint-HubertMontréal (Québec)H2S 2M2 Canada

Téléphone: (514) 273-0969Télécopieur: (514) 273-0967

Courriel: [email protected] Web: www.iedm.org

Données de catalogage avant publication (Canada)

Gwartney, James D

Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi deLa vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants volent les

emplois des Canadiens de Patrick Luciani

Traduction de: What everyone should know about economics andprosperity. Publ. antérieurement sous le titre: Ce que tout le monde

devrait savoir sur l’économique et la prospérité.

ISBN 2-922687-05-8

1. Économie politique. I. Stroup, Richard. II. Institut économique deMontréal. III. Bastiat, Frédéric, 1801-1850 Vitre cassée. IV. Luciani,Patrick, Immigrants volent les emplois des Canadiens. V. Gwartney,James D., Ce que tout le monde devrait savoir sur l’économique et la

prospérité. VI. Titre.

HB171.G9314 2000 330 C00-941666-8

Coordination de la production: Varia ConseilCouverture, maquette et mise en page: Guy Verville

© 2000 Institut économique de Montréal

ISBN 2-922687-05-8

Dépôt légal: 4e trimestre 2000Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Imprimé au Canada

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Introduction

Pourquoi devriez-vous lire ce livre?*

NOUS RÉALISONS QUE VOTRE TEMPS EST PRÉ-

cieux. La plupart d’entre vous n’avez pas l’in-tention de passer beaucoup de temps à ap-

prendre des termes nouveaux, à mémoriser desformules, et vous craignez de vous perdre dans des dé-tails qui ne concernent que les économistes profession-nels. Ce que vous voulez, ce sont des aperçus del’économique qui comptent réellement — ceux qui vouspermettront de faire de meilleurs choix personnels etaugmenteront votre compréhension de ce mondecomplexe dans lequel nous vivons. Et vous voulez queces aperçus soient présentés de façon claire et précise,avec le moins de jargon économique possible. Ce petitlivre tente d’atteindre ces deux objectifs. Nous pensonsque vous pourrez profiter de ce livre, quelles que soientvos connaissances actuelles de l’économique. Si vousêtes débutant, ce livre vous introduira à quelques princi-pes économiques qui, en grande partie, ne reflètent quele bon sens. Toutefois, ces concepts sont des outils puis-sants. À l’occasion de prises de décisions, ils vous aide-ront à ordonner vos idées de façon logique et à percevoirles questions principales plus clairement. Ils augmente-

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* Cet ouvrage a été adapté pour les lecteurs canadiens par MichaelA. Walker. La traduction de l’anglais au français est due àChristine Brooks. L’Institut économique de Montréal a revul’ensemble de l’œuvre pour l’adapter au marché québécois.

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ront votre capacité de faire le tri entre de solides argu-ments et des sophismes économiques.

Si vous êtes étudiant en économie ou en com-merce, ce livre vous sera utile afin de vous faire une idéed’ensemble de l’économie. Après trente ans d’enseigne-ment au niveau universitaire, les auteurs sont tristementconscients de deux choses: 1) que les étudiants man-quent souvent les points importants car ils se perdentdans les graphiques, les formules et les détails mathéma-tiques; et 2) qu’ils ne retiennent pas beaucoup de cequ’on leur enseigne dans les cours d’économie à l’univer-sité. L’information comprise dans ce livre pose le défiaux étudiants universitaires de réfléchir plus sérieuse-ment sur les implications réellement importantes dessciences économiques — connaissances qui feront unedifférence longtemps après que leur examen final en éco-nomie ne sera plus qu’un vague souvenir.

Finalement, même si vous êtes homme d’affairesou décideur politique, nous croyons que vous trouverezce livre instructif. Malgré l’expérience que vous avezdans votre domaine de spécialisation, il se peut que vousne soyez pas conscient de la façon dont toutes les piècesdu casse-tête économique s’agencent. Il en est souventainsi pour les gens qui travaillent dans le domaine desaffaires et pour le gouvernement. Ils connaissent leurtravail, mais n’ont pas réfléchi sérieusement aux impactsdes réglementations et des politiques gouvernementalessur le bien-être économique des individus et des na-tions.

Des études ont démontré que nous sommes une na-tion d’illettrés dans le domaine de l’économie. Dans uncontexte démocratique, les conséquences d’un manque

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de formation économique peuvent être désastreuses.Les gens qui ne comprennent pas les sources de la prospé-rité économique sont susceptibles de choisir des projetsqui empêchent la réalisation de cette prospérité. Une na-tion d’illettrés économiques n’a pas beaucoup de chancede rester prospère longtemps. Les principes de base abor-dés dans ce livre vous aideront à mieux comprendrepourquoi certaines sortes d’arrangements économiquesfonctionnent et pourquoi certaines nations prospèrentalors que d’autres stagnent ou même régressent. En boutde ligne, vous serez capable de mieux choisir entre lesoptions qui vous sont offertes, et deviendrez un meilleurcitoyen.

Introduction

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Première partie

Dix éléments clés de l’économique

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Les incitations comptent.

TOUTE THÉORIE ÉCONOMIQUE EST BASÉE SUR LE

postulat que les motivations et leurs change-ments influencent le comportement humain de

façon prévisible. Les bénéfices et coûts personnels in-fluencent nos choix. S’il y a une augmentation des béné-fices associés à une option, les gens auront davantagetendance à la choisir. Par contre, s’il y a une augmenta-tion des coûts personnels associés à une option, les gensseront moins portés à la choisir.

Ce postulat économique de base est un outil puis-sant, car il s’applique à presque tout. Les motivationsont un effet sur le comportement dans presque tous lesdomaines de nos vies, ce qui inclut les activités de mar-ché, les prises de décision des ménages et les choix poli-tiques.

Dans un marché, ce postulat de base indique queles consommateurs achèteront moins d’un bien à lasuite d’une augmentation du prix de ce bien; les produc-teurs par contre offriront plus de ce bien puisqu’une aug-mentation du prix du bien rend sa production plusrentable. Les consommateurs aussi bien que les produc-teurs répondent aux incitations. Les prix du marché har-monisent leurs actions. Si la quantité que veulent seprocurer les acheteurs excède la quantité que les ven-deurs sont prêts à offrir, le prix augmentera. La haussedu prix découragera la consommation et encouragera la

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production de ce bien ou de ce service, équilibrant laquantité demandée avec la quantité offerte. D’autrepart, si les consommateurs ne sont pas prêts à acheter laproduction courante d’un bien, les inventaires s’accumu-leront et il y aura une pression à la baisse sur les prix. Unprix moins élevé encouragera la consommation et retar-dera la production jusqu’à ce que la quantité demandéepar les consommateurs soit à nouveau en équilibre avecla production du bien. Les marchés fonctionnent parceque les acheteurs comme les vendeurs modifient leurscomportements en fonction des changements de cesignal qu’est le prix.

Évidemment, ce processus ne fonctionne pasinstantanément. Il faut du temps pour que les acheteursrépondent complètement à un changement de prix. Demême, il faut du temps pour que les producteurs cons-truisent une usine additionnelle en fonction de la haussedu prix ou réduisent leur niveau de production lorsquele prix baisse. Néanmoins, les implications sont claires:les prix courants vont coordonner les actions des ache-teurs aussi bien que celles des vendeurs et les harmonise-ront.

La réaction des acheteurs et des vendeurs à lahausse des prix du pétrole dans les années 1970 illustrel’importance des incitations. À mesure que le prix de l’es-sence augmentait, les consommateurs éliminaient leursvoyages les moins importants et faisaient plus de covoitu-rage. Graduellement, ils ont opté pour des automobilesplus petites et plus efficaces afin de réduire encore leurconsommation d’essence. En même temps, les produc-teurs de pétrole se sont mis à augmenter leur forage, àutiliser une technique d’inondation à l’eau afin de récu-

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pérer autant de pétrole que possible des puits existants,et ont intensifié leurs recherches pour découvrir de nou-veaux gisements pétrolifères. Dès le début des années1980, cette combinaison de facteurs entraîna une pres-sion à la baisse sur le prix du mazout.

Les incitations influencent aussi les choix poli-tiques. La personne qui fait ses emplettes dans un super-marché est la même personne qui magasine desalternatives politiques. Habituellement, il y a plus dechance que les électeurs choisissent de soutenir des can-didats dont les politiques leur offriront des bénéfices per-sonnels. Par contre, ils auront tendance à ne passoutenir les options politiques entraînant des coûts per-sonnels relativement élevés par rapport aux bénéficesqui pourraient en découler.

Le postulat de base en économie — que les incita-tions comptent — tient aussi bien sous un régime socia-liste que capitaliste. Par exemple, dans l’ex-Unionsoviétique, il fut un temps où les directeurs et les em-ployés d’une usine de verre étaient tous récompensésselon le nombre de tonnes de verre produit. Il n’est passurprenant que la plupart des usines produisirent duverre si épais qu’on pouvait à peine voir au travers. Lesrègles furent changées de sorte que les directeurs furentrécompensés selon le nombre de mètres carrés de verreproduit. Les résultats étaient aussi prévisibles. Sous lesnouveaux règlements, les firmes soviétiques produi-sirent du verre si mince qu’il se cassait facilement. Leschangements dans les incitations influencent les actionsquel que soit le type d’organisation économique.

Certains critiques ont reproché à l’analyse écono-mique de n’expliquer que les actions de gens qui sont

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Les incitations comptent

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des égoïstes et d’ambitieux matérialistes. Cette opinionest fausse. Les gens agissent pour une variété de raisons,certaines égoïstes, et certaines humanitaires. Le postulatéconomique de base s’applique à l’altruiste comme àl’égoïste. Pour l’un comme pour l’autre les choix serontinfluencés par les changements de coûts et de bénéficespersonnels. Par exemple, qu’on soit altruiste ou égoïste,il y a plus de chances qu’on tente de sauver un petit en-fant d’une piscine de trois pieds de profondeur que descourants rapides des eaux menant aux chutes du Niaga-ra. De même, il y a plus de chances qu’on fera don de seshabits usagés plutôt que de ses meilleurs habits. Les inci-tations influencent les choix dans les deux cas.

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On n’a jamais rien pour rien!

LA RARETÉ NOUS IMPOSE DES CONTRAINTES. La réa-lité de la vie sur notre planète fait que les ressour-ces productives sont limitées, alors que les désirs

humains pour les biens et les services sont quasiment illi-mités. Puisque nous sommes incapables de comblertous nos désirs comme nous l’aimerions, nous sommesobligés de choisir parmi des alternatives.

Lorsque nous utilisons des ressources pour pro-duire un bien A, comme par exemple un centre d’achat,nous détournons des ressources de la productiond’autres biens désirés. Le coût du centre d’achat est lacombinaison alternative la plus valorisée de biens quiaurait pu être produite et consommée, mais qui doit êtresacrifiée maintenant car les ressources requises ont étéutilisées pour la production d’un centre d’achat. L’utili-sation des ressources pour produire une chose réduitleur disponibilité afin de produire d’autres choses.Donc, l’utilisation de ressources rares entraîne toujoursun coût: on n’a jamais rien pour rien.

Les coûts jouent un rôle essentiel: ils nous aident àéquilibrer notre désir d’obtenir plus d’un bien donnécontre notre désir d’avoir plus d’autres biens qui pour-raient être produits à la place. Si nous ne considéronspas ces coûts, nous finirons par mal utiliser les ressour-ces rares en produisant des biens auxquels nous n’accor-

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dons pas autant de valeur qu’à d’autres biens que nousaurions pu produire.

Dans une économie de marché, la demande duconsommateur et les coûts du producteur remplissentcette fonction d’équilibrer les choses. Au fond, la de-mande d’un produit est la voix des consommateurs char-geant les entreprises de produire un bien. Cependant,afin de produire un bien, les ressources sont détournéesde leurs usages alternatifs, principalement la productiond’autres biens, par l’offre la plus forte. Les producteurssubissent des coûts lorsqu’ils font la surenchère pour ob-tenir les ressources et les détournent de productions al-ternatives. Ces coûts de production représentent la voixdes consommateurs exprimant que d’autres biens quipourraient être produits avec ces ressources sont eux aus-si désirés. Les producteurs sont fortement encouragés àoffrir les biens qui peuvent être vendus pour un mon-tant égal ou supérieur à leurs coûts de production. Ceciest une autre façon de dire que les producteurs auronttendance à offrir les biens qui, par rapport aux coûts deproduction, sont les plus valorisés par les consomma-teurs.

Bien sûr, un bien peut être fourni gratuitement àun individu ou à un groupe si les autres acceptent depayer la facture. Mais ceci ne fait que transférer lescoûts; ça ne les annule pas. Les politiciens parlent sou-vent d’une «éducation gratuite», des «coûts de soins desanté gratuits» ou de «logement gratuit». Cette termino-logie est trompeuse. Aucune de ces choses n’est gratuite.Il faut utiliser des ressources rares dans la production dechacune. Par exemple, des édifices, de la main-d’œuvre,et d’autres ressources utilisées dans la production de

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l’éducation auraient pu être utilisés dans la productionde plus de nourriture, de divertissements ou d’autresbiens. Le coût de l’éducation est la valeur des biens qu’ilnous faut sacrifier parce que les ressources requises pourleur production ont été utilisées pour produire de l’édu-cation. Les gouvernements sont parfois capables detransférer certains coûts, mais ils ne sont pas capables deles éviter. Le concept suivant lequel «les ressources raresont un coût» s’applique toujours.

Évidemment avec le temps, il se peut que nous dé-couvrions de meilleures façons de faire les choses et quenous améliorions nos connaissances sur les moyens detransformer nos ressources rares en des biens et des ser-vices désirés. Assurément, cela a été le cas jusqu’ici.Durant les 250 dernières années, nous avons été capablesd’atténuer les contraintes de la rareté et d’améliorernotre qualité de vie. Cependant, ceci ne change pas le faitfondamental que nous continuons à faire face à la réalitéde la rareté. L’utilisation de plus de main-d’œuvre, demachines et de ressources naturelles pour produire unbien nous force à sacrifier d’autres biens qui autrementauraient pu être produits.

On n’a jamais rien pour rien!

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L’échange volontaire encouragele progrès économique.

LES GAINS RÉCIPROQUES SONT À LA BASE DE

l’échange. Les partenaires consentent à unéchange, car ils anticipent que cela améliorera leur

niveau de bien-être. La motivation pour tout échangesur le marché se résume dans la phrase suivante: «Sivous faites quelque chose de bon pour moi, je feraiquelque chose de bon pour vous». L’échange est produc-tif; il permet à chacun des associés commerciaux d’obte-nir plus de ce qu’il veut.

Il y a trois raisons principales pour lesquellesl’échange est productif, c’est-à-dire qu’il accroît la ri-chesse des gens. Premièrement, l’échange canalise lesbiens et les services vers ceux qui leur accordent le plusde valeur. Ce n’est pas le fait qu’il existe qui assure de lavaleur à un bien ou à un service. Les choses matériellesne deviennent richesse que lorsqu’elles sont entre lesmains de quelqu’un qui leur accorde une valeur, une im-portance. Les préférences, les connaissances et les objec-tifs des gens varient énormément. Ainsi, un bien qui n’apratiquement aucune valeur pour l’un peut être fort pré-cieux pour un autre. Par exemple, un livre hautementtechnique sur l’électronique, qui n’aurait aucune valeurpour un amateur d’art, peut valoir plusieurs centainesde dollars pour un ingénieur. Pareillement, une pein-

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ture qui reste inappréciée par un ingénieur pourrait re-présenter un objet de grande valeur pour un amateurd’art. Par conséquent, un échange volontaire qui remetle livre sur l’électronique à l’ingénieur et la peinture àl’amateur d’art augmentera la valeur des deux biens. Si-multanément, l’échange augmentera la richesse desdeux associés commerciaux et de la nation, car il trans-fert les biens de gens qui leur accordent moins de valeuraux gens qui leur accordent plus de valeur.

Deuxièmement, l’échange permet aux associéscommerciaux d’augmenter leurs profits en se spéciali-sant dans la production de choses qu’ils produisent lemieux. La spécialisation nous permet d’augmenter laproduction totale. Un groupe d’individus, de régions,ou de nations sera capable de réaliser une plus grandeproduction si chacun se spécialise dans la production debiens et de services qu’il est capable de fournir à un coûtrelativement bas, et utilise ses recettes pour acheter lesbiens désirés qu’il ne saurait produire pour lui-mêmequ’à un coût élevé. Les économistes appellent ce prin-cipe la loi de l’avantage comparatif.

De bien des façons, les gains qui découlent del’échange et de la spécialisation respectent le bon sens.Les exemples de ce phénomène sont nombreux.L’échange permet au menuisier professionnel de se spé-cialiser dans la production de charpentes tout en utili-sant son revenu de la vente des maisons pour acheter dela nourriture, des habits, des automobiles, et mille et uneautres choses qu’un menuisier n’est pas à même de pro-duire. De la même façon, l’échange permet au fermier ca-nadien de se spécialiser dans la production de blé etd’utiliser le revenu de la vente de ce blé afin d’acheter du

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café brésilien, une denrée que les Canadiens ne pour-raient produire qu’à un coût très élevé. Simultanément,il est moins coûteux pour les Brésiliens de consacrerleurs ressources à la culture du café et d’échanger les reve-nus qui en découlent contre du blé canadien. La produc-tion totale est ainsi plus grande: les deux associéscommerciaux réalisent des gains.

Troisièmement, l’échange volontaire nous permetde réaliser des gains provenant d’un effort coopératif,d’une spécialisation de la main-d’œuvre, et de l’adoptionde méthodes de production à grande échelle. Sanséchange l’activité productive serait limitée au ménage in-dividuel. L’autosuffisance et la production à petite échelleseraient de règle. L’échange nous permet d’obtenir unbien plus grand marché pour notre production, et doncnous permet de diviser le processus de production en unesérie d’opérations spécifiques propices aux productions àgrande échelle — initiative qui peut mener à d’énormesaugmentations dans la production par travailleur.

Adam Smith, le «père fondateur de l’économie»,souligna, il y a plus de 200 ans, l’importance des gainsprovenant de la spécialisation de la main-d’œuvre.Observant le fonctionnement d’un manufacturierd’épingles, Smith nota que la production d’épingles étaitdivisée en «à peu près 18 opérations distinctes», chacuneeffectuée par des travailleurs différents. Lorsque les tra-vailleurs se spécialisaient chacun dans une tâche spéci-fique de la production, ils étaient capables de produire4 800 épingles par travailleur par jour. Sans spécialisa-tion et division de la main-d’œuvre, Smith croyait im-probable qu’un travailleur eut pu produire ne fût-ce quevingt épingles par jour.

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L’échange volontaire encouragele progrès économique

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La spécialisation permet aux individus de profiterde la diversité de leurs habiletés et compétences. Cela per-met aussi aux employeurs d’assigner des tâches aux tra-vailleurs qui sont le mieux capables de les accomplir.Plus important encore, la spécialisation de la main-d’œuvre nous permet d’adopter des techniques de pro-duction complexes et à grande échelle, chose impen-sable pour un ménage individuel. Toutefois, sanséchange, ces gains seraient perdus.

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Les coûts de transaction présententun obstacle à l’échange; la réductionde cet obstacle aidera à promouvoir

le progrès économique.

L’ÉCHANGE VOLONTAIRE EST PRODUCTIF PARCE

qu’il promeut la coopération sociale et nous aide àobtenir plus de ce que nous désirons. Cependant,

l’échange est aussi coûteux. Le temps, l’effort, et toutesles autres ressources nécessaires pour rechercher, négo-cier et conclure un échange s’appellent des coûts de tran-saction. Les coûts de transaction forment un obstacle àla création de la richesse. Ils limitent aussi bien notre ca-pacité productive que la réalisation de gains à partird’échanges mutuellement avantageux.

Les coûts de transaction sont parfois élevés à caused’obstacles physiques, tels que des océans, des rivières,des marais, et des montagnes. Dans ces cas-là, l’investis-sement dans la création de routes et l’amélioration des ré-seaux de transport et de communication peuvent lesréduire. Dans d’autres cas, les coûts de transaction peu-vent être élevés à cause d’obstacles créés par l’hommetels que les taxes, les exigences de permis, les règlementsgouvernementaux, les contrôles de prix, les tarifs et lescontingentements. Mais, que les obstacles soient natu-rels ou créés par l’homme, des coûts de transaction éle-vés réduisent les gains potentiels de l’échange.Inversement, une réduction des coûts de transaction

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augmente les gains dus au commerce et, ainsi, encou-rage le progrès économique.

