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Chapitre 3 – Les États-Unis et le monde depuis 1945 Histoire-Géographie Term. S, coll. Le Quintrec – Janin © Nathan 2014 1 CHAPITRE 3 Les États-Unis et le monde depuis 1945 > MANUEL PAGES 60 À 87 RAPPEL DU PROGRAMME Thème 2 Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Question obligatoire Les chemins de la puissance Mise en œuvre les États-Unis et le monde depuis 1945 ; – la Chine depuis 1949. PRÉSENTATION Le programme, dans le cadre d’une réflexion sur la puissance, demande d’étudier les relations entre les États-Unis et le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le temps imparti (environ 5 heures) exige un format synthétique : il ne s’agit ni de faire une histoire des États-Unis, ni une histoire des relations internationales. Il est même impossible d’étudier en détail la politique extérieure américaine au XX e siècle, qui fait l’objet d’une bibliographie immense. Le chapitre est donc centré sur la notion de puissance, tout en restant dans une démarche historique (il ne s’agit pas d’un cours de géopolitique). Il faut envisager avec les élèves les différentes dimensions de la puissance que les États-Unis ont su conjuguer : politique, militaire, économique, culturelle. Les États-Unis ont été une puissance économique et culturelle avant d’être une puissance politique. Cela s’explique par l’histoire particulière des États-Unis, qui se sont consacrés pendant plus d’un siècle à la conquête de leur territoire (la fin officielle de la « Frontière » est proclamée en 1890) et qui, après avoir rompu avec la métropole britannique, ont souhaité s’isoler du Vieux Continent. Les États-Unis ont mis du temps à s’assumer comme une puissance politique et militaire, à se doter d’une conscience et d’une doctrine de la puissance. Avant de se tourner vers l’extérieur, ils ont attiré les immigrants du monde entier, pour construire les bases (démographiques, économiques) de leur future puissance. Cette attractivité et cette capacité à faire rêver le monde entier (le rêve américain), à se donner en modèle de liberté et de modernité, ont fait très tôt des États-Unis une puissance culturelle. Il n’est pas étonnant que le soft power ait été théorisé par un Américain, Joseph Nye. Il faut aussi envisager les théâtres d’affirmation, les échelles de la puissance. Une puissance mondiale est d’abord généralement une puissance régionale. Les États-Unis ont commencé par affirmer leur puissance sur le continent américain. La doctrine Monroe, formulée dès 1823, entend laisser « l’Amérique aux Américains » et éliminer les puissances européennes de « l’hémisphère occidental ». À cette date, les États-Unis n’ont d’ailleurs pas les moyens de rivaliser en Amérique latine avec les puissances européennes comme la Russie (présente en Alaska) et surtout le Royaume-Uni (très présent sur le plan économique). Les États- Unis ont mis du temps à rendre effective la doctrine Monroe. Il faut souligner l’ambiguïté de celle-ci et de la terminologie qui la sous- tend : « l’Amérique aux Américains » peut se comprendre aussi bien comme un manifeste panaméricain que comme une affirmation du leadership des États-Unis sur le continent. L’autre volet de la doctrine Monroe, c’est la non-ingérence des États-Unis dans les affaires européennes. C’est la base de ce qu’on appelle « l’isolationnisme américain » ; il faut bien faire comprendre aux élèves que cet isolationnisme est relatif à double titre : parce que les États-Unis sont une puissance régionale très active dans le continent américain ; et parce que la non-ingérence politique n’exclut nullement des relations économiques avec l’Europe (dès l’entre-deux- guerres). Il faut enfin envisager les grandes étapes de l’affirmation de la puissance américaine. Un

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CHAPITRE

3 Les États-Unis et le monde depuis 1945

> MANUEL PAGES 60 À 87

RAPPEL DU PROGRAMME Thème 2 – Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945

Question obligatoire

Les chemins de la puissance

Mise en œuvre

– les États-Unis et le monde depuis 1945 ; – la Chine depuis 1949.

PRÉSENTATION Le programme, dans le cadre d’une réflexion sur la puissance, demande d’étudier les relations entre les États-Unis et le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le temps imparti (environ 5 heures) exige un format synthétique : il ne s’agit ni de faire une histoire des États-Unis, ni une histoire des relations internationales. Il est même impossible d’étudier en détail la politique extérieure américaine au XXe siècle, qui fait l’objet d’une bibliographie immense. Le chapitre est donc centré sur la notion de puissance, tout en restant dans une démarche historique (il ne s’agit pas d’un cours de géopolitique). Il faut envisager avec les élèves les différentes dimensions de la puissance que les États-Unis ont su conjuguer : politique, militaire, économique, culturelle. Les États-Unis ont été une puissance économique et culturelle avant d’être une puissance politique. Cela s’explique par l’histoire particulière des États-Unis, qui se sont consacrés pendant plus d’un siècle à la conquête de leur territoire (la fin officielle de la « Frontière » est proclamée en 1890) et qui, après avoir rompu avec la métropole britannique, ont souhaité s’isoler du Vieux Continent. Les États-Unis ont mis du temps à s’assumer comme une puissance politique et militaire, à se doter d’une conscience et d’une doctrine de la puissance. Avant de se tourner

vers l’extérieur, ils ont attiré les immigrants du monde entier, pour construire les bases (démographiques, économiques) de leur future puissance. Cette attractivité et cette capacité à faire rêver le monde entier (le rêve américain), à se donner en modèle de liberté et de modernité, ont fait très tôt des États-Unis une puissance culturelle. Il n’est pas étonnant que le soft power ait été théorisé par un Américain, Joseph Nye. Il faut aussi envisager les théâtres d’affirmation, les échelles de la puissance. Une puissance mondiale est d’abord généralement une puissance régionale. Les États-Unis ont commencé par affirmer leur puissance sur le continent américain. La doctrine Monroe, formulée dès 1823, entend laisser « l’Amérique aux Américains » et éliminer les puissances européennes de « l’hémisphère occidental ». À cette date, les États-Unis n’ont d’ailleurs pas les moyens de rivaliser en Amérique latine avec les puissances européennes comme la Russie (présente en Alaska) et surtout le Royaume-Uni (très présent sur le plan économique). Les États-Unis ont mis du temps à rendre effective la doctrine Monroe. Il faut souligner l’ambiguïté de celle-ci et de la terminologie qui la sous-tend : « l’Amérique aux Américains » peut se comprendre aussi bien comme un manifeste panaméricain que comme une affirmation du leadership des États-Unis sur le continent. L’autre volet de la doctrine Monroe, c’est la non-ingérence des États-Unis dans les affaires européennes. C’est la base de ce qu’on appelle « l’isolationnisme américain » ; il faut bien faire comprendre aux élèves que cet isolationnisme est relatif à double titre : parce que les États-Unis sont une puissance régionale très active dans le continent américain ; et parce que la non-ingérence politique n’exclut nullement des relations économiques avec l’Europe (dès l’entre-deux-guerres). Il faut enfin envisager les grandes étapes de l’affirmation de la puissance américaine. Un

