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chronologie 2008

chronologie 2008 · 2008 Un haut-fourneau qu’on rallume, une économie mondiale qui s’enrhume, des travailleurs qui paient à nouveau les pots cassés d’un ultralibéralisme

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Aspel (Eupen). Restructuration annoncée le 29 janvier: 35 emplois menacés, dont 26 ouvriers. Plusieurs mouvements de protestation en février.

Brunswick Marine (Petit-Rechain). Le 10 janvier, annonce d’une restructuration qui coûtera 14 emplois.

CMI (Seraing). Arrêt de travail sur les chantiers extérieurs le 11 février : les travailleurs exigent le paiement de leurs frais de déplacement.

ESB (Seraing). Fin octobre, le bourgmestre socialiste de Seraing menace de fermer l’usine si la direction ne remédie pas aux nuisances. Une décision peu appréciée par la FGTB Métal alors que des efforts ont déjà été faits. Un plan global est déposé deux jours plus tard, ce qui apaise les esprits.

Federal Mogul (Aubange). Début septembre, la direction profite d’un week-end pour délocaliser une ligne de production en Hongrie. Arrêt de travail dès le lundi. La FGTB Métal dénonce le mépris de la concertation sociale. Fin septembre, on apprend que le groupe va supprimer 4.000 emplois à travers le monde.

FLR (Wandre). Conflit entre un ouvrier et un directeur technique début juin. La délégation FGTB ne peut assister le travailleur. Une grève s’en suit. Reprise du travail le 24 juin : le patron de la boîte, victime d’un malaise, est mis au repos forcé, ce qui met à mal le dialogue social.

FN Herstal. Le climat social s’alourdit fortement fin juin. Le front commun ouvriers-employés provoque un rassemblement devant les grilles de l’usine le 23 juin : 600 travailleurs répondent présent. Plusieurs délégations (Mécamold, CMI, Magotteaux, Techspace Aero, …) en renfort.

Gobiet (Seraing). Arrêt de travail chez ce sous-traitant de Cockerill le 21 février. En cause, un climat social en berne. Reprise du travail le 26 après plusieurs points d’accord négociés par la FGTB Métal.

HDB (Ensival). Une nouvelle fois, l’usine spécialisée dans la construction de machines textiles vole en faillite en juillet. La firme italienne Bonino reprend les activités fin septembre.

Imeco (Grâce-Hollogne). En avril, l’Auditorat du travail conclut à la culpabilité de l’entreprise qui n’aurait pas rémunéré correctement ses ouvriers dans

le cadre de leurs déplacements sur les chantiers extérieurs.

Magotteaux (Vaus-sous-Chèvremont). Grève d’un jour le 29 avril : la direction refuse d’intégrer à la CCT relative aux primes aux résultats un bonus exceptionnel de 200 euros. Le mouvement porte ses fruits. Une semaine de grève en septembre : le service maintenance dénonce le recours accru à la sous-traitance. Toute l’usine est mise à l’arrêt jusqu’à ce que la FGTB Métal obtienne des garanties.

Newelec (Vottem). Grève de 24 heures le 28 mars pour réclamer une hausse du pouvoir d’achat.

Outokumpu (Grivegnée). Plusieurs arrêts de travail en janvier pour exiger un geste en faveur du pouvoir d’achat. En avril, l’entreprise passe dans le giron du groupe finlandais Cupori Oy.

Pratt & Whitney (Herstal). Fin septembre, le « Belgium Engine Center » est officiellement inauguré. Préavis de grève déposé début novembre : la direction refuse le passage d’un CDD en CDI, comme le prévoit la convention. La FGTB obtient gain de cause.

Stocko Contact (Malmedy). Le 5 mai, le personnel se met en grève : pas d’entente possible quant à un plan social relatif à la délocalisation des activités en Allemagne. Au troisième jour, l’enveloppe proposée par la direction s’avère satisfaisante.

Toussaint Nyssenne (Dison). Changement de propriétaire pour cette société active dans les centrales d’air, qui est reprise par le suédois Munters.