Les personnes qui donnent de l’information etoffrent des services qui aident les associés commerciauxà arranger l’échange et faire de meilleurs choix ré-pondent à un besoin important. Parmi ces spécialistesou intermédiaires, on compte les agents immobiliers, lescourtiers en devises, les concessionnaires d’automo-biles, les diffuseurs de petites annonces et une grandevariété de marchands.

Souvent, les gens pensent que les intermédiaires nesont pas nécessaires, qu’ils ne font qu’augmenter le prixdes biens sans offrir de service ni à l’acheteur ni au ven-deur. Une fois que l’on reconnaît que les coûts de tran-saction sont un obstacle à l’échange des biens et desservices, il est facile de voir le faux raisonnement der-rière ce point de vue. Prenons l’épicier qui, au fond,offre des services d’intermédiaire, qui rendent moinscher et plus facile les relations entre les producteurs et lesconsommateurs de produits alimentaires. Pensez autemps et à l’effort que cela prendrait pour préparer nefût-ce qu’un seul repas si les acheteurs devaient passerdirectement par le fermier pour acheter des légumes;par le producteur d’agrumes pour acheter des fruits; parla laiterie s’ils voulaient du beurre, du lait, ou du fro-mage; et par un éleveur de bœufs ou un pêcheur s’ilsvoulaient servir du bœuf ou du poisson. Les épiciers fontces contacts au nom des consommateurs, transportentet vendent la marchandise à un lieu propice au magasi-nage, et maintiennent un inventaire sûr. Les services desépiciers et des autres intermédiaires réduisent les coûtsde transaction et font en sorte qu’il est plus facile pour

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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les acheteurs potentiels et les vendeurs de réaliser desgains dus au commerce. Ces services augmentent le vo-lume des échanges commerciaux et ainsi encouragent leprogrès économique.

Les coûts de transaction

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Les augmentations de revenu réeldépendent des augmentations réelles

de la production.

UN PLUS GRAND REVENU ET UN NIVEAU DE VIE

plus élevé dépendent d’une plus grande produc-tivité et d’une plus grande production. Il existe

une relation directe entre le revenu par habitant d’unpays et la production par habitant. La production et le re-venu sont en réalité deux façons de voir la même chose.La production est la valeur des biens et services produits,mesurée par les prix payés par les acheteurs. Le revenuest ce qui est payé aux gens (ce qui inclut le revenu rési-duel de l’entrepreneur) qui offrent les ressources (fac-teurs de production) générant la production. Cela aussidoit être égal au prix de vente des biens.

Prenons l’exemple suivant: supposons qu’une com-pagnie de construction embauche des travailleurs etachète d’autres ressources (facteurs de production)telles que du bois, des clous et des briques, afin de pro-duire l’extrant, dans ce cas-ci, une maison. Quand la mai-son est vendue à un acheteur, le prix de vente est unemesure de l’extrant. De même, la somme des paiementsque touchent les travailleurs, les fournisseurs des autresfacteurs de production, ainsi que le revenu résiduel réali-sé par la compagnie de construction (montant qui peutêtre positif ou négatif) est une mesure du revenu. Tousdeux, la production et le revenu, égalent le prix de vente

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du bien, ce qui représente la valeur de ce qui a été pro-duit.

Une fois que l’on reconnaît le lien qui existe entre laproduction et le revenu, la source réelle du progrès éco-nomique devient claire. Nous améliorons notre niveaude vie (revenu) en déterminant comment produire plusd’extrants (de choses qui contiennent de la valeur pourles gens). Le progrès économique dépend, par exemple,de notre capacité, de notre habileté à construire ou à fa-briquer une maison, un ordinateur ou une caméra demeilleure qualité avec la même quantité ou moins demain-d’œuvre et d’autres ressources. Sans augmenter laproduction réelle, c’est-à-dire la production ajustéepour l’inflation, il n’est pas possible d’augmenter le reve-nu et d’améliorer notre niveau de vie.

Des comparaisons historiques illustrent cette règle.En moyenne, les travailleurs en Amérique du Nord, enEurope et au Japon produisent à peu près cinq fois plusd’extrants par habitant que leurs ancêtres le faisaient il ya 50 ans. De même, leur revenu par tête ajusté pour l’in-flation — ce que les économistes appellent le revenu réel— est approximativement cinq fois plus élevé.

La production par travailleur explique aussi les dif-férences de revenu entre travailleurs de différents pays.Par exemple, le travailleur moyen aux États-Unis estmieux éduqué, travaille avec des machines plus produc-tives, et bénéficie d’une organisation économique plusefficace que le travailleur moyen en Inde ou en Chine.C’est pourquoi le travailleur américain moyen produitdes biens qui valent à peu près 20 fois plus que ceux pro-duits par le travailleur en Inde ou en Chine. Les travail-leurs américains gagnent plus parce qu’ils produisent

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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plus. S’ils ne produisaient pas plus, ils ne seraient pas ca-pables de gagner plus.

Les politiciens parlent souvent de façon erronéecomme si la création d’emplois était la source du progrèséconomique. Lors d’une campagne électorale, un chefpolitique contemporain insistait sur le fait que son pro-gramme économique se basait sur trois éléments: «desemplois, des emplois, des emplois». Mais cet accent surles emplois porte à confusion. Plus d’emplois ne va paspromouvoir le progrès économique, sauf si les emploissupplémentaires augmentent la production. Nousn’avons pas besoin de plus d’emplois, comme tel. Nousavons plutôt besoin de travailleurs plus productifs, demachinerie et d’organisation économique plus efficacesafin que nous puissions produire plus par habitant.

Certains observateurs soutiennent que la techno-logie a des effets négatifs sur la main-d’œuvre. En fait,c’est justement le contraire qui est vrai. Une fois que l’onreconnaît que l’expansion de la production est unesource de revenus plus élevés, l’impact positif des per-cées technologiques devient apparent: une meilleuretechnologie permet aux travailleurs de produire plus, etdonc de gagner plus. Par exemple, les fermiers sont habi-tuellement capables de produire plus en utilisant un trac-teur plutôt qu’un attelage de chevaux. Les comptablespeuvent brasser plus de comptes d’affaires en utilisantun micro-ordinateur plutôt qu’un crayon et une calcula-trice. Un(e) secrétaire peut préparer plus de lettres en tra-vaillant avec un logiciel de traitement de texte qu’avecune machine à écrire.

Il arrive parfois que certains travaux soient élimi-nés. Il est évident que la technologie moderne a en

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Les augmentations de revenu réel

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grande partie éliminé les travaux des opérateurs d’ascen-seurs, des forgerons (maréchaux-ferrants), des travail-leurs domestiques, des creuseurs de tranchées, et desmanufacturiers de buggy. Cependant, ces changementsn’ont fait que libérer des ressources humaines afinqu’elles puissent être utilisées aux fins de l’expansion dela production dans d’autres domaines. D’autres tâchespeuvent maintenant être accomplies avec ces ressourcesnouvellement libérées et il en résulte que nous pouvonsatteindre un niveau de vie plus haut que ce ne serait lecas autrement.

En reconnaissant le lien qui existe entre la produc-tion et le revenu, il est plus facile de voir pourquoi les loissur le salaire minimum et les syndicats ne parviennentpas à augmenter l’ensemble des salaires des travailleurs.Un salaire minimum plus élevé rendra hors prix certainstravailleurs d’un niveau de compétence peu élevé, ce quiles empêchera de percer le marché. Donc, leurs emploisdiminueront, réduisant la production totale. Alors quecertains travailleurs particuliers pourront peut-être enbénéficier, globalement le revenu par tête sera plusfaible, car la production par habitant aura baissé.

De même, il arrive que les syndicats soient capablesde réduire la concurrence des travailleurs non syndiquéset de mettre ainsi de la pression vers le haut sur les sa-laires des membres du syndicat. Mais sans une augmen-tation proportionnelle de la productivité du travailleur,les syndicats sont incapables d’augmenter le niveau géné-ral de tous les travailleurs. S’ils étaient capables de fairecela, les revenus moyens dans un pays fortement syndi-qué, tel le Royaume-Uni, seraient plus élevés qu’auxÉtats-Unis. Mais, nous observons le contraire. Les salaires

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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au Royaume-Uni sont au moins 40% plus bas qu’auxÉtats-Unis, malgré le fait que près de la moitié de lamain-d’œuvre du Royaume-Uni est syndiquée, à compa-rer à moins de 20% aux États-Unis.

Sans une haute productivité par travailleur, il n’estpas possible d’avoir de hauts revenus par travailleur. Demême, sans une croissance de la production des biens etdes services voulus par les consommateurs, il n’est paspossible de réaliser une croissance du revenu réel d’unenation. La production fournit la source de revenus.

Les augmentations de revenu réel

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Les quatre sources decroissance des revenus sont:

a) l’amélioration des compétencesdes travailleurs,

b) l’augmentation des immobilisations,c) le progrès technologique, etd) une meilleure organisation

économique.

LES BIENS ET LES SERVICES QUI ASSURENT NOTRE

niveau de vie n’apparaissent pas par hasard. Leurproduction nécessite du travail, de l’investisse-

ment, de la coopération, de la machinerie, des forces in-tellectuelles et de l’organisation. Il y a quatre sourcesprincipales de production et de croissance de revenu.

Premièrement, l’amélioration des compétences destravailleurs va promouvoir la croissance économique.Des travailleurs plus habiles seront plus productifs.Comment les individus améliorent-ils leurs compé-tences? Ils le font surtout en investissant dans leur proprepersonne, en développant leurs talents naturels. Il y alittéralement des milliers de façons par lesquelles lesgens peuvent améliorer leurs habiletés, mais la plupartd’entre elles comportent l’étude et la pratique. Donc,l’éducation, l’entraînement et l’expérience sont lesfaçons principales par lesquelles les gens améliorentleurs compétences.

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Deuxièmement, l’augmentation des immobilisa-tions peut aussi augmenter la productivité des travail-leurs. Les travailleurs sont capables de produire plus s’ilstravaillent avec de plus nombreuses et de meilleures ma-chines. Par exemple, un bûcheron peut produire plus entravaillant avec une scie électrique qu’avec une scie ma-nuelle. De même, un travailleur dans le domaine dutransport transportera plus avec un camion qu’avec unecharrette. Toutes choses étant égales par ailleurs, l’inves-tissement dans les outils et la machinerie peut nous aiderà produire plus à l’avenir. Mais l’investissement ne sefait pas gratuitement. Les ressources utilisées pour pro-duire les outils, les machines et les usines pourraient aus-si être utilisées à la production de nourriture, d’habits,d’automobiles, et d’autres biens pour la consommationcourante. L’économie est une question de choix. Parcontre, il est clair que les gens qui épargnent et inves-tissent d’avantage seront capables de produire plus àl’avenir.

Troisièmement, une amélioration technologiquedes connaissances quant à la façon de transformer nosressources en biens et en services nous permettra aussid’atteindre un niveau de production plus élevé. L’utilisa-tion de forces intellectuelles afin de découvrir de nou-veaux produits et/ou des méthodes de productionmoins coûteuses représente une source de progrèséconomique. Au cours des 250 dernières années, les per-cées technologiques ont littéralement transformés nosvies. Pendant cette même période, la machine à vapeur,et plus tard le moteur à combustion interne, l’électricitéet l’énergie nucléaire ont remplacé l’énergie humaine etanimale comme principales sources d’énergie. Les

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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automobiles, les autobus, les trains et les avions ont rem-placé le cheval et la charrette (et la marche) comme prin-cipaux moyens de transport. Les progrès technologiquescontinuent à changer nos modes de vie. Il suffit de consi-dérer l’influence du disque compact, des micro-ordina-teurs, des logiciels de traitement de texte, des fours àmicro-ondes, des caméras vidéo, des magnétoscopes etde la climatisation dans les automobiles pour com-prendre que le développement et l’amélioration des pro-duits ces dernières décennies ont changé énormément lafaçon dont nous travaillons, jouons et nous divertissons.

Finalement, le progrès dans le domaine de l’organi-sation économique peut aussi promouvoir la croissanceéconomique. Des quatre sources de croissance, celle-ciest probablement celle que l’on oublie le plus souvent.Le système légal d’un pays influence le degré de coopéra-tion économique. Historiquement, les innovationslégales ont été une source importante de progrès écono-mique. Au 18e siècle, un système de brevets a fourni auxinvestisseurs un droit d’exclusivité sur leurs idées. À peuprès à la même époque, la reconnaissance de la corpora-tion comme entité légale a réduit le coût de formation degrandes firmes souvent nécessaires à la fabrication enmasse des produits manufacturés. Ces deux innovationsdans l’organisation économique accélérèrent la crois-sance de la production en Europe et en Amérique duNord.

Une organisation économique efficace facilite lacoopération sociale et canalise les ressources vers la pro-duction de biens que les gens veulent. Par contre, une or-ganisation économique qui protège des pratiques peuefficaces et qui ne parvient pas à récompenser la création

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Les quatre sources de croissance des revenus

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Page 36: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

de richesse retardera le progrès économique. Dans ladeuxième partie du livre nous analyserons de façon plusdétaillée les principales caractéristiques d’une organisa-tion économique.

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Le revenu est une compensation qu’onobtient en rendant service aux autres.Les gens gagnent un revenu en aidant

les autres.

LES GENS DIFFÈRENT DU POINT DE VUE DE LEURS

capacités productives, de leurs préférences, des oc-casions qui s’offrent à eux, du développement de

leurs compétences spécialisées, de leur propension àprendre des risques, et de leur chance dans la vie. Ces dif-férences influencent les revenus, car elles influencent lavaleur des biens et des services que les individus peuventou veulent bien offrir aux autres.

Pendant que l’on considère ces différences entre lesgens, ne perdons pas de vue ce qu’est précisément là le re-venu. Le revenu est simplement la compensation reçueen échange des services offerts aux autres. Les gens quigagnent d’importants revenus apportent aux autresbeaucoup de choses qu’ils veulent. Sinon, personne neserait prêt à les payer si généreusement. Il y a une moraleici. Si l’on veut gagner un revenu élevé, il est nécessairede déterminer comment aider beaucoup les autres. Lecontraire est vrai aussi. Si l’on est incapable ou non dis-posé à beaucoup aider les autres, on peut s’attendre à untrès petit revenu.

Ce lien direct qui existe entre l’aide apportée auxautres et l’importance du revenu nous incite tous àacquérir des habiletés et à développer des talents qui

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Page 38: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

sont fort recherchés des autres. Les étudiants universi-taires étudient de longues heures, endurent du stress etsubissent le coût financier de leur éducation afin de deve-nir, par exemple, des médecins, des chimistes ou desingénieurs. D’autres personnes acquièrent par l’entraîne-ment et l’expérience les dispositions qui leur permet-tront de développer les compétences d’un informaticien,capable d’entretenir ou de programmer un ordinateur.D’autres encore investissent et lancent un commerce.Pourquoi les gens font-ils ces choses? Assurément, biendes facteurs influencent ces décisions. Dans certains cas,les individus sont motivés par un grand désir personneld’améliorer le monde dans lequel nous vivons. Cepen-dant, et c’est là la clé, même les gens qui sont motivésprincipalement par la poursuite de revenus élevés sontfortement incités à développer des habiletés et à faire desinvestissements auxquels les autres accordent de l’impor-tance. La prestation de services auxquels les autres accor-dent de l’importance est la source de revenus impor-tants. Donc, quand les marchés déterminent les revenus,même les individus motivés principalement par l’acqui-sition de revenus personnels seront fortement incités àtenir compte de ce qui a de la valeur pour les autres.

Certaines personnes ont tendance à penser que lesindividus à hauts revenus exploitent les autres. En com-prenant que le revenu est une compensation reçue pouraider les autres, il est facile de voir le faux raisonnementqui caractérise ce point de vue. Les gens qui gagnent ungrand revenu améliorent presque toujours le bien-êtred’un grand nombre de gens. Les acteurs de cinéma, lesathlètes qui gagnent d’énormes salaires le font, car desmillions de gens sont prêts à payer pour voir leurs perfor-

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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mances. Les entrepreneurs qui ont beaucoup de succèsatteignent ce dernier en rendant leurs produits aborda-bles à des millions de consommateurs. Feu Sam Walton,le fondateur des magasins Wal-Mart, est devenul’homme le plus riche des États-Unis parce qu’il a com-pris comment manipuler des inventaires considérablesd’une façon plus économique et comment livrer aux pe-tites communautés des États-Unis de la marchandise demarques connues à des prix de rabais. Par la suite, BillGates, le fondateur et président de Microsoft, grimpa ausommet de la liste des «400 plus riches» du magazineForbes en développant un produit qui a amélioré de fa-çon marquante l’efficacité et la compatibilité des ordina-teurs personnels. Des millions de consommateurs quin’avaient jamais entendu parler de Walton ou de Gatesont néanmoins bénéficié de leurs talents d’entrepreneuret de leurs produits à prix modiques. Walton et Gatesont gagné beaucoup d’argent parce qu’ils ont aidé beau-coup de gens.

Le revenu est une compensation

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Les profits dirigent les entreprisesvers les activités qui font augmenter

la richesse.

LA POPULATION D’UN PAYS SERA PLUS PROSPÈRE SI

les ressources du pays sont utilisées afin de produiredes biens et des services qui jouissent d’une grande

valeur par rapport à leurs coûts. À n’importe quel mo-ment, il y a un nombre quasi infini de projets d’investisse-ment. Certains augmenteront la valeur des ressources etencourageront le progrès économique. D’autres détrui-ront la valeur des ressources et mèneront à un déclin éco-nomique. Pour que le progrès économique puisse sepoursuivre, les projets qui augmentent la valeur des res-sources doivent être encouragés, les autres évités.

C’est précisément le rôle des profits et des pertesdans le cadre du marché que de favoriser ce choix. Les en-treprises commerciales achètent les ressources et lesutilisent afin de produire un bien ou un service qui estvendu par la suite aux consommateurs. Comme l’entre-prise paie ses travailleurs et les propriétaires des autresfacteurs de production pour leurs services, elle subit descoûts. Si les ventes de l’entreprise sont excédentaires parrapport aux coûts qui découlent de l’emploi de toutes lesressources requises afin de produire l’extrant, alorsl’entreprise réalisera un profit. Essentiellement, le profitest la récompense que les propriétaires d’entreprisesgagnent s’ils produisent un bien qui vaut plus pour les

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Page 42: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

consommateurs (comme l’indique leur volonté depayer) que les ressources requises pour la production dece bien (comme l’indique le coût de détourner ces res-sources de leurs meilleurs emplois alternatifs).

Par contre, les pertes représentent une pénalitéimposée aux entreprises qui réduisent la valeur desressources. La valeur des ressources épuisées par de pa-reilles entreprises qui ont échoué excède le prix que lesconsommateurs sont prêts à payer pour leurs produits.Pertes et faillites sont les façons par lesquelles le marchémet fin aux activités infructueuses.

Par exemple, supposons que la location d’un bâti-ment et de machines, ainsi que l’achat de la main-d’œuvre, du tissu, des boutons, et d’autres matériaux né-cessaires pour produire et trouver des débouchés pour1 000 chemises par mois coûte 20 000 $ à un manufactu-rier de chemises. Si le manufacturier vend les 1 000 che-mises à 22 $ chacune, ses actions génèrent de la richesse.La valeur des chemises est plus grande pour les consom-mateurs que celle qu’ils accordent aux ressources néces-saires à leur fabrication. Les 2 $ de profit par chemisequ’empoche le manufacturier sont sa récompense pouravoir augmenté la valeur des ressources.

D’un autre côté, si les chemises ne peuvent sevendre que 17 $ chacune, alors le manufacturier subitune perte de 3 $ la chemise. Cette perte reflète la réduc-tion de la valeur des ressources qu’ont provoquée lesactions du manufacturier: les chemises valent moinspour les consommateurs que les ressources nécessaires àleur fabrication.

Nous vivons dans un monde d’incertitude et de sa-voir limité, où les goûts et la technologie changent conti-

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Page 43: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

nuellement. Les décideurs dans le monde des affaires nepeuvent être certains ni des prix futurs du marché, ni descoûts de production. Leurs décisions doivent être baséessur des attentes. Néanmoins, sur ce point, le système derécompense/pénalité d’une économie de libre marchéest clair. Les entreprises qui produisent de façon efficaceet prévoient correctement les produits et les servicespour lesquels la demande future sera la plus urgente (parrapport aux coûts de production) réaliseront des profits.Celles qui sont inefficaces et affectent mal les ressources,les utilisant dans des domaines pour lesquels la de-mande future sera faible, seront pénalisées en subissantdes pertes.

