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Centre Henri et André Charlier Association Notre Dame de ... · 1ère journée sous le patronage de Saint Michel Archange "Dieu Premier servi : les droits de Dieu" ... Les orientaux

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Toulouse, ce 3 avril

Chers Amis, Chefs de Chapitres, Adjoints, Prêtres,

Voici un nouveau dossier pour préparer efficacement notre dixième Pèlerinage de Pentecôte. Permettez-moi en tant qu'aumônier de Pèlerinage de Chrétienté d'attirer votre attention sur deux points.

• La nécessité d'étudier le thème général : Dieu, premier servi ! avec le découpage des troisjournées selon les 10 commandements du Décalogue que nous voulons voir prêcher pendant ce pèlerinage. Aimer Dieu de tout son coeur... cela signifie obéir à ce qu'il nous commande, par Amour. Ne diminuons pas les exigences de la vie chrétienne. Vos pèlerins - et donc nous avant - sont appeléstous à la sainteté.

J'insiste, une fois de plus, pour que vos méditations du Rosaire soient en rapport avec le thème, les sous-thèmes et le plan des méditations et sermons que vous allez lire au début de ce dossier spirituel.

• Voulez-vous vraiment que Chartres devienne notre Czestochowa national ? Voulez- vous vraimentque de tous les points de France et d'Europe on vienne en pèlerinage à Chartres pour approfondir et découvrir la grande Tradition de l'Eglise, participer à la nouvelle évangélisation et dire notre volonté du Règne du Christ ? Je vous propose à tous une solution infaillible qui a fait ses preuves en Pologne sous le règne communiste, qui a fait tomber cette idéologie meurtrière, sous l'impulsion de St Maximilien Kolbe : la consécration individuelle à la Très Sainte Vierge Marie. Je vous renvoie aux deux numéros de l'Appel de Chartres où nous avons développé la raison d'une consécration et celle de la consécration à la Très Sainte Vierge Marie. Pour les modalités plus pratiques, reportez-vous à la fin de ce dossier au Mémento Guide écrit pour vous. Ne perdez plus de temps ! Donnez-vous à Notre-Seigneur par Marie. C'est vital pour notre pèlerinage, son développement et toutes les grandes intentions qu'il porte. Je compte sur vous.

Entièrement à votre disposition au cours de ces prochaines semaines pour vous aider, je remercie ceux qui ont travaillé ce dossier : les séminaristes de la Fraternité St Pierre à Wigratzbad, l'Amiral Michel Berger de l'A.F.S. et l'Abbaye du Barroux.

Bon travail. Belle prière. Ma prière dévouée vous accompagne.

P.S. Lisez aussi avec attention le Dossier doctrinal et pratique que l'équipe-animatrice a préparé pour vous et que je vous recommande.

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APPEL DE CHARTRES (Bulletin de liaison du Pèlerinage de Pentecôte)

Un nouvel effort vous est demandé avant le pèlerinage pour le Concours

d'abonnements, mais surtout pendant le pélé. Les abonnements augmentent

mais trop lentement. Nous comptons sur vous pour cette campagne

d'abonnements.

Pour faciliter votre tâche, un prix sera consenti à partir de 20 abonnements de

membres d'un même chapitre à envoyer groupés avant le 20 juin à

L'APPEL DE CHARTRES, 12, rue Calmels, 75018 Paris. Ce prix

est de 30 francs

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DIEU, PREMIER SERVI

S o m m a i r e

PLAN DES SERMONS ET DES MEDITATIONS DES TROIS JOURS .......................................... I II

DOCUMENTS POUR LE SAMEDI 6 JUIN 1992 1ère journée sous le patronage de Saint Michel Archange

"Dieu Premier servi : les droits de Dieu" (Trois premiers commandements)

I - SAINT MICHEL ARCHANGE .................................................................................... 1

II - A - LA LOI NATURELLE ET LE DECALOGUE ............................................................ 3

B - L'OBLIGATION DU DECALOGUE ET LA LOI LIBRE D'AMOUR

N'Y-A-T-II PAS OPPOSITION ? ........................................................................... 4

B (bis) - DECALOGUE ET LOI D'AMOUR ................................... ..................................... 5

C - RAPPORT ENTRE L'ORDRE NATUREL ET L'ORDRE SURNATUREL ................. 9

III -1er COMMANDEMENT : L'ADORATION ................................................................. 15

TU ADORERAS LE SEUL VRAI DIEU : VRAI ET FAUX OECUMENISME ............... 18

IV - 2e COMMANDEMENT : LE NOM DE DIEU .............................................................. 21

V - 3e COMMANDEMENT : LE JOUR DU SEIGNEUR ................................................... 25

DOCUMENTS POUR LE DIMANCHE 7 JUIN 1992 2e journée sous le patronage de Saint Louis, roi de France "La famille : cellule de sainteté et de chrétienté" (5e, 6e et 9e commandements)

I - SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE ET CONFESSEUR ................................................... 27

II - MEDITATION SUR SAINT LOUIS, LE ROI TRES CHRETIEN .................................... 28

III - 5e COMMANDEMENT : TU NE TUERAS PAS ......................................................... 30

IV - 6e et 9e COMMANDEMENTS : LA FAMILLE ET LE MARIAGE .............................. 33

10e PELERINAGE DE CHRETIENTE

PENTECOTE 19926, 7 et 8 JUIN

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DOCUMENTS POUR LE LUNDI 8 JUIN 1992 3e journée sous le patronage de Notre-Dame, Reine de France et de Chrétienté

"Demain, la Chrétienté" (4e commandement)

I - 4e COMMANDEMENT APPLIQUE AUX NATIONS ........................................................ 46

1. La révélation et la loi naturelle ................................................................... 482. Comment agir ? ......................................................................................... 573. Bibliographie .............................................................................................. 61

ANNEXES

I - CONSECRATIONS INDIVIDUELLES A LA TRES SAINTE VIERGE MARIE

1. Pour préparer les consécrations individuelles à la Très SainteVierge Marie ................................................... ............................................. 64 2. Mémento guide ......................................................................................... 673. Consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse Incarnée,par les mains de Marie .................................................................................. 68

II -LA PENITENCE

1. Pour aider à recevoir le sacrement de pénitence ........................................ 692. La confession - Questions : Pourquoi se confesser ?Faut-il se confesser souvent ? ....................................................................... 73

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PLAN DES SERMONS ET MEDITATIONS DES TROIS JOURS

Samedi 6 juin 1992 Sous le patronnage de Saint Michel Archange

« Dieu premier servi : Les droits de Dieu (Trois premiers commandements)

Notre Dame de Paris Envoi du pèlerinage Bénédiction des bannières des pèlerins

Halte à 10 heures La place de Dieu dans ma vie, depuis ma naissance et mon baptême : Premier servi ?

Sermon de la Messe de 12 heures

Le décalogue inscrit dans nos coeurs (loi naturelle), donné à Moïse, réaffirmé par Jésus, nous invite à un regard sur Dieu et sur nous.

Après le déjeuner : (Méditation commune à tous les pèlerins)

"Tu adoreras Dieu seul et tu l'aimeras plus que tout" Adorer le seul vrai Dieu.

Après-midi (vers 16 h)

« Tu ne prononceras le nom de Dieu qu’avec respect » « Tu sanctifieras le jour du Seigneur » Un jour pour Dieu : qu’en avons-nous fait ? Résolutions

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Dimanche 7 juin 1992 Sous le patronage de Saint Louis, Roi de France

"La famille : cellule de sainteté et de chrétienté"

(5e, 6e et 9e commandements)

Messe de la Pentecôte

Dieu servi dans la famille et les plus humbles : l'enfant à naître.

Après le déjeuner L'amour véritable dans le mariage, image de l'amour du Christ et de l'Eglise.

Après-midi (vers 16 h) Pour vivre en saints et servir Dieu : l'héroïsme de la pureté de tous.

Adoration du Très-Saint Sacrement toute la nuit Consécration individuelle à la Très Sainte Vierge Marie

Lundi 8 juin 1992 Sous le patronage de Notre-Dame, Reine de France et de Chrétienté

"Demain la Chrétienté"

(4e commandement)

Au départ (méditation commune à tout

le pèlerinage) nations

Dieu servi et aimé dans chacune de nos nations (4° commandement).

En Marchant (vers 9 h)

La Chrétienté demande des hommes (décalogue et droit naturel) et des saints (prière et sacrements).

En Marchant (vers 10 h 30)

La place de Notre-Dame et de la prière dans la reconquête et la mission.

CHARTRES (Cathédrale) Monseigneur Jacques Perrier : envoi en mission, Tout commence…

Les méditations soulignées sont à prêcher par les prêtres ou diacres, aux haltes, pour un ou plusieurs chapitres. 

Les méditations en marchant sont à prêcher par les prêtres, diacres, séminaristes ou chefs de chapitres.

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Samedi 6 juin 1992

1ère journée, sous le patronage de Saint Michel Archange

"Dieu Premier Servi : les droits de Dieu"

(Trois premiers commandements)

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Samedi 6 juin 1992

1ère journée sous le patronage de Saint Michel Archange "Dieu Premier servi : les droits de Dieu"

(Trois premiers commandements)

DOCUMENTS

I - SAINT MICHEL ARCHANGE ..................................................................................... 1

II - A - LA LOI NATURELLE ET LE DECALOGUE ......................................................... 3

B - L'OBLIGATION DU DECALOGUE ET LA LOI LIBRE D'AMOUR

N'Y-A-T-II PAS OPPOSITION ? ............................................................................. 4

B (bis) - DECALOGUE ET LOI D'AMOUR ......................................................................... 5

C - RAPPORT ENTRE L'ORDRE NATUREL ET L'ORDRE SURNATUREL ................. 9

III - 1er COMMANDEMENT : L'ADORATION ............................................................ ..... 15

TU ADORERAS LE SEUL VRAI DIEU : VRAI ET FAUX OECUMENISME ............... 18

IV - 2e COMMANDEMENT : LE NOM DE DIEU .............................................................. 21

V ~ 3e COMMANDEMENT : LE JOUR DU SEIGNEUR ................................................... 25

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SAINT MICHEL ARCHANGE

Fête le 29 septembre

MICHEL signifie : "Qui est comme Dieu". Ce nom est un cri de guerre poussé par celui qui défend les droits de son créateur contre les rebelles orgueilleux. Il est le chef de la milice céleste.

I. DANS L'ECRITURE

De nombreuses actions sont attribuées par la tradition mais aussi un certain goût des apocryphes, à l'archange. Il protège Adam et Eve, et les instruit après leur sortie du paradis. Il arrête le bras d'Abraham prêt à tuer Isaac, lutte avec Jacob, conduit les hébreux dans le désert, enterre Moïse, frappe le peuple hébreux de la peste après le dénombrement de David... De même, la croyance est très répandue chez les chrétiens que St Michel, en tant que vainqueur du démon, protège plus particulièrement les âmes après leur mort lorsque les anges les conduisent au ciel.

Ceci nous est montré dans le prophète Daniel et l'apôtre St Jean (Apoc. XII, 7-10). "Alors une bataille s'engagea dans le ciel : Michel et ses anges combattirent le dragon. Celui-ci riposta, appuyé par ses anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel... J'entendis une vois clamer dans le ciel : Désormais, victoire, puissance et royauté sont acquises à notre Dieu et la domination à son Christ, puisqu'on a jeté bas l'accusateur de nos frères..."

Celui qui avec Daniel était le protecteur d'Israël, devient le protecteur de l'Eglise et de chaque homme en particulier.

II. DANS LA LITURGIE

Par ses fonctions de protecteur de l'Eglise et de chef des anges qui entourent l'autel du Saint Sacrifice, St Michel était tout désigné pour jouer le rôle d'intermédiaire entre les hommes et Dieu. Tombés au pouvoir de Satan par le péché, c'est à Michel qu'il revient de continuer la lutte pour nous délivrer. Il a vaincu l'orgueil de Satan et nous obtient l'humilité.

A l'offertoire, par exemple, dans la formule de bénédiction de l'encens, on l'invoque comme l'ange de l'apocalypse (VII, 3-4) qui se tient devant l'autel, un encensoir d'or à la main. Il préside au culte que l'on rend au Très-Haut en offrant les prières des saints symbolisées par cette fumée qui monte vers le ciel.

Dans le Confiteor, il représente toute l'armée céleste.

Le thème de la conduite et de la protection de l'âme au moment de la mort se retrouve dans la liturgie des défunts. Dans la prière "Subvenite", on supplie les anges d'accourir pour conduire l'âme dans le sein d'Abraham, et les funérailles s'achèvent par le triomphal In paradisum : "que les anges te conduisent au Paradis...".

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III - LE CULTE DE ST MICHEL

Bien avant celui des saints, le culte des anges était répandu chez les premiers chrétiens et St Paul dut même réagir contre les déviations (Col., Héb.).

Cependant un véritable culte liturgique n'apparaît qu'au Ile ou Ille siècle, avec les anniversaires de dédicaces d'églises.

Les orientaux ont toujours eu une grande dévotion à St Michel. Trois apparitions de l'archange en Occident vont avoir de l'importance dans le développement de son culte :

• St Grégoire établit l'oratoire du château St Ange, parce que, au cours d'uneprocession pour demander la fin de la peste, il a vu l'ange remettre l'épée au fourreau sur le haut du mausolée d'Hadrien.

• Sur le mont Gargan : l'ange prend sous sa protection un boeuf échappé etordonne de construire une église dans une caverne du haut de la montagne.

Le Mont-Saint-Michel : l'archange est apparu trois fois à l'évêque d'Avranches, St Aubert, et lui ordonna de construire une basilique en son honneur sur le mont Tombe. L'évêque envoya chercher une morceau du pallium laissé par l'ange au mont Gargan.

Rapidement, St Michel va devenir protecteur de la France. Pendant mille ans, aucun ennemi ne put s'emparer du mont. Les Valois eurent une grande dévotion à l'archange. Cette citadelle seule échappa dans l'ouest aux anglais. St Michel apparut aussi à Jeanne d'Arc pour la charger de délivrer le royaume. Louis XI, le 1er août 1459, va instituer, au château d'Amboise, l'ordre de St Michel.

La popularité de St Michel lui a valu de nombreux patronages : les armées, comme chef des armées célestes, mais aussi de ceux qui utilisent la chaleur du four, car il a jeté le démon dans les flammes, ou bien encore de ceux qui se servent d'une balance parce qu'il pèse les âmes.

IV - HYMNE DES VEPRES, LE 29 SEPTEMBRE

O vous, splendeur et puissance du Père, O vous, Jésus, la vie de nos coeurs, Nous vous louons parmi les anges attentifs aux ordres de vos lèvres.

Pour vous combattent, entourant votre trône, Des milliers de chefs, mais c'est Michel Qui déploie victorieusement la croix, le signe du Salut

C'est lui qui précipite au fond des enfers La tête orgueilleuse du dragon et foudroie, Les chassant du ciel, les rebelles et leur chef,

Contre le chef de l'orgueil, suivons, nous, Ce chef, afin que du trône de l'Agneau, Nous soit donnée la couronne de gloire.

Gloire soit à Dieu le Père, Qui garde par ses anges ceux que le Fils a rachetés, Et que le Saint Esprit a oints. Amen.

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A. - LOI NATURELLE ET DECALOGUE

• Dieu créant le monde, a eu une pensée divine, souveraine et invariable qui prévoit et organise l'évolution des êtres jusqu'à leur destin définitif. Cette pensée éternelle, Dieu l'a imprimée dans la Nature. Elle forme alors ce que l'on appelle la Loi Naturelle. Tout homme, quel qu'il soit, peut par sa seule raison, connaître cette loi naturelle. Elle est unique, immuable et universelle (au moins en ses premiers principes). Tous les hommes de tous les temps, dans tous les lieux, de toutes cultures et dans toutes civilisations, peuvent connaître et doivent suivre cette loi naturelle.

• Elle a pour objet ce qui est bon en soi dans nos devoirs envers Dieu (car l'existence de Dieu est une vérité naturelle que presque toute l'humanité reconnaît), nos devoirs envers le prochain et envers nous-mêmes. Le premier principe de cette loi naturelle est l'obligation de faire le bien et de fuir le mal. De là découlent beaucoup d'autres principes : il faut aimer le souverain bien, il faut vivre conformément à la droite raison : Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qui te soit fait à toi-même, etc.

• Nos premiers parents, Adam et Eve, connaissaient parfaitement cette loi naturelle ; mais depuis le péché originel, il y a une corruption qui s'est installée en nous ; notre raison est obscurcie par le péché et a du mal à reconnaître même la loi naturelle. Nous sommes divisés contre nous-mêmes : "Il y a en nous deux lois contradictoires" (St Paul aux Romains, VII,

23), l'une qui commande le bien (c'est au moins la loi naturelle) et l'autre qui commande le mal (c'est la loi du péché, de la nature dans ce qu'elle a de corrompu).

• Voyant la faiblesse de l'homme dans ce combat, Dieu a voulu rappeler aux hommes la grande loi naturelle qui régit le monde et II promulgua sur le Mont Sinaï le Décalogue que reçut Moïse. "Pour que les hommes ne puissent prétendre que la loi était incomplète, Dieu a écrit sur les Tables de la Loi ce que les hommes ne lisaient pas dans leur coeur. Assurément ces préceptes y étaient écrits, mais ils ne voulaient pas les y lire. Dieu les mit sous leurs yeux pour qu'ils fussent contraints de les voir dans leur conscience". (St Augustin, Com. sur le Psaume 67)

• Le Décalogue n'est donc pas autre chose que le rappel et le développement de la loi naturelle. Comme celle-ci, il doit jouir des principes d'unité, d'immutabilité et d'universalité. On voit aussi que ces commandements de Dieu ne sont pas contre-nature, puisqu'ils sont fondés sur la nature. Ils sont le rappel et le vrai épanouissement du naturel. Il ne peut y avoir discordance entre la loi naturelle et le Décalogue, car tous deux ont le même auteur, Dieu .

Ainsi, par exemple, l'Eglise interdit l'avortement. Cette défense est-elle purement arbitraire, confessionnelle ? Ou a-t-elle un fondement dans la nature humaine ? Un médecin, Hippocrate (5e siècle av. J-C) condamne l'avortement dans le serment qu'il a rédigé, car avec les seules lumières de sa raison, il a vu que l'avortement était contraire à la Loi naturelle (aujourd'hui ce passage concernant l'avortement a été supprimé dans le serment que prêtent les médecins).

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B. - L'OBLIGATION DU DECALOGUE ET LA LOI LIBRE D'AMOUR. N'Y-A-T-IL PAS OPPOSITION ?

ETAT DE LA QUESTION

Le Décalogue comme la loi d'Amour sont préceptes divins. Ils ne sont pas opposables. Par contre, la primauté de l'Amour, c'est-à-dire de la Charité, est si évidente que personne ne saurait la nier (Mt XXII-38). Cependant deux déviations sont possibles :

- Comprendre la loi d'Amour comme perfection finale du Décalogue, et la rendre facultative pour les Commençants.

- Comprendre la loi d'Amour comme une sublimation du Décalogue nous dispensant de ce dernier selon une mauvaise interprétation de l'adage augustinien : "Aime et fais ce que tu veux".

La source de la difficulté vient d'un double régime, liberté et obligation, qui caractérise loi d'Amour et Décalogue.

• L'AMOUR EST MON POIDS (St Augustin)

Explication : L'amour est le principe du mouvement qui nous conduit vers Dieu, pas son terme. On tend infailliblement vers ce que l'on aime, non vers ce que l'on aimera.

Application : Si l'amour (c'est-à-dire la Charité) est la première inspiratrice de nos actions, nous ne pouvons manquer notre but. "Celui qui aime a accompli intégralement la loi".

Perspective : L'homme est fait pour aimer. Ne pas respecter l'amour au risque de le stériliser, c'est un élan essentiel de notre nature (la sainteté nous est donnée comme perfection de celle-ci, non comme remplaçante).

L'amour désordonné ne se corrige pas en se contenant, mais en l'ordonnant au vrai bien. L'homme ne peut renoncer à aimer.

• L'AMOUR CREE L'OBLIGATION

Explication : L'amour est libre par essence. On ne peut donc concevoir qu'il faudrait aimer par obéissance. Par contre, obéir par amour va de soi. Si l'on n'aime pas toujours ce que l'on respecte, on respecte toujours ce que l'on aime. Ainsi c'est l'amour qui nous oblige.

Application : Si l'amour oblige, il ne dispense pas. "Il ne suffit pas d'avoir chaud au coeur pour se rendre libre à l'égard de tout commandement" (Pinckaers) . Le sentiment de l'amour n'est pas toujours le signe d'un vrai amour, mais la désinvolture envers l'aimé est sûrement celui d'un manque d'amour. "Plus on aime, mieux ont observe les commandements" (St Augustin).

Perspective : La perfection de l'amour, qui échappe à tout sentiment, se manifeste dans l'attachement aux commandements. L'obligation n'est donc pas un garde-feu, mais un soutien dans l'obscurité de la foi. L'obligation a une valeur positive : elle est reçue comme un voeu par les bons, comme une contrainte seulement par les méchants.

CONCLUSION : Il ne s'agit pas d'abord de faire le bien (en se contentant d'observer les commandements), mais d'être bon (l'amour nous met en harmonie avec le principe de toute loi).

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B (Bis) - DECALOGUE ET LOI D'AMOUR

1. LES DEUX ALLIANCES

• St Paul (Gal XIV, 21-31) : Agar et Sara , l'Apôtre oppose l'ancienne Alliance, signe de l'asservissement de l'homme, et la nouvelle Alliance, dans laquelle il devient libre.

• St Augustin (Homélie sur l'Evangile de St Jean : Traité 3-12 ; Com. de la le Ep. de St Jean (Traités 5-7-10) : le docteur de la grâce et de la charité montre que l'ancienne Loi a fait prendre conscience à l'homme de son péché, le prédisposant ainsi à la venue du Médecin, le Christ, qui donne l'Esprit-Saint comme principe vivificateur et sanctificateur : c'est la naissance du Christ total dont l'organisme est régi par la loi de la charité.

. St Thomas d'Aquin (Som. Th., la 2aeQ.106-108) :

— Ce qu'il y a de principalement nouveau dans la Loi du Nouveau Testament, c'est qu'elle consiste essentiellement dans la grâce ; tout le reste, instruction, préceptes, organisation des sacrements, bonnes oeuvres, lui est subordonné, et n'a de valeur que par elle ;

— Si la Loi nouvelle n'a été donnée que si tard, c'est qu'elle devait être préparée à la fois par l'action divine et par l'expérience que l'homme faisait de sa faiblesse. De ce point de vue, elle est pure miséricorde ;

— Par anticipation, et au seul titre de son élément essentiel, la grâce, la Loi nouvelle a existé dans tous les justes qui, depuis la chute, sont donc en réalité chrétiens, puisque l'effet de la grâce est l'incorporation au Christ.

Références dans l'Evangile

. St Math V, XIX 16-22, XXII 34-40.

. St Marc X 17-22, XII 28-34.

. St Luc V 33-39, VI 20-35, X 25-28, XVI 16-17.

. St Jean I 16-18, VII 22-24, XIII 34-35 2. DANS LE CHRIST JESUS

• L'effet de la Loi nouvelle n'est donc ni plus ni moins que le passage du non-être à l'être : surnaturellement, l'homme ne peut exister que "dans le Christ-Jésus" (expression forgée par St Paul et qui revient plus de 160 fois sous sa plume (1 Cor. I, 30).

• Bien plus que d'un simple rapport psychologique, de connaissance et d'amour, il s'agit d'une relation organique et vitale, d'une véritable incorporation qui fait du chrétien un être "christifié", c'est-à-dire greffé, enté sur le Christ (Rom. VI 5).

• Par cette incorporation, le chrétien n'est plus esclave, mais fils ; fils et donc héritier de Dieu (Gal. IV, l-ll), cohéritier du Christ (Rom VIII 17).

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3. PAR LE SAINT-ESPRIT

• Ainsi constitué dans le Christ, le chrétien, homme nouveau (Eph. II, 15), perd par là- même son autonomie ; il n'est plus guide des ses actes puisqu'il appartient au Christ qui vit en lui (Ga II, 19-20).

• Mais vivre pleinement la morale chrétienne est un travail inaccessible aux seules forces de l'homme déchu, donc charnel (Rom. VII, 14-25).

• C'est pourquoi, dès qu'il est adopté par Dieu comme son enfant, le croyant reçoit le Saint-Esprit (A. 9-17), le Digitus Paternae dexterae, par lequel il doit se laisser façonner comme l'argile par le potier ; il est désormais sous la loi de l'Esprit qui est donc le premier éducateur dans la vie morale : "ce qui est principal dans la Loi du Nouveau Testament, et ce en quoi réside toute sa valeur, c'est la grâce du Saint-Esprit". (St Th. d'Aquin la 2aeq 106a1). Cf. Rom. VIII.

• La grande révolution de St Paul, dans l'histoire de la morale, est de proclamer l'abolition de la Loi (P. Spicq o.p.) au sens où, au code juridique gravé sur des tables de pierre et s'imposant de l'extérieur, par la lettre, au fidèle, succède la Loi intérieure de l'Esprit, gravée dans le coeur des élus (Rom V-5) . A la sanction légale se substitue le Maître intérieur, d'où le rôle déterminant de la conscience mis en valeur par St Paul (Rom. XIII-5, XIV-23 ; 2 Cor 1-12...).

• Une morale de liberté : "Tout est permis" (l Cor. VI-12 ; X-23). Mais que cette liberté ne se tourne pas en "prétexte pour la chair" (Gal. XV-13). La liberté du chrétien à l'égard des hommes et du mal — souffrance ou péché — s'affirme à mesure que croît sa servitude par rapport au Christ (Rom. VI, 15-22).

4. ABBA, PERE

• C'est par cette servitude que le chrétien prend conscience de sa nouvelle relation à Dieu, dans une expérience de la présence et de la réalité de la grâce (Rom. VIII, 14-16).

• Il s'agit d'une relation d'intimité filiale qui fait dire au chrétien Abba, papa. (Gal. IV,4-7).

• Par le Saint-Esprit, c'est le Fils de Dieu Lui-même qui invoque son Père.

• "Dominus dixit ad me : filius meus es tu ; ego hodie genui te" (PSAUME II-7 - Nativité : Introït de la messe Minuit) : avec l'engendrement dans la chair du Verbe qui s'est fait Fils de l'Homme, afin que l'homme fût fait fils de Dieu, l'engendrement éternel du Fils par le Père devient réalité quotidienne dans l'âme illuminée par la grâce.

5. MORALE DU RELACHEMENT — MORALE DU PRECEPTE

• L'expérience montre pourtant que la vie chrétienne est une perpétuelle tension entre l'homme intérieur et spirituel, tourné vers Dieu, et l'homme extérieur et charnel, tourné vers les biens terrestres (Rom. VII, 14-25).

• N'est-il donc pas utopique, ou au moins présomptueux, de prôner une morale de la charité et de la liberté, alors que le chemin vers la sainteté passe par l'observance parfaite des préceptes (1 Thess. IV, 1-18, Mt. VII, 21, jo XIV-21) ?

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• Deux dangers vont guetter le chrétien dans son attitude par rapport à Dieu :

— forts de la magnifique exhortation de St Augustin (Com. de la 1e Epître de St Jean, Traité 7/8), "Ama et fac quod vis", les uns abrègeront, avec le frère Jean de l'abbaye de Thélème : "Fais ce que voudras", "comme s'il suffisait d'avoir chaud au coeur pour se rendre libre à l'égard de tout commandement et de toute contrainte" (P. Pinckaers o.p.)

— d'accord pour admettre le primat de la charité dans la morale chrétienne, mais plus portés, à la suite de Kant, à y voir une question de devoir strict, les autres couperont en deux son champ d'action, attribuant à la morale les obligations qu'elle suppose et laissant à l'ascétique et à la mystique le soin de traiter plus avant cette question, par une méfiance instinctive à l'égard de l'amour et de la sensibilité.

• C'est oublier dans le premier cas que la Loi d'Amour, loin de dispenser de l'observance des commandements, en est l'achèvement et la perfection (Math, v, 17-19).

• C'est être esclave dans le deuxième cas d'une fausse conception de l'amour et de la liberté (cf. Pèlerinage 91, Le Christ, notre Liberté), en ne voyant pas que "la duperie des mots prépare les égarements de l'esprit" (Gaxotte)... Et les démissions de la volonté. C'est bien aux deux commandements de l'amour de Dieu et du prochain que se rattachent la Loi et les Prophètes

(Mt X X I l , 34-40).

• L'épisode du jeune homme riche est ici éclairant (Marc X, 17-22) : l'observance exacte des préceptes le fait aimer de Jésus, mais il lui est demandé plus : dans l'économie nouvelle, pour être parfait, ce à quoi chaque âme est appelée, il faut renoncer à ses biens, à soi-même, par amour pour le Christ, jusqu'à réaliser l'idéal chrétien que St Paul énonce ainsi : "ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi". (Gal II-20).

"Oh ! ire, oh !perire, oh ! ad te pervenire" (St Augustin)

6. AMA ET FAC QUOD VIS

Cf. Commentaire de 1 Jo IV-9 par St Augustin.

