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Changement social et économie solidaire : les événements dans le processus de recherche L’économie solidaire propose une définition du changement social qui tranche avec la manière dont celui-ci a été majoritairement pensé au xx e siècle et qui appelle une mise en perspective avec les approches du même concept par la psychosociologie. En préambule à un tel échange, il s’agit ici de retracer la genèse de la théorisation d’économie solidaire à partir d’événements définis au sens de ce numéro, c’est-à-dire des ruptures qui modifient la réflexion par leur surgissement inattendu. Les bifurcations que celles-ci entraînent peuvent être rapportées à ce que Boaventura de Sousa Santos (2011) désigne par la sociologie des absences et des émergences. La sociologie des absences « vise à montrer que ce qui n’existe pas est en fait activement produit comme non existant » (Sousa Santos, 2011, p. 34). La non- existence prend la forme de ce qui est ignoré, tenu pour rétrograde, inférieur, local et particulier, improductif et stérile. La sociologie des émergences « consiste à remplacer ce que le temps linéaire présente comme le vide du futur par des possibilités plurielles et concrètes, qui sont à la fois utopiques et réalistes ». Elle « étend le présent en ajoutant à la réalité existante les possibilités futures et les espoirs que ces possibilités suscitent, elle remplace l’idée mécanique de détermination par l’idée axiologique de soin (care) » (ibid., p. 36-37). Le premier événement abordé dans la partie initiale de ce texte résulte de la confrontation avec l’expérience d’autogestion yougoslave, perçue à l’époque comme alternative au dépérissement bureaucratique des pays communistes sous l’emprise soviétique. Ce qu’un séjour de deux ans rend évident, c’est la distance entre ce qui est vécu et la rhétorique autogestionnaire du pouvoir. Dans son ressaisissement, cette prise de conscience de l’écart entre le discours officiel et la réalité quotidienne ouvre sur la déconstruction de ce récit révolutionnaire tant prisé par les intellectuels du xx e siècle. En Yougoslavie et ailleurs, les prises de position des élites en faveur des solutions radicales cachent l’absence d’un peuple réduit au silence ou à l’acclamation des leaders. Le volontarisme politique débouche sur une négation des expériences locales ordinaires qui sont ignorées ou combattues quand elles ne correspondent pas au projet de l’autorité centrale. Cette révélation conduit à se tourner vers un changement plus graduel dans ce siècle marqué par la polémique entre révolution et réforme, initiée par Eduard Bernstein et Rosa Luxemburg. Mais les années 1970 sont celles de l’essoufflement des stratégies réformistes, qu’il s’agisse de la social-démocratie ou de l’économie sociale. La deuxième partie de cette contribution est consacrée aux déceptions générées par les limites de ces approches du changement social. Les deux dernières parties sont centrées sur le second événement générateur de l’économie solidaire comme tentative de théorisation d’une voie pour le changement social. Cet événement n’est pas de l’ordre de la révélation des absences, mais de la mise en évidence des émergences : l’insistance des initiatives citoyennes prend sens par rapport à deux courants théoriques, l’un avec Mauss et Polanyi mettant l’accent sur la pluralité de l’économie, l’autre avec Habermas et Fraser mettant l’accent sur la pluralité du politique. Dès lors, ce qui fait événement dans ces émergences est indissociable du travail d’élaboration qu’elles engendrent pour articuler deux approches auparavant séparées.

Changement Social Et Économie Solidaire

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  • Changement social et conomie solidaire : les vnements dans le processus de recherche

    Lconomie solidaire propose une dfinition du changement social qui tranche avec la manire dont celui-ci a t majoritairement pens au xxe sicle et qui appelle une mise en

    perspective avec les approches du mme concept par la psychosociologie. En prambule un

    tel change, il sagit ici de retracer la gense de la thorisation dconomie solidaire partir dvnements dfinis au sens de ce numro, cest--dire des ruptures qui modifient la rflexion par leur surgissement inattendu. Les bifurcations que celles-ci entranent peuvent

    tre rapportes ce que Boaventura de Sousa Santos (2011) dsigne par la sociologie des

    absences et des mergences. La sociologie des absences vise montrer que ce qui nexiste pas est en fait activement produit comme non existant (Sousa Santos, 2011, p. 34). La non-

    existence prend la forme de ce qui est ignor, tenu pour rtrograde, infrieur, local et

    particulier, improductif et strile. La sociologie des mergences consiste remplacer ce que

    le temps linaire prsente comme le vide du futur par des possibilits plurielles et concrtes,

    qui sont la fois utopiques et ralistes . Elle tend le prsent en ajoutant la ralit

    existante les possibilits futures et les espoirs que ces possibilits suscitent, elle remplace

    lide mcanique de dtermination par lide axiologique de soin (care) (ibid., p. 36-37).

