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ÉCHANGES ENTRE POLES AIRES URBAINES ET POLES DE SERVICES Un résumé des relations d’ordre économique Le concept même d’aire urbaine est un résumé de liens entre communes, puisqu’il est bâti sur l’observation des déplacements domicile-travail. L’aire urbaine est ainsi définie comme une zone englobant les communes entretenant entre elles les liens les plus intenses. Elle donne ainsi une idée de l’étendue de la ville, non plus en terme de continuité du bâti mais en terme d’intensité des relations économiques mesurées par l’emploi. L’influence des villes-centres se lit alors sur la carte par l’importance des taches (couronnes périurbaines) qui les entourent. La proximité de deux taches ou leur rapprochement d’un recensement à l’autre laisse entrevoir la nécessité d’œuvrer ensemble, au moins pour organiser la structuration de l’espace. Entre les aires urbaines, l’espace est structuré par des pôles d’emploi ruraux ou des pôles de services intermédiaires 23 . Ces pôles attirent les habitants des communes avoisinantes non plus pour un emploi mais pour des activités de la vie quotidienne (achats, scolarisation, recours aux services). Pour le Languedoc-Roussillon la carte ainsi dessinée conduit à plusieurs observations : Il existe une quasi-continuité des aires urbaines entre Montpellier et Toulon. Lunel et Sète touchent l’aire urbaine de Montpellier. Les aires urbaines de Béziers et Narbonne sont contiguës. Il en est de même pour Nîmes et Alès Il existe un début de continuité entre Toulouse, Castelnaudary et Carcassonne. Des ruptures sont observables entre Montpellier et Béziers d’une part, Narbonne et Carcassonne d’autre part. L’aire urbaine de Perpignan est isolée. 23 Gamme de services qui n’existent pas partout, mais ne sont pas non plus très rare (dentiste, librairie, collège, supermarché…). Source inventaire communal 1998 64

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ÉCHANGES ENTRE POLES

AIRES URBAINES ET POLES DE SERVICES

Un résumé des relations d’ordre économique

Le concept même d’aire urbaine est un résumé de liens entre communes, puisqu’il est bâti sur l’observation des déplacements domicile-travail. L’aire urbaine est ainsi définie comme une zone englobant les communes entretenant entre elles les liens les plus intenses. Elle donne ainsi une idée de l’étendue de la ville, non plus en terme de continuité du bâti mais en terme d’intensité des relations économiques mesurées par l’emploi. L’influence des villes-centres se lit alors sur la carte par l’importance des taches (couronnes périurbaines) qui les entourent. La proximité de deux taches ou leur rapprochement d’un recensement à l’autre laisse entrevoir la nécessité d’œuvrer ensemble, au moins pour organiser la structuration de l’espace.

Entre les aires urbaines, l’espace est structuré par des pôles d’emploi ruraux ou des pôles de services intermédiaires23 . Ces pôles attirent les habitants des communes avoisinantes non plus pour un emploi mais pour des activités de la vie quotidienne (achats, scolarisation, recours aux services).

Pour le Languedoc-Roussillon la carte ainsi dessinée conduit à plusieurs observations : Il existe une quasi-continuité des aires urbaines entre Montpellier et

Toulon. Lunel et Sète touchent l’aire urbaine de Montpellier. Les aires urbaines de Béziers et Narbonne sont contiguës. Il en est de même pour Nîmes et Alès Il existe un début de continuité entre Toulouse, Castelnaudary et

Carcassonne. Des ruptures sont observables entre Montpellier et Béziers d’une part,

Narbonne et Carcassonne d’autre part. L’aire urbaine de Perpignan est isolée.

23 Gamme de services qui n’existent pas partout, mais ne sont pas non plus très rare (dentiste, librairie, collège, supermarché…). Source inventaire communal 1998

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Territoires vécus (INSEE 1999)

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Des évolutions peu sensibles

Alors que les grandes villes étendent leur influence en tant que territoire de résidence, la situation reste plutôt stable pour l’attraction liée aux services. Dans les années 1990, sous la double influence de la croissance démographique et de changements dans l’organisation territoriale de la ville, le territoire des aires urbaines s’est étendu. Une nouvelle aire urbaine, Limoux, est également apparue, conséquence d’une extension du pôle qui a absorbé une commune voisine.L’influence des grandes villes en tant que pôles de services a toutefois peu varié. Ceci découle très certainement du fait que l’organisation territoriale des grands services (hôpitaux, administrations, lycées…) change peu. L’influence de pôles situés à l’extérieur de la région – et notamment Toulouse et Marseille - est également négligeable. Seules les franges lozériennes font exception, les problèmes d’accessibilité prenant plus d’importance que la structure administrative.

