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Noël chez la santonnière de Wellin Le magazine chrétien de l’événement Aux confins du Luxembourg belge et du Namurois, Jeannine De Crée donne vie à des santons en terre cuite. Des pièces uniques qui s’exportent aux quatre coins du monde. Aux alentours de Noël, dans son atelier, elle en révèle les secrets de fabrication. + L’appel vous propose des beaux livres à offrir Anne-Lise Detournay se demande s’il faut travailler le dimanche Stephan Grawez a rencontré le Frère Henri, l’abbé Pierre namurois MENSUEL (ne paraît pas en juillet et en août) - DÉCEMBRE 2013 - N° 362 PRIX : 2 e DEPÔT LIEGE X - P302066 RUE DU BEAU MUR, 45 - 4030 LIEGE BELGIQUE - BELGIE P.P. LIEGE X 9/249 Domique Collin, un dominicain au franc-parler Naître autrement, c’est possible Bethléem attend Noël

chez la santonnière de Wellin

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Noël chez la santonnière de Wellin

L e m a g a z i n e c h r é t i e n d e l ’ é v é n e m e n t

Aux confins du Luxembourg belge et du Namurois, Jeannine De Crée donne vie à des santons en terre cuite. Des pièces uniques qui s’exportent aux quatre coins du monde. Aux alentours de Noël, dans son atelier, elle en révèle les secrets de fabrication.

+ L’appel vous propose des beaux livres à offrir

Anne-Lise Detournay se demande s’il faut travailler le dimanche

Stephan Grawez a rencontré le Frère Henri, l’abbé Pierre namurois

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Domique Collin,un dominicain au franc-parler

Naître autrement, c’est possible Bethléem attend Noël

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Choses vues

À Rouen, chaque soir, sons et lumières enflamment la cathé-drale pour évoquer la vie et la mort de Jeanne d’Arc. De nom-

breux touristes anglais, français et… japonais, prennent ensuite la rue du Gros Horloge et se dirigent vers la place du Vieux Marché, là même ou Jeanne fut brûlée vive. C’est autour d’une immense et impressionnante croix de bois que s’alignent les « meilleurs », sinon les plus fréquentés, restaurants de la ville. Tan-dis qu’un groupe médite sur ce curieux hochepot d’histoire et de gastronomie, un vendeur de cartes postales s’ap-proche. À moins que ce ne soit un clo-chard  ? «  Vous cherchez un endroit pour manger ce soir ? Ici, vous trouverez des res-taurants très convenables. Mais j’ai autre chose à vous proposer. Bon et à meilleur prix.  Vous descendez vers la Seine, en face du centre culturel… C’est mon fils qui fait la cuisine.  » Ils voudraient bien lui faire confiance, mais veulent en savoir plus. « L’affaire marchait bien, raconte l’homme, jusqu’au jour où, suite à un incendie, le pont qui enjambait la Seine, en face de son res-taurant, est devenu impraticable. » Bref, la perte de clientèle menace la survie de la jeune entreprise. Celui qu’on pouvait prendre pour un rabatteur était un père aux abois qui soutenait l’entreprise de son fiston. Plus d’un touriste s’est senti concerné et a répondu à l’« invitation » du père. Ils ont fait connaissance. La famille s’est élargie…

ÉTRANGES ÉTRANGERS

Trois ados, bien dans leur époque, se concentrent sur leur GSM. Jambes allon-gées, fesses au bord de la chaise, che-mises en dehors, têtes penchées sur le petit écran. Les pouces s’activent. Des textos s’envolent pour leur meilleur ami

ou leur meilleure amie. En ce moment, au cours, en famille, dans le métro… Ils sont étrangers à tout ce qui se passe autour d’eux. Le proche, c’est le correspondant inscrit dans la mémoire du portable. Les ados sont-ils d’« étranges étrangers » ? À quelle famille, à quel clan, à quelle région appartiennent-ils  ? «  Ce sont vraiment des individus  », observe le philosophe Michel Serres, qui voit cependant dans les réseaux sociaux monter une nouvelle manière d’être ensemble. La jeunesse française étonne quand elle prend fait et cause pour une élève sans-papiers, expulsée en pleine activité scolaire. Les «  vieux  » voient-ils venir le monde de demain dans celui d’aujourd’hui ?

SUIVIE À LA TRACE

Marguerite est une femme futée. Pension-née, elle s’est formée sur le tard à l’Inter-net dans un club de troisième âge. L’autre jour, elle fait des recherches sur la toile pour préparer un futur voyage en Croatie. Un peu plus tard, en cherchant d’autres informations en ligne, elle voit apparaître des messages publicitaires, non deman-dés, sur les possibilités d’hébergement à Dubrovnik. Moqueuse et provocatrice, elle lance  : «  Ce n’est tout de même pas l’Agence de renseignements américaine qui s’intéresse à mes vacances ! » Amateur de confitures d’automne, elle voit aussi apparaître l’extracteur de jus à la vapeur dont elle rêve pour faire ses confitures chaque fois qu’elle entreprend une nou-velle recherche sur le web ! Cela l’agace. Marguerite s’informe. Elle apprend qu’il y a moyen d’échapper à « l’œil de Moscou » par la « navigation privée ». Cette option, présente sur les moteurs de recherche, permet en effet de naviguer sans laisser de traces. La dame livre aussi une astuce : « Si vous avez besoin des conseils d’un opé-

rateur, ne donnez pas votre âge. Il vous par-lera comme on parle à un enfant, ce qui est tout de même indécent après 60 ans ! »

RETROUVAILLES

Un couple souhaite organiser un grand rassemblement familial à l’occasion de leurs 70 ans respectifs. Il n’y en avait plus eu depuis le décès de leurs parents, voici une bonne décennie. Les enfants ne sont pas très enthousiastes : « On ne se connaît plus, depuis les années qu’on ne s’est pas rencontré…  » Le temps a emporté les bons et les mauvais souvenirs. Certains se sont séparés. D’autres vivent à l’étran-ger… Les «  vieux  » tiennent bon. Fina-lement, tous contribueront à organiser cette auberge espagnole que chacun trouvera «  géniale  ». Les uns apprennent à se connaître. Les autres cherchent à se reconnaître. Se parler, écouter les «  petites histoires  », heureuses ou mal-heureuses, requinque l’esprit des familles qui découvrent d’autres manières de vivre ensemble.

C’est dans le détail du quotidien que se révèlent le sel et le poivre de la vie

L’appel du père

Christian VAN ROMPAEY

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Éditorial

S o m m a i r e

Choses vues2 L’appel du père

Éditorial3 Scandaleusement pauvre

Évangile à la Une4 Décembre :

SOS Bonnes nouvelles

Découverte5 L’âme des Sauverdias

À la Une6 Travailler 7 jours sur 7 ?8 En « Avent » les seniors !10 Europe : mosaïque culturelle

ou camp retranché ?

Signe12 Bethléem dans ses murs14 Des beaux cadeaux16 Le « Notre Père » nouveau

est arrivé

Éclairage17 Futurs parents • Accouchericioulà,

mais comme chez soi • Naissancesoft • Parolesdemères

Vu21 Noël chez la santonnière de Wellin

Rencontre24 Dominique Collin : « La foi est

toujours en mouvement »

Ça se vit27 136 heures de lectures bibliques

Eh ben ma foi28 Qatar et Équateur : deux icônes29 Quand l’exceptionnel n’est pas où

l’on croit…

Parole30 Paternité oblique

À voir31 (In)quiétudes d’Olivier32 À lire, à voir, à écouter…34 « Être zen », un art de vivre

au quotidien35 Courrier

Scandaleusementpauvre

2 484 136 euros. Voilà à combien s’élevait, en 2012, le salaire annuel de celui qui, mi-novembre, était toujours le patron de l’en-treprise publique Belgacom. Un montant 1 500 fois plus élevé que le salaire mini-mum garanti en Belgique. Un salaire au moins dix fois plus élevé que celui d’Elio di Rupo et plus du double de celui du patron de BPost. Ce dernier, qui ne gagne «  qu’un peu plus d’un million d’euros  » par an se disait il y a quelques semaines prêt à faire un effort pour réduire ses rémunérations. Mais tout de même pas jusqu’à gagner aussi peu qu’un Premier ministre…

Récemment, l’ex-roi Albert II n’a pas hésité à regretter que les 923.000 € brut dont il bénéficiait désormais annuellement étaient totalement insuffisants pour satisfaire le paiement de toutes ses menues dépenses, alors que son fils en recevait dix fois plus…

Dernièrement aussi, certains hommes politiques quittant leurs fonctions pour le monde des affaires auraient bien empoché au passage leurs plantureuses primes de départ si les règles n’avaient été modifiées en urgence pour éviter le scandale.

Ces comportements laissent sans voix. Ou ne permettent qu’une réaction : crier à l’in-justice envers tous ceux qui travaillent dur pour gagner peu ou ceux qui, à la recherche d’un emploi ou pensionnés, reçoivent moins encore.

Dans les secteurs public et parapublic, les immenses écarts de revenus sont devenus inacceptables. Au nom de l’équité sociale, chacun espère que les personnes concer-nées finiront par reconnaître l’indécence de leurs rémunérations et de leurs para-chutes dorés, ou le caractère déplacé de leurs revendications financières.

Mais, au même moment, qui reprochera à Kim Clijsters d’avoir gagné quatre fois plus que Didier Bellens, à Vincent Kompany de se faire payer trois à quatre fois plus que lui, ou à Benoît Poelvoorde d’engranger autant d’argent que le patron de la poste ? À ces dieux-là, tout devrait être pardonné. Comme si les porteurs de rêves étaient dispensés des règles et des comportements éthiques que l’on attend du monde des affaires et du personnel politique.

Il y a un peu plus de 2000 ans, quelqu’un a mis tout le monde d’accord. En naissant dans une mangeoire, de parents presque sans le sou, n’ayant pas les moyens de lui payer une place au chaud pour venir au jour.

Celui qui deviendra porteur de tous les espoirs de l’univers est apparu dans le dénue-ment le plus complet. Avec un âne et un bœuf comme seuls parachutes dorés.

Aujourd’hui, certains hommes et femmes d’affaires, d’État ou de spectacle sont scan-daleusement riches. Jésus était, lui, scandaleusement pauvre. C’est cette différence qui lui permet chaque année d’être porteur du message de Noël : celui de l’espoir.

Frédéric ANTOINE

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Évangile à la Une

DÉCEmbRELes Évangiles des dimanches ne sont pas des textes anciens et poussiéreux.

Tous les jours, ils résonnent dans l’actualité.

SOS Bonnes nouvelles !

DIMANCHE 1ER DÉCEMbRENOYÉS

Mille milliards de dollars  : tel pourrait être, en 2050, le coût des inondations (loge-ments, commerces, industries) dans les 136 villes côtières du monde dépassant le mil-lion d’habitants. La cause  : la hausse du niveau de la mer générée par le réchauffement climatique. Selon les auteurs d’une récente étude, quatre villes concentreront 43% des pertes économiques  : Miami, New York, la Nouvelle-Orléans et Canton. « Si on investit dans des protections, on peut réduire le risque, mais de plus en plus de gens dépendent de ces protec-tions. En cas de rupture de di-gues, on aura des catastrophes plus importantes », explique un des chercheurs. «  Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’au déluge qui les a tous engloutis », disait Jésus en parlant de sa venue (Matthieu 24, 39).

DIMANCHE 8 DÉCEMbREAU FEU !

Ce 27 octobre, un hameau de Naujamiestis, à 150 km au Nord de Vilnius (Lituanie), a été la proie des flammes. L’essentiel des constructions y étant en paille, tout a été détruit. Mais il n’y a eu aucune victime. Depuis huit ans, ce hameau brûle chaque année à pareille époque… et est

reconstruit ensuite par des dizaines de volontaires. Le brûlage du village et de ses sculptures (huit tonnes de paille) est devenu la version contemporaine d’une vieille tradition qui célèbre le début de l’hiver. « Il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas  », annonce Jean-Baptiste (Matthieu 3, 12). 

DIMANCHE 15 DÉCEMbREPAS EN SON PAYS

Elle s’était fait connaître en 2009 sur un blog de la BBC

en rédigeant, sous pseudo-nyme, un témoignage intitulé Journal d’une écolière pakis-tanaise. Alors âgée de 11 ans, elle y dénonçait les Talibans qui incendiaient les écoles pour filles. En octobre 2012, ces mêmes Talibans essayaient de l’assassiner à sa sortie de l’école. Une balle en pleine tête. Elle en réchappe miracu-leusement. Obligée de s’exiler en Angleterre avec sa famille, Malala Yousafzai est devenue un symbole de résistance ad-miré internationalement. Elle était nominée au Prix Nobel de la Paix 2013. Mais au Pakistan, il n’est pas bon de dire qu’on est l’un de ses amis.« Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète  », dit Jésus à propos de Jean-Baptiste (Matthieu 11, 9).

DIMANCHE 22 DÉCEMbREFILLES-MÈRES

Chaque année, sept millions de filles de moins de 18 ans tombent enceinte quelque part sur la planète. Parmi elles, près d’un tiers ont moins de 14 ans. Dans cette tranche d’âge, on rencontre deux fois plus de risque de décès maternel que chez les femmes plus âgées. Ces chiffres révélés par le Fonds des Nations unies pour la popu-lation confirment les données du Centre d’Études de la Famille Africaine. Une enquête menée par ce Centre dans dix pays sub-sahariens révèle que, dans cette partie du monde, une adolescente sur cinq est déjà mère d’au moins un enfant ou le deviendra sous peu.« Avant qu’ils aient habité en-semble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. » (Mat-thieu 1, 19).

MERCREDI 25 DÉCEMbRESACRÉE PARTICULE !

La «  particule de Dieu  ». C’est ainsi que des auteurs américains ont, un peu rapidement,

baptisé le « boson de Higgs », cet objet indéfinissable qui vient d’assurer le Prix Nobel de physique 2013 à ceux qui en avaient prévu l’existence, dont le Belge François Englert. « Par-ticule de Dieu  », elle démon-trerait la manière dont est né

l’univers, libérant Dieu de toute responsabilité dans sa création. Les physiciens eux-mêmes réprouvent cette appellation, estimant qu’il ne faut pas mê-ler science et religion. L’édition française du livre dont pro-vient la dénomination l’avait appelée «  sacrée particule  ». Cela semble plus correct, car le boson est loin de répondre à toutes les questions.« Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu… » (Jean 1, 1)

DIMANCHE 29 DÉCEMbREEXÉCUTÉ

Sommé par les Tali-bans de rejoindre leurs rangs, Aref avait fui l’Afghanistan en 2009 pour se réfugier en Belgique, où il avait demandé asile. Par quatre fois, celui-ci lui avait été refusé, le Commissariat général aux ré-fugiés et aux apatrides estimant que la province de Kaboul, où il résidait, n’était pas dangereuse. Aref a eu beau expliquer qu’il était en danger. Sans succès. Menacé d’expulsion, dormant sur le sol de la gare du Nord, le jeune Afghan a fini par accep-ter de retourner dans son pays. À peine rentré, les Talibans l’ont retrouvé. Et l’ont assassiné.«  L’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit  : “Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’aver-tisse”. » (Matthieu 2, 13)

Frédéric ANTOINE

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Découverte

Chaussée de Liège à Jambes, le res-taurant social accueille chaque jour cinquante à septante per-sonnes, principalement pour le

repas de midi. Le week-end, la fréquenta-tion peut atteindre les nonante couverts. « En 25 ans, nous n’avons jamais fermé un seul jour, se réjouit Frère Henri. Grâce à une équipe de bénévoles motivés d’environ cinquante personnes, Les Sauverdias per-mettent aussi aux bénéficiaires de prendre une douche, de faire une lessive ou encore de se procurer des vêtements propres. »

VOCATION SANS RELâCHE

Infirmier psychiatrique de formation, Frère Henri est entré chez les Frères de la

Charité il y a cinquante ans. « J’ai travaillé 33 ans en psychiatrie, tant en Flandre qu’en Wallonie. Même si je suis né à Overpelt, dans le Limbourg, je préfère la Wallonie. Ne le dites pas trop, mais c’est plus accueil-lant…  », sourit-il. De 1971 à 1973, il tra-vaille une première fois à Dave, à l’Institut Saint-Martin qui dépend de sa congréga-tion. Il repart en Flandre, pour revenir à Dave dès 1981, où il sera directeur du nur-sing. Et puis, en 1990, changement de cap. « Mon rêve de partir en Afrique devient réa-lité, après de nombreuses demandes infruc-tueuses. Hélas, l’expérience au Rwanda ne durera que… sept mois  !  » regrette Frère Henri. En cause, des problèmes car-diaques qui ont tôt fait de le ramener en Belgique. Depuis, il se consacre aux Sau-verdias, maison d’accueil créée en 1987.

LES PLUS PAUVRES

« Dans la pauvreté cherche encore les gens les plus pauvres.  » C’est cet esprit qui fonde la spiritualité des Frères de la Cha-rité. Un esprit que Frère Henri essaye de vivre chaque jour. « Nous mangeons tous ensemble, bénévoles et bénéficiaires. Cela crée une ambiance familiale. Notre public est mélangé. Nous n’avons pas les « vrais » clochards, eux ne viennent pas. Mais nous avons des gens arrivés dans la rue suite à un divorce, un accident, une perte de tra-vail. Ces personnes cherchent une solu-tion, avec le CPAS ou d’autres associations. Nous avons aussi des personnes avec des problèmes financiers qui, pour épargner,

viennent prendre notre repas qui ne coûte que 2  €. Enfin, on accueille des personnes âgées, vivant seules et qui n’ont pas envie de cuisiner pour elles-mêmes. »Si la congrégation peut parfois suppléer pour les coups durs, Les Sauverdias fonc-tionnent sans subsides publics. «  Nous recevons des dons de particuliers, mais aussi des colis de la banque alimentaire ou des invendus de certains magasins. »

NOëL, UN PETIT PEU

Noël sera-t-il spécial ? « À l’occasion de la fête de l’Enfant qui va naître, les gens se disent qu’il faut aider les pauvres. Et puis, au Nouvel An, ils n’y pensent déjà plus… Bien sûr, il faut féliciter les actions qui se mettent en place, c’est magnifique. Mais, vous savez, chez nous, on fera un petit plus  : un repas un peu plus festif avec un petit cadeau le jour de Noël. Les gens qui viennent chez nous auront déjà eu autre chose la veille au soir ou encore le soir de Noël… Tant mieux si d’autres organisent des choses. Pour nous, ce sera un petit peu de repos », sou-ligne Frère Henri avec un œil malicieux. Il sait que le lendemain des fêtes, il faudra reprendre le train-train des 21 000 repas servis sur une année !