• La célèbre maxime est ainsi commentée par le Père de Lubac : "Aime et fais ce que tu veux", disait St Augustin. "Si tu aimes assez pour agir en tout selon ton amour... Mais ne crois pas trop vite savoir ce que c'est qu'aimer".

• Au contraire d'une invite à une benoîte somnolence, c'est une exigence radicale qui est ici formulée : le moi doit être tué du dedans par l'amour.

• Mais si l'amour se prouve par des actes (Jo XIV, 21), "bien des choses peuvent avoir l'apparence du bien, qui ne procèdent pas à la racine de la charité". (St Augustin).

• Ce que doit être cette charité et quelle place elle doit tenir dans le vie chrétienne, St Paul le précise avec force (1 Cor. XIII) et St Jean de la Croix le résume ainsi : "Rien plus que d'aimer, voilà ma profession".

7. LA NOUVELLE LOI : UNE NAISSANCE A LA VIE TRINITAIRE

• L'idéal des Béatitudes (Mat. V) rend donc le chrétien christoconforme, Temple du Saint-Esprit, fils et héritier de Dieu.

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• Vivre par la Foi, c'est donc participer à la vie trinitaire, comme le montre la morale paulinienne.

• Sans avoir jamais atteint le but ici-bas (Phil III, 12-16) mais tout entier tendu en avant, le chrétien doit, pour parvenir à une observance toujours plus fidèle des Commandements, par laquelle il agit selon la Volonté du Père, approfondir sans cesse en lui, par la prière solitaire, la conscience de la Trinité Sainte qui l'habite et dont tout l'être est de se donner.

• Une vie morale droite ne va donc pas sans une vie de prière généreuse, parce que "la Loi et les Prophètes", qui détermine la conduite des fils de Dieu, n'est plus une obligation prescrite du dehors, mais l'amour de Dieu et du prochain qui inspire le coeur et dirige l'action. De même que le siège du péché est dans le coeur, de même il sera vraiment libre, celui qui aura compris jusqu'à en vivre quotidiennement, cette parole de St Paul : "le temple de Dieu est saint et vous êtes ce temple".

• La nouveauté essentielle de cette Loi d'amour est donc l'inhabitation de la Trinité toute entière présente en chaque âme qui vit de la grâce, pressée ainsi d'aimer et de faire aimer toujours plus le divin Hôte. Alors, Dieu premier servi, ce n'est plus une obligation, c'est un désir qui doit consumer l'âme aimante incapable de garder ce trésor pour elle seule : "Que je Lui ramène des âmes pour Lui prouver mon amour, car je l'aime tant... Oh oui, je L'aime à en mourir" (Bienheureuse Elisabeth de la Trinité).

Bibliographie

1. St Paul : Epîtres aux Romains, aux Galates. St Jean : Epîtres.

St Augustin : Commentaires (cf. résumé in coll. Foi vivante : "Il n'y a qu'un amour") St Thomas d'Aquin : Somme Théologique : la 2ae Q 106-108.

2. R.P. Plus s.j. : "Dans le Christ Jésus". R.P. Spicq o.p. : " Vie morale et Trinité Sainte". Dom Marmion : "Le Christ vie de l'âme".

3. Et 4 : idem. 5. R.P. Pinckaers o.p. : "Les Sources de la morale chrétienne", (Ed. Fribourg) R.P. Spicq o.p. : "Charité et Liberté".

R.P. Gilleman s.j. : "Le primat de la charité en théologie morale". 6. Simone Weil : "La Pesanteur et la grâce".

St Jean de la Croix : "La Montée du Carmel". 7. Evangile de St Jean : Chapitres XIII-XVII.

Bienheureuse Elisabeth de la Trinité : Oeuvres (par ex. in coll. Foi Vivante, "Pensées I et II"). Evangile de St Matthieu : Chapitre V-VII. St Léon le Grand : Sermons : Matines de la Nativité

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C - RAPPORT ENTRE L'ORDRE NATUREL ET L'ORDRE SURNATUREL

L'homme est à la fois "ange" et "bête" : dans le temps, il vit naturellement sur la terre matérielle, mais il est appelé à vivre dans l'éternité une vie surnaturelle dont le premier mystère est qu'elle commence dès ici-bas avec la vie de la grâce. Comment l'homme peut-il accéder à l'ordre surnaturel, spirituel, depuis l'ordre naturel ?

I. Doctrine minimale : Ce que vous devez parfaitement maîtriser

a) Définitions : le spi n'est pas le psy! La distinction entre l'ordre naturel et l'ordre surnaturel ne correspond pas a celle que l'on fait couramment entre "le corps et l'âme" (prise au sens le plus banal), ou entre "le physique et le mental". Le psychologique comme le physiologique appartiennent entièrement à l'ordre naturel, c'en sont des sous-ordres. L'ordre surnaturel est tout autre. Il faut donc très rigoureusement distinguer le PSY(chologique), et le SPI(rituel) : L'anthropologie chrétienne, trinitaire puisque l'homme est créé à l'image de Dieu, de la Sainte T r in i té , découvre l'existence d'un t r o i s i è me terme : l'esprit, parfois désigne par le nom d'"âme immortelle", par opposition a l'âme "mortelle", "animale", que nous possédons. En Lui- même, l'Esprit est transcendant à l'homme : Il est, en Dieu, le "souffle vital" de la propre vie de Dieu : c'est le Saint-Esprit!, que Dieu communique. Cependant, et c'est là la difficulté, l'esprit n'est pas une ch ose différente de l'âme : il est ce que l'âme doit s'efforcer de devenir : par comparaison, on dirait que l'esprit est à l'âme ce que l'âme est au corps : Le corps n'est fait que pour l'âme et ne vit de la vie à laquelle il est destiné que dans l'âme. Le corps sans l'âme perd toute raison d'être : c'est un cadavre, qui se décompose. L'âme à son tour n'atteint son plein épanouissement que dans L'"esprit". L'esprit est comme la perfection de l'âme. EX. D an s l ' o rd re in te l l e c tu e l , l e r o manc ie r a th ée M ar t i n du Gard r e conn a is s a i t q u e son con f rè re Be r n an o s , c a th o l i q u e , a l l a i t b e au c o u p p lu s p r o f o n d qu e lu i d an s l a c o n n a is s an c e d e l a vé r i té ps ycho l og ique de l ' h o mme to u t s i mp l e men t p ar ce qu ' i l av a i t l a Fo i , e t l ' a c cès au x p ro f ondeu rs d ' une v i e su rn a tu r e l l e q u e l u i - mê me ig n o r a i t c o mp lè te men t . M a is c e c i n ' e s t qu ' une co mp ar a i s on g r oss i è r e , c ar l ' o rd re de l ' Esp r i t , su rn a tu re l , e s t ab so lu men t t r an sce n dan t au x o rd res n a tu r e l s ( c o r ps e t " âme " ) . L'ordre surnaturel, c'est l'ordre de la Grâce. Et quelle est la raison de cette grâce ? "Grâce" signifie "gratuit", donc sans "cause". Il n'y a aucune raison, que l'Amour de Dieu (la Charité), c'est-à-dire Dieu-Saint Esprit Lui-même; c'est pourquoi Pascal par exemple appelle l'ordre surnaturel l'ordre de la Charité. Dieu ne crée l'homme que par Amour, que pour l'adopter, pour en faire Son propre fils, participant de Sa vie : il est essentiel à Son dessein de lui communiquer Son Esprit. Et ce don est absolument gratuit. Dieu seul est le Principe sans principe, la Cause sans cause.

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b) Le Mystère de l'Incarnation. Mais voici que l'homme, a cause du péché originel, perd ce Don insigne. Dieu, qui avait créé l'homme pour Sa gloire, va-t-Il tout simplement le détruire, comme l'artiste qui brûle un brouillon raté? Va-t-Il le laisser dans cet état? Non, l'Amour qu'il est va Le conduire à assumer la nature humaine elle-même. Etant donnée la distinction radicale entre les ordres naturels et surnaturel, on pourrait comparer la Bonté de Dieu à celle du maître d'un chien qui se ferait chien pour sauver son chien d'une souffrance dont il le verrait affecté ! C'est proprement une "folie", et c'est la folie de la Croix. Dieu ne détruit pas, il répare :"Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir", dit le Christ. Pour que cette Réparation des ordres" naturels par l'ordre surnaturel s'étende à tous les hommes dans le temps et dans l'espace, le Christ institue les sacrements, qu'il confie à l'Eglise, Mystère de l'Incarnation continue. Remarquer que l'ordre de la croissance surnaturelle par les sacrements est parallèle à l'ordre de la croissance naturelle : Baptême/naissance, Communion/nourriture, Pénitence/remèdes, etc. Là encore : accomplissement. c) Le mystère de la Foi : Deux grâces essentielles marquent notre participation a l'ordre surnaturel : La première grâce que Dieu nous fait est celle de l'existence (notre création), la seconde celle du salut (notre recréation), par laquelle, après que nous les avons perdus à cause du péché, Il nous rend Lui-même les moyens de participer à Sa Vie, c'est-à-dire à la vie spirituelle, puisque Dieu est pur Esprit. La première grâce, même la raison seule peut en d e v in e r quelque chose : les païens les plus profonds étaient arrivés à la conception d'une Cause première considérée comme "paternelle" dans la mesure où elle est le Principe sans principe de toutes les créatures. La seconde, elle, y échappe : seule la Foi nous en donne la connaissance. Beaucoup n'ont pas cru que Jésus était le Fils de Dieu venu réparer l'ordre naturel en lui rendant son lien avec l'ordre surnaturel. Beaucoup ne croient pas que l'Eglise soit autre chose qu'une société humaine parmi d'autres, ni que les sacrements soient plus que des rites sociaux. Ce ne sont pas des évidences, il faut la Foi pour les comprendre, et la Foi est un don de Dieu. M ys te r iu m f ide i , dit le prêtre à la consécration. d) La loi d'accomplissement des ordres naturels par l'ordre

surnaturel L'ordre naturel est donc à la fois lié étroitement à l'ordre surnaturel et, dans la conscience qu'on en a, tout- à-fait distinct de lui: EX. C 'e s t s i v r a i que l ' on peu t c on t i nue r à v i v r e n a tu r e l l e men t ( ph ys io l o g iq u e men t : g r an d i r , se mu sc l e r . . . p sycho l og iq ue men t : deven i r un sav an t d ans une d is c i p l ine in te l l e c tu e l l e . . . ) , to u t en é tan t mo r t su rn a tu re l l e men t , c ' e s t - à - d i r e en é ta t de pé ché mor te l . Inversement, la grâce, par la Foi, décuple même les capacités naturelles : elle les "accomplit", les porte à leur perfection. "Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir", dit Jésus (Mt V,17). Avec saint Thomas d'Aquin, on peut exprimer ainsi la relation de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel : GRATIA NON TOLLIT NATURAM SED ELEVAT. La grâce ne détruit pas, mais "élève" la nature. L'ordre surnaturel n'abolit pas, ne remplace pas l'ordre naturel, il lui donne la fécondité.

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e) La figure obligée, le moyen nécessaire de cet accomplissement : la Croix" Outre les comparaisons que nous avons proposées, ces rapports entre les ordres doivent être l'objet de notre méditation et de notre oraison, plus que de discours par définition inadéquats. On doit aussi les pratiquer : De cet accomplissement de l'ordre naturel par l'ordre surnaturel, Jésus indique le chemin : la Croix ; comment unir la verticale (élévation vers Dieu du bas vers le Haut) et l'horizontale (souci du prochain, dans l'ordre terrestre), sinon en traçant, c'est-à-dire en vivant la Croix. EX. L e p lus be l e xe mp le d ' ac co mp l i s se men t d e l ' o rd re n a tu r e l p ar l' o r d r e s u rn a tu r e l n o u s e s t f ou rn i p ar l a T r an s f i gu r a t i o n : l 'H u man i té d e J é s u s a t t e in t u n e b e au té - i n e f f ab l e , l o r s q u e l e P è r e L e r e g ar d e , d an s l a nuée . E t d e quo i Jésus par l e - t - i l à c e mo men t - l à avec E l i e e t Mo ï se? . . . De l a c r o i x ! (Lc IX, 28... :"son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem"). Or, "le disciple n'est pas au dessus du maître" (Mt X,24). "Quiconque ne porte pas sa croix..." (Lc XIV, 27). En matière d'apostolat, on aura donc une attitude d'accomplissement plutôt que de destruction : tout ce qui est bon est catholique, quelle qu'en soit l'origine particulière. Cela veut dire que nous DEVONS nous former pour être capables, tant sur le plan matériel que sur le plan spirituel de discerner ce qu'il y a de vrai et de bon dans ce-que le prochain propose, et de lui montrer comment le Christ accomplit infiniment ce petit fragment de bien auquel il s'est attaché. Cette formation sera l'occasion de souffrances, c'est aussi cela la Croix. Mais rien ne remplacera notre prière à son intention.

II. la question qui vous sera posée et les réponses possibles.

La question essentielle est donc : comment connait-on l'ordre surnaturel, puisque essentiellement divin, il échappe par définition aux tentatives de compréhension des ordres inférieurs? Co nc rè te men t à quoi correspond l'ordre surnaturel ?

L'Eglise est très prudente, et vous devez mettre vos pèlerins en garde contre l'"apparitionnite". A trop rechercher les phénomènes "extraordinaires", on finit par confondre foi et sentiment, plus ou moins illusoire Si Dieu continue de faire des miracles, ce n'est que pour renforcer notre foi, non pour s'y substituer. ("Heureux ceux qui croient sans avoir vu" Jn XX, 24...). Dieu sait combien nous sommes empêtrés dans le sensible et l'intellectuel, ordres naturels, et par condescendance II accepte de se faire "sentir" jusque dans ces ordres. Mais c'est là un fait très accidentel et II préfère dire : "Noli me tangere", ne me touche pas (Jn XX,17), ne crois pas arriver à moi seulement en me "touchant", du bas de ton ordre naturel.

2) L'Eglise. Ce n'est pas que notre foi soit désincarnée et "sèche". Mais dans sa pureté elle se fonde sur la seule Incarnation dont on soit absolument sûr, puisque sa preuve en est sa continuation actuelle dans l'Eglise, celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ : c'est essentiellement dans les sacrements que Jésus agit visiblement aujourd'hui, par le magistère qu'il enseigne. Concrètement, -donc, l'ordre surnaturel n'est connu dans sa spécificité que par la Foi, l'adhésion volontaire à l'Amour de Dieu tel qu'il se manifeste couramment aujourd'hui, c'est-à-dire que nous le connaissons d'autant mieux que nous sommes plus fidèles à notre vocation de baptisé et de fils de l'Eglise. Pour comprendre les rapports de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel, il faut les vivre personnellement :

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III. Notre connaissance personnelle de l'ordre surnaturel: Des pèlerins vous diront que tous ces discours sur l'ordre surnaturel sont bien beaux, mais que leur "foi" est vacillante parfois, qu'ils ne "peuvent s'empêcher" de douter quelquefois. Que leur répondre? a) formez-vous! Dans notre vie spirituelle, les principes exprimés ci-dessus restent vrais: il faut éviter de s'appuyer trop sur les sentiments, et ne pas non plus vouloir faire tout reposer sur l'intelligence pure. Les sentiments, la raison sont pour la connaissance de Dieu absolument nécessaires, et absolument insuffisants: la connaissance sensible de Jésus (on "imagine" Son humanité, on "revit" des scènes de l'Evangile) correspond à un premier stade de la vie spirituelle. Il faut ensuite comprendre par l'intelligence l'économie de notre Salut, les rapports des Mystères entre eux, etc. Le moteur de ces activités est déjà la Foi, qui nous aiguillonne dans notre désir de Dieu. Le Verbe Lui-même, et le Saint Esprit nous "consolent", finissent par illuminer les facultés naturelles (raison et volonté) et les surélèvent jusqu'à l'ordre surnaturel, en sorte que nos efforts sont minuscules par rapport à la récompense infinie que nous recevons dès cette vie : c'est aussi cela la récompense promise (quiconque aura quitté (l'ordre naturel) héritera de la vie éternelle et recevra (dès cette vie) bien davantage) (Mt XIX,29). Mais elle n'atteint toute sa pureté que dépouillée de ces "scories" de l'ordre naturel, qui altèrent sa surnaturalité. Les mouvements de "doute" sont alors possibles, mais, transfigurés par la Charité de la Croix ("Mon père, pourquoi m'as-tu abandonné?"), ils nous font participer à l'épreuve la plus grande que Jésus a souffert pour la restauration de la relation des ordres naturel et surnaturel. Donc même le "doute" ne peut pas nous décourager: b) l'épreuve du doute acceptée avec amour est donc une grâce: Les disciples la connurent même après la Résurrection (il est vrai qu'ils n'étaient pas encore "confirmés", la Pentecôte n'avait pas encore eu lieu).Les plus grands saints dépassent même la récompense "terrestre", et la Croix dans toute sa désolation semble faire leurs délices : La souffrance la plus profonde que l'homme puisse subir n'est-elle pas justement de croire que son sacrifice est inutile? Ce n'est plus seulement la souffrance physique ou "morale", l'intelligence même est blessée : c'est le doute: on ne sent plus, on ne conçoit même plus qu'il puisse y avoir une récompense (personne "là-haut"?) . Mais la grâce est toujours là, et, dans la nuit de la Croix, on aime Dieu plus que jamais : C'est alors que l'on participe mystérieusement, mais le plus efficacement possible à la réunion des ordres naturel et surnaturel. EX. l a v i e de s a in te T hé rèse de L is i eux n ' e s t p as c e l l e d ' une m ignonne pe t i te f i l l e s ans p rob l è me : s a in te T h é r èse a t te i n t u n e s a in te té immen se p ré c i s é men t en sub iss an t l ' ép r euve d ' un dou te ex tr ê me , qu ' e l l e su r mo n te p ar des ac te s de f o i app are mmen t t r ès " v o l on ta i r e s " , en f a i t en t i è r e me n t d i c te s p ar un A mour qu i l ' i d en t i f i e à Jésus . RELISEZ LES MANUSCRITS AUTOBIOGRAPHIQUES DAMS CETTE OPTIQUE, ET CONSEILLEZ A CEUX DONT LA FOI VACILLE OU CHANCELLE DE PRIER SAINTE THERESE DE L'ENFANT-JESUS, "LA PLUS GRANDE SAINTE DES TEMPS MODERNES" AUX DIRES DE PLUSIEURS PAPES.

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c) multiplicité des vocations certains sur cette terre resteront à un stade en apparence inférieur (c'est la "foi du charbonnier"); à condition que leur ignorance ne soit pas volontaire, ceux-là peuvent cependant être de grands saints, puisque nous serons jugés sur l'Amour. Simplement, si l'on aime vraiment Quelqu'un, on cherche à toujours mieux Le connaître, ce qui nous fait L'aimer davantage, donc attise encore notre désir, et la vie spirituelle connaît une vraie ascension parallèle à l'épuration du sensible, à la croissance intellectuelle. Répétons-le: la Foi, la Grâce: l'ordre surnaturel ne dispense pas de l'ordre naturel. D'OU L'IMPORTANCE DE NOTRE FORMATION CATHOLIQUE : PELERINS, VOUS DONNEZ-VOUS LA PEINE D'APPROFONDIR LA DOCTRINE? DE LIRE LES TEXTES DU PAPE? AVEZ-VOUS LU LA BIBLE EN ENTIER? ET MEME LES QUATRE EVANGILES.? Donc avant de se croire arrivé au sommet de la vie mystique sous prétexte qu'on a des doutes, on doit se demander si ceux-ci ne sont pas coupables parce qu'ils proviennent simplement de notre ignorance ! ( ce sont alors des péchés qu'il faut accuser, et réparer, en se formant!). En tous les cas, les conseils d'un prêtre, "autre Christ", lien entre les ordres naturels et surnaturel s'impose.

Nous n'avons aucune illusion: nous savons que l'instauration d'un ordre naturel social Chrétien ne se fait qu'au prix des innombrables croix, d'ordre surnaturel,

que chacun accepte de porter (depuis le "ridicule " d'une procession, de l'affirmation de la- Foi dans les conversations entre amis, contre tout respect humain, jusqu'au martyre). Nous devons travailler à l'établissement de la chrétienté, tout en sachant que DIEU SEUL donnera le résultat, et que les voies de Dieu ne sont pas les voies des hommes : d'où la nécessité de ce principe : DIEU PREMIER SERVI !. Conclusion : Dans tous ces domaines, se savoir "serviteur inutile". La Croix est le seul chemin : quand on La rencontre, ce n'est pas signe d'échec, mais au contraire signe de bénédiction : Dieu va donner la victoire. Ne jamais perdre l'Espérance: c'est dans l'échec apparent, alors qu'on a fait tout ce qu'on pouvait faire, que Dieu donne la victoire. Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous ! Lectures : les chefs de chapitre feront bien de méditer les passages de l'Evangile cités ici. (pour les intégrer opportunément dans les méditations du chapelet) LA référence sur les rapports de l'ordre naturel et de l'ordre surnaturel en matière sociale, sur la Chrétienté reste Dom Gérard : Demain la Chrétienté.

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1er COMMANDEMENT : L'ADORATION

Pourquoi l'adoration ? On l'adorera toujours à cause de lui-même" (Psaume 121) C'est un hommage qui lui est dû ; LUI, c'est DIEU, Maître et Créateur de toutes choses, à qui nous devons tout. L'adoration est pour l'homme un moyen de reconnaître son impuissance et sa faiblesse devant le Dieu trois fois Saint. De la part de l'homme, c'est un acte d'amour en Dieu et pour Dieu.

''L'adoration : c'est un mot du ciel. Il me semble qu'on peut le définir : l'extase de l'amour. C'est l'amour écrasé par la beauté, la force, la grandeur immense de l'Objet aimé". (Bienheureuse Elisabeth de la Trinité).

Qui adorons nous ? "O mon Dieu TRINITE, que j'adore..." La Trinité Sainte, une et trine, voilà le seul et unique objet de notre adoration. Par les paroles du premier commandement : 'Tu n'auras pas d'autre Dieu en ma présence, Dieu nous ordonne de reconnaître, d'adorer, d'aimer et de servir Lui Seul, comme notre souverain Seigneur. " (Cat. St.Pie X)

1. Le Père : L'adoration nous fait reconnaître Son absolue souveraineté. Nous nous trouvons "en face du Créateur qui nous communique tout ce qu'il a d'être et de vie. L'âme se trouve alors faite par Lui, écoulée en Lui, unie à Lui, comme emplie et inondée par Lui" (Dom Guillerand).

Nous n'avons rien à dire ; seulement à adorer par une louange toute intérieure et silencieuse le Dieu infiniment bon, la Sagesse incréée, la Divine Vérité, les perfections divines...

ADORATION = LOUANGE, et- "la plus belle louange est l'aveu de notre impuissance" (Dom

Guillerand)

2. Le Fils : Par sa dignité de Dieu-Homme, c'est un hommage d'adoration qui revient au Fils. Le Christ, présent réellement dans la Sainte Hostie, est adorable tout entier parce que Fils de Dieu.

Adorer Jésus dans l'Eucharistie c'est se fondre en lui, en se donnant à lui : "demeurez en moi", nous demande-t-il.

"Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera et nous viendrons en lui, et nous ferons en lui notre demeure" (Jean, XIV-23).

L'habitation divine en nous, la vie du Christ en notre âme seront le fruit de notre amour adorateur. Seul l'amour attire Dieu en nous ; l'amour doit ici être entier et passionné et non passager et sentimental. 3. Le Saint-Esprit : "Venez Esprit Saint, emplissez les coeurs de vos fidèles et allumez

en eux le feu de votre amour...". Ne rien demander d'autre à l'Esprit d'amour, au "Feu consumant", que d'imprimer en notre âme un amour vrai de Dieu et des âmes. Adorer l'Esprit Saint, c'est le supplier de venir agir en nous, afin que nous devenions les parfaits instruments de Dieu ; Seigneur, foyer d'amour, faites-nous brûler de charité...

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Pourquoi adorer le Saint Sacrement ?

"Il ne suffit pas d'adorer Dieu intérieurement dans son coeur ; il faut aussi extérieurement, avec son esprit comme avec son corps, parce qu'il est le Créateur et le Seigneur absolu de l'un et de l'autre." (Cat. St Pie X).

Nos actes extérieurs doivent correspondre à des actes intérieurs ; nos gestes sont la traduction de notre pensée et de notre vouloir.

"Dieu est esprit et exige une adoration en esprit et en vérité". La vérité nécessite une extériorisation de nos sentiments intimes ; or l'Eglise rend un culte tout spécial à la Sainte Eucharistie, non seulement par les messes (Fête-Dieu, messe votive...), mais surtout par l'adoration du Saint Sacrement. En effet, l'Homme n'est pas un esprit pur, et ne peut donc pas adorer Dieu à la manière des Anges : il a besoin de gestes extérieurs.

La position à genoux, ainsi que les inclinations profondes devant le Saint Sacrement exposé, sont les signes de notre libre soumission, de notre respect, et de notre vénération envers l'Unique Dieu. "L'Homme n'est grand qu'à genoux..." (Dom Gérard)

Nécessité de l'adoration ?

L'Homme s'y ressource ; dialogue mystérieux et secret entre l'âme et son Créateur : intimité amoureuse et silencieuse au sein de laquelle notre esprit s'abreuve.

(Anecdote de la vie du St curé d'Ars : à un homme qui passait de longues heures devant le Saint Sacrement, le Saint curé demande : - Que dites-vous à Notre-Seigneur durant vos longues visites ? - Monsieur le Curé, je ne luis dis rien. JE L'AVISE ET IL M'AVISE. JE LE REGARDE ET IL

ME REGARDE... )

C'est aussi simple que cela ; le secret de l'adoration est dans un face à face avec Dieu, dans lequel nous nous nourrissons de voir Dieu.

Y-a-t-il des conditions pour adorer ?

Une seule, mais primordiale et souvent oubliée : le SILENCE... Un silence extérieur certes, mais surtout intérieur ; se préserver un cloître au fond de notre âme, où nous dialoguerons avec Dieu dans des silences dont la profondeur nous surprendra. Adorer ne se fait que dans un silence parfait.

"Faisons-nous silencieuses pour écouter Celui qui a tout à nous dire. Adorons "dans un silence plein, profond ce silence dont parle le prophète David lorsqu'il s'écriait : le silence est ta louange". (Sr Elisabeth de la Trinité) "Il faut faire taire le tumulte des pensées, et que toute agitation de la journée vienne mourir au fond de ce recueillement ". (André Charlier)

"Le Père a dit une parole. C'est son Verbe et son Fils. Il le dit éternellement et dans un silence éternel. Et c'est dans ce silence que l'âme entend." (St Jean de la Croix)

Acquérir cet oeil intérieur dont le clair regard blesse d'amour le divin Epoux et dont la pureté donne de voir Dieu. " (St Bruno)

Comment adorer ?

Quatre étapes peuvent être proposées, mais la première est de loin la plus importante :

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1. Adoration de la Sainte Trinité. Faire un acte d'abandon et d'amour : mon Seigneur et mon Dieu, je Vous adore et Vous aime... je n'adore que Vous...

2. Action de Grâce Remercier et louer le Bon Dieu pour tout ce qu'il nous envoie ; tout veut aussi dire les croix, les souffrances physiques de ces trois jours de marche, nos problèmes personnels... Toujours remercier et rendre grâce, car rien n'arrive qu'il ne désire.

3. Contrition Devant la sublime grandeur de Dieu, se reconnaître pécheur tout en se confiant dans Sa miséricorde infinie. Pardon mon Dieu pour mes manques d'amour ; pardon de m'être préféré à Vous...

"Oui, Seigneur, mon partage, je le déclare, c'est de garder vos préceptes. Je vous implore de tout mon coeur ; ayez pitié de moi, selon votre parole. Rendez-moi la vie selon votre miséricorde, et j'observerai les enseignements sortis de votre bouche. J'espère, Seigneur, en votre salut, et j'aime vos commandements". (PSAUME 118)

4. Demande Demander surtout l'acceptation amoureuse de sa divine Volonté. Selon les chapitres, en profiter pour la consécration individuelle à l'Immaculée Mère de Dieu.

"O mon Dieu, TRINITE QUE J'ADORE, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité...

Venez en moi comme ADORATEUR, comme REPARATEUR, et comme SAUVEUR... Je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière ; ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en vous en attendant d'aller CONTEMPLER en votre lumière l'abîme de vos grandeurs".

Sr Elisabeth de la Trinité (1880-1906)

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VRAI ET FAUX OECUMENISME : "TU ADORERAS DIEU SEUL1

I — QU'A VOULU NOTRE SEIGNEUR ?

"Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au Nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit" (St Mt XXVIII, 19), dit le Christ à Sa jeune Eglise. L'Eglise de Jésus-Christ a la mission de prêcher et de sanctifier TOUS les hommes : l'œcuménisme est d'abord cette universalité dans l'apostolat.

"Tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai MON Eglise" (St Mt XVI, 18).

"Mon" Eglise, dit Notre Seigneur, certifiant ainsi qu'il n'y en a qu'UNE, et que sa caractéristique la plus évidente est d'avoir Pierre — le Pape — pour Chef visible : l'œcuménisme se fonde sur l'unité et l'unicité de l'Eglise.

