24
École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses Centre d'études des religions du Livre. Laboratoire associé au C.N.R.S. n°152 Pierre Hadot, Antoine Guillaumont, René-Georges Coquin, M. Albert, Claire Guillaumont Citer ce document / Cite this document : Hadot Pierre, Guillaumont Antoine, Coquin René-Georges, Albert M., Guillaumont Claire. Centre d'études des religions du Livre. Laboratoire associé au C.N.R.S. n°152. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 90, 1981-1982. 1981. pp. 456-478. http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1981_num_94_90_15866 Document généré le 24/09/2015

Centre d'études des religions du Livre. Laboratoire ... archives/Lumiere-verbum Page 14 du... · CENTRE D'ETUDES DES RELIGIONS DU LIVRE Laboratoire associé au C.N.R.S. n° 152 Directeur

Embed Size (px)

Citation preview

École pratique des hautes études,Section des sciences religieuses

Centre d'études des religions du Livre. Laboratoire associé auC.N.R.S. n°152Pierre Hadot, Antoine Guillaumont, René-Georges Coquin, M. Albert, Claire Guillaumont

Citer ce document / Cite this document :

Hadot Pierre, Guillaumont Antoine, Coquin René-Georges, Albert M., Guillaumont Claire. Centre d'études des religions du

Livre. Laboratoire associé au C.N.R.S. n°152. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses.

Annuaire. Tome 90, 1981-1982. 1981. pp. 456-478.

http://www.persee.fr/doc/ephe_0000-0002_1981_num_94_90_15866

Document généré le 24/09/2015

CENTRE D'ETUDES DES RELIGIONS DU LIVRE

Laboratoire associé au C.N.R.S. n° 152

Directeur : M. Pierre Hadot

Le Centre d'étude des Religions du Livre étudie l'influence que les trois religions monothéistes, qui sont aussi des religions du Livre : judaïsme, christianisme, islamisme, ont exercée sur la philosophie et d'une manière générale la pensée et la littérature occidentales : par leurs conceptions théologiques et cosmologiques, par leurs techniques herméneutiques, par leurs traditions ésotériques (gnosticisme, dualisme, kabbale), par leurs mystiques.

II regroupe des spécialistes - enseignants et chercheurs - de ces trois grandes religions et des historiens de la philosophie. Cette collaboration lui a permis de réaliser plusieurs ouvrages collectifs :

1) In Principio. Histoire des interprétations des premiers versets de la Genèse, Paris, 1975, 315 p.

2) Dieu et l'Être. Exégèse d'Exode 3,14 et de Coran 20,11-24, Paris, 1978, 276 p.

3) Autour de Maître Eckhart. Colloque sur Dietrich von Freiberg et Maître Eckhart (Paris, 1979), à paraître en Allemagne.

4) Lumière et Cosmos (il s'agit d'une étude sur les exégèses chrétiennes et kabbalistiques du Fiat Lux de la Genèse).

Le Centre d'étude des Religions du Livre fait maintenant partie du GRECO 25 : « Histoire ancienne du christianisme ». Sa collaboration à cet organisme consiste d'une part à intensifier ses propres recherches concernant les œuvres d'Évagre le Pontique, les œuvres d'Augustin et les écrits gnostiques de Nag Hammadi, d'autre part à entreprendre l'élaboration de fascicules méthodologiques d'introduction à l'étude des sources du christianisme ancien, notamment dans le domaine des rapports entre philosophie ancienne et christianisme.

Les recherches du Laboratoire sont donc centrées avant tout sur la signification des méthodes exégétiques des trois grandes religions

457

monothéistes dans l'histoire de la pensée (ancienne, médiévale et moderne).

Une première série d'études a été consacrée à l'influence que l'exégèse de certains versets de la Genèse a eue sur la formulation des problèmes philosophiques, par exemple le premier verset de la Genèse (In principio...) sur l'idée d'éternité du monde, le quatrième verset de la Genèse (Fiat Lux) sur certaines théories de la lumière, le fameux passage d'Exode 3,14 (Ego sum qui sum) sur la conception de Dieu comme être.

Dans le prolongement de cette recherche, l'équipe des médiévistes a spécialement étudié l'exégèse d'Exode 3,14 chez Maître Eckhart, chez qui elle pose des problèmes particuliers, à cause de la tendance de ce penseur à accorder une priorité au connaître sur l'être et elle a été amenée à s'engager peu à peu dans une recherche générale sur les œuvres latines d'Eckhart.

Par ailleurs, cette recherche sur la signification des méthodes exégéti- ques a conduit à étudier plus spécialement des types d'exégèse hétérodoxes, comme par exemple l'exégèse gnostique et la genèse des textes présentés comme révélés dans la littérature gnostique ou apocryphe ou encore à analyser des œuvres où la méthode exégétique se rencontre avec des méthodes philosophiques héritées de la tradition grecque, comme chez Boèce et Évagre le Pontique. Étant donné l'intérêt de ce dernier auteur, une recherche d'ensemble lui a été consacrée.

Pour coordonner tous ces travaux, l'élaboration d'un lexique raisonné des termes techniques de l'exégèse dans la tradition hellénique, le christianisme, le judaïsme et l'Islam va être entreprise.

FONCTIONNEMENT DU LABORATOIRE

1. Conseil de laboratoire

Les décisions sont prises après consultation du Conseil du Laboratoire qui comprend les membres suivants :

Enseignants : Guillaumont Antoine, Hadot Pierre, Le Brun Jacques, Nautin Pierre, Paramelle Joseph, Tardieu Michel, Touati Charles.

Chercheurs C.NJI.S. : Mme Albert Micheline, Coquin René- Georges, Kaluza Zenon, De Libéra Alain, Sed Nicolas, Wéber Edouard, Zum Brunn Emilie.

I.TA. : Folliet Georges, Pezin Michel.