Stephan GRAWEZ

Les Sauverdias, Maison d’accueil des Frères de la Charité. Ouvert tous les jours de 7 à 16h. * Chaussée de Liège 300 à Jambes ( 081.31.21.06 : www.sauverdias.be

À 75 ans, Henri Franssen, Frère de la Charité, poursuit son inlassable accueil des délaissés de la société. Cheville ouvrière du resto social Les Sauverdias de Jambes, il tend l’oreille à la pauvreté : « L’écoute, c’est le plus important. »

FRèRE HEnRi

L’âme des Sauverdias

FRÈRE HENRI. « La plus grande pauvreté, c’est la solitude. »

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13 AVAnTAGES OU inCOnVÉniEnTS ?

Travailler 7 jours sur 7 ?

Et le 7e jour, il se reposa. Ou pas. Après des décennies de lutte pour le rendre obligatoire, le repos dominical fait régulièrement l’ob-

jet d’âpres discussions entre les anti (indé-pendants, chaînes de magasins, jeunes jobistes…) et les pro (syndicalistes, socio-logues, politiciens de gauche…). C’est qu’interdit par principe, du moins en France et en Belgique, l’exception à tendance à se généraliser : fêtes de fin d’année, soldes, zones touristiques élargies, magasins de dépannage… Les entorses à la règle deviennent légion. Les syndicats grognent, les patrons jubilent et les travailleurs oscillent entre les deux : entre la possibilité d’augmen-

ter leur pouvoir d’achat (travailler plus pour gagner plus) et celle de préserver une vie privée et familiale (travailler et vivre bien).Fin septembre, après une bataille très médiatisée, les magasins Bricorama, Cas-torama et Leroy Merlin d’Île-de-France passaient outre la décision du tribunal de commerce de Bobigny les contraignant à fermer le dimanche. Ils ont ouvert pour «  ne pas pénaliser leurs équipes et leurs clients ».Pour les syndicats et le ministre en charge, il en va du respect du droit du travail. « Le travail du dimanche généralisé, c’est la porte ouverte à la déréglementation, pour tous », clament-ils de concert.

FAUSSE LIbERTÉ

Interloqués par les manifestations des travailleurs « volontaires », les syndicats persistent à déclarer que ce débat sur la liberté de travailler est un prétexte « qui vise à cacher la nécessité d’apporter de vraies réponses aux salariés du com-merce par de véritables augmentations de salaires, et améliorations des conditions de travail  ». Où sera la liberté de choi-sir pour les salariés et de quelles com-pensations bénéficieront-ils lorsque l’ouverture dominicale des commerces sera généralisée ? Au risque lié à la banalisation du travail dominical, les syndicats ajoutent celui de la précarité

Sur la scène médiatique, le torchon brûle entre les défenseurs du « droit des salariés » au repos dominical et les libéraux qui « ne veulent pas d’entraves au travail ». Au milieu, les citoyens sont tiraillés entre leur rôle de consommateur modèle et celui de travailleur acculé.

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des emplois créés et la réorganisation des cycles de travail au détriment de la santé des salariés.

LOI ET EXCEPTIONS

Dans l’Hexagone comme dans le plat pays, travailler le dimanche est en prin-cipe interdit par la loi. Certaines activités peuvent cependant être exercées ce jour-là : dans le cas de travaux urgents ou de l’Horeca, par exemple. La réglementation prévoit en outre une série de déroga-tions, partielles ou totales.En France, la loi Mallié (2009) qui régit les horaires atypiques multiplie les excep-tions. Dans le secteur du commerce non-alimentaire, certains ont ainsi obtenu des dérogations permanentes comme la jardinerie et l’ameublement… Mais pas le bricolage, qui doit donc deman-der d’autres dérogations ou risquer une condamnation. Lancées dans la bataille, les enseignes de ce secteur mettent en avant le risque pour l’emploi et la forte proportion d’étudiants parmi leurs employés qui travaillent le dimanche.

LIbERTÉ, ÉGALITÉ, CROISSANCE

Les défenseurs du labeur du jour du Sei-gneur ont des arguments. Le premier s’appuyant sur le constat que, de toute façon, près d’un tiers des Français le fait déjà. Cette opportunité est aussi une aubaine pour les étudiants qui doivent trouver un job hors des horaires clas-siques. Supprimer le salaire du dimanche équivaudrait alors à mettre leurs études en danger.L’autre argument phare est l’emploi et la possible inversion de la courbe du chô-mage. Ainsi, au Canada, ouvrir les com-merces de détail le dimanche a fait pro-gresser l’emploi de 3,1 %. À cela s’ajoute une possible augmentation du pouvoir d’achat (travailler le dimanche permet-trait de gagner plus) et la progression de la croissance. L’ouverture des commerces le dimanche aux Pays-Bas a ainsi aug-menté le temps consacré au shopping.

SCHIZOPHRÉNIE

Le monde du travail passionne depuis longtemps les sociologues, qui penchent plutôt en faveur du repos dominical. « Ces dernières décennies ont été marquées par la marchandisation progressive des acti-vités de loisirs. L’ouverture des magasins le dimanche s’inscrit dans cette évolution. N’y

a-t-il pas autre chose à faire qu’aller visi-ter les magasins en famille le dimanche ? C’est une question de société. D’autant qu’il existe des disparités sociales, notamment en ce qui concerne l’accès à la culture. Des familles sans grands moyens vont dans les grandes surfaces quand d’autres catégories sociales vont au musée… », note Jean-Pierre Durand, professeur de sociologie à l’université d’Evry-Val-d’Essonne.«  Si certains salariés sont volontaires pour travailler le soir jusqu’à minuit ou le dimanche, ce n’est pas le cas de tous. Or à une époque où le taux de chômage est élevé et où le marché du travail est tendu, ce qui est présenté comme une possibilité peut vite se retourner comme une obligation ou une menace si l’on ne s’y conforme pas  », confirme Danièle Linhart, sociologue du travail, auteure notamment de La moder-nisation des entreprises.Elle n’hésite pas à parler de schizophrénie entre l’individu-consommateur et l’indi-vidu-producteur, où les deux n’ont pas les mêmes besoins et d’hyper individua-lisation de la société («  créer une norme pour des individus qui ont envie de quelque chose à 21 heures  »). Il y a un décalage entre l’idéologie et la réalité. «  La réalité, c’est que beaucoup de gens veulent acheter des choses le dimanche mais peu sont prêts à travailleur eux-mêmes ce jour-là. »

UN DÉbAT MORAL

Selon l’économiste Alexandre Delaigue, il est illusoire d’attendre des résultats mira-culeux de l’ouverture des magasins le

dimanche. « A priori, si un magasin a d’un coup la possibilité d’ouvrir le dimanche ou la nuit, il va embaucher. Mais va-t-il vendre plus  ?» Il rappelle également que le dimanche coûte cher en énergie et en rémunérations. « Les clients des hypermar-chés, qui ne sont déjà pas les plus riches, vont donc payer plus pour que les salariés puissent travailler le dimanche ou la nuit. Ce n’est pas forcément la redistribution à laquelle on s’attendait. Finalement, est-ce que l’opération est si intéressante que ça ? »Il n’hésite pas à parler de coûts socié-taux lourds. « Une bonne partie du temps de loisir devient avantageux quand il est consommé de manière collective. Aux États-Unis, là où les gens travaillent le dimanche, on a enregistré une baisse des activités religieuses, l’un des rares moments de vie communautaire. Cette réduction du capital social s’est accompagnée d’une augmenta-tion de la consommation de psychotropes et d’alcools. »« La vérité est qu’il s’agit d’un débat moral, entre la protection des salariés ou la liberté du travail  ». Et de rappeler que quand Napoléon  III a voulu interdire le travail des enfants de moins de 6 ans, il se trou-vait des gens pour dire que cela allait à l’encontre de la liberté de travail. «  On retrouve à peu près les mêmes positions dans le débat actuel, l’Église, habituelle-ment rangée auprès des conservateurs, se retrouvant sur ces sujets dans le camp syn-dical. »

Annelise DETOURNAY

L’EUROPE S’ASSOUPLITEn Europe, l’autorisation de travailler le dimanche fait son chemin. Si elle reste très stricte en Autriche et en Allemagne (où, il y a peu, les commerces fermaient encore le samedi à partir de 16h), elle a tendance à s’assouplir au Sud, en Italie, Espagne et au Portugal. Malgré la pression des petits commerçants et de la tradi-tion, le travail dominical y est monnaie courante.En Grande-Bretagne, c’est le principe de liberté qui prévaut et l’ouverture des magasins le dimanche est autorisée depuis 1994, même si les supermarchés ne peuvent ouvrir que six heures. Enfin, en Irlande, en Scandinavie et dans les pays de l’Est aucune restriction n’est imposée.Rare exception, en Grèce, où le projet du gouvernement du Premier ministre conservateur Antonis Samaras d’élargir les possibilités d’ouverture des com-merces le dimanche pour combattre la dépression économique a suscité une étrange alliance des syndicats, des commerçants et du monde religieux.Pour sa part, la très puissante Église grecque n’a pas hésité à menacer d’excommu-nication les parlementaires favorables à la loi. « La vie ce n’est pas juste des chiffres. Tout le monde a besoin de repos » a proclamé l’archevêque Ieronymos.

A.D.

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13 TOUS COnTRE LA PAUVRETÉ

En « Avent » les seniors !

En 2011 et 2012, les campagnes d’Avent avait montré combien la pauvreté frappait bien des enfants et des jeunes du pays. Cette année,

Vivre Ensemble cible un public tout aussi fragile : les seniors. Avec l’âge surviennent des difficultés à des moments et à des degrés différents. Mais les hommes et les femmes, à l’espérance de vie allongée, y

sont confrontés de manière plus brutale : en 2010, les plus de 60 ans représentaient 24 % de la population, contre 10 % en 1920.

MALTRAITANCE INDIRECTE

« Quand on vit dans la pauvreté, ces difficul-tés sont aggravées  : les frais augmentent,

mais pas les revenus ! Un senior sur cinq vit avec moins de 1 000 € par mois. N’est-ce pas de la maltraitance ? Car, comment dans ces conditions, avoir un logement décent, se soigner, se déplacer malgré les difficultés physiques, accéder à des loisirs et donc à un réseau social ? Même parmi ceux qui ont un revenu supérieur au seuil de pauvreté, nom-breux sont les seniors qui doivent se serrer

Pour sa campagne d’Avent 2013, Vivre Ensemble invite les chrétiens et les autres citoyens à lutter contre la pauvreté en Belgique. Et tout spécialement, celle qui touche les seniors. Un sur cinq d’entre eux vit avec moins de 1 000 € par mois.

LE LOGEMENT. Un problème aigu pour les seniors.

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FAITS

ACTIONS CON­CRÈ TES. Le 12 oc- tobre, l’assem-

blée synodale du diocèse de Tournai a adopté 44 «  pro-positions concrètes  » qui ont été transmises à l’évêque Guy Harpigny. Celui-ci va « en rete-nir certaines  », et les couler dans des décrets, promulgués le 30  novembre à Mons. Ces recommandations concernent la mission de l’Église, ses signes de la visibilité, l’appel à la vie consacrée, la rencontre et la conversion.

PRÉSIDENT. « C’est l’enseignement de Jésus-Christ qui est la source d’inspiration de la vie que je veux mener.  » C’est ce qu’avait déclaré le président Obama en 2010. Un livre nom-mé The President’s Devotional (« La dévotion du Président ») est sorti fin octobre. Il reprend 365 méditations de la Bible reçues sur son Blackberry quo-tidiennement et envoyées par le pasteur Joshua Dubois.

DIX MILLIONS. C’est le nombre d’abonnés sur

Twitter qui suivent le pape François. Ce compte est en neuf langues (principalement en anglais et espagnol) et connaît un succès exponentiel.

ARBRE DE NOËL. Fini le « Xmas Tree » électronique sur la Grand-Place de Bruxelles. En effet, cette an-née, retour à la tradition avec un sapin offert par la Région wallonne et provenant des Hautes-Fagnes qui trônera sur l’une des plus célèbres places du monde.

SUCCÈS. Selon une étude de l’Université de Rome-Tor Verga-

ta, le prénom Francesco (Fran-çois) est pour l’année 2013 à la tête du classement des prénoms les plus donnés aux nouveaux-nés italiens.

la ceinture  !  », explique-t-on à Vivre Ensemble. Données chiffrées à l’appui, le dossier 2013 décrit des situations difficiles vécues par les seniors. Pour les dépasser, il présente des ini-tiatives intéressantes déjà menées, dans le domaine du logement notamment.

« HORS DU COUP » ?

Vivre Ensemble explique aussi combien les aînés vivent des valeurs qui sont aux anti-podes de celles véhiculées par la société et qui les mettent dès lors « hors du coup » : lenteur, écoute, expérience et sagesse, transmission, volontariat, approfondissement de la vie inté-rieure. Les seniors rappellent encore que cha-cun est individuellement et collectivement res-ponsable du respect de la dignité humaine qui n’admet pas de limite d’âge. Via sa campagne 2013, l’association plaide pour que les per-sonnes âgées victimes de la pauvreté puissent bénéficier d’un revenu décent (pension légale, aides sociales, etc.), d’initiatives innovantes en matière de logement, d’une information plus claire et de procédures plus simples pour accé-der à leurs droits. Elle demande une véritable lutte contre la maltraitance dans les maisons de repos et un changement du regard sur le vieillissement de la part de la société dans son ensemble, avec les décisions politiques que cela implique.

DES INITIATIVES À SOUTENIR

Ce sont quelque 105 initiatives de lutte contre la pauvreté menées en Wallonie et à Bruxelles qui attendent un soutien grâce à la campagne d’Avent de cette année. Comme on s’en rend compte à la lecture de La Gazette de l’Avent 2013, ces projets ont des promoteurs très

variés  : ASBL diverses, entraides paroissiales, associations Saint-Vincent de Paul, associations en milieu ouvert, maisons d’accueil, maisons de quartier, services sociaux, groupes d’alpha-bétisation, écoles de devoirs, compagnies de théâtre-action, etc. Il y a aussi des mouvements d’éducation permanente comme l’Action Chré-tienne Rurale des Femmes (ACRF), Les Équipes populaires, Vie Féminine et Luttes Solidarités Travail, qui se présente volontiers comme un syndicat des pauvres. Les champs d’actions de ces initiatives sont tout aussi variés. Mais un certain nombre d’entre elles sont en lien avec le dossier Vivre Ensemble 2013 La pauvreté n’a pas d’âge, soit parce qu’elles travaillent avec des personnes âgées, soit parce qu’elles promeuvent des acti-vités ouvertes à toutes les générations. C’est notamment le cas de Solidarités au pluriel fonc-tionnant à Bruxelles et à Liège à l’initiative de la Communauté Sant Egidio, Vacances à domicile à Bruxelles, TEP Afrique et ses ateliers philoso-phiques, multiculturels et intergénérationnels de la région de Charleroi, À Toi mon Toit service Logement actif dans les régions de Mons et d’Ath, En avant, avec son projet de rencontres et d’échanges de savoirs entre enfants et per-sonnes âgées de Ghlin et Couleur Café, maison interculturelle et intergénérationnelle de Mal-medy. Le troisième dimanche de l’Avent, les communautés chrétiennes seront invitées à marquer le coup et à soutenir financièrement ces projets, par un petit ou un grand geste…

Jacques BRIARD

Vivre Ensemble * rue du Gouvernement provisoire, 32, 1000 Bruxelles. ( 02.227.66.80 - [email protected] : www.vivre-ensemble.be

AU-DELÀ D’UNE COLLECTE« Le combat pour la Justice et la participation à la transformation du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension de la proclamation de l’Évangile. » Voilà ce qu’affirmait en 1971 le premier synode des évêques tenu après le concile Vatican II. La même année, après avoir mené des Carêmes de Partage d’Entraide et Fraternité avec les populations du Tiers-Monde et par souci de crédibilité, l’Église de Belgique lançait sa première Campagne d’Avent. Objectif : promouvoir la lutte contre la pauvreté et l’exclusion dans le pays. Depuis lors, sur base du travail de permanents et de bénévoles, ainsi que des expériences des groupes soutenus sur le terrain, Vivre Ensemble propose des outils comme des dossiers annuels, pas moins de quinze analyses par an, des contes pour enfants ou encore des pistes de célébrations. Ces contributions aident à dépasser des démarches qui restent encore sou-vent au niveau de l’assistance au sein de nombreux milieux et notamment chrétiens. Aussi les apports de Vivre Ensemble vont bien au-delà de la participation à une collecte annuelle et aux versements de dons personnels ou quote-parts diverses à la récolte des 300 000 € néces-saires pour répondre aux demandes de soutiens faites à Vivre Ensemble.

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Europe : mosaïque culturelle ou camp retranché ?

Octobre dernier. Plus de 300 migrants clandestins sur les 500 embarqués sont morts noyés dans le naufrage au

large de Lampedusa. Majoritairement Érythréens, Somaliens et Syriens, tout comme les 22 000 clandestins arrivés sur les côtes italiennes depuis début

2013, ils essaient désespérément d’at-teindre l’Europe. À qui le tour, tant ces drames se renouvellent réguliè-rement  ? Le courage et la détermina-tion de ces réfugiés sont stupéfiants, leur situation émeut et suscite des intentions de solidarité mais bien plus encore, de pénibles polémiques. Entre

sauver des vies en détresse, respecter leur droit de quitter le pays, les héber-ger provisoirement et leur reconnaître le droit d’asile voire de naturalisation, il y a de quoi réfléchir avant d’agir. Mais qu’en est-il du devoir de solidarité et des droits de l’homme dont l’Europe est si fière ?

Encore bien nantie malgré les années de crise, forte de sa démocratie basée sur les droits de l’homme, l’Europe se veut terre d’asile mais ne peut pas. Ou pourrait mais ne veut pas ! Entre son besoin de main d’œuvre jeune et sa lutte contre une immigration qui menace les acquis de l’État providence, son cœur et sa raison ont du mal à s’accorder.

CLANDESTINS. Ils sont 22 000 à être arrivés sur les côtes italiennes depuis début 2013.

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DÉMOLITION. Le cheikh Abdul Aziz ibn

Abdullah, grand mufti d’Arabie saoudite, a déclaré récemment qu’il «  est nécessaire de détruire toutes les églises de la région  ». D’après ce haut dignitaire reli-gieux, l’élimination des églises serait en accord avec la règle sé-culaire selon laquelle l’islam est la seule religion praticable dans la péninsule arabique.

ÉLOIGNÉ. L’évêque al-lemand Franz-Peter Te-bartz-van Elst a finale-

ment été invité à s’éloigner de son diocèse par le Vatican. Contesté pour son amour du luxe par les fidèles, il avait voulu se rendre à Rome en vol Ryanair pour y plaider sa cause, mais le pape n’a pas été dupe. Son éloi-gnement n’est qu’une mesure transitoire, en attendant que toute la clarté soit faite dans les comptes de son évêché.

RIGUEUR. Le Brunei, un petit sultanat richis-sime situé sur l’île de Bornéo, est devenu en octobre le pre-mier pays d’Asie du Sud-Est à introduire la charia (loi isla-mique) qui prévoit notamment la lapidation en cas d’adultère. Cette législation ne sera appli-quée qu’aux seuls musulmans.

