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Fabrice Simon jan.-fév. 2017 bimestriel Natagora asbl Rue Nanon 98 B-5000 Namur www.natagora.be #77 La brunette hivernale Les oiseaux de nos jardins Nouvelles réserves en Brabant Chevreuils des bois et des champs

Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

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Fabr

ice

Sim

on

jan.-fév. 2017bimestriel

Natagora asblRue Nanon 98B-5000 Namurwww.natagora.be

#77

La brunette hivernale

Les oiseaux de nos jardins

Nouvelles réserves en Brabant

Chevreuils des bois et des champs

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1 édito

2 la vie de l’association 20 000 membres !

4 en bref

6 ça s'est passé chez nous

8 devine qui vient manger au jardin Les oiseaux de nos jardins sont-ils devenus invisibles ?

10 en couverture Le chevreuil : discret, mais étonnant

16 rencontre Jean-Sébastien Rousseau-Piot, explorateur indigène

18 protection Sauvons nos pollinisateurs sauvages

20 nos réserves Perwez offre de l’espace à la nature

24 entomologie La brunette hivernale

26 ils l'ont fait

Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International, alliance mondiale d'organisations de protection des oiseaux et de la nature dont la sphère d’action s’étend du travail local de terrain aux plus hautes instances internationales. La mission de BirdLife est de protéger les oiseaux sauvages, leurs habitats et la biodiversité mondiale, en œuvrant à l’utilisation durable des ressources naturelles. En rejoignant les 20 000 membres de Natagora, vous devenez aussi membre de BirdLife International.

Natagora se développe dans tout l’espace Wallonie-Bruxelles. Le grand objectif de l’association est d’enrayer la dégradation de la biodiversité et contribuer au rétablissement d’un meilleur équilibre entre l’homme et la nature. Pour ce faire, elle s’est assignée différentes missions.

Protéger : plus de 200 réserves naturelles Natagora, gérées par de nombreux volontaires, sont constituées de milieux diversifiés et souvent menacés. Elles abritent quantité d’espèces rares.

Étudier : l’identification des menaces, le soutien direct aux espèces les plus menacées et la supervision de nombreux programmes de suivi font partie des préoccupations majeures de l’association.

S’impliquer : influer sur les décisions politiques, promouvoir la biodiversité, prévoir les atteintes qui pourraient lui être portées, réagir quand nécessaire : les nombreux volontaires de l’association nous y aident au quotidien.

Éduquer : formations, Centres Régionaux d’Initiation à l’Environnement, événements de sensibilisation, mise en réseau des particuliers : Natagora est fortement impliquée dans l’Éducation à l’Environnement.

En étant membre de Natagora, vous soutenez ce vaste mouvement : www.natagora.be/membre

Vous désirez faire un don pour nous soutenir ? BE53 0682 1403 3153

10 16 20

8 18

le p’tit

à lire en famille :)

Supplément disponible dans votre kiosque.

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Natagora a été fondée en 2003 par deux associations volontaires et déjà bien connues : la Société d’Études ornithologiques Aves et les Réserves Naturelles-RNOB. Nous étions alors presque 6 000 membres cotisants.

Aujourd’hui – enfin depuis le Festival de l’Oiseau au début de l’automne dernier à l’Aquascope Virelles – nous dépassons les 20 000 membres. C’est extraordinaire-ment important d’être ainsi soutenus par nos concitoyens, par vous les membres. C’est ce que cet éditorial veut saluer.

Que ce seuil ait été atteint lors d’un week-end d’activités à Virelles me comble pour deux raisons :

• Le projet de Virelles a été initié en 1983 grâce à un partenariat robuste entre Aves, les Réserves Naturelles-RNOB et le WWF-Belgique. Il est toujours là, actif, souriant, avec un site magnifique, et est maintenant profondément ancré dans la trame économique et sociale de la Botte du Hainaut ;

• D’autre part, il se développe sur la durée, sur le temps long d’une action bien décidée d’être là pour toujours.

Ce sont très précisément ces deux caractéristiques que Natagora entend dévelop-per aujourd’hui et demain : ne pas s’isoler dans un coin, dans la confortable bulle de la contemplation et du jugement, mais être bien là pour agir, pour nouer des collaborations avec d’autres ou pour combattre des options désastreuses, en bref pour être représentatif, actif et durable.

La force que nous confèrent nos 20 000 membres permet désormais à Natagora d’être plus convaincant. Il n’y a aucune gêne, pour chacun d’entre nous, à le mesu-rer et à le dire : les intérêts des uns et des autres ne sont pas toujours compatibles avec un environnement sain et une nature diversifiée, et parfois, ou même souvent, il faut dire non, argumenter, combattre, protester, se fâcher, formuler des contre-propositions. Il n’échappe à aucun d’entre nous que la situation générale n’est pas brillante. Que sont devenues les gélinottes dans les taillis des Ardennes, les tariers dans les vallées de l’Ourthe et de la Sûre, les tourterelles des bois et les alouettes des champs ? Même si cela renvoie souvent au propos de Staline « Combien de divisions ? », il vaut mieux être nombreux, motivés et avec des dossiers solides. C’est ce que nous sommes désormais.

Je ne peux conclure cet éditorial sans souligner notre cohérence et notre conviction. Nos sujets ou dossiers préférés varient certes de l’un à l’autre, membres, volontaires ou équipes professionnelles, mais nous ne sommes sûrement ni superficiels, ni volages, ni inconsistants dans nos choix et nos actions.

N’hésitons donc pas à le dire : nous sommes heureux d’être Natagora.

20 000,quelle étape !

Emmanuël Sérusiaux, Président

le magazine #771

édito

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20.000mEmBREs!

Step

hane

Ste

vens

Depuis cet automne, Natagora a passé le cap symbolique de 20 000

membres ! Ce chiffre que nous attendions depuis quelques mois a

été atteint lors du Festival de l’Oiseau, à l’Aquascope Virelles. Grâce

à vous, grâce au soutien de ces 20 000 voix, nous sommes devenus

un acteur incontournable de la protection de l’environnement,

écouté et suivi. Vous nous permettez de mener à bien nos quatre

grandes missions : protéger, étudier, s’impliquer et éduquer !

PRotÉgERNatagora gère près de 5000 hectares

de réserves naturelles. Afin de pré-

server leur biodiversité spécifique,

nos membres et volontaires s’orga-

nisent localement pour gérer ces ter-

rains, pour empêcher la disparition

des milieux humides ou le reboise-

ment des pelouses sèches.

Attentifs à leur environnement, nos

membres interpellent les autorités

locales lorsqu’ils constatent qu’on y

porte atteinte et déploient une vigi-

lance naturaliste sur tout le territoire

de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

le magazine #772

la vie de l’association

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Photos : Louis B

ronne, Thierry Lampe, B

enjamin Legrain

ÉtudIERToutes les actions de Natagora

reposent sur une expertise scienti-

fique forte, basée sur nos milliers de

membres qui observent, comptent,

répertorient les espèces indigènes et

leurs comportements. Certains parti-

cipent à des suivis réguliers et pointus

comme le recensement des oiseaux

d’eau, d’autres encodent chaque

donnée sur le portail observations.be.

Beaucoup participent également

aux grands recensements annuels

des oiseaux et des papillons, qui

nous permettent de comprendre

les grands mouvements de popula-

tions et d’adapter nos programmes

de protection.

s’ImPlIquERGrâce à ses 20 000 membres, Nata-

gora est la plus grande association de

protection de la nature en Wallonie et

à Bruxelles. Cela nous permet de nous

impliquer dans des dossiers cruciaux

et d’être écoutés par nos politiques.

Nous sommes ainsi notamment actifs

sur les sujets aménagement du terri-

toire, agriculture, chasse, pesticide,

agrocarburants, éolien… En 2016,

nos demandes d’adaptation de la

législation sur l’aménagement du terri-

toire (CoDT) ont ainsi été entendues au

Parlement Wallon et prises en compte.

Lorsque nous parlons, 20 000 voix

s’expriment pour protéger la nature !

ÉduquERVia ce magazine, nos équipes profes-

sionnelles et nos nombreux médias,

nous veillons à offrir à nos membres

les clés de compréhension de leur

environnement.

à leur tour, chaque week-end, de

nombreux membres mènent des ac-

tions de sensibilisation sur le terrain,

lors d’événements particuliers ou sim-

plement dans leur jardin, avec leurs

enfants.

Ensemble, nous veillons ainsi à pous-

ser le plus grand nombre à s’interroger

sur les relations que nous développons

avec les mondes animaux et végétaux

qui composent notre cadre de vie.

Aujourd’hui, nous sommes 20 000 membres à nous battre

pour préserver cette biodiversité qui nous entoure et nous

émerveille. Et nous savons que nous avons raison de le

faire. Et demain, combien serons-nous ?

le magazine #773

la vie de l’association

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Farine Mélodieuse : les oiseaux enchantés !