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INTENSITÉ DES DEPLACEMENTS QUOTIDIENS ENTRE VILLES

Déplacements : la face visible de l’armature urbaine :

Les déplacements24 effectués quotidiennement entre deux villes sont très certainement la manifestation la plus visible des relations ou complémentarités économiques, sociales et culturelles établies entre ces deux pôles de façon volontaire ou involontaire. De multiples raisons peuvent être à l’origine de ces déplacements : le travail et les études certes, mais aussi les courses, l’accès à certains services ou les activités de loisirs. Ces relations reflètent très souvent des liens de dépendance entre deux villes, l’une regroupant les services les plus rares (hôpital, université, administrations régionales ou départementales) ou offrant une palette diversifiée de commerces, alors que l’autre, plus petite ou moins bien positionnée, abrite surtout des services et commerces de proximité. Souvent, à cette dépendance, s’en ajoutera une seconde, la ville la mieux pourvue en activités offrant davantage d’emplois : des habitants de la ville la moins bien dotée iront alors travailler dans la ville la mieux pourvue, générant ainsi des déplacements supplémentaires. Ce type de relations n’est possible que lorsque les villes sont suffisamment proches pour que l’accès à l’emploi n’entraîne pas un déménagement. Parfois les villes sont de taille ou de positionnement équivalents. Elles peuvent alors entrer en concurrence : les échanges entre elles seront alors limités, chacune présentant la même palette d’activités. Quoique cela soit plus rare, elles peuvent aussi jouer la complémentarité. Cette complémentarité peut s’exprimer au travers de grandes infrastructures communes (port, aéroport, zone d’activités) ou de savoirs-faire partagés. Sauf exception, ce type de relation générera des déplacements, au même titre que la relation de dépendance.

Les déplacements les plus denses se font sur l’axe Nîmes Montpellier Sète

Les déplacements numériquement les plus importants ont lieu entre les villes les plus peuplées de la région et se situant le long des axes autoroutiers A9 et A61. Montpellier polarise trois parmi les quatre relations les plus importantes :

Montpellier-Nîmes avec plus de 16000 déplacements quotidiens, Montpellier-Sète : 11000 déplacements Montpellier-Lunel 9000 déplacements.

Béziers entretient des liens marqués avec Agde et avec Narbonne (9000 relations journalières avec chacune).

Nîmes est, en premier lieu, tournée vers la capitale régionale, mais elle est aussi le centre d’un nœud important en direction d’Alès ( 8000 déplacements quotidiens ) et des villes de la vallée du Rhône : Avignon, Beaucaire et Arles, pour ne citer que les relations comptant plus de 5000 déplacements).

Deux autres relations impliquent plus de 5000 déplacements quotidiens. Carcassonne est le centre de ces deux liens qui se font en direction de Limoux et de Toulouse. Sète-Agde et Montpellier-Marseille approchent également le niveau de 5000.

24 Aspects méthode : voir annexe "Observatoire des déplacements"

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On notera que Perpignan n’a pas été nommée, cette grande ville, aux confins du Languedoc-Roussillon n’entretenant de relations très fortes avec aucune des agglomérations de la région. Le premier lien impliquant Perpignan est avec sa voisine espagnole Gérone (4000 déplacements journaliers).

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ESQUISSE D’UNE ARMATURE URBAINE RÉGIONALE

A partir de la simple observation des flux

En ne prenant en compte que les liens constitués de plus de 5000 déplacements journaliers, l’armature urbaine régionale apparaît regroupée autour de trois axes ou pôles :

• Un axe Marseille-Avignon-Narbonne (Arc méditerranéen).• Un axe Toulouse-Carcassonne-Limoux• Un pôle isolé : Perpignan.

