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Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du 9-6 au 28-6- 2008 (N°33) Attendez que la musique de Mozart démarre et prenez le temps d’apprécier les textes poétiques que vous aimez dans cette sélection… Les diapositives changent au clic de

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Choix de poèmes de Daniel Villaperla

Période du 9-6 au 28-6-2008 (N°33)

Attendez que la musique de Mozart démarre et prenez le temps d’apprécier les textes poétiques que vous

aimez dans cette sélection…

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Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses Regret des yeux de la putain Et belle comme une panthère Amour vos baisers florentins Avaient une saveur amère Qui a rebuté nos destins Ses regards laissaient une traîne D'étoiles dans les soirs tremblants Dans ses yeux nageaient les sirènes Et nos baisers mordus sanglants Faisaient pleurer nos fées marraines Mais en vérité je l'attends Avec mon cœur avec mon âme Et sur le pont des Reviens-t'en Si jamais reviens cette femme Je lui dirai Je suis content Mon cœur et ma tête se vident Tout le ciel s'écoule par eux O mes tonneaux des Danaïdes Comment faire pour être heureux Comme un petit enfant candide Je ne veux jamais l'oublier Ma colombe ma blanche rade O marguerite exfoliée Mon île au loin ma Désirade Ma rose mon giroflier Les satyres et les pyraustes Les égypans les feux follets Et les destins damnés ou faustes La corde au cou comme à Calais Sur ma douleur quel holocauste Douleur qui doubles les destins La licorne et le capricorne Mon âme et mon corps incertains Te fuient ô bûcher divin qu'ornent Des astres des fleurs du matin Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire Tes prêtres fous t'ont-ils paré Tes victimes en robe noire Ont-elles vainement pleuré Malheur dieu qu'il ne faut pas croire Et toi qui me suis en rampant Dieu de mes dieux morts en automne Tu mesures combien d’empans J'ai droit que la terre me donne O mon ombre ô mon vieux serpent Au soleil parce que tu l'aimes Je t'ai mené souviens-t'en bien Ténébreuse épouse que j'aime Tu es à moi en n'étant rien O mon ombre en deuil de moi-même L'hiver est mort tout enneigé On a brûlé les ruches blanches Dans les jardins et les vergers Les oiseaux chantent sur les branches Le printemps clair l'Avril léger Mort d'immortels argyraspides La neige aux boucliers d'argent Fuit les dendrophores livides Du printemps cher aux pauvres gens Qui ressourient les yeux humides Mais moi j'ai le cœur aussi gros Qu'un cul de dame damascène O mon amour je t'aimais trop Et maintenant j'ai trop de peine Les sept épées hors du fourreau Sept épées de mélancolie Sans morfil ô claires douleurs Sont dans mon cœur et la folie Veux raisonner pour mon malheur Comment voulez-vous que j'oublie. Guillaume Apollinaire

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Si je mettais ton nom à la cime des arbres Sur chaque feuille, chaque étoile,Dans le creux de ma main Ce serait un fruit d'or, La nature qui s'offre en pleine floraison.Mais si je le criais Ce serait un orage.Je dis ton nom en moi En sentant des parfums Qui le disent tout haut.Cœur en croix, eau fuyante, Tu tisses autour de moi un rideau de silence.Je dévide un à un les fils ténus De ta présenceEt autour de ta vie Je bâtis le mur dur, Je bâtis le mur haut Où vit ma déraison.Si je mettais mon cœur Aux pieds de ma décenceSur l'herbe de l'amour, Lit vert, tendre calice, Ce serait l'absolu, Ton nom, puis le silence. Marie Bataille

Toi

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La nuit La nuit ferme les yeux du lac aux longs mystères, L’indolente se glisse au creux de la vallée ;Les noctuelles bleues tournoient dans la tourbière : Voilà l’heure plaintive aux songes envolés.Immobile et confuse, une lune s’invente Un rêve de fraîcheur baigné de rayons d’or :Pudiquement voilée de brume ourlée d’aurore, Son halo blanc trempé dans les algues dormantes…Le lac est un miroir à peine perceptible, Un frisson révélé de vague et de murmures,Une traîne légère, ornant les dentelures D’un monde évanescent, silencieux, impassible.Quel cerf viendra ce soir troubler ces eaux luisantes, Quel roi de ces forêts, de ces halliers sauvages ? Il surgira, furtif, écartant les branchages, Craintif, pourtant superbe en sa course fuyante.L’apparence est trompeuse et l’ombre mensongère : On croit se retrouver pour mieux se perdre encore !La nuit tisse sa toile au milieu des bruyères, Sous le regard absent de la mariée d’or. Anne Marie Charpentier

Flickerings0ul

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Je suis la pluie qui recouvre la lande esseulée Je suis le vent qui dénude les arbres fragiles

Je suis le désordre qui habite tes pensées Je suis le trouble qui court, tel un reptileSur ton âme égarée dans la douce folie

Je suis le mystère qui pénètre ta chairJe suis le désir accroché à aujourd'hui

Je suis le silence qui parle à la terreJe suis les pleurs qui agonisent à l'infini Je suis l'île qui accueille les faux départsJe suis l'asphalte de l'amour désemparé

Je suis la clairière d'un triste pouvoirJe suis l'arme qui annihile le passé

Je suis l'écran qui cache les motsJe suis la lumière qui cogne

Au cœur de l'émoi tendre et chaudJe suis le désespoir qui rogne Les attentes dénudées du cœurJe suis la tentation déchirante

Je suis la fièvre qui allume la passionJe suis l'absence impertinente

Je suis le crépuscule de la raisonJe suis la démesure dans le charnel

Je suis l'exil de l'espritJe suis la flétrissure dans l'irréel

Je suis le déchirement de la vieJe suis le feu qui consume

Le brasier de ton regardJe suis cette pauvre plume Qui écrit pour toi, trop tard.