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plan chronologique est de ce point de vue quasiment inévitable, tant la période est marquée par de nettes évolutions. Il faut attendre Roosevelt et la Seconde Guerre mondiale pour que les États-Unis assument enfin leur statut de grande puissance. L’effort de guerre fait des États-Unis une grande puissance économique et aussi militaire pour la première fois de leur histoire. L’après-guerre est décisif, puisque cette fois-ci les États-Unis participent à l’ONU et s’engagent dans la reconstruction du monde. La guerre froide renforce cet engagement américain, même si elle en change le sens : les États-Unis ne seront pas le modèle du monde, mais le leader du « monde libre » face au communisme. La guerre froide correspond à l’apogée de la puissance américaine face au repoussoir qu’est l’autre superpuissance, l’URSS. Surveillant leur chasse gardée latino-américaine, ils nouent des liens privilégiés avec l’Europe occidentale. Ils sont également la première puissance militaire en Asie orientale et au Moyen-Orient. La fin de la guerre froide ouvre une période d’incertitudes, voire de désillusions. Les États-Unis, vainqueurs de la confrontation Est-Ouest, apparaissent d’abord comme une « hyperpuissance » capable de fonder un « nouvel ordre mondial ». Mais ce projet se heurte rapidement aux réalités d’un monde où se multiplient les nouvelles formes de conflictualité. Les États-Unis ne peuvent être les seuls gendarmes du monde, d’autant que leur économie est de plus en plus concurrencée par d’autres puissances. Les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain révèlent la vulnérabilité de la première puissance mondiale aux nouveaux risques comme le terrorisme. Cela conduit les États-Unis, sous la direction de George W. Bush, à adopter une stratégie d’unilatéralisme qui avive les critiques à leur encontre, y compris parmi leurs alliés lors de l’intervention en Irak en 2003. Depuis 2009, Barack Obama a amorcé un retour vers le multilatéralisme, tout en affirmant que les États-Unis conserveraient leur leadership mondial.

BIBLIOGRAPHIE • ARTAUD D., La Fin de l’innocence, les États-Unis de Wilson à Reagan, Armand Colin, 1985. • HASSNER P. et VAÏSSE J., Washington et le monde. Dilemmes d’une superpuissance, CERI/Autrement, 2003. • LEFEBVRE M., La Politique étrangère américaine, PUF, coll. « Que sais-je ? », n° 3714, 2e édition, 2008. • MELANDRI P. et RICARD S. (dir.), Les États-Unis entre uni- et multilatéralisme. De Woodrow Wilson à George W. Bush, L’Harmattan, 2008. • MELANDRI P. et VAÏSSE J., L’Empire du Milieu : Les États-Unis et le monde depuis la fin de la guerre froide, Odile Jacob, 2001. • NOUAILHAT Y.-H., Les États-Unis et le monde au XXe siècle, Armand Colin, 2e édition, 2000. Revues • Diplomatie, Les grands dossiers, n° 3, « Géopolitique des États-Unis. La fin de l’empire américain ? », juin-juillet 2011. • Questions internationales, n° 3, « La puissance américaine », septembre-octobre 2003. • Questions internationales, n° 39, « Les défis de la présidence Obama », septembre-octobre 2009. • Questions internationales, n° 64, « États-Unis : vers une hégémonie discrète », novembre-décembre 2013. Instruments de travail • DOREL G., Atlas de l’empire américain, Autrement, 2006. • L’Histoire n° 376, « Atlas des Amériques », mai 2012. • SICARD P., Chronologie des États-Unis, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire », 2011. • VAÏSSE M., Les Relations internationales depuis 1945, Amand Colin, coll. « U », 12e édition, 2011.

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Recueils de documents • BONNET J.-M. et VINCENT B. (dir.), Histoire documentaire des États-Unis, Presses Universitaires de Nancy : Tome 8 : M.-F. TOINET, L’Amérique triomphante (1945-1960), 1994. Tome 9 : C.-J. BERTRAND, Les Années soixante (1961-1974), 1989. Tome 10 : P. MELANDRI, La Crise d’identité (1974-1988), 1992. • ROBERT F., L’Histoire américaine à travers les présidents américains et leurs discours d’investiture (1789-2001), Ellipses, 2001. Sitographie Sites des think tanks traitant de la politique étrangère américaine : • http://www.brookings.edu/about/programs/foreign-policy : Foreign Policies Studies/Brookings Institution. • http://www.cfr.org : Council on Foreign Relations. • http://www.ceip.org : Carnegie Endowment for International Peace. PLAN DU CHAPITRE Les leçons sont organisées selon un plan chronologique, qui semble incontournable. L’articulation avec les études est assez souple,

puisque beaucoup d’entre elles sont transversales et couvrent toute la période. La double page Retour Sur… permet de revenir sur les moments clés de l’émergence de puissance américaine jusqu’en 1945. Certains repères sont indispensables aux élèves pour comprendre les rapports des États-Unis au monde à partir de 1945. On y trouvera aussi un lexique et un organigramme des acteurs de la politique extérieure des États-Unis. Une première étude, consacrée au « rêve américain », permet de cerner une dimension essentielle de la puissance américaine : le soft power. Une double page Cartes et le premier cours (1945-1962) sont centrés sur l’entrée dans la guerre froide, qui a fait des États-Unis une superpuissance. Une étude analyse ensuite la perception de cette superpuissance par les Européens au début de la guerre froide. Le deuxième cours (1962-1989) montre comment les États-Unis sont sortis vainqueurs de la guerre froide. Le troisième cours (1990-2013) analyse le recul relatif de la puissance américaine dans l’après-guerre froide. Il est suivi de deux études courtes consacrées aux évolutions récentes de la politique américaine : le recentrage sur l’Asie Pacifique et la lutte contre le terrorisme. Une dernière étude, portant sur toute la période, traite des États-Unis comme puissance régionale (rapports avec l’Amérique latine). Le chapitre se termine avec une carte qui offre une vision synthétique de la puissance américaine au début du XXIe siècle.

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Commentaires des documents et réponses aux questions OUVERTURE

> MANUEL PAGES 60-61

Le rapprochement de ces deux photographies marines permet de mettre en valeur deux aspects majeurs de la puissance américaine. ! Document 1 Cette photographie rassemble tous les ingré-dients du rêve américain, dans ce port de New York qui a été la porte d’entrée de l’Amérique pour des millions d’immigrants. La statue de la Liberté semble saluer le paquebot qui quitte le port, à une époque où l’avion n’est pas encore un moyen de transport de masse et où le bateau assure la liaison transatlantique. La skyline du sud de Manhattan symbolise la modernité et la prospérité de New York, capitale économique des États-Unis et pôle majeur de la mondialisation. ! Document 2 Par cet exercice réalisé près de la base de Guam en 2006, les États-Unis affirment leur suprématie militaire. Une grande puissance militaire doit aujourd’hui être capable de projeter des forces à distance, ce qui nécessite de gros moyens aériens et navals. Les États-Unis disposent de 11 porte-avions, alors que les autres puissances navales n’en ont généralement qu’un seul. Parmi les avions, on reconnaît le spectaculaire bombardier furtif B-2 Spirit (intervenu au Kosovo en 1999, en Afghanistan à partir de 2001, en Irak en 2003, en Libye en 2011). Les États-Unis sont la seule puissance capable d’entretenir en permanence des flottes sur tous les océans. Cet exercice dans le Pacifique peut être interprété comme un signal envoyé à la Chine, dont on connaît les ambitions maritimes.