Cet hiver, qui est déjà le troisième du projet Farine Mélodieuse, 1,5 ha de céréales resteront sur pied pour éviter la disette aux passereaux des grandes cultures de Hesbaye. Le suivi ornithologique des bandes de céréales confirme tout l’intérêt du projet pour les oiseaux. L’année passée, à Liberchies, ce sont les alouettes des champs qui en ont profité ; un groupe d’une vingtaine d’individus y a été régulière-ment observé. à Couthuin, de vingt à soixante bruants jaunes ont visité très régulièrement les bandes et des centaines de verdiers y ont fait des passages remar-qués. Bien d’autres oiseaux se régalent : moineaux, mésanges, chardonnerets et linottes… mélodieuses, bien sûr ! La farine, bio et moulue sur large meule de pierre, rencontre elle aussi un beau succès. La pre-mière année, nous avons moulu 29 tonnes de grains, pour atteindre probablement 57 tonnes cette année !

La liste des magasins et boulangers mélodieux se trouve sur natagora.be/farine

Un tout grand merci aux ornithologues qui effectuent le suivi de terrain.

Natagora gère 5000 hectares de réserves naturelles. Mais la vie ne se confine pas et a besoin de nom-breux refuges pour s’exprimer. Ainsi, depuis 1981, l’asbl incite tous les gestionnaires d’espaces verts à laisser une place à la faune et la flore. Ajouter sans cesse de nouvelles mailles au réseau afin de relier les différentes parcelles déjà existantes : c’est bien là l’idée du Réseau Nature de Natagora.

En intégrant le réseau, le responsable du terrain signe une charte qui l’engage à respecter 5 enga-gements en faveur de la biodiversité. En y ajoutant une pincée d’imagination et un zeste de motivation, le résultat dépasse rapidement les espoirs. Une belle haie diversifiée attirera oiseaux et mammifères, une petite mare verra s’envoler libellules et demoiselles et un pré fleuri laissera éclater les couleurs chatoyantes de nombreux papillons. Toutes ces initiatives créent un réseau qui permet aux espèces indigènes de se déplacer en trouvant abri et nourriture.

Aujourd’hui, plus de 600 terrains ont déjà rejoint le réseau, couvrant une superficie de plus de 1 000 ha. Ils sont majoritairement gérés par des particuliers mais également par des entreprises, des écoles ou des institutions. Serez-vous le prochain ?

www.reseau-nature.be

1 000 hectares de Réseau Nature !

soutENEz Nos PRogRammEs d’aChat dE RÉsERVEs NatuREllEs

#01 : Haute Semois et Gaume#02 : Haute Sûre et Forêt d’Anlier#03 : Lesse et Houille#04 : Famenne#05 : Entre-Sambre-et-Meuse#06 : Ourthe et Aisne#07 : Stoumont/vallée de l’Amblève#08 : Haute Ardenne

#09 : Entre Fagnes et Amblève#10 : Montagne Saint-Pierre#11 : Haute Sambre#12 : Vallée de la Haine

et Campine hennuyère#13 : BRABAnt wALLOn#14 : Hesbaye#15 : Plateau de Bastogne

#16 : Semois ardennaise#17 : Vallée de la Meuse#18 : Vallée de la Gueule#19 : Condroz#20 : Bruxelles#21 : Les Hauts-Pays#22 : Les Plaines de l’Escaut

Compte BE53 0682 1403 3153 (BIC : GKCC BE BB) de natagora, rue nanon 98 – B-5000 namur. À partir de 40 €, le montant des dons est déductible du revenu net imposable.

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le magazine #774

en bref

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Job étudiants

Votre rôle est de convaincre le public de rallier les causes défen-dues par Natagora en le motivant à devenir membre. Pour cela, vous êtes sur des stands à des foires et salons (Valériane, Foire de Libramont, Jardins d’Enghien, etc.), dans des parcs théma-tiques (Pairi Daiza, Han s/ Lesse), et bien d’autres encore... Vous devenez un ambassadeur des causes défendues par Natagora.

Profil candidat(e) :• Avoir 18 ans minimum• Avoir un contact facile avec

des publics très différents.• Être convaincant et opiniâtre• Avoir un attrait prononcé pour

la protection de la biodiversité

Intéressé(e) ? :Envoyez votre CV et lettre de motivation à Dominique Gilbart par e-mail : [email protected]

En tAnt quE MEMBRE nAtAGORA, VOuS BénéFICIEz dE PRIx PRéFéREntIELS !

Contactez gérard Frola, notre « mr optique » : [email protected] – 0477/48 99 13

Maison Liégeoise de l’Environnement

Rue Fusch 3 – 4000 Liège04/250 95 80www.maisondelenvironnement.beOuvert du lundi au samedi de 10h à 18h

Bilande

Rue de Mettet 1 – 5620 Florennes071/68 80 70www.photobilande.be

Le Moulin de Bierges

Rue du Manège 16 – 1301 Bierges010/41 37 80www.moulindebierges.be

En partenariat avec

Ou RENDEz-VOus CHEz uN DE NOs PARTENAiREs (AVEC VOTRE CARTE DE MEMBRE) :

Besoin de matériel d’observation ?Jumelles, longues-vues, loupes, binoculaires...

RENCoNtREz moNsIEuR oPtIquE !samedis 14/01 et 18/02, de 11 h à 16 h, à la Maison Liégeoise de l'Environnement.

Depuis plusieurs années, Natagora et ses partenaires invitent petits et grands à découvrir les hiboux et chouettes de nos régions.

Tapi dans l’obscurité sur les traces de votre guide, écoutez hululer les rois de la nuit ! Apprenez à connaître les rapaces nocturnes, et décou-vrez également les dangers qui les guettent, ainsi que les gestes du quotidien qui peuvent les aider.

La nuit de la Chouette rassemble, tous les deux ans, les curieux de la nature pour participer à un grand nombre d’activités partout à Bruxelles et en Wallonie : projections, exposés-débats, expositions, animations pour enfants, balades nocturnes…

Rendez-vous le samedi 11 mars 2017 pour la prochaine édition !

www.natagora.be/chouette

Plongez au cœur de la nuit à la découverte des chouettes et hiboux !

Nat

halie

Ann

oye

le magazine #775

en bref

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Où sont passés les oiseaux ? André Burnel et la Plateforme

« Grands Prédateurs »

Telle est la question qui revient

régulièrement en novembre.

Les jardins sont, en effet,

peu fréquentés. Les mésanges y

sont même rares et les mangeoires

restent désespérément vides. Quel

contraste par rapport à l’année pré-

cédente ! Trois facteurs contribuent à

cette rareté. Tout d’abord, une faible

reproduction suite à l’absence de

printemps, peut-être aggravée par le

virus uzuTu qui a surtout frappé les

merles et les rapaces nocturnes mais

a aussi affecté d’autres espèces de

manière moins visible. Enfin, une mi-

gration très faible. Peu de mésanges

sont descendues cette année du

nord et du nord-est de l’Europe.

Et pourtant, des oiseaux sont passés

parfois en nombre comme le pipit

farlouse dont 75 000 exemplaires ont

été comptabilisés en Belgique lors

de la journée européenne de suivi

migratoire du 1er octobre, mais la

tendance générale est quand même

à un large déficit dans les espèces

habituelles. Même la grue cendrée

nous a quelque peu boudés, pas-

sant plus à l’est. De nombreux indi-

vidus ont cependant été observés les

30.10 et 12.11. Par contre, le pouil-

lot à grands sourcils a été observé

par dizaines cet automne. D’autres

espèces sibériennes ont vu un afflux

en Europe mais n’ont pas été signa-

lées dans notre région, à l’exception

d’un pouillot de Pallas le 04.11 à

Nassogne et de quelques pipits de

Richard. Le jaseur boréal, toujours

attendu mais pratiquement absent

ces dernières années, nous a fait le

plaisir de nous rendre visite parfois

en petites troupes comme 27 indivi-

dus le 13.11 à Vielsalm et 25 passant

en vol le 15 à Manderfeld. un séjour

prolongé d’une poignée de jaseurs a

fait le plaisir des photographes et des

observateurs à Gembloux. Le bruant

nain, espèce qui avait été observée

à Hermalle sous-Argenteau au cours

du dernier hiver, y a fait sa réappari-

tion à partir du 26.11.

Quelques autres espèces plutôt rares

mais presque annuelles ont aussi été

signalées cet automne. Par ordre al-

phabétique, un bruant des neiges les

12 et 14.11 à Walcourt, des bruants

lapons (2 ex. le 16.10 à Oeudeghien

et 1 le 12.11 à Havay), des busards

pâles isolés le 23.10 à Hodister,

Tenneville, Longvilly (où il reste

jusqu’au 30.10) et le 01.11 à Petit-

Thier, une buse pattue le 19.10 et le

23.11 à Longvilly ainsi que le 11.11

à St-Jean-Geest. Plus rares, un cor-

moran huppé à partir du 04.11 (et

même 2 le 06) aux barrages de l’Eau

d’Heure et une buse des steppes

séjournant à Bütgenbach.

