Chroniques de Fouesnant - evnd

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Chroniques de Fouesnant -

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  • 1. Jean VARENNEEBAUCHE DHERBIER MEDICINAL POUR GOUESNACH ET SES ALENTOURScependant conscience quelle est loin dtre complte en raison de labsence dinformations conserves jalousement dans certaines mmoires familiales ou perdues du fait de la disparition de ceux qui en taient dtenteurs.Origine de la dmarche Dans un court article sur la mdecine populaire, nous navions fait queffleurer le rle des plantes mdicinales dans le milieu familial (Bulletin Foen Izella n 4 Dcembre 1988). Depuis, loccasion dexpositions florales organises Gouesnach en 1997 et 1999 par les Amis des Jardins associs aux Amis du Vieux Gouesnach, nous avons poursuivi nos recherches pour retrouver dans les traditions familiales les moyens dont nos anctres immdiats ou plus anciens se servaient pour soulager les petits maux quotidiens en utilisant les plantes de leurs bois, de leurs prairies et de leurs jardins. Au cours de ces deux manifestations, des visiteurs avaient attir lattention des organisateurs sur labsence de certaines espces et donn quelques informations sur lutilisation de celles-ci dans le milieu familial qui avait t le leur. Cest une synthse de cet ensemble que nous prsentons dans les lignes qui suivent ; nous avonsLimites de lenqute Il nest pas dans nos intentions de proposer une nouvelle encyclopdie, mme abrge, des plantes qui gurissent ; le lecteur qui souhaiterait en savoir plus pourra satisfaire sa curiosit en consultant lun ou lautre des nombreux ouvrages proposs en librairie ou mis leur disposition dans les bibliothques. Il ne sagit pas, non plus, de valoriser les remdes de bonne femme , tout en reconnaissant que certains prsentaient une efficacit dont nos anctres se contentaient, mais simplement dvoquer lun des aspects de leur vie quotidienne qui relve aussi de lHistoire. Si le terroir de GOUESNACH, notamment la petite ferme de Trefflen-vian tenue par Corentin CHRISTIEN et son pouse Marie-Rene CAOUDAL, a t le point de dpart de nos investigations il savre que les informations recueillies se retrouvent souvent chez nos voisins de CLOHARS, PLEUVEN et autres lieux 1/10 du pays FOUESNANTAIS et mme audel.

2. Des plantes et de leurs principes La cueillette des bonnes herbes a t pratique trs tt, sans doute ds laube de lhumanit, mais nest devenue vraiment efficace quaprs une trs longue priode de ttonnements et dexpriences parfois malheureuses qui ont permis dcarter les espces toxiques. Les hommes de ces poques lointaines ne pouvaient compter que sur les ressources de la nature pour rparer les blessures reues dans la poursuite du gros gibier et des grands fauves, tels lours des cavernes, le tigre et le loup ; il fallait galement faire face aux alas du quotidien (maladies, pidmies, blessures domestiques). A quel moment cette cueillette, dempirique, est-elle devenue plus sre ? Quel a t lHomo fondateur : erectus ? habilis ? Sapiens ? Le fait que les autorits de pouvoir ne se soient jamais dsintresses des plantes de sant prouve limportance de celles-ci dans la vie sociale ; cest le cas : -des druides qui dtenaient toutes les connaissances dont le savoir mdical, -des grandes abbayes et des monastres chrtiens qui avaient recueilli dans leur scriptorium les manuscrits de lAntiquit, dont le De Materia Medica, bible de la mdecine par les plantes de lauteur grco latin Dioscoride (1er S. aprs J.C.) -du pouvoir civil dont lempereur Charlemagne qui consacre la matire lun de ses cartulaires et la royaut captienne qui fonde le Jardin des Apothicaires, anctre du Jardin des Plantes parisien actuel. Aprs avoir voqu ces grands jardins, nous conseillons nos lecteurs, qui seraient intresss, daller rendre visite au Jardin des plantes mdicinales de lAbbaye de Daoulas enrichi et modernis par le Centre Culturel de lAbbaye.Substances et principes actifs