    Le premier vnement abord dans la partie initiale de ce texte rsulte de la confrontation

    avec lexprience dautogestion yougoslave, perue lpoque comme alternative au dprissement bureaucratique des pays communistes sous lemprise sovitique. Ce quun sjour de deux ans rend vident, cest la distance entre ce qui est vcu et la rhtorique autogestionnaire du pouvoir. Dans son ressaisissement, cette prise de conscience de lcart entre le discours officiel et la ralit quotidienne ouvre sur la dconstruction de ce rcit

    rvolutionnaire tant pris par les intellectuels du xxe sicle. En Yougoslavie et ailleurs, les

    prises de position des lites en faveur des solutions radicales cachent labsence dun peuple rduit au silence ou lacclamation des leaders. Le volontarisme politique dbouche sur une ngation des expriences locales ordinaires qui sont ignores ou combattues quand elles ne

    correspondent pas au projet de lautorit centrale. Cette rvlation conduit se tourner vers un changement plus graduel dans ce sicle marqu par la polmique entre rvolution et rforme,

    initie par Eduard Bernstein et Rosa Luxemburg. Mais les annes 1970 sont celles de

    lessoufflement des stratgies rformistes, quil sagisse de la social-dmocratie ou de lconomie sociale. La deuxime partie de cette contribution est consacre aux dceptions gnres par les limites de ces approches du changement social.

    Les deux dernires parties sont centres sur le second vnement gnrateur de lconomie solidaire comme tentative de thorisation dune voie pour le changement social. Cet vnement nest pas de lordre de la rvlation des absences, mais de la mise en vidence des mergences : linsistance des initiatives citoyennes prend sens par rapport deux courants thoriques, lun avec Mauss et Polanyi mettant laccent sur la pluralit de lconomie, lautre avec Habermas et Fraser mettant laccent sur la pluralit du politique. Ds lors, ce qui fait vnement dans ces mergences est indissociable du travail dlaboration quelles engendrent pour articuler deux approches auparavant spares.

  • Lconomie solidaire propose donc une acception du changement social qui se dmarque de celles qui ont domin le xxe sicle un moment o la recherche des modalits appropries de

    dmocratisation simpose avec laccentuation des ingalits sociales, les drglements des quilibres cologiques et les menaces de rgression autoritaire.

    Les illusions rvolutionnaires : lvnement yougoslave

    Le xxe sicle a t marqu par la tentative de dpasser le capitalisme grce une prise du

    pouvoir dtat rendant possible la dictature du proltariat, tape fondamentale dans la construction dune socit communiste. Au cours des annes 1970, leffritement de ce projet, qui va dboucher sur lcroulement des pays de lEst, devient manifeste. Toutefois, une exprience semble faire exception : la Yougoslavie est perue comme un pays dont le non-

    alignement autorise une voie originale de conciliation du socialisme et de la dmocratie, par

    un systme de gouvernement des entreprises qualifi dautogestion. Toutefois, cette exprience prend une autre tournure ds lors quelle est aborde travers des phnomnes dits marginaux comme les grves. Une mthodologie qualitative sensible au caractre analyseur

    des priphries permet de dcouvrir une autre ralit que celle consigne dans les

    innombrables rapports de lpoque, bass sur des donnes plus quantitatives : le fait de constater que les permanents du syndicat infod au parti cherchent identifier les meneurs

    des mouvements ouvriers incontrls relativise les propos courants lpoque sur lchec de lautogestion. Lexcs de dmocratie qui conduirait linefficacit est une explication fausse des limites du systme. Le problme nest pas celui de la paralysie par excs de consultations des travailleurs, ni du temps perdu en dinterminables runions, comme le laissait croire une abondante littrature. Il est plutt celui dun dficit dmocratique d au maintien dune mainmise bureaucratique sur les diffrentes institutions censes permettre lexpression collective. Le mythe de lexception yougoslave va dailleurs trs vite seffondrer, les nationalismes dtruisant tragiquement le fdralisme instaur par Tito, et il ne lui survivra

    pas.

