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Les leviers de notre corps Une introduction à la biomécanique CAHIER DE L’ÉLÈVE NOM : ______________________________ SEA 2 e année du 1 er cycle du secondaire Planche tirée du De motu animalium l’œuvre de Giovanni Alfonso Borelli (1608 – 1679), considéré comme le père de la biomécanique.

Centre de démonstration en sciences physiques · Web view(1680), il décompose le corps en éléments très simples qu’il analyse en utilisant le principe de levier. Pour l’aider

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Les leviers de notre corps

Une introduction à la biomécanique

Planche tirée du De motu animalium l’œuvre de Giovanni Alfonso Borelli (1608 – 1679), considéré comme le père de la biomécanique.

CAHIER DE L’ÉLÈVE

NOM : ______________________________

SEA 2e année du 1er cycle du secondaire

Les leviers de notre corps : une introduction à la biomécanique

Mise en contexte

« Le livre de la nature est écrit en mathématiques »

Galileo Galilei (1564 – 1642)

Au cours du XVIIe siècle, de plus en plus de savants s’intéressent aux mathématiques pour décrire différents phénomènes naturels. Cette approche, dont on associe souvent les débuts à Galilée, connaîtra de grands succès, notamment pour analyser le mouvement des planètes. En 1687, Isaac Newton formule sa célèbre loi universelle de la gravitation qui permet de décrire le mouvement des planètes à l’aide d’une relation mathématique. Peu à peu, les savants de l’époque en viennent à voir l’Univers comme une machine dont les mécanismes cachés peuvent désormais être décomposés, interprétés et analysés.

Peut-on comparer le mouvement des planètes à une grande machine, dont les mécanismes nous seraient cachés? Illustration de James Ferguson (1710 – 1776)

Comprendre le fonctionnement du corps humain et percer les mystères de la vie sont des questions qui animent également les savants de l’époque. On se demande alors si le corps humain dissimulerait lui aussi certains mécanismes pouvant être analysés par une approche s’inspirant de la physique et des mathématiques. Notre corps serait-il, un peu à l’image d’une grande machine, constitué d’une multitude de mécanismes simples comme des engrenages, des poulies et des leviers ?

L’une des figures importantes de cette vision mécaniste de l’humain est Giovanni Alfonso Borelli (1608-1679). Dans son œuvre posthume, De motu animalium (1680), il décompose le corps en éléments très simples qu’il analyse en utilisant le principe de levier. Pour l’aider dans son analyse, il a l’idée de fabriquer des modèles de certaines structures du corps humain : des segments en bois représentent les os et des ficelles représentent les muscles. Il en vient ainsi à mieux comprendre le rôle des muscles dans le mouvement du corps humain. La biomécanique, cette science dont il est le père, est aujourd’hui énormément exploitée en sport et en médecine.

Planche du De motu animalium par Borelli (1680).

On te demande maintenant d’investiguer le fonctionnement du corps humain comme l’a fait Borelli. Tu devras concevoir un modèle d’articulation du corps et l’analyser en utilisant les principes des leviers. Ton modèle te sera utile pour comprendre la façon dont nos muscles agissent à l’intérieur de notre corps pour le mettre en mouvement.

Section 1 - Les leviers : quelques principes

Près de deux mille ans avant Borelli, les principes permettant de décrire les leviers avaient été étudiés par un personnage grec nommé Archimède. On lui doit d’ailleurs la phrase célèbre : « Donnez-moi un point d’appui, et un levier, je soulèverai le monde. » Le fonctionnement des leviers sera essentiel pour comprendre le fonctionnement des muscles dans le corps humain.

A) Les leviers, éléments de définition

1. Qu’est-ce qu’une machine simple ?

2. Qu’est-ce qu’un levier ?

B) Les types de leviers

1. Complète les schémas de ces trois types de leviers en représentant à l’aide de flèches les forces en jeu : la force motrice en rouge et la force résistante en bleu (leur sens peut varier).