Si l’on intègre des liens plus petits, le pôle de Perpignan devient l’axe Perpignan- province de Gérone. En outre, l’axe méditerranéen est scindé en deux branches autour de Montpellier et de Béziers. Au total quatre axes privilégiés structurent alors les relations entre métropoles régionales :

• Montpellier – vallée du Rhône, tourné vers Marseille• Agde-Béziers-Narbonne• Limoux-Carcassonne- Castelnaudary, tourné vers Toulouse • Perpignan- province de Gérone, de part et d’autre de la frontière espagnole.

La ville de Mende, à l’écart des grands axes de circulation est un pôle isolé.

En prenant en compte les effets liés à la proximité et à la taille des villes

Les échanges entre deux villes sont d’autant plus nombreux qu’elles sont proches, que leur population est élevée et que la complémentarité entre elles est grande. Les économistes ont modélisé les relations entre agglomérations : dans un de ces modèles (modèle de Young), le nombre de personnes se déplaçant de l’une à l’autre est proportionnel au produit des populations et inversement proportionnel au carré de la distance entre elles (mesurée en temps de parcours) : E=k* P1P2/d²Le positionnement administratif des villes, dans la mesure où il crée des liens de dépendance peut venir perturber la relation. Dans le cadre de l’étude, ce positionnement ne joue que pour l’appartenance ou non à la région, le fait de ne pas appartenir à la même région, conduisant à des déplacements moins nombreux. En appliquant le modèle trouvé à chaque relation, on calcule un nombre théorique de déplacements. L’écart entre la valeur prévue par le modèle et la valeur réelle donne alors une idée de l’intensité des liens. Toutefois compte tenu de la rusticité25 de la méthode, il faut garder une certaine prudence dans l’interprétation des résultats.

25 Le modèle a été uniquement calculé sur des liens régionaux : mathématiquement, il y a donc des relations supérieures à la moyenne et des relations inférieures à la moyenne. La population est dépendante de la définition de la ville et donc des limites retenues. La prise en compte des aires urbaines aurait peut-être donné une vision différente.

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Après application du modèle les liaisons les plus fortes ne sont plus les mêmes. Apparaissent comme plus déterminantes :

les relations de l’Ouest audois avec Toulouse, le triangle Agde, Béziers, Narbonne, la double relation Nîmes – Montpellier et Nîmes-Alès.

A contrario : Les relations avec Marseille et la vallée du Rhône sont moins fortes que celles

calculées par le modèle. Il existe une coupure entre Sète et Béziers. Montpellier entretient des liens plutôt en retrait avec une partie des agglomérations de

la région à savoir Narbonne, Alès, Perpignan et Agde.

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Liaisons sur ou sous représentées par le modèle gravitaire

(Ecart en %)

-150,0 -100,0 -50,0 0,0 50,0 100,0

Castelnaudary - ToulouseCarcassonne - ToulouseBagnols - AvignonBéziers-AgdeCarcassonne -LimouxMontpellier - NîmesPerpignan - ToulouseNîmes - AlèsBéziers - Narbonne

Perpignan - GéroneMontpellier - AgdeNîmes - BeaucaireMontpellier - MarseilleMontpellier - PerpignanPerpignan - NarbonneMontpellier - AlèsNîmes - MarseilleNîmes - LunelMontpellier - NarbonneBéziers - Sète

liaisons moindres que dans le modèle

liaisons plus fortes que dans le modèle

Liaisons sur ou sous représentées par le modèle gravitaire

(Ecart en nombre de liaisons)

-4000 -3000 -2000 -1000 0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000

Montpellier - NîmesBéziers-AgdeCarcassonne - ToulouseBéziers - NarbonneNîmes - AlèsCastelnaud-ToulouseCarcassonne -LimouxBagnols - AvignonNîmes - Arles

Perpignan - GéroneMontpellier - AgdeMontpellier - PerpignanPerpignan - NarbonneNîmes - BeaucaireMontpellier - MarseilleMontpellier - NarbonneBéziers - SèteMontpellier - AlèsNîmes - LunelNîmes - Marseille

liaisons moindres que dans le modèle

liaisons plus fortes que dans le modèle

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DOMICILE - ETUDES : UNE POLARISATION TRES MARQUEE

Bassins de fréquentation : une inégalité entre villes

Dans la région six pôles urbains d’enseignement supérieur ont été définis par l’INSEE26 : Montpellier, Perpignan, Nîmes, Alès, Narbonne et Carcassonne. Leur situation, tant du point de vue de la palette proposée que du nombre d’étudiants inscrits est très disparate. Cela conduit à des différences importantes quant à leur influence sur les territoires voisins.En prenant en compte la proportion d’étudiants résidant et étudiant dans le bassin, on définit des bassins de fréquentation.