ÉTUDE Le rêve américain

> MANUEL PAGES 64-65

!Réponses aux questions 1. En quoi la nouvelle loi sur l’immigration est-elle, selon Johnson, conforme aux valeurs américaines ? Selon Johnson, la nouvelle loi sur l’immigration est conforme aux valeurs américaines parce que les immigrants sont choisis selon leur compétence, et non en fonction de leur origine (quotas par nationalités). Certes la loi n’instaure pas la liberté totale d’immigration aux États-Unis, mais elle respecte « le principe de base de la démocratie américaine, principe selon lequel chacun doit être évalué et récompensé selon son mérite en tant qu’homme ». La loi permet aussi au « creuset américain » (melting pot) de fonctionner normalement, alors qu’il était en quelque sorte faussé par le système des quotas. Johnson fait l’éloge d’une Amérique multiculturelle, fondée par des individus libres de toutes origines. 2. Expliquez le lien établi par Johnson entre l’immigration et l’attitude des États-Unis vis-à-vis du reste du monde. Johnson établit un lien explicite entre l’immigration et l’attitude des États-Unis vis-à-vis du reste du monde, un lien qui expliquerait une forme d’exception américaine. Parce qu’elle est une nation d’immigrants (« expérience quasiment unique dans l’histoire des nations »), l’Amérique s’adapterait bien à la diversité du monde : « nous nous sentons plus sûrs et plus forts dans un monde aussi varié que les peuples qui le composent ». Les États-Unis seraient au fond le leader naturel d’un monde dont ils sont la synthèse. Ce thème a ici un parfum de guerre froide, car Johnson décrit un « monde libre », « un monde dans lequel aucun pays n’impose sa loi à un autre et où tous les pays peuvent aborder les grands problèmes de l’humanité à leur manière », ce qui est une allusion claire au bloc soviétique

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fondé sur un modèle socialiste autoritaire imposé par Moscou. 3. Identifiez les deux grandes périodes d’immigration massive aux États-Unis. Les États-Unis ont connu deux grandes périodes d’immigration massive : – entre 1900 et 1914, les années records étant 1907 (1 285 349 immigrants légaux) et 1914 (1 218 480). Le mouvement est enrayé par la Première Guerre mondiale, puis stoppé par les lois instituant des quotas en 1921 et surtout en 1924. – à la fin du XXe siècle, avec une pointe en 1991 (1 826 595). Le mouvement est lancé par la loi de 1965 qui allège le système des quotas et il continue jusqu’à aujourd’hui. On trouve cette courbe sur le site www.migrationinformation.org (rubrique « US in Focus » puis « Historical trend’s »). Les chiffres précis, année par année, sont ceux de l’administration : www.dhs.gov/files/statistics/publications/yearbook.shtm. 4. Que nous apprend cette pochette de disque sur l’influence culturelle des États-Unis ? Cette pochette de disque révèle une grande influence des États-Unis sur la culture populaire française. Le titre même de la chanson est significatif, puisque le chanteur se rêve en « Américain ». L’étui de sa guitare est décoré du drapeau des États-Unis et il est habillé à la mode américaine (blue jean, chemise un peu « western »). Jean-Jacques Goldman, adossé à un mur crasseux, semble un voyageur en partance, avec sa guitare pour seul bagage. Le texte de la chanson confirme cette hypothèse, puisqu’il évoque les immigrants : Dans sa pauvre valise, ses maigres affaires Une histoire banale d’homme et de misère Il tient dans sa chemise ses ultimes richesses Ses deux bras courageux, sa rude jeunesse Et tout contre sa peau comme un trésor inca Son nom sur un visa pour les USA But long is the road Hard is the way Heavy my load But deep is my faith

Long is the road Par ailleurs, la musique populaire elle-même, à commencer par celle de Jean-Jacques Goldman, est fortement influencée par celle des États-Unis (blues, gospel, rock’n’roll). 5. Pourquoi l’Union européenne a-t-elle refusé d’inclure les biens culturels dans les négociations de libre-échange avec les États-Unis ? L’Union européenne a refusé d’inclure les biens culturels dans les négociations de libre-échange avec les États-Unis pour deux raisons qui sont liées : – « la puissance de l’industrie audiovisuelle américaine dans le monde » menace la diver-sité culturelle de l’Europe ; – « la culture n’est pas un bien comme un autre » et on ne peut lui appliquer les règles du marché (libre concurrence). Autrement dit, il faut protéger les cultures européennes des grandes entreprises américaines de divertissement. Le texte, inspiré par la France, invite explicitement à « soutenir […] la création culturelle », à mener « des politiques ambitieuses en faveur de la culture, notamment du cinéma et de l’audiovisuel », sur le modèle français (financement public pour les films, quotas d’œuvres françaises diffusées à la radio et à la télévision, etc.). 6. Quels pays « résistent » le mieux à la pénétration sur leur marché des films américains ? Pourquoi selon vous ? Les pays qui « résistent » le mieux à la pénétration sur leur marché des films américains sont l’Inde (5 % de films américains), le Japon (40,9 %) et la France (49,7 %). Ces trois pays ont une industrie cinématographique dynamique, fondée sur une culture à la fois très enracinée dans la tradition nationale et susceptible d’être exportée. L’industrie cinématographique indienne, installée à Bombay (« Bollywood »), règne sur un public attaché à des genres de films très codifiés, mais commence aussi à exporter. Les films japonais répondent à la demande du public nippon (traditions culturelles très fortes) mais ont réussi à trouver aussi une audience internationale. On peut dire la même chose de la France, pays qui a inventé le cinéma et où

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l’État aide par ses subventions l’industrie cinématographique. 7. Rappelez les principaux éléments du rêve américain. En quoi peut-on parler de soft power ? Le rêve américain présente les États-Unis comme une terre promise où règne la liberté et où chacun a la possibilité de réussir. On peut parler de soft power puisque les États-Unis apparaissent ainsi comme un modèle, un pays qui à la fois attire des immigrants et diffuse dans le monde entier ses valeurs. COURS 1. Les États-Unis entrent en guerre froide (1945-1962)

> MANUEL PAGES 68-69

! Document 2 > Après avoir décrit les deux personnages, montrez comment l’URSS présente son propre rôle et celui des États-Unis au début de la guerre froide. L’affiche oppose clairement deux personnages, incarnant l’URSS et les États-Unis. – Dans le coin inférieur gauche de l’image, les États-Unis sont représentés par un personnage qui mélange l’Oncle Sam (vieillard à barbiche blanche qui est la figure traditionnelle des États-Unis) et le bourgeois capitaliste (cos-tume, nœud papillon, chapeau haut-de-forme). Il tient dans sa main droite une bombe atomi-que et dans sa main gauche une torche, comme s’il voulait mettre le feu à la maison. Il grimace d’une manière un peu diabolique et il est dans une position à la fois d’agressivité et de recul. – Dans la partie supérieure droite de l’image, l’URSS est représentée par un officier en uniforme de l’armée rouge. Depuis une fenêtre ouverte, sous laquelle il est écrit « URSS », il fait la leçon à l’autre personnage. Il lève sa main droite dans un geste à la fois calme et un peu menaçant, illustrant le titre de l’image (« Ne fais pas de bêtises »). Il tient dans sa main gauche un livre consacré à la « Grande guerre patriotique » (1941-1945). Il semble sûr

