Christianisme, spiritualité, religion catholique louange | mp3 · 2015-12-23 · de la Vie*, 3-27 , aient été ... comme une source potentielle de sainteté et de guérison –

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documents relevant de la « diplomatique » : l’étude des chartes, desdiplômes,desbulles,desactesdelapratiqueengénéral,paroppositionauxsourcespluslittéraires.43 J.DALARUN, « Index chronologique des sources traduites », dansClaired’Assise…,p.1065-1068.44THOMASDECANTIMPRÉ,LeBienuniversel fondé sur les abeilles* ;ALBERT

SÜERBEER,HistoiredelatranslationdesaintEdmond*.45INNOCENTIV,Sanctaevirginitatispropositum*.46GUIBERTDETOURNAI,LettreàdameIsabelle*.47 Cette lettre-traité est d’un latin particulièrement ardu. Pour attirerl’attention d’Isabelle, qui ne le connaissait pas, Guibert de Tournai prit lerisquedel’obscuritéenlançantundéfiintellectuelàlaprincesselettrée.Ellesepiquaaujeu.Elleétaitferrée.48S.L.FIELD,«Introduction»,ci-dessousp.39.49ProcèsdecanonisationdeClaire,VI,6,etVII,2,dansClaired’Assise…,p.354et358.50VoirVie*,21:«elleenvoyaenparticulierdixchevaliersoutre-mer».51 Si les papes incitaient Isabelle à prononcer des vœux de virginité etespéraientlavoirprendrelestatutdemoniale,c’étaitaussipours’assurerdesa stabilité ; voir ALEXANDRE IV, Benedictafilia tu*. Sa renommée avaitgrandi.Toutécartdesapartauraiteumauvaiseffet.52INNOCENTIV,Decensacdebitum*.53IdéechèreàW.C.JORDAN,LouisIXandtheChallengeoftheCrusade:AStudyinRulership,Princeton,1979.54 J. LE GOFF, Saint Louis, Paris, 1996, p. 210-213 ; S. DELMAS, « Laprédication aux souverains capétiens au XIIIe siècle. Essai de mise aupoint»,Étudesfranciscaines,n.s.7,2014,p.123-137.55GUIBERTDETOURNAI,Eruditioregumetprincipum(«L’éducationdesroisetdes princes »), terminé le 11 octobre 1259 ; voir J. LE GOFF, Saint Louis,p.409-417.56 P. DAVID, « Résistance – de l’intime. Une lecture des Lettres de Claired’Assise»,Étudesfranciscaines,n.s.7,2014,p.37-56.57GEOFFROYDEBEAULIEU,VitaetsanctaconversatiopiaememoriaeLudoviciquondamregisFrancorum,XII,dansRecueildeshistoriensdesGaulesetdelaFrance,vol.20,éd.[P.]Daunouet[J.]Naudet,Paris,1840,p.7;Vie

de saint Louis, par Guillaume de Saint-Pathus, confesseur de la reineMarguerite, publiée d’après les manuscrits, éd. H.-F. Delaborde, Paris,1899,p.129-130.VoirJ.LEGOFF,SaintLouis,p.332.58M.BARTOLI,«Introduction»,dansClaired’Assise…,p.199-261.59 ARNAUD DE SARRANT,Chronique des ministres généraux de l’Ordre desFrères mineurs*. Le seul autre membre de la famille royale à s’êtreréellement soucié de la mémoire d’Isabelle est le benjamin de la fratrie,Charlesd’Anjou.60 C’est Louis IX qui réserva la sépulture de Saint-Denis aux seules têtescouronnées des trois dynasties successives ; C. BEAUNE, Naissance de lanation France, p. 120-121 ; J. LE GOFF, Saint Louis, p. 273. Il y a donccomplémentaritéetnonconcurrenceentreleprojetd’Isabelleetceluidesonfrère.61BARTHÉLEMYDEPISE,ConformitédelaviedubienheureuxFrançoisàlavieduSeigneurJésus*.62En1266,danslalettreDestatutuo*,CLÉMENTIVsemblelaisserentendrequ’Isabelle est entrée en religion : « la forme à vivre que tient notre fillebien-aiméedansleChrist, lasœurduroideFrance».Maisonnepeutpasêtreabsolumentsûrdecequ’ilfautentendreparleverbelatin«habet»,quenoustraduisonspar«tient»:qu’Isabelle«observe»laRègleouqu’ellela«conserve»?Notresentimentestquelachancelleriepontificalenelesavaitpasnonplus.63LÉONX,Piisomniumpraesertim*.64Jen’excluraispasquelesinformationsconstituantlenoyaubiographiquede laVie*, 3-27, aient été collectées dans les deux années de maladie quiprécédèrentlamortd’Isabelle.65Épitaphe*;Déclaration*;Office*.66 J. DALARUN, « Résilience de la mémoire. Le procès de canonisation deClaire d’Assise et ses marges », Frate Francesco, 78, 2012, p. 317-336.L’hypothèse de Jean-Baptiste Lebigue, selon laquelle les moniales auraientcontribué à la composition de l’Office* de leur fondatrice, ne fait querenforcercetteperspective;voirJ.-B.LEBIGUE,présentationdel’Office*,ci-dessous,p.405-417.67 C’est pour permettre ces différents types de lecture que les mêmesinformationssontparfoisrépétéesendiversessectionsduvolume.68Jelesaitraduitesdel’anglais,ainsiquesonIntroduction.

69Vie*,miracle8.70Inventaire*(1325).71Paris,AN,L1029,n°37;A.GARREAU,BienheureuseIsabelledeFrance,sœurdesaintLouis,Paris,1955,p.112-123.72ReliquesquisontaumonastèredeSainte-Élisabeth, troisièmeOrdredesaintFrançoisd’Assise,RueTurenne60,1867,manuscrit,souslarubrique«Reliquesdontonpossèdelesauthentiques».73VoirS.DESROSIERS,«DessousroyauxduXIIIesiècle»,Histoireetimagesmédiévales,6,août-octobre2006,p.72-78;T.ANDERLINI,«LabienheureuseIsabelledeFrance.Uneétudedesa“chemise”»,MoyenÂge,83,juillet-août2011, p. 53-57 ; en remerciant JacquelineGréal et Henri Laudrin pour cesinformationsetl’accèsàlatunique.74GUIBERTDETOURNAI,LettreàdameIsabelle*,3.75ID.,ibid.,39.76Ps44(45)14-15. Icicommedans les traductions, lescitationsbibliquessontportéesenitaliques.77ALBERTSUERBEER,danssonHistoirede la translationdesaintEdmond*.Cetémoignage,undespremiers,estpeut-êtreceluiquiquireflètelemieuxlapenséed’Isabelle.78Euxaussifigurentlégitimementsurlapagedetitre.79Ci-dessous,p.497-498.


relevésparAgnèsestqu’Isabellecomprenaitsibienlelatinque,quandseschapelainsavaientécritunelettreensonnom,ellelacorrigeait si elle y trouvait une erreur. Parmi les témoignagescollectés par l’hagiographe, un autre point saillant est que,durantsesfréquentesconfessions,laprincessevoulaitêtresûreque l’attention de son confesseur ne faiblissait pas et qu’il nes’assoupissaitpas.Agnèsoffredoncànouveauleportraitd’unejeunefemmetirailléeentredeuxdirections:d’unepart,Isabellecultivait l’humilité et la pénitence ; d’autre part, elle exerçaitunetrèsactiveautorité,nullementsilencieuse,surlecénacledesclercsréunisautourd’elles.Sansdoutel’affairelaplusrévélatrice,danscettesectiondela

Vie d’Agnès d’Harcourt, est-elle celle du bonnet ! Cousu parIsabelle, ce couvre-chef dut plaire à son frère Louis, puisqu’ildemanda s’il pouvait l’avoir pour lui

25.Mais – commeAgnès

s’en souvenait enpersonne– Isabelle refusa : elle entendait ledonner«àNotreSeigneur,carc’est lepremierque j’ai jamaisfilé».Louisacceptacetteréponse,maisdemandasiellepouvaitencoudreunautrepourlui.Plutôtévasive,laréponsed’Isabellefut : oui, « si j’en tissedavantage».En réalité, elle envoya lepremierbonnetàunepauvre femmemalade.Undesattraitsdecette anecdote est qu’elle laisse entrevoir la relation entre lesdeuxmembresdelafratrieroyale:leroisembleprendreunréelintérêtauxactionsdesasœurcadette,tandisqu’Isabelleestàlalimitedumanquededéférence,enrefusantàsonfrèred’exaucersarequête.Nonmoinsintrigantestlesortfinalducouvre-chef.Selon Agnès, « dame Jeanne et dame Pernelle de Montfortentendirentl’histoiredecebonnet»,aussil’achetèrent-ellesàlapauvrefemmeet,danslesannées1280,ilétaitconservécommeune relique par lesmoniales cisterciennes deSaint-Antoine. Ilapparaîtdoncquelacharitéd’Isabelleàlacourétaitamplement

connue dans de pieux cercles parisiens. Pas seulement demanièreconfidentielle:PernelledeMontfort,néeen1211,étaitlafilledeSimondeMontfort,chefdelacroisadealbigeoisequimourut sous les murs de Toulouse en 1218, et d’Alice deMontmorency. Pernelle résidait depuis 1221 environ à Saint-Antoine,l’abbayecisterciennefondéeparFoulquedeNeuillyàl’extérieurdelamurailleorientaledeParis,surlarivedroite,etelle en était abbesse depuis 1254. En outre, parmi les plusproches parents de Pernelle de Montfort figuraient sa sœurAmicie, qui fonda la maison des moniales dominicaines deMontargis, au sud de Paris, et trois cousines entrées à Port-Royal,dontl’unedevintabbessedulieu

26.Cefutcertainement

pardetelscanaux–desfemmesreligieusesissuesdesfamillesaristocratiques les plus proches des Capétiens – que laréputationd’Isabellecommençaàserépandreàtraversl’Île-de-France.La Vie d’Agnès d’Harcourt comprend aussi la relation de

quarantemiraclesattribuésàIsabelle.Laplupartadvinrentaprèssamort,mais quelques-uns sont censés s’être produits de sonvivant.Seul le toutpremiersemblesesituerà lacour,avant lafondation de Longchamp

27. Selon le récit d’Agnès, un des

sergents du roi vint voir Isabelle parce qu’il souhaitait que laprincessepriepourlaguérisondesonfils,gravementmalade.Laprincessefitsignequ’elleleferait.L’enfantguériteneffetetlepère revint pour la remercier, lui attribuant lemiracle. Isabellerefusad’enaccepter lemérite et fitpromettreau sergentdenepasracontercettehistoiretantqu’elleseraitenvie.Finalement,lepèrelarelataàlareineMargueritedeProvence,qui la répétaàAgnèsetauxsœursdeLongchamp.

L’anecdote suggère qu’Isabelle était perçue, au moins par unepartie des gens du peuple gravitant autour de la cour royale,

commeunesourcepotentielledesaintetéetdeguérison–etonnotequelesergentduroivintauprèsd’Isabelleplutôtqu’auprèsdesonmaître,lefutursaintLouis.

Letournantfranciscain.

En1252,IsabelledeFranceétaitâgéedevingt-septans.Ellemenaitunevieinsolitedepieuxcélibatàlacour.Uneréputationd’intensepiétésedéveloppaitnettementautourd’elle.Danslesannées suivantes, sa spiritualité prit une tonalité résolumentfranciscaine et elle fut même la première, dans la famillecapétienne, à s’aligner si clairement sur les Frères mineurs –choisissant parmi eux ses confesseurs, leur demandant conseilet,àpartirde1255,semettantàconcevoirunenouvelleabbayepour « Franciscaines », finalement connue sous le nom deLongchamp. Ce furent aussi les années pendant lesquelles larenommée d’Isabelle comme vierge sainte s’étendit bien vite,nonseulementparmi lesFrèresmineurs,maisaussiauprèsdespapesInnocentIVetAlexandreIVSurvenue en novembre 1252, lamort deBlanche deCastille

dutprofondémentaffecterIsabelle.Onsaitquellefutladouleurde Louis IX quand il apprit la nouvelle en Terre sainte

28.

L’émotiond’Isabellene futcertainementpasmoins forte.Maisla mort de la reine mère posait aussi à sa fille des questionspratiques.Pour l’instant,onnesavaitprécisémentquandleroientendait faire voile vers la France. Alphonse de Poitiers etCharlesd’Anjouétaientdéjàrentrésd’outre-mer,maisleconseilderégenceagissantaunomduprinceLouis,âgédedixans,étaitentièrement composé d’évêques chenus

29. Avant que le roi ne

reviennefinalementàParis,enseptembre1254,ils’écouladix-huitmoispendant lesquels legouvernementroyalsouffritd’un


que sontmises en garde celles qui lanceraient des accusationssans pouvoir les prouver. La durée de la visite est strictementlimitée et il est rappelé au visiteur qu’il doit aussi prendre encompte les problèmes qu’il pourrait rencontrer du côté desFrèresmineurs demeurant dans lemonastère pour entendre lesconfessions. Le visiteur est expressément requis de garder lesecretsurcequ’ildécouvreettouteslesnotesprisespendantlavisite doivent être brûlées en présence des sœurs. Enfin, si leministre provincial de l’Ordre découvrait quelque faute que cesoitdelapartduvisiteurlui-même,ilseraitrequisd’enréférerauministregénéral!Toutecettesectiontrancheradicalementsurles législations antérieures pour les communautés fémininesd’inspiration franciscaine, ce qui démontre le poids d’Isabelledans la rédaction. Sur un autre point controversé, la nouvelleRèglede1259–commelaFormedeviede1247–stipulequelamaison pouvait avoir possessions et propriétés. Un procureurétait doncnécessaire pour gérer les affaires temporelles.Mais,alorsqu’en1247,leprocureurdevaitêtredésignéparlevisiteur,en1259,ildevaitêtrechoisiparl’abbesseetlacommunautéetpouvaittoutaussibienêtredémisparelles.Danscesclauses,ondiscerneunsoinvigilantdel’indépendancedel’abbesseetdessœurs, qui devait provenir d’Isabelle plutôt que des maîtresmineursoudupape.Si la nouvelle Règle résultait d’un processus collectif, tout

aussisûrement,sesinnovationsmajeuresétaientdoncmarquéesdusceaud’Isabelle.Certainsdecesapportsnefurentsansdouteacceptés qu’à contrecœur par les Frères mineurs qu’elleconsulta,maislestractationsdurentsedéroulerdansunclimatfavorableauxpréférencesdelaprincesse.Demanièregénérale,les maîtres mineurs de Paris avaient de bonnes raisons decultiverd’étroitesrelationsaveclasœurduroi,danslamesureoùellereprésentaituneentréeàlacourcapétienne.Etcefurent

sans doute leurs rapports élogieux qui contribuèrent pourl’essentielàconvaincreAlexandreIVdel’excellenteréputationdelaprincesse.Plusspécifiquement,àcemomentprécis–vers1255-1256 –, les luttes entre maîtres mendiants et séculiers àl’universitédeParisavaientatteintlestadeduconflitouvert:lesoutiendelacouronnedeFranceétaitindispensableauxFrèresmineursetprêcheurspourconserver leursprivilèges

57.Puisque

Isabelle,avecl’aidedesonfrère,avaitforméledésird’instituernon seulement une nouvelle maison mais aussi une nouvelleRègle, lesdirigeantsdesFrèresmineursparisiensavaient touteraisondecoopéreravecelle.Entre le 22 février et le 3 mars 1259, Alexandre IV délivra

quatrelettressupplémentairespourLongchamp,quiéclairentlapositionetl’importancedunouvelétablissement.Toutd’abord,lepapeaccordaàLouisIXledroitd’entrerdans lemonastère,puisquesaprésenceetsonexemplenepourraientquefavoriser« la discipline religieuse de la sainte institution

58 ». Plus

significatif encore : dans lamême lettre, le roi était autorisé àplacer àLongchampunede ses filles (nonnommée) avec cinqcompagnes, pour y être élevée. Cette possibilité ne se réalisapas, mais on voit bien là une preuve supplémentaire del’engagementdelafamilleroyaleenfaveurdeLongchamp–lafamille royale dans son ensemble, au-delà de la seule Isabelle.Unedeuxième lettre autorisaitdespersonnesextérieures à êtreenseveliesdansl’abbaye

59, tandisquelatroisièmeluiaccordait

leprivilèged’exemption, lamettantsous ladépendancedirectede lacurie romaine,au lieud’être soumiseà l’évêquedeParisou à l’archevêque de Sens

60. Les biens de l’abbaye, ses

possessions et privilèges étaient protégés par l’autoritéapostolique et, en échange, la communauté avait à s’acquitter

chaque année, auprès du pape, du paiement symbolique d’unelivre de cire

61.Ce privilège solennel était signé non seulement

d’Alexandre IV, mais de huit cardinaux, parmi lesquels lesmembres français du Sacré Collège, comme Eudes deChâteauroux et le frère prêcheur Hugues de Saint- Cher, quientretenaient d’étroites relations avec la cour capétienne et lemonde intellectuelparisien.Finalement,Alexandre IVautorisalessœursdeLongchampàrecevoiretdétenirdesbiensmeubleset immeubles et à en disposer

62. En somme, ces lettres

démontrentunefoisdeplusl’importancedumonastère,àlafoispourlafamilleroyaleetlapapauté.Maisellesapprennentaussiqu’il pouvait avoir possessions et revenus : la vraie pauvreté,idéal de Claire d’Assise, n’était pas ce pour quoi Isabelle sebattait.Bien que ces lettres aient été nommément adressées à

«l’abbesseetlacommunautédumonastèredel’HumilitédelabienheureuseMarieVierge»,enfait,lespremièresmonialesnes’installèrent pas à Longchamp avant juin 1260. Agnèsd’HarcourtetquelquesanciennesserappelèrentparlasuitequeLouisIXetIsabelleétaientprésentsquandlespremièressœursfurent encloses. « Assez vite après », le roi s’assit au mêmeniveauquelesreligieusesréuniesenchapitreet leuradressa lepremier«sermonetenseignement»qu’ellesaientjamaisreçu

63.

En cemomentmémorable64, le roi les exhorta expressément à

prendre saint François et sainte Claire comme modèles deperfection et à se conduire comme des miroirs pour d’autresfemmes en religion : à « mener une telle vie que les autrespuissent laprendreenexemple».AlexandreIVmourutenmai1261.Une lettre du nouveau papeUrbain IV, en novembre decette même année, apprend que plusieurs moniales


Comme le montrent ses relations constantes avec le pape etsonlégat, IsabellerestauneprésenceimportanteàLongchamp,jusqu’àsamorten1270.Mais,contrairementauxassertionsdechroniqueursmédiévaux tardifs et de quelques historiographesmodernes,elleneprononçajamaisdevœuxcommemoniale.Enrevanche, comme patronne royale résidant sur place, Isabellereprésentait,pourlessœurs,unmodèlededévotionpénitentielleetunesourced’autorité.AinsiAgnèsd’Harcourtdécrit-elleunescène où le frère mineur confesseur d’Isabelle, le maître enthéologieEudesdeRosny,l’assuraitqu’ilnepouvaitdéplaireauSeigneur qu’elle parle plus souvent et s’accorde un peu dedivertissement.Mais Isabelle répliqua qu’elle devait expier lesfoisoùelleavaittropparlé,avectropdelégèreté«etqu’ilétaitbonqu’elleen fîtpénitence».Dans l’avant-dernierparagraphede la Vie, Agnès conte une touchante histoire dont elle futtémoin : Isabelle s’était mise en colère contre des personnesqu’elle avait chargées de faire de bonnes œuvres, mais quin’avaient pas réussi à s’en acquitter correctement en son nom.Aprèscoup,elleserepentitdesacolèreet,enprésenced’Agnès,elleconfessahumblementsafauteàceuxcontrequielles’étaitemportée.L’épisodereflètelesconflitsinternesd’Isabelle.Sansaucundoute,elles’étaitdédiéeauxbonnesœuvresextérieuresetàl’humilitéintérieure.Pourtant,endépitdetoussesefforts,ellene pouvait pas toujours conserver une apparence sereine etsainte : quand ses plans étaient contrariés par les défaillancesd’autrui, lecaractèredelaprincesse,habituéeàvoirsesordresobéis, ressurgissait.Si Isabelleavait constamment lebesoindefaire pénitence, c’est qu’elle était bien consciente de sesimperfectionstrophumaines.Plusieurs des miracles rappelés a posteriori par Agnès

d’Harcourt dans la Vie permettent d’entrevoir la relationd’Isabelle avec les moniales de Longchamp. Sœur Alice de

Muchedent souffrait d’une forte fièvre et aurait voulu que lapremière abbesse de Longchamp, Agnès d’Anery, demande àIsabelledeprierpourelle.Maisl’abbesserefusapar«révérencepourmadame ».Alice demanda alors àAgnès d’Harcourt, pasencore abbesse, si elle voulait approcher Isabelle de sa part.Agnès le fit et Alice fut guérie. La brève anecdote est riched’enseignements : d’abord des moniales, comme ici Alice,voyaient en Isabelle un intercesseur doté de pouvoirsmiraculeux;ensuite,mêmel’abbesseregardaitlaprincesseavecune sorte d’effroi émerveillé et hésitait donc à l’approcher.Isabelle pouvait bien avoir cultivé l’humilité, les sœurs n’enavaient pasmoins la certitude qu’une aura d’autoritémettait àpart leur royale fondatrice. Enfin, derrière cette anecdote, onperçoit combien il importait d’avoir accès à Isabelle pouraffirmer son influence àLongchamp.Agnèsd’Harcourt, auteurdelaVieettémoindel’épisode,affirmeicisaproprehabiletéàmanœuvrer la princesse pour le bien des moniales. Ce n’estpeut-être pas une coïncidence si Agnès d’Harcourt succéda àAgnèsd’Anerytrèspeudetempsaprès

93.

Dansunautremiracle,sœurSaredeHouplinesavaitcontractéunemaladiequiavait laissésoncorpscouvertde tachesetsonétatétaitsigravequ’oncraignaitqu’ellenemeure.MaisAgnèsd’Harcourtrappellequ’Isabelle«vintauprèsdenous», touchales taches avec « ses bienheureuses mains » et que Sare s’entrouva guérie. Ici encore, on perçoit Isabelle comme uneprésenceplanantenmargedel’existencequotidiennedessœurs.Son intervention n’était pas de routine : il fallait qu’Isabelle« vînt auprès de nous », comme si elle descendait d’une plushaute sphère. La forme même de la guérison miraculeuse faitirrésistiblement penser au « toucher royal » attribué aux roiscapétiens

94. Ce n’est pas qu’Isabelle elle-même ait

nécessairement fait le lien entre cette guérison et le pouvoirmiraculeux censé accompagner le sacre royal.Mais la relationest subtilement suggérée sous la surface du texte. Ce qui estréellementleplusfrappant–sicetteanecdoteestauthentique–,c’est bien qu’Isabelle ait accepté d’assumer si visiblement cerôle,enapparaissantparmilesmonialesetenlaissantaumoinsentendre que son simple toucher avait le pouvoir de guérir.Évidemment, Agnès et les moniales ont pu interpréter sesactions a posteriori dans un sens que la princesse n’avait pasconsciemmentprémédité.VoilànéanmoinsunéloquentexempleoùIsabellesemità lahauteurdesattentescrééesparsasainterenommée.À en croire quelques brèves phrases insérées à la fin deVie

d’Agnès d’Harcourt – juste avant que ne commence la sectiondesmiracles–,Isabellefutsouffrantelesdeuxdernièresannéesdesonexistence.Puisqu’ellemourutdanslanuitentrele22etle23février1270,onpeutimaginerquesasantédéclinadurantles années1268et1269.SelonAgnès, laprincesse accepta sadernière maladie « avec une grande douceur ». Mais, pourLongchamp, son trépas fut l’occasion d’éclatantesdémonstrationsdesasainteté:sonrôleposthumenedevaitplusêtreseulementceluidepatronneroyale,maisdesainteroyale.Dans un document distinct, la Lettre sur Louis IX et

Longchamp, Agnès d’Harcourt et ses consœurs signalent laprésenceduroiàl’abbayeaumomentdelamortd’Isabelle.Onne sait siLouis IXarrivaaumonastèrealorsque sa sœurétaitencore en vie. Mais, selon la Lettre – qui suggère plutôtl’inverse –, quand il vit son corps revêtu de l’habit desSœursmineures,«ils’agenouillaets’inclinaprofondémentensignedegrande dévotion » ; il garda en personne la porte contre lesintrusetréconfortalesmonialespardedoucesparoles.Leplus


d’Assise une figure vénérable. Pourtant, les Sœurs mineuresavaientune traditiondistincte, leurpropreRègleet leurproprefondatrice.Danscecontexte,l’abbayemontraunnouvelintérêtà la promotion de l’image de la princesse capétienne,poursuivant une sorte de campagne de relations publiques quiculmina dans l’approbation, par Léon X, de l’office solenneld’Isabelle,en1521.Dans ce processus de reconstruction d’Isabelle, la première

étapeestl’Épitaphequifutcomposéeenformederécit,copiéesurdesfeuilletsdeparchemininsérésdansuncadreenboisetaccrochée sur sa tombe, probablement aux environs de ladécennie 1450, à coup sûr entre 1445 et 1515

122. L’objet était

fait de trois très larges feuilles de parchemin, tendues sur uncadredeboispeintenrouge,avecundécordefeuillagesverts,defleursblanchesetbleues,lesarmesdeFranceetdeCastille.Le texte lui-même était inspiré de laVie et de la Lettre, maisavecdenotablesmodifications,puisquecesécritsplusanciensétaientmisàjouretcondensés.Undeschangementsmajeursestque la plupart des noms, excepté celui de saint Louis, furentéliminés du texte ; celui d’Agnès d’Harcourt, en particulier,disparutdupaysage.Alorsqu’elle était bienprésentedans sespropres écrits, s’exprimant à la première personne, lesévénements étaient désormais reformulés d’un point de vueimpersonnel. Mais l’Épitaphe ajoute aussi de nouveauxélémentsàlalégended’Isabelle.Bienqu’ellesn’aientguèredevaleur pour la réalité historique duXIIIe siècle, ces insertionspermettentdesaisirlepluslargemouvementdeconstructionducultemoderned’Isabelle.L’Épitapheinsiste,parexemple,surlapauvretédelaprincesse,l’imaginantvêtuederobesd’un«grosdrapdebure»,qu’elleportaitjusqu’àcequ’ellessoient«uséeset percées » : la description va bien au-delà du témoignage

d’Agnèsd’Harcourt sur la simplicitéduvêtementd’Isabelle.Àplusieurs reprises, l’Épitaphe souligne aussi la dévotiond’Isabelle pour l’eucharistie, une information jamais livrée parAgnès:laréécritureduXVesiècles’efforçaitainsid’insérerladévote duXIIIe siècle dans un courant typique de la piété duMoyen Âge tardif. De manière encore plus significative,l’Épitapheprétendqu’une fois, Isabelleétait immergéedans lacontemplation, « si transportée et si ravie en Dieu qu’elle nesentait ni entendait rien de cette vie mortelle » ; elle auraitseulementrépété:«Illisolihonoretgloria!»Laphraselatineétait soulignée de rouge dans le manuscrit, ce qui attiraitimmédiatement l’œil du lecteur sur ce passage : « À Lui seulhonneur et gloire ! » En réalité, nulle source du XIIIe sièclen’avait jamais dépeint Isabelle comme une mystique ou uneextatique, pas même évoqué de semblables ravissements. Lesmoniales du XVe siècle avaient dû se rendre compte que cetélément faisait défaut dans le saint dossier d’Isabelle et leregretter : elles imaginèrent simplement une nouvelle anecdotepour remodeler leur fondatrice en mystique. Quatre miracles,brefsetimpersonnels–donttroistirésdelaVie–concluentletextedel’Épitaphe.L’Épitaphe livreaussi ladescriptionde l’endroitoùelleétait

suspendue dans son cadre en bois et les raisons de l’étrangepositionnement de la tombe d’Isabelle : «Comme les pèlerinsquivenaient implorercettedameet lui faire leursoffrandesnepouvaientvoir laplacede sa sépulture,pour la raisonquesoncorpsgisait aumilieudecetteégliseà l’intérieurde la clôturedes religieuses, pour cette raison, le corps fut levé de ce lieu,transféréetmisenunlieuteletd’unetellemanièrequ’onpuissevoir:moitiéàl’intérieurdelaclôturedesreligieusesetmoitiéàl’extérieur.»Àl’origine,Isabelleavaitétéenterréeàl’intérieurde la clôture. La description, parAgnès d’Harcourt, de foules

masséesàl’extérieurd’unefenêtrepourapercevoirladépouilledurant la translation, neuf jours plus tard, prouve qu’à cemoment,latombeétaitintégralementàl’intérieurdelaclôture.Si une autre translation était intervenue avant 1283, Agnèsl’auraitsûrementmentionné.Parlasuite,àunmomentdonné,latombe avait été déplacée, car les pèlerins venant àLongchampétaientdéçusdenepaspouvoirdirectementlavoiret,cettefois-là, elle avait été placée de sorte qu’elle soit à moitié dans laclôtureetàmoitiédehors

123.

