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1 Abdel Kader Ould Mohamed. Mauritanie : chroniques de la rupture Contribution aux débats de la transition

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Mauritanie: chroniques de la rupture

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ABDEL KADER OULD MOHAMED Mauritanie: chroniques de la rupture

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‘’N’est-il pas étrange de nous voir défendre plus farouchement nos erreurs que nos valeurs ?’’ Khalil Gibran

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SOMMAIRE

1- Ruptures dans la stabilité. -Le désir de stabilité -Le pouvoir n’est pas au bout du fusil -L’islamisme en questions -Balises pour la Justice et la Démocratie -Destins croisés

II- Vérités et mensonges dans le procès du Prds.

- Une incontournable réalité socio- politique - Un espace politique tourmenté - Un débat judiciaire déplacé - Le renouveau : mythe et réalité

III- L’usage politique de l’islam : Prémisses pour un débat. -La légitimation constitutionnelle de l’islam

- L’islam, facteur d’identité -l’impossible laïcité - l’impératif sécuritaire

-Une vision politique ‘’ officielle’’ de l’islam - -Les contraintes de l’ordre républicain - -L’islam unificateur - - Islam et pluralisme démocratique

IV- Repenser l’unité nationale.

- L ’unité nationale ou le nationalisme fédérateur - Une petite histoire des batailles identitaires - L’unité nationale à l’épreuve des Droits de l’Homme - L’esclavage n’a t’il pas été aboli ? !

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- Un Ministère pour l’unité nationale V-la lente évolution de l’Etat de Droit.

- l’autorité équivoque - Misères et richesse d’une nation - le coup d’Etat récurrent - Le piége de l’alternance - L’Etat de Droit, une indispensable utopie

Notes, références et indications bibliographiques

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I- Ruptures dans la stabilité

( Tribune n° du 20 septembre 2005) La principale victime du coup d’Etat du 3 août 2005 aura été l’image d’une Mauritanie stable et promise à un avenir radieux. Cette réputation , fortement contestée ,par une frange de l’opinion publique, était, pourtant , globalement bénéfique pour un pays, comme le notre, dont le passé reflète un imaginaire collectif troublé et qui au delà de ses contours n’inspirait que la peur ou le mépris.. Il faut dire que par l’un de ces paradoxes dont l’histoire a le secret une colonisation de référence chrétienne a engendré une république islamique dans un espace d’anarchie ( Sayba)1 qui excluait toute idée de centralisation. Cet événement heureux a consacré la naissance d’ un Etat national qui fut accepté , consciemment ou inconsciemment, par les Mauritaniens pour lesquels il continue de représenter une communauté de destin. En effet, malgré nos divergences, parfois profondes, nos confrontations, par tempérament, passionnées, aucun d’entre nous, à ma connaissance, n’a mis en cause l’attachement à un avenir commun. En revanche, l’impatience politique peut conduire à oublier que notre peuple qui est le produit des douloureux déchirements n’est pas encore une nation accomplie. Il ne le sera que le jour où la notion d’Etat sera profondément ancrée dans les mentalités et où l’unanimité se fera autour des fondements sacrés tels que l’unité nationale, l’islam et l’Etat de Droit qui constituent autant d’impératifs d’existence susceptibles de cimenter la société. Le nationalisme mauritanien se mesure à l’aune de l’engagement en faveur de ces fondements appelés à rassembler des populations qui se sont habituées à résider dans le meme territoire sans se comporter véritablement comme des citoyens d’un seul et unique pays L’ habitude de vivre ensemble est , néanmoins, suffisante pour favoriser la volonté de construire un destin commun et pour susciter le sentiment national de ce destin. Tout pouvoir politique digne de ce qualificatif est

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appelé à créer les conditions de nature à développer ce sentiment. ; et parmi celles ci, la stabilité occupe une place de choix. Le désir de stabilité Dans l’espace mouvant , à l’image de ses sables, où l’Etat mauritanien a été implanté, la stabilité est ,tout d’abord, la paix de tous les jours.. Elle implique la sécurité des personnes et des biens. Le désir de stabilité correspond à un sentiment majoritaire d’une société traumatisée par une longue absence d’un pouvoir central appelé à réguler les rapports sociaux. Malgré presque un demi –siècle de vie étatique, le tissu social demeure d’une extrême précarité. Le spectre des conflits tribalo-ethniques continue de hanter les esprits. Cette hantise est d’autant plus justifiée que l’environnement immédiat offre des spectacles d’horreur et de désolation qui n’inspirent que la méfiance vis à vis d’un quelconque changement du pouvoir et, à fortiori , d’une rupture avec celui ci. C’est dans ce contexte, toujours d’actualité, que la majorité des Mauritaniens animée par des intellectuels, des cadres, des notables , des femmes ,des jeunes et des politiciens de divers horizons a apporté son soutien, pour des motifs tout à fait honorables, au pouvoir du président Maouiya au lendemain du déclenchement du processus démocratique en 1991. L’élan en faveur de la stabilité était réel et correspondait à une vision bien partagée de l’intérêt de la Mauritanie. En outre, le pari sur la stabilité n’a pas été vain . Celle ci a engendré une incontestable diffusion de la prospérité et suscité un début de confiance des nombreux étrangers qui ; pour diverses raisons, ont été attirés par la sécurité assurée sur toute l’étendue d’un territoire jadis réservé aux aventuriers ; C’est donc par rapport à cet impératif de stabilité qui doit nécessairement se traduire par une assurance de la sécurité et par un maintien, sans faille, de l’ordre public, que le pouvoir issu de la rupture du 3 août 2005, a été ou sera apprécié par la majorité ci dessus citée . Il est vrai que des indices satisfaisants pour ce besoin de sécurité ont été perçus dés les premières heures du coup d’Etat et que le bloc de stabilité sur lequel reposait le pouvoir du président Maouiya s’est gravement cicatrisé à partir de la sanglante tentative de coup d’Etat du 8 juin 2003. Il est également vrai que le traitement sécuritaire excessif , particulièrement en période de crises, a attisé les frustrations et les rancœurs de divers segments de l’opinion qui ont formé une agissante coalition pour détruire la réputation de la stabilité de leur pays. Mais cela n’affecte, en rien, l’ardeur du profond désir de sécurité qui sera , dans les jours à venir, l’élément vectoriel de toute appréciation équilibrée de la situation politique dans sa nouvelle configuration. Paradoxalement, l’urgence dans l’immédiat, réside moins dans les promesses de justice et de démocratie que dans le maintien de cette

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stabilité acquise. Dans ce sens il s’agit d’œuvrer avec fermeté tout en évitant de céder à la tentation de l’arbitraire pour que les déchirements politiques en perspective se déroulent sans de préjudiciables débordements. Bien entendu, la responsabilité d’une telle exigence, dont dépend le sort du pays incombe, en premier lieu , au pouvoir qui s’est proclamé à la suite du coup d’Etat du 3 août mais elle incombe ,aussi, à la classe politique et à la société civile, toutes tendances confondues qui doivent, dans l’intérêt de l’unité nationale, s’entendre sur les termes d’un pacte de stabilité qui exclut du jeu politique, l’incitation à la haine et à la violence ainsi que la revendication du sectarisme sous toutes ses formes.. En tout état de cause , la capacité de répondre à l’exigence de stabilité doit etre déterminante dans le choix du futur président de la République. Il reste à préciser que le retour à un régime d’exception, meme partiel, est le signe d’une évidente pathologie qui affecte notre pays. A cet effet, l’une des indispensables réflexions qui doit rassembler par delà la classe politique, toutes les élites du pays, durant la période annoncée pour la mise en place des nouvelles institutions, doit nécessairement aboutir à un consensus sur les fondements du pouvoir Le pouvoir n’est pas au bout du fusil La condamnation de principe des coups d’Etat s’inscrit parfaitement dans la logique de toux ceux qui croient à l’Etat de Droit. Ce principe de plus en plus consacré en tant que norme du Droit international public correspond à une ferme volonté de décourager toute tentation d’accéder au pouvoir par une voie autre que celle du suffrage universel. Mais la prévention des coups d’Etat qui ne peut , en aucun cas, résulter d’une approche, par trop, sécuritaire suppose un approfondissement constant et progressif de l’Etat de Droit. Il faut avouer que l’un des plus grands problèmes de notre pays se trouve dans le décalage entre l’arsenal normatif et les réalités. Ce problème se situe, essentiellement, à deux niveaux : D’une part les institutions, les textes juridiques et autres mécanismes d’organisation se heurtent à l’indifférence d’une bonne partie des populations qui ignorent totalement leur utilité . D’autre part les élites censées favoriser l’ancrage des normes qui constituent la notion d’Etat, sont , pour la plupart d’entre elles, tributaires d’une dérive égoïste qui se traduit par une fâcheuse tendance au mépris de l’Etat du Droit. C’est une affirmation rapide et incontrôlée que d’attribuer la responsabilité de l’écart qui n’a cessé de se creuser entre les normes et les réalités au pouvoir du président Maouiya . S’il est vrai qu’en définitive celui ci doit assumer toutes les fautes commises, il n’en demeure pas moins vrai que des hauts responsables,, de nombreux cadres compétents et des brillants intellectuels ont contribué par

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faiblesse, par égoïsme ou par mauvaise foi à l’affaiblissement de l’Etat du Droit. C’est dire qu’il ne sert à rien de se lancer dans des accusations qui ne peuvent etre d’aucune utilité pour une vision de l’avenir de la Mauritanie.. Bien entendu l’attachement à cette vision n’ empêche point le fait de garder à l’esprit, l’impérieuse nécessité de redresser les dysfonctionnements résultant de la mauvaise gestion et surtout de réparer les préjudices subis à la suite d’un traitement sécuritaire abusif.. A cette fin, il importe d’œuvrer inlassablement pour que la peuple mauritanien devienne une nation capable de faire face, avec sérénité, à son passé . Tout son passé. En fait, cette aspiration se réduirait à un vœux pieux si l’on envisage pas un consensus sur un point de départ . Or celui ci ne peut etre que le retour promis, dans les meilleurs délais à l’ordre constitutionnel. Il conviendrait, dés à présent, de préparer ce retour , qui correspond à une attente consensuelle ,par l’élaboration d’une option nationale qui vise la dépolitisation de l’Administration et la ‘’ dés administration ‘’ de la politique. Autrement dit les fonctionnaires, doivent à l’instar des membres des forces armées et de sécurité s’engager formellement à n’exercer, sous peine de sanctions, aucune activité politique et à s’abstenir de toute déclaration publique. Seuls ceux qui auront choisi la politique comme chemin pourraient ainsi faire carrière dans des partis et prétendre aux fonctions politiques. Professionnaliser la politique est une mission d’intérêt général qui mérite d’etre supportée par la collectivité nationale. Cela dit, il faudrait, immédiatement, favoriser une prise de conscience collective du danger des coups d’Etat pour l’avenir du pays. Dans ce sens, le conseil militaire pour la justice et la Démocratie qui a déjà exprimé son désintérêt pour le pouvoir devrait, dans intérêt de la Mauritanie, afficher ; de manière claire et sans équivoque sa méfiance vis à vis de certaines manifestations de soutien dont il peut se passer et qui , de toute manière, ne peuvent jamais etre sincères. Les nouveaux laudateurs et les anciens souteneurs professionnels, formés dans une constante tradition d’approbation, offrent un triste spectacle du déjà vu au sujet duquel Feu Moctar ould Dadah avait dit qu’il inspire ‘’ plus la pitié que la désapprobation’’2. Le pays ne peut pas avancer avec des faux -semblants qui ne reflètent que l’indécence et l’indignité . De meme, cette prise de conscience suppose une ferme volonté politique qui s’inscrit en faux contre l’apologie des tentatives des coups d’état et surtout contre la revendication de celles ci par voie de presse . La liberté d’expression garantie, en vertu de la constitution, n’implique nullement, l’exaltation d’un fait prévu et puni par la loi.

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C’est, sans doute, faire preuve d’antimilitarisme primaire que de dire que l’armée ne peut pas réussir dans l’exercice du pouvoir. Il existe, d’ailleurs de nombreux cas où des dirigeants militaires se sont révélas etre des valeureux démocrates et des patriotes sincères . tandis que dans d’autres cas des leaders civils ont incarné le despotisme et l’oligarchie. Mais dans un Etat de Droit, la mission de l’armée et des forces de sécurité ne peut etre que la défense de la patrie et le maintien de l’ordre public. Cette noble mission qui fait l’objet d’un consensus a été saluée par l’ensemble des courants politiques , y compris ceux de l’opposition radicale au pouvoir du Président Maouiya, au lendemain de l’attaque de lem’gheity 3 A ce sujet, autant le dire tout de suite avant qu’on nous le reproche, l’auteur de ces lignes est mal placé pour jouer les va-en- guerre. D’ailleurs et de science certaine , rien ne vaut, pour l’avenir de la Mauritanie , la paix, quand bien meme, celle ci se réalise au prix de douloureuses concessions. Il est bien difficile , cependant, de ne pas considérer que lemgheity a été une humiliation nationale. Pire, cet affront, qu’il faudra un jour laver, a été commis au nom d’un ‘’ islamisme’’ qui soulève bien de questions. ‘’L’islamisme’’ en questions ? En effet, la revendication de cette barbarie par le groupe salafite4 pour la prédication et le combat soulève une grave question relative à la terreur commise, injustement, au nom de l’islam. Aucun pouvoir , ayant le sens des responsabilités, ne peut feindre d’ignorer que le développement de la théologie du combat , à des fins politiques d’actualité, s’inscrit en faux contre l’ordre public tracé par les lois et règlements de l’Etat. Ainsi, la culture de l’anathème ( Takfir) , l’instrumentalisation politique des mosquées et la vulgarisation ,dans le cadre d’une propagande politique, des règles relatives au jihad sont autant d’éléments qui , à défaut, d’interdire l’indifférence doivent ,au moins, susciter l’inquiétude. Mais pour que l’obligation d’endiguer la tentation extrémiste ne se transforme pas en obsession sécuritaire, porteuse d’abus, il faudrait un traitement politique de ce problème qui touche à l’un des fondements sacrés sur lesquels doit reposer la cohésion de la Nation. De ce fait, la classe politique, qui compte parmi ses rangs un courant de pensée islamiste pluriel et dynamique, est appelée à favoriser, à travers le débat en cours, une approche consensuelle du rôle et de la place de l’islam dans la république.

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A cet égard, il nous parait que la solution apportée par la constitution du 20 juillet 1991 a , d’ores et déjà, jeté les bases de ce consensus. L’islam doit etre transcendant, en ce sens, qu’il s’impose à tous les partis politiques quelque soit leurs inspirations idéologiques. Ce principe fondateur implique l’impossibilité, pour un quelconque parti ; de remettre en cause les dispositions constitutionnelles relatives à l’islam mais aussi l’interdiction de toute appropriation de l’islam par un parti déterminé.. Cette approche unitarienne vise à faire de l’islam un élément identitaire qui s’inscrit dans la permanence de l’Etat et dont le message éternel est un recours précieux pour dépasser les déchirements de circonstance.. Cette solution implique, également, pour l’Etat la protection, sous réserve des dispositions relatives aux libertés publiques et notamment la liberté d’expression, du caractère patrimonial de l’islam. Une telle protection, qui existe dans la quasi totalité des pays musulmans, doit se traduire par une valorisation de notre patrimoine culturel islamique. Il semble d’après le discours de certains ‘’ islamistes’’ que ceux ci ont évolué par rapport à l’idée de créer un parti dont l’appellation évoquerait une appropriation de l’islam. Mais, malgré quelques déclarations timides, la question du retrait de la loi relative aux mosquées5, exigé par ‘’les islamistes’’ aux termes d’un accord électoral dans le cadre des présidentielles de 2003 n’a pas encore été élucidée . Or , le fait qu’un courant politique issu de ‘’l’islamisme’ demande la suppression de la loi portant statut des mosquées qui tend à protéger l’ordre public nous parait suspect . La mosquée est avant tout un lieu de recueillement et d’unité spirituelle pour les musulmans. Elle ne saurait etre le lieu de confrontations politiques de nature à semer la discorde ( Fitna) ; Ceci est d’autant plut vrai que dans un contexte démocratique marqué par le pluralisme, les querelles d’ordre politique ne doivent en aucun perturber la sérénité consensuelle qu’exige la mosquée. Il reste entendu que le Débat nécessaire pour la construction philosophique et juridique sur laquelle doit reposer l’Etat mauritanien ne peut jamais négliger la pluralité et la vitalité de la pensée islamique qui constitue une indispensable source de ravitaillement pour la Justice et la Démocratie. Balises pour la Justice et la Démocratie Le hasard du calendrier fait que la rupture du 3 août 2005 qui promet la Justice coïncide , à peu prés, avec la nuit du 4 août qui, dans l’histoire de la révolution française, a été celle de l’abolition des privilèges.

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Mais l’ambition révolutionnaire qui n’est plus à l’ordre du jour ne peut résulter que d’une illusion et non d’un projet politique de gouvernance qui vise la continuité de l’Etat. D’ailleurs à l’exception de quelques charmants romantiques, les différents leaders d’opinion savent bien, qu’en matière de justice, il n’y’ a d’autre politique que celle du possible. Ce qu’il faut , à cet effet, ce n’est pas revendiquer la justice dans l’absolu, ni se focaliser sur l’organisation judiciaire mais tout simplement promouvoir le sens de la justice qui , il faut le reconnaître, a été gravement anéanti par les mauvais choix des hommes. Autrement dit il faudrait que le circuit des nominations6 aux fonctions d’intérêt public obéisse , dés maintenant, à des critères objectifs qui ne poursuivent que intérêt de la collectivité nationale. Il faudrait également susciter la confiance des centaines de cadres et d’intellectuels qui se sont exilés à l’extérieur7 pour fuir la précarité des conditions de vie ou qui, par scrupules moraux, se sont abstenus de contribuer à la banalisation des injustices. Au total, le succès de l’ambition de justice dépendrait du facteur humain ; Il serait fonction d’un choix judicieux qui se porterait sur des femmes et des hommes justes et qui , libérés de la mentalité du campement8., s’ inscrivent dans une perspective visant à réduire l’écart entre l’Etat de Droit et les réalités. Pour ce qui est de la Démocratie, il conviendrait de tenir compte de l’évidence qui fait que les démocrates ne sont pas légion dans ce pays . C’est essentiellement pour cette raison que le nombreuses élections pluralistes et les différentes institutions démocratiques n’ont pas été en mesure de sauvegarder totalement l’acquis dans ce domaine. La Démocratie est un idéal à atteindre, qui est dans l’air du temps et qui correspond à l’unique système politique pouvant favoriser , à long terme, la paix civile. Mais si par définition elle constitue le ‘’pire des systèmes à l’exception de tous les autres’’, il faut, malheureusement constater que , dans le cas mauritanien, elle a contribué ,par un électoralisme des plus abusifs, à l’affaiblissement de l’Etat de Droit. Cependant, l’évolution démocratique de la Mauritanie qui s’est traduite par des incontestables avancées , dépendrait de l’aptitude des nouvelles autorités d’assurer, en concertation avec les forces politiques réelles, une promotion effective de la culture démocratique . Toutes ces ambitions généreuses, du reste, théoriquement bien faciles à revendiquer seraient, néanmoins, tributaires d’une pratique qui permettrait le bon fonctionnement de la Démocratie. Sur ce point, une solution à mi chemin entre un parlementarisme qui pourrait tourner à la paralysie et un présidentialisme qui favoriserait la tendance à l’exercice

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solitaire du pouvoir , dépendrait du choix de l’homme qui aura répondu à l’appel du destin commun. Destins croisés On ne naît pas Président, on le devient Depuis l’indépendance de la Mauritanie cinq dirigeants9 ont fait face à cette suprême responsabilité , à la fois, grave et exaltante. Il n’est pas aisé pour qui n’a pas été dans leur secret de décrire comment, dans leur for intérieur, ils ont vécu cette expérience. Mais on peut valablement considérer comme l’avait dit feu Moctar ould Daddah que’’ le pouvoir n’est pas une sinécure’’ . Ces hommes qui ont dirigé notre pays appartiennent désormais à notre passé commun. Le dévouement à la patrie conduit à voir dans le coté positif de l’œuvre de ces dirigeants, un fondement national. Leurs échecs qui se sont traduits, par des erreurs ou par des horreurs, dans l’exercice de leurs fonctions, sont ceux de notre pays.. En vertu de la loi qui leur accorde un statut d’anciens Présidents10 , ayant droit à des honneurs et à des avantages consentis par la collectivité nationale, c’est la reconnaissance des services rendus à la Nation qui a été consacrée par la volonté de celui qui vient de quitter le pouvoir dans les mêmes conditions où il y est arrivé. Le 12 décembre 1984, un journaliste de la radio nationale iranienne a annoncé le coup d’Etat survenu en Mauritanie en s’inquiétant du prénom de celui qui en est l’ instigateur . Dans la mémoire shi’ite, ce prénom est celui ‘’d’un imposteur’’ qui s’est emparé d’un pouvoir qui’’ revient de Droit’’ aux gens de la maison du prophète ‘’Ahl Albeyt’. Le compagnon du prophète Maouiya bnou abi sufyan dont la légitimité a été consacrée par le sunnisme majoritaire, a été le fondateur d’un Etat qui annonça, dans l’histoire de l’islam, une sécularisation du pouvoir politique. Cet Etat se situe aux antipodes de l’Etat théocratique auquel aspirent , aujourd’hui, de nombreux islamistes.. En effet, Sur la base d’un précepte érigé en Hadith jamais authentifié, les sunnites se sont accommodés avec l’idée que’’ soixante dix ans de règne d’un despote valent mieux que l’anarchie pendant une heure’’. Les maîtres du sunnisme ont , surtout, développé , sur la base des fondements du Droit musulman, le concept de l’obéissance à l’autorité . Cette conception du pouvoir, qu’incarne le légalisme malikite, demeure , qu’on le veuille ou non, dominante en Mauritanie.11 Le Président Maouiya dont le pouvoir aura duré , comme à peu prés celui de son homonyme omeyade, vingt ans, aura été , dans l’Histoire de notre pays, celui qui a , outre le fait d’avoir assuré la stabilité déjà

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évoquée, su indiquer le chemin d’une Démocratie à consolider et d’une modernisation à poursuivre. Maouiya aura été surtout un Patriote qui aime, passionnément son pays , peut etre trop passionnément. Un amour qui l’a conduit à se débarrasser des sentiments propres pour inspirer une politique étrangère sur la base des intérêts nationaux de la Mauritanie. Cette politique marquée par le souci de modération a , largement, contribué à la stabilité et à l’image de notre pays. Nous laisserons à d’autres le soin de disserter sur ses défauts comme, d’ailleurs, sur ceux de son successeur ; un Khalil Gibran dirait , dans ce sens : ‘’je préfère leurs défauts, ils ressemblent aux miens’’. Cependant, cette règle que nous nous sommes fixés , à titre d’appui à une vision d’avenir, ne nous interdit point de reconnaître, dans le cadre d’un débat constructif qui porterait sur un bilan assumé, les défaillances d’un système qui ont été, à maintes reprises, signalées. Ces défaillances ont été , à coup sûr, autant de conditions objectives de la rupture du 3 août 2005 qui a porté au pouvoir l’un des plus proches collaborateurs du Président Maouiya , le désormais chef de l’Etat, colonel Ely ould Mohamed Val . S’ils s’en tiendraient au prénom de celui qui incarne le nouveau pouvoir , les Shi’ites auraient toutes les raisons de pavoiser. Mais, ce prénom évoque également pour les Sunnites, celui de l’ illustre et vénéré compagnon du prophétie Ali bnou Abi Taleb qui a accepté de renoncer, dans l’intérêt de la communauté, au privilège du pouvoir et qui, de ce fait , jouit d’un immense prestige aux yeux de tous les Musulmans. Il faut espérer que son homonyme mauritanien puisse user des qualités, dont il ne manque pas, pour assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel. De la réponse à cette attente consensuelle dépendrait l’ inscription de son nom dans l’unique destin qui compte, à nos yeux, celui de la Mauritanie.

