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page 1 37 Sommaire Le dernier regard. Roman 1 Interview : Michel Auderset 7 Statistiques du site web de la BCU 10 Formations et prØsentations 15 La BCU acquiert deux imprimØs de Gemperlin 17 Lettre des pØtitionnaires pour lØclairage 19 ... des personnes 20 La collecte des miettes du passØ 21 Discours du 1 er aoßt 2000 27 Irlande ou les aventures ... 29 Julien Green 1900-1998 31 TrØsors du livre illustrØ brØsilien 32 Les 500 ans de la population brØsilienne 35 le mot du directeur 40 Septembre - September 2000 E JOURNAL INTERNE DE LA BCU FRIBOURG / INTERNE ZEITUNG DER KUB FREIBURG Christian Jungo Le dernier regard 1er Øpisode lØonore se releva lentement. Elle se tint un instant immobile, les deux bras tendus le long du corps, tenant encore fermement le couteau en- sanglantØ dans la main gauche. Elle pa- raissait avoir dØjà oubliØ son jeune amant, pâle et inerte, qui gisait, Øtendu à quel- ques pas delle, dØsormais banni du monde des vivants. Elle fit quelques pas, sans mŒme savoir oø elle allait. Les plis de sa robe sanimaient lØgLrement et lon entendait un lØger bruissement trou- bler, à peine, le silence lourd qui venait de sinstaller. Elle se dirigea vers le fond de la piLce, hØsita, revint sur ses pas, hØsita encore, puis pivota sur sa droite et fit face, enfin, à un rai de lumiLre qui semblait vouloir la guider dans lobscuritØ qui ne cessait de croî- tre. Là, elle se figea. Tout son corps simmobilisa dans une attitude qui rap- pelait les plus traditionnelles corai. Seu- le, sa tŒte sanimait de quelques mou- vements incontrôlØs. Une ride apparut sur son front, puis une seconde, immØdiatement suivie dun rictus violent qui dØforma son visage lisse et gracieux. Avec cette gri- mace, horrible et douloureuse à la fois, elle poussa un cri aigu qui sacheva en un abominable râle, proche de celui de lagonie. Puis, elle se mit à murmurer des paroles inintelligibles, chaos didØes, collision de sons, semblables à ce que produisent les tØmoins dun drame

Christian Jungo Le dernier regard - Canton of Fribourgqu il Øtait le dernier, semblait traverser le monde des vivants et le royaume de la mort et remonter jusqu à l origine de ce

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  • page 137

    SommaireLe dernier regard. Roman 1Interview : Michel Auderset 7Statistiques du site web de la BCU 10Formations et présentations 15La BCU acquiert deux imprimés de Gemperlin 17Lettre des pétitionnaires pour léclairage 19... des personnes 20La collecte des miettes du passé 21Discours du 1eraoût 2000 27Irlande ou les aventures ... 29Julien Green 1900-1998 31Trésors du livre illustré brésilien 32Les 500 ans de la population brésilienne 35le mot du directeur 40Se

    ptem

    bre

    - Se

    ptem

    ber

    200

    0 E

    JOURNAL INTERNE DE LA BCU FRIBOURG / INTERNE ZEITUNG DER KUB FREIBURG

    Christian Jungo

    Le dernier regard 1er épisode

    léonore se releva lentement. Ellese tint un instant immobile, lesdeux bras tendus le long du corps,

    tenant encore fermement le couteau en-sanglanté dans la main gauche. Elle pa-raissait avoir déjà oublié son jeune amant,pâle et inerte, qui gisait, étendu à quel-ques pas delle, désormais banni dumonde des vivants. Elle fit quelques pas,sans même savoir où elle allait. Les plisde sa robe sanimaient légèrement et lon

    entendait un léger bruissement trou-bler, à peine, le silence lourd qui venaitde sinstaller. Elle se dirigea vers lefond de la pièce, hésita, revint sur sespas, hésita encore, puis pivota sur sadroite et fit face, enfin, à un rai delumière qui semblait vouloir la guiderdans lobscurité qui ne cessait de croî-tre. Là, elle se figea. Tout son corpssimmobilisa dans une attitude qui rap-pelait les plus traditionnelles corai. Seu-le, sa tête sanimait de quelques mou-vements incontrôlés.

    Une ride apparut sur son front, puisune seconde, immédiatement suiviedun rictus violent qui déforma sonvisage lisse et gracieux. Avec cette gri-mace, horrible et douloureuse à la fois,elle poussa un cri aigu qui sacheva enun abominable râle, proche de celui delagonie. Puis, elle se mit à murmurerdes paroles inintelligibles, chaos didées,collision de sons, semblables à ce queproduisent les témoins dun drame

  • page 2 roman

    qui, toujours ébranlés par ce quils ont vu,ne parviennent pas encore à retrouver lusa-ge de la raison pour le raconter clairement.Cela dura quelques courts instants. Enfin,elle se détendit et ses traits recouvrèrent leurbeauté originelle. Ses yeux restaient pour-tant exorbités et elle avait le regard fixé versle haut du rai de lumière, comme si quelqueapparition, perceptible delle seule, lacca-parait tout entière. Elle se mit alors à décla-mer dune voix assurée :

    Oui, nous serons bientôt réunis, toi etmoi, dans un univers nouveau où nexiste-ront ni chaînes ni tourments De ce quenous venons de vivre, rien ne subsistera, niles événements ni les êtres ni même lesouvenir Oui, nous serons délivrés etnous ne ferons plus quun, débarrassés denos corps encombrants et de nos espritsimpuissants Nous nous aimerons alorssans désirs, sans échanges, simplement toien moi et moi en toi

    Son délire sexprimait ainsi, librement, dansces périodes que ne semblaient devoir inter-rompre quune respiration ardente et cettevolonté de séduire qui se rencontre chez lesgrands orateurs. Elle continua :

    Un jour, nous serons mêlés lun àlautre comme cette poussière répandue surle sol et quun vent léger emporte dans lesairs. Nous deviendrons ces pierres et cesmonts ; nous serons ces vallées, puis ceslacs, ces fleuves et ces océans. Nous seronstout en tout, dans le dernier regard

    Le rideau tomba et les applaudissementscrépitèrent. On entendit quelques  Bra-vo !  sonores. La salle resta plongée quel-

    ques instants dans le noir, mais le rideau sereleva rapidement et la scène séclaira inten-sément. Les deux acteurs, Eléonore et sonamant revenu subitement à la vie, maisencore maquillé comme un mort, vinrentsaluer, un sourire large et reconnaissant auxlèvres. Ils répondirent avec affection auxrappels du public conquis par ce spectacle.

    Etiennette était un peu plus réservée. Elleavait certes aimé cette pièce et elle avait étésubjuguée par le jeu des acteurs. Elle ap-plaudissait avec conviction, mais elle restaitdiscrète. Son attitude contrastait singulière-ment avec celle de son voisin, un homme unpeu fort que lémotion suscitée par la pièceou la digestion un peu difficile dun repaspris à la hâte, avant le spectacle, faisait suerà grosses gouttes. Debout, les épaules por-tées en arrière, il déployait largement sesbras, les coudes un peu trop haut cepen-dant, avant de les ramener énergiquementdevant lui, à la hauteur de son sternum, et defaire se rencontrer les paumes de ses mainsen un violent fracas. Il faisait penser à lun deces volatiles que lévolution a déshabituésdu vol, mais qui en ont conservé linstinct etqui ne cessent dagiter leurs ailes atrophiées,dans un but inconnu de tous, même deux.Non content doccuper ainsi lespace, cethomme apostrophait ses voisins par des Merveilleux, nest-ce pas ? ,  Quelle pré-sence, ces acteurs ! ,  Et cet auteur sa

    Une ride apparut sur son front,puis une seconde, immédiatementsuivie dun rictus violent qui dé-

    forma son visage lisse et gracieux.

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    quête existentielle dune profondeurBravo ! Bravooo ! . Parfois lenthousias-me était tellement grand que le dernier Bravooo !  sachevait en une quinte detoux qui le faisait se plier en deux et inter-rompre ses applaudissements. Après unbref silence et quelques  Excusez-moi ! lancés à gauche et à droite, il reprenait deplus belle.

    Non, Etiennette naurait même pas eu lidéede se comporter ainsi. Cela devait tenir à sonéducation. Dans sa famille, on nextériori-sait jamais ses sentiments. Cétait là domai-ne trop intime pour en livrer laccès à nim-porte qui. Cette réserve avait une doubleconséquence : non seulement il était diffici-le de savoir ce que pensait Etiennette, hor-mis les cas extrêmes où il eût été inconve-nant de ne pas marquer publiquement sonassentiment ou sa désapprobation, maisEtiennette elle-même avait besoin de tempspour exprimer ce quelle ressentait exacte-ment. Il lui fallait dabord repasser dans sonesprit les événements quelle avait vécus etles scènes qui lavaient marquée, il lui fallaitaussi faire resurgir avec à-propos les im-pressions quelle avait éprouvées, puis lesconfronter et, enfin, il fallait quelle soitcapable de les traduire en des expressionscompréhensibles pour les autres. Cela de-mandait du temps et ne cadrait certaine-ment pas avec la spontanéité commode etsouvent futile que la majorité des gens affi-chait en pareille occasion. Elle se livraitjustement à cet exercice de mémoire etdanalyse, en descendant le grand escalier enmoustache qui devait la conduire dans lehall dentrée du théâtre dont elle nappré-

    ciait guère le style rococo. Ce léger désagré-ment se trouvait amplifié à la sortie dechaque spectacle par lécoeurante odeurproduite par la profusion des parfums quony respirait et par leur lente décomposition.Etiennette se fit un devoir de traverser lehall rapidement et, parvenue à lextérieur,elle se permit une bruyante expiration, car ilny avait personne près delle. Elle se sentaitlibérée, comme si elle venait de rejeter tousles miasmes qui auraient pu linfecter. Celala fit rire.

    Mon Dieu, dit-elle, ce que je peux êtrepuérile !

