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Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

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Page 1: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

Chapitre II

MATERIAUX ET

METHODES

EXPERIMENTALES

Page 2: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

56

II. MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES II.1. Introduction.......................................................................................................................57 ... II.2. Matériaux et éprouvettes...................................................................................................57 ...

II.2.1. Matériaux étudiés...............................................................................................57 ..

II.2.2. Caractérisation microstructurale.........................................................................59 ..

II.2.2.1. Préparation des surfaces.......................................................................59 ..

II.2.2.2. Microscopie.........................................................................................60 .... ......

II.2.2.3. Résultats des observations...................................................................61 ..

II.3. Conditions de sollicitation.................................................................................................63 ... ..... II.4. Machines d'essai et méthodologie de caractérisation mécanique......................................65 ..

II.4.1. Machine sans frottement.....................................................................................65 ..

II.4.2. Machine INSTRON............................................................................................67 .. II.5. Mesure de la déformation..................................................................................................67 .. II.6. Techniques de mesure de la densité des dislocations........................................................69 ..

II.6.1. Les techniques infructueuses..............................................................................69 ..

II.6.1.1. Densité fine..........................................................................................69 ...

II.6.1.2. Diffraction des rayons X......................................................................72 ...

II.6.1.3. Calorimétrie différentielle à balayage (DSC)......................................75 ......

II.6.1.4. Microscopie électronique en transmission (MET)...............................76 ..

II.6.1.5. Conclusion...........................................................................................79 .. II.6.2. Les techniques fructueuses.................................................................................80

........................ II.6.2.1. Caractérisation mécanique macroscopique (mesure de la microlimite d'élasticité σmé).............................................................................80 ...

.. II.6.2.1.1. Cas de la déformation monotone..........................................80

.. II.6.2.1.2. Cas de la sollicitation cyclique..............................................82

... II.6.2.2. Caractérisation locale par microscopie à force atomique (AFM)........83

.. II.6.2.2.1. Les différents types de force d'interaction pointe-surface....84

.. II.6.2.2.2. Le principe de détection........................................................85

... II.6.2.2.3. La pointe utilisée...................................................................85

.. II.6.2.2.4. La résolution du microscope.................................................87

.. II.6.2.2.5. Mesure de la hauteur des bandes...........................................87

● Principe de mesure.................................................................87 ...

● Méthodologie de travail..........................................................88 .. II.6.2.2.6. Effet de la géométrie de la pointe de l'AFM sur la précision des mesures........................................................................89 ...

II.7. Conclusion.........................................................................................................................90 ....

Page 3: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

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II.1. Introduction

Dans ce chapitre nous présentons les techniques expérimentales que nous avons

utilisées pour caractériser les matériaux étudiés à la fois à l'état initial et à l'état fatigué.

Plusieurs techniques ont été mises en œuvre pour mesurer l'évolution des densités de

dislocations pendant la fatigue telles que les mesures de densité fine, la diffraction des rayons

X, la calorimétrie différentielle à balayage, et la microscopie électronique en transmission.

Deux autres techniques, l'une macroscopique l'autre locale sont également présentées. Elles

ont été employées pour essayer de remonter au nombre moyen de dislocations dans les

matériaux :

● La caractérisation microplastique qui consiste à étudier les évolutions du domaine

microplastique au cours d'un essai de fatigue.

● La microscopie à force atomique qui permet de mesurer la hauteur des bandes de glissement

apparues à la surface.

II.2. Matériaux et éprouvettes

II.2.1. Matériaux étudiés

Les différents matériaux étudiés dans ce travail ont été choisis selon les critères

suivants :

• Matériaux présentant une microstructure simple.

• Matériaux de structure cristallographique CFC pour lesquels le glissement des dislocations

est plus simple à étudier et à modéliser que pour les matériaux de structures HC ou CC.

• Matériaux à base d'aluminium et à base de fer vu l'importance technologique considérable

de ces deux familles.

Pour répondre à ces critères, trois types de matériaux, présentant des caractéristiques

mécaniques et microstructurales différentes, ont été choisis :

● Des monocristaux d'aluminium élaborés au GEMPPM [ALH91]; les principales impuretés

sont rappelées ci-dessous en p.p.m. [ALH91] :

Fe = 25 ; Si = 19 ; Mg = 15 ; Zn = 6,8 ; Cr = 2,9.

A partir des résultats de cette analyse on peut considérer le matériau comme étant un Al 5N

(% Al > 99,998).

Page 4: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

58

● Un alliage Al-Mg obtenu à partir des alliages d'aluminium 1199 avec l'addition de 2,5 % de

magnésium. Ce matériau nous a gracieusement été fourni par M. VERDIER (Laboratoire

LTPCM de Grenoble) sous forme d'une plaque laminée d'une épaisseur de 14 mm.

● Un Acier inoxydable austénitique 316L commercial correspondant à la norme Z6CND17-

12 (Norme AISI 316L), nous avons acheté ce matériau sous forme d'une barre laminée de

longueur 6 m et de diamètre 30 mm.

Un schéma des éprouvettes de l'acier 316L et de l'Al-2,5Mg utilisées lors des essais

mécaniques est présenté sur la figure II.1.

ΦM12×1.0

12

12

12

D

2

Figure II.1: schéma des éprouvettes de fatigue. Les dimensions sont en millimètre

La partie utile de chaque éprouvette ainsi que les congés, ont été polis pour éviter toute

rupture prématurée en traction. Un méplat le long de l'axe de l'éprouvette a été effectué pour

faciliter les différentes observations microscopiques.

Les dimensions de la partie utile étaient optimisées pour, à la fois faciliter le collage des

jauges, éviter le flambage, avoir un volume utile du matériau assez important pour être

caractéristique et enfin permettre à la machine d'atteindre les contraintes souhaitées.

Les éprouvettes en acier 316L ont subi une hypertrempe à l'eau, après un maintien d'une heure

à 1050 °C sous vide, dans une ampoule de quartz. Les éprouvettes en alliage d'aluminium ont

été maintenues pendant 24 h sous vide dans une ampoule à 560 °C, puis trempées à l'eau. Les

éprouvettes d'aluminium monocristallin sont des parallélépipèdes rectangulaires qui ont été

découpés de telle sorte que la sollicitation mécanique se fasse suivant l'axe [ī 2 3] (figure

Page 5: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

59

II.2), elles sont ainsi orientées pour un glissement simple. Cette direction conduit en effet à

l'écart le plus important des facteurs de Schmidt entre le glissement primaire et les

glissements secondaires.

Le système de glissement activé possède alors le plus fort coefficient de Schmidt sur le plan

(1 1 1) et dans la direction [1 0 ī] (facteur de Schmidt = 0,466). Il y a deux systèmes

secondaires : [1 ī 0] (1 1 1) et [1 0 1] (ī 1 1), le facteur de Schmidt correspondant à ces deux

système (0,35) s'écarte de 25 % de celui du système primaire.

Les éprouvettes subissent un recuit de 2h à 450 °C, suivi d'un refroidissement lent au four.

Les dimensions de l'éprouvette et les différentes directions cristallographiques sont repérées

sur le schéma figure II.2.