Valdunes (Seraing). Investissement de 2,6 millions d’euros annoncé en mai pour une nouvelle ligne de production : 30 emplois à la clé.

Techspace Aero (Herstal). Arrêt de travail de 24 heures le 10 janvier : la direction essaye de pousser vers la sortie trois travailleurs, qui refusent. Nouveau mouvement, cette fois initié par la CSC, le 1er septembre. Il concerne les ouvriers affectés au nettoyage qui dénoncent le climat social désastreux.

Yvan Pâque (Rocourt). Accident de travail mortel le 28 janvier : un ouvrier, qui travaille le long de l’autoroute, est fauché. En avril, la FGTB parvient à faire refuser par le personnel la signature d’une convention liée aux résultats, négociée par la CSC et la direction.

pense-boîtespense-boîtesAspel (Eup

2008 Un haut-fourneau qu’on rallume, une économie mondiale qui s’enrhume, des travailleurs qui

paient à nouveau les pots cassés d’un ultralibéralisme sans foi ni loi. Voilà résumée l’année 2008 qui aura vu les métallos se battre pour sauvegarder leurs outils, mais aussi leur pouvoir d’achat. 2009 n’est pas une fatalité. Mais un nouveau défi. Pour le syndicalisme mondial.

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Francis Gomez rééluà la présidence jusque 2012

Le samedi 8 novembre 2008, Francis Gomez a été réélu à la présidence des métallos FGTB Liège-Luxembourg par plus de 90% des mandataires qui ont participé au congrès de la centrale au centre culturel de Welkenraedt.

Le vote a été un moment fort de la matinée présidée pour l’occasion par les délégués Rosario Ponsard et Joseph Tita. Ces derniers ont quelque peu bouleversé l’ordre du jour en donnant d’abord la parole aux représentants des délégations de Grèce, Panama et Russie. Nos invités ont adressé un message d’espoir et solidarité à l’assemblée, non sans informer les congressistes des difficultés (mais aussi des succès) qu’ils rencontrent dans leurs pays respectifs.

La fédération a présenté, dans un film, le rapport moral des années écoulées marquées principalement par la relance du haut-fourneau 6 de Seraing. Chaque secrétaire régional a ainsi pu faire le point sur les moments heureux et moins heureux vécus depuis 2004, par les entreprises des deux provinces.

Un DVD de ce court métrage a été remis aux participants dans une farde qui contenait également un DVD de «HF6 le film». Puis, ce furent les prises de paroles de délégués et du représentant des pensionnés souhaitant mettre l’accent sur l’un ou l’autre point particulier.

Une fois réélu pour quatre ans, Francis Gomez a prononcé son discours.

Tout en rappelant les derniers succès obtenus par la FGTB Métal Liège-Luxembourg tant au niveau des élections sociales que dans la lutte pour la sauvegarde de l’emploi, notre président a stigmatisé la crise de régime vécue simultanément par le libéralisme et le capitalisme.

Dans ce contexte délicat où les travailleurs risquent d’être, une fois de plus, les grands perdants, Francis Gomez prône un travail syndical revendicatif maintien et gain d’emplois, réduction du temps de travail, défense du pouvoir d’achat, garantie de la sécurité au travail… Il voudrait que le PS et l’ensemble de la FGTB soient, ce qui n’est pas toujours le cas, aussi pugnaces que les métallos.

Et de conclure dans la droite ligne d’André Renard que le régionalisme doit être plus que jamais, le principal atout de la Wallonie pour les années futures.

Francis Gomez a été élu par 223 voix pour, 12 voix contre, 4 abstentions et 1 vote nul (240 votants), soit 92,9% des voix.

«J’ai beau avoir trente ans de métier syndical, je suis chaque fois frappé de la performance des outils, de la qualité des travailleurs, du sens social de nos délégations.Tout ce potentiel, depuis toujours et pour les quatre années qui viennent, restera au service d’une région et de ses travailleurs.Nous devons être mieux dans quatre ans qu’aujourd’hui. Il faut le vouloir, c’est le cas.Il faut y travailler sans relâche.»F. Gomez

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La délégation panaméenne.