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II- Vérités et mensonges dans le procès du PRDS ( Nouakcott- info n° du 20 novembre 2005) Tout a été dit contre le PRDS12 : Parti- Etat, tigre en papier , redoutable machine de fraude électorale et que sais je-encore ? une maladie honteuse que doit être , au plus vite, éradiquée . Vu de l’extérieur, le parti apparaît comme un objet de défoulement pour des commentateurs ayant des comptes à régler. Ses déboires, qui semblent déjà provoquer d’indignes redditions, sont perçus comme des signes annonciateurs d’une ‘’ére nouvelle’’ et ses déchirements constituent une aubaine pour tous ceux qui souffrent d’un manque d’adhésions. De l’intérieur, la plus grande formation politique du pays sort , à travers son troisième congrès, d’une ‘’pérestroika’’ qui a pris ,dans certains cas, l’allure d’une haine de soi. Mais contre ceux qui réclament, et pour cause, sa dissolution et ceux qui revendiquent, sans en avoir les moyens, sa re fondation , l’impressionnant dispositif implanté sur toute l’étendue du territoire national a apporté un cinglant défi. En effet, l’élection d’un conseil national, à la suite d’un vote libre, constitue, en elle- même , un acte démocratique dont les uns et les autres feraient mieux de tenir compte Une incontournable réalité socio -politique A vrai dire, il ne sert à rien de nier que l’assemblée élue représente une certaine réalité de la société mauritanienne qui s’exprime par une vision de la politique profondément ancrée dans les mentalités. Nul n’ignore que sous le vocable pudique de ‘’ la dynamique régionale’’ utilisé dans la phase préparatoire de l’élection précitée, se cachent les alliances , contre alliances et autres intrigues de la plupart de ceux qui’’ lient et délient’’- (Ahlou al halli wa al aghdi ) 13de la Mauritanie traditionnelle

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D’ailleurs, les études et les analyses qui poursuivent une certaine objectivité aboutissent , dans la plupart des cas , au constat selon lequel la compétition des ordres segmentaires ( tribus , ethnies , régions .. ;) est inévitable dans la recomposition du paysage politique mauritanien

Pour reprendre une expression qui a servi de titre au pertinent essai anthropologique consacré par Madame Mariella villa santé- de Beauvais à cette incontournable réalité , le couple ‘’ parenté et politique 14 en Mauritanie ‘’ représente une donnée fondamentale des pratiques politiques dans notre pays. Certes le souci de modernisation peut conduire des esprits bien pensants à déplorer le fait que dans les processus électoraux inhérents à la dite recomposition, le choix des candidats , lequel aurait l’inconvénient majeur de favoriser une sorte de front inter tribal, se fait moins en fonction d’un engagement pour le renouveau , du reste discutable , qu ‘en fonction de la capacité réelle ou supposée de mobilisation. Mais le sens du pragmatisme a conduit , les promoteurs de’’ la dynamique régionale’’ , à tort ou à raison, à ne retenir comme critère qu’une seule question adressée à tout postulant ‘’ combien de divisions , celui-ci , peut il aligner ?’’ Ceux , d’entre eux , qui ont ‘’des scrupules théoriques’’ se sont résignés à l’idée que c’était peut être le seul moyen de gagner en légitimité au risque de perdre en qualité. C’est , d’ailleurs, dit on, en raison de cette option que le PRDS est un parti de masses et ce n’est pas un hasard que l’unes des questions les plus difficiles qui a marqué par delà les travaux préparatoires, les assises du congrès a été celle de l’appellation du parti. Les tenants de la thèse du maintien du qualificatif ‘’républicain’’ ont insisté sur la charge affective , en langue arabe, de cet adjectif qui par un glissement sémantique devient ‘’ Al jamhour’’15et qui évoque , de ce fait, l’idée du grand public. Dans la culture islamique, cette notion équivaut à la majorité des ulémas dont l’avis s’impose à la communauté laquelle selon un hadith du prophète ‘’ne se rassemble pas autour de l’égarement’’ Une telle croyance, bien partagée, conduit inévitablement à la recherche du consensus C’est, fort probablement, à la faveur d’une telle finalité que le congrès du PRDS a donné l’image d’un impressionnant camaïeu politique ou toutes les couleurs se côtoient. Quand des notabilités tribales et villageoises se liguent avec des représentants des quartiers populaires , quand les courants d’opinion les plus opposés se retrouvent autour d’une ambition politique et quand, par dessus tout, un parti suscite un rassemblement

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d’une extraordinaire diversité , c’est , avant toute autre considération, l’unité nationale qui se trouve renforcée. On le dira jamais assez , le socle makhzénite15, façonné par une soumission culturelle à l’autorité, autour duquel s’est construit le PRDS constitue une réalité sociopolitique avec laquelle une multitude de cadres et de politiciens a décidé de composer :. Le sentiment dominant dans ce rassemblement a été , sans aucun doute, le désir de préserver l’unité. Mais cette vocation unitarienne n’exclut point les fortes dissensions qui , et ce n’est pas nouveau , font du Parti républicain un espace politique tourmenté. Un espace politique tourmenté Dans le centième numéro d’aljamhouiya ( journal du parti) paru le 13 juin 1995 , nous avons souligné , s’agissant d’une campagne d’adhésions, que ‘’ ce qui est en jeu ,c’est de savoir si l’on veut bâtir un grand parti autour d’une ambition pour la Mauritanie , ou si l’’ on tolère les égoïsmes de toute sorte qui pourraient se manifester sur le terrain. Ce qui est à protéger et à consolider , c’est l’esprit du parti lequel implique l’attachement à des idées , à un projet de société , à une certaine conception de la Mauritanie’’ Malgré quelques avancées timides dans le sens de la modernisation du parti celui ci est globalement resté une machine électorale qui favorise le militantisme de circonstance et le m’ a tu vu ? En outre, la forte mobilisation qui a marqué les différentes campagnes d’adhésion a toujours été réalisée au détriment des objectifs de qualité L’une des graves défaillances du PRDS réside, en effet, dans le fait qu’il n’a pas su, pu ou voulu maîtriser les opérations d’ inscription de ses militants16. De ce fait les rivalités des intérêts sectaires et égoïstes au sein du parti ont produit des résultats aberrants qui font que le nombre de militants inscrits s’est trouvé , dans certains cas, supérieur à celui du collège électoral.

Cette pratique anachronique , à maintes reprises critiquée , n’est pas l’unique conséquence de ces dissensions internes qui , le plus souvent , ont dépassé ,dans leur expression, les limites du débat démocratique et qui se sont, souvent, soldées par d’injustes et préjudiciables exclusions. Mais de là à dramatiser ce qui s’est passé dans le troisième congrès , il y’ a un pas que certains se sont empressés à franchir. Les affrontements des tendances, tout à fait naturels, auxquels nous avons eu à assister relevaient plus de la divergence de visions que de la querelle de personnes . Nous pouvons même affirmer , sans entrer dans le détail dans lequel, semble il , réside le diable , que l’un des cas les plus amplifiés se limite en fait à une sérieuse opposition entre deux styles dont l’un résulte des séquelles d’un syndicalisme combatif et véhément tandis

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que l’autre se nourrit d’un mélange de pratiques politiques souterraines et de la culture du non dit17 . Il y’avait donc matière à un vrai débat d’idées et , de toute manière de nombreux esprits étaient , plutôt disposés , à favoriser une approche consensuelle. Cette bonne disposition pouvait être mise à contribution afin de trouver une solution pour les quelques cas litigieux qui ont fait l’objet de vives protestations . En tout état de cause , dans cette tourmente qui secoue le PRDS , seuls des tracassiers par vocation peuvent aller à contre-courant du consensus et de ce point de vue, rien ne justifie, à priori, le recours à la voie judiciaire. Un débat judiciaire déplacé Il convient de souligner que cette option judiciaire a produit de multiples effets . Au niveau de l’opinion publique soumise à la rumeur , l’événement est apparu comme étant une dissolution favorablement accueillie par les adversaires endurcis du PRDS . Il est donc permis de se demander si des vrais militants de ce parti trouvent leur intérêt dans une aussi mauvaise publicité . Il peut paraître, également, paradoxal que le militantisme dans ce parti , tant décrié, se transforme , subitement, en une passion amoureuse qui conduit ses victimes à recourir à la justice . Depuis quand le PRDS est -si bien aimé ? Toujours est- il qu’ une décision de la justice doit être respectée. C’est, d’ailleurs, sur la base de cette conviction que, malgré l’effet de surprise générateur de frustrations, le bureau du congrès a immédiatement décidé de reporter la réunion du conseil national prévue le 28-10-2005. Ce comportement , bien républicain, relève d’une éthique de l’ordre public. D’autres dirigeants politiques , versés dans le victimisme, auraient, en pareil cas, crié au scandale en incitant leurs partisans à la rébellion. Pourtant, tout indique , eu égard au déroulement de l’élection contestée, que l’action judiciaire n’est pas , pour le moins , appropriée. D’abord, parce que dans l’organisation de tous les partis , il y’a des mécanismes internes qui connaissent des litiges et autres contestations et à moins que les requérants ne soient des initiés mus par des calculs fondés sur des données protégées, il n’y’ avait ni urgence ni péril en la demeure. Ensuite, malgré tout le respect pour l’intime conviction du juge, 18 Les arguments invoqués par les plaignants ne sont pas du tout pertinents . Les ex ministres qui ont participé au congrès l’ont fait à titre de délégués ou de membres du conseil national sortant S’agissant des ex députés, il faisaient partie du collège des délégués convié au congrès qui devrait se tenir avant la dissolution du parlement et il est bien concevable de

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considérer que le report de ce congrès , décidé par le conseil national , implique la convocation de tous les congressistes , initialement prévus Pour ce qui est de l’argument tiré du non respect de la procédure de la convocation qui devrait être adressée par le président du parti , outre le fait que cette convocation résulte , comme on l’a signalé du report précité , l’empêchement institutionnel consécutif au coup d’Etat du 3 août engendre une situation de fait avec laquelle le parti se trouve dans l’obligation de composer. A vrai dire, derrière les prétentions des requérants se cache l’intention quelque peu sournoise de mettre en mal leur parti avec les nouvelles autorités Mais dans un régime d’exception , il n’est pas bien indiqué de développer ce genre d’arguments qui peuvent facilement être retournés contre leurs auteurs . La dissolution du parlement est une vérité matérielle que les forces politiques ont acceptée moyennant une promesse de légitimité constitutionnelle mais elle ne correspond pas à une vérité juridique que des activistes peuvent invoquer pour des considérations inavouées. Un autre zélateur du PRDS , et dieu sait qu’il y’en a, pourrait bien , sur la base de la charte du conseil militaire pour la Justice et la Démocratie accuser les plaignants de vouloir maintenir le président du parti en provocant l’annulation judiciaire des décisions du troisième congrès Les contestataires qui ne sont rendu compte de la dissolution du parlement , de l’inexistence d’un récépissé attestant la légalité du parti et d’autres arguties juridiques qu’après un vote démocratique, font figure de mauvais perdants et ont, en tout cas, injustement, porté atteinte à l’honneur de toute une assemblée. Le juridisme sans issue dans lequel ils se sont enfoncés autorise la surenchère, les règlements des comptes et se construit , le plus souvent , au détriment des libertés publiques. Au demeurant, le débat judiciaire est d’autant plus déplacé que ceux qui l’ont provoqué prétendent incarner le Renouveau. Le Renouveau : mythe et réalité Les hommes politiques ne mentent pas mais ne disent pas toute la vérité. Il semble, en effet, que dans le vocabulaire politique, le terme mensonge équivaut à un non-sens 19. C’est pourquoi de plus en plus on parle de contre-vérité pour éviter de céder à la tentation de présumer l’intention de tromper. En réalité l’usage de ce terme n’est pas conforme à l’indispensable convivialité et aux règles élémentaires de bienséance . C’ est , donc , uniquement, pour la clarté de l’exposé et non sans regret que nous l’avons employé. Cela dit, il n’a y’a pas , malheureusement , d’autre expression plus adéquate pour qualifier certains prétentions incompatibles avec le code

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d’honneur qui doit régir les relations entre les membres d’un groupement politique. Les militants , congressistes ou non , qui se sont distingués par la hauteur du verbe , en revendiquant le renouveau , n’incarnent pas forcément cette revendication. En outre , le tapage qu’ils ont organisé était , avant tout , destiné à masquer une douloureuse vérité , celle qui tient au fait qu’ils étaient , tragiquement minoritaires.. Il aurait été plus loyal de leur part d’en tirer les conséquences, comme d’autres militants l’ont fait, et de continuer leur combat politique ailleurs L’acharnement dont il font preuve relève de la supercherie, poursuit d’autres objectifs et ne peut , en aucun cas , découler d’une volonté de rénover le parti. En effet , le renouveau , implique au préalable , une rupture avec la culture du faux et de l’usage du faux . Or, cette tentation à laquelle succombent facilement de nombreux praticiens de la politique constitue une circonstance aggravante pour ceux qui se disent rénovateurs . On ne renouvelle point avec du Faux. En plus , il faut bien espérer que les auteurs de l’ étrange harcèlement en cours ne confondent pas le‘’ renouveau’’ avec ‘’ l’ère nouvelle’’ dans laquelle certains , d’entre eux , ont , dans leur parcours va et vient, milité. Les annales politiques du pays retiennent l’éclatement désastreux que cette dernière a produit au niveau de la plus grande formation de l’ ex opposition , l’union des forces démocratiques ( UFD) laquelle s’est , progressivement , vidée des diverses sensibilités politiques ‘’rejetées depuis dix ans’’ par le parti héritier de cette formation.( le RFD) aux dires même de l’ancien candidat de ‘’l’ère nouvelle’’2 A l’opposé de cette vision monolithique se trouve la volonté, dictée par le bon sens et la modération, de rassembler des citoyens de divers horizons , quelque soit leur sensibilité politique , quelque soit leur motivation locale ou leur ancrage traditionnel, autour d’un programme commun de gouvernance, destiné à assurer une participation à tous les échelons de la vie politique nationale. C’est dans cette perspective et conformément aux objectifs de la transition que le troisième congrès du PRDS s’est inscrit . Il s’agissait d’affirmer cette volonté de rassembler les diverses composantes politiques et sociales qui font la force du Parti tout en relevant le défi de la rénovation qui correspond à une impérieuse nécessité . Sur la base d’un bilan critique21 , jamais dressé, les incontestables réalisations ont étés valorisées et les graves défaillances ont été indexées. En somme , le renouveau a été prescrit aussi bien en ce qui concerne le discours qui porte désormais sur des sujets tabous , qu’en ce qui concerne certaines méthodes jugées archaïques .

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De même , le renouveau et ceci semble convenu , implique l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants, issus des rangs du Parti, capable de réaliser les objectifs fixés aux termes d’un débat réellement libre et démocratique. Ce réalisme , déroutant pour les détracteurs du PRDS, n’a rien d’étonnant dans la mesure où la plupart de ceux qui ont adhéré à ce parti sont d’un point de vue politique des réalistes. Les révolutionnaires, les idéalistes, les rêveurs , les promeneurs solitaires et tous ceux qui prennent leurs fantasmes pour des réalités ont la possibilité de rejoindre d’autres partis et seraient en tous cas plus honorables s’ils s’abstiendraient de s’engouffrer dans ce qui ressemble à une hideuse imposture. Quant aux réalistes du PRDS , ils n’ont pas changé c’est la réalité qui a changé. Depuis le 3 août 2005 , le nouveau pouvoir proclame, haut et fort, sa stricte neutralité dans des compétitions politiques qu’il compte organiser dans un proche futur. Peut on leur en vouloir de mettre à profit de généreuses intentions qui tiennent à la justice et à la démocratie pour se réorganiser et pour contribuer , selon leur vision, à la construction du pays ? C’est , visiblement , ce qui résulte de la rhétorique de l’intimidation qui tend à diaboliser le PRDS par le biais d’ un populisme des plus vulgaires qui réduit cette formation politique à un nid de brigands , d’escrocs et autres voleurs. Tout en profitant de ce lynchage peu glorieux , certains adversaires politiques du PRDS se montrent, quand même, indulgents en soutenant que seule la contrainte pouvait justifier l’adhésion à un tel parti et que ceux qui ont ‘’ bu la honte’’ d’y adhérer seraient les bien venus dans les leurs . Hélas, quelque soit l’issue de la crise qui ébranle le parti républicain , ce genre de clins d’ oeils , assez louche, soit dit en passant, ne peut pas effacer l’élan unificateur des forces vives de la nation qui se sont rassemblées dans ce parti. Nombreux , en effet , sont les hommes et les femmes , les adultes et les jeunes , les cadres intègres et compétents , les notables honorables et influents ainsi que les politiciens aux diverses sensibilités qui se sont retrouvés dans ce rassemblement et qui n’ont , strictement, rien à se reprocher. Ils ont le sentiment exaltant d’avoir servi , avec altruisme et générosité , leur pays . Prière les respecter s’il vous plait.

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III- L’ usage politique de l’islam : Prémisses pour un Débat ( Nouakcottt info numéros Décembre 2005) Comme son nom l’indique la République islamique de Mauritanie est un pays qui affiche de manière ‘’ ostensible ‘ , dirait un laïc, son appartenance a l’islam. Cette revendication, sans équivoque ; de l’identité religieuse ne peut, au zénith de la globalisation , que susciter un intérêt certain si ce n’est pas une certaine suspicion. ‘’L’islam mondialisé’’22 est en effet devenu depuis ‘’la mort des idéologies’’23 l’un de ces horizons indépassables de la pensée humaine. L’une des conséquences les plus manifestes du tumulte, tragiquement irrationnel, des thèses annonçant ‘’ la fin de l’histoire’’24 et ‘’le choc des civilisations’’25 a, incontestablement, été la multiplication, au niveau politique, des regards curieux, craintifs et parfois accusateurs envers l’islam 16. Dans la cohue grouillante des déclarations, des articles , des études et des approches les plus contradictoires, la question de savoir si la religion musulmane peut s’accommoder avec les normes standardisées de l’ ordre politique mondial, semble nettement se distinguer. Or la tentation de se focaliser sur l’islam, qui se nourrit des motivations purement conjoncturelles, ne doit pas faire oublier que le véritable enjeu du débat est pour les uns de fixer des frontières entre le religieux et le politique tandis que pour d’autres, il s’agit de réaffirmer les inévitables interférences des deux sphères. Aucun Etat au monde ne peut échapper , bien entendu à des variables degrés d’intensité, à l’opposition entre les tenants et les adversaires d’une stricte séparation de la politique et de la religion26.

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Au plan théorique, la question a, d’ailleurs , été traitée de manière abondante et son intérêt se réduit, essentiellement, a une perspective visant a comparer les expériences nationales, en la matière. Au total, les référents socioculturels qui déterminent la perception politique du fait religieux ont tendance à consacrer , même dans les cas de figure extrêmes, un syncrétisme qui fait que d’une part, les Etats les plus théocratiques adoptent des normes politiques profanes et que d’autre part, les Démocraties les plus laïques se référent à des valeurs religieuses sacrées. Cette omniprésence du religieux imprime sa marque à la politique internationale comme si le bon sens voudrait , qu’à son image, l’usage politique de la religion soit la chose au monde la mieux partagée. C’est donc de cet irrésistible usage , pour le meilleur et pour le pire, dont il sera question dans les lignes qui suivent, à travers l’expérience d’un pays profondément religieux .