    Elle tenta de reprendre le fil de son mono-logue intérieur. Cette pièce de théâtre sevoulait davant-garde. Elle se rappelait sou-dain ce quun critique en disait dans unjournal quelle avait lu quelques jours plustôt. Il voyait dans Le dernier regard lexpressiondune métaphysique féministe de lamourqui prenait sa revanche sur une conceptiontraditionnellement masculine des rapportsamoureux  . Etiennette nétait ni naïveni inculte. Pourtant, dans les emportementsfactices du critique ou dans ses jugementsgrossièrement empreints dune psychanaly-se de boulevard, elle ne percevait rien quipût servir à décrire ce quelle avait profon-dément ressenti ! Elle était loin de ces éta-lonnages littéraires qui cherchaient ladé-quation la plus subtile des oeuvres récentesau conformisme culturel du moment, opé-rations qui ouvraient certes les portes dessalons et des émissions télévisées, mais res-taient étrangères au simple amateur, savou-rant sa découverte et incapable de justifierson plaisir. Etiennette avait simplement aimé

  • page 4 roman

    cette pièce. Elle y avait retrouvé, par petitestouches, quelques impressions fortes ; ellepensait avoir reconnu des traces dun passéencore fort proche et des personnages plusou moins familiers. Mais nulle idéologienaurait pu emporter son adhésion et épui-ser le sens de ce quelle tentait dentrevoir.Ainsi, cette dernière scène qui rendait compteà la fois du titre et de largument de la piècerestait gravée dans sa mémoire. Elle la con-sidérait cependant avec innocence et ne seposait que délémentaires questions. Com-ment comprendre, se disait-elle, cette vio-lence subite et extrême qui sétait emparéedEléonore. Douce et effacée, au début de lapièce, elle semblait soumise à son destin.Tantôt prisonnière de son devoir, elle reje-tait son amant à qui elle nosait se confier,tantôt subjuguée par ce dernier, elle satta-chait à lui sans pouvoir le détourner de sespassions futiles. Telle lantique Iphigénie,elle paraissait devoir expier, sans cesse, unefaute commise par dautres et sur laquellelauteur de la pièce restait muet. Soudain,tout sétait précipité. Victime, une nouvellefois, de celui quelle aimait trop et qui nepouvait laimer sans lui faire violence, elleavait saisi le couteau qui se trouvait prèsdelle et lavait frappé, comme atteinte dunehaine terrible. Avait alors surgi une autrefemme, figure humiliée réalisant enfin savengeance et ignorant, pour quelques ins-tants, les anciennes sentences qui lavaientfaite jouet des autres. Mais, dans ce crimemême et jusquaux derniers mots pronon-cés, elle était restée digne et touchante.Electre avait succédé à Iphigénie. Les rai-sons de ce changement échappaient un peu

    à Etiennette. Elle soupçonnait bien certai-nes dentre elles, mais lauteur était restéplutôt vague sur ces questions, seuls sem-blant compter, pour lui, lenchaînementdramatique et laffrontement des personna-ges. Elle était donc peu sûre de linterpréta-tion quelle devait donner. Evidemment, il yavait les interrogations sur la nature de laviolence et sur une éventuelle expiation desfautes, sur la résignation et sur la vengeance,autant déléments quelle voulait intégrer àune réflexion plus profonde. Mais il y avaitencore quelque chose de bien plus concretqui navait pas manqué de fasciner Etien-nette : le regard dEléonore, un regard qui,pour ultime quil fût ou, peut-être, parcequil était le dernier, semblait traverser lemonde des vivants et le royaume de la mortet remonter jusquà lorigine de ce qui est, unregard essentiel. Par son jeu, lactrice avait siparfaitement su restituer cette dimensionineffable quEtiennette en était encore bou-leversée.

    Absorbée par ses cogitations, elle ne sétaitpas rendu compte du chemin quelle avaitdéjà parcouru. En quittant le théâtre, elleavait traversé, presque machinalement, lecentre de la ville et emprunté boulevards etrues plus petites pour arriver sur lAvenueJean DUNOIS qui menait vers la banlieueseptentrionale et portait le nom du BâtarddOrléans pour commémorer son passagedans la cité, à la tête de larmée que lui avaitconfiée le roi Charles VII pour la reconquê-te de la Guyenne. Ayant franchi la premièremoitié de cette longue avenue, Etiennettetourna à gauche pour emprunter une petiterue, assez mal éclairée. Au début, le chemin

  • page 5roman

    nétait pas pénible. On marchait sur untronçon plat et bien entretenu. Mais au tiers,il devenait moins aisé. Le parcours se faisaitsinueux, la pente assez forte, puis, dans ledernier tiers, le sol devenait raboteux, enraison des travaux que lon entreprenaitdans le quartier. Cette rue était un symbole,elle exprimait la diversité de la société et lacomplexité qui en découle. Cette rue étaitaussi un livre dhistoire ! On pouvait y lireles traces des idées économiques qui avaient,au fil du temps, nourri les espoirs des genset réalisé quelques rêves. A lorigine, cenétait quune route partageant un simplehameau situé à flanc de colline. Quelquesfermes sy trouvaient regroupées. Puis, larégion sétait développée et avait aiguisélappétit des promoteurs immobiliers. Leshabitants du hameau avaient tenté de sop-poser aux projets de transformation qui lesconcernaient. Ils ny avaient réussi quenpartie. Ils avaient discuté. Ils sétaient divi-sés. Souvent, la cupidité lavait emporté surla solidarité. Le bas de la colline avait échap-pé à ceux qui voulaient conserver ce quilsconsidéraient comme la marque de leuridentité, de leur histoire, comme la partie laplus visible de leur vie, en somme, puisquece morceau de terre leur venait de leursparents, parfois dancêtres plus éloignésencore, et quà leur tour, ils le faisaient vivre.On y construisit des maisons luxueuses etdes gens dautres régions vinrent sy établir.Le reste de la colline resta presque intactpendant plusieurs années. Conquis par unidéal de vie et de travail communautaires,quelques idéalistes, dhorizons divers, vin-rent ensuite occuper le haut de la colline,

    plus difficile daccès, et y installèrent unphalanstère qui fut connu rapidement dansle pays. Entre ces deux extrêmes, se main-tinrent quelques maisons modestes, maiscoquettes, entourées de jardins et de nom-breux arbres aux larges frondaisons. Cestau rez-de-chaussée de lune delle quEtien-nette avait son logement.

    On aurait pu dire que, pour elle,la liberté ou, tout au moins,

    sa manifestation était dautantplus grande que son intimité

    était plus profonde

    Elle gravit les quelques marches qui la sépa-raient de lentrée, poussa la porte et pénétradans le corridor assez obscur du bâtiment.Elle parcourut quelques mètres, traversaune petite cour intérieure, évita la bicycletteabandonnée au milieu du chemin par le filsde ses voisins, fit encore trois pas sur sadroite et sarrêta. Elle fouilla dans son sac,saisit ses clefs, en fit jouer une dans laserrure et, ouvrant la porte de son apparte-ment, se retrouva avec un extrême conten-tement dans son univers tout de clarté et desobriété. Chaque fois quelle rentrait chezelle, elle éprouvait les mêmes sensations.Elle paraissait accomplir un rite dinitiation,en quittant ce monde, parfois informe etmenaçant, souvent triste et sombre où, du-rant une journée au moins, elle avait livrédes combats insensés, pour accéder à cetespace sûr et calme quelle chérissait depuislongtemps. Elle passa dans sa chambre, sedévêtit pour prendre sa douche, puis, lors-quelle sortit de la salle de bain, traversa sa

  • page 6

    chambre, entra dans le salon, fit marchearrière, revint au salon, toujours dans le plussimple appareil. Elle retrouva enfin ce quel-le cherchait, un négligé du soir un peuvaporeux dans lequel elle se sentait très àlaise. Elle sinstalla ensuite dans une largebergère quelle tenait de son arrière-grand-mère maternelle et se mit à lire le romanquelle avait commencé quelques jours aupa-ravant.

    Ni le salon ni la chambre à coucher navaientde rideaux et souvent elle oubliait de baisserles stores, non par négligence, mais par unsurcroît de confiance. Elle était chez elle etil lui semblait que personne naurait eu lidéemalvenue de sintroduire dans son monde,fût-ce par un regard, sans y être invité. Cestpour cette raison quelle se sentait aussilibre. Cette liberté-là navait rien de provo-cant. Elle était lexpression élémentaire etnaturelle de cette harmonie à laquelle elleaspirait et quelle pensait avoir réalisée dansson microcosme. On aurait pu dire que,pour elle, la liberté ou, tout au moins, samanifestation était dautant plus grande queson intimité était plus profonde.

    Pourtant, ce soir-là, elle aurait dû faire preu-ve de plus de prudence. Quelquun lobser-vait et aucun de ses mouvements, surtoutpas son va-et-vient entre la chambre et lesalon, navait échappé à cette personne. Quiétait-ce ? Il était très difficile de le dire. Delautre côté de la rue, faisant face à la maisondEtiennette, se dressait un immeuble enconstruction. On ne voyait que deux étagesachevés sur les quatre ou cinq quil devaitcompter et ce qui allait devenir une entrée

    large et lumineuse nétait encore quun vastetrou noir. En regardant attentivement, du-rant cette soirée sans lune, on pouvait ce-pendant observer une petite lueur rougeâtrequi, par intermittence, se faisait plus vive. Etsi lon avait eu lidée de sapprocher, onaurait reconnu la silhouette dun homme detaille moyenne, coiffé dun feutre noir àbords baissés, les mains enfouies dans lespoches dun imperméable bleu nuit. Detemps en temps, il sortait la main droite desa poche et la portait à sa bouche pour endégager une cigarette qui se consumait. Ilétait posté sous le porche, un peu en arrière,de telle sorte quil pût tout voir sans être vu.Comme limmeuble était adossé à la colline,lentrée et lappartement dEtiennettenétaient pas de niveau. Ainsi, lhomme setrouvait un peu plus haut et son regardplongeait littéralement dans lappartement.Rien ne pouvait être soustrait à sa vue de cequi se passait dans la chambre et dans lesalon qui donnaient, tous deux, sur la rue,quaucun feuillage ne masquait et que lesstores, à ce moment levés, ne protégeaientpas non plus des indiscrétions. Au boutdun moment, lassée de sa lecture, Etiennet-te décida daller se coucher. Les lumièresséteignirent dans lappartement. Plus riennétait visible. Dehors, on nentendait plusaucun bruit. Soudain, on perçut quelqueslégers craquements auxquels succédèrentde petits pas. Une silhouette noire se dépla-çait nonchalamment. Notre homme avaitquitté son observatoire. Il descendait la rueet senfonça dans la nuit épaisse, à peinetraversée par léclat des rares réverbères.

    à suivre

    roman

  • page 7bâtiment

    Qui êtes vous Monsieur Auderset ?

    Je suis originaire de Cressier sur Morat ,village connu pour avoir eu comme habi-tant célèbre Gonzague de Reynold, châte-lain du lieu. Né à Fribourg dans une familledorigine paysanne, mais avec un père deve-nu ouvrier pour des raisons économiques,jai passé toute mon enfance dans cette ville.

    A lâge de choisir un métier, jaurais souhai-té me tourner vers une profession artistique(écoles des beaux-arts ou enseignement dudessin). Mes parents ne voyant pas ça duntrès bon oeil, jai entrepris un apprentissagede dessinateur en bâtiment. Ensuite, tout en

    travaillant dans ladministration fédérale,jai pris des cours pour obtenir le diplômedarchitecte. Et, à 25 ans, je suis entré auDépartement des bâtiments.

    Vous êtes un des deux adjoints de larchitectecantonal, quelles sont vos tâches et comment serépartissent-elles au sein du département ?

    En raison de lexpérience acquise au coursdes 35 dernières années, je suis un peu la«mémoire vivante» du département. Cecimis à part, il faut savoir que plus de 650bâtiments dépendent de notre service. Leurentretien, le suivi et les nouveaux sont ré-partis entre les architectes et les techniciens.Pour ma part, je moccupe de presque tousles bâtiments de la police (prisons, poste degendarmerie, etc) et dautres immeubles detous les départements sauf ceux du départe-ment de la santé publique.

    Michel Auderset

    Je suis originaire de Cressier surMorat , village connu pour avoir eucomme habitant célèbre Gonzague

    de Reynold, châtelain du lieu.

    Des

    sin

    C. F

    edrig

    o Sous la houlette de Monsieur Charles-HenriLang, architecte cantonal, qui supervise letout, nous sommes deux adjoints avec desattributions un peu différentes. Pour moi,

    Gonzague de Reynold

    Adjoint de l'architecte cantonal

    Interview

  • page 8 bâtiment

    cest plutôt laspect technique, entretien,nouvelles constructions, etc. Je me considè-re dabord comme un homme de terrain.Pour l'anecdote, juse mon 3e architectecantonal et mon 6e Conseiller dEtat ! 