ExtraitdeActasanctorum,Aug.,vol.6,Anvers,1743,p.791


8Voirl’excellentehistoiredeLouisIX,particulièrementutilepourlesdébutsdurègne:J.RICHARD,SaintLouis,roid’uneFrance féodale,soutiende laTerresainte,Paris,1983.9LouisIX,TraitédeVendôme*.10HENRIIII,Instructions*.11ISABELLED’ANGOULÊME,LettresurlemariageentreÉlisabeth,sœurduroi,etHugues,filsducomtedeLaMarche*.12Comptesroyaux*.13Inventaire*(1325).14S.L.FIELD,«ReflectingtheRoyalSoul:TheSpeculumanimecomposedforBlancheofCastile»,MediaevalStudies,68,2006,p.1-42 ;ID.,«FromSpeculum anime toMiroir de l’âme : The Origins of Vernacular AdviceLiteratureattheCapetianCourt»,MediaevalStudies,69,2007,p.59-110.15Vie*.16S.L.FIELD,TheWritingsofAgnesofHarcourt :TheLifeof IsabelleofFrance and the Letter on Louis IXand Longchamp, Notre Dame (Ind.),2003,p.3-8.17Vie*,4-13.18FRÉDÉRICII,LettreàLouisIX*.19Cettelettren’apasétéconservée,maisAgnèsd’Harcourtsignalequ’onlatrouvaitencoreàLongchampdanslesannées1280.Surlecontextepolitiquedece temps,voir l’étudeclassiqued’É.BERGER,SaintLouis et Innocent IVÉtudesurlesrapportsdelaFranceetduSaint-Siège,Paris,1893.20 JOINVILLE,Viede saintLouis, éd. et trad. J.Monfrin, Paris, 1995, § 106-107.21W.C.JORDAN,LouisIXandtheChallengeoftheCrusade…,p.9-12.22ALBERTSUERBEER,HistoiredelatranslationdesaintEdmond*.23PHILIPPE,trésorierdeSaint-Hilaire,LettreàAlphonsedePoitiers*.24LouisIX,LettreàAlphonsedePoitiers*.25L’implicationdeLouis IXsituecetépisodeavantsondépartencroisadede 1248. Il est possible qu’il faille le dater plus tôt dans la jeunessed’Isabelle.26 J.R.MADDICOTT,SimondeMontfort,Cambridge,1994,p.5,§101-102 ;M.ZERNER,«L’épousedeSimondeMontfortetlacroisadealbigeoise»,dans

J.DUFOURNET,A.JORISetP.TOUBERT(dir.),Femmes,mariages,lignages(XIIe-XIVe siècle). Mélanges offerts à Georges Duby, Bruxelles, coll.«BibliothèqueduMoyenÂge»,n°1,1992,p.449-470 ;A.CHARANSONNET,« Les grands laïcs lèguent-ils leur spiritualité à leurs enfants ? Le cas desMontfort au XIIIe siècle », dans D. RIGAUX, D. RUSSO et C. VINCENT (dir.),Expériencesreligieusesetcheminsdeperfectiondansl’Occidentmédiéval.ÉtudesoffertesàAndréVauchezparsesélèves,Paris,2012,p.355-374.Lafamilled’Agnès,lesHarcourt,etlafamilledePernelle,lesMontfort,étaientétroitementliées;voirF.M.POWICKE,«TheArchbishopofRouen,JohndeHarcourt,andSimonofMontfortin1260»,TheEnglishHistoricalReview,51,1936,p.108-113.27Lesmiracles2-4rapportentaussidesévénementssurvenusquandIsabelleétaitencoreenvie,maisàl’évidencedéjàinstalléeàLongchamp.Danslecasdu premier miracle, Agnès d’Harcourt et les moniales ne semblent avoirconnu l’épisodequeparcequ’enavait rapporté la reineMarguerite, indicequ’ils’estdéroulétôtdanslavied’Isabelle.28 Le récit de Joinville est le plus connu (JOINVILLE,Vie de saint Louis, §603604),mais le souvenir deGeoffreydeBeaulieu, témoinvisuel, est plussaisissant;voirL.F.FIELD,M.C.GAPOSCHKINetS.L.FIELD,TheSanctityofLouisIX:EarlyLivesofSaintLouisbyGeoffreyofBeaulieuandWilliamofChartres,Ithaca(NY),2014,p.104-106.29L.CAROLUS-BARRÉ,«LeprincehéritierLouisetl’intérimdupouvoirroyaldelamortdeBlanchedeCastille(novembre1252)auretourdesaintLouis(juillet1254)»,Académiedesinscriptionsetbelles-lettres.Comptesrendusdesséancesdel’année1970,p.588-596.30 W. C. JORDAN, Louis IX and the Challenge.p. 116-125, analyse cesdifférentessortesdedésordres.31INNOCENTIV,Sanctaevirginitatispropositum*.32ID,Decensacdebitum*.33 GUIBERT DE TOURNAI, Lettre à dame Isabelle*. Les lecteurs pourraients’étonner de ne pas trouver dans ce volume la traduction du traité deBonaventureDelaperfectionde lavieauxsœurs,qu’ondit souventavoirétécomposévers1260pourIsabelledeFrance.Cetraitéfutclairementécritpour une moniale professe de la mouvance franciscaine. Or Isabelle neprononça jamais de vœux commemoniale, aussi avons-nous la convictionqu’ellenepeutêtre ladestinatairedecetécrit.En fait, iln’ya jamaiseu lamoindrepreuvequipermettede lier laprincesseet le traitébonaventurien.

Quand les frères de Quaracchi éditèrent cette œuvre au sein des OperaomniadeBonaventureen1898,ilssecontentèrentdeciterIsabellecommelegenredefemmebénéficiantd’unrespectunanimequiauraitéventuellementpu en être la destinataire, pour la simple raison que Bonaventure, denotoriétépublique,avaitétéenrelationavecelle.Cetteconjectureaensuiteététropsouventconsidéréecommeunfaitétabli.Elledoitêtrerejetée.Pourle texte latin, voir BONAVENTURE, De perfectione vitae ad sorores, dansDoctorisseraphiciS.BonaventuraeOperaomnia,vol.8,Quaracchi,1898,p.107-130.Pourunebelletraduction,voirBONAVENTURE,Deperfectionevitaead sorores –De la perfection de la vie aux sœurs, trad. A.Ménard,Bron,2011,http://www.freres-capucins.fr/IMG/pdf/txtf_De_la_perfection_de_la_vie_aux_sœurs.pdf34ALEXANDREIV,Benedictafiliatu*.35 Dans de précédentes publications, j’ai soutenu qu’Isabelle devait avoirprononcé un vœu contraignant de virginité. En relisant les sources pourconstituer ce recueil, j’ai donc cherché à établir quand ce vœu aurait puprendreplace.Finalement,ilm’estclairementapparuqu’iln’yavaitaucunepreuved’une telleconsécration.Aprèsde fructueuxéchangesavecJacquesDalarun, j’en suis arrivé à penser qu’Isabelle n’a sans doute jamais étéconsacrée comme vierge, en dépit de la pression des papes et des Frèresmineursence sens.Cet éclaircissementestunedesavancéesproduitesparnotreentreprisecollective.36Actedeventedu terraindeLongchamp*.L’hippodromedemêmenom,surlabordureoccidentaleduboisdeBoulogne,recouvreaujourd’huilesitedel’abbaye.37 Agnès d’Harcourt utilise ici le titre de « Sœurs mineures », mais il estdifficiledesavoirsiIsabelleavaitexplicitementprévucetitredèsledébutdeson projet ou s’il procède de la vision rétrospective de l’hagiographe en1283.38 Aymeric deVeire étaitmaître séculier en théologie. Le fait qu’il soit enactivité comme confesseur d’Isabelle place probablement cette consultationavant mai 1254, date de la lettre Decens ac debitum* D’INNOCENT IV. Enréponseàunedemanded’Isabelle,lepapeluiaccordaiteneffetd’avoirdesFrères mineurs comme confesseurs. Maître Aymeric dut donc cesserd’exercerl’officedeconfesseurdelaprincesseverscetteépoque.39Lettre*,2.40JACQUESDEVITRY,Lettredelacinquièmecroisade,dansClaired’Assise…,p. 831-832 ;C.MOONEY, « The “Lesser Sisters” in Jacques deVitry’s 1216

http://www.freres-capucins.fr/IMG/pdf/txtf_De_la_perfection_de_la_vie_aux_s%C5%93urs.pdf


1CHRONIQUEDESAINT-DENISSELONLECYCLEDEPÂQUES

(avant1246)Sousladynastiecapétienne,auxXIIeetXIIIesiècles,l’abbaye

bénédictinedeSaint-Denis,aunorddeParis,s’affirmacommelanécropoledes roisdeFrance,maisaussi comme le lieudeleur historiographie, grâce à la production de diverseschroniques latinesduroyaume

1.LaChroniquedeSaint-Denis

diteselon lecycledePâques fut inséréeenmarged’une tablede comput copiée au IXe siècle et projetée jusqu’en 1537. Lapartie qui nous intéresse (première moitié du XIIIe siècle)comporte des événements jusqu’en 1246 et il est possible quecertaines nouvelles aient été notées au fil du temps

2. La

naissance d’Isabelle y a été enregistrée comme celle de sesfrères.Manuscrit:CitéduVatican,BAV,Reg.lat.309,f.17r-36r.Édition : Chronicon SanctiDionysii ad cyclos paschales,dans É. BERGER, « Annales de Saint-Denis généralementconnues sous le titre de Chronicon Sancti Dionysii ad cyclospaschales », Bibliothèque de l’École des chartes, 40, 1879,p. 270-282, en particulier p. 280 (introd. et trad. J. D. ;révisionA.D.).

12153. […]Encetteannéeestné le roiLouis

4, filsduroiLouis

5,en la fêtede

saintMarcévangéliste.1216. […]EncetteannéeestnéRobert,filsduroiLouis,àlafinseptembre

6.

1219. EncetteannéeestnéJean,filsduroiLouis,enlavigiledelaMadeleine7.

1220. En cette année est né Alphonse, fils du roi Louis, en la fête de Saint-

Martind’hiver8.

1221. […]EncetteannéeestnéPhilippe,filsduroiLouis,lepremierdimanchedeQuadragésime

9.

1223. Auxidesdejuillet10aétéenseveliengrandhonneur,danslemonastèredu

bienheureuxDenis, Philippe, roi des Francs11, à qui a succédé dans le

royaumesonfilsLouis12.

1225. […]EncetteannéeestnéeIsabelle,filleduroiLouis,enmars13.

1226. Le roi Louis, fils du roi Philippe, comme il revenait de la révolte desAvignonnais

14, mourut en Auvergne

15 au château de Montpensier

16. Lui

succéda Louis, son fils, et il règne17. Est né Charles, son fils, à la fin

mars18.

2LOUISVIIITESTAMENT(juin1225)

AvantdepartirencroisadecontrelesAlbigeois,LouisVIIIfitrédigersontestament,enjuin1225.Ledocumentoriginalétaitnon seulement scellé, mais fermé. Le roi prévoit que son filsaîné (le futur Louis IX) reçoive toute la terre tenue de sonpropre père Philippe II Auguste, sauf les fiefs ensuitementionnés. Il distribue en effet en apanage l’Artois à sondeuxièmefils(Robert),l’AnjouetleMaineàsontroisièmefils(Jean),lePoitouetl’Auvergneàsonquatrièmefils(Alphonse)et laisse le comté de Boulogne à son demi-frère Philippe(Hurepel) jusqu’à samort. Son cinquième fils et les éventuelssuivants devront se faire clercs. Il remet son trésor privé duLouvre

19 à son premier fils, prévoit un legs pour sa femme

Blanche, un autre légèrement inférieur pour sa fille Isabelle,puisunelonguesériededonsàdesétablissementshospitaliersetreligieux

20.Original:Paris,AN,J403,Testaments,I,n°2.

Copie :Paris,AN, J 403, Testaments, I, n° 2bis.Édition :A.TEULET, Layettes du Trésor des chartes, vol. 2, Paris, 1866,p.54-55,n°1710(introd.ettrad.J.D.;révisionA.D.).Au nom de la sainte et indivise Trinité, amen. Louis, par la

grâcedeDieuroideFrance,àtousceuxàquilaprésentelettre21

parviendra,salutdansleSeigneur.Désirant, pour le successeur de notre royaume, pourvoir à

l’avenirentoutesmanièresafinquelatranquillitédeceroyaumenepuisseêtreperturbéedanslefutur,detoutelaterrequenouspossédons et de tous nos biens meubles, sain de corps etd’esprit par le don de Dieu dont tous biens procèdent, enl’année de l’Incarnation du Seigneur 1225, au mois de juin,nousavonsdisposédecettemanière:[…]Demême,nousdonnonset léguonsànotretrèschèreépouse

Blanche,illustrereinedeFrance22,trentemillelivres.Demême,

nous donnons et léguons à notre très chère fille Élisabeth23

vingtmille livres24.Demême,nousdonnonset léguonsàdeux

cents maisons-Dieu vingt mille livres, à savoir cent livres àchaquemaison.

3LOUISIX

TRAITÉDEVENDÔME(16mars1227)

AlamortdeLouisVIIIen1226,sonfilsaîné,Louis,n’avaitque douze ans. Blanche de Castille assura ce que nousappelonsunerégence

25.Ellesetrouvaenbutteàunecoalition

de barons menée par Pierre Mauclerc, régent du duché de


DonnédanslecampprèsdeCésaréedePalestine102,enl’andu

Seigneur1251,lelendemaindelaSaint-Laurentmartyr103.

11THOMASDECANTIMPRÉ

LEBIENUNIVERSELFONDÉSURLESABEILLES(entre1246et1263)

Né dans le Brabant vers 1200, Thomas devint chanoinerégulieràCantimpré

104, puis frèreprêcheur

105entre 1230 et

1232,aucouventdeLouvain.IlétudiaàCologneetParis.DeretouràLouvain,ilseconsacraprincipalementàl’écriture.IlrédigeadenombreusesViesdesaintesfemmescontemporaines106et un Livre sur la nature des choses. Ilmourut vers 1270-

1272.DansLeBienuniverselfondésurlesabeilles,sansdoutecommencé vers 1246, relancé en 1256 et terminé en 1263, ilutilise lavied’une ruchecommeallégoried’unecommunautéreligieuse et des rapports entre supérieurs et subordonnés. Iltruffe d’exemples de toutes sortes son discours d’édificationmoraleetspirituelle.Lechapitre29dulivreIIestconsacréàlavertu de chasteté (les abeilles sont vierges) et se conclut surl’exemple d’Isabelle, sœur de Louis IX. Manuscrits : quatre-vingt-six pour le texte intégral et vingt-neuf pour desextraits

107.Édition:THOMASDECANTIMPRÉ,Bonumuniversale

deapibus, livreII, chapitre29, §40, éd.G.Colveneer,Douai,1627,p.319(introd.ettrad.J.D.;révisionD.P.).

LASŒURDESAINTLOUIS,ROIDESFRANCS.Nousavonsvuaussi–etnouslaplaçonsbieninjustementen

dernier–lafilledeLouis,roidesFrancs108,c’est-à-direlasœur

dutrèsdévotroiLouisquirègnetrèsheureusementàprésent109.

Promise à Conrad, fils de Frédéric empereur des Romains110,

elle a préféré demeurer célibataire dans la virginité111. Ne

s’adonnant qu’à Dieu, elle se dédie à tel point à lacontemplationetàlavertuqu’ellenesembleavoiraucunsoindecequiest transitoire

112.Maissonfrèreaussi–quenousavons

cité –, le très dévot roi Louis, chérit à tel point ceux quirecherchentlapudeurdeladignitévirginalequ’ilaréuniàParisune immense multitude de béguines

113 afin de s’exercer

114 au

servicedel’humilitéetausalut.

12ALBERTSUERBEER

HISTOIREDELATRANSLATIONDESAINTEDMOND(peuaprès1252)

Originaire d’Abingdon, Edmond devint archevêque deCantorbéryen1234.EnconflitavecHenri IIId’Angleterre, ilvint seplacer sous laprotectiondeBlanchedeCastille et deLouis IX en 1240, puis se retira à l’abbaye cistercienne dePontigny.Ilmourutle16novembre1240prèsdeProvinsetfutcanonisé par Innocent IV en 1246. Son corps, qui avait étéreporté à Pontigny, y fut élevé début juin 1247. La familleroyale honora cette cérémonie de sa présence, ce que relateAlbert Suerbeer, archevêque d’Armagh, dans son récit de latranslation. Édition : Historia canonizationis et translationssancti Edmundi archiepiscopi et confessoris, a venerabiliAlberto archiepiscopo et apostolicae Sedis legato conscripta,

dans E. MARTÈNE et U. DURAND, Thesaurus novusanecdotorum,vol.3,Paris,1717,col.1831-1874,enparticuliercol.1863(introd.ettrad.J.D.;révisionD.P.).

PARQUIETENPRÉSENCEDEQUI

LEGLORIEUXCORPSFUTPORTÉ115.

Donc, en ce jour solennel, quand le Seigneur magnifia sonsaintàlavuedesroisetluidonnasagloirepourainsilemontrercomme couronné d’un diadème par la gloire et l’honneur depersonnages glorieux ; en ce jour – dis-je – de solennité etd’allégresse, se réunirentensemble le richeet lepauvre

116, les

jeunes et les vierges, les vieux avec les moins âgés, uneinnombrablemultitudedesdeuxsexesetdesdeuxconditions

117.

Parmi eux, nous croyons devoir citer certaines personnes pouraccroître la solennité et la dévotion, et pour compléter lesouveniràconserverbienresserré.Enpremiervintdonclepieuxroi de France, Louis, et sa vénérable mère, la reine nomméeBlanche qui – à ce que nous croyons – désormais reposedoucement en paix

118. Vinrent aussi les trois comtes frères du

roi, à savoir les seigneurs Robert d’Artois119, Alphonse de

Poitiers et Charles d’Anjou, par la suite fait comte deProvence

120, ainsi que la sœur de ces quatre, Isabelle, fille de

roi, sœurde roi et nonmoindrequ’une reine, puisqueunie auChristroiparlafleurdelavirginité

121.

13INNOCENTIV

SANCTAEVIRGINITATISPROPOSITUM(22juillet1253)


ardemmentversLui, Il dilate ses entrailles, tend sesmamelles,offresonsein,ouvresongiron

193.IlestécritenIsaïe:Commela

mèreconsolesesfils,ainsi,moi,vousconsolerai-jeaussi,ditleSeigneur

194,etc.Car,commelapiétématernelleconsolel’enfant

muparledésirdulaitmaternelgrâceàl’ostensiondesmamellesetàquelquegouttelettedelait,ainsi lescœursdesfilssont-ilsrecréés par quelque douceur. Douce consolation, brèvedégustation ! Pourquoi, ô Seigneur, toi qui apparais sifamilièrement,quirestaureslestiens,sisoudainementdisparais-tuetnousferas-tudéfaut?Tu t’enfuiseneffetavantqu’onnepuisseteteniret,avantqu’onnepuissetesaisir,tut’échappes.Autantquejepuissecomprendreàprésent,tupermetsqu’ontevoie–sitoutefoislesyeuxducœursontpurs–aussilongtempsque l’œilnaturel soutient la lumièrede l’éclairétincelant.Quedis-tu,ôépouse, je l’ai tenuet jene le lâcheraipoint

195 ?Ne

sais-tupasquecetteconsolationestmomentanéeetsoudaine?Qui va et vient dans la violence de l’Esprit ne dépend que desoi-même.Maiscertestunelâchespas,cardemeurentetdurent,aussi ardentes que sereines,des reliques de la pensée et ellescélèbrentunjourdefête

196dansl’espritdequiselesrappelle.

Cardemeurelamémoiredelavisiondégustéeetdéglutie197.

18Leneuvièmedegréest lorsque la fille fidèlenesedélecteen rien d’autre que dans le Seigneur, son Père. Quoi qu’ellesaisisse, elle rapporte tout au Seigneur. Délecte-toi dans leSeigneur,dit leProphète,et il tedonneracequedemandetoncœur

198.Qu’est-cedoncqu’onprescrit,commesionavaitcette

délectation à portée de main ? Elle est vraiment à portée demain,sionexaminequelquepeu.Iln’yaeneffetaucunebeautéou aucune douceur,même dans les choses transitoires, qui nevienneouneprocèdeoriginellementdecettepatriecéleste,bien

plus,decettesourceetdeceprincipe199detoutbien.Reporter

donc au principe de la source tout ce qu’on évalue de bon entoutes choses, qu’est-ce d’autre que se délecter dans leSeigneur ? Quoi que ce soit donc qui vous délecte dans leschoses transitoires,délectez-vous-en dans le Seigneur, c’est-à-direrapportez-leauSeigneur.Labonté,labeauté,ladouceurettouteschosessemblables–s’ilenestdanslescréatures–sontdes veines, des traces, des signes. Et qu’indiquent-ils par cesparoles, si ce n’est que nous cherchons le principe d’où cesbiens coulent généreusement à notre profit ? Malheur donc àceux, Seigneur, qui te délaissent comme guide et errent aumilieu de tes traces, qui aiment tes signes au lieu de toi etoublientcequetusignifies

200 !Etbonheuràceuxqui,pardes

ruisselets minces et fangeux – c’est-à-dire les traces de tescréatures–,sehâtentverstoi,Seigneur,sourcevive!19Ledixièmedegréseraaccomplidanslefutur,quandl’âme

rendue déiforme201 sera toute remplie de Dieu. Ô admirable

déiformité,quandl’affectioncharnelleseliquéfieratoutentièrechez les saints, quand l’homme entier sera complètementtransférédanslavolontédeDieu,commeunepetitegoutted’eauversée dans une grande quantité de vin se dilue en revêtant lasaveur et la couleur du vin

202, quand demeurera la substance

humaine,maispleineetmêmesurpleined’unegloire ineffable.C’est une bonne mesure, dit le Seigneur, tassée, secouée etdébordantequ’onverseraenvotresein

203.Bonne,lorsquenous

verronsDieuentoutescréatures;tassée,lorsquenousL’auronsen nous ; secouée, lorsque, sans énigme, nous verrons de nosyeux purs la gloire de la Trinité dans la perpétuation del’éternité ; débordante, c’est-à-dire ce que j’ai appelé«surpleine».Celaadviendraaveclecœurplein, l’espritplein,

l’âmepleine, l’hommetoutentierpleindejoie.Lajoieseraensurabondance, comme il est écrit : Entre dans la joie de tonSeigneur

204, en sorte que ceux qui se réjouissent entrent tout

entiers dans la joie et non la joie tout entière en ceux qui seréjouissent

205.Telestl’héritagequiestconservépourlafillede

roi.

[II]20Voyonsmaintenantcequisuitsurlapuretéd’esprit.Suiten

effet:Toutelagloiredecettefillederoidudedans206.Dequi?

De celle-ci, bien sûr : la fille de roi. Que les filles deBabylone

207seglorifientdansle linet lapourpree

208 ;ornées

autouràlasemblanceduTemple209,qu’elless’avancentdansla

parure de leurs chaussures, qu’elles se vêtent de manteaux,qu’elles aient des colliers, des diadèmes, des turbans, desanneaux,desgemmes,descercles,desagrafes et desmiroirs,des voiles et des bracelets

210. Si cela ne suffit pas, qu’elles

ajoutentdufardpourpreetducrayonrouge.Qu’ellesmaquillentetenlaidissentlasurfacedeleurpeau,semaquillentlesyeux,seteignent les cheveux, empruntent si elles manquent – ellesverrontbiensic’estauxvivantsouauxmorts

211–pourqueleurs

têtes paraissent enflées ou garnies. Cette beauté n’est pasnaturelle, propre ou native. Elle est accidentelle, elle estétrangère et elle est achetée. Elles se montrent vraimentdépourvuesdebeauténativeetpareillementinterne,ellesqui,àsigrandpeine,àsigrandprix,cachentetrecouvrentleurlaideurparunebeautéd’emprunt.À lapeaudes souris, à l’œuvredesvers

212, elles empruntent l’ornement, beauté factice. Quoi de

plus ?Elles avaient perdu la beauté propre et intérieure.Elles


15INNOCENTIV

DECENSACDEBITUM(26mai1254)

Le projet de virginité d’Isabelle était désormais connu etreconnu,mêmesisonabsencedestatutcanoniquesembleavoirmismalàl’aiselesclercsquiluidispensaientleursconseils

295.