Sedna

JE SUIS

BlackCarrionRose

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Elle parle comme l'eau des fontainesComme les matins sur la montagneElle a les yeux presque aussi clairsQue les murs blancs du fond de l'EspagneLe bleu nuit de ses rêves m'attireMême si elle connaît les mots qui déchirentJ'ai promis de ne jamais mentirÀ la fille qui m'accompagneAu fond de ses jeux de miroirsElle a emprisonné mon imageEt même quand je suis loin le soirElle pose ses mains sur mon visageJ'ai brûlé tous mes vieux souvenirsDepuis qu'elle a mon cœur en point de mireEt je garde mes nouvelles imagesPour la fille avec qui je voyageOn s'est juré les mots des enfants modèlesOn se tiendra toujours loin des tourbillons géantsElle prendra jamais mon cœur pour un hôtelJe dirai les mots qu'elle attendElle sait les îles auxquelles je penseEt l'autre moitié de mes secretsJe sais qu'une autre nuit s'avanceLorsque j'entends glisser ses colliersUn jour je bâtirai un empireAvec tous nos instants de plaisirsPour que plus jamais rien ne m'éloigneDe la fille qui m'accompagneOn s'est juré les mots des enfants modèlesOn se tiendra toujours loin des tourbillons géantsJe prendrai jamais son cœur pour un hôtelElle dira les mots que j'attendsElle sait les îles auxquelles je penseEt l'autre moitié de mes déliresElle sait déjà qu'entre elle et moiPlus y a d'espace et moins je respire.Francis Cabrel

La fille qui m'accompagne

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Quand tu dormiras sous les roses, Dans la nuit calme et la fraîcheur,Te souviendras-tu de la lumière de l'été, Des clairs chemins ensoleillés,Du charme léger des nuages ?... Quand tu dormiras sous les roses,Entendras-tu le souffle de l'orage Et dans le ruissellement doux de la pluieLe soupir de l'oiseau Sur la feuille éplorée ?...Quand tu dormiras sous les roses, Sentiras-tu le baiser de la briseEt son divin message Aux parfums exaltés ?...Quand tu dormiras sous les roses, Chercheras-tu mon regardEt reconnaîtras-tu ma voix Dans l'ombre plaintive du soir ?...Quand tu reposeras sous les roses, M'offriras-tu ton plus pur sommeilEt ton ultime prière ?... Que s'épanchent pieusement mes larmesEntre tes lèvres extasiées Et tes deux mains d'éternité... Marie-Amélie Chavanne

Elégie

Lafia_Stock

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Un jardin suspendu à Paris

 Un sublime jardin où ma faim reste sans fin…

En cadence, des couleurs rutilantes dansent…Les fleurs nous invitent en offrant leur cœur… A découvrir le bonheur de l’essence du plaisir…

Les cactées rangées souvent moins appréciées… Avec leurs frimousses osées nous ressourcent…Un univers magique où rien ne peut se taire… Un petit espace, grand, car la beauté surpasse…

Cette dentelle florale sollicite les sens en appel… Qui est ce maître en herbes qui nous exacerbe…

Un chef d’orchestre fertilisant un sol rupestre… D’une féerie fantastique créant une mélodie…

De cette éminente découverte qui m’est offerte… Le saphir de mes yeux brille de beaux zéphyrs…

Je cultiverai les mots sans jamais vous oublier…

Christianne Renneau

Rghuonnna

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Ô ma chère compagne, Mon amie de toujours,Si je devais au bagne

Y terminer mes joursTu viendrais avec moi

Y partager ma peine;Et, si j'étais un roi, Tu serais souveraine.

Seule ta fidélité Se meurt dans la pénombre,

Mais je suis rassuré Puisque tu es mon ombre.

Jack HarrisÔ ma chère compagne

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Au naturel  Friselis de l'eau pure Qui part à l'aventureApportant ses murmures Au vent qui s'émerveilleFrisettes et frisures Végétale toitureFeuillage en découpures Sur le ciel O ciel ! Que la nature Est belle !  

Marcek

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Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ; Par mes soupirs laissez-vous enflammer ;Vous dormez trop, adorable merveille,

Car c'est dormir que de ne point aimer.Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire

Le mal n'est pas si grand que l'on le faitEt, lorsqu'on aime et que le cœur soupire,

Son propre mal souvent le satisfait.Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire :

Pour l'éviter, parlez en ma faveur.Amour le veut, n'en faites point mystère.

Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur !Peut-on souffrir une plus douce peine ?

Peut-on subir une plus douce loi ?Qu'étant des cœurs la douce souveraine,

Dessus le vôtre Amour agisse en roi ;Rendez-vous donc, ô divine Amarante !

Soumettez-vous aux volontés d'Amour ;Aimez pendant que vous êtes charmante,

Car le temps passe et n'a point de retour.