Essentiellement, ce sont les anticipations de profitset pertes qui dirigent l’investissement des entreprisesdans des projets qui encouragent le progrès économiqueet le détournent de ceux qui dissipent les ressourcesrares. C’est là une fonction d’importance vitale. Lesnations qui ne parviennent pas à bien accomplir cettefonction sont presque certainement vouées à la stagna-tion économique.

Les profits dirigent les entreprises

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Le principe de la «main invisible»stipule que le système des prix permetd’harmoniser l’intérêt de l’individu

avec le bien-être général.

Chaque individu s’efforce de trouver l’emploi le plus avan-tageux pour le capital dont il dispose, quel qu’en soit lemontant. C’est dans son propre intérêt, évidemment, etnon dans l’intérêt de la société qu’il envisage la question.Mais la recherche de son propre intérêt le conduit naturelle-ment, ou plutôt par nécessité, à choisir l’usage de son capi-tal le plus avantageux pour la société… Son intention estuniquement son propre profit et, en cela, comme dans biend’autres cas, il est conduit par une main invisible, à favori-ser un dessein qui n’était pas dans ses intentions.1

Adam SMITH

COMME L’A DIT ADAM SMITH, LA CHOSE LA PLUS

remarquable d’une économie basée sur la proprié-té privée et la liberté d’établir des contrats est que

les prix poussent les individus égoïstes à agir en harmonieavec la prospérité générale de la communauté ou de lanation. L’entrepreneur «ne cherchant qu’à améliorer sonsort» est mené par la «main invisible» des prix courantsafin de «promouvoir une fin (la prospérité économique)qui ne faisait pas partie de son intention».

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1. Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse desnations, 1776, Éditions Cannan, Chicago: Presse Universitaire deChicago, 1976, p. 477 (traduit par T. Scotto).

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Pour bien des gens, le principe de la main invisibleest difficile à comprendre, car il y a une tendance natu-relle à associer l’ordre avec la planification centralisée. Siles ressources doivent être affectées de façon sensée, assu-rément il doit y avoir une autorité centrale en charge decela. Le principe de la main invisible indique qu’il n’estpas nécessaire que tel soit le cas. Quand il existe un sys-tème de propriété privée et de liberté d’échange, les prixcourants reflètent, littéralement, le choix de millions deconsommateurs, de producteurs et de fournisseurs deressources, et les mènent à l’harmonie. Les prix dévoi-lent des informations à propos des préférences duconsommateur, des coûts, du timing, des lieux et des cir-constances qui sont bien au-delà de la compréhensionde n’importe quel individu ou autorité de planificationcentrale. Cette seule donnée sommaire — le prix cou-rant — procure aux producteurs toutes les informationsdont ils ont besoin pour faire en sorte que leurs actionssoient en harmonie avec les actions et préférences des au-tres. C’est le prix qui mène et incite les producteurs, aus-si bien que les fournisseurs de ressources, à offrir leschoses qui ont une grande valeur pour les autres, par rap-port à leurs coûts.

Aucune autorité centrale n’est requise pour dire augestionnaire ce qu’il doit produire et comment le pro-duire. Les prix font ce travail. Par exemple, personne nedoit forcer le fermier à cultiver du blé, ou dire à untravailleur dans une entreprise de construction de bâtirdes maisons, ou convaincre le manufacturier de meublesde produire des chaises. Quand les prix de ces biens, etd’autres produits, démontrent que leur valeur pour lesconsommateurs est au moins aussi élevée que leurs

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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coûts de production, les producteurs, cherchant le gainpersonnel, vont les produire.

De plus, il ne sera ni nécessaire, ni même utile pourune autorité centrale de surveiller les méthodes de pro-duction adoptées par les entreprises. Fermiers, entre-prises de construction, manufacturiers de meubles etautres producteurs ne recherchent rien de moins que lameilleure combinaison de ressources et les méthodes deproduction les plus efficaces par rapport au coût, car descoûts moins élevés permettent des profits plus élevés.Il est dans l’intérêt de chaque producteur de maintenirles coûts aussi bas que possible et la qualité aussi élevéeque possible. En effet, la concurrence les y oblige quasi-ment. Les producteurs qui maintiennent des coûts deproduction élevés pourront difficilement survivre dansle marché, car les consommateurs recherchent le plus devaleur possible pour leur argent.

La main invisible du processus du marché fonc-tionne de façon tellement automatique que la plupartdes gens n’y réfléchissent guère. La plupart des gensprennent pour acquis que les biens auxquels ils accor-dent de la valeur seront produits à peu près dans lesquantités que les consommateurs veulent acheter. Leslongues files d’attentes et les panneaux indiquant «stocképuisé jusqu’à la semaine prochaine», qui caractérisentles économies planifiées, sont presque totalement incon-nus dans les économies de marché. De même, la disponi-bilité d’une grande gamme de biens qui pose un défi àl’imagination, même à celle d’un consommateur mo-derne, est en grande partie prise comme un acquis. Leprocessus de la main invisible assure l’ordre, l’harmonieet la diversité. Cependant, le processus fonctionne si

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Le principe de la «main invisible»

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tranquillement qu’il n’est ni bien compris, ni bien appré-cié. Et pourtant, il est vital à notre bien-être écono-mique.

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Ne pas tenir compte des effetssecondaires et des conséquences à long

terme est une source d’erreur parmiles plus communes en économie.

HENRY HAZLITT, PEUT-ÊTRE LE PLUS GRAND

écrivain populaire de ce siècle en économie, aécrit un livre intitulé Economics in One Lesson.

La leçon de Hazlitt, c’est que, lorsqu’on analyse un pro-pos économique, on doit projeter non seulement les ré-sultats immédiats mais aussi les résultats à long terme,non seulement les conséquences premières mais aussiles conséquences secondaires, et non seulement les effetssur certains groupes spéciaux mais les effets sur tout lemonde.1

Hazlitt croyait que l’inapplication de cette leçonétait, de loin, la source la plus commune d’erreur en éco-nomie.

Il est difficile de contester ce point. À tort et à travers,les politiciens insistent sur les bénéfices à court termequi découlent d’une certaine politique, négligeant com-plètement les conséquences à plus long terme. De même,on entend des plaidoyers sans fin pour des propositionsqui aideraient des industries, des régions ou des groupesen particulier, sans considérer l’effet que celles-ci

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1. Henry Hazlitt, Economics in One Lesson, New Rochelle: ArlingtonHouse, 1979, p. 103.

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auraient sur la communauté dans son ensemble, y com-pris les contribuables et les consommateurs.

Bien sûr, cela est en grande partie fait exprès.Quand ils recherchent des faveurs politiques, les grou-pes d’intérêt, et les représentants qu’ils ont embauchés,ont avantage à présenter leur cas dans la meilleure pers-pective possible. Il n’est pas surprenant qu’ils exagèrentles bénéfices, tout en ignorant certaines composantes im-portantes des coûts. Lorsque les bénéfices sont immé-diats et évidents, alors que les coûts sont moins visibleset apparaissent surtout dans l’avenir, il est d’autant plusfacile pour le groupe d’intérêt de vendre son raisonne-ment économique fautif.

On peut aisément évoquer certaines des circons-tances où les effets secondaires ont été en grande partieignorés. Considérez le cas des contrôles sur les loyersd’appartements. Ceux qui appuient cette politiquesoutiennent que les contrôles réduiront les loyers et ren-dront le logement plus accessible aux pauvres. Oui, maisil y aura des effets secondaires. La baisse du prix des loge-ments déprimera le taux de rendement sur l’investisse-ment dans le secteur du logement. Les propriétairesactuels des appartements à louer seront peut-être forcésd’accepter un rendement plus faible, mais ceci n’est pasle cas pour les propriétaires potentiels. Bon nombred’entre eux dirigeront leurs fonds ailleurs; l’investisse-ment dans les appartements baissera; et, à terme, la dis-ponibilité de logement à louer baissera. Des pénuriessurviendront et, avec le temps, la qualité du logementbaissera. Ces effets secondaires ne seront cependant pasobservables dans l’immédiat. Donc, les contrôles sur lesloyers jouissent d’une popularité non négligeable dans

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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certaines communautés parmi lesquelles nous comp-tons New York et Berkeley, en Californie, malgré le faitqu’une offre décroissante de logements à louer, un entre-tien de moins en moins adéquat et des pénuries ensoient les résultats inévitables. Comme l’explique l’éco-nomiste suédois Assar Lindbeck: «Dans bien des cas laréglementation des loyers semble être la technique laplus efficace que l’on connaisse présentement pour dé-truire une ville — sauf en la bombardant.»2

Ceux qui favorisent les tarifs et les contingente-ments afin de «protéger les emplois» ignorent presquetoujours les effets secondaires de leurs politiques. Prenezles effets des barrières commerciales qui réduisent l’offred’automobiles produites à l’étranger sur le marché amé-ricain. Il s’ensuit que le nombre d’emplois dans l’in-dustrie domestique d’automobiles croît. Mais quelseffets secondaires en résulte-t-il pour les autres? Les bar-rières vont se traduire en prix plus élevés pour lesconsommateurs d’automobiles. À cause de la hausse desprix, beaucoup de consommateurs d’autos seront forcésde réduire leurs achats de nourriture, d’habits, de diver-tissements et, littéralement, de milliers d’autres biens.Ces dépenses réduites signifient dire qu’il y aura moinsd’extrants et d’emplois dans d’autres domaines. De plus,il y a aussi un effet secondaire sur les étrangers. Puisqueles étrangers vendent moins d’automobiles aux Améri-cains, ils acquièrent moins de dollars avec lesquels ilspeuvent importer des biens fabriqués aux États-Unis.Lorsque les étrangers nous vendent moins, leur pouvoir

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Ne pas tenir compte des effets secondaires

2. Assar Lindbeck, The Political Economy of the New Left, 1970, NewYork, Harper and Row, 1972, p. 39.

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d’achat, qui leur permet d’acheter de nous, diminue.Donc, les exportations américaines baisseront à causedes barrières à l’importation d’automobiles. Une foisque l’on considère les effets secondaires, l’impact surl’emploi est clair. Les restrictions ne créent pas desemplois; elles les redistribuent. Il y aura plus d’emploisdans l’industrie automobile, mais moins dans les autresindustries, particulièrement dans les industries dont lesproduits sont exportés. Malheureusement, les emploisdes gens qui travaillent dans l’industrie de l’automobilesont très visibles, alors que les effets secondaires — lesemplois perdus dans d’autres industries — le sont beau-coup moins. C’est pourquoi il n’est pas surprenant quebeaucoup de gens se laissent prendre et gobent l’argu-ment de la «protection des emplois» bien qu’il soit clai-rement erroné.

Prenons l’exemple d’une dernière idée fausse qui re-flète le manque de prise en considération des effets secon-daires. Les politiciens prétendent souvent que lesdépenses gouvernementales pour des projets privilégiésaugmentent le niveau d’emplois. Bien sûr, il y a peut-être de bonnes raisons qui justifient les dépenses gouver-nementales pour la construction de routes, pour plus depolice, pour l’administration de la justice, et ainsi desuite. Cependant, la création d’emplois n’en est pas une.Supposons que, pour un coût de 2 milliards de dollars, legouvernement emploie des travailleurs pour construireun train à grande vitesse qui relierait Windsor à Mon-tréal. Combien d’emplois ce projet créerait-il? Une foisque l’on considère les effets secondaires, la réponse estcelle-ci: aucun. Le gouvernement doit soit utiliser destaxes soit emprunter pour financer ce projet. L’imposi-

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Page 53: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

tion de taxes de 2 milliards de dollars réduira les dépen-ses des consommateurs et les épargnes privées, et ainsidétruira autant de travaux que les dépenses du gouverne-ment en créeront. Par contre, si le projet est financé pardes prêts, les emprunts mèneront à une augmentationdes taux d’intérêts et une baisse de 2 milliards de dollarsd’investissement privé et de consommation. Commedans le cas des restrictions commerciales, il en résulteune redistribution, non une création, d’emplois. Celaveut-il dire que le projet ne devrait pas être entrepris?Pas nécessairement. Mais cela veut dire que la justifica-tion du projet doit venir des bénéfices d’un train àgrande vitesse et non des bénéfices illusoires d’une aug-mentation du nombre d’emplois.

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Ne pas tenir compte des effets secondaires

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Deuxième partie

Les sept sources principalesdu progrès économique

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Propriété privée: les gens sont plusmotivés à travailler et utilisent les

ressources plus sagement lorsque lapropriété est privée.

Les hommes travaillent toujours plus forts et plus volontai-rement quand leurs efforts sont voués à ce qui leur appar-tient… Il est incontestable que, lorsque quelqu’un s’engagedans un travail rémunérateur, la raison motrice et le but deson travail est d’obtenir de la propriété et de la garder poursoi.

Pape LÉON XIII (1878)

LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE COMPREND TROIS ÉLÉMENTS

importants: a) le droit exclusif à l’utilisation (de lapropriété), b) la protection légale contre les enva-

hisseurs, et c) le droit de transfert. La propriété est unterme vaste qui inclut les services de la main-d’œuvre,les idées, la littérature et les ressources naturelles, aussibien que les biens comme les édifices, les machines et laterre. La propriété privée permet aux individus de déci-der comment ils utiliseront ce dont ils sont proprié-taires. Mais elle les rend aussi redevables de leursactions. Les gens qui utilisent leur propriété d’une façonqui entame ou empiète sur les droits de propriété dequelqu’un d’autre sont soumis aux lois qui protègentleur propre propriété. Par exemple, le droit à la proprié-té privée me défend de lancer mon marteau à traversl’écran de l’ordinateur que vous possédez, car si je le

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faisais, je violerais votre droit de propriété par rapport àl’ordinateur. Votre droit de propriété sur l’ordinateurm’empêche, ainsi que toute autre personne, de l’utilisersans votre permission. De même, le fait que je sois pro-priétaire de mon marteau et d’autres choses que je pos-sède vous empêche, ainsi que toute autre personne, deles utiliser sans ma permission.

L’important à propos de la propriété privée est lastructure des incitations qui en découle. Quatre raisonsprincipales expliquent pourquoi une telle structure d’in-citations promeut le progrès économique.

Premièrement, la propriété privée encourage uneutilisation judicieuse. Si les propriétaires ne maintien-nent pas leur propriété ou s’ils en permettent l’abus ou ladétérioration, ils en subiront les conséquences sous laforme d’un déclin de la valeur de leur propriété. Parexemple, si vous possédez une automobile, vous êtes inci-té à changer l’huile, à faire faire une vidange régulière-ment, et à voir à ce que l’intérieur de l’auto soit bienentretenu. Pourquoi en est-il ainsi? Si vous ne l’entrete-nez pas adéquatement, la valeur de la voiture, pour vousaussi bien que pour ses propriétaires éventuels, diminue-ra. D’autre part, si elle est bien entretenue et gardée enbon état, elle conservera une plus grande valeur, pourvous et pour d’autres qui pourraient vouloir vous l’ache-ter. Avec la propriété privée, toute bonne utilisation estrécompensée.

Par contre, lorsque c’est le gouvernement ou ungroupe de gens nombreux qui possèdent conjointementune propriété, les incitations à en prendre soin sont plusfaibles. Par exemple, lorsque le gouvernement est pro-priétaire de logements, il n’y a pas de propriétaire ou de

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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petit groupe de propriétaires qui sont prêts à payer beau-coup si la propriété fait l’objet d’abus ou est mal entre-tenue. C’est pourquoi il ne faut pas être surpris lorsquenous observons que, comparé au logement offert dans lesecteur privé, le logement offert par le gouvernement estgénéralement en mauvais état et mal entretenu, et ceciaussi bien dans les pays capitalistes comme les États-Unis que dans les pays socialistes, comme la Russie et laPologne. Les manques de soin, d’entretien et de répara-tions reflètent tout simplement la structure des incita-tions qui accompagnent la possession publique despropriétés.

Deuxièmement, la propriété privée encourage lesgens à développer leur propriété et à l’utiliser de façonproductive. Avec la propriété privée, les individus ontune forte raison d’améliorer leurs compétences, de tra-vailler plus fort et de façon plus intelligente. De tels com-portements augmentent leur revenu. De même, les genssont encouragés à construire et à développer leurs actifsimmobiliers tels que les maisons, les appartements et lesbureaux. Lorsque de tels développements ajoutent plusaux revenus qu’aux coûts, la richesse des propriétairesprivés augmente.

L’exploitation agricole dans l’ex-URSS témoigne del’importance des droits de propriété comme moyen destimuler l’activité productive. Sous le régime commu-niste, il était permis pour les ménages de garder et/ou devendre tous les biens produits sur de petits lots de terreprivés, mesurant jusqu’à un acre. Ces parcelles de terrene représentaient qu’un pour cent de la terre cultivée;les autres 99% étaient cultivés par des entreprises d’Étatet d’immenses coopératives agricoles. Néanmoins, comme

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Propriété privée

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Page 60: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

le rapporta la presse soviétique, à peu près un quart de laproduction agricole soviétique totale provenait de cettepetite fraction de terre agricole privée.

Troisièmement, les propriétaires privés sont incitésà utiliser leurs ressources de façon bénéfique pour les au-tres. Alors que les propriétaires privés peuvent légale-ment «faire ce qu’ils veulent» avec leur propriété, leurdroit de propriété les incite fortement à tenir compte desdésirs des autres. Les propriétaires privés peuvent ga-gner s’ils déterminent comment rendre leur propriété,et les services qui en découlent, plus attrayants pour lesautres. S’ils emploient et développent leur propriété defaçon à ce que les autres la trouvent attrayante, la valeurmarchande de leur propriété augmentera. Par contre,des changements qui suscitent la désapprobation des au-tres — particulièrement des clients ou des acheteurs po-tentiels — réduira la valeur de leur propriété.

Le fait d’être propriétaire de vos services de main-d’œuvre vous incite à investir dans l’éducation et la for-mation qui vous permettront d’offrir des services haute-ment valorisés par les autres. De même, les propriétairesd’actifs immobiliers sont encouragés à les développer defaçon attrayante pour les autres. Comme exemple, pre-nez la situation du propriétaire d’un immeuble à appar-tements. Il peut ne pas se soucier du stationnement,d’un lavoir ou d’une buanderie, des arbres, ou des éten-dues vertes bien entretenues autour de son immeuble.Cependant, si ces choses ont une grande importance (va-leur) pour les consommateurs (par rapport à leurscoûts), le propriétaire sera motivé à les offrir, car ellesaugmenteront aussi bien ses revenus (loyers) que lavaleur marchande de ses appartements. Par contre, les

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propriétaires d’appartements qui s’obstinent à offrir cequi leur tente au lieu de tenir compte des préférences desconsommateurs verront baisser leurs revenus ainsi quela valeur de leurs capitaux (les appartements).

Quatrièmement, la propriété privée encourage ledéveloppement réfléchi et la conservation des ressourcespour l’avenir. Le développement actuel d’une ressourcepeut générer des revenus courants. Ces revenus sont lavoix des consommateurs actuels. Mais, le potentiel deplus grands revenus dans l’avenir plaide pour la conser-vation. Le gain potentiel que représente l’augmentationprévue du prix de la ressource est la voix des consomma-teurs futurs. Les propriétaires privés sont encouragés àéquilibrer ces deux forces.

Chaque fois que l’anticipation de la valeur futured’une ressource est plus forte que sa valeur courante, lespropriétaires privés gagnent en conservant la ressourcepour les consommateurs futurs. Cela reste vrai même sile propriétaire courant ne s’attend pas à y être lorsque lesbénéfices escomptés se concrétiseront. Par exemple, sup-posons qu’un horticulteur de 65 ans se demande s’il de-vrait ou non couper ses sapins du nord. Si l’on s’attend àce que les recettes des ventes futures dépassent la valeurcourante des arbres grâce à leur croissance et à leur rare-té, le fermier gagnera en conservant ses arbres pour l’ave-nir. Si les droits de propriété sont transférables, la valeurmarchande de la terre du fermier augmente en vue de larécolte future des arbres arrivés à maturité, et à mesureque le jour de la récolte approche. Donc, le fermier peutvendre les arbres (ou la terre avec les arbres) et accaparerla valeur n’importe quand, même si la récolte réelle n’apas lieu avant sa mort.