Pour terminer, la mi-novembre voit le

passage de plusieurs espèces d’ana-

tidés dont presque tous les canards

de surface ainsi que le début du

séjour des hivernants traditionnels

comme les harles et les garrots. Il y a

donc encore des oiseaux !

Jaseur boréal

Photo : Bruno Marchal

INtéressé(e) par de L’INformatIoN orNIthoLogIque pLus CompLète et pLus détaILLée ? Le BuLLetIN aves est pour vous ! pour Le reCevoIr, voyez eN page 33.

le magazine #776

ça s'est passé chez nous

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du loup car il est facile de le confondre visuellement avec un chien-loup.

Le loup est un animal discret et craintif : aucune at-taque sur l’homme n’est intervenue depuis qu’il a amor-cé sa recolonisation en Europe. Il est même devenu un atout touristique en Italie, en Espagne ou encore en Scandinavie.

Les acteurs de la conservation de la nature en wallonie se sont rassemblés au sein de la plateforme « Grands Prédateurs ». Celle-ci a pour objet de réaffirmer le sta-tut d’espèces protégées du loup, du lynx et du chacal doré, autre espèce en pleine expansion. Elle vise éga-lement à sensibiliser au retour naturel de ces espèces, encourager et accompagner les éleveurs de bovins, ovins et autres animaux domestiques vers une cohabi-tation responsable, ainsi qu'à devenir un interlocuteur de « référence ».

Le loup est en train de faire son retour en Belgique. Ré-unies au sein de la plateforme « Grands Prédateurs », 9 associations de conservation de la nature (dont nata-gora) prennent position et veulent entamer le dialogue avec les autorités et tous les usagers de la nature, en vue d’accueillir comme il se doit ce superbe représen-tant de la vie sauvage et d’assurer une cohabitation harmonieuse avec l'homme, telle qu’elle a lieu dans d’autres régions.

un peu plus de 12 000 loups vivent en Europe : environ 300 loups en France, autant en Allemagne. Le loup vit en meute, petite cellule familiale composée en moyenne de 4 à 6 individus. En Europe occidentale, son territoire s’étend sur 250 à 300 km² en fonction des ressources alimentaires disponibles. À la fin de l’hiver, les jeunes partent pour trouver de nouveaux territoires et essayer de se reproduire. Ils peuvent parcourir jusqu’à 300 km. Grâce à la dispersion, le loup recolonise son ancienne aire de répartition depuis les années 1970.

Le loup est protégé au regard des lois européennes. La wallonie a anticipé son retour en l’inscrivant sur la liste des espèces protégées. Son arrivée est plus que pro-bable tant la Belgique présente un attrait pour lui par ses massifs forestiers et giboyeux. des groupes trans-frontaliers pourraient exploiter notre pays et l’installa-tion d’une meute reste possible. En l'absence d’analyses génétiques, il est impossible de confirmer la présence

LOuP, Y ES-TU ?

La plateforme « Grands Prédateurs » rassemble des associations de conserva-tion de la nature qui veulent communi-quer d'une même voix sur le retour des grands carnivores en Belgique (loup, lynx et chacal doré) : Faune & biotopes, Ferus, Forêt & naturalité, Forêt.nature, Jeunes & nature, la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux, natago-ra, wolf Eyes et le wwF Belgique.

Anthony K

ohler

le magazine #777

ça s'est passé chez nous

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L’ornithologie est définitivement entrée dans l’ère du Big

Data : nous avons à disposition des quantités de données

de sources diverses et complémentaires. Mais que nous

disent-elles du phénomène actuel ? Les oiseaux sont-ils

effectivement moins nombreux cette année ?

De nombreux observateurs constatent que leurs man-

geoires se vident beaucoup moins vite que de coutume

à pareille époque. Ce sont donc bien les oiseaux « des

jardins » qui inquiètent, ceux que l’on observe lors de

l’opération « Devine Qui Vient Manger au Jardin ».

En comparant le nombre de mésanges et de sittelles en-

codées sur observations.be en septembre sur les 6 der-

nières années, on constate une chute d’effectifs frappante

en 2016 par rapport à 2014 et 2015. Les signalements

de manque d’oiseaux par les particuliers sont donc bien

corroborés par les encodages de tous les ornithologues

qui contribuent à observations.be. Comment expliquer ce

phénomène ? Voici trois pistes que l’opération « Devine

Qui Vient Manger au Jardin » nous aidera à discriminer.

unE MAuVAISE REPROduCtIOn Au PRIntEMPS

Les petits passereaux des jardins ont la vie courte. Le taux

de survie des adultes est de 30 à 40 %. Une partie signi-

ficative de la population à l’automne est donc constituée

par les jeunes de l’année. Or, la météo froide et pluvieuse

du printemps 2016 laissait supposer un taux d’échec

de la reproduction supérieur à la normale. Plusieurs

bagueurs de l’Institut royal des Sciences naturelles qui

visitent chaque année un vaste réseau de nichoirs nous

font savoir qu’ils ont rarement connu une année aussi

mauvaise en termes de nidification : de l’ordre de deux

fois plus d’échecs de la nichée !

Cet automne, vous êtes

nombreux à nous avoir fait part

de votre inquiétude face à la

très faible présence d’oiseaux

dans les jardins. Ce constat

s’est généralisé à l’ensemble

de la wallonie, à Bruxelles et

à la Flandre. Où sont passés

les oiseaux ? nos ornithologues

ont leur petite idée... mais

leurs hypothèses devront être

étayées par les résultats de vos

comptages, lors de notre grande

opération « devine qui Vient

Manger au Jardin » des

4 et 5 février prochains.

nombre total (brut) d’individus encodés sur observations.be au mois de septembre

Les oiseaux de nos

jardins sont-ils devenus

invisibles ?texte : Jean-Yves Paquet

Illustrations : Judith dessy

5000

4000

3000

2000

1000

0

2011

2012

2013

2014

2015

2016

Mésange bleueMésange charbonnière Sittelle torchepot

le magazine #778

devine qui vient manger au jardin

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dES MIGRAtEuRS ABSEntS

La quantité d’oiseaux présents en automne dépend

également de l’apport d’individus migrateurs provenant

de zones de nidification situées plus au nord. selon les

espèces, la migration peut avoir un caractère régulier,

comme pour le rougegorge familier qui migre chaque

année quelles que soient les conditions alimentaires ou

météorologiques, ou irruptif. Dans nos régions, on n’ob-

serve par exemple des migrations massives de mésange

bleue que certaines années, probablement en fonction

de l’état des ressources alimentaires plus au nord. En

automne 2012, sa migration avait été spectaculairement

importante. En 2016, elle est quasiment nulle.

dES RESSOuRCES ABOndAntES En FORêt

Cette année, les hêtres ont produit d’importantes quan-

tités de faînes dont les oiseaux forestiers (pinsons, gros-

becs, mésanges…) sont friands. Les aubépines étaient

bien chargées en baies qui font le bonheur des merles,

des grives et de certains oiseaux granivores. Les oiseaux

se cantonnaient donc peut-être simplement aux forêts

et aux haies qui regorgeaient encore de nourriture en

novembre et négligeaient ainsi les mangeoires artifi-

cielles. Toutefois, rien n’indique que ce fut le cas : les

observations des ornithologues mentionnées plus haut

concernent tant les forêts que les jardins.

GRâCE À VOuS, nOuS En SAuROnS PLuS LES 4 Et 5 FéVRIER

Jamais, depuis que nous organisons les opérations « De-

vine qui », nous n’avons connu un automne aussi parti-

culier. Votre participation au comptage cet hiver est donc

d’autant plus importante ! une confirmation d’un faible

nombre de mésanges (et des autres espèces) irait dans

le sens des deux premières hypothèses : la conjonction

d’une mauvaise saison de reproduction et d’une absence

de migrateurs en provenance du nord de l’Europe. Par

contre, une présence quasi normale des oiseaux au

jardin remettrait en cause ces hypothèses. De plus, les

variations entre espèces, régions et habitats (certains jar-

dins sont plus proches des forêts que d’autres) seront

particulièrement intéressantes à étudier. Ce qui ne sera

possible que si un grand nombre de jardins participent

à l’opération ! Nous vous invitons donc à compter les oi-

seaux de votre jardin les 4 et 5 février, et à renseigner vos

observations sur notre site internet. Même si vous n'avez

pas d'oiseaux chez vous !