A cet effet, il convient d’interroger le mélange d’expressions religieuses et de notions séculières qui caractérise l’organisation politique et institutionnelle de la Mauritanie. S’agit t’il d’un Etat laïc ou d’un Etat confessionnel ? Quelles sont les implications pratiques de ‘’l’islamité’’ de la République’’ au niveau du processus décisionnel politique ? Et quelles en sont, notamment, les conséquences pour ce qui est de la légitimité et de la légalité de ce processus ? Que vise précisément cet attachement politique, fortement exprimé, à l’islam ? Quel islam ? pendant qu’on y est Loin de toute prétention de répondre aux multiples interrogations que soulève un thème d’une insurmontable complexité , la présente contribution vise à apporter au débat politique des éléments pour une réflexion, laquelle nous paraît nécessaire, sur la juxtaposition du sacré et du profane qui résulte de la double inspiration des valeurs islamiques et républicaines .Ce dualisme fondateur de la République découle de la légitimation constitutionnelle de l’islam et se traduit par une vision politique ‘’officielle’’, de celui ci . La légitimation constitutionnelle de l’islam C’est par une profession de foi en la toute puissance d’ALLAH que commence le préambule de la constitution du 20 juillet 1991 qui , en outre, revendique avec force les valeurs spirituelles et le rayonnement de la civilisation du peuple mauritanien avant de proclamer l’attachement de celui ci à l’islam lequel constitue selon une formule du même préambule la ‘’seule source de droit’’27

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En plus de ces mentions inaugurales, plusieurs dispositions constitutionnelles font référence explicitement à l’islam. Ainsi aux termes de l’article premier ‘’ la Mauritanie est une république islamique’’, l’article 5 dispose que’ ’l’islam est la religion du peuple et de l’Etat’ tandis que ’l’article 23 prévoit que ‘’le président de la république est de religion musulmane.’’ et que l’article 94 institue auprès du président de la république, un organe consultatif nommé haut conseil islamique. De manière implicite, l’article 15 affirme la reconnaissance et la protection par la loi des biens wakf lesquels constituent une fondation spécifique à l’islam et l’article 16 déclare que l’Etat et la société protégent la famille qui est, selon le préambule, la’’ cellule de base de la société islamique’ Avec autant de références constitutionnelles à l’islam, l’option de la séparation du religieux et du politique est , évidemment, d’emblée exclue. L’islam , facteur d’identité .Mais cette évidence n’a d’égale que l’absence de la notion de la ‘’république’’ dans le patrimoine islamique de la Mauritanie. Il faut, donc, partir du constat que sur la base d’une conception étrangère à ce patrimoine , une république a été proclamée, le 28 novembre 1960 ,dans le cadre d’une indépendance accordée et concertée. Il semble que les acteurs de cet évènement annoncé dés 1958 par une phase d’autonomie interne , avaient à l’esprit, en qualifiant la République d’islamique, le souci de trouver un terrain d’entente entre les partisans de l’arabité et ceux de l’africanité. Malgré les discussions, fort intéressantes , sous la tente28 entre ‘’traditionalistes’’ et ‘’modernistes’’ pour élaborer le projet de constitution et préparer la proclamation de l’indépendance, il est permis de se demander si en raison du contexte, des urgences et des moyens, les premiers constituants coloniaux et Mauritaniens ont eu à engager un débat de fond sur la place de l’islam dans l’édifice républicain en fondation.

De toute manière ce n’était pas, le moins que l’on puisse dire , une question politique de brûlante actualité. Certes, l’article 2 de la constitution du 22 mars 1959 dispose que’’ la religion du peuple mauritanien est la religion musulmane’’, tout en précisant que ‘’la République garantit à chacun la liberté de conscience et le droit de pratiquer sa religion sous les resserves imposées par la moralité et l’ordre public’’ . et que l’article 21 de la même constitution prévoit une formule de serment qui s’impose aux députés musulmans.

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De même, en vertu de la loi N’61.095 du 20 mai 1961,modifiant la loi du 22 mars 1959 portant constitution de la R.I. M., les constituants ont maintenu la disposition de l’article 2 précité tout en apportant deux nouvelles références à l’islam, l’une, au niveau du préambule par lequel le peuple mauritanien’ ’proclame son attachement à la religion musulmane’ ’et l’autre, par le biais de l’article 10 qui dispose, s’agissant du président de la république’’ qu ’il est de religion musulmane. Toute fois, la vocation identitaire de la Mauritanie qui devait, des décennies durant, faire perdre les énergies à bien de générations, était manifestement au centre des préoccupations de la minuscule élite qui avait en charge la conception des textes fondateurs de l’Etat national. Ce sont donc des polémiques d’ordre politique, autour de la question de l’identité nationale qui justifièrent ce recours à l’Islam afin de baptiser la République Il faut dire que pour un pays dont la population est’’ à cent pour cent islamique’’, le choix s’imposait et ne pouvait, quels que soient les ressentiments des nationalistes de l’époque, émules de Nasser29 ou de Nkrumah30, que susciter l’unanimité. Mais à y voir de prés cette génération des fondateurs n’a pas su anticiper les questions soulevées par une revendication aussi solennelle. L’islam ne saurait, en effet, se réduire au détail identitaire qui résulte du qualificatif attribué à la république . En effet, le système de pensée islamique , aussi global qu’envahissant , ne pouvait, tôt ou tard, qu’interpeller l’arsenal institutionnel et juridique mis en place au lendemain de l’indépendance.. L’attribution , d’apparence anodine, à une notion issue de la pensée occidentale d’un qualificatif qui la rattache à l’islam aurait pu, dans des circonstances similaires à celles de nos jours, susciter un impressionnant débat L’impossible laïcité31 S’il est vrai qu’universellement, la religion constitue une composante de l’identité et un facteur d’intégration nationaux et que sur ce point le choix de la dénomination ‘’ République islamique de Mauritanie’’ est heureux , il n’en demeure pas moins vrai que l’esprit des institutions républicaines qui détermine la nature de l’Etat s’inspire d’une tradition quasi religieuse de laïcité. Nous voici donc au cœur d’une solution pratique qui s’est révélée problématique pour la pensée islamique contemporaine. En effet, depuis l’abolition de l’institution califale en 1924 , les élites intellectuelles musulmanes sont secouées par une profonde et perpétuelle crise de conscience.

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‘’L’islam est- il hostile à la laïcité ‘’ ? 32 cette question soulevée de manière récurrente pose les termes du débat houleux provoqué par la parution en 1925 du livre de Ali Abderazegh’’33 , l’islam et les fondements du pouvoir’ ’considéré, à tort ou à raison, comme la pierre angulaire de la pensée laïque du monde musulman Développant un argumentaire autour de l’idée centrale selon laquelle ‘’ le califat est un système politique qui correspond à un processus historique dicté par les circonstances’’ cet auteur égyptien théologien- juriste , membre de la prestigieuse Académie d’Al Azhar dont il a été expulsé à la suite de la publication du livre, a abouti à la conclusion que’’ les musulmans sont libres de choisir la forme du gouvernement adéquate que leur offre la science politique du moment’’. Scandalisés par ce verdict venu de l’intérieur d’une institution religieuse et qui de ce fait constitue, à leurs yeux, une haute trahison, les adversaires de la laïcité ont aiguisé leurs armes pour engager , depuis lors, une bataille qu’ ils ne semblent pas disposés à abandonner. Allant des thèses de rejet les plus radicales que résume le slogan des frères musulmans’’34 le coran est notre constitution, l’islam est la solution’’ , aux interprétations plus ou moins hardies de la ‘’gauche islamique’’ assimilant la Démocratie à la Shoura35 (consultation) inscrite dans le Coran ,les objections du courant ‘’anti-laïc’’ n’ont ,cependant , eu dans la pratique que des applications partielles et parfois éphémères. En effet, les Etats musulmans d’aujourd’hui ont une tendance irrésistible et toute naturelle à la sécularisation dans le domaine institutionnel et politique. En réalité ce qui suscite la contestation chez une partie des élites musulmanes de cet état de fait, c’est, apparemment , moins la réception des normes politiques d’inspiration occidentale, dictée par des nécessités pratiques que la notion même de laïcité et son cheminement historique. Formellement, l’impossible laïcité résulte de l’affirmation constitutionnelle de l’islamité, ce qui , en soi, s’inscrit, nettement, en faux contre le principe de la séparation du religieux et du politique selon la fameuse règle ‘’rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui à Dieu’’ et dont le modèle républicain français duquel s inspire le système politique mauritanien, constitue une parfaite traduction. Au fond, le fait que la laïcité soit perçue dans le monde musulman comme étant, avant tout, une réaction historique aux abus du pouvoir des ecclésiastiques et aux guerres religieuses qui ont, pendant longtemps, miné l’Europe alimente l’argument selon lequel, cette laïcité est tout simplement inconcevable pour les musulmans dont la religion oblige le pouvoir politique à pratiquer la justice, l’égalité et même la protection des minorités religieuses.

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Mais un tel argument, aussi pertinent soit il, se construit le plus souvent en méconnaissance, délibérée ou non, de la rupture entre l’Histoire de l’islam et les textes fondateurs de celui ci . En tout cas l’argument n’est pas décisif dans la mesure où du point de vue politique, ce qui est en question ce n’est pas le message originel de l’islam mais plutôt la tendance à l’appropriation politique illégitime de la religion par des pouvoirs intermédiaires mus par des intérêts particuliers. Toujours est il que les pourfendeurs de la laïcité ont réussi à en faire une référence négative de laquelle les acteurs politiques du monde musulman ne s’empressent pas, généralement, de se réclamer . Il est vrai que cet exploit est dû, en partie, à l’existence d’une sorte ‘’ d’intégrisme laïc’’ qui développe une animosité politique à l’égard de la religion. Néanmoins , ce refus de la laïcité n’implique pas forcément celui de la sécularisation du pouvoir politique et des institutions. La notion de sécularisation apparaît, d’ailleurs, plus conforme à la distinction que les jurisconsultes musulmans opèrent , dans leur travaux, entre le spirituel (ibadat) et le temporel (mouamalat) et qui à fait la gloire du rationalisme dans la pensée islamique. Ces considérations théoriques qui , dans la pratique, engendrent de multiples contradictions, n’ont pas été déterminantes dans la rédaction des différentes constitutions mauritaniennes , car si ,comme on l’a déjà signalé, à la veille et au lendemain de l’indépendance, le motif identitaire fut à la base de la perception politique de l’islam, en 1991, l’impératif sécuritaire pointait à l’horizon. L’impératif sécuritaire En effet, la déchirure algérienne et l’activisme inquiétant des groupes intégristes armés , venus d’Afghanistan et d’ailleurs 36 furent autant de signaux alarmants qui interpellèrent, en ces moments là, les consciences et surtout l’esprit de responsabilité. C’est sans doute en raison d’inquiétudes , fondées ou non, que l’une des premières interprétations pratiques de la constitution du 20 juillet 1991 ,aboutisse à l’interdiction d’autoriser le parti Ouma37 ( un rassemblement d’islamistes). Cet acte de non autorisation qui fut naturellement contesté par divers arguments relevant de la politique comparée et soulignant, notamment, l’existence de formations islamiques légales dans de nombreux pays musulmans et même celle des partis d’inspiration religieuse dans les vielles démocraties européennes, découle, dans l’intérêt de la Mauritanie, d’une vision préventive .

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A l’appui de cette vision , des arguments théoriques tenant à l’interdiction de l’usage du qualificatif islamique par un parti politique ainsi que le refus de la tendance d’appropriation sectaire de l’islam par des courants politiques, ont été , à maintes reprises, rappelés. Comment , soutient- on, accepter une instrumentalisation de l’islam à des fins politiques susceptibles de mettre en cause la légitimité de l’ordre républicain dans un pays qui revendique l’islamité dans sa dénomination et dont la constitution fait de l’islam un principe fondateur, de l’Etat et de la Nation, opposable à tous les partis politiques ? Cette inquiétude est d’autant plus fondée que le réflexe d’anathématisation (Takfir) ainsi que l’usage anarchique des avis religieux ayant autorité de la chose dite ( fatwas) souvent liés à cette instrumentalisation, constituent l’une des manifestations les plus porteuses de troubles à l’ordre public. Dans un environnement social fortement marqué par l’ignorance, l’expérience offre des cas loin d’être isolés où le caractère sacré de l’islam a été mis à profit par des activistes intégristes pour contester la légitimité des institutions de la République et pour incriminer des autorités politiques ou des citoyens jugés infidèles. Sous cet angle, l’usage politique de l’islam pourrait se réduire à l’utilisation d’un label médiatique, lequel outre le fait qu’il soit contraire aux valeurs de modération et de tolérance prescrite par le Coran, constitue une menace pour la cohésion nationale laquelle correspond à une finalité de l’ordre républicain Pire , l’évolution des événements depuis l’adoption de la constitution du 20 juillet 1991 devait renforcer les motivations sécuritaires dans le cadre de la lutte globalisée contre le terrorisme38. Il faut dire que la simple évocation de ce concept, aux contours imprécis, déclenche toutes sortes de réactions à l’exception de celle de la sérénité Mais au-delà de l’actualité dramatique, de ce débat, qui reflète une défaite de la pensée humaine,’’le rayonnement islamique’ constitutionnellement consacré par la Mauritanie laquelle , faut- il le rappeler, a été victime d’une agression terroriste revendiquée par un groupe ‘’salafite’’ se réclamant de ‘’l’islamisme’’ , implique la promotion de la véritable pédagogie de la paix que propose le message coranique. Il est bien difficile pour ceux qui s’engagent dans cette optique nationale, d’indexer les multiples causes du terrorisme qui tiennent aux injustices de l’ordre mondial ( oppression, exclusion, occupation illégale des territoires etc. ) sans reconnaître l’affreuse réalité de l’usage de la terreur au nom de l’islam et , surtout, sans dénoncer la ‘’légitimation’’ intégriste des atrocités.

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Cette’’ légitimation’’, qui ternit l’image de l’islam,, relève de l’incitation à la violence , constitue en elle- même, une violation de la loi et porte atteinte à l’ordre public. Mais le traitement sécuritaire de la périlleuse tentation extrémiste ne peut pas éradiquer l’obscurantisme qui alimente cette tentation et il conviendrait d’élaborer, dans le cadre d’un débat démocratique, les termes d’un consensus national, contre l’extrémisme religieux , qui serait de nature à engager la classe politique , toutes tendances confondues. Une vision politique ‘’officielle’’ de l’islam La légitimation constitutionnelle de l’islam, a pour corollaire l’ancrage d’une vision ‘’officielle’ qui, dans un contexte marqué par les contraintes de l’ordre républicain , inscrit ‘’la religion du peuple et de l’Etat’ dans la perspective politique de l’unité nationale. L’islam unificateur est , ainsi , consacré en tant que principe fondateur susceptible de transcender le pluralisme démocratique. Dans sa quasi totalité, la classe politique se contente , souvent, d’ exprimer un vague attachement à cette vision sans aller au fond du débat Plusieurs facteurs liés à la complexité d’un thème jugé sensible, à l’électoralisme ou à l’amateurisme politique expliquent la parcimonie et , parfois, la duplicité en la matière. Or, un projet de société digne de ce nom doit, au préalable, éclairer sur la conception qu’il se fait des fondements nationaux. C’est , à cette fin et dans une perspective consensuelle, qu’il faudrait procéder à une évaluation de cette vision ‘’officielle’’ de l’islam , en tant que fondement national inscrit dans l’esprit de la République depuis l’indépendance. En effet, la proclamation d’une république, dans ces contrées désertiques que certains désignaient par le territoire de la Saiba (anarchie), a produit, du point de vue conceptuel, une inflation de notions institutionnelles et juridiques qui vont avoir, pour la perception politique de l’islam, des implications pratiques bien évidentes. Les contraintes de l’ordre républicain .Il convient, à cet égard, , de souligner que l’émergence de l’Etat national, traduit, avant toute autre considération, une volonté d’exercer le pouvoir politique par le biais d’une centralisation que le fonctionnement de la société traditionnelle n’ était pas de nature à favoriser. C’est précisément pour cette raison que l’une des priorités de l’ordre républicain, engendré par la colonisation, a été de tracer le cadre dans lequel toute activité politique, fusse-elle islamique, doit désormais s’exercer

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‘’L’officialisation’’ de la religion découlant de cette intervention de l’Etat conduit certains à parler d’un ‘’ islam républicain’’ 39 mais cette expression heurte les esprits orthodoxes qui estiment que ce genre d’assemblages mène tout droit à ‘’l ‘enfer laïc’’ En fait , à la lumière d’une description ou d’une simple observation, il suffit de constater, sans recourir à des qualificatifs incertains et controversés, que l’environnement républicain fixe les limites de l’usage politique de l’islam. On pourra objecter, à ce constat , une autre interprétation selon laquelle les valeurs islamiques et les valeurs républicaines adoptées sont plus complémentaires qu’incompatibles. Mais , dans les faits, l’adoption du modèle républicain s ‘est traduite par des institutions et des concepts différents de ceux de la théorie islamique traditionnelle de la gouvernance (Imamat)40 et des statuts gouvernementaux ( al ahkam as’ sultaniya ) telle qu’elle a été, brillamment, développée par Abû L-Hassan Ali Mawerdi ( m 1058 de J-c )et reprise , dans ses grandes lignes , par l’enseignement des mahdras mauritaniennes41. De ce point de vue , l’adoption d’un arsenal institutionnel et juridique appartenant à une autre aire culturelle ,a considérablement modifié la perception politique du fait religieux. Tout d’abord, le pouvoir politique ne prétend plus, en tout cas formellement, détenir une légitimité religieuse et se présente désormais comme l’incarnation d’une nation souveraine. Ensuite l’allégeance à l’Etat national ne se fait pas au nom de la religion mais se réfère au concept de la citoyenneté qui se matérialise par l’acte de nationalité 42. D’ailleurs , en vertu du droit du sol, d’inspiration laïque, que consacre le code de la nationalité , un non musulman peut bien acquérir la nationalité mauritanienne . Enfin la loi applicable est celle qui résulte des textes législatifs et réglementaires conçus et élaborés par l’Etat selon des procédures spécifiques inspirées d’une discipline qui n’est, pas du tout, religieuse. Il arrive même que ce dispositif législatif contraignant incorpore des normes du Droit positif international ( déclarations , conventions et traités ) qui ont une valeur supérieure à celles du Droit interne et dont la compatibilité , avec certaines prescriptions du Droit musulman classique., suscite des controverses43 qui provoquent , souvent , des dissensions politiques. Ces diverses considérations renseignent sur la nature des rapports entre le pouvoir politique et la religion dans le contexte républicain. Il n’est pas exact , cependant, de soutenir que ces rapports se limitent à une simple récupération politique de l’islam pour des motifs identitaire ou sécuritaire

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Le fait que la société mauritanienne soit profondément islamisée est, à coup sûr , une donnée fondamentale dont s’imprègnent les idées politiques du moment et qui renforce le caractère mobilisateur des thèmes nationaux. L’islam unificateur Ainsi, l’un des principes fondateurs de l’Etat mauritanien résulte de l’objectif éminemment politique de l’unité nationale .Dans ce domaine le rôle que joue le patrimoine islamique est d’une importance capitale. Il constitue une référence, indispensable à la gestion de la diversité ethnique et raciale de la population. Théoriquement, le consensus s’est , toujours , réalisé autour de l’idée que le message unitaire de l’islam favorise l’ambition citoyenne du modèle républicain Dans l’imaginaire collectif des Mauritaniens, la culture islamique est, en effet, le seul élément attaché à perpétuelle demeure qui offre une référence commune ; un passage obligé et un point culminant d’unité. Mais pour que cette perspective unificatrice de l’islam ne se noie pas dans les vagues revendications théoriques, il faudrait jeter un regard lucide sur son adoption dans les pratiques politiques. IL se trouve, en effet, que l’approche théologique de la politique dominante en Mauritanie met en exergue l’obligation d’obéir à l’autorité et c’est dans ce sens que les oulémas traditionnels , ont toujours soutenu le pouvoir en place, et n’ont jamais mis en cause l’édifice républicain. Mais cette conception traditionnelle de la politique est contestée par une partie du courant de pensée islamiste et il faudrait bien que la classe politique s’exprime , en dehors des préoccupations électoralistes et en connaissance de cause, sur cette divergence de fond. Au plan de la légitimité historique, le rite malikite qui favorise l’obéissance à l’autorité, constitue, en principe, la référence officielle de la République et de nombreux arguments militent en faveur de l’option qui vise à considérer que l’adoption de ce rite confère , à celui ci, légalement, un caractère patrimonial qui implique sa protection par l’Etat mauritanien D’ailleurs, la légitimation de l’adoption du malikisme résulte expressément des dispositions législatives instituant le code du statut personnel ainsi que celui des obligations et contrats qui précisent ‘’ qu’en cas de difficulté d’interprétation , il est fait référence aux enseignements de l’opinion dominante du rite malikite’’44 Néanmoins une opinion, bien répandue, au sein du courant de pensée islamiste conteste , au nom de la transcendance des rites , la référence officielle et exclusive au malikisme. Cette contestation , concevable du point de vue de la liberté d’expression , correspond, surtout, à l’émergence d’un courant islamiste

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composé de nouveaux théologiens , des leaders politiques et autres prédicateurs qui , visiblement, ne trouvent pas leur compte dans la gestion, en vigueur, de l’islam. Il est vrai que la conception administrative qui à tendance à réduire les affaires religieuses aux pèlerinage et à la gestion des mosquées n’est, pas du tout , adaptée aux réalités d’un pays profondément islamique. En réalité , l’ampleur des transformations sociales et politiques suscitées par l’évolution de la pensée islamique en Mauritanie , devrait conduire à une réactualisation des études sur les divers courants qui influencent l’opinion ( oulémas traditionnels, confréries, imams, nouvelle élite islamiste etc. ) . Une telle mission, d’intérêt général , que la classe politique abandonne sous le feu de l’action, incombe à l’Etat et surtout au système éducatif lequel n’a cessé ,malheureusement, d’élargir le fossé séparant des élites formées dans des traditions culturelles et linguistiques radicalement divergentes. Il y’a , en tout cas, urgence d ’oeuvrer ensemble pour que les contradictions qui se développent, de plus en plus, dans le domaine sacré de la République, n’aboutissent pas à des ruptures susceptibles de mettre en cause le caractère unificateur de l’Islam. En la matière, il revient au débat politique d’élaborer le consensus inconcevable pour les uns et les autres et dans ce cadre, il ne faudrait pas laisser l’incompréhension s’approfondir sur les multiples interrogations que soulève la juxtaposition des valeurs islamiques et des valeurs républicaines. Conçue, dans une logique identitaire et dans une ambiance sécuritaire, dictées par les circonstances, la perception politique de l’islam gagnerait à s’inscrire dans la permanence d’une perspective unificatrice laquelle répond parfaitement à l’exigence républicaine de l’unité nationale et qui, de ce fait, ne pouvait pas échapper aux différents constituants mauritaniens Cette vocation unificatrice de l’islam devrait, dans l’intérêt de la Mauritanie,, permettre de transcender le pluralisme inhérent à la Démocratie. . Islam et pluralisme démocratique Dans un premier temps l’islam, comme on l’a souligné, a été proclamé ‘’religion du peuple’ ’mais les constituants fondateurs de l’Etat national ont maintenu, dans les deux premières constitutions, une garantie, sans équivoque, du pluralisme religieux Les constituants de 1991 se sont, quant à eux, engagés dans une rupture avec cet ‘’ esprit laïc’’ en proclamant l’islam ‘religion du peuple et de l’Etat’ ’et en gardant un silence, à la fois , éloquent et perplexe, sur la liberté religieuse.,