2. Assemblées générales

Les assemblées générales auxquelles sont invités tous les membres du Laboratoire et des personnalités étrangères au Centre ont lieu en moyenne une fois par mois pendant l'année universitaire.

Ces assemblées générales sont consacrées à l'audition d'exposés se rapportant aux diverses opérations de recherche en cours dans le Laboratoire. Pendant les années 1979-1980 et 1980-1981, ont eu lieu les réunions suivantes :

- 6 décembre 1979. É. Wéber : « Le temps comme accès au salut, l'élucidation par les maîtres parisiens du xiif siècle de Peschatologisme de Joachim de Flore ».

- 31 janvier 1980. Mlle Javary : Une lecture messianique de YOde sur le Prince Millet ancêtre des Zhou, par Joachim Bouvet (1656-1730), missionnaire en Chine.

- 7 février 1980. Robert Armogathe : Les sources scolastiques du temps cartésien.

- 26 février 1980. M. Goetschel (de Strasbourg) : Exode 3,14 dans la pensée juive allemande de la première moitié du xxe s.

- 20 mars 1980. Jean Bauberot : Conceptions du temps chez les chrétiens sociaux.

- 8 mai 1980. M. Hasnaoui : Le temps eschatologique chez quelques auteurs du Kalàm et de la Falsafa.

459

- 13 mai 1980. Michel Tardieu : Les catégories du temps dans les écrits gnostiques non valentiniens.

- 29 janvier 1981. Pierre Hadot : Méthodes et concepts exégétiques dans l'Antiquité gréco-latine.

- 5 mars 1981 . É. Wéber : L'interprétation christologique d'Exode 3,14 (ego sum qui sum) dans la théologie médiévale.

- 7 mai 1981. Mme E. Starobinski : Exode 3,14 chez quelques maîtres hassidiques.

3. Réunions consacrées aux différentes opérations de recherches

1) Réunions hebdomadaires pour l'équipe qui se consacre à l'étude de l'exégèse de Maître Eckhart (notamment Exode 3,14).

Plusieurs réunions dans l'année pour l'équipe chargée de la traduction des textes gnostiques de Nag Hammadi.

2) Plusieurs réunions ont eu pour objet la coordination des recherches concernant l'exégèse d'Exode 3,14 {ego sum qui sum) au Moyen Age et dans les Temps Modernes.

3) Un petit colloque a réuni les participants à l'ATP sur le Temps pour tirer les conclusions de leurs recherches.

4) Une séance spéciale et une enquête écrite ont été consacrées à l'élaboration d'un projet de recherche sur les méthodes exégétiques.

4. Collaboration de personnalités n'appartenant pas au Laboratoire

La réalisation des différentes opérations exige la collaboration de chercheurs étrangers au Laboratoire.

Tout d'abord, depuis la retraite et surtout le décès de M. H. Corbin, tous les problèmes se rapportant à l'Islamisme sont traités en collaboration avec l'équipe de M. Jean Jolivet, notamment MM. Arfa, Elamrani Jamal, Hasnaoui ; en collaboration également avec M. Monnot, pour tout ce qui concerne les problèmes exégétiques de l'Islam.

En ce qui concerne l'ATP sur le Temps, il a été fait appel aux compétences de MM. Youssif et Hasnaoui.

Dans la recherche sur l'exégèse philosophique moderne d'Exode 3,14. le Laboratoire se félicite de la collaboration de Mme Esther Starobinski et de MM. Goetschel et Courtine.

Dans les recherches sur le thème de la Lumière, nous avons bénéficié du précieux concours de M. Maillard.

PARTICIPATION A L'A.T.P. « TEMPS »

Le thème proposé était l'étude comparée des conceptions du temps eschatologique dans les trois grandes traditions religieuses juive, chrétienne et islamique, conformément aux perspectives propres au L.A. 152, le « Centre d'études des religions du Livre », qui regroupe, au sein de la Section des Sciences religieuses de l'École Pratique des Hautes Études, des spécialistes du judaïsme, du christianisme et de l'islam, c'est-à-dire des trois grandes religions monothéistes, diversifiées à partir d'une souche commune.

On ne pouvait envisager une histoire continue des conceptions relatives à ce sujet sur une si vaste période de l'histoire. On a nécessairement fait choix de certaines époques et de certains auteurs, en s'attachant de préférence à ceux qui se prêtaient le mieux à des recherches originales, et l'étude en a été confiée à des spécialistes, ce qui a permis d'obtenir, en chaque cas, une contribution neuve et sûre. Du moins s'est-on efforcé de choisir des sujets qui, malgré leur caractère particulier, restent hautement significatifs, représentatifs, au sein d'une évolution que l'on a cherché à illustrer dans toute sa diversité, tant selon les trois grandes religions monothéistes qu' à l'intérieur de chacune d'elles, du christianisme en particulier.

Il s'imposait - encore que la matière ait déjà été passablement traitée - de définir d'abord la conception du temps chez les Hébreux, cette conception commandant tout le développement à venir, et d'étudier comment, dans la pensée hébraïque, s'est développée, à partir des prophètes, une représentation du temps eschatologique, pleinement élaborée dans la littérature apocalyptique des siècles qui ont immédiatement précédé notre ère. On a pu voir ensuite comment, à l'époque hellénistique et romaine, les conceptions relatives au temps et à sa périodisation, loin de rester objet de spéculation pure, sont étroitement liées - soit qu'elles les commandent ou les justifient - aux comportements sociaux et aux options politiques contraires, en des circonstances historiques particulièrement dramatiques pour le peuple juif.

