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Les véhicules de transport d’hydrogène ont une capacité de stockage généralement comprise entre 100 et 300 kg. Les usines de chargement, qui fonctionnent sous le contrôle de techniciens experts, sont équipées de compresseurs dotés d’une capacité de 50 à 100 kg par heure. Pour remplir votre véhicule de transport d’hydrogène, vous devrez déposer votre châssis de stockage sur un poste de chargement et le reprendre plusieurs jours après : 1 à 3 jours sont nécessaires au remplissage d’un véhicule, dont une demi-journée pour la phase de remplissage. Les autres délais sont ceux de positionnement sur le site, contrôle sécurité pré et post remplissage et temps d’attente. Le transfert d’hydrogène d’un réservoir à un autre nécessite des compresseurs difficiles d’emploi : ils sont énergivores, lourds, complexes et sensibles aux agressions extérieures (pluie, vibrations, chocs…). Pour des raisons techniques et économiques, et en l’état actuel de nos technologies, il est impossible d’installer un compresseur de transfert sur les véhicules de transport d’hydrogène, et d’envisager d’installer un compresseur d’hydrogène sur chaque point de consommation (raison de sécurité). Une solution : « déposer » votre châssis de transport sur le point de consommation. L’hydrogène comprimé est stocké et transporté essentiellement sous forme comprimée dans des bouteilles acier, à 200 bar de pression. Plus rarement, il est stocké / transporté en bouteilles acier renforcé de fibre de carbone, voire même en bouteilles « plastique » garnies de fibre de carbone. Dans ces rares cas, les pressions peuvent atteindre 700 bar. A l’inverse, le chargement d’un véhicule de transport d'énergie liquide est une opération rapide. Un chauffeur mettra généralement 2 heures entre le moment où il arrive dans l’usine avec un stockage vide et le moment où il repart à plein. La figure 2 démontre que contrairement à l’hydrogène, le GNL nécessite seulement 3 postes de chargement (contre 18 pour l’hydrogène !), réduisant considérablement le coût de stockage, et les frais de maintenance qui y sont liés. PARTICULARITÉS DE LA CHAINE LOGISTIQUE DE L’HYDROGÈNE La question du chargement des véhicules de transport d'hydrogène La chaîne logistique de l’hydrogène comprimé est organisée en râteau, alors que celle des énergies liquides est organisée en étoile. Cette différence explique en partie le coût élevé du transport de l’hydrogène. La question du déchargement Figure 1 - Grand centre de production et de conditionnement d'hydrogène A l’inverse, le déchargement d’un véhicule d’énergie liquide est une opération rapide et sûre, de moins de 2 heures. Les pompes de transfert sont petites, fiables et bon marché : facile d’en mettre sur un véhicule ou sur un point de consommation. Sur la figure 1, on visualise le nombre élevé de postes de remplissage, accentuant le fait que le transport d’hydrogène nécessite un matériel de stockage et de transport en très grand nombre, qui entraine inévitablement des coûts de stockage élevés. Figure 2 - Grand centre de stockage et de distribution d'hydrogène Pierre FIAT [email protected]

Chaine logistique de l'H2

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Page 1: Chaine logistique de l'H2

Les véhicules de transport d’hydrogène ont une capacité destockage généralement comprise entre 100 et 300 kg. Lesusines de chargement, qui fonctionnent sous le contrôle detechniciens experts, sont équipées de compresseurs dotésd’une capacité de 50 à 100 kg par heure. Pour remplir votrevéhicule de transport d’hydrogène, vous devrez déposer votrechâssis de stockage sur un poste de chargement et le reprendreplusieurs jours après : 1 à 3 jours sont nécessaires auremplissage d’un véhicule, dont une demi-journée pour laphase de remplissage. Les autres délais sont ceux depositionnement sur le site, contrôle sécurité pré et postremplissage et temps d’attente.

Le transfert d’hydrogène d’un réservoir à un autre nécessite des compresseurs difficiles d’emploi :ils sont énergivores, lourds, complexes et sensibles aux agressions extérieures (pluie, vibrations,chocs…). Pour des raisons techniques et économiques, et en l’état actuel de nos technologies, il estimpossible d’installer un compresseur de transfert sur les véhicules de transport d’hydrogène, etd’envisager d’installer un compresseur d’hydrogène sur chaque point de consommation (raison desécurité). Une solution : « déposer » votre châssis de transport sur le point de consommation.