4 & 5 février

www.natagora.be/oiseaux

le magazine #779

devine qui vient manger au jardin

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Le chevreuil : discret, mais étonnant

Il est le plus nombreux, le plus commun, le

plus répandu parmi les cervidés présents en

Europe. Mais n’est-il pas aussi le plus discret,

le plus furtif presque, d’entre eux ? Il en est

en tout cas le plus petit (si l’on excepte les

quelques cerfs sikas, muntjacs et autres

hydropotes chinois égarés dans l’un ou l’autre

coin d’Europe), ne dépassant pas 95 à 135

cm pour un poids plume d’à peine 30 kg

(mâles), voire moins encore (jusqu’à 20 kg

pour les femelles).

texte : Bernard de wetterPhotos : Jean-Marie winants

Le chevreuil ne se rassemble en

grandes hardes spectaculaires

que de manière exceptionnelle,

ne se livre jamais aux fanfaronnades

bruyantes de son noble cousin le

cerf : dès lors, il n’attire nulle part les

foules, n’a droit qu’à de rares appari-

tions dans le folklore et les traditions,

n’occupe pas la couverture des

brochures touristiques des régions

vantant (et vendant) du « vert » aux

citadins… Sa présence est partout

timide, mais il peut pourtant offrir

bien des moments de bonheur, à

l’occasion d’une rencontre inatten-

due, inespérée… Le chevreuil est

un « petit grand mammifère », un

être agile, alerte et très rapide, une

créature gracieuse et élégante qui

déclenche presque instinctivement

un sentiment de sympathie et de

douceur, une de ces « bêtes sau-

vages » que l’on espère rencontrer,

que l’on se plaît à observer.

quI ESt quI CHEz LE CHEVREuIL ?

divers noms, souvent hérités de la tradition cynégétique, définissent les chevreuils en fonction de l’âge et/ou du sexe :

• le chevreuil mâle adulte est appelé « brocard ».

• le chevreuil femelle adulte est appelée « chevrette ».

• jusqu’à l’âge de 6 mois, le jeune chevreuil (mâle ou femelle) est appelé « faon ».

• de l’âge de 6 mois à l’âge de 12 mois, le jeune chevreuil (mâle ou femelle) est appelé « chevrillard ».

Le pelage du faon nouveau-né est orné de taches blanches, qui renforcent le mimétisme du tout jeune animal bien tapi dans la végétation haute. Contrairement au faon du cerf, ces taches sont alignées chez le jeune chevreuil, qui perdra cette livrée en subissant sa première mue, au terme de deux mois.

Fabr

ice

Sim

on

le magazine #7710

en couverture

Page 13: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

dIMORPHISME SExuEL MARqué

D’un roux vif et chaud en été, le

pelage du chevreuil virera plutôt au

gris-brun en hiver, comme s’il vou-

lait se rapprocher des teintes du ciel

souvent maussade durant la froide

saison. Le trait sans doute le plus ca-

ractéristique de la robe du chevreuil

est la tache claire qui lui orne le fes-

sier, et que l’on appelle le « miroir » :

d’un blanc pur en hiver, celui-ci

devient jaunâtre en été. En hiver, ce

miroir nous aide à savoir à qui l’on a

à faire : en forme de haricot (ou de

rein) chez le brocard, il a plutôt une

forme de cœur chez la chevrette.

Brocards ou chevrettes, tous les che-

vreuils ont en tout cas tous une mor-

phologie adaptée aux « sprints » ra-

pides et aux bonds impressionnants,

qui constituent leur tactique de fuite

très caractéristique : souvent, le pro-

meneur n’aura de son éphémère

rencontre avec un chevreuil que

l’image de l’animal disparaissant en

quelques bonds souples, presque

aériens. On dit que le chevreuil peut

faire des bonds jusqu'à 1,75 m en

hauteur et jusqu'à 6 m en longueur.

Il court aussi bien plus vite que ses

prédateurs potentiels, mais unique-

ment sur de courtes distances : de

tels « sprints » peuvent atteindre

(selon des mesures très sérieuses)

près de 100 km/h ! Ce mode de fuite

lui est très utile en milieu forestier

dense, dans les ronciers, etc., mais

moins approprié aux grands espaces

ouverts.

Souvent, la fuite du chevreuil s’ac-

compagne de ses aboiements so-

nores, rauques et brefs, qui ont déjà

intrigué – voire inquiété – plus d’un

promeneur novice en forêt…

Pierre M

elon

destiné à la consommation de grami-

nées, celles-ci constituent pourtant

une part importante de l’alimentation

des chevreuils qui se sont adaptés

aux zones agricoles (voir plus loin).

Pattes avant repliées et pattes arrière tendues comme pour mieux se laisser soulever par l'air, le chevreuil peut disparaître en quelques bonds d'une souplesse inégalée.

Présents uniquement chez le mâle, les bois tombent en octobre ou novembre et repoussent en janvier ou février. Enveloppés dans un épais fourreau de velours, ils semblent alors démesurés.

FIn GOuRMEt Ou OPPORtunIStE AVISé ?

Le chevreuil a souvent la réputation

d’être une sorte de gourmet, sélec-

tionnant avec soin les différents élé-

ments qui composent son menu :

considération purement anthropo-

morphique ? Quoi qu’il en soit, il

est vrai que l’animal peut se réga-

ler d’un bel éventail d’aliments en

fonction de l’abondance, de l’habi-

tat, de la saison, voire – cela n’est

pas exclu – de ses préférences du

moment : bref, un comportement

typique d’opportuniste.

Au printemps et en été, le chevreuil

consomme en forêt les feuilles de

nombreux arbres feuillus comme le

chêne, le charme ou l’érable, mais

également de nombreux bourgeons

(printemps). L’automne le verra agré-

menter son ordinaire en y ajoutant

notamment faînes et glands, tandis

qu’en hiver, il pourra se satisfaire de

ronces ou de lierre, voire même de

feuilles mortes ! Alors que son sys-

tème digestif n’est apparemment pas

le magazine #7711

en couverture

Page 14: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

un Rut… PAS SI dISCREt !

Bien moins réputé auprès du grand

public que le célèbre rut (ou brame)

du cerf, le rut du chevreuil constitue

cependant une période d’intense

agitation dans le cycle annuel de

l’animal, et durant laquelle il aura

tendance à quelque peu oublier sa

prudence habituelle, offrant parfois

de belles observations en plein jour.

Pour afficher sa dominance, le bro-

card se frotte les bois sur les jeunes

arbres, dont il saccage souvent

l'écorce, ou gratte nerveusement le

sol : le but est d’imprégner partout

son odeur. S'il lui arrive de croiser un

concurrent, il le charge et, si l'autre

mâle fait front, les deux adversaires

entameront fréquemment un com-

bat, bois contre bois : d’ordinaire si

paisible en apparence, le chevreuil

peut soudainement se transformer

en furie lorsque ses hormones le

tourmentent (ou qu’un danger grave

le menace), les bois devenant alors

des armes redoutables !

Les chevrettes n’acceptent pas d’em-

blée les avances d’un prétendant, et

évitent généralement celui-ci, sauf

au moment où elles sont réceptives

pour la reproduction. Le couple, qui

se poursuit, décrit alors des cercles

simples ou doubles (« 8 »), appelés

« ronds de sorcières » dans la tradi-

tion populaire, jusqu'à ce que fina-

lement la chevrette accepte que le

brocard la monte. La réceptivité de

la chevrette ne dure qu'environ 2

jours…

La gestation se met en pause, pour

ne reprendre son cours qu’au début

janvier, afin que les petits naissent en

mai ou juin. Une portée peut com-

prendre de 1 à 3 faons, le plus sou-

vent 2. Durant leurs premiers mois

d’existence, les faons restent cachés

dans les broussailles, ne recevant la

visite de leur mère que toutes les 4

à 5 heures… pour autant que celle-

ci ne les « oublie » pas (temporaire-

ment) lorsqu’elle mène ses affaires

de cœur avec un brocard à l’époque

du rut ! À la fin de l'été, les jeunes

ont assez grandi pour suivre leur

mère partout où elle va et ils resteront

avec elle jusqu'au printemps suivant,

quand elle donnera naissance à de

nouveaux faons.

LE GRAnd REtOuR

« Notre » chevreuil est largement

répandu sur la majeure partie de

l’Europe et loin vers l’est, en Russie,

de même qu’en Asie Mineure. Plus

à l’est encore, il est remplacé par le

chevreuil de Sibérie, d’une taille bien

supérieure.

Plus ou moins disparue sur une

bonne partie de son aire de distri-

bution originelle en Europe à la fin

du XIXe siècle, l’espèce a bénéficié

par la suite de l’aide des humains

pour reprendre pied dans différentes

régions, grâce à de nombreuses

réintroductions, tout en recolonisant

certains coins par elle-même. Ses

effectifs ont connu une croissance,

parfois spectaculaire, un peu partout

sur notre continent durant la seconde

moitié du XXe siècle. On estime au-

jourd’hui la population européenne

du chevreuil de l’ordre de 15 millions

d’individus. En Région wallonne,

ses effectifs tournent officiellement

autour des 30 000 animaux (20 000

en 1984).

Les effectifs du chevreuil en Europe

se portent mieux aujourd’hui qu’ils

ne l’ont probablement été depuis des

siècles. Si cela va donc très bien à

l’heure actuelle pour le sympathique

petit cervidé en termes de quantité,

certains spécialistes manifestent des

inquiétudes en termes de qualité des

effectifs (état de santé, robustesse,

résistance…).