Lorsquelles sont soumises lanalyse des laboratoires, nos plantes de sant rvlent les principes actifs quelles contiennent.Parmi ces principes figurent des flavonodes, alcalodes, glucosides, tanins, huiles essentielles, sels minraux, enzymes, vitamines et autres. Les proprits spcifiques qui en dcoulent donnent chacune des possibilits daction dans des domaines trs diffrents et leur confrent des vertus la fois vulnraire, anesthsiante, anti-inflammatoire, antiseptique, stimulante, tonique, cholagogue et autres. Il nest dailleurs, pas interdit de penser que des analyses plus pousses puissent mettre au jour des substances nouvelles et, galement, faire apparatre lutilit thrapeutique despces vgtales demeures jusquici dans lombre, par exemple la dcouverte du taxol tir de lif qui, selon des comptes rendus rcents de presse, pourrait ouvrir dans lavenir une voie dappoint dans le traitement de certains cancers.Modes demploi Les mthodes mettre en uvre pour tirer profit de ces proprits sont diverses. Linfusion est le procd le plus courant ; il consiste verser de leau bouillante sur feuilles et fleurs, fraches ou sches. Elle est encore universellement pratique. La dcoction est rserve aux corces et racines pour librer leurs tanins, par mise dans leau froide porte bullition suivie dun temps dinfusion. La macration est faite dans leau froide dune dure plus ou moins longue, de quelques heures plusieurs jours ; elle sapplique plus spcialement aux espces mucilagineuses. Longuent est une prparation grasse base de saindoux provenant, jadis, des rserves alimentaires de la famille ; il sappliquait sur la peau avec ou sans massage.2/10 3. Ces considrations gnrales tant dites, nous pouvons maintenant constituer notre herbier mdicinal dont les espces retenues seront prsentes non dans un ordre alphabtique, mais suivant les catgories de maux pour lesquels leur emploi tait recommand, en dbutant par les petits dsagrments de la vie quotidienne, pour sintresser ensuite aux maladies plus spcialises jusqu atteindre les maladies contagieuses et les pidmies.Piqres et petites plaies Pour traiter ces petits incidents de sant, souvent anodins, la mre de famille navait que lembarras du choix entre diverses espces dont : Le PLANTAIN. Famille des Plantaginaces. Mauvaise herbe, sil en est, envahissant champs, jardins, terrains en friche et bords de chemins, se prsentant sous deux espces dont les proprits dsinfectantes et cicatrisantes sont identiques : Grand Plantain (Plantago major des savants, Louzaouen ar chalvez ou Stlanvesq des bretonnants, plantain aux oiseaux dans lexpression populaire) et Plantain lancol (ns Plantago lancolata, nb L. ar trouch, np Herbe aux puces ou aux coupures). Dans lAntiquit, Dioscoride le recommandait contre les piqres de scorpions et daraignes, traitement tendu par la tradition toutes les sortes de piqres, gupes, frelons, taons, orties dont les agriculteurs subissaient les agressions dans leurs travaux des champs ; tous savaient rduire linflammation en frottant la partie atteinte dune feuille frache, cueillie sur place, triture entre les doigts pour en extraire le suc aux proprits antiseptiques et cicatrisantes. Cette plante commune qui contient de nombreux principes actifs dont des glucosides, du mucilage, des flavonodes, saponines et tanins, ainsi que des sels minraux prsente dautres proprits qui seront voques plus loin loccasion dautres dsagrments de sant.Le LIS ROYAL (ns Lilium candidum, nb Lilienn, np Lis blanc). Famille des Liliaces. Proprits : expectorant, diurtique, mollient, calmant et antiseptique. A Gouesnach, comme dans les environs, on en faisait macrer les ptales dans du lambig, prparation qui tait applique sur les coupures et blessures superficielles. Le CHOU (ns Brassica oleracea, nb Kaolenn). Famille des Crucifres. Plante potagre trs intressante dont les varits vertes et rouges sont porteuses de diverses vitamines et de sels minraux qui lui confrent le mme pouvoir dsinfectant et