Pour l'antiquité chrétienne, où les spéculations sur le temps prennent une dimension nouvelle avec l'apparition d'un centre de l'histoire, partageant celle-ci en deux temps, un temps des « figures » et un temps

461

de l'accomplissement eschatologique, on a choisi comme témoin de la pensée « patristique », plutôt que l'un des Pères grecs, déjà beaucoup étudiés, le grand docteur de l'Église syriaque Ephrem de Nisibe. Ce choix a paru d'autant plus justifié que, depuis un ouvrage célèbre de Tor Andrae, on s'interroge sur l'influence qu'a pu exercer l'eschatologie éphrémienne sur l'islam naissant

Les perspectives eschatologiques sont dominantes dans le Coran et le jugement qui doit mettre un terme à l'existence présente y revêt un caractère tout à la fois imprévisible et instantané. Mais l'on a pu voir comment dans la tradition religieuse du Hadîth et dans les traditions théologique et philosophique - Kalâm et Falsafa -, chacune de celles-ci étant considérée chez un auteur témoin, l'eschatologie, par les spéculations dont elle a été l'objet, a reçu comme une certaine épaisseur.

Le christianisme, durant les premiers siècles de son histoire, a eu un concurrent redoutable dans le mouvement gnostique, multiforme, dont la connaissance a été renouvelée et considérablement enrichie par la découverte, survenue dans l'hiver 1945-1946, en Haute Egypte, d'une cinquantaine de traités gnostiques conservés en langue copte. L'étude de ces nouveaux documents a permis de constater, chez certains gnostiques, une périodisation, par transposition d'un quaternion mythique, du temps de l'histoire, selon quatre périodes, depuis l'homme archétype, Adamas, jusqu'au temps de la révélation gnostique, en passant par deux périodes d'oubli et d'errance. Le salut du gnostique s'accomplit par une remontée, en sens contraire, de ce processus, si bien que ce schéma, inversé, prend une signification eschatologique.

Pour le Moyen Age, l'intérêt s'est porté sur deux manifestations - situées toutes deux au xvme siècle - des deux principaux courants de la pensée médiévale, juive et chrétienne. D'une part le Sepher ha- Temunah, l'un des plus importants textes de la Kabbale, malgré ses dimensions restreintes, où les spéculations sur le temps, son déroulement cyclique et l'eschatologie font largement appel aux spéculations sur les nombres. D'autre part, la résurgence, au xme siècle, des idées de Joachim de Flore et la réinterprétation qui fut faite de la théorie joachi- mixte des trois âges pour Gérard de Borgo San Donnino, le débat qui s'ensuivit, les mises au point qui durent être faites par les deux grands docteurs du temps, Bonaventure et Thomas d'Aquin.

Dans les temps modernes, trois sujets, très différents, ont été pris en considération. Un ouvrage encore inédit du Père Bouvet, un jésuite missionnaire en Chine aux xvne et xvmc siècles, révèle une curieuse reprise de la « typologie » en faveur à l'époque patristique, mais adaptée au monde chinois : les « figures » du Christ sont décryptées, non plus dans la Bible hébraïque, mais, grâce à une ingénieuse exégèse, dans un très ancien texte chinois, Y Ode au prince Millet. Au xixc siècle, deux

462

grands courants messianiques, à bien des égards opposés, se sont manifestés. D'une part chez les occultistes, où l'on a étudié l'émergence d'un messianisme féminin préludant à l'ère eschatologique. D'autre part, le développement, au sein du protestantisme, du « christianisme social », qui, en réaction contre l'eschatologie des Églises traditionnelles, jugée trop spiritualiste, prône une eschatologie terrestre, fondée sur une pratique socio-religieuse, qui doit préparer et hâter la venue sur terre des temps nouveaux.

ÉDITION ET TRADUCTION COMMENTEE DE VINTERROGATIO IOHANNIS

Le travail a été mené principalement par Mlle Edina Bozoky, conseillée par Mlle Thouzellier et MM. Hadot et Gouillard. L'ouvrage a été publié en 1980, avec le concours du C.N.R.S.

L'apocryphe intitulé Interrogatio Iohannis est d'une importance exceptionnelle pour l'étude des croyances des hérétiques dualistes au Moyen Age : c'est, en effet, le seul livre sacré qui nous soit parvenu des Bogomiles et des Cathares dont les doctrines sont connues presque uniquement par des sources indirectes (hérésiologues) ou par des sources semi-directes (documents de l'Inquisition). Il est vrai qu'il existe aussi quelques écritures authentiquement cathares (le Livre des deux Principes, un Traité et des Rituels), mais ces œuvres traitent des sujets théologiques, philosophiques ou liturgiques, tandis que Ylnterrogatio Iohannis constitue le livre des secrets, une somme des mythes et des croyances des hérétiques dualistes.

Cet apocryphe, conservé en traduction latine, dont l'original grec (ou slave) est perdu, représente aussi la plus importante preuve de l'existence des rapports entre les Bogomiles et les Cathares : le texte, importé de Bulgarie à la fin du xne siècle chez les Cathares d'Italie, reflète les principales croyances bogomiles et exerce une influence déterminante sur les Cathares d'Italie.

L'analyse des thèmes de Ylnterrogatio Iohannis révèle ses ressemblances étroites avec les croyances des Bogomiles de Byzance du début du xne siècle, décrites par Euthyme Zigabène. L'apocryphe émane sans doute de ce milieu hérétique et a dû rédigé peu avant ou peu après l'époque du procès (1111) des Bogomiles d'Euthyme. Il faut supposer que les traditions orales populaires sont entrées d'une manière considérable dans la composition de l'apocryphe dont l'esprit et le style se rapprochent beaucoup de ceux des légendes populaires.

Lors de la diffusion de Ylnterrogatio parmi les Cathares, la transmission orale a dû s'effectuer dans une large mesure. En traduction latine, sous la forme de livre, l'apocryphe n'a probablement connu qu'une diffusion restreinte ; en revanche, certains de ses mythes et croyances ont pu être propagés par voie orale dans un cercle plus large. C'est ainsi

464

que l'on peut expliquer l'existence chez les Cathares des variantes plus ou moins proches des mythes de l'apocryphe.