DIALOGUE. Le centre bruxellois El Kalima met sur pied une «  école de dialogue  ». Destinée à ras-sembler des jeunes des trois religions monothéistes, elle entend les aider à découvrir les autres confessions. La pre-mière rencontre a eu lieu à la synagogue Beth Hillel.

VIN INTERDIT. Accu-sés de «  consomma-tion d’alcool  » et de

«  possession d’une antenne satellitaire  », quatre fidèles d’une Église protestante ira-nienne ont été condamnés par un tribunal de la ville de Rasht à 80 coups de fouet chacun. Ils avaient bu le vin de la Cène au cours d’une liturgie chrétienne.

INDICESACCUEILLIR ET REFOULER : MÊME COMBAT !

« Il ne suffit plus de parler, il faut agir », déclarait Cecilia Malmström, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres de l’Union le mois der-nier. Et de fait, le Comité économique et social européen (CESE) veut (ou va ?) « poser des jalons vers l’ouverture de canaux légaux d’immigra-tion, l’intégration des migrants et la solidarité ». Mais les États réticents tergiversent entre les mesures qui visent à venir en aide aux migrants clandestins et celles voulant s’en préserver. Bref, accueillir et refouler à la fois. Organiser l’aide en y impliquant des ONG combatives, et exercer une pression sur les réfugiés, avec à terme un retour menotté ou non au pays.En 2012, Frontex (l’agence européenne char-gée de coordonner la surveillance des fron-tières de l’Union) a dénombré plus de 72 000 passages illégaux. C’est la baisse la plus forte depuis 2005. Et le chiffre a diminué de moitié l’an dernier, sauf dans les Balkans. La courbe risque cependant d’in-fléchir avec l’entrée de la Croatie dans l’Union depuis le 1er juillet car ce sont 1300 kilomètres de frontière supplé-mentaires à protéger de l’immigration clandes-tine. Sans compter que suite aux conflits poli-tiques du monde arabe, le nombre de deman-deurs d’asile en Europe au cours du deuxième trimestre 2013 a augmenté de 50 % par rapport à l’an passé, selon Eurostat.

HAUTE TENSION SOUS LES DRAPEAUX

Les opinions nationales s’inquiètent d’avoir à prendre en charge des dépenses excessives par rapport à leurs économies déjà bien endet-tées. Les accords précédents suffisent-ils avec Schengen en 1985 qui ouvraient les frontières intérieures à l’Union, avec la Convention de Dublin en 1990 sur les conditions d’examen des demandes d’asile, et avec les accords de La Haye en 2004 pour harmoniser la lutte contre l’immigration irrégulière  ? Loin s’en faut… La communautarisation des politiques d’immigra-tion et d’asile reste inachevée car beaucoup de pays européens tardent à mettre en œuvre cer-tains traités, voire durcissent leurs conditions d’entrée. Cette «  Europe à la carte  » alimente indirectement l’immigration clandestine, le tra-vail au noir et le nombre de remises à la fron-tière de l’Union. Or il faudrait harmoniser ces politiques au plus vite. Mi-octobre, les ministres de l’Intérieur des vingt-huit se sont réunis à

Luxembourg et entendus pour « élargir la coo-pération avec les pays voisins, les pays d’origine et de transit des migrants », pour « renforcer la ges-tion des frontières extérieures de l’UE, en utilisant en premier lieu les possibilités de l’agence euro-péenne de surveillance Frontex  ». Les ministres ont aussi discuté de l’aide à apporter aux deux millions de réfugiés syriens.

PAR COMPASSION OU JUSTICE ?

Les deux siècles précédents, les migrations (pour survivre ou à visée colonialiste) s’effec-tuaient principalement d’Europe vers les autres continents ou entre les pays européens eux-mêmes qui, après la Seconde Guerre mondiale, sont devenus à leur tour des terres d’immigra-tion. Aujourd’hui, il est bien sûr légitime de lut-ter contre les groupes organisés qui font com-merce d’êtres humains et veiller à l’équilibre culturel, religieux et social nécessaire entre

accueillants et accueillis amenés à partager un même territoire. Mais l’interpellation du pape François depuis Assise sur «  l’indifférence à l’égard de ceux qui fuient l’esclavage et la faim pour trouver la liberté et qui trouvent la mort »

exhorte à pratiquer une justice sociale au-delà des frontières. Hélas, les opinions varient capricieusement selon l’actualité, et c’est sans compter sur la popularité des ministres menant les renvois hors-frontières. Tout récemment, l’affaire Leonarda a rappelé l’ambiguïté, voire la lâcheté, des prises de positions des décideurs. L’enthousiasme sympathique des jeunes Fran-çais manifestant pour une camarade de leur âge justifie surtout la nécessité de politiques claires, de lois justes et appliquées avec huma-nité. Mais il n’y a pas que les lois et les États. Chacun peut agir dans son petit périmètre personnel. Dans sa tête d’abord, dans son regard sur les étrangers qu’il croise. Et peut-être même en ouvrant sa porte comme le font déjà ceux qui ont compris de cœur que l’humanité est com-mune. Construire une éthique du partage et de la réci-procité dans une humanité unifiée, c’est sim-plement reconnaître à chacun le droit de vivre. Et qu’enfin plus aucune embarcation infernale n’emporte des gens désespérés qui y sont montés, espérant atteindre, à l’horizon, une vie digne de ce nom.

Godelieve UGEUX

Cette « Europe à la carte » ali-mente indirectement l’immi-gration clandestine, le travail au noir et le nombre de remises à la frontière de l’Union.

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GâTEAUX DE FÊTE. On se débrouille comme on peut pour survivre derrière le mur.

nOËL D’ESPOiR ?

Bethléem dans ses murs

«En 1982, j’ai été profondé-ment choquée par l’attaque des camps de Sabra et Cha-tila dans la banlieue de

Beyrouth. Des centaines de réfugiés pales-tiniens ont été massacrés par des milices dites « chrétiennes ». Comment pouvaient-elles porter le nom de Jésus-Christ  ?  » Viviane (nom d’emprunt), qui souhaite

garder l’anonymat, rappelle d’emblée cet événement qui l’a sensibilisée au drame du peuple palestinien.

NON-VIOLENCE

En 2004, l’occasion se présente de mettre les pieds pour la première fois en Pales-

tine. Elle se joint à des pèlerins belges en Terre Sainte. Ce voyage lui permet d’entrer en contact direct avec des Palestiniens et de comprendre un peu mieux le drame vécu par la population. Un peu plus tard, elle repart en Cisjordanie «  accompagner un groupe d’artistes qui participent à un camp d’été à Qalqilya. N’étant pas artiste moi-même, je me suis occupée de la logis-

Place de la Mangeoire, devant l’église de la Nativité, on prépare déjà les festivités. Mais la vie à Bethléem, coupée du monde par le mur, reste difficile. En témoigne le regard d’une Belge qui a choisi de travailler bénévolement avec les Palestiniens.

© Magazine L’appel - Thierry TILQUIN

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INDICES

EN PÉRIL. Les églises parisien- nes de Saint-Merri et de Notre-Dame-de-Lorette sont en si piteux état qu’elles viennent d’être inscrites sur la liste des monuments et sites patri-moniaux en danger établie chaque année par le World Monuments Fund. Selon deux autres associations françaises, 85 lieux de culte parisiens (appartenant à la Ville) devraient être restau-rés sous peine de disparaître.

ÉLUES. Huit femmes membres du clergé anglican ont été élues

en Angleterre afin de participer aux réunions de la «  Chambre des évêques  » qui réunit tous les prélats de l’Église anglicane.

Une trentaine de prêtres d’Autri-

che, Allemagne, Suisse, Ir-lande, Australie et États-Unis se sont réunis en octobre pour réclamer une réforme pro-fonde du fonctionnement de l’Église catholique. Cette ren-contre s’inscrit dans la foulée des «  Initiatives de prêtres  » d’Autriche et de Suisse qui s’étaient fait connaître il y a deux ans en publiant l’« Appel à la désobéissance » signé par 15 % du clergé autrichien.LONDRES ISLAMI­QUE. «  Avec Dubaï et Kuala- Lumpur, Londres veut devenir l’une des grandes capitales de la finance islamique dans le monde », a dit le Premier ministre britannique David Cameron, fin octobre, lors de l’ouverture du Forum économique islamique mon-dial, qui avait lieu dans la City.

RENAISSANCE. «  On est ici d’abord parce qu’il y a une terre à

cultiver  », déclare Jean-Marie Lassausse, prêtre et ingénieur agronome qui est le nouveau responsable du domaine du monastère de Tibhirine en Algé-rie. En 2012, 3 000 visiteurs sont passés dans ce lieu où ont été enlevés sept moines en 1996.

tique. » Au retour, Viviane prend la décision de quitter son boulot de manager en entreprise en Belgique et de s’engager bénévolement à Bethléem dans le camp d’Aïda où vivent près de quatre mille réfugiés. Ouvert en 1950, ce camp longe le mur de séparation avec Israël, près du check-point principal qui ouvre vers la ville de Jérusalem située à moins de dix kilomètres. «  Pendant trois ans, j’ai travaillé au centre cultu-rel d’Al Rowwad  : ateliers d’animation pour les enfants, cours de langue et développement de sites internet. On y favorisait une résistance non violente  : non pas jeter des pierres ni se lancer dans une confrontation directe avec les soldats israéliens, mais résister en canalisant l’énergie et la colère de ces jeunes vers des activités artistiques. »

DÉbROUILLE

À son arrivée, Viviane a vécu en immersion dans le camp. Mais bien vite, on lui conseille de louer un appartement en ville  : «  C’était nécessaire pour tenir le coup, explique-t-elle. Les mentalités sont trop différentes. Dans le camp, on n’a pas de vie pri-vée. Le centre du monde, c’est le clan, la famille. Chez nous, c’est le contraire, nous sommes individualistes sans toutefois être égoïstes. On a besoin d’un espace vital personnel. » Ce déménagement lui permet de s’intéresser à d’autres situations comme celles des jeunes adultes handicapés qui sont nombreux. Elle s’inscrit aussi à des cours d’archéologie à l’école biblique de Jérusalem. «  Pour arriver à temps au cours, explique-t-elle, je me retrouvais à cinq heures le matin avec les ouvriers qui attendaient l’ouverture du check-point. Moi, ce n’était qu’un jour par semaine. Eux, c’était tous les jours. Au début, je ne comprenais pas pourquoi il y avait deux files  : une avec les ouvriers et une pour les étrangers, les cas médicaux et les femmes. Une fois le portique et le tourniquet ouverts, la foule se pressait, les hommes montaient quasi les uns sur les autres pour passer au plus vite avant de traverser le « no-man’s land » et de rejoindre le poste de contrôle des pièces d’identité et des bagages. Si les femmes avaient été dans la même file, elles auraient été écrasées. Pour la plupart, ce sont des ouvriers dans la construction et des femmes de ménage. » Le travail en territoire israélien permet à de nombreux citoyens de Bethléem de ramener un revenu à leur famille. Mais tous n’ont pas de permis. Dans le camp d’Aïda, on cite le chiffre de 60 à 70 % de chômeurs. La culture de l’oli-vier rapporte peu  : «  L’huile est difficilement exportable parce qu’elle doit impérativement passer par Israël. Mais ce qui marche bien, c’est la

construction. C’est une manière de marquer son territoire et d’affirmer qu’on ne partira pas. » Pour le reste, c’est la débrouille et les petits boulots. Comme partout ailleurs, les inégalités entre riches et pauvres sont criantes. «  Je connais beaucoup d’enfants qui passent la journée sans manger ou qui ont tout au plus un petit morceau de pain », ajoute Viviane.

SOUS bAXTER

Dans le domaine des infrastructures, de la santé comme de l’éducation, les Palestiniens dépendent de l’aide extérieure. « Dans les camps de réfugiés, c’est l’agence des Nations-Unies pour les réfugiés qui paie l’éducation et les services médicaux. Parfois l’aide alimentaire. Mais, crise oblige, les budgets sont en forte diminution. » Le réseau d’enseignement officiel est gratuit mais pour un enseignement de qualité, les gens ont tendance à se tourner vers le réseau privé

soutenu majoritairement par des organisations chrétiennes. Mais celui-ci est payant. «  La société et l’économie palestiniennes sont sous perfusion. Que voulez-vous faire quand vous êtes enfermés  ? Si la Wallonie était séparée

de tout, enfermée dans ses frontières, comment vivrions-nous ? »

ESPOIR TOUJOURS

À Bethléem, la fête de Noël est comme une respiration pour la population. Les petits com-merçants s’en réjouissent car les touristes et les pèlerins sont plus nombreux. Dès novembre, la ville est illuminée. Le 24 décembre, le Patriarche latin de Jérusalem passe le mur. Il entre dans la ville, précédé d’une garde à cheval qui rappelle le nomadisme de ce peuple en marche. Les fanfares sont de sortie. De même, les groupes de jeunes défilent. Et devant l’église de la Nati-vité, spectacles et musiques se succèdent. Les habitants se rassemblent, musulmans comme chrétiens. Pour un moment, on oublie les difficultés de la vie et on rêve. « La seule solution, confie Viviane, c’est un seul pays. Je ne sais pas quand cela arri-vera. Ce pays deviendrait un État très prospère car juifs et Palestiniens sont complémentaires. En Israël, ils finissent par s’entendre et faire des choses ensemble. Des rabbins américains qui soutiennent le peuple palestinien viennent à Bethléem et logent chez les habitants… »

Thierry TILQUIN

«  La société et l’économie palestiniennes sont sous perfusion. Que voulez- vous faire quand vous êtes enfermés ? »

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13 FêTES DE Fin D’AnnÉE

De beaux cadeaux

TOUR DU mOnDE DES nAiSSAnCESS’il est un événement largement partagé par la moitié de l’humanité, c’est bien de mettre un enfant au monde. D’un continent à l’autre, d’une culture à l’autre, les conditions dans lesquelles se passe cet « heureux événement » sont très différentes  ! Revenue d’un voyage à Kaboul où elle a vu « des femmes devenir mères dans des conditions effroyables », Lieve Blanc-quaert, connue en Flandre comme journaliste et réalisatrice d’émissions télévisées, décide de faire le tour du monde des naissances. Et elle s’en va vers pas moins de quatorze lieux situés aux quatre coins du monde ! Son projet est vaste  : pénétrer dans les maternités, photogra-phier, filmer, raconter ce qu’elle découvre, et répondre à la question qui la travaille  : « Pour-quoi mettons-nous des enfants au monde, aujourd’hui, parfois dans des circonstances terribles ? Et comment le monde accueille-t-il ses enfants ? » Lieve Blancquaert ne se contente pas de saisir des moments en images. Elle se rapproche des familles, du personnel dans les hôpitaux pour situer dans chaque pays le contexte personnel et social des mères. Pour chacune d’elles, l’histoire est contée. Riches et adulées comme au Koweït ou pauvres et seules quand elles accouchent dans le dénuement (pour parfois en mourir avec l’en-fant), toutes font face à la douleur de l’accouchement. Rites et mœurs diffèrent selon les contrées. Quelques exemples parmi les dizaines racontés dans un style sobre ? Au Groenland, un drapeau est hissé à l’hôpital à chaque naissance et le bébé reçoit un bonnet tricoté par les infirmières avant sa sortie dans le grand froid. Au Koweït, la tante modèle le nez du bébé en le pinçant pour qu’il soit plus fin. Au Maroc, du khol est badigeonné sur les yeux de l’enfant pour les désinfecter mais en Russie, il ne peut pas être touché avant d’être lavé. Ces coutumes de naissance ne font pas oublier combien l’avenir du nouveau-né est tributaire de l’entourage proche, de la présence ou non du père, du climat paisible ou troublé du pays. Chaque fois une histoire en marche… (G.U.) Lieve BLANCQUAERT, Birth-day, comment le monde accueille ses enfants, Paris, Racine, 2013. Prix : 34,99 € -10 % = 31,49 €. Exposition des photos à l’Espace culturel ING, 6, place Royale à Bruxelles, à côté du Musée BELvue, jusqu’au 05/01/2014. : www.birth-day.be

DAnS LA ViE DE nELSOnLe 5 août 1962, Nelson Mandela est arrêté à Howick, au ZwaZulu-Natal et est emprisonné sur l’île de Robben Island. Inculpé dans un autre procès, il y plaidera en faveur de la démocratie et de l’éga-

lité pendant de longues heures, mais en sortira condamné à la prison à vie, chargé de casser des cailloux à longueur de jour-née… Jusqu’au 9 février 1990, jour où l’Afri-can National Congress, son parti, est enfin autorisé. L’apartheid a pris fin. Mandela est libéré neuf jours plus tard et, le 9 mai 1994, devient le premier président noir d’Afrique du Sud. Résumée ainsi, l’histoire de ce grand leader paraît simple. Elle est en réa-lité bien plus riche. À l’aide de dizaines de photos et de copies de documents pour la plupart fournis par Mandela lui-même, ce livre-album permet de revivre par le détail toutes les étapes de la vie de ce grand homme. Un témoignage touchant. (F.A.)Nelson Mandela, une vie en mots et en images, Paris, Michel Laffon, 2013. Prix : 22,70 € -10 % = 20,43 €.

AU nOm D’ÉDiTHJuive, philosophe, chrétienne, religieuse et martyre  : cinq adjectifs per-mettent de qualifier la vie d’Édith Stein, considérée aujourd’hui comme la « copatronne de l’Europe ».Née dans une famille juive de Silésie, elle deviendra philosophe et « libre penseur » dès son adolescence. Après avoir lu Thérèse d’Avila, elle deman-dera à entrer dans l’Église catholique, et fera le tour d’Europe comme enseignante et conférencière. Quand Hitler prend le pouvoir, elle entre au carmel, où elle développe son travail philosophique. Arrêtée en 1942 par la Gestapo, elle finira gazée à Auschwitz/Birkenau. Elle sera canonisée par Jean-Paul II en 1998.Ce grand livre raconte la vie d’Édith Stein comme un roman. De nombreuses illustrations per-mettent de s’y représenter les étapes de sa vie, de même que de nombreuses notes et encadrés.Une vraie plongée dans une existence extraordinaire, où se marient spiritualité, pari philoso-phique et don de soi. (F.A.)Didier-Marie GOLAY, Édith Stein, devant Dieu pour tous, Paris, Cerf, 2009. Prix : 15 € -10 % = 13,50 €.