[1ī1]

[54ī]

[10ī]

10[1ī1]

[ī23]

(111)10

8

[001]

[1ī1]

[ī23]

Figure II.2 : schéma d'une éprouvette d'aluminium pur monocristallin. Les différentes dimensions sont en mm.

II.2.2. Caractérisation microstructurale

II.2.2.1. Préparation des surfaces

Les échantillons sont découpés à la scie parallèlement et perpendiculairement à l'axe

de sollicitation, puis polis mécaniquement jusqu’à la pâte diamant (0,4 µm), et enfin polis

électrolytiquement. Ce dernier polissage supprime complètement les rayures et l'écrouissage

superficiel occasionnés par le polissage mécanique. Les conditions de polissage électrolytique

effectué avec une polisseuse STRUERS sont présentées dans le tableau II.1 :

Page 6: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

60

Matériau Electrolyte Tension (V) Température (°C) flux de la pompe Temps (sec)Acier A3 35 22 13 30

Al-2,5Mg A2 39 22 9 50Aluminium pur A2 48 22 9 70

Tableau II.1 : conditions du polissage électrolytique des surfaces.

Après polissage, les échantillons sont attaqués chimiquement pour révéler les joints de grains.

Les compositions des réactifs d'attaque ainsi que les conditions opératoires sont les suivantes :

● Pour l'acier 316L : 79 % eau distillée, 14 % acide chlorhydrique, 7 % acide fluorhydrique

(% volumique). Temps de l'attaque 3 minutes, température ambiante.

● Pour l'alliage Al-2,5Mg : 75 % eau, 15 % acide nitrique, 7 % acide chlorhydrique, 2 %

acide fluorhydrique (% volumique). Temps de l'attaque 60 sec, température ambiante.

II.2.2.2. Microscopie

Les surfaces préparées selon le procédé décrit au paragraphe précédent ont ensuite été

observées en microscopie optique pour déterminer la taille de grain des matériaux, ainsi qu'en

microscopie électronique à balayage. Cette dernière technique a permis d'étudier la répartition

et la composition chimique des phases intermétalliques présentes dans les matériaux ainsi que,

dans certains cas, les bandes de glissement induites par la déformation mécanique en relation

avec l'orientation cristallographique locale (EBSD).

En outre les structures de dislocations induites par le cyclage mécanique ont été étudiées par

microscopie électronique en transmission sur des lames minces prélevées perpendiculairement

à l'axe de sollicitation au cœur des éprouvettes à l'état vierge ainsi qu'à différentes durées de

cyclage. Les lames sont préparées à partir de disques d'épaisseur de 500 µm prélevés à la scie

à fil. Ces disques sont ensuite amincis par polissage mécanique jusqu'à une épaisseur de 50

µm. Un trou au centre de chaque lame est obtenu par polissage électrolytique, et les

observations sont réalisées en bord de trou.

L'amincissement électrolytique des lames est effectué sur une cellule bi-jet STRUERS dans

les conditions résumées au tableau II.2 :

Matériau Electrolyte Tension (V) Température (°C) flux de la pompe Temps (s)

Acier A2 40 5 13 autoAl-2,5Mg A8 50 15 12 auto

Aluminium pur A8 50 15 12 autoTableau II.2 : conditions de polissage électrolytique pour la préparation des lames minces.

Page 7: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

61

Les observations sont faites à l'aide d'un microscope JEOL 200CX, avec une tension

d'accélération de 200 kV.

II.2.2.3. Résultats des observations

La figure II.3 montre les résultats des observations optiques de la microstructure de

l'acier 316L.

50µma) 2 0 0µ m b)

Figure II.3 : micrographie optique de l'acier 316L, a) face transversale b) face longitudinale. Les flèches

indiquent la présence des macles.

La distribution des grains est uniforme et leur taille moyenne apparente en surface est de 41

±24 µm. L'acier 316L contient une grande densité de macles (cf. figure II.3). On remarque la

présence de particules rondes réparties aléatoirement sur la coupe perpendiculaire tandis

qu'elles sont allongées et parallèles à la direction de laminage sur les coupes transversales.

Ces particules ont été étudiées au microscope électronique à balayage avec l'aide de

C.VERDU. On distingue deux familles (figure II.4) :

20 µm

A

B

Figure II.4 : MEB face transversale. Deux types de particules : "déchaussée foncé" (A) et "lisse claire" (B).

Page 8: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

62

● Des particules lisses et de forme relativement ronde d'une taille comprise entre quelques

nanomètres et 2 µm. L'analyse chimique décèle la présence soit de silicium, de calcium et

d'aluminium, soit de soufre et de manganèse.

● Des particules déchaussées de formes complexes d'un aspect plus sombre que les

précédentes. Leur taille est comprise entre 1 et 6 µm. leur composition chimique est proche de

celle de la matrice.

L'analyse chimique de la matrice a révélé une composition chimique présentée dans le tableau

II.3.

élément Mn Si S Ni Cr N C Mo P Fe

% masse 1,74 0,61 0,47 10,72 18,38 - 0,016 1,98 0,015 bal

Tableau II.3 : composition chimique (% en masse) de la matrice dans l'acier 316L.

Dans l'alliage Al-2,5Mg la taille apparente de grains en surface est 2,26 ±0,43 mm (figure II.5)

soit une taille environ 60 fois plus grande que celle des grains dans l'acier 316L.

Contrairement à l'acier 316L, la micrographie ne révèle pas la présence d'inclusions d'une

autre phase.

1 mm

Figure II.5 : micrographie optique de l'alliage Al-2,5Mg.

Les observations en microscopie électronique à transmission mettent en évidence dans les

matériaux non déformés une répartition de dislocations assez hétérogène constituée de larges

zones sans dislocations alternant avec des zones de densité plus élevée. La figure II.6 illustre

les structures de dislocations observées dans ce dernier type de zones où les densités de

dislocations sont comparables pour les trois matériaux observés.

Page 9: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

63

1 µm g = 200a) 1 µm g = 200b)

1 µm g = 200c)

II.3. Conditions de sollicitation

Les sollicitations cycliques ont été réa

amplitude de contraintes symétriques ou dissymé

l'alliage Al-2,5Mg les trois modes de sollicitation

II.7.

σSollicitationSymétriqueR = -1

σmin

σ

ε

Sollicitation encompressionR = 0,1

σmax

σmin

Figure II.7 : modes de sollicitation appliqués pendant l

d'aluminium Al-2,5Mg. pour les essais dissymétrique

Figure II.6 : visualisation de la structure desdislocations dans les zones "denses" à l'étatvierge dans les trois matériaux étudiés : a) acier316L, b) alliage d'aluminium Al-2,5Mg, c)Aluminium pur monocristallin.

lisées à température ambiante sous une

triques ∆σ(N) imposée. Pour l'acier 316L et

sont appliqués comme indiqué sur la figure

ε

σmax

σ

ε

Sollicitationen tractionR = 0,1 σmax

σmin

es essais de fatigue pour l'acier 316L et l'alliage

s R = 0,1, en traction comme en compression.

Page 10: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

64

R est le rapport de la charge minimale σmin à la charge maximale σmax au cours d'un cycle de

fatigue.