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

On peut illustrer la fonction de conservationque remplit la propriété privée en exami-nant les différents systèmes de droits de pro-

priété qui s’appliquent aux animaux. Les animauxcomme le bétail, les chevaux, les lamas, les dindes etles autruches, qui sont la propriété privée de quel-qu’un, sont conservés pour l’avenir. Par contre, c’estl’absence de propriété privée qui a mené à l’exploita-tion excessive d’animaux tels que le buffle, la baleineet le castor.Les approches contrastantes de la conservation deséléphants en Afrique offre aussi des preuves instructi-ves sur l’importance de la propriété privée. Au Kenya,les éléphants se promènent librement sur un terrainnon clôturé; ils n’appartiennent à personne. Le gou-vernement du Kenya tente de protéger les éléphantsdes braconniers à la recherche d’ivoire, en interdisanttout usage commercial de l’éléphant, excepté pour letourisme. Pendant la première décennie au cours delaquelle cette politique a été appliquée, la populationdes éléphants du Kenya a baissé de 65 000 à 19 000.D’autres pays d’Afrique centrale et de l’est qui ont sui-vi une approche semblable ont subi une baisse sem-blable de leur population d’éléphants. Par contre, leZimbabwe permet la vente libre de l’ivoire et de lapeau d’éléphant, mais assigne des droits de propriétéprivée aux habitants sur la terre desquels l’éléphanterre. Depuis l’assignation de droits de propriétéprivée dans le cas des éléphants, le Zimbabwe a vucroître sa population d’éléphants de 30 000 à 43 000.Les populations d’éléphants dans les pays qui ont

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Depuis des siècles, les prophètes de malheur pré-tendent que nous allons manquer d’arbres, de minérauxessentiels, ou de certaines sources d’énergie. En Angle-terre au 16e siècle, on craignait que le bois vienne à man-quer, car l’utilisation de cette ressource comme sourced’énergie était fort répandue. Mais une hausse des prixdu bois vint encourager la conservation et mena au déve-loppement du charbon. La «crise du bois» disparut bienvite. Au milieu du 19e siècle, de sombres prédictions sur-girent d’après lesquelles il y aurait bientôt un manque degraisse de baleine, alors la principale source d’éclairageartificiel. À mesure que le prix de la graisse de baleineaugmentait, les pressions pour trouver une autre sourced’énergie augmentèrent aussi. Cela mena au développe-ment du kérosène et à la fin de la «crise de la baleine».

Plus tard, lorsque les gens se mirent à utiliser lepétrole, de sombres prédictions à propos de l’épuise-ment de cette ressource se répandirent aussitôt qu’ellefut développée. On peut se faire une idée à quel point lespremières estimations des réserves de gaz naturel sous-estimèrent systématiquement les réserves potentielles àpartir du discours présidentiel du Dr Campbell Watkinsà l’International Association for Energy Economics en1992. Watkins remarqua qu’en 1957 les estimations des

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Propriété privée

adopté une approche semblable à celle-ci — le Bots-wana, l’Afrique du Sud, le Malawi et la Namibie —augmentent aussi (pour plus de détails à ce sujet, voirRandy Simmons et Urs Kreuter, «Herd Mentality:Banning Ivory Sales Is No Way to Save the Elephant»,Policy Review (Automne 1989), p. 46-49).

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réserves totales de gaz naturel pour l’Alberta étaient de75 trillions de pieds cubes. En 1985, en dépit de laconsommation, on estima les réserves restantes à 149 tril-lions de pieds cubes. En 1987 la réserve estimée futajustée à la hausse à 170 trillions de pieds cubes et lechiffre de 1992 donnait près de 200 trillions de pieds cu-bes. En d’autres mots, loin de venir à manquer de gaz na-turel, le Canada, avec le temps, en a en fait découvertplus encore.

Les prophètes de malheur négligent de reconnaîtreque la propriété privée offre une forte incitation auxgens à conserver une ressource de valeur et à chercherdes substituts lorsque la rareté relative de la ressourceaugmente. Avec la propriété privée, si la rareté d’une res-source augmente, le prix de la ressource augmente. C’estla hausse du prix qui incite les producteurs, les inven-teurs, les ingénieurs et les entrepreneurs a) à conserver laressource, b) à chercher assidûment des substituts, et c) àdévelopper de nouvelles méthodes pour découvrir et re-couvrer de plus grandes quantités de la ressource. Jus-qu’à présent, ces forces ont reculé le jour de vérité deplus en plus loin dans l’avenir. Pour ce qui est des res-sources privées, il y a toutes les raisons de croire qu’ellescontinueront à le faire.

Les gens qui n’ont pas réfléchi à fond à ce sujet asso-cient souvent la propriété privée avec l’égoïsme. Ce quiest paradoxal puisqu’en réalité il s’agit presque du con-traire. La propriété privée a) offre une protection contredes gens égoïstes qui iraient prendre ce qui ne leur appar-tient pas, et b) force les utilisateurs de ressources à subirentièrement le coût de leurs actions. Lorsque les droitsde propriété sont bien définis, stables et transférables, les

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Page 65: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

fournisseurs de biens et de services doivent offrir auxpropriétaires de ressources au moins autant qu’ils se-raient capables de recevoir ailleurs. Les employeurs nepeuvent pas prendre et utiliser des ressources rares sansdédommager leurs propriétaires. Les propriétaires deressources doivent être payés suffisamment pour qu’ilssoient détournés des autres utilisateurs potentiels.

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Propriété privée

Les preuves empiriques indiquent que la plupartdes prix des ressources naturelles, ajustés pourl’inflation, ont, en fait, baissé depuis des décen-

nies et, dans la plupart des cas, depuis des siècles.L’étude classique de Harold Barnett et de ChandlerMorris, Scarcity and Growth: The Economics of Natu-ral Resource Availability (Baltimore: The John HopkinsUniversity Press, 1963) démontre ce point. Les mises àjour de cette oeuvre, ainsi que les ajouts qui y ont étéfaits, indiquent que les prix de ressources continuentà baisser. En 1980, l’économiste Julian Simon fit unpari avec Paul Erlich, un environmentaliste apocalyp-tique, sur le fait que le prix ajusté pour l’inflation decinq ressources naturelles qu’Erlich choisirait baisse-rait durant les années 1980. En effet, les prix des cinqressources choisies par Erlich baissèrent, et Simon ga-gna le pari fort publicisé. Une étude récente a trouvéque, parmi 38 ressources naturelles principales, leprix de seulement deux, le manganèse et le zinc, a aug-menté, et ceci après avoir ajusté les prix pour l’infla-tion durant les années 80 (voir Stephen Moore, «SoMuch for “Scarce Resources”», Public Interest, Hiver1992).

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Essentiellement, des droits de propriété privée biendéfinis éliminent l’utilisation de la violence commearme concurrentielle. Un producteur de qui vous n’ache-tez pas n’a pas le droit de brûler votre maison. De même,le fournisseur de ressources à qui vous faites concur-rence et dont les prix sont plus élevés que les vôtres n’apas le droit de crever les pneus de votre auto ou de vousmenacer.

La propriété privée contribue à disséminer le pou-voir et augmente le nombre d’activités basées sur leconsentement volontaire. Le pouvoir accordé par la pro-priété privée est fort limité. Les propriétaires de commer-ces privés sont incapables de vous forcer à travailler poureux ou à acheter leurs produits. Ils ne peuvent pas impo-ser une taxe sur vos revenus ou sur votre propriété. Ils nepeuvent acquérir une partie de votre revenu qu’en vousdonnant en échange quelque chose qui, selon vous, aplus de valeur. Le pouvoir, même celui du propriétaire leplus riche ou de l’entreprise la plus grande, est limité parla concurrence que lui font d’autres personnes, prêtes àoffrir des biens ou des services semblables.

Par contre, comme l’expérience en Europe de l’Estet dans l’ex-URSS l’a démontré, lorsque la propriétéprivée est remplacée par la propriété publique, unénorme pouvoir politique et économique est conféré àune petite poignée d’hommes politiques. Une desprincipales vertus de la propriété privée est sa capacitéd’arrêter la concentration excessive du pouvoir écono-mique. La possession répandue de la propriété privée estl’ennemi de la tyrannie et de l’abus de pouvoir.

Donc, ce que doivent faire les anciens pays socia-listes est clair. Comme l’a dit récemment le lauréat du

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prix Nobel, Milton Friedman, le meilleur programmepour l’Europe de l’Est peut se résumer «en trois mots:privatiser, privatiser, privatiser».1 La propriété privéeest la pierre angulaire aussi bien du progrès économiqueque de la liberté individuelle.

Propriété privée

1. Milton Friedman, Economic Freedom, Human Freedom, PoliticalFreedom, discours du 1er novembre 1991 à la California StateUniversity, Hayward.

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La liberté d’échanger: les politiques quiréduisent le volume d’échange

retardent le progrès économique.

L’ÉCHANGE VOLONTAIRE EST UNE FORME DE COO-pération sociale. Cela permet aux deux parties derecevoir plus de ce qu’elles veulent. Dans le

contexte du marché, ni l’acheteur ni le vendeur n’estobligé d’échanger. C’est l’attente de gains personnels quiincite l’un et l’autre à conclure un échange.

Comme nous l’avons dit auparavant, l’échange per-met de réaliser des gains sociaux: on peut atteindre ainsides niveaux de production et de revenu plus élevés qu’au-trement. Lorsque les gouvernements imposent des entra-ves qui limitent la coopération à travers l’échange, ilsétouffent le progrès économique.

Les pays rendent l’échange difficile de plusieursfaçons. Premièrement, beaucoup de pays imposent desrèglements qui limitent l’entrée dans divers métiers et oc-cupations. Si vous voulez établir un commerce ou offrirun service, vous devrez remplir des formulaires, recevoirla permission de différents services gouvernementaux,montrer que vous êtes qualifié, indiquer que vous avezdes fonds suffisants et vous conformer à d’autres exigen-ces réglementaires. Certains fonctionnaires refuserontvotre requête à moins que vous ne soyez prêts à payer unpot-de-vin ou à faire une contribution aux fonds pu-blics. Hernando De Soto, dans son livre révélateur The

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Other Path, découvrit qu’à Lima, au Pérou, il fallait quecinq personnes travaillent 289 jours à temps plein afin desatisfaire aux exigences des règlements requis pour éta-blir légalement un petit commerce de vêtements. Deplus, durant le processus, dix pots-de-vin furent sollici-tées et, à deux reprises, il fut nécessaire de payer afin derecevoir la permission d’opérer «légalement». Souvent,si votre financement comprend des capitaux étrangers,il y a un labyrinthe additionnel de réglementations àsuivre. Inutile de dire que des politiques de ce genreétouffent la concurrence commerciale, encouragent lacorruption politique et poussent les gens décents vers lemarché noir (ce que De Soto appelle l’économie «infor-melle»).

Deuxièmement, les pays étouffent l’échange lors-qu’ils substituent à l’Etat de droit le pouvoir politiquediscrétionnaire. Plusieurs pays ont l’habitude d’adopterdes lois pompeuses qui accordent aux administrateurspolitiques d’importants pouvoirs d’interprétation etd’importants pouvoirs discrétionnaires. Par exemple,au milieu des années 80 les douaniers du Guatemala re-çurent la permission de renoncer aux tarifs s’ils pen-saient que c’était dans le meilleur intérêt national d’enfaire ainsi. Les législations de ce genre invitent les fonc-tionnaires à solliciter des pots-de-vin. Cela crée de l’in-certitude par rapport aux règlements et rend l’activitécommerciale plus coûteuse et moins attrayante, spéciale-ment pour les honnêtes gens. La structure du système lé-gal doit être précise, sans ambiguïtés et dépourvue dediscrimination. Si elle ne l’est pas, il existera d’importan-tes sources d’obstruction qui retarderont la réalisationdes gains de l’échange.

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Troisièmement, beaucoup de pays imposent descontrôles de prix qui étouffent l’échange. Quand le prixd’un produit est fixé légalement au-dessus du prix dumarché (du prix d’équilibre), les acheteurs achèterontmoins d’unités et la quantité échangée baissera. D’autrepart, si le prix est fixé en-dessous du prix du marché, lesfournisseurs ne seront pas disposés à produire autantd’unités. Cela réduira aussi la quantité échangée. En ter-mes d’unités produites et vendues, il importe peu que lescontrôles de prix les poussent vers le haut ou vers le bas;dans les deux cas, il y aura une réduction du montantéchangé, et une diminution des gains de production etd’échange réalisés.

L’échange est productif; il nous aide à obtenir plusà partir des ressources disponibles. Les politiques quiobligent les marchands à franchir toutes sortes d’obsta-cles sont généralement contreproductives, même lors-qu’elles sont supposées protéger l’industrie domestique.En fait, elles reviennent à se faire du tort à soi-même.Pour qu’un pays puisse réaliser son plein potentiel, lesrestrictions qui limitent l’échange et haussent les coûtsde conclusion des affaires doivent être maintenues à unminimum. La capacité d’offrir un service que d’autresveulent bien acheter (volontairement) est la preuve quel’activité est productive. Le marché est le meilleur régu-lateur.

La liberté d’échanger

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Les marchés concurrentiels: Laconcurrence encourage l’utilisationefficace des ressources et fournit unestimulation soutenue à l’innovation.

La concurrence encourage l’amélioration continuelle del’efficacité industrielle. Elle mène… les producteurs à élimi-ner le gaspillage et à réduire leurs coûts afin de se rendreplus concurrentiels vis-à-vis de leurs compétiteurs. Elle éli-mine ceux dont les coûts restent élevés et donc elle agit defaçon à concentrer la production chez les plus efficaces.1

Claire WILCOX

IL Y A CONCURRENCE LORSQU’IL Y A LIBERTÉ

d’entrer dans un marché et qu’il y a différents ven-deurs dans le marché. La concurrence peut exister

entre parmi des entreprises qui produisent à petiteéchelle ou à grande échelle. Des firmes rivales peuvent sefaire concurrence dans les marchés locaux, régionaux,nationaux ou même dans le marché global. La concur-rence est l’âme même d’une économie de marché.

La concurrence met de la pression sur les produc-teurs pour qu’ils produisent de façon efficace et qu’ilspourvoient aux goûts des consommateurs. La concur-

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1. Claire Wilcox, Competition and Monopoly in American Industry,monograph no. 21, Temporary National Economic Committee,Investigation of Concentration of Economic Power, 76th Congress,3rd Session, Washington (D.C.), U.S. Government Printing Office,1940 (traduit par C. Brooks).

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Page 74: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

rence extirpe ceux qui sont inefficaces. Les entreprises in-capables d’offrir aux consommateurs des biens dequalité à des prix concurrentiels subissent des pertes etsont éventuellement chassées du marché. Les concur-rents, pour réussir, doivent surpasser les entreprises riva-les. Ils y arrivent par toutes sortes de moyens — laqualité du produit, le style, le service, un bon emplace-ment, la publicité et le prix — mais ils doivent toujoursoffrir aux consommateurs autant ou plus de valeur qu’ilest possible d’en obtenir ailleurs.

Qu’est-ce qui empêche McDonald’s, General Motors,ou n’importe quelle autre entreprise, d’augmenter sesprix, de vendre de la marchandise de pacotille, et d’offrirun mauvais service? La concurrence. Si McDonald’sn’offre pas un hamburger à un prix attrayant (et avec lesourire), les gens iront chez Burger King, Wendy’s ou unautre concurrent. Comme l’ont démontré de récents évé-nements, même une compagnie aussi importante queGeneral Motors doit tenir compte de ses concurrents,Ford, Honda, Toyota, Chrysler, Volkswagen, Mazda etd’autres manufacturiers d’automobiles, ou risquerperdre des consommateurs.

La concurrence incite les producteurs à développerdes produits améliorés et à découvrir des méthodes deproduction moins coûteuses. Personne ne sait précisé-ment quels sont les produits dont voudront les consom-mateurs, ou quelles techniques de production per-mettront de minimiser les coûts unitaires de produc-tion. La concurrence nous aide à découvrir les réponses.Cette nouvelle idée, visionnaire, est-elle la meilleure de-puis la venue du fast-food? Ou est-elle simplement unautre rêve qui se dissipera bientôt? Les entrepreneurs

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Page 75: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

sont libres d’introduire un nouveau produit innovateurou une technologie prometteuse de production; ils ne re-quièrent que le soutien d’investisseurs prêts à investir lesfonds nécessaires. L’approbation des planificateurs del’État, d’une majorité législative, ou de concurrents,n’est pas requise dans une économie de marché. Néan-moins, les entrepreneurs, et les investisseurs qui les sou-tiennent, restent redevables grâce à la concurrence;leurs idées doivent faire face à un «test de réalité» queleur imposent les consommateurs. Si les consomma-teurs trouvent l’idée novatrice assez valable pour couvrirle coût de ce bien ou de ce service, le nouveau commerceprospérera et aura du succès. Par contre, si les consom-mateurs ne sont pas prêts à cela, le commerce sera voué àl’échec. En fin de compte, les consommateurs sont lejuge et le jury de l’innovation et de la performance d’uneentreprise.

Les producteurs qui désirent survivre dans un envi-ronnement concurrentiel ne peuvent se permettre d’êtresatisfaits d’eux-mêmes. Le produit qui réussit sur le mar-ché aujourd’hui ne parviendra peut-être pas à passer ledéfi de la concurrence demain. Afin de réussir dans unmarché concurrentiel, les entreprises doivent être capa-bles de bien anticiper, d’identifier et d’adopter rapide-ment des idées améliorées.

La concurrence permet aussi de découvrir la sortede structure commerciale et la grandeur d’entreprise quimaintiennent bas les coûts unitaires du produit ou duservice. Contrairement aux autres systèmes écono-miques, une économie de marché ne prescrit pas, et nelimite pas, les sortes d’entreprises qui peuvent se faireconcurrence. N’importe quelle forme d’organisation

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Les marchés concurrentiels

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Page 76: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

commerciale est permise. Une firme dirigée par son pro-priétaire, une société en nom collectif, une société ano-nyme, une firme dirigée par ses employés, unecoopérative, une société communale, ou n’importequelle autre organisation commerciale est libre d’entrerdans le marché. Afin de réussir, elle doit seulement pas-ser un test: être efficace par rapport au coût de la produc-tion. Si une forme d’organisation commerciale, tellequ’une société ou une entreprise dirigée par ses em-ployés, est capable de réaliser un coût unitaire très basdans un marché donné, elle sera portée à survivre. Inver-sement, une structure commerciale qui aboutit à uncoût unitaire de production élevé sera éliminée du mar-ché concurrentiel.

Il en est de même en ce qui à trait la grandeur del’entreprise. Pour certains produits, un commerce doitêtre assez grand afin de pleinement tirer avantage deséconomies d’échelle. Lorsque les prix unitaires baissentà mesure que la production augmente, les petites entre-prises ont tendance à avoir des coûts de production plusélevés (et donc des prix plus élevés) que leurs homo-logues plus grandes. Quand il en est ainsi, les consomma-teurs, interessés à maximiser la valeur pour leur argent,ont tendance à acheter au prix plus bas de l’entreprise laplus grande. La plupart des petites entreprises disparaî-tront éventuellement du marché. De plus grandes entre-prises, généralement organisées en corporations, onttendance à survivre dans de tels marchés. Les industriesde l’automobile et de l’aéronautique illustrent ces ten-dances.

Dans d’autres circonstances, de petites entreprises,souvent dirigées par leurs propriétaires ou des partena-

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Page 77: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

riats, sont plus efficaces du point de vue du coût.Lorsque les consommateurs accordent une grande im-portance au service et au produit individualisés, il peutêtre difficile pour de grandes entreprises de faire concur-rence. Dans ces circonstances, ce sont les petites entrepri-ses qui survivent. Par exemple, c’est généralement le caspour les bureaux d’avocats et les cabinets de médecins,les ateliers d’imprimerie, et les salons de coiffure. Uneéconomie de marché permet l’étude des coûts et l’inte-raction entre les producteurs et les consommateurs quidéterminent la sorte et la grandeur de l’entreprise danschaque marché.

Lorsque les entreprises à grande échelle ont descoûts moins élevés, il est particulièrement importantque les nations ne limitent pas la concurrence avec lesproducteurs étrangers et n’empêchent pas les entrepri-ses domestiques de vendre à l’étranger. C’est d’impor-tance vitale pour les petits pays. Par exemple, puisque lemarché domestique d’un pays comme la Corée du Sudest petit, un manufacturier coréen d’automobiles auraitdes coûts unitaires extrêmement élevés s’il ne pouvaitpas vendre ses automobiles à l’étranger. De même, lesconsommateurs domestiques dans de petits pays auraientà payer des prix excessivement élevés pour une automo-bile s’il ne leur était pas permis d’acheter de producteursétrangers qui produisent sur une grande échelle et à descoûts moins élevés.

En bref, la concurrence harnache l’intérêt person-nel et le met au travail pour augmenter notre niveau devie. Comme l’a dit Adam Smith dans sa Recherche sur lanature et les causes de la richesse des nations (1776), les in-dividus sont incités à rechercher leurs propres intérêts.