cicatrisant que le plantain. On ne saurait dire, par contre, en vertu de quel principe actif il prside, en concurrence avec la cigogne, la naissance des enfants ; cet aspect de la question semble tre plutt du ressort des folkloristes. LOMBILIC (ns Ombilicus pendulinus, nb Krampouez mouezig, np Nombril de Vnus). Famille des Crassulaces. Pousse communment sur les murs, dans les rocailles et les lieux arides ; ses feuilles rondes, trs riches en tissus aqueux, se creusent en leur centre comme un ombilic. (Voir photo page 24) A Gouesnach, et vraisemblablement aux alentours, cette plante tait couramment utilise en cataplasmes sur les corchures et entailles superficielles. Plusieurs de nos concitoyens se souviennent avoir t soigns lombilic par leur mre ou leur grandmre au retour de lcole aprs une chute sur les graviers de la cour de rcration ou sur les cailloux des chemins. Laudience de cette plante dpassait largement les limites du pays fouesnantais puisque Jacques Cambry, dans son Voyage dans le Finistre, note que lusage de lombilic tait courant dans dautres rgions du Dpartement.3/10 4. Abcs et furoncles Sils dparaient provisoirement la surface de la peau, ils taient souvent trs douloureux ; la phytothrapie pouvait hter leur mrissement en utilisant : Le CHOU, encore lui, car ses ressources sont multiples ; appliqu en cataplasmes, il faisait merveille sur abcs, furoncles et panaris en htant leur volution et favorisant leur cicatrisation. A Gouesnach, et sans doute galement dans les localits voisines, les nourrices, en cas dabcs aux seins, appliquaient en compresse des feuilles de chou vert aprs en avoir limin les grosses nervures et press la pulpe restante pour en faire sortir le jus. La CONSOUDE (ns Symphytum officinale, nb L. ar trouch, np Herbe la coupure, aux charpentiers). Famille des Boragines. Crot dans les lieux marcageux, prs des ruisseaux et au bord des biefs. Ses lments actifs tels que tanins, mucilages et alcalodes lui donnent des qualits mollientes et adoucissantes. Son action tait dj connue des mdecins de lAntiquit : Dioscoride la conseillait dj comme plante vulnraire.en Bretagne ; rares, en effet, taient les fermes qui nen possdaient pas au moins un, poussant prs dune fontaine, dun lavoir ou dun puits. Il en existait un Treffelen-vian. Outre des vitamines et des sels minraux, la figue renferme des sucres qui lui assurent une proprit molliente. On pouvait donc appliquer une figue mre en compresse sur abcs et furoncles.Verrues, Cors, Durillons Pour faire disparatre ces petites protubrances et ces affections cornes, on pouvait avoir recours : La GRANDE CHELIDOINE (ns Chelidonium majus, nb L. an gwenanennou ou Sklaer, np Herbe aux verrues). Famille des Papavraces. Se dveloppe dans les dcombres, sur les murs humides ou le long des haies ; elle est reconnaissable ses feuilles dentes et ses petites fleurs jaunes composes de quatre ptales ; ses tiges contiennent une sve orange que lon appliquait sur verrues, cors et durillons, donc en usage externe. Cette mdication, encore en usage Trefflen-vian il y a seulement quelques annes, avait donn des rsultats sur des verrues rebelles laction mdicamenteuse. (Voir photo page 13)LOIGNON (ns Allium cepa, nb Ognonenn). Famille des Liliaces. Les vitamines et sels minraux quil renferme justifient ses qualits mollientes, mais aussi antiscorbutiques, diurtiques, antirhumatismales utiles pour dautres affections. Pour son action sur les affections cutanes, on lutilisait cuit au four ou dans la cendre, puis cras et tal chaud recouvert dun linge galement chaud. Le FIGUIER (ns Ficus carica, nb Fiezenn). Famille des Moraces. Bien quil sagisse dune essence de climat mditerranen, il sest trs bien acclimatBien que possdant de nombreuses proprits, elle ntait plus gure utilise en usage interne, lespce tant considre par certains comme toxique haute dose ; parmi ses constituants, figurent en effet plusieurs alcalodes, substances complexes dont lemploi