FGTB Métal Liège-Luxembourg

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AIP 2009-2010

La FGTB Métal Liège-Luxembourg partagée, mais revendicative pour l´avenirLa FGTB Métal Liège-Luxembourg a réuni son comité provincial lundi 15 décembre afin d’analyser les propositions de l’accord interprofessionnel 2009-2010. Un accord dit «exceptionnel», non sur le contenu, mais dans le contexte dans lequel il a été négocié, c’est-à-dire en pleine crise financière et industrielle. A l’issue des débats, 33,9% des militants se sont prononcés en faveur du texte, 26,7% contre et 39,2% se sont abstenus. Francis Gomez, président, a rappelé tout le poids des métallos wallons dans les négociations (notamment sur les allocations de chômage économique ou encore la baisse de la facture énergétique). Et appelle à être plus revendicatif à l’avenir, en proposant des alternatives crédibles ou encore en combattant la loi sur la compétitivité de 1996.

POUVOIR D’ACHAT

Dans la rue, de janvier à décembreDurant toute l’année, la FGTB Métal Liège-Luxembourg n’aura eu cesse de défendre le pouvoir d’achat des travailleurs. Epinglons ainsi la participation à la manifestation de la FGTB devant le siège d’Electrabel à Bruxelles, le 21 janvier, celle organisée par la FGTB Liège-Huy-Waremme dans la cité ardente le 9 juin (20.000 personnes), un autre rassemblement fédéral à Bruxelles le 30 juin, ou encore la visite de sièges politiques à Bruxelles début décembre, à l’appel des métallos wallons et bruxellois.

ELECTIONS SOCIALES

Les métallos plus que jamais numéro 1Sur Liège-Huy-Waremme, la FGTB Métal confirme ses précédents succès en se renforçant dans les trois organes: 66,9% des mandats (soit 111 sur 166) en conseil d’entreprise (contre 64,6% en 2004), 66,5% (66,2% en 2004) en CPPT (159 sur 239) et 69,8% (contre 69% en 2004) en délégation syndicale (203 sur 291). Soit, globalement, 68,1% des mandats (66,98% en 2004), pour 31,9% (contre 32,07% en 2004). La CGSLB disparaît du paysage.

Au-delà des chiffres, les raisons supplémentaires de se réjouir: un succès important dans les entreprises où l’on votait pour la première fois (74,3% des mandats en CPPT et 77,8% des mandats en CE), la prise de 12 mandats jeunes sur 14 (un gage d’avenir, assurément), une forte pénétration dans les petites entreprises (70%), un envol plus que confirmé à Bierset (86% des mandats), une confirmation dans le secteur des électriciens, ... Précisons enfin que dans le Luxembourg, la FGTB Métal représente désormais 2/3 des travailleurs, alors qu’à Verviers, des succès importants sont enregistrés chez Aspel, Savimetal ou encore EMB. > Tous les résultats sur electionssocialesliege.be

VERVIERS

Les 125 ans des métallos retracés dans un livrePour clôturer en beauté son 125e anniversaire, les métallos FGTB de Verviers ont présenté un nouvel ouvrage retraçant leur histoire: «Dure comme fer». L’histoire lainière a évidemment donné le ton durant des décennies dans la région verviétoise, et les synergies avec la métallurgie (grande productrice de machines) sont évidemment légion. Au total, ce sont donc 160 pages que nous devons à Marcel Bartholomi (secrétaire métallo), Freddy Joris, Jean-François Potelle, Julien Dohet (historiens) et Benoît Willems (Idees). La postface revient quant à elle à Jean-Claude Vandermeeren (FGTB wallonne). L’ouvrage est disponible à la Centrale de Verviers et dans quelques librairies de la région au prix de 10 euros.