L’iCÔnE, CHEmin VERS DiEU

L’icône est bien plus qu’une image. Pour la com prendre, il faut dépasser le premier regard. Dans l’icône, il n’y a pas de perspective. Elle est une manière symbolique d’écrire Dieu, de refléter sa lumière, de saisir le sens du transcen-dant. C’est ce qui la différencie de l’art religieux occidental, habitué à se servir de modèles pour représenter le Christ, sa mère ou les saints. L’Église d’Orient pour sa part reste surtout attachée à la surface iconographique à deux dimensions, plus ouverte au mystère. Comme l’icône est un témoignage de l’Incarnation, l’élève iconographe doit d’abord l’engendrer en lui dans la prière, avant de la traduire et de l’écrire sur la planche de bois. Ce livre ouvre une fenêtre sur le divin. Indispen-sable pour qui veut comprendre de l’in-térieur toute la lumière et la spiritualité qui émane de cet art religieux. Un beau cadeau à faire ou à se faire. (P.F.)Michel QUENOT, L’Icône. Fenêtre sur le Royaume, Paris, Éditions du Cerf, 2001. Prix : 10 € -10 % = 9 €.

mAGiE AU QUOTiDiEn

Comme les cinq précédents du même auteur, voici un agenda que l’on n’oubliera pas.

La magie de l’artiste gaumais accompagne de semaine en semaine son heureux possesseur.

Et l’année s’avançant risque de le voir devenir un médiéviste de cœur. Il croisera au fil des

semaines, sous la plume, l’encre de Chine rehaussée de tons délicats, des

vignettes de l’artiste sur le thème de Merlin, dans un solide carnet à spirale.

Impossible de résister aux merveilleuses évocations qui parsèment ce bel

objet aussi agréable qu’utile. (C.B.)

Jean-Claude SERVAIS, Agenda 2014, format 23/16cm, Éditions Weyrich, 2013.

Prix : 16 € -10 % = 14,40 €.

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LIEux Et LégENDESPierres qui tournent, nutons et fées peuplant les grottes, sorciers et sorcières, loups garous et feux follets, vierges

protectrices et saints guérisseurs sont souvent attachés à des lieux de

l’Ardenne légendaire. Jean-Luc Duvivier de Fortemps prend

depuis longtemps plaisir à les répertorier et à en chercher l’origine. Benjamin Stassen illustre tous ces lieux de magnifiques clichés où les brumes, le brouillard du petit matin ou la lumière déclinante entretiennent une atmosphère de mystère.

Leur passion commune pour le terroir ardennais donne un

ouvrage qui invite à la prome-nade et à la découverte des lieux

empreints de légendes. (J.G.)Jean-Luc DUVIVIER DE FORTEMPS et Ben-jamin STASSEN, L’Ardenne merveilleuse, Neufchateau, Weyrich, 2013. Prix  : 29  € -10 % = 26,10 €.

RODRIGUEZ MARA­DIAGA. Archevêque du Honduras et coordon-

nateur du Conseil des huit car-dinaux entourant le pape Fran-çois, il s’est prononcé pour la création d’une « congrégation pour les laïcs ». « Il existe seule-ment un conseil pontifical pour les laïcs, alors qu’il y a une congrégation pour les évêques, pour le clergé et une autre pour les religieux. Or, les laïcs sont les plus nombreux », a-t-il expliqué.

GHADI DARWICHE. Né le 30 septembre 2013, ce bébé est le

premier Libanais jamais inscrit dans un registre d’état civil sans mention d’une apparte-nance religieuse. Jusqu’ici, tout Libanais se définissait d’abord par sa religion. Ses parents, ci-vilement mariés au Liban, mi-litent pour un État laïc.

PHILIPPE DEFEYT. Pré-sident (Écolo) du CPAS de Namur, il a demandé

à son institution de raboter de 20 % son indemnité présiden-tielle, affirmant par ce geste son souci de cohésion sociale. En prenant cette décision, l’homme de 60 ans ne veut pas « donner » de leçon ni « l’exemple ».

OSCAR ROMERO. La béatification de celui qui était dénommé « la

voix des sans voix » est « sur la bonne voie  », a confié récem-ment le pape. La cause de cet évêque de San Salvador assas-siné en pleine messe était tom-bée dans l’oubli jusqu’à l’arri-vée du pape François.

FRÉDÉRIC LENOIR. Phi - losophe, sociologue et écrivain français, il a

annoncé sa démission du poste de directeur de la rédaction du bimestriel Le Monde des reli-gions, «  pour des raisons per-sonnelles et afin de se consacrer à d’autres activités ». Il était à la tête du magazine depuis 2004.

FEMMES Et HOMMES

BELgItuDE pLaStIquEPlus de 450 pages, 2 kg de papier et des centaines de reproductions  : il en faut bien autant pour essayer de dresser un état des lieux de l’art belge, tel qu’il s’est développé depuis 1880. Expert en arts, le britannique Michael Palmer est tombé amoureux de la manière dont l’expression artistique a été vécue en Belgique. Par le passé, il avait déjà réalisé des présentations des grands courants belges (luminisme, symbolisme, groupe de Laethem-Saint-Martin, expressionnisme, animisme, CoBrA, abstraction géométrique et lyrique, art conceptuel). Cet ouvrage porte un regard synoptique sur toutes ces écoles et sur ceux qui s’y sont distingués. Certains d’entre eux, comme James Ensor, Rik Wou-ters, Léon Spilliaert ou René Magritte… sont passés à la postérité du public populaire.

Mais on découvre ici tous les autres, présentés soit dans le courant où ils se sont distingués, soit sous forme de courtes monographies.Ce livre, réédité et réactualisé pour les vingt ans des éditions Racine, démontre la richesse artistique qui a pu jaillir d’un si petit territoire, confirmant qu’il y a bien, là aussi, une vraie « belgitude ». (F.A.)Michael PALMER, L’art belge d’Ensor à Panamarenko, Bruxelles, Racine, 2013. Prix : 29,95 € -10 % = 26,96 €.

au jarDIN DE La BIBLELa Bible s’ouvre au jardin d’Éden et se ferme au jardin de la Jérusalem céleste. Entre les deux, les métaphores jardi-nières fleurissent au fil des livres. Les plantes

bibliques sont «  autant de jalons d’un art de vivre avec Dieu », écrit Christophe Bou-reux, dominicain et jardinier amateur. Parce qu’elles parlent de la vie et de la mort, elles sont les métaphores idéales pour rendre compte du passage de la vie perdue à la vie recouvrée. L’auteur a sélectionné une cinquantaine de plantes dont il décrit les propriétés botaniques, avant d’en expliquer les significations culturelles ou religieuses. Des photos, quelques tableaux célèbres, et des gra-vures du XVIIIe siècle, viennent illustrer cet ouvrage qui explore le véritable jardin, celui où «  les hommes vivent en paix avec eux-mêmes ». (J.Ba.)Christophe BOUREUX, Les plantes de la Bible et leur symbolique, Paris, Éditions du Cerf, 2001. Prix : 19 € -10 % = 17,10 €.

La NaturE aVEC SOI

Il ne faut pas partir bien loin pour

découvrir les richesses végétales et ani-

males que recèlent les contrées wallonnes. Il

suffit de s’arrêter dans une des réserves naturelles

que possède l’association Natagora. Il y en a près de 200. Frédéric

Demeuse en révèle quelques-unes à travers son objectif photogra-

phique tandis que Benjamin Legrain, son comparse, les raconte au fil de

la promenade. On se laisse éblouir par le paysage dans ce bout d’Ardenne

perdu au milieu de la campagne boraine sur le sentier du Caillou-qui-bique.

On observe avec patience le martin-pêcheur qui niche sur les bords du lac

de Virelles. Sur les prairies calcaires à Devant-Bouvignes près de Dinant, on

découvre le dompte-venin qui fleurit près d’un rocher. Et les pentes du terril

du Gosson qui surplombe la Meuse liégeoise sont loin d’être stériles : de

nombreuses espèces florales s’y sont installées et servent de lit nuptial

au téléphore fauve et au cardinal, un coléoptère qui, selon les biolo-

gistes, a des mœurs plutôt discrètes. La passion pour la nature se lit

à travers les superbes photos et les descriptions minutieuses

des auteurs. Une invitation à sortir de chez soi. (T.T.)

Frédéric DEMEUSE et Benjamin LEGRAIN, Havres de

biodiversité, Neufchâteau, Weyrich, 2013.

Prix : 29 € -10 % = 26,10 €.

MagrIttE INtIMEMichel Carly publie simultanément deux livres sur Magritte. Le premier, Moi, René Magritte, est une biographie écrite à la première personne. En s’inspirant des sources et témoignages dispo-nibles, l’auteur y dévoile un Magritte intime et touchant. Si cette autobiographie se lit comme un roman, La Belgique de Magritte, elle, se feuillette comme un album, richement illustré. Ce n’est pas l’œuvre de l’artiste que l’on y trouvera, mais les lieux qu’il a fréquentés, le Bruxelles où il flânait, le Hainaut où il a vécu, les lieux secrets où il retrouvait ses amis surréalistes. « La Belgique a-t-elle injecté dans les veines de Magritte ce fameux sentiment de mystère qui l’a tant hanté ? » Pour répondre à cette question et tenter de percer les secrets de ses chimères, l’auteur retourne aux sources de son imaginaire : son pays, sa terre. (J.Ba.)Michel CARLY, Moi, René Magritte, Neufchâteau, Weyrich, 2013. Prix : 14 € -10 % = 12,60 €.Michel CARLY, La Belgique de Magritte, Neufchâteau, Weyrich, 2013. Prix : 28,50 € -10 % = 25,65 €.

MagIE au quOtIDIEN

Comme les cinq précédents du même auteur, voici un agenda que l’on n’oubliera pas.

La magie de l’artiste gaumais accompagne de semaine en semaine son heureux possesseur.

Et l’année s’avançant risque de le voir devenir un médiéviste de cœur. Il croisera au fil des

semaines, sous la plume, l’encre de Chine rehaussée de tons délicats, des

vignettes de l’artiste sur le thème de Merlin, dans un solide carnet à spirale.

Impossible de résister aux merveilleuses évocations qui parsèment ce bel

objet aussi agréable qu’utile. (C.B.)

Jean-Claude SERVAIS, Agenda 2014, format 23/16cm, Éditions Weyrich, 2013.

Prix : 16 € -10 % = 14,40 €.

Signe16

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PRIÈRE. Le « Notre Père » adapté ne laisse plus penser à un Dieu tentateur.

mOT À mOT

Le « Notre Père » nouveau est arrivé

Depuis 1996, un groupe de biblistes et d’écrivains fran-cophones tra vaille

à une nouvelle traduction de la Bible complète en vue de la liturgie. Cette Bible, approu-vée par le Vatican, vient d’être publiée. On peut donc déjà la lire chez soi. Mais son usage dans les célébrations ne devrait être opérationnel qu’à partir de l’année pro-chaine. Une des modifications de ces textes bibliques pour la liturgie concerne la prière du « Notre Père », telle qu’elle figure dans le Nouveau Testa-ment, dans les évangiles selon saint Mat-thieu et saint Luc. Dans le cadre de cette nouvelle traduc-tion, le texte a fait l’objet d’une adap-tation. Le changement opéré semble minime puisqu’il porte uniquement sur la sixième demande, au sujet de la tentation et donc, du mal. Il s’agit d’une clarification quant au rôle de Dieu dans le mystère du mal. Les évangiles de Matthieu (Mt 6,13) et de Luc (Lc 11,4) ne disent plus «  Et ne nous soumets pas à la tentation » mais « Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». La formule que l’on abandonne était le fruit d’un accord entre catholiques, protestants et orthodoxes, au moment du concile Vatican II. Elle manifestait la volonté d’ouverture œcuménique entre ces trois confessions chrétiennes. Mais la traduc-tion de ce verset restait depuis longtemps un sujet de débat chez les chrétiens.

OFFRE LIMITÉE

À préciser encore  : le changement ne concerne que le texte de la Bible lorsqu’il est lu au cours d’un office, c’est-à-dire quand le cycle liturgique prévoit la lec-ture de ces passages, en Luc ou en Mat-thieu. Au moment de la liturgie de la parole, principalement, donc. Les mardi 11 mars et jeudi 19 juin 2014, lorsque la liturgie prévoit de lire l’Évangile sur l’en-seignement par Jésus de la prière au Père (Mt 6,13), les « fidèles » n’entendront donc pas encore la nouvelle version du « Notre Père ». Ce ne sera pas le cas avant 2015. Et qu’en sera-t-il de la prière du « Notre-Père  » récitée à la messe, en famille, en communauté de chrétiens ou dans d’autres circonstances ? Dira-t-on la nou-velle version lorsque l’on prie tout haut et en collectivité, la prière de Jésus ? Non,

le changement est limité. La prière usuelle reste intacte pour l’instant. Pour la modifier, il faudrait que cette nouvelle traduction soit également validée dans le Missel. Or, la commission qui s’occupe au Vatican du contenu du Missel romain est distincte de celle qui a validé la nouvelle tra-duction.

MIROIR DÉFORMANT

Seule prière que Jésus-Christ ait transmise à ses disciples, le «  Notre Père  » revêt une

grande importance aux yeux de tous les chrétiens, quelle que soit la confession à laquelle ils se rattachent. Il est donc normal que chacun des mots traduits en français soient à la fois conforme au sens original que lui a donné Jésus et compré-hensible pour l’homme d’aujourd’hui. Et qu’ils ne déforment pas le visage du Père, le Dieu de Jésus n’étant pas censé être un Dieu pervers. Dès la nouvelle traduction en français du « Notre Père » en 1966, soit dans la foulée du concile Vatican II, la for-mulation « Ne nous soumets pas à la ten-tation » laissait supposer que d’une cer-taine manière, Dieu pouvait être l’auteur du mal. Une traduction qui pouvait être très mal interprétée quant aux intentions de Dieu.

Chantal bERHIN

« Ne nous soumets pas à la tentation »… Quel genre de Dieu peut bien vouloir pousser les hommes à être tentés ? Un changement de traduction récent du Notre Père, dans les évangiles, vient bien à point. Le verset évoquant le délicat sujet de la tentation a été modifié. Avec un impact certain sur la manière dont Dieu est représenté.

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FuturS parENtS

Accoucher ici ou là,mais comme chez soi

Quand elle apprend qu’elle est enceinte, cet été 2013, Louise connaît d’abord un état de grâce. Quelques jours plus

tard, elle commence à se demander où elle accouchera. Elle hésite durant plu-sieurs semaines. Benoît, son compagnon, serait plus rassuré par une naissance clas-sique, à la maternité la plus proche. Mais elle ? Quelques amies lui ont raconté leur accouchement en Maison de naissance. Dans l’eau, à quatre pattes, dans l’intimité d’une chambre accueillante… Après un rendez-vous chez le gynécologue, Louise et Benoît choisissent finalement une maternité, mais pas n’importe laquelle  : celle-ci a été récemment aménagée. Pen-dant le travail, la future maman aura la possibilité de se déplacer, de prendre un bain, de s’alimenter.

Les accouchements à domicile et en Maisons de naissance sont en augmentation. Les maternités suivent également cette tendance à offrir un cadre plus chaleureux pour donner la vie. Il n’en était pas ainsi il y a deux mille ans, en Palestine ou ailleurs. Mais aujourd’hui, dans ce domaine, tout est affaire de choix et de confiance.

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13 RETOUR DE BALANCIER

Les pratiques entourant la grossesse, la naissance et la périnatalité sont en train d’évoluer. Le phénomène n’est pas tout neuf, mais il a pris de l’ampleur ces der-nières années. Pendant des décennies, la médecine a été louée pour ses bien-faits dans la sécurisation des naissances, tant pour la mère que pour l’enfant. On constate aujourd’hui comme un retour de balancier par rapport aux excès de l’approche hyper-médicalisée. Entre 2008 et 2010, en région bruxelloise, le nombre d’accouchements à domicile a presque triplé. De plus en plus de parents font ce choix, ou celui d’une Maison de nais-sance, pour mettre leur enfant au monde. Même si cela concerne un faible pourcen-tage des accouchements, et bien qu’une large majorité du monde médical conti-nue de décrier ces pratiques, un proces-sus semble en marche. Les changements apportés au sein même des maternités vont d’ailleurs dans le sens d’une plus grande humanisation de la naissance. Les sages-femmes et les parents qui ont été les pionniers de cette approche, ainsi que les médecins qui ont accepté de les suivre, insistent sur le fait que la naissance n’est pas une maladie. Cela n’enlève rien à la nécessité d’un suivi et à une grande vigilance par rapport aux risques. L’ac-couchement doit toutefois d’abord être

considéré, selon eux, comme une fonc-tion physiologique, normale et naturelle dans la grande majorité des cas.

DU RISQUE À LA CONFIANCE

L’opinion populaire et la presse à sensa-tion réduisent souvent les alternatives à l’hôpital à une prise de risque. Il arrive aussi que la caricature aille jusqu’à la dénonciation d’un retour en arrière. Pire, ce seraient des décisions irresponsables ou illégales. Pourtant, les pratiques des sages-femmes à domicile ou en Maisons de naissance sont régies par la loi. Les suivis de grossesse extra-hospitaliers sont l’objet d’une attention personnali-sée, humaine et médicale : chaque détail compte. La future mère, le futur père aussi, se sentent dans une relation de confiance. Et c’est bien là l’essentiel pour eux. Ce qui est en jeu n’est pas une lutte de statistiques sur les risques, mais la remise au centre de la femme dans le processus de l’accouchement. Ce qui implique la possibilité de choisir. Certaines mamans sont rassurées, justement, par une prise en charge complète à l’hôpital qui atté-nue leurs angoisses et la douleur iné-vitable de l’enfantement. La médecine occidentale peut leur offrir ce confort. De plus en plus de maternités, dans le sillage des Maisons de naissance et des accou-chements à la maison, s’équipent d’infras-

Quand la grossesse se passe bien, certaines femmes choisissent d’accoucher chez elle ou en Mai-

son de naissance. Cela leur permet de vivre plus humainement ce moment important de leur vie. Dans les grands hôpitaux, la technicité l’emporte encore parfois sur l’accompagnement humain. La grossesse est somme toute un phé-nomène naturel et l’accouchement, sauf complications, n’est pas une opération chirurgicale.

tructures plus chaleureuses pour offrir un cadre plus « normal » à la naissance. Car cela participe, aussi, à la confiance et à la sécurité des parents.

« LE CHOIX VOUS REVIENT »

Ceux qui optent pour l’accouchement à domicile ou en Maison de naissance ne partent pas en croisade contre le milieu hospitalier. La plupart d’entre eux par-tagent l’état d’esprit d’Isabelle Brabant, une sage-femme québecoise, auteure du livre de référence Une naissance heu-reuse. «  Les arguments des autres, écrit-elle, ne peuvent vous dicter l’endroit où vous voulez accoucher. Vous choisirez avec votre cœur et, surtout, avec vos tripes, le nid où vous vous sentirez bien en sécurité. Ce choix, évident pour les uns, difficile pour les autres, aura une importance certaine dans la façon dont votre accouchement se déroulera, mais ce n’est pas le choix cru-cial. (…) Les raisons invoquées pour choisir l’hôpital, la Maison de naissance ou la mai-son sont multiples. Votre décision sera liée à qui vous êtes, à votre situation, aux dis-ponibilités réelles de votre milieu. Le choix final vous revient. » Aux Pays-Bas, 30 % des femmes accouchent à domicile. Ce pays est souvent cité en exemple pour apaiser les craintes des uns et des autres.