de lui, sans agressivité et il domine par sa stature l’image. Le message est clair quant au rôle des deux puissances au début de la guerre froide. Les États-Unis sont représentés comme une puissance impérialiste, belliciste, qui menace la paix du monde avec ses armes nucléaires, tandis que l’URSS est représentée comme une puissance pacifique, qui protège l’ordre issu de la Seconde Guerre mondiale et qui est capable d’arrêter les projets néfastes de l’Amérique. ! Document 3 > Comment Truman définit-il la politi-que extérieure des États-Unis ? En quoi est-ce nouveau ? Truman définit la politique extérieure des États-Unis comme « une politique d’aide aux peuples libres qui résistent actuellement aux manœuvres de certaines minorités armées ou à la pression extérieure ». Les États-Unis se présentent ainsi comme les leaders du « monde libre » face au communisme qui « s’appuie sur la terreur et l’oppression ». La « pression extérieure » dont parle Truman est celle que l’URSS exerce sur les pays européens qu’elle veut intégrer dans sa sphère d’influence. Les « minorités armées » désignent les communistes qui agissent dans certains pays. Truman pense surtout à la Grèce, où s’est déclenchée en 1946 une guerre civile entre les partisans communistes et le gouvernement soutenu par les Britanniques (et bientôt les Américains). Cette aide aux peuples libres « doit se manifester en tout premier lieu sous la forme d’une assistance économique et financière » : celle-ci est annoncée le 5 juin 1947 dans un discours à Harvard par le secrétaire d’État George Marshall (European Recovery Program ou Plan Marshall). Cette orientation de la politique extérieure est nouvelle pour les États-Unis, cela pour plusieurs raisons, étroitement liées : – parce que les États-Unis assument clairement leur leadership et leur puissance, contrairement à ce qui s’était passé dans les années 1919-1937 ; – parce que les États-Unis entrent dans une logique de guerre froide, en rupture avec la Grande Alliance et les espoirs de paix mondiale des années 1944-1946. Dans ce discours, Truman décrit clairement un monde

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coupé en deux camps et dénonce l’URSS comme une puissance oppressive ; – parce que les États-Unis s’engagent nettement en Europe, enterrant définitivement la doctrine Monroe par laquelle ils s’interdisaient d’intervenir dans les affaires du Vieux Continent ; – parce que les États-Unis entrent dans une logique d’alliance en temps de paix. Il ne s’agit pas encore d’une alliance militaire, autorisée par le Sénat le 11 juin 1948 (résolution Vandenberg). Mais il s’agit déjà d’une alliance idéologique, politique (soutien au « monde libre »), et bien sûr économique (aide financière). > Expliquez la dernière phrase du texte. Dans la dernière phrase de cet extrait, Truman veut précisément convaincre l’opinion américaine qu’il faut assumer cette politique nouvelle, cette rupture définitive avec la tradition isolationniste. « Si nous hésitons dans notre leadership » : cette éventualité qu’il veut conjurer est celle d’un réflexe de repli, comme les États-Unis l’ont connu en 1920 quand le Sénat a refusé de ratifier le traité de Versailles et de suivre Wilson dans sa politique interventionniste. « Nous pourrions mettre en danger la paix dans le monde », en laissant l’URSS accroître sa sphère d’influence et mener une sorte de « lutte des classes » mondiale. « Et nous mettrons certainement en danger cette nation », puisque les États-Unis sont le leader naturel du monde libre, une nation fondée sur les idéaux libéraux combattus par l’URSS. ! Document 4 > En quoi le complexe militaro-industriel peut-il être dangereux selon Eisenhower ? Selon Eisenhower, le complexe militaro-industriel peut être dangereux, parce qu’il pourrait acquérir « une influence injustifiée » et « menacer nos libertés et nos processus démocratiques ». Plus précisément, il s’inquiète du fait que les programmes de recherche soient largement dirigés et financés par l’État. D’où un double risque, soit celui de voir la recherche totalement contrôlée par l’État, soit celui de voir la politique tomber aux mains d’une « élite technico-scientifique ».

Une sorte de technocratie militaro-industrielle pourrait menacer la démocratie américaine. ÉTUDE Les États-Unis et l’Europe au début de la guerre froide (1947-1950)

> MANUEL PAGES 70-71

! Réponses aux questions 1. Quels pays européens ont bénéficié de l’aide américaine ? Pourquoi ? Les pays européens qui ont bénéficié de l’aide américaine sont ceux qui n’appartiennent pas à la sphère d’influence soviétique en train de se constituer et qui partagent l’idéologie américaine (capitalisme libéral, anti-communisme). En effet, l’URSS a interdit à ses satellites de participer au plan Marshall, opposant ainsi en juillet 1947 son veto à la Tchécoslovaquie (qui souhaitait y participer). Les « autres pays » du schéma (doc. 1) sont l’Islande, la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Irlande, la Suisse, le Portugal et la Turquie. 2. Pourquoi Jdanov utilise-t-il des guillemets quand il évoque le « secours économique » et « l’aide » américaine ? Jdanov utilise des guillemets quand il évoque le « secours économique » et « l’aide » américaine, parce qu’il estime qu’il ne s’agit pas d’un acte désintéressé de la part des États-Unis. Pour lui, le plan Marshall « a pour but d’asservir l’Europe au capital américain ». Il sert les intérêts des « monopoles américains » et permet d’acheter les dirigeants européens, « obéissant aux directives de Washington ». 3. Quel est selon lui l’objectif final des États-Unis ? Selon Jdanov, l’objectif final des États-Unis est « l’établissement de la domination mondiale de l’impérialisme américain ». La Seconde Guerre mondiale a entraîné « la disparition de leurs deux concurrents les plus grands, l’Allemagne et le Japon » et l’affaiblissement de leurs alliés capitalistes (Angleterre, France). Elle leur a permis aussi de contrôler étroitement le Canada, la dépendance économique étant renforcée par

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des alliances militaires (qui préfigurent l’OTAN). Le contexte est donc favorable à « la consolidation de la situation de monopole des États-Unis sur les marchés », que seule une action résolue de l’URSS peut contrecarrer. 4. Expliquez le titre du dessin : « Semis de printemps ». Ce dessin, publié dans le journal canadien anglophone The Gazette (Montréal), présente l’action des États-Unis en Europe comme bénéfique. L’Oncle Sam, en bon jardinier, sème les graines du plan Marshall (ERP = European Recovery Program), c’est-à-dire des dollars, qui vont produire des fruits grâce à l’arrosoir de « l’Union occidentale ». Celle-ci désigne la « coopération de 16 nations » avec les États-Unis, soit les bénéficiaires du plan Marshall, membres de l’OECE (16 pays, parce que la RFA n’existe pas encore et n’est pas encore comptée). Staline tente de saboter l’action bénéfique de l’Oncle Sam, en jetant dans l’Europe occidentale les « mauvaises herbes du Kominform » représentées sous la forme du symbole soviétique (la faucille et le marteau). 5. Dans quel camp de la guerre froide se situe le dessinateur ? Justifiez votre réponse. Le dessinateur se situe donc clairement dans le camp occidental. L’opposition entre « seeds » et « weeds » (qui rappelle un peu la métaphore biblique du bon grain et de l’ivraie) dit bien que le bon camp est celui des États-Unis. Staline est présenté comme un personnage maléfique, au sourire diabolique. 6. Quels sont les deux symboles des États-Unis présents sur cette affiche ? Comment présente-t-elle la politique américaine ? Les deux symboles des États-Unis présents sur cette affiche sont : – l’Oncle Sam, imposant et souriant, représenté en protecteur de l’Europe. Avec le ciment du plan Marshall (auge tenue dans sa main gauche), il reconstruit l’Europe (truelle dans la main droite). – la statue de la Liberté, qui éclaire ici l’Europe, facilitant le travail de l’Oncle Sam,