L’absenceprolongéedesonfrèreLouisIX,depuis1248,puislamortdeBlanchedeCastilleen1252lalaissèrentsanssoutiendirect.Peut-êtreest-cepourcelaqu’ellefranchitunpasdeplusdans sa conversion religieuse, séjournant d’abord dans desmonastères féminins, puis sollicitant de bénéficier de la curepersonnelle de Frères mineurs

296. Indirectement, le pape

Innocent IV lui répondit favorablement sur ce point, endemandantauministredelaprovincedeFrance,parlalettreDecensacdebitumdu26mai1254,demettrequelques-unsdeses frères à la disposition de la princesse. Registre :Cité duVatican, ASV Reg. Vat. 23, f. 95v-96r, n° 685. Éditions : L.WADDING,AnnalesMinorumseutriumOrdinumaS.Franciscoinstitutorum,vol.3,Florence,1931,p.400;G.G.SBARAGLIA,BullariumfranciscanumRomanorumpontificumconstitutiones,epistolas, ac diplomata continens tribus ürdinibus Minorum,clarissarum, et Poenitentium a seraphico patriarcha sanctoFranciscoinstitutisconcessaabillorumexordioadnostrausquetempora,vol.1,Rome,1759,p.736-737,n°551(introd.ettrad.J.D.;révisionA.D.).Innocent évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à son fils

bien-aimé, leministredesFrèresmineursenFrance297, salutet

bénédictionapostolique.Jugeantqu’ilconvientetqu’ilfautquenoussoutenionsd’une

faveurbienveillantelesvœuxquicontribuentauprofitdesâmes,fléchi pour cette raison par les dévotes prières de notre fillebien-aiméedans leChrist Isabelle, sœurdenotre très cher filsdans le Christ l’illustre roi de France

298, par l’autorité de la

présentenoustecommandonsceci:commeelle,qui–dit-on299

– vit parfois dans des cloîtres de moniales300 en imitant

particulièrement l’honnêteté et la sainteté, cherche d’un espritdésireux à obtenir que quelques-uns des frères de ton Ordredemeurent avec elle pour embellir son honnêteté et leurconfesser les péchésdus à sa faiblesse, soutenant sur ce pointfavorablement son projet

301, concède-lui sans difficulté, quand

elle te le demandera302 – même si s’y opposent certains

commandements de laRègle ou statuts de l’Ordre susdit303 –

quelques-unsdecesfrèresquetujugerasconveniràceprojet304.

Donné à Assise, le VII des calendes de juin, en la onzièmeannéedenotrepontificat

305.

16ACTEDEVENTEDUTERRAINDELONGCHAMP

(avril1255)D’individuel, le projet religieux d’Isabelle devint collectif

avec la fondationdumonastère féminindeLongchamp306. La

première trace en est fournie par l’achat d’une partie duterrain où devait s’établir la communauté en forêt de

Rouvray307,dansuneboucledelaSeineàl’ouestdeParis,face

àSaint-CloudetSuresnes.IlestévidentqueLouisIX,revenudelaVIIecroisadeenseptembre1254,offritunsoutiendécisifau projet de sa sœur.Original : Paris, AN, L 1020, n° 1

308.

Édition:E.M.HALLAM,AspectsoftheMonasticPatronageofthe English and French Royal Houses, c. 1130-1270,Ph. D.,University of London, 1976, p. 404 (introd. et trad. J. D. ;révisionA.D.).Àtousceuxquiverrontlaprésentelettre,l’officialdelacour

deParis309,salutdansleSeigneur.

Nous faisons savoir que, s’étant trouvé310 en notre présence,

Simon de Vau-Grignon311 de Saint-Cloud

312 a vendu et cédé

devant nous à perpétuité au seigneur Mathieu, chapelain duseigneurroi,pour lecompted’undesesamis

313, etàceuxqui

auront l’affaire de sa part pour six livres parisis314 qu’il lui a

déjàacquittées–commeill’areconnudevantnous,renonçantàlaclausedel’argentnoncomptantnonremisetnonacquitté

315–

quatrearpents316de terrearablesituée

317dans le lieuqu’ondit

«L’Oranger»,danslacensivedeSainte-GenevièvedeParis318à

douzedeniersqu’onditcensuels319.Ilpromet,enayantdonnésa

foiennotremain,qu’aucuneplaintenes’élèvera320àl’aveniren

justice contre cette vente pour une raison héréditaire ou d’uneautre manière provenant de lui ou d’un autre ; qu’il garantiracontretousetlibéreradetous,selonl’usageetlescoutumesdeFrance

321, la terre vendue – comme on l’a dit – à ce seigneur

Mathieu et à ceux322 qui auront l’affaire de sa part ; et aussi


sacrée. Qu’elle corrige avec soin ce qui doit être corrigé.Toutefois, qu’il ne leur soit pas permis d’entrer auchapitre406pendantunan,sicen’estpouryêtreexhortéesoucorrigées.7Mais, une fois écoulé l’espace d’un an407, qu’elles fassent

professiondanslamaindel’abbessedevantlacommunautédecettemanière:«Moi,sœurunetelle,jeprometsàDieu,àlabienheureuseMarie toujoursviergeetà tous lessaints,envosmains,mère,devivresouslaRègleconcédéeànotreOrdreparleseigneurpapeAlexandreIVtoutletempsdemavie,enobéissance, chasteté, sans rien en propre et aussi sous laclôture408, selonqu’il est ordonnépar cettemêmeRègle. »Qu’on observe la même manière de faire profession pour lesservantes

409.S’ilyaunmonastèreoù,pouruneraisonjuste

et nécessaire, il faut envoyer des servantes, avec lapermissionduministregénéral,qu’onenvoie toutefoisdesservantes honnêtes, mûres de mœurs et d’âge qui,lorsqu’elles sortent du cloître, aillent chaussées, maisqu’ellesneportentjamaisdesandalesnidecorde410.8Quechaquesœur,outrel’étamine

411oulecilicesielleveut,

puisseavoirdeux,troisoumêmequatretuniquesseloncequisemble bon à l’abbesse. Que toutes prennent gardecependant, autant que possible, à l’excès de vêtements.Qu’ellesaientaussiunmanteauoudeux,delongueuretlargeurconvenables.Que ces habits, bien sûr, soient de tissu vil, tantpar le prix que par la couleur.Que personne ne porte destuniquesdedessus entièrementblanches ou encorenoires.Qu’ellespuissenttoutefoisavoirdesscapulaires

412detissuléger

et religieux413 pour s’en revêtir quand elles font un travail :

qu’elles apparaissent ainsi plus décentes quand elles nepeuventraisonnablementpasporterdemanteau.Queseuleslessœurs, après avoir fait profession, aient aussi pour ceintureunecorde

414,sansaucunebizarrerie.

9 Qu’elles couvrent leurs têtes, de manière uniforme etdécente,avecdesbandelettesoudesvoilesentièrementblancs,maistoutefoispasprécieux,ensortequelefront,lesjouesetlecou soient couverts comme il convient. Qu’elles n’osentapparaîtreautrementdevantdespersonnesextérieures,carilneconvient pas que l’épouse du Roi éternel s’expose àquelqu’un d’autre, ni même qu’elle se complaise enquelqu’un d’autre. Qu’elles aient aussi un voile noir étendusurlatête,d’unelargeuretd’unelongueurtellesqu’ildescendedes deux côtés jusqu’aux épaules et pende à l’arrière au-dessousdelacapuche.Ellespeuventnepasleporterdenuitetparfoisde jour avec lapermissionde l’abbesse.Que lessœursservantesetlesnovicessoientceintesd’uneceinturedelaine.Que l’abbessedisposepour leschaussuresdessœurset des servantes à l’intérieur du cloître en fonction de cequ’exigerontleursbesoins.10Quetouteslessœursbienportantes,tantl’abbessequeles

autres,dormentdansundortoircommunetquechacuneaitunlitpoursoiséparédesautres.Quelelitdel’abbesse,toutefois,soitplacéenunendroitdudortoirtelquedelà,sicelapeutsefaireaisément,ellepuissevoirleslitsdudortoirsansobstacle.Dans le dortoir, que des luminaires éclairant bien soienttoujoursallumésdenuit.11De la Résurrection du Seigneur jusqu’à la fête de la

Nativitéde labienheureuseViergeMarie415,que les sœursdorment après le repas jusqu’à l’heure de none416 pourcelles qui le veulent. Celles qui ne le veulent pas, qu’elles

s’occupent à l’oraison et à laméditationdivine enun lieuprécisdésignépourcela,ouàd’autrestravauxpaisiblesetpieux.12Qu’ilsoitpermisàchacuned’avoirunepaillassepleinede

paille,defoinoudechaume,àdéfaut,dufoinoudelapailleen guise de paillasse, une pièce de laine grossière étenduepar-dessus et un oreiller couvert d’un tissu de lin qui pourraêtre de foin, de paille, de laine oumême de plume, selon lesdispositions de l’abbesse.Cependant, que jamais les sœursoulesservantesnepuissentutiliserdedrapsdelin.Poursecouvrir,qu’ellesaientdescouverturessans fourrure,mais,avec la permission de l’abbesse, que les malades puissentavoirdesfourruressousleursmanteaux.13 Qu’en des moments déterminés, toutes les sœurs se

tondentencommunlescheveuxenrondjusqu’auxoreilles.14Pourcequiestdel’officedivinqu’ilconvientdecélébrer

tant de jour quedenuità la louange et à la gloiredeDieu,qu’on observe ceci : que les sœurs qui savent lire et chantercélèbrent avec gravité, modestie et révérence l’ofïice selon lacoutume des Frères mineurs ; que les autres disent vingt-quatreNotrePèreàmatines,cinqàlaudes;qu’ellesendisentseptàprime,tierce,sexte,noneetcompliesetdouzeàvêpres

417.

Qu’onobserveen tout lamêmedispositionpour l’officede latrès bienheureuse Vierge Marie

418. Que chacune prie aussi

chaquejourpour lesdéfunts.Sidessœursysontaptesetenontlacapacitéintellectuelle,quel’abbesse,s’illuisemblebon,lesfasseinstruireenleurassignantunemaîtressecompétenteethonnêtepourlesinstruireenchantetdanslesofficesdivins.15 Que les sœurs, aux heures et lieux établis comme il est

ordonné,s’occupentàdestravauxutilesethonnêtesdanslebut« qu’une fois écartée l’oisiveté, ennemie de l’âme, elles


points qui doivent être établis et corrigés conformément à laforme de leur vie et à l’observance régulière, les sœurs, enpublic ou en privé comme il semblera mieux de faire, lessuggèrent et les proposent avec soin au visiteur.Au nom del’obéissance, qu’elles soient tenues de strictement lui obéirpendant cette période sur ce qui a trait à son office. Cellequi en fait autrement,qu’elle soitdûmentpuniepar levisiteurcommeilconvient.50L’abbesseaussi, si sesdéfautsouses travers l’exigent,

qu’elle soit par lui démise de son office. Pareillement lechapelain,lesconversetlesautresdomestiquesaussi478,s’ilssont répréhensibles enquoi que ce soit, qu’ils soient corrigés.S’ils s’y refusent ou négligent de se corriger, qu’ils soienttotalementévincésdumonastère.51 Si des frères y demeurent parfois ou même si, n’y

demeurant pas, ils entendent les confessions des sœurs etque le visiteur trouve quelque point notable contre eux,qu’il soit tenu d’en avertir leministre de la province, quidevraaussitôtlescorrigeroumêmelesévincerdulieu.52Nousenjoignonsstrictementauvisiteurqu’ilnerévèle

sciemment à quiconque, en aucune manière, les pointsdevant rester cachés qu’il a découverts pendant sa visite.Mais, après avoir lu les excès479 et enjoint les pénitences,qu’il brûle tous ses écrits devant la communauté, àmoinsque les faits ne soient tels que, sur le conseil des sœursdiscrètes de la communauté, ils doivent absolument êtrerapportésauministregénéral.53 Si le ministre provincial trouve quelque élément

notablecontrelevisiteurousescompagnonsaprèslavisite,qu’ilsoittenudel’indiquerauministregénéraldel’Ordre.Que les compagnons des visiteurs n’assistent pas aux

visites.54 Que l’élection de l’abbesse revienne librement à la

communauté. Que sa confirmation, son infirmation ou sadépositionsoitfaiteparleministregénéraldel’OrdredesFrèresmineurss’ilestprésentdanslaprovince;ensonabsence,parleprovincial de cette province où lemonastère est établi. À euxreviennent le commandement, la direction de cet Ordre, sonsoin,savisite,sacorrectionainsiquesaréforme,tantpareux-mêmesquepar lesvisiteursauxquelsceschargessontconfiéespourunlieuetunepériodedonnés.55 Par conséquent, en vertu de l’obéissance, nous

prescrivonsetenjoignonsfermementauxabbesses480etauxautressœursdecettereligiond’obéirauministregénéraletauprovincialde laprovinceoù lemonastère est établi, entout ce qui n’est pas contraire à leurs âmes 481 et à laprésente Règle, puisque nous voulons qu’elles soienttoujourssoumisesàleurdirection.Pareillement,aunomdel’obéissance, nous enjoignons à toutes les sœurs de cettereligion d’obéir soigneusement à l’abbesse après qu’elle areçuconfirmationdesonofficeettantqu’elleleconserve.56Mais, lorsque la communauté, pour cause demaladie

ouentoutautrecas,estprivéedeladirectiondel’abbesse,que les sœurspuissent s’élireuneprésidente482à qui ellessoient tenues d’obéir jusqu’au moment où une abbesseprendraenmain sonoffice.Que laprésidenteaccomplisseentre-tempscequiatraitàl’officedel’abbesse.57Du soin, de la disposition et de l’administration des

possessions et des biens temporels, que ne s’enmêlent enrienni leministre général ouprovincialnid’autres frèresde l’Ordre.Que leministre et le visiteur, dans les affaires

temporelles et spirituelles, aient toujours la charge deréformerlesdéformationsetdecorrigercequidoitl’être.58 En outre, pour éviter une agitation inconvenante au

prétextedesbienstemporelsetpourquelessœurspuissentplus tranquillement servir le Seigneur483, qu’il leur soitpermisderecevoirencommundesrentesetdespossessions,etde lesdétenir librement

484.Pourdûmentgérercespossessions,

qu’il y ait ununiqueprocureur sage et fidèledans chacundesmonastèresdecetOrdre,quidoiveêtredésignépar l’abbesseavec le conseil et l’assentimentde la communauté, etaussiêtredémischaquefoisqu’il leursemblerabon.Detoutcequiluiestconfiétantdesrecettesquedesdépenses,qu’ilsoittenude rendre compte à l’abbesse et à d’autres sœurs spécialementdésignées pour cette tâchede la part de la communauté, etaussi au visiteur lorsqu’il veut l’entendre. Qu’il ne puisseabsolumentrienvendre,engager,échangeroualiéner,enaucunemanière,desbiensdumonastère.Toutcequiestentrepriscontrecetteinterdiction,nousledécrétonsnuletnonavenu.59Comme lademeurepérennede lapatriedes sœursde

cettereligionestailleurs,nousvoulonsdoncqu’ellesévitentà toute force la bizarrerie – qui est haïssable à Dieu entouteschosesetabsolumentcontraireàlapiété–etleluxeexcessifdesédifices.Parmileshabitsecclésiastiques,quelesclercs qui demeurent avec elles selon le moment puissentavoirdesétoles,desmanipulesetdesornementsdetissudesoie485. Qu’ils n’usent cependant pas de chasuble etd’autrestissusdesoie.60Quelesceaude lacommunautésoitgardéetconservé

selonl’ordonnancementpropreàlacommunauté.Quetoutelettre qui est envoyée de la part de la communauté soitd’abord lue en chapitre. Qu’aucune sœur n’envoie des


audace téméraire. Si quelqu’un prétend y porter atteinte, qu’ilsache]qu’ilencourra[lacolèredeDieutout-puissantetdesesbienheureuxapôtresPierreetPaul]

550.

Donné à Anagni, le V des nones de mars, en la cinquièmeannéedenotrepontificat

551.

23URBAINIV

ILAÉTÉEXPOSÉDEVANTNOUS(20novembre1261)

LespremièresmonialesfirentprofessionàLongchampenjuin1260. Parmi elles, certaines entraient pour la première foisdanslaviereligieuse,commeAgnèsd’Harcourtquiavaitétéàla cour capétienne avec isabelle. Mais au moins quatremonialesexpérimentéesdel’ordredeSaint-DamienvinrentdeSainte-Élisabeth de Reims, sans doute la plus anciennecommunauté féminine de la mouvance franciscaine dans lenorddelafrance.Leurexempledutêtredécisifpourlamiseaupoint du mode de vie dans le nouveau monastère. Pour cetransfert,ellesavaientcertainementobtenuunepermissiondelapartd’AlexandreIV,avantsamortsurvenuele25mai1261.Mais notre plus ancienne trace d’une telle dérogation vientd’unelettredunouveaupapeUrbainIV,peuaprèssonélectiondu29août1261,autorisantcesmonialesàresteràLongchampplutôtquederetourneràReims,enréponseà lademandedeLouisIXencesens.L’originallatindecettelettren’apasétéconservé.N’en subsiste qu’une copie en français, faite par leprêtrePierrePerrieretinséréedanssavieinédited’isabelledeFrance, datée de 1699. Le texte ne reflète donc peut-être pasl’exacte littéralitéde la lettreoriginelle,mais ildoiten livrer

fidèlement la substance. Manuscrit : Paris, bnF, fr. 24950,p.103-104.Édition:S.L.FIELD,IsabelleofFrance:CapetianSanctity and Franciscan Identity in the Thirteenth Century,NotreDame(Ind.),2006,p.217,n.8(introd.S.F. ;adapt.J.D.;révisionA.-F.L.-L.).Urbain évêque, serviteur des serviteurs de Dieu

552, à notre

bien-aiméfilslegardiendesFrèresmineursdeParis553,salutet

bénédictionapostolique.Il a été exposédevantnous,de lapartdenotre très cher fils

dans leChrist l’illustre roi de France, que quelques sœurs dumonastère des sœurs cloîtrées de la ville de Reims

554 sont

venuesaumonastèredel’HumilitédeNotreDameaudiocèsedeParis pour y instruire les sœurs de ce lieu, qui ne sont encoreque nouvellement implantées dans les institutions régulières.Pouraccorderauroicequ’ildemande,nousvousdonnonsparcette présente lettre l’autorité nécessaire pour absoudre cessœursdeleurengagementaumonastèredeReimsetlesattacheràceluidelasainteViergesusdit,pourydemeurertoujoursetyservirleDieutrèshaut

555.

Donné à Viterbe, le XII des calendes de décembre556, en la

premièreannéedenotrepontificat557.

24ÉMELINEDEFLEURY

LETTREÀISABELLEDEFRANCE(27mars1262)

Aumoisdemai1255,lechapelainMathieu558avaitacquis–

auprofitduroiLouisIX,maisàdestinationdufuturmonastère« de l’Humilité de la bienheureuse Marie Vierge » – quatrearpentsdeterreauportdesuresnes,danslacensivedeJeanleFlamand qui appartenait à l’abbaye de Montmartre

559.

Quelques années plus tard, l’abbesse Émeline deMontmartreindiquaitàIsabelleetà l’abbessedeLongchamplemoyendeselibérerducensqu’ellesluidevaient.Copie:Paris,AN,Q*110721, f38r,n°68.Éditionpartielle :S.L.FIELD, IsabelleofFrance : Capetian Sanctity and Franciscan Identity in theThirteenthCentury,NotreDame (Ind.), 2006, p. 218, n. 14

560

(introd.etadapt.J.D.;révisionA.-F.L.-L).Àlanobleetsagedame,madameIsabelle,sœurduroi,etàla

religieuse dame et honnête humble abbesse desCordelières561,

moi, Émeline, humble abbesse de Montmartre562, salut et

oraisonenNotreSeigneur.

Comme frèreRenault, notremoine563, nous a fait savoir que

certaines gens mettent des empêchements au paiement decertains deniers que vous nous devez pour raison de vente deterres que vous avez achetées en notre seigneurie, nous vousprions que vous fassiez remettre lesdits deniers audit frèrerenault, notremoine, et vous promettons que nous garantironsvotreéglisecontretousceuxquivousendemanderont,àcausedesventessusdites

564.

En l’an de l’Incarnation de Notre Seigneur 1261, le lundiavantPâquesfleuries

565.

25THIBAULTDESAINTE-GENEVIÈVE


que ce soit alors en compagnie, comme il a été statué pour leparloir

628,mais que cela arrive très rarement

629. À ce genre de

grilles de fer, qu’on appose bien sûr un tissu noir du côtéintérieur,detellesorteque,pouraucuneraison,unedessœursnepuisseêtrevueàtraversniqu’ellepuissevoirdelàquelquechose à l’extérieur, sauf si parfois, pour une causeraisonnable, le tissu est enlevé avec la permission del’abbesse. De la même manière, qu’on fixe un tissu noir auparloir

630,qui puisse parfois être enlevé avec la permission

de l’abbesse et l’assentiment de la majeure partie de lacommunauté. Qu’elles aient aussi des grilles aux portes debois,avecdesserruresetdescléspourqu’ellesrestenttoujoursfermées,sicen’estpourlesraisonscitéesci-dessus

631.

28 Que le parloir soit fait de lamelles de fer serrées etépaisses,solidementouvrées632.Quedesparloirssoientfaitspour les confessions dans l’église ou dans un autre lieuconvenable,commeilsemblerabonauministre.Quelagrillesoit soigneusement et solidement fabriquée de lamelles de ferserrées et épaisses. Que tant la grille que le parloir soientsolidement munis de clous de fer débordant en longueur àl’extérieur.29Surundescôtésdelagrille,qu’ilyaitpourtantunepetite

fenêtreavecunguichetdeferparlaquelleleprêtre,enétendantlamain,puissedélivrerauxsœurslecorpsduSeigneur.Quenulnepuisse,paraucuneautrepartiedelagrille,passerlamainautravers.Endehorsdesmomentsoùlessœursdoiventrecevoirlecorps du Seigneur et entendre prêcher par une personnecompétenteethonnêteoupouruneautrecauseraisonnableàdiscerner par le jugement de l’abbesse, que ce guichet soitferméavecdeuxclés.

30Sanspermissionduministre,qu’iln’yaitqu’untour633qui

conviennedanslacommunauté,parlequelonpuissedélivrerlenécessaireauxsœursetemporteraussicequidoit l’être.Qu’ilsoit bien sûr conçude telle sorte qu’onnepuisse rienvoir autravers.Qu’aucunesœurnepuisseparleràquelqu’unautravers,à part les deux seules qui doivent le garder avec la mêmevigilancequelaporte

634.

31Quel’abbessefasseabsolumentrespecterlaloidusilencecontenuedanslaprésenteRègle

635etque,pourelle-même,elle

l’observesoigneusementpourôteràtouteslamoindrematièreàcritique ; si ce n’est qu’elle peut parler avec ses sœurs auxheures et lieux adaptés, comme il lui semblera convenir selondieu.Quepuissentparlerlessœursmaladesetcellesqui,selonladispositionde l’abbesse, les servent

636 dans rinfirmerie

637 le

temps de leur maladie. Même les bien portantes, si, avec lapermission de l’abbesse, elles sont entrées dans l’infirmeriepour une visite charitable, qu’elles puissent parler avec lessœursmalades.32Enoutre,envertudelastricteobéissance,nousprescrivons

que nulle abbesse et nulle de ses sœurs ne permettent jamaisd’entrersanspermissionspécialedusiègeapostoliqueàquelquepersonne que ce soit – religieuse ou séculière, de quelquedignité qu’elle soit – à l’intérieur dumonastère ou du cloître,c’est-à-direenunlieuauquellessœurspuissentaccéder

638.De

la même manière, nous interdisons l’entrée à toute autrepersonne,excepté leroideFrance,dans leroyaumeduquelce monastère a été fondé, avec des membres de sonentourage jusqu’à dix639, le ministre général de l’Ordre desfrèresmineursavecdeuxhonnêtescompagnons et ceux que,par le commandement de l’abbesse, avec le conseil et l’accord

dessœursdiscrètes, une nécessité évidente exige d’introduirepour faire un ouvrage indispensable

640. Lorsqu’ils sont en

nombre,quelaplupartsoientsimultanémentcommisàl’ouvrageet,dèsqu’ilestterminé,qu’ilssortentsansdélai.Surcepoint,que l’accord du ministre provincial soit aussi requis quand ilsera raisonnablement possible de le faire, pour qu’en tout soitobservéelaclartédelabonneréputation.Leministreprovincialde cette provincepourra entrer dans lemonastère avec deuxhonnêtescompagnons,encasdenécessitéd’unevisiteoudelaréformede la communauté, lorsque celanepourrapas se fairesansentrer dans lemonastère. Lorsque apparaîtront d’autresraisonsutilesetnécessaires,qu’ilpuisseentrerseloncequeleministre général a résolu de lui permettre avec le conseil desdiscrets.33Sid’aventureundescardinauxvenaitparfoisaumonastère

etvoulaityentrer,qu’ilsoitbiensûraccueilliavecrévérenceetdévotion, mais qu’il n’amène pas avec lui plus de dixcompagnons. Quant à un autre prélat à qui d’aventure auraitparfois été concédé d’entrer par le souverain pontife, qu’il secontentededeuxhonnêtescompagnons.Sid’aventure,pour labénédiction de l’abbesse, pour consacrer une sœur commemonialeouencored’uneautremanière,aparfoisétéconcédéàunévêquedecélébrerlamesseàl’intérieur,qu’ilsecontentedetrois ou quatre compagnons ou serviteurs. Quand un hommefranchit la porte, que l’abbesse puisse lui parler toujours avecdeuxsœursparmilesplusdouéesdediscernement

641etlesplus

mûres de la communauté. Si elle permet à une femmed’entrerdans le monastère, que les sœurs puissent lui parler avec lapermissiondel’abbesse.34Que toutes les sœurs prennent garde avec grand soin

qu’uned’ellesneparlesciemmentavecunhommequiestentré,


séjour en curie ne t’a pas plu jadis et ne nous plaît pasaujourd’hui

696.Ellessontdansladispositiondenepasvouloir

recevoir ta règle,mais soit d’observer l’état antérieur697 ; soit,

s’ilsemblaitdouteux,deprendrelaformeàvivrequetientnotrefillebien-aiméedansleChrist,lasœurduroidefrance

698.Sur

cesujet,fais-nousconnaîtretonpointdevueparlettre;ou,situpréfères, nous te les enverrons pour que tu les éclairesrapidement,aubesoinenleurfaisantexposertavolontéparunautre

699.Entrecesdeuxpossibilités,nousvoulonssavoirceque

tusouhaites.Donné àViterbe, le II des calendes de juin, en la deuxième

annéedenotrepontificat700.