relve de lautorit mdicale. Jusqu ces dernires annes, avant que le drainage et le rejointoiement des pierres de faade ne soient entrepris sur le site de Saint-Cadou de Gouesnach, la Grande Chlidoine croissait naturellement sur le pignon sud, de chaque ct du grand portail.4/10 5. Etait-ce l, lun des signes qui ont permis la tradition dattribuer ce lieu son pouvoir thrapeutique dans le traitement des affections cutanes ? Les remarques faites par des rudits sur ce sujet napportent pas de rponse claire : dun ct, le chanoine Peyron note que dans la jolie chapelle du 16mesicle on donne au Saint, en offrande, des clous est-ce cause de la rime Saint-Cadou des clous ? Ce qui ressemblerait plutt une comptine ; dautre part le recteur rudit Abel Robinaud, (1902 1909) attribue cette dvotion une statue de Saint-Blaise, vque, qui on apportait des clous en offrande pour obtenir la gurison des furoncles que lon appelle aussi des clous dans le langage familier. SaintCadou ne serait donc pas en cause dans cette affaire de clous . Les cors aux pieds, dfaut de chlidoine, pouvaient tre traits par le suc de la JOUBARBE, plante intressante dont il sera question plus loin (maux doreilles).Brlures Les risques mnagers contre lesquels, aujourdhui, presse et ondes prodiguent rgulirement des conseils pour en protger surtout les enfants, existaient dj. Il arrivait quun enfant, faute dune attention suffisante de la part de la bonne de service ( an vatesz), tombe dans une bassine deau bouillante mise en rserve sur ltre, ou quune personne ge, assise au chaud dans la chemine, aprs stre endormie, chute sur les braises encore rouges. Pour rparer les dgts, on avait alors recours au : MILLEPERTUIS (ns Hypericum perforatum, nb Mill zoull ou Mill vertuz, np Herbe aux brlures ou de la Saint-Jean ou Chasse Diable). Un mot sur cette dernire appellation populaire qui viendrait de lodeur aromatique se rapprochant de celle de lencens que la plante dgage lorsquelle est froisse, parfum qui devaitloigner le dmon et qui, dans les temps anciens, justifiait son emploi sur les possds. Ses principes actifs, notamment une huile essentielle, des flavonodes, des glucosides et des tanins, lui confrent des proprits astringentes et digestives ; toutefois, le recours celles-ci exerc par la voie interne, tait tomb dans loubli et lon ne retenait que ses proprits apaisantes et cicatrisantes sur les brlures et aussi sur les coups de soleil, en leur appliquant une prparation huileuse dont la couleur rouge attirait aussitt lattention dans le coffre aux louzou .Contusions Elles font aussi partie des petits accidents du quotidien, allant de la simple enflure provoque par un coup, appel vulgairement gnon, point dimpact de la rencontre dun membre avec un obstacle dans la semi-obscurit du penty, jusqu lil au beurre noir rsultant dune rixe lauberge, ou un crasement de la chair meurtrie au cours des travaux des champs. Quelques herbes convenaient parfaitement pour les traiter : LARNICA (ns Arnica montana, nb inconnu, np Herbe aux chutes). Famille des Composes. Ses constituants sont une huile essentielle et, entre autres substances, des tanins, do son action dsinfectante et cicatrisante. Recense comme plante de montagne, elle ne fait pas partie de la flore locale ; les mnagres avises pouvaient, et peuvent toujours, sen procurer chez lapothicaire de la ville la plus proche, sous la forme dune teinture base dalcool applique en compresse sur les parties contuses pour apporter un soulagement et aider rduire les hmatomes. Le PLANTAIN, encore lui, dont les proprits donnent les mmes rsultats.5/10 6. Morsures Nous navons pas recueilli de confidences sur la manire dont elles taient traites en milieu familial ; il convient donc de sen tenir au contexte traditionnel local. Morsures de chien : la bave des animaux infects pouvait communiquer la rage lhomme ; cette maladie contagieuse mortelle, courante dans les sicles passs, inspirait la crainte ; les chiens