Ces deux citations de Notre Seigneur instituent les trois fonctions de l'Eglise :

- PRECHER ("enseignez") - SANCTIFIER ("baptiser," c'est-à-dire prier et conférer les Sacrements) - GOUVERNER ('sur cette Pierre, je bâtirai mon Eglise".)

II — L'HERESIE ET LE SCHISME

Malheureusement, la faiblesse et l'orgueil des hommes, la ruse du Diable, prince du mensonge, ont provoqué des conflits dans l'Eglise du Seigneur et des Apôtres :

- soit l'on rejeta son gouvernement ou son pouvoir de sanctification, surtout celui du Pape : c'est le Schisme (rupture avec l'Eglise pour rébellion contre l'Autorité).

Ex. : Les Orthodoxes en 1054, qui refusèrent que le Primat de l'Evêque de Rome s'étende sur l'église Orientale également.

- soit l'on refusa sa prédication : c'est l'Hérésie (refus d'un ou de plusieurs Dogmes de Foi).

Ex. : Les Ariens qui nient que Jésus Christ soit véritablement Dieu. Les Protestants qui refusent la présence réelle et SUBSTANTIELLE de Notre-Seigneur dans la Sainte Eucharistie.

Ainsi, au cours de l'Histoire, des groupes parfois nombreux de personnes sont sortis de l'Eglise. Quel drame pour ces égarés ; car devenant schismatiques ou hérétiques, on quitte l'Eglise de Jésus-Christ, qui est l'UNIQUE MOYEN DE SAUVER SON AME.

C'est pourquoi St Paul commande : "Fuyez celui est hérétique après l'avoir repris une et deux fois, sachant que celui qui en est là est perverti" (Tit. III, 10). Il en est de même pour le schismatique, car Jésus a bien dit à St Pierre, le premier Pape : "Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux" (St Mt XVI, 19).

III - L'OECUMENISME EST UNE PARTIE DE LA MISSION

Par là, on comprend la nécessité de transmettre le Catholicisme à tous les hommes et de les ramener dans la maison du Père : ces brebis hors du troupeau de Pierre, l'œcuménisme a pour but de les y réintégrer. Comment ? L'Eglise Catholique a reçu de Dieu le dépôt sacré de Sa Révélation, avec la charge de le conserver fidèlement et de l'expliciter toujours mieux, et infailliblement grâce à l'assistance perpétuelle du Saint-Esprit.

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C'est donc en excitant à la conversion les brebis perdues, par tous les moyens en son pouvoir, que se pratique un œcuménisme sain et conforme à la Volonté de Dieu, pour aider ceux qui se fourvoient à renoncer à leurs erreurs pour (re)trouver la voie de la pleine et entière vérité catholique.

D'où deux principes essentiels de l'œcuménisme vrai :

1. Le but doit toujours être de ramener dans la vérité ; il doit demeurer présent à l'esprit, pour ne point tomber dans le piège de la facilité consistant à adopter tout ou partie du point de vue erroné, ou encore des attitudes ambiguës, voire équivoques, qui ne favoriseraient alors que l'indifférentisme ("après tout les différentes religions sont bonnes : du moment que chacun pratique sincèrement la sienne, c'est égal"). Ou pire : le syncrétisme (mélange, fusion des religions pour n'en former ultérieurement plus qu'une).

2. Même si les conditions ci-dessus sont toutes remplies, il faut, en outre, éviter le scandale : de sorte que les efforts missionnaires ne soient pas aux dépens de la vraie Foi ; qu'ils ne sèment pas le doute dans les esprits, encore moins fassent perdre la Foi aux faibles.

"Si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient, il serait mieux pour lui de se voir passer autour du cou une de ces meules que tournent les ânes, et d'être jeté à la mer" (St Mt IX, 42).

Donc zèle, oui, et sans mesure ! mais prudence également dans la manière de l'exercer.

C'est l'exemple d'abord qui est missionnaire, il suscite en le prochain le désir d'imiter, et de découvrir cette religion qui, avec ses fortes exigences, apporte tant d'enthousiasme et de joie.

Le véritable apôtre use surtout dans son zèle de la Reine des Vertus : la CHARITE ;

car, "La Charité est patiente ; serviable est la Charité ; elle n'est pas envieuse ; la Charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'exaspère pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice mais se réjouit de la vérité" (St Paul, I Cor XIII, 4-7).

C'est en n'hésitant pas à sacrifier toute une nuit de sommeil que St François de Sales répondit aux objections d'un hérétique sans désemparer un seul instant. Aussi, le lendemain matin, il y avait un protestant de moins et un catholique de plus. Quelle joie dans le Ciel pour cette conversion ! Le Saint Evêque de Genève rendait une fois de plus hommage à la belle et saine Charte de l'œcuménisme : La Vérité dans la Charité.

Bibliographie - Magistère des Papes

• Sur ce sujet il est éminemment souhaitable de lire l'Encyclique "Mortalium Animos" du Pape Pie XI, du 6 janvier 1928. (Elle est très courte, 7-8 pages).

C'est une synthèse UNIQUE EN SON GENRE sur le vrai et le faux oecuménisme, et dont on trouvera quelques passages essentiels ci-dessous.

• Le professeur MAY, de la Faculté de Droit Canonique de Mayence en Allemagne, a beaucoup écrit sur ce sujet.

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Un tiré à part aux Editions du Cèdre, intitulé "L'Œcuménisme, levier de la Protestantisation dans l'Eglise" résume en quelques pages les arguments doctrinaux et pratiques contre les abus actuels en ce domaine.

LE PAPE JEAN-PAUL II MET EGALEMENT EN GARDE CONTRE LES CONCEPTIONS ET LES PRATIQUES VICIEES DE L'OECUMENISME

Ainsi, dans quelques passages de Redemptoris Missio :

"Le dialogue ne dispense pas de l'évangélisation" (n° 55)

"Aujourd'hui, l'appel à la conversion que les missionnaires adressent aux non chrétiens est mis en question ou

passé sous silence. On y voit un acte de prosélytisme ; on dit qu'il suffît d'aider les hommes à être davantage

hommes, ou plus fidèles à leur religion ; qu'il suffît d'édifier des communautés capables d'oeuvrer pour la justice,

la liberté, la paix, la solidarité. Mais on oublie que toute personne a le droit d'entendre la Bonne Nouvelle de Dieu."

(n° 46)

"L'Eglise est au service du Royaume... avant tout par l'appel à la conversion". (n° 20)

"... A cause des changements de l'époque moderne et de la diffusion de nouvelles conceptions théologiques,

certains s'interrogent : la mission auprès des non-chrétiens est-elle encore actuelle ? N'est-elle pas remplacée par

le dialogue interreligieux ? La promotion humaine n'est-elle pas un objectif suffisant ? Le respect de la conscience

et de la liberté n'exclut-il pas toute proposition de conversion ? Ne peut-on faire son salut dans n'importe quelle

religion ?.. Le Christ est l'unique Sauveur de tous, celui qui Seul est en mesure de révéler Dieu et de conduire à

Dieu... Car il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés... Le salut

ne peut venir que de Jésus-Christ. (n° 4 et 5)

"... Tous les hommes, parce qu'ils sont des personnes, c'est-à-dire doués de raison et de volonté libre et, par suite,

pourvus d'une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à

chercher la vérité, tout d'abord celle qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu'ils la

connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité." (n° 8)

"... L'un des motifs les plus graves du manque d'intérêt pour l'engagement missionnaire est une mentalité marquée

par l'indifférentisme, malheureusement très répandue parmi les chrétiens, souvent fondée sur des conceptions

théologiques inexactes et imprégnées d'un relativisme religieux qui porte à considérer que "toutes les religions se

valent". (n° 36)

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2e COMMANDEMENT : LE NOM DE DIEU

"Quelle est l'âme, si vaste soit-elle, qui ne s'est arrêtée devant ce mot si court : Dieu. (Lacordaire)

Dieu est la réalité première, la plus importante des réalités surnaturelles. C'est autour de Lui que tout gravite : "Dieu est au-delà de tout, au-delà du ciel, au-delà de la terre. "

(St Augustin)

Il est difficile de parler de Dieu, en raison de son immensité, de sa transcendance. Il nous dépasse et dépasse notre intelligence : "Que peut-il dire celui qui parle de Vous ? Et pourtant malheur à ceux qui se taisent de Vous. "

(St Augustin)

Je veux voir Dieu

"Mon coeur brûlait d'un désir très ardent de connaître Dieu, de savoir qui il était. Parmi les hommes, beaucoup admettent l'existence d'une foule de divinités mal définies ; quelques-uns vont jusqu'à déclarer qu'il n'y a pas de dieu du tout. Ce qui résulte du hasard, de l'évolution et de la combinaison des éléments, ils l'appellent nature et lui rendent une sorte de culte. Le plus grand nombre se rallient à l'opinion commune en professant l'existence de Dieu, mais ils prétendent ce Dieu indifférent à l'humanité dont il ne s'occuperait absolument pas. Parmi toutes ces opinions mon coeur inquiet cherchait le chemin apte à lui procurer la connaissance de son Seigneur. "

(St Hilaire de Poitiers, Ille siècle)

On le voit, la recherche de Dieu est une constante de toute l'histoire de l'humanité. Les hommes ont le désir de voir Dieu, de l'atteindre, de communiquer avec Lui. Sainte Thérèse d'Avila, alors qu'elle était enfant, avait fait une fugue hors de la maison paternelle. Pour toute explication, elle avait dit : "Je suis partie parce que je veux voir Dieu, et que pour le voir il faut mourir".

Mettons-nous à la suite de ces saints, à la découverte du Tout-Puissant. Nous voulons contempler Dieu. Que cela signifie-t-il ? Que faut-il regarder en lui ? Qui est-il ?

Le nom de Dieu

Il est difficile de nommer Dieu, de lui donner un nom qui le définisse, qui exprime sa nature. Dans le monde hébraïque, alors que le nom désigne véritablement l'être de la personne, Dieu se dévoile. Il le révèle à Moïse : "Je Suis celui qui Suis" (Ex. III-14). De là a été formé le nom hébreux de Yahwé. C'est la définition la plus exacte de Dieu : il est l'Etre. Ce nom signifie la réalité la plus extraordinaire qui soit : Dieu lui-même. C'est pourquoi les juifs ne prononçaient jamais ce nom de Yahwé, mais disaient Adonaï, Seigneur, se reconnaissant indignes, et voyant dans le nom de Dieu un mystère redoutable. "J'étais rempli d'admiration par cette définition si parfaite de Dieu ; elle exprimait dans un langage adapté à l'intelligence, l'incompréhensible notion de la nature divine : ce qui EST absolument ne peut cesser d'être un jour, ni avoir commencé d'être."

St Hilaire de Poitiers

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Nous nous sentons infiniment petits devant le mystère de la transcendance divine. Pour nous en approcher, il faut nous purifier.

A Moïse qui s'approchait du buisson ardent, Dieu dit : "N'approche pas d'ici, ôte tes sandales, car le lieu que tu foules est une terre sainte" (Ex. III-4).

C'est purifié, la face voilée, que Moïse s'approche du feu pour voir Dieu. C'est ainsi que nous devons aller vers Dieu : "Si tu veux venir à ma suite, renonce-toi, prend ta croix et suis-moi".

Quel nom ?

"Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants" Pascal, Mémorial

C'est le Dieu un et trine de la révélation, de l'ancien et du nouveau testament, qui est venu à nous dans la personne du Fils, pour nous attirer à Lui et nous sauver du péché.

"Cette parole : Je suis celui qui suis, tu ne la comprends pas, ton coeur ne peut s'y fixer, tu n'es pas immuable, ton esprit est changeant. Ecoute maintenant ce que tu peux comprendre : Dieu dit encore à Moise : "Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob", si tu ne peux saisir son Nom de nature, saisis Son Nom d'amour."

St Augustin

Dieu n'est pas un principe abstrait, mais un Etre qui a fait alliance avec les hommes, qui s'est révélé, qui a envoyé son Fils. Dieu a fait de son nom le signe et en a constitué notre profession de foi ; c'est au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit que nous avons été baptisés (Mt XXVIII-19). C'est par son Nom, dans le signe de la croix, que nous l'atteignons dans la prière, c'est ce Nom que le Christ est venu révéler : "Et maintenant, Père, glorifie-moi, j'ai manifesté ton Nom aux hommes" (St Jean XVII 6).

Le Christ a explicité la révélation de l'Ancien Testament : pour affirmer et révéler sa divinité, il reprend l'expression : "Je suis". Par cette expression, il montre à la fois sa divinité par rapport à nous : "Je suis le Pain, la Lumière, la Porte, le Bon Pasteur, la Résurrection, la Voie, la Vérité, la Vie, la Vigne" ; et sa divinité dans un sens absolu : "En vérité, en vérité, je vous le dit, avant qu'Abraham ne fut, Je suis" (St Jean, VIII-58).

Que Votre nom soit sanctifié

C'est un appel pressant à la prière que Jésus nous laisse en nous donnant la prière du Notre Père (Mt Vl-9). Il veut que nous prononcions et glorifions son Nom, pour contempler Sa Gloire. Mais laissons la parole aux pères de l'Eglise :

"Nous devons bénir Dieu en tous temps et en tous lieux pour acquitter l'hommage de reconnaissance que tout homme doit à ses bienfaits. Lorsque nous disons : Que Votre Nom soit sanctifié, nous demandons qu'il soit sanctifié en nous qui sommes à lui, mais aussi dans les autres".

Tertullien, Ile-IIIe siècle

"Exalter le Nom de Dieu et demander qu'il soit sanctifié, c'est participer à la grâce divine en naissant d'elle".

Origène, Ile-IIIe siècle

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"Nous recourons à la prière pour que cette sainteté demeure en tous, cette sainteté que nous devons à la grâce divine ".

Cyprien, Ille siècle

"Que votre Nom soit sanctifié revient à dire : il faut vous appliquer à agir de telle sorte que tous louent le Nom de Dieu, quand ils admireront sa miséricorde, et sa grâce abondante répandue sur vous. Ce ne sera pas en vain qu'il aura fait de vous ses fils, que par miséricorde il vous aura donné l'Esprit, qu'il vous aura transformés de sorte que vous pourrez appeler Dieu : Père. En faisant le contraire, nous provoquons le blasphème contre Dieu".

Théodore de Mopsueste, IVe siècle.

Dans cette demande du Pater, il nous est proposé rien moins qu'une exigence de sainteté. Si en effet le Nom de Dieu n'est pas sanctifié en nous, c'est en vain que nous nous efforcerons de promouvoir son règne, ou d'accomplir sa volonté. Car être chrétien, c'est d'abord être un homme de prière et de recueillement. Il nous faut nous approcher du buisson ardent, méditer et répéter le Nom de Dieu, le voir dan la foi, avant de vouloir l'annoncer au monde.

Conclusion

Le deuxième commandement s'énonce ainsi : "Tu ne prononceras le Nom de Dieu qu'avec respect".

C'est un appel à la prière. "Celui qui y parvient, qu'il s'agisse de Moïse autrefois ou bien de l'homme qui aujourd'hui fixe son regard sur la lumière issue du buisson, celui-là devient capable d'aider aussi les autres à se sauver ; il renverse la tyrannie triomphante du mal ; il ramène à la liberté tout ce qui est asservi à l'esclavage du démon ".

St Grégoire de Nysse, IVe siècle

Que sommes-nous en face de Dieu ? Comment le regardons-nous, qu'est Dieu pour nous ? Cela revient à se demander ce que vaut notre prière. Si Dieu n'est pas au centre de notre vie, alors notre prière sera médiocre, mais si Dieu est tout pour nous, alors nous serons tout à Dieu. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure"

(St Jean XIV-23)

Les choses surnaturelles, nous ne les voyons pas encore, mais la foi nous les révèle. Les choses surnaturelles sont encore voilées à nos regards, mais par l'espérance et la grâce de Dieu, elles sont déjà vivantes en nous. Par son Nom, nous atteignons l'essence divine. "N'est-ce pas Dieu qui prononce lui- même secrètement son Nom dans le coeur de ceux qu'il choisit ? De Sainte Jeanne d'Arc, de Saint Nicolas de Flue".

Cardinal Journet

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Laissons le mystère nous pénétrer et nous envahir, préparons notre coeur et soyons dociles à son action : Dieu viendra en nous, dans sa grâce, par son Nom : "Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini Tuo da gloriam Pas de nous, Seigneur, mais donne- nous la Gloire de ton Nom" (PSAUME 113).

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3e COMMANDEMENT : LE JOUR DU SEIGNEUR

"Souviens-toi de sanctifier le jour du Sabbat ; tu travailleras et feras tous tes ouvrages pendant six jours : mais le septième jour est le Sabbat du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucune oeuvre servile en ce jour... ; car le Seigneur a fait en six jours le ciel et la terre et tout ce qu'ils renferment, et II s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du Sabbat" (Exode XX, 8/11).

Après l'Adoration du Seul Vrai Dieu, qui est l'honneur que nous Lui rendons par l'esprit et par le coeur, après le respect de Son Saint Nom, qui est l'honneur rendu à Dieu par nos paroles et la profession de notre Foi, le troisième commandement nous rappelle qu'il faut honorer Dieu par nos actes : Dieu Premier Servi et cela par le culte extérieur que nous Lui rendons, particulièrement les jours qu'il nous a fixés à cet effet.

• Sabbat veut dire cessation d'activités ou repos : la nature demande à l'homme de reposer son corps par le sommeil et la réfection des fonctions vitales, mais aussi de reposer son esprit après un effort intellectuel.

De même, notre âme cherche le repos selon cette parole de St Augustin : "Vous nous avez faits pour Vous, Seigneur, et notre coeur est toujours dans l'agitation tant qu'il ne se repose en Vous." (Confessions, Livre I, Ch. I) L'âme en effet ne peut se nourrir que de Dieu.

C'est pourquoi, dans ses commandements, Dieu nous a appelé à ce repos : "Souviens-toi de sanctifier le jour du Sabbat".

• Si les Israélites sanctifiaient le Sabbat en souvenir du jour où Dieu s'est reposé de l'oeuvre de la Création et en souvenir de la sortie d'Egypte (Deut. V-15),

L'Eglise commande aux fidèles de sanctifier le Dimanche comme le jour de Notre Seigneur Jésus Christ en souvenir du jour de la Résurrection par laquelle II a recréé le monde en nous délivrant du péché.

Ce commandement de l'Eglise est exprimé dans le Code de Droit Canon (C. 1247) : "Les Dimanches et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus, par obligation, de participer à la Sainte Messe ; de plus, ils s'abstiendront de ces travaux et oeuvres qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre au jour du Seigneur ou la détente convenable de l'esprit ou du corps".

Il faut donc, le Dimanche, rendre à Dieu l'honneur de l'Adoration, de la Louange et de la Prière par l'offrande du Saint Sacrifice de la Messe par lequel nous retrempons nos âmes dans la Grâce et l'Amour de Dieu, surtout si nous recevons la Sainte Communion (préparée par le Confession).

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La Messe dominicale doit donc tenir la première place dans l'observation de ce commandement : arriver à l'heure, montrer à Dieu par son attitude intérieure et par une participation extérieure que nous savons répondre à Son Amour par des actes.

Ne nous contentons pas de remplir ce précepte parce qu'il le faut ! Aimons notre Messe dominicale et soyons généreux : le Dimanche est l'occasion privilégiée de méditer la Parole de Dieu par la lecture de la Sainte Ecriture, de lire un ouvrage de Spiritualité ou de Doctrine, de prier seul ou en famille, de réciter son chapelet avec plus de recueillement...

Il faut aussi, le Dimanche, éviter tout ce qui empêche ce repos en Dieu, se garder de tout travail manuel pénible. Le Dimanche est le jour du repos familial et l'occasion de se réunir pour une saine détente et pour la prière.

En conclusion, le sens propre et précis de ce troisième commandement est que l'homme interrompe, au jour demandé par Dieu, ses affaires ordinaires et les travaux manuels pour s'appliquer d'esprit et de corps à honorer Dieu et à Lui rendre tous les hommages qu'il réclame.

Bibliographie

. Catéchisme du Concile de Trente, Troisième Partie, chapitre 4. . Les Commandements, St Thomas d'Aquin. En Français, aux N.E.L., collection Docteur Commun

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Dimanche 7 juin 1992

2e journée, sous le patronage de Saint Louis, Roi de France

"La famille, cellule de sainteté et de chrétienté"

(5e, 6e et 9e commandements)

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Dimanche 7 juin 1992

2e journée sous le patronage de Saint Louis, Roi de France "La famille : cellule de sainteté et de chrétienté"

(5e, 6e et 9e commandements)

DOCUMENTS

I - SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE ET CONFESSEUR................................................. 27

II - MEDITATION SUR SAINT LOUIS, LE ROI TRES CHRETIEN .................................. 28

III - 5e COMMANDEMENT : TUNE TUERAS PAS ........................................................... 30

IV - 6e et 9e COMMANDEMENTS : LA FAMILLE ET LE MARIAGE ............................... 33

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SAINT LOUIS, ROI DE FRANCE ET CONFESSEUR

Fête le 25 août

LOUIS IX, né le 25 avril 1215. Il est le fils du roi Louis VIII, dit le Lion (à cause de sa vaillance au combat) et de la reine Blanche de Castille.

La reine Blanche l'élèvera grandement et d'une façon très sainte. Elle était si vraie chrétienne que si elle avait vu son fils malade à mort et qu'il n'eût pu être guéri qu'en tombant dans le péché mortel, elle l'aurait laissé mourir.

Louis aimait à s'appeler Louis de Poissy, lieu où il avait été baptisé, pour marquer que son titre de chrétien était son plus glorieux titre de noblesse. Il n'a que douze ans lorsque son père meurt, et il lui faudra batailler contre les grands vassaux pour imposer son pouvoir.

Louis apprend dès lors que la première chose, c'est d'être sur le champ prêt à faire face à tout ; s'assurer sur Dieu et ne jamais craindre la face de l'homme. Mais dès les premiers jours de son règne, le peuple français est avec lui. Tant qu'il put, il choisit de faire la paix, et il fut l'homme, dit Joinville, qui travailla le plus pour elle.

Méprisant les délices du monde, il ne chercha à plaire qu'à Jésus-Christ. De plus il se fait aimer par son grand amour de la justice. En effet, on le verra toujours sous le chêne de Vincennes, laissant approcher tous ceux qui lui demandaient de leur faire droit.

Il est le roi : pasteur du peuple et père. De même que le père a un pouvoir sanctificateur à exercer dans la famille, lui, le roi, en a un à exercer dans le royaume. Le suzerain se doit de former les coeurs de ses gens. Il s'attacha surtout à former ses propres enfants. Le soir, il se les faisait amener dans sa chambre, et il leur enseignait à réciter le petit office de Notre Dame. Il les accoutumait à la pénitence (le vendredi, il ne souffrait pas de leur voir aucun ornement sur la tête, parce qu'en ce jour Notre Seigneur a été couronné d'épines). Il ne s'est pas séparé de leur formation sur leurs gouverneurs ; il a voulu les porter lui-même au mépris des plaisir, à l'amour de Jésus.

Ce fut la grande manière du royaume. La formation familiale n'y a-t-elle pas pris plus d'importance qu'en aucun autre pays de la terre ? Le roi Louis eut cinq garçons et cinq filles et il les aima chèrement, comme il aima sa femme, la reine Marguerite de Provence. Assidu aux offices de l'Eglise, il les faisait célébrer solennellement dans son palais où il entendait quotidiennement deux messes. A minuit, il se réveillait pour les Matines et commençait par l'office de Prime sa royale journée. Il portait ordinairement un cilice de crin sous sa belle robe fleurdelisée, et quand il le quittait, il donnait quarante écus d'aumône. Le vendredi de chaque semaine, il jeûnait, se donnait la discipline avec de petites chaînes de fer et servait les pauvres de ses propres mains. Mais sa piété, comme certains le lui reprochait, ne l'empêcha jamais de donner la plus grande partie de son temps aux affaires de son royaume.

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A la suite d'une maladie, il fit voeu d'entreprendre une croisade pour reconquérir Jérusalem. D'abord victorieux, il tomba ensuite entre les mains des Sarrasins. Lorsqu'on lui eut rendu la liberté, il demeura encore cinq ans en Orient pour y secourir les chrétiens. Revenu en France, il s'appliqua à de nombreuses fondations pieuses et fit élever la Sainte Chapelle, comme insigne reliquaire de la Sainte Couronne d'épines et de l'importante parcelle de la vraie Croix que lui avait offertes Baudoin II, empereur de Constantinople.

Sergent du Christ, il portait continuellement la croix pour marquer que son voeu restait à accomplir. Il entreprit en 1270 une nouvelle croisade, mais une épidémie décima son armée en Afrique et l'atteignit lui-même. Les bras en croix et couché sur la cendre, il rendit à Dieu son âme en 1270, à l'heure même où le Christ mourut sur la croix. Il avait 55 ans. La veille de sa mort, on l'entendait répéter "Nous irons à Jérusalem". C'est dans la Jérusalem céleste, en effet conquise par sa patience au milieu des adversités, qu'il devait régner avec le Rois des rois. Le Pape Boniface VIII le mit au nombre des saints.

MEDITATION SUR SAINT LOUIS, LE ROI TRES CHRETIEN

Saint Louis a été véritablement roi, puisqu'il a su commander à ses passions, assujettir son corps à la raison, et sa raison à Dieu. Jeûner, porter le cilice, mener au milieu de la cour royale une vie aussi pure et aussi sainte que celle d'un solitaire, n'est-ce pas être le maître de soi-même ? Regardez ce Saint, voyez si vous l'imitez, si vos passions sont si bien assujetties à votre raison. "Qu'y-a-il de plus royal qu'une âme soumise à Dieu et maîtresse de son corps ?" (St Léon le Grand).

Saint Louis a été le père de son peuple. Il aimait tout le monde, jusqu'à ses ennemis ; il ne pouvait souffrir les détracteurs ; il jugeait lui-même les procès des pauvres, et il n'avait rien tant à coeur que de travailler à la sanctification de ses sujets. Remerciez Dieu, s'il vous a donné des supérieurs semblables à ce roi. Si vous êtes vous-même en charge souvenez-vous que vous devez être le père de vos inférieurs? Comment exercez- vous la charité à l'égard de votre prochain ?

Il faut être serviteur de Dieu pour être un bon roi. La piété de Saint Louis, l'honneur qu'il rendait aux saintes reliques, le zèle qu'il avait pour la conversion des barbares, la générosité chrétienne et héroïque qu'il fit paraître en combattant contre les ennemis de Jésus-Christ montrent qu'il oubliait son titre de roi pour ne se souvenir que de celui de serviteur de Dieu. Princes de la terre, si vous ne servez pas Dieu, quel avantage retirerez-vous dans l'autre vie d'avoir ici-bas porté le sceptre ? La mort vous enlèvera toutes vos dignités ; la seule gloire qui survit au tombeau est celle d'avoir bien servi le Seigneur. "Servir Dieu, c'est régner".

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ORAISON Ô Dieu, qui avez fait passer le roi Saint Louis d'un règne temporel à la gloire du royaume éternel, faites, nous vous en prions, que, par ses mérites et son intercession, nous participions un jour avec lui à la gloire du Roi des rois, votre Fils Jésus-Christ, qui vit et règne avec vous dans l'unité du Saint- Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

"Saint Louis fit alliance avec le Seigneur, gardant ses commandements, les faisant observer par tous. Dieu pour but, la Foi pour guide : c'est tout le secret de sa politique comme de sa sainteté. Comme chrétien, serviteur du Christ ; comme prince, son lieutenant : entre les aspirations du chrétien et celles du prince, son âme ne fut pas divisée ; cette unité fut sa force, comme elle est aujourd'hui sa gloire".

Dom Prosper Guérenger, Abbé de Solesmes

"Saint Louis fut le roi le plus saint et le plus juste qui ait jamais porté la couronne"

Bossuet

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5e COMMANDEMENT : TU NE TUERAS PAS

Votre rôle est de faire prendre conscience aux pèlerins de ce que représente l'avortement pour le Magistère de l'Eglise, de Jean-Paul II à M. l'Abbé Pozzetto : c'est la deuxième année consécutive où l'une des six méditations est proposée sur ce thème.

Que l'avortement est un crime abominable, le Concile Vatican II l'a déjà affirmé en 1965. Vingt-sept ans après, il ne s'agit plus de la nature de l'avortement, du crime et du péché, mais de pourquoi et comment le pèlerin de la Pentecôte 1992 doit personnellement s'y opposer. Face à l'inertie de la majorité des pasteurs de l'ordinaire, vous êtes, en ce lieu et en ce temps bénis du pèlerinage, les ministres extraordinaires, pasteurs de ce troupeau qui vous a été confié, "pour qu'ils aillent et portent du fruit et que leur fruit demeure "

N'hésitons pas à reprendre la formule employée par d'autres chrétiens : conscientisation, dynamisation, mobilisation. Une fois que les pèlerins auront pris conscience de ce que demande le Magistère, il s'agit de les animer pour qu'ils prennent la résolution d'entrer dans la résistance à l'avortement légalisé, et ceci sur la voie étroite et par la porte étroite du SAUVETAGE.