Jean-Baptiste Poquelin, dit MOLIERE Stances galantes

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Au bord de l'amitié  Au bord de l’amitié se dresse hélas, l’oubli. Joyeux châteaux qui s’effondrent s’ils sont vides, Les foyers s’éteignent avec le temps des rides. L’ami navigue sans toi, s’efface vers sa vie ! Il reste, emprisonné dans les murs du cœur, Une parcelle d’histoire, un souvenir commun, L’image d’un bonheur, et le sourire lointain. Vois celui qui s’est lié et n’a pas oublié. Emporte avec lui les images d’autrefois ! Regarde, il est ailleurs avec un peu de toi ! Au bord de l’oubli se dresse, ô joie ! L’amitié !  

Nicolas de Rosanbo

CAGATAYATASAGUN

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Un petit nuage de bonté  C'était un petit nuage de bonté qui déambulait vaguement triste dans le ciel, un ciel bleu, limpide comme la cruauté.C'était un homme. (Un homme… est-ce possible quand sous la fière carapace des ans, on porte comme un enfant un petit paquet de terreur muette qui ne s'avoue pas être ?) C'était un homme donc, à sa fenêtre, par dessus les toits de la ville, qui observait un petit nuage trop frêle et petit pour soulager son âme défaite. Et rien, rien dans cette prison sans murs pour soulager son âme défaite. Mais quel homme aussi seul eût cherché secours auprès d'un simple petit nuage de bonté déambulant dans le ciel lisse d'un dimanche d'août ? Quel homme ? Lourd est le regard de l'homme, trop lourde sa solitude pour voyager dans le ciel… Alors le petit nuage de bonté se sentant inutile s'évanouit dans la nue comme neige au soleil, laissant l'homme contrit arrimé au silence de la ville. Jacques ROLLAND

creamyfraizzz

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Tant je l’ai regardée caressée merveillée Et tant j’ai dit son nom à voix haute et silenceLe chuchotant au vent le confiant au sommeilTant ma pensée sur elle s’est posée reposée Mouette sur la voile au grand large de la merQue même si la route où nous marchons l’amble Ne fut et ne sera qu’un battement de cil du tempsQui oubliera bientôt qu’il nous a vus ensemble Je lui dis chaque jour merci d’être làEt même séparés son ombre sur un mur S’étonne de sentir mon ombre qui l’effleure. broken_rose_petals

TantClaude Roy

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Chanson de Barberine Beau chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin d'ici ?Voyez-vous pas que la nuit est profonde, Et que le monde N'est que souci ?Vous qui croyez qu'une amour délaissée De la pensée S'enfuit ainsi,Hélas ! hélas ! chercheurs de renommée, Votre fumée S'envole aussi.Beau chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin de nous ?J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire Que mon sourire Etait si doux.  

Alfred de Musset peachysticks

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Notes Nocturnes Il y avait (dans une chambre Où nous ne sommes plus)Un lit désordonné, A croire que la nue brûlante L'avait défait Comme on déchire une chemise.Plus tard viendront les larmes, Celles qui cousent un fois pour toutesLe fourreau de drap rêche.  

Philippe Jaccottet

PerryGallagher

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A bras le cœur ! A bras le cœur je prends ce que la vie ordonne De l'aube au crépuscule, acceptant ses propos, Même quand tout espoir quelquefois m'abandonne ;Il est vrai que son train n'est pas de tout repos Dans ce monde actuel dont la folie éprouve, Mais pour mieux l'affronter je suis toujours dispos !Qu'elle ait tort ou raison, tantôt je la réprouve Lorsque sa dure loi néglige mon effort, Alors que du succès si près je me retrouve ;Néanmoins dans ses yeux, cherchant du réconfort, Je peux lire : "Vas-y ! L'important c'est de vivre" Et, pour encor me battre, elle me rend plus fort.Dans les moments de doute où j'ai peine à la suivre Je revois ses bonheurs : ils relancent mon pas, Car leur doux souvenir de mes peurs me délivre.Grâce à ce chant serein, vous me croirez ou pas, Je peux, sans désespoir, avec tout mon courage Supporter ses tourments, et ce jusqu'au trépas.Comment ne pas aimer sa douceur ou sa rage, Sentir vibrer sa flamme est pour moi plus qu'un don.Si parfois il m'arrive, aux gifles d'un orage, D'avoir le cœur amer, j'en demande pardon. Johanne Auber

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Oh! qu'une, d’Elle-même, un beau soir, sût venir Ne voyant plus que boire à mes lèvres, où mourir!... Oh! Baptême! Oh! baptême de ma Raison d’être! Faire naître un « Je t’aime!. »Et qu'il vienne à travers les hommes et les dieux, Sous ma fenêtre, Baissant les yeux! Qu'il vienne, comme à l'aimant la foudre, Et dans mon ciel d'orage qui craque et qui s'ouvre, Et alors, les averses lustrales jusqu'au matin, Le grand clapissement des averses toute la nuit! Enfin! Qu'Elle vienne! et, baissant les yeux Et s'essuyant les pieds Au seuil de notre église, ô mes aïeux Ministres de la Pitié, Elle dise : « Pour moi, tu n'es pas comme les autres hommes, « Ils sont ces messieurs, toi tu viens des cieux. « Ta bouche me fait baisser les yeux « Et ton port me transporte « Et je m'en découvre des trésors! « Et je sais parfaitement .que ma destinée se borne « (Oh, j'y suis déjà bien habituée!) « te suivre jusqu'à ce que tu te retournes, « Et alors t'exprimer comment tu es! « Vraiment je ne songe pas au reste; j'attendrai « Dans l’attendrissement de ma vie faite exprès. « Que je te dise seulement que depuis des nuits je pleure, « Et que mes sœurs ont bien peur que je n'en meure. « Je pleure dans les coins, je n'ai plus goût à rien; « Oh, j'ai tant pleuré dimanche dans mon paroissien! « Tu me demandes pourquoi toi et non un autre, « Ah, laisse, c'est bien toi et non un autre. « J'en suis sûre comme du vide insensé de mon cœur « Et comme de votre air mortellement moqueur. » Ainsi, elle viendrait, évadée, demi-morte, Se rouler sur le paillasson que j'ai mis à cet effet devant ma porte. Ainsi, elle viendrait à Moi avec des yeux absolument fous, Et elle me suivrait avec ces yeux-là partout, partout! Jules Laforgue

