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CHAPITRE 2
LA GUERRE D’ALGÉRIE
Rappels en introduction sur la spécificité de la colonie algérienne et
du processus de décolonisation.
o Une colonisation ancienne qui date de 1830.
o Colonisation de peuplement donc appropriation des terres de la part
des colons. Les Européens installés depuis plusieurs générations sont
hostiles à l’indépendance d’un pays qu’ils estiment avoir construit.
o De grandes inégalités entre le niveau de vie des colons d’origine
européenne et les populations musulmanes.
Européens (« pieds noirs ») Musulmans
Population 980.000 (dont 79% nés en Algérie)
8,85 millions (52,6% de moins de 20 ans)
Taux de natalité 19 0/00 45 0
/00 Taux de mortalité 9 0
/00 14 0/00
Taux de mortalité infantile 46 0/00 181 0
/00 Taux de scolarisation dans le primaire
100 % 18 %
Taille moyenne des exploitatios agricoles
109 ha 14 ha
Nombre de tracteurs 19.091 418 Revenu moyen d’un agriculteur (en francs 1954)
780.000 22.000
o Originalité du statut du territoire algérien considéré comme un
ensemble de départements français, donc partie intégrante du
territoire national.
o La guerre d’Algérie fut particulièrement longue et coûteuse en vies
humaines.
2
o La guerre d’indépendance est menée par un mouvement
indépendantiste, le FLN, qui rejette la colonisation et élimine ses rivaux
algériens.
o Cette guerre se caractérise en outre par la présence d’une multitude
d’acteurs : l’Etat français, les Européens qui peuplent l’Algérie, le FLN
et des mouvements algériens rivaux, les partis politiques de la
métropole parmi lesquels certains sont opposés à la colonisation, des
intellectuels.
Problématique (spécifique à la guerre d’Algérie)
Pourquoi la guerre d’Algérie fut-elle longue et difficile et pourquoi a-t-elle
marqué durablement les relations entre l’Algérie et la France ?
Plan de la leçon:
1. Les revendications d’indépendance et la réponse de l’Etat français
(Années 1930-1956)?
2. L’enlisement de la guerre (1956-1957)?
3. Le général de Gaulle met fin à la guerre (1958-1962)
_______________________________________________________________
3
1. Les revendications d’indépendance et la réponse de l’Etat
français (Années 1930-1956)?
A- L’émergence d’une nouvelle génération d’indépendantistes
Dès le début du XXème siècle, plusieurs mouvements défendant les droits du
peuple algérien ont émergé. La plupart sont surveillés par les services
policiers français, d’autres sont exilés. Parce que leurs projets pour l’Algérie
divergent, ils donnent naissance à plusieurs associations et partis algériens,
certains plutôt favorables à des réformes dans le cadre du régime colonial,
d’autres demandant l’indépendance totale : Parti de la Réforme,
Mouvement pour l’égalité, Association des oulémas musulmans algériens,
Association de l’Etoile Nord-Africaine, Parti du peuple algérien, Parti
Communiste algérien.
Face à l’émergence de ces mouvements, en 1936, le gouvernement du Front
Populaire dirigé par Léon Blum présenta un projet de loi sur les propositions
de Maurice Violette, gouverneur d’Algérie, destiné à octroyer la citoyenneté
française à environ 25.000 musulmans (« Projet Blum-Violette »). Ce projet
de loi devait permettre à une minorité de musulmans d’Algérie d’acquérir
également le droit de vote. A part certains milieux nationalistes qui s’y
opposèrent, ce projet de loi fut assez bien accueilli par les musulmans
d’Algérie. En revanche, les Français d’Algérie l’accueillirent avec beaucoup
d’hostilité et en 1938 le Sénat rejette ce projet.
La fin de la 2nde Guerre mondiale et les célébrations de la Libération
donnent lieu, le 8 mai 1945, à des manifestations d’Algériens dans plusieurs
villes algériennes et s’accompagnent de revendications nationalistes. A Sétif,
des heurts ont lieu entre policiers et nationalistes, la manifestation se
transforme en émeute et la colère des manifestants se tourne vers les
Français dont 27 sont tués. La répression de l’armée française est très
4
violente et fait environ 30.000 morts (« Massacres de Sétif »). La portée
historique de ces massacres est fondamentale, car ceux-ci marquent une
radicalisation des milieux nationalistes algériens. Certains historiens
considèrent même que ces massacres marquent le véritable début de la
Guerre d’Algérie.