Pour ce faire, ils doivent bien comprendre ce qu'est le Sauvetage.

C'est la réponse à un appel de Dieu concernant les enfants avant la naissance : "Sauve ceux qu'on envoie à la mort, ne reste pas immobile à les laisser tuer" (Prov. XI,24).

Dans la plupart des cas, les enfants victimes de catastrophes naturelles ou de la méchanceté humaine bénéficient d'une aide humanitaire d'urgence : pourquoi pas ceux que menace la mort imminente par avortement ?

Les Sauveteurs entrent dans les centres d'avortement (qui ne sont pas des unités médicales mais des chambres de la mort), pour empêcher les avortements, directement et sans violence - ni sur les personnes, ni sur les biens ; ils font un rempart de leur corps pour rendre l'accès à l'avortement impossible aux futures mères, en s'asseyant par terre et en s'enchaînant, et pour détourner sur eux-mêmes les coups destinés aux innocents condamnés à mort.

Ces méthodes correspondent l'attitude intérieure du Sauveteur : il s'identifie, pour prendre sa place, à l'enfant qui ne peut ni crier ni se défendre : surtout, il s'identifie au Christ, qui a donné Sa vie pour ces enfants-là comme pour tous les hommes. C'est pourquoi la première exigence pour le Sauveteur est le silence : "et autem tacebat" : à un moment, le Christ cesse d'enseigner par la parole ; face à Ses bourreaux, "comme un agneau qu'on mène à l'abattoir, Il n'ouvre pas la bouche" : et c'est à ce moment là qu'il réalise l'oeuvre du Salut, au moment où II est nu, immobilisé sur la Croix par les clous, tandis que les incrédules se gaussent, justement parce que s'il était descendu de la Croix, c'eût été pour eux une preuve de Sa puissance.

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En rendant le droit à la vie aux bébés, le Sauveteur manifeste que le salut est physique : l'Eglise militante, qui serait privée des âmes de ces enfants, les réclame avec leur vocation terrestre, avec la destinée que Dieu a voulue pour chacun d'eux, de la même manière que l'Eglise triomphante, qui serait privée également d'eux, surnaturellement. Uni au Christ en Croix par son acte de charité concrète, le Sauveteur est co-rédempteur.

Dieu créateur a confié une mission procréatrice aux parents défaillants des bébés que le Sauveteur protège : puisque la mère va "interrompre" sa procréation, le Sauveteur est co-procréateur.

La réparation, la propitiation, l'intercession, présentes dans la prière des Sauveteurs, ne sont que des effets secondaires ; le témoignage n'est qu'une conséquence, comme toute l'efficacité que le Sauvetage a démontrée en réveillant les consciences de nos concitoyens, et en provoquant un début de réaction des promoteurs de l'avortement campés dans leur oeuvre de mort et de destruction de notre civilisation.

Quant à la mobilisation, elle signifie que les pèlerins resteront disponibles, au-delà de la semaine qui suit le pèlerinage, prêts, comme les vierges sages attendant l'époux, la lampe allumée, pour le jour du Sauvetage. Prêts aussi à se présenter d'eux-mêmes : ce n'est pas par hasard si la Trêve de Dieu et le Sauvetage sont au moins évoqués dans tous les numéros de l'Appel de Chartres.

Attention, il faut animer également le pèlerin à l'exercice de la vertu de force, pour qu'il soit prêt à assumer les conséquences de son adhésion à Jésus : alors que "Son âme est troublée", parce que son heure est toute proche, Il choisit de dire à Ses apôtres : "Si quelqu'un me sert, qu'il me suive, là où je suis, là aussi sera mon serviteur..."

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Pour approfondir les différents points de la Méditation, "Tu ne tueras pas" proposée aux pèlerins :

1. Homélie de Jean-Paul II à Radom, Pologne, le 4 juin 1991 : Les 10 commandements, Editions Le Laurier, 16, rue Cortambert, 75116 Paris

2. Sur les idéologies mensongères où prend racine l'avortement légalisé : Discours du Cardinal Ratzinger à l'ouverture du Consistoire, le 4 avril 1991, Le problème des menaces contre la vie humaine, La Documentation Catholique, n °2028 du 19.05.91.

3. Sur le glissement vers le totalitarisme des Etats libéraux ayant légalisé l'avortement : Michel Schooyans, L'enjeu politique de l'avortement, Editions Oeil, Paris 1992.

4. Sur l'ensemble de ces questions : Au service de la vie, l'instrument de travail du sommet des experts sur la vie, Rome, 22-24 avril 1991, dans le numéro spécial hiver 1991 de la Trève de Dieu.

5. Sur les structures du péché : Exhortation apostolique de Jean-Paul II Réconciliation et pénitence (surtout le n° 16), 2 décembre 1984, Editions Téqui.

6. Sur la solidarité : Le péché originel, morceaux choisis de Jean-Paul II, Editions Le Laurier, 1988. ; Encyclique "Sollicitudo Rei Socialis" (surtout ch. IV et V), du 30 décembre 1987 : La paix sociale, la paix des peuples, Editions Téqui.

7. Sur la résistance aux lois injustes : Résistance aux lois injustes et tradition et Notre combat pour la vie. fondements théologiques, par une moniale bénédictine de l'Abbaye de Saint-Michel de Kergonan, 1989 et 1990, polycopiés par la Trêve de Dieu.

8. Sur la lutte politique non violente : Encyclique "Centesimus Annus" (surtout Ch. III) du 1er mai 1991 : Le Centenaire de Rerum Novarum, Editions Téqui.

Lutter autrement, pour une action non-violente et efficace, Nouvelle Cité, 1989.

9. Sur la spiritualité et les méthodes de Sauvetage : Collection des bulletins de la Trêve de Dieu et articles divers de Claire Fontana.

Pour tout extrait de la bibliographie, s'adresser à la Trêve de Dieu, B.P. 167, 92805 Puteaux, qui fournira gracieusement copie des passages souhaités.

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6 EME ET 9 EME COMMANDEMENTS DE DIEU :

TU NE COMMETRAS PAS D’ADULTERE1 TU NE CONVOITERAS PAS LA FEMME DE TON PROCHAIN

LA FAMILLE ET LE MARIAGE 2

FAMILLE ET MARIAGE : LOI NATURELLE ET SACREMENT

Le thème du pèlerinage de la Pentecôte 1991 "Le Christ, notre liberté", invitait à orienter les réflexions autour de Famille, Eglise domestique, et reprenant les termes de Jean-Paul II dans "Familiaris Consortio" nous développions les trois aspects de la mission de la famille, cellule d'Eglise : mission sacerdotale prophétique et royale.

Le thème de la Pentecôte 1992 nous oriente vers la source de la famille : Le mariage. Ce thème, centré sur le décalogue, relève de la Loi naturelle, cette loi qui exprime le projet de Dieu sur l'homme et qui lui permet de discerner son véritable bien. "Dieu, en créant le monde, y inscrit les règles d'un fonctionnement harmonieux; en créant l'homme à Son image et à Sa ressemblance, il inscrit dans le coeur de celui-ci la loi de son propre développement et le rend capable de découvrir cette loi, plus ou moins clairement, par lui-même, par la lumière de sa raison"3.

Saint Augustin n'a pas craint de dire que le Décalogue était le sommaire

abrégé de la loi naturelle. Et en effet : "il n'y a rien dans la loi naturelle qui ne se ramène à l'un des dix Commandements du Décalogue". Le Décalogue est à la loi naturelle ce que le petit catéchisme est à la foi chrétienne. Ceci dit, la confirmation de la loi naturelle par la Révélation ne se limite pas au Décalogue. D'autres textes de l'Ecriture Sainte, de l'Evangile, apportent directement ou indirectement cette confirmation.

C'est à la lumière de ces textes (et notamment de la Genèse pour

l'Ancien Testament) et de l'interprétation qu'en a donnée le Christ puis l'Eglise que nous exposerons l'enseignement que résument les 6e et 9e Commandements.

L'expression "loi naturelle" souligne que les principes qui peuvent ainsi être découverts et reconnus par tous sont pour tous les hommes, tous les temps, tous les lieux, toutes les cultures, toutes les situations. Il est capital de souligner ce point aujourd'hui, dans un monde aux habitudes immorales; ces habitudes sont en fait "inhumaines".

1 Catéchisme de saint Pie X : "Tu ne commettras pas d'impuretés". 2 Si habituellement on lie le mariage aux 6e et 9e Commandements, il faut hélas aujourd'hui ajouter le 5ème "Tu ne tueras point". Ce sujet sera abordé en deuxième partie des réflexions pour la journée du dimanche. 3 Catéchisme pour adultes des Evêques de France (n° 495).

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La loi naturelle doit être distinguée des lois ecclésiastiques ou canoniques; elle doit également être distinguée des préceptes que le Christ a donnés au sujet des sacrements. Cependant, en ce qui concerne le mariage, il s'agit d'un sacrement lié à une institution naturelle, liée à la nature de l'homme. C'est une très grande différence avec tous les autres sacrements. Ainsi, étant conduits par le Décalogue à considérer le mariage dans le dessein du Créateur, nous devrons éclairer cette réflexion par la lumière de la Nouvelle Alliance4.

DES L'ORIGINE. LE CREATEUR LES FIT HOMME ET FEMME

Saint Mathieu rapporte (19-3.12) que le Christ Lui-même a rappelé la place du mariage dans l'ordre naturel :

"Des Pharisiens s'approchèrent de lui et lui dirent, pour le mettre à l'épreuve :

"Est-il permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif?". Il répondit : "N'avez-vous pas lu que le Créateur, dès l'origine, les fit homme et femme, et qu'il a dit : Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair? Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer.

- Pourquoi donc, lui disent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce,

quand on répudie? - C'est, leur dit-il, en raison de votre dureté de coeur que Moïse vous a permis

de répudier vos femmes; mais à l'origine il n'en était pas ainsi. Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme - je ne parle pas de fornication - et en épouse une autre commet un adultère.

C'est donc "dès l'origine" qu'il faut aller chercher la réponse à la question

des fins du mariage. C'est-à-dire la réponse à cette triple question : pourquoi s'engager dans le mariage, pourquoi Dieu a-t-il institué l'union indissoluble de l'homme et de la femme? A quelles fins pratiques l'Eglise accorde-t-elle la grâce sacramentelle du mariage? Et les réponses nous sont données à partir des deux récits de la Genèse : Gen. 1/26.28 :

"Et Dieu créa l'homme à son image... Homme et femme il les créa. Et Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et multipliez-vous". Gen. 2/15-24 : "Et Dieu dit : il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je lui ferai une aide qui lui corresponde... Et Dieu bâtit en forme de femme la côte qu'il avait prise à l'homme. Et l'homme dit "celle-ci est l'os de mes os, chair de ma chair". C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair".

Note liminaire:

- Il nous semble, d'une part, que les textes proposés sur la route de Chartres doivent conduire à la réflexion ou la méditation et non à la discussion.

- D'autre part, le chefs de chapitre ne sont pas des directeurs de conscience sur des sujets qui deviennent vite très personnels et très difficiles. C'est le rôle des prêtres. Dans cet esprit, il est prudent et commode de s'en tenir à des textes fondamentaux et incontestables. L'exposé présenté ici repose uniquement sur des textes pontificaux qu'il est très facile de se procurer. Tous ceux qui sont antérieurs à 1956 sont cités ici avec un numéro de référence qui renvoie au recueil des enseignements pontificaux sur les mariages, présentés par les moines de Solesmes (Desclée et Cie - 1956).

4 Se reporter au livre du P. Marie-Dominique Philippe "Au coeur de l'Amour", p. 79.

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Ces deux textes contiennent les fondements du mariage que confirmeront

les 6e et 9e Commandements. Eclairés par l'enseignement de l'Eglise, nous pouvons dégager ces fondements : D'une part, les deux récits introduisent la notion d'unité (un seul homme et une seule femme) et l'indissolubilité du mariage.

D'autre part, ils présentent chacun une fin essentielle du mariage : la procréation et le soutien mutuel des époux. Ces fins devront ensuite être placées l'une par rapport à l'autre, il y a une hiérarchie des fins.

Enfin, dans la ligne de cette réflexion, l'Eglise a été conduite à rappeler avec insistance l'existence du lien indissoluble entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation5.

Dans la conclusion, nous soulignerons comment tous ces éléments de la loi, repris dans leur exigence primitive, sont renouvelés dans un amour nouveau dans la Nouvelle Alliance. Elle leur donne une nouvelle dimension prolongeant comme à l'infini l'amour humain. Le mariage devient le symbole réel de l'Alliance du Christ et de l'Eglise. "Ce mystère est grand", dit saint Paul (Eph. 5). Ce mystère c'est celui de l'Union du Christ et de l'Eglise, mais ici c'est surtout celui du prolongement de cette union dans le coeur de l'homme et de la femme.

1 - Unité - Indissolubilité

Le mariage n'a pas été institué par les hommes mais par Dieu, auteur et restaurateur de la nature. C'est Dieu qui "dès l'origine" lui donne des lois; "elles ne sauraient dépendre en rien des volontés humaines ni d'aucune convention venant des époux eux-mêmes"6. L'homme est libre de choisir ou non la société conjugale, il n'est pas maître d'en modifier les règles spécifiques.

C'est en partant de cette "origine" du mariage que Léon XIII dans "Arcanum divinae sapientiae"7 dégage les deux qualités premières, les deux propriétés du mariage : l'unité et la perpétuité :

"Nous rappelons ce qui est connu de tous, et ce qui ne saurait être révoqué en

doute : le sixième jour de la création, Dieu ayant formé l'homme du limon de la terre, et ayant soufflé sur sa face le souffle de vie, voulut lui donner une compagne, qu'il tira merveilleusement du flanc de l'homme lui-même, pendant qu'il dormait En cela, Dieu voulut, providentiellement, que ce couple d'époux fût le principe naturel de tous les hommes et la souche d'où le genre humain devait sortir, et, par une série non interrompue de générations, se conserver dans tous les temps.

Et, afin que cette union de l'homme et de la femme fût mieux en harmonie avec les

desseins très sages de Dieu, elle reçut et, à partir de ce jour, porta au front, comme une empreinte et comme un sceau, deux qualités principales, nobles entre toutes, savoir l'unité et la perpétuité. "

5 Ce rappel est évidemment d'actualité, face au développement des techniques de régulation des naissances et des méthodes qui mettent en cause la dignité de la procréation (fécondation extracorporelle..., insémination artificielle...). 6 "Casti Connubii" - Pie XI - 31 décembre 1930 (n° 267). 7 Encyclique sur le mariage chrétien, 10 février 1880 (n° 147).

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Et le premier père du genre humain a affirmé, sous l'inspiration du Saint Esprit cette perpétuité et indissolubilité du lien matrimonial lorsqu'il a dit : "C'est l'os de mes os". Ainsi, est-il clair que "le mariage, même dans l'état de nature, et donc bien avant son élévation.

à la dignité de sacrement proprement dit, a été institué par Dieu, qu'il implique un lien perpétuel et indissoluble qu'aucune loi civile ne peut plus rompre8. L'Eglise elle-même ne peut dissoudre le mariage qu'elle n'a pas déclaré invalide.

Que cette unité, cette perpétuité ou indissolubilité soient inscrites dans la nature, on peut en quelque sorte le constater dans le fait que le Créateur a voulu que ce soit dans le même acte, le don du corps, que se trouvent l'expression de l'amour mutuel de l'un pour l'autre et la possibilité d'être source de vie. Tout amour d'amitié réclame la fidélité, mais ici cette fidélité en s'inscrivant par le don du corps au plus profond de la sensibilité ne peut être brisée9.

Que cette perpétuité ou indissolubilité soient voulues par la nature, Pie XII le rappelait à de jeunes époux10 : "Ce sont les aspirations de la nature que la grâce réalise, en lui donnant la force d'être ce dont le meilleur de son esprit comme de son coeur lui inspire le désir. Interrogez votre cœur, chers époux.... l'affection conjugale a ses aubes et ses aurores; il faut qu'elle ne connaisse ni déclin ni automne... Vous conférez par là à votre amour nuptial, sans vous en rendre compte, par une jalousie sacrée allions-nous dire, cette marque que l'apôtre Paul assignait à la charité en un hymne de louanges : Caritas nunquam excidit; la charité ne passe jamais" (l-Cor. 13-8).... L'indissolubilité est donc l'assouvissement d'une aspiration du cœur pur et intègre... Mais c'est encore pour une autre raison que 'la nature réclame l'indissolubilité du mariage, c'est qu'elle en a besoin pour protéger la dignité de la personne humaine... La dignité personnelle du mari et de la femme, mais surtout de la femme, n'a pas de plus solide rempart que l'indissolubilité du mariage... Otez cette conscience, cette volonté bien arrêtée (de mutuelle fidélité) la vie conjugale courra le danger de glisser dans le fange d'appétits égoïstes qui ne cherchent rien d'autre que leurs propres satisfactions et ne se soucient ni de la dignité ni de l'honneur du conjoint'.

Il faudrait ici développer les conséquences du divorce sur les enfants : "la rupture du lien conjugal devient une cruauté à leur égard... que de blessures dans l'âme de millions d'enfants et souvent quelles pertes et lamentables ruines" (Pie XII). Il faudrait aussi souligner le trouble et le désordre que le divorce et l'adultère introduisent dans la société.

Indivisible unité, Communion indissoluble, ce sont les titres que Jean-Paul II utilise dans son exhortation "Familiaris Consortio" 11 pour présenter le dessein de Dieu sur le mariage et la famille. "En créant l'humanité de l'homme et de la femme à son image, Dieu inscrit en elle la vocation et donc la capacité et la responsabilité correspondante à l'amour et à la communion. L'amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain...

8 Lettre "Litteris tuis"du 11 juillet 1789 du pape Pie VI à l'évêque d'Eger (n° 48). Eléments repris et développés par Pie XI dans "Casti Connubii" (n° 296). 9 P. Marie-Dominique Philippe (op.cit p. 85). 10 29 avril 1942 (n° 490) 11 Alinéa 11 de "Familiaris Consortio".

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Le lieu unique qui rend possible cette donation selon toute sa vérité est le mariage. L'institution du mariage n'est pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, ni l'imposition extrinsèque d'une forme : elle est une exigence intérieure du pacte d'amour conjugal qui s'affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessein du Créateur. Cette fidélité, loin d'amoindrir la liberté de la personne la met à l'abri de tout subjectivisme et de tout relativisme et la fait participer à la Sagesse créatrice"12.

"La communion conjugale se caractérise non seulement par son unité, mais encore par son indissolubilité : "Cette union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le bien des enfants, exigent l’entière fidélité des époux et requièrent leur indissoluble unité".

C'est un devoir fondamental pour l'Eglise d'affirmer encore et avec force la

doctrine de l'indissolubilité du mariage : à ceux qui, de nos jours, pensent qu'il est difficile, voire impossible, de se lier à quelqu'un pour la vie, à ceux encore qui sont entraînés par une culture qui refuse l'indissolubilité du mariage et qui méprise même ouvertement l'engagement des époux à la fidélité, il faut redire l'annonce joyeuse du caractère définitif de cet amour conjugal"13.

L'indissolubilité du mariage a donc un fondement naturel. Nous l'avons vu comme "historiquement", en évoquant le paradis terrestre, première image du paradis familial, selon l'expression de Pie XII14. Nous avons noté également que cette indissolubilité était exigée par la disposition de la nature liant amour et fécondité et qu'elle répondait à une aspiration de l'homme au point que l'on puisse, avec saint Augustin, en parler comme d'un bien du mariage.

Cet enseignement a été "confirmé dans l'Evangile par la divine autorité de

Jésus-Christ, affirmant aux Juifs et aux Apôtres que le mariage, d'après son institution même, ne doit avoir lieu qu'entre deux personnes, un seul homme et une seule femme; que des deux il doit se faire comme une seule chair; et que le lien nuptial, de par la volonté de Dieu, est si intimement et si fortement noué, qu'il n'est au pouvoir d'aucun homme de le délier ou de le rompre. "L'homme s'attachera à son épouse, et ils seront deux en une seule chair. C'est pourquoi ils ne sont déjà plus deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni"15.

Enfin, au-delà de la nature, mais s'imprimant dans la nature, il y a la grâce liée au sacrement. Sur ce plan, l'indissolubilité est explicite, elle se fonde sur la parole de saint Paul dans l'épître aux Ephésiens : "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise" (Eph. 5- 25-33). Jean-Paul II en fait un commentaire dans "Familiaris Consortio" (n°13) : "La communion entre Dieu et les hommes trouve son accomplissement définitif en Jésus-Christ, l'époux qui aime et qui se donne comme Sauveur de l'humanité en se l'unissant comme son corps. Il révèle la vérité originelle du mariage, la vérité du commencement. Cette révélation parvient à la plénitude définitive dans le don d'amour que le Verbe de Dieu fait à l'humanité en assumant la nature humaine et dans le sacrifice que Jésus-Christ fait de lui-même sur la croix pour son Epouse, l'Eglise.

12 Alinéa 11 de "Familiaris Consortio" - 13 Alinéa 20 de "Familiaris Consortio" 14 à de jeunes époux-22 avril 1942 (n°481). 15 Arcanum divinae Sapientiae - Léon XIII - 10.2.1880 (n° 148).

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Dans ce sacrifice se manifeste entièrement le dessein que Dieu a imprimé dans l'humanité de l'homme et de la femme depuis leur création; le mariage des baptisés devient ainsi le symbole réel de l'alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ. L'Esprit, que répand le Seigneur, leur donne un cœur nouveau et rend l'homme et la femme capables de s'aimer, comme le Christ nous a aimés. L'amour conjugal atteint cette plénitude à laquelle il est intérieurement ordonné, la charité conjugale : celle-ci est la façon propre et spécifique dont les époux participent à la charité du Christ se donnant lui-même sur la croix, et sont appelés à la vivre.

En vertu de la sacramentalité de leur mariage, les époux sont liés l'un à l'autre de la façon la plus indissoluble. S'appartenant l'un à l'autre, ils représentent réellement, par le signe sacramentel, le rapport du Christ à son Eglise.

Les époux sont donc pour l'Eglise le rappel permanent de ce qui est advenu sur la croix. Ils sont l'un pour l'autre et pour leurs enfants des témoins du salut dont le sacrement les rend participants".

2 - Soyez féconds et multipliez-vous

"Parmi les biens du mariage, les enfants tiennent donc la première place. Sans aucun doute, le Créateur même du genre humain, qui, dans sa bonté, a voulu se servir du ministère des hommes pour la propagation de la vie, nous a donné cet enseignement lorsque, en instituant le mariage dans le paradis terrestre, il a dit à nos premiers parents et, en même temps, à tous les époux à venir : "Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre"...

C'est ce que saint Augustin a très bien fait ressortir des paroles de l'apôtre saint Paul à Timothée16, en disant lui-même : "Que la procréation des enfants soit la raison du mariage, l'Apôtre en témoigne en ces termes : "Je veux", déclare-t-ll, que les jeunes filles se marient Et comme pour répondre à cette question : Mais pourquoi? il poursuit aussitôt : qu'elles procréent des enfants, qu'elles soient mères de famille"17.

Ajoutons que si Dieu a voulu les générations des hommes ce n'est pas seulement pour qu'ils existent et pour qu'ils remplissent la terre, mais bien plus pour qu'ils l'honorent, Lui, pour qu'ils le connaissent qu'ils l'aiment et qu'ils jouissent de lui éternellement dans les cieux... "

"Les parents chrétiens doivent comprendre qu'ils ne sont pas seulement appelés à propager et à conserver le genre humain sur la terre... mais à donner des fils à l'Eglise, à procréer des concitoyens des saints et des familiers de Dieu18, afin que le peuple attaché au culte de Dieu et de notre Sauveur grandisse de jour en jour"19.

Jean-Paul II utilise, dans "Familiaris Consortio", le même schéma que Pie

XI : "En créant l'homme et la femme à son Image et ressemblance, Dieu couronne et

porte à sa perfection l'oeuvre de ses mains. Il les appelle à participer spécialement à son amour et aussi à son pouvoir de Créateur et de Père... II les bénit et leur dit : "Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la". C'est ainsi que le but fondamental de la famille est le service de la vie, la réalisation tout au long de l'histoire de la bénédiction de Dieu à l'origine, en transmettant l'image divine d'homme à homme dans l'acte de la génération.

16 I. Tim. 5.14. 17 St Augustin, "De bono conjugali" - Ch. 24 n° 32. 18 Eph. 2-19 19 "Casti Connubii" - Pie XI (n° 274 - 275 - 276)

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La fécondité est le fruit et le signe de l'amour conjugal, le témoignage vivant de la pleine donation réciproque des époux... La fécondité de l'amour conjugal ne se réduit pas à la seule procréation des enfants... elle s'élargit et s'enrichit de tous les fruits de vie morale, spirituelle et surnaturelle que le père et la mère sont appelés à donner à leurs enfants et à travers eux à l'Eglise et au monde"20.

Dieu nous a associés à la création, dans son exercice le plus éminent, celui de donner la vie à des personnes, "admirable collaboration des parents, de la nature et de Dieu qui aboutit à donner le jour à un nouvel être humain fait à l'image et à la ressemblance du Créateur" 21. Tout, l'instinct, l'organisme, la beauté, le charme, la liberté et la grâce ont été ordonnés par Dieu à ce ministère parental. Ainsi, le mariage qui assume, unifie et sanctifie cet ensemble convergent n'a pas seulement pour fonction de procréer mais de procréer pour Dieu, pour c'est-à-dire à la fois à la place de... en vue de...22. Dans cette perspective, procréation et éducation sont Inséparables, et même "l'oeuvre de l'éducation dépasse, par sa portée et ses conséquences celle de la génération", dit encore Pie XII23.

IL N'EST PAS BON QUE L'HOMME SOIT SEUL

Si l'on ne considérait la société que comme une masse d'individus fermés sur eux-mêmes, l'homme et la femme seraient égaux. Or, leur vocation n'est pas d'être égaux mais complémentaires et l'on peut dire qu'ensemble ils servent un tout qui est leur mariage.

Au prix peut être de renoncements individuels, l'homme et la femme trouvent dans le bien du mariage une voie vers la perfection pour laquelle ils sont faits. Ils y trouvent leur bien. Ce tout qu'est le mariage requiert l'harmonie des parents et de cette harmonie naît un bien plus grand pour chacun d'eux. Ce bien est le leur, mais il est le leur en tant qu'époux. Le mariage est leur bien; il est leur bien commun, qui est plus grand et plus prioritaire que le bien que chacun pourrait rechercher isolément

Le service de ce bien commun du mariage exige que l'homme et la femme soient unis par un amour particulier, un saint et pur amour.

"Le Christ a enveloppé l'Eglise d'une immense charité, non pas pour son avantage personnel mais en se proposant uniquement l'utilité de son épouse". C'est cette même règle qui s'applique à l'amour conjugal. "La charité réside dans les sentiments intimes du coeur, elle est aussi - car l'amour se prouve par les oeuvres - manifestée par l'action extérieure24.

Cette action, dans la société domestique, ne comprend pas seulement l'appui mutuel : elle doit viser plus haut, - et ceci doit même être son objectif principal - elle doit viser à ce que les époux s'aident réciproquement à former et à perfectionner chaque Jour davantage en eux l'homme intérieur : leurs rapports quotidiens les aideront ainsi à progresser jour après jour dans la pratique des vertus, à grandir surtout dans la vraie charité envers Dieu et envers le prochain, cette charité où se résume en définitive "toute la Loi et les Prophètes".

20 Jean-Paul II, "Familiaris Consortio" 28. 21 Allocution aux Sages Femmes, 29 octobre 1951 (n° 593). 22 Voir "Amour et mariage" d'Ivan Gobry (Tequi) p. 58. 23 Allocution aux membres du 2ème congrès mondial de la fertilité et de la stérilité, 19 mai 1956 (n°746). 24 Constitution Pastorale "Gaudium et spes" (n°48).

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Dans cette mutuelle formation intérieure des époux, et dans cette application assidue à travailler à leur perfection réciproque, on peut voir aussi, en toute vérité, comme l'enseigne le Catéchisme romain, la cause et la raison première du mariage, si l'on ne considère pas strictement dans le mariage l'institution destinée à la procréation et à l'éducation des enfants, mais, dans un sens plus large, une mise en commun de toute la vie, une intimité habituelle, une société"25.

4 - Le Mariage et l'amour conjugal sont d'eux-mêmes ordonnés à la procréation et à l'éducation26

Il ne faut pas interpréter ce dernier alinéa de "Casti Connubii" comme attribuant une double fin au mariage : l'amour conjugal (qui comporte la mutuelle formation Intérieure des époux) et la procréation des enfants, l'une et l'autre étant sur la même ligne de primauté.

Pie XI établit une nette distinction entre le mariage au sens strict, Institution naturelle dont les enfants sont la fin première27 et le mariage au sens large qui, comme toute communauté, tout état de vie, doit mener ceux qui en relèvent à la sainteté et repose sur l'amour. Pour Pie XI, l'amour conjugal ne rentre pas dans l'ordre des fins du mariage; Il les transcende 28 . D'où l'expression de "cause première".