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Les marchés concurrentiels

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Nous ne comptons pas sur la bienveillance du bou-cher, du brasseur, du boulanger pour nous fournir notrerepas, mais sur le fait qu’ils considèrent leur propre inté-rêt. Nous ne faisons pas appel à leur sentiment humani-taire mais à leur amour d’eux-mêmes, nous ne leurparlons jamais de nos besoins mais de leurs intérêts.1

Dans un environnement concurrentiel, même lesindividus égocentriques et les entreprises recherchant àmaximiser leurs profits sont fortement incités à servir lesintérêts des autres et à offrir aux consommateurs aumoins autant de valeur qu’ils sont capables de recevoirailleurs. Ceci est le chemin qui mène à de plus grands re-venus et profits. Cela peut sembler paradoxal mais l’égo-centrisme — une caractéristique que bien des gensdéplorent — est une source puissante de progrès écono-mique quand elle est soumise aux ordres de la concur-rence.

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

1. Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse desnations, p. 18 [traduit par T. Scotto].

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Un marché financier efficace:pour qu’une nation puisse réaliser sonpotentiel, il doit y avoir un mécanisme

capable d’allouer les capitaux auxprojets qui génèrent de la richesse.

LA CONSOMMATION EST LE BUT DE TOUTE PRO-

duction. Par contre, nous pouvons parfois aug-menter notre production de biens de consomma-

tion en utilisant d’abord des ressources pour produiredes machines, de l’outillage et des édifices, et en appli-quant ensuite ces ressources de capital à la productiondes biens de consommation désirés. C’est pourquoi l’in-vestissement — la construction et le développement deressources de longue durée, dont le sens est de nous ai-der à produire davantage à l’avenir — est une source po-tentielle importante de croissance économique.

Les ressources utilisées pour produire des biensd’investissement ne seront pas disponibles pour la pro-duction directe de biens de consommation. Donc, l’in-vestissement requiert l’épargne, c’est-à-dire le sacrificede la consommation courante. Quelqu’un — soit l’inves-tisseur soit quelqu’un qui est prêt à offrir des fonds àl’investisseur — doit épargner afin de financer l’investis-sement. Les fonds ne peuvent pas être investis à moinsqu’ils ne soient épargnés.

Ce ne sont pas tous les projets d’investissement quicréeront de la richesse. Pour qu’un projet d’investisse-

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Page 80: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

ment augmente la richesse d’un pays, la valeur de la pro-duction additionnelle qui découle de l’investissementdoit être supérieure au coût de l’investissement. Inverse-ment, lorsque la valeur de la production additionnelleest inférieure au coût de l’investissement, le projet est an-tiéconomique. Les projets de ce type réduisent la ri-chesse. Pour qu’un pays réalise son potentiel, il a besoind’un mécanisme capable d’attirer des épargnes et de lescanaliser dans des projets d’investissement qui créent dela richesse.

Dans une économie de marché, le marché financierremplit cette fonction. Ce marché fort diversifié com-prend le marché des actions, de l’immobilier et des com-merces, aussi bien que le marché des fonds disponibles.Les institutions financières telles que les banques, lescompagnies d’assurances, les fonds communs de place-ments et les sociétés d’investissement jouent un rôle im-portant dans ce marché. Le marché financier coordonneles actions des épargnants, qui offrent des fonds au mar-ché, avec celles des investisseurs, qui recherchent desfonds pour financer toutes sortes d’activités commercia-les. Les investisseurs privés sont fort incités à évalueravec soin les projets et à rechercher des projets profi-tables. Les investisseurs, qu’ils soient actionnaires, parte-naires dans un commerce ou propriétaires d’une petiteentreprise, recherchent et entreprennent des opérationsrentables, car de tels investissements augmenteront leurrichesse personnelle. Les investissements rentablescréent généralement de la richesse. Un projet sera ren-table si les revenus qui découlent de l’augmentation de laproduction surpassent les coûts de l’investissement. Lefait que les revenus sont plus grands que les coûts de

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Page 81: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

l’investissement est la preuve que les gens attachent plusd’importance à la production de l’investissement qu’auxressources requises pour produire le bien. Donc, les in-vestissements rentables ont tendance à faire augmenternon seulement la richesse de l’investisseur, mais aussi larichesse du pays.

Bien sûr, dans un monde plein d’incertitudes, lesinvestisseurs privés vont parfois faire des erreurs;parfois ils entreprennent des projets qui ne sont pas pro-fitables. Si les investisseurs n’étaient pas prêts à prendredes risques, bien des nouvelles idées ne seraient jamaistestées, et bien des projets, qui valent la peine mais repré-sentent un risque, ne seraient jamais entrepris. La mé-prise dans l’investissement est le prix qu’il faut payerpour la réalisation d’innovations rentables dans de nou-velles technologies et de nouveaux produits. Cependant,on doit mettre fin aux projets qui ne mènent à rien. Lemarché financier garantit qu’il en sera ainsi. Les investis-seurs privés ne continueront pas à gaspiller leurs fondssur des projets qui ne sont ni rentables ni productifs.

Sans marché financier privé, il est quasiment impos-sible d’attirer les fonds et de les canaliser régulièrementvers des projets qui créent de la richesse. Lorsque lesfonds d’investissement sont affectés par le gouverne-ment plutôt que le marché, un tout autre ensemble decritères entre en jeu. Le poids politique remplace l’at-tente de profits comme critère pour affecter les fonds.Les fonds d’investissement seront souvent canalisés versles supporters politiques et les projets qui profitent auxindividus et aux groupes ayant un poids politique.

Lorsque la politique remplace les marchés, les pro-jets d’investissements réduisent souvent la richesse plu-

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Un marché financier efficace

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tôt que de l’accroître. L’expérience de l’Europe de l’Est etde l’ex-URSS le démontre. Pendant quatre décennies(1950-1990), les taux d’investissement dans ces paysétaient parmi les plus élevés au monde. Les planifica-teurs de l’État affectèrent à peu près le tiers du produitnational à l’investissement. Cependant, même ces tauxélevés d’investissement n’améliorèrent pas beaucoup leniveau de vie, car des critères politiques plutôt qu’écono-miques déterminaient quels projets recevaient desfonds. Les ressources étaient souvent gaspillées en pots-de-vin politiques et en investissements très visibles que fa-vorisaient les chefs politiques importants. Parfois lesgouvernements fixent les taux d’intérêts et entravent ain-si la capacité des marchés de canaliser les épargnes per-sonnelles vers les projets qui créeront de la richesse.C’est encore pire lorsqu’un plafond sur le taux d’intérêtest combiné avec une politique monétaire inflationniste.Le taux d’intérêt ajusté pour l’inflation — ce que les éco-nomistes appellent le «taux d’intérêt réel» — est alorssouvent négatif! Lorsque le taux d’intérêt légiféré par legouvernement est inférieur au taux d’inflation, la ri-chesse des gens qui épargnent baisse. Leurs épargnes etl’intérêt qu’ils touchent leur permettront d’acheter demoins en moins avec le temps. Dans de telles circons-tances, il existe peu de raisons d’épargner et de fournirdes fonds au marché financier domestique. Il y aura unefuite de capitaux, car les investisseurs domestiques cher-cheront des rendements positifs à l’étranger et les inves-tisseurs étrangers éviteront complètement le pays. Detelles politiques détruisent le marché domestique ducapital. Le manque de capital financier et l’absence d’unmoyen pour diriger l’investissement vers des projets qui

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Page 83: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

créent de la richesse, fait en sorte qu’il n’y a plus d’inves-tissement productif qui se fait dans de tels pays. Les reve-nus stagnent et même régressent.

Tableau 1

Marchés financiers, taux d’intérêt réels et croissance duPNB par habitant dans certains pays en développement

Pays ayant des

taux d’intérêt

réel négatifs

Taux d’intérêt réel Taux de crois-

sance annuelle

du PNB par habi-

tant, 1980-19901983-85 1988-90

Argentine -163 -1 179 -1,7

Zambie -16 -77 -2,8

Somalie -35 -69 -0,7

Uganda -74 -65 -0,3

Sierra Leone -37 -41 -0,9

Équateur -19 -21 -0,4

Ghana -46 -15 -0,4

Tanzanie -21 -12 -0,3

Note: Le taux d’intérêt réel est égal au taux d’intérêt nominal sur les dé-pôts pour un an, moins le taux d’inflation.Source: Banque mondiale, Rapport sur le développement du monde (an-nuel) et World Tables: 1990-92 edition.

Comme l’illustre le tableau 1, l’Argentine, laZambie, la Somalie, l’Uganda, le Sierra Leone, l’Équa-teur, le Ghana et la Tanzanie ont suivi ce chemin pen-dant les années 80. Chacun de ces pays a fixé le tauxd’intérêt et suivi une politique monétaire expansion-niste. Il s’ensuivit que le taux d’intérêt ajusté pour l’infla-tion — le rendement réel sur les épargnes — était négatifpendant la majeure partie des années 80 dans chacun deces pays! Leur taux de croissance l’était aussi. Ces pays

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Un marché financier efficace

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Page 84: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

ont suivi des politiques dévastatrices pour le mécanismequi normalement offre des fonds aux investisseursprivés potentiels et canalise ces fonds vers les projets quicréent de la richesse. Sans ce mécanisme qui joue un rôlevital, ces pays ont régressé pendant les années 80. Lespays qui détruisent leur marché financier paient un prixélevé pour leur folie.

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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La stabilité monétaire: les politiquesmonétaires inflationnistes brouillentles signaux que sont les prix et minent

une économie de marché.

EN PREMIER LIEU, L’ARGENT EST UN MOYEN

d’échange. Il réduit les coûts de transaction, car ilest le dénominateur commun en quoi tous les

biens et les services peuvent être convertis. Avec de l’ar-gent, les gens peuvent entreprendre des échanges compli-qués qui comportent l’encaissement de revenus ou depaiements sur de longues périodes de temps. L’argentnous offre un moyen par lequel nous pouvons mainte-nir notre pouvoir d’achat pour usage ultérieur. L’argentest aussi une mesure comptable qui permet de suivre lesrevenus et les coûts encourus au fil du temps. Cepen-dant, la contribution productive de l’argent est une fonc-tion directe de la stabilité de sa valeur. À cet égard,l’argent est pour l’économie ce qu’est le langage pour lacommunication. Si les mots ne sont pas bien définispour l’émetteur comme pour le récepteur, la communi-cation est impossible. Il en est ainsi pour l’argent. Si l’ar-gent n’a pas de valeur stable et prévisible, il sera pluscoûteux pour les emprunteurs et les prêteurs de négo-cier des échanges; l’épargne et l’investissement compor-teront des risques supplémentaires; et les transactionsdont la durée est longue (par exemple, le paiementd’une maison ou d’une automobile sur une période de

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Page 86: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

temps) seront exposés à des dangers additionnels.Quand la valeur de l’argent n’est pas stable, l’échange estremis à plus tard et les gains de la spécialisation, de la pro-duction à grande échelle et de la coopération sociale ensont réduits. Il n’existe aucun mystère concernant lacause de l’instabilité monétaire. Comme celle d’autresdenrées, la valeur de l’argent est déterminée par l’offre etla demande. Quand la masse monétaire est constante,ou augmente de façon lente et stable, le pouvoir d’achatde la monnaie est relativement stable. Par contre, quandla masse monétaire augmente rapidement et de façon im-prévisible par rapport à l’offre des biens et des services, ily a inflation des prix, et le pouvoir d’achat de l’argent di-minue. Ceci se passe souvent lorsque les gouvernementsimpriment de l’argent (ou empruntent de la banque cen-trale) afin de payer leurs factures. Il arrive souvent auxpoliticiens de blâmer les commerçants avides, les syndi-cats puissants, les grandes compagnies de pétrole, ou lesétrangers, pour l’inflation. Mais leurs efforts sont uneruse, une tactique de distraction. La théorie économiqueaussi bien que l’expérience historique indiquent que l’in-flation persistante surgit d’une seule source: la crois-sance rapide de la masse monétaire. Ce phénomène estmis en évidence dans le tableau 2. Les pays qui ont aug-menté lentement leur masse monétaire ont eu des tauxd’inflation peu élevés durant les années 80. Ce fut le caspour certains grands pays comme l’Allemagne, le Japonet les États-Unis, aussi bien que pour des petits pays telsque la Suisse, les Pays-Bas, la Côte d’Ivoire et le Came-roun. En revanche, plus la croissance de la masse moné-taire d’un pays est élevée, plus le taux d’inflation augmente(voir les données pour le Portugal, le Vénézuela, le Costa

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Rica, la Turquie, le Ghana, le Zaïre et le Mexique). Destaux de croissance extrêmement élevés de la masse moné-taire provoquent de l’hyperinflation. Les expériencesd’Israël, du Pérou, de l’Argentine et de la Bolivie témoi-gnent clairement de ce fait. Un taux de croissance an-nuel à trois chiffres de la masse monétaire a mené à untaux annuel d’inflation à trois chiffres dans ces pays.

Tous les pays qui ont connu un taux d’inflation peuélevé dans les dernières décennies ont adopté une poli-tique de croissance monétaire contrôlée. Par contre,ceux qui ont fait l’expérience d’une forte inflation ontsuivi une politique de croissance monétaire rapide. Celien entre une croissance rapide de la masse monétaire etl’inflation est une des relations les plus stables en éco-nomie. L’inflation mine la prospérité économique. Laplanification et les projets d’investissement deviennentextrêmement risqués en contexte d’inflation. Des chan-gements imprévus du taux d’inflation peuvent rapide-ment transformer en désastre économique personnel unprojet qui autrement aurait été profitable. Étant donnél’incertitude additionnelle qui accompagne des taux d’in-flation élevés, beaucoup de décideurs choisiront toutsimplement de ne pas effectuer certains investissementset d’autres transactions qui requièrent des engagementsfinanciers à long terme. À cause de cela, certains échan-ges mutuellement bénéfiques n’auront pas lieu et leursgains potentiels ne seront pas réalisés.

Lorsque les gouvernements causent de l’inflation,les gens consacrent moins de temps à produire, et plusde temps à essayer de protéger leurs richesses. Les indivi-dus, réalisant qu’une mauvaise anticipation du tauxd’intérêt peut avoir des conséquences néfastes sur leur ri-

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La stabilité monétaire

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

Tableau 2

Croissance de la masse monétaire et taux d’inflation,1980-1990

Taux annuel de

croissance de la

masse monétaire

Taux annel

d’inflation

Croissance lente de la masse monétaire

Pays-Bas 2,8 1,9Allemagne 4,0 2,7Côte d’Ivoire 4,1 2,7Japon 4,9 1,5États-Unis 5,0 3,7Suisse 5,1 3,7Cameroun 5,6 5,6Canada 5,6 6,3

Croissance rapide de la masse monétaire

Portugal 13,2 18,2Vénézuela 16,8 19,3Costa Rica 22,6 23,5Ghana 41,8 42,7Turquie 46,8 43,2Mexique 61,4 70,4Zaïre 67,3 60,9

Croissance ultrarapide de la masse monétaire

Israël 98,6 101,4Pérou 157,3 233,7Argentine 368,9 395,1Bolivie 444,1 318,4

Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement du monde,1992 (tableaux 2 et 13). Le taux de croissance de la masse monétaire estégal à la croissance nominale de la masse monétaire moins la crois-sance du PNB réel.

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chesse, ont intérêt à sortir les ressources rares de la pro-duction de biens et de services et à les utiliser en vued’acquérir de l’information sur les taux d’inflationfutur. La capacité des gestionnaires de prévoir les change-ments de prix revêt plus de valeur que leur capacité de di-riger et d’organiser la production. Les pratiquesspéculatives sont encouragées dans la mesure où chacuntente d’être plus fin que son voisin en devinant la direc-tion que prendront les prix. Les fonds affluent vers les in-vestissements spéculatifs que sont l’or, l’argent et lesobjets d’art, plutôt que vers les investissements produc-tifs comme les édifices, l’outillage et la recherche techno-logique. Puisque les ressources se déplacent des activitésproductives aux activités non productives, le progrèséconomique est retardé.

Mais l’effet le plus nocif de l’inflation est peut-êtrequ’il érode l’estime et la confiance que les citoyens accor-dent à leur gouvernement. Au niveau le plus fondamen-tal, les gens s’attendent à ce que le gouvernement protègeleur personne et leur propriété contre les intrus qui pren-draient ce qui ne leur appartient pas. Lorsque le gouver-nement devient lui-même un intrus — lorsqu’il tricheavec le citoyen en diluant la valeur de sa monnaie —,comment les gens peuvent-ils être sûr que le gouverne-ment protègera leur propriété contre d’autres intrusions,fera observer les contrats, ou punira les comportementscriminels dépourvus de probité? Lorsque le gouverne-ment dilue la monnaie, il n’est pas en mesure de punir,par exemple, un producteur de jus d’orange qui dilue lejus qu’il vend aux consommateurs, ou un commerce quidilue ses actions (qui émet des actions additionnellessans la permission des actionnaires). Certains principes

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La stabilité monétaire

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Page 90: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

généraux sont essentiels à l’établissement d’un régimemonétaire stable. Premièrement, si le pays a une banquecentrale qui élabore des politiques monétaires, labanque doit a) être indépendante des autorités poli-tiques et b) être responsable du maintien de la stabilitédes prix. La banque centrale la plus indépendante aumonde est la Bundesbank allemande. La loi de la Bundes-bank de 1957 spécifie que la banque sera indépendantedes instructions du gouvernement fédéral. De plus, laBundesbank est obligée de soutenir les politiques écono-miques établies par le gouvernement seulement dans lamesure où ce soutien ne nuit pas à sa tâche de préserverla stabilité monétaire. Par contre, les banques centralesdes pays d’Amérique latine ont été presque entièrementdépendantes des hauts fonctionnaires. Sous ces régimes,les autorités des banques centrales, qui ne sont pas prê-tes à financer les déficits budgétaires en imprimantde l’argent, sont souvent mises à pied et remplacées pard’autres, «plus coopérantes». Il n’est pas surprenantque la Bundesbank allemande détienne l’une des meil-leures performances au monde en ce qui touche la lutte àl’inflation, par opposition aux banques centrales politi-sées d’Amérique latine qui sont connues pour leurs poli-tiques inflationnistes. Les autorités des banques centralespeuvent être responsables de plusieurs façons. On peutexiger légalement qu’elles maintiennent le taux d’infla-tion (ou un indice général des prix ou un taux de crois-sance monétaire) à l’intérieur d’une bande étroite. Unéchec peut alors mener à la mise à pied des directeurs dela banque. D’autre part, les salaires du conseil et lesfonds d’opération peuvent être liés à leur performance àl’égard du maintien de la stabilité monétaire et des prix.

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Certains pays comme Hong Kong et Singapour ont éta-bli une commission de la monnaie comme moyen d’at-teindre la stabilité monétaire. La commission de lamonnaie établit un taux de change fixe entre la monnaiequ’elle émet et la monnaie de la réserve qu’elle main-tient. Sous cet arrangement, la commission est obligéede maintenir 100% de ses réserves dans des valeurscomme des dollars américains (et des obligations).Essentiellement, l’exigence de 100% et l’entente, quipermet d’échanger sa monnaie en monnaie étrangère àun taux de change fixe, lie la monnaie domestique à lamonnaie étrangère. Donc, le taux d’inflation dans lepays qui possède une commission de la monnaie sera àpeu près le même que dans le pays dont les obligations etla monnaie sont tenues en réserve. Il y a plusieurs maniè-res d’assurer la stabilité monétaire et celle des prix, maison ne peut douter de leur importance comme source deprospérité économique. Sans stabilité monétaire, lesgains potentiels de l’augmentation des immobilisationset d’autres échanges qui exigent des engagements pourune période de temps importante se dissiperont, et lesgens du pays ne réaliseront pas leur plein potentiel.

La stabilité monétaire

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Les faibles taux d’imposition:les gens produisent plus quand on leurpermet de garder une plus grande part

de ce qu’ils gagnent.

Les impôts sont payés par la sueur de chaque personne quitravaille. Si ces impôts sont excessifs, l’on verra des usinesqui chôment, des fermes qui se vendent pour payer lestaxes, et des hordes de gens affamés qui marchent dans lesrues et cherchent futilement du travail.

Franklin ROOSEVELT à Pittsburgh, le 19 octobre 1932.

LORSQUE DES TAUX DE TAXATION ÉLEVÉS CONFIS-quent une grande part du revenu, il y a moins d’in-citations à travailler et à utiliser de façon

productive les ressources. Le taux d’imposition margi-nal — le montant de taxes payées sur chaque part addi-tionnelle de revenu — est particulièrement important.À mesure que le taux d’imposition marginal augmente,la part de revenu supplémentaire que les individus peu-vent garder baisse.