Levier interappui

Levier interrésistant

Levier intermoteur

2. Pour chacun des types de leviers, trouve un objet de ton quotidien qui en exploite le principe. Représente-le par un schéma en indiquant les forces impliquées et la position du point d’appui.

Levier interappui

Levier interrésistant

Levier intermoteur

Objet :

Objet :

Objet :

C) Le bras de levier

1. Patrick et Ludivine sont assis sur une balançoire à bascule, tel qu’illustré sur l’image ci-contre. Que devrait faire Ludivine pour que la balançoire penche de son côté ? Expliquez pourquoi.

Un levier est un certain type de machine simple qui permet de multiplier une force. Pour augmenter l’effet d’une force appliquée sur un levier, il suffit d’augmenter son bras de levier.

2. Pour déterminer la longueur du bras de levier, il faut prolonger la ligne d’action de la force. Le bras de levier est la distance la plus courte (donc à 90˚) entre le point d’appui et la ligne d’action. À partir de l’exemple ci-dessous, représente les bras de levier pour les deux autres situations. Dans quelle situation le bras de levier de FM est-il le plus grand ?

Bras de levier

Point d’appui

Structure

Force motrice

Ligne d’action

Situation 1 :

FM

Situation 2 :

FM

D) L’avantage mécanique et l’avantage cinématique

On utilise souvent un levier pour réduire la force (ou l’effort) nécessaire pour effectuer une tâche : on recherche alors un avantage mécanique (AM). Dans certaines situations, on voudra plutôt utiliser le levier pour amplifier un mouvement. On parle alors d’un avantage cinématique (AC). Dans une machine simple, ces deux effets s’opposent. Ainsi, un levier qui fournit un bon avantage mécanique aura un avantage cinématique faible et un levier dont l’avantage mécanique est faible amplifiera mieux le mouvement.

1. Nomme un objet de ton quotidien qui exploite le principe de levier et qui possède grand avantage mécanique.

2. Nomme un objet de ton quotidien qui exploite le principe de levier et qui possède grand avantage cinématique.

E) Définition mathématique de l’avantage mécanique

L’avantage mécanique se définit mathématiquement comme le rapport de la force résistante FR sur la force motrice FM. Dans le cas d’un levier, l’avantage mécanique peut aussi être évalué par le rapport de la longueur du bras de levier de la force motrice dM sur la longueur du bras de levier de la force résistante dR. Les deux équations mathématiques ci-dessous permettent d’exprimer ces relations.

FM

FR

dM

dR

Schéma présentant les différentes variables nécessaires au calcul de l’avantage mécanique

Dans la situation présentée sur le schéma ci-dessus, un levier est utilisé pour soulever une boîte. Ici, l’avantage mécanique est de 2 puisque dM est deux fois plus grand que dR. Cela signifie que la grandeur de la force qu’il faudra exercer pour soulever la boîte sera deux fois plus petite que le poids de l’objet, soit la force résistante*. Les flèches indiquant les forces sur le levier sont représentées avec une longueur proportionnelle à la grandeur de ces forces. FM est donc deux fois plus petite que FR.

* Un rappel : Lorsqu’on parle du poids d’un objet, on parle de la force que la gravité exerce sur sa masse. Pour trouver la grandeur de cette force, on multiplie la masse de l’objet (en kg) par la valeur de l’accélération gravitationnelle : 9,8 m/s2. Le newton est l’unité de mesure d’une force.

1. Sur le schéma de cette brouette, représente le point d’appui, la force motrice, la force résistante et leurs bras de levier.

2. De quel type de levier s’agit-il?

3. À partir de ton schéma, estime l’avantage mécanique (AM) de cette brouette. Laisse une trace de ta démarche.

4. Au besoin, modifie la longueur des flèches de force pour que le rapport de leur longueur respecte la valeur estimée de l’AM.