    Grâce à lexcellente collaboration qui existeentre le département des bâtiments et labibliothèque par votre entremise, plusieursaméliorations ont pu se faire durant lannéeen cours dont léclairage de la salle de lectureprincipale qui est une véritable réussite. Le1er septembre dernier la rénovation de lapartie centrale de la toiture sest égalementterminée. Dans les deux cas, ces travaux ontpu être réalisés dans le respect de lesthéti-que du bâtiment et nous vous en félicitons.

    Comment voyez-vous la suite des grands travauxdentretien de ce bâtiment  dont plusieurs partiesvieillissent de plus en plus mal (climatisation,chauffage, compactus, etc)?

    Il y a des grands projets pour la BCUcentrale relatés récemment par la presse : ledéplacement dune partie des fonds à Beau-regard et l'agrandissement et le réaménage-ment du bâtiment actuel de la centrale. Il estclair que dans loptique de ces grands tra-

    vaux, le département des bâtiments ne vapas entreprendre des révisions coûteusesou réaliser des nouvelles installations tech-niques au cours des prochaines années. Parcontre pour la toiture dont la partie centraleet celle de la rue St Michel ont été complè-tement remises à neuf, les travaux continue-ront pour les parties latérales.

    Vous connaissez nos problèmes de place (locaux etplaces de travail) et le grand projet qui sera présentéau Grand Conseil est le résultat des études qui ontété entreprises pour résoudre ce problème. Dans lecadre de ce projet est-il envisageable de revoir complè-tement les installations techniques du bâtiment?

    Effectivement, il faut savoir que lagrandis-sement et le réaménagement du bâtimentactuel feront lobjet dun concours darchi-tecture. Lattribution des locaux actuelle nesera peut-être pas celle du nouveaux bâti-ment. Des locaux seront peut-être complè-tement transformés et leur usage modifié.Ce qui signifie aussi que toute la probléma-tique des installations techniques (chauffa-ge, climatisation, gaines techniques, etc)devra être complètement revue dans cenouveau projet.

    © P

    hoto

    de

    B. M

    ailla

    rd

  • page 9bâtiment

    Comment voyez-vous personnellement ce projet?

    Je suis très optimiste. En effet, ce projetrépond à un véritable besoin. La rénovationde 1976 a fait son temps et les donnéesactuelles sont complètement différentes.

    Pouvez-vous suggérer des dates pour sa réalisation?

    Il ne faut pas aller trop vite en besogne, maisraisonnablement, on peut envisager les da-tes suivantes :

    Automne 2000, rapport et décret auGrand Conseil.

    2002, réalisation de lextension à Beaure-gard, étude du projet de rénovation et ex-tension du bâtiment actuel et concours dar-chitecture

    2004 à 2007 réalisation des travaux à laBCU centrale

    Ceci dit, naturellement avec toutes les réser-ves liées aux décisions de nos autoritéspolitiques. Quant à nous, nous réjouissonsde continuer cette collaboration fructueuseavec vous afin de conserver tout son pou-voir dattraction à cette magnifique institu-tion quest la Bibliothèque cantonale etuniversitaire.

    Pour terminer encore un mot sur vos hobbies : Onvous rencontre parfois avec une paire de baskets auxpieds ou un instrument de musique à la main :Quels sont vos loisirs favoris ?

    Les hobbies ont changés au cours des an-nées. Jai longtemps pratiqué lathlétisme entant que sprinter sur 100, 200 et 400 mètres,puis le saut à la perche pour terminer par lacourse à pied sur des distances plus longuescomme Morat-Fribourg et une dizaine de

    marathons. Jai été également 28 ans vice-président de lorganisation de la course Mo-rat-Fribourg, 8 ans président du Club athlé-tique Fribourg et 2 ans membre du comitéde la fédération suisse dathlétisme. Jai cou-ru plus de 35 fois la Morat-Fribourg etjessaie dy participer encore chaque année.

    Je suis depuis 30 ans membre du Contin-gent des Grenadiers fribourgeois et, depuisun peu plus dune année, je me suis mis aucor des alpes. Une association appelée «Aca-démie suisse du cor des alpes» a dailleurs étécréée à Charmey grâce à linitiative deFrancis Scherly et Joseph Molnar, le célèbrejoueur de cor des alpes mondialement con-nu. Devenu membre dès sa création, je suisactuellement vice-président du comité nou-vellement constitué.

    Avez-vous encore des rêves à réaliser?

    Jaimerais beaucoup participer aux 100 kmde Bienne. Jai plusieurs fois voulu y partici-per et pour des raisons diverses jen ai étéempêché à chaque fois. Et puis à la retraite,que jespère assez proche, je rêve de prendremon baluchon et de partir pour St Jacquesde Compostelle à pied pour un grand pèle-rinage qui me permettrait de faire la transi-tion entre la fin de mes activités profession-nelles et une retraite active.

    Monsieur Auderset, nous vous souhaitons de réali-ser vos rêves et nous vous remercions chaleureuse-ment de cette interview.

    Propos recueillis parChristian Mauron

  • page 10 int@rnet

    Introduction

    Est-ce que le site web de la BCU intéresse lesinternautes ? Peut-on connaître le public decet ensemble de documents ? Quelles sontles pages les plus visitées ? Y a-t-il beaucoupde visiteurs ? Ces quelques questions peu-vent surgir lorsquon prend un peu de reculavec notre site web réalisé en commun partoute une équipe de rédacteurs de la biblio-thèque.

    Depuis bientôt une année, un logiciel sur-veille le site de la BCU et fournit des statis-tiques parfois surprenantes, mais souventintéressantes. Certaines données traquéesau quotidien peuvent nous laisser songeur,peut-être rêveur ...

    Pour consulter ces fichiers de statistiques,branchez-vous sur ladresse interne de laBCU L:\zzz_statistiques_web_bcu aveclexplorateur de windows. Les fichiers destatistiques mensuels vous renseignerontsur lintérêt porté au site par son publicmondial.

    On veut des chiffres

    Devinez vous-mêmes et ne regardez pastout de suite la réponse, ce serait trop facile.Que peuvent bien représenter pour le moisde mai les nombres suivants :

    Statistiques du site web de la BCU

    12114 471977 4601803 1373032 ?

    Si vous lavez deviné poursuivez au paragra-phe intitulé « Les top 10 ».

    Le premier nombre indique combien desessions ont été réalisées pour consulter lesite de la BCU. Cette valeur est périodique-ment en augmentation, ce qui démontre quenotre site est toujours plus sollicité pour lesinformations quil prodigue. Cette valeursera dépassée à mesure que les internautesdécouvriront les richesses disponibles dansles différentes rubriques dont celles quevous trouvez sous «bibliothèque électroni-que».

    471977 dit le nombre de pages visitéespar lensemble des internautes. Ils ne sem-blent pas sennuyer, malgré la sobriété decelles-ci et consultent en moyenne 39 pagesavant daller voir dautres sites.

    4601803, ne vous laissez pas impres-sionner par ce nombre, dit la durée totale deconsultation du site par lensemble de nosvisiteurs en secondes, sil vous plaît ! Maissoyons honnêtes, cela donnerait pour uneseule personne un peu plus de 53 jours deconsultation ininterrompue et dintérêt sou-tenu. (Si vous souhaitez que lon parle devous dans le Guiness book, je vous laisse

  • page 11int@rnet

    entrevoir des possibilités de records grâce àInternet.)

    1373032 est plus difficile à se représen-ter. Ce sont des Koctets, lisez Kilo octets,transférés depuis notre site vers les ordina-teurs internautiques. Dit autrement, ça faitvraiment beaucoup doctets, mais ils nesont pas encore suffisants pour remplir undisque dur dun nouveau PC de la BCU.

    Le tableau suivant met en relation le nom-bre de sessions et la durée de consultationde nos pages. Daprès vous est-ce que notresite est passionnant ? Il me semble impor-tant de constater que depuis certains buti-neurs efficaces, je parle de ceux qui com-prennent tout un site en peu de temps, soiten moins dune minute jusquà ceux qui sepassionnent pour le site, et ils ont raison,nous totalisons pour lunique mois de maide lannée 2000 12114 heureuses et heu-reux. Vous faites peut-être partie de ceux-ci !

    Sessions % Durée

    8293 68.46% 1 min.

    1450 11.97% 2-5 min.

    1434 11.84% 6-15 min.

    504 4.16% 16-30 min.

    153 1.26% 31-45 min.

    88 0. 73% 46-60 min.

    192 1.58% 61 ou plus

    12114 100 %(toutes catégories confondues)

    Les top 10

    Cest avec une prudence mesurée quil mefaut aborder ce grand chapitre, dailleurstrès à la mode, pour désigner les 10 meilleu-res pages du concours organisé secrètementpar le programme des statistiques. Si jamaisles pages auxquelles vous avez collaboré setrouvent mal classées, ne le prenez pas mal,tout peut changer sur Internet et on pourraen reparler dans 6 mois.

    Certaines pages nont été consultées quuneseule fois. Dans ce palmarès voustrouvez notamment:

    des images du fonds Benedikt Rast sur lethème de Fribourg, des Cordeliers, du reta-ble de Jean Furno, de la Crucifixion, deNotre-Dame de Grâce et sur Cheyres/FR

    Benedikt Rast: retable de Jean Furno. Eglise des Cordeliers

  • page 12 int@rnet

    la chronique fribourgeoise

    le manuel des acquisitions de Virtua.

    Si ce sont les vôtres, restez optimiste, etdites-vous que dautres nont pas encore étéconsultées. Et si vous avez participé à léla-boration de ces pages non-lues, reportez-vous au paragraphe précédent.

    Dans la liste des 10 pages les plus souventutilisées comme première page daccès ànotre site, la page dite de défaut en françaisest accédée 18 fois plus souvent que cettemême page en allemand (3056 contre 166).Dites-moi pourquoi ?

    Nous pouvons aussi connaître lorigine desaccès. Le score est sans grande surprise. Lesplus friands daccès sont les utilisateurs duréseau de lEtat de Fribourg (etatfr.ch etfr.ch) avec 36% puis le personnel de la BCUaccédant par la page spéciale intitulée «Bi-bliothèques - Postes publics» avec 25%.Notez quil y a un recoupement entre cesdeux valeurs vu que le personnel de la BCUest à la fois utilisateur du réseau de lEtat deFribourg et peut accéder au web par la pageen question. Luniversité de Fribourg(unifr.ch) vient ensuite avec 15% et choseintéressante, les utilisateurs du réseau ro-

    mand de Martigny (rero.ch) nous ont lu àraison de 3% durant ce mois de mai.

    Si des personnes physiques se délectent denos pages sachez que des moteurs de re-cherche nous ont aussi en mémoire dansleur tables. Regardez vous-mêmes le classe-ment des moteurs le plus souvent appeléspour nous découvrir. Une petite ombre à cetableau, elle est dénommée «Top 10 mostactive referring search engines» mais seulssept moteurs différents ont été recensés.

    yahoo.com 44.44% altavista.digital.com 36.84% infoseek.com 15.20% webcrawler.com 1.17% looksmart.com 1.17% hotbot.com 0.58% excite.com 0.58%

    Ces chiffres sont à relativiser vu que seuls7% des accès se sont faits par ces outils.