Le plus souvent, la portée de la chevrette est gémellaire.

le magazine #7712

en couverture

Page 15: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

LE tERRItOIRE : unE nOtIOn MOuVAntE

L’étendue d’un domaine vital chez le

chevreuil peut varier considérable-

ment, en fonction de paramètres tels

que la qualité de l’habitat, l’abondance

de nourriture, la densité de la popula-

tion (de chevreuils), la présence de

prédateurs, la pression humaine…

Le mâle défend un territoire en été, et

peut se montrer agressif envers des

rivaux, réels ou imaginaires ; ce com-

portement s’estompe en automne et

en hiver, périodes de l’année durant

lesquelles on peut souvent rencon-

trer des brocards en groupe, avec

des femelles et des jeunes. Ces pe-

tites hardes comptent généralement

quelques animaux, mais des rassem-

blements exceptionnels et tempo-

raires rassemblant jusqu’à une cen-

taine de chevreuils ont déjà été notés

(Europe de l’Est).

En Europe, les prédateurs naturels du

chevreuil adulte sont le loup, le lynx,

éventuellement l’ours ; les jeunes

faons ont quant à eux à se méfier

du renard, du chacal, des grands ra-

paces… Dans nos régions, les causes

principales de mortalité sont au-

jourd’hui la chasse et les accidents de

la route. Les maladies et les parasites

peuvent également être des causes

de mortalité assez élevée, phénomène

que l’on constate surtout là où les

populations de chevreuils sont éle-

vées. Dans les régions où les grands

prédateurs sont encore présents, le

chevreuil constitue souvent une proie

privilégiée ; les carcasses constituent

à leur tour des aubaines appréciées

par tout un cortège de nécrophages.

La reproduction a lieu en été, pendant les mois de juillet et d'août, durant lesquels le brocard parcourt son territoire pour rencontrer des chevrettes.

le magazine #7713

en couverture

Page 16: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

CHEVREuILS dES BOIS, dES VILLES Ou dES CHAMPS ?

Traditionnellement, l’habitat pré-

férentiel du chevreuil en Europe

occidentale semblait être un habitat

forestier représenté par au moins

50 % de feuillus et riche en clairières

et en lisières. Mais le chevreuil a

fait preuve, au cours des dernières

décennies écoulées, d’une remar-

quable adaptation à des environne-

ments les plus divers, parfois les plus

inattendus même.

Dans tous les pays d’Europe occiden-

tale, des chevreuils ont appris à vivre

dans les quartiers verts et aérés en

bordure de villes, fréquentant discrè-

tement parcs et jardins du crépus-

cule à l’aube, pour s’évaporer durant

la journée. Et l’on trouve aujourd’hui

des chevreuils dans la plupart des ré-

gions de grandes cultures céréalières

industrielles de nos pays : passant

toute leur vie sans jamais visiter un

seul coin de forêt, ces « chevreuils

des champs » s’accommodent de la

nourriture qui leur est disponible, et

jouissent d’une quiétude bien plus

que suffisante dans ces étendues

où le passage d’humains demeure

en fait rare. Les chevreuils y forment

souvent des hardes comptant de

10 à 20 individus. Cette adaptation

aurait été favorisée, selon certains,

par l’exode rural et la mécanisation

de l’agriculture, qui ont considérable-

ment réduit la présence d’humains

dans les champs.

Le chevreuil n’a sans doute pas fini

de nous étonner…

LES IndICES dE PRéSEnCE du CHEVREuIL

• coulées : « sentiers » régulièrement utilisés par les animaux.

• empreintes : empreintes caractéristiques rappelant celles de chèvres.

• crottes : appelées « moquettes » dans le langage cy-négétique, apparaissent comme de petites boulettes très foncées (brun foncé ou noir) ; aspect différent en hiver et en été.

• gîtes : endroits où un chevreuil s’est reposé, caracté-risé par une petite cuvette où la végétation est aplatie. Contrairement aux autres cervidés, le chevreuil gratte souvent les feuilles mortes, brindilles, etc. avec les pattes arrière avant de se coucher, ce qui facilite l’identification.

• abroutissements : traces sur les jeunes arbres dont les petites branches ont été sectionnées.

• dégâts sur l’écorce des arbres : aspect différent sui-vant que l’écorce a été arrachée en lambeaux en hiver par un chevreuil qui s’en est nourri, ou qu’elle a été lacérée en été par un chevreuil qui s’y est frotté les bois.

• « ronds de sorcières » : « sentiers » en forme de cercle simple ou double (« 8 ») tracés sur le sol par un brocard et une chevrette pendant la période du rut.

• bois tombés, trouvés par terre (avant que les ron-geurs tels que mulots, campagnols, écureuils… les aient rongés).

Yves

Ada

ms

/ Vild

a

le magazine #7714

en couverture

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Fabrice Simon

en couverture

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Jean-sébastien rousseau-piot,explorateur indigène

rencontre

Page 19: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

Jean-Sébastien travaille

de longue date, au sein de

natagora, à faire partager

sa passion de la nature et

émerveiller le plus grand

nombre. Il a dirigé durant

plusieurs années les

opérations de recensement

des oiseaux, des papillons et

des hirondelles. Aujourd’hui,

il se consacre aux

pollinisateurs avec le projet

Sapoll (pages suivantes).

Quand j’étais enfant, je rêvais d’être explorateur.

Les jungles tropicales, les déserts inaccessibles,

les îles perdues, les montagnes infranchis-

sables… occupaient une grande partie

de mon imaginaire. Une encyclopé-

die illustrée des animaux du monde,

dans laquelle je me perdais des heures

durant, ne faisait qu’amplifier ce désir

sous-jacent de « sauvageté ».

J’habitais une région fort urbanisée

mais nos parents, alpinistes, nous

embarquaient souvent sur les pelouses

calcaires et les glaciers des Alpes ou des Pyrénées, dans

les garrigues des Calanques ou des Cévennes. Je dis sou-

vent que quand je suis en montagne, je me sens chez

moi, quel que soit le pays. Je ne connaissais cependant

rien à la nature, rien de taxinomique en tout cas. Mais le

lien était là, fort, indicible et il se révélerait forcément un

jour.

Ce jour, c’est probablement celui où j’ai croisé pour la

première fois des vanneaux huppés à deux pas de chez

moi, puis celui où le vol du blongios à Harchies m’a

laissé pantois, transporté l’espace d’un instant au cœur

de l’Afrique. Des oiseaux comme ceux-là ne pouvaient

assurément pas se trouver là, à presque partager mon

habitat ! Ce fut une vraie découverte, je dirais même une

révélation. Une forme de séisme intérieur, probablement

mal conscientisé sur le moment, mais depuis je cours

sans relâche après ses répliques.

Aujourd’hui, je suis explorateur. Pas un

explorateur tel que je l’imaginais dans

mon enfance, mais j’ai fait mes propres

découvertes au sein de cette manifesta-

tion protéiforme de la vie qu’est la nature,

cette incroyable diversité dont nous ne

sommes qu’une infime possibilité et qui

m’émerveille sans cesse. J’ai pris goût

à la contempler, à essayer de l’appré-

hender, et je ne peux plus m’arrêter, même dans un mètre

carré, même dans un pays anthropisé comme le nôtre.

Je dois toutefois avouer que je m’y sens un peu à l’étroit

et que les grands espaces dépourvus d’Homo sapiens

restent des attracteurs forts. Mais ce rapport de l’homme à

la nature mérite aussi un coup de binoculaire ou de téles-

cope, car il n’est pas toujours blâmable, loin s'en faut. Et il

est même riche d’enseignements sur ma propre existence.

Mon exploration sera donc infinie car je n’aurai jamais

toutes les réponses aux innombrables questions qui me

viennent devant une telle débauche de créativité, une

telle quantité de réponses, parfaites ou imparfaites, à

l'impermanence des choses.

Arthur R

ousseau-Piot

Le LieN à La NatuRe

était Là, fORt,

iNdicibLe, et iL

se RévèLeRait

fORcémeNt uN jOuR

le magazine #7717

rencontre

Page 20: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

sauvons nos pollinisateurs sauvagestexte et photos : Jean-Sébastien Rousseau-Piot

depuis le 1er avril 2016, natagora est partenaire d’un projet Interreg France-wallonie-Vlaanderen nommé SAPOLL. Son objectif est d’élaborer et d’initier la mise en place d’un plan d’action transfrontalier en faveur des pollinisateurs sauvages. La zone d’action est constituée d’une partie de la wallonie (provinces de Hainaut, de namur et de Luxembourg), d’une partie de la Flandre et de sept départements français.

Maillons essentiels de la bio-

diversité, les pollinisateurs

sauvages ne respirent pas

la forme. En Europe, près de 40 %

des espèces d’abeilles sauvages

sont en déclin et 24 % des espèces

de bourdons menacées d’extinction.

Pourtant, ils sont indispensables au

fonctionnement des écosystèmes, et

notamment de ceux qui nous garan-

tissent une alimentation de qualité.