Plusieurs thèmes et motifs de l'apocryphe semblent remonter aux Gnostiques chrétiens (par exemple Satornil). Mais il s'agit seulement de parallélismes, étant donné l'impossibilité de reconstituer une filiation historique depuis les Gnostiques jusqu'à l'auteur de l'apocryphe.

TRADUCTION FRANÇAISE DES ŒUVRES LATINES DE MAITRE ECKHART

(Œuvre exégétique et sermons latins)

E. Zum Brunn, A. de Libéra et E. Wéber ont déjà rédigé un volume actuellement sous-presse : Maître Eckhart à Paris. Une critique médiévale de Vontothéologie, à paraître dans la collection de l'E.P.H.E. (Ve section), P.U.F.

Le texte de l'édition critique allemande, aujourd'hui presque achevée (Lateinische Werke, I, II, III, IV, Stuttgart) sera traduit et présenté en une série de 10 volumes. Chaque volume comportera, avec le texte latin en regard, la traduction française accompagnée de notes brèves, précédée d'une introduction et munie d'un index des thèmes et termes principaux.

Le volume I (Les Prologues et Commentaire de la Genèse) est sous- presse.

COLLOQUE « AUTOUR DE MAITRE ECKHART »

Toujours dans le prolongement des recherches sur Maître Eckhart, notre Laboratoire a organisé un Colloque intitulé « Autour de Maître Eckhart», du 2 au 6 octobre 1979.

Ce colloque était destiné avant tout à étudier le mouvement intellectuel dans lequel s'inscrit l'œuvre d'Eckhart. Il a réuni des spécialistes allemands, italiens, suisses et français, dont plusieurs, en publiant les œuvres inédites de Dietrich de Freiberg et de Berthold de Moosburg, ont déjà contribué d'une manière décisive à la connaissance du milieu dans lequel s'est développée la pensée d'Eckhart.

L'ensemble des contributions paraîtra en Allemagne prochainement.

RECHERCHES SUR L'EXÉGÈSE D'EXODE 3,14 AU MOYEN AGE ET DANS LA

PHILOSOPHIE MODERNE

Rappel du plan

I. Étude du problème général de l'identification entre l'être et Dieu : de Pontothéologie

Le fait que cette ontothéologie se fonde ou non sur la formule d'Exode 3,14 a son importance. Dans ce cadre, une étude de Paul Vignaux sur Duns Scot pourra apporter un éclairage nouveau. Il reste toujours à trouver un chercheur qui traite de l'histoire de l'ontothéologie du xiv au xixe s. En liaison avec ce thème, pourrait être étudié le rejet de la « théologie naturelle » dans la tradition protestante. M. Widmer, de l'Université de Genève, pourrait présenter cette question.

II. Les différents types d'interprétation du « Je suis celui qui suis »

1) première problématique : Dieu cache son nom ou le révèle - Recherches prévues :

a) Maïmonide et la tradition issue de lui, b) Eckhart (par E. Zum Brunn et A. de Libéra), c) Toute une partie de la tradition médiévale voit, conformément à

la tradition patristique, dans « je suis celui qui suis », une révélation, non du Père transcendant, mais du Verbe qui l'exprime (étude réalisée par E. Wéber).

2) deuxième problématique : Dieu affirme sa présence auprès de son peuple. C'est l'interprétation la plus fondamentale dans la tradition juive.

Travaux terminés :

a) Exode 3,14 dans le hassidisme ; les commentaires de R. Isaac Luria et de R. Ebimelech de Lyzhansk (par Mme E. Starobinski),

b) Étude sur l'exégèse moderne (Rosenzweig et Buber) par M. R. Goetschel.

466

3) troisième problématique : Dieu affirme : Je serai celui que je veux être.

Le thème est développé surtout par Schelling. L'étude en sera faite par M. Courtine.

D'autres études, se rapportant à l'exégèse d'Exode 3,14, prendront place dans le volume, notamment celle de Z. Kaluza sur les interprétations non ontologiques de ce texte au Moyen Age.

TEXTES GNOSTIQUES COPTES DU CAIRE

M. Pezin a achevé son mémoire sur les Codices IX, X, XI et XII provenant de la bibliothèque copte dite de Nag Hammadi. Cela servira de base pour la préparation du tome II de la collection, dans lequel entreront tous les écrits gnostiques coptes (actuellement conservés au Caire) ne comportant pas de référence chrétienne : textes de révélation, écrits de sagesse et littérature hymnologique. Le tome I, dont est chargé M. Tardieu, responsable du projet, est consacré aux traités du P. Berol. 8502 : Évangile selon Marie, Livre des secrets de Jean (avec les témoins provenant des papyrus du Caire), Sagesse de Jésus (avec parallèles contenus dans Eugnoste), Acte de Pierre. L'importance du Jean ésoté- rique pour l'histoire du christianisme ancien et des mouvements gnostiques a rendu nécessaire un commentaire très détaillé. Il est à ce jour achevé. Ce tome I a été remis aux éditions du Cerf en mars 1982, pour paraître dans la collection « Sources gnostiques et manichéennes ».

ŒUVRES THÉOLOGIQUES LATINES

Des recherches préparatoires ont été menées en vue d'une édition commentée des œuvres théologiques de Boèce.

0 J

ÉDITION CRITIQUE DU DE SUMMO BONO D'ULRICH DE STRASBOURG

L'édition du livre II s'inscrit, pour la publication, dans le cadre du Corpus Philosophorum Teutonicorum Medii Aevi, dirigé par MM. Kurt Flasch et L. Sturlese, pour le compte de la Deutsche Fortsungsge- meinschaft.