    Dans son texte de 1924 Apprciation sociologique du bolchevisme , Mauss livre une

    analyse qui anticipe non seulement la faillite du systme sovitique, mais aussi les cueils

    rencontrs par la tentative yougoslave dinstaurer lautogestion par le biais dune impulsion tatique. Les communistes, sociologues nafs, ont cru que lordre souverain, que la loi peut crer comme le verbe de Dieu, de rien, ex nihilo. Hallucins de rves rvolutionnaires, ils ont

    cru refondre toute la socit humaine (Mauss, 1997, p. 553). Plus prcisment, ltatisme rvle ce que Mauss appelle un ftichisme politique , cest--dire une croyance excessive en la capacit transformatrice de la loi. Or, toujours selon lui, la loi sest rvle impuissante quand elle ntait pas supporte par les murs ou ne se modelait pas sur des pratiques sociales suffisamment fortes. En ce sens, la loi ne cre pas, elle sanctionne , elle peut rehausser

    (ibid., p. 550-552) des pratiques sociales, elle ne peut pas inventer un monde social.

    La promesse rvolutionnaire tait de faire advenir un monde et un homme nouveaux en

    bouleversant les rgles dune conomie considre comme linfrastructure de la socit. Le xxe sicle nous a fait prendre conscience du danger reprsent par cette vision axe sur la

    prise du pouvoir, tape oblige pour la collectivisation de la proprit des moyens de

    production. Loin dapporter la solution attendue, le communisme a, au contraire, confort par son croulement la croyance en linluctabilit du capitalisme. Ce nest pas pour autant la fin

  • de lhistoire. Le dbat sur la dmocratisation de la socit est plus que jamais dactualit. Nanmoins il doit tirer les enseignements du sicle dernier : labsence de prise en compte des mdiations politiques et des mdiations entre politique et conomie, symptomatique du

    bolchevisme, ne saurait tre rdite. Pour autant, la crdibilit dune approche renouvele du changement social ne peut tre base uniquement sur le refus des illusions avant-gardistes,

    elle doit reposer sur un bilan approfondi des stratgies rformistes qui ont certes permis des

    conqutes dmocratiques, mais ont galement rencontr des obstacles majeurs. De ce point de

    vue, la social-dmocratie et lconomie sociale appellent une analyse critique de leurs rsultats mitigs.

    Les dceptions rformistes : les limites de la social-dmocratie et de lconomie sociale

    Sous la ncessit dtayer les consensus nationaux, la complmentarit entre tat et march prend toute son importance pendant les Trente Glorieuses (1945-1975). Ltat keynsien se donne pour tche de favoriser le dveloppement conomique travers un interventionnisme

    accentu alors que ltat-Providence prolonge les formes prcdentes dtat social avec la Scurit sociale et la gnralisation des systmes de protection sociale. Ltat encadre et soutient le march autant quil en corrige les ingalits, il confre aux citoyens des droits individuels et dicte les rgles des services publics. lide du march autorgulateur se substitue la rfrence un ensemble de marchs rguls, qui sont en outre encadrs par des

    formes tendues de redistribution publique. cette poque, la social-dmocratie apporte la

    preuve de sa capacit contrecarrer le rductionnisme conomique : elle oriente la dynamique

    marchande tout en mobilisant le principe de redistribution pour corriger celle-ci. Lconomie marchande est complte par lconomie non marchande qui correspond lconomie dans laquelle la circulation des biens et services est confie la redistribution. Grce la synergie

    tat-march ainsi obtenue, la social-dmocratie connat un ge dor . Deux traits relativisent toutefois cette russite :

    La propension considrer les usagers des services publics comme des assujettis

    concentre les arbitrages dans les sphres de la dmocratie reprsentative (gouvernants,

    reprsentants patronaux et syndicaux) et la parole des simples citoyens y est largement

    ignore. Au moment o le fordisme rgne dans les entreprises, cartant les travailleurs

    des dcisions avec en contrepartie une augmentation de leurs revenus, le

    providentialisme , selon le terme de P.R. Blanger et B. Lvesque (1990), se

    dveloppe dans ltat social : les destinataires des services sociaux restent loigns de leur conception, cette exclusion tant compense par un accs quasi gratuit ceux-ci ;

    La solidarit redistributive reste dans une dpendance la croissance marchande,

    insensible jusque dans les annes 1960 mais de plus en plus prgnante avec le

    ralentissement du taux de croissance qui prive la social-dmocratie dune partie de ses moyens daction. Cette tendance questionne les mthodes keynsiennes et les transferts sociaux. Dans ce contexte, loption montariste rencontre un cho chez les gouvernants parce quelle leur promet de ramener la croissance. Suite lapplication des principes montaristes, le primtre national daction dans lequel stait dploye la social-dmocratie est profondment perturb par les drgulations, les

    drglementations et lacclration de la circulation internationale des capitaux, un glissement vers le social-libralisme sopre.