errants suspects taient donc impitoyablement abattus. Lorsque lun deux tait signal dans une localit la nouvelle se rpandait aussitt dans les villages voisins. Aujourdhui, les travaux de Louis Pasteur ont permis de se prmunir contre ce mal redoutable. Jusque l, les mordus de Gouesnach et des alentours devaient se contenter de boire leau de la chapelle Sainte Barbe, condition de sabreuver la fontaine aux Chrtiens dont le dosseret tait christianis ; le rsultat ntait cependant pas assur. Le recours aux bonnes herbes tait cens fournir une garantie supplmentaire, notamment : Le SOUCI (ns Calendula officinalis, nb Bokadou ar gwenan, np Souci des champs). Famille des Composes. Ses principes actifs sont des acides, du mucilage et une huile essentielle, ce qui lui donne des proprits antispasmodiques, anti-inflammatoires. Lapplication sur la morsure dun cataplasme de ses fleurs, recouvert dune feuille de lis royal, tait considre comme pouvant aider la gurison. morsures de vipre : bien que ce serpent soit un hte de rgions trs ensoleilles, la vipre se plat aussi sur nos sols de landes et de broussailles ; en gnral, elle senfuit au moindre bruit, mais gare celui qui pose le pied sur elle ! En cas de morsure, le plus radical et le plus sr est linjection dun srum antivenimeux. Certaines espces vgtales, avant la dcouverte de Louis Pasteur, avaient larputation dun pouvoir antivenimeux. Ctait le cas pour : Le GENET (Cytisus scoparius, nb Banl, np Gent balai). Famille des Lgumineuses. On avait remarqu que des moutons qui broutaient ces arbustes dans leur pture paraissaient insensibles aux morsures de vipre. Toutefois, il ne nous a pas t fourni dexemple permettant de corroborer les effets bienfaisants de cette mdication chez lhomme.Foulures et entorses Ces maux concernant chevilles et genoux ne faisaient pas lobjet de prescriptions particulires ; ils taient, en effet, du domaine du rebouteux ou, comme lon disait Gouesnach, du sorzer qui, par ses manipulations, savait remettre les articulations en place. Ces personnages taient, en fait, les anctres des ostopathes daujourdhui. Tout au plus, pouvait-on faire prcder leur intervention, dune application en compresse, de plantes calmantes telles que CAMOMILLE ou THYM.Angines et maux de gorge Le climat humide et venteux de la pninsule armoricaine rendait ces affections frquentes contre lesquelles le secours des plantes de sant tait demand : La RONCE (ns Rubus fruticosus, nb Dres, np Mrier des haies). Famille des Rosaces Elle se plat dans les haies, sur les talus, la lisire des bois, dans les terrains incultes, o elle prolifre par marcottage naturel. Lespce tait commune au point que le mot est pass dans la toponymie locale de Gouesnach dans le secteur de la chapelle N.D. de Vray Secours o est situe la ferme de Botdres, le buisson de ronces .6/10 7. Cette prolifration ntait pas improductive ; avec ses fruits noirs trs savoureux, les mres de famille savaient faire dexcellentes confitures et geles qui venaient amliorer les desserts. Sur le plan mdicinal, une dcoction de ronce employe en gargarisme permettait dattnuer les maux de gorge et linflammation des gencives en cas dangine, pharyngite et gingivite. La SARRIETTE (ns Saturija hortensis, nb Santurig Goanv, np Herbe de St-Julien). Famille des Labies. Principes actifs : huile essentielle, tanins, mucilage, qui donnent des proprits astringentes, dsinfectantes et antispasmodiques. Il nest pas certain que cette plante condimentaire ait t trs connue par ici ; nous la citons cependant en raison de son utilisation courante en dautres rgions pour calmer linflammation de la bouche et du pharynx.Toux et bronchites Il sagit daffections courantes touchant les voies respiratoires, pour lesquelles les individus cherchaient attnuer les effets parfois extnuants de toux difficiles calmer. Dans ce domaine la nature apportait aussi son aide : citons, en particulier, le coquelicot et le lierre terrestre. Le COQUELICOT (ns