Avec une grande précision, Pie XII traitera des fins primaire et secondaire du mariage comme institution de la nature et rappellera dans ce cadre la dépendance de l'aide mutuelle en vue du perfectionnement personnel des époux (fin secondaire) à l'égard de la procréation et de l'éducation des enfants (fin primaire). Toutes deux sont essentielles, l'expression de secondaire signifiant qu'elles ne sont pas indépendantes mais subordonnées29 : "La vérité est que le mariage, comme Institution de la nature, en vertu de la volonté du Créateur, a, pour fin première et intime, non pas le perfectionnement personnel des époux, mais la procréation et l'éducation de la nouvelle vie. Les autres fins, elles aussi voulues sans aucun doute par la nature, ne sont pas au même rang que la première, et moins encore à un rang supérieur, puisqu'elles lui sont essentiellement subordonnées. Cela vaut pour tout mariage, même s'il est infécond; comme de tout oeil on peut dire qu'il est destiné et formé pour voir, même si, dans des cas anormaux par suite de conditions spéciales, internes ou extérieures, il ne sera jamais en mesure de rendra possible la perception visuelle "30.

Ce qui permet au pape de conclure en disant aux Sages femmes auxquelles il s'adressait :

25 "Casti Connubii", Pie XI, n° 285. 26 Constitution pastorale "Gaudium et Spes" n° 50. 27 Il n'y a sur ce point aucun doute pour Pie XI, puisque dans cette même encyclique (n° 279) il rappelle le texte du droit canon qui dans son "habituelle précision" affirme : "la fin première du mariage, c'est la procréation des enfants et leur éducation" (ancien article 1013, antérieur à Factuelle rédaction du Droit canon); et un peu plus loin, Pie XI écrit : "Il y a tant dans le mariage lui-même que dans l'usage du droit matrimonial, des fins secondaires, comme le sont l'aide mutuelle, l'amour réciproque A entretenir et le remède à la concupiscence". 28 Se reporter au livre du P. Alain Mattheeuws : Union et procréation. Développement de la doctrine des fins du mariage. Ed. du Cerf, 1989. 29 On pourra lire sur ce sujet le décret du 31 mars 1944 du Saint Office (n° 621) approuvant la sentence du tribunal de la Rote émise le 22 janvier 1944 (cité en appendice du recueil de Solesmes). 30 Pie XII. Discours au congrès de l'Union catholique italienne des Sages femmes, 29 octobre 1951 (n° 620).

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"Dites donc à la fiancée ou à la jeune épouse qui viendraient vous parler des valeurs de la vie conjugale, que ces valeurs personnelles, en ce qui concerne le corps et les sens comme en ce qui concerne l'esprit, sont tout à fait authentiques, mais que le Créateur les a mises non pas au premier, mais au second rang dans l'échelle des valeurs"31.

"Une comparaison avec le double commandement de la charité aidera à mieux comprendre la distinction et la hiérarchie des fins du mariage. Questionné sur le plus grand commandement de la loi, le Christ répondit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit, c'est là le premier et le plus grand commandement; voici le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même".

Le commandement qui nous ordonne d'aimer le prochain est donc "semblable" au commandement qui nous ordonne d'aimer Dieu, mais il n'est pas le premier, il est le second. Et de même qu'il n'est pas possible d'observer le premier commandement si l'on refuse d'observer le second - "Celui qui prétend aimer Dieu et qui n'aime pas son frère est un menteur", nous dit saint Jean - il n'est pas possible d'observer le second commandement si on exclut positivement le premier (ce serait une forme d'idolâtrie)...

Les deux commandements doivent aller de pair, ils sont semblables, mais le premier, le plus grand, celui qui légitime et rend méritoire l'autre, c'est l'amour de Dieu.

De la même manière, la procréation et l'éducation des enfants constituent la fin primaire du mariage. C'est la plus belle, la plus noble, la première des fins, celle qui légitime et rend méritoires les autres.

Le perfectionnement des époux devient la fin secondaire. Elle est semblable à la fin primaire, puisque, comme elle, elle est vraie fin, but. Elle est hautement désirable aussi bien pour les individus que pour la société; mais subordonnée à la fin primaire, toute orientée vers elle, elle reçoit d'elle sa légitimité et sa dignité. Elle est secondaire, fin tout aussi essentielle au mariage que la fin primaire. Mais qui recherchée en excluant positivement cette fin primaire s'avère un désordre qui est de soi un péché grave"32.

S'il est Important de rappeler cette distinction entre fin essentielle et fin primaire ou secondaire, c'est qu'en la négligeant on laisse penser qu'en cas de difficulté, le choix peut se faire, au nom d'une recherche immédiate d'un "meilleur bien", soit du bien personnel des époux, soit du bien de la procréation, ce qui est une première faute. Mais ce n'est en général qu'une étape, qui permet, sans que cela soit dit, d'inverser en fait la hiérarchie que n'a cessé de rappeler l'Eglise.

Retenons pour conclusion cet autre passage de Pie XII aux Sages-femmes : "Non seulement l'oeuvre commune de la vie extérieure, mais encore tout l'enrichissement personnel, même l'enrichissement intellectuel et spirituel Jusqu'à tout ce qu'il y a de plus spirituel et profond dans l'amour conjugal comme tel a été mis par la volonté de la nature et du Créateur au service de la descendance. Par sa nature, la vie conjugale parfaite signifie aussi le don total des parents au profit des enfants, et l'amour conjugal, dans sa

31 id - (n° 640). 32 Catéchèse catholique du mariage - P. Barbara (diffusé par D.P.F.), p. 13.

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force et dans sa tendresse est lui-même un postulat de la plus sincère sollicitude à l'égard des enfants et la garante de sa réalisation"33.

5 - Le lien Indissoluble entre les deux significations de l'acte conjugal :

Union et procréation

"Par le mariage et la famille, Dieu dans sa sagesse a uni deux des plus grandes réalités humaines : la mission de transmettre la vie et l'amour mutuel et légitime de l'homme et de la femme, par lequel ces derniers sont appelés à se compléter mutuellement dans une donation réciproque, non seulement physique mais surtout spirituelle". Et plus loin dans ce même discours Paul VI disait encore : "(La vertu de chasteté conjugale) n'est pas une loi nouvelle ou inhumaine, c'est la doctrine de l'honnêteté et de la sagesse, que l'Eglise, illuminée par Dieu, a toujours enseignée et qui unit d'un lien indissoluble les légitimes expressions d'amour conjugal avec le service de Dieu dans la mission qui vient de Lui de transmettre la vie"34.

Sur ces points, cette allocution de 1966 annonçait l'enseignement fondamental de l'encyclique "Humanae vitae" du 25 juillet 1968 et que Jean-Paul II reprend dans "Familiaris Consortio".

Etant ici encore dans le domaine de l'ordre naturel, il est bon de discerner ce que tout homme doit pouvoir lire dans son coeur, sous l'éclairage d'une droite raison. Il lui apparaît que la réalisation de la capacité procréatrice doit être proportionnée à la dignité de la personne qui peut être conçue. Or, cette exigence est respectée seulement si cette capacité procréatrice est réalisée par un acte d'amour. Seul, l'amour place aussi bien celui qui procrée que celui qui peut être procréé sur un plan de parfaite réciprocité et égalité. L'acte procréateur doit être en même temps un acte d'amour. On ne fabrique pas un enfant (faire un enfant est une expression détestable) car ce que l'on fabrique on le possède, on ne possède pas une personne. Il apparaît aussi à toute droite raison que l'acte créateur de Dieu est essentiellement un acte d'amour et qu'une participation personnelle à cet acte exige que l'acte procréateur devienne en soi un acte d'amour35.

L'acte conjugal a donc deux significations : union et procréation et la connexion entre ces deux significations est indissoluble.

L'union participe au souci de perfectionnement mutuel puisque le don réciproque qu'elle exprime36 est un don total où spirituel et charnel ne peuvent être dissociés et que "la grandeur de cet acte consiste précisément à dépasser le moment où il se pose pour engager toute l'orientation d'une vie, pour prendre position vis-à-vis de l'absolu"37. L'acte conjugal n'est pas purement biologique, "dans sa structure naturelle, il est une action personnelle, une coopération simultanée et immédiate des époux, laquelle, du fait même de la nature des

33 Pie XII- 29.10.51 (n° 636). 34 Paul VI au centre italien de la femme, 12 février 1986. Passages cités par le P. Mattheeuws. Ouvrage cité, p. 107. 35 Ces points sont développés par Mgr Caffara, au 9ème congrès international de la famille à Paris, septembre 1986 - (Actes du congrès, p. 53), ainsi qu'au 6ème colloque des juristes catholiques de novembre 1985. 36 Et c'est bien d'une "expression" qu'il s'agit Jean-Paul II parle de langage du corps qui comporte des significations ? en même temps que parentales. 37 Pie XII au 2ème congrès mondial de la fertilité et de la stérilité, 19 mai 1956 (n° 738).

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agents et du caractère de leur acte est l'expression du don réciproque qui réalise l'Union en une seule chair"38.

Et ces deux aspects, union et procréation, sont indissociables. Le paragraphe 12 de Humanae vitae résume tout ce que nous venons de dire : il rappelle que "la doctrine de l'Eglise, plusieurs fois exposée par le Magistère est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation. (...). C'est en sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation, que l'acte conjugal conserve intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son ordination à la très haute vocation de l'homme à la paternité. Nous pensons que les hommes de notre temps sont particulièrement en mesure de comprendre le caractère profondément raisonnable et humain de ce principe fondamental".

On peut rompre cette connexion de deux manières, en séparant l'union de la procréation par la contraception (et la stérilisation) ou en séparant la procréation de l'union par toutes les formes de procréation artificielles (Fécondation extracorporelle et insémination).

Les ravages de la contraception et de la mentalité contraceptive sont tels qu'il faut y insister39 : "Qui réfléchit bien devra reconnaître qu'un acte d'amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l'Auteur de la vie. User de ce don divin, en détruisant, fut-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c'est contredire à la nature de l'homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c'est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté"40.

Paul VI exclut notamment que l'on puisse invoquer le principe du moindre mal ou le prétexte d'une vie conjugale par ailleurs féconde pour justifier des actes rendus intentionnellement inféconds et qui, ainsi, sont intrinsèquement mauvais quelle que soit l'intention des acteurs. "Nous devons encore une fois déclarer qu'est absolument à exclure comme moyen licite de régulation des naissances l'interruption directe du processus de génération déjà engagé et surtout l'avortement directement voulu et procuré même pour des raisons thérapeutiques. Est pareillement à exclure la stérilisation directe qu'elle soit perpétuelle ou temporaire tant chez l'homme que chez la femme: Est exclue également toute action qui soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation "41.

Cette question de la contraception est aujourd'hui capitale. Le cardinal Ratzinger l'a rappelé à Laxenburg près de Vienne en Autriche (4), en analysant les principaux obstacles d'aujourd'hui à la foi : "Demandons-nous où gisent aujourd'hui les difficultés essentielles des hommes par rapport à cette foi... Nous n'avons pas besoin de nous mettre longuement en recherche. Il existe comme un canon de l'opposition envers la pratique et l'enseignement de l'Eglise. Comme éléments principaux

38 Pie XII, allocution aux sages-femmes, 29.10.51 (n° 637). 39 On peut se reporter ici à l'article relatif à la contraception de la revue de l'Action Familiale et Scolaire n°97 (octobre 1991). 40 Humanae vitae, n° 13 - 41 Humanae vitae, n° 14.

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de ce canon dont la répétition régulière est devenue pour les catholiques progressistes un exercice obligé, le "non" à l'enseignement de l'Eglise sur la contraception... "42.

Il appartient aux familles d'être le relais et cet enseignement de l'Eglise, à la fois par la parole et le témoignage. Qu'elles rencontrent des difficultés, c'est certain. "Vous entendrez dire, disait Pie XII à des jeunes mariés, que le mariage impose des obligations excessives impossibles à remplir. Impossible, oui, aux seules forces humaines, mais c'est pour cette raison que le sacrement a mis et conserve en vous, avec l'état de grâce, des forces divines"43.

Si cette tentative de dissociation du lien indissoluble : union procréation, est claire dans le cas de la contraception, elle se laisse moins voir dans le cas de la Fécondation in vitro ou de l'insémination homologues 44 , parce que notamment l'intention procréatrice n'en est pas exclue. C'est là pour beaucoup une source de difficulté. On ne regarde que le résultat, l'enfant, et on sépare cette conception de sa source qui est la source d'amour; on dira : c'est une simple séparation temporelle puisque les parents le désirent. Oui, les parents le désirent mais le désir est de l'ordre intentionnel, tandis que le don dans l'amour est d'ordre substantiel45.

Ces méthodes introduisent un processus indépendant de l'acte conjugal à travers une activité de laboratoire. Il faut ici renvoyer à l'instruction sur le respect de la vie humaine naissante et la dignité de la procréation, instruction Donum vitae46. Nous n'en retiendrons ici qu'un paragraphe, celui qui évoque la souffrance provenant de la stérilité :

"La souffrance des époux qui ne peuvent avoir d'enfants ou qui craignent de mettre

au monde un enfant handicapé est une souffrance que tous doivent comprendre et apprécier comme il convient.

De la part des époux, le désir d'un enfant est naturel: il exprime la vocation à la paternité et à la maternité inscrite dans l'amour conjugal. Ce désir peut être plus vif encore si le couple est frappé d'une stérilité qui semble incurable. Cependant, le mariage ne confère pas aux époux un droit à avoir un enfant, mais seulement le droit de poser les actes naturels ordonnés de soi à la procréation"47.

Un droit véritable et strict à l'enfant serait contraire à sa dignité et à sa nature. L'enfant n'est pas un dû et il ne peut être considéré comme objet de propriété : il est plutôt un don - "le plus grand"48 - et le plus gratuit du mariage, témoignage vivant de la donation réciproque de ses parents. A ce titre, l'enfant a le droit d'être le fruit de l'acte spécifique de l'amour conjugal de ses parents, et aussi le droit d'être respecté comme personne dès le moment de sa conception.

42 Documentation catholique 1.10.89 (p. 847) 43 Pie XII, 17 janvier 1940 (n° 429). 44 C'est-à-dire sans donneur extérieur au couple 45 Père Marie-Dominique Philippe, opus cité p. 161 46 22 février 1987. Instruction de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, signée par le cardinal Ratzinger, préfet de cette congrégation. 47 Cf. Pie XII, Discours aux participants au IIe Congrès Mondial de Naples sur la fécondité et la stérilité humaine, 19 mai 1958 : AAS 48 (1956) 471-473. 48 Const past Gaudium et Spes, 50.

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Toutefois la stérilité, quelles qu'en soient la cause et le pronostic, est certainement

une dure épreuve. La communauté des croyants est appelée à éclairer et à soutenir la souffrance de ceux qui ne peuvent réaliser une légitime aspiration à la paternité et à la maternité. Les époux qui se trouvent dans ces situations douloureuses sont appelés à y découvrir l'occasion d'une participation particulière à la Croix du Seigneur, source de fécondité spirituelle. Les couples stériles ne doivent pas oublier que "même quand la procréation n'est pas possible, la vie conjugale ne perd pas pour autant sa valeur. La stérilité physique peut être l'occasion pour les époux de rendre d'autres services importants à la vie des personnes humaines, tels par exemple que l'adoption, les formes diverses d'oeuvres éducatives, l'aide à d'autres familles, aux enfants pauvres ou handicapés".

La plus grande partie de notre réflexion a considéré le mariage dans le

dessein du Créateur plus que dans la lumière de la Nouvelle Alliance. Or, le Christ a souvent utilisé le langage de l'union conjugale. "L'Evangile laisse entendre que le véritable époux c'est lui (Jean 3, 29 - Eph. 5-31.32). Il scelle l'Alliance dans le sang de la Croix et remet son Esprit (Jean 19, 30) à l'Eglise son Epouse. L'Eglise apparaît ainsi comme le terme de l'Alliance, elle est l'Epouse aimée et féconde qui engendre de nouveaux enfants jusqu'à la fin des temps... L'Ancienne Alliance s'est exprimée dans le signe du mariage des hommes, mais la réalité du mariage chrétien est comme habitée et transfigurée par la Nouvelle Alliance"49. Le Christ a élevé la réalité humaine du mariage à la dignité de sacrement. Il devient l'expression visible et un fruit effectif de l'union du Christ avec l'Eglise50. "Il devient le symbole réel de l'Alliance nouvelle et éternelle scellée dans le sang du Christ"51. Et c'est dans le sacrifice de la nouvelle et éternelle alliance que les époux chrétiens trouvent la source jaillissante qui modèle intérieurement et vivifie constamment leur alliance conjugale52. L'Alliance non seulement inspire la vie des époux mais s'accomplit en elle, en ce sens qu'elle déploie son énergie propre dans la vie des époux; elle modèle de l'intérieur leur amour : ils s'aiment non seulement "comme" le Christ a aimé, mais déjà mystérieusement "de" l'amour même du Christ puisque son Esprit leur est donné dans la mesure où ils se laissent modeler par lui"53.

L'Alliance est scellée dans le sang de l'Agneau : "Rien d'étonnant alors à ce que le sacrement de mariage engage les époux sur un

chemin où ils rencontreront la croix. (...). L'amour comme toute réalité humaine a besoin d'être sauvé, racheté. Mais la fréquentation de l'Eucharistie permet aux époux de vivre l'Alliance et, par delà la croix, d'accéder à la joie : le mariage chrétien est une Pâque" 54.

Michel Berger

A.F.S.

49 Jean-Paul II, à Vienne, 11 décembre 1983. 50 Un sacrement est le signe d'une chose sacrée, signe visible d'une grâce invisible, instituée pour notre sanctification (catéchisme du Concile de Trente). 51 Jean-Paul II, "Familiaris consortio" (13) 52 id (57) 53 Jean-Paul II à Vienne, 11 décembre 1983.

54 idem.

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Lundi 8 juin 1992

3e journée, sous le patronage de Notre-Dame,

Reine de France et de Chrétienté

"Demain la Chrétienté"

(4e commandement)

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Lundi 8 juin 1992

3e journée sous le patronage de Notre-Dame,

Reine de France et de Chrétienté "Demain, la Chrétienté"

(4e commandement)

I - 4e COMMANDEMENT APPLIQUE AUX NATIONS ................................ 46

1. La révélation et la loi naturelle .............................................. 48 2. Comment agir ? .................................................................... 57

3. Bibliographie ........................................................................ 61

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4e COMMANDEMENT APPLIQUE AUX NATIONS

1. La Chrétienté demande des saints. 2. Notre-Dame et la prière, au centre de la reconquête et de la mission

Plan du document 

I — LA REVELATION ET LA LOI NATURELLE.

1‐ Le Christ, Patrie et Voie, Autorité dont tous les hommes dépendent. 

2‐ Les hommes sont faits pour vivre en société: les associations d'hommes sont voulues par Dieu,  

 A- au plan naturel (familles, communes, nations...)  

 B- au plan surnaturel (communautés, paroisses, Eglise) 

Le  Christ  nous  le  rappelle  en  fondant  une  communauté  sur  le commandement de la charité fraternelle dont la source est l'Amour au sein même de la Sainte Trinité. 

3‐ Conclusion:  Dieu est source et sommet de la vie sociale. 

Le  redressement des  structures  économiques, politiques,  juridiques  et sociales  passe  par  l'obéissance  au  Christ  car,  en  aucun  autre  n'est  le salut. 

 

II — COMMENT AGIR ?

 

4‐ Prier (Messe et dévotion mariale) et progresser dans la perfection. 

5‐ Se former et transmettre (bibliographie). 

6‐ Agir dans le domaine propre à son devoir d'état.

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Nous péchons contre la prudence, aussi bien que contre la Justice, quand nous manquons de vénération envers Celui dont nous ne sommes que les lieutenants.

Louis XIV

INTRODUCTION ‐  L'Eglise gardienne de la loi naturelle et de l'ordre public.  

 

‐ "DIEU PREMIER SERVI" ‐ Ce cri que Jeanne d'Arc a lancé du haut de son bûcher de Rouen, 

nous rappelle que la restauration de l'ordre social dépend de la place que la société accorde à 

Dieu. Ce qui est vrai pour la vie privée et familiale l'est encore pour les nations; c'est à savoir que 

Dieu est la clé de voûte de toute vie sociale. 

 

- "TU HONORERAS TON PERE ET TA MERE"  ‐ Ce cri que Dieu a  lancé du haut du Sinaï, 

dans la foudre et les tonnerres, nous rappelle l'incontournable nécessité de rendre  "un culte 

véritable  à  nos  parents,  nos  patries  et  notre  Dieu"  (Définition  de  la  'piété'  par  les 

philosophes.)  C'est  à  travers  eux  que  nous  rendons  à  Dieu  ce  culte  que  nous  Lui  devons. 

Honorer son père et sa mère, c'est respecter l'ordre que Dieu a voulu dans la hiérarchie de nos 

devoirs, sans séparer  les ordres surnaturel et charnel. Pour parler de cette hiérarchie,  il  faut 

nous placer en observateur de cette union des deux ordres. 

 

Voilà  pourquoi  ce  document  considérera  d'abord  le Christ comme  source,  comme  chef, 

comme sommet de la vie sociale. Ensuite nous verrons, à la lumière de cette doctrine, comment 

poser des actions concrètes, puisqu'"il ne suffit point d'être bon, mais encore faut‐il le paraître 

!" (S. François de Sales). 

- "Le droit divin qui vient de la grâce ne détruit pas le droit humain qui vient de la nature", dit 

saint Thomas. C'est le premier principe de la politique chrétienne. 

 

Si  la grâce a pour rôle principal et direct de former un nouveau royaume, qui sera dans ce 

monde mais non de ce monde, si elle s'adresse à ce qu'il y a dans les hommes de plus profond, de 

sous‐jacent à toutes les déterminations temporelles ‐ races, classes, patries ‐ pour les grouper 

visiblement  en  une  communauté  supratemporelle,  qui  sera  le  Corps  du  Christ,  son  rôle 

secondaire et  indirect, dont  le prix reste néanmoins  inestimable, est de purifier, de guérir, 

d'éclairer  les  activités  humaines  du  plan  de  la  nature,  notamment  les  activités 

politiques. Ces dernières pourront recevoir  la mission sublime de préparer, dans une certaine 

mesure, des conditions favorables à l'existence du Royaume de Dieu: si la vie vraiment humaine 

que nous devons mener ici‐bas, explique saint Thomas, doit débaucher un jour sur la béatitude 

céleste,  le pouvoir politique devra, dans  la mesure du possible, procurer  la  vie bonne de  la 

multitude  selon  qu'elle  convient  à  l'obtention  de  la  béatitude  céleste,  de  telle  sorte  qu'il 

prescrive les choses qui conduisent à cette béatitude et qu'il interdise les choses contraires. 

Ainsi la communauté politique est voulue par Dieu qui veut par elle le 

développement de la vie humaine. 

Pour  ce qui est  de  la morale  politique,  c'est  le  devoir  imprescriptible  ‐ DIEU  PREMIER 

SERVI ‐ de tout chrétien de rappeler, en un temps où la confusion des esprits est tyrannique, 

les principes du droit humain et du droit  chrétien qui sont  les  assises de  tout ordre politique 

ancien  ou  nouveau  voulant  être  autre  chose  qu'un  sinistre  mensonge  politique,  et  que 

l'humanité ne peut enfreindre sans saccager en elle  l'image du Dieu qui l'a créée et rachetée, 

sans sortir de la civilisation pour commencer de se diluer dans le chaos. 

 

Ces principes forment un corps doctrinal, qu'on appelle la doctrine sociale de l'Eglise. 

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Par sa condition même, la doctrine sociale, se présente en premier lieu comme partie 

intégrante de  la conception chrétienne de  la vie. En effet, on a vu que son  incidence dans  le 

monde n'est pas marginale, mais décisive en tant qu'action de l'Eglise,  "ferment",  "sel de  la 

terre", et "lumière" de l'humanité. 

Sur la base de ces présupposés, le Magistère de l'Eglise, avec l'apport de l'étude et 

de  l'expérience de  toute  la communauté chrétienne, élabore, organise, expose cette doctrine 

comme un ensemble d'enseignements offerts non seulement aux croyants, mais aussi à tous les 

hommes de bonne volonté, pour éclairer par l'Evangile le chemin commun vers le développement 

et la libération intégrale de l'homme. 

Congrégation pour l'éducation catholique. 

Rome 1988

I — 1 LE CHRIST, PATRIE ET VOIE DONT TOUS LES HOMMES DEPENDENT. "Le Christ‐Dieu  est  la Patrie  vers  laquelle nous  allons. Le Christ‐ Homme  est  la  voie par laquelle nous marchons." (S. Augustin) 

"La majeure partie des maux du monde provient du manque de connaissance de Dieu et de sa Vérité."                                                                                                       (S. Pie X.) 

 "Il  faut  le  rappeler  énergiquement  dans  ces  temps  d'anarchie  sociale  et  intellectuelle,  où chacun se pose en docteur et  législateur, on ne bâtira pas  la cité autrement que Dieu ne  l'a bâtie, on n'édifiera pas la société, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n'est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuages. Elle a été, elle est; c'est  la  civilisation  chrétienne,  c'est  la  cité  catholique.  Il  ne  s'agit  que  de  l'instaurer  et  la restaurer  sans  cesse  sur  ses  fondements  et  naturels  et  divins  contre  les  attaques  toujours renaissantes  de  l'utopie  malsaine  de  la  révolte  et  de  l'impiété:  OMNlA  INSTAURARE  IN CHRISTO."                                                                                                (S. Pie X ‐ Lettre sur le Sillon.)  "L'aspect plus sinistrement typique de  l'époque moderne se trouve dans  la tentative absurde de vouloir bâtir un ordre temporel solide et fécond en dehors de Dieu, unique fondement sur lequel il puisse subsister, et de vouloir proclamer la grandeur de l'homme en le coupant de la source d'où cette grandeur jaillit et où elle s'alimente; en réprimant, et si possible en éteignant, ses aspirations vers Dieu. Mais l'expérience de tous les jours continue à attester, au milieu des désillusions les plus amères, et souvent en langage de sang, ce qu'affirme le Livre inspiré: "Si ce n'est pas Dieu qui bâtit  la maison, c'est en vain que travaillent ceux qui  la construisent." (Ps 127)                             

(Jean XXIII ‐ Encyc. Mater et Magistra ‐ 1961.) 

ENSEIGNEMENTS PONTIFICAUX.  Avec le règne de la vérité, de la grâce et de la justice, qu'arrive le règne de l'amour et de la paix ! Qu'il arrive partout où vivent les enfants de Dieu, où agissent les membres du Corps mystique du Christ. Tandis que  la Justice donne ce qu'elle doit,  l'amour fait davantage: celui qui aime, donne ce qu'il a, donne ce qu'il est, se donne  lui‐même. La science de cet amour complet et permanent fut prêchée et pratiquée par le divin Sauveur.     

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Il proclama que  c'est à  cet amour mutuel que  l'on  reconnaîtrait  ses disciples  (Jn  13,35) et  il avertit  qu'au  dernier  jour,  les  vivants  et  les morts  seront  jugés  sur  l'amour.  Lui,  d'ailleurs, n'était pas tenu de venir dans le monde; et il vint par amour; il n'était pas tenu de préférer une vie de privation et de tourments, et il la choisit par amour; il n'était pas nécessaire, que pour nous  racheter,  il  souffrît  et mourût; mais  il  souffrit  et mourut  crucifié  par  amour. Qui  ne comprend pas l'amour, ne comprend pas Jésus, l'amour incarné. 

Chers  fils  ! Voulez‐vous que  Jésus  règne parmi vous, dans vos  familles, dans votre cité et 

dans votre diocèse ? Faites que l'amour y règne !  

PIE XII  

(Discours aux travailleurs italiens ‐ 28 octobre 1956) 

 "De sa plénitude nous avons TOUS reçu." (Jn 1,16) ‐ Saint Thomas dans sa Somme 

commente ce passage ainsi: "C'est parce que nous recevons de lui que le Christ est notre tête." 

(III,  8,5).  Ce  rôle  capital  (caput,  la  tête)  du  Christ  s'étend  à  la  Création  toute  entière  par 

l'intermédiaire des anges et des hommes qui en sont les premiers représentants. 