Pour les monocristaux d'aluminium, seule la sollicitation dissymétrique en compression est

étudiée en raison de la forme particulière des éprouvettes disponibles (pas de mors). La

fréquence de sollicitation est fixée à 1 Hz, l'essai de fatigue est poursuivi jusqu'à un nombre

de cycles de 105 si la rupture ne se produit pas. Nous avons sollicité les échantillons à

différentes amplitudes de la contrainte de cyclage proches de la limite élastique

conventionnelle σ0,2%. Par la suite, pour chaque échantillon, nous utilisons des notations qui

résument le type de sollicitation ainsi que le niveau de contrainte :

S : symétrique, C : dissymétrique en compression, T : dissymétrique en traction

Par exemple la notation : C250 se réfère à l'échantillon sollicité en compression à σmax = 250

MPa.

Les niveaux de sollicitation cycliques ont été choisis autour de la limite d'élasticité

conventionnelle σ0,2% (cf. tableau III.1). Les différentes valeurs des amplitudes de la

contrainte de cyclage ainsi que les déformations correspondantes sont rassemblées dans le

tableau II.4.

Matériau Amplitude de la contrainte

de cyclage σmax (MPa)

Déformation plastique

correspondante (10-6)

Mode de sollicitation

cyclique

210 300-700 S, C

250 1700-3200 S, C, T

270 4000-4500 S, C

316L

290 8000-10 000 C

46 800-1000 S, C

60 4500-6000 S, C, T

Al-2,5Mg

70 7500-9000 S, C

Aluminium pur

monocristallin 13 9000 C

Tableau II.4 : valeurs de l'amplitude de la contrainte de cyclage et modes de sollicitation imposés pour les

différents matériaux. S : sollicitation symétrique, C : sollicitation en compression, T : sollicitation en traction

Page 11: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

65

II.4. Machines d'essai et méthodologie de caractérisation mécanique

II.4.1. Machine sans frottement

Les essais de micro-plasticité ont été réalisés sur une machine spéciale (figure II.8)

conçue au laboratoire par Jean Chicois [CHI87] et dont les principales caractéristiques sont

résumées dans ce qui suit.

Figure II.8 : plan de la machine utilisée pour l'étude du comportement microplastique [CHI87].

Page 12: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

66

Dans cette machine, et contrairement aux machines classiques, on évite tout frottement venant

du mouvement relatif de pièces mobiles, car celles-ci sont toutes fixées élastiquement. De par

sa conception cette machine permet une caractérisation microplastique fine des matériaux. La

création du mouvement est réalisée par la déformation élastique de deux membranes

métalliques dans une chambre alimentée par un circuit hydraulique (figure II.9) et de trois

lames de guidage. Une très bonne résolution pour la mesure de la déformation des

échantillons peut ainsi être obtenue.

Figure II.9 : système hydraulique de création du mouvement. (1) et (2) membranes déformables. (7) pots rigides

confinant la cavité hydraulique. (14) électroservovalve.

Pour obtenir une bonne axialité de la sollicitation et éviter toute précontrainte lors du montage

de l'éprouvette, un bain d'alliage de Wood (fusible à 70 °C) assure la liaison entre la partie

supérieure de la machine et la partie inférieure. L'éprouvette est fixée à la partie inférieure par

l'intermédiaire d'une cloche métallique (figure II.10).

Figure II.10 : liaison fusible permettant de solidariser l'éprouvette et la machine sans précontrainte.

La machine est pilotée par un micro-ordinateur muni d'une carte 12 bits (National Instrument

6024E) comprenant 16 entrées et 2 sorties analogiques. Des programmes de pilotage en

fatigue et en sollicitation monotone ont été écrits par M. Morin et J. Adrien du GEMPPM à

Page 13: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

67

partir du logiciel Labview. Une boucle d'asservissement de l'électroservovalve qui repartit la

pression d'huile sur les deux membranes permet de contrôler :

● le déplacement de la partie mobile de la machine,

● la déformation de l'éprouvette,

● la force imposée à l'éprouvette.

La machine présente les caractéristiques générales suivantes :

● une charge maximum de ±10 kN avec une incertitude de 50×10-3 kN

● un déplacement maximum de ±1 mm d'une résolution de 0,01 µm

● une fréquence maximum en sollicitation cyclique de l'ordre de 1 Hz

● une précision de 10-6 sur les mesures de la déformation

La charge, le déplacement, et la déformation sont mesurés par un capteur de force, des jauges

fixées sur le bâti de la machine, et des jauges fixées sur l'éprouvette, respectivement.

II.4.2. Machine INSTRON

Pour vérifier la reproductibilité d'une machine à l'autre, un essai de caractérisation

mécanique de l'acier 316L a été réalisée sur une machine hydraulique INSTRON type 8502.

Cette machine est équipée d'une cellule de force de capacité 100 KN, avec une résolution de

0,5 % de la valeur de la contrainte plein échelle. Un seul essai de compression a été réalisé

avec cette machine et la courbe correspondante de contrainte-déformation plastique sera

présentée au chapitre III (figure III.2).

II.5. Mesure de la déformation

Il est bien connu que les extensomètres classiques sont limités à des mesures de

déformation plastiques supérieures à 10-5, tandis que nos mesures exigent une précision de

l'ordre de 10-6. Ce type de déformation est seulement mesurable par des jauges résistives

électriques. Pour effectuer correctement ces mesures nous utilisons le pont de Wheastone qui

est formé de deux demi-ponts (figure II.11) ; Un premier demi pont est constitué de deux

jauges actives (J) collées sur la partie utile de l'éprouvette, et un deuxième est constitué de

deux jauges compensatrices (C) collées sur une éprouvette de référence soumise aux même

variations de température que l'éprouvette pour corriger les dilatations thermiques. Un

changement de température de la salle d'essais de ∆T = 1 K induit des déformations

Page 14: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

68

thermiques de l'ordre de 20×10-6 pour l'aluminium et 5×10-6 pour les aciers, valeurs qui sont

du même ordre de grandeur que les déformations auxquelles nous nous intéressons lors de la

caractérisation du comportement microplastique. Il convient donc de les compenser.

∆U

E

J

CJ

C

Figure II.11 : pont de Wheastone utilisé pour mesurer des déformations par jauges. La signification des symboles

est donnée dans le texte.

La déformation ε est ainsi calculée par l'équation :

KGEU∆2ε = (II.1)

où ∆U est la tension de déséquilibre du pont, K le facteur de jauge, G le gain d'amplification

du pont (100 < G < 11000), et E est la tension d'alimentation du pont. La résolution du pont

est de 1 mv (soit ε = 0,33×10-6 pour le Gain 1000).

Deux types de jauges de la marque VISHAY sont utilisés :

Type EA-06-125BZ-350 pour les éprouvettes de 316L

Type EA-13-125BZ-350 pour les éprouvettes d'aluminium

Les jauges sont collées sur les échantillons par une colle de marque VISHAY, type AE10, qui

est une résine époxy, ayant la particularité de polymériser à basse température et d'être

exempte de fluage. La méthode de collage est décrite ci-dessous :

● Préparation des surfaces : dégraissage par papier abrasif 350;

● Mise en place des jauges (à l'aide de ruban adhésif);

● Traitement thermique de polymérisation à 50 °C pendant 2 heures, sous une charge de

pression;

● Enlèvement de la charge, puis soudage des fils de connexion avec le pont.