Papaver Rhoeas, nb Rozaer, np Coquerico). Famille des Papavraces. Il poussait, il ny a pas si longtemps, dans les champs de bl, mais considr comme une mauvaise herbe, il en a pratiquement disparu, comme le bleuet, victimes des dsherbants chimiques. Aujourdhui, on le trouve encore dans les petits jardins. (Voir photo page13) Ses principes actifs, dont des alcalodes, lui donnent ses proprits sdatives et adoucissantes, qui permettent son emploi dans le traitement de la toux, de lasthme et aussi de linsomnie des jeunes enfants. Ctait, au dbut du 20me s. lafleur pectorale par excellence ; elle entrait, dailleurs, dans la composition de la tisane dite des quatre fleurs , avec le Bouillon Blanc (ns Verbascum densiflorum, nb Gorevenn, np Molne) que lon trouvait dans toutes les pharmacies, les tenants dofficine, galement herboristes, faisant eux-mmes prparations et mlanges. On y avait recours spcialement pour calmer la toux la plus rebelle chez les enfants, celle de la coqueluche. On ajoutait volontiers ce traitement la frquentation de la chapelle du Drau Saint-Evarzec, place sous le patronage de Saint-Andr, dont le nom breton Drau est galement celui de la coqueluche. Pour prendre un vocabulaire moderne on oserait dire que cette chapelle tait le centre cantonal de gurison de la coqueluche. Lors dune visite des lieux effectue par Foen Izella sous la conduite de Jean ALLOUIS, historien de la localit, il nous a t rapport quune grandmre de Gouesnach avait, un jour de plerinage, fait le trajet pied apportant une chemise de lun de ses petits-fils coquelucheux pour la plonger dans la fontaine de dvotion du Drau. Il est dommage que le nom de cette mamie dvoue ait t oubli. Le LIERRE TERRESTRE (ns Glecoma hederacea, nb L. ar vouez, np Herbe de Saint-Jean). Famille des Labies. Les principes actifs de la plante sont, en plus dune essence aromatique, des sels minraux, des tanins, de la vitamine C qui lui assurent des proprits antispasmodiques, antiseptiques, diurtiques, vulnraires et expectorantes. Cette herbe rampante, poussant mi-ombre la lisire des bois ou dans les broussailles, est aujourdhui un peu oublie bien quelle soit encore trs prsente dans nos terroirs. Dans les campagnes on lui reconnaissait des qualits pectorales. (Voir photo page13)7/10 8. Pour lanecdote voici une application de ce lierre sur les personnes un peu dranges pour ne pas dire folles : on leur en appliquait sur la tte une dcoction mais il nest pas dit si le traitement tait efficace.Rhume Cette inflammation de la muqueuse nasale, en gnral sans danger, nen est pas moins dsagrable ; les plantes, l aussi, pouvaient tre une solution, mais le plus souvent les malades ne faisaient rien et laissaient leur rhume arriver son terme. Dans certaines rgions de lhexagone, on prconisait un mlange de feuilles de PLANTAIN (dj cit) et de fleurs de PRIMEVERE (ns Primula veris, nb Roz amann, np Coucou). (Voir photo page 13) Famille des Primulaces. Quen tait-il de cette mdication dans notre rgion ? Nous navons rien appris sur le sujet. Peut-tre se contentait-on dun bol deau chaude aromatise dune bonne rasade de lambig ! Mais est-ce encore de la phytothrapie, bien que cet alcool provienne de la pomme ? Les feuilles de LIERRE TERRESTRE (dj cit pour la toux) pouvaient faire aussi une tisane acceptable contre le rhume.Migraines Le mal de tte peut tre dorigines trs diverses : rhume, mauvaise digestion, fatigue, stress ou autres. Certaines de ces migraines peuvent tre traites par des plantes dont la tisane est susceptible dapporter un soulagement. Parmi celles-ci : La LAVANDE (ns Lavandula angustifolia, nb Lavand, np Lavande commune). Famille des Labies. Originaire des rgions mditerranennes, elle sest acclimate un peu partout en Europe, mme en Bretagne. Parmi ses principesactifs figurent une huile essentielle et des tanins entre autres ; elle possde des proprits sdatives et assainissantes. Elle tait prconise contre les migraines digestives. A noter