Les années qui vont de 1945 à 1954 sont des années de répression et
d’interdiction des mouvements indépendantistes et par conséquent aussi,
des années de radicalisation de ces mouvements qui commencent à
organiser la lutte armée.
Le Front de Libération Nationale (FLN) est créé en novembre 1954 par
Ahmed Ben Bella, un indépendantiste en rupture avec le MTLD de Messali
Hadj qu’il juge trop modéré. A partir de ce moment le mouvement
indépendantiste et les messalistes vont se disputer les faveurs des
travailleurs algériens.
B- Les choix tactiques du FLN
Le recours au combat armé est initié par le FLN en 1954. Ce combat armé se
traduit par des exactions (mauvais traitements, sévices) contre les
populations civiles d’origine européenne et autochtones (ceux qui ne
soutiennent pas la cause indépendantiste). Il prend aussi la forme d’une
guérilla, de maquis et d’affrontements avec l’armée française qui comprend
aussi des unités de supplétifs (forces militaires recrutées temporairement
pour compléter les forces régulières) musulmans appelés « harkis ». Le 1er
novembre 1954, des civils européens et musulmans sont assassinés.
L’intimidation est utilisée par le FLN pour rallier les populations musulmanes
à leur cause.
Le FLN obtient des soutiens étrangers, notamment d’autres pays arabes, de
pays d’Europe de l’Est. L’Algérie lance aussi un appel aux instances de l’ONU
5
où le FLN réussit à faire inscrire « la question algérienne » à l’ordre du jour de
la Commission politique de l’Assemblée Générale. Les EUA proposent une
médiation qui est cependant rejeté par l’Etat français.
Les choix tactiques du FLN peuvent se résumer par les points suivants :
Guérilla (massacres de civils, embuscades, utilisation du terrain qu’ils
connaissent à leur avantage et de la population musulmane)
Terreur urbaine afin de s’implanter à Alger.
Stratégies pour gagner les musulmans à la cause indépendantiste, y
compris par l’intimidation ou l’élimination des concurrents
« Messalistes » (on peut parler de guerre civile parallèle)
Obtention du soutien international : la « question algérienne » est à
l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU en 1955.
Le 1er novembre 1954, le FLN lance un appel radiodiffusé au « peuple
algérien » afin de rallier les populations musulmanes à sa cause. Il y définit
son action comme « dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi
aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des
moyens de lutte pacifique ». Cet appel s’adresse également aux autorités
françaises et exige que « les autorités françaises reconnaissent aux peuples
aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes ». L’appel
du FLN s’achève par une mise en garde contre l’Etat français á qui il promet
« la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de son
but […] la restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social
dans le cadre des principes islamiques »
C- Les réponses de la métropole après 1954
SUR LES « OPÉRATIONS DE PACIFICATION » FRANCAISES EN ALGÉRIE : CE
DOCUMENTAIRE VISIBLE SUR YOUTUBE À L’ADRESSE SUIVANTE (60 minutes):
http://www.youtube.com/watch?v=eoPPOj8gokY
6
ET CETTE EMISSION SUR FRANCE INTER (30 minutes):
http://www.franceinter.fr/emission-la-marche-de-l-histoire-saison-2011-2012-la-pacification-en-
algerie
L’Algérie tient une place particulière dans l’empire colonial français,
puisqu’elle a le statut de « départements français d’Algérie » et qu’elle est
une colonie de peuplement comptant presque 1 million d’Européens.
Dès le 8 mai 1945 avec les massacres de Sétif et Guelma contre les
nationalistes algériens qui font entre 8.000 et 15.000 morts, la France donne
le ton : le refus de toute réforme. Dès lors, ces massacres exacerbent les
rancœurs de la population musulmane à l’égard de la population européenne
d’Algérie (« pieds noirs »).
Neuf ans plus tard, la Guerre d’Algérie débute.