29CLÉMENTIV

DEVOTIONISVESTREPROMERETUR(8novembre1266)

Plusieurs lettres émises par la chancellerie pontificalependant le pontificat de Clément IV suggèrent qu’Isabellepoursuivit ses efforts pour assurer le prestige deLongchamp.L’abbesseetlessœursavaientécritaupapepourluidemanderla permission d’accueillir les sépultures des membres de lafamille royale désireux d’être enterrés auprès du monastère.Non seulementune telle demandeavait certainement l’accordd’isabelle, mais on peut supposer qu’elle en avait étél’instigatrice. Clément IV qui, sous son nom deGui Foucois,avait été proche conseiller de Louis IX, se fait un plaisird’exaucerlarequêtedessœurs.Original:Paris,AN,L260,n° 92. Édition : S. L. FIELD, Isabelle of France : Capetian

Sanctity and Franciscan Identity in the Thirteenth Century,NotreDame (Ind.), 2006, p. 233-234, n. 26

701 (introd.S. F. ;

trad.J.D.;révisionA.D.).Clément évêque, serviteur des serviteurs deDieu, à ses filles

bien-aiméesdansleChrist,l’abbesse…,702etlacommunautédu

monastèredel’HumilitédelabienheureuseMarieaudiocèsedeParis,salutetbénédictionapostolique.L’affection de votre dévotion mérite que ce que vous nous

demandez par vos prières, nous l’admettions – aussifavorablementqu’avecdieunouslepouvons–àlagrâced’êtreexaucé. Fléchi par vos prières, nous vous accordons parl’autoritédelaprésentequetouslesdescendantsdenotrecherfilsdansleChrist…,illustreroidesFrancs

703–oudeceuxqui

seront ses successeurs selon le moment –, qui par dévotionéliront sépulture ecclésiastique auprès de votre monastère,lorsqu’ils disparaîtront, vous puissiez librement les confier àunetellesépultureQu’ilnesoitdoncpermisàabsolumentpersonned’enfreindre

le texte de notre concessionoud’aller à son encontre par uneaudace téméraire. Si quelqu’un prétend y porter atteinte, qu’ilsache qu’il encourra la colère deDieu tout-puissant et de sesbienheureuxapôtresPierreetPaul.DonnéàViterbe, leVIdes idesdenovembre,enladeuxième

annéedenotrepontificat704.

30CLÉMENTIV

BULLED’INDULGENCE(entrele15févrieretle17novembre1267)

Après qu’eut été obtenue la possibilité d’inhumer desmembresde la familleroyaleàLongchamp,Isabelledemandal’octroi d’une indulgence pour les pèlerins qui visiteraient lemonastèredans l’octavede ladédicacede sonéglise,quieutlieule17novembre1267,etàl’anniversairedecettedatepourles années à venir. La bulle de Clément IV n’a pas étéconservée, mais un inventaire des privilèges conservés àLongchamp, établi en 1472, en donne une description et unrésumé

705.Copie : Paris, an, LL 1600, f.10r. Édition : S. L.

FIELD, Isabelle of France : Capetian Sanctity and FranciscanIdentity in the Thirteenth Century, Notre Dame (Ind.), 2006,p.234,n.30(introd.S.F.;adapt.J.D.;révisionA.-F.L.-L.).Unebullescelléeauplombsur lacsdesoie jauneetvermeil,

donnée par le pape Clément IV en la troisième année de sonpontificat

706.Delaquelleilressortquecepape,àlarequêtede

madame IsabelledeFrance707, donna et octroya à tous ceux et

celles, vraiment confessés et repentants, qui visiteraient avecdévotion l’église et lemonastèrede l’Humilité deNotreDamede Longchamp le jour de sa dédicace

708 et les huit jours

suivants, pour chaque jour trois ans et trois quarantaines709 de

pardon. À ceux et celles qui, chacune des années suivantes àpartirdemaintenant,visiteraientl’égliselejourdeladédicace,ildonnaunanetquarantejoursdepardon

710.Cettebulleestau

trésordel’égliseaveclesautresbullespapales,signéeaudosX.

31CLÉMENTIV

DIGNENOSAGERE


122 Cette lettre n’a pas été conservée, mais elle est connue par Vie*, 7 :«MonseigneurlepapeInnocentIVluiécrivitpourl’exhorterinstammentàsemarier,enraisondesbienfaitsinhérentsaumariaged’unedamedesonrang. Nous conservons encore la lettre dans notre abbaye. » La Lettre àLouisIX*deFRÉDÉRICII,prévoyantlemariageentreIsabelleetConrad,estdatéedejuin1243.InnocentIVfutélule25juin1243.123 Vie*, 7 : « Quand il vit qu’il ne pouvait lui faire changer son bonprojet, il lui écrivit une autre lettre dans laquelle il s’efforçait tant qu’ilpouvait de louer son bon projet et l’état de virginité – et notre abbayeconserveaussicettelettre.»Lechoixd’IsabelleavaitdéjàétécélébréparTHOMAS DE CANTIMPRÉ, Le Bien universel fondé sur les abeilles*, et ALBERTSUERBEER,HistoiredelatranslationdesaintEdmond*.124InnocentIV,papede1243à1254.125PartiàlaVIIecroisadeen1248,LouisIXavaitétécapturépuislibéréen1250. Il resta néanmoins en Terre sainte où il apprit, en 1252, la mort deBlanchedeCastilleetnerentraenFrancequ’en1254.126VoirGRÉGOIRELEGRAND,Libersacramentorum,dansPL,vol.78,col.173(«Regardebienfavorablement,Seigneur,cetteservantequiesttienne,pourqueleprojetdevirginitéqu’elleaassuméàtoninspiration,ellelegardesoustadirection»);SacramentariumGelasianum,dansPL,vol.74,col.1152,etLibersacramentorumEcclesiaeRomanae,dansPL, vol. 55, col. 129, tousdeux attribués à Léon leGrand, pour de semblables passages. Le rituel deconsécrationdesviergesestcitéàplusieursreprisesdanscettelettre:lepapeemploie ces références implicitespour inciter Isabelle àprononcerunvœuofficieldevirginité.127Cet«ouï-dire»n’estpasunemanièrededésignerunerumeur.Ilprouvequelarenomméed’Isabellevacroissantetaatteintlacuriepontificale.Elleadûécrireoufaitécrireaupapepourluifairepartdesonprojetetcettelettrepontificaleconstituelaréponseàsasupplique.128VoirALBERTSUERBEER,HistoiredelatranslationdesaintEdmond*.129VoirMt251-13pourlaparaboledesviergesfollesetdesviergessages.Surlacomparaisondeslampesetdel’huileaveclafoietlacharité,voirS.L.WAILES,MedievalAllegories of Jesus’Parables, Berkeley, 1987, p. 177-184.130 Liber sacramentorum Ecclesiae Romanae, col. 130 (« Adepte de lapureté angélique, elle s’est vouée à l’union, à la couche de Celui qui estl’époux de la perpétuelle virginité comme il est le fils de la virginité

perpétuelle ») ; SacramentariumGelasianum, col. 1152. On note le subtilusagedulexiqueparlepape:Isabelles’est«pieusementvouéeàl’union»avecleChrist,maiselledoitencore«sagement[s]’attacheraulouabledésirde cette virginité par un vœu ». Il s’agit bien de transformer une déditionpersonnelleenstatutcanonique.131Liber sacramentorumEcclesiaeRomanae, col. 130 («Qu’ils n’imitentpascequiestmisenœuvredanslesnoces,maisqu’ilschérissentcequelesnocesdésignent»);SacramentariumGelasianum,col.1152.132Lemardi22juillet1253.133 R. LAHAV, «Ambitions of Faith :Mystical Instruction fromGilbert ofTournai to Isabelle of France », dans C. J. MEWS et C. RENKEN (dir.),Interpreting Francis and Clare of Assisi : From the Middle Ages to thePresent,Mulgrave,2010,p.209-220,enparticulierp.212.134 A.-H. ALLIROT, Filles de roy de France…, p. 239-247, en particulierp.245.135Commel’avaitdéjàfaitINNOCENTIV,Sanctaevirginitatispropositum*.136Guibert deTournai s’adresse à sadame– et nonpas à sa fille, commeauraitpulefaireunclercsemettantenpositiondedirecteurspirituel.Maiselleresteavanttout«fillederoi».137VoirBERNARDDECLAIRVAUX,Ep.113(AdSophiamvirginem),dansSanctiBernardi Opera, éd. J. Leclercq, C. H. Talbot et H. M. Rochais, vol. 7,Rome,1974,p.287:«Bernard,abbédeClairvaux,àSophie,vierge:delavirginitépréserverletitre,saisirlefruit.»138GuibertdeTournaivoussoieIsabelletoutaulongdesalettre.Iln’oubliejamaissadignitéroyale.139 Il s’agit certainementd’un frèremineur,mais il n’apas été identifiédemanièrecertaine.140Un des traits du style deGuibert deTournai est l’asyndète, c’est-à-direl’absencedeliaison.141VoirAc36.142 Ps 44 (45) 14-15, thème scripturaire sur lequel toute la lettre va s ‘organiser,enjouantsurlestatutd’Isabelle,fillederoi.143C’estl’essentieldecequeGuibertdeTournaisaitd’Isabelle:elleachoisila virginité. Il n’a pas connaissance d’un projet de fondation pour une viereligieusecollective.Desoncôté,bienquefrèremineur,nousverronsqu’ilne lui parle ni de François, ni de Claire d’Assise. Parmi les vertus qu’il

prône, l’humilité est bien présente, mais pas la pauvreté. Qu’on voie, parcomparaison, la place accordée à la pauvreté dans le sermon du mêmeGuibertdeTournai,rédigéen1255enl’honneurdeClaired’Assise;GUIBERT

DETOURNAI,Sermon,dansClaired’Assise…,p.495-497.144 Ces cinq segments de la citation biblique dictent les cinq parties de lalettredeGuibertdeTournai.145VoirPs44(45)10.146Parconjecture,nouscorrigeons«animo»(«parl’esprit»)en«immo»(«nonpas»,«aucontraire»).147VoirJn1836.148 Voir R.-J. HESBERT,Corpus antiphonalium officii, vol. 4, Rome, 1970,p.379,n°7524.Classiquedanslalittératurespirituelle,leproposprendplusdeseladresséàunefilleetsœurderoisdecemonde.GuibertdeTournaiapoursuividanscetteveineencomposantpourLouisIX,sousformedetroislettres,letraitémoralEruditioregumetprincipum(L’Éducationdesroisetdes princes), terminé le 11 octobre 1259 ; voir J. LE GOFF, Saint Louis,p.409-417.149Onserendmalheureux;2.onsesoumetàlaservitude;3.onsemontreindigne ; 4. on épuise la volupté des plaisirs ; 5. on foule aux piedsl’adversité temporelle ; 6. l’affection pour Dieu surmonte les forces ducorps ; 7. l’œil de l’esprit s’aiguise ; 8. on est allaité d’une abondanteconsolation;9.onsedélectedansleSeigneur;10.onestremplidela joied’uneforcedéiforme.150 Voir CYPRIEN DE CARTHAGE, Ad Donatum, 11, dans Sancti Cyprianiepiscopi Opera, éd. M. Simonetti et C. Moreschini, Turnhout, coll.«CCSL»,n°3A,1976,p.10.151Voiribid.,13,p.11.152VoirMt812.153Mt1128.154VoirMt223.155Malgré l’invitationduSeigneur,ceshommesrestentasservisaumonde.VoirMt222-5.156VIRGILE,Eclogae,II,65.157ID.,Aeneis,VI,127.158HORACE,Epistolae,I,I,45-46.


religieuse.364 Le passage fourmille de jeux de mots sur ce qui est licite, maisqu’Isabellepourraitdéciderdes’interdire.365Laconsécrationvirginale,dotantIsabelled’unstatutcanonique,inscriraitsonprojetdansladuréeetlemettraitàl’abrideschangementsd’avis.366VoirAp143-4.367VoirMt251-13.368Dans la finde la lettre, le terme«vœu» revientquatre fois, auplurielpuis au singulier.Lepluriel sembledésigner lesdésirs, leprojetd’Isabelle,tandisquelesinguliers’appliquesystématiquementauvœudevirginité.Telest bien un des enjeux de la lettre pontificale : s’assurer que les vœuxd’Isabellevontsesolidifierparunvœucanonique.369Voir1Co924.370ProbablementlesFrèresmineursplacésauxcôtésd’Isabelleen1254parINNOCENT IV, Decens ac debitum*. Les « clairs témoignages » associés àl’Ordre des Frères mineurs peuvent être une très discrète allusion à lacanonisationdeClaired’Assiseen1255.371VoirMt1929.372VoirMt1619.373 Une indulgence plénière délivrée à un individu n’était pas chosefréquenteauXIIIe siècle.D’après saLégende,Claired’Assise enbénéficia,mais oralement et à la veille de sa mort ; LLCl 27 42 : « Puis, avec uneexpressionangélique,elledemandeausouverainpontifelarémissiondetoussespéchés.Tout endisant : “Fasse leCielque jen’aiebesoinqued’un telpardon!”, il lui impartit lafaveurd’uneabsolutiontotaleet lagrâced’unelargebénédiction.»374Lelundi12juin1256.375Vie*,23:«EllefuttrèsattentiveàcequelaRèglesoitbonneetsûre,etla fit contrôler par des Frères mineurs, hommes bons et d’expérience,maîtres en théologie, comme frère Bonaventure, frère Guillaume deMéliton,frèreEudesdeRosnyetfrèreGeoffroydeVierzon,frèreGuillaumedeHarcombourg.»376Vie*,23:«Elle[…]enfitôtercequiétaitdouteuxoudangereux.Elleymettait tantd’applicationqu’elleenveillaitunegrandepartiedesnuitset des jours. Elle y travailla et s’y appliqua tant que c’est à peineracontable.Plusieurspersonnesétaientdanssachambre:lesunslisaient

lesprivilèges,lesautresprenaientdesnotesetilyavaittoujourslàunfrèremineur maître en théologie pour examiner les choses avant elle, en saprésence.»377Vie*,24 :«Soncœurbienheureuxchoisitdedonnerà sonabbayecenom bienheureux par lequel Notre Seigneur Jésus Christ choisit NotreDame pour être sa mère : c’est le nom de l’“Humilité de Notre Dame”qu’elledonnaàsonabbayeetellevoulutqu’ellesoitdésignéedecenom.Moi,sœurAgnèsd’Harcourt,jeluidemandai:“Dame,dites-moiparDieu,s’ilvousplaît,pourquoivousavezdonnécenomàvotreabbaye?”Elleme répondit : “Parce que je n’ai jamais entendu parler de personne quil’aitpris. Jem’enétonne, car ilme semblequ’ona laissé lenom leplusdigneet lemeilleurqu’onpuisseprendre,puisquec’est lenomparlequelNotreSeigneurachoisiNotreDamepourêtresamère.C’estpourcelaquejel’aiprispourledonneràmamaison.”«378 Vie*, 23 : « Elle fit mettre dans la Règle ce qui était dans lesprivilèges»(quidésignenticiprincipalementRegInn).379G.G.SBARAGLIA,Bullariumfranciscanum…,vol.3,p.64,n.b,expliqueà propos d’Isabelle : « Sa Règle, jusqu’à présent inédite, est donnée ci-dessousàpartirdel’autographequisetrouvesousplombdanslesarchivesde notre couvent Santa Croce de Florence. » Santa Croce est le grandcouventdel’OrdredesFrèresmineursàFlorence.Leterme«autographe»et la mention « sous plomb », désignant le sceau, laissent à penser quel’exemplairedeSantaCroceétaitl’expéditionoriginaledelabulle.ElleavaitdûêtreenvoyéeàLouisIXetàIsabelleen1259.Maisellen’aguèredûêtreen vigueur à Longchamp, remplacée par 2RegIsa* dès 1263, et elle nesemble donc pas y avoir été conservée. Elle ne semble pas plus avoir étéconsignée dans les registres de la chancellerie pontificale. En cela, elleconnutlemêmesortquelabulled’approbationdeRegCl,quifutadresséeàClaire,maissansêtreenregistréeparlachancellerie.380Lesmêmes jeux sur l’adjectif « clair » ou, plus avant, sur le substantif« clarté » sont abondamment utilisés dans les bulles et légendes dédiées àClaired’Assise.381Cettephraseestconstruitesurlejeudescomparatifsquidistinguent«lesroisetlesprinces»desautresmortels.382Toutledébutdelabulle,jusqu’àcepoint,estlittéralementreprisdanslabulleSol ille verus en date du 23 décembre 1261, par laquelle Urbain IVapprouval’OrdredesFrèresGaudentideBologne(«l’Ordredelamilicede

labienheureuseMarieViergeglorieuse»);URBAINIV,Solilleverus,dansD.M. FEDERICI, Istoria de ‘ cavalieri Gaudenti, vol. 2, Venise, 1787, Codexdiplomaticus,p.16-28,n°XVIII;G.G.MEERSSEMAN,Dossierdel’OrdredelaPénitence auXIIIe siècle, Fribourg (CH), 1961, rééd. 1982, p. 295-307. Leremploi est possible du fait que cet Ordre n’était ouvert qu’aux nobles.L’expression«lesroisetlesprinces»delabullede1259estdoncremplacéepar«lesnoblesetlespuissants»danslabullede1261.383LouisIX,roideFrancede1226à1270.384Possibleallusionaurefus,delapartd’Isabelle,dumariageavecConradoudufaitqu’elledésertelacourdeFrancepourlaviereligieuse.385Noustraduisonslesyntagme«formulavivendi»par«formuleàvivre»,comme on parle d’un « métier à tisser ». S’y ajoute ici l’idée que cetteformuleseraspécifiqueàlacommunautévoulueparIsabelleetquelavieàmenerestlaviereligieuserégulière.386AlexandreIVsemblealorsconvaincuqu’Isabelleferapartiedesmonialesdunouveaumonastère.387LeconciledeLatranIVen1215.388«Religion»ausensdeformedeviereligieuserégulière.389 Canon 13 du concile de Latran IV. La Règle de l’Ordre des Frèresmineurs (1223) contournait cette interdiction en se référant à uneapprobation d’Innocent III antérieure au concile, tandis que les Frèresprêcheurs, fondésparDominique àmêmeépoque,militaient sous laRègled’Augustin. La Forme de vie de l’Ordre des Sœurs pauvres de Claired’Assise (1253)neprenaitpasde tellesprécautions,maisévitait l’usageduterme«Règle».390Toujoursparégardàlaprohibitionde1215,lestextesnormatifsélaborésaprès cette date, comme RegHug, RegInn ou RegCl, s’appelaient plutôt«forme»ou«formuledevie».391C’étaitlatitulatureexplicitementvoulueparIsabelle;voirVie*,24.392 En matière de discipline et de direction spirituelle, le monastère nedépend pas de l’évêque de Paris,mais duministre général de l’Ordre desFrèresmineurs;voirIRegIsa*54-55.393 À en croire cette introduction, Alexandre IV ne souhaite pas quel’expérience s’étende au-delà du futur monastère de Longchamp, maisplusieurs autres passages donnent des indices contraires. Claire d’Assiseaurait souhaité que sa Forme de vie puisse s’appliquer au-delà de Saint-


Vau-Grignonvendeneffet,poursixlivresparisis,quatrearpentsrelevantdela censive de Sainte-Geneviève de Paris sur lesquels s’édifie ensuite lemonastèredeLongchamp,maisilnedoitpourceterrainquedouzedeniersde cens annuel. D’autres tenanciers devaient avoir pareillement vendu desterresrelevantdelacensivedeSainte-Geneviève.L’expression«chefcens»(« census… capitalis ») désigne ici le cens principal et non le chevage,redevancedueparlesserfsàleurseigneurautitredeleurconditionservile.570 Comme les communautés religieuses avaient, à la différence desindividus,unevie indéfinie, leursbienséchappaientauxdroitsdemutationliésauxdécès.Ilsétaientdits«biensdemainmorte».571LessœursdeLongchamppaientenunefoislavaleurdequatre-vingt-sixans de cens. Le rapport est de quatre à cinq entre livre parisis et livretournois.572 Vie*, 24 : « Par-dessus tout, elle voulait que les sœurs de l’abbayesoient appelées “Sœursmineures” et la Règle ne pouvait aucunement luisuffiresicenomn’yétaitmis.»573Originalscelléd’unebulledeplombaunomd’UrbainIV,appendueàlagrande feuille de parchemin portant le texte par des lacs de soie rouge etjaune.574Enmarge,«RègledesSœursmineuresdeParis».ÀladifférencedelabulleapprouvantIRegIsa,cettedeuxièmeversionadoncbienétéconsignéedanslesregistresdelachancelleriepontificale.575 Notre traduction repose sur la combinaison de ces trois éditions, engénéral selon les critères suivis par S. L. FIELD, The Rules of Isabelle ofFrance…, p.55-111.Mais,de surcroît,nousavonscontrôlé tous lespointslitigieux sur l’expéditionoriginale (lemanuscrit 1240de laBibliothèquedel’Arsenal)etleregistredelachancelleriepontificale(Reg.Vat.26del’ASV).Nous avons également confronté le texte latin à la La Règle et la vie desSœursmineuresencloses*,traductionfrançaisedelabulleproduiteàlafinduXIIIe siècle,contenueenParis,AN,LL1601, f.25r-46r,etéditéeparF.GUILLOUX,«LaRegleetlaviedesSereursmeneursencloses…»,p.24-39;etàlaRègledesSœursmineuresencloses*,traductionanglaisedelaRègleconservée dans le manuscrit du XVe siècle d’Oxford, Bodleian Library,Bodley MS 585 (Summary Catalogue 2357), f. 48r-72r, et éditée dans AFifteenth-CenturyCourtesyBook,éd.R.W.Chambers,andTwoFifteenth-CenturyFranciscanRules,éd.W.W.Seton,Londres,coll.«EarlyEnglishTexteSociety»,n°148,1914,p.81-102.

576Agnèsd’Anery,premièreabbessedejuin1261à1264environ.577Ledésird’Isabelleestdoncenfinexaucé.578Latituiatureestcelledéjàaccordéeen1RegIsa*.579LouisIX.580C’estcequiressorteneffetdesdocumentsdel’année1259.5811RegIsa*Proldonneenfait:«Sœursdel’OrdredesHumblesServantesdelabienheureuseMarieglorieuseVierge».Surletourdepasse-passeopérédanscetteappellation,voirS.L.FIELD,«Introduction»,ci-dessusp.61-64.582Lademandedemodificationdunomdessœursaété relayéeparLouisIX,maisellevientcertainementd’Isabelle;voirVie*,24.583 Simon deBrie, étudiant à l’université de Paris, conseiller deLouis IX,chancelierduroyaumede1260à1261,créécardinalprêtreautitredeSainte-Cécilele17décembre1261,légatd’UrbainIVenFrance,futurpapeMartinIVde1281à1285.Simonétaitdoncparticulièrementsensibleauxdemandesroyales.VoirJ.VERGER,«SimondeBrieetl’universitédeParis,1264-1279»,dans P. GILLI et J. PAVIOT (dir.),Hommes, cultures et sociétés à la fin duMoyenÂge. «Liber discipulorum» en l’honneur dePhilippeContamine,Paris,Pressesdel’UniversitéParis-Sorbonne,2012,p.123-140.584Laminoritéconsacrelechoixd’humilité.585 D’emblée est reconnue la possibilité d’extension de l’Ordre deLongchamp. Pourtant à plusieurs reprises, dans le corps de 2RegIsa*, ilsemblequ’elleviseununiquemonastère.586Lesyntagme«Règleetvie»avaitétéemployéparFrançoisd’Assiseen1221et1223,en1Reget2Reg,pourlaRègledesesfrères.Cetteappellationest donc une autremanière, plus discrète, de renforcer le lien entre Sœursmineures etFrèresmineurs.Sur ce syntagme,voirG.AGAMBEN,De la trèshautepauvreté.Règlesetformedevie,HomosacerIV,1,Paris,2011.587 Les termes en gras sont ceux qui ne sont pas attestés en 1RegIsa* etconstituentdoncunenouveautéde2RegIsa*.Pourlesrelationsde1RegIsa*avec la réglementation antérieure (RegHug, Reglnn, RegCl) et ultérieure(RegUrb), voir le tableau de Concordance des textes normatifs, ci-dessousp.472-473.588Voir1P221.589Laclôturefaitl’objetd’unvœuspécifiqueen2RegIsa*7.590 Premier signe d’une subordination des sœurs à l’Ordre des Frères

mineurs.591 En conformité à 1RegIsa* 3, nous corrigeons « tempore » (« à unmoment»)en«terrore»(«depeur»)auvud’Arsenal1240,Reg.Vat.26,LL1601etBodleyMS585.592CommeIRegIsa*,2RegIsa*faituneplaceexceptionnellementimportanteàl’avisdelacommunautédanstouteslesdécisionsquilaconcernent.593Cessœurs«servant»(«servientes»)sontattestéesenRegHug,RegInn,RegCl,IRegIsa*etRegUrb;voirJ.DALARÜN,Gouvernerc’estservir…,p.17-126.594 Les sœurs « discrètes » sont des sœurs individuellement douées dediscernement, mais elles semblent aussi former une catégorie reconnue auseindumonastère.595Danslasalleduchapitreoùsetientl’assembléedelacommunauté;voir2RegIsa*61.596L’annéedeprobationdunoviciat.597 2RegIsa* se place encore plus explicitement que IRegIsa* sous lepatronagefranciscain.598LevœudeclôtureestabsentenRegInn1,maisprésenten1RegIsa*7etRegUrb3.599 Le terme « sœurs » est souvent omis pour désigner les « servantes ».Pourtant,cesservantesprononçaientdoncdesvœuxcommelesautressœurset faisaientpleinementpartiede la communauté.Mais, selon le résuméquienestdonnéenParis,AN,LL1600,f.5v,unelettredeClémentIV,endatedumercredi20avril1267,prévoyaitqueles«converses»désormaisreçuesaumonastèrede l’HumilitédeNotreDameneseraientplusconvoquéesouentenduesauchapitre.600 En Reglnn, RegCl et RegUrb, il est prévu que les sœurs servantespuissentsortir,tandisqueRegHugetIRegIsa*nedisentriensurcepoint.En2RegIsa*9est introduite ladistinctionentre« les servantesquinedoiventpas sortir » et « les autres servantes ». De ces deux catégories, seules lesservantes « internes » font donc lamêmeprofession que les autres sœurs,puisqu’elle inclut levœudeclôture.Les sœurs servantes avaientbeaucoupmoinsderaisonsdesortirdeLongchampquedeSaint-Damienparexemple,puisque lemonastèreparisien,dotédepossessionsetde rentes,n’avaitpasbesoinderecouriràl’aumône.601 Pour éviter qu’en portant à l’extérieur ces accessoires typiquement


PREMIERTESTAMENT(juillet1282)

Cinquième fils de Louis IX et de Marguerite de Provence,Pierre d’Alençon naquit le 29 juin 1251. Après les Vêpressiciliennesdu31mars1282, ildécidadeseporterenrenfortde son oncle Charles d’Anjou etmourut à Salerne le 6 avril1283

16.Avant sondépart pour le royaumedeNaples, il avait

rédigéunpremier testament17. Ilyprévoitprèsdecent legsà

des Ordres ou établissements religieux, à des établissementshospitaliersetàdespauvres.Copie:Paris,AN,J403,n°10

18.

Édition : « Testaments de Pierre, comte d’Alençon », éd. X.HÉLARY, dans Actes royaux, éd. id. et al., Orléans, coll.« Ædilis, Publications scientifiques », n° 4 ; http://www.cn-telma.fr/actesroyaux/philippe4/acte/19 (introd. et adapt. J. D. ;révisionA.-F.L.-L.).AunomduPère,duFilsetduSaint-Esprit.Nous,Pierre,fils

duroideFrance,comted’Alençon,deBloisetdeChartres,sired’AvesnesetdeGuise,faisonssavoirà tousque,nous,saindecorps et d’esprit

20, faisons notre testament pour le remède de

notreâmeetfixonsnosdernièresvolontésdelamanièredontilestécritci-après:[…].À la communauté de l’Humilité près de Saint-Cloud, cent

sous21pourleurpitanceetquinzelivrespourleursnécessités

22;

et nous demandons des messes et des oraisons pour nousauxquellesnousassocionsnotrechèretantequigîtlà-bas

23[…].