    Le site de lUniversité de Fribourg conduitaussi des internautes à nos pages et ôhsurprise, les accès faits à partir des pages enallemand représentent alors 43% des accèsde lUniversité.

    Toujours daprès les statistiques du mois demai, on peut voir que le browser le plusutilisé pour accéder à nos pages est celui deMicrosoft dans 45% des transactions et queles utilisateurs de Macintosh nont effectuéque 0,14% de toutes les transactions.

  • page 13int@rnet

    Un site connu de toute la planète

    Aux USA, deux états sintéressent à nous :la Californie avec 285 sessions et létat deVirginie avec 239 sessions. Globalement, cesont 7,7 % du trafic avec 737 sessions quinous viennent des States. On les intéressenous !

    Amérique du nord (Canada compris):1027 sessions. (8.48 % of trafic)

    Amérique du sud : 4 sessions.(0.03 % of trafic)

    Europe : 2365 sessions.(19.52 % of trafic)

    Asie : 12 sessions. (0.10 % of trafic) Australie & Océanie : 443 sessions.

    (3.66 % of trafic) Afrique : 21 sessions. (0.17 % of trafic)

    Mais laissez-vous surprendre par le Tongaqui nous a fait lhonneur de ses nombreusesvisites depuis le mois de juillet 1999 déjà.Chaque mois, ce ne sont pas moins de 250accès au site et 443 pour le mois de mai 2000.Le Morocco, plus timide, par un de sesinternautes vient nous faire une visite men-suelle et parfois pousse sa curiosité jusquàpasser 4 fois par mois sur le site. Un autrepays nous honore aussi profondément deson unique visite mensuelle, cest le Brésil.

    Plus proche de nous, les pays européensnous lorgnent : nombre de sessions, parpays, en juillet 1999 et en juin 2000 :

    Allemagne 113 98 France 46 87 Pays-Bas 53 67 Belgique 6 18 Autriche 136 17

    Italie 2 13 Grande-Bretagne 13 6 Portugal - 4 Norvège - 2 Luxembourg 1 2 Irlande - 2 Espagne 7 1 Pologne - 1 Tchéquie - 1 Danemark - 1 Suède 1 - Russie 1 - Hongrie - 1

    Les statistiques mentent, cétait prévisible!

    Nous connaissons en partie les responsa-bles. Ce sont dabord les proxys qui noussapent des accès selon un scénario bienconnu de nos services informatiques. Lin-ternaute lambda tant attendu pour nos sta-tistiques veut accéder à une page de votresite préféré. Il en exprime la demande encliquant sur ladresse correspondante et cel-le-ci est transmise en direction du site via unproxy. Le proxy commence par contrôler siune telle demande ne lui a pas déjà été faiteet dans laffirmative, il va lui-même répon-dre à linternaute en lui transmettant la pagedemandée. Aucun accès ne sera alors fait auserveur de la BCU. Vous aurez compris quele rôle du proxy est de décharger le réseau enservant les demandes des internautes quandil le peut. Le même phénomène existe aussiavec votre browser, qui mémorise les pagesque vous avez consultées. Vos accès ulté-rieurs à ces pages seront servis par votre PCet pas par le serveur de lEtat de Fribourg, cequi est très mauvais pour nos statistiques.

  • page 14

    Effacez donc ces fichiers temporaires devotre PC.

    Conclusion

    Deux volets sont à considérer. Le premierest en rapport avec les avantages quoffre unsite web à la BCUF pour ses documentsadministratifs. Le site peut être vu commeun lieu unique de mise à disposition dedocuments de travail. Sa mise à jour est aiséeet instantanée et ceux qui les consultentdisposent toujours de la dernière version. Ilne nécessite plus de papier, mais nempêchepas limpression des documents en cas denécessité. Pour les lecteurs, en plus de cesavantages, le site offre une disponibilité quidépasse les heures douverture. Il doit sansdoute sen dégager une certaine économiede papier et de place également. Malheureu-sement ces deux aspects échappent à ce typede statistiques.

    Un second aspect touche la promotion de ladocumentation et lintérêt porté aux diffé-rentes pages du site. Le serveur de statisti-ques est alors utile pour nous dire combiende fois une page a été lue sur une duréedonnée. Les données à la base des statisti-ques sont mémorisées sur le serveur etdifférentes sélections journalières, hebdo-madaires ou mensuelles peuvent être faitesen tout temps. Avis au service du marketing.

    Malgré cet outil, nous ne connaissons quim-parfaitement le public qui sintéresse à notre

    int@rnet

    site. Nous savons quil est avant tout fran-cophone, fribourgeois, universitaire et quilest en augmentation. Le premier rapport destatistiques indiquait pour juillet 1999 5786sessions auxquelles le serveur de la BCUavait répondu. Chaque mois, pratiquement,cette valeur a augmenté pour atteindre 12'114sessions servies durant le mois de mai 2000.Lintérêt a donc plus que doublé pour nospages en une année environ.

    Je ne vous ai donné quune petite esquissedes interprétations possibles des statisti-ques mensuelles. Dautres analyses plus fi-nes pourraient être envisagées, par exemplele lien entre une « news » qui fait la promo-tion dune nouvelle rubrique et le nombredinternautes qui va ensuite sintéresser à larubrique en question. Loutil statistique nestpas las mais toujours là.

    Jean-Pierre Ducrest

  • page 15formation

    Nouveau programme 2000-2001 de courset séances de formation, gratuits et ouvertsà tous les usagers de la BCU :

    Catalogue VTLS (Réseau fribourgeois).But : présenter de façon détaillée les fonc-tions du catalogue local et approfondir lespossibilités de recherche (simple ou combi-née);

    Site Web de la BCU. But : présenter lastructure et les contenus du site Web de laBCU ainsi que les possibilités de navigation(linscription est obligatoire);

    Bibliothèque électronique. But : présen-ter les divers aspects de la «bibliothèqueélectronique» à laide du programme sui-vant : Bibliothèque électronique, Internetgénéral, Recherche sur Internet, Bibliothè-ques sur Internet, CD-ROMs, Périodiquesélectroniques (linscription est obligatoire).

    Formation des usagers

    Formations et présentations

    Programme

    Comment chercher dans le catalogue VTLS(Réseau fribourgeois)Mardi, 11h00 - 12h00 en françaisJeudi, 11h00 - 12h00 en allemand

    Structure et contenus du site Web de la BCU(sur inscription)Mardi, 13h30 - 14h30 en françaisJeudi, 13h30 - 14h30 en allemand

    Aspects de la Bibliothèque électronique(sur inscription)Mercredi, 13h30 - 15h00 selon le pro-gramme suivant :

    Bibliothèque électronique Dates : 27.09/08.11/20.12/14.02/28.03/16.05/27.06

    Le cours propose une introduction à la«bibliothèque électronique» : un aperçu dela recherche sur Internet et des ressourcesdisponibles sur le site web de la BCU; unebrève introduction aux principaux moteursde recherche et aux principales bibliothè-ques accessibles sur Internet (en Suisse etdans le monde); une présentation de loffrede CD-ROMs et de périodiques électroni-ques en ligne accessibles depuis la BCU.

  • page 16 formation

    Internet général Dates : 20.09/13.12/07.02/21.03/09.05/20.06

    Le cours retrace le fonctionnement dInter-net et illustre les notions indispensables à lanavigation: URL, site web, hypermédia,mode de transmission de linformation, etc.La formation pratique donne un aperçu dela recherche sur le réseau et des ressourcesdisponibles sur le site de la BCU. Dautresfonctions (messagerie électronique, news,chat, FTP, etc.) sont abordées.

    Recherche sur Internet Dates : 06.12/31.01/14.03/02.05/13.06

    De nombreux outils de recherche permet-tent de localiser linformation sur Internet :moteurs de recherche, métamoteurs, an-nuaires, répertoires, index thématiques, si-tes spécialisés, anneaux thématiques. Lecours propose un survol des différents outils(leurs points forts et leurs points faibles,leurs particularités) et des informations debase sur les commandes permettant unemeilleure utilisation.

    Bibliothèques sur Internet Dates : 04.10/15.11/10.01/21.02/04.04/23.05/04.07

    Le cours sarticule autour du site du Réseaudes bibliothèques romandes, des bibliothè-ques suisses, des bibliothèques nationales,dautres bibliothèques importantes dans lemonde ainsi que des sites fédérateurs. Iloffre des exemples de recherche dans desmétacatalogues ainsi quun survol des sites

    consacrés au monde des bibliothèques (bi-bliothéconomie, catalogage, actualités litté-raires, etc.).

    CD-ROMs Dates : 18.10/29.11/24.01/07.03/25.04/06.06

    Le cours présente léventail de CD-ROMsdisponibles à la BCU et les possibilitésdaccès à ces bases de données depuis laCentrale et depuis lUniversité. Une dé-monstration de trois types différents deCD-ROMs (une base de données bibliogra-phiques, un journal et un document multi-média) permet dacquérir un certain nom-bre de compétences utiles aux recherchessur dautres produits.

    Périodiques électroniques Dates : 25.10/22.11/17.01/28.02/11.04/30.05

    Après avoir exposé la recherche dinforma-tion (par lintermédiaire des sites des édi-teurs, des périodiques, ou par le biais deréférences darticles), le cours présente lof-fre actuelle à la BCU et à lUniversité deFribourg. Laccès aux articles de périodi-ques ainsi que les fonctions disponiblessont démontrés en passant par des listes detitres et des listes thématiques établies sur lesite WEB de la BCU.

    Claudio FedrigoRegula Feitknecht

  • page 17

    Premier imprimeur de Fribourg(1585-1597), le wurtembourgeois

    Abraham Gemperlin fit ses débuts detypographe, en 1583-1584, dans lacité cousine de Freiburg en Breisgau,

    en association avec limprimeur bâloisAmbrosius Froben. Le domaine

    Patrimoine imprimé et livres précieuxest heureux dannoncer que deux des

    quatre imprimés de Gemperlin datantde cette période sont venus enrichir les

    collections de notre bibliothèque.

    mbrosius Froben (1537-1602), imprimeur à Bâle en 1563-1583, issude la fameuse dynastie bâloise dim-

    primeurs, fils de Hieronymus (1501-1563)et petit-fils du grand Johann (1460-1527),sétait établi à Freiburg en Breisgau en 1583,où limprimerie nétait plus desservie depuis1579, et sétait associé à un libraire de laplace, un certain Abraham Gemperlin. Huitouvrages, tous datés des années 1583-1584,

    La BCU acquiert deuximprimés de Gemperlin

    devaient sortir des presses de cette associa-tion : quatre imprimés avec la mention TypisFrobenianis, trois avec la mention dAbra-

    patrimoine

    A

    De ecclesiastico coelibatu. Adversus sacrilegos nuptiatoreset infames concubinarios (1584)

  • page 18 patrimoine

    ham Gemperlin, un dernier sans mentiondimprimeur de 1584, également de Gem-perlin. De ces quatre imprimés, dont aucunne figurait dans nos collections, la BCU a pufaire lachat auprès dun antiquaire dAms-terdam, en novembre 1999, du De ecclesias-tico coelibatu. Adversus sacrilegos nuptiatores etinfames concubinarios (1584), ouvrage de con-troverse en faveur du célibat des prêtres parJodocus Lorich (1540-1612), professeur dethéologie à Freiburg en Breisgau.

    Antichristus sive oratio, adversus stupendam calumniamhaereticorum nostrae aetatis (1583)

    BCU-INFO. Journal interne de la BCU Fribourg.Parution trimestrielle.