dans une nuit étoilée (les étoiles du drapeau américain se fondent dans le ciel). Cette affiche présente la politique américaine comme bénéfique pour l’Europe. Le plan Marshall est le « ciment de l’Europe » (titre de l’affiche). Il va permettre à l’Europe de se reconstruire, de revoir le jour après la longue nuit de la Seconde Guerre mondiale. L’Amérique apporte la liberté et la prospérité. 7. Pourquoi les communistes français veulent-ils interdire le coca-cola ? Les communistes français veulent interdire le coca-cola, parce qu’ils estiment que cette boisson américaine, qui bénéficie d’un budget publicitaire très important, menace « l’ensemble même des boissons françaises ». Ils reprochent au gouvernement de ne pas avoir saisi l’Académie de médecine pour prouver que cette boisson est « nocive ». Cependant, le principal argument n’est pas de protéger la santé publique, mais bien l’économie nationale, dont de nombreux secteurs sont « attaqués » par les États-Unis, « sans que les pouvoirs publics les aient défendus ». Le gouvernement est accusé d’être trop proche des intérêts américains et de sacrifier l’économie française. Le vin français est maintenant menacé, après « le cinéma français », « le livre français » ou « l’industrie du tracteur ». À propos du cinéma, on peut rappeler les accords Blum/Byrnes de 1946 : en échange de l’aide américaine, l’accès des films d’Hollywood au marché français a été facilité. 8. Montrez que la politique des États-Unis en Europe peut être perçue de manière très différente dans le contexte de confrontation idéologique qui caractérise la guerre froide. Dans le contexte de confrontation idéologique qui caractérise la guerre froide, la politique des États-Unis en Europe peut être perçue de manière très différente. La majorité de la population, dans les pays d’Europe occidentale bénéficiaires du plan Marshall, considèrent les États-Unis comme une puissance qui aide l’Europe à se reconstruire, voire la protège de l’expansionnisme soviétique. Au contraire, la politique américaine est perçue négativement par l’URSS, qui dénonce un projet de domination mondiale, et par les communistes

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français, qui veulent défendre l’économie nationale contre « l’impérialisme américain ». COURS 2. Les États-Unis sortent vainqueurs de la guerre froide (1962-1989)

> MANUEL PAGES 72-73

! Document 1 > Quel peut être l’impact d’une telle photographie sur l’image des États-Unis ? Cette photographie (« la fille à la fleur ») peut ternir l’image des États-Unis, en les présentant comme un État à la fois agressif à l’extérieur et répressif à l’intérieur. Le cadrage oppose brutalement la rangée de soldats qui brandis-sent fusils et baïonnettes, visages crispés et uniformes gris, et la jeune manifestante pacifiste, avec sa chemise colorée, qui tend une fleur dans un geste de prière. L’année 1967 est celle de l’apogée du mouvement hippie aux États-Unis, qui a beaucoup influencé les étudiants hostiles à la guerre du Vietnam. Les forces de l’ordre semblent opposer une fin de non recevoir aux prières pacifiques de la jeunesse, les États-Unis incarnent mal « le monde libre » qu’ils prétendent défendre. ! Document 2 > Quel lien J. Carter établit-il entre la puissance des États-Unis et leur situation intérieure ? Jimmy Carter établit un lien explicite entre la puissance des États-Unis et leur situation intérieure à travers la notion de modèle démocratique. Les États-Unis doivent être « une puissance tranquille qui n’est pas fondée uniquement sur la taille des arsenaux, mais aussi sur la noblesse des idées ». S’ils veulent être crédibles en leaders du « monde libre », ils doivent être irréprochables : « le meilleur moyen d’étendre la liberté dans les autres pays est de démontrer ici que notre système démocratique est un modèle à imiter ». J. Carter entend donc à la fois mener une nouvelle politique extérieure, fondée sur les droits de l’homme, et une nouvelle politique intérieure, visant à renforcer la démocratie américaine, en la rendant plus solidaire (« les

puissants ne doivent pas persécuter les faibles ») et plus écologique (« la beauté de notre nature doit être préservée »). > Montrez qu’il critique la politique extérieure de ses prédécesseurs. Jimmy Carter critique la politique extérieure de ses prédécesseurs, précisément parce que selon lui elle aurait mis en danger le modèle américain. Quand il affirme : « le rêve améri-cain n’est pas mort. Nous devons de nouveau avoir pleinement foi dans notre pays et les uns dans les autres », il sous-entend que l’Amérique aurait perdu confiance en elle-même. Il est ensuite plus précis : « Que nos récentes erreurs nous conduisent à renouveler notre engagement en faveur des grands principes de notre Nation ». C’est une façon de dire que la politique de R. Nixon a conduit certains à douter de la « destinée manifeste » des États-Unis, de leur rôle de modèle démocratique dans le monde. Il pense sans doute au coup d’État mené au Chili avec le soutien de la CIA et peut-être à la guerre du Vietnam. Et il affirme que les États-Unis doivent mener une politique étrangère fondée sur le respect des droits de l’homme : « Nous ne nous comporterons plus à l’étranger en violant les règles et les normes en vigueur chez nous ». On peut noter que J. Carter critique aussi la politique intérieure de son prédécesseur, qui aurait aussi contribué à affaiblir le modèle américain : « si nous méprisons notre propre gouvernement, nous n’avons aucun avenir » (allusion probable au scandale du Watergate). ! Document 3 > Comment Reagan cherche-t-il à convaincre l’opinion de la nécessité d’un nouvel effort militaire ? Reagan cherche à convaincre l’opinion de la nécessité d’un nouvel effort militaire, en brossant un tableau effrayant de l’URSS : « Tandis que les Soviétiques accroissaient leur puissance militaire, ils se sont enhardis à étendre cette puissance ». L’accroissement et l’expansion de la puissance soviétique constitueraient « un défi direct à nos intérêts vitaux et à ceux de nos alliés ». Reagan évoque l’augmentation de l’arsenal nucléaire soviéti-que, notamment des armes stratégiques (missiles intercontinentaux) « qui peuvent frapper directement les États-Unis ». Puis il