Il y a trois raisons pour lesquelles une lourde chargefiscale réduira la production et le revenu. Premièrement,des taux de taxation élevés découragent l’effort au travailet réduisent l’efficacité productive de la main-d’œuvre.Lorsque le taux d’imposition marginal atteint un niveaude 55% ou de 60%, les individus retiennent moins de lamoitié de ce qu’ils gagnent. Les gens qui n’ont pas l’occa-sion de garder beaucoup de ce qu’ils gagnent ont

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tendance à ne pas gagner beaucoup. Certains (parexemple, quelqu’un dont le conjoint travaille) se retire-ront de la main-d’œuvre. D’autres travailleront tout sim-plement moins d’heures. D’autres encore décideront delaisser passer l’occasion de travailler des heures supplé-mentaires, de prendre de plus longues vacances, deprendre leur retraite prématurément, d’être plus exi-geant avant de choisir un travail lorsqu’en chômage, oude ne pas entreprendre des opérations commerciales quisont prometteuses mais présentent certains risques.Il arrive qu’une lourde charge fiscale chasse les citoyensles plus productifs d’un pays vers d’autres pays où lestaxes sont moins élevées. Ces substitutions réduisentl’offre de main-d’œuvre, ce qui provoque une chute dela production.

Une lourde charge fiscale a aussi comme résultatl’utilisation inefficace de la main-d’œuvre. Certains indi-vidus remplaceront par des activités moins productivessur lesquelles aucune taxe n’est imposée (comme les pro-jets «do-it-yourself») des occasions de travail rémunérédont les revenus sont taxés. Il en résulte du gaspillage etde l’inefficacité économique.

Deuxièmement, des taux de taxation élevés rédui-sent aussi bien la quantité que le rendement du capitald’investissement. Des taux de taxation élevés repoussentl’investissement étranger et incitent les investisseursdomestiques à chercher des projets d’investissement àl’étranger, où les taux de taxation sont moins prohibi-tifs. Donc, l’augmentation des immobilisations — lecombustible de la croissance économique — est remiseà plus tard. Les investisseurs domestiques favoriserontles projets qui protègent les revenus de l’année courante

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Page 95: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

de taxation et éviteront les projets dont les rendementssont plus élevés mais offrent moins d’occasions d’éviterde payer de fortes taxes. Les entreprises commercialesqui sont conçues pour montrer des pertes comptablesafin d’abriter le revenu du percepteur de taxes devien-dront de plus en plus courantes. À cause des bénéficesqu’offrent les abris fiscaux, les gens sont souvent enmesure de bénéficier de projets qui réduisent la valeurdes ressources. Du capital rare sera ainsi gaspillé et desressources seront détournées de leurs utilisations lesplus productives.

Troisièmement, les taux marginaux élevés de taxa-tion encouragent les individus à remplacer des biensdont les prix ne peuvent pas être déduits du fardeau d’im-pôts par d’autres, moins désirés, dont les prix peuventêtre déduits des taxes payées par le consommateur. Icil’inefficacité provient du fait que les individus ne su-bissent pas l’entièreté du coût des achats qui réduisentleurs impôts. Des taux marginaux élevés de taxation ren-dent relativement bon marché les dépenses déductiblesdes taxes pour les personnes qui se trouvent dans latranche la plus élevée d’imposition. Puisque le coût per-sonnel, mais non pas le coût à la société, est bon marché,les contribuables qui subissent des taux marginaux éle-vés de taxation dépenseront plus d’argent sur des biensagréables et que l’on peut déduire des taxes, comme deluxueux bureaux, des conférences d’affaires à Hawaï, etune variété de bénéfices supplémentaires (par exemple,une auto de luxe de la compagnie, des divertissements etun plan de pension de la compagnie). Puisque de tellesdépenses réduisent leurs taxes, les gens vont souventacheter ces biens même s’ils ne leurs accordent pas au-

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Les faibles taux d’imposition

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

Tableau 3

Taux d’imposition marginalet croissance économique

Taux

marginal

maximum

Taux annuel de

croissance du

PNB par

habitant,

1980-19901984 1989

Pays à forte fiscalité

Iran 90* 75* -11,2Maroc 87* 87* 1,4Zambie 80* 75* -29,9République dominicaine 73* 73* -0,1Tanzanie 95* 50* -0,3Zimbabwe 63* 60* -0,5Zaïre 60* 60* -1,4Cameroun 60* 60* -0,7Ghana 60* 55* -0,4

Taux moyen de croissance -0,7

Pays à faible fiscalité

Hong Kong 25 25 5,7Indonésie 35 35 3,7Île Maurice 30 35 5,0Singapore 40 33 4,2Malaisie 45 45 2,6

Taux moyen de croissance 4,2

* Indique que le taux maximum s’applique à un revenu équivalent àmoins de 10 000 $.Source: Les données sur le taux d’imposition marginal proviennentde Price Waterhouse (Individual Tax Rates, 1984-1989). Les donnéessur le taux de croissance proviennent de la Banque mondiale (Rapportsur le développement du monde, 1992).

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tant de valeur que le coût associé à leur production. Legaspillage et l’inefficacité sont les sous-produits de cettestructure d’incitations.

En bref, l’analyse économique indique qu’unelourde charge fiscale réduit l’activité productive, remet àplus tard l’augmentation des immobilisations et encou-rage une mauvaise utilisation des ressources. On peutprévoir que le revenu d’un pays qui impose des taux mar-ginaux élevés de taxation tombera en-dessous de son ni-veau de production potentiel.

Comme le démontre le tableau 3, plusieurs pays envoie de développement imposent des taux marginaux detaxation excessivement élevés et ces taux s’appliquentsouvent à des niveaux de revenus fort bas. Par exemple,en 1989 la Tanzanie imposa une taxe de 50% sur quasi-ment tout revenu personnel. Donc, les gens ne purentgarder que la moitié de ce qu’ils gagnaient. De même, lesgens qui touchaient des revenus équivalant à moins de10 000 $ américains firent face à des taux de taxation mar-ginaux se situant entre 55% et 75% en Zambie, auGhana et au Zaïre. Des taux de taxation marginaux maxi-maux de 60% et plus furent imposés en Iran, au Maroc,en République Dominicaine, au Zimbabwe et au Came-roun. Il n’est pas surprenant alors que, dans ces pays àtaux de taxation très élevé, le produit intérieur brut (PIB)moyen réel par habitant ait baissé durant les années 80.Seulement un des pays où les taxes étaient élevées (le Ma-roc) fut capable de réaliser une croissance économiquedurant cette décennie.

Par contre, les taux marginaux de taxation étaientbeaucoup moins élevés dans les cinq pays en voie de dé-veloppement suivants: à Hong Kong, en Indonésie, à

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Les faibles taux d’imposition

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Page 98: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

l’Ile Maurice, à Singapour et en Malaisie. Ces pays, où leniveau d’imposition était peu élevé, ont connu une crois-sance économique rapide. Leur PIB réel par tête a cru àun taux annuel de 4,2% durant les années 80. Des tauxde taxation élevés forment un obstacle à la prospérité età la croissance du revenu. Les gouvernements qui tien-nent à promouvoir la prospérité se doivent de maintenirle fardeau fiscal peu élevé, surtout à la marge.

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Le libre-échange: une nation peutbénéficier de la vente des biens qu’elle

est capable de produire à un coûtrelativement bas et utiliser les recettespour acheter les choses qu’elle ne peut

produire qu’à un coût élevé.

Le libre-échange consiste simplement à laisser les gens ache-ter et vendre comme ils veulent acheter et vendre… Les ta-rifs protectionnistes sont essentiellement des blocus, etleur but est le même: empêcher l’échange. La différence estque les blocus sont un moyen par lequel les pays essaientd’empêcher le commerce avec leur ennemi; les tarifs pro-tectionnistes sont un moyen par lequel les gouvernementsessaient d’empêcher leurs propres peuples de conclure desmarchés.1

Henry GEORGE (1886)

LES PRINCIPES DONT IL EST QUESTION EN COM-

merce international sont fondamentalement lesmêmes que ceux qui caractérisent n’importe

quelle autre sorte d’échange volontaire: l’échange per-met à chaque partenaire de produire et de consommerplus qu’il n’en serait autrement capable. Voici trois rai-sons expliquant pourquoi il en est ainsi.

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1. Henry George, Protection or Free Trade, 1886, New York, RobertSchalkenbach Foundation, réédition: 1980, p. 47.

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Premièrement, avec l’échange international lepeuple de chaque nation peut utiliser plus de ses ressour-ces pour produire et vendre les choses qu’il fait bien etemployer les recettes qui en découlent pour acheter lesbiens qu’il ne peut produire qu’à un coût élevé. La com-binaison des ressources productives diffère beaucoupd’un pays à l’autre. Ces différences influencent les prix.Des biens qui sont relativement chers à produire dansun pays peuvent être produits de façon économiquedans d’autres pays. Le peuple de chaque pays a avantageà se spécialiser dans la production de biens qui ont uncoût relativement bas. Par exemple, les pays dotés declimats chauds et humides, tels que le Brésil et laColombie, trouvent avantageux de se spécialiser dans laproduction du café. Les peuples de pays tels que leCanada et l’Australie, où la terre est abondante et la po-pulation éparse, ont tendance à se spécialiser dans la pro-duction de biens qui requièrent beaucoup d’espace,comme le blé, le fourrage et le bétail. Par contre, auJapon, où la terre est rare et où il y a une main-d’œuvretrès spécialisée, les Japonais se spécialisent dans la manu-facture de biens tels que les caméras, les automobiles etles produits électroniques destinés à l’exportation.À cause de cette spécialisation et de cet échange, la pro-duction totale augmente et le peuple de chaque pays estcapable d’atteindre un niveau de vie plus haut qu’il ne se-rait capable autrement.

Deuxièmement, l’échange international permetaux producteurs domestiques comme aux consomma-teurs de réaliser des réductions dans les coûts unitairesqui accompagnent souvent la production, le marketinget la distribution à grande échelle. Ceci est particulière-

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Page 101: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

ment important pour les petits pays. Avec l’échange, lesproducteurs domestiques peuvent opérer sur unegrande échelle et donc assumer des coûts unitaires plusbas qu’il ne serait possible s’ils dépendaient uniquementdu marché domestique. Ainsi, les manufacturiers de tex-tiles à Hong Kong, à Taïwan et en Corée du Sud auraientdes coûts unitaires beaucoup plus élevés s’ils n’étaientpas capables de vendre à l’étranger. Le marché domes-tique des textiles dans ces pays serait trop petit pour sou-tenir la concurrence de grandes compagnies ayant descoûts de production unitaire peu élevés dans cette in-dustrie. Avec l’échange international cependant, lesfirmes de ces pays sont capables de produire (et devendre) de grandes quantités et de concurrencer fort effi-cacement les autres entreprises sur le marché mondial.

Le commerce international avantage aussi les con-sommateurs domestiques en leur permettant d’acheterles biens de producteurs étrangers qui produisent à grandeéchelle. L’industrie aéronautique illustre clairement cetargument. Étant donné les coûts faramineux du dévelop-pement et de l’ingénierie, les marchés domestiques depresque tous les pays sont substantiellement plus petitsque la masse requise pour la production efficaced’avions à réaction. Avec le commerce international ce-pendant, les consommateurs du monde entier peuvent seprocurer des avions à prix abordables de producteurs àgrande échelle, comme Boeing ou McDonnell-Douglas.

Troisièmement, le commerce international encou-rage la concurrence dans les marchés domestiques et per-met aux consommateurs d’acheter une grande variétéde biens à des prix acceptables. La concurrence de l’étran-ger aide à garder les producteurs sur le qui-vive. Elle les

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Le libre-échange

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force à améliorer la qualité de leurs produits et à mainte-nir leurs coûts à des niveaux raisonnables. En mêmetemps, la variété de biens qui sont disponibles à l’étran-ger offre aux consommateurs une bien plus grandegamme de choix qu’en l’absence du commerce interna-tional.

L’expérience récente de l’industrie nord-améri-caine de l’automobile en fait la preuve. Face à uneconcurrence féroce provenant de firmes japonaises, lesmanufacturiers nord-américains de l’automobile, connucomme les Big Three, ont travaillé fort pour améliorer laqualité de leurs véhicules. Par conséquent, la fiabilité desautomobiles et des fourgonnettes que peuvent se procu-rer les consommateurs nord-américains — ce qui inclutles véhicules produits par les manufacturiers domes-tiques — est presque certainement plus grande qu’ellene l’aurait été s’il n’y avait pas eu de concurrence del’étranger.

Lorsque des pays imposent des tarifs, des quotas,des contrôles sur le taux de change, des règlementsbureaucratiques contre les importateurs ou les exporta-teurs, ou d’autres types de restrictions sur le commerceinternational, ils augmentent les coûts de transaction etréduisent les gains possibles de l’échange. Comme l’a re-marqué Henry George (voir la citation du début de cechapitre), les restrictions sur le commerce internationalsont comme un blocus qu’un gouvernement impose àson propre peuple. Tout comme le blocus mis en placepar un ennemi cause des dommages au pays, le blocusque s’impose un pays en adoptant des restrictions surl’échange a le même effet.

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Le libre-échange

Tableau 4

La croissance économique de pays en voie dedéveloppement avec des fortes et des faibles restrictions

au commerce

Taux de

taxe moyen

1980

sur le com-

merce inter-

national

1989

Prime du

taux de

change sur

marché noir

19881

Croissance

annuelle du

PDB par tête,

1980-1990

Faibles restrictions au commerce

Singapore 0,5 0,.2 0 4,2Hong Kong 0,0 0,0 0 5,7Malaisie 7,7 3,2 0 2,6Irelande 3,0 2,5 2 2,9Taïwan 3,6 2,2 1 6,5Thaïlande 6,9 5,2 1 5,8Corée du Sud 4,1 3,0 10 8,6Indonésie 2,9 2,2 16 3,7

Taux de croissance moyen 5,0

Fortes restrictions au commerce

Iran 8,5 14,6 1030 -1,2Brésil 10,0 5,5 57 0,5Inde 15,5 21,6 14 3,2Pérou 10,6 5,0 240 -2,6Bangladesh 13,4 12,1 318 2,0Rwanda 13,3 n.a. 30 -2,3Argentine 9,5 7,0 50 -1,7Sierra Leone 13,3 11,8 1406 -0,9Pakistan 15,3 16,1 10 3,2Ghana 17,3 11,4 36 -0,4

Taux de croissance moyen 0,0

1. Une prime élevée sur le taux de change au marché noir indique que le pays a im-posé des contrôles du taux de change qui limitent substantiellement la capacitéqu’ont les citoyens nationaux de convertir leur monnaie en d’autres monnaies.Source: Les données sont basées sur World Bank, World Tables, 1991 et sur le Rap-port sur le développement du monde, 1992; International Monetary Fund, Govern-ment Financed Yearbook 1991, et International Currency Analysis, The WordCurrency Yearbook. 1989-1990.

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Le tableau 4 présente des données sur la relationentre les restrictions sur le commerce international et lacroissance économique pendant les années 1980 pourdix-huit pays en voie de développement, huit ayant peude restrictions sur l’échange et dix ayant de grandes res-trictions sur l’échange. Les huit premiers avaient des ta-rifs (taxes sur le commerce international) relativementbas, et ils ont réduit leurs taux tarifaires durant les an-nées 80. La majorité de ces pays qui plaçaient peu de res-trictions sur l’échange se sont gardés aussi d’établir descontrôles sur le taux de change. Donc, la prime pour lecours de l’argent sur le marché noir fut soit inexistantesoit fort petite. Reflétant le fait que les barrières àl’échange étaient faibles, le secteur du commerce interna-tional de chacun de ces huit pays à faibles restrictionsétait important par comparaison à celui d’autres pays degrandeur semblable. Le taux de croissance annuel du re-venu par tête pour les pays à faibles restrictions a été de5% pour la période 1980-1990.

Regardons maintenant les données des dix pays quiimposèrent des restrictions substantielles sur le com-merce international. Les tarifs de ces pays étaient généra-lement de 10% supérieurs à ceux des autres, c’est-à-direqu’ils représentaient à peu près quatre fois les taux impo-sés par les pays à faibles restrictions. Les contrôles dutaux de change ont eu pour résultat que, dans six despays à fortes restrictions (l’Iran, le Brésil, le Pérou, le Ban-gladesh, l’Argentine et le Sierra Leone), il y avait uneprime de 50% ou plus sur le marché noir des devises. Enmoyenne, le revenu par tête des dix pays à fortes restric-tions n’a pas changé durant les années 80. Le PIB par têtea baissé dans six des dix pays. Seuls deux (l’Inde et le

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Page 105: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

Pakistan) furent capables d’atteindre un taux de crois-sance égal à celui des pays à faibles restrictions. Ainsi,alors que les pays à faibles restrictions prospéraient, lespays à fortes restrictions stagnaient.

Beaucoup de gens parmi ceux qui ne sont pas deséconomistes soutiennent l’argument selon lequel les res-trictions à l’importation peuvent créer des emplois. Lors-qu’on analyse cette opinion, il est important une fois deplus de tenir compte du fait que c’est la production quicompte, et non les emplois. Avec le libre-échange lesconsommateurs d’un pays peuvent acheter ce qu’ilsveulent et s’approvisionner où ils peuvent obtenir lemeilleur prix. De même, les producteurs domestiquessont capables de vendre leurs produits là où ils peuventtoucher les prix les plus élevés. Il en résulte que lesconsommateurs reçoivent plus pour leur argent et queles propriétaires de ressources produisent plus de bienset de services auxquels les gens accordent de la valeur. Siles emplois étaient la clef des hauts salaires, nous pour-rions facilement en créer autant que nous en voulons.Nous pourrions tous travailler un premier jour à creuserdes trous et le jour suivant à les remplir. Nous serionstous employés, mais nous serions aussi terriblementpauvres, car de tels emplois ne généreraient ni les biensni les services auxquels les gens accordent de la valeur.

Bien sûr, les restrictions à l’importation peuventaugmenter l’emploi dans les industries protégées par lesrestrictions. Cependant, ceci ne veut pas dire qu’ellesaugmenteront l’emploi total. Les exportations four-nissent le pouvoir d’achat pour les importations. Lorsqueles Canadiens érigent des tarifs, des quotas et d’autresbarrières limitant la possibilité pour les étrangers de

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Le libre-échange

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Page 106: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

vendre au Canada, ils limitent en même temps lepouvoir des étrangers d’acheter des biens produits auCanada. Si les étrangers ne sont pas capables de vendreautant qu’ils le voudraient aux Canadiens, ils aurontmoins de dollars canadiens pour acheter des produits ca-nadiens. Donc, les restrictions à l’importation réduirontdirectement les exportations. La production et l’emploidans les industries de l’exportation baisseront; ceci com-pense les «emplois sauvés» dans les industries proté-gées. Essentiellement, les restrictions sur l’importationréorientent les ressources des domaines où les firmes do-mestiques sont des producteurs à bas coûts vers ceux oùles firmes domestiques sont des producteurs à coûts éle-vés. Donc, une quantité plus importante de nos ressour-ces sera employée à la production de choses que nousfaisons mal et une quantité plus faible sera employée àfaire les choses que nous faisons bien. De telles poli-tiques gaspillent les ressources et réduisent les revenusdomestiques.

Beaucoup de Canadiens croient que les restrictionsau commerce international sont nécessaires afin de pro-téger les travailleurs canadiens des biens importés pro-duits avec de la main-d’œuvre bon marché. Cette idéeaussi est fausse. Les pays étrangers nous vendent desbiens pour qu’ils puissent obtenir des dollars avec les-quels ils pourront acheter nos biens. Le prix relatif desbiens aura tendance à déterminer la direction de cetéchange. Les pays à salaires élevés auront tendance à im-porter des choses qui sont relativement bon marché àl’étranger et à exporter les biens qui sont relativementbon marché sur le marché domestique. C’est pourquoides pays à salaires élevés comme le Canada et les États-

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Unis auront tendance à importer des choses qui exigentbeaucoup de main-d’œuvre, tels que des perruques, destapis, des jouets, de l’artisanat, de la verrerie, et quelquesbiens manufacturés.