  • La social-dmocratie sest plus soucie de solidarit que dinitiative conomique, comme si les choix dmocratiques ne pouvaient porter que sur la rpartition de richesses dj produites.

    Laisser lconomie de march aux entreprises capitalistes apparat bien comme une faiblesse qui lui est constitutive, longtemps dissimule derrire lampleur de lexpansion conomique. La rflexion sur les limites de la social-dmocratie gagne pour cette raison tre mise en

    perspective avec la tradition de lconomie sociale qui justement a insist sur les diffrentes formes dentreprises.

    Lapproche du changement social dfendue par lconomie sociale parie sur limportance dentreprises qui ne sont pas capitalistes et dont lexemplarit devrait engendrer la diffusion. Elle met laccent sur diffrents statuts juridiques (associations, coopratives, mutuelles) qui dissocient activit conomique et pouvoir des actionnaires en partageant un trait commun : la

    limite apporte la distribution individuelle des profits.

    lvidence, la rencontre ne sest gure opre entre social-dmocratie et conomie sociale. La social-dmocratie sest prioritairement attache aux politiques macro-conomiques et la redistribution tatique sans intgrer vritablement son projet les entreprises dconomie sociale, leur concdant au mieux un rle suppltif au niveau micro-conomique. Pour sa part,

    lconomie sociale sest symtriquement concentre sur lentreprise collective sans envisager combien cette dernire est tributaire du cadre institutionnel dans lequel elle sinscrit. Lconomie sociale sest peu interroge sur la rgulation des marchs, faisant des entreprises non capitalistes le principal levier pour le changement. Or, comme le dit un responsable

    coopratif : Les coopratives voulaient changer le march mais cest le march qui a chang les coopratives. La banalisation des entreprises de lconomie sociale saccentue avec le temps. La dmocratie reprsentative instaure dans les statuts par le principe dgalit formelle (une personne gale une voix) ne suffit pas maintenir une participation effective

    des membres dans la dure.

    Lessoufflement de la social-dmocratie et de lconomie sociale peut donc tre expliqu par leurs insuffisances en matire de lutte contre les rductionnismes conomique et politique : un

    cantonnement du march par la redistribution et des entreprises collectives oubliant la

    diversit des marchs rels et les potentialits de la rciprocit sur le registre conomique, une

    focalisation sur les mthodes disponibles dans le cadre de la dmocratie reprsentative ne

    permettant pas de mobiliser la participation citoyenne sur le registre politique. cet gard, il

    est rvlateur que les accents mis sur la rciprocit et la dmocratie dlibrative soient

    justement emblmatiques dinitiatives qui sont venues critiquer la social-dmocratie et lconomie sociale tout en se revendiquant des mmes finalits.

    Lmergence des initiatives citoyennes

    Place des usagers, rle de la consommation, organisation de la production, respect de la

    nature, rapports de genre : des questions indites, attestant que la conflictualit sociale ne se

    limite pas laffrontement entre capital et travail, sont abordes par les nouveaux mouvements sociaux dans les annes 1960. Les initiatives solidaires qui y trouvent leur

    origine cherchent viter lenlisement gestionnaire de la social-dmocratie autant que la banalisation de lconomie sociale.

    Ds les annes 1970 apparaissent des entreprises autogestionnaires ou alternatives .

    Mme si beaucoup de ces expriences se sont puises dans les affrontements idologiques,

  • elles nont pas moins fourni des inspirations qui vont tre reprises et rinterprtes dans dautres cadres et par dautres groupes sociaux. Elles sensibilisent des thmes nouveaux, comme lpuisement des ressources non renouvelables, et entament ici et maintenant la recherche dun autre monde et dune autre conomie antrieurement la crise conomique. Quand cette dernire advient, la monte du chmage et de lexclusion modifie lorientation de nombreux collectifs et la qute dun modle conomique diffrent se mle la dfense de lintgration sociale.