Sans eux, nos assiettes seraient bien

mal garnies.

quI SOnt-ILS ?

Sous nos latitudes, les pollinisateurs

sauvages sont uniquement des in-

sectes. Certains comme les syrphes,

une famille de mouches, visitent

tie d’un résultat de même qualité vu

qu’on ne l’a jamais testé qu’à toute

petite échelle. Pour la majorité des

fleurs nous ne savons même pas si

ce serait possible. Imaginer que nous

pourrions vivre sans eux relève donc

de l’utopie.

SAPOLL, unE PREMIèRE BOuéE

Il est donc plus que temps de pro-

téger et favoriser nos pollinisateurs.

Et c’est là que SAPOLL intervient en

proposant un plan d’action construit

avec différents acteurs du territoire

pendant 4 ans. Chacun, du parti-

culier à l’entreprise, du gestionnaire

d’espaces verts à l’acteur de la

conservation, pourra donc apporter

Avec le soutien du Fonds Européen de Développement Régional

Met steun van het Europees Fonds voor Regionale Ontwikkeling

simplement les fleurs pour s’y nourrir

et transportent un peu de pollen de

l’une à l’autre. D’autres comme les

abeilles et les bourdons “distribuent”

le pollen en masse en le récoltant

pour leurs larves. Ces derniers sont

donc nos principaux pollinisateurs.

Et les abeilles ne sont pas représen-

tées que par l’abeille domestique

(celle des ruches). Environ 20 000

espèces d’abeilles sauvages ont été

dénombrées dans le monde à ce

jour, et près de 400 en Belgique.

Le coût de remplacement des pollini-

sateurs sauvages par des techniques

humaines a été estimé à 153 mil-

liards de dollars par an ! Soit presque

le coût estimé par la NASA d’une

mission Terre-Mars. Ceci sans garan-

le magazine #7718

protection

Page 21: Chevreuils - Natagora · Perwez offre de l’espace à la nature entomologie La brunette hivernale 26 ils l'ont fait Natagora est le partenaire belge francophone de BirdLife International,

une pierre à l’édifice. Tout espace

naturel ou semi-naturel est essentiel

pour maintenir un bon niveau de pol-

linisation.

Les jardins, gérés de manière adé-

quate, ont un rôle important à jouer

car de nombreuses espèces de polli-

nisateurs sauvages y sont présentes.

Mais beaucoup ne le savent tout

simplement pas ! Des conseils à des-

tination des particuliers seront donc

également proposés dans le plan

d’action.

Natagora, grâce à ses réserves, joue

déjà un rôle essentiel dans la préser-

vation des pollinisateurs sauvages,

qui y trouvent la diversité floristique

et des sites de nidification indispen-

sables à leur cycle de vie. Mais nous

pouvons encore certainement faire

mieux car jusqu’ici, les pollinisateurs

ne sont pas vraiment pris en compte

dans la gestion de ces espaces. Le

projet SAPOLL constituera donc pour

nous une formidable opportunité

d'améliorer cet aspect.

un déFI À RELEVER tOuS EnSEMBLE

sAPOLL, c’est aussi un défi natura-

liste. Les données disponibles sur

les pollinisateurs sauvages sont par

endroits très lacunaires, voire inexis-

tantes. Or le projet vise aussi à éva-

luer la qualité des services de polli-

nisation dans la région. Pour cela, il

faudra collecter des données.

Les observateurs chevronnés mais

aussi les naturalistes en herbe seront

donc invités à participer à cette im-

mense collecte. Les recensements

des oiseaux et des papillons dans

les jardins ont montré qu’il était

possible de récolter de précieuses

informations. La tâche est un peu

plus compliquée avec les pollinisa-

teurs sauvages. Mais en connaissant

quelques critères pour les identifier,

les fleurs qu’ils visitent et leur période

d’activité, il devient vite amusant

d’en reconnaître toute une série. Dès

le printemps prochain, SAPOLL lan-

cera des avis de recherche concer-

nant plusieurs espèces.

Pas de ruches dans les réservesLa compétition pour les res-sources alimentaires entre l’abeille domestique et les pol-linisateurs sauvages est avérée. Pire, on sait aujourd’hui que des pathogènes sont transmis de l’abeille à miel aux espèces sau-vages. deux excellentes raisons pour que natagora n’accepte pas de ruches dans les réserves. Cela ne signifie certainement pas qu’il n’y a pas d’intérêt à préserver des races patrimo-niales d’abeilles domestiquées mais les réserves ne peuvent pas y contribuer plus qu’elles ne le font déjà car les abeilles des ruches les visitent et parfois en bien trop grand nombre.

PASSEz À L’ACtIOn !

Vous êtes intéressés par le programme de sciences participatives du projet ? Vous voulez intégrer le groupe de travail polli-nisateurs de natagora ? Rendez-vous sur www.natagora.be/sapoll. Vous pourrez également vous y rensei gner pour nous aider à construire le plan d’action trans-frontalier, ou vous inscrire pour recevoir des conseils d’aménagements favorisant les pollinisateurs sauvages.

Plus d’infos sur le projet :www.sapoll.eu

Quelques chiffres80 % des végétaux sont des plantes à fleurs.

80 % des plantes à fleurs sont pollinisées par des insectes.

80 % des insectes pollinisateurs sont des abeilles (sauvages et domestiquées).

80 % des cultures à l’échelle européenne sont direc-tement ou indirectement liées à la pollinisation par les insectes.

Les pollinisateurs sauvages jouent un rôle capi-tal dans le maintien et la diversité :• des plantes à fleurs,• des écosystèmes terrestres actuels.

le magazine #7719

protection

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La nouvelle est inattendue : deux nouvelles réserves naturelles viennent de voir le jour à Perwez, en pleine Hesbaye brabançonne. Fruit d’actions croisées entre les acteurs locaux, elles offrent un refuge bienvenu à la biodiversité.

Le contraste est frappant. Au pied de la E411 reliant

Bruxelles à Namur, une bande de nature préservée

relie une plantation de peupliers au hameau de Pon-

ceau. Aux éoliennes répond une rangée de saules têtards

aux troncs impressionnants. Et au bord des monocultures

de betteraves s’étend une étonnante cariçaie bordée par

une roselière où piaille une troupe de mésanges à longue

queue et des linottes mélodieuses.

LE PRé du duC SAuVé du REMBLAI

Nous sommes au « Pré du Duc », devenu réserve natu-

relle Natagora depuis le 3 août. « On a redécouvert un

site que plus personne ne connaissait », explique Julien

Taymans, chargé des réserves brabançonnes de Natago-

ra. « Pour le même prix, le terrain aurait pu être remblayé

sans que personne ne le sache, comme c’est souvent le

cas pour les fonds humides hesbignons. » La genèse de

la mise sous réserve vaut le détour. Le Groupe d’Action

Local (GAL) Culturalité en Hesbaye brabançonne, aime-

rait voir apparaître une réserve naturelle sur chacune des

sept communes de son territoire. Pour ce faire, il se base

notamment sur une cartographie des zones humides ef-

fectuée par le Contrat de Rivière Dyle-Gette. Ensemble, ils

ont repéré des opportunités à Perwez et joué un rôle de Julien, Jérémie et damien,

amoureux de nature.

texte et photos : Benjamin Legrain

perwezoffre de l’espace

à la nature

le magazine #7720

nos réserves

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facilitateur auprès de la commune. Cette dernière a alors

confié la préservation et la gestion des sites à Natagora !

Et nous voilà, avec un représentant de chacune des trois

associations, à nous faufiler entre les roseaux, dans des

habitats intéressants pour le rat des moissons ou la musa-

raigne aquatique. Le site a une réelle valeur patrimoniale,

rare reliquat des pratiques du moyen-âge dans cette zone

de monocultures. Halte migratoire, voire site de reproduc-

tion, pour des espèces comme le bruant des roseaux ou la

rousserolle verderolle, il pourrait même à terme accueillir

la nidification d’une espèce comme le tarier pâtre.

L’éCLAt ROSE À tRAVERS LES ORtIES

Un petit sentier public traverse un superbe massif de

prunelliers qui s’élance en tunnel au-dessus des prome-

neurs. Après l’avoir traversé, nous descendons dans la

zone la plus humide, bordée par le ruisseau du Thorem-

bais, encore cristallin à ce niveau. Un faucon crécerelle

fait le vol du Saint-Esprit à quelques mètres de nous,

tandis que nous traversons plusieurs zones refuges de

chevreuils, trahies par les herbes couchées. Soudain, les

yeux de Julien s’illuminent. Il traverse la haute végétation,

berces et orties, écarte cirses maraîchers, gaillets mous et

scrofulaires aquatiques et s’arrête devant une belle petite

fleur rose. « Regarde, une rescapée au milieu des orties !

Un lychnis fleur de coucou, un témoin de la flore des

prairies hesbignonnes traditionnelles. »

Nous entrons dans la zone centrale, la « cariçaie ». Il s’agit

d’une zone recouverte de grandes herbes rugueuses et

coupantes – les Carex – qui accueillent notamment des

insectes ou des mollusques inféodés à ce type de mi-

lieux. Le discret râle d’eau y trouve un repaire de choix.