Entre temps, la France s’est montrée incapable de réformer l’administration
de sa colonie, notamment à cause de la pression exercée par la population
des « pieds noirs ». Tandis que 68.000 combattants musulmans ont participé
à la libération de la France et que des intellectuels musulmans revendiquent
l’égalité des droits, les musulmans d’Algérie continuent d’être considérés
comme des citoyens de 2nde catégorie.
Face aux mouvements indépendantistes, la France est incapable de percevoir
l’importance et la portée historique des revendications. Ainsi, lorsque le
ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, se rend en Algérie entre le 16 et
le 22 octobre 1954, alors qu’il vient d’être alerté par le directeur de la
Sécurité Générale, il minimise l’importance des revendications. Puis, lorsque
le FLN commet les premiers attentats, l’Etat français répond par des moyens
militaires auxquels l’armée française donne le nom d’ « opérations de
pacification » qui désignent la répression des mouvements indépendantistes.
Le chef du gouvernement français, Pierre Mendès France déclare le 12
novembre 1954 « Les départements d’Algérie font partie de la République, ils
sont français depuis longtemps ; leur population, qui jouit de la citoyenneté
7
française et est représentée au Parlement, a donné assez de preuves de son
attachement à la France. Jamais aucun gouvernement ne cèdera sur ce
principe fondamental ».
A l’exception du PCF, tous les partis français soutenaient lors cette position
anti-indépendantiste.
Les réponses de la France peuvent se résumer par les points suivants :
Réaffirmation de l’intégration de l’Algérie à la France.
Annonce de réformes sans effets notables afin de conserver la
confiance des populations musulmanes.
Réponse militaire : « pacification », « maintien de l’ordre ». La réponse
militaire implique l’engagement de forces supplétives musulmanes
(Harkis)
Guerre psychologique : les musulmans du FLN sont présentés comme
des terroristes.
2. L’enlisement de la guerre (1956-1957)?
A- Le tournant de 1956-1957
En 1956, le président du Conseil (Chef du gouvernement) Guy Mollet décide
de faire appel au contingent, ce qui amène à 470.000 le nombre d’hommes
qui sont alors déployés en permanence en Algérie pour répondre aux
attentats qui se multiplient sur tout le territoire et la guérilla gagne les
montagnes.
Au même moment, l’armée française incorpore des supplétifs musulmans
(harkis).
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Afin que son combat acquiert une audience internationale, le FLN tentent
d’infiltrer Alger pour y mener une campagne terroriste, ce qui conduit à la
bataille d’Alger. Celle-ci a opposé en 1957 à Alger la 10eme division de
parachutistes de l’armée française aux indépendantistes du FLN. Le général
Massu qui dirige les opérations opère en dehors de tout cadre légal afin de
démanteler le FLN. Militairement, la bataille est remportée par l’armée
française qui obtient l’organigramme complet du FLN et peut procéder à
l’arrestation des membres les plus importants.
Toutefois, aux yeux de l’opinion publique française, cette bataille est perçue
comme une défaite moral du fait de l’usage de la torture par l’armée
française contre les civils afin d’obtenir ces renseignements. Dès lors, les
moyens utilisés par l’armée française en Algérie soulève un débat durable en
France métropolitaine et division l’opinion française.
Résumé :
Montée en puissance de l’insurrection qui contrôle de vastes régions
de l’intérieur.
Attribution de pouvoirs de police à l’armée en Algérie et envoi du
contingent.
Divisions entre musulmans : engagements de « harkis », luttes entre
FLN et Messalistes.
Bataille d’Alger : défaite du FLN, mais crise morale majeure autour de
l’emploi de la torture.
B- L’utilisation de la torture et les fractures de l’opinion française.
a- L’utilisation systématique de la torture comme arme de guerre.
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SUR L’UTILISATION DE LA TORTURE ET DES APPELÉS DU CONTINGENT DANS
LES OPERATIONS DE TORTURE :
http://www.youtube.com/watch?v=-b_kqKQgqp4&feature=relmfu
La torture pendant la guerre d’Algérie a été pratiquée sur les populations
musulmanes par l’armée française et les forces de police dans des
proportions qui, selon les historiens, ont concerné des centaines de milliers
d’Algériens. L’objectif était d’obtenir des renseignements sur les opérations
du FLN et ses membres. Elle fut consacrée et institutionnalisée comme arme
de guerre qui a reçu tous les pouvoirs, lors de la bataille d’Alger en 1957.