EDITION DE LA LITTERATURE CHRETIENNE APOCRYPHE

L'équipe française, composée d'une quinzaine de membres, en collaboration avec une équipe dépendant de l'Université de Genève, a tenu, au cours de l'année 1980-1981, des réunions mensuelles de travail sur les textes inscrits en priorité dans le calendrier d'édition (Apocalypse de Paul, Cycle d'Abgar, Légendes sur Zacharie) et mis en place des groupes de recherche plus restreints sur d'autres ouvrages du Corpus Chris- tianorum (texte critique, traduction, notes et commentaires).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE DE LA BIBLE

Le Laboratoire a continué à participer à la rédaction de plusieurs articles du Supplément du Dictionnaire de la Bible, sous la direction de M. Henri Cazelles.

M. Cunchillos a obtenu une vacation du Laboratoire pour sa participation à cette entreprise.

Activités de M. Vignaux : M. Vignaux, ancien directeur du laboratoire, a tenu à l'Université de

Rome, en mai 198 1, un séminaire sur « Saint Anselme, la dialectique du Cur Deus homo » et, en avril 1982, un séminaire sur « la Trinité chez Henri de Gand et Duns Scot ». En avril 1982, il a donné à Naples (Université de l'Institut Oriental) une conférence sur « la place de Duns Scot dans l'histoire de la philosophie médiévale ».

Il a publié « Le Concept de Dieu chez Jean de Ripa » dans l'ouvrage collectif Studi sul XIV Secolo in memoria di Anneliese Maier, Roma, 1981.

RECHERCHES SUR LE THÈME DE LA LUMIÈRE

(Analyse de l'ouvrage paru aux Éditions Albin Michel)

« Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide et la ténèbre à la surface de l'abîme ; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux, et Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne. Dieu sépara la lumière des ténèbres ».

Chaque mot, chaque lettre même, et la place de chaque mot, tout, dans ce texte, a été scruté, analysé, interrogé, pendant des millénaires par les exégètes et les théologiens, dans l'espoir de découvrir le mystère des origines et les arcanes de la divinité. Qu'est-ce que cette terre, cette ténèbre, ces eaux, qui existent avant le premier jour de la création ? Qu'est-ce que cette lumière qui surgit au premier jour, alors que le soleil et la lune ne seront mentionnés qu'au quatrième jour ? Tous ces termes désignent-ils des réalités incorporelles ou matérielles, créées ou incréées ?

Pour répondre à ces interrogations, une intense réflexion s'est développée sur les principes fondamentaux de la nature : la matière et la forme, les ténèbres et la lumière, et en même temps sur les mouvements profonds de la vie intérieure : nuit et illumination, angoisse et sérénité, les premiers versets de la Genèse étant interprétés comme décrivant à la fois le jaillissement de la lumière primordiale et de la lumière intérieure. Le présent recueil voudrait présenter quelques aspects de ce gigantesque effort exégétique, dans la pensée juive et dans la pensée chrétienne, du Moyen Age à l'époque romantique. Les études qu'il rassemble se rapportent au thème de la lumière et des ténèbres primordiales.

Tout d'abord, l'étude de E. Wéber sur R. Grosseteste nous montre comment celui-ci, au xme siècle, définit la fonction cosmogonique de la lumière primordiale. C'est par son mouvement de diffusion dans toutes les directions que la lumière engendre l'espace et la corporéité ; la lumière primordiale n'émane pas d'un corps, mais c'est elle au contraire qui donne forme et mouvement à la matière, permettant ainsi au corps d'apparaître. La lumière est expansion formatrice.

469

Cette conception médiévale de la lumière a influencé Marsile Ficin le platonicien de Florence dont nous parle S. Matton. Pour lui aussi, la lumière est la première forme du premier corps. Mais Marsile Ficin s'intéresse moins au rôle cosmogonique de la lumière qu'à sa valeur symbolique et à ses pouvoirs psychologiques. La lumière permet de comprendre par analogie l'ordonnance des degrés de la réalité. Elle donne donc à l'entendement la clarté, mais aussi elle plonge la volonté dans la joie et l'allégresse. C'est pourquoi Marsile Ficin énonce les règles d'une vie, que l'on pourrait appeler « lumineuse », véritable thérapeutique de la mélancolie. Le De lumine de Marsile Ficin, traduit par S. Matton, illustre bien tous les aspects de la doctrine ficinienne de la lumière.

La Kabbale médiévale, elle aussi, cherche le sens profond de la lumière primordiale. Dans l'étude de N. Séd, plusieurs textes extrêmement intéressants sont traduits et commentés, notamment des extraits du livre Bahir (parvenu en Provence vers le xn* siècle) et du livre L'échelle de l'ascension (rédigé à Jérusalem au xvr siècle). Dans la tradition kabbaliste, nous retrouvons la lumière primordiale comme principe d'expansion formatrice. La lumière est révélée pour pousser les êtres au-dehors, pour élargir l'espace du monde. C'est le mystère de l'extension primordiale. Mais après sa manifestation, la lumière originelle se retire, se cache et devient obscurité du point de vue des créatures. Dans la tradition juive, il y a un parallélisme rigoureux entre le processus de formation de l'univers et la manifestation lumineuse de la parole. La prophétie est illumination : elle comporte une pratique, des exercices spirituels capables de contribuer à la manifestation de la lumière cachée dans l'âme.

Ces thèmes vont passer dans la Kabbale chrétienne aux xvie et xvir siècles, par exemple chez Egide de Viterbe et Biaise de Vigenère. Egide de Viterbe, comme le montre G. Javary, interprète les différents degrés de lumière qui caractérisent la manifestation de la Gloire de Dieu, dans la perspective de l'histoire du salut : la Loi (Lex Lux) est déjà une lumière, mais la plénitude de la splendeur se trouve dans la révélation du Messie. Avec Biaise de Vigenère, qu'étudie J.F. Maillard, nous parcourons à nouveau les étapes que nous avions rencontrées dans la Kabbale médiévale. Biaise de Vigenère insiste fortement sur la transcendance de la Déité insondable qui n'est ni ténèbre ni lumière. L'éclair du Fiat Lux provoque la distinction de la lumière et des ténèbres et il est le point de départ de la manifestation de la Gloire divine aux différents niveaux du cosmos, qui correspondent chacun à un type de lumière. L'alchimie permettra de déceler la présence de la lumière divine dans le monde sensible, mais surtout l'ascèse, le silence, le recueillement contribueront à rendre l'âme capable de retrouver dans l'extase prophétique la lumière originelle grâce à la vision des miroirs dans

470

lesquels vient frapper la lumière divine : nous retrouvons ici exactement la théorie kabbaliste de la prophétie.