Guillaume LOHEST

Naissance softJadis infirmières accoucheuses, elles préfèrent aujourd’hui le terme de sages-femmes. Elles accompagnent les mamans dans les projets de naissance qui misent sur plus d’humanité.

FAVORISER LE LIEN

Bénédicte de Thysebaert, sage-femme, a fondé en 2005 l’Arche de Noé, une Maison de naissance située à Namur. Une petite structure qui permet de donner toute la place à ce qui se joue entre l’enfant et sa mère. Elle insiste beaucoup sur le lien d’attachement qui se crée avec le bébé lorsqu’un projet d’enfant se dessine. Il est donc important de communiquer avec lui dès la grossesse, de lui parler, de lui

expliquer éventuellement que l’on ne se sent pas bien mais qu’il n’en est pas la cause. Pour montrer à quel point l’enfant peut ressentir l’anxiété de sa maman, elle prend l’exemple de cette femme qui venait d’apprendre, avec beaucoup de tristesse et d’appréhension, que son gynécologue serait en vacances au moment prévu pour l’accouchement. À la suite de cette consul-tation, l’enfant s’est déplacé et s’est mis complètement de travers dans le ventre de sa maman. Il manifestait ainsi, selon elle,

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DANS L’EAU. Dix pour-cent choisissent ce type d’accouchement.

qu’il avait compris qu’elle préférait retarder l’accouchement. De fait, dès le retour de vacances du gynéco, il s’est remis en bonne position et l’accouchement a pu avoir lieu sans césarienne. Une preuve pour elle de la communication qui existe entre l’enfant et sa mère et qui incite à favoriser ce lien.

UN LABEL POUR LES HÔPITAUX

Elle insiste également beaucoup sur la nécessité de laisser les femmes vivre pleinement leur accouchement. C’est un événement qui demande de s’y consacrer en entier, sans être dérangé par d’autres préoccupations, comme de remplir un dossier d’admission. De même, après la naissance, il est important de favoriser un « peau à peau » de plusieurs heures entre l’enfant et sa mère. Elle note d’ailleurs que, même en milieu hospitalier, on est aujourd’hui plus attentif à ces réalités. Un label « Hôpital ami des bébés » est ainsi attribué à ceux qui respectent un certain nombre de principes visant à humani-ser davantage la naissance  : allaitement maternel favorisé, un «  peau à peau  » de deux heures minimum après l’accou-chement, l’enfant est laissé avec sa mère vingt-quatre heures sur vingt-quatre, etc.

SANS ANESTHÉSISTE, SANS PÉDIATRE

L’Arche de Noé est une institution de soins de santé primaire, qui est tenue par des sages-femmes pour surveiller et accom-pagner la grossesse et pratiquer l’accou-chement pour des femmes en bonne santé. Ce sont donc les sages-femmes qui pratiquent l’accouchement. Il n’y a pas d’anesthésiste, pas de pédiatre. Mais, en cas de problème, un hôpital se situe à quelques centaines de mètres. La Maison de naissance est un milieu plus naturel, à l’écoute des envies et des besoins des femmes. Souvent, chez le gynécologue ou à l’hôpital, les visites sont de vingt minutes top chrono, ce qui ne laisse pas de temps pour aborder des questions comme le lien avec l’enfant, les peurs

de la maman, la préparation de l’accou-chement… À la Maison de naissance, chaque rencontre dure une heure, c’est plus rassurant et ça permet de parler de tout.L’accompagnement de la grossesse et de la naissance n’est pas seulement individuel. Il y a aussi des préparations de groupe en yoga, sophrologie, hapto-nomie, chant prénatal, etc. Des soirées à thème sont également proposées  : la douleur, les positions qui facilitent la nais-sance, l’allaitement.

BAIGNOIRE APAISANTE

À l’étage, deux chambres de naissance. « Quand la maman arrive à terme et qu’elle a toujours l’accord d’accoucher en Maison de naissance, que l’on n’a rien détecté d’in-quiétant dans les examens médicaux lors de la grossesse, qu’elle perd les eaux ou a des contractions, elle vient pour un examen prénatal complet  : la tension, la position du bébé. S’il n’y a vraiment rien qui nous inquiète, elle peut commencer son travail ici. Toutes les demi-heures au début, puis tous les quarts d’heure, on écoute le cœur. Si elle le souhaite, on peut rester près d’elle, pour l’encourager, la masser. On s’adapte aux besoins du couple. La maman va pou-voir bouger, manger et boire, parfois même s’endormir quand le travail n’est pas encore bien lancé. Une des deux chambres possède une grande baignoire, ce qui plaît beau-coup aux mamans. Il y a au moins la moitié des mamans qui sont dans l’eau pendant une partie du travail. Et certaines mamans, dix pour cent environ, choisissent d’accou-cher dans l’eau. » Ce type de maisons, centrées sur les attentes de la maman, ne concernent qu’un petit pourcentage des naissances. Après une opposition farouche des milieux médicaux qui y voyaient une régression et une prise de risques inu-tile, ils sont plutôt bien vus par les jeunes générations à la recherche d’alternatives.

José GÉRARD

ALTER-NATIVES ET MAISONS DE NAISSANCEAlter-Natives. C’est une association de parents désireux de promouvoir le respect et l’écoute des parents et du bébé lors de la naissance. Elle organise tous les quinze jours des rencontres entre parents et futurs parents dans différentes villes de Bel-gique. : www.alternatives.be Maisons de naissance. Il existe cinq maisons de naissance en Belgique : La Maison-née à Liège, L’Arche de Noé à Namur, L’Arbre à Théodore à Bruxelles, Clinisoins à Haine-Saint-Paul et La Dixième Lune à Welkenraedt.

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PEAU À PEAU. Maman et bébé en intimité pendant au moins deux heures.

Laurence s’est rendu compte que son premier accouchement ne corres-pondait pas à ce qu’elle aurait pu

espérer. Elle a été heureuse de découvrir d’autres chemins. « Quelques mois après la naissance de notre fille aînée, nous sommes allés habiter en Suisse. C’est là que nous avons rencontré pour la première fois des couples ayant été accompagnés par des sages-femmes pour la naissance de leur enfant, soit à domicile, soit en milieu hospi-talier. Le témoignage des parents nous met-taient l’eau à la bouche et je commençais à réaliser tous les bienfaits de cette approche. Ainsi je me suis rendu compte que j’aurais certainement pu me passer d’une péridu-rale si j’avais pu avoir une professionnelle auprès de moi pour me soutenir à la fin du travail. J’ai réalisé que l’épisiotomie aurait pu être évitée dans une autre position d’accouchement. J’ai aussi découvert que le milieu hospitalier n’avait pas été un univers reposant pour moi… Quelques mois plus tard, nous avons assisté à l’inauguration de la première Maison de naissance en Suisse. Lorsque je l’ai visitée, j’ai été touchée par la chaleur qui y régnait. J’ai été marquée par la présence d’un lit pour deux personnes dans la salle principale. L’idée que le mari et la femme pouvaient dormir ensemble pen-dant le travail ou après l’accouchement me plaisait beaucoup. Quelques mois plus tard, il nous a semblé évident que la Maison de naissance serait le lieu idéal pour accueil-lir notre prochain bébé. J’ai été suivie par une sage-femme et une gynécologue de la région pendant les premiers mois de grossesse et petit à petit le lien s’est créé avec elles. Malheureusement vers le cin-quième mois, l’employeur de mon mari lui a demandé de revenir travailler en Belgique, à mon grand désespoir. Après être retom-bée les pieds sur terre, j’ai pris contact avec une Maison de naissance à La Louvière. Notre première rencontre avec la sage-femme s’est faite par téléphone, depuis la Suisse. Ensuite, elle nous a reçus pendant

plus d’une heure à son cabinet et a pris le temps de répondre à toutes nos questions. Nous en sommes ressortis convaincus que la Maison de naissance accueillerait notre petite Marie comme nous le souhaitions. »

« UNE ÉVIDENCE ! »

Pour Astrid, 36 ans, originaire des Pays-Bas, accoucher en Maison de naissance relevait de l’évidence. «  C’est dans nos mœurs, aux Pays-Bas. S’il n’y a pas besoin, pourquoi embêter l’hôpital  ? L’hôpital, ça ne me rassure pas, au contraire. Quand on y va pour l’échographie, ils ne prennent pas le temps d’écouter, ni d’expliquer. Tout se fait à la va-vite. Ils ne vous aident même pas à monter sur la table. Ce n’est pas chaud, ça manque de relations humaines. »Après un premier accouchement en hôpi-tal, Sophie a choisi d’accoucher de son deuxième enfant chez elle. «  Pourquoi un accouchement à la maison  ? Comme pour beaucoup, la déception d’un premier accouchement à l’hôpital, l’inhumanité, la froideur, un personnel à la fois prisonnier et complice d’un système hypermédicalisé, un corps qui m’échappe et que je vois, impuis-sante, se faire manipuler et diriger contre lui-même, contre moi-même. C’est aussi une fragilité personnelle et la certitude que, moi, Sophie, je me sens vraiment plus en sécurité chez moi, plus libre, en pleine pos-session de mes moyens. »

À LA DÉCOUVERTE DE bÉbÉ

Laurence, quant à elle, se souvient avec émotion de l’accouchement. «  La sage-femme me masse le dos. Je suis à quatre pattes sur le lit, appuyée sur un ballon. Christophe, mon compagnon, me tient les mains. Les sons que j’émets sont main-tenant très forts, ils me portent dans les contractions, me ramènent à mon bébé malgré l’intensité des efforts que je déploie. Je sens le bébé descendre et les sensations changer mais je n’y prête guère attention car je veux maintenant aider mon bébé à sortir de toutes mes forces… Et soudain, ses premiers pleurs me renseignent que sa tête vient de sortir. Tout va alors très vite. Évelyne, la sage-femme, m’a passé mon bébé entre les jambes et je me suis allon-gée avec lui dans le lit. Avec Christophe à côté de moi, nous avons vécu ce moment unique de la découverte de ce bébé. Je me rappelle surtout de toutes les sensations  : cette odeur si enivrante du bébé qui vient de naître, son corps et son cordon chaud contre moi, son regard curieux de nous découvrir, et cet immense bien-être que tout cela engendrait dans mon corps à moi. L’ambiance chaleureuse de la maison de naissance et le support attentionné que j’y ai reçu m’ont beaucoup aidée. »

José GÉRARD

Paroles de mèresQue disent les femmes de leur grossesse et de leur accouchement ? Une volonté d’être actrices à part entière d’un événement si important dans leur vie…

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AVEC LES « AUTHEnTiQUES » DE jEAnninE DE CRÉE

Noël chez la santonnière

de WellinAux confins du Luxembourg belge et du Namurois vit

la seule santonnière belge. Depuis près de vingt ans, elle donne forme aux personnages de la crèche.

Jeannine De Crée, la bien nommée, s’inspire de l’art des santons de Provence. Mais, ici, pas de

plâtre ni de moule reproduisant à l’infini des figurines toutes semblables. Dans l’atelier des « Authentiques de Wellin », tout est en terre cuite et chaque pièce, unique, est réalisée à la main. Ce qui fait d’abord de cette artisane de

Wallonie une créatrice d’œuvres d’art.

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DU GRÈS AU COMMENCEMENT.Pour donner vie à un santon, il faut d’abord une bonne terre de grès, que Jeannine va notamment chercher à Puisaye, un village des potiers renommé situé entre la Loire et la Bourgogne. Cuite, elle donnera à ses figurines l’aspect rosé qui fait leur cachet. Une fois étalée puis marquée du relief de la trame d’un tissu, la terre sera prête à se laisser façonner.

DONNER LA VIE.Bras, corps, tête… Le corps du berger de la crèche prend forme, tout en restant creux afin de ne pas exploser lors de la cuisson. Tête et cheveux terminés, il reste à insuffler vie au santon en lui donnant des yeux, un nez et une bouche prête à chanter. « Ce n’est pas difficile d’être santonnière, commente Jeannine. Quand j’était institutrice maternelle, avec les enfants, on faisait presque la même chose… »

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Textes et photos : Frédéric ANTOINE

L’atelier des Authentiques de Wellin se visite sur rendez-vous et est ouvert avant la période des fêtes, rue de Wellin 38, 6932 Halma (Wellin). Martial, son mari, doreur, restaurateur d’art et peintre, y expose aussi ses réalisations.lesauthentiquesdewellin.be

DERNIÈRE RETOUCHE.Pour qu’il n’ait pas froid, Jeannine habille enfin son berger d’une cape, dont elle dessine le drapé. Près de deux heures après avoir commencé, l’artiste contemple son œuvre. Unique en son genre, le berger ira bientôt rejoindre les acteurs de cette crèche « naïve » dont les figurines mesurent au moins 16 cm de haut et coûtent entre 20 et 30 € pièce.

AU RISQUE DU FOUR.Dernière opération : le passage au four. Un séjour de 24h, la plupart du temps à 1500 degrés. C’est alors que la pièce passe ou casse. Jeannine fait ici cuire un petit sanglier, acteur qu’elle a ajouté à la crèche pour lui donner un cachet « ardennais ». La santonnière peut, à la demande, ajouter des personnages autour de l’enfant Jésus. À l’église de Longchamps, près de Bastogne, sa crèche compte ainsi plusieurs dizaines de figurines différentes. Un Noël « bien de chez nous ».

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13 DOMINIquE COLLIN

« La foi est toujoursen mouvement »

Rencontre

-V ous n’avez pas encore 40 ans. On peut donc vous considérer comme un « jeune » prêtre… Aujourd’hui, ce choix de vie

surprend parfois. Quel chemin vous y a mené… ?

– Je viens de la région de Beauraing, d’une famille classique, sans histoire extraordinaire ni bouleversante. Une jeunesse heureuse. Un milieu sociologi-quement et par tradition chrétien catho-lique mais avec une pratique irrégulière

et sans engagement particulier. Enfant, j’étais fasciné par la lune et les étoiles, l’immensité de la mer, les questions du sens de la vie. C’est de manière livresque que je suis venu à m’intéresser aux ques-tions religieuses et spirituelles. Vers 11

Dominicain à Liège, prêcheur et conférencier, Dominique Collin, 38 ans, est aussi écrivain, théologien et philosophe. Il invite à une relecture des évangiles, parole d’encouragement à vivre pleinement aujourd’hui.

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Rencontreou 12 ans, j’ai reçu une bande dessinée sur la vie de Saint Dominique, mon saint patron et j’ai lu cette vie avec intérêt. Il y a eu un saisissement et un attrait. Je me suis dit que cette vie dédiée à la parole, à la prédication était une vie pour moi et la question de Dieu ne m’a plus lâché. Elle m’est apparue importante et l’est restée.

– Votre jeunesse se déroule dans les années 1980 et 1990 où l’imprégnation chrétienne ou catholique n’est plus très forte…– C’est exact. Je n’ai pas connu un envi-ronnement catholique contraignant comme certains plus âgés que moi. À ma sortie de rhétorique, j’étais attiré par une vie de dominicain mais sans envie d’y entrer de suite. Après un an de droit à Namur, j’ai préféré me diriger vers les études de philosophie, ce qui a été pour moi comme une seconde conversion. La philosophie a été salutaire à tous points de vue. Avant cela, je m’étais formé à la reli-gion de façon très classique, peut-être un peu psycho-rigide. Sans excès. Mais j’étais dans un catholicisme assez romain, un lieu qui offre de l’identité au sens positif mais aussi de la protection, de la sécurité. On peut comprendre que la religion a pu offrir à des gens comme moi en recherche de sens un cadre rassurant et tout fait de « prêt à croire et à penser ».

– La philosophie a changé votre manière d’envisager les questions de foi et de reli-gion ?– Oui. Aujourd’hui, je pense que la foi ne repose pas d’abord sur des certi-tudes affirmées d’emblée mais est une recherche, un chemin traversé par le doute et des questions. La démarche universitaire, philosophique, comme apprentissage de l’esprit critique, du retour aux sources, de l’argumentation nécessaire, m’a passionné. J’ai compris que l’on peut poser la question de Dieu humainement, intelligemment, sans dogmatisme, sans certitude et qu’on peut ensuite revisiter autrement les dogmes, les affirmations de foi.

– Un philosophe en particulier vous a inté-ressé ?– Kierkegaard. Pour lui, la foi n’est pas un état acquis. Elle est toujours en mou-vement. Il reprend l’adage de Tertullien : «  On ne naît pas chrétien, on le devient.  »

Devenir chrétien et humain alors qu’on naît inaccompli est quelque chose qui me travaille beaucoup. Celui qui s’arrête et regarde en arrière est comme la femme de Loth. Il va se transformer en colonne de sel.

– Après ces études, vous rentrez chez les dominicains en suivant le noviciat en France et en Belgique…– La vie dominicaine comme horizon ne m’avait pas abandonné. À 24 ans, j’ai fait mon noviciat à Strasbourg, à Lille puis à la communauté de Froidmont à Rixensart. Ma séduction inaugurale pour l’ordre de prêcheurs s’est confirmée, un ordre où la liberté et la vérité, la dimension d’étude sont très présentes.

– Dans cette formation, y avait-il aussi des contacts avec le monde extérieur ?– Pendant un an, dans le cadre de l’au-mônerie catholique, j’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes en souffrance physique et relationnelle à l’hôpital de Strasbourg. J’ai découvert qu’on ne pou-vait pas « plaquer » Dieu sur la souffrance des malades. Souvent, c’étaient eux qui me présentaient Dieu, même sans le dire. J’ai appris là-bas qu’on ne doit pas trop vite parler de Dieu avec quelqu’un qui souffre.

– Après avoir été dominicain pendant huit ans à Rixensart, vous avez rejoint Liège il y a quatre ans, avec comme mission essentielle la prédication. La parole est-elle impor-tante pour vous ?– C’est elle qui nous fait naître, qui nous fait vivre, qui nous guérit quand les mots deviennent des maux. J’aime cette bienfaisance des mots et de la parole. Je trouve qu’on doit remettre du soin à la parole alors qu’aujourd’hui, l’expres-sion est souvent violente, déchaînée, notamment sur les réseaux sociaux. Les années à Rixensart ont été un appren-tissage extraordinaire pour moi, jeune prêtre et jeune dominicain des années d’écolage. Là, on n’était pas dans la grisaille. On a eu la chance d’avoir une église remplie le dimanche avec des personnes de toutes générations, enga-

gées, intelligentes. Depuis que je suis dominicain, c’est presque émouvant de me dire que je n’ai jamais dû dire quelque chose que je ne voulais pas assumer. J’ai reçu de l’ordre une liberté de ton et personnelle pour déployer ce que je suis, sans structure lourde à por-ter. La chose la plus éprouvante dans le double sens de formateur et d’épreuve, c’est la vie communautaire. On y rentre avec beaucoup d’idéalisation et de naï-veté. Mais le réel fait vite comprendre que ce n’est pas un lieu parfait et que les médiocrités chez les autres sont aussi les miennes. Je pense aussi que la vie communautaire n’empêche pas la solitude. J’ai cependant eu l’occasion à Rixensart, comme à Liège aujourd’hui,

de vivre une vie commu-nautaire heureuse.