Donné en l’an de l’Incarnation de Notre Seigneur 1282, aumoisdejuillet.

http://www.cn-telma.fr/actesroyaux/philippe4/acte/

37AGNÈSD’HARCOURT

ETLESSŒURSDELONGCHAMPLETTRESURLOUISIXETLONGCHAMP

(4décembre1282)UneenquêteofficiellesurlavieetlesmiraclesdeLouisIXfut

menéeàSaint-Denisentremai1282etmars1283,recueillantplusieurs centaines de témoignages. C’est probablement laraisonpourlaquellefutrédigée,précisémentàcetteépoque,lalettreouverted’Agnèsd’HarcourtetdessœursdeLongchamp.Qu’elleaitétéexaminéeounonparlacommissionpontificaleinstruisant le dossier de sainteté de Louis IX, le but de lamissive était bien de faire connaître le rôle du roi dans lafondation du monastère féminin et le soutien qu’il lui avaitapporté. Elle conte comment la famille royale posa lespremièrespierresde l’édifice, sansdoutevers1256,commentLouisIXexhortalespremièresmoniales,dèslemomentdeleurclôture, à suivre les exemples de François et de Claire,commentillespourvutnonseulementdenourriture,deboisdechauffage et de rentes, mais aussi de précieuses reliques. Lalettre révèle encore des détails inédits sur Isabelle : ainsi saprésenceauxcôtésdeson frèrequand lespremièresmonialesentrèrent aumonastère et, surtout, le fait qu’elle fut enterréeavecl’habitdesSœursmineures.L’originaldecedocumentestperdu, bien qu’en subsistent des descriptions des XVIIe etXVIIIe siècles.Nous devons donc nous appuyer sur une copieduXVesiècleproduiteàLongchamp.Manuscrit:Paris,BnF,fr.11662, f. 40r-41v. Édition : The Letter on Louis IX andLongchamp, dans S. L. FIELD, The Writings of Agnes ofHarcourt:TheLifeofIsabelleofFranceandtheLetteronLouis

IXandLongchamp,NotreDame(Ind.),2003,p.46-48(introd.S.F.;adapt.A.-F.L.-L.;révisionJ.D.).1 À tous ceux qui verront cette présente lettre, sœur Agnès

d’Harcourt, humble abbesse des Sœursmineures encloses24 en

l’abbayedel’HumilitédeNotreDamedeLongchamp25,ettoute

lacommunautédecemêmelieu,salutenNotreSeigneur.2Nousfaisonssavoirà tousceuxquiverrontcette lettreque

notre très révérend et saint père monseigneur le roi Louis26

fondanotreégliseetposadesapropremain lapremièrepierredes fondations

27. Madame la reine Marguerite, sa femme

28, y

posaladeuxièmepierreetmonseigneurLouis,leurfilsaîné29,y

posalatroisièmepierre.MadameIsabelle,sabonnesœur,notresainte mère, y posa la quatrième pierre. Au moment où ilsfaisaientcela,troisblanchescolombesseposèrentàcetendroit.SitôtquemadamelareineMargueritelesvit,elleditàmadameIsabelle, la sœur du roi : « Regardez, belle sœur ! Voici troisblanches colombes qui montrent que la Sainte Trinité est aucommencementdenotreœuvre.»MoisœurAgnèsd’Harcourt,moi sœur Isabelle de Reims

30, moi sœur Angre

31, moi sœur

Julienne32,moisœurMahautdeGodarville

33etplusieursautres

sœurs, nous entendîmes cela de la bouche de madame laditereineMarguerite,quinous le racontaenencertifiant lavérité,entantqu’elleyavaitétéprésenteenpersonne.

3NotretrèsrévérendetsaintpèremonseigneurleroiLouis34

était présent avec grande dévotion quand nous entrâmes enreligionetilnousmitenclôture.Assezviteaprès,ilentracheznous, comme il pouvait y entrer selon notre Règle

35 avec

l’autorisation de monseigneur le pape36. Madame Isabelle, sa


d’argent quand il mourut132 et elle en donna la totalité pour

Dieu : elle envoya enparticulier dix chevaliers outre-mer.Elledota tantdegenspourqu’ilspuissent entrer en religionqu’onne peut pas en connaître le nombre. Elle faisait beaucoup debienauxveuvesetauxorphelins,et leurdonnaitdesaumônes.Elleressentaitunecompassionextraordinairepourlesgensquisouffraientouétaientdanslapeine.Elleavaitpourcoutume,lejeudisaint,d’accueillirtreizepauvres,deleurlaverlespieds

133,

deleurservirdesespropresmainsdeuxpairesdeplats,deleurdonner des souliers et d’offrir à chacun trente sous parisis ensouvenirduprixauquelNotreSeigneuravaitétévendu

134.

22 Elle cherchait à toute force à faire une chose qui plût àNotreSeigneuretvoulaitvivementcréerunhôpital

135,maiselle

nesavaitcequ’elledevaitfaire:soitfonderunemaisondenotreOrdre

136,soitunhôpital.Elleenvoyaunmessagerauchancelier

deParisetluifitdemanderensecretcequi,àsonavis,plairaitle plus à Dieu : qu’elle fonde un hôpital ou une maison deSœursmineures

137.LechancelierAymeric

138,quiétaitfortsage,

maîtreenthéologieetàcetteépoqueétaitsonconfesseur,luifitsavoirquefonderl’hôpitaln’étaitpascomparableàfonderunemaison de religion – et surtout de cet ordre, car la louangedivine y est faite et célébrée, la virginité y est gardée etdéveloppée

139,etlesœuvresdemiséricordeysontfaites,carles

sœursseserventlesuneslesautres140.Ilditaussiaumessager:

«Dites-luiqu’ellenedemandeplusconseil surcettequestion,maisqu’ellefasselamaisonreligieuse.»Sitôtaprès,ellefondanotreabbaye,quicoûtabientrentemillelivreparisis

141.

23EllefuttrèsattentiveàcequelaRèglesoitbonneetsûre,et la fit contrôler par des Frères mineurs

142, hommes bons et

d’expérience, maîtres en théologie143, comme frère

Bonaventure144, frère Guillaume deMéliton

145, frère Eudes de

Rosny146 et frère Geoffroy de Vierzon

147, frère Guillaume de

Harcombourg148.Elle fitmettredans laRèglecequiétaitdans

les privilèges149 et en fit ôter ce qui était douteux ou

dangereux150.Elleymettaittantd’applicationqu’elleenveillait

une grandepartie des nuits et des jours.Elle y travailla et s’yappliqua tantquec’estàpeineracontable.Plusieurspersonnesétaient dans sa chambre : les unes lisaient les privilèges, lesautres prenaient des notes et il y avait toujours là un frèremineurmaîtreenthéologiepourexaminerleschosesavantelle,ensaprésence.Ellemettait tantdesoinàcequeriennepassequisoitdangereuxpourlesâmesquec’enétaitmerveille.Elleyconsacrait tantde soinetd’applicationqu’ellepouvait àpeinesereposer.24Elle désirait extrêmement que cette affaire soit confirmée

par le pape. Par-dessus tout, elle voulait que les sœurs del’abbaye soient appelées « Sœurs mineures » et la Règle nepouvait aucunement lui suffire si ce nomn’y étaitmis

151. Son

cœur bienheureux choisit de donner à son abbaye ce nombienheureux par lequel Notre Seigneur Jésus Christ choisitNotreDamepourêtresamère

152 :c’est lenomdel’«Humilité

de Notre Dame » qu’elle donna à son abbaye et elle voulutqu’ellesoitdésignéedecenom

153.Moi,sœurAgnèsd’Harcourt,

je lui demandai : «Dame, dites-moi parDieu, s’il vous plaît,pourquoi vous avez donné ce nom à votre abbaye ? »Ellemerépondit:«Parcequejen’aijamaisentenduparlerdepersonnequil’aitpris.Jem’enétonne,carilmesemblequ’onalaissélenomleplusdigneet lemeilleurqu’onpuisseprendre,puisque

c’est le nom par lequel Notre Seigneur a choisi Notre Damepourêtresamère.C’estpourcelaquejel’aiprispourledonneràmamaison

154.»

25 Elle souffrit d’une grandemaladie avant que laRègle nesoitconfirmée:elleavaitcommelecœurlanguissantjusqu’àceque cette affaire soit achevée

155. Avec grande raison et grande

humilité,ellenevoulaitpasécriredenouveauaupape,niécrirepourdesquestionsconcernantsaRègleousonabbaye.Ellenefaisait rien pour aucune des grandes affaires qu’elle avait àmener, mais elle faisait demander toutes ces choses parmonseigneur le roiLouis,sonfrère,qu’elleavaitétablicommechefdesesaffaires,et il lefaisaitfortcourtoisement,envoyantseslettresetsespropresmessagers

156.Elleavaitcoutume,quand

son saint frère le roi Louis157 venait dans le lieu où elle se

trouvait,de l’aller salueretde s’agenouillerdevant luiàcausedelagranderévérencequ’elleavaitpourlui.Luilarelevaitparlamainetlagrondait,carcettemanifestationluidéplaisaitfort,maisellenevoulaitpasyrenoncer.26 Elle parlait extrêmement peu et gardait beaucoup le

silence158.Quandelleparlait,cen’étaitquedesujetspieux

159et

toujoursenconnaissancedecause.Sonconfesseur,frèreEudesdeRosny

160, lui disait parfois : «Madame, ce serait bien que

vous parliez et que vous vous distrayiez. Il ne déplairait pas àNotreSeigneurquevouspreniezunpeuderécréation.»Etilluidemandaitpourquoiellerestaitsisilencieuse.Elleluidisaitquec’était parce qu’elle avait parfois trop parlé et dit des parolesoiseuses,etqu’ilétaitbonqu’elleenfîtpénitence.ElleparlaitbeaucoupavecsonconfesseurdesbiensdelavieéternelleetdesdivinesÉcritures.ElleportaitunetrèsgranderévérenceàNotreSeigneuret lecraignaitbeaucoup.Ainsime raconta-t-elleune


racontéedesonvivant269.

26Sœur Jeanne deLouveciennes270 dit – et elle certifie que

c’estvrai–quelorsd’unegrandemaladiedontellesouffrit,quiduratroismois,ellesevoua

271àmadamenotresaintemèreetla

pria de tout son cœur pour qu’elle prie Notre Seigneur de laguérir. Elle disait ceci : «Ma douce dame,ma doucemère, jevouspriedemedonnerlasanté,carjecroisaveccertitudequevosméritessontplusgrandsquelebesoindanslequeljesuis.»Elle pria ainsi plusieurs fois, en pleurs. Il arriva, une nuit,qu’ellefut trèsgravementmalade,à telpointqu’il luisemblaitqu’elle ne pourrait pas vivre plus longtemps.Elle appela sœurMahautd’Écosse

272quilagardaitetluidit:«Faiteslesignede

croixsurmoietrecommandez-moiàmadamenotrebienheureusemère. » Et elle s’endormit aussitôt. Dans son sommeil, il luisemblait qu’elle voyait madame, s’agenouillait devant elle, luiadressait sa prière, les mains jointes comme avant, et quemadameluirépondait:«Allezàmonfrère

273!»Ensuite,illui

semblaitqu’ellevoyaitbeaucoupdegens,commedespèlerins,allersurlatombedemonseigneurleroietellepensaitqu’ellenepouvaitpasyaller.Aussicriait-elleauroi:«Sire,j’enappelleàvotremiséricorde, guérissez-moi ! » Il lui sembla alors qu’elleétaitportéejusqu’àlatombedemonseigneurleroi,quemadameyétaitet il luisemblaque leroi levaitsamaindroitehautau-dessusdelatombe.Madameluidisait:«sire,faiteslesignedecroixsurcettesœurouguérissez-la!»Ilfitlesignedecroixsurelle et luidit : «Vous serezguéried’icihuit jours.»Dès sonréveil,elleracontalachoseàsœurMahautquilagardaitetluidit :«Jesuisguérie!»Véritablement,ellefutaussitôtguérie.Lacommunautélavitmaladepuisenbonnesanté.27 Cette même sœur Jeanne de Louveciennes souffrit d’une

très grave maladie, qui dura bien trois ans, et elle avait peud’espoirdejamaisretrouverlasanté,àcausedelagravitédelamaladie.Elle se voua à notre saintemère et lui promit qu’ellejeûnerait aupainet à l’eau trois samedis.Quandelle eut ainsijeûné,elleditànotresaintedame:«Ah,ahmadoucedame,j’aijeûnétroissamedisaupainetàl’eauetcelam’acoûté,maisjenesuispasencorerevigorée

274.»Elles’endormitetilluisembla

qu’onlaportaitsurlatombedemadame,quemadames’asseyaitsur sa tombe – ce dont la malade fut un peu effrayée. Lesouvenirluirevintetelleseditàelle-même:«C’estàellequej’ai demandé son aide. » Il semblait à cette sœur quemadamevenaitàsarencontreetelleluidisait :«Madame,jevouspried’êtremonaide auprèsdeDieu et deme sauver. »Madame lapritentresesmainsetluidit:«Allezvoirmonfrère!»Alors,ilsemblait à la sœur qu’elle voyait une procession de roisnoblementparés,touscouronnéset,àlafindecetteprocession,venaitmonseigneur leroiLouis.Madameprit lasœur, lamenadevant luiet luidemandade faire le signedecroix surelle

275.

Monseigneur le roi fit lesignedecroixsur lasœuret luidit :«Vousserez totalementguérie.» Il est certainque la sœur futparfaitement guérie, comme cela futmanifeste quand toutes lavirentguérie.Ellen’eutplusjamaisunetracedecettemaladie.

28 Il arrivaà sœurSaredeHouplines276 qu’un trèsméchant

chien de notre maison, qui avait causé beaucoup de mal auxsœurs,s’échappaetvoulutluisauterauvisage.Ellemitsamaindevantsonvisage.Lechien l’attaquaà lamainet lui fitdouzeblessuresàlamainetaubras.Puisil l’attaquaàlacuisseprèsdugenouetluiinfligeadenombreusesetgrandesblessures.Ilyavait là de nombreuses sœurs qui s’efforçaient de lui portersecours,maisellesnepouvaientdétacherd’ellelechien.Alors,sœurSare imploraNotreSeigneur,NotreDameetnotre sainte

mèremadameIsabelle, luiparlantainsi :«Madoucemère,melaisserez-vousdévorer par un chien ? »Aussitôt, le chien s’enalla de sonpropre gré, la laissant très gravement blessée.À lasuitedecela, lacuissedelasœurenflaetsonétats’aggravasifortqu’oncroyaitqu’elleallaitmourir.Ellefutalorsautoriséeàrester toute seule sur la tombe de madame pendant que lacommunautémangeait.Elle priaDieu,NotreDameetmadamenotre sainte mère de la secourir et, avant même que lacommunauté eût fini de manger, elle se sentit soulagée de lagrande souffrance et de l’enflure, et elle se trouva totalementguérie.SœurIsabelledeTremblay

277,quilagardait,vitcelaainsi

queplusieursautressœurs.Nousvoyonsqu’elleest totalementguérie.29 Plusieurs sœurs ont vu plusieurs fois une grande lumière

autourdelatombedenotresaintedameetmère,auxalentoursde l’heure dematines

278. Elles ont vu d’autres choses dévotes

quiseraientlonguesàraconter.30Lebréviaire

279desœurAgnèsdeParis

280tombadansl’eau

tout ouvert et fut si mouillé à l’intérieur et à l’extérieur qu’ilsemblait qu’il ne serait plus jamais lisible. On le porta avecdévotion sur la tombe de notre sainte dame et on le laissa làenvirontroisheures:ilrevintàsonétatinitial;etilestbeauetlisiblecommeavantdetomberdansl’eau.31CettemêmesœurAgnèsavaitsimaldanslagorgequecela

lui faisait très peur. Sitôt qu’elle eût posé sur lemal certainesaffairesquiavaienttouchélecorpsdemadame,ellerejetaparlaboucheuneespècedeboueetfutclairementguérie.32Nousnepourrionsraconterenpeudemotslesbienfaitset

les consolations spirituelles que madame a faites à despersonnesquil’ontappeléeàl’aideavecdévotion.Pourquelque


révisionA.-F.L.-L.).Au nomduPère et du Fils et de l’Esprit Saint, amen

346. En

l’andegrâce1325, le samediavant laSaint-Jean-Baptiste,quifutjourdejeûneenraisondelavigilequitombaledimanche

347.

Ici sont écrits les noms des sœurs qui trépassèrent depuis quel’églisefutfaitejusqu’aujoursusdit,commejel’aitrouvéécritdelamaindesœurJeannedeQuitry

348,quime

349ditqu’ellele

savaitbienparlessœurspremièresvêtues;etellelesvitpresquetoutestrépasser.Enl’andegrâce1260, laveillede laSaint-Jean-Baptistequi

fut un mercredi350, la communauté des Sœurs mineures de

l’Humilité deNotreDame deLongchamp fut vêtue etmise enclôture,enprésencedemonseigneursaintLouis,quiétaitalorsroideFrance,demadameIsabellesasœur,quifondacetteégliseavec son avoir

351, et de frère Guillaume de Harcombourg, qui

étaitalorsministredeFrance352,enprésenced’unemultitudede

grandspersonnagesquinesontpasnommésici353.

VOICILESNOMSDESSŒURSTRÉPASSÉESPARORDRE

ETENQUELTEMPS,AUPLUSPRÈSQU’ONAPU:SœurLaure,lanovice,futlapremière,

àlaSainte-Catherine354.

SœurGillesdeReims,la2e,enjanvier355.

SœurMahautdeGuyancourt,la3e;ellefutla2eabbesse356;à

laSaints-Chrysanthe-et-Daria357.

SœurAgnèsdeCrépy,4e,àlaSaint-Jean-Baptiste358.

SœurAubourcdePassy,5e,àlaSaint-Laurent359.

SœurÉtiennettedeReims,6e,versPâques360.

SœurMathée,7e,àl’AscensiondeNotreSeigneur.

SœurBéatriceSarpe,8e,àlaSaint-André361.

SœurÉdelineSarpe,9e,àlaSaint-Pierre-Saint-Paul362.

SœurLauredeRouen,10e,versPâques.

SœurAgnèsd’Auteuil,11e,àlaconversiondesaintPaul363.

SœurJeanned’Harcourt l’aînée,12e, à la translationdesaintFrançois

364.

SœurErembourgdeMelun,13e,àlaSainte-Pernelle365.

Sœur Marie de Meulan, 14e, à la Saint-Marcel, pape etmartyr

366.

SœurAdedeReims,15e,àlaSaint-Vincent367.

SœurDésirée,16e,àlaSaint-Benoît368.

SœurAgnèsd’Anery,17e;ellefutlapremièreabbesse369;àla

Saints-Prote-et-Hyacinthe370.

SœurErmessentdeParis,18e,enseptembre371.

SœurAgnèsd’Harcourt,19e;ellefutla3eabbesseetlefutpardeuxfois

372;àlaSainte-Catherine

373.

SœurMahautdeGodarville,20e,àlaSaint-Vincent374.

SœurMariedeCambrai,21e,àlaSaint-Martind’hiver375[…].

Sœur Jeanne de Grèce, 26e ; elle fut abbesse376 ; le premier

jourdemai377[…].

SœurMahautd’Écosse,29e, à laSaint-Pie, papeetmartyr378

[…].

SœurAgnèsdeParis,32e,àlaSaint-Grégoire379[…].

SœurIsabelledeCrécy,41e,àlaChandeleur380[…].

Sœur Julienne de Troyes, 45e ; elle fut la quatrièmeabbesse

381;àlaChandeleur

382[…].

SœurAngredeReims,47e,àlaSainte-Agathe383.

SœurIsabelledeVenise,deReims,48e;ellefutprésidentelapremièreannéequelacommunautéfutvêtue,cariln’yeutpasd’abbessecetteannée-là

384;àlami-août

385.

SœurSaredeHouplines,49e,àlaSaint-André386[…].

Sœur Jeanne de Louveciennes, 51e, à la conversion de saintPaul

387[…].

SœurErembourgdeSarcelles,57e,àlaSaint-Benoît388.

SœurMariedeTremblay,58e,àlaSainte-Agathe389[…].

SœurJeannedeNevers,60e;ellefutla5eabbesseetlefutpartroisfois

390;àlaSaint-Matthieuenseptembre

391[…].

SœurAveline deHainaut, 63e, le jour de la Croix adorée392,

quifutalorsàlaSaint-Anicet393.

Sœur Clémence d’Argas, 64e, à l’octave de la Saint-Pierre-Saint-Paul

394.

Sœur Ermengarde de chartres, 65e, à la Saints-Processe-et-Martinien

395.

SœurMargueritedeGuise,66e,à laSaint-LouisdeFrance396

[…].Sœur Jeanne d’Harcourt, la seconde, vécut en l’Ordre d’ici

aprèssasœurprèsdetrente-huitans,futabbesse397,trépassala

nuitdelaToussaintenl’andegrâce1315398etfutla69e[…].


étaientdegrosdrapdebureetellelesportaitjusqu’àcequ’ellessoientuséesetpercées

494.Elleétaitpleinedetrèsgrandecharité

d’amouretdepitiéenverslespauvres,ceuxqu’ellesavaitdansles tourments et les maladies : avec grande diligence, elle lesvisitaitetlesréconfortaitdesesdoucesetsaintesparolesetdesesaumônes.Elle les servaitde sespropresmains, sedonnantpeine et fatigue à le faire. Elle faisait une si grandemultituded’autresaumônesetd’autresœuvresdecharitéqu’onnesauraitbienlesdénombrernilesraconter

495.

7 Elle était d’une si grande vertu et d’une si grande ferveurdanslaprièreque,lamajeurepartiedelanuitetpresquetoutlejour,ellerestaitendévotesprièresetoraisonsadresséesàNotreSeigneur,avecgrandeabondancedelarmes

496.Chaquejour,elle

se confessait et recevait souvent avecgrandedévotion le corpsdeNotreSeigneurJésusChrist

497.Iladvintunefoisque,comme

elle avait été presque toute la nuit en oraison, elle fut, parcontemplation, si transportée et si ravie en Dieu qu’elle nesentaitnin’entendaitriendecetteviemortelle.Carquoiqu’onluifasseetquelqueparolequ’onluidise,ellenebougeaitnineparlaitsaufpourdire:«Illisolihonoretgloria

498»;cequiveut

dire:«ÀLuiseulhonneuretgloire!»Elleavaitlevisageetlachairsispirituels,d’unedouceur,d’unebeautéetd’uneclartésimerveilleusesquec’était trèsadmirableàvoir.Elleétaitencetétatdupetitmatin jusqu’àvêpres :plusieurspersonnesdignesdefoilevirent

499.

8 Quand cette bienheureuse dame trépassa de cette viemortelle, quand, à l’heure de minuit, elle rendit son esprit àDieu,plusieurspersonnesdignesdefoi,absenteslesunesetlesautresdelachambreoùelleétait,entendirentdansl’airunchantd’unesimerveilleusemélodieetdesoufflesiprolongéqu’onne

pourraitycomparerunevoixhumaine.Encettemêmeheure,futaussi entendue de plusieurs autres personnes une voix quidisait :« In pace factus est locus eius

500« ; ce qui veut dire :

«Saplace a étépréparéedans lapaix501. »Quand le roi saint

Louisvitsoncorpsvêtudel’habitdereligion,ils’agenouillaets’inclina profondément avec grande dévotion et révérence.Quandonapportalecorpspourlemettreenterreàl’intérieurdelaclôturedesreligieuses,ilvoulutêtreprésentenpersonnepourgarder la porte, afin que nul n’entre qui ne dût y entrer

502. Il

réconforta doucement et charitablement les religieuses de ladésolationdans laquelleellesétaientàcausedu trépasde leursainte dame. Toutes les fois qu’il entrait à l’intérieur de laclôturedel’abbaye,ilvisitaittrèshumblementetcharitablementles religieuses qui étaient malades et allait voir ce que lacommunauté avait à manger. Quand il voulut aller outre-mercontre lesSarrasinspour la foideJésusChrist, ilentradevantles religieuses en leur chapitre et, là, s’agenouilla avec grandehumilitéetdévotionenleurdemandantprièresetoraisons

503.

9 Quand le corps de cette sainte dame eut été mis en terredepuisneufjours,ilfutlevédeterrepourlemettre,avecplusderévérence qu’il n’était, dans une sépulture plus honorable.Ontrouva alors et l’on vit le corps et lesmembres de cette dameaussisouplesetmaniablesqu’àl’heuredesontrépas.Elleavaitlevisagebeauetclair,lesyeuxdouxetbeaux,sanslésion,etilsneparaissaientpaséteintsparlamort.Ducorpsnesortaitnullemauvaiseodeur.Levirentetyfurentprésenteslesnoblesdamesde France qui étaient alors là et si grande multitude d’autrespersonnes séculières et religieuses qu’on ne saurait lesdénombrer.Chacundeceuxquiétaientlàs’efforçait,pargrandedévotion, de faire toucher au corps anneaux

504, ceintures et

semblablesobjetspourlesgardercommesaintesreliques505.

10 Il advint, alors, qu’une des sœurs de cette abbaye, qui,l’espacedevingtans,avaiteuundesdoigtsdelamaindéformépar lamorsure d’une truie, prit de la terre autour du corps decette bienheureuse dame, la lia sur son doigt et l’y laissal’espace de quelques jours. Ensuite, elle délia son doigt et letrouvasibeauetsisainqu’ilneparaissaitpasqu’ilyeûtjamaiseudeblessure

506.

11Uneautrepersonne,quiavaitperdu la raisonun très longlaps de temps, avant le trépas de cette dame, et étaitmerveilleusement égarée et folle furieuse, fut amenée etmaintenue l’espace d’une nuit sur la sépulture de cettebienheureusedame.Cettenuit-là, la communautéveilla et priatrèsdoucementpourcettepersonnemaladeet,àmesureque lanuitpassaitetquelejourvenait,laraisonluirevenaitetsafoliefurieuse se tempérait. Quand le jour apparut, elle fut siparfaitement guérie que jamais plus elle ne ressentit cettemaladie

507.

12Unefemmequiavaittotalementperdulavuesevouaàcettesaintedame,sefitameneràsasépultureetluioffritdeuxyeuxde cire. Sitôt qu’elle eut fait son offrande et sa prière, ellerecouvrapleinementlavue

508.

13 Une autre femme, qui, durant quatorze ans, avait eu unemaladiesigrandequ’ellenepouvaitleverlatêteetavaitpresqueperdulavueaupointqu’ellenepouvaitsediriger,sevouaetsefitameneràcettedame.Sitôtqu’elleeutfaitsaprière,ellefuttotalementguérieetretrouvalavue

509.