L’utilisation de la torture est même théorisée et justifiée dans le cadre d’une
doctrine de « guerre contre-révolutionnaire » en tant que moyen de mener
une guerre asymétrique dans laquelle l’adversaire se dérobe aux catégories
classiques du droit de la guerre (par exemple, il n’y a pas de distinction en
Algérie entre les catégories de combattants et de civils, les combattants se
dissimulant dans la population et étant alors considérés comme des
terroristes). Dans ce cadre, la torture est considérée comme un moyen
légitime de mener la guerre.
On parle alors d’ « usage du renseignement » et de « guerre psychologique »
et la frontière entre civil et militaire est effacée, c’est-à-dire que la guerre
s’étend au-delà de la sphère militaire et inclut la société civile.
Le 1er juillet 1955, le Ministre de l’Intérieur et le Ministre de la Défense
signent l’ « Instruction No 11 », qui a reçu la pleine adhésion du
gouvernement et qui est diffusée dans tous les régiments français d’Algérie,
celle-ci stipule :
« La lutte doit être plus policière que militaire. (…) Le feu doit être
ouvert sur tout suspect qui tente de s’enfuir. (…) Les moyens les plus
brutaux doivent être employés sans délai (…) il faut rechercher le succès
par tous les moyens »
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Donc, le pouvoir civil a couvert en toutes connaissances de causes les
militaires dès l’année 1955.
Elle a aussi été employée à une moindre échelle et de manière non
systématique par le FLN et l’ALN (Armée de Libération Nationale). Dans le
cas des tortures réalisées par le FLN, elles visaient à entretenir un climat de
terreur plutôt qu’à obtenir des renseignements. Les principales victimes de
ces tortures sont des supplétifs algériens ou civils algériens fidèles au
gouvernement français. Toutefois, selon les historiens, le nombre de victimes
de l’ALN et du FLN demeure inférieur à celui des victimes torturées par
l’armée française.
b- Les réactions de l’opinion française.
Les premières et l’essentiel des remises en question de l’intervention de
l’armée française en Algérie sont venus d’intellectuels français. Dès 1955,
plusieurs articles dénoncent l’usage de la torture en Algérie :
Le 13 janvier 1955, Claude Bourdet publie « Votre Gestapo d’Algérie ».
Le 15 janvier 1955, François Mauriac publie « la Question » dans le
journal L’Express.
Le 5 avril 1956, Henri-Irénée Marrou dénonce aussi la torture dans un
article publié dans le journal Le Monde : « France, ma patrie ».
Début 1957, Pierre-Henri Simon publie « Contre la torture ».
En mars 1957, Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal Le Monde
publie un éditorial contre la torture : «Sommes-nous les vaincus de
Hitler ? ».
En 1957, l’activiste du Parti Communiste Français et directeur du
journal Alger Républicain, Henri Alleg dénonce l’emploi de la torture
par l’armée français, à partir de sa propre expérience vécue lors de la
bataille d’Alger.
11
La dénonciation peut même venir des rangs de l’armée, puisqu’en mars 1957,
le général Jacques Pâris de Bollardière publie une lettre dénonçant ces
tortures et il est démis de ses fonctions.
Mais peu à peu, les critiques ont dépassé la simple critique de la torture et
des méthodes de l’armée pour remettre en question la guerre elle-même et
la lutte pour garder l’Algérie française.
Un groupe de militants français (« Réseau Jeanson ») s’est organisé autour
de Francis Jeanson pour soutenir le FLN. Son action consistait principalement
à collecter des fonds pour le FLN et à les acheminer vers les agents du FLN,
d’où leur surnom de « Porteurs de valises ». Le réseau a été démantelé en
février 1960 et son procès s’est ouvert le 5 septembre 1960. 15 des inculpés
sont condamnés à 10 ans de prison, 3 à respectivement 5 ans, 3 ans et huit
mois et 9 sont acquittés. Toutefois, les avocats sont parvenus au cou du
procès à ridiculiser le tribunal et à le décrédibiliser auprès de l’opinion
publique française.