5. Si la brouette contient une masse de 50 kg, quelle est la valeur de la force résistante? Laisse des traces de ta démarche.

6. Quelle serait alors la force motrice nécessaire pour soutenir la brouette ? Laisse des traces de ta démarche.

Maintenant que tu comprends mieux les principes des leviers,

tu seras en mesure de réaliser l’activité.

Au besoin, reviens à cette section pour t’y référer !

Section 2 – Consignes pour la conception d’un modèle articulaire

Comme Borelli l’a fait il y a plus de trois cents ans, on peut décrire plusieurs mouvements articulaires du corps humain à l’aide de systèmes de leviers. L’articulation agit comme point d’appui du levier qui permet à un os de bouger. En se contractant, les muscles exercent une force motrice. Cette force permet de soulever le poids d’un membre ou d’une charge : c’est la force résistante.

Le but de cette activité est de concevoir un modèle simplifié d’une articulation du corps déterminée avec votre enseignant(e). L’analyse biomécanique de votre modèle devra vous permettre de mieux comprendre la façon dont nos muscles agissent à l’intérieur de notre corps pour le mettre en mouvement. Votre modèle devra être conforme au cahier des charges ci-dessous.

Cahier des charges pour la conception d’un modèle

de mouvement articulaire

Fonction globale : Modéliser le mouvement d’une articulation du corps, dont le principe mécanique est celui d’un levier.

Au regard du milieu humain, le modèle d’articulation devra être :

· représentatif d’un mouvement articulaire en 2 dimensions (ex. respecter l’échelle, le point d’attache du ou des muscles, la direction de la force motrice);

· destiné à la compréhension de la physiologie d’une articulation en contexte pédagogique ;

· facile d’utilisation.

Au regard du milieu technique, le modèle d’articulation devra être :

· muni d’une attache parisienne en guise de pivot;

· guidé par des ficelles représentant le ou les muscles sollicités.

Au regard du milieu industriel, le modèle d’articulation devra être :

· réalisé en classe dans le temps disponible (2 périodes);

· fabriqué avec le matériel disponible en classe, à l’exception du carton.

Au regard du milieu économique, le modèle d’articulation devra être :

· à coût nul.

Au regard du milieu physique, le modèle d’articulation devra être :

· résistant pour une utilisation répétée du mouvement articulaire modélisé.

Au regard du milieu environnemental, le modèle d’articulation devra être :

· fait de carton récupéré.

Dans les prochaines pages de ce document, vous serez guidés à chacune des étapes de la réalisation de votre modèle de mouvement articulaire. Plus spécifiquement, vous devrez

A) faire une recherche sur l’articulation et le mouvement que vous devez modéliser;

B) faire un schéma de principe;

C) faire un schéma de construction;

D) fabriquer un modèle de mouvement articulaire qui respecte le cahier des charges;

E) évaluer le modèle que vous aurez fabriqué;

F) répondre aux questions d’intégration.

Voici quelques références où vous trouverez des informations utiles pour concevoir votre modèle.

· Pour comprendre les leviers (vidéo sous-titré en français de la série TED-ed): http://ed.ted.com/lessons/the-mighty-mathematics-of-the-lever-andy-peterson-and-zack-patterson

· Description anatomique en lien avec le mouvement de plusieurs articulations http://www.corpshumain.ca/muscle_articulation.php

· Corps humain virtuel (squelette et muscles): http://www.ikonet.com/fr/sante/corpshumainvirtuel/

· Description anatomique du mouvement (biomécanique) :http://www.sci-sport.com/theorie/001-02.php#refanat

A) Recherche sur l’articulation et le mouvement à modéliser.

Avant de commencer à fabriquer votre modèle, vous devez chercher certaines informations anatomiques essentielles à sa conception. La série de questions suivantes vous aidera à orienter votre recherche. Utilisez les références fournies à la page précédente pour trouver les réponses aux questions.