    Michel Dousse,Claudio Fedrigo,Regula Feitknecht,Christian Mauron.

    impressum

    Délai de rédaction:les textes sontremis à léquipe derédaction jusquau5 du mois de parution.

    Le livre que nous venons dacquérir, intituléAntichristus sive oratio, adversus stupendam calu-mniam haereticorum nostrae aetatis, imprimé parGemperlin en 1583, est également un ouvra-ge de controverse religieuse : il sagit dunedéfense du pape contre les critiques protes-tantes, par le théologien Michael Hager( 1584), professeur à la Faculté de théolo-gie de Freiburg en Breisgau de 1576 à 1583.Lorsque Gemperlin sétablit sur les bordsde la Sarine, cest avec ce type de publica-tions, dans le contexte des tensions confes-sionnelles de la Contre-Réforme, quil inau-gurera limprimerie fribourgeoise : le Frags-tück des christlichen Glaubens an die neuwe sectis-che Predigkandten (1585), premier livre impri-mé à Fribourg, est une diatribe contre lescalvinistes.

    Ces deux nouvelles pièces, portant les cotesRES 161 et RES 182/2, sont dores et déjàconsultables dans la salle de lecture duCabinet des manuscrits, où elles sont con-servées.

    Alain Bosson

    le Fragstück des christlichenGlaubens an die neuwe sectischePredigkandten (1585), premier

    livre imprimé à Fribourg,est une diatribe contre

    les calvinistes.

  • page 19pétitionE

    clai

    rage

    de

    la s

    alle

    de

    lect

    ure

    prin

    cipa

    le

    « Let

    tre d

    es p

    étiti

    onna

    ires »

    ne lettre signée par 60 usagers des locaux de la BCU déplorant la qualité de léclairagedans la salle de lecture parvint à notre Directeur le 12 mars dernier. Suite à notreintervention auprès du département des bâtiments, Monsieur Michel Auderset

    mandata un spécialiste en éclairage afin de remédier à ce problème. Cest durant la semainede fermeture que les travaux furent réalisés à la satisfaction générale et en particulier despétitionnaires dont voici copie de la lettre du 11 août dernier. (Christian Mauron)

    U

  • Personalia

  • page 21

    La Bibliothèque Haïtienne des Pères du Saint-Esprit

    La collecte des miettes du passépar Jean Ephèle Milcé

    l'invité(e) du Directeur

    Capitale de la République dHaïti1,Port-au-Prince, ville nation, ville

    pyromane, gît au milieu de ses bidon-villes arrogants, sa cathédrale histori-

    que brûlée et ses rues défoncées. Detous les temps, elle a été le cur dunpays de contrastes bariolés jusquausilence des gestes déformés. Et pour-

    tant, elle allaite tant bien que mal destrésors du patrimoine haïtien qui

    valent la peine davoir survécu.

    est au coeur du quartier qui a vu lanaissance de cette ville, en 1749, queje vous propose un tour guidé. Des-

    tination finale : la Bibliothèque haïtiennedes Pères du Saint Esprit2, gardienne dunepartie importante du patrimoine nationalhaïtien.

    Très connue et fréquentée par les étudiantset les chercheurs avertis, des efforts sontentrepris pour faire connaître dans tout lepays la présence3 et la disponibilité de cetteMecque de lhistoire haïtienne et pour fairede la Bibliothèque haïtienne des Pères duSaint Esprit le centre de documentationmondial sur lhistoire dHaïti, lhistoire despremiers efforts de colonisation européen-ne dans les Amériques et principalementdans les Caraïbes, et sur lesclavage noir.

    Rappel historique

    En 1960, sous le gouvernement du prési-dent Géfrard, Haïti sengage dans des rela-

    Cetterubrique accueille des textes d'auteurs invité(e)s às'exprimer dans nos colonnes par M. Martin Nicoulin,directeur de la BCU

    C

  • page 22 l'invité(e) du Directeur

    tions avec le Vatican par la signature duConcordat. En effet, cest un pays anémié,ne pouvant pas toujours panser les blessu-res de la guerre de lindépendance, payerlintégralité de ses indemnités envers lesanciens colons, éteindre le feu dans seschamps de canne-à-sucre et rassembler sesenfants autour dun projet de développe-ment, qui saligne officiellement aux cotésdu Saint Siège. Pour devenir la premièrerépublique noire du monde en proclamantleur indépendance le premier janvier 1804,les indigènes ont dû défier larmée napoléo-nienne. Guerre gagnée et payée au prix fortde la mobilisation de toutes les ressourcesdu pays dans la fortification diplomatique etphysique de cette fragile liberté.

    A la faveur du Concordat, le clergé haïtienest devenu le principal partenaire de létatdans les domaines touchant surtout à lédu-cation. Ainsi le Fort Thomas4 a été réamé-nagé pour devenir le Petit Séminaire Collègeen 1864 avec le mandat dassurer la forma-tion des futurs prêtes et daccueillir desjeunes garçons pour des cours classiques.En 1870, les religieux de la Congrégationdes Pères du Saint-Esprit ont été associés auprojet et une année plus tard, ils avaient ladirection du Collège.

    Les religieux de la Congrégation des Pèresdu Saint-Esprit présents au Petit SéminaireCollège ont, après maintes réflexions, eu àprendre la décision de doter le pays duncentre de documentation pour contribuerau développement de la recherche sur lhis-toire dHaïti. Avec des missions et maisonsun peu partout en Europe, en Afrique et aux

    Amériques, ils étaient bien positionnés pourrassembler livres et documents permettantde concrétiser leur idée. Ainsi, le Père Wieckdevint le premier responsable de ce centreouvert déjà en 1973.

    Pour devenir la première républiquenoire du monde en proclamantleur indépendance le premier

    janvier 1804, les indigènes ont dûdéfier larmée napoléonienne.

    A la collection initiale des Pères du SaintEsprit il est venu se greffer celles de plu-sieurs familles haïtiennes dont les plus im-portantes sont : la collection de Listant DesPrasdines, la collection de Michel Oreste( juriste et ancien président de la républi-que), et tout récemment les collections desfamilles Mangonès, Dupuys et du prêteépiscopale Roger Désir.

    De 1969 à 1989, la Bibliothèque a connuune période difficile remettant en cause sonexistence. Pendant le régime oppressif desDuvalier (1957-1986), dans la fureur dannihiler le marxisme épidémique dans le mi-lieu des intellectuels de la petite bourgeoisie,la bibliothèque en tant que lieu de rencontreet par ricochet foyer de dissémination didées« subversives » est devenue la bête à abattre.Prévenus à temps - ironie du sort - par undignitaire du régime, les pères du Saint-Esprit ont vite fait de transférer la Biblio-thèque en lieu «sûr» et de partir en exil à leurtour.

  • page 23l'invité(e) du Directeur

    Après vingt années de clandestinité et sixannées de gestation et de timides tentatives,elle est réouverte au grand public le 28 juin1997.

    Statut et mandat

    La Bibliothèque haïtienne des Pères du Saint-Esprit est un centre de documentation privéet apolitique. Son mandat est de :

    rassembler toute documentation sur lhis-toire dHaïti sous tous ses aspects, lhistoiredes Amériques, principalement des Caraï-bes et des Antilles et lhistoire de lesclavage;

    garder cette documentation en Haïti etpréserver cette collection contre toute for-me de détérioration et contre la destruction;

    mettre cette documentation à la disposi-tion des chercheurs, des étudiants ou desdilettantes.

    Conformément au mandat qui lui est impar-ti, la Bibliothèque haïtienne des Pères duSaint-Esprit se donne pour mission de

    maintenir les collections existantes et lesfaire croître selon les axes de développe-ment identifiés, soit toute documentationsur Haïti même, sur lhistoire des Améri-ques et principalement des Caraïbes, et surlesclavage;

    organiser ces collections selon des systè-mes de gestion de linformation qui permet-tent de les préserver, et dy offrir un accèsphysique, par le biais de consultation surplace dans des locaux et avec un soutientechnique approprié, et un accès intellec-tuel, par le biais des réseaux de communica-tion électronique, afin de contribuer au

    développement de la connaissance dHaïtitant pour les Haïtiens que pour les étrangersdu monde entier;

    faire rayonner son action tant dans lescommunautés dHaïti que dans les institu-tions internationales afin que la richesse deses collections soit connue et utilisée pourmieux faire connaître lhistoire et la culturedHaïti;

    prendre les mesures et poser les actionsnécessaires pour identifier et obtenir lesmoyens indispensables afin dassurer sonautonomie financière.

    Les collections

    La Bibliothèque des Pères du Saint Esprit,consciente de sa mission qui lui incombe deraviver le devoir de mémoire, non seule-ment chez les rares chercheurs mais surtoutchez lensemble de la population, a essayéde rendre laccès plus facile en présentantlinformation sous différents supports. Cecia eu pour effet de permettre à la Bibliothè-que de sinvestir dans des programmes dani-mation allant des projections de documen-taires historiques aux expositions itinéran-tes. La collection qui sagrandit de jour enjour par de nouvelles acquisitions est cons-tituée de :

    1. Les monographies

    Cette collection comprend plus de vingtcinq mille (25,000) livres. Elle a un caractèreexceptionnel en ce que près du tiers de soncontenu sont des livres rares dont un nom-bre impressionnant dincunables (la plusancienne publication étant datée de 1555).

  • page 24 l'invité(e) du Directeur

    Le système de gestion de linformation uti-lisé est un dérivé du système Dewey adaptéà la réalité de la collection elle-même, qui esthautement spécialisée. On ne peut toutefoisparler de «système-maison». Il se rapprocheplutôt dune forme de système national degestion de linformation documentaire, puis-que ce même système est utilisé par laBibliothèque nationale dHaïti et par lesArchives nationales dHaïti, et quil y a uneforme de consultation informelle entre lestrois principaux usagers du système afin denormaliser sa mise en uvre par chaqueinstitution utilisatrice. Il sagit là dune pra-tique assez répandue dans les pays où lonmet sur pied des bibliothèques spécialiséesdont le volume des collections est relative-ment modeste et où lUNESCO prodigueses conseils.

    Un travail préparatoire à la création de ces«fiches descriptives» (en réalité il sagit den-trées dans des cahiers) avait consisté à re-grouper les éléments de la collection parcatégories, ces dernières étant: Histoire, Lit-térature, Sociologie, Politique, Religion,Économie, et Agriculture.

    Létape suivante est en cours. Il sagit derendre opérationnel à cent pour cent la basede données informatisées. Le logiciel sélec-tionné pour cette opération est le WINISISdont lUNESCO assure le soutien techni-que. Il est toujours difficile de choisir dansla jungle des systèmes de gestion de linfor-mation offerts par lindustrie informatique.Le choix de WINISIS pour la Bibliothèquehaïtienne des Pères du Saint-Esprit est fortjudicieux. Il sagit dun logiciel dapplication

    très simple, très souple dans sa structurealgorithmique, et tout à fait indiqué pourune collection de cette taille.

    2. Les périodiques

    Cette collection comprend plus de trentemille (30,000) numéros de revues et dejournaux dont dix pour-cent (10%) sont despériodiques du dix-neuvième siècle.

    Le travail de saisie des données (toujourssur WINISIS) est complet.