    Au total, depuis les annes 1980, des milliers de services sont abords non pas comme de

    nouveaux marchs mais comme des opportunits pour amliorer la vie quotidienne,

    indissociables dune rflexion sur leurs conditions daccessibilit et sur lexercice des droits. Que ce soit pour la garde et laccueil des enfants, la rintgration dans le travail de populations exclues ou la revitalisation despaces urbains et ruraux dfavoriss, de nombreuses structures ont t cres : en France, ce sont notamment des collectifs enfants-

    parents-professionnels, des comits de chmeurs, des entreprises et associations dinsertion, des groupes dautoproduction, sans oublier des rgies de quartier ou de territoire porteuses de propositions des habitants sur les rformes susceptibles damliorer sensiblement leurs conditions de vie.

    Au niveau international, le commerce quitable rpond une double proccupation : dune part des agriculteurs ou artisans veulent vivre dcemment, dautre part des consommateurs sont vigilants sur les conditions sociales et cologiques dans lesquelles sont produits les biens

    quils achtent. Comme dans le tourisme solidaire, lalliance des acteurs du sud et du nord a pour but de sensibiliser le public et duvrer pour des changements dans les rgles et pratiques des changes internationaux. Plus de deux millions de producteurs sont concerns et

    la consommation critique a galement engendr lessor de circuits courts. Parmi ceux-ci, les associations pour le maintien dune culture paysanne, qui gnrent des liens de solidarit entre producteurs et consommateurs, runissent plus de cent mille participants. En accord avec les

    vises de lagriculture biologique, il sagit de promouvoir une alimentation naturelle, respectueuse de lenvironnement autant que du social. Ce souci dune transition cologique qui se traduise dans les faits et ne se rduise pas des discours se retrouve dans les inventions

    concernant les nergies renouvelables, le recyclage et la valorisation des dchets, lentretien du patrimoine. la biodiversit fait cho la diversit culturelle au nom de laquelle fdrations

    et rseaux artistiques se sont regroups pour faire entendre leurs revendications de lutte contre

    la standardisation des produits culturels.

    Les tentatives de reconqute populaire de la sphre conomique touchent galement la

    monnaie et la finance, champs dactivits haute teneur symbolique dans la conjoncture actuelle. Les monnaies sociales sont des dispositifs dchanges (de biens, de services ou de savoirs) effectus au moyen dune monnaie locale ddie ces changes. Plus dun million dadhrents se sont rpartis dans plus de trois mille associations et une quarantaine de pays, avec des cas originaux comme les banques communautaires au Brsil o les dynamiques de

    dveloppement local bnficient des apports conjoints de financements publics, de monnaies

    sociales et de finances solidaires. Ces dernires, constitues partir dune pargne qui veut tre mise disposition des besoins territoriaux, ont pour but de procurer des capitaux des

    crateurs dactivits privs de prts bancaires tout en ajoutant au microcrdit dautres prestations (garanties, assurances).

    Tous ces exemples fournissent des ressources pour construire de faon raliste une autre

    conomie. Si leur nombre reste encore limit, leur diffusion est rapide et augmente en

  • particulier grce la mutualisation entre les pratiques. Des lieux de commercialisation mixent

    les filires biologiques et quitables, des activits dinsertion par lconomique contribuent la prservation de lenvironnement et lducation populaire. Ces processus de dcloisonnement sont dailleurs appuys par les collectivits publiques facilitant dans plusieurs pays le regroupement des acteurs. Enfin, autre caractristique notable, ce sont en

    majorit des femmes qui simpliquent dans ces combats pour les droits conomiques, sociaux et culturels de base ; en outre, elles conoivent de nouveaux services sur plusieurs

    continents citons par exemple les cantines populaires en Amrique latine, les restaurants interculturels en France, les mutuelles de sant en Inde, les coopratives de beurre de karit au

    Burkina Faso et dhuile dargan au Maroc, les groupements dintrt conomique fminin au Sngal ou de commerce quitable en Bolivie. Ces initiatives se rejoignent par leur dmarche.

    En tmoigne le fait quelles se sont reconnues au niveau international sous lappellation d conomie solidaire , celle-ci tant dfinie comme un ensemble dactivits contribuant la dmocratisation de lconomie par des engagements citoyens.