Creusant un peu entre deux touffes, Julien poigne dans

la couche de sol. La terre est sombre, résolument orga-

nique, en opposition totale avec le brun clair et délavé

des champs quelques dizaines de mètres plus loin. La

matière se dégrade en effet très lentement, asphyxiée par

les Carex, en formant un sédiment tourbeux.

dans leur lutte pour la lumière, les plantes du sous-bois prennent des allures tropicales

Riche de vie et de matière organique, le sol de la réserve contraste avec les champs environnants.

le magazine #7721

nos réserves

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unE LOnGuE LuttE POuR LA LuMIèRE

Sortant de la zone humide, nous nous glissons dans un

bois où se côtoient toutes sortes d’espèces de saules :

saule blanc, saule marsault, saule cendré, saule des van-

niers… Le bruant jaune nous invite à nous faufiler entre

les longues tiges grimpantes des houblons sauvages. Une

belle zone de suintement ferrugineux teint d’ocre le sous-

bois où s’épanouissent la morelle douce-amère et les gro-

seilliers sauvages. Dans ce taillis abandonné, un tout vieux

prunellier, des cornouillers et des saules s’enchevêtrent,

se poussent et s’entortillent sur un tapis de mousse. Ils

sont engagés dans une lutte pour la lumière gagnée de-

puis longtemps par les saules blancs centenaires qui ne

laissent que peu de champ aux espèces plus petites.

Nous quittons le site pour faire un saut de l’autre côté de

l’autoroute, à travers d’autres vastes champs. Et nous voi-

là « Aux sources de la Jette », la deuxième réserve cédée

par la commune de Perwez à Natagora par bail emphy-

téotique. Le site s’avance en longueur le long de cet af-

fluent de l’Orneau, côté brabançon. De l’autre côté, c’est

le Namurois et la commune de Gembloux. Nous entrons

dans la réserve par son extrémité nord, constituée d’une

petite roselière. Les bottines dans le cresson de fontaine

et la véronique des ruisseaux, nous sommes à quelques

dizaines de mètres de grandes éoliennes qui brassent le

vent à puissants coups de pales.

LE CORdOn nAtuRE dES SOuRCES dE LA JEttE

Les pieds dans l’eau, d’impressionnants saules têtards

cassent la monotonie du paysage agricole. De belles

touffes d’angéliques et d’épiaires des bois se déve-

loppent à leurs pieds. En les longeant, Damien sevrin,

du GAL, m’arrête net. « Regarde, là, sous les buissons !

Un chevreuil, il ne nous a pas vus. Ses pattes brillent au

soleil. » Il lui faut cependant peu de temps pour nous

sentir et s’enfuir en quelques bonds à travers un talus

de chênes pédonculés. « Ils ont été inconsciemment

semés là par les geais, continue Damien, ils adorent

cacher les glands. Et quand ils ne les retrouvent pas,

ils créent en fait de belles haies. » Au pied de cet ali-

gnement naturel, plusieurs terriers de lapins de garenne

s’ouvrent sur des linaires encore en fleur en cette saison

automnale. Un morceau de la réserve, dans sa partie

sud, se trouve dans le réseau Natura 2000. Il s’agit de

milieux prairiaux alluviaux, qui forment un beau cordon

de nature entre les cultures. La tourterelle des bois, no-

tamment, y trouve refuge.

En fin de visite, plan-

té sur les hauteurs du

site, Jérémie Guyon,

du Contrat de rivière,

est satisfait : « Face

à la pression agri-

cole, urbanistique et

cynégétique, chaque nouvelle petite parcelle de nature

préservée dans la région est une victoire ! Si on arrive

à connecter ces réserves, avec des méthodes agro-en-

vironnementales par exemple, on peut parvenir à créer

un véritable réseau favorable à la biodiversité en milieu

agricole. » Plusieurs autres projets sont d’ailleurs en

cours. Julien, Jérémie et Damien semblent résolument

sur la même longueur d’onde, qu’il s’agisse de déter-

miner une plume de chouette effraie trouvée sur la

réserve ou d’élaborer des projets de conservation. Les

bonnes nouvelles risquent bien de continuer à tomber

dans la région.

uN véRitabLe

Réseau favORabLe à

La biOdiveRsité eN

miLieu agRicOLe

le magazine #7722

nos réserves

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le magazine #7723

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La brunette hivernale

Les lestes bruns apparaissent

chez nous au stade adulte sur-

tout à partir de la mi-juillet. L'au-

tomne est une période d'erratisme et

de divagation pendant laquelle ces

insectes, à la recherche d'un lieu

d'hibernation, se regroupent parfois

en abondance dans les friches et les

clairières. Ils se réfugient en solitaire

ou en petits groupes sous les pierres,

les herbes sèches, la litière ou les

mousses, et entrent en léthargie pour

passer l'hiver.

Les jours les plus ensoleillés de

l'hiver, ils peuvent sortir de leur en-

gourdissement et vagabonder tout à

loisir dans les allées forestières. Mais

ils attendent la fin mars ou le mois

d’avril pour regagner les étangs afin

de s'accoupler et de pondre.

un GEnRE À PARt

Leur intérêt pour les eaux stagnantes

ensoleillées, même si certaines

s'assèchent au coeur de l'été, est

partagé par les autres espèces de

la famille des Lestidés, qui regroupe

6 espèces dans nos régions. Le

genre Sympecma auquel appartient

le leste brun fait référence aux ailes

fermées au repos, serrées les unes

contre les autres, l'insecte lui-même

pouvant s'appliquer contre son sup-

port pour mieux se camoufler.

Le corps, brun clair et cuivré dans

les stades juvéniles, devient brun

mat pendant la période de repro-

duction. L'abdomen, qui dépasse à

peine 3 cm, est pourvu de marques

dorsales bronze sombre, en forme de

torpille, sur les segments 3 à 6.

Jean Rommes

ÉCLOS EN ÉTÉ, LE LESTE BRUN A FINI

PAR GAGNER LES LISIÈRES DES FORÊTS

OÙ IL PASSE LA MAUVAISE SAISON.

CE COMPORTEMENT, QUI LUI A

VALU LE NOM DE BRUNETTE

HIVERNALE, EST UNIQUE

PARMI NOS DEMOISELLES

ET LIBELLULES.

unE LARVE tRèS... LEStE

Contrairement aux agrions, chez les

lestes, le mâle qui accompagne la

femelle lors de la ponte, ne se tient ja-

mais en équilibre. Les deux conjoints

se posent l'un derrière l'autre, avec

les 5 ou 6 premiers segments de l'ab-

domen dans une position rectiligne et

l'extrémité seule du corps recourbée.

Avec le printemps, la teinte des lestes bruns s'assombrit et une tache bleue apparaît sur la partie supérieure de l'oeil.

Photo : Bernard Pasau

le magazine #7724

entomologie

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La capacité reproductrice est amé-

liorée par des hivers rigoureux et les

hivers trop doux correspondent à

une reproduction plus faible.

Les oeufs éclosent 3 à 6 semaines

après la ponte, suivant le temps et

la température, et il faut trois mois

environ depuis l'éclosion de l'oeuf

jusqu’à l’émergence de l'adulte. La

larve subit huit mues avec des inter-

valles de 7 à 10 jours.

Le terme de « leste » s'applique

particulièrement aux larves car, de

toutes les libellules, ce sont elles qui

nagent le plus vite. Elles se tiennent

là ou l'eau est peu profonde (moins

de 50 cm), généralement dans les

roselières entourant les étangs, et

vivent sur le fond, sur les tiges dres-

sées ou à la face inférieure des dé-

bris flottants.

un RECORd dE LOnGéVIté

Dans le courant de mai ou au début

de juin, les adultes disparaissent

les uns après les autres. Ils ont

ainsi vécu, sous forme d'imago, 9

à 11 mois, établissant un record

de longévité : en Europe, toutes les

autres espèces d'odonates ne sur-

vivent pas au stade aérien plus de

2 à 3 mois.

éVOLutIOn dE LA dIStRIButIOn

S'il est largement répandu dans l'en-

semble de l'Europe méridionale et

centrale, le leste brun est absent de

Scandinavie et de Grande-Bretagne.

Espèce assez rare en Belgique, ses

populations se distribuaient surtout

en Campine et, dans une moindre

mesure, en Flandre occidentale et

orientale, dans l'ouest du Borinage

et en Lorraine.

Depuis 1991, le leste brun a été

découvert dans de nouveaux sites

(sillon Sambre-et-Meuse, Entre-

sambre-et-Meuse, Brabant…), cette

recrudescence étant aussi observée

aux Pays-Bas. Des températures

plus élevées et une intensification

de l'effort d'échantillonnage, asso-

ciées à de plus fortes fluctuations

de populations en limite nord de sa

distribution, ont dû jouer ici un rôle

important.