    Il y a lieu de sinquiéter pour cette partie dela collection. Le papier journal étant le pa-pier dimprimerie dont la qualité est la plusinférieure, sa préservation est très difficile àcause de sa haute teneur en acide et néces-site des moyens dautant plus élaborés, etsouvent coûteux. Heureusement, certainsdes documents ont déjà été reliés dès ledébut du siècle, ce qui a grandement allongéleur espérance de vie.

    À moyen terme, lacquisition déquipementadéquat pour ce genre de documents (avecde multiples séparateurs de soutien verti-caux) pourra assurer une meilleure préser-vation de la collection et une plus grandefacilité de manipulation.

    3. Les manuscrits

    Cette collection compte plus de 50'000 pa-ges qui, par définition, sont toutes extrême-ment précieuses.

    Seul un inventaire nominatif et un tri som-maire, par thèmes, ont été faits pour per-mettre la mise en boîtes darchives desdocuments. Linventaire détaillé, ainsi que

  • page 25l'invité(e) du Directeur

    létablissement dune fiche descriptive sontencore à faire.

    La plus grande partie des documents ma-nuscrits sont dans des boîtes darchivesdexcellente qualité, quelques autres sont enclasseur dans des chemises cartonnées. Ilest impératif de planifier lacquisition dechemises en papier non-acide pour y rangerchaque document. dans des conditions deprotection appropriées puisquil sagit duntype de document parmi les plus vulnéra-bles, et dans la plupart des cas, irremplaça-bles.

    4. Les photographies

    Le décompte de cette collection reste à fairecar la Bibliothèque reçoit de plus en plus dephotographies de la part des particuliers.On peut estimer quil y a plusieurs milliersditems dont une grande partie a déjà éténumérisée et stockée sur CD Rom.

    Il sagit, pour la presque totalité, dépreuvesphotographiques dont un bon nombre re-monte à la fin du dix-neuvième ou au débutdu vingtième siècle. Certaines dentre ellesont été exposées pendant plusieurs années,dans le passé, dans des endroits où linten-sité lumineuse était très élevée ce qui a faitdisparaître la définition de limage presquetotalement.

    5. Les artefacts et laudiovisuel

    Cette collection ne compte que quelquesdizaines dobjets hétéroclites. Il y a environ140 tessons de céramiques précolombien-nes et quelques objets placés dans une vitri-ne. La vitrine contient 43 objets précolom-

    biens dont: 22 objets lancéolés (gouges ouherminettes) en pierre, 12 têtes de haches enpierre, un cône en pierre, 2 sculptures enpierre, et 5 en céramique rouge, et un galetde sable sédimentaire qui na subi aucunetransformation de main dhomme. Cettepartie de la Collection contient égalementdes pièces de monnaie haïtienne du siècledernier. En outre, on retrouve accrochéessur les murs, un certain nombre de peintu-res à caractère artistique ou historique.

    Enfin, la Bibliothèque haïtienne des Pèresdu Saint-Esprit a une collection audiovi-suelle comprenant quelques cassettes, dis-ques compacts et plus que 2000 bandesvidéo. Cette collection mérite dêtre déve-loppée dans la mesure où les méthodesdacquisition le permettront.

    Intérêts de la bibliothèque

    Même après avoir franchi le troisième mil-lénaire, lhumanité reste fractionnée par sesparticularités culturelles. De manière sub-consciente dans la grande majorité des cas,on participe à lévaluation du chemin par-couru par notre espèce pendant vingt siè-cles. Cest le moment ou jamais pour que lestextes, les mots et les images enregistrés etconsignés sur des supports durables pren-nent limportance qui leur revient. La Bi-bliothèque haïtienne des Pères du Saint-

    la Bibliothèque haïtienne desPères du Saint-Esprit, gardiennede linformation la plus riche et laplus complète sur ce territoire et

    sur les gens qui lhabitent

  • page 26 l'invité(e) du Directeur

    Esprit est la gardienne dune documenta-tion manuscrite, imprimée et audiovisuellecouvrant cinq siècles de lhistoire dHaïti etde la rencontre des deux mondes, ce qui enfait lun des joyaux les plus précieux de larichesse patrimoniale du pays.

    Cette documentation doit être organiséeafin den faciliter laccès tant sur place quàdistance, et en faire un incontournable pourtout chercheur (haïtiens et étrangers) dési-rant obtenir de linformation sur Haïti, etpour tout événement historique de lépoquepré-colombienne à nos jours.

    Connaître lévolution et lhistoire dun payscomme Haïti cest pénétrer dans le recoinsde lexpérience humaine des pays du sud.Pour les étrangers des quatre coins du mon-de qui veulent faire lexpérience dHaïti, laBibliothèque haïtienne des Pères du Saint-Esprit, gardienne de linformation la plusriche et la plus complète sur ce territoire etsur les gens qui lhabitent, est le premierendroit où acquérir ce ca-ractère qualitatif quilsdonneront à cette expé-rience quils se préparentà vivre.

    Jean Ephèle Milcé

    Notes1 Haïti est située dans la mer des Caraïbes etoccupe le tiers de la partie occidentale de lîle quiporte le même nom partagée avec la Dominica-nie. Avec une population avoisinant les huitmillions dhabitants ( 65% danalphabètes) pourses 28.000 km2, elle occupe actuellement, daprèsle dernier rapport de développement humain duPNUD à léchelle mondiale, la 150e place.2 La Bibliothèque haïtienne est logée sur le campusdu Petit Séminaire Collège Saint-Martial à Port-au-Prince. Cet ensemble dédifices occupe toutle bloc situé dans le périmètre de la rue Borgelasau nord, la rue Lamarre à lest, la rue Courte ausud et à louest par la rue Geffard, où est situé leportail principal. Elle ocuupe tout le deuxièmeétage de la résidence des Pères. Adresse 6, RueLamarre, Port-au-Prince Haïti.- B.P. 1307, Port-au-Prince3 La Bibliothèque anime une page sur le sitewww.haitiwebs.com et dispose dinformationssur son site www.geocities.com/biblio_ayiti4 Le fort Thomas, ancien campement militaireen bois, est un item des dispositifs militaires quiavaient pour objectif la défense du territoirenational contre un retour imminent des Fran-çais.

    La Bibliothèque anime une pagesur le site www.haitiwebs.com etdispose dinformations sur son sitewww.geocities.com/biblio_ayiti

  • page 27

    Discours du 1er août 2000prononcé à Granges-Paccot par M. Martin Nicoulin

    e suis fier et heureux de parler ce soirà Granges-Paccot, dans votre com-mune qui a obtenu il y a seulement

    deux cents ans son autonomie et son indé-pendance et qui a connu un prodigieuxdéveloppement démographique, économi-que et culturel. En 1793, au moment de saséparation avec Givisiez, Granges-Paccotcomptait une centaine dhabitants,aujourdhui elle a passé le cap des deuxmille. Comment et pourquoi cette poignéede fermes est devenue une ville, pourraitêtre le sujet dune belle allocution.

    Mais ce soir, nous fêtons lanniversaire de lafondation de la Suisse, notre patrie. Pourcomprendre ce mot de patrie, jen ai cherchésurtout la signification chez ceux qui vien-nent den avoir une ou qui ne lont pasencore complètement. Un penseur algériendisait: Nous ne voulons plus errer dans le présentsans mémoire, nous voulons la langue de nos pères,la mélodie de nos songes et de nos chants sur nosberceaux et sur nos tombes. Un combattantpalestinien a écrit: La dignité humaine exige unepatrie et un drapeau.

    Jaime la Suisse, mon pays. Mais mon amournest pas aveugle. Il demeure lucide. Je saisque la patrie est souvent défendue par le

    sang des pauvres et parfois trahie par lava-rice des riches. Jaime la Suisse, mon pays.Ma passion est forte et durable parce quelleest éclairée par les lumières de lhistoire.

    Pour vous faire partager cet amour et cettetendresse, jai relu le texte magique et fonda-teur, le fameux pacte de 1291. Je vous cite ledébut de ce document: Que chacun sache queconsidérant la malice des temps et pour être mieuxà même de défendre et maintenir dans leur intégritéleurs vies et leurs biens, les gens de la vallée dUri,la landsgemeinde de la vallée de Schwyz et celle desgens de la vallée dUnterwald se sont engagés, sousserment pris de bonne foi, à se prêter les uns auxautres nimporte quel secours, appui et assistance, detout leur pouvoir et de tous leurs efforts, sansménager ni leur vie, ni leur bien contre celui et contretous ceux qui, par nimporte quel acte hostile lesattaqueraient ou attaqueraient un seul dentre eux.

    Ainsi, au 13e siècle, sous le ciel de lhistoire,les gens dUri, de Schwyz et dUnterwaldbrisent le cours de lhistoire, par leur volon-té pour défendre leurs intérêts. Ils fondentun nouvel Etat au cur de lEurope, sur laroute du Gothard basé sur une défensecommune et placé sous la houlette du droitet de la justice sans oublier les vertus dudialogue et de la médiation.

    région

    J

  • page 28

    Evidemment, lAutriche, la grande puissan-ce de lépoque, ne supporte pas cette séces-sion. Elle déclare la guerre à ce jeune Etat.Alors les gens dUri, de Schwyz et dUnte-rwald doivent mettre en pratique leur ser-ment perpétuel et passer aux actes. Ils sedéfendent par les armes et gagnent à Mor-garten, à Sempach et à Naefels. Très vite, lespays voisins, ceux de Lucerne, de Zurich etde Berne sont attirés par ce modèle politi-que qui pratique la défense commune àlextérieur et le respect de lidentité de cha-cun à lintérieur (le fédéralisme). Et ils vien-nent rejoindre cette jeune confédération.

    Au 15e siècle, à louest, un grand dangermenace la Suisse. Charles-le-Téméraire veutet doit la détruire pour réaliser son desseinpolitique. Fribourg entre en scène et joue sapropre carte. Il trahit son camp, la Savoiealliée de Charles-le-Téméraire. Mieux enco-re, il va le combattre à Morat avec lesConfédérés. Et Fribourg gagne. Lord By-ron, un grand poète romantique anglais, acélébré cette victoire dans des vers célèbresqui disent que Morat est une date importan-te dans lhistoire de lhumanité: Comme labataille de Marathon chez les Grecs, celle de Moratsignifie la victoire de la liberté sur la tyrannie.Après Morat, Fribourg va recevoir son plusbeau cadeau politique: il deviendra un can-ton suisse.

    Au milieu du siècle dernier, la Confédéra-tion sest agrandie; depuis lentrée de Fri-bourg, elle a accueilli 13 cantons supplé-mentaires. Mais dautres périls et dautresdéfis la menacent. En ce temps-là, la démo-cratie suisse est en danger puisque ses voi-sins vivent encore sous la férule dun roi ou

    dun empereur. En ce temps-là, les citoyensréclament plus de droits populaires. En cetemps-là, la révolution des chemins de ferexige labandon des barrières douanièrescantonales et la mise en place dune mon-naie unique pour réussir le marché communhelvétique. La Suisse crée létat fédéral avecun gouvernement central, avec une armée etavec une monnaie unique qui sappelle lefranc. En ce temps-là, qui rappelle déjànotre temps, les cantons perdent un peu deleur souveraineté. Cet abandon en faveur dela Suisse, notre patrie, nous a permis deconnaître 150 ans de paix et de prospérité.