    La thorisation en termes dconomie solidaire : lvnement de la rencontre entre pratiques et ides

    De multiples initiatives ont donc surgi dans les dernires dcennies, refusant la

    marchandisation des services de la vie quotidienne comme la privatisation des biens communs

    ou luttant contre les ingalits sociales et pour une transition cologique ; leurs promoteurs

    considrent que la dmocratisation de lconomie devient indispensable pour quun objectif dmancipation puisse tre maintenu. Alors que la rupture avec le dterminisme conomique de la vulgate marxiste incite Touraine (1984) abandonner le vocable de mouvements

    sociaux pour valoriser un tournant culturel assimil un avnement de la figure du sujet, il

    sagit pour moi de cerner les mtamorphoses de ces mouvements en examinant pourquoi et comment certains engagements sarriment une dimension politique et revendiquent une dimension conomique qui leur semble indispensable pour agir dans le sens dune transformation sociale.

    Leur ancrage dans une rsistance la socit de march rend inoprant le cadre conceptuel de

    lconomie sociale. Pour les analyser, deux apports sont alors fondamentaux, ceux de Mauss et de Polanyi (Laville, 2013) qui, pour ne pas naturaliser lconomie dominante, mobilisent lanthropologie. Mauss (2001) insiste sur le don ; ce roc des socits humaines doit tre prserv dans les socits contemporaines afin dviter que le tout march ne dbouche sur une rgression autoritaire. Linspiration est proche chez Polanyi (2011) qui remplace lapproche formelle de lconomie orthodoxe par une approche substantielle qui reconnat en sus du march des principes dintgration conomique, de redistribution, rciprocit et administration domestique. Les pratiques tudies dans les services de proximit (Laville,

    1992), puis dans dautres champs (Laville, 1994b) selon cette grille danalyse amnent aux hypothses dimpulsion rciprocitaire et dhybridation dans une perspective dconomie solidaire, conue en prolongement et en critique de lconomie sociale. Dans la ligne des principes mthodologiques voqus ci-dessus, des tudes de cas permettent de caractriser des

    relations conceptualises grce louverture interdisciplinaire ; elles sont ensuite affines via la confrontation un nombre accru dobservations par un recours la mise en perspective historique et internationale. Ainsi, la recomposition des flux de ressources selon la pluralit

  • des principes dintgration aboutit une grille danalyse socio-conomique, prcise avec les travaux de Gardin (2013), qui rend visibles des aspects du fonctionnement ignors dans les

    documents comptables des associations.

    Examiner les relations entre conomie et socit sous langle de lapprofondissement de la dmocratie conduit envisager les interactions entre sphres conomique et politique. La

    thorisation conscutive ajoute la pluralit conomique la dimension publique propre

    lconomie solidaire (Laville, 1994a ; Laville et Eme, 2006). Cette dernire touche au registre participatif et dlibratif du politique mis en vidence par Arendt et Habermas, mais en

    lamendant dans trois directions : la pluralisation, le lien avec lassociationnisme, larticulation aux questions socio-conomiques.

    Lactivit communicationnelle oriente vers la justice et la sincrit (Habermas, 1987) ne se rduit pas lchange darguments rationnels, comme lont montr de nombreux auteurs partir de donnes historiographiques (Calhoun, 1992), elle passe par des actes qui supposent

    une conviction et un engagement de ceux qui les accomplissent autant que des efforts de

    persuasion, voire de sduction. Le concept despace public peut tre sociologis si lon sintresse plutt au processus concret par lequel les citoyens, dont les rapports sont rgis par les principes dgalit et de libert, questionnent lcart entre laffirmation dmocratique et la ralit. Si lon inflchit ainsi lapproche, ce sont les dnis de reconnaissance portant atteinte aux principes dmocratiques qui sont lun des ressorts principaux de laction collective. Lespace public au sens gnrique constitue symboliquement la matrice de la communaut politique, mais, comme le dit Eley (1992), il est aussi dans les formes dexpression concrtes travers lesquelles il se manifeste une arne de significations contestes. Diffrents publics

    cherchent sy faire entendre et sopposent dans des controverses. Lespace public est en continuelle redfinition. Une partie de celui-ci se trouve contrainte par la pression des

    systmes alors mme que des espaces nouveaux de formation de lopinion et de la volont politique sont engendrs par de multiples formes de regroupement entre citoyens. Cette

    reconfiguration permanente amne parler, comme la reconnu Habermas lui-mme (1992, p. 175), d espace public polycentrique plutt que despace public unique.