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On peut se demander si les rédacteurs de la constitution du 20 juillet 1991 n’ auraient pas , d’un point de vue islamique, été mieux inspirés s’ils avaient inscrit dans le chapitre des libertés , la prescription coranique selon laquelle ‘’ Pas de contrainte en matière de religion’’ En tout cas, l’impossible laïcité qu’ils ont consacrée soulève la question épineuse de la relation entre l’Islam et la Démocratie45 A partir du moment où la République se veut démocratique, peut elle, légitimement , entériner l’omission d’une liberté qui tient à la conscience ? En l’ état actuel des choses, une réponse affirmative à cette question se dégage pour la simple raison que l’approbation de cette restriction par les citoyens s’est faite par un referendum démocratique . Cette adoption libre et consentie est, à elle seule, suffisante pour rendre quelque peu futile le débat , du reste ouvert, sur le lien entre la démocratie et la laïcité ; La cause est entendue, le modèle démocratique mauritanien n’est absolument, pas du tout laïque S’agit-il alors d’un modèle islamique ? Ainsi posée la question pourrait, également, conduire à des spéculations théoriques hasardeuses et empêcherait un examen de la portée pratique des dispositions constitutionnelles relatives à l’Islam dans le système démocratique dont la République s’est dotée Ce qu’il faudrait constater c’est que ces dispositions n’entravant nullement le fonctionnement de la Démocratie et qu’elles n’impliquent pas , de ce fait, pour le pouvoir politique , une vocation théocratique. L’islam se trouve ainsi incorporé, par le suffrage universel, dans un processus de légitimation séculière. Heureuse cohabitation théorique, pourrait- on dire, que celle découlant d’une perception politique consacrant, à la fois, la transcendance de la religion islamique, ancrée au plus profond du patrimoine historique des Mauritaniens et l’ ascendance des institutions d’ un Etat de Droit démocratique qu’imposent les exigences du moment. Par scrupules religieux, les valeurs intangibles de l’islam sont juridiquement consacrées et protégées, le nom d’Allah est invoqué dans les discours et les cérémonies ; les fêtes religieuses sont ‘’nationalement’’ célébrées ; la protection et la promotion des cultes font partie des attributions de l’Etat Par nécessité pratique les institutions de la République monopolisent la légitimité et fixent ainsi, par la les lois , les limites de toutes les actions à caractère politique. Mais, l’ambition du pouvoir ne pouvant se contenter de la théorie, il se trouvera toujours un esprit prompt à contester, dans un sens ou dans un autre, le compromis nécessaire entre la vocation religieuse et l’ambition politique..

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Il est , pourtant, incontestable que l’Histoire de la civilisation islamique, en général , ainsi que l’évolution du système politique mauritanien, en particulier, sont ,globalement l’expression de ce compromis. IV- Repenser l’unité nationale ( la tribune n° du 20 janvier 2006) Dans une plaidoirie des plus pathétiques, Maître Bal Amadou Tijane , illustra, prosaïquement, la défense des accusés par une scène saisissante d’une ‘’vielle femme peuh sur le chemin d’un petit village de la vallée, qui , dans son immense chagrin oublie le fardeau du gagne pain qu’elle porte sur sa tête et cristallise toute son imagination sur le tribunal des maures en train de juger son fils à Nouakchott’’. Ne lui parlez pas , poursuit- il , envers la cour envahie par l’émotion, de l’unité nationale ‘’elle est à la limite de son entendement’ : C était à Jreida46 en novembre 1987 . le droit a été , largement, débattu47.. Mais le concept de l’unité nationale galvaudé , tout au long du Procès, aussi bien en tant que circonstance aggravante pour justifier la sévérité des peines requises qu’en tant que circonstance atténuante pour appuyer une nécessaire indulgence , n’a pas été explicité. Il ne revenait pas à la cour, liée par un dispositif pénal précis, de se prononcer sur des interprétations élastiques relevant d’un autre débat En effet, l’unité nationale est , souvent, associée dans le langage politique mauritanien à l’ambition qui vise le dépassement des conflits inter-communautaires pouvant découler de ‘’la nature bi-ethnique’’48 de la Mauritanie’’ En réalité, cette idée généreuse destinée à servir de fondement national susceptible de rassembler les citoyens d’une république indivisible ‘’sans distinction d’origine , de race , de sexe ou de condition sociale’’ sur la base de’’ l’égalité devant la loi’’49, a pris naissance dans un contexte , celui de l’indépendance , où la toute jeune ‘’république des nomades’’ était, fortement , contestée par le ‘’ camp progressiste ‘’arabo- africain50. Ce nihilisme étranger qui favorisait , à l’intérieur , divers appels à la désobéissance au pouvoir ‘’installé par les colons’’ ou à la division de

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l’Etat en fondation , a engendré une constante de la politique officielle tenant à ‘’la préservation de l’unité nationale’.’ Erigée en idéal par l’union sacrée d’une classe politique embryonnaire , laquelle fut ,aussi tôt , rassemblée dans un parti unique , l’unité nationale apparut comme l’expression d’ un nationalisme fédérateur censé garantir aux différentes composantes du peuple mauritanien , le respect et la protection de leurs intérêts fondamentaux. Mais l’invocation de la ‘’préservation de l’unité nationale’’ par les différents pouvoirs a , souvent, été perçue comme un repoussoir qui tend à dissimuler des antagonismes internes d’ordre politique , culturel ou économique et social. L’unité nationale ou le Nationalisme fédérateur il est de bon ton de reprocher au nationalisme son caractère , potentiellement, négatif et il est vrai que , dans de nombreux cas, les idées nationalistes ont été préjudiciables pour l’humanité51. Néanmoins , il arrive , régulièrement , qu’une telle conviction se transforme en préjugé idéologique et devient ainsi un obstacle à une juste appréciation des réalités . En outre , dans l’euphorie du pluralisme politique triomphant , le débat s’éloigne du sens , de l’origine et de la destinée des mots , qui constituent sa matière première. . Il conviendrait, donc de placer les expressions politiques dans leur contexte et , à cet effet, d’ examiner, à travers les réalités mauritaniennes , un vocable qui évoque l’idée de la nation et qui , dans, la pratique, renvoie aussi bien à la notion d’Etat qu’ a celle de l’intégrité territoriale de la patrie. Forgé à partir d’une volonté de réaliser , ’’ contre vents et marées’’, ces abstractions, qu’il s’est fixé comme objectifs, le système politique mauritanien se bâtit sur un culte effréné de l’unité nationale. Ce nationalisme fédérateur dicté par la nécessité d’asseoir l’autorité d’un Etat contesté, a cultivé une obsession de la menace étrangère à laquelle aucun pouvoir n’a échappé. L’union sacrée a , très tôt ,oublié que les opposants à la création d’un Etat mauritanien n’avaient pas , logiquement, la moindre raison de se sentir concernés par ce nationalisme qui, à été, à leur yeux, ‘’fabriqué de toutes pièces par la colonisation’’52. Or, non seulement , certains de ces opposants qui se sont rétractés en déclarant leur soumission à l’Etat national, ont été ‘’accusés d’ être venus en cheval de Troie pour réaliser de l’intérieur ce qu’il n’avaient pas pu réussir de l’extérieur’’53 mais la négation de la nation mauritanienne ; à laquelle ils se sont identifiés, à servi de prétexte pour

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discréditer l’opposition nationale au pouvoir politique issu de l’indépendance. C’est ainsi que des militants de la Nahda al wataniya54 et d’autres patriotes qui ont , contribué au développement de l’émergeante conscience nationale ont été présentés à l’opinion publique comme étant des partisans de l’étranger. L’élimination de cette opposition n’a pas, pour autant, entraîné la disparition de l’obsession de la menace étrangère puisque, quelques années plus tard, celle-ci à été brandie contre des jeunes kadihines55 qui , dans un état d’extase prolétarien, voulaient mettre l’imagination au pouvoir .C’est , d’ailleurs, à partir de ce moment qu’une vulgate officielle dénonçant ‘’ les idées importées de l’étranger’, a été consacrée’ A vrai dire , la précarité de l’Etat en fondation qui s’est greffé sur une société plurielle assujettie à une territorialité arbitraire en vue de former une Nation a engendré , chez toute une génération administrative , une mentalité d’assiégé. En plus , la culture monolithique qui exclut l’idée d’une opposition au pouvoir politique s’est identifiée à une croyance populaire selon laquelle tous ceux qui sont contre le gouvernement sont contre l’Etat et c’est précisément cette confusion qui a permis aux différents pouvoirs de développer , au sein de l’opinion publique , un nationalisme de survie.. Il est, cependant, incontestable que l’exacerbation de ce nationalisme au nom de ‘’la préservation de l’unité nationale ‘’ contre l’Etranger présumé se servir des contradictions politiques et sociales internes pour accomplir ses desseins, s’est traduite, particulièrement en périodes de guerre et de crises , par de graves violations des Droits de l’Homme .. Il y’a , de nos jours, dans l’opinion , une tendance à oublier que par delà le désastre humain , politique et économique, pour l’ ensemble du pays, résultant de la guerre du Sahara , une partie de la population a souffert d’une discrimination négative de la mère patrie . Mais ce rappel qui ne diminue , en rien, l’ampleur du drame qu’une autre partie de la population a enduré lors des tragiques évènements d’avril 1989 56, ne renseigne pas suffisamment sur les limites de la vocation mobilisatrice de l’unité nationale . S’il est vrai que l’unité nationale trouve sa raison d’etre dans la volonté de vivre ensemble qui , théoriquement, n’a jamais été mise en cause , que les populations regroupées par l’Etat mauritanien ont toujours, globalement, manifesté un désir de paix et de stabilité favorable à cette louable ambition et qu’en définitive ces populations sont unies dans leur diversité, par des liens tissés par la religion, le sang et l’Histoire , il n’en demeure pas moins vrai que le passé de la Mauritanie reflète , depuis l’indépendance, une fragilité structurelle et multidimensionnelle de ce dogme politique qui inspire une sorte de nationalisme d’Etat.

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Cette fragilité est , tout d’abord d’ordre institutionnel dans la mesure où les structures étatiques mises en place pour réaliser l’unité nationale sont en décalage avec les mentalités sociales. Les normes censées régir l’organisation de l’Etat ainsi que ces rapports avec ses citoyens apparaissent, dans de nombreux cas, comme un idéal à atteindre et non comme l’expression d’une réalité vécue. Il convient, de souligner, dans ce sens, que la tradition centralisatrice de l’Etat fondée sur l’exaltation des valeurs de citoyenneté s’est traduite par un discours officiel qui à tendance à incriminer, systématiquement, les revendications segmentaires . Celles ci ont été , souvent, perçues par les pouvoirs publics comme étant ‘’une propagande particulariste de caractère racial ou ethnique punie par la loi’’57. Or la réalité sociologique du pays n’est pas de nature à favoriser une telle rigidité et la mise en oeuvre de ce principe constitutionnel fondamental suscite , régulièrement, bien de malentendus. . En effet , la gestion administrative ‘’ des grands nomades parcourant des centaines de kilomètres à la recherche des pâturages renouvelés’’ comme, d’ailleurs , celle ‘’des cultivateurs possédant des terres sur les deux rives du fleuve’’ , n’ a pas, souvent, été à même de convaincre les populations de la primauté de la réalité nationale incarnée par l’Etat sur celle de la réalité parentale découlant des rapports sociaux que ces populations entretiennent au delà des ‘’frontières héritées de la colonisation’’58 C’est, visiblement, dans le but de décourager la confusion des deux réalités, que le législateur national a fait de l’acquisition d’une nationalité étrangère , une cause de la déchéance de la nationalité mauritanienne 59. Mais le changement des mentalités ne pouvant résulter d’un décret cette confusion s’est , souvent, traduite par des allégeances ou, au moins, des préférences étrangères opposées qui se sont exprimées , à travers, des positionnements politiques segmentaires. A ce genre de clivages politiques , de plus en plus dépassé, il convient d’ajouter les solidarités d’apparence segmentaires qui ont été accentuées par la paupérisation et qui ont soulevé , au niveau de l’opinion publique, la ‘’question haratine’’60 dans toutes ses dimensions. Ces réalités qui alimentent , bien de dissensions politiques, sont , cependant, secondaires par rapport à celle qui tient à la faiblesse du niveau d’instruction dans un Etat censé assurer l’éducation à ses citoyens et qui fut , au lendemain de son indépendance , connu pour être le pays d’un million de poètes.. Il semble , sur ce point, que l’enthousiasme de la génération Youssef Moughlid61 et d’autres orientaux , alors installés au Sénégal ainsi que celui des missionnaires culturels égyptiens lesquels furent à l’origine de cette romantique appellation a été , malheureusement ,contredit , quelques

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décennies après, par les chiffres de l’ajustement structurel qui font de la Mauritanie le pays d’un million d’analphabètes. Une petite histoire des batailles identitaires Avec un taux d’analphabétisme lequel , il y’a deux ans, avoisinait les 50%, il est bien permis de se demander si , au bout du compte, les batailles autour de la question de l’identité culturelle du pays, qui a été au centre des débats relatifs à l’unité nationale, n’étaient pas , du moins dans leur aspect linguistique , quelque part , superflues.. Il serait , sans doute, injuste de reprocher à tous ceux qui ont été les protagonistes de ces batailles leur engagement pour des motivations identitaires. .Tandis que les un éprouvaient, au lendemain de’’ la nuit coloniale’’, un ardent besoin d’arabité susceptible de les réconcilier avec ‘’un passé glorieux’’, d’autres , tout aussi fiers de leur passé, manifestaient leur inquiétude face à cette arabité envahissante qui pourrait mettre en péril leur ‘’négritude’’. De toute manière, les nationalismes pan arabe et panafricain vivaient, en ces temps là, leurs beaux jours et ne pouvaient qu’exercer une influence sur une jeunesse en quête d’idéaux. Mais à y voir de prés , le débat identitaire était globalement, à ces débuts , l’expression d’un égoïste protectionnisme d’intérêts qui n’a rien d’idéaliste. En effet, selon l’une des versions des récits, naturellement, contradictoires des batailles identitaires , ’’ l’ administration mauritanienne francophone ‘’, fraîchement, transférée de Saint louis62 voyait déjà d’un mauvais œil l’affluence de ces ‘’ploucs’’ arabisants, lettrés traditionnels, en provenance de l’horizon opaque tracé par les multiples dunes mouvantes qui ensevelissaient la capitale en construction . L’inquiétude de cette administration était d’autant plus grande que ces nouveaux aspirants n’entendaient pas se contenter de jouer les figurants dans le scénario de la ‘’ République des sables’’. Ils avaient , en effet, dans leurs têtes enturbannées , tout un monde à installer. C’est au bout de cette première passe d’armes que l’adoption du ‘’bilinguisme constitutionalisé’’63 en tant qu’ élément de l’identité nationale a été présentée comme un choix politique lié à ‘’la nature bi- ethnique ‘’ de la Mauritanie. Paradoxalement , ce choix vivement contesté , quelques années après, par ‘’les nationalistes arabes’’ aurait été surtout, selon une autre version, destiné ‘ ’à justifier une réforme de l’enseignement basée sur l’arabisation’’. En tout cas, la redéfinition de l’identité nationale dans le cadre d’une ‘’ re personnalisation de l’homme mauritanien’’64 qui oppose à ‘’l’influence étrangère’’ les valeurs de l’authenticité n’a pas mis fin aux querelles identitaires d’ordre linguistique. Sur le terrain, les confrontations entre les

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nationalismes segmentaires ont été, en effet, accentuées . C’est d’ailleurs, dans le but avoué de dépasser ces clivages entre ‘’ un nationalisme arabe chauvin’’ et ‘’ un nationalisme négro-africain étroit’’ qu’une lecture fondée sur le modèle marxiste de la lutte des classes a été développée par une partie de la jeunesse mauritanienne . Depuis lors, le concept de‘’ la question nationale’’65 consécutif à cette lecture a été classé par les pouvoirs publics dans la catégorie des dangereux produits étrangers non autorisés. L’évocation de ce concept a été d’autant plus suspectée qu’elle renvoie à l’idée d’un conflit entre des nationalités , d’emblée exclu, par le nationalisme fédérateur .C’est dans ce sens que l’ordonnance relative aux partis politiques interdit à ceux ci, dans l’article 4 ‘’ toute propagande contraire à l’unité de la Nation’’ .. Ce souci de l’unité nationale apparaît dés la première phrase de la constitution du 20 juillet 1991 laquelle , manifestement, dans ce qui ressemble à une tentative de clore le débat , dans sa dimension linguistique, a érigé l’arabe , le poular, le sonniké et le wolof en langue nationales66. Mais, quelles que soient les divergences d’ appréciation, somme toute concevables, par rapport aux batailles identitaires qui ont marqué l’évolution des idées politiques en Mauritanie , il est bien difficile de nier que la focalisation sur l’identité nationale a pris, dés le début, l’allure d’une prise d’otage dont le système éducatif ,censé généraliser l’instruction , a été, tragiquement la victime. C’est dans cette crise identitaire élitiste qu’il faudrait , peut être, chercher l’origine des problèmes structurels du secteur de l’éducation nationale qui ont conduit , par delà les différentes réformes scolaires , à l’échec de toute une génération.. Il n’est pas , en tout cas , inexact de soutenir que si l’Etat national a failli à son devoir d’instruire ses citoyens , c’est en partie, à cause des âpres confrontations d’intérêts que les élites du pays n’ont cessé d’entretenir. Ainsi donc, l’éducation qui devait servir de ferment à toutes les autres missions que l’Etat s’est assignées dans le but d’assurer une cohésion nationale a été minée par des tensions qui ont , par ailleurs, perverti le débat politique. Dans ce domaine, des idées qui ont été renversées par le temps ont développé les sentiments réciproques de frilosité et de méfiance chez les uns en guise d’ écho à l’agressivité, réelle ou supposée, des intentions exprimées par les autres. En l’occurrence, les querelles identitaires qui ont été attisées depuis l’indépendance du pays se sont limitées à un combat d’élite autour de question de la langue principale pour un enseignement finalement sacrifié. Ces querelles ont aiguisé, nonobstant l’obsession sécuritaire des différents pouvoirs , des tensions préjudiciables à l’unité nationale et génératrices de graves violations des Droits de l’homme

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L’unité nationale à l’épreuve des Droits de l’Homme Il ne sert à rien de nier la réalité des violations des Droits de l’homme en Mauritanie et par conséquent , il faudrait envisager une réparation morale et matérielle des préjudices subis par les victimes. Cette conviction résulte d’une analyse que nous avons signée dans le N° 53 de Mauritanie-Nouvelles du 29 avril 1993 et que le professeur Wane Birane a sélectionnée en guise de conclusion positive dans une postface contradictoire de nos chroniques 67 lesquelles, il faut l’avouer, sont, dans certains aspects, le fruit d’une passion dépassée. Mais la fougue déplorable avec laquelle nous nous sommes engagés dans un combat pour une certaine idée de l’unité nationale et qui nous à conduit à croiser le fer avec des militants , parfois sincères, des Droits de l’homme , repose sur un réel constat : Le Débat autour de la question humanitaire a , souvent , été dévoyé par la petite histoire des querelles identitaires. Il est , certes , pénible d’exprimer une opinion qui s’inscrit en faux contre celle des défenseurs des Droits de l’Homme. En effet, ceux ci bénéficient d’une présomption de dire la vérité fondée sur le fait indéniable que la défense des Droits de l’Homme est rarement contestée par les victimes et que cette contestation provient, toujours, des pouvoirs ou de ceux qui les soutiennent. De cette présomption découle l’idée , quelque peu prétentieuse, que le combat humanitaire implique , nécessairement , une opposition au pouvoir en place laquelle a pris , parfois, l’allure d’une opposition qui vise ‘’le dépérissement de l’Etat’’. A l’encontre de cette conception radicale , l’idée que ce combat peut bien être mené avec l’Etat et non contre celui-ci., n’ a cessé de se développer. Cette divergence de visions d’ordre politique a profondément marqué le débat autour de la question des Droits de l’homme en Mauritanie. En réalité , comme l’ a si bien souligné Birane dans la référence précitée . ‘’ l’ univers « droit de l’hommien » est devenu l’une des plages d’accueil dés naufragés de la reddition idéologique depuis l’effondrement du mur de Berlin’’. C’est , effectivement, dans une ambiance de naufrage que de nombreux acteurs des combats identitaires qui font rage depuis l’indépendance du pays , se sont retrouvés au début des années 90 , pour poursuivre une nouvelle confrontation élitiste laquelle était, souvent, tout à fait étrangère à la cause invoquée. Il faut, néanmoins, concéder que les témoignages relatifs à l’univers carcéral de walata68 , à la déportation69 par des fonctionnaires zélés des citoyens mauritaniens lors des tragiques événements de 1989 ainsi que le bouleversant récit intitulé ‘l’enfer d’Inal’’70 constituent autant de

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références susceptibles d’ animer , au sein de l’opinion publique, un mouvement revendicatif des Droits de l’homme dont la légitimité ne peut, être , honnêtement, contestée. Depuis 1991 , à la faveur de la reconnaissance officielle de la liberté d’expression , mère de toutes libertés, le débat politique mauritanien s’est saisi de ces graves violations des Droits de l’homme qui suscitèrent , dés le début, deux types de réactions , passionnément, opposées. Tandis que la première avança une solide argumentation juridique qui implique le refus de l’impunité et l’immédiateté de la réparation , la seconde mit en exergue la complexité de la réalité liée au contexte de crise dans lequel ces violations ont été commises et exprima des fortes réserves vis à vis de l’opportunité d’un recours à la voie judiciaire. Sur ces problèmes épineux, le débat précité demeure , aujourd'hui même , ouvert mais quelle qu’en soit l’issue, l’unité nationale , ce principe fondateur de la Mauritanie, garde , en la matière, toute sa vitalité Or, il est bien permis de se demander si la tendance à ‘’l’éthnicisation ‘’ de la question des Droits de l’homme ne constitue pas , quelque part, une inadmissible atteinte à ce principe fédérateur ‘’ . En tout état de cause, le discours identitaire qui n’a cessé de produire toutes sortes de crispations et de malentendus , n’a pas été bénéfique pour ce qui devait être une légitime revendication citoyenne des Droits de l’Homme. De même , ce discours a, souvent, propagé , à travers les forums humanitaires , l’image d’une Mauritanie qui serait gouvernée par un ‘’système beydane’’ pratiquant ‘’ l’oppression nationale’’ voire ‘’l’apartheid’’ à ’l’encontre ‘’des noirs’’. Ce genre de schémas réducteurs dont la couleur a été annoncée par ‘’le manifeste du négro-africain opprimé’’71 qui a aiguisé les extrémismes de tous bords, a été déterminant dans l’engagement politique pour une certaine vision de l’unité nationale qui , sans être autiste , développe une autre perception des couleurs, profondément mélangées, du pays.. L’esclavage n’a t’il pas été aboli ? ! La couleur de la peau a, régulièrement, été évoquée par le tenants du discours identitaire au sujet d’une autre atteinte , vielle comme le monde , aux droits de l’homme qui résulte de l’esclavage ou des séquelles de celui ci 72 .Dans un monde où les clichés se vendent aisément , il est bien facile de susciter l’émotion que provoque le moindre récit relatif à cet abominable crime de l’humanité. Mais s’agissant de la réalité du phénomène en Mauritanie, la revendication des Droits de l’homme tenant à la dénonciation légitime des mentalités ou des pratiques esclavagistes a , également , été pervertie par un amalgame identitaire des plus flous.