    Pendant 150 ans, la Suisse a choisi de parleravec les autres états du monde avec lesarmes de la paix et pas celles de la guerre. LaSuisse nest pas une nation produite par unerace, par une langue ou par une religion. Elleen est lépreuve contraire. Sous le règne dela loi fondamentale et avec les armes de ladémocratie, la discussion puis la sanctiondes votations, elle réunit sur son territoiredes alémaniques, des romands, des tessi-nois, des romanches, des catholiques et desréformés. Avec sa démocratie, elle pratiquela tolérance, le pluralisme idéologique, reli-gieux, ethnique, linguistique. Ces valeursnous aident à vivre le temps présent, celui dela mondialisation qui nous apporte nonseulement des marchandises, mais aussi deshommes, des femmes, des enfants venus detous les coins de la planète.

    Au nom de notre histoire, je dis que leracisme est anti-suisse. Au nom de notrehistoire, je dis que légoïsme de clan et declasse est anti-suisse. Au nom de notre

    région

  • page 29

    Irlandeou les aventures dun petitbibliothécaire à létranger

    ubs, Guinness, maisons colorés,vent, collines, verdure, mer, genschaleureux... Ces quelques mots

    définissent assez bien lIrlande, sans pourautant la décrire complètement. Mais jenoublie un, sans doute le plus important dansle contexte actuel : LIBRARY.

    Jamais je nai vu des gens aussi tranquilles etcalmes quen Irlande. Et à la bibliothèque,pareil. Sans doute que la semaine de 35heures et une fin de mois pas trop mal payéedoivent fortement y contribuer. Eh oui... enSuisse, il faut dire ce quil en est, noussommes fous. Travailler pour vivre et nonvivre pour travailler, voilà ce que lon de-vrait se dire. Peut-être dans 50 ans...

    Mais revenons sur le travail à la bibliothè-que. Grâce à la BCU, jai eu la chancemerveilleuse de passer neuf semaines dansla Public Library de Galway. Neuf semai-nes durant lesquelles bon nombre dactivi-tés mont été proposées. Comme par exem-ple du catalogage, les acquisitions, le biblio-bus, le service public, du travail sur leur siteweb, etc.

    La bibliothèque se divise en trois parties. Lapremière, le headquarters, est le centre ad-ministratif. Cest dans ce bâtiment que touteladministration, le catalogage se trouvaient.Les archives et le centre de documenta-tion y étaient également présents. Les

    région

    histoire, je dis que le fanatisme religieux ouidéologique est anti-suisse. Au nom de no-tre histoire, je dis que le refus du vrai réfugiéest anti-suisse. Mais Suisse, tu ne peux plustourner en rond, comme dans une prison.

    Ô Suisse, pour trouver ton avenir, montesur le Gothard. Au berceau de ton histoire,tu contemples le départ des trois grandsfleuves qui labourent les terres dItalie, deFrance et dAllemagne. Au berceau de tonhistoire, tu contempleras le paysage de lanouvelle Europe. Comme toi, depuis 50ans, elle a enterré les rivalités sanglantes etcriminelles pour vivre et pour survivre enpratiquant les arts de la paix: le droit, ledialogue, lindustrie, le commerce et lécolo-gie.

    Oui Suisse, écoute les paroles du jeuneConseiller fédéral Joseph Deiss qui martèlesa conviction: Participer à lEurope, cest trouverun plus de souveraineté. Et il ajoute: Je suisconvaincu que la Suisse na aucune raison davoirpeur de lavenir. Lintégration européenne est unprojet promis au succès, comme le développement denotre histoire est un succès.

    Alors Suisse marche résolument vers tondestin. Riche des valeurs de ton histoire,prends les chemins de ta géographie et varejoindre tes frères et soeurs de Milan, deLyon et de Manheim non pas en touristemais en citoyen pour continuer la belle etgrande histoire du petit pays à croix blanchedans une Europe fédérale.

    Martin Nicoulin

    P

  • page 30

    deuxième et troisième parties se trouvent àla City Library. Un seul et même bâtimentqui abrite la bibliothèque pour adulte et labibliothèque pour les jeunes.

    Beaucoup danimations sont proposées ausein de la bibliothèque. Des expositions, desécrivains venant présenter leurs travaux,des sportifs qui parlent de leur sport, sontmonnaies quotidiennes. Et tous prennent letemps dy participer. Normal quand on neperd pas de temps dans des  pinailleries inutiles. Le catalogage, par exemple, le dé-montre bien. La British library et son cata-logue existent, alors pourquoi ne pas enprofiter ? La majeure partie des notices ysont pompées, seuls quelques ouvragesdauteur irlandais sont véritablement cata-logués. Et ce nest vraiment quun seulexemple parmi tant dautres.

    Rien ne sert de sétendre sur le sujet, il estbien clair que pour un Irlandais, il vautmieux ne pas trop en faire mais que cela soitefficace malgré tout.

    Durant le stage, deux tâches en particuliermont beaucoup intéressées. La premièrefut le bibliobus. Ce dernier ma permis devisiter une grande partie du Connemara.Environ 600 livres sont stockés dans le bus,une partie douvrages de référence, unepartie littérature adulte et lautre pour lesenfants. Le bibliobus fait différents tours etdessert tous les petits villages qui ne possè-dent pas de bibliothèque. En général, untour dure une journée entière, cest pour-quoi, après manipulations, le bureau du prêtse transforme en une petite cuisine. Cesttrès sympathique.

    recit de voyage

    La deuxième fut le remaniement de leur siteweb. Ce travail ma pris beaucoup de temps,mais jen suis très heureux et assez fier. Eneffet, il ma donné loccasion davoir accèsaux archives et à la documentation de la villede Galway et même du comté de Galway. Letravail fut passionnant, me donnant égale-ment la possibilité de me perfectionnerdans le domaine HTML. Je vous invite doncà visiter le site (http://www.galwaylibrary.ie)

    Ce stage fut vraiment une bénédiction, etjencourage toute personne, principalementles autres apprentis, à faire de même. Celapermet de voir dautres horizons, dautresmentalités, dautres façons de travailler. Maisattention, on shabitue vite à vivre une vietranquille... le retour est parfois un peurude...

    Gaël Sala

  • page 32

    Trésors du livre illustré brésilien

    La collection Ernesto Wolf

    expositions

    Du 24 octobre au 25 novembre2000, la Bibliothèque cantonale et

    universitaire présente une expositionconsacrée au livre illustré moderne du

    Brésil. Au travers de la production dedeux éditeurs prestigieux, la Sociedadedos Cem Bibilòfilos do Brasil (Rio de

    Janeiro) et les éditions Julio Pacello(São Paulo), illustrée par les plus

    grands artistes brésilienscontemporains, une sélection de

    29 chefs-doeuvre bibliophiliquessera présentée, à Fribourg, pour lapremière fois en Europe, avant de

    continuer son périple à la StUB deBerne, puis à Neuchâtel. En ce

    500ème anniversaire de larrivée desEuropéens sur ses côtes, on nen finit

    pas de (re)découvrir le Brésil !

    Castro Maya et les Cem Bibliòfilos

    Le premier volet de lexposition présenteune sélection comprenant 17 ouvrages im-primés sous les auspices de la Sociedade dos

    Cem Bibilòfilos do Brasil, qui, entre 1943,année de sa fondation, et 1969, date de sadernière publication, a produit et réalisé 23livres inspirés de la grande tradition biblio-philique française du « livre dartiste », oudu « livre de peintre ». Sous limpulsion d eson fondateur et principal promoteur, legrand bibliophile et amateur dart Raymun-do Ottoni de Castro Maya (1894-1968), lesCent bibliophiles vont susciter la rencontreet le mariage entre de grands textes de lalittérature brésilienne et les illustrations gra-vées dartistes contemporains des plus illus-

  • page 33

    tres, parmi lesquels, pour ne citer quunnom de renommée internationale, on peutmentionner plus spécialement CândidoPortinari (1903-1962).

    Julio Pacello, un génie foudroyé

    Durant cet âge dor de la production biblio-philique brésilienne que furent les années1940-1960, un autre éditeur allait sillustreren écrivant une des plus belles pages delhistoire du livre sud-américain : Julio Pa-cello. Argentin dorigine, cest à São Paulo,où il est un acteur remarqué de la vie cultu-relle, que ce météore de lédition bibiliophi-lique produira une oeuvre marquée à la fois

    par une grande originalité, par une totaleliberté vis-à-vis des modèles européens, etpar une perfection matérielle et esthétiquedes publications. Privilégiant, la gravure autexte, Pacello a également produit des ouvra-ges qui se situent, pourrait-on dire, auxfrontières du livre tel quon le connaît habi-tuellement : Relevos (1969), avec les reliefsmétalliques de lartiste sculpteur Liuba, ouObjetos (1969) de Julio Plaza, tous deuxprésentés dans le cadre de notre exposition,sont deux chefs-doeuvre remarquables quine manqueront pas de captiver les visiteurs.

    Trop tôt disparu, Julio Pacello (1941-1977),qui foisonnait de nouveaux projets, a laisséle Brésil orphelin de lédition bibliophiliquemoderne, qui entrait à ce moment-là, et auniveau mondial, dans une phase de crisedont elle nest pas encore sortie.

    Ernesto Wolf : collectionneur et esthète

    Celui qui a rendu possible la mise sur pied decette manifestation en prêtant les piècesexposées, est un mécène et un amateur dartqui a constitué, dans différents domaines,plusieurs collections dune valeur inestima-ble. Dans la préface du premier catalogueconsacré à son exceptionnelle collection de

    Renina Katz (*1925), Arvores, in Historia dagravura no Brasil II. São Paulo, Julio Pacello, 1969

    expositions

    Au travers de la production de deuxéditeurs prestigieux (...), illustrée

    par les plus grands artistes brésilienscontemporains, une sélection de29 chefs-doeuvre bibliophiliques

    sera présentée, à Fribourg,pour la première fois en Europe

  • page 34

    Eduardo Sued (*1925), As apariçoes. Rio de Janeiro,Cem Bibliòfilos, 1966

    Tomás Santa Rosa (1909-1956), Espumas fluctuan-tes. Rio de Janeiro, Cem Bibliòfilos, 1947

    verre, Ernesto Wolf déclare demblée : « Evenin the formative years of my childhood, I had anenthusiasm for all things of beauty. (...). Thisconcern for the esthetic beauty of objects soon becamean essential consideration in my initial activities asa collector. I early resolved, therefore, to acquire onlythose objects which held the qualities inherent inmasterpieces of art, and, as a collector, I have eversince sought every opportunity to achieve this goal. »(European Glass from 1500-1800. The ErnestoWolf collection. Vienne, 1987, p. 5). Cest avecune exigence analogue à celle qui lui a per-mis de réunir la plus importante collectioneuropéenne de verre, que M. Wolf a réuniune prestigieuse collection de livres illustrés

    expositions

    de diverses époques : incunables illustrésallemands ornés de splendides xylogravu-res, livres illustrés français du XVIIIe siècle,livres de peintres modernes essentiellementfrançais, mais comprenant également uneriche section brésilienne, dont, précisément,une sélection des plus belles pièces est pré-sentée pour la première fois en Europe dansle cadre de la présente exposition.

    Alain Bosson

  • page 35

    Le but de cet article est avant tout deprésenter le Brésil à travers sa forma-tion ethnique à partir de larrivée des

    portugais, communément appelée deLa Découverte du Brésil.