L’hydrogène comprimé est stocké et transporté essentiellement sous forme comprimée dans des bouteilles acier, à 200 bar depression. Plus rarement, il est stocké / transporté en bouteilles acier renforcé de fibre de carbone, voire même en bouteilles «plastique » garnies de fibre de carbone. Dans ces rares cas, les pressions peuvent atteindre 700 bar.

A l’inverse, le chargement d’un véhicule de transportd'énergie liquide est une opération rapide. Un chauffeurmettra généralement 2 heures entre le moment où il arrivedans l’usine avec un stockage vide et le moment où il repartà plein. La figure 2 démontre que contrairement àl’hydrogène, le GNL nécessite seulement 3 postes dechargement (contre 18 pour l’hydrogène !), réduisantconsidérablement le coût de stockage, et les frais demaintenance qui y sont liés.

PARTICULARITÉS DE LA CHAINE LOGISTIQUE DE L’HYDROGÈNE

La question du chargement des véhicules de transport d'hydrogène

La chaîne logistique de l’hydrogène comprimé est organisée en râteau, alors que celle des énergies liquides est organisée enétoile. Cette différence explique en partie le coût élevé du transport de l’hydrogène.

La question du déchargement

Figure 1 - Grand centre de production et de conditionnement d'hydrogène

A l’inverse, le déchargement d’un véhicule d’énergie liquide est une opération rapide et sûre, de moins de 2 heures. Lespompes de transfert sont petites, fiables et bon marché : facile d’en mettre sur un véhicule ou sur un point de consommation.

Sur la figure 1, on visualise le nombre élevé de postes de remplissage, accentuant le fait que le transport d’hydrogène nécessiteun matériel de stockage et de transport en très grand nombre, qui entraine inévitablement des coûts de stockage élevés.

Figure 2 - Grand centre de stockage et de distribution d'hydrogène

Pierre [email protected]

Page 2: Chaine logistique de l'H2

Les nouveaux stockages « fibre de carbone » permettent de stocker et transporter environ 2 fois plus d’hydrogène à chaquerotation. Les frais variables de transport diminuent d’autant. Mais il vous faudra toujours 3 véhicules : un au remplissage, un autransport et un au point de consommation. Les nouveaux véhicules « fibre de carbone » ne réduisent pas les frais fixes, ils lesaugmentent significativement, ces équipements étant 2 à 4 fois plus chers que les véhicules acier. C’est pourquoi en Europe,plus de 95 % des transports d’hydrogène comprimé se fait toujours en véhicule acier. Etant donné le nombre élevé de stockagepropre à la chaîne logistique hydrogène, il vaut mieux exploiter des véhicules faible capacité et faible coût.

La plupart des points de consommations ne peuvent se permettreune rupture d’approvisionnement : c’est pourquoi ils sont équipésde deux véhicules de stockage. Le premier alimente en hydrogène lepoint de consommation, pendant que le second, plein, est connectéet en attente. Un système simple et fiable se déclenche lorsque lepremier se vide et met en route le véhicule en attente. Ce systèmede roulement laisse le temps au véhicule de stockage de retournerau centre de production avec le réservoir vide pour en remplir soncontenu pendant que l’autre se décharge, et ainsi de suite. Ledocument ci-contre montre bien les deux remorques, une endéchargement et une en attente.

Certains points de consommations très sensibles à lacontinuité de fourniture exigent même 3 véhicules : un enservice, un second connecté en attente, et un troisième ensecours en cas de surconsommation, problème detransport, problème d’approvisionnement...

A l’inverse, la capacité de transfert des énergies liquides fait de leur chaînelogistique une organisation en étoile, économe en moyens de stockage et detransport : un grand réservoir alimente un nombre raisonnable de véhicules detransport qui approvisionnent un nombre élevé de points de consommation.

La question de la continuité de fourniture

Les technologies à très haute pression, une solution en trompe l’œil

L’organisation logistique de l’hydrogène est organisée en râteau : il faut unnombre élevé de véhicules de transport pour approvisionner un nombre toutaussi élevé de points de consommation.

Hydrogène, une organisation logistique différente des autres énergies

Pierre [email protected]