– Pourquoi prêcher ? Quelle est votre intention ?– Prêcher, c’est dire quelque chose après la parole d’Évangile. Je me mets à l’écoute d’une

« Parole » qui n’est pas mienne et cela est libérateur. J’essaye de donner à l’audi-teur l’intuition qu’il y a quelque chose de cette Vie, du vif de cette Parole, qui est pour lui, que le choix n’est pas entre le mal et le bien mais entre la Vie et la mort. J’ai découvert la Bible et je me suis mis à l’écoute d’un Dieu du texte. C’est à lui que j’ai envie de croire.

– Vous insistez beaucoup sur les paraboles au point d’avoir écrit un livre, Mettre sa vie en paraboles…– En accompagnant des jeunes qui se préparaient au mariage et en leur deman-dant de lire un évangile au complet pour choisir leurs textes de célébration, j’ai constaté qu’ils prenaient souvent des paraboles. Ce sont pour moi des perles d’histoires imagées qui envoient dans une autre logique de vie. Cela me fas-cine de voir dans ces récits des scénarios de vie qui ouvrent à plus de fécondité et d’autres qui renferment. Chaque lecteur peut se retrouver en semeur, père aimant ou fils prodigue et voir les chemins de vie possibles.

– Selon vous, la Bible est-elle à lire pour un meilleur art de vivre comme le propose aussi le « développement personnel » ?– La grande différence entre un livre de développement personnel et l’Évangile, c’est qu’il y a dans ce dernier une subver-

« La théologie a au moins une guerre de retard. Les mots sont usés. Et ce n’est pas qu’une question d’emballage. »

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Rencontresion présente sous la forme d’une méta-phore qui s’appelle le royaume de Dieu. C’est une des métaphores les plus par-lantes pour moi. J’y entends un projet de Dieu, tout à la fois social et personnel, de bouleversement des rapports et de l’ordre des choses. Le développement personnel peut conduire à être plus performant, mieux dans sa peau. L’Évangile invite au don, à la gratuité. L’humanisme peut être une manière de bien vivre sa vie humaine mais conduit-il comme l’Évangile au retournement personnel ? Ma conviction, c’est que l’Homme n’est pas encore plei-nement humanisé et que cette humani-sation, c’est le projet personnel et social de Dieu. Cela passe par un parcours, c’est-à-dire déceler en nous les forces de destruction, de violence, de néant. Beau-coup de discours humanistes ne vont pas voir jusque là. On peut essayer d’avoir des relations moins conflictuelles mais sans toujours comprendre que la racine du conflit n’est pas ailleurs que dans mon cœur. Grande différence aussi : avec Jésus, on apprend à se recevoir d’un Autre. C’est cette transcendance qui est le « plus » au cœur de l’Évangile. Ici, c’est l’Autre qui me parle, me surprend, m’émerveille, que je prie, à qui je fais confiance. L’Évangile est littéralement une parole d’encourage-ment à vivre. Jésus parlait humainement de Dieu et nous parlons trop religieuse-ment de Dieu.

– Alors, Dieu, pour vous, qui est-il ?– Il crée de l’ordre à partir du tohu-bohu, de notre addiction au pouvoir, à l’avoir et au paraître. Je le vois de plus en plus dans la Bible avec un projet social où il est question de bien vivre en relation entre nous et pas de manière individuelle avec un Dieu extérieur. Dieu est pour moi un appel à un engagement, une énergie, une dynamique de transformation, de renouvellement de ce monde-ci. Le chris-tianisme ne parle pas tant ou presque pas d’un autre monde mais de ce monde-ci autrement. Et c’est ce dernier qui m’in-téresse. La ligne de démarcation entre croyants et non-croyants n’est pas de savoir s’il y a une Vie après la mort mais de savoir si je crois à la Vie avant de mou-rir. Si je devais donner un attribut à Dieu, je dirais le Vivant.

– Et Jésus, qui est-il essentiellement pour vous ?– Lui-même à son propos parle du Fils de l’Homme et j’aime ce titre. Il s’accorde aussi le titre de prophète. Mais il ne se

prend jamais pour Dieu. Les apothéoses christologiques de Jésus me posent pro-blème quand on révère le Christ vrai Dieu et vrai Homme mais qu’on n’entend pas son message. On peut se servir de la théologie pour rendre Dieu inoffensif.

– Que dites-vous aux chrétiens qui ont appris au catéchisme une tout autre image de Dieu et de Jésus ?– J’ai compris la différence entre croire qui consiste à faire confiance et les croyances, des représentations mentales qui ont tendance à devenir des idoles. Celles-ci, sans être démolies, peuvent être déconstruites. Quand je prêche, j’espère que certains auditeurs soient fragilisés dans ces représentations mentales. Il y a un dépouillement à faire, quelque chose à risquer. Il faut découvrir cette parole d’encouragement à vivre, cet appel à quelque chose de plus vif et qui vaut la peine qu’on lui fasse crédit. Je pense que la foi ou la confiance est plus importante que la croyance.

parole, d’échange, de conférence, de célébration, d’amitié. Les gens reviennent ici, disent-ils, pour la qualité des prédications et parce qu’ils nous voient vivre en communauté. Cette dimension communautaire se partage avec l’assemblée. Des liens se créent entre nous et les personnes qui viennent aux offices. Il y a quelque chose de dyna-mique et de porteur. Personnellement, je peux y vivre pleinement le fait d’être frère prêcheur.

– Voici un nouveau pape. Quelles sont vos premières impressions à son sujet ?– Ce qu’il donne, c’est un ton, un style et il était temps qu’on retrouve cette forme de vie évangélique. C’est ce qui me paraît le plus porteur d’espérance. Le pape propose saint François comme modèle et prône un retour à la simplicité, une forme de pauvreté, un radicalisme évangélique. Il faut commencer par là. C’est absolument nécessaire. Mais il fau-dra qu’un pape s’attelle aussi à revisiter l’intelligence de la foi. Depuis trop long-temps, dans le monde occidental, il y a eu des ruptures sur lesquelles on vit tou-jours. Elles viennent du fait qu’on n’a pas revisité de l’intérieur les mots, les conte-nus, quand on affirme être croyant. Il ne suffit pas de «  dire  » les mêmes choses que jadis, mais de les prononcer avec beaucoup d’empathie et de charisme. La théologie a au moins une guerre de retard. Les mots sont usés. Et ce n’est pas qu’une question d’emballage. Tout le contenu doit être revisité, sondé dans ses profondeurs. On doit gratter pour voir ce qui a du souffle pour la globalité de la vie humaine, dans ses complexités et ses questions. Ce chantier me semble trop balbutiant, trop pauvre, trop peu encou-ragé. C’est pour moi le défi majeur de ce qu’on appelle « la crise du christianisme » ou de l’Église.

Propos recueillis par Gérald HAYOIS

Dominique COLLIN, Mettre sa vie en paraboles, Namur, Éditions Fidélité, 2010. Prix  : 15,95 € -10 % = 14,36 €.

« J’ai découvert la Bible et je me suis mis à l’écoute d’un Dieu du texte. »

– Dans une Église qui ne parle pas très sou-vent ainsi de Dieu, n’est-ce pas difficile pour vous ?– Ça l’est parfois mais globalement, je le vis plutôt bien. Je bénéficie de la confiance de mon ordre religieux qui est un lieu de liberté et je suis moins en contact avec la hiérarchie. L’Église, c’est aussi la commu-nauté de ceux qui se mettent à l’écoute de l’Évangile. Je suis dans la gratitude parce que sans cette Église, je n’aurais pas eu accès à l’Évangile. Au sein de l’institu-tion, je côtoie des gens avec qui il est bon de partager. C’est ce qu’on essaye de faire à Liège.

– Depuis quatre ans, le communauté de Liège compte sept dominicains. Avec quel projet ?– Nous avons répondu à une demande de l’évêque de s’occuper de la pasto-rale des étudiants et d’animer le cloître Saint Jean comme communauté ouverte de frères prêcheurs. Aujourd’hui, c’est devenu une réalité. Des rendez-vous heb-domadaires rassemblent des étudiants et d’autres personnes. C’est un lieu de

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Ça se vit

136 heures de lectures bibliques

Avril 2013. Céline Guillaume et Arnaud Toulemonde invitent quelques chrétiens pour leur faire part d’un projet de « lecture de la

Bible en continu ». Toute la Bible ? Oui, de la Genèse à l’Apocalypse, à l’exemple d’autres pays où cet événement a déjà eu lieu. Objectif : faire vivre les écritures, « dire » sa foi, réinvestir les églises. Tout simplement, sans prétention. Rien encore n’a été mené en Belgique mais des contacts informels montrent que l’idée séduit a priori les communautés orthodoxes, catholiques, réformées et baptistes. Il ne reste qu’à se décider. Très facilement, le petit groupe s’entend sur le lieu préféré de tous, l’église Saint-Quentin, et le texte qui les réunit, la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB).

SOLIDARITÉ ENTRE LILLE ET TOURNAI

Commence une grande aventure humaine autant que spirituelle : lancer les réunions de travail, intéresser un millier de lecteurs et les préparer à leur mission, prévoir les autorisations et les canaux de com-munication, la sécurité et la décoration de l’église, avertir les médias, etc. Dans cette organisation, Céline Guillaume a été judicieusement épaulée par Jean-Louis Delbecq, initiateur de la Bible en continu à Lille en 2007. Son expérience a fait gagner énormément de temps en orga-nisant huit ateliers pour accomplir les

diverses tâches pratiques. Mais comment enregistrer le millier de candidatures des veilleurs et lecteurs et préparer la lecture proprement dite comme marquer les séquences et barrer les titres dans les cinq Bibles ? Un travail phénoménal heureuse-ment facilité par un logiciel, apporté par Jean-Louis Delbecq, qui a permis d’établir le planning général de l’événement.

RECONQUÉRIR UN ESPACE

Le site web La Bible en continu créé par une association à Limoges va permettre aux can-didats lecteurs de s’inscrire en choisissant la partie du texte ou le moment de la semaine souhaité. «  Avant de lancer l’opération, on s’était fixé 600 lecteurs minimum, dit Céline, et dès la mise en ligne du site, on était déjà 850. La seule crainte restait pour la nuit, mais le troi-sième jour, déjà, l’horaire était bouclé ! »Un lecteur, en charge d’un des huit ate-liers, confie le rôle rassembleur de l’opé-ration et comment l’initiative le touche. « J’étais sur le parvis, je retrouve une place à l’intérieur ! La lecture n’est qu’un élément. On construit un projet, on le partage avec des personnes de différents milieux ou ori-gine. Tout le monde est accueilli, personne ne peut être écarté du Livre. Ce n’est pas un exercice de style, c’est un défi à plusieurs niveaux, l’opportunité de reconquérir un espace, une place perdue dans l’église. »

LIRE, C’EST ENSEMbLE…

Le 13 octobre, lors d’une remarquable

célébration, la première lecture est assu-rée par l’évêque de Tournai, Guy Harpi-gny, suivi des représentants des com-munautés chrétiennes catholiques, bap-tistes, orthodoxes et protestantes. Au final, 1237 passages seront lus, chacun pendant cinq à dix minutes. Le lecteur est toujours accompagné d’un témoin. Trois ou quatre veilleurs, par cycle de trois heures, assurent nuit et jour un accueil, une écoute des gens qui pénètrent dans l’église. Neuf détenus de la prison de Tour-nai ont été enregistrés comme lecteurs. Représentés par leur aumônier au pupitre de l’église, leur prénom est cité avant de diffuser leur contribution. Les médias, très réactifs, soutiennent l’événement qui est même devenu accessible en direct sur le site de la télévision régionale No Télé.

ÉGLISE RÉHAbI(LI)TÉE

Une dame, concentrée sur le Livre d’Or déposé dans l’église, s’apprête à écrire: «  Au fur et à mesure que se déroule la semaine, l’église Saint-Quentin est de plus en plus habitée.  » Le précédent visiteur avait écrit : « Je me suis apaisé en écoutant ce livre merveilleux qu’est la Bible. »Aujourd’hui, il se dit entre Céline, Jean-Louis et l’équipe, qu’il faut poursuivre cette démarche, autrement peut-être. Comme organiser une lecture des psaumes, des quatre évangiles…  ? Sûr que l’aventure n’est pas finie.

Godelieve UGEUX

mARATHOn À TOURnAi

« Il est midi, je vois l’église ouverte, il faut entrer… » Ce vers de Claudel, ou quelques mots s’en approchant, a peut-être traversé l’esprit des badauds de la Grand-Place de Tournai durant la troisième semaine d’octobre. Ils ont eu raison de passer la porte de Saint-Quentin, de s’asseoir et d’écouter. La Bible y a été lue de la première à la dernière ligne, durant six jours et six nuits.

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Eh ben ma foi

Lorsque le pape François désire une Église pauvre pour les pauvres, il n’est pas mû par une vision naïve de la pauvreté. C’est, au contraire,

qu’il veut que l’Église se désolidarise d’un système économique qui engendre la pauvreté. Lors de sa visite à Cagliari en Sardaigne, le 22 septembre dernier, ému par le chômage local, il a émis une très claire condamnation de ce système. « Il ne s’agit pas, a-t-il dit, d’un problème propre à l’Italie ou à l’Europe. C’est la conséquence d’un choix mondial, d’un système écono-mique qui provoque cette tragédie, un sys-tème au centre duquel se trouve une idole appelée argent. Nous ne voulons pas de ce système économique mondialisé qui fait tant de mal. Hommes et femmes doivent être au centre, comme Dieu le veut, et non pas l’argent. »Comme est réconfortante cette vision théo-logique fondée sur une foi en l’homme, sans laquelle il n’y a pas de vraie foi en Dieu !

SUPRÉMATIE DE L’ARGENT

Le caractère pernicieux du système éco-nomique actuel n’est pas seulement qu’il engendre la pauvreté, mais bien qu’il a créé un monde où toutes les valeurs humaines sont subordonnées à la crois-sance économique et au Dieu de l’argent. Le Qatar est un pays minuscule dont per-sonne ne parlerait s’il n’était assis sur une énorme nappe de pétrole et s’il n’utilisait cette manne pour imposer l’hégémonie du système économique libéral dans une large partie de l’univers. L’importance du rôle politique et diplomatique de l’émir du Qatar dans toutes les crises qu’a connues le monde arabe au cours des

dernières années (une importance tout à fait disproportionnée à sa dimension) est une icône de cette suprématie de l’argent sur toutes les autres valeurs humaines.Cette pétromonarchie absolue, d’une dimension d’environ les deux-tiers de la Wallonie, a une population de moins de deux millions d’habitants, dont seu-lement une petite partie possède la citoyenneté. Peu importe que l’émir Tamim ben Hamad Al Thani ait des parts dans Total et puisse s’acheter une parcelle des Champs-Élysées de Paris et de la City de Londres. Ce qui est plus grave est le rôle qu’il a joué au cours des dernières années. Il a été à la remorque des États Unis et autres puissances occidentales dans la déstabilisation de tout le monde arabe, faisant tomber les gouvernements les uns après les autres pour établir par-tout une forme d’islamisme jugé par ses maîtres plus acceptable ou plus gérable. On en connaît le coût humain.

AUX ANTIPODES :RAFAEL CORREA

Bien que nettement plus grand que le Qatar, l’Équateur, avec sa population de 15,5 millions de citoyens, demeure l’un des petits pays d’Amérique Latine. Après une histoire mouvementée et la rédaction de vingt constitutions en deux siècles, l’Équateur a, depuis décembre 2006, un président qui en a fait l’icône d’une vision nouvelle de la société. Rafael Correa s’efforce depuis son accession au pouvoir d’incarner dans son gouverne-ment le primat des valeurs humaines. Catholique pratiquant, ayant étudié l’éco-nomie à Louvain, il se réclame publique-ment, dans certains discours, de la doc-

trine sociale de l’Église et de la théologie de la libération, tout en défendant la laï-cité de l’État.

L’HUMAIN, COMME SUJET ET FIN

L’article 283 de la Constitution qu’il a fait voter en 2008, dit  : «  Le système écono-mique est social et solidaire. Il reconnaît l’être humain comme sujet et fin...  » Dans cette optique, l’Équateur s’est retiré en juin dernier d’un accord commercial avec les États-Unis et a offert au géant nord-américain une aide annuelle de 23 mil-lions d’euros pour la formation dans le domaine des droits de l’homme...Il y a des gestes symboliques, incarnant une utopie, qui ont plus de chance de changer le monde et d’en faire un lieu plus habitable par l’homme que n’ont les débordements de luxe et les gestes de puissances piétinant les peuples sur leur passage.

Armand VEILLEUX, père abbé de l’abbaye de Scourmont

(Chimay)

Dans l’univers actuel de la mondialisation, deux petits pays sont les icônes de deux visions radicalement opposées de la société.

RELiGiOn DE L’ARGEnT OU DE L’HOmmE ?

Qatar et Équateur :deux icônes

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Eh ben ma foi

Que s’est-il passé précisément à ce moment-là  ? Nous ne le savons pas. Nous savons que les disciples ont vécu quelque

chose d’exceptionnel. Mais qu’est-ce qui était vraiment exceptionnel ? Le fait que l’Esprit de Dieu soit descendu sur toute l’assemblée, même sur les non-juifs, le fait que nous les entendions parler en langues et magnifier Dieu, répondraient les disciples !

UN RETOURNEMENT

Vraiment ? Et si les convertis n’étaient pas seulement ceux que l’on croit  ? La puis-sance de l’Esprit de Dieu ne se révèle-t-elle pas dans sa capacité à faire tomber nos préjugés, les barrières que nous éri-geons entre nous, et même nos images de Dieu ? La puissance de l’Esprit de Dieu ne se révèle-t-elle pas merveilleusement dans les paroles d’amour et de sagesse de Pierre  : «  Peut-on refuser l’eau du bap-tême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous  ?  » Non, on ne le peut pas. C’est là aussi que réside l’exception-nel. C’est là aussi que réside la conversion. L’Esprit de Dieu descend sur la maison d’un païen et un apôtre change de regard, dépose toutes ses résistances et dit « qu’ils reçoivent le baptême en Jésus-Christ ». Il faut mesurer l’importance de ce retournement.

« DIEU N’EST PAS PARTIAL »

Nous sommes à un moment décisif de l’histoire du christianisme. Le temps est

venu d’ouvrir largement la porte, d’aller au-delà des cercles de convertis venant du judaïsme. « Je comprends que Dieu n’est pas partial » dit Pierre après sa rencontre avec Cor-neille. Oui, l’évangile de Jésus-Christ a d’abord été annoncé aux juifs mais Dieu offre son salut à tous. Et la mission de celles et ceux qui ont déjà été touchés par cette bonne nouvelle est de la répandre, conscients que c’est l’esprit de Dieu qui les inspire.