LES GENS

Joseph Allelyn. Le secrétaire régional de Liège de décembre 1988 à mai 1999 décède en janvier, à l’âge de 64 ans. Avant son entrée à la fédération, il avait été délégué chez GEMS à Loncin.Luis Casillas. Le délégué principal de Techspace Aero est élu à la présidence de la Régionale d’Herstal le 15 avril, en remplacement d’Esmeralda Cue devenue Secrétaire propagandiste à la fédération.Gaspard Agnello. Le permanent de la Régionale de Seraing décède en juin, à l’aube de ses 68 ans. Il avait passé une grande partie de sa vie professionnelle à Cockerill.Vincent Esposito. Le délégué de Marichal Ketin est élu à la présidence de la Régionale de Sclessin le 24 septembre. Alain Briquet. Le délégué d’Umicore est élu à la présidence de la Régionale de Chênée le 24 septembre.Yvette Denoël. Entrée à la FAR en 1966 et responsable du secrétariat depuis 1975, elle nous quitte le 30 décembre, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 59 ans.

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FGTB Métal Liège-Luxembourg

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haut-fourneau 6

Promis, au milieu de 2007, à la réouverture, le haut-fourneau 6 de Seraing a repris du service au début de l’année dernière pour s’arrêter quelques mois plus tard en raison d’un chômage économique imposé par ArcelorMittal en réponse à la crise frappant le secteur automobile.

A l’aube de 2008, c’était les quotas CO2 qui posaient

problème. Lakshmi Mittal réclamait des autorités belges, une solution pour l’ensemble des quotas, pas seulement ceux qui concernent le haut-fourneau 6. C’est le blocage. Combattants de la première heure pour réclamer le maintien du chaud, les métallos liégeois de la FGTB décident de donner le dernier coup de rein nécessaire pour sortir le dossier de l’ornière. Le 21 janvier, ils mettent le bassin sidérurgique liégeois à l’arrêt pour 24 heures.

L’effet de cette grève est quasiment instantané. Il ne faut que quelques jours au gouvernement fédéral et à la Région wallonne pour dégager une solution qui

agrée ArcelorMittal. Le mois de février est employé au rallumage de l’outil qui est remis en service, le 27. Et au début mars, tous les acteurs saluent la première coulée après plusieurs années d’interruption.

Parallèlement, un comité d’accompagnement se met en place pour rassurer les riverains du haut-fourneau. Ils s’inquiètent des nuisances occasionnées par la reprise de l’activité.

Huit mois plus tard, c’est le coup d’assommoir pour les travailleurs du HF6. Comme plusieurs autres outils du groupe, le haut-fourneau est mis à l’arrêt pour quelque quinze semaines, soit près de quatre mois, jusqu’à la mi-février en principe. Le ralentissement des marchés en raison de la crise du secteur de l’automobile incite la direction du groupe ArcelorMittal à recourir massivement au chômage économique. L’activité est donc stoppée jusqu’à ce que des jours meilleurs se profilent.

Une année contrastée

07 janvier 2008. La FGTB Métal dépose un préavis de grève pour l’ensemble du bassin sidérurgique liégeois venant à échéance le 21 janvier. Le syndicat entend mettre la pression sur ArcelorMittal, qui ne veut pas rouvrir le HF6 sans certitude sur les quotas de CO2, ainsi que sur la Région, le gouvernement fédéral et l’Europe, en négociation sur ce même dossier.

10 janvier 2008. Guy Verhofstadt écrit à la Commission européenne pour lui demander son aide dans le dossier.

14 janvier 2008. Présentation des chiffres 2007 de Cockerill: ils sont bons. Et rappel des exigences: sans quotas garantis

jusque 2012, pas de réouverture.

15 janvier 2008. Plusieurs interpellations de Jean-Claude Marcourt (PS) en commission du Parlement wallon. Une délégation métallos est présente.

21 janvier 2008. Le HF6 aurait dû rouvrir. En signe de protestation, tout le bassin sidérurgique est à l’arrêt, à l’appel des métallos FGTB et du Setca.

1 février 2008. En comité de concertation, le gouvernement fédéral et la Région trouvent un accord sur les quotas de CO2 qui implique également ArcelorMittal. La relance du HF6 est désormais possible, dans un délai pouvant aller jusqu’à trois mois.