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La confusion raciale entretenue pour des raisons ‘’tactiques’’ a , souvent, servi de support pour l’image d’une ‘’Mauritanie qui pratique le racisme et l’esclavage contre les noirs’’. Sur le terrain, l’existence de pratiques ou de mentalités esclavagistes chez les différentes ethnies , la nature de la catégorisation sociale traditionnelle qui constitue un trait commun entre celles-ci ainsi que le mélange des origines ne sont pas de nature à favoriser une telle image , mais la triste réputation de la Mauritanie d’etre ‘’le dernier pays esclavagiste’’73 a été mise à profit pour développer un discours qui renvoie à l’actualité ‘d’un Etat , d’un régime ou d’un gouvernement esclavagistes’’. Or sur cet aspect, le Droit positif mauritanien peut , au moins se targuer , d’un effort abolitionniste, il est vrai controversé, qui a été entamé par l’administration coloniale depuis 1889 par ‘’le refus de la restitution des esclaves en fuite ’’. Cette option a été consacrée par le décret du 10 novembre 1903 pour lequel ‘’ la justice indigène’’ ne saurait appliquer ‘’des coutumes contraires aux principes de la civilisation française’’. En fait, c’est , à partir de la pénalisation de la traite esclavagiste en vertu du décret du 12 décembre 1905 confirmée, au plan procédural, par le décret du 22 mars 1924 que commence l’histoire ambiguë de la répression légale de l’esclavage en Mauritanie. Dés sa naissance , l’Etat national a pris pour une évidence l’inexistence juridique de ce phénomène hérité d’ une organisation sociale qu’il entend , expressément, démanteler. En effet, l’adoption des principes républicains qui impliquent l’égalité des citoyens devant la loi ainsi que l’adhésion aux normes contraignantes du Droit international public lequel prohibe toute forme d’asservissement excluent d’emblée la condition servile .Au plan légal , l’administration publique pouvait, donc, bien se permettre de considérer que l’esclavage appartient à l’ histoire des institutions. C’est, d’ailleurs, dans ce sens que s’inscrit la circulaire adressée par le ministre de la justice à la fin des années 60 aux autorités régionales leur rappelant’’ la disparition de l’esclavage ‘’en vertu de la constitution et des lois de la république , notamment celles instituant le code de travail et le code pénal. Néanmoins, l’affirmation de cette disparition légale a été contredite par l’annonce spectaculaire le 5juillet 1980 de l’abolition de l’esclavage en Mauritanie . Le principal argument des promoteurs de cette nouvelle’’ abolition par décret ‘’ était fondé sur la nécessité de décourager les pratiques et mentalités esclavagistes , à cet effet, il fallait, soutient- on, marquer un coup psychologique susceptible de conduire les ‘’esclaves’’ à refuser leur statut social.

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Paradoxalement, cette louable intention politique s’est traduite par une anomalie juridique qui consacre la reconnaissance de la condition servile exclue par les textes fondateurs de l’Etat, en vertu d’une interprétation restrictive des règles du Droit musulman. Or sur ce point , la circulaire du ministre de la justice, précitée, paraissait plus pertinente dans la mesure où elle précise aux autorités régionales qu’une telle interprétation ‘’est erronée’. Monsieur le ministre avait bien raison de soulever cette objection. L’histoire de l’esclavage est , avant toute autre considération,, celle ‘’d’une pratique éhontée’’ dépourvue de la légitimité islamique et celle d’ une injustice que des grands savants musulmans , à l’instar de l’illustre Ahmed Baba al-Timbukti (m.1627), 74 n’ont cessé de dénoncer . Au delà de la question de la condition servile en Droit musulman qui suscite un débat d’érudits et sur laquelle , beaucoup d’encre a coulé , ‘’l’esprit des institutions républicaines’’ invoqué dés 190 3 ainsi que les diverses interventions législatives et réglementaires destinées à promouvoir les valeurs de liberté et d’égalité se sont , toujours heurtés , à la résistance des mentalités. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que la lutte des militants anti- esclavagistes ainsi que la dénonciation de l’esclavage par des organismes spécialisés ne sont pas nouvelles. .En effet, dés 1931, la fédération ardéchoise des Droits de l’homme a stigmatisé l’inapplication de l’interdiction de l’esclavage, sur la base d’un réquisitoire dressé contre la complaisance de l’administration coloniale par un déporté dénommé Louis Hunkanrin75 lequel expiait ‘’dans le bled mauritanien le crime d’un prétendu complot à Porto –Novo (Dahomey )’’. Dans le même sens , ’’ un comité des nations unies a constaté en 1949- 1950 , malgré un demi siècle d’administration française , la survivance de groupes serviles en Mauritanie’’76. En guise de réaction à cette observation, le gouverneur résident de l’époque, a exprimé sa méfiance vis à vis ‘’d’une libération massive des esclaves’’ qui , faute de ressources basculeraient dans ‘’le vol et le vagabondage’. Bien entendu, cette plongée dans le temps colonial n’exonère , nullement, l’Etat national de ses responsabilités dans la mesure où pour éradiquer l’esclavage , il ne suffit , guère de décréter la liberté. Il fallait, aussi , dés le début, trouver le chemin qui conduit à l’émancipation économique et sociale En la matière , l’obligation se confond avec le résultat .Nier, comme le font les pratiquants fidèles de l’auto flagellation, les progrès accomplis dans ce domaine serait une atteinte à la vérité . Mais se comporter comme Madame de Sévigné ‘’qui ne concevait pas clairement ce que c’était que de souffrir quand on n’était pas gentilhomme’’77 serait le signe d’une grave cécité

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Il faut dire que ces deux approches ont souvent, marqué le discours politique relatif à l’esclavage en Mauritanie. A la hantise, parfois injustifiée, d’un univers féodal d’oppression qui s’enfonce de plus en plus dans le temps, répond la frilosité d’une opinion qui voit dans la simple évocation de l ‘esclavage une déclaration d’hostilité .Au milieu des années 70 , des jeunes progressistes avaient proposé une pièce de théâtre intitulée : ‘’ L’esclavage n’a t’il pas été aboli ? !’. Le titre a irrité les responsables de la jeunesse qui ne voulaient entendre parler que ‘’ d’exploitation de l’homme par l’homme’’ IL semble que, dans son refus systématique des revendications segmentaires, l’Etat a adopté cette terminologie pudique qui s’est manifestée , plus tard , à travers d’autres expressions telles que ‘’ couches sociales naguère exclues’’, lutte contre la pauvreté 78 et l’analphabétisme , répression de la traite des personnes etc.. Au niveau du débat politique, le vocabulaire apparaît ainsi, aussi bien en ce qui concerne l’esclavage qu’en ce qui concerne d’autres problèmes nationaux, comme un principal facteur de division. Un Ministère pour l’unité nationale Tout récemment, l’idée d’apparence généreuse ‘’d’une réconciliation nationale’’ a rejailli sur la surface . A ce sujet, il conviendrait de préciser, afin d’éviter un nouveau malentendu, que cette idée se réduit , en fait, à un projet de réconcilier la classe politique . Or, celle ci ne représente qu’une infirme minorité et il serait, d’ailleurs, intéressant de la recenser publiquement. Le peuple mauritanien , uni dans sa pluralité , éprouve, quant à lui, le besoin d’être réconcilié avec cette élite à l’image ternie par la corruption, l’égoïsme , la duplicité, le fanatisme idéologique et dont les déchirements affectent, considérablement, l’aspiration commune à l’émancipation économique et sociale. Cette précision étant faite, il est bien utile de redéfinir les termes d’une nouvelle union de la classe politique autour des fondements nationaux. Dans le contexte du pluralisme politique , il est nécessaire de repenser l’unité nationale et de lui donner un nouveau contenu susceptible de la conserver à titre de croyance politique commune. .Autrement dit , il faudrait , peut être, aujourd'hui , dresser , dans l’intérêt de la Mauritanie, un inventaire des domaines dans lesquels l’union de la classe politique est vivement souhaitée. C’est dans une telle disposition des esprits qu’un regard serein pourrait être jeté sur les divers facteurs de division qui entravent la cohésion de la nation. A cet effet, et sans prétendre à une exhaustivité , du reste irréaliste , il est bien possible de tracer des pistes de réflexion qui conduiraient à une solution

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consensuelle des problèmes nés du passé politique ou des réalités anthropologiques de la Mauritanie De même, une dynamique de l’ union politique est indispensable pour la sécurité nationale du pays. A cette fin, une solidarité mécanique , qui traduirait un attachement à ‘’ la préservation de l’unité nationale’’, pourrait bien s’exercer dans de multiples domaines tels que les valeurs sacrées du pays, son intégrité territoriale, ses intérêts nationaux, son image , ses symboles etc. En somme , le désir d’unité qu’implique la proposition de’’ la réconciliation nationale’’ rejoint l’idée de constituer ‘’un gouvernement d’union nationale’’79 laquelle , quant à elle, a le mérite de la clarté . Il serait , peut être, utile d’expérimenter cette union. Cette formule pourrait, en effet, contribuer à l’apaisement de la scène politique par l’élaboration d’un programme commun de gouvernance. Mais, outre le fait que sa mise en œuvre suppose , un accord sur le poids réel des forces politiques en compétition, , le succès d’une telle solution, dépendrait d’un exercice d’équilibre quelque peu difficile à réaliser. Au delà de l’union politique qui aboutirait à un consensus sur les fondements nationaux , forcément, avantageux pour’’ la préservation de l’unité nationale’’, celle ci incombe à l’Etat lequel devrait , à cet effet, tenir compte du renouvellement des idées en la matière. Dans ce sens, il serait judicieux de prendre en charge, au niveau de l’appareil étatique, les attentes suscitées par les multiples transformations sociales et politiques du pays. Il est bien difficile, dans une pareille perspective, de ne pas succomber à la tentation d’emprunter les voies , actuellement ouvertes, ‘’de la vérité et de la réconciliation’’80 mais encore, faut il garder à l’esprit que ce qui est valable pour des peuples héritiers d’une révolution charismatique contre la discrimination raciale ou d’une tradition étatique , enfouie dans la nuit des temps , n’est pas forcément adéquat pour une minuscule population fortement enchaînée par des mentalités rétrogrades.. Cela dit , le devoir d’une juste réparation ainsi que celui d’une équitable répartition des ressources publiques correspondent à des attentes légitimes et il serait nécessaire , à cette fin , de mettre en place une structure horizontale destinée à consolider l’unité nationale. .Une formule similaire a été expérimentée en Malaisie , pays islamique composite qui incarne la réussite , par le biais d’un ‘’ Ministère de l’unité nationale’’, chargé ,en fait, de la gestion des modalités pratiques’’ de la discrimination positive’’. La prise en charge institutionnelle de attentes précitées, dans l’intérêt de l’unité nationale, serait, en tout cas, conforme aussi bien à la théorie traditionnelle musulmane des statuts gouvernementaux qui prévoit une Délégation pour la lutte contre les injustices ‘’ wilaya tu almadhalim’’81

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qu’ au modelé républicain lequel vient, dans sa source hexagonale , de se doter d’un ‘’ Ministère chargé de l’égalité des chances’.’82

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V- La lente évolution de l’ Etat de Droit

( La tribune n° du 9 février 2006 ) ‘’Faux, hypocrite , toujours de l’avis de l’autorité mais n’en fait qu’à sa tête’’ . Le pauvre administrateur colonial, auteur de cette annotation insérée dans une fiche de renseignements consacrée à un notable mauritanien, n’a, probablement, rien compris. L’autorité, dont il est question, équivaudrait , dans l’entendement de l’administré incriminé, à un obstacle qu’il devrait, même au prix d’une ruse que la morale reprouve, contourner. En effet, la résistance à l’occupation coloniale s’est manifestée sous de multiples formes qui ont fait l’objet de divers traitements académiques. Tandis que les uns ont , les armes rudimentaires à la main, fait preuve d’une extraordinaire ténacité face à cette occupation et que d’autres ont pris le chemin de l’exil pour signifier, clairement, leur refus de’’ collaborer .avec ‘’les envahisseurs impies’’, la résistance culturelle pacifique a , sans doute, été le trait caractéristique d’ un pays qui, finalement, à été ‘’administré sans être colonisé’’. C’est au cœur de ce ‘’ pacifisme’’ que se situe, en partie, l’idée fondatrice d’ accepter ,n sans une réelle adhésion, une autorité centrale qui devait, par la suite, aboutir à la naissance de l’Etat national. Le désir de réaliser la paix dans un espace , particulièrement, troublé a conduit des oulémas, dont l’influence spirituelle , l’intégrité morale et la compétence intellectuelle sont incontestées, à pactiser avec’’ la puissance chrétienne’’ qui,’’ de toute manière, ne pouvait , ne serait ce que pour l’intérêt de ses colonies voisines se permettre de renoncer à ‘’une pacification’’ programmée’’. D’un point de vue théologique, ce pacte a été , globalement, fondé sur d’une part , ‘’l’ option préférentielle en faveur du plus léger des deux préjudices’’ ,’une option qui traduit le pessimisme malikite selon lequel ‘’il faudrait conserver une situation qui s’impose en prévention d’une pire situation qui pourrait se produire’’ et d’autre part, le cas ‘’de la domination du pays par la force’’ pour lequel une partie de la doctrine sunnite prescrit’’ une obligation d’obéissance subordonnée à la garantie , assurée par l’occupant ,de la continuité des services publics islamiques’’ ,un tel cas correspond, visiblement, à l’engagement donné par les responsables de la pénétration française en Mauritanie de maintenir

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l’ordre public et de respecter scrupuleusement les pratiques de la religion musulmane .Mais en dehors de cette légitimation religieuse qui a suscité un mémorable débat 83, les relations entre les notables et les autorités d’occupation ont été , dans de nombreux cas, fondées sur l’incompréhension et la méfiance réciproques.. On peut, certes, affirmer que la ‘’pacification’’ du territoire , s’est traduite par de nombreuses redditions ainsi que par de multiples demandes de protection ‘’Al aman’’. Mais cette soumission à été accompagnée d’une forte réticence voire d’ un refus catégorique des objectifs et des contraintes fixés par l’autorité. .Cette désobéissance pacifique qui découle d’un mélange de scrupules religieux et de retranchements tribaux ou ethniques avec un réel désir de la paix constitue , sous la forme d’un syndrome du fait colonial, l’un des aspects caractéristiques de la politique en Mauritanie l’autorité équivoque

L’un des poèmes ‘’patriotiques’’ qui prônent , avec ferveur, par delà l’intégrité morale, une résistance culturelle à ‘’la colonisation chrétienne ‘’’ a été composé par le plus illustre des oulémas qui ont pactisé avec l’administration française, l’éminent Baba ould cheikh sidiya (m.1924) 84 et c’est ce poème qui devait , plus tard , servir d’ hymne national pour la ‘’république islamique de Mauritanie’’. En fait, ce qui peut paraître à une certaine lecture de l’histoire comme une collaboration, au sens convenu du terme, se limitait à une facilitation de l’unique mission dans laquelle la puissance publique coloniale a été, tardivement d’ailleurs, effective à savoir le maintien de la paix. De manière générale , l’attitude vis à vis de la centralisation amorcée par cette autorité, s’est manifestée par un curieux assemblage de comportements versatiles et de mentalités hostiles à l’ordre établi ainsi qu’ aux valeurs de celui ci . Le refus de la scolarisation coloniale traduit parfaitement cette relation ambiguë laquelle a été transmise, en guise d’héritage, à une république qui consacre , théoriquement, ‘’ l’Etat de Droit ‘’ . En effet, la notion d’Etat qu’implique cet ensemble structuré ne correspond pas, au moins en ce qui concerne une bonne partie de ses effets, à une croyance commune . Certes, en lui même , l’Etat, a très tôt incarné un nouveau pouvoir auquel une allégeance libre ou contrainte , expresse ou tacite a été accordée mais l’adhésion à l’arsenal institutionnel et juridique par lequel l’Etat est censé exercer son autorité n’ a , au vu des réalités toujours actuelles, que faiblement progressé.

Cette allégeance combinée avec un déficit d’adhésion lequel se manifeste par une vision floue de la légitimité des institutions ainsi que par une

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faible réception des normes est l’expression d’une vision , assez répandue, qui fait de l’Etat une autorité équivoque. Une telle ambiguïté originelle imprime de sa marque , avec les scrupules moraux en moins, la relation avec l’autorité et soumet l’évolution de l’Etat de Droit au régime du ralenti. En effet, la résistance à la légalité tracée par l’Etat soulève la question de l’applicabilité du ‘’Droit’’ dans un environnement peu favorable à sa réception. Produit , en grande partie, du ‘’ mimétisme juridique’85 lequel s’imposait au lendemain de l’indépendance , le Droit mauritanien qui , au plan théorique, n’a pas, suffisamment, fait l’objet d’un effort imaginatif d’adaptation aux réalités se heurte , dans de nombreuses mises en pratique , à une sérieuse hostilité. Les causes et manifestions de cette hostilité, qui provoquent une crise du Droit en Mauritanie et qui sont d’une déroutante multiplicité , traduisent un grave déficit du sens de l’Etat. A ce sujet, le mépris de la règle du droit étatique et des critères objectifs qui en découlent correspond , souvent , à un refus de se plier à la norme , par ailleurs, contestée. C’est, en partie, pour cette raison que l’adhésion aux codifications ainsi qu’à des notions aussi simples que vitales , telles que la nationalité, l’impôt, le domaine public , la législation du travail etc. demeure au niveau de l’inadmissible .Pour pallier à cette carence structurelle qui réserve un destin cruel au Droit , les constituants du 20 juillet 1991 , ont cru trouver une solution dans l’affirmation du principe selon lequel ‘’ Nul n’est censé ignorer la loi’’86 .Hélas , la soumission à la loi suppose une croyance à l’Etat qui fait terriblement défaut non seulement , chez des populations qui n’ont, souvent, vu dans cette entité que le successeur du ‘’juge de la paix’ coloniale mais encore chez une élite qui a perdu les sens du rêve et de l’idéal fondateurs ‘’d’un Etat national’’. Or la fragilité de la croyance à l’Etat chez ceux là même qui sont censés promouvoir son ancrage dans la réalité affecte , sérieusement, la légitimité des institutions qui depuis la proclamation de la république tiennent un peuple quelque peu marginalisé . Sous réserve du respect à tous ceux qui ont cru ou qui continuent de croire à l’idéal de l’Etat national, particulièrement à ces soldats anonymes dont certains ont disparu et dont l’œuvre monumentale a été engloutie par un univers hostile au progrès qui n’en a laissé que d’insignifiantes traces, il est bien permis de constater, avec regret, que l’ adhésion à la morale de l’intérêt public n’a que , rarement, progressé.