"De cette multitude  (anges + hommes),  le Christ est  la  tête;  il est plus près de Dieu, en 

effet,  et  reçoit  ses  dons  avec  une  plus  entière  plénitude  que  les  hommes  et même  que  les 

anges; en outre  les anges, aussi bien que  les hommes, reçoivent son  influence. Il est écrit en 

effet:  "(Dieu  le Père)  l'a  fait asseoir à sa droite dans  les cieux  (...) et  il a TOUT mis sous ses 

pieds" (III 8,4). Aucun être humain n'échappe à cette influence: "Il est le Sauveur de TOUS les 

hommes, et spécialement des  fidèles" (1 Tm 4,10) et  "Il est  lui‐même victime de propitiation 

pour  nos  péchés,  non  seulement  pour  les  nôtres, mais  pour  ceux  du monde  entier".  Or, 

commente  S.  Thomas:  "Sauver  les  hommes,  être  victime  de  propitiation,  revient  au  Christ 

précisément parce qu'il est la tête de tous les hommes." (III 8,3) 

SOURCES SCRIPTURAIRES. (VTB Ed. Cerf 1962)  

Jésus dépositaire de l'autorité. Jésus apparaît, durant sa vie publique, comme le dépositaire 

d'une autorité singulière: il prêche avec autorité (Mc 1,22 ss), il a pouvoir de remettre les 

péchés (Mt 9,6ss), il est maître du sabbat (Mc 2,28). Pouvoir tout religieux d'un envoyé divin, 

devant lequel les juifs se posent la question essentielle: par quelle autorité fait‐il ces choses (Mt 

21,23s) ? A cette question, Jésus ne répond pas directement. Mais les signes qu'il accomplit 

aiguillent les esprits vers une réponse: il a pouvoir sur la maladie (Mt 8,8s), sur les éléments 

(Mc 4,41), sur les démons (Mt 12,28). N'est‐ce pas l'indice que, comme il le dira lui‐même, tout 

pouvoir lui a été donné au ciel et sur la terre (MT 28,18) ? Son autorité s'étend donc jusqu'aux 

choses politiques; en ce domaine, le pouvoir qu'il a refusé de tenir de Satan (Lc 4,5ss), il l'a déjà 

reçu en réalité de Dieu. Cependant, ce pouvoir, il ne s'en prévaut point parmi les hommes. 

Alors que les chefs de ce monde montrent le leur en exerçant la domination, lui se tient parmi 

les siens comme celui qui sert (Lc 22,25ss). Il est Maître et Seigneur (Jn 13,13); mais il est venu 

pour servir et donner sa vie (Mc 10,42ss). Et c'est parce qu'il prend ainsi la condition d'esclave 

que tout genou fléchira finalement devant lui (Ph 2,5‐11). 

"Toute  autorité  vient de Dieu"  (Rm  13,1). Devant  les  autorités  terrestres, 

l'attitude de  Jésus est d'autant plus significative. Devant  les autorités  juives,  il  revendique sa 

qualité de Fils de l'homme (Mt 26,63s), base d'un pouvoir qu'attestent les Ecritures (Dn 7,14). 

Devant l'autorité politique, sa position est plus nuancée. Il reconnaît la compétence propre de 

César  (Mt  22,21); mais  cela  ne  lui  ferme  pas  les  yeux  sur  l'injustice  des  représentants  de 

l'autorité (Mt 20,25; Lc 13,32). Quand il comparaît devant Pilate, il ne discute pas son pouvoir, 

dont il sait l'origine divine; mais il relève l'iniquité dont il est victime (Jn 19,11), et il revendique 

pour  lui  ‐ même  la  royauté  qui  n'est  pas  de  ce monde  (Jn  18,36).  Si  donc  le  spirituel  et  le 

temporel, chacun à  sa manière,  relèvent en principe de  lui  il consacre  cependant  leur nette 

distinction,  et  il  laisse  entendre  que,  pour  l'instant,  le  temporel  garde  dans  son  ordre  une 

véritable  consistance. Les deux pouvoirs  se  confondaient dans  la  théocratie  israélite;  il n'en 

sera plus de même dans l'Eglise. 

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Le pouvoir royal du Christ sur les affaires humaines, est explicité dans la Somme de S. 

Thomas (III, 59,4): "Les réalités humaines sont toutes ordonnées à cette fin: la béatitude; cette 

béatitude, c'est le salut éternel, et les hommes y sont admis ou en sont rejetés par le jugement 

du Christ,  comme  on  lit  en  S. Matthieu  (25,21).  Il  est  donc  évident  que  toutes  les  réalités 

humaines sont soumises au pouvoir du Christ." C'est un pouvoir qu'il a reçu de son Père: "Tout 

pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre" (Mt 28,18). "Cependant, précise S. Thomas, tout 

ne lui est pas soumis dès maintenant, en ce qui concerne la réalisation de son pouvoir; celle‐ci 

n'aura lieu que plus tard, lorsque le Christ accomplira sa volonté sur tous en sauvant les uns et 

en punissant  les autres."  (III,59,4,s2). C'est pourtant dès ce monde que  le Christ est  juge de 

toutes choses et avant tout du secret des coeurs. C'est par rapport à ce jugement que tout est 

vrai ou faux, bon ou mauvais. Ce qui est remis jusqu'au jour ultime, c'est l'accomplissement du 

jugement, quand tout sera fini. En attendant, tout peut être sauvé. 

SOURCES SCRIPTURAIRES.  

Le  règne  du  Christ  s'établira  par  l'annonce  de  son  Evangile  (Ac  1,8).  Roi,  il  l'est  pourtant 

comme  le  proclame  la  prédication  chrétienne  (He  1,8;7,1).  Il  l'était  dès  le  début  de  sa  vie 

terrestre, comme les évangélistes le soulignent en racontant son enfance (Lc 1,33; Mt 2,2). Mais 

sa  royauté  qui  n'est  pas  de  ce monde‐ci  (Jn  18,36)  et  qui  n'y  est  représentée  par  aucune 

monarchie humaine à laquelle Jésus déléguerait ses pouvoirs, ne concurrence en aucune façon 

celle des rois terrestres. Les chrétiens en deviennent sujets quand Dieu les arrache "à l'empire 

des ténèbres pour les transférer dans le royaume de son Fils, en qui ils ont la rédemption" (Col 

1,13). Cela ne les empêche pas de se soumettre ensuite aux rois de ce monde et de les honorer (1 

P  2,13‐17),  même  si  ces  rois  sont  des  païens:  dépositaires  de  l'autorité,  il  suffit  qu'ils  ne 

l'opposent pas à l'autorité de Jésus. Le drame est que parfois ils s'élèvent contre elle. Ce fut déjà 

le  cas  lors  de  la  Passion  (Ac  4,25ss).  C'est  le  cas  tout  au  long  de  l'histoire  quand  ces  rois 

terrestres,  forniquant avec Babylone (Ap  17,2) et  la  laissant régner sur eux (17,18), participent 

du même coup à  la  royauté satanique de  la Bête  (17,12): alors, enivrés de  leur pouvoir,  ils se 

font les persécuteurs de l'Eglise et de ses fils (17,6). 

 

CONCLUSION.  

 

"Notre Sauveur,  le Seigneur  Jésus, en sauvant son peuple du péché, au témoignage de  l'Ange 

(Mt 1,21), s'est montré à nous comme  le chemin de  la vérité, par  lequel  il nous est désormais 

possible  de  parvenir  à  la  résurrection,  et  à  la  béatitude  de  la  vie  immortelle"  enseigne  S. 

Thomas  (prol. de  la  III P),  "et  voilà  la  raison pour  laquelle Dieu n'a  remis  à  aucun  autre  le 

gouvernement de la terre. (S.T. III, 59,6, s3). 

On retrouvera ces nations exprimées dans la première partie de l'Encyclique de Pie XI sur 

le règne du Christ: "Quas primas" du 11 Décembre 1925. 

Cette politique divine est non seulement le parangon mais encore la source d'une politique 

chrétienne; celle‐ci cherche à  régir selon  la  lumière chrétienne  les cités  temporelles. Elle est 

mise en oeuvre par la vertu de foi qui révèle clairement à l'homme que Dieu est un supérieur à 

qui l'on doit obéir, quitte à désobéir à ses représentants lorsqu'ils outrepassent leur fonction ‐ 

DIEU  PREMIER  SERVI  ‐. A  ses  juges  de Rouen,  Jeanne  ne  se  dira  pas  capitaine  du  prince 

qu'elle a fait sacrer et couronner à Reims, mais affirmera: "J'ai été messagère de Dieu." Quand 

l'évêque Cauchon  lui demande  si  elle  veut  s'en  rapporter  à  l'Eglise militante de  tout  ce qui 

regarde  le procès, elle répond  :"Oui, sauf  impossible. Et  je réputé  impossible de déclarer que 

mes faits et dits ne viennent pas de Dieu." Comme Cauchon insiste: "L'Eglise militante vous dit 

que  vos  révélations  sont  illusoires ou  choses diaboliques:  vous  en  rapportez‐vous  à  elle  ?"  ‐ 

"Non, rétorque  fermement  Jeanne. A aucun homme au monde, mais à Dieu seul."  ‐ "Se vous 

croyez‐vous donc pas soumise au pape, aux cardinaux, aux archevêques et autres prélats ?"  ‐ 

"Oui, reconnaît‐elle. Mais DIEU PREMIER SERVI."  

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Nos  pères  ont  reconnu  dans  cette  exclamation  la  vocation  et  l'âme  de  la  France. Cette 

patrie qu'ils nous ont léguée est un héritage dont nous n'avons que l'usufruit, sans disposer du 

droit de  l'aliéner. Elle n'est pas née d'un  simple  concours de  circonstances, d'un  caprice ou 

d'un accident. A l'instar de toute famille humaine, sa création et son existence découlent d'un 

plan divin où sa place est marquée. "L'amour quotidien de la France ‐ ainsi comprise ‐ est sans 

doute celui dont  la mise en pratique est  la plus difficile. Avant d'aller,  si besoin est,  jusqu'à 

mourir pour elle, il faut faire en sorte que la France vive. Remplir, jour après jour, exactement 

sa  tâche  dans  sa  famille,  dans  son  champ,  dans  son  atelier,  son  bureau,  son  école,  son 

laboratoire, son usine, son église, son couvent, partout, enfin, où l'on a été mis par Dieu pour 

servir, cela s'appelle maintenir, enrichir, ennoblir sa patrie." Rémy ‐ Catéchisme de la patrie ‐ 

Ed. France‐empire (Paris 1961). 

Alors  nous  percevrons  l'austère  consolation  de  faire  la  volonté  de Dieu  confirmée  dans 

cette prophétie de saint Pie X aux cardinaux français: "Un jour viendra, et Nous espérons qu'il 

n'est pas très éloigné, où  la France  ‐ comme Saül sur  le chemin de Damas  ‐ sera enveloppée 

d'une  lumière  céleste  et  entendra  une  voix  qui  lui  répétera:  "Ma  fille,  pourquoi  me 

persécutes‐tu  ?  " Et,  sur  sa  réponse:  "Qui  êtes‐vous Seigneur  ?  " La  voix  répliquera:  "Je  suis 

Jésus  que  tu  persécutes.  Il  t'est  dur  de  regimber  contre  l'aiguillon  parce  que,  dans  ton 

obstination,  tu  te  ruines  toi‐même."  Et  elle,  tremblante  et  étonnée,  dira:  "Seigneur,  que 

voulez‐vous que je fasse ? " Et lui: "Lève‐toi, lave‐toi des souillures qui t'ont défigurée, réveille 

dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Eglise, 

nation prédestinée, vase d'élection, va porter, comme par  le passé, mon nom devant tous  les 

peuples et tous les rois de la terre." (29 nov. 1911). 

 

1 — 2 LES HOMMES SONT FAITS POUR VIVRE EN SOCIETE: LES ASSOCIATIONS D'HOMMES SONT VOULUES PAR DIEU. A — Les sociétés naturelles.

ENSEIGNEMENTS PONTIFICAUX –  

"De la totalité de ses droits de Créateur (Dieu) découle naturellement la totalité de son droit à 

être obéi par  les  individus  et par  les  communautés de  tout  espèce. Cette obéissance  exigée 

embrasse toutes  les branches de  l'activité dans  lesquelles des questions morales réclament  la 

mise  en  accord  avec  la  loi  de  Dieu,  et  par  conséquent  l'intégration  de  la  changeante  loi 

humaine dans l'ensemble de l'immuable loi divine."  

Pie XI    

Encyc. Mit brennender ‐ (14 mars 1937) Ed. Cattin/Conus n°883 

 

"Non moins que la famille, l'Etat est d'origine naturelle; ceci veut dire que dans son 

noyau,  il est une  institution voulue et donnée par  le Créateur.  Il  faut en dire autant de  ses 

éléments essentiels, comme  le pouvoir et  l'autorité qui émanent de  la nature et de Dieu. La 

nature,  en  effet,  et par  conséquent  son Créateur, pousse  les hommes  à  s'unir  en  société,  à 

collaborer, à se compléter mutuellement par l'échange réciproque de services et de biens, à se 

disposer organiquement en un corps, d'après  la diversité des dispositions et de  l'activité des 

individus, à tendre à un but commun qui consiste dans la création et la conservation, avec le 

concours des activités particulières, du véritable bien général."   

Pie XII Discours aux représentants de l'industrie italienne du film (28 oct.1955) 

 

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Pour susciter chez l'individu le sens social, il faut tout d'abord travailler selon les préceptes de 

la  loi morale,  car  les  actes humains doivent nécessairement  se  conformer  à  la  loi de Dieu, 

universelle et éternelle; de la sorte, le mobile des actions ne peut être exclusivement l'Intérêt 

personnel,  mais  l'accomplissement  du  devoir.  L'homme  cependant  possède  en  outre  une 

nature  intrinsèquement  sociale  et  il  doit  agir  selon  cette  nature,  ne  serait‐ce  que  pour 

satisfaire à ses exigences vitales, parce que "la providence de Dieu le disposa à naître enclin à 

s'associer et s'unir à d'autres." (Léon XlII‐Immortale Dei) 

Mgr Dell'Acqua (8 mai 1956): Lettre de la secrétairerie d'Etat  

à la Semaine Sociale d'Espagne. (Ed. Utz/Conus n°4681) 

 

ENTRETIEN DU CARDINAL PIE AVEC NAPOLEON III –  

 (...)  L'Empereur  arrêta  l'Evêque:  "Mais  encore,  croyez‐vous  que  le  moment  soit  venu  de 

rétablir  ce  règne  exclusivement  religieux  que  vous  me  demandez  ?  Ne  pensez‐vous  pas, 

Monseigneur, que  ce  serait déchaîner  toutes  les mauvaises passions  ?" L'évêque de Poitiers 

n'avait pas parlé de 'règne exclusivement religieux', il avait seulement dégagé le droit divin qui 

devait dominer tout le règne; mais l'essentiel de l'objection consistait dans cette opportunité 

toujours  placée  en  avant.  Il  fit  cette  réplique  solennelle:  "Sire,  quand  de  grands  politiques 

comme Votre Majesté, m'objectent que le moment n'est pas venu, je n'ai qu'à m'incliner, parce 

que  je  ne  suis  pas  un  grand  politique. Mais  je  suis  un  évêque,  et  comme  évêque,  je  leur 

répands:  le moment n'est pas venu pour  Jésus‐Christ de régner: eh bien  !   Alors,  le moment 

n'est pas venu pour les gouvernements de durer". 

Histoire du Cardinal Pie ‐ par Mgr Baunard tome 1, p 665‐669 

 

CHEZ  S.  THOMAS  ‐  Au  coeur  de  tous  les  vivants  est  inscrite  une  loi  de 

développement.  L'homme  n'y  échappe  pas.  Il  est  créé  pour  développer,  pour  épanouir  cet 

animal  raisonnable  qu'il  est  lui‐même.  Cela  reste  impossible  sans  le  secours  de  la  vie  en 

communauté. La communauté politique parfaite est celle dont le pouvoir politique subsiste en 

lui‐même,  non  dans  un  autre  pouvoir  politique  supérieur.  Par  pouvoir  politique,  il  faut 

entendre  le pouvoir  législatif, exécutif,  Judiciaire. Ainsi  la communauté politique est voulue 

par Dieu, qui  veut par  elle  le développement de  la  vie humaine. La  communauté politique 

forme un tout. Un tout n'est pas une simple addition de parties. C'est une addition de parties 

plus un  certain ordre. Le bien  commun de  la  cité diffère du bien  singulier d'une personne 

particulière d'une  façon non seulement quantitative mais qualitative. Le bien commun de  la 

cité ne saurait être simplement matériel.  Il devra procurer  le plein développement de  la vie 

humaine. Trois conditions sont requises pour cela: 1‐Il faut d'abord que la cité soit établie dans 

l'unité,  unité  non  pas mécanique, mais  organique  et  vivante;  2‐L'unité  qui  est  ordre  doit 

diriger  l'activité vers une  fin bonne. 3‐Il  faut en outre  la  suffisance des biens corporels, qui 

doivent être non la fin sans doute, mais un instrument de la vie politique. 

Quand  le  monde  redevient  habitable,  quand  il  se  fait  plus  humain,  quand  il 

recommence à s'accorder aux exigences des fins surnaturelles, il y a des milliers de chrétiens, 

droits et sincères, qui peuvent vivre et mourir dans l'amour: ils sont assez forts pour marcher 

tous ensemble dans  le devoir et pour  faire à certains moments exceptionnels, acte de vertu 

héroïque; mais ils auraient été trop faibles pour remonter, seuls et à toutes les heures du jour, 

l'immense  courant  démoralisateur  d'un  monde  pervers.  Il  faut  donc  travailler,  c'est  le 

christianisme qui nous y pousse, à l'instauration d'un ordre temporel chrétien. 

Card. C. Journet 

 

Les associations d'hommes sont voulues par Dieu, non comme une fin pour l'homme 

mais  comme  un moyen.  L'Etat  n'est  donc  pas  du  tout  une  valeur  absolue;  il  n'est  Jamais 

tout‐puissant,  bien  qu'il  possède  un  pouvoir;  en  effet,  sans  pouvoir,  l'Etat  ne  serait  pas  en 

mesure de réaliser son but, qui est de garantir et de promouvoir le bien commun.  

(Pie XII). 

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On peut  se  référer à ce  sujet à ce qu'enseigne Pie XI:  "La  société est voulue par  le 

Créateur comme le moyen d'amener à leur plein développement les dispositions individuelles 

et les avantages sociaux que chacun, donnant et recevant tour à tour, doit faire valoir pour son 

bien  et  celui  des  autres.  Quant  aux  valeurs  plus  générales  et  plus  hautes,  que  seule  la 

collectivité, et non plus les individus isolés, peut réaliser, elles aussi en définitive sont, par la 

Créateur,  voulues  pour  l'homme,  pour  son  plein  épanouissement  naturel  et  surnaturel  et 

l'achèvement de sa perfection. S'écarter de cet ordre, c'est ébranler les colonnes sur lesquelles 

repose  la société, et donc compromettre  la tranquillité,  la sécurité et  l'existence même de  la 

société."  

Pie XI Encyc. Mit brennender sorge. ‐Contre le national‐socialisme‐,                           

(14 mars 1937 ‐ Ed. Cattin/Conus n°905) 

 

 

Dans cette ligne de conduite comment oublier les directives que Mistral laissait à ses 

compatriotes ? Il avait vu l'évolution moderne et compris le malheur d'une nation qui, avec ses 

moeurs propres, perd tout caractère organique, devient une vaste collectivité d'individus sans 

lien avec  le passé, ni avec  le  sol qui  les nourrit. Nous  savons aujourd'hui quelle proie  facile 

sont les masses atomisées pour l'Etat totalitaire. Afin de conjurer le mal, de l'éviter si possible, 

dans ce milieu de Provence qui était le sien, il n'a cessé de faire appel à toutes les ressources de 

la race, aux coutumes séculaires, aux réalités vivantes,  famille, terre, métier, parler ancestral 

où l'homme trouve quotidiennement son expression la plus concrète et dont la foi religieuse 

est  le  couronnement.  Par  son  oeuvre,  Mistral  n'a  pas  seulement  indiqué  les  principes 

nécessaires  de  toute  reconstruction  à  venir,  il  a  jeté  un  démenti  aux  arrêts  prétendus  de 

l'histoire, recréé une langue, une province, maintenu avec quelques humbles traditions de son 

pays les signes durables d'une conscience nationale. Contre le nivellement actuel où toutes les 

différences ethniques, naturelles et sociales tendent à s'effacer au profit d'une rationalisation 

croissante du monde, il a cherché à mobiliser les forces profondes de la vie, la chair, le sang, 

l'esprit des derniers hommes qui ne renoncent pas à la liberté. Il ne faut pas s'y tromper: par 

delà les limites de la Provence, Mistral fait appel à toutes les bonnes volontés pour préserver, 

avec la substance des diverses patries, les sentiments qui font la qualité des âmes et donnent à 

l'existence son véritable prix, "Ne l'oublions pas, disait‐il en 1875 à Montpellier, l'amour de la 

patrie n'est pas le résultat d'une opinion, ni d'un décret, ni d'une mode... Le grand patriotisme 

naît  de  l'attachement  qu'on  a  pour  son  pays,  pour  ses  coutumes,  pour  sa  famille,  et  les 

meilleurs soldats, croyez‐ le bien, ne sont pas ceux qui chantent et qui crient après avoir bu: ce 

sont ceux qui pleurent en quittant leur maison. Par conséquent, si nous voulons relever notre 

pauvre patrie, relevons ce qui fait germer les patriotes: la religion, les traditions, les souvenirs 

nationaux, la vieille langue du pays; et cité par cité, province par province, rivalisons d'étude, 

de travail et d'honneur, pour exalter diversement le nom de France..." 

 Ce n'est qu'une  façon parmi tant d'autres d'accomplir  le quatrième commandement à  l'égard d'une  nation. Mais  ce  langage  sonne  clair:  il  n'émane  pas  d'un  cerveau  désincarné,  il  est l'expression  d'une  passion  amoureuse.  Le  quatrième  commandement  viendra  rectifier,  si nécessaire, cette disposition; mais elle est  le ciment de  la cité terrestre à  l'instar de  la charité pour la cité de Dieu. 

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B — La Société surnaturelle politique divine.

Il existe deux ordres de sociétés visibles. La société surnaturelle (ou spirituelle), qui 

est le Corps du Christ et qui doit se répandre dans toutes les nations: c'est la part directe de 

Dieu.  La  société  naturelle  (ou  temporelle):  directement  c'est  la  part  de  César,  mais 

indirectement  ce doit être  encore  la part de Dieu  à qui  rien ne  saurait  échapper. Ces deux 

sociétés sont souveraines (c'est à dire suprêmes) chacune dans son ordre. Mais l'ordre de l'une 

est supérieur à l'ordre de l'autre. Il y a "sur ordination" du royaume de Dieu et subordination 

des communautés politiques. Quand elles outrepassent  leurs droits, quand elles veulent être 

suprêmes  ou  souveraines  absolument  parlant,  quand  elles  réclament  l'homme  tout  entier, 

alors elles deviennent les instruments de l'orgueil luciférien (Cf. l'Apocalypse: les habitants de 

la  terre  les adorent, mais pas ceux  "dont  le nom est  Inscrit dans  le  livre de vie de  l'Agneau 

égorgé, depuis la fondation du monde."')  

(Cf. Léon XIII dans l’encyclique " Immortale Dei" ‐ 1885) 

 

Dieu a sa Cité à  lui, son Royaume, son Eglise qui se  forme  ici‐bas et qui éclot dans 

l'éternité, qu'il  régit par une providence  spéciale. Et  il  y  a des  cités  temporelles,  qu'il  régit 

suivant une providence commune, subordonnées à la précédente, cette subordination pouvant 

recevoir  diverses  formes.  En  particulier,  l'Eglise  reçoit  de  son  fondateur  la  mission 

d'évangéliser  toutes  les nations  (Mt  28,19).(Cf. Pie XII  ‐ Discours  aux historiens, du  7  sept. 

1955. Ed.Utz/Conus n°5912‐5920). On  voit  l'immensité du  sujet: d'une part,  il  s'ouvre  sur  le 

mystère de Dieu; d'autre part,  il touche à  la complexité des organismes sociaux, dont un est 

divin  et  les  autres  humains,  et  que Dieu  gouverne  quoique  diversement.  (C'est  dans  l'acte 

unique et éternel de sa volonté que Dieu décrète toute  la multiplicité des choses).Il  faudrait 

beaucoup de réflexion pour ne pas mutiler ces problèmes. 

 

SOURCES SCRIPTURAIRES :  

 

‐  De  son  vivant,  Jésus  a  lui‐même  jeté  les  bases  et  énoncé  la  loi  de  la  nouvelle 

communauté  fraternelle:  il  a  repris  et  perfectionné  les  commandements  qui 

concernaient  les  relations entre  frères  (Mt 5,21‐26). Chacun doit exercer son amour 

envers le plus petit de ses frères malheureux, car en eux, c'est toujours le Christ qu'il 

trouve (Mt 25,40). 

 

‐ Par  sa mort  sur  la  croix,  Jésus  est devenu  "l'aîné d'une multitude de  frères"  (Rm 

8,29).Pour  entrer  dans  cette  fraternité  nouvelle,  c'est  par  la  foi  et  l'accomplissement  de  la 

volonté du Père qu'on devient frère de Jésus (Mt 12,46‐50). Fraternité réelle et profonde, qui 

permet au Ressuscité de désigner les disciples comme ses frères (Mt 28,10). 

"Je  vous  donne  un  commandement  nouveau:  aimez‐vous  les  uns  les  autres. Oui, 

comme  je  vous  ai  aimés,  vous  aussi,  aimez‐vous  les  uns  les  autres.  A  ceci  tous  vous 

reconnaîtront pour mes disciples: à cet amour que vous aurez les uns pour les autres."                     

(Jn 13,34‐35). 

Ce précepte est très ancien (Cf Lv 19,18). Et pourtant il est nouveau en ce sens que le 

Christ  a  commencé  à nous  aimer d'une  façon  nouvelle.  "La  Loi  prescrivait  d'aimer  le  frère 

comme  soi‐même; mais Notre‐Seigneur  Jésus‐Christ  nous  a  aimés  plus  que  lui‐même."  (S. 

Cyrille d'Alexandrie) 

 

 

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Jésus indique à la fois la mesure et le motif de notre charité fraternelle: une mesure 

infinie... La mort du Christ pour ses amis que l'on peut considérer comme la mesure visible de 

sa  charité,  n'est  au  fond  qu'une manifestation  de  la mesure  invisible  qui  se  perd  dans  les 

profondeurs insondables de la Très Sainte Trinité: "Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous 

ai aimés." (Jn 15,19) 

 

‐  un motif  surnaturel...  L'amour  du  Christ  nous  associe  à  la  tendresse  infinie  et 

ineffable  dont  les  divines  personnes  s'aiment  mutuellement.  Il  aurait  pu  formuler  le 

commandement nouveau de cette façon‐ci: "Aimez‐vous les uns les autres comme le Père m'a 

aimé";  ainsi  "vous  serez  parfaits  comme  votre  Père  céleste  est  parfait."  Car  la  perfection 

consiste surtout dans la CHARITE. Voici comment s'exprime S. Thomas: "On dit qu'un être est 

parfait  dans  la mesure  où  il  atteint  sa  fin  propre,  qui  est  sa  perfection  ultime. Or  c'est  la 

charité qui nous unit à Dieu, fin ultime de l'âme humaine. En effet: "Celui qui demeure dans la 

charité demeure en Dieu et Dieu en lui." (Jn 4,16). La perfection de la vie chrétienne tient donc 

spécialement à la charité." (S.T. II‐II 184,1). 

"C'est de Dieu  lui‐même que vous avez appris à vous aimer  les uns  les autres  !"  (I 

Thess 4,9). 

Les  papes  n'ont  pas  d'autres  enseignements:  "Plus  que  la  justice  et  que  la  vérité 

elle‐même,  l'amour  rendra  visible  la  vie  divine  qui  est  en  vous;  parce  que  vous  serez  une 

multitude  de  croyants, mais  vous  n'aurez  qu'un  seul  coeur  et  une  seule  âme,  vous  serez 

nombreux mais vous ne  formerez qu'un seul corps  (I Cor  10,17). On verra alors comme une 

merveilleuse  réalité,  ce que  Jésus  implora dans  sa prière  sacerdotale:  "Qu'ils  soient  tous un 

comme toi et moi, ô Père, nous ne sommes qu'une seule et même chose" (Jn  17,22). Alors  le 

christianisme  se  lèvera  irrésistiblement  comme  un  signe  parmi  les  nations,  comme  un 

flambeau  sur  la montagne. Et  les hommes  reconnaîtront dans  le Christ  l'envoyé du Père,  le 

Souverain absolu,  le  Juge et  le Législateur suprême. Ils chanteront du  fond de  l'âme: "Prince 

des siècles, Roi des nations, Roi des pensées et des coeurs, nous Vous acclamons comme notre 

unique arbitre, ô Christ ! " (Hymne du Christ‐Roi). Et avec la vérité, avec la vie, avec la justice 

et l’amour il y aura la paix !"  

(Pie XII Discours 'Nel darvi' 28 oct. 1956 ‐ Ed Cattin/Conus n°3666) 

 

 

 

CONCLUSION ‐ TOUT RESTAURER DANS LE CHRIST –  

 

La  formule  on  le  sait,  fut  la  devise  de  saint  Pie X:  "Tout  restaurer  dans  le Christ, 

écrivait‐il, et ramener les hommes à l'obéissance divine sont une seule et même chose. Et c'est 

pourquoi  le  but  vers  lequel  doivent  converger  tous  nos  efforts,  c'est  de  ramener  le  genre 

humain à l'empire du Christ. Cela fait, l'homme se trouvera, par là‐même, ramené à Dieu, Non 

pas,  voulons‐nous  dire,  à  Dieu  inerte  et  insoucieux  des  choses  humaines,  comme  les 

matérialistes  l'ont  forgé  dans  leurs  folles  rêveries,  mais  à  Dieu  vivant  et  vrai,  en  trois 

Personnes  dans  l'unité  de  nature,  auteur  du  monde,  étendant  à  toute  chose  son  infinie 

providence,  enfin,  législateur  très  juste  qui  punit  les  coupables  et  assure  aux  vertus  leurs 

récompenses." 