14Cettebienheureusedameafaitbeaucoupd’autresgrandsetremarquables miracles en faveur d’une grande multitude depersonnesmaladesvenuesl’implorerdeplusieurspays,lointains


desœuvressalutairesetàlaviereligieuse571.

CHAPITREVI.

11Lesrichessestemporellesqu’elleeutetdevaitavoirpoursapartetpoursonmariage

572,ainsiquelesautresgrandessommes

d’argentetgrandstrésorsqueleroisonpèreluilaissaaprèssamort

573, elle les distribua et répartit enœuvres demiséricorde,

paraumôneetcharité.Elleemploya tout,en l’honneuretpourl’amourdeDieu,àvenirausecoursetenaideauxnécessitésdespauvres miséreux et souffrants. Elle assura ainsi la vie à depauvres orphelins et à une grande multitude de personnesqu’elle mit en religion. Elle envoya dix chevaliers outre-mercombattrecontrelesInfidèlesetmécréantspourlafoideJésusChrist

574.

12 En particulier, avec ces biens, elle fonda et fit édifier laprésenteégliseetabbayedeLongchamp,aunombredesoixantedames encloses

575 de l’Ordre de saint François et de sainte

Claire576. Avant que l’abbaye soit édifiée, elle fut en grande

perplexité,car tantôtsonesprit lapoussaitàédifierunhôpitalpour les pauvres, tantôt il la sollicitait d’en faire une maisonreligieuse. Comme elle était dans cette perplexité et dans cedoute, elle envoya demander conseil à un grand et sagepersonnage,docteurenthéologieetchancelierdeParis,hommede bonne vie nomméAymeric

577, qui lui fit répondre qu’il n’y

avait pas de comparaison entre un hôpital et une maisonreligieuseoùDieuseraitserviàjamais, ledivinservicecélébréet l’état de virginité gardé, mais où, de surcroît, le mérite del’hospitalitéseraitconservé.Car,selonleurbonnecoutume,lesmaisonsreligieusesreçoiventcharitablementleshôtesreligieuxet, de plus, les religieuses servent avec soin les malades à

l’infirmerie.Aussi ne devait-elle plus demander de conseil surcette matière, mais elle devait rapidement mener à bienl’édificationdecemonastère

578.

13 C’est pourquoi cette dame choisit ce présent lieu qui,auparavant, avait pour nom « Coupe-gorge », en raison desmeurtresquis’yfaisaient

579.Ellevintencelieuaccompagnéede

monseigneursaintLouis,delareineMargueriteetdeplusieursnobles princes et princesses. Le roi saint Louis, qui aida àfonder cette abbaye, posa la première pierre de l’édifice et lareine, son épouseMarguerite, posa la deuxième.MonseigneurLouis, leur fils aîné

580, mit la troisième. Dame Isabelle mit la

quatrièmepierre.Aumomentoùilsfaisaientcela,troisblanchescolombesseposèrentencelieu,auvudetousceuxquiétaientlà. Alors, la reineMarguerite dit àmadame Isabelle : « Bellesœur, ces trois colombes montrent et signifient que la sainteTrinitéestaucommencementdenotreœuvre

581.»

14Desonpropremouvementetdesonpropreavis,MadameIsabelleluidonnaetimposasonnom:ellelanommal’égliseetabbaye«del’HumilitédeNotreDame»deLongchamp,disantqu’elle s’étonnait beaucoup que jamais on n’ait connu aucuneéglise ou abbaye ainsi nommée. Pourtant, disait-elle, c’est leplus haut et le meilleur nom qu’on puisse prendre, celui queNotre Seigneur Jésus Christ a choisi pour sa glorieuse et trèshumbleMère,labienheureuseViergeMarie,pourêtrelemoyendesalutdumondeentier.C’estpourquoi,disait-elle, elleavaitprisetélucenompourledonneràsamaisonetabbaye

582.

15Ensuite,cettesaintedameprittrèsgrandsoinets’efforça,de cœur et de pensée, de faire composer etmettre en ordre laRègle des religieuses

583. Elle fit appeler six docteurs en

théologie, parmi les plus excellents docteurs en doctrine et en

bonne vie de toute la religion de saint François584. Le premier

fut frère Eudes Rigaud, qui fut archevêque de Rouen585. Le

deuxièmefutfrèreBonaventure,quifutgénéraldel’Ordreetestmaintenant glorieux saint en paradis

586. Le troisième fut frère

GuillaumedeMéliton587.LequatrièmefrèreEudesdeRosny

588.

Le cinquième frère Geoffroy de Vierzon589. Le sixième frère

GuillaumedeHarcombourg590.

16Quand laRègle fut faiteet composéeparcesdocteurset,grâceàlasollicitudeduroimonseigneursaintLouis,approuvéeet confirmée par le pape et la sainte Église, que l’édifice del’abbaye fut terminé, le roi saint Louis et la dame sa sœur, lejour de la Nativité de saint Jean Baptiste

591, introduisirent,

mirent et reclurent à l’intérieur de cette abbaye les religieusesque le prélat de cet Ordre

592 envoya pour commencer la

religion593.LeroisaintLouisleurdonnasabénédictionet leur

prêcha en leur chapitre de saintes paroles et de bonsenseignements,etils’assitaussibasquelesreligieuses

594.

CHAPITREVII.

17Aprèsqu’avecdévotionetsaintement, il futainsiordonnéetaccompli,dameIsabellevoulutdemeurervivretoutesavieetmourirencetteabbaye,enpersévérantdebienenmieux,danslaperfectiond’unesaintevieetdetouteslesbonnesvertus

595.Elle

futd’unesimerveilleuseabstinencedeboissonetdenourriturequ’ellenevoulaitpasmangerdepainensuffisance,nigoûterdebons aliments, à moins qu’il n’y ait d’autre saveur etassaisonnement en ces aliments que du sel – et encore enprenait-ellesobrement

596.Ellesefaisaitsouventbattreetdonner


de grands maux à ce monastère. Il s’échappa et vint vers lesreligieuses. Il vint à sœur Sare et voulut lui sauter au visage,maisellemitsamaindevant.Lechienlapritparlamainetluifitdouzeplaiesàlamainetaubras.Puisillapritparlacuisseprèsdugenouet lui fitbeaucoupdegrandesplaies.Lessœursfaisaienttoutleurpossiblepourladéfendreetlasecourir,maisellesne lepouvaient.Alors sœurSare se recommandaàNotreSeigneuretànotresaintemèreendisant:«Madoucemère,melaisserez-vousmangerparleschiens?»Aussitôt,lechiens’enalladesonpropregréetcettesœurrestatrèsgravementblessée.Peu après, sa cuisse s’infecta et enfla si fort qu’on croyaitqu’elle allait mourir. La sœur demanda la permission dedemeurerauprèsdelatombedenotresaintemère,enattendantque les sœurs aient mangé au réfectoire. Elle pria Dieu, laVierge Marie et notre sainte mère qu’elle lui vienne en aide.Avant que les sœurs ne viennent à l’église pour dire lesgrâces

659,ellesesentitsoulagéeetsacuissetoutedésenflée.Peu

après,ellefuttotalementguérie660.

47 Plusieurs sœurs ont vu une grande clarté plusieurs foisautourdelatombedelasaintemère,versl’heuredematines

661,

etontvuplusieurschosesdignesdedévotion,quiseraienttroplonguesàraconter

662.

48 Nous pourrions raconter en peu demots les biens et lesconsolations spirituels et aussi corporels qu’elle a faits àplusieurspersonnesquiluiontdemandéavecdévotion.Elleesttoujoursprêteàsecourirceuxetcellesqui luidemandentavecfoi

663.

49UnefemmedeParis,nomméeAgnèslaCoffrière,avaitunenfant trèsgravementmaladedontonn’attendaitquelamort–etcette femmen’avaitquecetenfant.Avecd’autrespersonnes,

elleavaitveilléprèsdecetenfant,caronn’attendaitquesafin.Onl’envoyadormirunpeu.Danssonsommeil,elleentenditunevoixquiluidit:«Agnès,vouetonenfantàmadameIsabelledeFrance, qui repose au monastère de Longchamp ; offre-lui lehanap que ton père te donna et ton enfant sera guéri. » Lelendemain, elle vint à Longchamp, fit son offrande et aussitôtsonenfantfutguéri

664.

50UneautrefemmedeSuresnes665perditlavueàcaused’une

maladie.Ellesefitamenerdansl’abbayeàlatombedelasaintemèreet luipromitdeuxyeuxdecire.Sitôtqu’elleeut fait sonvœu et sa prière, alors qu’elle était encore dans l’église, ellecommençaàvoiret,encemêmejour,elleretrouvapleinementlavue

666.

51Notresaintemèreaétésipureetsiclaireensaviequ’elleamérité, de la part de Notre Seigneur, de conserver les bonnesfilles en pureté de chasteté et de pure virginité, comme ilapparaîtparleprésentrécit.52Dansunvillageàdeuxlieuesdenotremonastère,ilyavait

unejeunefille,vierge,belledecorps,maisencoreplusbelleparsesvertus.Cettefillefutengranddangerdeperdresavirginité,carquelqu’unavaitl’intentiondelaraviretavaitdéjàpasséunmarché avec une personne qui devait la lui livrer. La filleprévoyaitledangeretserecommandaitavecdévotionàDieu.Lanuitprécédantlejouroùelledevaitêtrelivrée,notresaintemèrelui apparut dans son sommeil et lui dit : «Lève-toi, va àmonabbayedeLongchampettuserasdélivréeetbienprotégée.»Lafillese levadebonmatinet,bienqu’ellenesachepasenquellieu était cette abbaye, elle semit toutefois à courir là où sonesprit la poussait et menait. Elle vint tout droit à notremonastère sans se perdre, car Dieu et notre sainte mère lamenaient. Quand elle arriva au monastère, elle était toute

trempéedetranspirationettoutehorsd’haleine,aupointqu’ellenepouvaitparlertantelleavaitcouru.Enraisondugranddésirqu’elle avait d’être sauvée, elle laissa son corset au bois pourvenirplusviteetlecorsetyfuttrouvé.Elledemeurauntempsencetteabbaye,oùellefutpréservéeensapureté.Depuislors,elleatoujoursmenéunebellevie,sainteethonnête–ettoutcelaparlesméritesdelasaintedame

667.

53DeuxhommesdesenvironsdeTournai668vinrentàl’abbaye

de Longchamp pour voir la sépulture de la sainte dame etapportèrent deux chandelles de cire de leur taille. Ils disaientqu’ils étaient en une solide prison, en danger demort, car onfaisaitleurprocèspourlesfairependreetmourir.Unevoixleurdit : « Vouez-vous àmadame Isabelle de Longchamp, près deSaint-Cloud

669, et vous serez délivrés. » Ce qu’ils firent et,

aussitôt, ils se trouvèrent miraculeusement hors de la prison.Pourcettecause,ilsétaientvenusvisiterlasaintedameet,peude temps après, ils firent un procès contradictoire

670 tant et si

bienqu’ilsfurenttotalementdélivrés671.

54Unefois,onnettoyaitl’églisedecetteabbayeetunhommeétait en haut, près des voûtes, dans une corbeille tirée par unenginàcordes.Lacorderompitet il tombaduhautdesvoûtessur les stalles où les sœurs se tiennent le temps du servicedivin

672. Il fut rompu et brisé dans toutes les parties de son

corps.Ilavaitsurtoutàlatêteuneterribleplaie:cefutmerveillequ’il ne fut pas totalement décervelé et on craignait qu’il nemeure sans confession. On fît venir en hâte les bons pères àl’intérieur pour le confesser

673. Les sœurs avaient très grande

pitié de lui et le vouèrent à madame notre sainte mère. Sitôtaprès le vœu, il commença à sentir un soulagement. Il se fitporterprèsdelatombe,fitsonoraisonet,entrèspeudetemps,


sœur Georgette Cœur737, qui depuis lors fut abbesse du

monastère, sortit d’une petite chambrette en bas de cette salleavec une autre religieuse, sa nièce, et elles virent la pauvrecréaturependantainsiverslebas,aupointqu’ellesvirentmêmela tête penchant vers le bas.Elles eurent si grande peur qu’encriant, elles rentrèrentà l’intérieurde lachambre,craignantdevoir tomber la fille.Mais,par laprovidencedeDieuetpar lesméritesdelasaintemère,unedesescompagnes,nomméesœurValentinePrévôt

738,s’enharditetvintmettreunpiedsurunedes

solivesoucourbes.Ellesepenchaaupointque,d’unemain,ellepritunpeudulingequelesreligieusesontautourdeleurstêteset,commesilafillen’eûtrienpesé,ellelaretirad’uncouphorsdedanger.84Orilestàconjecturerquecelafutau-delàdelapuissance

denature.Car,premièrement,lelingequi,généralement,ensoiestfragileetnetenaitquepardesépinglesn’étaitpassuffisantpourporterlepoids,carlafilleestassezgrandeetbienforméeselonlacomplexiondenature.85 Deuxièmement, vu que toutes les filles étaient dans la

crainte et en tenant compte de la pusillanimité féminine, cellequi la délivra, étant debout à une telle hauteur et d’une seulemain, n’aurait pu si facilement relever un tel fardeau sans uneaide spéciale de Dieu, quand elle et toutes ses compagnesétaientenune telle frayeur.MaisquiestaidédeDieuestbienaidé et réconforté. Il est donc à conclure que la fille, en cedanger,étaitsoutenueparlasaintemère,commeelleleditparlasuiteàsescompagnes:«Pourquoicraigniez-vous?J’étaisbiensoutenue par-dessus les épaules et ne pouvais tomber. »Plusieurs fois, on a expérimenté que ses mérites

739 viennent

souventenaideàtoutescellesquil’appellentavecdévotionetlaservent.Aussi faut-il comprendre que celles qui sont aidées et

soutenues par elle doivent bien reconnaître le bienfait, éviterl’ingratitude et, de bon cœur, servir Dieu dans la véritableobservance de leur état. Dieu, par sa bonté, leur concède lagrâce.86 À la même époque ou presque, une autre jeune fille

religieuse, nommée sœur Jeanne Massiot740, était très affligée

d’une fièvre. Sur une longue durée de temps, elle se mit àparfois penser avec dévotion à la sainte mère et à serecommanderàelle,mettanttoutesaconfianceenelleetensesmérites plus que dans la pratique desmédecins. Parfois, aprèsavoirfaitsesdévotions,cettefilleditavoirvulasaintemèreluiinsufflant l’espérance du salut et de la santé. Elle étaitenvironnéed’unegrandeetadmirableclarté,etétaitparéed’unmanteau entièrement semé de fleurs de lys

741.Mais la fille ne

savaitsic’étaitpendantlaveille, lesommeil,ouentresommeilet veille

742. Toutefois, après s’être recommandée et avoir reçu

cettevision,elleneressentitpluslemoindreaccèsdefièvrenidenulautremalet,depuislors,ellefutlongtempsentrèsbonnesanté.Plusieurs religieuses disent et assurent que, quand sœurJeanneMassiot, étant en l’église, se recommandait à la saintedame,plusieurssœursquirendaientgrâcesàDieuvirent,souslatombedenotresaintemère,commeunehuilesourdreetémaner,cequileurcausaitunegrandeadmiration,etpetitàpetitl’huilediminuait. Si c’était vision ou réalité, Dieu le sait. Plusieursfois,onavucela sous la tombe, avecgrandeodeur et suavité.Cela montre bien la miséricorde que Dieu accorde par lesméritesdenotresaintemèreànotremonastère.LouangeensoitrendueàDieu!Amen.

58

LÉONXPIISOMNIUMPRAESERTIM

(11janvier1521)En 1520, l’abbesse Catherine Le Picart et les sœurs de

Longchamp écrivirent au pape Léon X pour lui demander lapermission de célébrer chaque année un office solennel enl’honneur d’Isabelle. Leur requête devait insister sur lavirginité de la princesse, sa pieuse vie à Longchamp et lesmiracles survenus sur sa tombe. Sur la base de cesinformations, Léon X semble avoir cru qu’Isabelle avait elle-mêmeétémoniale.Danssaréponse,ilenvoiesonlégatAdriende Boisy pour enquêter sur ces points, examiner l’office lui-mêmeet,aucasoùiltrouveraitledossierrecevable,délivreràLongchamp la permission pontificale de réciter et chanter lenouvel office solennel, mais sans canoniser Isabelle pourautant. Édition : Aubert LE MIRE, Isabellae sanctae :Elisabetha Ioannis Bapt. mater, Elisabetha Andr. Regis Hung.filia, Isabella reginaPortugallix, Isabella,S.Lud.Galliae regissoror, Bruxelles, 1622, f. 8r-10r. Réédition : S. L. FIELD,«ParistoRomeandBackAgain:TheNunsofLongchampandLeo X’s 1521 Bull Piis omnium », Studies in Medieval andRenaissanceHistory,3rdseries,11,2014(introd.S.F.;trad.J.D.).

1Léonévêque, serviteurdes serviteursdeDieu743, à son fils

bien-aimé Adrien, prêtre cardinal du titre de Sainte-Sabine744,

notrelégatalatere745etceluiduSiègeapostoliqueauroyaume

deFrance746,salutetbénédictionapostolique.

2Auxvœuxpleinsdepitiédetous,surtoutdespersonnesdudévotsexefémininquiserventleTrès-Hautsousledouxjougde


la part d’un théologien : même fondue dans un recueild’œuvreshiéronymiennes,l’épîtretraited’unsujetsentantfortl’hérésiepélagienne(labontéessentielledelanaturehumaine).Encore peut-on imputer ce faux pas à la hâte que RobertMessier mit à composer l’office et la messe pendant leprintemps 1521

829 : compulsant fébrilement un recueil placé

sous le nom rassurant de saint Jérôme830, il aurait négligé

d’étudier attentivement chacune de ses sources, se contentantde saisir au vol les passages susceptibles d’être remployés.Personne ne s’est avisé de cette bavure, pas même AntoineChabanier,surquiAdriendeBoisys’étaitreposédel’exameneffectifdel’office

831:envérité,quisesouciavraimentdeson

contenu,pourvuqu’ilfûtprêtrapidement?Mais il semble moins convainquant d’attribuer à Robert

Messier la composition de la plupart des chants liturgiques,mêmes’ilss’apparententauxleçonsdematinesparleremploisystématiquedetextesantérieurs.Certes,ilfautfairelapartdel’exagérationetduponcifdanslestitresdeprédicateursavantetdethéologienquiluisontdécernés:RobertMessiern’étaitcertainement pas un grand lettré, comme en témoigne sonrecours à la technique du centon. Mais l’indifférence qu’onobserve pour la forme poétique des chants remployés est peuconciliable avec l’instruction littéraire,même sommaire, qu’ildutrecevoiraudébutdesesétudes.Demême,commentallierlaprécipitationquesupposel’empruntmalvenuàuneépîtredePélageaveclalongueetpatienteaccommodationdemélodies,issuesde l’antiphonairedesFrèresmineurs,àdes textessansrapport avec elles par la formeni l’origine ?RobertMessierest-il le seul à avoir travaillé à l’office et à la messe de labienheureuse Isabelle ? Ou bien a-t-il organisé une sorte« d’atelier d’écriture » avec les sœurs de Longchamp, se

réservant personnellement les pièces nécessitant une pratiquesuffisamment sûre du latin (leçons de matines, collecte,antiennes d’offertoire et de communion) et leur déléguant laconfectionde laplupartdeschants?Tout,dans lagenèsedeces derniers, dénonce en effet un travail de couvent, exécutéavecdesmoyensinfimes:trèspeudelivres,dutempsetdelapatience, et surtout cette culture religieuse, musicale etlittéraire«d’autodidacte»,enmargedusavoiruniversitaireetclérical alors réservé aux hommes. Sans doute revient-il àRobertMessierd’avoirsuggérélechoixdesempruntstextuelset musicaux, à défaut de l’exécution proprement dite, tant leprojet semble cohérent : une couronne tressée pour Isabelleaveclesfleursdesmèresetdesviergesduciel(laViergeMariebienentendu,AnneetMonique,CatherineetValérie),des filsd’Élisabeth et de Monique (Jean Baptiste et Augustin), desgrands saints de l’Ordre des Frères mineurs (François etAntoine de Padoue), sans oublier celles venant de Louis, lefrère aîné d’Isabelle.Un florilège digne d’un prêche ou d’unmanueldedévotion:maisRobertMessier,plusquethéologien,n’était-il pas surtout un auteur de sermons et de traitésspirituels?Manuscrit:Paris,BnF,lat.912,f.1r-23r(office)et23v-31v

(messe), manuscrit consultable sur gallica.bnf.fr. Édition : L.OLIGER,«LeplusancienofficeliturgiquedelaBseIsabelledeFrance(†1270)»,dansMiscellaneaGiovanniMercati,vol.2,Letteraturamedioevale,CitéduVatican,coll.«Studietesti»,n° 122, 1946, p. 497-506 (introd. et révision J.-B.L. ; trad. J.D.).

Instrumentsetsourcespourl’identificationdeschantsliturgiques(textesetmélodies).

Office.

AH :C. BLUME et G. M.DREVES, Analecta hymnica mediiaevi,Leipzig,1888-1922,55vol.;réimpr.NewYork,1961.Cantus : cantus : A Database for Latin Ecclesiastical chant.

Indices of chants in selected Manuscripts and early Printedsourcesoftheliturgicaloffice(www.cantusdatabase.org).CAO:R.-J.HESBERT,Corpusantiphonaliumofficii,vol.3et

4, Rome, coll. « Rerum ecclesiasticarum documenta, Seriesmajor,Fontes»,no9et10,1968-1970(neserapréciséennotequelenumérod’identificationduchantliturgique).FC 2 : Fribourg (CH), Couvent des Cordeliers, ms. 2.

Antiphonaire à l’usage des Frères mineurs, XIIIe-XIVe siècle(consultablesurwww.e-codices.unifr.ch)LE MUNÉRAT, 1492 : Breviarium Parisiense, éd. J. Le

Munérat,Paris,1492(consultablesurarchive.org).PN 771 : Paris, BnF, lat. 771. Psautier-hymnaire à l’usage

desFrèresmineurs,1475(consultablesurgallica.bnf.fr).PN 15181 et PN 15182 : Paris, BnF, lat. 15181 et 15182.

Bréviaireà l’usagedeParis,débutduXIVe siècle (consultablesurgallica.bnf.fr).

Messe.AMS : R.-J. HESBERT, Antiphonale missarum sextuplex :

d’aprèslegradueldeMonzaetlesantiphonairesdeRheinau,duMont-Blandin, de Compiègne, de Corbie et de Senlis,Bruxelles,1935;réimpr.Rome,1967(neserapréciséennotequelenumérod’identificationdupropredelamesse).FC 9 : Fribourg (CH), Couvent des Cordeliers, ms. 9.

Graduel à l’usage des Frères mineurs, XIIIe-XIVe siècle


ellejouissaitétaientsigrands,deleurnombreetdeleurnature,lafaiblessedenotrecorpsnesauraitlerévéler.Quandletermedesaviefutatteint,elletombatrèsgravementmalade,ouplutôtelle trouva ce qu’elle souhaitait : nous abandonner, être unieplus pleinement dans le Seigneur

921. Elle sentait, la plus

prudentedesfemmes,quelamortétaitlàet,néanmoins,commesielleallaitverslessiensenabandonnantlesautres

922, ellene

cessaitd’invoquerDieujusqu’aumomentderendrel’âme.Ainsicette âme très sainte, comme un astre rayonnant de toutes lesvertus,délivréedelafangedelachair,alla-t-elleglorieuseversles royaumesdescieux.Nombredesassistantsentendirentunevoixcommecelledesanges,d’unemélodieetd’unevirtuositésigrandes qu’elle excédait la capacité humaine. D’aucunsentendirentlavoixdesangestombéeducielquidisait:«Ellehabite dans la paix

923. » Désormais, en échange d’un bref

labeur, elle jouit donc de la béatitude éternelle, elle estaccueilliedansleschœursdesanges,elleestréchaufféedanslesein d’Abraham

924. Elle qu’abritait le secret d’une unique

chambre, qui semblait pauvre et faible, suit le Christ et dit :Commenousl’avonsentendu,ainsiavons-nousvudanslacitédu Seigneur, à savoir dans la cité

925 de Jérusalem où est la

visiondepaix926.Car,puisqu’ellefutfilledepaix,ellejouitde

la paix éternelle. Que Jésus, fils de Marie, daigne nous leconcéderaussiparsonintervention.Amen.Maistoi…RÉPONS

927. Ô servante du Christ vraiment bénie, toi que les

blessures du Crucifié crucifient ! Un flot de larmes arrose laterre :c’est lepressoirde lacroixqui fait jaillirces fleuves.–[VERSET.]Laissecoulercommeuntorrent tes larmesle jouretla nuit, ne te donne pas de repos et que ne se tarisse pas la

pupilledetesyeux!–C’estlepressoir.–GloireauPère,auFilsetàl’EspritSaint.–[VERSET.]C’estlepressoir.

AUTROISIÈMENOCTURNE.

ANTIENNE928. Je suis sombre, mais belle, filles

929 de

Longchamp : c’est pourquoi le roim’a amenée à édifier votremonastère.PSAUME.Chantez

930.

ANTIENNE931. Appelle-nous derrière toi et nous irons sous

l’ombredetesméritesversleglorieuxroyaumedetonÉpoux.

PSAUME.LeSeigneurarégné932.

ANTIENNE933.Viens,notremère,protègelesfillesqueDieut’a

donnéespourl’éternité.

PSAUME.Chantez934.

VERSICULE. Entends, ma fille, [vois et tends l’oreille. –RÉPONSE.Carlerois’estéprisdetonapparence]

935.

LEÇONVII.

LECTUREDUSAINTÉVANGILESELONMATTHIEU936.

En ce temps, Jésus dit à ses disciples : « Voyez les lys deschamps, comme ils croissent. Ils ne travaillent ni ne filent. Jevous dis quemême Salomon, dans toute sa gloire, ne fut pasvêtucommel’und’entreeux

937,etc.»

HOMÉLIED’UNDOCTEUR938.

Notre Seigneur Jésus Christ, dans le discours évangélique,nous invite à considérer la beauté et la parure des lys qui

croissentdans lechampduSeigneur.Bienqu’ilsne travaillentpas à s’orner, pourtant le Seigneur leur donne lemeilleur desvêtements,aupointquemêmeSalomon,danstoutesagloire,nefutpasvêtucommel’und’entreeux.Sidoncl’herbequiexisteaujourd’hui –c’est-à-direàprésent–etquidemain– c’est-à-direàl’avenir–estemployéepourlacuisson,Dieulavêtsibienpar une sollicitude superflue, ne vous inquiétez donc pas endisant :«Quemangerons-nous»ou«queboirons-nous

939 ?»