que ses qualits odorifrantes en font lune des principales composantes de leau de Cologne. Depuis longtemps les mnagres utilisaient ses graines en sachets pour parfumer le linge de leur armoire, coutume qui na pas compltement disparue. Ct anecdotique, notons le conseil anti-migraineux propos par Dioscoride : porter une racine de PLANTAIN en collier. Autre remde cit, sans indication dorigine, dans la Revue Archologique du Finistre : placer le patient sous des cloches sonnant la vole ; il nest pas prcis si le procd tait efficace. Le TILLEUL (ns Tilia cordata ou T. grandifolia, nb Tilh, np T. dEurope). Famille des Tiliaces. Principes actifs : huiles essentielles, mucilage, glucosides, sucre et tanin. Proprits : sudorifique, diurtique, calmante, antispasmodique, qualits prsentes par les deux espces. Les bractes portant les fleurs sont employes en infusion ; cette tisane est certainement lune des plus populaires. Outre les migraines elle vaut galement pour les insomnies et la grippe ; elle aurait de plus une influence bnfique dans lartriosclrose. En usage externe, les fleurs parfument leau du bain des tout jeunes enfants un peu agits. Le tilleul tait souvent plant dans les espaces publics, places, squares, boulevards, mais latmosphre pollue de notre poque ne leur est gure favorable et beaucoup ont disparus. Pour la petite histoire la premire plantation en srie aurait t faite linstigation du roi Henri ll pour les beaux yeux de Diane de Poitiers.8/10 9. Soins des yeux Pendant longtemps la connaissance des affections des yeux est reste du domaine des personnels mdicaux ; sauf exception, les milieux populaires ignoraient le glaucome et mme la cataracte bien que ce dernier terme fasse dj partie du vocabulaire spcialis ds le Moyen Age ; la mdecine populaire ne faisait appel aux plantes de sant quen matire de soins externes en privilgiant : Le PLANTAIN (dj connu des lecteurs) dont lemploi tait recommand pour les soins externes de lil, tels que conjonctivite, blpharite traite par une dcoction de feuilles applique en collyre ou en bains dyeux. Le BLEUET (ns Centaurea cyanus, nb Bokadou glas ou Blaveola). Famille des Composes. Il tait conseill de lassocier au coquelicot pour faire des bains dyeux. Il est, aujourdhui, pratiquement disparu dans la rgion.Maux doreilles Les ressources fournies par lherbier mdicinal pour adoucir le mal doreilles sont extrmement rduites ; en fait, nous navons dtect que la joubarbe en remarquant cependant que les naturalistes, dans ltude quils en ont faite, ne note pas cette proprit antidouleur. La JOUBARBE des toits (ns Semper vivum tectorum, nb L.ar skouarn, np Artichaut des murailles ou Barbe de Jupiter). Famille des Crassulaces. Cette plante grasse crot dans les lieux secs, sur les murs et les rocailles. Principes actifs : tanins, sucre, mucilage, qui en font une plante fbrifuge, calmante, antiseptique et diurtique. Seule, son appellation bretonne de Louzou ar skouarn souligne ses rapports avec loreille. Il tait de notorit publique que les joubarbes de Gouesnachfournissaient un remde particulirement efficace. Il est intressant de faire mention des pouvoirs magiques attribus cette plante, lis au personnage de Jupiter, le roi des dieux, jeteur de foudre quvoque le nom populaire de barbe de Jupiter. Les hommes voulaient se protger des effets de lorage en plantant, sur un petit tas de bouse de vache, au bas du toit de leur penty et prs de la porte dentre, un plant de joubarbe pour conjurer le sort. Cette coutume tait quasiment gnrale en Europe occidentale notamment dans les Alpes franaises et en Suisse.Digestion Les plantes qui facilitent la digestion sont assez nombreuses : chicore, camomille, menthe, sauge et verveine sont les plus connues et sans doute les plus utilises des tisanes. Elles sont trs apprcies surtout aprs les repas de ftes (baptmes, mariages, mise mort du cochon) o la chair est abondante et parfois peu digeste, occasionnant lourdeurs destomac et