9 février 2008. Les cowpers sont rallumés: il faut compter trois semaines pour que le haut-fourneau atteigne sa température idéale.

27 février 2008. Rallumage symbolique du HF6 devant 150 invités.

3 mars 2008. Première coulée attendue.

5 mars 2008. Première coulée effective.

20 mars 2008. Le HF6 crache 3.500 tonnes de fonte quotidiennement. Novembre 2008. Le HF6

est mis en veille pour raison économique.

8. La FGTBpréavis de

jusque 2012, pas de réouverture.

15 janvier 2008 Plusieurs

9 féévrier 2008. Les cowpers sont rallumés: il faut compter

C h r o n i q u e d ’ u n r é v e i l e s p é r é

La Form’action André Renard, en coproduction avec les métallos liégeois et wallons de la FGTB, vous présente «HF6 : le film», un documentaire sur la relance du haut-fourneau 6 d’ArcelorMittal, à Seraing.Le film revient en détail sur les différents aspects d’un dossier aussi complexe qu’emblématique, depuis une perspective syndicale. Il conduit aussi le spectateur à partager le quotidien des travailleurs qui ont vécu avec angoisse, incrédulité, espoir et émotion les nombreux rebondissements d’une histoire «à suspense»…Pourquoi avoir fermé le haut-fourneau et condamné la «phase à chaud» ? Quelles sont les raisons de la relance ? Comment résoudre le problème des émissions de CO

2 et répondre aux inquiétudes des riverains

? Quel avenir pour les travailleurs et la sidérurgie liégeoise ?Le film s’attache à faire le point sur toutes ces questions, en suivant notamment, dans leur quotidien, des délégués et des travailleurs directement concernés par la fermeture puis la relance du HF6. Interviennent également des responsables syndicaux, des représentants d’ArcelorMittal et des mandataires politiques.www.hf6lefilm.be

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arcelormittal

ça chauffe à tous les étagesAPI-Ferblatil : quand la CSC-Métal fait grève… pour rien

Le site d’ArcelorMittal à Tilleur a connu un début d’année particulièrement difficile. Le feu couvait depuis plusieurs semaines déjà puisque dès décembre 2007, des négociations ont débuté entre direction et syndicats quant à l’avenir du froid liégeois. La CSC-Métal joue les gros bras d’emblée en déposant un préavis de grève, le retire, menace malgré tout d’une grève, boude la table des négociations… La proximité des élections sociales n’est sans doute pas étrangère à ces effets d’annonce suivis ou pas d’effets… Les métallos de la FGTB préfèrent jouer la carte de la concertation avec la direction en conservant la sérénité indispensable à sa bonne fin.

D’autant que des décisions importantes sont prises : le fer blanc et le froid sont intégrés dans une même structure juridique et surtout, la production annuelle de fer blanc, face à un marché en dégringolade, va être réduite de près de la moitié, de 250.000 tonnes à 150.000 tonnes. Janvier s’annonce donc crucial, les syndicats réclamant un plan industriel crédible.

La réponse de la direction va pourrir le climat des réunions : 30 ouvriers temporaires reçoivent leur C4. Ils travaillaient depuis pas mal de temps, parfois quelques années, à Tilleur et espéraient voir leur CDD se muer prochainement en CDI. Les arrêts de travail vont se succéder. La direction promet de réactiver la commission Emploi-Mobilité-Formation afin de favoriser le reclassement des travailleurs excédentaires, mais cet engagement ne rassure guère le personnel.

C’est l’escalade en ce début de février : un piquet bloque l’entrée de Ferblatil et la CSC bloque les installations de décapage-laminage qui alimentent tout le froid liégeois. La direction gèle l’entrée des commandes à Tilleur en brandissant la menace d’une éventuelle fermeture de l’entreprise. Dans la foulée, elle saisit la Justice pour obtenir une ordonnance assortie d’astreinte afin de faire lever le piquet de grève. Une fois encore, la FGTB tente de replacer l’église (celle de la CSC ?) au milieu du village: tout en ne cautionnant pas l’envoi d’un huissier au piquet, elle juge irresponsable l’attitude de la CSC alors que des garanties existent pour le froid. Quant au plan industriel du fer blanc, il prévoit une ligne simplifiée et la mise sous cocon des outils non utilisés. La FGTB réclame donc un retour de toutes les parties autour de la table des négociations.