Page 15: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

69

Pour les essais de caractérisation réalisés sur la machine INSTRON la déformation est

mesurée à l'aide d'un extensomètre MTS de base 8 mm.

II.6. Techniques de mesure de la densité des dislocations

Plusieurs méthodes expérimentales "classiques" peuvent être mises en œuvre pour

mesurer la densité des dislocations telles que la mesure de densité fine, la diffraction des

rayons X, la calorimétrie différentielle ou encore la microscopie électronique en transmission.

Dans ce qui suit nous rappelons brièvement le principe physique de chacune de ces techniques

et nous démontrons par quelques résultats leur non-applicabilité pour les conditions

expérimentales envisagées dans ce travail. Par contre, nous avons également mis en œuvre

des mesures de caractérisation microplastique et de suivi des reliefs de surface par AFM lors

du cyclage. Bien que ces deux techniques correspondent à une caractérisation du matériau à

deux échelles très différentes - macroscopique dans le premier cas et locale dans le second -

elles se sont révélées particulièrement fructueuses pour l'étude de l'irréversibilité de

glissement des dislocations. La fin du présent chapitre est donc consacrée à l'exposé de ces

deux dernières techniques et les résultats qu'elles ont permis d'obtenir sont présentés dans les

chapitres III et IV respectivement.

II.6.1. Les techniques infructueuses

II.6.1.1. Densité fine

Principe de la technique

Un changement de la densité des dislocations à l'intérieur d'un matériau métallique

entraîne un changement de sa densité [GUY91, VER96]. Le principe de la mesure consiste

donc à mesurer la différence de densité entre un échantillon de référence (de densité connue)

et un échantillon dont la densité évolue au cours de la fatigue. La densité est déterminée selon

le principe de la double pesée (figure II.12) dans l'air et dans un solvant organique (DIETHYL

PHTHALATE 99 %, ds = 1,118 g/cm-3 ) [RAY87, JOR96] choisi pour sa bonne mouillabilité.

Page 16: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

70

Figure II.12 : schéma de principe de la double pesée d'un échantillon.

Le bilan des forces agissant sur les fléaux de la balance (figure II.12) conduit à l'équation :

mlue × g = me × g – PArchimède = me x g – dair ou solvant × V × g = (d – dair ou solvant) × V × g

où mlue est la masse lue sur la balance, me la masse de l'échantillon dans le vide, d la densité

de l'échantillon, g l'accélération de la pesanteur, V le volume de l'échantillon, PArchimède la

poussée d'Archimède et dair ou solvant la densité de l'air ou du solvant.

Les mesures dans l'air et dans le solvant conduisent à deux équations qui permettent de

calculer d selon l'équation suivante :

mMmdMdd airs

−−

= (II.2)

où M est la masse mesurée dans l'air (en mg), m la masse mesurée dans le solvant (en mg). dair

la densité de l'air (dair = 1,2×10-3 g.cm-3) et ds la densité du solvant (en g.cm-3).

La formule utilisée lors des essais, après avoir négligé la densité de l'air, est :

sdmM

Md−

= (II.3)

Matériel utilisé et préparation des éprouvettes

L'appareil sur lequel repose la mesure de densité relative est une balance METTLER

précise (10-4 g). L'expérience se fait à une température de 25 °C dans une pièce climatisée sur

un socle permettant de réduire les vibrations. Les échantillons sont polis mécaniquement

(jusqu'au papier 1200), et nettoyés afin d'éviter la rétention de poussières en surface. Ils sont

ensuite dégraissés à l'étuve à 200 °C, et enfin laissés refroidir dans un dessiccateur. La

préparation de deux éprouvettes (référence et échantillon) est faite de façon à avoir une

différence de masse entre les éprouvettes de l'ordre de 5 à 10 mg afin de ne pas avoir à

changer les masses discrètes de la balance ce qui permet d'éviter une source d'incertitude

Page 17: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

71

expérimentale. Le rapport surface/volume doit être le plus petit possible, afin de minimiser les

problèmes de mouillabilité lors de la pesée dans le solvant.

● Précision des mesures

la densité du solvant varie avec la température T selon la formule :

ds = ds25 °C + αT (25 –T) (II.4)

où ds25 °C est la densité du solvant à 25 °C (g.cm-3) et αT le coefficient qui exprime la variation

de densité du solvant pour un degré (g.cm-3/°C).

L'incertitude sur d est alors donnée par l'équation :

sT d∆Tα∆m

mM1M∆)

mM1

M1(

d∆d

+−

+−

+= (II.5)

où ∆M est l'incertitude expérimentale sur la mesure dans l'air, ∆m l'incertitude expérimentale

sur la masse dans le solvant et ∆T l'incertitude expérimentale sur la mesure de la température

du solvant.

Les valeurs courantes des incertitudes expérimentales lors de la pesée des échantillons dont

les masses sont comprises entre 2 et 3 g sont : ∆M = 0,1 mg, ∆m = 0,2 mg. Le changement de

température de la salle de pesée est de ∆T = 0,1 °C, les valeurs typiques de αT et de ds sont

respectivement αT = 0,00068 g.cm-3/°C et ds = 1,118 g.cm-3. L'incertitude absolue sur d vaut

alors 2×10-4. Pour la différence dréférence – déchantillon l'incertitude absolue est de 4×10-4, tandis

que l'incertitude relative calculée par l'équation (II.5) est de 1,5×10-4

A partir de la variation de la densité de l'éprouvette ∆d/d entre un état déformé et un état

recristallisé, on peut obtenir la densité de dislocations par l'équation [GUY91, VER96] :

ρb23∆d/d 2−= (II.6)

L'application de cette équation pour l'incertitude relative mentionnée ci-dessus (∆d/d = 1,5 ×

10-4) correspond à une incertitude sur la densité des dislocations ρ de ±1015 m-2. Cette

technique permet de s'affranchir des problèmes liés aux impuretés en solution solide et permet

par conséquent de mesurer la densité de dislocations sur des alliages industriels. Avec cette

méthode, Verdier et coll. [VER96, VER97] ont mesuré ρ = 2,7×1015 ±5×1014 m-2 pour Al-

2,5Mg déformé à ε = 3, tandis que par des mesures de résistivité ils ont mesuré ρ = 2,4×1015

±1014 m-2. L'incertitude obtenue par Verdier et coll. est au maximum dix fois moindre que

celle que nous avons obtenue. Ceci est dû à l'utilisation d'une balance METTLER plus

précise, dans leur cas (10-5 g).

Page 18: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

72

Mesures de ∆d/d

Nous avons fait des mesures de densité fine à différents stades de fatigue sur l'acier

316L et l'alliage d'aluminium Al-2,5Mg. La figure II.13 présente l'évolution de ∆d/d en

fonction du nombre des cycles pour l'acier 316L et pour Al-2,5Mg.

-1,E-04

-5,E-05

0,E+00

5,E-05

1,E-04

2,E-04

1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03 1,E+04 1,E+05 1,E+06 1,E+07

N

∆d/

d

-2,E-04

-1,E-04

-5,E-05

0,E+00

5,E-05

1,E-04

2,E-04

2,E-04

3,E-04

1,E+00 1,E+01 1,E+02 1,E+03 1,E+04 1,E+05

N

∆d/

d

Figure II.13 : évolution de ∆d/d en fonction du nombre de cycles de fatigue pour l'acier 316L (C300) (courbe à

gauche), Al-2,5Mg (C68) (courbe à droite).