    Lobjectif principal est de démontrerque pendant les 500 ans dhistoire du

    Brésil, les mouvements migratoiresnont jamais été linéaires, provenant

    uniquement de lextérieur, ce quesuppose un entassement des peuples et

    des colonies venus de tous horizons.Les mouvements migratoires internesont aussi une très grande importance

    dans la formation du peuple brésilien.Sa formation ethnique na

    jamais cessé de sopérer.

    a population déjà existante au Brésilavant larrivée des portugais, esti-mée entre 3 et 5 millions dhabi-

    tants, na pas été entièrement décimée. Ledestin de la population indienne, à partir de

    Les «500» ans de lapopulation brésilienne

    larrivée des portugais, nest pas compara-ble au massacre perpétré par les colonsanglais en Amérique du nord. La violencevis-à-vis des autochtones a certes existé,mais le long processus dintégration qui a eulieu au Brésil dure jusquà nos jours, et lesrencontres et mariages entre indiens etbrésiliens, bien que rares actuellement,étaient très communs tout au long de sonhistoire.

    Pendant les 308 ans qui séparent la décou-verte du pays de sa modernisation, le peupleque formait déjà la population brésilienne yvivait, loin du regard de la métropole, insou-ciant des problèmes de ségrégation.

    Au milieu du XIXe siècle, avec larrivée dela main duvre européenne et de la nobles-se portugaise, le contingent qui intégrera lapopulation va se fusionner à celle-ci sanspour autant changer les édifications natu-rellement mises en place avant leur arrivée.

    Tous ces phénomènes amènent un nou-veau paradigme sur la formation du peuplebrésilien survenu au cours de son histoire,moins déterministe et racial que les récits etles statistiques trouvés dans les livres dhis-toires et dans les rapports internationaux.

    célébration

    L

  • page 36

    Les thermes de lanthropologie victorienne,les jargons scientifiques réactionnaires et lesconcepts pseudo-scientifiques systématique-ment présents dans les discours concernantla matière, laissent perplexe par leur dé-phasage historique et scientifique.

    Le brassage ethnique qui a eu lieu au Brésila aussi une relation directe avec la législationbrésilienne concernant le droit à la citoyen-neté.

    Jus solisjus sanguini

    La loi brésilienne prévoit que tous ceux oucelles nés sur le sol brésilien ont le droit à lacitoyenneté, et que les enfants de parentsbrésilien nés dans un autre pays ont aussi ledroit à la citoyenneté.

    vivre ensemble. On pourrait dire plutôt unmodèle idéal dêtre humain.

    Plusieurs facteurs ont contribué à cette for-mation progressive :

    1. La nécessité de peupler un pays grandcomme 15 fois la France

    2. Le rôle des missions religieuses

    3. Larrivé de la noblesse portugaise

    4. Limmigration européenne au milieu duXIX siècle

    1. La nécessité de peupler un pays grandcomme 15 fois la France.

    NAVIGARE NECESSE EST, VIVERENON EST NECESSE

    Le Portugal sappuie sur toutes ses frontières aveclEspagne. Il ne pourra se développer que du côté dela mer.

    Après 50 ans de préparation, loin du regarddu monde, les marins et navigateurs delécole de Sagrez au Portugal (la NASA delépoque), soutenus par LInfant Henriqueappelé le Navigateur, vont finalement réa-liser leur rêve, la colonisation des terresdoutremer et plus particulièrement du Bré-sil.

    Comment un pays tellement petit comme lePortugal a réussi à garder pendant 3 siècleslhégémonie et le contrôle dune coloniegrande comme le Brésil ? En réalité, la dé-couverte du Brésil a dû être bien cachée dureste de lEurope pendant longtemps. Unecolonie de la taille du Brésil risquait biendêtre partagée entre les frères ennemis descouronnes européennes. Cest la raison par

    célébration

    Le brassage ethnique qui a eu lieuau Brésil a aussi une relation directeavec la législation brésilienne con-cernant le droit à la citoyenneté.

    Le Brésil est une réussite génétique 

    Le congrès international organisé à Genèveen 1992 sur la génétique, a fait cette éton-nante révélation : le Brésil est une réussitegénétique !

    Une première lecture de cette phrase peutoccasionner un grand équivoque, à savoir,que les brésiliens ont réussi le modèle racialdêtre humain. Mais toute au contraire etloin des concepts raciaux, cette réussite, estdue à la diversité des gens qui forment sonpeuple et que graduellement ont appris à

  • page 37

    laquelle le Brésil est devenu en 1532 unevice-royauté. Divisées en 15 départements(Capitanias Hereditarias), ces terres étaientgouvernées par des nobles et des notablesau nom de la couronne portugaise. De cettemanière, le Portugal possédait le Brésil noncomme une vulgaire colonie, mais commeune extension de son royaume.

    devaient affronter la couronne portugaiseelle-même. Ils sont restés au Brésil jusquàleur expulsion en 1759. Pendant ces 210ans, les missions religieuses des Jésuites ontfavorisé léducation de toute une nationnaissante. En réalité, le Brésil semblait, àleurs yeux le paradis sur terre, un endroitpropice pour relancer la fois chrétienne etles indiens. Le bon sauvage , lhommepur et innocent, se prêtait bien à une bonnecatéchèse loin de la barbarie de lEuropeensanglantée par des guerres de religion.

    Au début du XVe siècle, le Brésil comptaitune population entre 3 et 5 millions dhabi-tants. Les natifs qui y habitaient, erroné-ment appelés indiens, se composaient de1500 groupes ethniques culturellement dis-tincts.

    La nécessité dentretenir les terres cultiva-bles a amené les colons à exploiter la main

    célébration

    Le bon sauvage , lhomme puret innocent, se prêtait bien à une

    bonne catéchèse loin de la barbariede lEurope ensanglantée par

    des guerres de religion.

    2. Le rôle des missions religieuses

    Les jésuites

    En comparaison avec les colonies de con-fession protestante et anglicane commelAustralie et lAfrique du Sud, où les colonsconsidéraient les autochtones comme desbêtes, la colonie qui sinstalla au Brésil, à100% de confession catholique, va bénéfi-cier dune nouvelle conception humanisteavec larrivé de la Compagnie de Jésus,soutenue par la monarchie, par léglise et lacontre reforme. Cette société missionnairefondée en 1534 par Ignácio de Loyola acomme but de protéger le catholicisme de lareforme protestante et de divulguer en mêmetemps, dans les nouvelles terres de lOcci-dent et de lOrient, la parole du Christ.

    Les indiens ont-ils une âme ?

    Les premiers Jésuites sont arrivés au Brésilen 1549. Toujours en faveur des indiens, ilsprenaient leur défense même si pour cela ils

    ANTONIO GONÇALVES GOMIDEs/t , s.d. guache s/papel 54 x 40 cm

  • page 38

    doeuvres des femmes indiennes. Le travaildans le champ était considéré par lindiencomme une occupation féminine. De làvient peut-être la première rencontre  entreleuropéen et lindien du Brésil.

    Certaines ethnies ont contribué, au toutdébut de la colonisation, aux abattages dar-bres. Mais les indiens résistaient à lesclava-ge et fuyaient toujours vers intérieur desforêts rendant ainsi impossible leurs captu-res.

    3. Larrivée de la noblesse portugaise

    Jusquau milieu du XIXe siècle, la popula-tion brésilienne était composée surtout decolons portugais, dIndiens, dAfricains, deHollandais (74 ans doccupation au nord dupays), de Français ( la ville de Villegaignondestinée a abriter des protestants et descalvinistes fuyant les guerres religieuses enEurope ) dEspagnols, et des mélanges suc-cessifs de ces ethnies léguées à leur propresort sur les terres nouvelles.

    Linvasion du Portugal en 1808 par larméede Napoléon va changer entièrement lepanorama social et le visage  ethnique duBrésil avec le déménagement massif de lacour portugaise et ses 15.000 nobles vers leSud-est du Brésil.

    La Cour, croyant y rester pour toujours, a dûobligatoirement améliorer la qualité de viedune partie de sa population.

    célébration

    Linvasion du Portugal en1808 par larmée de Napoléon

    va changer entièrement lepanorama social et le visage 

    ethnique du Brésil.

    La situation des esclaves amenés depuis lAfrique

    La solution trouvée pour lentretien de lagri-culture, les plantations de la cane de sucre etles travaux forcés dans les mines a étélesclavage des africains amenés depuis lAfri-que pour y travailler officiellement en régi-me desclavage jusquen 1888.

    Les esclaves africains nont eu aucun sou-tien de la part de léglise jusquà labolitionde lesclavage en 1888. La traite des africainsa sensiblement augmenté au profit des co-lons et des trafiquants à tel point quentre1530 à 1850 on estime à 4 millions le nom-bre de captifs amenés depuis lAfrique. Pen-dant ces 320 ans, portugais, espagnols, an-glais et hollandais, responsables de cecommerce  insidieux, ont aussi débarquésur les côtes brésiliennes et plusieurs y sontrestés.

    LASAR SEGALL s/t , s.d. nanquim s/papel32,2 x 22,8 cm

  • page 39

    4. LImmigration Européenne au mi-lieu du XIXe

    En effet, à partir de la moitié du XIXe siècle,la cour brésilienne amena depuis lEurope,mais aussi depuis le Japon, de la maindoeuvre spécialisée pour exécuter des tra-vaux nécessaires à lindustrialisation et audéveloppement économique du pays, ensubstitution à la main doeuvre esclave. Lanouvelle cour ouvrit aussi les ports à toutesles confessions religieuses et on assista àlarrivée successive de 4 millions dhabi-tants. Les suisses sinstallèrent à Nova Fri-burgo en 1819.

    Le mouvement migratoire vers le Brésilaugmenta très fortement entre 1870 et 1880,et sétendit jusquà la moitié du XXe siècle.

    Tout au long du XIXe siècle, la populationbrésilienne est passée de 3,5 millions en1800 à 17 millions dhabitants en 1900.Aujourdhui, elle compte 160 millions dha-bitants.

    En 1889, avec lavènement de la république,plus dun million dimmigrants venant duPortugal, de lEspagne, dItalie, dAllema-gne, de Pologne, du Japon et dautres pays,sont arrivés au Sud-est du Brésil pour ytravailler.

    Ils se sont installés à Nova Friburgo, Rio deJaneiro, São Paulo, Minas Gerais et EspíritoSanto, Paraná, Santa Catarina et Rio Gran-de do Sul . La plupart pour travailler dans lesplantations de café, dautres pour augmen-ter la densité démographique du Sud, deve-nu un point stratégique après la guerrecontre le Paraguay.

    célébration

    Pendant la deuxième guerre mondiale, lim-migration européenne a fortement dimi-nué, et larrivée des japonais et des asiati-ques sest interrompue.

    La reprise de limmigration daprès-guerresétend jusquaux années 60, pour sarrêterquasi entièrement.

    Conclusion

    Lhistoire du Brésil est sans doute pleine demoments tragiques liés surtout à linégalitésociale quy règne et qui népargne ni Euro-péens, ni Indiens, Africains ou Asiatiques.

    La répartition des biens entre ses habitantset son système agraire, datant du moyenâge, crée un antagonisme entre la capacitédun peuple à vivre dans une pluralité cultu-rel harmonieuse et la misère qui touche unegrande partie de sa population.

    Renato De Aguiar

    TARSILA DO AMARAL «Estudo para negra»,1923 nanquim s/papel 24 x 19,3 cm

  • page 31expositions

    Centenaire de la naissance

    Julien Green1900-1998

    n automne 1