La reprise du travail se fait progressivement au décapage-laminage puis dans le fer blanc. Une solution se dégage pour le reclassement des travailleurs temporaires. Il est piquant de constater que l’accord négocié est pour ainsi dire le même que celui qui avait été discuté avant l’escalade du conflit. Les métallos de la CSC ont donc fait grève pour rien ou presque, sinon le plaisir de faire parler d’eux avant les élections sociales.

Haironville Metalprofil et Oxybel toujours dans la tourmente2008 a débuté par la confirmation de l’annonce faite deux mois auparavant : Haironville Metalprofil aux Hauts-Sarts va subir une sévère restructuration qui va lui coûter la moitié de ses 50 ouvriers. La procédure Renault est enclenchée et les représentants de la FGTB comptent bien obtenir les meilleures conditions de départ, que ce soit par des prépensions ou des reclassements au sein de la maison-mère, ArcelorMittal. La délégation veut aussi obtenir une revalorisation des journées de chômage à titre de compensation.

A la mi-mars, c’est le clash. La direction marque son accord pour ladite revalorisation, mais elle veut encore accentuer le licenciement collectif en réduisant la masse salariale : de 25, le nombre de travailleurs passerait à 22 et le salaire brut serait amputé de 4.500 euros au profit d’une prime d’un nouveau genre baptisée Sécurité/Qualité/Participation. Ce bonus pourrait s’élever à quelque 16.000 euros bruts mais il représente une véritable loterie. De quoi susciter la colère de la délégation FGTB qui quitte la table des négociations. Celles-ci reprennent en avril et au début juin, un accord social est accepté par l’assemblée générale du personnel. Vingt-trois emplois ouvriers sont maintenus. Huit personnes peuvent prétendre à la prépension à 55 ans, les autres partants pouvant bénéficier d’un reclassement avec garanties salariales au sein du groupe ou d’une solution avancée par ArcelorMittal.

Pour ceux qui restent, l’assurance-hospitalisation et les journées de chômage seront intégralement prises en charge par l’employeur.

A quelques encablures de là, à Wandre, Oxybel, autre filiale d’ArcelorMittal, connaît également un climat social tendu. Pas de restructuration meurtrière, mais

Chertal. Le 28 février, mort de deux intérimaires de la firme sous-traitante Facon (Charleroi), active dans la peinture industrielle, grièvement brûlés alors qu’ils travaillaient dans la salle des pompes. Le 13 août, un travailleur se tue en manœuvrant un Clark.

Mosacier. Le patron est licencié fin avril : on le soupçonne de fraude après la disparition de 750 tonnes de bobines d’acier. L’affaire est portée devant la Justice. Huit personnes sont inculpées.

Tailored Blanks Liège. Grève de 24 heures le 12 juin. A part l’indexation, le personnel n’a reçu aucune augmentation salariale depuis des années. En pleine crise du pouvoir d’achat, l’heure est à la revendication.T

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des relations sociales toujours frappées du sceau de la tension. Ce n’est pas l’amour fou entre direction et délégation au point que le 14 février, la Saint-Valentin pourtant, un avertissement est adressé, au mépris de toutes les procédures, à un magasinier qui a osé faire publiquement des remarques sur la sécurité dans l’entreprise. Harcèlement moral, provocations, pressions sont le lot quotidien ou presque des travailleurs d’Oxybel.