Par contre, ils auront tendance à exporter des bienstels que des céréales, des produits pétrochimiques, des or-dinateurs à la fine pointe de la technologie, des avions etdes instruments scientifiques qui sont produits avec de lamain-d’œuvre spécialisée, des terres agricoles, du pétroleet un capital de connaissances, toutes des ressources quisont relativement abondantes dans chacun de ces deuxpays. Le commerce entre deux pays qui sont dotés de res-sources semblables aura tendance à se faire entre mêmesindustries: des automobiles pour des automobiles, de labière pour de la bière, du fromage pour du fromage, dubois tendre pour du bois dur. Par ce commerce entre in-dustries semblables, les deux pays se spécialiseront dans laproduction de certains biens en particulier et les échange-ront pour avoir plus de variété. Par exemple, dans un pas-sé proche, le Canada produisait toutes les fourgonettesPlymouth Voyager et toutes les automobiles ChevroletLumina pour l’Amérique du Nord dans ses usines et im-portait les autres véhicules de Chrysler et de GM. Lesgrands lots de fabrication, rendus possible en ne produi-sant qu’un seul type de véhicule par usine, permettentaux Canadiens et aux Américains d’avoir accès à unegrande sélection d’autos à des prix plus bas qu’il n’auraitété possible autrement. Près de 80% des échanges entre leCanada et les États-Unis se font entre mêmes industries etl’on prédit que cela va s’accroître dans l’avenir.

Quand un pays peut se procurer à l’étranger un pro-duit meilleur marché qu’il n’est capable de produire sur

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le marché domestique, il bénéficie et de l’importationde ce produit et de l’utilisation de ses ressourcesdomestiques pour produire d’autres choses. L’exempleextrême suivant permet d’illustrer cette idée. Supposezqu’un producteur étranger, comme un Père Noël quipaie ses travailleurs peu ou rien, est prêt à procurer auxCanadiens des manteaux d’hiver gratuits. Est-ce qu’il se-rait raisonnable de décréter une barrière tarifaire pourempêcher l’entrée des manteaux gratuits sur le marchédomestique? Bien sûr que non. Les ressources quiétaient utilisées précédemment pour la production demanteaux pourraient être réaffectées maintenant à laproduction d’autres biens. La production et la disponibi-lité de biens augmenteraient. Il n’est pas plus raison-nable d’ériger des barrières à l’échange pour empêcherl’entrée de biens étrangers bon marché qu’il ne l’estd’empêcher l’entrée de manteaux gratuits provenantd’un gentil Père Noël étranger.

Si les «sauveurs d’emplois» et les partisans des res-trictions au commerce pensent que de telles politiquessont une bonne idée, pourquoi n’encouragent-ils pas lestarifs et les quotas pour limiter le commerce entre lesprovinces du Canada? Après tout, pensez à tous lesemplois qui sont perdus lorsque, par exemple, l’Ontario«importe» du bois et des pommes de la Colombie-Britannique, du blé de la Saskatchewan, et du poisson dela Nouvelle-Ecosse. Tous ces produits pourraient êtreproduits en Ontario. Cependant, les résidents de l’Onta-rio trouvent généralement moins dispendieux «d’impor-ter» ces biens que de les produire localement. L’Ontariofait un gain en utilisant ses ressources afin de pro-duire et «d’exporter» des automobiles. À leur tour,

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les ventes d’autos génèrent du pouvoir d’achat quipermet aux Ontariens «d’importer» des biens qu’ilaurait été dispendieux de produire localement.

La plupart des gens reconnaissent que le libre-échange entre les provinces est une source importantede prospérité pour chacune d’elles. Ils reconnaissent queles «importations» des autres provinces ne détruisentpas des emplois; ils ne font que relocaliser les travail-leurs dans les industries «d’exportation» où ils seront ca-pables de produire plus de valeur et donc plus derevenus. La source de gains du commerce internationalest exactement la même que pour l’échange entre per-sonnes de différentes provinces. Si le libre-échange entreles dix provinces encourage la prospérité, le libre-échange entre pays le fait aussi.

Si les restrictions à l’échange retardent la prospéritééconomique, pourquoi tant de pays adoptent-ils detelles mesures? La réponse est simple: l’influence poli-tique des groupes d’intérêts. Les restrictions à l’échangeprofitent aux producteurs (et aux fournisseurs de res-sources) aux dépens des consommateurs. En général, lepremier groupe — les investisseurs et les travailleursdans une industrie en particulier — est bien organisé ettrès visible, alors que les consommateurs sont générale-ment mal organisés et leur gains sont plus dispersés.Selon toute attente, le groupe d’intérêt organisé auraplus de pouvoir politique, plus de votes et plus de fondspour les campagnes électorales. Donc, les politiciens sesoumettent souvent à leur volonté. Dans le cas des res-trictions au commerce, les bons principes économiquesentrent souvent en conflit avec une stratégie politiquegagnante.

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conclusion

Quelques réflexions finales

LORS D’UNE VISITE EN EX-URSS EN 1992, UN RUSSE

dit à l’un des auteurs: «Nous savons ce qui nemarche pas; maintenant nous essayons de détermi-

ner ce qui marchera.» Les Russes ne sont pas seuls. Lamajeure partie du monde est à la recherche de solutionséconomiques qui marchent.

Comme nous l’avons indiqué dans ce livre, lathéorie économique fondamentale ainsi que l’expé-rience de l’Amérique du Nord offrent des éléments de ré-ponse à cette question. La théorie fondamentale indiqueque la propriété privée, la liberté des échanges, lesmarchés concurrentiels et la stabilité monétaire sont lespierres angulaires de la prospérité économique. Lorsqueces pierres angulaires sont présentes, les individuspeuvent «récolter ce qu’ils sèment», de l’énergie produc-tive est produite, et de la richesse est créée. Telle est la re-cette qui engendre notre progrès matériel. Si nous nouséloignons d’elle, nous cessons de jouir de la croissance etde la prospérité.

De plus, c’est une recette qui fonctionne partoutdans le monde. Les pays qui adoptent de bonnes poli-tiques prospèrent, alors que ceux qui ne le font passtagnent. À ce sujet, les expériences de l’Argentine, duVénézuela, du Japon et de Hong Kong sont instructives.Comme le démontre le tableau 7, en 1960, les revenuspar tête du Japon et de Hong Kong ne représentaient

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que les deux tiers ou les trois quarts de ceux de l’Argen-tine et du Vénézuela. Cependant, en 1990, la situationétait fort différente. Ajustés pour l’inflation, les revenuspar tête de l’Argentine et du Vénézuela en 1990 n’étaientque marginalement plus élevés qu’en 1960. Les écono-mies de ces pays ont stagné durant la période allant de1960 à 1990. Par contre, les revenus par tête, ajustés pourl’inflation, du Japon et de Hong Kong, ont augmenté deplus de 5 fois durant cette même période. En 1990, les re-venus par tête au Japon et à Hong Kong étaient approxi-mativement trois fois plus grands que ceux d’Argentineet du Vénézuela.

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

Graphique 1

Revenus par habitant de l’Argentine, du Vénézuela,du Japon et de Hong Kong, 1960 et 1990

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Ces données révèlent beaucoup de choses à proposde la prospérité économique. Premièrement, elles illus-trent que l’abondance de ressources naturelles n’est niune condition nécessaire ni une condition suffisante dela prospérité économique. Le Japon a peu de ressourcesnaturelles, et il importe presque toute son énergie. HongKong n’a pratiquement aucune matière première, trèspeu de sol fertile, et aucune source domestiqued’énergie. Cependant tous deux sont prospères. Parcontre, le Vénézuela est un des pays les plus riches en pé-trole dans le monde, alors que l’Argentine a beaucoup deterre fertile et une abondance d’autres ressources natu-relles. Les ressources naturelles peuvent aider à promou-voir la prospérité économique, mais évidemment ellesn’en sont pas la clé. Si elles l’étaient, le Japon et HongKong seraient pauvres, tandis que l’Argentine et le Véné-zuela seraient riches.

Deuxièmement, le tableau 5 illustre les limites de latechnologie avancée comme source de croissance écono-mique. Il est évident que les progrès technologiques ontamélioré de beaucoup notre capacité de produire desbiens ces dernières 250 années. La substitution de ma-chines pour de la main-d’œuvre, le développement denouvelles espèces de grain, l’engrais, les nouvelles sour-ces d’énergie et les améliorations dans les domaines dutransport et des communications ont transformé lemode de vie en Amérique du Nord, en Europe, enOcéanie et au Japon. Les pays en voie de développement,cependant, peuvent emprunter et imiter les technolo-gies qui marchent dans les pays développés. Cela devraitfaciliter leur croissance et leur prospérité. Si la techno-logie était le facteur premier limitant la création de la

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Quelques réflexions finales

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richesse, le bien-être économique des populations despays moins développées s’améliorerait rapidement. Mal-heureusement, ce n’est pas le cas.

Pourquoi les économies du Japon et de Hong Kongont-elles grandi rapidement, alors que celles de l’Argen-tine et du Vénézuela ont stagné? Il est évident que les dif-férences dans leur organisation économique formentune partie importante de la réponse. Notre analyse in-dique que des droits de propriété bien définis, des im-pôts peu élevés, une stabilité monétaire et un recoursaux marchés sont les clés du progrès économique. En gé-néral, le Japon et Hong Kong ont suivi ce parcours du-rant les années 1960-1990. Par contre, les pays quirestreignent le commerce et l’échange, imposent de for-tes taxes, fixent les taux d’intérêts et d’autres prix et sui-vent une politique monétaire inflationniste découragentl’activité productive et retardent l’utilisation efficace desressources. En général, tel est le chemin qui a été suivipar l’Argentine, le Vénézuela et la plupart des autrespays en voie de développement au cours des récentes dé-cennies.

Une organisation économique saine est la clé de laprospérité économique. Les pays qui adoptent des poli-tiques encourageant la création de la richesse pros-pèrent, alors que ceux qui ne le font pas continuent àstagner. Cela est vrai pour les riches nations industriellescomme pour les pauvres pays en voie de développe-ment. La prospérité future des deux est liée directementà la solidité de leur organisation économique. Tel est lemessage principal de la science économique moderne.

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Patrick Luciani

Un mythe:

Les immigrants volent

les emplois des Canadiens

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L’un des mythes les plus souvent colportés au Cana-da prétend que les immigrants volent les emploisdes Canadiens et font baisser leurs salaires, particu-

lièrement pendant les périodes de chômage et de ralentis-sement économique. Si l’on en croit ce mythe, lesconséquences de l’immigration seraient évidentes: l’ar-rivée d’immigrants en plus grand nombre signifie qu’il ya moins de ressources disponibles pour nous, Canadiensd’origine. Les tenants de ce préjugé ont aussi tendance àcroire que les immigrants imposent un fardeau aux con-tribuables, car les nouveaux Canadiens, pensent-ils,sollicitent plus que leur part d’assurance-emploi, d’as-sistance sociale et d’autres types de prestations. Onentend aussi une version plus sophistiquée, selon la-quelle un surplus d’immigrants réduirait le revenu parpersonne des résidents du pays. Cette seconde critiqueest basée sur l’hypothèse selon laquelle il y aurait unetaille optimale à la population du pays et que l’économiene serait plus aussi efficace au-delà d’un certain point, cequi entraînerait par conséquent la chute du revenu parpersonne. Finalement, certains croient que le prétenduproblème ne fera que s’aggraver si le Canada maintientsa politique d’ouverture croissante à l’immigration, envigueur depuis les années soixante.

Il est étonnant de constater la rareté des statistiquessur les retombées socioéconomiques réelles de l’immi-gration au Canada, alors que cette même immigration apourtant joué un rôle crucial dans le développementéconomique du pays. Posons-nous quand même la-question, et tentons d’y répondre à partir de ce que noussavons déjà: les immigrants volent-ils réellement nosemplois? rongent-ils nos revenus? et retirent-ils davan-

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tage du système qu’ils n’y contribuent? Il faut répondrepar la négative à toutes ces questions. Aucune méthodeéconométrique n’a permis de démontrer que l’immigra-tion nuisait à l’emploi ou aux revenus des Canadiens.Mais avant d’étudier de plus près les statistiques disponi-bles, penchons-nous un peu sur l’évolution du rôle del’immigration au Canada et sur son histoire.

LE NOUVEAU VISAGE DE L’IMMIGRATION

Le Canada a toujours été connu comme un pays d’immi-grants mais, pendant la seconde moitié du dernier siècle,le Canada a en fait perdu davantage d’habitants par l’émi-gration qu’il n’en a reçu par l’immigration. Le pays abien reçu 401 000 immigrants en 1912, mais seulement25 % d’entre eux sont restés. Les autres ont déménagéaux États-Unis. Le Canada a connu une autre perte nettependant les années trente et au début des années qua-rante, mais les choses ont commencé à se redresser par lasuite. Entre 1946 et 1957, 1,1 million d’immigrants sont ar-rivés au pays. Ceux-ci venaient principalement d’Eu-rope et cherchaient essentiellement des emplois mieuxrémunérés. Les immigrants de cette vague étaient sou-vent peu qualifiés, mais faisaient preuve d’une grande ar-deur au travail. Après 1957, le Canada a modifié sespriorités en matière d’immigration et s’est mis à recruterles immigrants les plus compétents et les plus fortunés.À la fin des années soixante, 25 % des immigrantsétaient des professionnels. Avec l’adoption du systèmede points, le Canada s’est mis à valoriser les compétenceset la formation tout en réduisant l’importance du parrai-nage d’immigrants. Les nouvelles règles d’admission ont

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aussi eu pour effet de modifier la répartition des immi-grants entre les pays d’origine. Avant les annéessoixante, plus de 85 % des immigrants venaient d’Eu-rope ou des États-Unis. À la fin des années soixante et audébut des années soixante-dix, 40 % venaient des Caraï-bes, du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique.1 Le visage duCanada en a été transformé: ce n’était plus un pays à pré-dominance blanche et européenne. Les Canadiens fran-çais et les Canadiens anglais devenaient minoritairesdans leur propre pays.

FARDEAU OU BÉNÉDICTION?

Maintenant que nous avons peint sommairement cettetoile de fond, nous pouvons nous poser cette secondequestion: quel a été l’effet de l’immigration sur l’éco-nomie canadienne? Pour mieux y répondre, nouspouvons envisager l’immigration sous trois angles: pre-mièrement, selon son apport aux revenus par personnedes Canadiens d’origine (ceux qui vivaient déjà au Cana-da); deuxièmement, selon l’utilisation par les immi-grants des programmes sociaux fédéraux et provinciaux

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1. Les immigrants peuvent entrer au Canada de trois façonsprincipales: par le Programme de réunion des familles, commepersonnes indépendantes ou comme réfugiés. Entre 1980 et 1986,43,1 % des immigrants arrivés au Canada se sont prévalu duProgramme de réunion des familles, 18,2 % étaient des réfugiés et40 % étaient des indépendants. Environ 70 % des réfugiés et desimmigrants de familles réunies venaient des Caraïbes, d’Asie,d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, tandis que50 % des indépendants venaient des sources d’immigrationtraditionnelles que sont le Royaume Uni, les autres payseuropéens et les États-Unis.

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par rapport à leur contribution fiscale; et troisième-ment, selon l’effet de l’immigration sur la création ousur la perte d’emplois pour les Canadiens.

Efficacité économique

La notion d’efficacité économique repose sur l’exis-tence présumée d’un niveau idéal ou optimal de popula-tion, au-delà duquel les revenus par habitant semettraient à chuter. Les économistes appellent cela la loides rendements décroissants. Cette loi économique sup-pose que plus il y a de gens, moins les nouvelles person-nes venant s’ajouter à la population contribuent auproduit national brut.2 Il y aurait donc un point au-delàduquel, peu importe le nombre d’habitants que l’onajoute, la production et les revenus cessent d’augmenteret peuvent même chuter. Voilà ce que signifieraitl’atteinte d’un point d’efficacité maximale. Avons-nousatteint ce point? La réponse est non, et nous ne l’attein-drons sans doute jamais. Les économistes aiment biens’amuser à tenter de fixer un niveau de population opti-mal au-delà duquel l’économie perdrait en efficacité. LeConseil économique du Canada a déjà établi ce niveauoptimal à 100 millions d’habitants, mais il ne s’agit tout

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2. La loi des rendements décroissants suppose qu’au-delà d’uncertain point, toute personne s’ajoutant à la population apporteun gain de production inférieur à celui de la personne qui l’aprécédée. Il faut présumer pour cela qu’il n’y a aucuneaugmentation du capital, des terres disponibles ou des autresmoyens de production. Si les machines et outils sont en nombrefixe, la production du travailleur suivant ne sera pas aussi forte quecelle du travailleur précédent.

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au plus que d’une savante conjecture.3 Qui plus est, laproduction ne dépend pas seulement du nombre de tra-vailleurs disponibles. Les machines, les outils et la tech-nologie ont aussi une grande importance, et ces facteursne cessent d’évoluer, rendant la main-d’œuvre de plusen plus productive. C’est pourquoi il n’y a aucune rela-tion évidente entre la taille de la population et l’efficacitééconomique.

Programmes sociaux et fiscalité

Une autre question importante concerne la pré-tendue dépendance des immigrants à l’égard des pro-grammes d’assistance sociale. Beaucoup de gens ont lesentiment que les immigrants se prévalent de ces pro-grammes davantage que les Canadiens d’origine. Les sta-tistiques indiquent pourtant que seulement 12,5 % desimmigrants arrivés au pays entre 1981 et 1986 ont touchéde telles prestations sociales, comparativement à 13,8 %des Canadiens d’origine. Parmi ceux qui sont arrivés auCanada entre 1976 et 1980, 6,7 % touchaient des presta-tions d’assistance sociale. Il semble bien que plus ils de-meurent longtemps au Canada, moins les immigrantssollicitent cette assistance. Ces statistiques démententdonc les idées reçues. Seule une faible fraction des immi-grants touche des prestations d’assistance sociale, etcette fraction n’est certainement pas plus grande que par-mi les Canadiens d’origine.

Il s’ensuit que, si les immigrants n’abusent pas des

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3. CONSEIL ÉCONOMIQUE DU CANADA. Impacts sociaux et économiquesde l’immigration. Ottawa, Approvisionnements et services, 1991.

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programmes sociaux, c’est qu’ils doivent avoir des em-plois; et c’est bien ce que l’on constate. Les immigrantsen général ont un taux de chômage inférieur à celui desCanadiens d’origine. Par exemple, en 1986, le taux dechômage chez les immigrants était de 8,2 %, comparati-vement à 10,8 % chez les autres. (Toutefois, les immi-grants nouvellement arrivés avaient des taux dechômage plus élevés étant donné qu’ils étaient encore entrain de s’adapter à leur nouveau pays.)

Les immigrants paient-ils leur juste part d’impôtset de taxes, ou soutirent-ils davantage d’argent des servi-ces sociaux qu’ils ne contribuent au système? Notreétude a démontré que la contribution fiscale des immi-grants était en fait supérieure au coût des services qu’ilsrecevaient. Bref, les immigrants portent plus que leurjuste part du fardeau fiscal et partagent même une partiede leurs revenus avec les Canadiens d’origine par le biaisde la fiscalité. L’étude a aussi révélé que plus les immi-grants étaient jeunes, plus grande était leur contribu-tion. En versant des taxes et des impôts, l’immigrantapporte une contribution nette à la société pendant unepériode pouvant aller jusqu’à 35 ans. On peut donc enconclure qu’il est préférable d’accepter des immigrantsau pays alors qu’ils sont encore jeunes.4 On notera aussiqu’en 1986, 27,5 % des immigrants adultes qui avaientdû se qualifier en vertu du système de points pour êtreadmis au pays sont arrivés chez nous avec un diplômeuniversitaire en poche, ce qui a fait épargner aux contri-buables d’importantes dépenses d’éducation. Cela se

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4. AKBARI, Ather H. «The Benefits of Immigration to Canada:Evidence on Tax and Public Services», Canadian Public Policy,XV, no 4, décembre 1989.

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compare très favorablement avec la proportion de Cana-diens d’origine détenant des diplômes universitaires,qui est de 22,6 %.

Si les immigrants apportent une telle contributionfinancière au pays, pourquoi ne pas en admettre un plusgrand nombre? On a déjà soutenu qu’en raison du vieil-lissement de la population canadienne, le pays avait be-soin d’admettre davantage de travailleurs pour pallier lamontée des coûts de la santé, de l’éducation et des servi-ces sociaux. Le Conseil économique du Canada a déter-miné que l’on pourrait réduire le coût par personne deces mêmes services en haussant les niveaux d’immigra-tion, mais que les économies ainsi réalisées seraientminimes.5 Même si l’on ajoute les avantages réalisésgrâce aux économies d’échelle, autrement dit la réduc-tion du coût par personne dans une population plusgrande, l’effet bénéfique resterait modeste. Les statisti-ques semblent donc indiquer que, même si les immi-grants n’imposent aucun fardeau fiscal supplémentaireà la population d’accueil, ils ne réduisent pas non plus cefardeau.