A l'examen de la figure II.13 on constate que les évolutions de densité du matériau dues à

l'accumulation des dislocations sont beaucoup trop faibles par rapport à l'étendue des

fourchettes d'incertitude. La méthode de mesure de densité fine n'est donc pas applicable dans

notre cas.

II.6.1.2. Diffraction des rayons X

Principe de la technique

Lors d'une expérience de diffraction des rayons X par un matériau, le champ de

déformation généré par les dislocations contribue à l'élargissement du pic de Bragg en raison

de la variation locale du paramètre de réseau cristallin [WIL70]. Une augmentation de la

densité de dislocations ρ entraîne une augmentation du largueur du pic de diffraction à mi-

hauteur (FWHM) ∆q1/2 [WIL70] :

( ) ρbCMF∆q gRX1/2 = (II.7)

avec q = 4π sin(θ)/λ (II.8)

Page 19: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

73

Dans cette formule, F(MRX) est un facteur de forme, MRX un paramètre sans dimension qui

caractérise l'efficacité de la dispersion du champ de contrainte résultant de la distribution des

dislocations, <Cg.b> une constante pour une réflexion définie g, C un facteur dépendant du

caractère des dislocations en fonction du vecteur de diffraction g, θ l'angle de Bragg, λ la

longueur d'onde du faisceau monochromatique incident.

Mise en œuvre expérimentale pour l'acier 316L

Six éprouvettes ont été fatiguées sur la machine INSTRON sous la contrainte

σmin = -250 MPa (C250), R = 0,1, f = 1 Hz à différents nombres de cycles. Les mesures

macroscopiques des déformations rémanentes obtenues à l'aide de l'extensomètre MTS pour

les six éprouvettes après cyclage sont présentées dans le tableau II.5.

Eprouvette Nombre de cycles Déformation rémanente

(10-6)

0 0 0

1 10 2400

2 100 5500

3 1000 4500

4 10 000 7000

5 100 000 9000

6 1000 000 12100

Tableau II.5 : déformations rémanentes pour les six éprouvettes d'acier 316L cyclées à 250 MPa en compression

et à différents nombres de cycles. L'éprouvette vierge (0) prise comme une référence.

Après fatigue, les éprouvettes sont découpées longitudinalement, et un polissage mécanique

soigneux est suivi d'un polissage électrolytique. Les échantillons découpés sont ensuite

envoyés à Budapest pour les mesures par diffraction X. Ces mesures sont faites par Andras

BORBELY [Institute for General Physics, Eötvös Lorand University, Budapest]. Les

échantillons sont placés dans un diffractomètre Siemens D500 ; quatre vecteurs de diffraction

sont étudiés : g = 200, 220, 311 et 222 en utilisant une radiation de CoKα, et un pas d'angle de

rotation et d'azimut de 5°.

Les résultats des mesures de la densité de dislocations pour différents angles de Bragg

correspondant à différents vecteurs de diffraction sont rassemblés dans le Tableau II.6.

Page 20: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

74

éprouvette g θbragg (°) ρ (1013 m-2)

0 200 29,82 1,9 1 200 29,82 1,3 4 200 29,82 1,8 6 200 29,82 1,25 0 220 55,54 1,03 1 220 55,54 1,1 4 220 55,54 1,8 6 220 55,54 2,6 0 311 59,45 4 1 311 59,45 3,05 4 311 59,45 2,15 6 311 59,45 5,55 0 222 59,45 1,75 4 222 59,45 0,8 6 222 59,45 2,9

Tableau II.6 : densités de dislocations ρ pour quatre éprouvettes d'acier 316L fatigué en compression à 250 MPa,

mesurées à partir de l'élargissement des pics de Bragg.

Ces mêmes résultats sont aussi présentés sur la figure II.14. La barre d'erreur correspond à

une erreur de 25 % couramment admise dans ce genre d'étude.

0

1

2

3

4

5

6

7

0,1 10 1000 100000 10000000N(cycles)

ρ x10

-13 (m

-2)

g(311)g(220)

g(200)

Figure II.14 : évolutions à de la densité des dislocations ρ en fonction de nombre de cycles, pour différents

vecteurs de diffraction, pour l'acier 316L fatigué en compression à 250 MPa.

Pour un nombre de cycle donné, il apparaît une dispersion assez importante des densités

mesurées selon le vecteur de diffraction choisi. On note également une évolution non

monotone de la densité en fonction du logarithme du nombre de cycles (chute de la densité

après 10, voir 100 cycles) qui semble difficilement explicable si ce n'est par une incertitude de

mesure plus importante que celle considérée ici, ainsi que par les faibles niveaux de

déformation atteints lors du cyclage qui se situent vraisemblablement à la limite de ce qui est

mesurable par ce type de technique.

Page 21: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

75

II.6.1.3. Calorimétrie différentielle à balayage (DSC)

Lors du chauffage d'un échantillon déformé, une restauration (réorganisation des

dislocations à densité de dislocations constante), puis une recristallisation (création de

nouveaux grains avec une densité de dislocations plus faible) se produit en libérant l'énergie

emmagasinée par les dislocations. Ces processus se traduisent par des variations d'enthalpie

qui peuvent être mesurées par calorimétrie différentielle à balayage [DRI85, SCH99].

L'énergie stockée par unité de volume d'un matériau E et la densité de dislocations ρ sont

reliées entre elles par l'équation [FRI64] :

2bρGE

2

= (II.9)

où G est le module de cisaillement et b le module du vecteur de Burgers.

Cette formule suppose que l'énergie de ligne est indépendante du caractère des dislocations.

Avec cette méthode, Verdier et coll. [VER96, VER97] ont mesuré ρ = 4×1014 ±1014 m-2 pour

Al-2,5Mg déformé à ε = 3.

Le dispositif de calorimétrie différentielle disponible au laboratoire (calorimètre Perkin

Elmer) permet d'atteindre une température maximum de 650 °C ce qui n'est pas suffisant pour

étudier la restauration-recristallisation au sein de l'acier 316L. C'est donc un aluminium pur

polycristallin (non présenté au paragraphe II.2.1) qui a été choisi pour réaliser nos premiers

essais de mesure de la densité de dislocations lors du cyclage en fatigue par DSC. Nous avons

utilisé ce dispositif avec l'aide de C.GAUTHIER.

Après fatigue les échantillons sont usinés et coupés à la scie à fil en forme de barre d'un poids

de 100 ±5 g et de diamètre de 3mm. l'essai de fatigue a été effectué en compression à σmin =

20 MPa, avec R = 0,1, et à différent nombre de cycles ; la déformation rémanente maximale

est atteinte à 106 cycles et vaut 3,2 %, les échantillons sont ensuite caractérisés en DSC. Un

balayage de température entre 30 et 500 °C est appliqué avec un gradient de 40 °C/min. Deux

barres (une barre dans chaque four du calorimètre) à l'état vierge sont utilisées pour construire

la ligne de base, l'une d'entre elles est ensuite remplacée par une barre extraite du matériau

déformé. Lors d'un premier essai, la comparaison entre les courbes d'énergie libérée en

fonction de la température et la ligne de base n'a révélé aucun pic de recristallisation. Au

moins deux explications peuvent être avancées pour expliquer cette absence de pic :

● Une annihilation possible des dislocations à la température ambiante pendant le cyclage

et/ou au cours de l'usinage des pastilles.