DarkLadyKim

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TOI SANS MOI  Toi et moi, Nous avons tant vécu, Tant subi les jours, Des aubes jusqu'aux lunes,Pétri tant d'angoisses, Accosté tant d'imprévus, L'un et l'autre, L'un sans l'autre

Que maintenant si tu partais, Je craindrais ces portes bassesQui s'entrouvrent, là-bas ou là-haut, Sur des champs de cécité Dans le lait du ciel.Toi sans moi. La barque s'éloigne, Et toujours je te vois Dans un miroir courbe.. François Rivals

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Laisse-moi fuir Laisse-moi fuir, Etre libre (Du vent pour mon arbre ! De l’eau pour ma fleur !)Vivre de soi à soi Et noyer les dieux en moiOu écraser leurs têtes vipérines sous mon pied.Pas d’espace, dis-tu, pas d’espace, Mais tu ne m’y incluras pasMême si ta cage est robuste. Ma force sapera ta force ;Je déchirerai l’obscur nuage Pour voir moi-même le soleilPâle et déclinant, pousse atroce.  Dylan Thomas

jesiel

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En vain ai-je cherché une place au soleil sur la plage déserte de l'oubli,là où les sirènes envoûtent les matelots étourdiset où la lune, pour consolider l'antique pacte d'amour, danse avec le soleil au son des vagues.Les sentiments dorment au calme entre les rocherset le bonheur plane avec les goélands.J'ai erré en délire telle une naufragée sans passé ni aveniret j'ai cherché, vainement cherché,puis quelqu'un m'a dit que les révolutions se font avec le coeuret depuis je ne pense plus à cette plage de l'oubli. Lia

Révolutions

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Pleurer intérieurement Sans qu'une larme coule,Lorsque face au tourment Le cœur se serre en boule.La somme d'émotions Soudain accumuléesBloque toute expression Et ne peut s'évacuer.Sentiment d'impuissance Ou de déchirement ;En état de souffrance, Pleurer intérieurement.

 Nadeige Bajzik

Pleurer intérieurement

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Des croquis de concert et de bals de barrière ;

La reine Marguerite, un camaïeu pourpré ; Des naïades d'égout au sourire éploré,

Noyant leur long ennui dans des pintes de bière ;Des cabarets brodés de pampre et de lierre ;

Le poète Villon, dans un cachot, prostré ; Ma tant douce tourmente, un hareng mordoré,

L'amour d'un paysan et d'une maraîchère :

Sonnet liminaire 

Joris Karl Huysmans

Tels sont les principaux sujets que j'ai traités :

Un choix de bric-à-brac, vieux médaillons sculptés,

Émaux, pastels pâlis, eau-forte, estampe rousse,

Idoles aux grands yeux, aux charmes décevants,

Paysans de Brauwer, buvant, faisant carrosse,

Sont là. Les prenez-vous ? A bas prix je les vends.

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La brodeuse

 Sous la coiffe opaline s'évasent en douceur Des fils de lumière aux reflets irisés.Posée, sur l'acajou précieux d'une petite table, Tendue à l'extrême dans des cerceaux de bois,Une blanche batiste ceinturée de dentelle, Dévoile pudiquement sa fantaisie de points.Délicatement brodées sur le cœur de la toile, Deux initiales aux jambages élégants et racésS'enlacent et s'élancent en arabesques fines Retenue prisonnière dans un fil de l'ouvrage,Une aiguille minuscule, à la langue effilée Entame le serpentin d'un filet ajouré,

Ciselé sur la pureté du lin du délicat mouchoir. Sous la voûte neigeuse de ses cheveux soyeux,

La tendresse infinie de ses yeux occultée, Je crois bien que ma grand-mère sommeille.

Alors, sans mot dire, je m'approche et me risque, À broder de mes lèvres sur la peau de sa main d'artiste,Le tracé d'un baiser parfumé de mon amour pour elle.

Marybé

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Plic, ploc… Je compte les larmes : Une, deux, trois, quatre, cinq, six!Mon verre est rempli. Je le bois, Tant qu'à faire.Il faut le remplir à nouveau. Mes réserves tombent drues, A côté.Un coup dans l'eau! Eau salée le long de mes joues, Le long de mes bras, Partout autour de moi.Ma moquette se tache de sel. Mes larmes, par terre,Pour qui? Pour personne, Comme ça, Pour les mettre à la ligne.Les larmes, les larmes, mes larmes S'en vont si vite.Elles sont simples et chaudes Et me tiennent compagnie.