Avec plusieurs données très récentes

d'individus isolés, le leste brun reste

toujours une rareté à Bruxelles,

même si une reproduction en forêt

de Soignes semble probable.

PASSER L’HIVER dAnS LES BRAnCHES

Autre exception notable au sein des Odonates, le leste vert passe la mauvaise saison à l'état d'oeuf dans les rameaux des arbres, à charge pour la larve qui naîtra au printemps de rejoindre un plan d'eau pour s'y développer (voir natagora #39).

Magalie Tom

as Millan

Les tandems apparaissent aux premiers beaux jours du printemps pour pondre dans des débris végétaux ou sur des tiges sèches.

Photo : Robin Gailly

le magazine #7725

entomologie

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POuRquOI PAS VOuS ?

Natagoradendre-Collines www.natagora.be/dendrecollines

BIEnVEnuE Au JARdIn nAtuREL du PEtIt HAMEAu

Issu de la réflexion de guides nature s’alarmant de la perte effective de la biodiversité dans la région dendre-Collines, un projet original a vu le jour en 2013, conçu et mené par une vingtaine de volontaires peu avares de leur temps et de leurs moyens.

Pas à pas, le rachat de parcelles de terrains cultivés de manière intensive a laissé place à un bel espace naturel de près de 2 hectares. Le siège de natagora dendre-Collines s’y est naturellement implanté. Vitrine de l’environnement, Petit Hameau propose mille trucs et astuces à l’usage de tous pour préserver et développer la biodiversité dans son jardin.

Les enfants de jadis appelaient cet endroit « La petite maison aux pommes », car la vallée abritait un vieux verger de fruitiers « haute tige » entouré de haies. Ces bocages abritaient une grande diversité d’insectes et d’oiseaux.

Aujourd’hui, nous aménageons le terrain pour réinviter la nature locale, en lui offrant le gîte et le couvert. notre démarche vise à multiplier des biotopes adaptés aux terrains et propres à accueillir des multitudes de plantes, d’insectes et de petits mammifères variés.

Le secteur boisé comprend hêtraie, aulnaie, saulaie et zone humide en lisière forestière. une spirale à insectes

accueille aussi araignées, crapaud et orvet, belette et… plantes aromatiques tandis qu’une haie de branchages abrite hérisson, crapaud, troglodyte, merle, abeilles et tant d’autres. un arbre mort est laissé à l’intention des insectes, araignées, grimpereaux, sittelles et pic et une prairie fleurie permet de retrouver nos plantes sauvages et d’héberger les papillons et les syrphes. une haie d’espèces locales est utilisée pour se nourrir, se cacher, nicher, circuler en sécurité tandis que plusieurs vergers haute tige composés de variétés anciennes attirent les chouettes et autres cavernicoles.

un lopin de céréales et légumineuses permet de sustenter les oiseaux des champs en hiver, et une friche (berces, millepertuis…) accueille tout un monde sauvage, de l’insecte au chardonneret. un coin de bois mort provenant de multiples essences d’arbres favorise champignons, abeilles et coléoptères sur un lit de sciure de chêne et une place est laissée aux orties pour que nos beaux papillons puissent pondre, mais aussi pour la soupe ! Citons encore la boue à l’intention des hirondelles et des abeilles et une mare pour batraciens qui sert aussi à abreuver tout ce beau monde. Enfin, terminons ce bref aperçu en n’oubliant pas les ronces pour accueillir oiseaux, papillons, muscardin… et alimenter nos confitures !

dans un futur très proche, un terrain sera dédié à l’agriculture biologique.

Philippe Funcken

le magazine #7726

ils l'ont fait

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www.natagora.be/volontaires

bernardde wetterdans le cadre de projets de conservation de la nature, Bernard de wetter s’est rendu aux quatre coins du monde mais cela ne l’empêche nullement d’apprécier à leur juste valeur les richesses naturelles que notre petit pays peut encore s’enorgueillir de posséder. À ce titre, il collabore depuis plusieurs années à la rédaction du magazine natagora comme en témoigne l’article consacré au chevreuil dans ce numéro. Bernard vient d’actualiser un « Répertoire des affûts photographiques pour la faune sauvage en Europe ». Ce guide décrit pas moins de 800 affûts différents, gérés par 123 opérateurs dans 23 pays d’Europe, avec une multitude de détails d’ordre pratique et technique.

Infos : www.bureaudesguides.eu

freddywyzenLes chantiers intercommunautaires trilingues rassemblent des volontaires belges et luxembourgeois lors d’un week-end convivial. Leur but ? Gestion d'une réserve et découverte d’une région. Lors de l'édition 2016 en terre grand-ducale visant à restaurer 2 ha de prairies, quarante participants n’ont fait qu’une bouchée des épineux ! Participant à l’organisation des éditions wallonnes par natagora, j’assume un rôle de coordination entre les associations, une belle occasion de pratiquer le néerlandais et l’allemand. Je me réjouis que dans un environnement tendant à l’uniformisation, des passionnés valorisent les spécificités locales, qu’elles soient naturelles, historico-culturelles ou… culinaires.

frédéricForgetLa passion des chauves-souris, c’est bien ce qui caractérise Frédéric, responsable du groupe de travail Plecotus de natagora. une ardeur communicative qui permet de motiver plusieurs dizaines de volontaires pour l’organisation de la nuit des chauves-souris à Bruxelles et en wallonie. un évènement qui rassemble petits et grands par milliers à la découverte du monde de la nuit et pour lequel Frédéric se charge aussi de la réalisation de films. En 2011, il a obtenu le Prix du Meilleur Documentaire au Festival nature namur pour « La Forêt et les Chauves-souris », film de 17 minutes qu’il dut réduire à 5 minutes pour respecter le règlement du concours !

Les films sont en ligne sur le site www.natagora.be/plecotus

Georges M

oesM

arc JacobsTh

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ridle

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Prochain chantier à zedelgem (Flandre occidentale).Pourquoi pas vous ?

le magazine #7727

ils l'ont fait

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Gill

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La Wallonie et la Région de Bruxelles-Capitale, la Fédération Wallonie-Bruxelles et l’Europe soutiennent Natagora dans ses actions, soit financièrement, soit par l’octroi de poste ACS et APE. Relevons en particulier les aides reçues pour les activités de sensibilisation, de formation et d’éducation, les achats de terrains pour la constitution de réserves naturelles et leur gestion, les inventaires faunistiques…

Publication bimestrielle de Natagora asbl www.natagora.be | | Tél. : 081/390 720 | Rue Nanon 98 – B-5000 Namur service membres : 081/390 890

Éditeur responsable : Philippe Funcken, rue Nanon 98, 5000 Namur

Ont collaboré à ce numéro : Mathieu Balmet, André Burnel, Gilles Cogneau, isabelle Debeer, Bernard De Wetter, Frédéric Forget, sylviane Gilmont, Jérémie Guyon, Vincent Louwette, Jean-Yves Paquet, Catherine Pirson, Tino Populin, Jean-Sébastien Rousseau-Piot, Emmanuël sérusiaux, Damien sevrin, Julien Taymans, Annick Vastrade-Conesa, Émilie Weynants, Lorène Wilmet, Jean-Marie Winants, Freddy Wyzen.

Mise en page : et Judith Dessy.

Publicité : prendre contact avec la rédaction

Les articles signés n’engagent que la responsabilité de leur(s) auteur(s). La reproduction des textes et des illustrations est soumise à l’autorisation de la rédaction.

issN 1780-3756

Rédacteur adjoint : Benjamin Legrain 02/893 09 27 [email protected]

Rédacteur en chef : Jean Rommes 02/893 09 24

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LES ÉTANGS DE tHIEU : UN SITE À PROTÉGER DÉFINITIVEMENT

visite exclusive

à l’été 2017 !

INVITATION

AUX DONATEURS

Logée au cœur de la vallée de la Haine, la réserve naturelle de Thieu est un écrin de verdure dans un paysage soumis à une forte pression urba-nistique. Constituée de plusieurs plans d’eau, de mares, de fragments de roselières et autres milieux humides, elle abrite une faune remarquable, notamment plus de 120 espèces d’oiseaux (canards, grèbes huppés et castagneux, gorgebleues et autres passereaux), des batraciens et de nombreux insectes dont la spectaculaire libellule écarlate !

Alors que la réserve n’a été protégée jusqu’ici que par une convention précaire, Natagora a désormais l’extraordinaire opportunité de pouvoir acquérir définitivement les 10 hectares d’étangs constituant le cœur du site. Une chance à ne pas rater !

45 000 euros sont nécessaires pour protéger définitivement les étangs de Thieu. Nous espérons parvenir à réunir cette somme dans un délai de 3 mois !

Merci à tous pour votre soutien à notre belle cause et déjà tous mes meilleurs vœux pour l’année nouvelle.

Emmanuël Sérusiaux, Président

D O N T H I E U 1 6

NAT161101

Photos : Alain Gicart, Magalie Tom

as Millan