ballonnements. Seules seront notes dans notre herbier : La CHICOREE SAUVAGE (ns Cicorium intybus, nb Sikorea ou Turch, np Chicore amre). Famille des Composes. Plante de bords de chemins et de terrains non cultivs. Elle est intressante par ses nombreuses proprits qui en font une espce polyvalente : dpurative, diurtique, lgrement laxative et surtout digestive ; elle est, en effet, dpositaire de nombreuses substances, telles que tanins, sucres, sels minraux, acides amins, vitamines. Lendive, la barbe de capucin et autres varits voisines prsentent le mme intrt. Le Blocus continental institu par Napolon 1er pour interdire lAngleterre de commercer avec lEurope donna une importance inattendue la chicore qui9/10 10. devint un substitut du caf, produit qui narrivait plus dans les ports franais. La racine de chicore concasse et torrfie fut ainsi utilise jusquau retour dune situation normale (voir aussi le bulletin n 4 de Fon Izellza du 4 dcembre 1988) Cependant une habitude nouvelle tait prise et les mnagres continurent tasser du pouce au fond de leur podcafet une bonne dose de chicore. Les buveurs de caf, et ils taient nombreux, qui ignoraient les vertus de la plante, profitaient involontairement de ses proprits digestives. La CAMOMILLE ROMAINE (ns Anthemis nobilis, nb Bokadez santez Eved). Famille des Composes. La fleur contient les substances actives qui assurent cette plante des proprits antiinflammatoires et, surtout, digestives. Elle sacclimate bien dans les petits jardins. La SARRIETTE (dj cite). Ses proprits astringentes et antispasmodiques lui donnaient une action anti-ballonnement dans la digestion des haricots blancs ; il suffisait den ajouter quelques brins leau de cuisson, ce qui est encore valable aujourdhui.Constipation Parmi les petits soucis de sant, les problmes de transit intestinal occupaient une place importante. Dans la majorit des cas la pharmacope familiale apportait une solution; au nombre des plantes aux proprits laxatives et purgatives figuraient la BOURDAINE, la MAUVE, le LISERON et autres.(voir photo page 14) Pour notre part nous retiendrons : La RHUBARBE (ns Rheum rhaponticum, nb Rubar, np Rhubarbe des capucins). Famille des Polygonaces. Originaire de Chine, cette espce, quipousse dans nos jardins, prsente les mmes proprits laxatives que son homologue le Rheum palmatum, la vraie mdicinale. Plante aux larges feuilles dont seuls les gros et longs ptioles verts et rouges sont utiliss en cuisine (compotes, tartes, confitures). Elle est riche en sels minraux et en vitamines qui lui assurent une action purgative mais aussi tonique et vermifuge. Les proprits laxatives de sa compote taient utilises de faon douce dans la lutte contre la constipation ; selon une formule note au hasard des lectures elle rend service aux personnes qui se plaignent de la paresse de leur intestin et de leur foie . En y ajoutant des pruneaux, vants sur les marchs hebdomadaires pour tre trs bons pour le lendemain matin , leffet tait assur. Sortons un moment du pays breton pour noter que Montaigne (16me sicle.) la trouve bonne pour le relchement . Molire, qui sest tant moqu des mdecins de son poque et que certains critiques qualifient irrespectueusement de toqu des purgatifs , la fait figurer dans la composition dun clistre dtersif pour balayer, laver et nettoyer le bas-ventre de Monsieur et cela pour trente sols (le Malade Imaginaire), ce que la Scurit Sociale, si elle avait exist du temps de Molire, naurait sans doute rembours que sur la base de dix sols. Dans les sicles passs, en Bretagne comme ailleurs, il tait de tradition de se purger une fois par an pour nettoyer l'organisme de toutes ses impurets avant le rveil printanier de la nature ; la rhubarbe tait frquemment utilise pour cette pratique. Sur le plan de lanecdote, une lettre date de lanne 1898 dune personnalit du canton sollicitait, de la part de son correspondant, lenvoi de six paquets de rhubarbe car je me purge demain .10/10