Le noyau dur des bassins de fréquentation de Carcassonne, Narbonne et Alès est quasiment limité à leur commune centre. A l’inverse, celui de Montpellier, Perpignan et Nîmes s’étend sur la totalité de l’aire urbaine et même au-delà. Le bassin d’Avignon déborde sur le Gard pour les deux seuils retenus (33 et 50%)27. L’ouest de l’Aude n’est inclus dans le bassin de formation de Toulouse que pour le seuil le plus bas. Le bassin d’Aix-Marseille, trop peu accessible pour des déplacements journaliers, ne s’étend pas jusqu’au Languedoc-Roussillon.

Bassins de recrutement : Toulouse empiète sur la région

La proportion de jeunes n’ayant pas déménagé pour poursuivre leurs études, ou ayant déménagé au sein même de l’aire d’influence d’un pôle universitaire, permet de définir des bassins de recrutement. Dans la région trois bassins de recrutement ont été déterminés autour des trois pôles regroupant plus de 5000 étudiants : Montpellier, Perpignan et Nîmes.Si, globalement en France les bassins de recrutement respectent les limites régionales, ce n’est pas le cas du Languedoc-Roussillon puisque le bassin de Toulouse empiète largement sur l’est audois. Alors que le bassin de Clermont-Ferrand touche légèrement la Lozère, le bassin d’Aix-Marseille reste éloigné de la frontière gardoise. Selon le seuil choisi, le bassin de Montpellier est le 7ème ou 8ème au niveau national. Les zones d’influence des bassins de Nîmes et de Perpignan, même si elles sont plus petites, restent distinctes de celles de Montpellier.

26 Source INSEE Repères Synthèse n°2 –mars 2003 F Auzeby, H Rajabaly. Un pôle doit regrouper au moins 5000 étudiants ou 1000 étudiants dont la moitié au moins est restée sur place pour faire ses études.27 CF. définition sur les cartes ci-après.

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LES CHANGEMENTS DE RESIDENCE INTRODUISENT EGALEMENT UNE HIERARCHIE DANS L’ARMATURE URBAINE

Petite ville grande ville petite ville

L’impact des changements de résidence sur l’armature urbaine régionale peut se mesurer autour de quatre types de mouvements :

Les échanges avec les régions éloignées du Languedoc-Roussillon : Un exemple de ce type d’échanges, est le retraité qui vient s’installer dans la région ou, a contrario, le jeune languedocien qui a trouvé un travail en Île-de-France. Il peut également s’agir de rapprochements familiaux ou de retours au pays. Sur la dernière période inter censitaire, le solde de ces échanges a été positif pour toutes les aires urbaines régionales.

Les échanges avec les régions voisines : Ces déplacements se font le plus souvent dans le cadre d’un marché du travail élargi, pour suivre des études ou pour un rapprochement familial. Pour les relations entre les agglomérations régionales et Marseille, la différence des flux est toujours favorable au Languedoc-Roussillon. Avec Toulouse, le solde migratoire est, a contrario, presque toujours négatif. Agde est une exception notable, mais très certainement avec une logique différente ( logique évoquée au point 1 : arrivée de retraités).

Les échanges internes à la région, entre agglomérations ayant des tailles et des profils d’activité différents : Ce type de migration relève presque exclusivement d’une logique "marché du travail" ou "études". Le solde de ces échanges introduit une hiérarchie dans l’armature urbaine, toujours en faveur de l’unité la plus grande. Alors que Montpellier cumule les soldes positifs, Nîmes et Perpignan enregistrent des soldes négatifs avec la capitale régionale et positifs avec les autres villes ; Béziers, Alès, Narbonne et Carcassonne sont désavantagés par rapport aux trois grandes villes régionales, mais prennent l’avantage sur des villes plus petites situées dans leur aire d’influence. Dans le cas de villes de taille comparable, les échanges sont équilibrés. Le solde migratoire étant alors très faible, ce type de relations ne figure pas sur le tableau.