Stéphanie Parentwestia

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Moi, moi même ... Moi, plein de toutes les fatiguesQue le monde peut offrir. Moi ...Finalement, tout; Parce que tout est moi. Même les étoiles, à ce qu'il paraît,Me sont sorties des poches pour émerveiller les enfants ... Quels enfants je ne sais ...Moi ... Imparfait ? Inconnu ? Divin ? Je ne sais ...Moi ... Ai-je eu un passé ? Sans doute ...Ai-je un présent ? Sans doute ... Aurais-je un avenir ? Sans doute ... Que la vie s'arrête au fur et à mesure ...Mais moi, moi ... Je suis moi. Je reste moi. Moi ... Fernando Pessoa

Moi

Moi

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Nymphe  Vivre sa collerette Pour une pensée, pour une ivresseRose ceinte et levrette Pour un baiser d'or, perle au frontVivre honnête, éthéré, En ses charmes légers, aimésEnivré à perdre haleine Perché sur son ventre, à surnagerÀ l'ombre blanche de ses forts Pointe l'aurore des corpsEntre deux étoiles, une absence Qui plonge au sol, ravieEt puis son sourire, très fort Pour vous rendre heureuxLa fleur aux lèvres, à ses seins Abandonné, puisant très fort.

Jean-Jacques REY

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Ophélie Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ... - On entend dans les bois lointains des hallalis.Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir.Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile: - Un chant mystérieux tombe des astres d'or.O pâle Ophélia! belle comme la neige! Oui, tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!

- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège

T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté;C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,

A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits;Que ton coeur écoutait le chant de la Nature

Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits;C'est que la voix des mers folles, immense râle,

Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux;C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,

Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux!Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre Folle!

Tu te fondais à lui comme une neige au feu:Tes grandes visions étranglaient ta parole

- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu!- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles

Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,

La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud

Lafia_Stock

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On doit l'été tant s'aimer On doit l'été tant s'aimer Et jouir de la vie.Que nos âmes se lient Et que s'oublie le tempsDans le lit des envies Des désirs d'amants.On doit l'été tant s'aimer Et jouir de la vie.Et que reste l'instant Pour le reste de viePour garder nos vingt ans Nos désirs, nos envies.On doit l'été tant s'aimer Et jouir de la vie.

Eric Lacroix

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Quand du bout de ta langue  Quand du bout de ta langue ma peau respire le langage de nos corps que tu composes dans les vagues de nos désirsQuand sur ma nuit tu ouvres les délires et la soif de nous boire je te noie de nos passionsQuand tes cheveux cachent mes mainsun cri sur tes lèvres dans mon ventre qui surprend ta faimQuand du serment des draps les empreintes de nos parfums nous enlacent dans un dernier soupirQuand un rêve me réveille de ses larmes une rive se couche sur ta pupille endormieQuand je t'aime de cette heure à la dernière douce et amère je nous écris...

Louve Mathieu

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L’arbre Cœur Il est un arbre aux mille branches Qui se déploie sur la montagne, De ses bras noueux jusqu’aux hanches

Il salue l’aube, sa compagne.Dans son bois chaud, coule la sève Qui alimente son feuillage, Quand il fait beau ses bras s’élèvent, Solides, verts en son bel âge.Il est un arbre inachevé À l’intérieur de son écorce ; Qui pourrait voir qu’il est blessé, En tenant de toutes ses forces ?Pourtant quand la foudre est tombée Elle n’a pas atteint sa cime, Seule sa fibre fut touchée, Ébranlant son port si sublime.Quelques feuilles se sont détachées Retombant au sol doucement Et ses bois se sont resserrés Comme pour se protéger des vents.Mais il ne s’est déraciné ; Par quelque chance, fut sauvé. Il est un arbre merveilleux Qui se dresse, vaillant et fier,Vrai colosse silencieux, Il embrasse la terre entière. Majestueux, en forme de cœur Et portant le goût du bonheur,Un arbre ici, avec des yeux, Qui regarde au-delà des cieux. Lydia PAVOT

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C'est une laide de Boucher Sans poudre dans sa chevelure, Follement blonde et d'une allure Vénuste à tous nous débaucher.Mais je la crois mienne entre tous, Cette crinière tant baisée, Cette cascatelle embrasée Qui m'allume par tous les bouts.Elle est à moi bien plus encor Comme une flamboyante enceinte Aux entours de la porte sainte, L'aime, la divine toison d'or !Et qui pourrait dire ce corps Sinon moi, son chantre et son prêtre, Et son esclave humble et son maître Qui s'en damnerait sans remords,Son cher corps rare, harmonieux, Suave, blanc comme une rose Blanche, blanc de lait pur, et rose Comme un lys sous de pourpres cieux ?Cuisses belles, seins redressants, Le dos, les reins, le ventre, fête Pour les yeux et les mains en quête Et pour la bouche et tous les sens ?Mignonne, allons voir si ton lit À toujours sous le rideau rouge L'oreiller sorcier qui tant bouge Et les draps fous. 0 vers ton lit !

Paul Verlaine À la princesse Roukhine

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Souvenance  Les souvenirs: Ces pantins désarticulés Qui traînent au fond de nos mémoiresComme de vieux bibelots défraîchis Et qui surgissent sans invitation Lorsque les humeurs perdent le nord.Ces souvenirs Qui, d'habitude, font jongler, Que trop souvent on n'ose plus croireTant ils ont perdu couleur et fini, Tant ils ont perdu leur fascination Lorsqu'il n'est plus question que de mort.Des souvenirs Qu'on ne demande qu'à hurler Lorsque la vie nous en fait trop boire,Que les journées ont perdu leur midi Et que les nuits ont changé de station; Des souvenirs qui parlent trop fort....