La lumière et les ténèbres de la Genèse retiennent également l'attention de R. Fludd, au xvne siècle. Mais, comme le souligne bien S, Matton, c'est surtout le problème des ténèbres qui le fascine. Que sont donc ces ténèbres qui étaient au-dessus de l'abîme, avant la distinction entre la lumière et les ténèbres ? Puisqu'elles sont antérieures à la création, ne faut-il pas leur conférer un caractère incréé ? Mais faut-il alors les opposer à Dieu, comme le principe éternel du mal ? La solution de Fludd consiste finalement à admettre dans la Monade divine deux aspects, PAleph lumineux et l'Aleph ténébreux, et à faire ainsi de Dieu le principe des ténèbres et du mal.

Au xvme siècle, la découverte du « feu électrique » va permettre de donner une réponse nouvelle à la question concernant la nature de la lumière primordiale. A. Faivre étudie un important recueil d'études paru en 1765 et intitulé Magia naturalis, auquel avaient collaboré P. Divisch, J.L. Fricker et F.Ch. Oetinger. Le thème commun aux trois auteurs est le suivant : la lumière primordiale, créée au premier jour, et différente de la lumière du soleil, c'est le feu électrique et élémentaire qui, dans le cosmos, est l'esprit de la nature, et, dans l'homme, l'âme inférieure, en opposition à l'âme spirituelle et immortelle. A. Faivre analyse les différents aspects de cette « théologie de l'électricité » et il traduit des textes d'Oetinger qui illustrent remarquablement ce mouvement de pensée : l'effet du feu électrique dans les passions ; la lumière comme fondement de tous les corps ; Dieu considéré comme Lumière, non seulement au sens moral, mais au sens physique.

Le texte du petit ouvrage de Th.F. Rôssler paru en 1764 et intitulé De la lumière primordiale a été ici traduit par P. Hadot et commenté par A. Faivre. Il a le mérite de résumer l'histoire des commentaires des premiers versets de la Genèse et surtout d'exposer avec précision l'interprétation « électrique » de la lumière primordiale.

Avec F. von Baader, auquel A. Faivre consacre une étude sous le titre « Ténèbre, Éclair, Lumière », nous parvenons au début du xixe siècle et à la philosophie romantique de la Nature. Mais la réflexion sur les premiers versets de la Genèse reste toujours aussi vivante ; et chez Baader, elle s'inspire fortement des doctrines de J. Boehme. Les Ténèbres primordiales (le centre de la nature et de la colère) sont originellement en Dieu, mais, dans le Fiat Lux, la lumière jaillit, grâce à l'éclair du feu qui refoule les ténèbres et donne son fondement à la divinité. Ainsi s'oppose au centre de la Nature, le centre de Vie et de Lumière. Cette sorte de méta-psychologie ou-de psychologie transcendantale qui découvre en Dieu les mouvements de la colère, de l'angoisse et de l'amour permet évidemment de fonder une psychologie universelle, de la nature aussi bien que de l'âme, une description de la vie cosmique et de la vie spirituelle, que l'étude d'A. Faivre se propose d'analyser.

ÉDITION DES ŒUVRES D'ÉVAGRE LE PONTIQUE

(Antoine Guillaumont, Claire Guillaumont)

Le travail a porté principalement sur les trois traités suivants, en vue de leur édition :

Traité des pensées. Le texte édité dans PG 79 étant défectueux et incomplet, une nouvelle édition se propose de restituer le traité dans son authentique teneur, telle que permet de la rétablir la tradition

manuscrite. Celle-ci est représentée par une cinquantaine de manuscrits, qui ont été examinés, et dont une vingtaine, fournissant le texte complet, ont été intégralement collationnés. Le texte est transmis en deux recensions, qui paraissent irréductibles l'une à l'autre. L'une de ces recensions est conservée également dans une version syriaque, inédite, qui a été confrontée avec le texte grec. Une enquête faite dans la tradition arménienne n'a, jusqu'à présent, révélé aucune trace de cet ouvrage.

Le gnostique. Ce petit traité a été édité par Frankenberg dans une version syriaque ; il en existe une seconde, qui a été étudiée sur manuscrits. On dispose en outre d'une version arménienne (éditée par Sarghi- sian), qui, comparée avec les deux versions syriaques, est apparue indépendante de ces versions et donc vraisemblablement faite sur le grec. Du texte grec original, treize fragments avaient été précédemennt identifiés dans des œuvres éditées ; l'analyse des manuscrits d'Évagre a permis à C.G. d'en découvrir quatorze autres, si bien que l'on dispose maintenant d'un texte grec, plus ou moins bon, pour environ la moitié du traité. Les divergences sont nombreuses et parfois importantes entre les quatre témoins du texte, versions et, le cas échéant, fragments grecs, et l'établissement du texte authentique d'Évagre et de la traduction pose de délicats problèmes, qui ne sont pas encore tous résolus.

Lettres. Il existe un corpus de soixante-quatre lettres d'Évagre conservé en version syriaque, qui a été édité par Frankenberg ; environ la moitié de ces lettres existe aussi dans une version arménienne, éditée par Sarghisian ; un examen de cette dernière version a prouvé qu'elle n'est qu'une traduction, fort mauvaise, de la version syriaque et que, par conséquent, elle ne peut être d'un grand secours pour l'édition. En vue de celle-ci, plusieurs manuscrits syriaques ont été collationnés par

472

A.G., qui a permis de corriger en plusieurs points le texte du premier éditeur et de le compléter là où il présente des lacunes. En analysant deux manuscrits du Sinaï et de Jérusalem, C.G., a découvert, pour six de ces lettres, des fragments grecs, qui ne constituent qu'une part assez réduite du texte original, mais offrent l'avantage appréciable de servir de test pour mesurer la fidélité du traducteur syriaque.