● La déformation rémanente trop faible pour conduire à une recristallisation.

Page 22: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

76

Une autre méthodologie de préparation des barres a donc été adoptée. Des barres d'aluminium

(diamètre de 3 mm et poids de 100 g) ont tout d'abord été usinées puis déformées en

compression à différents taux de déformation (28 %, 45 %, 66 %). Immédiatement après la

déformation monotone les barres sont trempées dans l'azote liquide pour empêcher toute

recristallisation à température ambiante. Enfin les échantillons sont caractérisés par DSC. Les

courbes correspondantes sont présentées sur la figure II.15.

-0,03

-0,02

-0,01

0

0,01

0,02

0,03

0,04

200 250 300 350 400 450 500 550T(°C)

E(J/

g)

26%_1 26%_2 26%_3 45%_1 45%_2 66%_1 66%_2

Figure II.15 : courbes des énergies dissipées pour les éprouvettes d'aluminium ayant subi des déformations

monotones en compression de 26, 45, 66 %.

Cette figure met clairement en évidence qu'avec le protocole expérimental adopté, et malgré

des taux de déformation importants, les courbes obtenues pour un même taux de déformation

sont non reproductibles ce qui rend impossible toute exploitation quantitative en vue d'une

mesure de densité de dislocations.

II.6.1.4. Microscopie électronique en transmission (MET)

Les structures de dislocations induites par cyclage ont été étudiées par microscopie

électronique en transmission pour l'acier 316L et l'alliage d'aluminium Al-2,5Mg.

L'acier 316L

La structure des dislocations a été observée pour les modes de sollicitation

dissymétrique en compression, dissymétrique en traction à 250 MPa ainsi que pour le mode

symétrique à 210 et 270 MPa (figure II.16).

Page 23: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

77

1 µm T250 105 cycles g = 220 1 µm C250 106 cycles g = 220

1 µm C250 102 cycles g = 111 1 µm S210 105 cycles g = 200

1 µm S270 105 cycles g = 111 1 µm S270 10 cycles g = 220

1 µm S270 105cycles g = 131

Figure II.16 : structures de dislocations observées par microscopie électronique en transmission dans l'acier 316L cyclé selon les conditions de sollicitation indiquées sur

les micrographies.

Page 24: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

7

En mode de sollicitation dissymétrique en compression cyclé à 250 MPa pour 100 cycles la

structure des dislocations présente des lignes de glissement fines et des amas de dislocations.

Au moins deux systèmes de glissement semblent actifs et commencent à donner naissance à

une structure cellulaire. Après 105 cycles (en traction) ou 106 cycles (en compression), la

structure des dislocations reste hétérogène et la formation d'une structure bien définie

(cellules, murs,…) n'apparaît toujours pas clairement. En mode de sollicitation symétrique la

structure des dislocations est également hétérogène, et présente des cellules ou des murs plus

marqués (cf. par exemple, figure II.16; S270; 105 cycles; g = 131 et g = 111).

Alliage Al-2,5Mg

Les observations au MET des structures de dislocations dans les alliages d'aluminium

Al-2,5Mg sont faites pour les trois mode de sollicitation à σmax = 70 MPa, et pour une

sollicitation en mode symétrique à σmax = 46 MPa (figure II.17).

1µm S70 105 cycles g = 113

Figure II.17 : structures de dislocations dans l'alliag

indiquées sur

1µm C70 105 cycles g = 111

1

1µm T70 105 cycles g = 11

8

e Al-2,5Mg cyclé selon les conditions de sollicitation

la micrographie.

m S46 105 cycles g = 200

Page 25: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

79

En mode dissymétrique la structure des dislocations est relativement homogène et montre

essentiellement des amas dont la taille peut atteindre 1 µm. La structure en mode symétrique

est relativement hétérogène. On note la présence de bandes de glissement et d'amas de

dislocations d'autant plus gros que la valeur de la contrainte σmax est importante.

D'une manière générale pour les deux matériaux étudiés, l'examen des structures des

dislocations montre, d'une part, que celles ci peuvent être relativement hétérogènes au sein

d'un même échantillon, (cf. figure II.16 S270) et, d'autre part, que ces structures n'évoluent

pas systématiquement vers une organisation bien définie (de type cellules ou veines) même

après un fort nombre de cycles. Ceci est sans doute dû au faible taux de déformation induit

dans les échantillons (typiquement de l'ordre de 1,2 % après 105 cycles à 270 MPa) par le

mode de sollicitation à amplitude de contrainte imposé utilisé lors de nos essais. De ce fait,

une quantification précise de l'évolution de la densité de dislocations à partir d'observations

directes, outre le fait qu'elle ne peut se faire sur le même échantillon lors du cyclage, nous a

paru impossible à mener à son terme. Notons cependant que cette méthode a pu être mise en

œuvre sur des échantillons métalliques fortement déformés [GUY91] mais dans ce cas les

structures de dislocations présentaient un caractère nettement moins hétérogène et donc plus

aisément quantifiable. Par la suite nous n'avons donc pas cherché à quantifier l'aptitude des

matériaux étudiés à emmagasiner des dislocations lors du cyclage à partir d'observations en

microscopie à transmission.

II.6.1.5. Conclusion

Les différentes techniques classiques de mesure de densité de dislocations appliquées

(densité fine, DSC, rayons X et microscopie en transmission) n'ont pas donné de résultats

satisfaisants pour les conditions expérimentales envisagées dans ce travail. En fait les valeurs

de déformations plastique générées par nos essais et les évolutions correspondantes des

densités des dislocations sont très vraisemblablement trop faibles pour être mesurables par ces

différentes techniques.

Page 26: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

80

II.6.2. Les techniques fructueuses

II.6.2.1. Caractérisation mécanique macroscopique (mesure de la microlimite d'élasticité σmé)

II.6.2.1.1. Cas de la déformation monotone

Nous avons effectué des chargements monotones interrompus à différents niveaux de

déformation rémanente. Ces essais se déroulent à vitesse de déformation totale contrôlée avec

ε& = 10-5 s-1. Les éprouvettes sont laissées pendant 5 heures sous contrainte nulle à la fin de

chaque décharge pour que la déformation anélastique soit relaxée. A l'issue de ce délai un

essai de caractérisation microplastique est effectué.

En pratique, la caractérisation du comportement microplastique se déroule selon une

procédure bien précise développée par Hamann [HAM92], et qui consiste à enchaîner des

cycles de charge et décharge, en mesurant la déformation induite par une charge donnée, non

pas à l'état chargé pour lequel il est difficile de séparer les phénomènes anélastiques des

phénomènes plastiques mais après retour à une charge nulle. Plus précisément le déroulement

d'un essai est décrit ci-dessous.

● L'éprouvette est chargée à une contrainte de microlimite d'élasticité σ1 (initialement 5 MPa

pour l'acier 316L et 1 MPa pour l'alliage Al-2,5Mg et l'aluminium pur monocristallin).

● L'éprouvette est ramenée à une contrainte nulle.