Louise Grégoire Aerten

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S.O.S.

 Je crie mais tu ne m'entends pas,Je souffre mais tu ne me vois pas,J'appelle mais tu ne réponds pas.Tu traverses ma vie comme une ombre qui passe,Une ombre que j'entends mais qui ne m'entend pas,Une ombre que je vois mais qui ne me voit pas,Une ombre que j'appelle et qui ne répond pas,Une ombre qui ne passe que parce qu'il faut qu'elle passe.Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Nath

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C'est une Lune noire qui aborde mes sensElle tournoie dans son ample ellipse de douleurCorolle de tristesse qui pleure en ma conscienceEt enfante la source limpide de l'amourInvisible vestale que l’œil ne peut voirQu'à travers le miroir l'autre côté du soirOù se mire radieuse la déesse lumièreCelle qui prend les regards et trouble les espritsFurtive Lune noire sphère sombre de l'ombreCréée dans la pénombre de quelques mots volésAu poète éperdu pour la Lune d'argentTu inspires en mon coeur des odes de douceurToi qu'aucun feux solaire ne daigne caresserD'une infirme clarté tu irradies les ondesEt dans ton éternelle nuit d'opacitéTu erres lueur absente hors des regards du mondeVagabonde et répands les vents de l'émotionVeille sur l'Endymion qui rêve à SélénéMême si dans ton habit du deuil consomméTu voyages esseulée sur un radeau de larmesFragile solitaire qui gravite en mon âmeTu es ma nymphe obscure fontaine enténébréeUne Lune de cendres aux rêves étoilésUne perle de silence aux reflets d'espéranceTu es déesse source qui enfante la foiDans ta nuit se conçoivent les poussières de vieEt les sarments d'amour qui saouleront les dieux. Évelyne PASTOR

 LUNE NOIRE

joshned

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Ellegie II D'un tel vouloir le serf point ne désire La liberté, ou son port le navire, Comme j'attends, hélas, de jour en jour, De toi, Ami, le gracieux retour. Là j'avais mis le but de ma douleur, Qui finirait quand j'aurais ce bonheur De te revoir ; mais de la longue attente, Hélas, en vain mon désir se lamente. Cruel, cruel, qui te faisait promettre Ton bref retour en ta première lettre ? As-tu si peu de mémoire de moi Que de m'avoir si tôt rompu la foi ? Comme oses-tu ainsi abuser celle Qui de tout temps t'a été si fidèle ? Or' que tu es auprès de ce rivage Du Pô cornu, peut-être ton courage S'est embrasé d'une nouvelle flamme, En me changeant pour prendre une autre Dame : Jà en oubli inconstamment est mise La loyauté que tu m'avais promise. S'il est ainsi, et que déjà la foi Et la bonté se retirent de toi, Il ne me faut émerveiller si ores Toute pitié tu as perdue encore. …Goûte le bien que tant d'hommes désirent, Demeure au but où tant d'autres aspirent, Et crois qu'ailleurs n'en auras une telle. Je ne dis pas qu'elle ne soit plus belle, Mais que jamais femme ne t'aimera, Ne plus que moi d'honneur te portera. Maints grands Signeurs à mon amour prétendent, Et à me plaire et servir prêts se rendent ; Joutes et jeux, maintes belles devises, En ma faveur sont par eux entreprises: Et néanmoins, tant peu je m'en soucie Que seulement ne les en remercie : Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien ; Avec toi tout, et sans toi je n'ai rien ; Et n'ayant rien qui plaise à ma pensée, De tout plaisir me treuve délaissée, Et, pour plaisir, ennui saisir me vient. Le regretter et plorer me convient, Et sur ce point entre tel déconfort Que mille fois je souhaite la mort. Ainsi, Ami, ton absence lointaine Depuis deux mois me tient en cette peine, Ne vivant pas, mais mourant d'un amour Lequel m'occit dix mille fois le jour. Reviens donc tôt, si tu as quelque envie De me revoir encore un coup en vie. Et si la mort avant ton arrivée A de mon corps l'aimante âme privée, Au moins un jour viens, habillé de deuil, Environner le tour de mon cercueil. Que plût à Dieu que lors fussent trouvés Ces quatre vers en blanc marbre engravés :

Louise Labé

PAR TOI, AMI, TANT VÉQUIS ENFLAMMÉE QU'EN LANGUISSANT PAR FEU SUIS CONSUMÉE

QUI COUVE ENCOR SOUS MA CENDRE EMBRASÉE, SI NE LA RENDS DE TES PLEURS APAISÉE.

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J'aime  J'aime,Cette sensation, après de longues années,de s'être quitté la veille.L'intensité de ce bref échange,Cette compréhension immédiate,La profondeur de ce regard complice,Cet instant délicieux où ni l'un ni l'autrene savent ce qui leur arrive,La douceur oubliée de cette main caressanteCe regard complice du lendemain,Cet accord tacite,sur l'importance de ce qui s'est passé,Sur le fait que dans le fond, rien n'a changé...

Albert Louis

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souvenir océan

 je porte en moi la mémoire de l’eau

le souvenir confus des rêves amniotiquesencore lové dans ton souvenir océan

j’ai en bouche le goût salé de ton amouret dans mes yeux, tes larmes

Maman.  