 

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I — 3 CONCLUSION

‐ Dieu est source et sommet de la vie sociale. 

Le  redressement  des  structures  économiques,  politiques  juridiques  et  sociales  passe  par  la 

dépendance du Christ car, en aucun autre n'est le salut. 

Pour  illustrer  tout  en  le  résumant  l'enseignement  contenu  dans  cette  première  partie  du 

document, nous emprunterons ce sermon du cardinal Pie, prononcé à Poitiers, le 25 novembre 

1873, 

"Le  monde moderne  met  un  certain  amour‐propre  à  proclamer  la  date  de  sa  naissance; 

volontiers  il  se dit  l'enfant de 89. Or, depuis cette époque, notre patrie a été constamment 

sous  l'empire d'une singulière affection morbide. (...) A partir de ce temps  la chose publique 

n'a pas discontinué de subir l'influence des lunaisons. Quel remède sera au mal ? Avant tout, 

le  miracle  de  la  délivrance  exige  des  conditions  chez  ceux  qui  le  réclament,  et  la  plus 

élémentaire comme la plus indispensable de ces conditions, c'est la foi. Génération incrédule 

et  infidèle,  (même quand)  tu demandes à  la  religion de  guérir  le malade  (la nation), de  le 

délivrer du mauvais esprit, tu ne crois pas, et tu ne veux pas affirmer ta foi en cette religion du 

Christ.  (...) Ne voyez‐vous pas, observe S.  Jérôme, que  "Jésus‐Christ agit comme  le médecin 

placé en face d'un malade qui se comporte au rebours de toutes ses prescriptions". En vérité, 

lui  dit‐il,  "jusqu'à  quand  vendrai‐je  perdre mon  temps  et  l'industrie  de mon  art  dans  ta 

maison, où Je commande une chose, et où tu n'omets Jamais d'en faire une autre ?" 

"Après  avoir  essayé  de  tout  le  reste  sans  succès,  si  les  politiques,  si  les  hommes  d'Etat  se 

déterminent à essayer de Jésus‐Christ, c'est à la condition expresse de ne point articuler la fol 

de  la  nation,  la  croyance  du  pays  à  sa  divinité  et  à  sa  puissance  surnaturelle. On  veut  la 

guérison sociale sans la profession de foi sociale. Or, à ce prix, Jésus‐Christ, tout‐puissant qu'il 

est, ne peut pas opérer notre délivrance; tout miséricordieux qu'il est, il ne peut pas exercer sa 

miséricorde. (...) Est‐ce bien à toi, peuple de France, qu'il faut demander si tu peux croire et si 

tu peux déclarer authentiquement ta croyance ? Toi dont le baptême est contemporain de ta 

naissance, toi le premier‐né de l'orthodoxie, toi dont le nom est devenu (...) synonyme du nom 

chrétien ? Et quel obstacle aurait donc pu survenir à cette profession ouverte de ta foi ? (...) 

Oui, sans blesser personne, (...) tu peux croire et proclamer ta croyance. Et, le pouvant, tu le 

dois. Et,  le  faisant,  il n'y a plus  rien d'Impossible pour  toi. La France  redevenue croyante, et 

reprenant dans le monde sa grande et noble mission, ce serait le signal d'une nouvelle série de 

gloires et de merveilles qui étonneraient la terre. Ah ! Si ce peuple allait verser les larmes qui 

Jaillirent des yeux de  l'homme de notre évangile  (Mt  17,18)  ! S'il allait dire à  Jésus:  "Je crois, 

Seigneur",  mais  après  un  siècle  (deux!)  et  plus,  d'orgies  intellectuelles,  de  perturbations 

sociales, ne vous offensez pas de la faiblesse et de l'imperfection de ma fol. Je crois, mais venez 

vous‐même au secours de mon incrédulité, et réparez dans ma croyance les brèches que tant 

de révolutions y ont faites. 

(...)  Ainsi  en  sera‐t‐il  de  notre  destinée.  Que  l'Influence  démoniaque,  que  l'esprit 

révolutionnaire  dont  la  société  est  travaillée,  soient  bannis  de  notre  régime  légal,  de  notre 

constitution publique,  la  convalescence est prochaine,  la guérison est assurée. Au  contraire, 

tant  que  le même  esprit  subsistera,  tous  les  expédients  de  nos  empiriques  avorteront:  les 

mêmes crises, les mêmes catastrophes, se reproduiront à des termes de plus en plus courts, et 

avec  des  symptômes  de  plus  en  plus  graves.  (Il  est  temps  que  nous  nous  interrogions 

nous‐mêmes...)  Car  enfin,  pourquoi  une  élite  si  considérable  (...)  n'apporte‐t‐elle  aux 

souffrances du pays qu'un remède si peu efficace ? Comment s'expliquer que tant de charité, 

tant  d'activité,  tant  de  dévouement  produisent  si  peu  d'effet  et  si  peu  de  fruit  quant  à 

l'amélioration de la chose publique. Et Jésus leur dit: "A cause de votre incrédulité".  

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Le grand mal de nos sociétés, c'est que dans l'ordre des choses publiques et sociales, les fidèles 

ont cru que, (...) on pouvait observer  la neutralité et  l'abstention, (...) comme si  Jésus‐Christ 

était non avenu ou avait disparu du monde." –  

 

Mgr Pie ‐ Oeuvres complètes ‐ (Ed. Oudin ‐ Paris 1886) ‐ (tome 8 p 16 ‐ 30) 

 

 

Nous  ne  pouvons  rester  inertes,  lorsque  nous  pensons  à  ces 

millions de frères et de soeurs qui vivent dans l'ignorance de Dieu ! 

C'est un monde nouveau qui se prépare... L'activité missionnaire en 

est seulement à ses débuts." 

 

Jean Paul II 

II — COMMENT AGIR ?

QUE FAIRE ? "Ce que firent Véronique et le Cyrénéen au passage du maître couvert 

de  sang...  D'abord  ne  pas  avoir  peur  !  Depuis  vingt  siècles  que  le mystère  se  renouvelle, 

comment serions‐nous excusables d'en paraître surpris seulement aujourd'hui ? Rester fermes 

dans la foi." Jean OUSSET ‐ PQR (Ed DMM 1986 ‐ p 552) 

1  ‐ PRIER  ‐ "Mais  il y a prier et prier, disait encore  le cardinal Pie, dans  le sermon cité plus 

haut. La vertu de  la prière  réside dans  la  foi qui  l'inspire. Si donc nous allions demander à 

Dieu  de  sauver  une  société  résolue  à  se  passer  de  lui,  à  contredire  ses  enseignements,  à 

méconnaître et à violer ses lois, notre prière resterait sans effet." 

Arrivé à cet endroit de nos considérations, nous demanderons à un des deux plus 

grands professeurs d'université des Etats‐Unis: John SENIOR, de prendre la parole. Nous allons 

donc citer des extraits de son livre: " The Restauration of Christian Culture " paru en Amérique en 1983 

et  publié  en  français  pour  la  première  fois  par  les  éditions  DMM  (Bouère  1991):  LA 

RESTAURATION DE LA CULTURE CHRETIENNE. 

"Quoi  que  nous  fassions  dans  l'ordre  politique  et  social,  l'assise  indispensable  de  notre 

oeuvre doit  être  la prière, au  coeur de  laquelle  se  trouve  le  saint‐sacrifice de  la messe, prière 

parfaite  du  Christ  lui‐même,  Prêtre  et  Victime,  où  le  sacrifice même  du  calvaire  est  rendu 

présent d'une manière non sanglante.  

 

Qu'est‐ce que la culture chrétienne ? Essentiellement, la messe. Je n'affirme pas là mon 

opinion, ni l'opinion ou la théorie ou le voeu de l'un ou de l'autre, j'indique le pivot de deux 

aille ans d'histoire. La chrétienté, ce que les naturalistes appellent la civilisation occidentale, 

c'est la messe avec tout l'appareil qui la protège et la favorise. Toute l'architecture, tout l'art, 

toutes les institutions politiques et sociales, toute l'économie, toutes les manières de vivre, de 

sentir et de penser des peuples,  leur musique et  leur  littérature  ‐  toutes ces  réalités, quand 

elles sont bonnes, ne sont que des moyens de favoriser et de protéger le saint‐sacrifice de la 

messe. Pour accomplir un sacrifice, il faut un autel, et au‐dessus de l'autel un toit pour le cas 

où il pleuvrait.  

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Là où repose le saint‐sacrement, nous édifions une petite Maison d'or, que surmonte une Tour d'ivoire, abri d'une cloche et centre d'un jardin fleuri de roses et de lys très purs, emblèmes de la Vierge Marie. Vierge qui a porté dans son sein le Corps et le Sang du Christ, Corps de son corps, Sang de son sang. Autour de l'église et du jardin où nous enterrons les fidèles défunts, vivent ceux qui s'en occupent, le curé, le sacristain et les religieux dont le travail est la prière et qui conservent le mystère de la foi au sein de ce tabernacle de musique et de paroles qu'est l'office divin. Et autour d'eux se rassemblent les fidèles qui participent au culte divin et se partagent les autres travaux nécessaires pour perpétuer et rendre passible le sacrifice: ils produisent la nourriture et confectionnent les vêtements, ils travaillent à instaurer et à sauvegarder la paix. Ainsi les générations à venir pourront‐elles vivre pour celui dont le sacrifice doit se poursuivre jusqu'à la consommation des siècles. 

Nous devons graver en nos coeurs cette loi fondamentale de l'économie chrétienne: la fin 

du  travail  n'est  pas  le  profit mais  la  prière,  et  aussi  cette  loi  fondamentale  de  l'éthique 

chrétienne: nous ne devons pas  vivre pour nous‐ même mais pour  le Christ.  (...)  Je  crains 

parfois  que  les  conservateurs,  et  non  les  seuls  libéraux,  ne  ressemblent  aux  pharisiens  ‐ 

catholiques, mais  absolument  et  froidement  déterminés  à  avoir  raison.  Alors  que  la  voie 

royale du Christ est une voie chevaleresque,  romanesque, pleine de  feu et de passion: nous 

chevauchons de  fougueux  pur‐sang  qui  galopent  joyeusement,  les naseaux  en  feu,  et nous 

lançons, dans un gai cliquetis d'armes, le cri de Roland et d'Olivier: MONTJOIE! Notre Eglise 

est l'Eglise de la passion..." (p 15‐16). 

Sur ce thème, cf. Pie XII Ail. du 20 fev. 1946 (Ed UTZ 1956, n°4296) 

 

FATIMA ‐ est reconnue par les Papes comme l'ultime message de salut de la chrétienté et des 

âmes. Voici comment Soeur Lucie, confidente du Coeur Immaculé, interprétait la volonté de 

Marie,  quelques  15  ans  après  les  apparitions:  "Que  l'on  récite  le  chapelet  tous  les  jours. 

Notre‐Dame a répété cela dans toutes ses apparitions, comme pour nous prémunir contre ces 

temps  de  désorientation  diabolique,  pour  que  nous  ne  nous  laissions  pas  tromper  par  de 

fausses  doctrines  et  que  par  le moyen  de  la  prière,  l'élévation  de  notre  âme  vers Dieu  ne 

s'amoindrisse pas." Et en 1970: "... La décadence qui existe dans le monde est sans nul doute la 

conséquence du manque d'esprit de prière. Ce fut en prévision de cette désorientation que la 

Vierge a recommandé avec tant d'insistance,  la récitation du chapelet. Et comme  le chapelet 

est, après  la  sainte  liturgie eucharistique  la prière  la plus propre à  conserver  la  foi dans  les 

âmes, le démon a déchaîné sa lutte contre lui. (...) Le Rosaire est l'arme la plus puissante pour 

nous défendre sur le champ de bataille. (...) Avec quelle insistance Notre‐Dame nous a‐t‐elle 

recommandé  la  prière  du  chapelet.  C'est  qu'elle  savait  déjà  que  devaient  venir  ces  temps 

durant  lesquels  le démon  et  ses partisans  combattraient  tant  cette prière pour  éloigner  les 

âmes de Dieu." 

On se  reportera avec  fruit, à  la  lecture du chapitre capital de  "POUR QU'IL REGNE", de 

Jean Ousset: Chap IV ‐ (Ed DMM 1986 p 520‐540) 

2 ‐ SE FORMER ET TRANSMETTRE ‐ Consulter: 

* PQR p 53‐58 

* Encyc. de Jean‐Paul II: La Mission du Christ Rédempteur (7 dec. 1990) 

* La bibliographie ci‐jointe. 

3 ‐ AGIR : LE PAPE ENVOIE EN MISSION. 

Pour  résumer, disons que cette Mission est  la Mission même du Christ  Jésus, envoyé  sur 

terre par son Père. Nous sommes enrôlés dans cette Mission par notre baptême en Jésus. Comme 

la sienne, elle est à la fois contemplative et active. C'est à dire que l'action extérieure s'appuie 

sur  la méditation des mystères du Christ:  "Je suis  la vigne, vous êtes  les sarments; sans moi 

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vous ne pouvez rien faire." Et: "Je ne fais rien que je ne vois faire à mon Père." "La volonté de 

mon Père est que vous portiez du fruit et que vous en partiez en abondance." 

 

C'est  ici  que  doit  se  faire  la  jonction  entre  une  oeuvre  civique  comme 

CHRETIENTE‐SOLIDARITE  et  une  oeuvre  d'apostolat  laïque  comme  PELERINAGE  DE 

CHRETIENTE. L'enseignement de Pie XII est très clair: 

 

"(...) depuis que l'humanité a apostasié progressivement la foi en J.C., de nombreux "maîtres" 

ont prétendu se substituer à Lui pour  l'instruire et  la guider; de nombreux "constructeurs" se 

sont  efforcés  de  lui  fournir  des  structures  nécessaires;  de  nombreux  médecins  se  sont 

employés à soigner ses maladies et ses plaies. Mais tous, à  la fin, se sont trouvés devant une 

humanité désorientée, égarée et malade. 

Il  convient donc d'amener  avec d'autant  plus de  sollicitude  les hommes à  se  persuader 

finalement que: "Vous n'avez qu'un seul Maître, le Christ." (Mt 23,2); et que c'est seulement en 

Lui  que  pourront  trouver  le  salut  le  monde  avec  ses  structures  et  les  hommes  avec  leurs 

problèmes: "En aucun autre n'est le salut (Ac 4,12) !" 

Un  tel  état de  choses  réclame  l'intervention  prompte  et  courageuse, non  seulement,  ‐ 

comme  c'est  évident  ‐,  de  l'Eglise  enseignante  et  hiérarchique,  mais  aussi  de  tous  les 

chrétiens  insérés dans  le corps  social. Il s'agit de souligner  la nécessité d'imprégner d'un 

sens chrétien tous les domaines de la vie humaine. Cela a toujours été la volonté du Christ, et 

c'est ce qu'attend une si grande partie de l'humanité, lasse de vivre dans les édifices croulants 

du monde d'aujourd'hui. 

Considérez donc, chers  fils,  votre  vocation. Apportez votre oeuvre en  tous  lieux et au 

milieu de toutes les catégories de personnes. 

On  ne  peut  certainement  dire  que,  comme  tels,  vous  soyez  appelés  à  l'apostolat 

proprement  dit.  Vous  êtes  des  citoyens  qui  voulez  vous  intéresser  plus  directement  à  la 

formation de meilleures structures économiques, politiques, juridiques et sociales. (...) 

Comme  citoyens  loyaux  et  actifs,  vous  visez  à  créer  chez  tous  une  conscience  civique 

droite,  qui  incite  chacun  de  vous  à  regarder  comme  siens  les  besoins  de  la  collectivité,  et  à 

s'employer afin que seuls des hommes d'une probité sans tache et d'une compétence éprouvée 

soient mis  en  condition  de  poser  sagement  et  de  résoudre  efficacement  les  problèmes  qui 

concernent la communauté nationale. Aussi vous appliquez‐vous en même temps à tenir éveillée 

l'opinion  publique,  afin  que  ceux  qui,  au  nom  du  peuple  font  les  lois  et  veillent  à  leur 

exécution, soient assistés et soutenus; et à ce que ne  leur manque point, si s'en présentait  la 

nécessité, la contribution d'une critique saine et constructive. 

En tant que militants chrétiens, vous considérez comme votre devoir de veiller à ce que rien ne 

vienne léser les intérêts légitimes de la vraie religion, de votre religion. Vous ne formez pas un 

parti politique; mais personne ne pourra vous dénier le droit de vous unir, de vous organiser et 

d'intervenir, par tous les moyens licites, afin que la législation sur la famille, les normes sur la 

plus juste distribution de la richesse et sur l'éducation de la jeunesse, de toutes dispositions qui 

touchent le domaine de la foi et de la morale, soient appliquées selon les postulats de la pensée 

chrétienne et de l'enseignement de l'Eglise." 

Pie XII 

All. aux comités civiques ‐ 12 avr. 1953 ‐ Ed Solesmes: "La paix intérieure" (1957) n° 1201‐1203 

CONCLUSION.  

"Une chrétienté se prépare par la croix et c'est par la croix qu'elle vit. Par ailleurs elle 

n'est  pas  éternelle;  c'est  une  phase  rapide.  Elle  est  ce  point‐limite,  rarement  atteint  et  vite 

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abandonné où  le scandale des mauvaises  institutions est enfin dépassé, et non point par une 

transformation idyllique du monde, mais par un effort héroïque dans un monde de péché. 

La royauté du Christ sur nos cités périssables ne les transforme pas en cités de tout repos. 

On peut même dire qu'elle  leur complique  l'existence parce qu'elle  leur demande une fidélité 

au droit naturel qui n'est jamais facile, et jamais acquise une fois pour toute." 

 

R.P. R‐Th. CALMEL  op  "Roger Thomas" Itinéraires n° 27 (p 75‐76) 

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BIBLIOGRAPHIE

1 — Textes généraux sur la doctrine sociale catholique :

Grégoire XVI : Enc Mirari vos (15 août 1832) 

Pie IX :    Enc Quanta cura (8 dec. 1864) 

Léon XIII :   Enc Immortale Dei (1 nov. 1885) 

      Enc Libertas (20 juin 1888) 

      Enc Sapientia (10 jan. 1890) 

Pie X :     Enc Communium rerum (21 avr. 1909) 

Pie XI :    Enc Ubi  arcano (23 dec. 1922) 

      Enc Quas  primas (11 dec. 1925) 

 Pie XII :    Enc Summi pontificatus (20 oct. 1939) 

      Message de Noël  1942 

RP. Argos  s.j. :   Catéchisme politique ‐ Ed de l'orme rond (Fontenay  1981) 

Rémy :   Catéchisme de la Patrie ‐ Ed France‐empire (Paris 1961) 

La Tour du Pin : Vers un ordre social chrétien Ré‐éd du Trident (Paris 1987) 

J. Ousset :   Pour qu'il règne ‐ Ed DMM (Bouère 1986) 

       A la semelle de nos  souliers  

      Réflexions sur les notions de Patrie‐Nation‐Etat 

A. de Lapasse :  De Babylone vers Rome ‐ Ed Ulysse (Bordeaux 1983) 

M. Clément :   Introduction  à la doctrine sociale catholique ‐ Ed Fides (Paris 1951) 

Dom Gérard Calvet : L'Eglise face aux Nations ‐Ed Cahiers du présent (Castres 1976) 

Card. Pie :   Oeuvres de Mgr l'évêque de Poitiers par Oudin (Poitiers  1865‐1894) 

Histoire du Cardinal Pie  par Mgr Baunard Ed Poussielgue (Paris 1886) 

La  doctrine politique et sociale du Cardinal Pie ‐ par E. Catta ‐ Ed NEL (Paris 1959) 

E. Marmy ‐ La communauté humaine ‐ Ed  St Paul (Fribourg 1949) 

  

Voir pour l'actualité :    ‐ Ed du  CLC ‐ 49, rue des Renaudes ‐ Paris XVII ‐ Ed de l'AFS ‐ 31, rue Rennequin ‐ Paris XVII 

  

J. Madiran :   Toute  son  oeuvre, parue dans la revue Itinéraires   

      et  aux éditions N.E.L. & Présent 

Le discours social de l'Eglise catholique ‐ par  le CERAS –  

      Ed Le Centurion  (Paris 1985/90) 

‐P. Hazard ‐ La crise de la conscience Européenne –  

      Ed Fayard (Paris  1989) 

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2 — Problèmes de l'amour, du mariage et de l'éducation :

Léon XIII :   Enc Arcanum (10 fév. 1880) 

Pie XI :    Enc Divini illius (31 déc. 1929) 

    Enc Casti connubii (31 déc. 1930) 

Pie XII :    Discours aux sages femmes (29 oct. 1951) 

Paul VI :    Humanae vitae (25 juil. 1968) 

Pour les enseignements pontificaux concernant le droit à la vie : 

      voir le vol .4 de la nouvelle édition des Enseignements des Papes (Solesmes 1981) 

RP. Bruguès  op. : Fécondation artificielle ‐ Ed Communio/Fayard  ‐ Paris 1989) 

G. Thibon :   Ce que Dieu a uni ‐ Ed Fayard (Paris 1962/87) 

Saint‐Chamas :  Amour, famille & christianisme Ed NEL (Paris 1957) 

I. Gobry :   Amour et mariage Ed Tequi  (S.‐Cénéré 1981)  

      à recommander à tous ceux qui  se préparent au mariage.   

3 — Problèmes du travail et de l'organisation économique sociale :

Léon XIII :   Enc Rerum novarum (15 mai 1890) sur la condition des ouvriers. 

Pie XI :    Enc Quadragesimo anno (15 mal 1931) sur la restauration de l'ordre social. 

      Enc Divini Redemptoris (19 mars 1937) contre le communisme athée. 

Pie XII :   Discours du 1er juin 1941 sur la question sociale, pour  le 50° anniversaire de   

      "Rerum novarum". 

Jean ‐ Paul II :  Enc Centesimus annus (1er mai 1991) 

Pie XII :  Discours du 13 juin 1943 aux travailleurs sur la question sociale. 

Discours du 1er sept. 1944 sur le relèvement du prolétariat. 

Discours du 11 mars 1945 sur les associations catholiques d'ouvriers. 

Discours du 25 Janv. 1946 sur l'entente entre patrons et ouvriers. 

Discours du 16 nov. 1946 sur la question agricole. 

Discours du 7 mars 1948 sur les principes chrétiens dans l'économie nationale. 

Discours du 2 oct. 1948 sur les finances publiques. 

Discours du 31 oct. 1948 sur les pivots d'un véritable renouveau social. 

Discours du 27 mars 1949 sur la valeur surnaturelle du travail. 

Discours du 7 mai 1949 sur les relations patronales‐ouvrières. 

Discours du 4 sept. 1949 aux catholiques allemands. 

Discours du 11 sept 1949 aux travailleurs belges. 

Discours du 3juin 1950 sur le chômage.  

En outre, il faut, parmi plusieurs dizaines, signaler les discours consacrés par le Pape pie XII :  

aux Instituteurs catholiques, le 4 nov. 1945;  aux universitaires catholiques, le 16 avr. 1949;  à la profession médicale, le 12 nov. 1944;  à la responsabilité du médecin, le 13 fév. 1945;  aux problèmes juridiques, le 6 nov. 1949; 

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aux règles objectives du droit, le 13 nov. 1949;  à la presse et à l'opinion publique, le 13 fév. 1950;  à l'art dramatique, le 26 août 1945;  à la mission de la radiodiffusion, le 5 sept. 1945;  etc... 

 

 

Xavier Vallat : La Croix, les Lys et la peine des hommes ‐ Ed Ulysse (Bordeaux 1982) – 

(édition originale : 1959)

4 — Les problèmes du gouvernement de la société c iv i le et de la paix internationale.

Léon XIII :   Enc Immortale Dei (1er nov. 1885), sur la constitution chrétienne des Etats. 

     Enc Libertas praestantissimum (20 juin 1888), sur la véritable définition de la  

     liberté. 

Pie XI :    Enc Mit brennender Sorge (14 mars 1937), contre la  conception totalitaire de  l'Etat. 

Pie XII :   Enc Summi pontificatus (20 oct. 1939), sur les conditions de l'ordre social. 

Message de Noël 1944 sur le problème de la démocratie. 

Message de Noël 1941 sur les conditions de la paix future. 

Message de Noël 1943 sur les douleurs de la guerre et de la paix. 

Enc Summi moeroris (19 juil‐ 1950), sur la paix mondiale. 

 

 

5 — Les problèmes de l’épanouissement de

la religion dans la vie sociale

 

Pie XII :   Enc Corpus Mysticum (29 juin 1943), sur le corps  mystique de Jésus‐Christ. 

     Enc Mediator Dei (20 nov. 1947), sur la Sainte Liturgie. 

 

Jean‐Paul II :   Enc Redemptoris missio (7 déc.1990), sur la nouvelle  évangélisation de la culture  

      et des communications sociales. 

Message social à la France, recueil des allocutions du Pape lors de son 1 1er voyage 

en France (1980) par J. Trémolet de Villers Ed Permanences ‐ 49, rue des 

Renaudes  Paris 17. 

 

Dom Gérard Calvet ‐ Demain, la chrétienté ‐ Ed Dismas (Belgique 1986) 

Tout l'héritage littéraire, artistique de la chrétienté occidentale depuis les Pères de l'Eglise jusqu'à 

nos jours.

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ANNEXES

DOCUMENTS

I - CONSECRATIONS INDIVIDUELLES A LA TRES SAINTE VIERGE MARIE

1. Pour préparer les consécrations individuelles à la Très Sainte Vierge Marie ................................................................................................ 64

2. Mémento guide .......................................................................................... 67 3. Consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse Incarnée,

par les mains de Marie ................................................................................. 68

I I - L A PENITENCE

1. Pour aider à recevoir le sacrement de pénitence .......................................... 69 2. La confession - Questions : Pourquoi se confesser ?

Faut-il se confesser souvent ? ..................................................................... 73

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POUR PREPARER LES CONSECRATIONS INDIVIDUELLES A LA TRES SAINTE VIERGE MARIE

POUR QUI ?

Bienheureuse Marie de Jésus Crucifié : Aux pieds de Marie, ma mère chérie, j'ai trouvé la vie. Vous tous qui souffrez, venez à Marie. Saint Bernard : A tous, elle ouvre le sein de la miséricorde pour que tous reçoivent de sa plénitude : le captif, la délivrance ; le malade, la guérison ; l'affligé, la consolation ; le pécheur, le pardon ; le juste, la grâce ; l'ange, la joie ; la Trinité toute entière enfin, la gloire, et le Fils, une chair humaine, de telle sorte que nul ne se dérobe à sa chaleur. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus : Ne

trouvant aucun secours sur la terre et près de mourir de douleur, je m'étais aussi tournée vers ma Mère du ciel, la priant de tout mon coeur d'avoir enfin pitié de moi. Saint Bernard : Souvenez-vous, ô très compatissante Reine, que jamais on n'a entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à vous ait été abandonné? Saint Bernard : La charité de Marie pour nous ne saurait être ni plus miséricordieuse ni plus efficace. La compassion surabonde en son coeur et se déverse, pour les soulager, sur toutes nos misères. Oui vraiment, elle est riche en puissance, elle est riche en pitié.

Saint Ephrem : Marie : hôtellerie des pêcheurs ; notre refuge dans le péril ; port des affligés. Bernardin de Bastis : O pécheur, qui que tu sois, ne perds point courage, mais recours avec assurance à notre auguste Reine.

Révélations à Sainte Brigitte : Si coupable que soit un homme, dès lors que, d'un coeur sincère, il se tourne vers moi, je suis prête à l'accueillir. Qu'importe le nombre de ses péchés !

Je ne regarde que sa bonne volonté présente. Je condescends volontiers à panser toutes ses plaies et à les guérir, car l'on m'appelle, et je le suis en effet, la Mère de miséricorde.

Saint Germain : Marie : le repos dans les angoisses du coeur. Saint Bonaventure : Marie : réconfort dans le malheur et consolation dans la souffrance. Saint Ignace, martyr : Marie : une citadelle imprenable, ouverte à ceux qui soutiennent les combats de la vie. Le pieux Louis de Blois : O ma Souveraine, lorsque je lutte, protégez-moi. Si je faiblis, fortifiez-moi. Saint Bernard : Dans les périls, dans les angoisses, dans les incertitudes, pense à Marie, appelle Marie... Si tu la suis, tu ne dévies pas ; si tu la pries, tu ne désespères pas ; si tu penses à elle, tu ne t'égares pas ; si elle te soutient, tu ne tombes pas ; sous sa protection, tu n'as pas peur ; sous sa conduite, tu ne t'épuises pas ; si elle t'est propice, tu parviens au but.

POURQUOI MARIE ?

Saint Bernard : Cherchez la grâce, mais cherchez-la par Marie. Saint Antonin : Prétendre aux grâces divines sans l'intercession de Marie, c'est tenter de voler sans ailes. Saint André de Crète : Notre très gracieuse Souveraine a coutume de donner beaucoup en échange des moindres hommages.

Saint Pierre Chrysologue : La Vierge a reçu la grâce pour nous donner le salut.