● Relaxation de la déformation pendant 8 minutes.

● Mesure de la déformation microplastique εmp_1.

● Rechargement à un niveau de contrainte plus élevé d'un incrément constant tout le long de

l'essai (5 MPa pour 316L et 1 MPa pour Al).

● Tracé des courbes σ = f(εmp) pour chaque éprouvette (figure II.18).

Page 27: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

81

σ1

σ n

ε

εmp_n

σ

εmp_n

εmp_1 εmp_1

σn

εmp

σ1

σ

Figure II.18 : détermination de la courbe de microplasticité σ = f (εmp).

La précaution à prendre au moment de la mesure est de s’assurer que la microdéformation

plastique mesurée est effectivement irréversible. En effet, on constate une légère diminution

de la microdéformation immédiatement après décharge qui est due à la relaxation

viscoélastique ou viscoplastique des contraintes internes induites par le chargement. En

pratique, cette évolution devient négligeable au bout de quelques minutes comme le montre la

figure II.19.

ε

t(min)

εmp

εmp + εan

8

Figure II.19 : évolution de la déformation anélastique au cours du temps.

L'évolution de la microlimite d'élasticité peut ainsi être déterminée en fonction d'une

microdéformation plastique d'épreuve εmp à choisir par convention et de faible valeur (figure

II.20).

Page 28: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

82

ε

σ

εr_1

cara

ctér

isat

ion

mic

ropl

astiq

ue

εr_n

σmé_1

σmé_n

εmp

Courbe de déformationmonotone

εmp

Figure II.20 : évolution de la microlimite d'élasticité en fonction de la microdéformation plastique εmp. σmé_i la

microlimite d'élasticité à l'étape i de la déformation monotone.

Pour vérifier la reproductibilité, deux essais dans les mêmes conditions expérimentales ont

systématiquement été effectués.

II.6.2.1.2. Cas de la sollicitation cyclique

Comme dans le cas monotone, il est possible de réaliser des caractérisations

microplastiques après cyclage en fatigue. Le schéma suivant (figure II.21) présente la

méthodologie de mesure de la microlimite d'élasticité et son évolution avec le nombre de

cycles de fatigue :

Page 29: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

83

σ

εn

σ max

ε

σ mé_n

σ

ε mp= ?

σ mé_o

ε

σ

Cycle00

σ max

i

σσ max

ε

σ mé_i

Essai de fatigue interrompus auxcycles (0, i, …, n)

Mesure de la microlimite d'élasticité par des essais de caractérisation microplastique lors ducyclage en fatigue

εo_1

εr_1

ε mp= ?ε mp= ?

σ max

Figure II.21 : schéma représentant la méthodologie de mesure de l'ouverture cyclique εo, la déformation

rémanente εr et la microlimite d'élasticité σmé au cours de la fatigue.

Après i cycles de fatigue, l'essai est arrêté et l'éprouvette maintenue à charge nulle pendant 5

heures, pour que la déformation anélastique εan soit relaxée. La microlimite d'élasticité σmé_i

est alors mesurée selon la procédure décrite précédemment pour une valeur de la

microdéformation plastique εmp. Par ailleurs la déformation rémanente εr_i exempte de la

déformation anélastique ainsi que l'ouverture cyclique εo (représentant l'ouverture de la boucle

de fatigue) sont également mesurées.

II.6.2.2. Caractérisation locale par microscopie à force atomique (AFM)

Les mesures, en AFM, de la hauteur des bandes de glissement permettent d'évaluer la

déformation plastique localisée ainsi que le nombre de dislocations cumulées localement dans

les grains à la surface du matériau. Ces mesures vont nous servir à évaluer le facteur

d'irréversibilité de glissement des dislocations f*(N).

Page 30: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

84

II.6.2.2.1. Les différents types de force d'interaction pointe-surface

Les forces d'interaction entre la pointe du microscope AFM et la surface du matériau

étudié sont multiples et dépendent de la distance pointe-surface (d) (figure II.22). Suivant le

type de force mise en jeu on dispose de trois modes d'imagerie de l'AFM :

ξo/r Figure II.22 : représentation du potentiel de Lennard-Jones. L'AFM s'utilise soit dans un régime répulsif (mode

contact), soit dans un régime attractif (mode non-contact), soit en combinant des deux (mode contact

intermittent). ξo et r sont respectivement la distance interatomique d'équilibre et la distance d'interaction [VEE99].

● Le mode contact (régime répulsif) : La force est à courte portée et varie avec 1/d2, elle est du

type interatomique. Les liaisons pointe-surface sont fortes et de type covalentes (entre 0,15 et

0,25nm) et hydrogènes (entre 0,25 et 0,3nm). Ce mode est adapté pour des échantillons

relativement durs, c'est celui que nous avons choisi pour nos échantillons.

● Le mode non-contact (régime attractif) : La force est à longue distance et varie avec 1/d6, les

liaisons pointe-surface sont du type Van-der-Waals, ce mode est adapté pour les échantillons

dits "mous". La distance d'interaction pointe-surface est de quelques dizaines de nanomètres,

de façon à ce que la pointe n’endommage pas la surface.

● Le mode contact intermittent (tapping) : son principe de base est le même que pour le non-

contact. Dans ce mode la pointe touche ponctuellement la surface et passe périodiquement du

régime attractif au régime répulsif.

A ces différents types de forces peuvent s'ajouter d'autres, plus macroscopiques, telles que les

forces magnétiques ou encore les forces de capillarité.

Page 31: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

85

II.6.2.2.2. Le principe de détection

La pointe qui balaye la surface est fixée à l'extrémité d'un levier souple, appelé

microlevier (figure II.23). Les forces s’exerçant entre la pointe et la surface provoquent les

déflexions du microlevier, ces déflexions sont ensuite détectées par un système optique.

Figure II.23 : schéma de la tête du microscope à force atomique [VEE99].

Au repos le faisceau laser (longueur d'onde 670 nm, puissance maximum 1 mW) est focalisé

sur le dessus du microlevier, ce dernier le réfléchit vers les miroirs qui à leur tour le

réfléchissent vers le photodétecteur. Les déflexions du microlevier au cours du balayage

provoquent des variations d'intensité reçues par le photodétecteur. Pour conserver une force

constante entre la pointe et la surface, le microlevier doit être déplacé de façon à ce que les

variations d'intensité soit neutralisées. Le déplacement du microlevier est accompli grâce à un

tube piézo-électrique, les contractions et les dilatations du tube sont, au maximum, de 100 µm

en X et Y, et de 6,688 µm en Z. L'image enfin obtenue est une représentation des dilatations

et contractions du tube piézo-électrique à différents points de la surface balayée.

II.6.2.2.3. La pointe utilisée

La figure II.24 montre un cliché MEB d'une pointe utilisée en mode contact. La pointe

est fixée à l'extrémité d'un bras de levier en forme de "V", ce dernier est fixé à l'extrémité d'un

support rectangulaire.

Page 32: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

86

10µm x800

Figure II.24 : image MEB de la pointe utilisée pour l'acier 316L et l'aluminium à l'extrémité du bras de levier

[VEE99].

Les caractéristiques de la pointe utilisées sont résumées dans le tableau II.7.