Yann Le Rousic

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Pastel J'aime à vous voir en vos cadres ovales, Portraits jaunis des belles du vieux temps, Tenant en main des roses un peu pâles, Comme il convient à des fleurs de cent ans. Le vent d'hiver, en vous touchant la joue, A fait mourir vos oeillets et vos lis, Vous n'avez plus que des mouches de boue Et sur les quais vous gisez tout salis. Il est passé, le doux règne des belles; La Parabère avec la Pompadour Ne trouveraient que des sujets rebelles, Et sous leur tombe est enterré l'amour. Vous, cependant, vieux portraits qu'on oublie, Vous respirez vos bouquets sans parfums, Et souriez avec mélancolie Au souvenir de vos galants défunts.

Théophile Gautier

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Tu vas rire dans le soleil  Tu vas rire dans le soleil Absoudre au plus hautToutes les feuilles vernies Au sommet des branches Et quelqu'un meurt Quelque partTu as tes airs de saltimbanque Ton lustre de saltimbanqueParmi le beau silence vibrant De la vie qui recommence Et quelqu'un meurt Quelque partLes navires t'embarquent loin Vers les grappes bleues des vignesTu souris au moindre amant potentiel Psalmodies ivresses muettes point d'ancrage Et quelqu'un meurt Quelque part

Parmi les grandes lames de fond Tu privilégies le cœur sa cohorte d'as

Quatre rois en majesté Pour un combat de plus

Et quelqu'un meurt Quelque part

Il y a des oiseaux d'or Au milieu des calices

De grands pardons qui descendent Doux comme la mer Et quelqu'un meurt

Quelque partDans cette paix du soir

Où les squales aux longs yeuxRéinventent les neiges éternelles

Et ce jeu du feu qui tournoie sur le temps Et quelqu'un meurt

Quelque partDans des craquellements de feuilles

Le givre qui ruisselleQuelque part Quelque part

Au fond de la mémoire.

Silvaine AraboSaintSting

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Solstice

 De part et d'autre du soleil,

C'est toi.Tu es l'arbre

qui multiplie mes forêts,Tu es la main

qui rend ma bouche aux oiseaux,Tu es l'ancre de mes marées

Et la rose de mes sables.C'est moi déshabillée de tout

Que je vois quand je te regarde.C'est hier aboli,

C'est demain si tu veux,C'est ailleurs,

Et c'est aujourd'hui.De part et d'autre du soleil,

C'est toi.

Nath

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Je ne veux pas de mots Ni de promesseEncore bien moins de serment Juste la date de notre prochain rendez-vousAh comme j'aime le cuir de votre peau cuivrée La chaleur de vos bras musqués Le velours de votre hanche qui danse Glissant sur mon octaveVenez naviguer au creux de mes bras Valser sur mon ventre platPatiner ma chair velours Explorer tous mes non-diresD'hymne en symphonie Sur toute la gamme des harmonies Vos mains de virtuose m'entraînent De tourbillon en arabesqueJe vous croque-note mon maestro On se Ballade, se BerceuseSe bascule en soupirs Se Mélodie toute la nuitAh comme vous me plaisir En évitant les pièges trop lourds de l'amourAh comme je vous désire Comme un agneau devant un vampireSans mot, ni promesse, ni regret Juste la date de notre prochain dernier rendez-vous.

Claudette Francoeur

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Que puis-je du monde encore vouloir Que puis-je du monde encore vouloir, puisque là-même où j’ai mis tant d’amourje n’ai vu que dégoût et désamour et mort, enfin, car rien de plus n’existe ?Cette vie ne me lassant pas de vivre, sachant que ne tue pas grande douleur,s’il est chose de plus grande blessure, je la verrai, déjà je peux tout voir.La mort, à mes dépens, m’a assuré du mal qui me poursuivait ; j’ai perdu qui à perdre la crainte m’enseigna.Dans la vie, le désamour seul j’ai vu, dans la mort la grande douleur restée : pour cela seul il me semble être né !

Luis de Camões

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Elle se laisse admirer, exquise et frivole beauté.Accordant sur ses seins un dernier merci, ultimebaiser, elle s'assoupit dans les bras du jeunehomme stupéfait.

Elle affectionne particulièrement ce

moment quiprécède le sommeil,

sentant le regard langoureux

de son amant parcourant son jeune

corps, faisanthalte sur ses longues

jambes, les remontant,délicatement. Elle

l'imagine loucher sur l'améthyste

sertie dans son nombril, se pencher,

près, très prèsde sa naissante

poitrine, snobant le reste de sa

personne pour n'en garder que les rappels

de sesdésirs. Elle sourit en

l'attente de cet instant où il

croira la réveiller, succombant à la

tentation.Elle est heureuse, cette

nuit, la campagne se

tait. Yann L..

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Pourquoi le vent est-il venu ?

 Pourquoi le vent est-il venu ?Pourquoi a-t-il souffléLes unes après les autresLes étoiles ?Pourquoi l’orage gronde-t-il sur la montagne ?Il fait doux à présent sur le fleuveEt je pense à la femme amoureuseDont la lumière éclaire encoreLa chambre heureuse du corps.Assise près de la fenêtre,Elle transcrit en soupirsLes élans de son cœurTandis que moi je recueilleLe parfum qui transpire des fleurs.