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montre à la télévision des photographies des installations militaires soviétiques à Cuba « à moins de 100 miles de nos côtes ». Les Américains peuvent donc se sentir doublement menacés, à la fois par des missiles à longue portée tirés depuis l’URSS et par la présence des Soviétiques dans « l’arrière-cour » des États-Unis, « dans une zone vitale, très proche de chez nous, l’Amérique centrale et le bassin caraïbe ». Il pense aux bases de Cuba, mais aussi au soutien des Cubains au gouvernement sandiniste du Nicaragua et à la guérilla marxiste du Salvador. Reagan évoque enfin une puissance soviétique qui progresserait partout dans le monde aux dépens des intérêts américains : forces cubaines en Afrique, bases en Éthiopie et au Yémen du Sud « près des gisements de pétrole du golfe Persique », utilisation de l’ancienne base navale améri-caine de Cam Ranh au Vietnam et présence de la flotte soviétique « dans le Pacifique Sud » (expression approximative qui désigne sans doute les « mers chaudes », océan Indien et Pacifique). > Que reproche-t-il implicitement à son prédécesseur ? Reagan reproche implicitement à son prédéces-seur de n’avoir rien fait pour empêcher la montée en puissance de l’URSS. La politique « morale » de J. Carter aurait laissé naïvement les Soviétiques gagner des points partout dans le monde. « Durant les quinze dernières années », ce qui remonte d’ailleurs au-delà du mandat de Carter, la politique américaine n’aurait pas été assez ferme. Il faut « réparer nos défenses, sous peine de perdre notre capa-cité de dissuasion aujourd’hui et à l’avenir ». Reagan annonce une augmentation du budget militaire, alors qu’il comptait bien, en ultra-libéral, « réduire les dépenses du gouvernement ». COURS 3. De l’hyperpuissance au déclin relatif (1990-2013)

> MANUEL PAGES 74-75

! Document 1 > En quels termes G. Bush évoque-t-il la fin de la guerre froide ?

George Bush évoque la fin de la guerre froide en des termes solennels, avec une touche d’émotion personnelle : « l’un des moments les plus importants et prometteurs de notre histoire et de celle de l’humanité », « des changements d’une ampleur quasiment biblique », « le plus grand événement survenu dans le monde au cours de ma vie, de nos vies ». Plusieurs générations ont été profondément marquées par la guerre froide et la fin de celle-ci n’était guère prévisible. L’apaisement de la confrontation Est-Ouest est donc vécu comme une forte rupture : les bombardiers stratégiques ne sont plus en veille permanente, les écoliers ne sont plus soumis à des exercices d’alerte aux attaques aériennes… Et l’événement est vécu de manière très positive, puisque « par la grâce de Dieu, l’Amérique a gagné la guerre froide ». > Comment conçoit-il le rôle des États-Unis dans ce nouveau contexte ? Dans ce nouveau contexte, G. Bush conçoit le rôle des États-Unis comme celui d’une « puissance unique et prééminente », à qui le monde entier ferait « confiance pour agir avec honnêteté et retenue ». L’Amérique serait le leader d’un « nouvel ordre mondial » fondé sur le droit et la sécurité collective. G. Bush évoque la guerre du Golfe, qu’il considère comme le premier acte de ce nouvel ordre mondial : l’opération Tempête du Désert a permis en janvier 1991 de libérer le Koweït de l’occupation irakienne et ainsi démontré que « le bien peut venir de l’usage prudent de la puissance ». ! Document 2 > Montrez que cette loi donne de très larges pouvoirs au président des États-Unis. La loi AUMF (Autorisation pour l’usage de la force militaire) donne de très larges pouvoirs au président des États-Unis « pour dissuader et prévenir des actes de terrorisme international contre les États-Unis ». En vertu de cette loi, le Congrès autorise le président à utiliser la force militaire « contre les nations, organisations ou personnes » ayant un rapport avec les attentats du 11 septembre 2001. Ce rapport est défini d’une manière très large, voire floue, puisqu’il s’agit non seulement des auteurs de ces attentats, mais aussi de ceux qui ont « soutenu » ou « abrité » les organisations

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terroristes. C’est ainsi que les États-Unis sont intervenus en Afghanistan, considérant que le régime des talibans soutenait Al-Qaida, ou ont mené des « opérations ciblées » contre des organisations terroristes au Yémen, en Somalie, au Soudan ou au Pakistan (exécution de Ben Laden en 2011). ! Document 3 > Montrez que l’économie américaine est confrontée à une concurrence accrue et diversifiée. L’économie américaine est confrontée à une concurrence accrue et diversifiée. La part des États-Unis dans les exportations mondiales de marchandises a nettement reculé en un demi-siècle. En 1953, ils étaient au premier rang, avec 18,8 %. En 2011, ils n’assurent plus que 8,1 % des exportations mondiales, devancés par la Chine (10,7 %) et à égalité avec l’Allemagne (8,1 %). Entre 1953 et 1983, les États-Unis ont d’abord été concurrencés par le Japon, qui passe de 1,5 à 8 % des exportations mondiales de marchandises en 1983, et par l’Allemagne, qui passe de 5,3 à 9,2 % en 1983. La France a progressé plus modestement dans la même période, le Royaume-Uni a régressé. Dans la période suivante (1983-2011), les États-Unis sont confrontés au décollage spectaculaire de la Chine (de 1,2 à 10,7 %) et du reste de l’Asie (de 9,9 à 15,8 %). Cette dernière catégorie inclut les économies dynamiques de l’Asie du Sud-Est (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, etc.). Le Japon, lui, est distancé. L’Europe maintient ses positions si on la considère (d’une façon un peu théorique) comme un bloc économique, l’UE. ! Document 4 > Évaluez la puissance militaire des États-Unis en 2012. En ce début de XXIe siècle, les États-Unis restent de très loin la première puissance militaire du monde, même si leur domination est en recul relatif (ce que le document ne permet pas de constater). En valeur absolue, leurs dépenses militaires (668,8 milliards de dollars) représentent 38 % du total mondial et 4 fois celles de la Chine, qui arrive en deuxième position. En % du PNB, les dépenses militaires américaines restent très élevées (4,4 %), bien au-dessus de la Chine (2 %) ou

des puissances européennes (2,3 % pour la France, 2,5 % pour le Royaume-Uni). ÉTUDE Les États-Unis et l’Asie-Pacifique : un tournant diplomatique ?

> MANUEL PAGE 76

! Réponses aux questions 1. Pourquoi la région Asie-Pacifique est-elle vitale pour les États-Unis selon H. Clinton ? La région Asie-Pacifique est vitale pour les États-Unis, selon H. Clinton, pour trois raisons : – économique : cette région « possède presque la moitié de la population mondiale » et « inclut la plupart des moteurs de l’économie globale ». Cela signifie que l’économie améri-caine dépend « des exportations et de la capacité des entreprises américaines à accéder au marché de consommation vaste et croissant de l’Asie ». – stratégique : cette région est « le foyer de plusieurs de nos principaux alliés et d’importantes puissances émergentes comme la Chine, l’Inde et l’Indonésie ». Les États-Unis sont une puissance militaire majeure en Asie-Pacifique, avec de nombreux alliés (Japon, Corée du Sud, Philippines, Singapour, Taïwan, Australie, etc.). – écologique : cette région comprend « les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre » et elle est donc au cœur d’une politique de développement durable. 2. Quels sont les atouts dont disposent les États-Unis dans cette région selon elle ? Selon H. Clinton, les États-Unis disposent d’atouts considérables dans cette région. « Nous sommes la seule puissance avec un réseau de solides alliances dans la région, sans ambitions territoriales et avec une longue tradition d’action pour le bien commun ». La force des États-Unis serait au fond d’être une puissance très présente en Asie-Pacifique (avec ses nombreux alliés) tout en étant désintéres-sée. Situés aux marges de la région, les États-Unis n’y ont pas « d’ambitions territoriales », alors que les litiges frontaliers sont nombreux