Des échanges de proximité : Dans cette situation les aires urbaines sont suffisamment proches pour que l’accès à l’emploi ne justifie pas un déménagement. Les changements de résidence se font alors majoritairement dans le cadre de l’étalement urbain. Une des aires urbaines se comporte alors comme la banlieue d’une autre. Le cas le plus avéré est celui de Lunel vis à vis de Montpellier. Les habitants quittent la grande ville et sa banlieue proche pour s’installer là où la pression foncière est moindre. Le solde migratoire est négatif pour Lunel et positif pour Montpellier. Sète se trouve dans une position intermédiaire, le solde migratoire avec Montpellier étant très faiblement négatif.

En résumé, l’analyse du seul solde migratoire permet de mettre à jour l’existence d’une structuration orientée des flux migratoires : des grandes régions du nord et de l’est de

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l’Hexagone vers le Languedoc-Roussillon, du Languedoc-Roussillon vers Toulouse ; au sein de la région, des unités les plus petites vers les plus grandes, sauf en cas d’étalement urbain où les mouvements s’inversent.

Aire urbaine Solde migratoire positif Solde migratoire négatif Solde migratoire importantavec avec avec

MONTPELLIER LunelToulouse

Marseille, Avignon AvignonParis, Lyon Paris,Lyon

PERPIGNAN Communes de l'Aude Montpellier MontpellierParis, Lyon, Marseille Toulouse Paris, Toulouse

NIMES Montpellier Montpellier, AlèsParis

Avignon, ArlesParis, Lyon

BEZIERS Agde Montpellier, Nîmes, Perpignan MontpellierParis, Lyon, Marseille Toulouse Paris

ALES Marseille Montpellier, Nîmes Montpellier,NîmesParis Paris

CARCASSONNE Castelnaudary Montpellier, Perpignan, Narbonne MontpellierParis Toulouse Paris, Toulouse

NARBONNE Carcassonne Montpellier, Perpignan MontpellierParis, Lyon, Marseille Toulouse Paris

SETE MarseilleParis, Lyon Paris

LUNEL Montpellier MontpellierMarseilleParis, Lyon Paris

BEAUCAIRE Nîmes

BAGNOLS/CEZE Montpellier, Nîmes MontpellierParis Avignon

AGDE Montpellier, BéziersParis, Lyon, Marseille, Toulouse Paris

CASTELNAUDARY CarcassonneParis Toulouse

MENDE MontpellierParis

LIMOUXParis

Source : INSEE RP-99 / DRE-LR

Perpignan, Nîmes, Béziers, Alès, Lunel

Alès,autres aires urbaines du Gard, Béziers

Changement de résidence entre 1990 et 1999

Les aires urbaines de la région sauf les 2 plus proches

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Solde de "diplômés supérieurs" : une certaine dépendance de Montpellier

Si la capitale régionale affiche un solde de personnes titulaires d’un diplôme égal ou supérieur à bac + 2 largement positif, une observation plus précise des échanges entres aires urbaines permet de nuancer cette proposition. En effet, dans ses relations avec Paris, Toulouse, Marseille et Lyon, Montpellier perd plus de " grands diplômés " qu’elle n’en attire. La ville, assez démunie en formations supérieures d’une part (écoles d’ingénieurs, formation de cadres administratifs ou d’entreprises), en sièges sociaux de grandes entreprises d’autre part, a du mal à retenir les jeunes les plus diplômés, même si l’on peut imaginer qu’un certain nombre d’entre eux reviennent au cours de leur carrière.Pour les autres grandes aires urbaines, ce schéma se double d’une dépendance de la capitale régionale. Sète semble représenter une exception dans ses rapports avec les autres grandes métropoles (arrivées de retraités diplômés ?), mais les flux concernés sont très faibles.