Ces travaux qui doivent aboutir à une édition, serviront aussi à une monographie, qui est en cours d'élaboration, sur l'ensemble de l'œuvre et de la doctrine d'Évagre.

PROJET D'UNE RECHERCHE COLLECTIVE SUR LES MÉTHODES ET LES CONCEPTS FONDAMENTAUX

DE L'EXÉGÈSE

Ce projet répond au désir d'utiliser au maximum les compétences scientifiques des membres du Laboratoire, qui, tous, d'une manière ou d'une autre, s'occupent de l'histoire de l'exégèse (philosophique ou religieuse), et de compléter les résultats déjà obtenus dans les années précédentes, par la constitution d'un instrument de travail qui pourra rendre service à toutes sortes de chercheurs.

Pour le moment, ce projet est encore en discussion. On avait d'abord pensé à faire en quelque sorte une synthèse provisoire, à la fois « bilan » et « prospective », dans les différents domaines explorés par les chercheurs. Ce travail collectif aurait eu pour titre : Méthodes et concepts de l'exégèse et comme différents chapitres : Les problèmes de l'exégèse dans l'antiquité païenne. Les méthodes exégétiques dans la tradition juive. Philon. Le christianisme primitif. La gnose. Origène et la tradition origéniste. L'école d'Antioche. Augustin. Les christianismes orientaux. L'Islam. Le Moyen Age. La Réforme. Les Temps Modernes. Chaque chapitre aurait traité des points suivants : situation du texte par rapport à l'inspiration divine, à la communauté, au lecteur ; fixation du texte canonique ; principes de l'exégèse : fondements admis ou effectifs du commentaire (raison, tradition, magistère, le texte par le texte, etc.) ; principes herméneutiques (sens littéral, typologique, etc.) ; unité ou pluralité du sens des œuvres) : types et structures de commentaires (paraphrases, commentaires continus, scholies, homélies) ; niveaux de l'explication ; rapports entre l'explication du fond et celle des mots ; rapports de l'exégèse avec l'enseignement doctrinal ou moral, avec la prédication ; l'exégèse comme reflet de la communauté et du milieu (dépendance de la tradition littéraire, influence du style et des préoccupations de l'époque, réactions variées au contact direct ou non d'autres religions).

Dans les discussions qui ont suivi la présentation de ce projet, il est apparu que tous ces points seraient abordés d'une manière beaucoup

474

plus efficace, en utilisant la forme d'un dictionnaire. Les articles de ce dictionnaire seraient consacrés :

1) aux termes techniques se rapportant aux méthodes exégétiques,

2) aux ouvrages commentés (Timée, Genèse, Cantique, etc.), 3) aux concepts fondamentaux (inspiration, canonicité, etc). Ce dictionnaire ne comporterait pas de realia : il serait consacré

uniquement aux théories exégétiques.

Les prochaines séances de travail du Laboratoire auront pour objectif la définition de la forme qu'il conviendra de donner à ce projet.

PARTICIPATION AUX TRAVAUX COLLECTIFS DU GRECO 25

HISTOIRE ANCIENNE DU CHRISTIANISME

Contribution au projet

Introduction à l'étude des sources de l'histoire du christianisme

1) Introduction à l'étude des littératures gnostiques. Responsable : M. Tardieu.

2) Introduction à l'étude des concepts et images. Responsable : P. Hadot

MISSION EN EGYPTE PAR M. COQUIN

Site des Kellia - 6e campagne 20 décembre 1979-10 janvier 1980

La mission était composée de R.-G. Coquin, responsable de la fouille, assisté de Guillemette Andreu, pensionnaire de l'IFAO et de G. Castel, architecte de l'IFAO. Le Service des Antiquités de l'Egypte était représenté par M. l'Inspecteur Saber Selim Muhammad ; sans son concours précieux, la campagne n'aurait pu se dérouler dans d'aussi bonnes conditions.

En 1967 et 1968, avait été dégagé sur la concession française un complexe très important de bâtiments communs, desservant sans doute un grand nombre d'ermitages et comprenant, entouré d'un mur d'enceinte, deux églises, une hôtellerie, deux donjons (gawsaq), des cellules, trois puits, un jardin etc. (« kom 34 »). Les deux églises (Est et Ouest) ont une différence de niveau de 1,20 m. Il était donc nécessaire d'étudier les fondations de l'église la plus haute (Est). Nous sommes descendus à 0,80 m environ au-dessous de l'enduit du sol, sur toute la surface des nefs et, en partie, dans le sanctuaire : aucun reste de bâtiments plus anciens n'a été trouvé et il est clair que les fondations de cette église ont été creusées dans le gebel. Dans la partie centrale, nous avons trouvé deux murets orientés Est-Ouest, correspondant à l'emplacement des bases des piliers ou colonnes qui supportaient les voûtes ou plus probablement les charpentes (la portée de la nef centrale étant de 5 m) et un bassin rectangulaire qui coupe le muret Sud et paraît, pour cette raison, avoir été construit après coup pour servir aux bénédictions d'eau du rite copte (Epiphanie, Jeudi-Saint, 5 Abib/29 juin) : il est pourvu de deux marches pour y descendre.

L'étude des murs mitoyens entre les deux églises (mur Ouest de la grande et mur Est de la petite) a permis la découverte d'une porte de communication et l'examen de ces murs comme des fondations de la petite église en cet endroit nous a apporté les preuves de l'antériorité de la petite église ; la différence de niveau des sols des deux églises se retrouve exactement dans les fondations de chacune.