UNE COMMUNION À MAINTENIR

L’Église est une communauté ouverte, elle n’a pas pour vocation d’enfermer ses fidèles mais bien de faire cohabiter celles et ceux touchés par la parole de Jésus-Christ quelle que soit leur origine. À Césa-rée naît une église plurielle composée de juifs et de païens. Depuis cet événement fondateur, nous savons non seulement que la nouvelle alliance en Jésus-Christ est ouverte à tous mais aussi, en consé-quence, que notre mission est celle de maintenir la communion entre tous les membres. Et ce n’est pas toujours facile… Notre vie d’église en témoigne ! Pourtant, Pierre parle bien de « la bonne nouvelle de la paix en Jésus-Christ »,

bIENVENUE !

La conversion ne concerne pas que les agnostiques d’aujourd’hui ou les païens et les centurions romains d’hier, elle concerne aussi les chrétiens  ! Le temps

de l’Avent est, par excellence, temps de l’hospitalité puisque nous nous prépa-rons activement à recevoir à nouveau Celui qui, inlassablement, frappe à notre porte. Et quelle meilleure figure que celle de Pierre, dont le chemin a été si plein de contrastes, pour évoquer la grâce de Dieu offerte, cette main tendue à toutes celles et tous ceux qui écoutent ? La conversion n’est pas l’affaire d’un jour, elle est l’affaire de tous les jours ! Il nous faut chaque jour nous convertir à nouveau, nous inter-roger sur nos fidélités et nos préjugés, chaque jour apprendre un peu à prier en puisant à la Source qui ne se tarirait que de n’être pas bue.

Le jour où l’Esprit Saint est tombé indistinctement sur tous ceux qui écoutaient la Parole, selon le récit du livre des Actes (10, 35-48), les disciples qui écoutaient sagement Pierre faire son discours ont été stupéfaits.

PORTES OUVERTES

Quand l’exceptionnel n’est pas où l’on croit…

Laurence FLACHON,Pasteure de l’Église protestante

de bruxelles-Musée (Chapelle royale)

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Parole

PAPAOUTAI. Stromae à Montréal.

« Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph »(matthieu 1, 18)

Il y a peu, je me trouvais à Montréal dans le quartier de la Place des Arts lorsque, vers midi, je vois des gens surgir de partout, des jeunes surtout,

et le défilé n’arrête pas. Il en arrive par dizaines à flux continu, si bien qu’après un quart d’heure, un millier de personnes au moins s’agglutinaient avec décon-traction autour d’un minuscule podium. Je demande à une jeune fille qui on attend d’aussi joyeuse humeur  ? «  Stro-mae, me dit-elle, Stromae  !  » Et de fait, quelques minutes plus tard, le chanteur belge apparaît sous une nuée de flashs et se lance dans la chanson fétiche qui fait aujourd’hui le tour du monde, Formi-dable. Étonnant Stromae, très habité par l’avenir de la planète comme par celui… de la famille, et qui n’hésite pas à confier dans une autre chanson : « Tout le monde sait comment on fait des bébés/Mais per-sonne ne sait comment on fait des papas. » D’où ce refrain qu’une foule reprend à l’unisson : « Où t’es ? Papa où t’es ? »

«  Ô DOUX MIRACLE DE NOS MAINS VIDES »

En écoutant Stromae et en voyant sur-tout comment tant de lycéens se recon-naissent en lui, je ne peux m’empêcher de penser à Jésus qui, dès le plus jeune âge, exprime une relation si forte à son Père. Jusqu’à l’angoisse de la Croix quand il se

sent abandonné : « Où t’es ? Papa où t’es ? »Et Joseph dans cette aventure parentale si bousculante pour lui ?Lorsque j’étais au séminaire, on nous par-lait parfois, à son propos (et au nôtre  !) de «  paternité spirituelle  ». Pendant longtemps, je l’avoue, l’expression m’a dérangé. Comme si on voulait jeter un voile d’idéalisme sur un manque bien réel. Heureusement, Bernanos passait par là avec son Journal d’un curé de campagne que je revisite aujourd’hui sous la hou-lette de Sylvie Germain.Dans sa remarquable Célébration de la paternité, la romancière évoque précisé-ment un passage qui m’a toujours mar-qué : la relation, difficile, tendue, entre le jeune curé et la comtesse, que tout sépare à première vue. Deux personnages bles-sés et solitaires. Têtus aussi. D’où un ter-rible coude à coude spirituel, avec, au bout de l’affrontement, la mort de la comtesse dans la nuit qui va suivre. Cette femme révoltée parce qu’elle a perdu un enfant, s’en va épuisée mais réconciliée. « Soyez en paix », lui avait dit le prêtre avant de la quitter. « Et elle avait reçu cette paix à genoux. (…) C’est moi qui la lui ai donnée. Ô merveille, qu’on puisse ainsi faire présent de ce qu’on ne possède pas soi-même, ô doux miracle de nos mains vides ! »Quelques lignes plus loin, l’abbé écarte le voile de mousseline, effleure des doigts le front de la comtesse et confie sou-

dain cette révélation qui le surprend lui-même : « Et pauvre petit prêtre que je suis, devant cette femme si supérieure à moi hier encore, par l’âge, la naissance, la fortune, l’esprit, j’ai compris – oui j’ai compris – ce que c’était que la paternité. »

SECONDE MAIN

Joseph aussi, après la visite de l’Ange, a compris ce que c’était que la paternité. Une paternité « oblique » selon l’heureuse expression de Sylvie Germain, « de seconde main », qu’on endosse après usage, comme les vêtements de la même famille. « Un sacré papa » ce Joseph, pourrait dire Stromae  ! J’ai cru comprendre, en écou-tant sa chanson, que l’aventure parentale était un vaste pays. Ce n’est pas qu’une affaire de sang. On peut mettre au monde quelqu’un qui va mourir. Quel accouche-ment, celui-là  ! Ou qui va parcourir la Palestine en charpentier de la parole. Qui sait d’ailleurs si dans l’atelier paternel, Jésus ne demandait pas parfois : « Où t’es ? Papa où t’es ? »En accueillant chez lui son «  accordée  » déjà enceinte, mesure-t-il, Joseph, qu’il s’en gage dans une paternité sans cesse recommencée ?

Gabriel RINGLET

Sylvie GERMAIN, Célébration de la paternité, Paris, Albin Michel, 2001. Épuisé.

Paternité oblique

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À voir

À CHARLEROI, Soirée débat­spectacle  : «  Le marathon pour l’emploi » le samedi 30/11 à 20h au

Cercle Saint Michel, rue Jean Jau-rès, 3 à 6044 Roux organisé par le CEFOC et l’ASBL La Rochelle.( 081.23.15.22 - [email protected]

À CHIMAY, journée de rencontre  : autour des moines-poètes et du livre de Gabriel Ringlet Effacement de Dieu. La voie des moines-poètes. Un beau moment d’échanges et de ressourcement accompagné par des témoins, une récitante et des musiciennes. Le 7/12 de 10 à 17h à l’Abbaye de Chimay. ( 010.88.83.58 et 010.88.83.57 : www.leprieure.be

À ERMETON­SUR­BIERT, Fête de Noël  : «  Il a habité parmi nous  » avec l’abbé Germain Bienaimé, du 23/12 à 16h au 25/12 à 14h au Monastère Notre-Dame des Bénédictines, rue du Monastère, 1.( 071.72.00.48 - [email protected]

À LIÈGE, Grandes con­ férences : « Comment

s’adapter dans un monde sans certitude  : une question d’évolu-tion  » avec Pascal Picq, paléoan-thropologue, le 12/12 à 20h15 à la salle de l’Europe du Palais des Congrès (Esplanade de l’Europe).(  04.221.93.74 -  [email protected] :  www.grandesconferences-liegeoises.be

À LIÈGE, Conférence  : «  Que dit-on quand on dit Dieu  » avec Olivier Riaudel, Professeur à l’UCL, le 5/12 à 20h15 à l’église du Sart-Tilman, Rue du Sart-Tilman, 341.(  04.367.49.67 -  [email protected] : www.ndpc.be

À LIÈGE, Journée bien­être : « Découvrir et tes-ter divers outils et tech-

niques dirigées vers le bien-être global » avec des conférences, des initiations techniques, des stands d’information le 23/11 de 9h à 17h à la Mutualité chrétienne, place du XX Août, 38.( 04.230.16.14 -  [email protected] : www.mc.be

À MAREDSOUS, Mar­ché artisanal et de Noël  : du 30/11 au 29/12 à l’Abbaye de Maredsous.( 0475.57.88.77 - [email protected]

CALEnDRiERSEUL En SCènE

(In)quiétudesd’Olivier

À travers le portrait de son père, le comédien Jean-Claude Piraux met, seul en scène, les malaises d’une famille où chacun peut se retrouver. Un spectacle brillant, entre humour et émotion.

Séraphin et Olgave ont deux enfants. L’un rêve de deve- nir artiste. L’autre,

qui « a eu moins de chance », a hérité d’un chromosome sauvage qui le rend «  dif-férent ». Séraphin n’appré-cie pas les rêves de vie bohème de son aîné et est incapable de maîtriser les coups de folie douce du cadet. Quant à sa femme, mère au foyer, qu’a-t-elle donc d’autre à faire qu’à s’occuper de son pota-ger bio ? La petite vie des Piraux va cahin-caha jusqu’au jour où Séraphin rentre à la maison catastrophé  : il est licencié. À cinquante balais, comment alors gérer une vie qui se vide… si-non en essayant de subsister « en toute inquié-tude » ? Voici donc ce qui est raconté par ce fils qui rê-vait d’être artiste et qui finit par réaliser ce rêve dont son père ne voulait pas. Jean-Luc Piraux a conçu son spectacle en hommage à ce fameux « paternel » qui n’était jamais parvenu à trans-former ses rêves en réalité. Pour représenter ces tranches de vie vécues, le comédien a choisi le «  one man show  », qu’on appelle désormais « seul en scène ». Une expression juste en l’oc-currence, car ce n’est pas Piraux qui se met en valeur, mais les modestes personnages aux-quels il redonne vie avec humour et émotion.Séraphin et Olgave sont à l’image de ses pa-rents jusque dans leurs mimiques. Aussi fidèles que le portrait du frère, Robert, dont les com-portements décalés permettent à l’artiste d’entraîner le spectateur dans des scènes où, pour une fois, il n’est pas choquant de rire d’un handicapé.

Au Centre culturel de Dinant, à la mi-octobre, comme lors de chaque représentation, le public a été mis à l’épreuve par le comédien, qui cherche à jouer , « en toute inquié-tude  », avec les specta-teurs. La technique peut irriter. Mais tant qu’on n’est pas au cœur de la moquerie, qui refusera de rire des mésaventures qui surviennent à ses pairs  ? D’autant que, de la sorte, Piraux parvient à banaliser

ce qu’il a dû souvent vivre comme un drame…On peut ressortir de ce spectacle fort avec des sentiments mitigés. Fallait-il en rire, ou se contenter de pleurer  ? À moins que la bonne réponse ne se trouve dans le mélange des deux sentiments. Comme dans la vraie vie…

Frédéric ANTOINE

En toute inquiétude, en tournée d’octobre 2013 à avril 2014. En décembre  : le 5 à La Chapelle de Verre de Ronquières ((067.64.88.93). Le 12 au Centre Culturel d’Andenne ((085.84.36.40). Les 13 et 14 au Moulin Saint-Denis de Obourg ((0475.42.98.67). Du 18 au 20 au Centre Culturel Wolubilis de Woluwé-St-Lambert ((02.761.60.30).En janvier  : Le 17 au Centre Culturel de Bastogne ((061.21.65.30). Le 23 au Foyer Culturel de Manage ((064.54.03.46). Le 24 au Centre Culturel d’Herlaimont ((064.41 13 35). Le 25 à l’église du Prieuré de Malèves-Ste-Marie ((010.88.83.58). Le 31 au Centre Culturel de Floren-ville ((061.31.30.11).En février : Le 3 à l’Hôtel de Ville de Herve ((087.78.62.09). Le 5 au Centre Culturel de Stavelot ((087.78.62.09). Le 7 au Centre Culture et Loisirs de Bouillon ((061.22.48.71). Le 15 au Centre Culturel de Hotton ((084.41.31.43). Le 20 au Centre Culturel Régional de La Louvière ((064.21.51.21). Le 21 au Centre Culturel de Beauraing ((082.71.30.22). Le 22 au Centre Culturel de Braives-Burdinne ((019.54.92.50). Le 28 au Centre culturel d’Aubange ((063.38.95.73).En avril, le 15 au Foyer culturel de Montigny-le-Tilleul ((071.51.11.63).

À lire, à voir, à écouter, à visiter…32

L’app

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Récitals et concerts sur le thème de Noël se bousculent au fil des semaines de l’Avent. L’appel en a épinglé quelque-uns :• Stabat Mater de Josquin Desprez par l’Ensemble 21, Louvain-la-Neuve, ferme du Biéreau, 5/12 20h30

(: www.fermedubiereau.be), Chapelle de Boondael, 1050 Ixelles, 20/12 20h (: www.ixelles.be)• Gospel for Life, huitième édition. Au profit de Louvain Coopération  : Louvain-la-Neuve, 5/12 20h,

Aula Magna. Au profit d’Action Damien : Liège, 6/12 20h, Cathédrale St-Paul, Tournai, 12 et 13/12, église St-Jacques, Maredsous, 14/12 20h, abbaye. Au profit d’Îles de Paix : Huy, 7/12 20h, collégiale, Arlon, 8/12 19h, église St-Martin (: www.070.be/gospelforlife)

• Concert de Noël des Pastoureaux (petits Chanteurs de Waterloo et de Louvain-la-Neuve), église du Collège Saint-Michel, bd St-Michel à 1040 Etterbeek, 7/12 20h (: www.kiwanis-bruxelles-centre.be)

• Un concert pour Noël, avec l’Ensemble Orchestral de Bruxelles, Natasha Binder (piano) Iris Luypaers (soprano) et Michael Adair (baryton), Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein 23 à 1000 Bruxelles 14/12 20h (: www.bozar.be)

• Concert symphonique de Noël dans le cadre du marché de Noël, avec l’orchestre Pro Juventute, Ab-baye de Bonne-Espérance, 7120 Vellereille-Les-Brayeux, 22/12 16h (: www.bonne-esperance.be)

• Concert de Noël avec l’orchestre de François Monseur et le dessinateur François Walthéry à l’harmo-nica, église de Lamine, 21/12 20h (: www.centreculturelremicourt.be)

• Un Noël avec Mozart, par l’orchestre symphonique Nuove Musiche, Centre culturel de Rochefort, 21/12 20h (: www.ccr-rochefort.be)

• Bluegrass Xmas, harmonies vocales à trois ou quatre voix avec le groupe Rawhide, Sart-Dames-Ave-lines, salle polyvalente, 21/12 18h (: www.villers-la-ville.net)

CHAnGER DE ViEBeaucoup ont dit un jour  : «  Je plaque tout, je vais faire autre chose.  » Belle perspective mais est-ce possible  ? Car le par-cours de ces personnes qui décident volontairement ou par contrainte de changer de vie est

souvent semé d’embûches. Ce dossier examine la problématique : Comment les enfants vont-ils ressentir ces changements ? Pourquoi cette envie d’autre chose arrive maintenant, signe de bouleversements sociaux futurs  ? S’agit-il de mutations profondes ou simplement cosmé-tiques au niveau de son vécu  ? Ces questions multiples interpellent et sont peut-être à la base d’un nouveau monde où tout est possible. (B.H.)Vivre ses alternatives, Dossiers n°  105, Malonne, Édi-tions Feuilles Familiales, 2013. Prix : 10 € -10 % = 9 €.

LA bibLE SELOn GELUCKAprès une trentaine d’albums du Chat, d’encyclopédies diverses et autres albums philosophico-sati-riques de tous poils (de chat), Geluck (et Dieu, excusez du peu !) livrent La Bible selon le chat. Autant le dire de suite, le style s’enfonce dans le comique troupier. Geluck serait-il aussi fatigué que Dieu au septième jour de la Création ? Malgré le dialogue entre Dieu et sa sœur la mort, ou le mouton-confident de Dieu, le livre ne décolle pas. L’album de trop ? Ou l’album risqué ? Ce n’est même pas parce qu’il choquerait ou s’attaquerait à telle religion ou démarche de foi. Geluck est sans doute trop prudent. Non, c’est plus simple. L’humour est lourd, l’essai raté. On y reconnaît quelques récits phares comme l’arche de Noé, la Genèse, Adam et Ève, mais le tout manque de cohérence. Geluck mégalo, malgré la dérision, s’imagine en dialogue avec Dieu, lequel lui confierait une mission d’évangéliste, prêchant au travers de gags… que Dieu doit sûrement avoir un humour plus fin… (St.G.)Philippe GELUCK, La Bible selon le chat, Tournai, Éditions Casterman, 2013. Prix : 14,95 € -10 % = 13,46 €.

nOËL, C’EST CAPiTALSituée à deux pas de Maubeuge et de la frontière belge, cette localité-là revendique depuis quinze ans le titre de « capitale de Noël » et met les petits plats dans les grands pour être digne de sa réputation. Cette année encore, Hautmont invite à goûter Noël sous toutes ses formes pendant cinq jours grâce à des ani-mations mises sur pied par la puis-

sante société belge «  Tour des sites  ». 150 000 personnes sont attendues non seulement pour vi-siter un marché de Noël de 85 chalets, mais surtout pour participer à ce qui l’entoure : feux d’ar-

tifices chaque soir, concert gospel en son & lumière, spectacle de vi-déo-mapping dans l’église, contes pour enfants, palais de la friandise, parade lumineuse… (F.A.)Hautmont capitale de Noël, Place De Gaulle, du 12 au 16/12 ( 02.736.01.04 et 0033.3.27.62.59.72

nATURE nOUVELLE : ViTE !

Fin XIXe siècle, un vaste mouvement de renouveau surgit aux quatre coins de l’Europe. Mariant

science et art, il puise son inspiration dans la Nature, qui donne naissance à une esthétique

nouvelle, à des formes «  révolutionnaires  ». En recourant à une scénographie audacieuse

qui fait appel à tous les sens du visiteur, l’exposition «  Natures de l’Art nouveau  » invite à

découvrir, en trois parties, les différentes interprétations qui en ont alors été faites en Europe.

De quoi rendre plus sensibles les parfums, les couleurs et les sons qui habitent la Nature. Et

participer encore pour quelques jours au travail du réseau européen Art Nouveau qui réunit

vingt-trois villes souhaitant protéger ce patrimoine commun. (F.A.)

Natures de l’Art nouveau, jusqu’au 1/12 au BIP - Bruxelles Info Place, rue Royale, 2-4, 1000 Bruxelles.