Il serait erroné de présumer que l’immigration n’en-traîne aucun coût social ou économique, surtout si l’ontient compte des demandes d’asile politique que font lesréfugiés au Canada. En 1985, les divers paliers de gouver-nement ont dépensé 432 millions de dollars en pro-grammes destinés aux immigrants, allant des cours delangue à l’assistance sociale en passant par les conseils etles services de placement. Ce chiffre, qui a continué

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5. CONSEIL ÉCONOMIQUE DU CANADA. Impacts sociaux et économiquesde l’immigration, op. cit., p. 51.

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d’augmenter avec la hausse de l’immigration et dunombre de demandes d’asile politique, ne tient pascompte du fardeau accru imposé aux trois grandes villesd’accueil des immigrants (Toronto, Montréal et Vancou-ver) en provoquant l’augmentation des coûts de loge-ment et des coûts sociaux. L’immigration, il faut le dire,n’est pas un phénomène national, mais bien un phéno-mène urbain, concentré dans les trois grandes métropo-les du Canada.

Emplois, revenus et immigration

Penchons-nous maintenant sur cette croyance se-lon laquelle les immigrants nous déroberaient nos em-plois. Ceux qui s’imaginent que les immigrantsprennent la place des Canadiens d’origine s’appuient surtrois suppositions: premièrement, que chaque immi-grant déplacerait un Canadien d’origine; deuxième-ment, que les travailleurs immigrants et travailleursd’origine seraient parfaitement interchangeables; et troi-sièmement, que les immigrants seraient disposés à tra-vailler pour des salaires inférieurs à ceux des Canadiensd’origine. Ces hypothèses ne sont généralement pasbasées sur des faits démontrés, mais plutôt sur l’idée se-lon laquelle l’économie ne pourrait offrir qu’un nombred’emplois fixe. Nous savons que c’est faux puisque l’im-migration accroît la population, ce qui stimule la de-mande de biens et services et, par conséquent, crée desemplois. De bien des façons, les immigrants créent leurspropres emplois et relèvent le niveau général de la de-mande en achetant des voitures, des maisons et tout ceque les autres Canadiens achètent. Nous savons par

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contre que les immigrants récents consacrent une plusgrande partie de leurs revenus à l’alimentation, au loge-ment et au transport, ce qui modifie la nature de la de-mande globale dans l’économie. Du côté de l’offre, lesimmigrants ont aussi tendance à contribuer davantage àla main-d’œuvre. Lorsque l’on fait les ajustements néces-saires en fonction de l’âge, on note que le taux de partici-pation à la main-d’œuvre des immigrants de sexemasculin était de 79,4 % en 1981, comparativement à77,9 % chez les Canadiens d’origine. Et si, autrefois, leCanada accordait la préférence aux immigrants possé-dant des compétences techniques difficiles à trouver aupays, les immigrants d’aujourd’hui ont plutôt tendanceà trouver des emplois de type professionnel ou adminis-tratif.

Pour ce qui est de l’idée selon laquelle les immi-grants seraient prêts à occuper des emplois que les Cana-diens d’origine dédaignent, on voit là le reflet d’unevision selon laquelle l’économie offrirait des catégoriesd’emplois primaires et secondaires, la première classeétant mieux rémunérée et préférée par les Canadiensd’origine, alors que la seconde n’offrirait que des em-plois peu rémunérés, que préféreraient les immigrants.Cette vision simpliste du marché du travail n’a aucunfondement, car elle s’appuie sur trop d’hypothèses nonconfirmées. Par exemple, si les Canadiens d’originerefusaient de travailler dans des emplois secondaires,cela deviendrait vite évident: les fermiers, par exemple,auraient du mal à faire récolter leurs produits, lesmaisons ne seraient pas nettoyées et les pelouses ne se-raient pas tondues. Or, dans une économie de marché,une pénurie de main-d’œuvre entraînerait une hausse

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des salaires dans ces mêmes catégories d’emplois secon-daires. Il n’y a donc aucune raison théorique pourlaquelle les Canadiens d’origine refuseraient d’accom-plir ces tâches. Pour l’expliquer, il faudrait supposer queles immigrants possèdent beaucoup de compétences si-milaires à celles des Canadiens d’origine. Lorsque lenombre d’immigrants augmente, ceux-ci seraient alorsen concurrence pour un même nombre d’emplois à dessalaires inférieurs. C’est là un scénario plausible, maisrien ne le confirme en réalité. Si tel était vraiment le cas,les salaires des Canadiens d’origine seraient en baisse.Or, on ne voit rien de tel. L’immigration ne semble nulle-ment affecter les salaires des Canadiens d’origine.6 Celapeut être expliqué en partie par le fait que les travailleursimmigrants et les Canadiens d’origine ne sont pas parfai-tement interchangeables. L’interaction économique réelleentre les immigrants et les Canadiens d’origine est en-core mal comprise et devrait faire l’objet d’enquêtes etde recherches plus approfondies. Les compétences desimmigrants varient beaucoup d’une personne à l’autreet selon les pays dont ils sont issus. Selon leurs antécé-dents économiques et politiques, les immigrants ont deseffets divers sur la main-d’œuvre, et il est difficile, voireimpossible, de prédire ces retombées.

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6. En ce qui concerne les données américaines, on a découvert dansce pays que l’impact sur les revenus des Américains d’origine étaitnégligeable. Une augmentation de l’immigration de 10 % a faitbaisser les revenus des Américains d’origine de 0,2 %. Dans le casdes ouvriers du secteur manufacturier, la baisse n’était que de0,04 %. Même la main-d’œuvre mexicaine illégale affecte à peineles Américains d’origine. Voir BORJAS, George J., Friends orStrangers, New York, Basic Books, 1990.

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Bien que les statistiques nous donnent à penser quel’immigration ne fait pas augmenter le chômage, legouvernement fédéral canadien a semblé accréditercette hypothèse puisqu’il a réduit les niveaux d’immigra-tion pendant les récessions. Jusqu’en 1990, en vertu dusystème de points, personne ne pouvait demander le sta-tut d’immigrant reçu en dehors du Programme de réu-nion des familles à moins que l’on ait constaté unepénurie de travailleurs dans sa profession ou dans sonmétier. Déterminer si l’immigration cause une augmen-tation du chômage est beaucoup plus difficile que nesemblent l’imaginer les profanes. Le ministère du Tra-vail et de l’Immigration a étudié la question sous biendes angles afin de découvrir la réponse. Il ne suffit pas deregarder les statistiques annuelles pour voir si les taux dechômage varient proportionnellement à l’immigration.Il ne suffit pas non plus d’étudier les flux d’immigrationpour voir si les taux de chômage augmentent ou dimi-nuent parallèlement. Un coup d’œil rapide sur les statis-tiques nous montre en fait que l’immigration a eutendance à diminuer pendant que le chômage augmen-tait. Après tout, les immigrants ne sont pas intéressés às’établir chez nous si aucun emploi ne les attend! (Voirla figure 11.1.)

Un examen superficiel des données ne nous in-dique pas grand-chose sur les facteurs sous-jacents. Sinous supposons que l’immigration n’est qu’un autremoyen d’accroître la taille de la population, nous pou-vons peut-être alors trouver une relation entre le chô-mage et l’accroissement démographique; toutefois, on

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Page 128: CE QUE TOUS LES QUÉBÉCOIS DEVRAIENT SAVOIR …Ce que tous les Québécois devraient savoir sur l’économie. Suivi de La vitre cassée de Frédéric Bastiat. Et de Les immigrants

ne trouve aucune corrélation de ce genre entre les deuxstatistiques.7 Le chômage pourrait peut-être aussi aug-menter lorsque l’on accroît la main-d’œuvre au-delà dela capacité de création d’emplois de l’économie, mais ob-serve-t-on vraiment ce phénomène dans les pays où lamain-d’œuvre croît rapidement? Là non plus, l’expé-rience de divers pays de l’OCDE n’indique aucune rela-tion entre les taux de chômage et la croissance de lamain-d’œuvre. Par exemple, le Canada a connu un tauxde chômage inférieur à ceux de la France et de l’Italie, àla fin des années quatre-vingt, même si sa main-d’œuvrecroissait plus rapidement que celles des deux pays euro-péens en question.

Autre preuve que les immigrants ne font pas aug-menter le chômage: ceux-ci ont tendance à créer leurspropres emplois en devenant des travailleurs autono-mes. En 1981, 7,9 % des immigrants étaient travailleursautonomes comparativement à 6,8 % des Canadiensd’origine. En 1986, ces statistiques étaient de 11,6 % et9 % respectivement. Le travail autonome croît plus rapi-dement parmi les immigrants que dans l’ensemble de lapopulation. Finalement, certains se demandent qui pro-fite le plus de notre politique d’immigration. Là encore,on dispose d’informations et de données inadéquates.Les immigrants, en moyenne, ont non seulement des em-plois devant eux, mais ils tendent aussi à réaliser de meil-leurs revenus que les Canadiens d’origine, la marge étantd’environ 3%, après ajustement pour tenir compte defacteurs comme les niveaux d’éducation.

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7. CONSEIL ÉCONOMIQUE DU CANADA. Impacts sociaux et économiquesde l’immigration, op. cit., p. 54.

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Notre revue des études et analyses de l’immigrationau Canada nous mène à conclure, primo, que les immi-grants ne volent pas d’emplois; secundo, que rien n’in-dique qu’ils causent une baisse des revenus desCanadiens d’origine; et tertio, que les immigrants n’im-posent pas de fardeaux aux programmes sociaux. Enfin,les immigrants paient plus que leur juste part de taxes etd’impôts pour les programmes sociaux. Toutefois,même si rien ne prouve qu’ils constituent un fardeaupour la société, il faut bien dire aussi que rien ne prouveleur effet positif ou négatif sur le revenu par personnedes Canadiens d’origine. Tout cela signifie que pourcomprendre les coûts et avantages de l’immigration, ondoit aller au-delà de l’économie et prendre en compte lesavantages de vivre dans une société où se côtoient descultures diverses et où les gens peuvent trouver refugepour des raisons humanitaires. Si certains continuent en-core à soutenir que les immigrants volent des emplois,ils ne peuvent compter sur aucune preuve pour appuyerleurs dires.

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Frédéric Bastiat

La Vitre cassée

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Ce texte fait partie d’un recueil de Frédéric Bas-tiat intitulé Ce qu’on voit et ce qu’on ne voitpas. Publié en juillet 1850, il est le dernier que

Bastiat ait écrit. L’auteur en perdit le manuscrit lorsd’un déménagement. Après de longues et inutiles re-cherches, il se décida à recommencer entièrementson œuvre. Cette tâche finie, il se reprocha d’avoir ététrop sérieux, jeta au feu le deuxième manuscrit et enécrivit un autre, lequel fut réimprimé en 1854. L’en-semble des écrits de Bastiat occupe sept volumes del’édition dite Guillaumin (voir Frédéric Bastiat,Œuvres complètes, Paris, Guillaumin et Cie, 1862-1864).

Bastiat est, quant à moi, l’un des plus grands vul-garisateur des principes économiques fondamen-taux. Presque tous ses écrits sont toujours d’actualité.À titre d’exemple, n’avons-nous pas entendu plu-sieurs observateurs québécois vanter les mérites de lacélèbre crise du verglas de 1998 en tant que louable sti-mulus de notre l’économie?

Michel Kelly-GagnonDirecteur déléguéInstitut économique de Montréal

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Avez-vous jamais été témoin de la fureur du bonbourgeois Jacques Bonhomme, quand son fils ter-rible est parvenu à casser un carreau de vitre? Si

vous avez assisté à ce spectacle, à coup sûr vous aurez aus-si constaté que tous les assistants, fussent-ils trente, sem-blent s’être donné le mot pour offrir au propriétaireinfortuné cette consolation uniforme: «À quelquechose malheur est bon. De tels accidents font aller l’in-dustrie. Il faut que tout le monde vive. Que devien-draient les vitriers, si l’on ne cassait jamais de vitres?»

Or, il y a dans cette formule de condoléances touteune théorie qu’il est bon de surprendre, flagrante delicto,dans ce cas très simple, attendu que c’est exactement lamême que celle qui, par malheur, régit la plupart de nosinstitutions économiques.

À supposer qu’il faille dépenser six francs pour répa-rer le dommage, si l’on veut dire que l’accident fait arri-ver six francs à l’industrie vitrière, qu’il encourage dansla mesure de six francs la susdite industrie, je l’accorde,je ne conteste en aucune façon, on raisonne juste. Le vi-trier va venir, il fera sa besogne, touchera six francs, sefrottera les mains et bénira de son cœur l’enfant terrible.C’est ce qu’on voit.

Mais si, par voie de déduction, on arrive à conclure,comme on le fait trop souvent, qu’il est bon qu’on casse

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les vitres, que cela fait circuler l’argent, qu’il en résulteun encouragement pour l’industrie en général, je suisobligé de m’écrier: halte-là! Votre théorie s’arrête à cequ’on voit, ne tient pas compte de ce qu’on ne voit pas.

On ne voit pas que, puisque notre bourgeois a dé-pensé six francs à une chose, il ne pourra plus les dépen-ser à une autre. On ne voit pas que, s’il n’eût pas eu devitre à remplacer, il eût remplacé, par exemple, ses sou-liers éculés ou mis un livre de plus dans sa bibliothèque.Bref, il aurait fait de ces six francs un emploi quelconquequ’il ne fera pas.

Faisons donc le compte de l’industrie en général.La vitre étant cassée, l’industrie vitrière est encou-

ragée dans la mesure de six francs; c’est ce qu’on voit. Sila vitre n’eût pas été cassée, l’industrie cordonnière (outoute autre) eût été encouragée dans la mesure de sixfrancs; c’est ce qu’on ne voit pas.

Et si l’on prenait en considération ce qu’on ne voitpas parce que c’est un fait négatif, aussi bien que ce quel’on voit, parce que c’est un fait positif, on comprendraitqu’il n’y a aucun intérêt pour l’industrie en général, oupour l’ensemble du travail national, à ce que des vitres secassent ou ne se cassent pas.

Faisons maintenant le compte de Jacques Bon-homme.

Dans la première hypothèse, celle de la vitre cassée,il dépense six francs et a, ni plus ni moins que devant, lajouissance d’une vitre. Dans la seconde, celle où l’acci-dent ne fût pas arrivé, il aurait dépensé six francs enchaussure et aurait eu tout à la fois la jouissance d’unepaire de souliers et celle d’une vitre.

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Or, comme Jacques Bonhomme fait partie de la so-ciété, il faut conclure de là que, considérée dans son en-semble, et toute balance faite de ses nivaux et de sesjouissances, elle a perdu la valeur de la vitre cassée.

Par où, en généralisant, nous arrivons à cette conclu-sion inattendue: «La société perd la valeur des objets inu-tilement détruits», et à cet aphorisme qui fera dresser lescheveux sur la tête des protectionnistes: «Casser, briser,dissiper, ce n’est pas encourager le travail national» ouplus brièvement: «Destruction n’est pas profit.»

Que direz-vous, Moniteur industriel, que direz-vous, adeptes de ce bon M. de Saint-Chamans, qui a cal-culé avec tant de précision ce que l’industrie gagnerait àl’incendie de Paris, à raison des maisons qu’il faudrait re-construire?

Je suis fâché de déranger ses ingénieux calculs, d’au-tant qu’il en a fait passer l’esprit dans notre législation.Mais je le prie de les recommencer, en faisant entrer enligne de compte ce qu’on ne voit pas à côté de ce qu’onvoit.

Il faut que le lecteur s’attache à bien constater qu’iln’y a pas seulement deux personnages, mais trois dans lepetit drame que j’ai soumis à son attention. L’un,Jacques Bonhomme, représente le Consommateur, ré-duit par la destruction à une jouissance au lieu de deux.L’autre, sous la figure du Vitrier, nous montre le Produc-teur dont l’accident encourage l’industrie. Le troisièmeest le Cordonnier (ou tout autre industriel) dont le tra-vail est découragé d’autant par la même cause. C’est cetroisième personnage qu’on tient toujours dans l’ombreet qui, personnifiant ce qu’on ne voit pas, est un élémentnécessaire du problème. C’est lui qui bientôt nous ensei-

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La Vitre cassée

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gnera qu’il n’est pas moins absurde de voir un profitdans une restriction, laquelle n’est après tout qu’une des-truction partielle.

Aussi, allez au fond de tous les arguments qu’onfait valoir en sa faveur, vous n’y trouverez que la parap-hrase de ce dicton vulgaire: «Que deviendraient les vi-triers, si l’on ne cassait jamais de vitres?»

Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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Les auteurs

James D. Gwartney est professeur de sciences éco-nomiques et politiques à l’Université d’État de la Florideet associé de recherche à l’Institut James Madison. Il aobtenu son doctorat en économie de l’Université deWashington en 1970. Il a publié de nombreux articlesdans des revues professionnelles en économie, surtoutdans les domaines de la taxation, de l’économie poli-tique et de l’économie du travail. Ses ouvrages de vulgari-sation ont paru dans beaucoup de journaux dont le NewYork Times et le Wall Street Journal.

Richard L. Stroup est professeur d’économie àl’université d’État du Montana et associé principal du Po-litical Economy Research Center. Il a obtenu son doctoratde l’Université de Washington en 1970 et fut le directeurdu Bureau d’analyse politique au ministère des Affairesintérieures des États-Unis durant les années 1982-1984.Ayant publié beaucoup dans les domaines de l’éco-nomie environnementale et des ressources naturelles, ila été une force majeure dans le développement de la mé-thode «environnementaliste de marché libre» qui sepréoccupe des problèmes de ressources. Ses recherchesrécentes se concentrent sur des arrangements institution-nels alternatifs pour traiter du risque environmental.

Les professeurs Gwartney et Stroup sont tous lesdeux membres de la société du Mont Pèlerin, une organi-sation internationale d’économistes. Ils sont les co-auteurs de Economics: Private and Public Choice, 6th edi-tion (Dryden Press, 1992), un texte d’économique utiliséde façon répandue au niveau universitaire, et Introducto-ry Economics: The Wealth and Poverty of Nations(Dryden Press, 1993).

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Table des matières

Introduction

Pourquoi devriez-vous lire ce livre?.................. 7

Première partie :

Dix éléments clés de l’économique .................. 11

1 Les incitations comptent. ................................... 13

2 On n’a jamais rien pour rien!............................ 17

3 L’échange volontaire encouragele progrès économique. ...................................... 21

4 Les coûts de transaction présententun obstacle à l’échange; la réductionde cet obstacle aidera à promouvoirle progrès économique. ...................................... 25

5 Les augmentations de revenu réel dépendentdes augmentations réelles de la production. ..... 29

6 Les quatre sources de croissance des revenussont: a) l’amélioration des compétences destravailleurs, b) l’augmentation des immobilisa-tions, c) l’avancement technologique, etd) une meilleure organisation économique ...... 35

7 Le revenu est une compensation qu’onobtient en rendant service aux autres. Lesgens gagnent un revenu en aidant les autres..... 39

8 Les profits dirigent les entreprisesvers les activités qui font augmenterla richesse. ........................................................... 43

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9 Le principe de la «main invisible» stipuleque le système des prix permet d’harmoniserl’intérêt de l’individu avec le bien-être général. 47

10 Ne pas tenir compte des effets secondaireset des conséquences à long terme est unesource d’erreur parmi les plus communesen économie........................................................ 51

Deuxième partie :

Les sept sources principales

du progrès économique ...................................... 57

1 Propriété privée: les gens sont plus motivésà travailler et utilisent les ressources plussagement lorsque la propriété est privée. .......... 59

2 La liberté d’échanger: les politiques quiréduisent le volume d’échange retardentle progrès économique ....................................... 71

3 Les marchés concurrentiels: La concurrenceencourage l’utilisation efficace des ressourceset fournit une stimulation soutenueà l’innovation...................................................... 75

4 Un marché financier efficace:pour qu’une nation puisse réaliser sonpotentiel, il doit y avoir un mécanismecapable d’allouer les capitaux aux projetsqui génèrent de la richesse. ................................ 81

5 La stabilité monétaire: les politiquesmonétaires inflationnistes brouillentles signaux que sont les prix et minentune économie de marché ................................... 87

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Ce que tous les Québécoisdevraient savoir sur l’économie

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6 Les faibles taux d’imposition:les gens produisent plus quand on leur permetde garder une plus grande part de ce qu’ilsgagnent................................................................ 95

7 Le libre-échange: une nation peut bénéficierde la vente des biens qu’elle est capable deproduire à un coût relativement bas et utiliserles recettes pour acheter les choses qu’ellene peut produire qu’à un coût élevé.................. 101

conclusion

Quelques réflexions finales ................................ 113

Les auteurs .............................................................. 139

Table des matières

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