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Il y’a eu, certes, ces premiers temps qui correspondaient à l’adolescence d’une ‘’nation’’ qui découvrait la liberté et dans lesquels des’’ commis de l’Etat’’ se sont distingués par un immense dévouement à la patrie. Mais une certaine propension à la comparaison conduit, parfois, à oublier qu’à ces débuts l’Etat renvoie à l’image d’une cité romaine peuplée par un monde promu – Metraghi- qui édictait des lois, confectionnait des projets ambitieux , allait au cinéma et dont ‘’les plus branchés’’ se payaient même le luxe de s’amuser dans la sélecte discothèque de l’Ardine 87 . A cet Etat embryonnaire , les populations envoûtées par la magie d’un mode de vie rustique bourré d’un un vain désir d’éternité, ne demandaient, essentiellement, que la paix assurée par des représentants locaux autour d’ interminables parties de jeux de dame qu’ils organisaient avec des notables , à la fois, intrigants et complices. Il y’a , sans doute aussi , dans les générations postérieures , y compris dans celles d’aujourd'hui meme , des femmes et des hommes intègres et , autrement beaucoup plus compétents mais la nature de l’Etat devait ,à partir du début des années 70, subir une profonde transformation liée d’une part à un facteur positif qui tient à la nationalisation de l’économie de ‘’ la monnaie et du Fer’’88 et d’autre part aux conséquences négatives d’une dramatique sécheresse qui a anéanti ‘’ le vert et le sec’’.89 Misères et richesse d’une Nation Le précieux secours des pouvoirs publics, durant cette terrible épreuve, lequel s’est matérialisé par ‘’la distribution des vivres’’90 a été accompagné par une odieuse pratique qui consiste à détourner ‘’ les vivres’’ annonçant ainsi, avec l’apparition des fonctionnaires’’ manges-mil’’ , la naissance d’ un fléau aussi durable qu’ endémique. Au delà de la corruption, du détournement des deniers publics qui constituent les symptômes les plus caractéristiques de ce fléau, c’est, en fait, la perception de l’Etat en tant que ‘’ vache à traire’’ qui s’est , considérablement développée. C’est, précisément, au tréfonds de cette mentalité que se trouvent , solidement enfouies, les racines de l’immobilisme de l’Etat de Droit. En effet, l’ histoire de la fortune en Mauritanie, qu’il faudrait écrire, ne peut nullement faire l’économie de ‘’ l’enrichissement illicite’’ auquel soumet , directement ou indirectement, l’exercice d’une activité publique ou privée . L’ampleur du phénomène se mesure à l’aune de la croissance des services de l’Etat et du développement de l’économie.. Ce qui n’était, à ses débuts, qu’une fraude fiscale et douanière encouragée par la croyance , d’inspiration religieuse, de contourner une expropriation illicite ‘’Ghasb’’91 est devenu ‘’un sport national’’ dont la devise résulte d’un adage populaire selon lequel ‘’il faut goûter à la chose qu’on a sous sa garde’’.

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Comme tous les sports, le ‘’lag’’92, qui correspond à l’action d’avaler ainsi employée par ‘’le petit peuple’’ pour désigner le détournement des biens publics, a des héros, des mauvais perdants , des supporters et ,surtout, un terrain des plus appropriés. La relation des Mauritaniens, à la vie matérielle austère, avec l’argent correspond à une décadence morale qui a commencé avec la découverte de la nouvelle prospérité. En effet , l’introduction des activités de l’économie moderne , notamment des banques , des assurances et des entreprises publiques, a été accueillie par des célèbres pratiques frauduleuses socialement encouragées, à elles seules, susceptibles d’inspirer à Shéhérazade un autre conte de mille et une nuit. A l’époque meme où les grands fughahas multipliaient la production des avis , globalement, défavorables à l’usage , controversé en droit musulman, du prêt bancaire 93 , l’économie de la dette, complaisante et frauduleuse , s’est installée aussi bien dans les esprits que dans la durée. Or la principale richesse d’une nation ne provient point des biens matériels dont elle a la possession mais plutôt de sa capacité de perpétuer, par une pression sociale , la morale du bien ou comme diraient les théologiens musulmans ‘’al amelou assalihi’’94 . Il est vrai que, comme partout, la relation du pays avec la norme morale contraignante n’a pas , toujours, été facile . En effet, l’ atteinte collective aux règles de la morale religieuse apparaît à travers la lettre adressée en 1493 de Bilad Takrour au juriste consulte égyptien limam Assoyouti par Md Mbarec lemtouny, qui consacre ,dans l’histoire ‘’nationale’,’ la redécouverte 95 d’un espace perdu depuis le temps de la rigueur almoravide96 . C’est, d’ailleurs une rigide conception de la morale qui explique , en partie, les déboires du mouvement de Nasser dine ( 1645- 1685)97 et c’est, manifestement, le souci d’une flexibilité dictée par la spécificité de la vie dans le désert qui apparaît à travers l’effort d’adaptation du Figh aux réalités locales, entrepris par de nombreux jurisconsultes mauritaniens 98. Mais si certains équilibres , en peu à l’instar de la glorieuse et fructueuse‘’paix d’Ahmed ould Mhammed’’ ( 1869- 1887)99, ont été assurés par des émirats, des almamiyats 100, des confédérations tribales et autres chefferies traditionnelles ou autorités spirituelles dans tout ‘’l’ensemble mauritanien’’101, l’ampleur de la transgression du code moral sur lequel reposent les structures de la société traditionnelle, explique , en grande partie, le recours ‘’religieux’’ à la dissuasion coloniale. il est ,en tout cas, particulièrement grave que ,de nos jours et dans une république, de surcroît , islamique cette morale du bien, officiellement revendiquée par l’Etat, qui devait se traduire par un respect scrupuleux de

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l’intérêt général et du bien public soit dévoyée par ceux là même qui s’en réclament .Ainsi des financements suspects , des diverses transactions frauduleuses et autres trafics obscurs ont , en toute vraisemblance, contribué à l’enrichissement illicite de toute une génération qui compte , dans ses rangs bien de nouveaux ‘’religieux’’102. Ce mélange de respectabilité et d’abjection constitue un trait dominant d’une certaine classe émergeante qui , en plus de la régression morale qu’elle incarne, participe activement à l’affaiblissement de l’Etat du droit. Selon une histoire , souvent racontée par les grandes mères et qui en dit long sur la réception de la morale dans ces contrées , le saint Cheikh Ahmadou bamba M’backé ( m. 1927) 103 disait : ‘’Une partie de mes talibés me prend pour un Dieu et l’autre me considère comme un économat ’’. Il est regrettable que certains ‘’leaders religieux’’ d’aujourd’hui aient perdu cette intégrité qui a permis aux diverses générations d’illustres savants musulmans de promouvoir, par une pédagogie de la probité, les scrupules moraux auprès de leur disciples et qui constitue, en elle même , une précieuse richesse pour la nation. Mais au delà de la morale , en perpétuel et universel déclin, l’économie politique informelle 104, porteuse d’une incontestable diffusion de la prospérité, trempe bien de fonctionnaires ainsi que de nombreux opérateurs économiques dans la marre stagnante de l’illégalité. Réduire, sensiblement, la part de l’informel dans l’économie nationale constitue , en raison de cette périlleuse situation qui se développe en dehors de la loi, une mission de salut public que seul un gouvernement de l’intelligence serait en mesure d’ assurer. Or en raison des équilibres politiques, en fait souvent tribaux et ethniques, destinés à asseoir l’autorité de l’Etat ’’, la promotion politique fondée sur la représentativité 105 a , souvent , constitué un obstacle pour l’évolution de la notion mémé de l’intérêt général. Cette réalité avec laquelle tous les pouvoirs ont composé, a , sans doute ,été renforcée par ‘’ la légitimité démocratique’’ conférée par le nombre des voix et s’est traduite, dans un contexte de libéralisation accrue et mal contrôlée, par d’inadmissibles violations du droit économique public et privé qui résultent de la mauvaise gestion ainsi que de l’ abus du privilège d’autorité . Ainsi tout se passe , malheureusement, comme si un quasi contrat social de la complaisance stipule la transgression , à des multiples niveaux, de la règle de droit. Le coup d’Etat récurrent Au début des années 80, lors d’une audience de l’ancienne cour spéciale de justice 106, l’officier président a rejeté l’objection d’incompétence de la dite juridiction soulevée par la défense en soulignant avec la force du

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caractère , dont les chefs militaires ont le secret, que’’ de toute manière le dossier est déjà sur la table et il sera traité’’ . En fait, il avait bien raison d’afficher tant de sérénité . Dans un régime d’exception, il est , quelque part, inutile d’épuiser le temps dans des batailles de procédures Depuis que le communiqué N°1 du 10 juillet 1978 a proclamé que ‘’les forces armées sont dépositaires , en dernier recours, de la légitimité nationale’’, l’idée du coup d’Etat en tant que mode de succession des pouvoirs a , profondément, pénétré dans les pratiques institutionnelles et les mœurs politiques de la Mauritanie. Or , un coup d’Etat est , par définition, une voie de fait et par conséquent une violation flagrante de l’Etat de Droit Dans la vie politique mauritanienne, cette violation se transforme, subitement, en réalité avec laquelle il faudrait composer.. C’est , dans cet esprit animé par une partie de la musique Vaghou 107 , destinée à rappeler ‘’ que nous sommes les fils des rois’’ et non des citoyens soumis à loi, que le coup d’Etat fondateur du recours à la force a été accueilli . La réalité était moins glorieuse, la Mauritanie avait perdu la guerre du Sahara et au vu de la persistance d’un conflit auquel elle ne peut jamais rester indifférente, elle n’a pas encore gagné la paix. Ce sont les effets néfastes de ce passé omniprésent qui justifièrent , à l’époque, le débat entre partisans de ‘’ la paix globale’’ et ceux de’’ la paix séparée’’. Le désir de la paix, ancré dans les mémoires, n’a pas tardé à se transformer en aspiration collective à la stabilité d’un pays meurtri par la sécheresse, la guerre et pire encore par la perte de l’espoir d’une normalisation politique. En effet, la succession des coups d’Etat ainsi que la multiplication des dissensions au sein du pouvoir militaire étaient d’autant plus inquiétantes

qu’elles soumirent le pays à une période d’instabilité attisée par un contexte régional des plus troublés. La perspective d’un retour à un ordre constitutionnel ne devait , d’ailleurs se préciser qu’en 1991 à la suite du déclenchement de ce qui restera , dans l’histoire du pays , comme un processus démocratique plus favorable à l’Etat de Droit108. C’est à partir de cette mutation de la nature institutionnelle de l’Etat, que deux logiques opposées , exprimées par le slogan ‘’du changement dans la stabilité’ , n’ont cessé de s’entre croiser au sein d’un pouvoir issu du recours à la force mais renforcé par une légitimité démocratique, à maintes reprises, largement, renouvelée . Le désir conservateur d’assurer une stabilité , quelque peu sanctifiée, par des méthodes, souvent, dérogatoires à la règle du Droit se heurtait au

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besoin , de plus en plus ardent, de modernisation politique, socialement et administrativement, intimidé . C’est au milieu de cette contradiction principale que réside , l’ultime explication de la déchéance , par la force, d’un pouvoir, , sans doute , affaibli par la violente tentative de coup d’Etat du 8 juin 2003 qui a ,sérieusement, mis en cause l’argument politique de la stabilité lequel a été, du reste, usé par le mode et la durée d’emploi. Ainsi, la continuité démocratique , qui résultait, à cette époque, du maintien du calendrier électoral, , à été accompagnée par une obsession sécuritaire , aiguisée par la récurrence des tentatives de coup d’Etat. Dans ce contexte troublé, le recours abusif à la force publique a, faut-il l’ avouer ? , constitué une régression pour l’Etat de droit . De ce fait, l’enthousiasme avec lequel les victimes des abus accumulés du traitement sécuritaire ont accueilli le coup d’Etat du 3 août 2005 n’a, bien évidemment, rien de surprenant. En revanche, l’expression du soutien politique au changement par la force correspond à une réalité aussi complexe qu’insaisissable pour des observateurs non avertis. En réalité, la structure mentale de la classe politique dominante, n’a pas, substantiellement, changé. Les images , particulièrement, ‘’choquantes’’ de ceux qui , au crépuscule du pouvoir renversé, s’affichaient dans des salles d’alphabétisation109 –spectacle , pour plaire à l’autorité et qui , à l’aube du changement rivalisaient, toujours dans le même souci, dans la rédaction des motions de soutien au nouveau pouvoir, traduisent les excès d’une perception équivoque de la politique pour laquelle l’obéissance à l’autorité prime sur la légitimité fixée par l’ Etat du Droit. En outre et en vertu d’ un état d’esprit, bien répandu, cette perception ne résulte pas d’un engagement politique ou d’un combat pour des idées mais ‘’d’une conception des intérêts particuliers qui ne dépasse pas , souvent, le court terme’’110. Au sujet de cet étrange comportement politique, un éditorialiste de la presse locale a usé d’ une formule assez piquante selon laquelle ‘’les Mauritaniens sont sincères mais changent de sincérité’’111.

A vrai dire, plusieurs raisons pour soutenir le coup d’Etat du 3 août 2005 , dictées par le réalisme politique, lequel ne constitue pas une spécificité mauritanienne, ont été avancées aussi bien du coté des milieux du pouvoir déstitué dont certains ont, toujours pris le Droit pour ‘’une branche verte qu’ont peut facilement plier’’ que de ceux de l’opposition dont les plus radicaux considèrent le Droit comme ‘’ un artifice qui tient un peuple abusé depuis 1991 ‘’. De ces motifs enchevêtrés il convient, cependant, de retenir, que le précis calendrier transitoire proposé par le nouveau pouvoir ainsi que sa promesse d’approfondir , par une stricte neutralité, l’Etat de Droit ont,

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largement, contribué à apaiser la conscience des incorrigibles scrupuleux qui s’assignent l’ingrate tache d’adapter le discours politique aux scénarios les plus imprévus. Mais au delà de la réussite de la transition annoncée qui correspond à une attente politique d’actualité, ce qui est en jeu c’est l’avenir de l’Etat de droit en Mauritanie lequel ne peut se construire que par l’enterrement définitif de la hache des coups d’Etat.112. S’il est vrai que cette alternative au pouvoir, réalisée par la force, a été , politiquement, consommée et qu’elle a , visiblement, soulagé bien d’humiliés et de frustrés il n’en demeure pas moins vrai qu’ un réel projet alternatif ne se décrète pas. Le piége de l’alternance ‘’Le pouvoir a un goût délicieux’’ avait lancé feu Moctar ould Daddah à l’adresse des militants du parti du peuple mauritanien qui protestaient , lors d’un meeting, contre son éventuel retrait de la charge suprême auquel il venait de faire allusion. Le père de la nation savait , pertinemment, qu’une légendaire ‘’incompréhension’’113 entoure les fondements sur lesquels repose la légitimité de l’Etat qu’il incarnait.. Le credo de ‘’ces militants’’ qui ont, par la suite, rejoint les structures d’éducation de masses 114 avant de se retrouver dans la liste bleue lors des élections municipales de 1986115 puis au parti républicain démocratique et social et qui se sont, en partie, dispersés dans d’autres formations , à la faveur, de l’actuelle recomposition du paysage politique repose sur une antique croyance , toujours vivace, qu’un célèbre ver de la poésie arabe classique résume en ces termes ‘’nous espérons du Khalife, au cas où il ne pleut pas, ce que nous attendons de la pluie’’. Cette vision de l’autorité, profondément ancrée dans l’imaginaire collectif a été un élément essentiel de la durée du pouvoir du Président Maouiya qui répondait à un profond désir de stabilité consacré par un consentement majoritaire et dont le prénom ‘’califal’’ a inspiré un large courant de surréalisme politique le suppliant ‘’de diriger le pays pendant cent ans’.116 Compte tenu de la persistance , à une échelle non négligeable, d’une telle mentalité le débat autour de l’alternance soulève la question de savoir si une initiative institutionnelle tendant à réduire le mandat présidentiel permettrait l’avancée du projet alternatif de société proposé , sous diverses formes, par l’Etat national républicain depuis 1960. C’est, en tout cas, par rapport à cet idéal , unanimement revendiqué, que les ambitions devraient se positionner , que des styles de gouvernement devraient être conçus et qu’en définitive une typologie politique du pays pourrait, ainsi , se dessiner.

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Schématiquement et pour reprendre une grille de lecture française, à laquelle nous ne pouvons pas être insensibles, les pratiques politiques indispensables pour la conquête ou pour l’exercice du pouvoir en Mauritanie constituent, globalement, un pole de stabilité de ‘’ droite’.’ Il s’agit d’un pole conservateur dominant qui compose avec l’administration, les réalités parentales , les cercles religieux, les intérêts des milieux économiques et autour duquel gravitent divers courants modernistes ou idéologiques allant de ceux qui gardent des séquelles de la praxis marxiste, passant par’’ les nationalismes’’ arabe ou négro-africains et le particularisme haratine jusqu’à ceux qui prônent un islamisme radical. La ‘’gauche’’, qui équivaut à une contestation de ces pratiques susceptibles de perpétuer la domination, se nourrit, essentiellement, de l’irrésistible revendication de la justice proclamée par l’Etat de Droit Mais cette revendication , appuyée ou récupérée, selon les cas, par un versant ‘’gauchisant’’ du pole ou des courants précités, a , souvent , été animée par une certaine conception de la recomposition de la Mauritanie qui s’exprime par des prémisses identitaires soupçonnées , à tort ou à raison, de perturber la cohésion nationale..

Néanmoins, au plan théorique cette séduisante distinction apparaît de plus en plus superflue dans la mesure où tous les partis politiques se fixent l’objectif de la conciliation de l’impératif de stabilité avec l’exigence de justice . En effet, une telle ambition relève désormais du politiquement correct. D’ailleurs la recomposition actuelle du pole 117 de stabilité lequel possède une redoutable faculté d’adaptation aux différents contextes politiques et aux divers changements institutionnels ainsi que la multiplication au sein de ce pole conservateur des initiatives ‘’rénovatrices’’, ‘’réformistes’’, ‘’alternativistes’’ et autres ‘’centristes’ traduit le souci , bien partagé, de tenir compte , au niveau du discours politique, des attentes suscitées par les multiples contradictions qui agitent le pays. Mais l’alternance destinée, dans une logique démocratique, à favoriser la succession des pouvoirs , issus du pragmatisme électoraliste , condamnés à composer avec une réalité des plus opaques et liés par des programmes de gouvernance de plus en plus’’ techniques’’ pourrait provoquer bien de désillusions car, ainsi comprise, l’alternance ne consacre pas , forcément, l’ancrage du projet alternatif fixé par l’Etat de droit. L’Etat de Droit , une indispensable utopie Il arrive, souvent, que l’engagement politique, sans équivoque, pour les causes justes soit perçu comme une aventure ambiguë.

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La critique universelle de l’ angélisme excessif s’exprime en Mauritanie par une sentence morale décrétant ‘’ que la politique n’est pas faite pour l’au-delà’’. Cette vision laïque de la politique, 118 souvent invoquée par des’’ pieux militants ’’ du pole de stabilité à l’appui d’une demande d’avantages matériels ou de promotion pour les services rendus correspond à un état d’esprit bien répandu. En réalité , l’avancée effective de l’Etat de droit suppose une émancipation économique et un niveau d’instruction qui sont largement déficitaires dans le contexte actuel du pays. C’est, d’ailleurs , essentiellement, pour cette raison qu’ à des rares exceptions l’action politique demeure tributaire de la mentalité, bien enracinée, des anciens notables et n’arrive pas à s’inscrire dans une perspective du débat d’idées. Pourtant, vues dans leur ensemble, les idées politiques en Mauritanie résultent d’un historique malentendu . C’ est, manifestement, l’histoire d’une contradiction originelle entre un arsenal institutionnel d’inspiration laïque implanté dans un univers du tout religieux qui rejaillit , à travers, la multiplication des courants issus de l’islamisme contemporain. C’est, précisément l’écart entre les réalités socio- économiques et l’affirmation constitutionnelle des valeurs républicaines de liberté , de solidarité nationale , d’égalité devant la loi qui jette , souvent, une ombre de discrédit sur la légitimité même des institutions.. C’est également, une conception sécuritaire de l’unité nationale conçue à un moment ou l’Etat national en fondation était contesté qui a contribué à l’ aiguisement des crispations identitaires et qui continue, par le biais de la crainte , bien répandue , de jeter un regard sur tout un passé , parfois, tragiquement honteux. Et c’est , en définitive, la nature et le degré des réponses apportées à ces contradictions irrésolues qui déterminent la forme d’un réel engagement politique . Or, en raison de la précarité économique et du déficit de la conscience civique , une bonne partie de la classe politique ,dont le concours est indispensable pour la détention des leviers du pouvoir, s’enlise , inévitablement, dans les pratiques qui vont à l’encontre de l’évolution de l’Etat de droit. En somme, la modernisation du pays s’est , toujours , heurtée à une forte résistance animée par les cercles d’influence sur lesquels repose la légitimité de l’autorité. Au- delà de la rupture totale avec le passé mise en exergue aussi bien par les rénovateurs du pole de stabilité que par les conservateurs qui ont

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rejoint ‘’ l’ére nouvelle ‘’ se dessine une nouvelle institutionnalisation du déjà vu. S’il est bien facile, dans ces conditions, d’imaginer la recomposition politique sur laquelle le futur pouvoir élu bâtirait son assise , il n’est pas aisé, de prévoir quelle sera l’attitude de la prochaine opposition. Il faut, cependant, espérer que l’instinct national de survie qui fonde , généralement, un optimisme de la volonté collective suscite une tendance favorable à l’évolution de l’Etat du droit , à travers un scénario du possible inspiré , au moins , des trois considérations suivantes. La première considération tient à l’impérieuse nécessité d’ un accord minimum de la classe politique sur les fondements nationaux de l’Etat consacrés par la constitution du 20 juillet 1991.les termes de cet accord ne peuvent pas résulter d’un débat technique autour des modalités de la transition . Ils doivent , plutôt, découler d’une confrontation politique d’opinions susceptibles d’engager l’ensemble des partenaires sur des thèmes précis tels que : la divergence fondamentale entre la conception du sacré dans un pays profondément musulman et le concept laïc de la liberté.. la portée pratique de l’unité nationale ainsi que celle de l’ascendance de l’Etat de droit. La seconde considération découle de la nature et de la structure du pouvoir,. Celui ci ne peut pas être radical. En pleine gloire de l’internationalisme prolétarien , la Mauritanie avait résisté aux tendances du totalitarisme idéologique. Les méthodes de l’ancien nouveau radicalisme qu’il soit ‘’islamiste’’, identitaire ou alter mondialiste ravivent , souvent, la sempiternelle tendance au repli. De même la fiabilité de la structure du pouvoir dépendrait, on le dira jamais assez, du facteur humain. Aucune initiative institutionnelle, si judicieuse soit- elle , ne pourrait remplacer l’influence que les hommes sont appelés à exercer sur le cours de l’Histoire. De ce point de vue , la Mauritanie éprouve le besoin d’un homme du destin commun. Un homme rassembleur qui possède le sens de la grandeur , celui de l’Etat ainsi que celui du devoir patriotique ; Un homme modéré qui saurait, sans excès ni négligence – la ifrata wa la tafrit- affronter les défis du moment ; Un homme qui pourrait, surtout, réanimer l’âme politique des réformes susceptibles de contribuer à une réelle évolution de l’Etat du droit. C’est dans la perspective de cette évolution que s’inscrit la troisième considération qui concerne le beau rôle dans ce qui ressemble , aujourd’hui à une indispensable utopie et qui incombe à la future opposition. Celle ci devrait être légitimiste. A cet effet, elle gagnerait à s’engager dans une nécessaire opposition au pouvoir qui surgirait du scrutin envisagé et non dans un processus de dépérissement de l’Etat national par un activisme déloyal qui vise à aiguiser les contradictions

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internes de la nation. Elle devrait , en outre, réaliser les conditions d’une démocratisation qui permettrait l’alternance, en son sein, pour ne pas succomber à une aliénante obsession du pouvoir. Une opposition porteuse d’un réel projet d’alternance digne d’un Etat de droit, ne pourrait, en tout cas, résulter, que d’un combat qui s’inscrit dans l’universalité territoriale du pays et, surtout, dans la longue durée.