EnFin LA Fin…

DE SièCLE

Beau cadeau de St-Nicolas. Attendu depuis des

années, le musée Fin-de-siècle de Bruxelles ouvrira

finalement ses portes ce 6 décembre. Il évoque le bouil-

lonnement artistique qui a touché la Belgique entre 1865

(fondation de la Société libre des Beaux-Arts) et 1914. Le musée

évoque bien évidemment les arts classiques que sont la peinture

et la sculpture (Constantin Meunier, James Ensor, Henri Evene-

poel, Fernand Khnopff, Léon Spilliaert, Georges Minne) mais

rend aussi hommage aux autres arts qui marquent l’efferves-

cence de cette période : littérature, opéra, musique, archi-

tecture, photographie ou poésie et l’Art Nouveau. (F.A.)

Musée Fin-de-Siècle Museum, rue de la Régence 3,

1000 Bruxelles Ma-di  : 10-17h. (  02.508.32.11

[email protected]. COmÉDiE-OPÉRAL’Atelier Théâtre Jean Vilar pro-pose pour les fêtes de fin d’an-née, L’Amant jaloux, un spectacle éblouissant, créé à Versailles en 1778, et qui devrait aujourd’hui rassem-bler un public très large. Les amateurs de vaudeville y trou-veront leur lot de qui-proquos et de retour-

nements de situation. L’intrigue, signée Thomas d’Hèle, y est enlevée et les dialogues sont pétillants et drôles. Par ailleurs, la partition du Liégeois André-Modeste Grétry devrait ravir les mélomanes, puisque les joutes musicales succèdent aux batailles verbales. Il y aura du monde sur scène  : six chanteurs-comédiens et dix musiciens, tous habillés de costumes somptueux et évoluant dans des décors magnifiques. Armand Delcampe, à la mise en scène, assure une nouvelle fois un théâtre populaire de qualité. (J.Ba.)L’Amant jaloux, d’André-Modeste Gré-try, du 2 au 20/12 et le 31/12 au théâtre Jean Vilar, rue du Sablon à Louvain-la-Neuve. ( 0800.25.325 : www.atjv.be

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LE PARDOn QUi LibèREAlexandre n’a que douze ans et pourtant,

il est persuadé d’être un assassin. En effet, en surgissant d’un buisson où il s’était caché, il a

fait peur au vieux monsieur Versel, et celui-ci s’est écroulé, terrassé par une crise cardiaque. Mais au lieu

de le punir, comme il se doit, tout le monde se met à le plaindre et personne n’écoute sa peine. De mensonges en lâchetés, il s’enferme en lui-même et se coupe de la joie. Seuls le curé et la veuve de monsieur Versel semblent s’être aperçus que quelque chose ne tournait pas rond chez Alexandre. Avec une gentillesse qui lui semble suspecte, chacun des deux l’invite avec ces mots :

« Viens me voir, si tu veux. » Ce roman pour adolescents parlera aussi aux adultes, parce qu’il traite, sans bondieuserie et avec les mots d’un

jeune, de thèmes essentiels comme la culpabilité, le pardon, la prière, et le sacrement de réconciliation. (J.Ba.)

Éléonore DESCLÉE, Viens me voir si tu veux, Namur, Fidélité, 2013. Prix  : 11,95  € -10  %  =

10,76 €.

À lire, à voir, à écouter, à visiter… 33

L’appel 362 - Décem

bre 2013

WarHOL à MONSConsidéré par beaucoup comme

le défenseur du consumérisme et des fausses valeurs, Andy Warhol n’a en réalité jamais manqué d’exprimer dans ses œuvres un profond sen-timent religieux, même s’il était savamment crypté. Il a traité les célébrités de son temps comme des

icônes modernes et sacrées. Dans ses portraits, il offre à ses commanditaires une immortalité à bon

marché. Il réalise ses autoportraits comme des miroirs de son âme, qui donnent à voir des qualités et des apti-

tudes souvent cachées. L’exposition consacre aussi une place importante à des œuvres plus mystiques qui témoignent de sa

foi. Elle permet ainsi un regard nouveau sur cet artiste souvent décrié. « Warhol a été un faiseur d’idées de grande ingéniosité qui, non content de don-

ner vie à un art riche en innovations esthétiques, formelles ou conceptuelles, a créé avec sa pensée et avec ses inventions un nouveau moyen d’approcher la vie. » (J.Ba.)Andy Warhol. life, Death and Beauty, exposition jusqu’au 19/1/2014, au BAM (Beaux-Arts Mons) rue Neuve, 8 à Mons. ( 065.33.55.80 : www.bam.mons.be

À NAMUR, Conférence  : «  Une nouvelle Bible, et alors ? », à l’invi-tation du CDD, librairie religieuse. Jean-Marie Auwers, professeur à la Faculté de Théologie de Louvain-la-Neuve, présentera la nouvelle Bible liturgique. Comment cette nouvelle traduction est-elle un plus pour l’annonce de la Parole de Dieu ? Dans quel contexte  ? En quoi est-ce un événement ? L’orateur a contri-bué à la traduction. Le 5/12 à 19 h, au séminaire de Namur.( 081.24.08.20

À NAMUR, Marché de Noël  : «  Un peu moins de biens, un peu plus de lien », la librairie du Centre diocésain de documenta-

tion (CDD) est présente au Mar-ché de Noël de Namur, en asso-ciation avec le service jeunes. Elle expose et vend de beaux objets d’art religieux, des crèches, CD et DVD… Du 15/12 au 31/12, de 11h à 20h. Place de l’Ange à Namur.

À THOREMBAIS-LES BÉ- GUINES, Noël au Prieu­

ré : « Noël des Béatitudes » avec Pie-tro Pizzuti et les Muses, Les Clowns et Magiciens sans frontières, le 24/12 à 16h et à 18h exceptionnel-lement à la paroisse de Thorembais-Les-Béguines qui accueille le Prieuré Ste Marie de Malèves-Ste-Marie ( 010.88.83.58 : www.leprieure.be

À TILFF (Brialmont), Retraite de Noël : « Jésus, lumière du monde et de la foi » avec Mgr Jousten du 23/12 (14h) au 25/12 (14h) au Mo-nastère de Brialmont.(  04.388.17.98 -  [email protected]

À WÉPION, Journée de ré­flexion  : «  Nouveaux liens fami-liaux  » avec José Gérard, rédac-teur en chef des Nouvelles Feuilles Familiales, le 14/01/2014 de 9h30 à 17h au Centre spirituel « La Pai-relle » 25, rue Marcel Lecomte. ( 0474.45.24.46 - centre.spirituel@lapairelle

À WÉPION, Week­end du   : «  Décoder les populismes et appri-voiser la complexité  » avec Jérôme Jamin, philosophe et politologue à l’Ulg, les 14 et 15/12 au Centre La Mar- lagne, chemin des Maronniers, 26.(  081.23.15.22 -  [email protected] : www.cefoc.be

CaLENDrIEr

ENtrE LarMES Et gratItuDE

Revisiter la déconcertante poésie des Psaumes, suivre la voix des chantres éperdus,

marcher dans leurs pas, vers la lumière qui dispense les moissons humaines.

Larmes de merveilles, gratitude fondamentale à travers la splendeur de l’univers.

Telle est la prière de Stan Rougier, prêtre, chroniqueur, prédicateur, auteur infatigable…

À lire, méditer, ressentir.

Stan ROUGIER, Entre larmes et gratitude, Variations sur les Psaumes, Paris, Desclée De Brouwer, 2013.

Prix : 11 € -10 % = 9,90 €. prOMENaDE au paYS DE La FOICet ouvrage est un dictionnaire amoureux de la foi. Il invite à voya-ger dans les définitions, les citations bibliques, les commentaires et autres réflexions littéraires. Il permet de (re)découvrir et de préciser des concepts et des notions oubliés ou un peu effa-cés dans la mémoire de nombreux chrétiens. Pour en profiter pleine-ment, il est intéressant de l’ouvrir au hasard et de se laisser porter, en pico-rant d’une référence à l’autre. Un outil intelligent au service des chrétiens ou non-chrétiens. (B.H.)

Charles DELHEZ, Le grand ABC de la foi, Namur, Éditions Fidélités, 2013. Prix : 19,90  € -10  %  = 17,91 €.

CrÈCHES EN FOLIEDeux cents crèches originales, pour la plupart artisa-nales, sont rassemblées pour la quatorzième année consécutive dans la plus ancienne chapelle de Wallo-nie dédiée à Notre Dame de Lourdes, située à Aulnois (Quévy). Au départ, l’idée était d’exposer des crèches qui traînent parfois dans les greniers depuis des années. Par la suite, les organisateurs ont reçu des demandes émanant des pays sud-américains (Pérou, Bolivie…) où

les crèches sont très prisées par la population, mais aussi de pays d’Afrique, d’Asie ou d’Europe. Sur ces crèches exotiques sont venues se greffer des crèches créées par des artisans locaux ou régionaux. De véritables œuvres d’art en céramique, en terre cuite, en bois, des œuvres créées dans des œufs d’autruche, dans des coquilles de noix… La visite est gratuite et une am-biance festive anime le village à cette occasion. (F.A.)Où crèches-tu ?, rue de l’Industrie (Aulnois-gare) les week-ends du 30/11-1/12 et du 7-8/12, de 14 à 19h. Entrée gratuite. : ou-creches-tu.skyrock.com

aNCIENS Et NOuVEaux MéDIaSDaniel Schneidermann est un baroudeur des médias. Ancien grand reporter du Monde et fondateur d’Arrêt sur Images sur La Cinq TV (il sera débarqué de ces deux médias), il est aujourd’hui chroniqueur TV à Libération et poursuit son décodage de la réalité médiatique sur www.arretsurimages.net. Ce

journaliste, qui aime la contradiction et la confrontation, livre cent pages de randonnée-réflexion entre essai et récit oni-rique. Dans sa rencontre rêvée avec le directeur du Monde, mais aussi face à un univers médiatique rempli de dinosaures, il promène le lecteur dans son analyse de l’émergence des nouveaux médias, du rapport avec les « anciens » médias, de la recherche de la transparence journalistique, de la manière de traiter l’info, de ce qui fait ou non l’info,etc. Dans cet uni-vers médiatique en bouleversement, l’auteur n’épargne pas le mirage Internet. Cette Terra Incognita n’échappe pas à la critique de l’auteur qui, comme beaucoup, s’interroge sur le désenchantement du web : forums et apport des internautes frisant le populisme et les bavardages vains, alors qu’ils auraient pu revivifier les médias traditionnels… « Communication partout, savoir nulle part » tempête Schneidermann. Un livre qui étonnera par son style, mais qui colle bien à son auteur, randonneur à contre-courant dans l’univers convenu des journalistes. Un monde qui avance sans carte ! (St.G.)Daniel SCHNEIDERMANN, Terra Incognita.net - Randonnée d’un monde à l’autre, Paris, Éditions Loubiana-Arretsurimage.net, 2013. À commander directement sur le site : http://www.lepublieur.com/evement/arret-image_5/evenement.html

ENFIN La FIN…

DE SIÈCLE

Beau cadeau de St-Nicolas. Attendu depuis des

années, le musée Fin-de-siècle de Bruxelles ouvrira

finalement ses portes ce 6 décembre. Il évoque le bouil-

lonnement artistique qui a touché la Belgique entre 1865

(fondation de la Société libre des Beaux-Arts) et 1914. Le musée

évoque bien évidemment les arts classiques que sont la peinture

et la sculpture (Constantin Meunier, James Ensor, Henri Evene-

poel, Fernand Khnopff, Léon Spilliaert, Georges Minne) mais

rend aussi hommage aux autres arts qui marquent l’efferves-

cence de cette période : littérature, opéra, musique, archi-

tecture, photographie ou poésie et l’Art Nouveau. (F.A.)

Musée Fin-de-Siècle Museum, rue de la Régence 3,

1000 Bruxelles Ma-di  : 10-17h. (  02.508.32.11

[email protected].

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À lire

SAGESSE

« Être zen », un art de vivre au quotidien

Handicapé moteur, l’écrivain et philosophe suisse Alexandre Jollien propose dans son Petit traité de l’abandon des pistes pour accueillir la vie telle qu’elle se présente.

Alexandre JOLLIEN, Petit traité de l’abandon, Paris, Seuil, 2012. Prix  : 14,50 € -10 % = 13,05 €.

Les articles et ouvrages sur l’art de vivre au quotidien sont très fréquents mais sont souvent,

aussitôt lus, aussitôt oubliés. Ce n’est pas le cas des livres d’Alexandre Jol-lien qui depuis quelques années connaît un succès croissant et justifié. L’écrivain a en effet un parcours de vie hors du commun qui donne à ses écrits un poids convainquant.

HAnDiCAP DE nAiSSAnCENé avec une infirmité motrice céré-brale à cause d’un étranglement par le cordon ombilical, Alexandre Jollien a vécu de trois à vingt ans dans une institution spécialisée, n’a marché que

vers l’âge de six ans et a aujourd’hui de sérieux problèmes de mobilité et d’expression orale. Cela ne l’a pas empêché d’étudier la philosophie. Il s’est particulièrement intéressé à ces philosophes de l’antiquité grecque et romaine qui considéraient la philoso-phie essentiellement comme un art de vivre et une sagesse.Dans ses précédents livres, Éloge de la faiblesse ou Le philosophe nu, l’écri-vain suisse expliquait déjà son quoti-dien où il rencontre la souffrance phy-sique, le risque du découragement devant chaque difficulté pratique et les regards souvent malveillants des autres. Il montrait aussi comment il

puise auprès de philosophes mais aussi de mystiques chrétiens ou de sages bouddhistes adeptes du zen des leçons qui lui donnent au quoti-dien des pistes pour accueillir la vie. Il y a une proximité dans l’approche avec Christian Bobin. Même inspi-ration chrétienne, même attention à trouver dans les événements de la vie quotidienne des motifs de joie de vivre.

DÉTACHEmEnT Ces idées sont à nouveau dévelop-pées dans son Petit traité de l’aban-don en une vingtaine de courts chapitres consacrés à des vertus qui lui paraissent particulièrement bien-venues pour vivre plus sereinement comme la bienveillance, la détente, la détermination, la foi, la patience, la gratitude, la simplicité. Plus fon-damentalement, il privilégie l’esprit zen et ce qu’il appelle la «  capacité d’abandon  ». Il s’agit d’apprendre à ne pas refuser le réel, à accueillir ce qui est. « Je m’aperçois, écrit-il, que je ne dois pas lutter contre l’existence, ni vouloir devenir quelqu’un. Juste être là, sans amertume et aigreur et être puis-samment actif.  » Il ajoute  :  «  Dans la spiritualité, il n’y a pas de voie toute tra-cée mais il y a une ascèse quotidienne à pratiquer pour se libérer des images que l’on a de soi, des jugements dans lesquels on enferme la réalité. »

Gérald HAYOIS

DES LIVRES MOINS CHERS À

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Magazine mensuel indépendant

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rédacteur en chefFrédéric ANTOINE

rédacteur en chef-adjointStephan GRAWEZ

Secrétaire de rédactionSabine LOURTIE

équipe de rédactionJean BAUWIN, Chantal BERHIN, Jacques BRIARD, Paul de THEUX, Annelise DETOURNAY, José GERARD, Gérald HAYOIS, Guillaume LOHEST, Matthieu PELTIER, Gabriel RINGLET, Godelieve RULMONT-UGEUX, Thierry TILQUIN, Christian VAN ROMPAEY

Comité d’accompagnementBernadette WIAME, Véronique HERMAN, Jean-Yves QUELLEC, Gabriel RINGLET

Ont collaboré à ce numéroArmand VEILLEUX et Laurence FLACHON

photocomposition et impressionImprimerie MASSOZ, Alleur (Liège)

administrationPrésident du Conseil : Paul FRANCK

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Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles

à prOpOS DES FuNéraILLES CHrétIENNES(…) Je vous donne ici notre témoi-gnage d’équipes de funérailles chrétiennes dans le diocèse de Liège. L’évêque de Liège, monsei-gneur Jousten (retraité aujourd’hui) par un décret dit que les funérailles chrétiennes se déroulent en géné-ral sans eucharistie et sont célé-brées soit par un prêtre, un diacre ou par deux laïcs formés et man-datés. Dans le diocèse plus de 200 personnes ont suivi la formation et sont actives dans cette belle pasto-rale de compassion et de célébra-tion auprès des familles en deuil. Dans notre unité formée de 4 paroisses de ville nous sommes 12 personnes dans l’équipe : le curé, un prêtre auxiliaire, deux diacres et 8 laïcs. Nous avons fait un horaire pour trois mois et accompagnons les familles(au moins une visite au funérarium et une rencontre à la maison paroissiale) et célébrons toujours à deux ministres, ordonné-laïc ou deux laïcs.La célébration des funérailles chré-tiennes est une vraie célébration  : accueil, Parole de Dieu, louange et adieu, où la famille prépare la célé-

bration avec l’équipe et est invitée à y participer activement. Cela se passe à l’église du choix de la fa-mille où nous soignons l’accueil et le côté «  compassion fraternelle  ». Le choix de la famille d’une église est l’église paroissiale du défunt ou son ancienne paroisse, la paroisse où un des enfants ou petits-enfants a été baptisé, fait sa communion ou le mariage et où on a été bien accueilli et accompagné. En géné-ral, les familles sont très satisfaites par la démarche et viennent nous remercier.(…) En ce qui concerne le prêtre, s’il doit seul, accompagner et célébrer les funérailles, il n’aurait plus le temps pour le restant de la pastorale. Le travail en équipe est beaucoup plus dynamisant et permet aux laïcs d’exercer leur mission de baptisés envoyés.La crémation ou l’inhumation ne pose pour nous aucun problème, elle se fait après la célébration. L’essentiel, c’est d’avoir une bonne entende avec les pompes funèbres et de s’accorder.Si l’intervention de Mgr Léonard a scandalisé ou fait dire dans les médias que c’est une manière de

ramener les gens à l’église, ce n’est sûrement pas notre objectif.Il m’est arrivé dernièrement trois fois d’aller à la célébration des funérailles chrétiennes au funé-rarium (un seul à Liège autorisé par l’évêque) le prêtre et les trois diacres qui y sont nommés font ce qu’ils peuvent. Le lieu est anonyme et froid, la célébration dure 20 minutes maximum puis c’est une autre célébration. (C’est du com-merce et c’est un lieu de mort !) Et lorsque j’ai demandé à ma voisine le contact du célébrant avec la fa-mille cela s’est passé au téléphone.Si la famille ne demande qu’une courte prière, nous le faisons au funérarium. On ne peut refuser de prier. Mais les familles qui sont pas-sées par l’église sont « heureuses » de leur démarche , disent que la célébration a été belle et priante et qu’ils ont eu l’occasion de s’expri-mer. Et c’est bon pour le chemin du deuil.

Riette PIRONNET (Liège)

InscrIptIons24janvIer2014

dÉpÔtdesfIlms21fÉvrIer2014

remIsedesprIx23mars2014

prÉsIdentdujurythierrymIchel

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