Une sorte de cour à l'Ouest de la grande église a été fouillée qui a fourni une grande quantité de poteries, dont 13 fragments de jarres inscrites (en grec) et deux morceaux de très belle céramique décorée.

COMPTE RENDU D'UNE MISSION EN ANGLETERRE

(Automne 1980) par Mme Albert M.

Nous achevons actuellement la traduction de deux œuvres spirituelles du vne s., écrites par le moine nestorien DadiSo de Qatraya. La première est une Lettre destinée à un disciple où l'auteur traite des vertus que le moine doit acquérir et des passions qu'il doit combattre ; l'intérêt particulier de ce texte est de montrer les rapports qui existent entre ces différentes vertus ou passions et comment elles se déduisent les unes des autres. La seconde est un long traité sur la Solitude des Semaines, adressé à un moine parvenu à un certain degré de vie spirituelle et désirant se retirer pendant sept semaines dans la solitude absolue d'une cellule, à l'écart de la vie commune de son monastère.

Ces textes ne nous étaient connus jusqu'à présent que par le Vat. Syr. 509, copie moderne (1928) d'un manuscrit antérieur (n° 237 d'AlqÔs) qui date de l'année 1289, mais inacessible de nos jours. Nous savions, d'autre part, qu'il existe une seconde copie récente (1932) de ce même manuscrit ancien, dans la bibliothèque du célèbre orientaliste Mingana (n° 601). Nous nous sommes alors rendu aux Selly Oaks Collèges, près de Birmingham, pour confronter ces deux uniques témoins dont nous disposons à l'heure actuelle : nous avons pu, ainsi observer que ceux-ci diffèrent l'un de l'autre, des déplacements ayant été effectués dans le corps même des œuvres.

TABLE RONDE : « LOGIQUE, ONTOLOGIE ET THÉOLOGIE A L'UNIVERSITÉ DE PARIS AU XIVe SIÈCLE »

du 5 au 7 Novembre 1981

Le xiv siècle est celui d'un énorme développement de la logique et des sciences, liées, celles-ci et celle-là, toujours davantage à la philosophie et à la théologie. Les réponses à de vieilles questions : qu'est-ce que la science ? dans quelle mesure la théologie (ou la philosophie) est- elle une science ? qu'est-ce qu'une preuve ? qu'est-ce qu'une connaissance ? - changent. Elles cherchent une application plus rigoureuse de la logique, une compréhension plus profonde des données scientifiques (par exemple géométriques et physiques). Change également le vocabulaire scolastique en s'enrichissant de nouveaux termes techniques forgés sous cette nouvelle et double influence.

De différents centres d'études et de recherches sur le xiv siècle se sont concentrés en Amérique (États-Unis et Canada) et dans quelques pays européens (Belgique, Pays-Bas, Allemagne) en s'adonnant avant tout à l'histoire des doctrines, des sciences et de la logique développées en Angleterre. Les études consacrées aux maîtres parisiens ne sont pas rares, elles sont seulement moins systématiques ne concernant que Jean Buridan, Grégoire de Rimini, Nicolas d'Oresme et quelques autres encore, souvent à titre de leur appartenance à un ordre religieux. Elles ne donnent cependant aucune image cohérente de l'ensemble.

A Paris, depuis de longues années, les recherches sur le xive siècle ont été menées à l'École Pratique des Hautes Études par M. P. Vignaux et Mgr A. Combes et sous leur direction. Elles ont abouti à un grand nombre des publications : d'éditions des textes et d'études critiques.

Les progrès accomplis par les travaux récents, français et étrangers, les voies nouvelles ouvertes devant les chercheurs montrent la nécessité de faire le point sur l'ensemble des recherches actuelles se rapportant au xivc siècle et en particulier à l'Université de Paris. Le cadre de la comparaison et du bilan veut également englober de nouvelles contributions à l'histoire intellectuelle du xiv* siècle à Paris et promouvoir les nouvelles études et nouvelles éditions des auteurs français.

PERSPECTIVES ET CONCLUSIONS

1. Les objectifs du Laboratoire 152 correspondent à un besoin très précis et très actuel de la recherche : on reconnaît de plus en plus, en effet, le rôle capital joué par les procédés herméneutiques et exégétiques dans l'élaboration de la pensée de l'Occident J'insiste d'ailleurs, comme dans mon dernier rapport, sur l'étroite collaboration et compréhension qui s'est créée, au sein de ce Laboratoire, entre des chercheurs venus d'horizons très divers, mais que le travail commun unit maintenant d'une manière très profonde.

2. Tout en continuant à mener des recherches collectives concernant les différentes exégèses qui ont été données à travers les âges d'un même verset biblique (par exemple Exode 3,14), le Laboratoire s'est maintenant engagé dans des entreprises plus vastes. Tout d'abord, une équipe de chercheurs se consacre maintenant à l'étude des apocryphes du Nouveau Testament Ensuite, l'équipe médiéviste qui étudiait les procédés exégétiques chez Maître Eckhart a été amenée à envisager un travail d'ensemble sur les sermons latins de cet auteur (traduction et commentaire) afin de mieux saisir les procédés exégétiques de cet auteur particulièrement significatif. Enfin et surtout, la rédaction d'un lexique raisonné et abondamment commenté des termes techniques de l'exégèse, pour laquelle toutes les compétences des membres du Laboratoire seront utilisées, a été entreprise. Ce sera, je l'espère, un instrument de travail utile pour beaucoup de chercheurs. La collaboration de chercheurs allemands est toujours en discussion.

3. La participation au GRECO 25 a déjà été très fructueuse, par l'information réciproque qu'elle a permis d'établir. En participant aux travaux collectifs du GRECO, notamment dans le domaine du gnosti- cisme, de la théologie et du christianisme oriental, le Laboratoire sera conduit à faire connaître quelques-uns des aspects les plus originaux des recherches qu'il mène.