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Notes , références et indications bibliographiques

1- De nombreux écrits du 19eme siècle attestent que les lettrés traditionnels de l’ époque pré coloniale considéraient le pays comme bilad sa’iba autrement dit territoire sans gouvernement. Dans ce sens voire l’échange épistolaire entre Cheikh Mohammed el Mamy et Mohammed ould Mohammed Salem rapporté par Mohamed EL Mokhtar oulld Bah dans la littérature juridique et l’évolution du malikisme en Mauritanie –publications de l’université de Tunis, rapporté également par Mohammed Al Mukhtar ould Sa’ad dans les Fatawas –de l’orthodoxie jurisprudentielle à l’histoire vécue –Dar AL Gharb Al –Islami . Mais le concept de la saiba évoqué par rapport au Makhzen et mis en exergue en tant que fil conducteur de la revendication de la Mauritanie par le Maroc avait quelque chose de gênant pour la génération politique de l’indépendance. Voir dans ce sens – le « Makhzen » et le « Bled Es Siba » et les premiers traités internationaux du Maroc in –la république islamique de Mauritanie -ds et le Royaume du Maroc – Sur l’origine de dénomination Mauritanie voir Documents d’histoire mauritanienne (Textes français inédits) traduits en arabes , établis et annotés par Dr . Mohamedou ould Mohameden – Nouakchott 2000 publications de l’université de Nouakchott page 41. voir également Mohammed said ould Hamody Bibliographie générale de la Mauritanie –collection connaissance de la Mauritanie –centre culturel français de Nouakchott.

2- Voire dans le sens de ‘’l’opportunisme’’ des politiciens mauritaniens la pathétique réflexion que le premier président de la république islamique de Mauritanie a livrée dans ses mémoires : La Mauritanie contre vents et marées –éditions Kart hala – pages 23 et 24

3- Lemegheity ou El Mreiti, localité située dans le Nord-Est, en plein désert dans laquelle des soldats mauritaniens ont été massacrés à l’issue d’une sauvage agression.

4- Le groupe armé se réclame du ‘’Salafisme’ ’il convient de souligner, à ce sujet, que de nos jours ,le salafisme est une désignation pudique derrière laquelle se cachent les courants islamistes les plus fanatiques qui prônent le repli et la violence .En elle meme, la désignation est, en outre, controversée car cette revendication des salaf qui signifie les Anciens en référence aux premières générations de l’islam vise à exclure les courants de pensée ash’arite et soufiste des gens de la sunna (tradition) qui constituent la majorité des musulmans. Or ,d’un point de vu historique, il est ,incontestablement, établi que Ahl Sunna wa aljamaa c’est à dire les sunnites sont ceux qui ont ,par le biais d’Abou Alhassan Al Ash’ari, proposé une voie médiane entre les traditionalistes(gens du hadith) et les rationalistes (mutazilites).Ce compromis fondateur qui condamne d’une part,,le recours excessif à la Raison lequel consiste à priver Dieu de toute activité opérante (taatil) ce qui conduit à l’agnosticisme et d’autre part ,la lecture littérale des textes qui favorise la tendance à l’anthropomorphisme (tashbih), constitue le fond de la pensée sunnite dominante dans le monde musulman. Et c’est précisément ce fond de

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pensée marqué par un souci de conciliation, de modération et d’ouverture que visent à éliminer certains courants qui se réclament ,aujourd'hui du salafisme, Sur les courants de pensée de l’islam voir Henry Corbin Histoire de la philosophie islamique Folio essais 1999- Urvoy les penseurs libres dans l’islam classique Flammarion 1996- Sabrina Mervin Histoire de l’islam fondements et doctrines Flammarion 2000- Josef Van Ess prémices de la Théologie musulmane Albin Michel idées 2002 . sur la prépondérance de l’asharisme et du Soufisme en Mauritanie Voir l’islam en Mauritanie in introduction à la Mauritanie .éditions du CNRS 1979 , contribution de A. Traoré et éléments bibliographiques

5- L’élaboration de la loi relative aux mosquées est intervenue dans un contexte

marqué par une vive polémique entre le pouvoir et une partie du courant islamiste. Le ministre des affaires islamiques lui même de tendance’ ’islamiste’’ fut pris à partie pour avoir déclaré sur la base d’une interprétation du figh que ‘’l’anarchie observée dans certaines mosquées peut conduire à la transformation de celles ci en boulangeries’’. Sur le rôle de la mosquée dans l’activisme islamiste voir Rouadia Ahmed, les frères et la mosquée Karthala 1990

6- les nominations aux fonctions publiques ont , toujours , été l’objet d’un rituel suivi avec intérêt au niveau de l’opinion publique. Le mercredi , journée du conseil des ministres est considéré comme le jour des nominations ( ta’yinates). Il serait intéressant de consacrer une ou des études à ce phénomène pour apporter des éclairages sur son évolution contextuelle. En tout cas la rationalisation du circuit des nominations aux emplois publics occupe dans la hiérarchie des urgences, une place de choix.

7- Des statiques relatives à l’exil des cadres ou la fuite des cerveaux voir actes

de la première rencontre des chercheurs mauritaniens en sciences exactes et appliquées – Nouakchott décembre 2002.

8- Moctar ould Daddah 1960- 1978 , Moustapha ould Mohammed Salek 1978- 1979- Mohammed Mahmoud ould Mohammed louly 1979-1980 ; Mohammed Khouna ould Haidallah 1980- 1984 – Maouiya ould Sid’Ahmed Taya 1984- 2005

9- Sur le légalisme malikite voir Yahya ould El-Bara, Mutations des formes de religiosité : sources et débats in les trajectoires d’un Etat- frontière, espace, évolution politique et transformations sociales en Mauritanie , ouvrage collectif publié par le conseil pour le développement et les recherches en sciences sociales en Afrique ( CODESRIA)–Dakar sous la direction de Zekeria ould Ahmed Salem pages 207et suive.

10- Parti républicain démocratique et social crée en août 1991 à la suite du déclenchement du processus démocratique en Mauritanie .

11- Au sujet de la représentation de Ahlou al halli wa alaghdi voir Abdel wesdoud ould Cheikh, la tribu comme volonté et comme représentation dans l’organisation d’une tribu maure : les Awlad Abyari in AL- Ansab –la quête des origines –anthropologie historique de la société tribale arabe éditions de la maison des sciences de l’Homme Paris pages 201et suive.

12- Villa santé de Beauvais –parenté et politique en Mauritanie , essai d’anthropologie historique – LHarmattan, Paris, 1998. l’ouvrage découle

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d’une minutieuse étude du cas de la confédération tribale de Ahl Sidi Mahmoud

13- Mensonge et politique , voire à ce sujet Jean-Marie Denquin- Vocabulaire politique- Presses universitaires de France collection –Que sais-je ?- voire également Jean-François Kahn –Esquisse d’une philosophie du mensonge- Flammarion 1989

14- A ce sujet voire document intitulé Bilan et perspectives du troisième congrès du PRDS devenu ,à l’issue de ce congrès tourmenté, Parti républicain pour la démocratie et le Renouveau (PRDR).

15- Le rejet des sensibilités politiques ( voire interview de Monsieur Ahmed ould Daddah dans le ‘’quotidien diplomatique’’ N° 1 du 15 novembre 2005).

16- Olivier Roy l’islam mondialisé éditions du seuil-Paris 17- Fukayama, la fin de l’histoire 18- Samuel P. Huntington ,le choc des civilisations Editions Odile Jacob –Paris

2000 19- Sur l’image de l’islam dans la littérature occidentale voir Juan Goytisolo cara

y cruz del moro en nuestra lite ratura in chroniques sarrasines –Fayard 1985 20- Sur la fonction motrice de la religion dans toutes les sociétés voire Régis

Debray le Feu sacré fonctions du religieux éditions Fayard 2003 21- On a pu soutenir, à ce sujet problématique, que la distinction ‘’Droit

moderne’’- Droit musulman doit etre fortement relativisée dans la mesure où ‘’ il s’agit , en réalité, soit d’un Droit d’inspiration musulmane mais contraire aux besoins nouveaux d’un pays, soit d’un Droit moderne mais non contraire aux règles coraniques. Dans les deux cas, le pouvoir législatif constitue le creuset où se fondent les différentes tendances et où s’accomplit l’unité du Droit mauritanien. C’est le système judiciaire qui assure l’élaboration d’un Droit unique portant plus ou moins la marque, selon les matières, de sa double origine’’( M.Jeol,la reforme de la justice en Mauritanie. Penant 1962. P193). La tendance à l’unification s’est accrue avec l’ordonnance N° 83-144 du 23 janvier 1983 qui a entraîné la disparition du dualisme juridictionnel ( Bescond Forget- l’organisation judiciaire en Mauritanie, revue Indépendance et Coopération N° 1-2 janv-juin 1986 P113). Dans cette optique, on peut considérer que toute règle de Droit est islamique des lors qu’elle ne contredise pas l’esprit du Droit musulman. Il s’en suive une incorporation de la règle de Droit laïc. Mais cette unification , adoptée par la suite, en vertu de la constitution du 20 Juillet 1991 n’implique pas, pour autant, une unification matérielle du Droit mauritanien et on peut valablement considérer que celui ci résulte de la juxtaposition des règles d’inspirations différentes(Ould Boubout. Penant 1986 P 361).En effet, la dichotomie ‘’Droit moderne- Droit musulman demeure la caractéristique essentielle du Droit mauritanien. L’abandon du dualisme juridictionnel et plus tard, la proclamation constitutionnelle de l’islam comme unique source du Droit n’entraînent pas , forcément , abandon du dualisme juridique.

22- On a pu remarquer , dans ce sens , que les penseurs arabes découvrant dés les

premiers siècles de l’hegire l’héritage des philosophes grecs en ont tout traduit, développé et commenté à l’exception notable de ‘’la politique d’Aristote’’ et de la ‘’la République de Platon’’

23- Voir au sujet de ces discussions sous la tente Moctar ould Dadadah , la Mauritanie contre vents et marées op.cit.

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24- Il convient de préciser que ce ‘’duel’’ entre l’arabité et l’africanité n’évoque pas l’image du panarabisme de Gemal Abdel Nasser et celle du panafricanisme de Kwamé Nkrumah lesquels, ont , ensemble, œuvré pour l’ancrage de la solidarité arabo-africaine . au sujet de l’identité culturelle voir Miské, Ahmed Baba « Mauritanie : la délicate synthèse de l’Afrique et de l’Arabité » in Bessama-.Wodmani Darwish, Maghreb :les années de transition Paris IFRI,Masson, 1990. voir aussi Balans, la Mauritanie entre Afrique blanche et Afrique noire in le monde diplomatique septembre 1965.voir Moustapha Ngaidé ,l’unité nationale dans l’évolution politique et constitutionnelle de la Mauritanie ( 1946-1978) mémoire de D.E.A de Droit public -université Cheikh Anta Diop- Dakar 1989.

25- Dans le même sens voir Habib Boularés l’islam, la peur et l’espérance – éditions Latés-1984 page 157- voir également Tariq Ramadan les musulmans dans la laïcité éditions Tawhid 1998 – Caroline Fourest ,Fiammeta Venner la laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman.

26- Abdou filali almansary l’islam est- il hostile à la laïcité ? éditions Sindhbad Actes Sud

27- Ali abdereazegh- l’islam et les fondements du pouvoir –traduction et introduction de abdou filali-ansaary –Editions la découverte/ Cedej 1994

28- à ce sujet voir Bernard Botiveau Charia et démocratie : les aléas d’une comparaison in l’islamisme –la Découverte op.cit page 47

29- les ouvrages du Droit musulman établissent la distinction entre les Ibadat qui relèvent du spirituel et les muamalat qui correspondent aux transactions , mais dans ce domaine du temporel les jurisconsultes se limitent ,généralement à la judicature. la théorie du pouvoir est , quant à elle, traitée sous l’angle théologique par le Kalam ou parole dialectique à ce sujet voir Josef Van Ess Prémices de la théologie musulmane Albin Michel 2002- sur le Droit musulman voir

30- Sur cette question voir Leveau Rémi l’Algérie dans la guerre , complexes 1995

31- Cette période fut marquée par l’affluence en Mauritanie des prédicateurs influencés par le fondamentalisme pakistanais lequel a été déterminant dans la formation de l’Etat Taliban

32- Le choix du terme ouma ou communauté traduit l’ambition des islamistes, en partie proches des frères musulmans égyptiens, d’être les portes paroles de la Communauté des musulmans . alors que dans les milieux religieux traditionnels ,c’est la notion de la ‘’jema’a’’, assemblée qui est mise en exergue sur cette distinction voir Abdel Wedoud ould cheikh, la tribu comme volonté et comme représentation –op. cit. page 207 - Sur l’islamisme voir les dossiers de l’état du monde –l’islamisme- éditions la découverte 1994 –voir aussi Olivier Roy généalogie de l’islamisme Hachette litératures

33- Le terrorisme 34- Voir à ce sujet L.Milliot,la conception de l’état et l’ordre légal dans l’islam

R..C..A.D.I t.75 pp 620 et suiv. institutions de l’islam voir également Bernard Lewis Le langage politique de l’islam Editions Gallimard 1998

35- Mawerdi (Abou l’Hassan Ali) les statuts gouvernementaux ou règles de Droit public et administratif traduits et annotés par E. FAGNAN éditions du Patrimoine arabe et Islamique - Berouth

36- Au sujet de l’incompatibilité de certaines dispositions du droit musulman avec les engagements internationaux de la Mauritanie François-Paul Blanc, la

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filiation servile en Droit mauritanien : à propos d’un arrêt récent de la cour suprême de Nouakchott in Revue Franco -Maghrébine De Droit N°7-1999 ; le problème se pose , surtout, en ce qui concerne les dispositions du code pénal relatives à l’apostasie, la lapidation, l’amputation de la main des voleurs. Ces dispositions n’ont jamais été appliquées depuis 1984 suite à une volonté politique manifeste de surseoir à leur exécution mais au plan juridique , rien n’empêche un juge de les invoquer.

37- Voir Jeanne-Héléne Kattenbach Michele Tribalat la République et l’islam, entre crainte et aveuglement –Gallimard 2002

38- Voire , à ce sujet, Mohammed Charfi Islam et liberté le malentendu historique Casbah éditions Alger 2000

39- Procès de jreida 40- L’expression ‘’ nature bi ethnique de la Mauritanie’’ est employée par feu

Moctar ould Daddah dans son ouvrage précité .mais le caractère, en fait, pluriethnique conduit certains à parler d’un Etat multinational sur cette question voir Philippe. Marchesin-tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie – éditions Khartala page

41- Sur la définition du nationalisme voire Jean-Marie Denquin . op..cit. page 99 ,il conviendrait de consacrer des études ou des monographies réactualisées sur les différents nationalismes mauritaniens. De la Nahda à nos jours : le nasserisme , le baathisme , le nationalisme négro africain etc. à ce sujet voir les baathistes en Mauritanie : une longue route parsemée d embûches in le calame n°187 du 29 octobre 1995.

42- Article premier alinéa 2 de l’ordonnance N°022-91 du 20 juillet 1991 portant constitution de la république islamique de Mauritanie.

43- L’axe des pays africains dit ‘’progressiste’’ animé par l’homme du non au général De Gaulle, Sékou Touré (Guinéeà ainsi que par Modib Keita (Mali), Nkwamé Nkhrumah (Ghana) Gemal Abdel Nasser (Egypte) était plutôt favorable aux thèses du Roi Mohammed V (Maroc) lequel revendiquait la Mauritanie .

44- Citation rapportée par Philippe Marchesin op.cit.- page 129 45- Kadihines – Parti des prolétaires kadihines mauritaniens PKM, à tendance

marxiste a été crée selon un célèbre poème pour’’ libérer la Mauritanie du joug de l’impérialisme et de la féodalité et pour donner à son peuple, Noirs et Blancs, le bonheur et la prospérité’’ .voir à ce sujet Mohammed Mahjoub Md Moctar ould Boye – contribution a l’histoire littéraire de la Mauritanie, de la pénétration coloniale à nos jours- Thèse –université de la Sorbonne nouvelle Paris III 1988 V.égalemment De chassey-(Francis) Mauritanie 1900-1975, Paris- Anthropos 1978

46- De multiples ’écrits contradictoires et naturellement passionnés ont été consacrés aux tragiques événements de 1989 ainsi que sur ‘’ les années de braises’’ qui ont précédé le déclenchement du processus démocratique , il conviendrait, pour la manifestation de la vérité , de jeter des éclairages sur cette sombre période de l’Histoire du pays. Voir dans ce sens le monde diplomatique de juillet 1989, le Sénégal , la Mauritanie et leurs boucs émissaires’’ . voir aussi P. Marshesin ,Mauritanie- Sénégal : les événements du printemps de 1989 Etudes polémologues Paris n° 51 –3/ 89

47- article premier alinéa 3 de l’ordonnance N°022-91 du 20 juillet 1991 portant constitution de la république islamique de Mauritanie

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48- A ce sujet voir les trajectoires d’un Etat-frontiere Espaces, évolution politique et transformations sociales en Mauritanie op.cit.

49- , voire au sujet de la question haratine El-Arby ould Saleck- les Haratines-le paysage politique mauritanien –l’Harmattan 2003 – voire également Leriche (Albert) ‘’les Haratines ‘ Bulletin de liaison saharienne 6- 1951 pp 24-29 , voir le supplément mensuel du calame du 8 mars 1994 intitulé ‘’Haratines’’.

50- Mohamed Youssef Moghled ‘’les poètes de Mauritanie : les anciens et les rénovateurs’’ en arabe Dar el Kitab ,Beyrouth 1960.

51- Saint Louis ou Ndar 52- Bilinguisme constitutionalisé dans ce sens voire feu Mokhtar ould Dadadah

op.cit. page 53- Re personnalisation de l’homme mauritanien voire à ce sujet J-L Balans le

développement du pouvoir en Mauritanie – doctorat d’Etat en sciences politique, Bordeaux I –1980 P592 cité par Philipe Marchesin op.cit. PP 158et 159

54- Voir au sujet de la question nationale De chassey (Francis) op.cit. voir également Diallo amadou « réflexions sur la question nationale en Mauritanie » in Annuaire de l’Afrique du Nord –Paris 1982 . pp 28-35 Philippe Marchesein op.cit. voir également les trajectoires d’un Etat-frontiere op.cit. voir aussi Olivier le la question nationale posée dés la veille de l’indépendance in la question fonciére en Mauritanie ,terres et pouvoirs dans la région du Gorgol – l’Harmattan –connaissance des hommes Paris 1994 page 186.

55- Sur la question des langues voir Taine-Cheikh Catherine les langues comme

enjeux identitaires in Politique africaine N°55 (Mauritanie :un tournant démocratique ? 1994 voir aussi vers une nouvelle politique linguistique in

56- Wane birane, cadre de l’union des forces du Progrès –UFP- consultant, professeur à l’université de Nouakchott, a bien voulu, en signant cette postface, contribuer au débat visé par la publication de mes chroniques (op.cit ), parfois pamphlétaires,, il l’ à fait à un moment où les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition se rejetaient violemment. Au delà du souvenir d’amitié que nous avons , tous les deux gardé de notre combat commun au sein du mouvement national démocratique, au début des années 80, c’est l’idée d’un débat contradictoire susceptible d’aboutir à des solutions consensuelles pour les problèmes fondamentaux de notre pays, qui nous a animés. Je tiens ici même à consigner pour le jugement de l’histoire , mon admiration pour la compétence et l’intégrité de mon ami birane lequel a toujours représenté, à mes yeux, un humaniste sincère et un valeureux patriote.

57- Sur’’ les batailles des Droits de l’Homme ‘’ , il conviendrait de consigner, dans cet espace bibliographique, les termes d’un superbe malentendu qui a suscité des confrontations passionnées entre d’une part les membres de la ligue mauritanienne des droits de l’homme (LMDH), ceux du comité pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage en Mauritanie (CLSEM) et d’autre par les militants de l’association mauritanienne de droits de l’Homme ( AMDH) et ceux de SOS esclaves Mauritanie. Les premiers ont toujours été accusés par les seconds d’être les agents du pouvoir voire des services de renseignements généraux. Pourtant, la naissance en 1986 de la ligue mauritanienne des droits de l’Homme présidée par Ghaly ould Abdel Hamid correspondait à une réelle ouverture en plein régime d’exception et bien que plus tard elle fut investie par

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les partisans du pouvoir, notamment en 1993, ceci n’a pas affecté la détermination de la plupart de ses membres d’œuvrer , par leur propre style, à la promotion des droits de l’Homme. La proximité avec le pouvoir n’étant pas incompatible avec l’engagement humanitaire. C’est dans cette optique que l’auteur de ces lignes s’est engagé dans un combat en compagnie de ses amis Maître Mohamdi ould babah, Ba mariem Koeita, Mohammed salem ould Merzoug, Maître Mine ould Abdoulah, Maître bal Amadou tijane , BA Abdoulaye tous de la LMDH et le professeur Sheikh saad bouh Camara du CLSEM, dont l’homonymie avec le professeur cheikh saad bouh camara de l’AMDH a suscité bien de des commentaires il importe de souligner que ce combat n’a pas été facile. Indexés dans les forums des droits de l’homme par les adversaires du pouvoir , comme étant des collaborateurs de celui ci, nous nous somme heurtés à l’hostilité de certains centres de décision au sein de ce même pouvoir que nous somme censés défendre.