Matériau de

fabrication

Constante de

raideur

Courbure de la

tête

Longueur du

microlevier

Forme du

microlevier

Nitrure de

silicium 0,12 N/m 20-60 nm 100-200 µm Forme de V

Tableau II.7 : les caractéristiques de pointe contacte [VEE99].

En mode contact, qui est le mode utilisé pour nos mesures, la géométrie de la pointe

généralement utilisée est schématisée sur la figure II.25.

a) b)

Figure II.25 : géométrie du bras de levier utilisé en mode contact a) et de la pointe AFM b) [VEE99].

L'angle au sommet de la tête de la pointe est de 70°. La pointe est montée sur le bras de levier

avec un angle de 10°.

Page 33: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

87

II.6.2.2.4. La résolution du microscope

La résolution verticale dépend de la résolution du mouvement vertical du scanner, qui

est inférieure à 0,1 nm [VEE99].

La résolution latérale dépend de la taille de la fenêtre balayée car dans tous les cas le

dispositif enregistre 512 points par ligne de balayage [VEE99].

● Pour l'acier 316L : La fenêtre est un carré dont le côté est de 5 µm, ce qui donne une

résolution de 5/512 ≈ 10 nm.

● Pour Al : les bandes de glissement sont plus larges et hautes; la taille de la fenêtre choisie

est, par conséquent, plus grande (100 µm). La résolution latérale est donc plus faible et égale

à 100/512 ≈ 500 nm.

II.6.2.2.5. Mesure de la hauteur des bandes

● Principe de mesure

Soit un monocristal, soumis à une contrainte de traction σt plus importante que la

microlimite d'élasticité σmé. A cette contrainte le monocristal se déforme plastiquement. La

déformation plastique résulte d'un cisaillement localisé dans certains plans

cristallographiques, dont l'émergence à la surface fait apparaître des lignes de glissement. Le

rassemblement de ces lignes de glissement forme des bandes de glissement comme le montre

la zone agrandie de la figure II.26.

σt

σt

Figure II.26 : localisation de la déformation plastique dans les bandes de glissement à la surface d'un monocristal

sous l'effet d'une contrainte de traction. Chaque bande de glissement est composée de plusieurs lignes de

glissement comme indiqué dans la zone agrandie.

Page 34: Chapitre II MATERIAUX ET METHODES EXPERIMENTALES

88

La hauteur de ces bandes de glissement peut être mesurée en AFM en mode contact. Les

hauteurs apparentes et réelles des bandes de glissement mesurées par AFM sont schématisées

sur la figure II.27.

h app

aren

tePointeAFM

h reé

l

r =2

0 nm

QuelquesoA

Bande de glissement

α

Figure II.27 : hauteurs apparentes et réelles des bandes de glissement mesurées par la pointe AFM.

Sur cette figure α représente l'angle formé par le plan de glissement avec la surface de

l'éprouvette, cet angle n'est pas "vu" en AFM parce que les lignes de glissement sont très fines

et ne sont pas résolues par la pointe qui présente un grand rayon de (20 – 60 nm) par rapport à

la hauteur de la marche induite par une ligne de glissement. La hauteur apparente d'une bande

de glissement happarente est mesurée par le déplacement vertical de la pointe du microscope. La

hauteur réelle hreéle de la bande de glissement mesurée dans la direction de glissement se

calcule à partir de happarente et de α.

● Méthodologie de travail

Les surfaces des échantillons sont préparées selon la procédure décrite au paragraphe

II.2.2, la rugosité de surface est de l'ordre de 0,5 nm. L'existence d'inclusions dans le matériau

permet de repérer à l'état initial des zones de la surface. Un microscope optique monté sur

l'AFM sert à visualiser les zones qui seront étudiées au cours de la fatigue. L'essai de fatigue

est interrompu périodiquement pour permettre l'examen des éprouvettes, L'apparition des

bandes de glissement et la croissance de ces bandes est suivie en fonction du nombre de

cycles et en fonction des conditions de sollicitation.

Les mêmes conditions de balayage sont appliquées pendant toutes nos études en AFM :

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● Mode de travail : contact.

● Vitesse de balayage 3 Hz (30 µm/sec).

● Angle de balayage 0°.

● 512 points de mesure par ligne balayée.

● Amplitude verticale maximale 3 µm.

II.6.2.2.6. Effet de la géométrie de la pointe de l'AFM sur la précision des mesures

Comme nous l'avons déjà mentionné, étant donné la rigidité élevée des métaux, les

études par AFM sur ce type de matériaux sont réalisées en mode contact. Les angles mesurés

avec le front et l'arrière de la pointe dépendent de l'angle de balayage et de l'angle de la tête de

la pointe (70°). Lors du balayage avec un angle de 0°, l'angle critique d'inclinaison (pour

lequel il n'y a pas de distorsion) va de 45° au front jusqu'à 65° à l'arrière de la pointe (figure

II.28).

90°

Figure II.28 : mesures des angles des cotés de la pointe avec la ligne de balayage. La géométrie distordue est en

pointillés [VEE99].

Man [MAN01-1, MAN03] a étudié, dans l'acier 316L cyclé à amplitude de déformation

plastique constante εo = 2×10-3, l'influence de la forme de la pointe sur la distorsion de la

géométrie réelle des intrusions-extrusions. Au premier stade de la fatigue, les intrusions-

extrusions sont peu développées et émergent de la surface avec des angles α (cf. figure I.43)

relativement faibles, au cours de la fatigue les intrusions-extrusions croissent et font avec la

surface des angles de plus en plus élevées (cf. figures I.40, I.47). D'après Man [MAN03] La

distorsion de leur largeur devient inévitable quand cet angle devient supérieur à 50°, ce qui

correspond à un nombre de cycles de l'ordre de 3000. La largeur réelle de l'extrusion est donc

plus petite que celle (∆wa) enregistrée par AFM, mais la hauteur reste non affectée par la

géométrie de la pointe. En règle générale, les intrusions sont plus profondes et plus fines que

les extrusions, c'est pourquoi elles peuvent échapper aux observations en AFM (figure II.29).

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La technique de réplique plastique peut alors être éventuellement utilisée pour observer les

intrusions et étudier leur forme et leur profondeur réelles.

Figure II.29 : schéma du profil de la surface avec une BGP consistant en une extrusion et de deux intrusions. La

distorsion du profil détecté par la pointe de AFM par rapport au profil réel de la surface est également montrée

[MAN03].

II.7. Conclusion

Les techniques "classiques" de mesure de densité de dislocations telles que la densité

fine, la calorimétrie différentielle à balayage, la diffraction des rayons X, et la microscopie

électronique en transmission (MET) se sont révélées inapplicables pour les conditions

expérimentales envisagées dans ce travail.

Deux autres techniques ont cependant été mises en œuvre avec succès. La première d'entre

elles repose sur la caractérisation du domaine microplastique à l'aide d'une machine sans

frottement conçue au laboratoire. Elle permet, au cours d'un chargement monotone ou

cyclique, de suivre de façon indirecte l'évolution de la densité des dislocations dans un

matériau. La deuxième technique consiste à suivre par microscopie à force atomique (AFM)

la hauteur des bandes de glissement au cours d'un essai de fatigue. Cette technique, plus

locale que la précédente, permet de mesurer le nombre de dislocations cumulées dans chacune

des bandes étudiées.