1. Dans le mouvement que vous devez modéliser, quelle partie du corps est en mouvement ?

2. Autour de quelle articulation pivote le membre en mouvement ?

3. Quel type de mouvement articulaire effectue le membre que vous devez modéliser ? Faites un choix parmi les types de mouvements suivants :

a) Flexion

b) Extension

c) Abduction

d) Adduction

e) Rotation

4. Entre quels os s’articule le mouvement qui sera décrit par votre modèle ? Quels os seront en mouvement ? Quels os seront fixes ?

Os en mouvement :

Os fixes :

5. Quel muscle ou ensemble de muscles est le principal responsable de la production de la force motrice nécessaire au mouvement à modéliser ?

Conseil : Si vous ne trouvez pas cette information directement, essayez de faire le mouvement avec votre propre corps. Répétez-le plusieurs fois. À quel endroit sentez-vous que se produit l’effort musculaire ? En touchant l’endroit où se trouve votre muscle pendant que vous faites le mouvement, vous devriez le sentir se contracter et se détendre. Une fois que vous avez trouvé l’endroit où est situé le muscle qui est responsable du mouvement, identifiez-le à l’aide d’un ouvrage de référence.

6. De quelle façon ce muscle s’attache-t-il à l’os qui est mis en mouvement par l’articulation ? Essayez d’évaluer la distance entre le point d’attache du muscle et le point de pivot. Déterminez aussi l’orientation dans laquelle ce muscle tire sur l’os.

B) Schéma de principe

On vous demande maintenant de réaliser un schéma décrivant le modèle de mouvement articulaire que vous aurez à fabriquer. Ce schéma devra

1. illustrer les forces d’action (motrice et résistante) ainsi que le mouvement qui en résulte ;

2. mettre en évidence certains principes du levier en jeu (type de levier, point d’appui, bras de levier);

3. respecter (approximativement) les proportions du corps (membres, longueur des bras de levier, grandeur des forces)[footnoteRef:1]. [1: Astuce : Pour réaliser votre schéma, vous pourriez prendre des mesures directement sur votre corps avec un ruban à mesurer.]

C) Schéma de construction

Avant de passer à la fabrication de votre modèle, vous devez produire un schéma de construction. Ce schéma devra

1. mettre en relief l’assemblage et la combinaison des pièces ;

2. indiquer les liaisons et les guidages ;

3. représenter les parties du modèle à l’échelle.

D) Fabriquer un modèle de mouvement articulaire qui respecte le cahier des charges

E) Évaluer le modèle fabriqué :

Maintenant que ton modèle est fabriqué, il est temps d’évaluer son fonctionnement.

1. Est-ce que le modèle est conforme aux consignes décrites dans le cahier des charges ?

2. Quelles sont les limites du modèle par rapport à la physiologie réelle ?

3. Quelles améliorations pourrait-on apporter à votre modèle ?

F) Questions d’intégration se rapportant à votre modèle :

1. Nommez une action du quotidien qui nécessite le mouvement décrit par votre modèle.

2. Quel est (approximativement) l’avantage mécanique? Laissez des traces de vos calculs.

3. Est-ce que le système musculaire décrit par votre modèle possède un grand avantage mécanique ou un grand avantage cinématique ? Selon vous, pourquoi en est-il ainsi?

SEA 2e année du 1er cycle du secondaire

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© Isabelle Arseneau et Mathieu Riopel, Centre de démonstration en sciences physiques, Cégep Garneau. Matériel d’accompagnement pour la conférence 2016-2017 : Être HUMAIN. Creative Commons BY-NC-SA.

SCHÉMA DE PRINCIPE DU MODÈLE ARTICULAIRE

NOM :

DATE :

TITRE :

ÉCHELLE :

SCHÉMA DE CONSTRUCTION DU MODÈLE ARTICULAIRE

NOM :

DATE :

TITRE :

ÉCHELLE :

Patrick Ludivine