Le 6 septembre 1960, des intellectuels, universitaires et artistes apportent
leur soutien aux « porteurs de valises » et publient le « Manifeste des 121 »,
une « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». Ils
cherchent à informer l’opinion française et internationale du mouvement de
contestation contre la guerre d’Algérie. Ils critiquent l’attitude équivoque de
la France vis-à-vis du mouvement d’indépendance algérien et soutiennent le
fait que la population algérienne ne cherche qu’à être reconnue comme une
communauté nationale indépendante. Ils replacent ce mouvement dans
celui plus large de la décolonisation et dénoncent le rôle surdimensionné
qu’a pris l’armée dans ce conflit.
En ce qui concerne l’opinion publique française, dès le début de la guerre
elle est plutôt hostile aux colonies et à l’idée de colonisation. Elle n’a pas
beaucoup de sympathie pour les « pieds noirs ». Toutefois dans son
ensemble, la population française demeure assez passive tout au long du
12
conflit. Les oppositions véritables à l’intervention armée française et aux
pratiques de l’armée française sont restées cantonnées aux intellectuels. Dès
le début de la guerre, la majorité des Français pense qu’il faut se résigner à
perdre la colonie algérienne comme les autres et lorsque de Gaule assume le
pouvoir en 1958, les Français lui font plutôt confiance pour rétablir la paix et
accepter l’indépendance e l’Algérie.
3. Le général de Gaulle met fin à la guerre (1958-1962)
A- L’appel au Général de Gaulle et l’espoir d’en finir avec la guerre
Dès son arrivée au pouvoir, de Gaulle nouveau chef du gouvernement ainsi
que le président René Coty demandent aux Français le 28 septembre 1958 de
ratifier la nouvelle Constitution qui pose les fondements de la 5eme
République. Celle-ci est ratifiée par 75% des électeurs.
De Gaulle annonce alors un vaste plan d’investissement en Algérie (le plan de
Constantine), laissant entendre un engagement durable de la France en
Algérie. Ce plan était destiné à affaiblir politiquement le FLN. Ses principaux
objectifs sont la construction de logements, la redistribution des terres, le
développement de l’irrigation, la création de 400.000 emplois industriels, la
scolarisation de tous les enfants, l’emploi dans une proportion accrue de
français musulmans. Cependant, à ce moment de la guerre, ce plan ne peut
plus ramener la paix.
13
B- Le tournant de l’autodétermination
Le 16 septembre 1959, de Gaulle ouvre dans un discours la voie à
l’autodétermination du peuple algérien. Il annonce que tous les Algériens
auront à se prononcer sur leur avenir selon 3 options : l’indépendance
complète, la francisation conduisant à un unique Etat avec égalité des droits
de toute la population, ou un gouvernement autonome en Algérie en
association avec la France qui conserverait ses prérogatives en matière
d’économie, d’enseignement, de Défense et d’Affaires étrangères.
De Gaulle ne cache pas son hostilité aux deux premières options. Selon lui, la
1ere risque de conduite à un Etat communiste et la 2nde serait impossible.
Mise en place du Plan Challe : A partir de 1959, le général Challe est nommé
commandant militaire de l’Algérie et espère asphyxier les maquis de l’ALN,
branche armée du FLN à l’aide d’une série de grandes opérations militaires.
Ces opérations comprennent en outre la mise en place de centres de
regroupement des populations situées dans les zones rurales afin d’isoler les
unités du FLN et de les priver de leur principal soutien. Au cours de ces
opérations de nombreux villages sont détruits et des régions sont vidées.
Dans un 1er temps, ces opérations affaiblissent l’ALN, mais celle-ci s’adapte
et réussit à se réorganiser et à reconstituer des réseaux dans les régions
pacifiées avec la fin de l’année 1960.