Ce sont en effet toutes choses dont les Gentils – c’est-à-direceuxquiviventcommelesGentils–sontenquête

940,disantque

la providence divine vaut seulement pour les domainessupérieursetnonpourlesactionshumaines.Surleurcaractère,ilestditenJob:Ilpassed’unpôleducielàl’autreetneprendpasencomptecequinousconcerne

941.Onditparconséquent

quel’hommedoitbeaucoups’occuperdecequiestnécessaireàla vie.Mais vous, ne parlez pas ainsi ! Car il sait, votre Pèresaint, c’est-à-dire la divine Providence qui s’étend à touteschoses, si petites soient-elles, et par conséquent à ce qui estnécessaireàl’homme:etainsidonnera-t-ilensuffisanceàceuxquileservent.Voyezdoncleslysdeschamps

942.Ilfauteneffet

considérerlelysaumilieudelavallée,danslebuissond’épinesetdans lechamp

943.Le lys est doncdans lavallée, à savoir la

virginité fondéesur l’humilité944.Lavirginité avait en effet été

fondée sur l’humilité de celle qui dit : Il a jeté les yeux surl’humilitédesaservante

945,ellequipouvaitdire:Moijesuisla

fleurdeschampsetlelysdesvallées946.Considérezquelelys,

danssaracine,signifielafoiquiestcachéesousterre,parcequelafoifaitpartiedeschosescachées; la tigequipoussevers lehaut désigne l’espoir ; la fleur, la chasteté ; l’étamine dorée à


RÉCITDEL’OBTENTIOND’UNOFFICEPOURISABELLE

(début1522)AprèslaréponsedeLéonXendatedu11janvier1521etla

promulgation d’Adrien de Boisy en date du 11 décembre, lesdocuments approuvant l’office d’Isabelle parvinrent àLongchamp le 21 décembre. Aussitôt, l’abbesse Catherine LePicart et les sœurs de Longchamp écrivirent leur versiontriomphale de toute l’histoire et y ajoutèrent la traductionfrançaisedeslettresdupapeetducardinal.Cerécitsoulignetouteslesdifficultéssurmontéesetaccordeleprincipalméritede ce succès à Robert Messier.Manuscrits : Paris, BnF, fr.11662,f.15r-20r;BnF,n.a.f.10871,f.47r-49r.Édition:S.L.FIELD, « Paris to Rome and Back Again : The Nuns ofLongchampandLeoX’s1521BullPiisomnium», Studies inMedievalandRenaissanceHistory,3rdseries,11,2014(introd.S.F.;trad.J.D.).Après que la bonté de Dieu a été démontrée par plusieurs

miraclesaumonastèredeLongchamppourmanifesteretprouverles dignes et excellents mérites de madame sainte Isabelle deFrance

1037,sœurdemonseigneursaintLouis,fondatriceetmère

decemonastère1038

,etenparticulieraprès lemiracleopérésurune religieuse dumonastère nommée sœur Jeanne Carphaude,quifutfaitenl’an1516

1039–cemiracleest racontéetmispar

écrit sur un tableau suspendu à l’entrée de l’église dumonastère

1040 –, du Saint-Siège apostolique a été promulguée

une bulle1041

, concédée par notre saint père le pape Léon,dixièmedecenomàsiégeren lachairedesaintPierre

1042,par

l’autorité de laquelle est concédée aux religieuses de cemonastèrelagrâcedefairel’officedivinetlasolennitédecettesainte dame Isabelle le dernier jour d’août

1043, pour chanter

l’office propre comme solennité de rit double majeur1044

. Lasupplique

1045 demandant cettebulle fut présentéeparunnoble

homme de Gênes1046

demeurant à Paris, nommé Franc deSpinolle

1047, et la bulle fut concédée par le Saint Père en l’an

1521,le19janvier1048

.EllefutenvoyéeàParisparceSpinolleet remise auxmains d’un banquier nomméFristobaldi

1049. Les

religieuses n’ont pu retirer la bulle des mains de ce banquierpour la somme d’argent qu’il demandait, soit deux centquarante-quatre écus d’or

1050. Mais, par la sollicitude d’un

religieux nommé frèreRobertMessier, docteur en théologie etconfesseurdesreligieuses,quiavaitcomposél’officepropredelasainte

1051, labulleaétédélivrée

1052 enéchangedecentécus

d’or1053

,quiontétéprêtésaumonastèreparunamiàlarequêtede frère Robert. La bulle fut reçue et apportée en notremonastèreparfrèreRobert,accompagnédefrèreAdamFalconis,confesseurdecelieu,etdemaîtrePierreduPuys,procureurdelamaison

1054.Ellefut reçue trèssolennellementen l’ancité, le

23août,laveilledelaSaint-Barthélemy1055

,aprèscomplies1056

.Les cloches sonnèrent alors le carillon

1057 et les religieuses

chantèrentleTeDeumlaudamus1058

enrendantgrâcesàDieu,leCréateur,dufaitqueleurdésirétaitaccompli

1059.Puisquecette

bulleétaitadresséeàmonseigneurlecardinalAdriendeBoisy,légat en France et évêque d’Albi

1060, frère Robert s’est

transportédevantluijusqu’enBerri1061

etluiaprésentélabulle.

Aussilecardinala-t-ilenvoyéuncommissaireaumonastèredeLongchamp pour s’informer de la vérité des miracles de cettesainte, de sa vie et pour faire examiner l’office propre

1062. Ce

commissaire, nommé maître Antoine Basennier1063

, doyen deBougival

1064, après avoir dûment mené l’instruction en toute

diligence, avec le conseil et l’avis de plusieurs docteurs enthéologie et en décret

1065, a porté son instruction au seigneur

légat1066

.Celui-ciadélivré,approuvéetfulminélabulle,etilacertifiéquel’officeétaitcatholique

1067etvéridique.Nousavons

reçu ennotremonastère la fulmination et approbation en cettemêmeannée, le21décembre, jourde laSaint-Thomas

1068, tout

celagrâceàlasollicitude,àlapeineetàl’effortimpensablesdefrère Robert Messier

1069. Dieu lui veuille rendre le tout pour

l’utilitédesonsalut!Amen.

Était alors abbesse sœur Catherine Le Picart1070

. Lesreligieuses et dames discrètes étaient [suivent les noms desoixante-douzesœurs,dont] sœur JeanneLeSpinolle

1071, […]

sœurJeanneCarphaude1072

[etonzesœurslaies1073].

S’ensuitlafulminationdelabulledanslaquelleestinséréeetcontenuecettebulletraduitedulatinaufrançais

1074.

1Statutduchapitregénéraldel’Ordrecistercien*(septembre1244).2LechapitregénéralseréunissaitenprincipeunefoisparanàCîteaux,auxenvironsdel’ExaltationdelaSainte-Croix(14septembre).3LouisIXlui-mêmevenaitdemourirdevantTunisle25août1270,maislanouvellen’enétaitpasencorearrivéeenFrance.4 Isabelle était morte le 23 février de la même année. Dans ce premierdocument postérieur à samort, aucun statut canonique (moniale, abbesse,vierge consacrée…) ne lui est attribué. En fait, depuis 1244, toutes les


131LeMaistreajoute:«quimourutenMontpensier».LouisVIIImouruteneffet en novembre 1226, au château deMontpensier (Puy-de-Dôme).MaiscommeDuchesneetduCangene livrentpascedétail, il estprobablequ’ils’agitd’uneadditiondeLeMaistre.132VoirLOUISVIII,Testament*.133IsabellecommémoreainsilelavementdespiedsdesdouzeapôtresparleChristjusteavantlaCène;voirJ.DALARUN,Gouvernerc’estservir…,p.17-126. Toutefois, le chiffre de treize pauvres (présent dans tous les témoinsmanuscrits) surprend : Isabelle fixe-t-elle ce chiffre en ne voulant pas êtreassimilée au Christ, donc en incluant symboliquement le Christ lui-mêmedans le groupe de ceux auxquels elle lave les pieds ? Même si la raisonexactenouséchappe,legesteestàcoupsûrunsigned’humilitésuperlative.134 Les trente deniers de Judas. La trahison de Judas suit le lavement despieds en Jn 13. Le rapport est de quatre à cinq entre livre parisis et livretournois.ToutcepassagedeVie*,11-21,décritIsabellemenantàlacouruneviedéjàessentiellementmonastique:prière,silence,jeûne,aumône,office,saintes lectures, confession, discipline, soin des malades, travail manuel,mandatum (lavement des pieds). Mais son propre frère, Louis IX, sesoumettaitàunrégimedemêmenature;voirJ.LEGOFF,SaintLouis,p.560-565,628-634et766-778.135Encela,IsabelleestconformeàcequeJacquesdeVitryditdespremières« sœurs mineures » en 1216 (JACQUES DE VITRY, Lettre de la cinquièmecroisade, dansClaire d’Assise…, p. 832) et du choix d’Agnès de Prague,amiedecœurdeClaired’Assise,quifondal’hôpitalSaint-FrançoisàPragueavant d’y fonder unmonastère féminin (GRÉGOIRE IX, Sincerum animi tui,ibid.,p.913-915).136 L’expression « notreOrdre » est évidemment une anticipation d’Agnèsd’Harcourt.137 Le titre « Sœurs mineures » marque la volonté d’un strict équivalentféminin de l’Ordre des Frères mineurs. Les papes étaient en général trèsdéfiantsàl’égarddesreligieusesquiseréclamaientdecetteappellation;voirINNOCENTIV,Cumharumrector(1250),ibid.,p.977-979.138AymericdeVeire,maîtreenthéologieetarchidiacreen1232,chanoinedeParisetrégententhéologieàpartirde1248.En1250,ilsuccèdeàGauthierdeChâteau-ThierrydanslachargedechancelierdeParis;morten1262ou1263. Ilaétéconfesseurd’Isabelle,avantqu’ellene fasseappelauxFrèresmineurs en 1254.Voir P.GLORIEUX,Répertoire desmaîtres en théologie de

ParisauXIIIesiècle,vol.1,Paris,1933,p.332.139 Le texte médiéval porte « virginitez i est gardee et mouteplié » : lavirginité est multipliée à Longchamp puisque de nombreuses jeunes filleschoisissentderesterviergesetdeprononcerleursvœuxaumonastère.140Auxyeuxd’Aymeric, lemonastèreféminina l’avantagedeconcilierviecontemplativeetvieactive,maisunevieactiveoùlesœuvresdecharitésefont à usage interne, sans porter atteinte à la clôture. La hiérarchieecclésiastique redoutait que des femmes puissent œuvrer dans le monde,mettantainsienpérilleurchasteté.141Plusquelesachatsdeterrainetlesamortissementsdecens,laprincipaledépense dut être la construction des bâtiments. Aux termes de sonTestament*, Louis VIII avait laissé vingt mille livres à sa fille. Sur lesapportsdeLouixIX,voirLettre*,5.142 Isabelle s’était officiellement acquis la cure des Frères mineurs par laDecensacdebitum*d’INNOCENTIVen1254.IlsnerédigentpaslaRègle,maislacontrôlent.L’initiativevientd’Isabelle.143Laprésencedecesmaîtresparisienséminents autourd’Isabellepour lamiseaupointdelaRègleestaussiunepreuvedusoutienapportéparleroiauprojetdefondationreligieuse.144 Bonaventure de Bagnoregio (vers 1221-1274), maître en théologie,ministregénéraldel’OrdredesFrèresmineursàpartirde1257,cardinalen1273,canoniséen1482.145 Guillaume de Méliton, frère mineur anglais, maître en théologie austudiummineurdeParis. IlquitteParisvers1255pourCambridge,mais iln’est pas impossible qu’il soit revenu à Paris en 1256. Il meurt après lechapitregénéralde1257etavantceluide1260;voirA.CALLEBAUT,«L’annéede la mort de Fr. Guillaume de Melitona », Archivum franciscanumhistoricum,19,1926,p.431-434.146EudesdeRosny,frèremineur,maîtreenthéologieaustudiummineurdeParis, un des frères placés auprès d’Isabelle en 1254, son confesseur.VoirEUDESDEROSNY,SermonauxChampeaux*;Vie*,26,miracles8et10.Ilétaitencoreactifen1272.147 Probablement le même « Geoffroy de Vierzon, de l’Ordre des Frèresmineurs », mentionné comme exécuteur testamentaire dans le Testamentd’AlphonsedePoitiersen1249;voirJ.DELABORDE,LayettesduTrésordeschartes,vol.3,p.76,n°3796.

148 « Hartembourg » dans le manuscrit ; probablement Guillaume deHarcombourg(oud’Ardenborch),attestécommeministredelaprovincedeFrancedel’OrdredesFrèresmineursde1257à1261;voirNécrologe*.149PrincipalementRegInn(1247).150 1RegIsa* comporte en effet omissions et ajouts par rapportRegInn, sasourceprincipale.151Absentde1RegIsa*(1259),cetitrede«Sœursmineures»estprésenten2RegIsa* (1263) Prol. Il semble donc que, pour Isabelle, la vraieconfirmationdelaRègleparlepapesoitcellede1263.152VoirLc148.153CettetitulatureestprésenteenIRegIsa*Prolet2RegIsa*Prol,ainsiquedansleslettrespontificalesde1259,1261,1264,1266,1268…154SelonBernarddeClairvaux,quilouel’humilitédelaVierge,cettevertuestlaracinedel’amouridéaletl’imagemêmeduChrist.GUIBERTDETOURNAI,LettreàdameIsabelle*,avaitinsistésurcettevertuvers1254.155 Sans doute jusqu’en 1263. La même anxiété se manifeste chez Claired’Assise ; voir Procès de canonisation de Claire, III, 32, dans Claired’Assise…, p. 344 : « Elle désirait grandement avoir la Règle de l’Ordrerevêtuedelabulle,pourqu’unjourellepuisseposercettebulleàsabouche,puis, le lendemain,mourir : et comme elle désirait, ainsi lui advint-il ; carvintunfrèreaveclalettrerevêtuedelabulleet,lesprenantavecrévérence,bienqu’elleaitétéprèsdelamort,elle-mêmeseposacettebulleàlabouchepourlabaiser.»156On leconstateouon ledevinedans lesadressesdes lettrespontificalesrelativesàLongchamp.157Onnoteque«saint»estencoreunadjectif,épithètede«frère».158Enconformitéà2RegIsa*24.159«Quantelleparloit,c’etaitmoutpriement» :cederniermotpeutavoirtrois sens. Le premier est « de manière pieuse » ou « à propos de sujetspieux».Mais,commecontractionde«privement»,onpeutletraduirepar« aimablement » ; ou encore « en privé ».Nous avons préféré le premiersens, davantage en cohérence avec le refus répété par Isabelle desdistractionsfrivoles.160VoirVie*,23.161 Dans la tradition monastique, « dire sa coulpe » consiste à confesser


14.Unhanap est également offert àLongchampenVie*,miracle 33. «Unhanapàpiedd’argent»estsignaléenInventaire*(1325).325Déjàsignaléesen1287et1289;Inventaire*(1287):«Autrésor,ilyavaitceschoses:[…]deuxsaphirssertisd’orquifurentàmadame.»326Enancienfrançais,«fanons».327DesparementssacerdotauxquiavaientpuêtrefaitsouêtrefaitfaireparIsabelle.328 Royaumont, abbaye cistercienne au nord de Paris (Asnières-sur-Oise,Val-d’Oise),fondéeparLouisIXen1228.329Saint-Antoine-des-Champs,abbayecistercienneféminineàl’estdeParis(aujourd’huihôpitalSaint-Antoine),érigéeenabbayeroyaleparLouisIXen1229.330LeLys,abbayecistercienneféminineprèsdeMelun(Dammarie-lès-Lys,seine-et-Marne),fondéeparLouisIXetBlanchedeCastilleen1244.331Maubuisson,abbayecistercienneféminineprèsdePontoise(Saint-Ouen-l’Aumône,Val-d’Oise),fondéeparBlanchedeCastilleen1241.332 Pour ne citer que les couvents fondés avec le soutien du roi : Rouen,Mâcon,Jaffa,Compiègne,Béziers,CarcassonneetCaenpourlesPrêcheurs.333Demême:Paris,Rouen,Jaffa,CompiègnepourlesFrèresmineurs;voirJ.LEGOFF,SaintLouis,p.332.334L’Hôtel-DieudePontoise(Val-d’Oise),refondéparLouisIXen1258.335L’Hôtel-DieudeVernon(Eure),fondéparLouisIXen1227.336 L’hospice des Quinze-Vingts, à l’est de Paris (aujourd’hui hôpital desQuinze-Vingts),fondéparLouisIXvers1260pourlesaveugles.337 Longchamp, pour lequel l’appellation de «Cordelières » remplace unefoisdeplusl’appellationoriginalede«Sœursmineures».3382RegIsa*.339ÉditéeparF.BERRIOT,«Lesmanuscritsde l’abbayedeLongchamp…»,p. 339-358.Voir désormaisM. PAGAN, « LesLégendes françaises deClaired’Assise…I.»;EAD.«LesLégendesfrançaisesdeClaired’Assise…II.».340Unmanuscrit jumeau de celui conservé auxAN contenait 2RegIsa* enlatin et en ancien français, accompagnée de la Vie de la bienheureuseIsabelledeFrance.341 Les autres datent du XVIIe siècle : Paris, Bibliothèque de l’Institut deFrance, 777 ; Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, 2991. Au vu de la

datation proposée par M. PAGAN, « Les Légendes françaises de Claired’Assise…II…»,pourlacopiedelaLégendedeClaire,latraductiondelaRèglepourraitaussiremonterauxdernièresdécenniesduXIIIesiècle.342Noustironslesinformationsquiprécèdentdeceremarquablearticle.343 La personne qui compose ce poème ne semble pas faire partie de lacommunautéféminine.344 Sous forme de liste ou, plus souvent, de calendrier, le nécrologepermettaitdeprierpourlesmembresdelacommunautéousesbienfaiteursdisparus,aujourdeleurdécès(leurdiesnatalis,jourdenaissanceàlavraievie).345 Une liste demême nature, plus étendue et parfois plus détaillée, a étédressée à la fin du XVe siècle et continuée jusqu’au XVIIIe siècle. Elle figuredanslemanuscritParis,BnF,fr.11662.Nousensignalonsquelquesvariantesen note. Est également conservé auxArchivesmunicipales de Saint-Denis,souslacoteGG224,unnécrologeduXVIIIesiècleintituléRegistremortuairede la maison des religieuses de Longchamp (1261-1792), compilantl’ensemble des nécrologues précédents ; nous remercions Fabien Guillouxpourcetteinformation.346Enlatindanslemanuscrit.347 En 1325, la Saint-Jean-Baptiste tomba le lundi 24 juin. Sa vigile fut ledimanche 23. Le samedi en question est donc le 22 juin 1325. Pour lesjeûnes, il est prévu en 2RegIsa* 17 : «De la Pentecôte jusqu’à la fête dubienheureux François, qu’elles ne soient pas tenues de jeûner, sauf lesvendredisetauxjeûnesinstituésengénéralparl’Église.»OrlavigiledelaSaint-Jean-Baptiste faisait partie de ces jeûnes institués par la tradition.Comme les sœurs ne pouvaient jeûner le dimanche, le jeûne avait étéanticipéausamedi.348 Jeanne de Quitry dut entrer à Longchamp en 1278 et mourir enseptembre1325;voirci-dessous.349 L’auteur de ce préambule est probablement Jeanne de Gueux, dont lepremierabbatiatàLongchamps’achevale9octobre1325.350Lemercredi23juin1260.351VoirLettre*,3.352GuillaumedeHarcombourg (oud’Ardenborch),attestécommeministredelaprovincedeFrancedel’OrdredesFrèresmineursde1257à1261.VoirVie*,23.

353 Ce récit est résumé dans la préface du XVe siècle à la Lettre sur saintLouis et Longchamp, éd. S. L. FIELD, The Writings of Agnes ofHarcourt.p. 35, n. 68 : « Et la communauté y prit l’habit en présence despersonnes nommées ci-dessus et, avec elles, le ministre de France,GuillaumedeHarcombourg,enl’andegrâce1260,enlavigiledesaintJeanBaptiste qui fut un mercredi. » Les Remarques sur l’establissement dumonastere de Sainte-Claire de Reims…, f. 14r-15r – une chroniquemanuscritedesclarissesdeReimscompiléeentre1652et1663,conservéeaumonastère Sainte-Claire de Cormontreuil – disent aussi explicitements’inspirer, aumoins pour partie, duNécrologe* : « La veille de la fête dugrand précurseur de Jésus Christ, saint Jean Baptiste, le roi saint Louis,accompagnéde la reineMarguerite, sa femme,demonsieurLouis, leur filsaîné, de sainte Isabelle et d’un suite infinie de princes et de princesses,seigneurs et dames, conduisit nos quatre religieuses au nouveaumonastèredeLongchampoù,àleurarrivée,touteslesfillesquis’yétaientretirées–quiétaient au nombre de soixante – se prosternèrent devant Sa Majesté, larecevantavecrévérenceetsoumission.SaintLouis leurprésentacesquatrereligieuses comme quatre anges envoyés de Dieu pour les instruire en laperfectionducheminduciel, commandantà toutesde leurobéircommeàleurmères et supérieures. Puis, s’adressant à sœur Isabelle deVenise, il lapriadebienvouloirprendrelachargeetlaconduitedecettenouvellemaisonet de toutes ces âmes qui n’aspiraient à rien tant que de plaire àDieu, quiattendaientd’elleetdesescompagneslelaitdeladévotion,commedeleurschèresmères. Et il lui donna la charge de supérieure, qu’elle accepta avechumilité et soumission, l’exerçant avec toute la prudence, la douceur et lacharitépossibles,consolant,encourageantetanimantcesnouvellesâmesenl’amourdeDieuetàsonservice,desortequetoutesl’aimaientcommeleurchèremèreetelleleschérissaitcommesesenfants.Ayantgagnélecœurdesunes et des autres, elle finit sa vie – et ses compagnes avec elle – dans lecouvent de Longchamp. Le martyrologe de ce lieu signale le jour de leurmort. Le glorieux saint Louis, se souvenant des services rendus par cesbonnes fillesetdu lieud’oùellesavaientété tirées, laissaquinze livrespartestamentauxsœursdeSaint-DamiendeReims.»354Le25novembre.LeNécrologe*donne lenomde lasœur,sonnumérod’ordredanslesdécèsdelacommunautéetlafêteliturgiquecorrespondantàsondiesnatalis,accompagnéenmargedumoisdanslequeltombecettefête.355FaitpartiedessœursenvoyéesdeReimsàLongchampen1260.356Probablementen1264.


567INNOCENTIV,Decensacdebitum*.VoirVie*,7.568Saint-Germain-en-Laye(Yvelines)étaitunedesrésidencesroyales.569 Marguerite, fille de Raymond Bérenger IV, comte de Provence, avaitépouséLouisIXen1234.570Nanterre,Hauts-de-Seine.571VoirVie*,9.572Sonhéritageetsadot.573VoirLouisVIII,Testament*.574VoirVie*,21;Épitaphe*,4.575VoirCLÉMENTIV,Licetcultumdivini*.576VoirÉpitaphe*,4.577AymericdeVeire,maîtreenthéologieetarchidiacreen1232,chanoinedeParisetrégententhéologieàpartirde1248.En1250,ilsuccèdeàGauthierdeChâteau-ThierrydanslachargedechancelierdeParis;morten1262ou1263.Ilaétéconfesseurd’Isabelleavant1254.578VoirVie*,22.579CetteprécisionapparaîtpourlapremièrefoisenDéclaration*.580LouisdeFrance,filsaînédeLouisIXetdeMargueritedeProvence,néen1243ou1244,morten1260.581VoirLettre*,2;Épitaphe*,4.582VoirVie*,24;Épitaphe*,5,presquelittéralement.583VoirÉpitaphe*,5.584L’OrdredesFrèresmineurs.585EudesRigaud(vers1210-1275),frèremineur,maîtreenthéologie,régentdustudiumdesFrèresmineursdeParis,éluarchevêquedeRouenen1247,prochedeLouisIX;n’estpascitéenVie*,23.586 Bonaventure de Bagnoregio (vers 1221-1274), maître en théologie,ministregénéraldel’OrdredesFrèresmineursàpartirde1257,cardinalen1273,canoniséen1482;voirVie*,23.587 Guillaume de Méliton, frère mineur anglais, maître en théologie austudiummineurdeParis. IlquitteParisvers1255pourCambridge,mais iln’est pas impossible qu’il soit revenu à Paris en 1256. Il meurt après lechapitregénéralde1257etavantceluide1260;voirVie*,23.

588EudesdeRosny,frèremineur,maîtreenthéologieaustudiummineurdeParis, un des Frères mineurs placés auprès d’Isabelle en 1254, sonconfesseur ; voirEUDESDE ROSNY, Sermon auxChampeaux* ;Vie*, 23, 27,miracles8et10.589 Probablement le même « Geoffroy de Vierzon, de l’Ordre des Frèresmineurs », mentionné comme exécuteur testamentaire dans le Testamentd’AlphonsedePoitiersen1249;voirJ.DELABORDE,LayettesduTrésordeschartes,vol.3,p.76,n°3796;Vie*,23.590GuillaumedeHarcombourg,ministredelaprovincedeFrancedel’OrdredesFrèresmineursde1257à1261;voirVie*,23;Nécrologe*;Épitaphe*,5.591Enfaitlaveille,lemercredi23juin1260.592GuillaumedeHarcombourg(oud’Ardenborch),ministrede laprovincedeFrance de l’Ordre desFrèresmineurs ; ouBonaventure deBagnoregio,ministre général ; ou encore le gardien du Grand Couvent de Paris. VoirURBAINIV,Ilaétéexposédevantnous*.593Ausensdecetteformespécifiquedeviereligieuse.594VoirLettre*,3;Épitaphe*,5.595VoirÉpitaphe*,5.596VoirVie*,13.597VoirVie*,16.598VoirVie*,12.599VoirÉpitaphe*,6.600VoirVie*,17;Épitaphe*,6.601VoirVie*,14.602VoirVie*,15;Épitaphe*,7.6031Tm117.604VoirDéclaration*,15.605SansdouteàconfondreavecThomasduPlessis,présentenVie*,8.606VoirÉpitaphe*,7,trèsamplifiée.607Cesonteffetlesjourslespluslongsdel’année,autourdu24juin.608TouteladeuxièmemoitiédeceparagrapheapparaîtpourlapremièrefoisenDéclaration*,enparticulierlesinterventionsd’EudesdeRosny,ThomasdeProvinsetAgnèsd’Harcourt.