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Bernardin de Bastis : Marie est plus empressée à vous distribuer ses bienfaits et ses grâces que vous ne pouvez l'être à les recevoir. Saint Germain : Nul, ô Marie, ne se sauve que par vous ; personne n'est délivré du mal que par vous ; et par vous seulement les grâces de Dieu nous sont données. Saint Antonin : Marie est le trône où Dieu dispense toutes ses grâces. Saint Maximilien Kolbe : L'Immaculée doit conquérir pour Elle le monde entier, chaque âme en particulier et les rendre toutes à Dieu. Il faut donc la reconnaître comme elle est, en se soumettant à son règne plein de douceur. Saint Bernard : Nous avons besoin d'un médiateur pour aller au Christ rédempteur et nous n'en pouvons trouver de meilleur que Marie. Saint Bernard Marie : Voie royale du Sauveur. Char sur lequel nos âmes s'élèvent jusqu'à Dieu. Saint Maximilien Kolbe : Pratiquement, nous savons que les âmes qui se sont données à l'Immaculée complètement et sans limites, connaissent mieux le Seigneur Jésus et les mystères de Dieu. La Mère de Dieu ne peut conduire ailleurs qu'au Seigneur Jésus. Saint Jean-Marie Vianney : Marie est notre médiatrice. C'est elfe qui présente à son divin Fils toutes nos prières, nos larmes et nos gémissements. La dévotion à la Sainte Vierge est moelleuse, douce, nourrissante. - Innocent III : jamais personne ne vous invoqua sans être exaucé.

COMMENT ?

Saint Bonaventure : O douce, ô clémente, ô aimable et glorieuse Marie, on ne peut prononcer ou entendre votre nom sans que le coeur s'enflamme et votre souvenir ranime l'affection de ceux qui déjà vous aiment. Saint Maximilien Kolbe : Nous sommes re-nés dans le baptême qui enlève le péché. Nous renaissons sans cesse dans le sacrement de pénitence. Nous devons aller jusqu'à nous déifier et, à cet effet, nous avons le Très Saint Sacrement... Comment nous préparer à recevoir le plus possible de grâces ? Consacrons-nous à l'Immaculée ; qu'elle-même nous prépare, quelle reçoive

son Fils en nous. C'est le moyen le plus parfait et le plus cher à Jésus et il nous apporte les fruits les plus abondants. Pie XII : Auspicia quaedam : Nous désirons que, chaque fois que les circonstances opportunes le conseillent, l'on fasse cette consécration (au Coeur Immaculé de la Vierge Marie) dans les diocèses, dans les paroisses, mais aussi dans les familles ; et nous avons confiance que de cette consécration privée et publique sortiront en abondance les bienfaits et les faveurs célestes. Saint Maximilien Kolbe : L'idéal de notre perfection, c'est notre consécration à l'Immaculée toujours, de jour comme de nuit, afin que, par nous, mais elle par nous, souffre et agisse. Saint Maximilien Kolbe : C'est l'Immaculée seulement qui peut instruire chacun de nous à chaque moment, nous guider et nous attirer à elle pour que ce ne soit plus nous, mais elle qui vive en nous, comme Jésus vit en elle et le Père dans le Fils. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort :

Heureuse et mille fois heureuse est l'âme libérale qui se consacre à Jésus par Marie, en qualité d'esclave d'amour, après avoir secoué par le baptême l'esclavage tyrannique du démon ! Saint Louis-Maris Grignon de Montfort : La pratique essentielle de cette dévotion consiste à faire toutes ses actions avec Marie, c'est-à-dire prendre la Sainte Vierge pour le modèle accompli de tout ce qu'on doit faire. Saint Maximilien Kolbe : Toute la perfection pour procurer la gloire de Dieu repose sur le fait d'être instrument de l'Immaculée, d'être sa chose, sa propriété. Notre vie intérieure doit être telle que nous soyons instrument dans les mains de l'Immaculée, pour lui permettre de nous conduire en tout. En vérité, nous sommes très faibles et, très souvent, nous ressentons cette faiblesse, mais le seul moyen de nous en sortir, c'est notre consécration à l'Immaculée.

Saint Jean-Marie Vianney : Oh! Pères et mères, si, tous les matins, vous mettiez vos enfants sous la protection de la Sainte Vierge, elle prierait pour eux, elle les sauverait et vous aussi. Oh ! Comme le démon redoute la dévotion envers la Sainte Vierge.

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Pie XII - Consécration 8 décembre : Reine du Très Saint Rosaire, secours des chrétiens, refuge du genre humain, victorieuse de toutes les batailles de Dieu, nous voici prosternés suppliants au pied de votre trône dans la certitude de recevoir les grâces, l'aide et la protection opportune dans les calamités présentes, non en vertu de nos mérites dont nous ne saurions nous prévaloir, mais uniquement par l'effet de l'immense bonté de votre coeur maternel.

Consécration de la France par Louis XIII :

... Nous avons déclaré et déclarons que, prenant la Très Sainte et Très Glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état... la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume... UNE MISSION ?

Saint Maximilien Kolbe : Il faut conquérir l'univers et chaque âme en particulier, maintenant et à l'avenir, jusqu'à la fin du monde, à l'Immaculée et, par elle, au Coeur Sacré de Jésus.

Pie XII aux congrégations mariales : La

consécration à la Mère de Dieu, dans la congrégation mariale, est un don total de soi, pour la vie et pour l'éternité ; ce n'est pas un don de pure forme ou de sentiment, mais un don effectif accompli dans l'intensité de la vie chrétienne et mariale, dans la vie apostolique où il fait du congréganiste le ministre de Marie, et pour ainsi dire, ses mains visibles sur la terre par le débordement spontané d'une vie intérieure surabondante, qui se reverse en toutes les oeuvres extérieures d'une solide dévotion, en celle du culte, de la charité et du zèle.

CHARTRES ?

Lacordaire : Le rationaliste sourit, en voyant passer des files de gens qui redisent une même parole ; celui qui est éclairé d'une meilleure lumière comprend que l'amour n'a qu'un mot, et qu'en le disant toujours, il ne le répète jamais.

On peut consulter :

- Traité de la vraie dévotion à Marie, St L-M Grignon de Montfort, Editions de la Nouvelle Cité, Paris, 1989. - La doctrine mariale du Père Kolbe, Manteau, Bonamy, Editions P. Lethielleux. - Les gloires de Marie, St Alphonse de Liguori. - Ineffabilis Deus, Pie XII, 8 décembre 1954. - Redemptoris Mater, Jean-Paul II, mars 1987. - L'aqueduc ; Les louanges de la Vierge Marie, St Bernard, Editions du Seuil.

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MEMENTO-GUIDE QUESTIONS

I. Comment préparer les consécrations individuelles à la T.S. Vierge Marie ?

1) En lisant et méditant le « best-seller » de la dévotion à

Notre-Dame : Le Livre d'or de St Louis-Marie Grignon de Montfort, à commander dans l'édition de la Nouvelle Cité, Paris 1989.

2) Suivre dans le Livre d'or (édition citée) les 33 jours de préparation indiqués par le Saint de la Vendée, par exemple pendant le mois de mai et début juin.

3) Lire tous les ouvrages de St Maximilien Kolbe, apôtre de la consécration à l'Immaculée. Exemple : Entretiens spirituels inédits, Ed. Lethielleux (10 rue Cassette, 75006 Paris).

4) Relire les Appel de Chartres n°23-24. Les demander à « L'Appel de Chartres », 12 rue Calmels - 75018 Paris, avec un chèque de 20 F.

II. Quelle cérémonie, quel document, quel insigne marqueront ces consécrations ?

— Pas de cérémonie particulière. Je vous propose (une

possibilité parmi d'autres) de prononcer votre consécration le dimanche de Pentecôte devant le Saint Sacrement exposé à Epernon, ou à Chartres le lundi.

— Pas de document ni de formule imprimée. Je vous conseille celle de St Louis Marie Grignon de Montfort dans le Livre d'or (cité plus haut).

— Pas d'insigne. Il s'agit d'un engagement personnel sous le regard des anges.

III. A quoi nous engage cette consécration ?

A mieux vivre le grand engagement de notre baptême non seulement par une vie de prière et sacramentelle forte, mais aussi en étant les ardents missionnaires dont l'Eglise, la France et la Chrétienté ont tant besoin.

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CONSECRATION DE SOI-MEME A JESUS-CHRIST, LA SAGESSE INCARNEE

PAR LES MAINS DE MARIE O Sagesse éternelle et incarnée! ô très aimable et adorable Jésus, vrai Dieu et vrai homme.

Fils unique du Père éternel et de Marie toujours vierge! Je vous adore profondément dans le sein et les splendeurs de votre Père, pendant

l'éternité, et dans le sein virginal de Marie, votre très digne Mère, -dans le temps de votre incarnation.

Je vous rends grâces de ce que vous vous êtes anéanti vous-même en prenant la forme d'un esclave, pour me tirer du cruel esclavage du démon; je vous loue et glorifie de ce que vous avez bien voulu vous soumettre à Marie votre sainte Mère, en toutes choses, afin de me rendre, par elle, votre fidèle esclave.

Mais, hélas! ingrat et infidèle que je suis, je ne vous ai pas gardé les voeux et les promesses que je vous ai solennellement faits dans mon baptême: je n'ai point rempli mes obligations; je ne mérite pas d'être appelé votre enfant ni votre esclave, et comme il n'y a rien en moi qui ne mérite vos rebuts et votre colère, je n'ose plus par moi-même approcher de votre sainte et auguste Majesté.

C'est pourquoi j'ai recours à l'intercession et à la miséricorde de votre très sainte Mère, que vous m'avez donnée pour médiatrice auprès de vous; et c'est par son moyen que j'espère obtenir de vous la oontrition et le pardon de mes péchés, l'acquisition et la conservation de la Sagesse.

Je vous salue donc, ô Marie immaculée, tabernacle vivant de la Divinité, où la Sagesse éternelle cachée veut être adorée des anges et des hommes.

Je vous salue, ô Reine du ciel et de la terre, à l'empire de qui tout est soumis: tout ce qui est au-dessous de Dieu.

Je vous salue, ô refuge assuré des pécheurs, dont la miséricorde n'a manqué à personne. Exaucez les désirs que j'ai de la divine Sagesse, et recevez pour cela les voeux et les offres que ma bassesse vous présente.

Moi, N..., pécheur infidèle, je renouvelle et ratifie aujourd'hui, entre vos mains, les voeux de mon baptême: je renonce pour jamais à Satan, à ses pompes et à ses oeuvres, et je me donne tout entier à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée, pour porter ma croix à sa suite tous les jours de ma vie, et afin que je lui sois plus fidèle que je n'ai été jusqu'ici.

Je vous choisis aujourd'hui, en présence de toute la cour céleste, pour ma Mère et Maîtresse. Je vous livre et consacre, en qualité d'esclave, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi et de tout ce qui m'appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l'éternité.

Recevez, ô Vierge bénigne, cette petite offrande de mon esclavage, en l'honneur et union de la soumission que la Sagesse éternelle a bien voulu avoir à votre maternité, en hommage de la puissance que vous avez tous deux sur ce petit vermisseau et ce misérable pécheur, et en action de grâce (des privilèges) dont la Sainte Trinité vous a favorisée.

Je proteste que je veux désormais, comme votre véritable esclave, chercher votre honneur et vous obéir en toutes choses.

O Mère admirable, présentez-moi à votre cher Fils, en qualité d'esclave éternel, afin que, m'ayant racheté par vous, il me reçoive par vous.

O Mère de miséricorde, faites-moi la grâce d'obtenir la vraie Sagesse de Dieu et de me mettre, pour cela, au nombre de ceux que vous aimez, que vous enseignez, que vous conduisez, que vous nourissez et protégez comme vos enfants et vos esclaves.

O Vierge fidèle! Rendez-moi en toutes choses un si parfait disciple, imitateur et esclave de la Sagesse incarnée, Jésus-Christ votre Fils, que j'arrive, par votre intercession, à votre exemple, à la plénitude de son âge sur la terre et de sa gloire dans les cieux. Ainsi soit-il.

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POUR AIDER A RECEVOIR LE SACREMENT DE PENITENCE

LA PÉNITENCE 

J e  cro i s  à   l a   rémiss ion  des péchés .  

Cet  article  du  Crédo  nous  amène  au  centre  du mystère  chrétien: Jésus,  pour  faire  de  nous  des  fils  de  Dieu,  est  venu  nous  délivrer  de l'esclavage où Satan nous tenait enchaînés. Il s'est livré pour nos péchés. Sur  la  Croix,  sa  blessure  nous  a  guéris;  et  à  l'autel,  chaque  jour  sont prononcées les paroles de la Cène: « Voici le calice de mon sang, qui est versé pour la rémission des péchés ». 

Pur i f i é s  dans  son Sang .  

A vrai dire, c'est le baptême qui fait de nous des hommes nouveaux, et délivrés du mal. Nous sommes alors plongés dans  la mort du Christ, lavés dans  son Sang, morts  au péché  et  ressuscités  à une  vie nouvelle. Mais le démon expulsé revient à la charge avec sept autres démons plus puissants  que  lui;  et  souvent,  il  cherche  à  s'emparer  de  son  ancienne demeure. Il arrive que le nouvel état soit pire que le premier. Toutefois, il reste du  baptême  cette marque de  l'amour  premier  et  cette  source  en nous qui n'attend, pour  jaillir à nouveau, que  la  levée de ce qui  lui  fait obstacle. 

Le  médec in  pour l e s  malades .  

C'est  le sacrement de pénitence qui nous sauve, après  le baptême. Tertullien  l'appelait « La  seconde planche du  salut ». Par  la Pénitence, nous  revenons au Père qui attend  son  fils prodigue, au Christ médecin des âmes. Il n'est pas venu pour les bien‐portants, mais pour les malades. Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu, comme  le pasteur qui ramène sur ses épaules, avec amour, la brebis égarée. Et déjà dans le ciel, le  festin  s'apprête:  il  y  a  plus  de  joie  chez  les  anges  de Dieu  pour  un pécheur  qui  fait  pénitence,  que  pour  quatre‐  vingt‐dix‐neuf  justes  qui n'ont pas besoin de pénitence. 

Voic i   l e   t emps  du  Sa lu t .  

l'Église  renouvelle  chaque  année,  publiquement,  cet  appel  à  la pénitence. A la première annonce de Pâques, Elle invite tous ses fidèles à se  couvrir de  cendres  et à  se  reconnaître pécheurs. Tout au  long de  la sainte Quarantaine,  elle  nous  initie  à  la  lutte  contre  le  démon  et  les péchés: le jeûne, l'aumône, le dévouement sont autant de défis à l'esprit de  jouissance, d'avarice et d'égoïsme, qui se trouvent à  la racine de nos péchés;  et  s'il  n'existe  plus,  la  semaine  sainte,  de  cérémonie  publique pour la réconciliation des pénitents, c'est pour chacun de nous le temps de la confession pascale, le retour à la pureté baptismale. Mais  toute  l'année, toute  la vie, tant que dure  la  lutte, cette arme est à notre  disposition.  Comme  chaque  Messe,  chaque  confession  rend actuelle l'oeuvre de notre rédemption; et la confession fréquente permet de lutter bien plus efficacement contre le péché. 

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 Qu' i l s  so i ent  un  en  moi .  

Mais de  toutes  façons,  le  secret  et  l'intimité du  confessionnal ne doivent  pas  nous  faire  oublier  que  la  confession  nous  réconcilie  avec toute  l'Église. Comme  le marquaient  jadis  la mise à  l'écart et  le  renvoi des  pénitents,  nos  fautes,  en  même  temps  qu'elles  offensent  Dieu, atteignent  toute  la  communauté:  elles  nous  isolent  des  autres  et rompent  l'unité  voulue par  le Christ:  « Qu'ils  soient un  en moi  ;  elles diminuent  la  vitalité  spirituelle de  tout  le  corps mystique: un membre est‐il malade sans que tout  le corps souffre ? Ainsi,  lorsque  la nécessité de  nous  confesser  à  un  prêtre  nous  semblera  pénible,  nous  nous rappellerons que  le prêtre, qui  représente  le Christ,  représente aussi et par le fait même l'assemblée de nos frères. 

Les  actes  du  Sacrement .  

La  CONTRITION  est  le  sentiment  profond  de  notre  culpabilité devant Dieu, et le désir de revenir à Lui. 

La  CONFESSION  est  l'aveu  de  nos  fautes  fait  au  prêtre, représentant de Dieu et de l'assemblée chrétienne. 

L'ABSOLUTION est  la  sentence de pardon prononcée au nom de dieu et de l'Église. 

La PÉNITENCE imposée par le confesseur est à la fois réparation et exercice d'entraînement pour la lutte future. 

Alors   l e   Juge  s ' ass i é ra  à son t r ibuna l .  

Au terme de la lutte, l'épreuve finale sera le jugement. Le Seigneur, comme II est venu nous sauver, reviendra nous juger. Il prendra place à son  tribunal  et mettre  les  brebis  à  sa  droite  et  le  boucs  à  sa  gauche. Lorsque nous nous mettons à genoux au confessionnal, nous annonçons ce jugement, qui consommera l'avènement du Royaume de Dieu. Il n'est pas question alors de faire valoir nos mérites, mais seulement d'implorer la  miséricorde  du  juge  souverain.  Si  nous  Lui  crions:  «  Jugez‐moi, Seigneur  »  (comme  au  début  de  la  Messe),  c'est  pour  ajouter:  Kyrie e l e i son :   Seigneur,  ayez  pitié. C'est pourquoi,  le  sentiment du pécheur qui comparaît au tribunal de la pénitence, est plutôt la confiance que la crainte. 

CONSEILS PRATIQUES   Respec te r   l ' a c t ion  de  Dieu .  

Le  confessionnal n'est pas un  exercice d'hygiène  spirituelle, ni  le calcul d'un bilan moral. Il ne s'agit pas de pratiquer l'adage des païens: « connais‐toi  toi‐même  ».  Elle  n'est  pas  non‐plus  une  confidence  qui soulage,  ni  une  consultation  auprès  d'un maître  en  sainteté.  C'est  un sacrement ,  une rencontre avec Dieu, avec le Sauveur. « Si le Christ n'est pas ressuscité, disait St Paul, vous êtes encore dans vos péchés ».    

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Si ce n'est pas le Sang du Christ qui nous lave, la confession est de  nulle efficacité; Par conséquent: Il faut toujours garder un temps de prière avant la confession, se mettre en présence de Dieu, se préparer à reconnaître le Christ dans le prêtre. Il est bon de garder l'usage des formules qui donnent à notre démarche son caractère religieux, le con f i t eor  surtout. S'il est impossible de le dire au cours de la confession, pourquoi ne pas le dire immédiatement avant? On est toujours libre de choisir son confesseur. En cas de faute grave, il ne faut pas attendre que notre confesseur ordinaire soit disponible. Tout prêtre muni des pouvoirs est le représentant du Christ. 

Préparer  nos  coeurs  à   l a  grâce .  

L'action divine ne  s'exerce pas  sans notre concours, à  la manière d'un mécanisme automatique. La grâce de Dieu nous pousse d'abord à préparer  nos  coeurs  par  la  contrition,  ce  retournement  que  la  Bible appelle « Pénitence ».Ensuite, elle  transforme nos âmes:  si nous avons commis le péché mortel, elle nous rend la vie. Si nous sommes encore en grâce, elle produit dans nos âmes une augmentation de foi, d'espérance, de charité, et de toutes les vertus, bref, un progrès dans la vie spirituelle et morale. Nous devons donc accueillir cette grâce de pénitence et  ses fruits de progrès, et faire tout ce qui dépend de nous, pour que la grâce de Dieu en nous ne soit pas vaine. 

A  cet  égard,  rien  n'est  plus  dommageable  qu'un  accusation routinière: accuser toujours les même fautes, d'une accusation générale; en mettant  tout  sur  le même  plan,  fautes  graves  et  peccadilles;  en ne regardant  que  les  fautes  légales,  prières  manquées  et  abstinence  du vendredi; en négligeant l'amour de Dieu et du prochain. 

Voici quelques conseils qui permettent une meilleure accusation : 

- Il est obligatoire de dire  toutes  les  f autes   graves .  Mieux vaut les mettre au début de son accusation, plutôt que de les noyer au milieu du  reste.  La  contrition  porte  ainsi  particulièrement  sur  les  points importants. 

- Il est  impossible d'accuser toutes  les  f autes  vén ie l l e s .  On peut faire  occasionnellement,  par  exemple  à  Pâques,  une  confession  plus générale,  qui  essaie  d'embrasser  la  totalité  de  la  vie.  Mais  pour  la confession  fréquente,  le  seul moyen  d'éviter  la  routine  est  de  choisir, sans pour cela négliger l'amour de Dieu, ni celui du prochain, ni le devoir d'état. Un bonne accusation porte sur ces trois points, où nous péchons tous "sept fois par jours". 

- Il faut accuser des actes ,  non des tendances, qui ne dépendent pas de notre volonté. Les  tendances, ou défauts,  sont vagues,  les actes sont précis et  circonstanciés. Ne dites pas  "je  suis paresseux" ni même "j'ai été paresseux", mais dites: "j'ai négligé de rendre service à la maison pour rester couché une heure de plus". Quant aux  tendances, elles apparaissent  justement dans  l'intention des actes:  "j'ai  critiqué  la  toilette  d'une  collègue  parce‐que  j'en  étais jalouse". 

   

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- Indiquer s'il s'agissait d'une faute de surprise, de rechute, d'une habitude; si vous faites des efforts pour vous en corriger. Plus encore que le nombre de fautes, dites si vous êtes en progrès ou en r ecu l .  Le sens de la marche importe plus que l'endroit précis où l'on se trouve. 

l'Église demande le "ferme propos", qui n'est pas l'engagement de  ne  plus  commettre  tel  péché, mais  la  f e rme   vo lonté   de  faire  des efforts pour se corriger. Préciser votre  ferme propos en une  réso lu t ion  concrè te :  la plus précise est la meilleure. On peut la mentionner dans la confession  suivante,  rendre  compte des  échecs  et des  succès. On peut aussi demander une pénitence qui s'y rapporte. 

- Ceux qui "n'ont rien à dire"  feront bien de penser que Dieu ne nous demande pas  seulement d'éviter  le mal, mais de  faire  le bien, de L'aimer  et  d'aimer  son  prochain.  L'amour  est  infini,  jamais  l'on  aime assez. Ils pourront, en lisant les questionnaires ci‐dessous, s'attarder aux questions  positives  qui  soulignent  les  f autes   d 'omiss ion :   ai‐je  rendu heureux ceux avec qui je vis ? Ai‐je cherché à les aider, à les comprendre, etc. ? 

- Il  sera bien plus  facile de  faire de  la  confession un moyen de progrès  spirituel,  si  l'on  s'adresse  régulièrement au même con fesseur :  il nous  connait,  avec  nos  difficultés  et  nos  ressources;  il  peut  nous conseiller et nous stimuler.

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La confession

Questions : Pourquoi se confesser ? Faut-il se confesser souvent ?

• Me confesser parce que j'ai péché et que j'ai confiance dans la miséricorde de Dieu. Nous avons tous péché. « Si nous disons : "Nous n'avons pas de péché", affirme saint Jean, nous nous abusons et la vérité n'est pas en nous » (1ère épître, I,8). Et notre Sauveur a institué le Sacrement de pénitence pour nous donner son pardon et réparer en notre âme les dramatiques conséquences du péché ! Parle péché, nous avons préféré notre plaisir immédiat ou notre volonté propre à la volonté et à la loi de Dieu ; nous avons opposé un refus à Dieu comme s'il n'était pas notre Créateur, comme si sa volonté n'était pas remplie d'amour pour nous. Tout péché est une plongée dans les ténèbres où l'homme ne veut plus regarder qui est Dieu. Dans un péché grave, la vie d'amitié avec Dieu, reçue au Baptême, est brisée en nous ; et une blessure est portée au Corps Mystique qu'est l'Eglise. Alors tout est-il perdu pour le pécheur ? Non, car l'amour miséricordieux du Christ le poursuit. Jésus attend notre repentir pour nous donner son pardon. N'oublions pas : Il est mort sur la Croix pour cela... Il me suffit de dire oui, de regretter la folie de mes péchés et de me présenter au tribunal de miséricorde qu'est le sacrement de pénitence.

• Me confesser pour répondre à l'appel de Notre-Dame. Marie, parce qu'elle est notre Mère, nous attend aussi. Elle est plus intéressée que quiconque à ce que je dise oui. C'est pourquoi, à Lourdes, à Fatima et ailleurs, elle réclame toujours la pénitence en même temps que la prière. La pénitence est ce mouvement profond de notre être qui se détourne du péché pour se porter vers son fils, le Roi d'Amour. Quel plus bel acte d'amour peut lui offrir une âme repentante ? « Quand on va se confesser, disait le Curé d'Ars, il faut comprendre ce que l'on fait : on peut dire qu'on va déclouer Notre Seigneur. »

• Me confesser pour renaître à la vie éternelle. Le pardon de Dieu est efficace. Le Curé d'Ars disait encore : « Le Bon Dieu, au moment de l'absolution, jette nos péchés derrière les épaules, c'est-à-dire il les oublie, il les anéantit, ils ne réapparaîtront jamais plus. « Votre âme, nous dit-il, serait noire comme le charbon, rouge comme l'écarlate, par l'absolution je la rendrai blanche comme la neige ». Voyez, mes enfants, la grande bonté de Dieu pour les pécheurs ! » Et de ce pécheur, Dieu fait à nouveau son ami. Dans le confessionnal, il se passe quelque chose de plus prodigieux que ne le fut la création du ciel et de la terre : l'homme contrit et repentant reçoit la vie d'enfant de Dieu. Le voilà devenu frère du Christ, ami de Dieu, temple du Saint-Esprit ! Réconcilié aussi avec l'Eglise, il appartient pleinement, par la charité, à la communauté ecclésiale.

• Me confesser souvent pour devenir un saint, car c'est là la grande affaire de ma vie chrétienne. Sacrement du pardon, la pénitence est encore le sacrement de la libération. Car le seul esclavage qui étreint totalement une vie humaine est celui du

péché. Lors de l'absolution, le Précieux Sang qui coule mystiquement sur notre être, le purifie des péchés véniels comme des péchés mortels. Il arrache les habitudes vicieuses ancrées en nous. Il nous affermit dans la pratique des commandements de Dieu. Comprenons bien que ce sacrement de la tendresse divine comporte une grâce propre de libération que ne confère aucun autre sacrement, pas même l'Eucharistie dans la Communion. Combien de pénitents n'ont trouvé qu'en sa réception fréquente les forces nécessaires pour sortir de rechutes continuelles dans un péché grave ! Chaque confession affaiblit le règne du péché en nous et nous établit dans la vertu ; elle nous rend « morts au péché et vivants en Dieu » (Romains, VI, 2). C'est pourquoi les papes ne cessent de nous inciter à recevoir souvent ce sacrement. Pie XII le faisait en montrant tous ses bienfaits. « Nous tenons à recommander vivement la confession fréquente, introduite par l'Eglise, sous l'impulsion de l'Esprit Saint ; elle augmente la vraie connaissance de soi, favorise l'humilité chrétienne, tend à déraciner les mauvaises habitudes, combat la négligence spirituelle et la tiédeur, purifie la conscience, fortifie la volonté, se prête à la direction spirituelle, et, par l'effet propre du sacrement, augmente la grâce » (Enc. Mystici Corporis Christi).

• Me confesser pour rencontrer le Christ. Le prêtre, au confessionnal, est le ministre de Dieu. Loin d'être une « machine d'absolution », il est pour chaque fidèle un père, un maître et un juge de la part de Dieu. Comme père, le prêtre nous accueille comme l'Enfant prodigue ; comme juge, il nous place devant la vérité de notre situation face à l'amour de Dieu, et enfin, comme maître, il a charge de nous stimuler et de nous guider au nom du Christ sur les voies de la sainteté. Ainsi cette « démarche libératrice et éducatrice permet à chacun de réorienter concrètement sa propre vie vers Dieu » (Jean Paul II, 1-IV-82).

• Et les absolutions collectives ? Comme elles ne permettent pas la rencontre personnelle avec le prêtre, père, maître et juge, elles ne peuvent être données que « dans des circonstances exceptionnelles qui relèvent de l'impossibilité physique ou morale, dans des cas de graves nécessités » (Jean Paul II, l-IV-82). « La confession individuelle et intégrale constitue l'unique moyen ordinaire qui permet au fidèle, conscient de péché grave, d'être réconcilié avec Dieu et avec l'Eglise. Tout péché grave doit être toujours avoué, avec ses circonstances déterminantes, dans une confession individuelle » (Exhortation apostolique Reconciliatio et Paenitentia, 2-XII-84).C'est pourquoi, après une absolution collective, demeure l'obligation de confesser individuellement les péchés graves le plus tôt possible. « Les pasteurs gardent l'obligation de faciliter aux fidèles la pratique de la confession intégrale et individuelle des péchés : elle constitue pour les chrétiens non seulement un devoir mais aussi un droit inviolable et inaliénable, en plus d'un besoin spirituel » (ibid.).

R-P- Bernard Marie

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