Des arrêts de travail se déclenchent spontanément, un préavis de grève est déposé en mars. Le «pic de pollution » des relations sociales est atteint en juin. Dès le5, de nouveaux arrêts de travail se produisent, toujours pour les mêmes motifs liés aux pressions de la direction. Celle-ci multiplie les avertissements au personnel qui réplique en annonçant vouloir porter plainte pour harcèlement moral. Cette escalade débouche sur une grève totale à la mi-juin et l’ouverture de réelles négociations qui mettent un terme, en tout cas provisoire, au conflit. Les plaintes pour harcèlement sont toutefois maintenues.

ArcelorMittal, une pieuvre aux tentacules mondiales

Il ne se passe guère de semaines sans que les médias annoncent l’un ou l’autre achat d’ArcelorMittal dans l’une ou l’autre partie du globe. Le sidérurgiste

numéro 1 mondial, dont le bénéfice net a atteint 7,5 milliards d’euros (+30%) en 2007, fait régulièrement ses emplettes aux quatre coins de la planète. Cette année-là, il avait réalisé quelque 35 acquisitions pour un montant de 10 milliards d’euros. 2008 n’a pas failli à la règle.Dès le début de l’année, on apprend qu’ArcelorMittal investit dans la reprise d’aciéristes en Autriche, Uruguay, Venezuela et Costa-Rica. Il crée aussi une co-entreprise en Suède avec un groupe tourné vers les aciers plats carbone. On le retrouve encore en Russie où il rachète trois mines à Severstal ainsi qu’en Inde, le pays du big boss Lakshmi Mittal, où il va construire deux usines moyennant un débours de quelque 20 milliards de dollars.Son leadership l’expose aussi à certaines publicités négatives qui, en raison de sa notoriété, prennent une dimension internationale. Il suffit de citer ici le cas de l’aciérie de Gandrange en Lorraine qu’il décide de fermer ou de l’accident qui coûte la vie à quelques dizaines d’ouvriers dans une mine de charbon qu’il exploite au Kazakhstan. Le gouvernement kazakh crée une commission d’enquête qui recommande quelque 41 mesures visant à améliorer la sécurité. Des efforts environnementaux doivent être également être consentis à Ostrava en République tchèque.Au printemps, ArcelorMittal reçoit le feu vert de l’Europe pour acheter une compagnie ferroviaire slovaque et un spécialiste estonien de l’acier galvanisé. Il prend aussi une participation dans des producteurs de charbon sud-africain et australien et achète un recycleur canadien de métaux. En juin, main basse sur l’aciériste américain Bayou Steel. En sens contraire, il cède son usine de Sparrow Point à Severstal pour se conformer à ses obligations antitrust après la fusion d’Arcelor et Mittal.Le deuxième semestre s’ouvre par un refus de la Chine de permettre au sidérurgiste de «monter» dans le capital de China Oriental jusqu’à 70%. Qu’à cela ne tienne, le continent américain est plus réceptif. Une nouvelle aciérie sera construite au Mexique et une participation de 49% est acquise dans une société minière brésilienne. Idem en Afrique du Sud où plus de 400 millions de dollars sont investis dans une mine de manganèse, via une co-entreprise avec une société indigène.Le gigantisme d’ArcelorMittal se traduit également dans ses plans d’économies. En septembre, il annonce un programme de réduction de coût de l’ordre de quatre milliards de dollars répartis en cinq ans. Octobre marque le début des conséquences de la crise financière et de la chute de la demande dans le secteur automobile. Les 15% de baisse de production ne concernent pas seulement la Belgique. Toute l’Europe est concernée : France, Allemagne, Roumanie, Pologne, République tchèque. Cette contraction des marchés fait envisager une réduction du programme d’investissements mondial de l’ordre de 35 milliards de dollars. Puis, en novembre, les 15% d’octobre deviennent 30% de diminution de production. Le chômage économique fait son apparition aux quatre coins de la planète.

ArcelorMittal Liège. Ramon Carmona est élu, en juin, à la présidence de la délégation syndicale, en remplacement de Georges Jespers parti au Conseil d’entreprise européen. Robert Rouzeeuw devient vice-président.

Haut-fourneau B. Accident mortel le 1er septembre: un ouvrier de la société Duchesne, en charge du démontage de la flèche d’une ancienne grue qui se désolidarise et chute sur lui.