Dans ce contexte, le gouvernement français entame des négociations. Le 8
janvier 1961, par un référendum sur l’autodétermination en Algérie organisé
en métropole et en Algérie, les électeurs s’étaient prononcés à plus de 70 %
en faveur de l’autodétermination. C’est alors que des négociations secrètes
14
avaient été ouvertes entre le gouvernement français et le Gouvernement
Provisoire de la République Algérienne (GPRA) lié au FLN.
Une partie des cadres de l’armée, qui avaient mené 7 années de combats se
sentit trahie par le général de Gaulle et voulut s’opposer par un coup de
force aux projets d’indépendance de l’Algérie.
Le 23 avril 1961 quatre généraux (Maurice Challe, Edmond Jouhaud, Raoul
Salan et André Zeller) conduisent une tentative de coup d’Etat (« Putsch des
Généraux » ou « Putsch d’Alger »). Immédiatement après, le Général de
Gaulle prononce un discours télévisé appelant les soldats à refuser le coup
d’Etat et, conformément à l’article 16 de la Constitution il se saisit des pleins
pouvoirs. Des unités d’appelés du contingent refusent d’obéir aux ordres des
mutins et se soulèvent à leur tour et arrêtent les officiers putschistes. En
métropole, des volontaires parmi lesquels on trouve des anciens de la
Résistance, se rassemblent à Paris pour soutenir le Général de Gaulle. Les
syndicats décident d’une grève générale en signe de protestation contre le
Putsch et sont suivis massivement. Puis, progressivement, le 26 avril, les
troupes qui avaient suivi les généraux putschistes, se rendent. Le Général
Challe se rend aux autorités. Le Putsch a échoué.
C- Les Accords d’Evian, le bilan de la guerre et les suites de
l’indépendance
Entre le 7 et le 18 mars 1962 se tiennent à Evian des négociations entre les
représentants du gouvernement français et ceux du GPRA. Des accords sont
signés le 18 mars et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu
applicable sur l’ensemble du territoire algérien. Ils furent approuvés, lors du
référendum du 8 avril 1962 par 90% des votants de France métropolitaine,
les électeurs des départements d’Algérie étant exclus du scrutin.
15
Outre, un accord de cessez-le-feu, ces accords prévoient l’organisation d’un
référendum d’autodétermination dans un délai minimum de 3 mois et
maximum de 6 mois.
Ces accords mettent fin à plus de 7 années de guerre. La France y a déployé
400.000 hommes. Entre 250.000 et 400.000 Algériens ont été tués (500.000
selon l’Etat algérien). Du côté français, on compte 28.500 soldats français
morts, entre 30.000 et 90.000 harkis et entre 4.000 et 6.000 civils européens.
Le référendum d’autodétermination est organisé le 1er juillet 1962. Les
électeurs (citoyens résidants en Algérie, européens et musulmans) ont à se
prononcer sur la question suivante : « Voulez-vous que l’Algérie devienne un
Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par
les déclarations du 19 mars 1962 ? ». Le OUI l’emporte par 99,72% des
suffrages. Le 3 juillet, le général de Gaulle reconnait l’indépendance de
l’Algérie.
Au lendemain de l’indépendance, les « Pieds noirs » sont rapatriés en France
métropolitaine, ainsi que de nombreux harkis.
16
CONCLUSION : Un passé qui ne passe pas.
Face aux revendications d’autonomie, d’améliorations des conditions de vie,
ou d’indépendance exprimés depuis les années 1930, l’Etat français a
manifesté son refus de modifier les conditions de la colonie algérienne. Cette
position a radicalisé ces mouvements autochtones, au point de provoquer
une guerre qui commence en 1954 après la création du Front de Libération
Nationale (FLN) algérien. Cette guerre violente dura sept années. L’arrivée au
pouvoir du général de Gaulle en 1958 marque le début d’un processus de
négociation auquel l’armée française s’opposa violemment et qu’elle tenta
de faire échouer. Finalement, un solution négociée est trouvée en 1962 t
aboutit au référendum du 3 juillet 1962 à l’issue duquel l’Algérie devient un
Etat indépendant.
De nombreux aspects de la guerre d’Algérie sont encore aujourd’hui l’objet
de débats, comme l’atteste l’abondance des productions de la recherche
historique sur ce conflit. La question de la torture et de sa justification suscite
notamment de nombreuses controverses.