    On peut alors passer de lidentification dune pluralit despaces publics ltude des oppositions au sein de ceux-ci. Nombre despaces publics ont t progressivement domins par les mdias de masse et accapars par les impratifs fonctionnels. La qualit de vie

    dmocratique est donc suspendue la constitution despaces publics autonomes, do le lien avec lassociationnisme constitu dactions collectives mises en uvre par des citoyens libres et gaux se rfrant un bien commun. Pour smanciper du paradigme de laction rationnelle, il est ncessaire de mobiliser ce concept dassociationnisme qui permet de concevoir des rapports engendrs spontanment et libres de domination de faon non

    contractualiste (Habermas, 1989, p. 44). Do linsistance de plusieurs auteurs sur les rapports dassociation et la position minente dans la socit civile des associations autour desquelles peuvent se cristalliser des espaces publics autonomes qui ont en commun une

    attention porte lassociation volontaire et la vie associative en tant que principal mdium pour la dfinition des engagements publics (Habermas, 1992, p. 186). Il existerait dailleurs, selon Benhabib (1992), deux acceptions chez Arendt, un espace public agonistique

    privilgiant lapparition avec les autres, marqu par la grandeur morale et lhrosme, un espace public associationniste reprant une dimension publique chaque fois que des tres

    humains agissent de concert ; si lon retient cette hypothse, indniablement lconomie solidaire se rapporte la version associationniste.

  • Enfin, la sparation quoprent Arendt comme Habermas entre espace public et sphre conomique napparat pas tenable. Le cloisonnement qutablit Arendt entre le politique dune part, lconomie et le social dautre part empche de saisir, comme le note Fraser (1992), combien lgalit socio-conomique est une prcondition de la parit dans la participation publique. Autrement dit, la distinction analytique entre les activits humaines ne

    peut tre convertie en une dissociation empirique (Laville, 2011), sauf adopter une

    conception idologique hrite des institutions grecques (Salmon, 2011). Quant Habermas,

    sil suscite ladhsion quand il crit que les associations accueillent, condensent et rpercutent en les amplifiant dans lespace public politique la rsonance que les problmes sociaux trouvent dans les sphres de la vie prive , il peut tre critiqu sur le fait que ce rle

    serait lapanage d associations non tatiques et non conomiques (Habermas, 1997, p. 394). Cette allusion une catgorie particulire nest gure compatible avec les constats empiriques, la partition entre associations est plutt remplacer par ltude dans chaque association des tensions entre les contacts horizontaux dinteraction relevant de lactivit communicationnelle et intervenant dans la conception des problmes publics dune part, leur dimension organisationnelle et leur intgration dans des relations de pouvoir dautre part.

    Conclusion

    La ncessit affirme par Mauss de la mise en dbat des interprtations donnes aux

    initiatives solidaires est aujourdhui reprise avec force par des sociologues comme Sousa Santos. Selon ce dernier, les intgrer lanalyse, cest viter de retomber dans le scientisme et de reconduire un tatisme cul. Cest faire un choix pistmologique quil estime imprieux aujourdhui, celui de sciences sociales ouvertes aux mergences, qui ne condamnent pas les expriences au motif de leurs insuffisances mais au contraire sont attentives leurs

    potentialits. Elles redonnent en effet la priorit laction citoyenne au dtriment du dterminisme conomique qui a domin les approches du changement social au xxe sicle.

    Cette perspective dun changement social ancr sur les acquis exprientiels est indissociable dune option de mthode qui est le respect de lintrication entre pratiques et ides. Incontournable pour ce qui est de la ralit associative, elle interdit dautonomiser le dbat dides ; au contraire, elle invite assumer la non-sparation de la matrialit et de lintellectualit, du monde des choses banales et de celui des interrogations philosophiques ou spirituelles (Roche, 1999). Cest cet entrelacement des discours et des pratiques (Rancire, 1981) que lhistoire des ides choue saisir. Seule lapproche dynamique des interdpendances entre reprsentations et pratiques montre quel point les reprsentations

    slectionnent certains aspects de la ralit sociale quelles contribuent de ce fait reconstruire tout en indiquant combien les pratiques sociales donnent lieu des interprtations qui influent

    sur les reprsentations du monde.