58- Walata est une antique cité située à l’Est du pays , évoquée dans les récits de l’illustre voyageur ibnou boutouta‘ ,elle est connue par sa brillante architecture , elle fut aussi un foyer de savoir consigné par des chroniqueurs érudits notamment Mohammed yahya al walaty et Taled boubacar almhjoubi alwalaty voir à ce sujet Marty. Paul les chroniques de Walata et de Néma in revue des études islamiques 1927 cahiers 111et IV voir D. Jacques-Meunié –cités anciennes de Mauritanie –librairie C.Klincksieck Paris 1961 cette ancienne cité constitue par son histoire , son mode de vie ainsi que le métissage de ces habitants une belle synthèse de l’unité nationale . il est regrettable que son non soit associé à l’ affreux univers carcéral dans lequel l’homme de culture Taine youssouf et certains de ses compagnons ont péri voir A. H. ’ J’étais à walata’’ : le racisme d’état en Mauritanie ; L’Harmattan ; il faudrait , à ce sujet rétablir ,dans un esprit de réconciliation ,une certaine vérité. Une chose est sure , la calamiteuse gestion de la prison s’est traduite par d’irréparables pertes en vie humaines mais de la à invoquer un racisme d’état ,il y’a un pas qui net peut être franchi sans discussion.

59- Mahamadou Sy , L’enfer d’Inal – Mauritanie : L’horreur des camps éditions l’Harmattan 2000 , la parution de cet ouvrage émouvant en l’an 2000,a sans doute, porté un sérieux coup aux tendances négationnistes , assez fortes, au sein de l’opinion publique. A ce sujet nous continuons de penser ce que nous avons écrit en 1993 : ‘’ l’aspiration à la justice est un droit fondamental , qui sera tôt ou tard pris en considération ‘’ voir chroniques d’un débat dépassé op. cit. page 50.

60- Sur le contexte du manifeste du négro-africain opprimé voir P.Marshesin op.cit page 211

61- Sur la question de l’esclavage voir ould Brahim, (Deye), Esclavage tel qu’il se présente en Mauritanie, Paris-école nationale de la France d’outre-mer 1959 également -’Ould Boyah (Brahim)’l’esclavage ,cette forme primaire de l’exploitation de l’homme par l’homme doit disparaître de chez nous’’ in futurs cadres ENA-Nouakchott, mars 1976 pp27-30 – l’abolition de l’esclavage en Mauritanie mémoire de maîtrise de la faculté de Droit, université de Dakar soutenu en 1983 par feu Mohammed lemine ould Ahmed, ancien ministre – voire aussi EL HOR –organisation de libération et d’émancipation des Haratines- Esclavage, racisme , ,discrimination raciale ,exclusion, xénophobie et intolérance dans le Monde, en Afrique et en Mauritanie –Durban (A. du Sud ) – août- septembre 2001 –v Groupes serviles

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au Sahara-approche comparative du cas des arabophones de Mauritanie sous la direction de Mariella Villa santé-DE Beauvais CNRS EDITIONS , Paris 2000.- voire aussi SOS esclaves Mauritanie 2004 –diffusion internationale, Embargo 6juin 2004. ,

62- Voire dans le sens de cette triste réputation Maurice Lengelé-Tardy -l-esclavage moderne Presses universitaires de France- Puf –collection Que sais-je ? page 3

63- Voir à ce sujet circulaire Maloum ould Abraham, ministre de la justice ,garde des sceaux , 1968 , voir également circulaire Mohammed lemine ould Hamony, ministre de l’intérieur 19 à propos de l’ordonnance n° 81.234 du 2 novembre 1981 portant abolition de l’esclavage voir interview le Président Maousse ould sid’Ahmed Taya in jeune afrique n°4418 du 9 novmbre 1988. voir également Mauritanie : chroniques d’un débat dépassé op.cit page

64- Voir à ce sujet Mi’raj al- Su’ud – répliques de Ahmed Baba à propos de l’esclavage- publications de l-institut des études africaines de l’université Mohammed V- Rabat 2000 V.egal. Mahmoud A. Zoubeir – Ahmad Baba De Toumbouktou (1556-1627) –sa vie et son œuvre –G-P Maisonneuve Et Larose Paris 1977

65- Louis Hunkanrin, un forfait colonial : l’esclavage en Mauritanie – avant propos de E. Reynier président de la fédération Ardéchoise des Droits de l’Homme –imprimerie moderne –place de l’Hôtel –de-ville Privas 1931. selon les données relatives à ce déporté du Dahomey (actuel Bénin) , le personnage apparaît comme un prototype du libre contestataire pour les uns ou de l’insupportable agitateur pour les autres. Il aurait vécu à tidjikdja avant d’être assigné à Tamchakett dont des ressortissants amis m’ont signalé que le nom de ce personnage continuait , jusqu’à une date récente à être collé aux personnes ‘’problématiques’’

66- Voire à ce sujet E.Ann.Mc Dougall, un monde sens dessus dessous : esclaves et affranchis dans l’Adrar mauritanien 1910-1950 in groupes serviles au Sahara-op.cit. page 121

67- voire Agnés Antoine , l’impensé de la Démocratie, Tocqueville la citoyenneté et la religion éditions FAYARD 2003 page 27

68- L’esclavage n’a t’il pas été aboli ?! pièce de théâtre proposée par Wane Abdul Aziz , alors instituteur à Akjoujt. Il est actuellement en service au Ministère de la jeunesse et des sports. Cette pièce a été jouée dans les maisons de jeunes d’Akjoujt et d’Atar.

69- La création en 1998 du commissariat aux Droits de l’Homme et à la lutte contre la pauvreté

70- Gouvernement d’union nationale , voir à ce sujet les propositions du Parti SAWAB animé par l’une des grandes figures de la scène politique et intellectuelle du pays , l’illustre Mohammed yehdih ould Breidileil voir aussi dans ce sens les proposition des l’union des forces de progrès , Parti, héritier du mouvement national démocratique( MND) présidé par le Professeur Mohammed ould Mouloud ,un historien spécialiste de la cité caravaniere de Tichit dont la formation évoque une certaine idée de l’unité nationale qu’il n’a cessé de cultiver avec ses compagnons de lutte Bocar ,moustapha ould Bedredine, Dafa Bakary …

71- Allusion aux modèles expérimentés par l’Afrique du Sud et le Maroc ‘ vérité et réconciliation

72- Délégation des injustices, voire Mawerdi op. cit.

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73- Un ministère pour l’égalité des chances a été récemment institué en France et confié à un une personnalité d’origine maghrébine. La crise des banlieues ainsi que les problèmes liés à l’intégration suscitent, de nos jours, un vif débat autour du modèle républicain. Ce débat d’actualité nous interpelle à plus d’un titre.

74- sur le mémorable débat relatif à la pénétration française en Mauritanie voire –guerre sainte ou sédition blâmable : un débat entre Shaikh saad bou et son frère Shaikh Malainine, par Dedoud oul Abdallah, université de Nouakchott in le temps des marabouts ouvrage collectif édité par David Robinson et Jean Louis Triaud avec l’assistance éditoriale de Ghislaine Lydon – éditions Karthala –1997. voire Izid bih ben Mohammed Mahmoud –les Zouayas dans le territoire de Shinguitt face à la colonisation française (en arabe)-imprimerie nationale –Nouakchott –2001- Ma al ainin Mrabih rabbou , présentation du livre de la guidance pour tous ceux que la question de l’arrivée des chrétiens laisse perplexes in Cheikh malainine et le combat de Dakhla 1885 imprimerie maarif al jadida Rabat 1999 – Alioune Traoré : Cheikh Hamahoullah , homme de foi et résistent Ed. Maisonneuve et Larose 1993 Paris . lettre de cheikh Malinine à la jemmaa de Ahl soued Ahmed des idaouich in Hommes et choses de Smara- EDINO- Rabat par Mustapha Akhmisse page 109 - Abdelwedoud ould Ntahah , énigmes et guerres de l’Adrar- manuscrit en arabe-

75- la biographie de Baba ould cheikh sidiya a fait l’objet de nombreux travaux dont on peut citer , à titre d’exemple, l’œuvre de son fils Haroun Kitab al akhbar et les études sur l’islam maure de Paul Marty dont un tome est intitulé Cheikh sidiya-les Fadelia-les Ida ou Ali- Paris Ernest Leroux, Editeur –1916. il est intéressant en ce qui concerne l’attitude vis à vis de la colonisation de souligner la suspicion que Paul Marty entretient au sujet de la collaboration de Baba en évoquant dans la page31 de son ouvrage précité l’enseignement dispensé par Ahl Mohammed Salem en ces termes : ‘’on pourrait croire que l’enseignement de ces professeurs ex partisans de Ma-El – Aininin est tendancieux à notre égard, mais on assure de divers cotés –et Cheikh Sidiya le premier, qu’il est complètement neutre .la chose est évidemment à voir de prés’’. sur l’hostilité que Cheikh sidiya El kebir, Le père de Baba manifestait à l’égard des autorités françaises - voire –deux lettres du temps de la pacification(Mauritanie)par A.Leriche in bulletin de l’institut français d’Afrique noire Dakar , IFAN. N°2 –Avril 1952.

76- Hymne national 77- A ce sujet voir P.-F.Gonidec les Droits Africains :évolution et sources –

libraire générale de Droit et de jurisprudence Paris 1976 78- L’article 17 de la constitution du 20 juillet 1991 79- Cinémas et discothèque Ardine sur la vie à Nouakchott des débuts, lemine

ould Md Baba de mémoire de Nouakcottois , l’harmattan 80- Il serait intéressant de consacrer des études aux notables mauritaniens en

tenant compte des mutations sociales. Les ‘’nouveaux notables’’ sont ,de plus en plus ,issus des milieux populaires ‘’naguère défavorisés’ voire exclus.

81- La création d’une monnaie nationale –l’ouguiya- et la nationalisation de la compagnie des Mines de fer de Mauritanien ( MIFERMA) ont constitué ,aux yeux de nombreux Mauritaniens, une réelle avancée de l’Etat national.

82- Voir Pitte (J.R) « la sécheresse en Mauritanie » Annales de géographie vo.94 n°466 novembre-décembre 1975 . pp 641-664.- voir également Alovo- Kane

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(Henriette) la sécheresse en Mauritanie. Un dossier d’information. Dakar. Unicef 1984.

83- La distribution des vivres érigée en politique alimentaire devait ,plus tard, se traduire par la création du commissariat à la sécurité alimentaire ( CSA) dont la mission a ,souvent, été détournée . .

84- Il est intéressant, à cet égard, de remarquer que les expressions employées en hassanya (dialecte dérivé de l’arabe et du berbère) pour designer le détournement des deniers publics ,renvoient aux actions de manger( loukil), avaler (lag), croquer( teghzaz(, sucer ( lhiss) ingurgiter ( srit) etc. faut il voir dans ce langage utilisé pour dénoncer la ‘’ politique du ventre’’ un souvenir du détournement de l’aide alimentaire ?

85- Les légistes musulmans traditionnels interdisent formellement l’usage du prêt bancaire mais d’autres lectures du Droit musulman ont tendance à nuancer voire à contester cette interdiction. Sur cette question voir Mohammed el Moctar ould Bah ,la littérature juridique et l’évolution du malikisme en Mauritanien . op.cit. page 233.

86- Amelu ass’alih correspond à une éthique du bien laquelle constitue un critère de la vraie foi , la théologie musulmane distingue entre la vérité (al hagh) qui est un attribut divin et l’esprit de vérité (assidgh) qui équivaut à l’action du bien les mystiques de l’islam considèrent que le chemin qui mène à la vérité (Allah) passe par al amelou salihi compris en tant que pureté (Safa) d’ou tassawouf. Sur ces différents aspects voir J. Berque ,relire le coran – bibliothèque Albin Michel –Idées-1993 , Mohammed Talbi universalité du Coran Actes Sud –le souffle de l’esprit-2002 – Muhyiddin Ibn’Arabi voyage vers le maître de la puissance – les grands textes spirituels- éditions du Rocher

87- Au sujet de cette lettre voir Abdel wedoud ould Cheikh Eléments d’histoire de la Mauritanie –centre culturel français- A. St Exupéry- Nouakchott 1991 page

88- la rigueur de l’Etat almoravide fondé dans l’actuelle Mauritanie s’exprime à travers la devise suivante : ‘’propager la vérité, réprimer l’injustice, abolir les impôts illégaux’’ voire à ce sujet Vincent Monteil - AL-Bakri ( Cordoue 1068) Routier de l’Afrique blanche et noire du Nord- Ouest –Dakar IFAN –T.XXX, sec.B,n°1,1968 –voire également Vincent Lagardére –Les Almoravides jusqu’au règne de Yusuf B. TaShfine 1059- 1106) –L’Harmattan-

89- Sur le mouvement de Nacer dine voir Mohammed al moctar ould Saad , la guerre de churbbuba (ou la crise du 17éme Siècle au sud-ouest mauritanien) Nouakchott éd IMRS 1994 voir aussi Cheikh Md al Yedaly ,nussus mina atharikh almuritani (trois textes inédits) fondation Bayt al hukma Tunis 1990 – voir eg Shiyam azazaya de Al yadaly commenté par Mohameden ould Babah

90- Sur l’adaptation du figh aux réalités mauritaniennes cf Kitab al badiya de cheikh Md Al mamy et Al Kafaf de Mohammed Mouloud –voir à ce sujet Mohammed Moctar ould Bah la littérature juridique et l’évolution du malikisme en Mauritanie op. cit .page 75et suiv ; voir aussi Yahya ould El Bara Fiqh, société et pouvoir ,la conception de la société et du pouvoir des théologiens –légistes (fuqaha) mauritaniens. IMRS projet traditions orales, traditions écrites de Mauritanie 1994.

91- Au sujet d’ d’Ahmed ould Mhammed, l’emir de la paix 1871-1891 voir BA Mamadou Amadou Ahmed ould Mhamed ,une grande figure de l’Adrar in Renseignements coloniaux, Paris 1929 PP 543et 553. ,voir également L’emirat de l’Adrar mauritanien de 1872 à 1908 in bull. trimestriel de la

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Société de géographie d’Oran T.III –1932. voir aussi Pierre Bonte –l’Emirat de L’Adrar- esquisses historiques –centre culturel français A. Saint- Exupéry –Nouakchott 1998.

92- sur les Almamiyats ou Etats théocratiques des Almamy dans le Fouta-Toro voir Adama Gnokane –le Fouta-toro du XVIeme au XIXeme siècle :essai de synthèse ed. coopération française Nouakchott 1999 voir également Yahya ould Bara op.cit. page voir Barry, Boubacar – la guerre des marabouts dans la région du fleuve Sénégal de 1673 à 1677 Bul de l’institut français d’Afrique noire tome XXXIII Série B n° 1971

93- Les nouveaux religieux 94- Fondateur de la confrérie des mou rides au Sénégal , le saint cheikh amadou

Bamba a exercé une influence considérable en Mauritanie voir à ce sujet EXIL cheikh amadou bamba en Mauritanie –éditions du Vénéré Maître Cheikh Abdoulaye Dieye Saint Louis-la Réunion , sur cette confrérie voire Vincent Monteil, une confrérie musulmane : les mourides du Semégal in Esquisses sénégalaises-IFAN-Dakar1966 voire aussi Oumar BA –Amadou Bamba face aux autorités coloniales 1889-1927- imprimeries SIPES- Dakar voir aussi Abdel Wedoud ould Cheikh, espace confrérique, espace étatique ,nomadisme, confrerisme à la frontière mauritano-sénegalaise in la trajectoire d’un Etat-frontiere op.cit. page 113 et suive.

95- La réactualisation des études relatives à la part de l’informel dans l’économie nationale constitue un préalable à une politique économique efficiente voir sur le secteur informel- Georges Nihan et Robert Jourdain ,le secteur non structuré de Nouakchott in revue internationale du travail n° 117 novembre- décembre 1978 page 768 .

96- La cour spéciale de justice – voir Mdme Bescond, l’organisation judiciaire en Mauritanie op.cit

97- Les chants ‘’ Vaghou’’ sont, globalement, desstinés à exalter l’honneur de la tribu, les faits de guerre et la bravoure des seigneurs du désert , ‘’ Nous sommes des fils des rois et la guerre a commencé’’ , ‘’ si tu avais été présent le jour de la bataile d ‘el Khandama, l’ardeur de‘’ Safwan ‘’ et de Akrama’’ autant de paroles qui évoquent la période pré-islamique ‘’ la jahilia’’ au regard de l’islam continue d’être celébrée dan un pays, profondément islamique ! sur la musique maure voir

98- Sur le processus démocratique voir Catherine Belvaude libre expression en Mauritanie –la presse francophone indépendante (1991- 1992). Voir aussi François Soudan, Mauritanie : la boite de Pandore in Jeune Afrique n°1686 du 29-4-93 voir aussi Mémorandum sur l’évaluation du processus démocratique en Mauritanien publié par L’UFD /Ere nouvelle à l’occasion de la visite du premier coordinateur en France –novembre 1992 V. également Mohammed Mahmoud ould Mohamedou, la décennie des chimères in la tribune n°140 du 24-12-2000 voir nos chroniques op.cit.

99- L’ouverture des salles d’alphabétisation fictives dans le but de plaire à l’autorité a , sans doute , consacré l’usage du faux mais ‘ le mythe mobilisateur’’ de l’alphabétisation correspond à la volonté d’en finir avec la triste réalité de l’illettrisme bien enraciné. . l’idéal d’une alphabétisation réussie auquel s’accrochait , avec passion, le Président Maouiya, a bien été dévoyé. Il a fini par le reconnaître , lui même, lors d’une séance du conseil des ministres en qualifiant ‘’ les salles qu’on présente à la télévision de représentations théâtrales ‘’

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100- Wane birane , in chroniques d’un débat dépassé op. cit page 93 101- Abdoulaye ciré ba, sincérité des Mauritaniens in le calame n° du 102- L’étude des tentatives de coup d’état en Mauritanie pourrait renseigner

sur les luttes pour le pouvoir et constitue un centre d’intérêt certain. 103- Pour contourner ‘’une légendaire incompréhension’’, attribuée à la

collectivité traditionnelle dont il est issu feu Moctar ould Daddah avait subtilement demandé aux militants de ne pas le comprendre ‘’à la manière des gens d’Aioun’’ une ville de l’Est mauritanien dont des ressortissants avaient bruyamment protesté contre son éventuel retrait. Mais la légende ne dit pas, exactement, qui n’a pas compris qui ? Sur le parti du peuple mauritanien (PPM) voir BA Moussa Bathily , le parti du peuple mauritanien Thèse Paris VII. 1983.

104- Organisation d’encadrement des populations mise sur pied par le comité militaire de salut national à ce sujet voir ould Bizbadi (Moctar) les structures d’éducation des masses, mémoire de maîtrise ,faculté de Droit –Nouakchott. Voir également Diallo Oumar Amadou, l’administration et les structures d’éducation des masses .mémoire ENA. Nouakchott. 1986.

105- A propos de la liste bleue et des alliances lors des élections municipales de 1986 voir P. Marshesin op.cit. page il convient de souligner que depuis ces élections , Monsieur Massoud ould Boulkheir , actuel président de l’Alliance populaire pour le changement (APP) alors soutenu par le MND ancêtre de l’actuelle UFP ) est devenu une figure emblématique d’une gauche mauritanienne

106- Il serait, peut être, intéressant de recenser les écrits politiques , poèmes et autres discours apologiques consacrés aux divers chefs d’Etat mauritaniens Une nation c’est ,avant tout, une mémoire.

107- Aux termes de cette recomposition du pole conservateur, le PRDS propose une rupture avec le passé en perdant son S il devient ainsi le PRDR de même des partis ont été crées ou sont en voie de création tels que le parti du Renouveau de Moustapha ould Abeid Rahmane, l’alternative démocratique pour la Mauritanie de Mohammed yehdih ould Moctar Al hassan, le rassemblement pour le centre démocratique animé par , entre autres, le colonel Mohammed Mahmoud ould Deih et Rachid ould Saleh voir pour une autre lecture de la recomposition du paysage politique Mohammed el Hassan ould lebat – Regards à distance sur une scène qui se meut .in la Tribune numéros 292 et 293 Février 2006.

108- Cette ‘’vision laïque’’ correspond à une mentalité qui consacre la séparation de la religion et de la politique, dans les faits, cette mentalité se traduit par une permissivité incompatible avec les scrupules religieux. Ainsi, il n’est pas rare de voir des personnages, en apparence religieux, se livrer, comme le font les roublards de la politique, aux intrigues les plus immorales De même il arrive ,régulièrement que des fughahas (docteurs de la loi religieuse) interviennent en faveur d’ actes illégaux , du reste, moralement répréhensibles Ce mépris de la légalité étatique , source d’injustice , est , décrié dans l’opinion, au moyen d’une formule convenue , qui marque de plus en plus l’opinion publique musulmane et selon laquelle ‘’ les Nations peuvent se construire sur la mécréance mais jamais sur l’injustice’’ . C’est ce constat , inspiré d’une réalité vécue, qui avait conduit les réformistes musulmans de la fin du 19eme siècle , en particulier Mohammed Abdou et Gemal dine Al afghani, à mettre en évidence le contraste entre ’esprit de justice en vigueur

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dans les Etats occidentaux laïcs et la culture d’oppression qui enchaîne le monde islamique.