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(par exemple en mer de Chine méridionale entre la Chine et ses voisins ou bien au Cachemire entre l’Inde, le Pakistan et la Chine). La « longue tradition d’action pour le bien commun » peut faire référence à plusieurs épisodes historiques : – l’opposition des États-Unis au colonialisme européen en Asie et leur revendication de la « porte ouverte » en Chine en 1899 (voir manuel page 62) ; – leur victoire contre le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale ; – leur soutien aux pays asiatiques inquiets de l’influence communiste en Asie (création de l’ASEAN en 1967) ; Pour toutes ces raisons, « la région est deman-deuse de notre leadership et de notre business », affirme H. Clinton. 3. Quel est le principal obstacle au leadership américain en Asie ? Le principal obstacle au leadership américain en Asie est bien sûr la Chine, puissance économique qui vise à dépasser les États-Unis et qui se réclame toujours du communisme. H. Clinton affirme que les deux pays ont « l’un et l’autre plus à gagner de la coopération que du conflit », mais les tensions sont loin d’être apaisées entre les deux puissances rivales. 4. Quelle est la portée d’une telle photo-graphie en termes de communication et d’image des États-Unis ? En termes de communication et d’image des États-Unis, une telle photographie a une portée très positive. B. Obama incarne ici une Amérique souriante et qui sait parfaitement s’intégrer au contexte de l’Asie-Pacifique. En portant la chemise indonésienne traditionnelle, et en insistant sur sa naissance à Hawaï et ses années de jeunesse en Indonésie, Obama apparaît comme le « premier président améri-cain du Pacifique ».

ÉTUDE La lutte contre le terrorisme

> MANUEL PAGE 77

! Réponses aux questions 1. Quelles formes a prise la guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis depuis 2001 ? La guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis depuis 2001 a pris plusieurs formes. « Nous avons vite chassé Al-Qaida d’Afghanistan, mais ensuite changé d’objectif et commencé une nouvelle guerre en Irak » : B. Obama évoque l’intervention en Afghanistan à partir de 2001 avec l’accord de l’ONU, puis la guerre en Irak commencée en 2003 sans l’accord de l’ONU. Puis il fait référence à une forme inédite de lutte contre le terrorisme : « les États-Unis ont mené des actions mortelles ciblées contre Al-Qaida et ses alliés, notamment avec des avions pilotés à distance communément appelés drones ». Il s’agit d’attaques ciblées contre des groupes terroristes ou supposés tels dans divers pays (Pakistan, Somalie, Yémen, Soudan, etc.). 2. Quels sont les éléments de conti-nuité entre G. W. Bush et B. Obama dans ce domaine ? Dans ce domaine, B. Obama s’inscrit en partie dans la continuité de G. W. Bush. Il a poursuivi assez longtemps la guerre en Afghanistan et en Irak. Il a mené jusqu’au bout la traque contre Al-Qaida en faisant exécuter Ben Laden dans sa cachette du Pakistan. Il a intensifié les attaques de drones contre les cibles terroristes. Il n’a pas réussi à fermer la prison spéciale de Guantanamo, malgré des déclarations en ce sens. C’est pourquoi des opposants dénoncent la politique d’Obama, comme le montre clairement cette photogra-phie (doc. 2). Des militants habillés en détenus de Guantanamo portent une banderole « Ne me laissez pas mourir ». Une affiche récapitulant les méfaits d’Obama est portée par un drone. Aux griefs déjà mentionnés, s’ajoute la surveil-lance de la population par les services secrets. La législation anti-terroriste autorise la NSA (National Security Agency, agence créée en 1952, dépendant du secrétaire à la Défense et chargée de la sécurité des systèmes

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d’information) à surveiller, sans mandat judi-ciaire, tous les moyens de communication (téléphone, courriels, internet) si elle pense que l’un des interlocuteurs est hors des États-Unis. 3. En quoi B. Obama se démarque-t-il cependant de son prédécesseur, quelles réformes propose-t-il ? B. Obama se démarque cependant de son prédécesseur, parce qu’il critique les dérives de la guerre contre le terrorisme. Il prend ses distances par rapport à l’intervention en Irak : « cela a eu de graves conséquences sur notre lutte contre Al-Qaida, notre réputation dans le monde et – jusqu’à aujourd’hui – nos intérêts dans une région vitale ». Autrement dit : cette guerre n’a pas servi les intérêts des États-Unis, en leur donnant l’image d’une puissance agressive. B. Obama évoque notamment la torture, utilisée par l’armée américaine en Irak et la prison de Guantanamo : « nous avons compromis nos grands principes, en utilisant la torture pour interroger nos ennemis et en détenant des individus d’une manière peu conforme à la loi ». Il souligne aussi les problèmes moraux et juridiques posés par l’usage des drones, qui peuvent frapper des civils et qui ne respectent pas la souveraineté des États (base du droit international). Il conclut à la nécessité de revoir l’AUMF, c’est-à-dire d’encadrer davantage la lutte contre le terrorisme, pour préserver l’image de l’Amérique. ÉTUDE Les États-Unis et le continent américain

> MANUEL PAGES 78-79

! Réponses aux questions 1. En quoi la guerre froide affecte-t-elle le continent américain ? La guerre froide affecte le continent américain en poussant les États-Unis à intensifier leur hégémonie sur « l’hémisphère occidental ». La carte (doc. 4) montre que la guerre froide est marquée par de nombreuses interventions des États-Unis, soit directes (Guatemala en 1954, République dominicaine en 1965, Grenade en 1983), soit indirectes (soutien aux forces anticommunistes à Cuba en 1961, au

Nicaragua dans les années 1980). Comme le dit John F. Dulles (doc. 2), l’OEA a adopté en 1954 la déclaration de Caracas, qui affirme : « la domination ou le contrôle des institutions politiques d’un État américain par le mouve-ment communiste international constituerait une menace sur la souveraineté et l’indépen-dance politiques des États américains, mettant en danger la paix en Amérique ». Autrement dit, tout gouvernement qui se rapprocherait du socialisme mettrait en danger la sécurité des États-Unis, dès lors autorisés à intervenir. C’est ainsi que Dulles justifie l’intervention militaire des États-Unis pour appuyer le coup d’État au Guatemala contre J. Arbenz, présenté comme soumis aux « agents communistes ». La guerre froide réactive la doctrine Monroe dans sa version dure : toute forme de socialisme est considérée comme une ingérence étrangère dans « l’hémisphère occidental », qui doit être combattue par les États-Unis. Même Kennedy (doc. 3), qui cherche à donner un ton plus apaisé aux relations entre les États-Unis et l’Amérique latine, rappelle qu’il ne s’agit pas de baisser la garde face aux « puissances hostiles » (l’URSS et Cuba) et que Washington interviendra « pour contrer toute agression ou subversion ». 2. De quelle accusation John F. Dulles se défend-il ici ? John F. Dulles se défend ici de l’accusation selon laquelle « les États-Unis n’auraient qu’un objectif, protéger les intérêts économi-ques américains ». Il reconnaît l’existence de « tensions entre le gouvernement du Guatemala et la Compagnie United Fruit », mais il les minimise : « c’est un fait assez secondaire ». Les États-Unis ne sont pas intervenus, selon lui, pour protéger les intérêts du capitalisme américain, menacés par la réforme agraire, mais pour conjurer « le péril que fait peser le communisme international sur la paix et la sécurité de cet hémisphère ». Les organisateurs de la réforme agraire seraient en fait des agents communistes visant à déstabili-ser le Guatemala. 3. Comment Kennedy tente-t-il d’améliorer les relations entre les États-Unis et les pays latino-américains ? Kennedy tente d’améliorer les relations entre les États-Unis et les pays latino-américains en