    lvidence ces choix pistmologiques et mthodologiques appellent un dialogue avec la psychosociologie et la sociologie clinique. Il existe en effet une convergence de diagnostic sur

    lampleur des dfis auxquels nous sommes confronts depuis que se sont imposes comme rfrences internationales lconomie montariste, reprsente par des auteurs comme Frederik Hayek et Milton Friedman, et la thorie du capital humain relevant du mme creuset

    et personnifie par Gary Becker. Ces orientations ont gnr un expertisme (Sapir, 2002)

    qui tend invalider toute intervention citoyenne dans les domaines conomique et

    gestionnaire, rgis par la seule loi de la valeur actionnariale et engendrant de ce fait dgts

    environnementaux, ingalits sociales, mais aussi perte de sens du travail. Puisque la nouvelle

  • gestion publique soumet lensemble des activits une valuation base sur la mesure de lefficacit et de lefficience, un rabattement organisationnel sopre, le registre des modalits opratoires de laction occultant la dimension institutionnelle, cest--dire les cadres de rfrence qui donnent le sens de laction (Gaulejac, 2011, p. 157-158). La socit est malade de la gestion (Gaulejac, 2005), touche par une crise du symbolique

    dautant plus que les responsables politiques valident les hypothses propres ce nouveau capitalisme sappuyant sur une rvolution managriale.

    Il en rsulte un dsinvestissement massif de la politique, mais non du politique puisque les

    rsistances abondent, qui sefforcent de construire du commun (Dardot et Laval, 2014). Elles refusent le sentiment dimpuissance et tentent une re-symbolisation de la socit, comme en tmoigne lAppel des appels (Gori, 2009). Ces protestations importantes, aprs un lan initial, manquent toutefois dobjectifs intermdiaires ralistes et cest dans cette perspective que peuvent tre envisages les pratiques de lconomie solidaire, comme lieux de socialisation et dexpriences combinant lintervention dans lespace public et lexpression dun autre rapport lconomie. Il sagit, comme le rsume le mouvement altermondialiste, la fois de rsister et de construire, en se donnant les moyens dlaborer des institutions intermdiaires capables de contrecarrer lenvahissement par la logique dominante.

    La thorie critique sest trop longtemps cantonne, depuis lcole de Francfort jusqu la sociologie bourdeusienne, dans lanalyse de la domination prsentant ds lors le risque identifi par Jacques Rancire (2003, p. 365) de procder une critique radicale dune situation radicalement immuable . Les chercheurs de la psychosociologie, de la sociologie

    clinique et de lconomie solidaire peuvent faire alliance pour arriver la reconnaissance de tentatives qui continuent tre marginalises. Il est dcisif quils soient avec des acteurs dont lengagement se traduit par des difficults existentielles (Hersent et Palma Torres, 2014). Lenjeu est dviter que ne perdure une ignorance mutuelle, entre politiques et initiatives : les politiques publiques ne prennent gure en considration des initiatives citoyennes qui, en

    retour, se refusent exercer une influence sur le cadre institutionnel, se rfugiant dans une

    idologie du changement personnel ou subissant un isolement de lalternative.

    Une complmentarit potentielle entre conomie solidaire et sciences sociales cliniques se

    profile. Le travail effectu autour de lconomie solidaire a gnr une lgitimation partielle qui permet dtablir de premiers liens avec laction publique, non dnue dincomprhensions mais relle, premier pas vers la sortie de lignorance mutuelle. Nanmoins cet effort de justification mene sur plusieurs dcennies pour rendre visibles des actions mergentes peut

    avoir comme contrepartie une insuffisante analyse des tensions. La valorisation dun imaginaire moteur, indispensable pour lutter contre les discriminations ngatives vcues, peut

    gnrer la reprsentation dun sujet plus nergtique que psychique et rendre difficile lexplicitation de la complexit de lengagement dans sa dimension individuelle et collective , comme le fait remarquer Florence Giust-Desprairies (2008) propos dun bilan portant sur des inventeurs sociaux pour des territoires vivre (Muller-Theveniaut, 2008).

    Limaginaire est la fois moteur et leurrant (Enriquez, 1967). Cette ambivalence ne peut tre passe sous silence, sauf entriner un volontarisme puisant, et les cliniciens pourraient

    contribuer en comprendre les formes dans un espace offert la dcision et la

    controverse (Hanique, 2012, p. 127), partag avec les chercheurs de lconomie solidaire. Pourtant, les deux courants, accapars par leurs enjeux respectifs, nont gure concrtis un

  • rapprochement souhait. La gravit de la situation actuelle peut-elle conduire une rencontre

    et, dans laffirmative, ferait-elle son tour vnement ?

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