Aire urbaine Solde diplômés positif Solde diplomés négatifavec avec

MONTPELLIER Autres aires urbaines régionales Paris, Toulouse, Marseille, LyonRégion hors aires urbainesAutres régions

PERPIGNAN Autres aires urbaines régionales MontpellierRégion hors aires urbaines Paris, ToulouseAutres régions

NIMES Autres aires urbaines régionales MontpellierRégion hors aires urbaines MarseilleAutres régions

BEZIERS Autres aires urbaines régionales MontpellierRégion hors aires urbaines Grandes métropoles prochesAutres régions

ALES Région hors aires urbaines MontpellierAutres aires urbaines régionalesGrandes métropoles prochesAutres régions

CARCASSONNE Région hors aires urbaines MontpellierAutres régions Autres aires urbaines régionales

Grandes métropoles prochesNARBONNE Région hors aires urbaines Montpellier

Autres régions Autres aires urbaines régionalesSETE Région hors aires urbaines Montpellier

Grandes métropoles prochesAutres régions

Source : INSEE RP-99 / DRE-LR

Migration définitives de diplômés ayant au moins "bac +2"

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LOCALISATION DES SIEGES SOCIAUX

« Chacun chez soi »

Les liens existants entre établissements et en particulier entre sièges sociaux et établissements productifs sont un des aspects des relations économiques entre villes, et en particulier de leurs relations de dépendance.La région étant caractérisée par un poids important des petites entreprises et la plupart d’entre elles se réduisant à un seul établissement, il en résulte une très grande indépendance de toutes les aires urbaines. Ainsi à Perpignan, 93% des établissements28 dépendent-ils d’un siège social interne à l’aire urbaine. La proportion avoisine les 90% pour la plupart des aires urbaines. Mende est légèrement en deçà avec 84%, mais sans doute cela est-il lié à la petitesse des données en jeu.Mesurée en emplois, la dépendance est plus importante. 66% des emplois de l’aire urbaine de Montpellier relèvent de centres de décision interne à l’aire urbaine. A Nîmes et Perpignan les proportions observées sont respectivement de 64 et 72%. L’aire urbaine la plus dépendante de l’extérieur est celle de Bagnols-sur-Cèze. A l’opposé, Agde paraît économiquement très isolée.

Une dépendance des centres parisiens avant tout

En matière de tissu productif, la proximité joue un rôle secondaire. La région parisienne regroupe de nombreux centres de décision et le Languedoc-Roussillon n’est pas épargné par cette hiérarchie. Montpellier est la plus concernée avec 22% de ses emplois dépendant d’un siège parisien. A l’opposé, les petites villes comme Agde ou Castelnaudary, sont moins en liaison avec la capitale.La dépendance de sièges sociaux situés dans des régions ou des villes voisines est presque anecdotique. On notera toutefois l’existence de relations privilégiées entre Bagnols-sur-Cèze et les deux régions voisines : PACA et Rhône-Alpes (effet frontière). Au sein de la région, seule Montpellier regroupe quelques centres de décision. Ce phénomène reste toutefois très marginal.

28 Source INSEE Sirène. Champs ICS

Montpellier 66,0 22,4 0,7 2,8 2,3Perpignan 72,4 13,9 2,0 2,6 1,3Nîmes 63,9 19,5 0,3 3,6 3,6 Montpellier : 2,2%Béziers 69,1 15,2 0,7 1,4 3,1 Montpellier : 2,2% Alès 75,0 14,5 0,0 1,1 4,5 Nîmes : 1,1%Carcassonne 67,8 14,1 3,8 2,4 3,3 Montpellier : 1,6%Narbonne 64,2 18,9 2,4 3,1 4,0 multipleSète 71,8 14,5 0,2 1,2 2,1 Montpellier :1,9%,Lunel 74,9 15,3 0,5 0,7 0,5 Montpellier : 3,2%Bagnols 57,4 18,6 0,0 10,7 4,2 multipleAgde 81,0 7,0 0,4 0,2 0,3 Montpellier : 5,3%Castenaudary 79,0 10,9 1,8 0,5 3,0 Carcassonne : 1,1% Mende 71,7 17,5 2,4 0,7 2,9 Hors aire urbaine : 4,0%Limoux 79,8 13,1 1,4 0,3 0,0 Carcassonne : 3,1%Source INSEE SIRENE 2004

Localisation du siège

Dépendance : répartition des emplois en fonction de la localisation des sièges sociaux (en %)

Localisation de l'emploi

Interne à l'aire urbaine

Région parisienne Autre

Midi -Pyrénées PACA

Rhône - Alpes

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