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leur proposant une « Alliance pour le progrès », une « révolution pacifique de l’espoir ». Il s’agit d’une aide économique et technique pour « briser les chaînes de la pauvreté ». Les États latino-américains ne sont pas traités comme des satellites, mais comme des « républiques sœurs » que les États-Unis veulent aider à sortir de la misère. 4. Comment Hugo Chavez décrit-il les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine ? Comparez sa vision à celle de J. F. Dulles. Hugo Chavez décrit les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine en termes de domination. Il accuse les États-Unis d’être une puissance impérialiste qui a « mis le grappin sur notre Amérique pour imposer leur modèle » et qui l’a empêché de « forger son propre destin au cours du XXe siècle ». Il décrit les États-Unis comme une puissance agressive, dirigée par les militaires (« le Pentagone »). Il évoque deux interventions militaires des États-Unis : contre Arbenz au Guatemala en 1954 et contre Castro à Cuba en 1961 (la baie des Cochons). La vision de Chavez est diamétralement opposée à celle de Dulles (doc. 2). Le président du Venezuela diabolise les États-Unis, une puissance oppressive « réduisant à feu et à sang l’espoir et la lutte de nombreux peuples ». Le secrétaire d’État américain, lui, présente les États-Unis comme une puissance protectrice, qui veille sur « la paix et la sécurité de cet hémisphère ». 5. Comment l’Amérique latine a-t-elle limité sa dépendance économique vis-à-vis des États-Unis ? L’Amérique latine a limité sa dépendance économique vis-à-vis des États-Unis en développant son commerce avec d’autres partenaires. La part de l’Amérique du Nord (Mexique compris) dans les exportations a fortement diminué entre 2005 et 2011, passant de 36 à 20 %. Le premier rang est occupé en 2011 par le commerce intra-régional, entre les pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale et des Caraïbes. La part de l’Europe reste assez stable (18-20 %), tandis que celle de l’Asie-Pacifique a fortement augmenté (de 13 à 24,5 %).

6. Présentez les relations entre les États-Unis et l’Amérique latine depuis 1945. Les États-Unis sont toujours restés la puissance régionale dominante dans le conti-nent américain, qu’ils appellent « l’hémisphère occidental » et qu’ils prétendent protéger des ingérences extérieures au nom de la doctrine Monroe. La domination économique se double d’une hégémonie politique, les États-Unis n’hésitant pas à intervenir militairement, surtout dans la zone caraïbe qu’ils considèrent comme leur « arrière-cour ». La guerre froide a poussé les États-Unis à intervenir davantage, pour protéger le continent américain du communisme. Aujourd’hui, malgré la fin de la guerre froide, le sentiment anti-américain reste vif en Amérique latine, notamment au Venezuela et à Cuba, frappé d’embargo par les États-Unis depuis 1962. L’Amérique latine cherche à limiter sa dépendance vis-à-vis des États-Unis en développant le commerce intra-régional et les relations avec l’Europe et l’Asie. BAC Analyser une photographie : Les États-Unis, une puissance régionale très active au début du XXIe siècle

> MANUEL PAGES 84-85

! Réponses aux questions 1. Comment qualifier l’équipement des soldats américains ? La présence des Marines et du char permet d’évoquer la puissance militaire inégalée des États-Unis. 2. Cette photographie vous semble-t-elle posée ? Cette photo n’est pas posée, elle semble prise sur le vif. Les personnages photographiés n’ont peut-être même pas conscience de la présence du photographe. 3. Identifiez le contenu de la brouette. La brouette transporte du coca-cola et du Seven up, deux boissons symboliques de la puissance économique américaine et de l’influence de son modèle culturel.

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4. Quel indice ce mode de transport nous donne-t-il sur le niveau de développement d’Haïti ? Le mode de transport mais aussi les éléments de décors visibles au fond de la photographie permettent d’évoquer la pauvreté du pays. BAC BLANC La puissance américaine contestée au début du XXIe siècle

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Ce document n’est pas à proprement parler une photographie mais un photogramme, c’est-à-dire la plus petite unité de prise de vue d’une séquence vidéo. George Bush est accompagné du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki à Bagdad le 14 décembre 2008. Le Président effectue une visite surprise d’adieu. C’est la quatrième fois qu’il vient en Irak et la dernière puisqu’il quitte ses fonctions le 20 janvier pour laisser la place à Barack Obama. Sa visite intervient après de difficiles négociations d’accords de sécurité entre les États-Unis et l’Irak qui prévoient le retrait des troupes américaines d’ici à 2011. Le journaliste Munthadhar al-Zaidi de la chaîne sunnite al-Bagdadia, qui diffuse à partir du Caire bondit en criant « c’est le baiser d’adieu espèce de chien» et lance ses chaussures, l’une après l’autre, sur le président américain. Le journaliste a été évacué en criant: « Vous êtes responsables de la mort de milliers d’Irakiens! ». Il est condamné à 3 ans de prison ramenés à 1 an en appel et est libéré en septembre 2009 au bout de neuf mois pour bonne conduite. Il devient un symbole de la résistance à l’impérialisme américain dans le monde arabe.

BAC BLANC Analyse de documents : La puissance américaine s’adapte à l’après-guerre froide

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Avec la fin de la guerre froide, les États-Unis qui l’ont gagnée se retrouvent l’unique superpuissance de la planète. Dans ce monde nouveau, ils doivent continuer à jouer un rôle très actif selon Bill Clinton. « C’est clair, l’Amérique doit continuer à diriger ce monde que nous avons tant contribué à bâtir ». Pas question de se replier sur les problèmes intérieurs, sous prétexte que les États-Unis traversent une crise économique et sociale. Le nouveau président semble vouloir conjurer la tentation d’un retour à l’isolationnisme. Il affirme clairement que les États-Unis doivent intervenir, y compris par la force, si leurs « intérêts vitaux sont menacés » ou si « la volonté et la conscience de la communauté internationale sont défiées », c’est-à-dire pour faire respecter les décisions de l’ONU et les valeurs humanitaires. Bill Clinton décrit le monde de l’après guerre froide comme « plus libre, mais moins stable » ; c’est « un monde réchauffé par le soleil de la liberté, mais menacé encore par de vieilles haines et de nouveaux fléaux ». Les espoirs soulevés par la fin de la confrontation Est-Ouest et la libération du bloc soviétique sont tempérés par de nombreuses inquiétudes. La guerre froide maintenait une forme d’ordre dans le monde, la disparition du système a logiquement engendré de l’instabilité. Les « vieilles haines » auxquelles fait allusion Bill Clinton sont notamment les nationalismes exacerbés qui ont ressurgi en Europe (dans l’ex-Yougoslavie et l’ex-URSS). Parmi les « nouveaux fléaux », Clinton évoque lui-même les atteintes à l’environnement, la pandémie de Sida et la prolifération des armements. Les États-Unis doivent s’adapter en prenant en compte l’absence « de distinction entre l’intérieur et l’extérieur », c’est-à-dire un monde globalisé.