609ProbablementIsabelle,filledeLouisIX,néeen1242,mariéeen1258àThibault V, comte de Champagne et roi de Navarre (comme Thibault II),morte en 1271 ; voir URBAIN IV,Carissimi in Christo*. La mention de la«niècedeNavarre»apparaîtpourlapremièrefoisdanscettesourcetardiveet n’a sans doute guère de réelle valeur historique. Mais les sœurs deLongchamp ont pu facilement garder en mémoire Isabelle, fille duprestigieuxsaintLouis,qu’ellescommémoraientcommeunedesfondatrices–avecsamèreMargueritedeProvence–dumonastèredesCordelièresdel’églisedeSainte-ClairedeLourcine,danslefaubourgSaint-MarceldeParis.610 Le contenu de ce paragraphe apparaît pour la première fois enDéclaration*.611VoirVie*,21.612Mt2312.613L’épilepsie.614VoirVie*,miracle1.615Unefièvredontlesaccèsreviennenttouslestroisjours.616VoirVie*,miracle2.617Cemot(«l’orgueilleux»)estunhapaxenVie*,miracle3,quiestlaseuleoccurrence relevée par F. GODEFROY, Dictionnaire de l’ancienne languefrançaise. On ne peut doncmettre un nom sur lamaladie dont est guériesœurSare,maisladescriptionserapprochedecelledumaldesardents.618VoirVie*,miracle3.619Unefièvredontlesaccèsreviennenttouslesquatrejours.620VoirVie*,miracle4.621VoirVie*,28,quiparled’unemaladiededeuxans.622Ps75(76)3.623VoirVie*,miracles5-7;Épitaphe*,8.624Commelalettred’ALEXANDREIV,Interaliasacre*,luiendonnaitledroit.625En1270.626VoirLettre*,4;Épitaphe*,8,littéralement.627Marguerite, filledeBaudoin,comtedeFlandreetdeHainaut,empereurlatindeConstantinople,etdeMariedeChampagne,comtessedeFlandreetdeHainautàpartirde1244,morteen1280.628MarieestunedesdeuxfillesissuesdusecondmariagedeMargueritede


nombrecalculédesyllabesetdontlafinestmarquéeparunerime.C’estlaformequifutprincipalementutiliséedanslescompositionsliturgiquespourlesnouveauxofficesdesaints(saintFrançois,saintDominique,saintLouis,etc.)àpartirduXIIIesiècle.816 C’est pourquoi, dans la présentation de la traduction, on a préférétranscrire à longues lignes, comme de la prose, ce qui n’était plus de lapoésie.Onanéanmoinsconservéladisposition«envers»pourlespièces,même transformées, dont la musique soutient la structure rythmiqued’origine,àsavoirlaséquence,leshymnesetl’invitatoire.817Ils’agitduchantecclésiastiquequis’estimposédanslamajeurepartiedel’occidentlatinaumomentdelaréformecarolingienne.818 Dans les notes de la traduction, j’ai distingué entre « adaptations »,lorsque la majeure partie de la mélodie d’origine a été conservée, et« variations », lorsque celle-ci, hors l’intonation, a été plus profondémentremaniée.819Parcequemaloupascatalogués, ilestencoredifficile,pour leXVeet leXVIesiècle,detrouverdesmanuscritsliturgiquesquisoientàlafoisàl’usagedes Frères mineurs, pourvus de notations musicales et issus de couventsparisiensoumêmefrançais.Leurconsultationresteleseulmoyendeparfairecetteenquêteetdecompléterlesidentificationsdemodèlesmusicauxencoreenattente.Onpeut supposer,par exemple,que l’officedesFrèresmineurspour la fête de saintLouis (office Francorum rex),dont le texte est édité,mais non les mélodies, a servi d’inspiration pour quelques chants. Le«collectaireaugmenté»(Paris,BibliothèqueMazarine,443)àl’usagedumonastèredessœursdeLongchamp,datableduderniertiersduXVe siècle,faitconnaîtreprécisémentquellespiècesdel’officeyétaientchantées(parrapport à un bréviaire, il ne manque que les leçons de matines) ; mais,dénué de notations musicales, il ne peut rien nous apprendre sur lesmélodies des offices locaux ou sur les plus récents. Sur les pratiquesliturgiques à Longchamp, voir F. GUILLOUX, « Musique et liturgie auxCordelièresdeSaint-Marcel…».820 Ce qui n’est évidemment pas le cas des hymnes, ni des antiennesrythmiques composées par Julien dit de Spire pour les offices de saintFrançoisetsaintAntoinedePadoue.821Hymnedematines dans l’officeLudovicus decus regnantium (chapelleroyaleetusagedeParis),maisabsentdeceluicélébrépour la fêtede saintLouisparlesFrèresmineurs(officeFrancorumrex).

822Sur l’usagedePariset ses livresà la finduMoyenÂge,voirC.DAVY-RIGAUD, J.-B. LEBIGUE et Y. SORDET, « Les livres de Notre-Dame », dans C.GIRAUD(dir.),Notre-DamedeParis,1163-2013,Turnhout,2013,p.541-547et554-590.823S.ROULLIARD,La sainctemère, ou vie deM. saincte Isabel deFrance,sœuruniqueduroys.Louys,fondatricedel’abbayedeLong-champ,Paris,1619, p. 407-408. L’antienne omet le deuxième vers de l’inscription. NousremercionsSeanL.Fielddenousavoirfaitconnaîtrelapremièreattestationde cette source. Il n’est paspossiblededater précisément cette inscription,lesversléoninsayantjouid’unevogueininterrompuependanttoutleMoyenÂge. Sa réapparition dans l’office permet seulement de la dater d’avant1521:vu la totaleméconnaissancedesrèglesdeversification latinedans lerestedel’officeetdelamesse,iln’estpasvraisemblablequecetteantiennedecommunionaitétéàl’originedel’inscriptionsurletombeau.Isabellen’yest du reste pas qualifiée de « beata » (« bienheureuse »), ce qu’on auraitattendu si ces vers avaient été gravés après 1521. Voir leur traduction ci-dessous,p.451.824PL, vol.30,col.15 (parmi lesépîtresde saintJérôme)etPL, vol. 33,col. 1099 (parmi celles de saint Augustin). Le principal changement autexte fut de remplacer lepremiermot « et » («et»)par « hec » (« celle-ci »), demanière à faire d’Isabelle le sujet de la phrase. Les deux autresvariantes affectent seuleument le temps des verbes : les futurs antérieurs«sacraverit»et«contempserit»(«auraconsacré»et«auraméprisé»)sontdevenus«sacravit»et«contempsit»(«aconsacré»et«améprisé»).825 Les bréviaires de communautés augustines dans le Saint-Empire sont,d’aprèslesAnalectahymnica(vol.5,p.139,n°46,etvol.28,p.79,n°27),la principale source de ces deux offices, mais ceux du même usage etdatablesXVesièclequej’aipudépouillerpourdesAugustinssituésenFrance(enparticulierOrléans,Bibliothèquemunicipale,134)necontiennentpascesdeux offices. Ces derniers ne figurent pas non plus dans le « collectaireaugmenté » à l’usage du couvent de Longchamp (Paris, BibliothèqueMazarine,443).826VoirRécit*.827 Voir Antoine BÉGUIT (DE SÉRENT), « Nécrologe des Frères mineursd’Auxerre »,Archivum franciscanum historicum, 3, 1910, p. 535, n° 2. Jetiens à exprimer ici ma reconnaissance à Sean L. Field pour m’avoirgénéreusement communiqué ses notes sur Robert Messier : les références

biobibliographiques et les considérations sur ce personnage lui sontentièrementdues.828 Le récit du dernier miracle de la bienheureuse Isabelle (Déclaration*,76),dontJacquesDalarunproposed’attribuerlarédactionàRobertMessier,commenceparunpassageinspirédesMiraclesdesaintJérômedeCyrilledeJérusalem,commeledébutdela1releçondematines.829JacquesDalarunaidentifiécequifutvraisemblablementlasourcedirectedes trois dernières leçons de matines, à savoir une édition imprimée,précisément en 1521, duCommentaire de Thomas de Perseigne :Canticacanticorum cum duobus commentariis plane egregiis, altero venerabilispatrisF.ThomaeCisterciensismonachi[…],[Paris,]JosseBade,adnonasFeb.subPascaM.D.XXI(«nonesdefévrieravantPâques1521»)et,àlafindel’Epistola dedicatoria, « ad idus Februarias » (« aux ides de février ») ;voir les pratiques et styles de datation employés par JosseBade d’après P.RENOUARD, Imprimeurs et libraires parisiens du XVIe siècle, vol. 2, Baaleu-Banville, Paris, 1969, p. 15. La date d’impression (5-13 février 1521) estintéressante, car elle situe la composition des trois dernières leçons dematines – sinon de l’office tout entier – entre l’autorisation délivrée le 11janvier1521parLéonXdecélébrerunoffice solennelde sainte IsabelleàLongchamp (Piis omniumpraesertim*) et l’examen du même office parAdriendeBoisy(Notumfacimusomnibus*),quil’approuvale11décembresuivant.830 Plusieurs recueils incunables contiennent cette lettre de Pélage au seind’œuvresattribuéesàsaintJérôme.831 Voir Récit*. La découverte du remploi d’un écrit de Pélage aurait puavoirdesconséquencesfâcheusesenpleineépoquedepolémiquesurlelibrearbitreetlaprédestination.832Gn2437-38.833Texte:décalquedel’hymneAve,virgoDeodigna(«Salut,viergedignedeDieu»)enl’honneurdesainteValériedeLimoges(AH,vol.11,p.252,n° 466, vêpres), chantée dans l’usagedeParis pour les premières vêpres decette sainte (2 décembre) ; voir LE MUNÉRAT, 1492, [p. 392]. Mélodie : lamême que celle de l’hymne de laudes « Les claires joies du jour ».Contrairement à ce qui est affirmé dans les Analecta hymnica (vol. 11,p. 252, n° 466), lamélodie de l’hymne en l’honneur d’Isabelle ne suit pascelledePlaude turbapaupercula («Applaudis, foule pauvrette »), chantéeauxlaudesdelafêtedesaintFrançois;voirPN771,f.265r-vet267r(Proles


Magnificat).1011CantiquedelaVierge(Lc146-56).1012Remploidel’introïtGaudeamus(voirAMS30;Gradueltriplex,p.405-406 et 619-620), chanté aux fêtes de la Vierge, par exemple pourl’Assomptiondansl’usagedesFrèresmineurs(FC9,f.188r-v).Onobserveuneadaptationsimilairedecechantpourl’introïtdelamessedesaintLouis(officeLudovicusrexregnantium),composéedans lespremièresannéesduXIVesiècle.1013En1521,cejourfutfixéau31aoûtetnonaudiesnatalisd’Isabelle,le23février.Deuxraisonsàcechoix:lecarêmeauraitempêchélacélébrationdelafêteenfévrier,tandisquele31aoûtestl’avant-dernierjourdel’octavedelafêtedesaintLouis,célébréele25aoûtdepuis1297.AinsiIsabelleétait-elleenglobéedanslecultedesonfrère.1014 Au lieu de puiser dans les psaumes pour le verset de l’introït, lecompositeur s’est contenté de reprendre un versicule « standard » enl’honneurd’Isabelle.1015 CeKyrie est tropé, c’est-dire que pour chacune des neuf invocations(Kyrieeleison,Christeeleison,Kyrieeleison,troisfoischacune),lamélodieenestreprisesuruntextepermettantdelachanterenladécomposantnoteànote.Cetteméthode,quiaideàlamémorisationdesmélismes,estàl’originedes noms désignant les différents tons du Kyrie (Lux et origo, Deussempiterne,CunctipotensgenitorDeus,etc.).CeKyrie«Luxhonestatis»,créépourlamessed’Isabelle,estunetranspositionmusicaleettextuelled’unKyrietropéancienettrèsrépandu,leKyrie«Fonsbonitatis».1016VoirLettre*,2.1017VoirVie*,24.1018VoirLettre*,2.1019VoirDéclaration*,19.1020 Collecte : première prière propre d’une messe, qui sert également àl’officeàlafindesvêpresetdelaudes.1021Àladifférencedel’éditeur,nousdonnonsletextebibliquetoutaulong,ennousfondantsurlemanuscritParis,BnF,lat.912,f.26r-27v.1022Gn242-4.1023Gn2414-29.1024 Ce répons graduel (AMS 140 ; Graduel triplex, p. 410), signalé

seulement par un incipit de renvoi, a été restitué d’après le commun desviergesdansl’usagedesFrèresmineurs;voirFC9,f.234v-235r.1025Ps44(45)11.1026Ps44(45)12.1027 Texte : composé pour l’office de sainte Isabelle.Mélodie :Alléluia etversetTupuerprophetaaltissimivocaberis («TuserasappeléprophèteduTrès-Haut »,Graduel triplex, p. 571-572), chanté pour laNativité de saintJean-Baptiste(24juin)dansl’usagedesFrèresmineurs;voirFC9,f.195v-196r.1028Mélodie : variation sur l’Alléluia et sonversetOpatriarcha pauperum(«Ôpatriarchedespauvres»,U.CHEVALIER,Repertoriumhymnologicum…,vol.3,Louvain,1904,n°30808),chantépourlafêtedesaintFrançoisdansl’usagedesFrèresmineurs;voirFC9,f.195v-196.1029La séquenceestun tropede l’Alléluia,dont ladistributionalternéeestsoulignée par la musique. Celle de la messe d’Isabelle est un décalquemusical, écourté de la fin, de la séquence en l’honneur de laViergeMarieSupernematrisgaudia(«Lesjoiesdesamèrecéleste»,AH,vol.55,p.45-47, n° 37), attribuée à Adam de Saint-Victor (XIIe siècle) et chantée, entreautresàParis, jusqu’à l’époquemoderne (texteetmusiquedans l’usagedeParis);voirPN830,f.329va-326rb;LEMUNÉRAT,1490,f.ccxxiii.Éditionettraduction de Superne matris gaudia par Jean GrOSFILLIER, Les Séquencesd’Adamde Saint-Victor. Étude littéraire (poétique et rhétorique), textes ettraductions,commentaires,Turnhout,coll.«Bibliothecavictorina»,n°20,2008, p. 459-462, n° XLIX. Contrairement à ce qui est affirmé dans lesAnalectahymnica(vol.55,p.223,n°198,enapparat),nilaséquencedelamesse de sainte isabelle ni son modèle parisien ne figurent au XIVe siècleparmilesprosesàl’usagedesFrèresmineurs;voirParis,BnF,lat.1339.1030Àladifférencedel’éditeur,nousdonnonslapéricopeévangéliquetoutaulong,ennousfondantsurlemanuscritParis,BnF,lat.912,f.30r-v.1031Mt628-33.Cettepéricopeévangéliqueestaussi cellequi fut choisiepour la messe de saint Louis. Sans doute le fait que les lys, meubleemblématiquedesarmesdeFrance,ysoientdéclarésplusbeauxqueleroiSalomon dans toute sa gloire n’est-il pas étranger à ce choix. Pour uncommentairedecetÉvangile,voirOffice*,leçonsVIIàIXdesmatines.1032Texte:extraitd’unelettredePélageàDémétriade(PL,vol.30,col.15,etvol.33,col.1099);voirJ.-B.LEBIGUE,présentationdel’Office*,ci-dessus,p. 412-414. Mélodie : adaptation de l’offertoire Offerentur regi virgines

(«Lesviergesserontprésentéesauroi»,AMS16bis,23bis,25,30,101,140,153, 165b et 169bis ;Graduel triplex, p. 504-505), chanté au commundesviergesdansl’usagedesFrèresmineurs;voirFC9,f.237v-238r.1033Adaptéed’unesecrète(Corpusorationum,vol.4,éd.E.Moeller,J.-M.ClémentetB.Coppieters’tWallant,Turnhout,coll.«CCSL»,n°160C,1994,p.279,n°2958b)ditepourlafêtedesainteAgnès(21janvier)dansl’usagedesFrèresmineurs;voirPN757,f.299ra.1034Texte:reprisedel’inscriptionenversléoninssurletombeaud’Isabelle,avec omission du vers 2 ; voir J.-B.LEBIGUE, présentation deTOffice*, ci-dessus,p.411.Mélodie:adaptationdel’antiennedecommunionMultitudolanguentium (« La multitude des malades », AMS 24b et 144 ; Gradueltriplex, p. 418), chanté au commun de plusieursmartyrs pendant le tempspascaldansl’usagedesFrèresmineurs;voirFC9,f.217v.1035Allusionautitrede«Sœursmineures».1036 Adaptée d’une postcommunion (n° 5654 dans Corpus orationum,vol. 9, éd. E.Moeller, J.-M.Clément etB.Coppieters’tWallant, Turnhout,coll. « CCSL », n° 160H, 1996, p. 57), dite pour la fête de sainte MarieMadeleine(22juillet)dansl’usagedesFrèresmineurs;PN757,f.346vb.1037 Alors que Léon X n’employait qu’une fois le terme « sainte » pourqualifierIsabelleetque,pourtoutlereste,luietlecardinalAdriendeBoisyusaient de l’adjectif « bienheureuse », les sœurs de Longchamp recourentmassivementàl’adjectif«sainte».1038 À la différence de LÉON X, Piis omniumpraesertim*, les sœurs deLongchampsegardentdedirequ’Isabelleauraitétémoniale.1039VoirDéclaration*,77-81.1040 Probablement un ex-voto auquel peut faire allusion ADRIEN DE BOISY,Notumfacimusomnibus*.1041LÉONX,Piisomniumpraesertim*.1042LéonX,papedepuisle11mars1513,étaitmortàRomele1erdécembre1521,cequesemblentignorerlessœurs.Celasitueleurmémoireaudébutdel’année1522.1043Le31août,sixjoursaprèslaSaint-Louis.1044 Le « rit double majeur » est le degré le plus élevé de l’échelled’appréciation des offices dans l’usage desFrèresmineurs : il a le pas surtoutautreofficetombantlemêmejour,parexempleundimancheordinaire.Il secélèbrecommeundimancheavecdeuxheuresdevêpres (laveilleau


GLOSSAIREétabliparJ.D.

Admirable: voirMirus.Claustrum: peutdésignerlecloître,

ausensdel’édifice,maisaussil’ensemble

dumonastère,ouencorelapart

quiyestréservéeauxmonialessoumises

àlaclôture.Clausura: clôture,qu’ils’agissedel’obligation

faiteauxmonialesderestercloîtrées,

delalimitedel’espacequileurestréservé

oudecetespacelui-même.Cloître: voirClaustrum.Clôture: voirClaustrumetClausura.Communauté: voirConventus.Conduite: voirConversatio.Conseil: voirConsilium.Consilium: conseil,avecunsensquipeutêtreplusfort

qu’unsimpleavisetaller

jusqu’àl’injonction;ilpeutaussi

s’agird’undessein,d’unprojet,

d’unedélibérationcollective

oudeladécisionquienressort;

ouencored’unconseilausensd’ungroupe

d’individusdélibérantsurdesaffaires

detoutessortes,engénéralpouréclairer

laprisededécisiond’unsupérieur.Conventus: désigneuneassemblée,unecommunauté

religieuse,parfoisl’institution

qu’elleforme,plutôtquelecouvent

ausensmodernedubâtiment.Conversatio: conduite,modedevie,bonnesmœurs;

relation,familiarité,commerce,

entretien,rarementlaconversation.Conversio: conversion,nonpasausensdechangement

deconfession,maisausensdupassage

d’uneviemenéeparlesvaleursmondaines

àunevieguidéeparlesvaleursspirituelles,

s’accompagnantéventuellement

d’uneentréeformelleenreligion.Conversion: voirConversio.Dévot: voirDevotus.Devotio: lefaitd’éprouverdudévouement,

devouerunattachement,unculte

ouuneadorationàunepersonnedivine,

moraleouhumaine.Dévotion: voirDevotio.Devotus: voué,dévouéoudévot,

sanslamoindrenuancepéjorative.Dévoué: voirDevotus.Discernement: voirDiscretio.Discret: voirDiscretus.Discretio: discernement,sagesse,prudence,

clairvoyance,plusquediscrétion

ausensderéserve.Discretus: ausensmoral,douédediscernement;

ausensinstitutionnel,religieux

oureligieusedouésdecettequalité,

engénéralchoisisparlesanciens

oulesanciennespourassisterl’abbé

oul’abbessedanssesdécisions

(les«discrets»ou«discrètes»).Enclose: voirInclusa.Étonnant: voirMirus.Forma: nonpastantl’apparence

quecequistructure.Forma Forme(ouFormule)devie,(ouFormula) texteréglantlaviedesreligieuxvitae: oureligieuses,demoindreautorité

qu’unerègle.Forma Forme(ouFormule)àvivre,(ouFormula) texteréglantlaviedesreligieuxvivendi: oureligieuses,demoindreautorité

qu’unerègle,peut-êtremoinsprécis

maisplusessentielqu’uneForme

(ouFormule)devie.Forme: voirForma.Forme voirForma(ouFormula)vivendi.

(ouFormule)àvivre:

Forme voirForma(ouFormula)vitae.(ouFormule)

devie:

Habit: voirHabitus.Habitus: latenue,àlafoisl’habitetlamanière

desetenir,deseconduire,devivre.Honestas: labonneconduite,lesmœurshonorables,

pluslargementquelaseulehonnêteté.Honnêteté: voirHonestas.Inclusa: religieusesoumisàlaclôture

plutôtqu’àlaréclusion.Interdictum: sentenceecclésiastiqueprohibant

l’administrationdessacrements

etlescélébrationsliturgiques

dansunterritoiredonné.Interdit: voirInterdictum.Lieu: voirLocus.Locus: lieu,maisaussiendroitoùrésident

desreligieux,enparticulier

desFrèresmineurs,quellequesoit

sonimportance,del’ermitagerural

aucouventurbain.Locutorium: parloir,ausensdelapièce

oùdesvisiteurspeuventparler

àunreligieuxouunereligieuse

soumisàlaclôture,maisaussilagrille

quilessépare.Merveilleusement: voirMirabiliter.Merveilleux: voirMirus.Mirabiliter: demanièreextraordinaire,étonnante,

quipeutêtrestupéfiante,

admirableoumerveilleuse.Mirus: cequiestextraordinaire,

dépassel’entendement,

provoquel’étonnement;

peutinclurelastupeur,

l’admirationoul’émerveillement.Ordo: ordre,d’abordausensdeformedevie


INDEXDESMANUSCRITSétabliparJ.D.

Blois,Archivesdépartementales,F458-459:102.Bruges,OpenbareBibliotheek,490:134.Cambridge,TheFitzwilliamMuseum,300:282,332.CitéduVatican,ArchiviosegretoVaticano,Reg.Vat.23:161.–,Reg.Vat.26:221,222,225,229,231,234,239,240,242-245.–,Reg.Vat.29:246.–,Reg.Vat.30:248,256,257.–,Reg.Vat.33:248,256.–,Reg.Vat.34:248,256.–,Reg.Vat.35:248,256,257.CitéduVatican,BibliotecaapostolicaVaticana,Reg.lat.309:107.–,Reg.lat.547:319.Cormontreuil, monastère Sainte-Claire, Remarques surl’establissementdumonastèredeSainte-ClairedeReims:217,326.Florence, Archivio della provincia Toscana dei Frati minori,336.I.336(anc.F.17):353.Fribourg (CH),Couvent desCordeliers,ms. 2 : 416, 418-420,423,427-429,433,434,436,438,440,441,443.–,ms.9:416,445,448,450,451.Londres,NationalArchives,royalLetters:114.Lucerne,Archivesd’État,544:122,263.Madrid,Bibliotecanacional,9731:134,142,144,150,157.Munich,MGH-Bibliothek,HsA1:121.


16–ActedeventeduterraindeLongchamp(avril1255)17–ALEXANDREIV,Benedictafiliatu(12juin1256)18–ALEXANDREIV,Solilleverus(10février1259)19–ALEXANDREIV,Interaliasacre(22février1259)20–ALEXANDREIV,Cumanobispetitur(24février1259)21–ALEXANDREIV,Etsiuniverseorbis(25février1259)22–ALEXANDREIV,Devotionisvestreprecibus(3mars1259)23–URBAINIV,Ilaétéexposédevantnous(20novembre1261)24–ÉMELINEDEFLEURY,LettreàIsabelledeFrance(27mars1262)25–THIBAULTDESAINTE-GENEVIÈVE,CessiondecensàLongchamp(septembre1262)26–URBAINIV,Religionisaugmentumeo(27juillet1263)27–URBAINIV,CarissimiinChristo(22juin1264)28–CLÉMENTIV,Destatutuo(31mai1266)29–CLÉMENTIV,Devotionisvestrepromeretur(8novembre1266)30–CLÉMENTIV,Bulled’indulgence(entrele15févrieretle17novembre1267)31–CLÉMENTIV,Dignenosagere(10septembre1267)32–CLÉMENTIV,Sciasfiliaapostolorum(17avril1268)33–CLÉMENTIV,Licetcultumdivini(20avril1268)

MORTD’ISABELLE(23février1270)34–Statutduchapitregénéraldel’Ordrecistercien(septembre1270)

35–EUDESDEROSNY,SermonauxChampeaux(1ernovembre1272)36–PIERRED’ALENÇON,Premiertestament(juillet1282)37–AGNÈSD’HARCOURTETLESSOEURSDELONGCHAMP,LettresurLouisIXetLongchamp(4décembre1282)38–AGNÈSD’HARCOURT,ViedelabienheureuseIsabelledeFrance(1283)39–AGNÈSD’HARCOURT,InventairedesbiensdeLongchamp(29août1287)40–ChroniqueanonymedesroisdeFrance(entre1286et1297)41–GUILLAUMEDENANGIS,Chroniquelatine(avant1297)42–ViedubienheureuxLouis(débutXIVesiècle)43–GUILLAUMEDESAINT-PATHUS,ViedesaintLouis(1303)44–JEANNEDEVITRY,InventairedesbiensdeLongchamp(18août1305)45–JEANDEJOINVILLE,ViedesaintLouis(1308)46–LaRègleetlaviedesSœursmineuresencloses(avant1325)47–JEANNEDEGUEUX,NécrologedessœursdeLongchamp(22juin1325)48–JEANNEDEGUEUX,InventairedesbiensdeLongchamp(9octobre1325)49–JEANNEDEGUEUX,InventairedesbiensdeLongchamp(18juin1339)50–ARNAUDDESARRANT,Chroniquedesministresgénérauxdel’OrdredesFrèresmineurs(1369-1374)

51–BARTHÉLEMYDEPISE,ConformitédelaviedubienheureuxFrançoisàlavieduSeigneurJésus(vers1385)52–LaRègledesSœursmineuresencloses(XVesiècle)53–Épitaphed’IsabelleàLongchamp(vers1450)54–FRANÇOISDERIVO,ChroniquedeCluny(finXVesiècle)55–ObituairedesbienfaiteursdeLongchamp(finXVesiècle)56–MARIANODEFLORENCE,Livredesdignitésetexcellencesdel’OrdredelaséraphiquemèredesPauvresDames,sainteClaired’Assise(1515-1519)57–LESSOEURSDELONGCHAMP,DéclarationdelasainteviedenotresaintemèreIsabelle(1520)58–LÉONX,Piisomniumpraesertim(11janvier1521)59–ADRIENDEBOISY,Notumfacimusomnibus(11décembre1521)60–ROBERTMESSIER(etLESSŒURSDELONGCHAMP?),OfficeetmessedelabienheureuseIsabelledeFrance(11décembre1521)61–LESSŒURSDELONGCHAMP,Récitdel’obtentiond’unofficepourIsabelle(début1522)

ANNEXESSiglesetabréviationsGénéalogiecapétienneChronologiedelavieetduculted’IsabelledeFranceGlossaireConcordancedestextesnormatifsConcordancedestexteshagiographiquesIndexdesmanuscritsBibliographie

IndexdesnomsdelieuxetdepersonnesOntparticipéàcevolumeTabledesmatières

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Christianisme, spiritualité, religion catholique louange | mp3 · 2015-12-23 · de la Vie*, 3-27 , aient été ... comme une source potentielle de sainteté et de guérison –