Jean Henrion

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La musicienneAux doigts enchantésCéleste musiqueAdoucit mon mal Cette menue mélodieCes petites notesQui courent sur l'OcéanAigri, m'entraînent au loinSur un torrent de larmesJe navigue éperduOù? Où me conduirontCes rêveries amères?

Isaac Berezovski

c0umi

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AMOUR INTERDIT  Toi, tu passes sans pour autant te douterQue tu me laisses là comme un air embaumé ! Au goût de tes lèvres où je voudrais déposerMon empreinte éphémère, exaltée. Moi, je reste à te regarder passer,Où je demeure malandrin de chimère,Aux souvenirs de pluies que je voudrais assécher,Mon Amour se noie dans ta lumière. Eux, ils sont si nombreux, moi si orphelin,Puisque je suis fou, et puisque tu ne vois point,Puisque cet Amour-là n’est pas le tien,Je scellerai cet Amour, cet Amour sans lendemains.

Stéphane HAMON

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Alfred de Musset A George Sand

Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées, Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées, Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu ! J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire, Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire, Au chevet de mon lit, te voilà revenu. Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde, Mets la main sur mon cœur, sa blessure est profonde ; Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé ! Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse, N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse, Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé ! Telle de l'Angélus, la cloche matinale Fait dans les carrefours hurler les chiens errants, Tel ton luth chaste et pur, trempé dans l'eau lustrale, Ô George, a fait pousser de hideux aboiements, Mais quand les vents sifflaient sur ta muse au front pâle, Tu n'as pu renouer tes longs cheveux flottants ; Tu savais que Phébé, l'Étoile virginale Qui soulève les mers, fait baver les serpents. Tu n'as pas répondu, même par un sourire, A ceux qui s'épuisaient en tourments inconnus, Pour mettre un peu de fange autour de tes pieds nus. Comme Desdémona, t'inclinant sur ta lyre, Quand l'orage a passé tu n'as pas écouté, Et tes grands yeux rêveurs ne s'en sont pas douté. Puisque votre moulin tourne avec tous les vents, Allez, braves humains, où le vent vous entraîne ; Jouez, en bons bouffons, la comédie humaine ; Je vous ai trop connus pour être de vos gens. Ne croyez pourtant pas qu'en quittant votre scène, Je garde contre vous ni colère ni haine, Vous qui m'avez fait vieux peut-être avant le temps ; Peu d'entre vous sont bons, moins encor sont méchants. Et nous, vivons à l'ombre, ô ma belle maîtresse ! Faisons-nous des amours qui n'aient pas de vieillesse ; Que l'on dise de nous, quand nous mourrons tous deux : Ils n'ont jamais connu la crainte ni l'envie ; Voilà le sentier vert où, durant cette vie, En se parlant tout bas, ils souriaient entre eux. Il faudra bien t'y faire à cette solitude, Pauvre cœur insensé, tout prêt à se rouvrir, Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir. Il faudra bien t'y faire ; et sois sûr que l'étude, La veille et le travail ne pourront te guérir. Tu vas, pendant longtemps, faire un métier bien rude, Toi, pauvre enfant gâté, qui n'as pas l'habitude D'attendre vainement et sans rien voir venir. Et pourtant, ô mon cœur, quand tu l'auras perdue, Si tu vas quelque part attendre sa venue, Sur la plage déserte en vain tu l'attendras. Car c'est toi qu'elle fuit de contrée en contrée, Cherchant sur cette terre une tombe ignorée, Dans quelque triste lieu qu'on ne te dira pas. Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus De tout ce que mon cœur renfermait de tendresse, Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse, Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus ! La mémoire en est morte, un jour te l'a ravie Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie Glisser dans un baiser nos deux cœurs confondus, Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus. Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien. Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien. Laisse mon souvenir te suivre loin de France ; Qu'il parte sur ton cœur, pauvre bouquet fané, Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'Espérance, Je croyais au bonheur, et toute

ma souffrance Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donné. Alfred de Musset

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le vent entre chien et loup la lune cachée

dans le haut tilleulla douceur

léger frisson imperceptible

sortilègeles démons de gouttières

miment le combatquatre ombres

apparaissent disparaissent

froissent les herbesle val de mes seins

invite à la balade et ma pensée va à l'homme.mais dieu siffle mon âme

comme on siffle un chienet mon âme danse une joie

soûle d'espace solitaire

sol y tierra et le vent aussi

et le vent. Cathy Garcia

SOL Y TIERRA

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L'Oiseau beige 

Quand échappée de mon sommeilJ'ai entrouvert mes yeux brûlantsUn oiseau était dans ma chambre

Dans la solitude du ventBlanc

Juste teinté d'un peu de beigeNeige

Juste teintée d'un peu de sableMa pupille caressait ses plumes

Y déposait un peu de brumeMon rêve parlait liberté

Plaignait ces ailes enferméesEt l'oiseau se tenait si loin

Craignait la chaleur de ma mainCraintif , il restait immobile

J'ai regardé vers la fenêtreJ'ai vu les rideaux la voiler

Et d'un pas très lent j'ai marchéJ'ai soulevé la mousseline

J'ai ouvert la vitre tout grandInvité l'oiseau à partir

Dans le fleuve embaumé du ventNous étions tous deux immobiles

Peu à peu mon cœur se serraitEt j'ai pleuré.

Ailen Soris sevgiliben

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Musique de Mozart : Romance du Concerto pour

piano et orchestre N°20 K.466Photos: Internet

Daniel 28 juin [email protected] Ce diaporama poèmes n°33 est strictement privé.

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