ArcelorMittal Liège. Manifestation de la FGTB Métal, le 29 octobre, en soutien aux travailleurs intérimaires ou sous contrat à durée déterminée.

Site web. Retrouvez toute l’actualité d’ArcelorMittal Liège sur le site www.acierliege.be.

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la crise...

Le chômage économique en arme ultime du capitalisme

Qui dit crise financière dit méfiance des consommateurs et donc réduction de la demande. Premiers touchés, le secteur automobile et tous ceux qui produisent de quoi le faire tourner. Parmi ceux-ci, le principal pourvoyeur d’emplois métallos du bassin liégeois, ArcelorMittal.

L’offre devenant supérieure à la demande, le sidérurgiste a décidé d’adapter sa production à la baisse afin de limiter ses stocks et de ne pas réduire sa marge bénéficiaire. Il a donc mis des outils en veille et renvoyé des centaines d’ouvriers dans leurs foyers. C’est ce que l’on appelle le chômage économique.

La collectivité paie une partie du salaire des travailleurs en chômage qui ne perdent pas pour autant leur emploi. L’employeur verse, selon les cas, un complément à cette allocation que la loi plafonne. Quand la conjoncture redeviendra favorable, le chômage économique cessera et le contrat de travail ressortira ses pleins effets avec retour au boulot pour les ouvriers et paiement de la rémunération par l’employeur.

Arrêté à l’automne quelques mois à peine après avoir été relancé, le haut-fourneau 6 de Seraing devait initialement reprendre du service en février prochain. On sait désormais qu’il n’en sera rien, l’année 2009 s’annonçant comme particulièrement délicate. La phase à chaud de Liège tournera donc avec le seul haut-fourneau B, lui-même mis à l’arrêt pour entretien à la fin de 2008 et relancé non sans difficulté en janvier.

Il en résulte que d’autres travailleurs que ceux du haut-fourneau 6 sont concernés, non seulement au sein d’ArcelorMittal, mais aussi chez les sous-traitants qui dépendent directement de la bonne santé du sidérurgiste.

Du chômage économique est donc enregistré dans maintes entreprises « métal » de la région liégeoise en cette fin d’année (Ségal, Magotteaux, Esco, …). Consolation : l’accord inteprofessionnel 2009-2010 comprend un volet relatif au relèvement de l’indemnisation du chômage temporaire : de 65 à 75% pour les chefs de ménage et les isolés. Quelque 100 millions d’euros seront dégagés en deux ans.

C’est quoi ?Un ouvrier est dit en chômage économique quand son employeur suspend temporairement le contrat de travail pour des raisons économiques indépendantes de sa volonté (manque de commandes, retard dans l’approvisionnement en matières premières, etc). Cette suspension ne peut toutefois se réaliser que lorsque tous les jours de repos compensatoire de jours fériés ou d’heures supplémentaires ont été épuisés. Une fois en chômage économique, l’ouvrier ne travaille plus et il n’est dès lors plus rémunéré par l’employeur. Le contrat de travail n’est pas pour autant rompu. Il produira à nouveau ses effets quand la période de chômage économique aura pris fin.

IndemnisationL’ouvrier en chômage économique sera indemnisé de la perte de sa rémunération. Il s’agit d’une indemnisation partielle à charge de l’ONEm. Le travailleur chef de ménage ou isolé percevra une allocation, plafonnée, équivalant à 65% (60% pour le cohabitant) de sa rémunération journalière brute (plafonnée quant à elle à 73,32 euros ou 1.906 euros par mois). Elle est soumise à un précompte de 10%. Chaque travailleur en chômage économique y a droit automatiquement, sans devoir justifier d’un nombre suffisant de jours de travail au cours d’une certaine période. Il est donc dispensé de stage. Cette indemnisation partielle par l’ONEm peut s’accompagner, dans certains secteurs, d’un complément d’allocations versé par l’employeur lui-même ou par le Fonds de sécurité d’existence.

DuréeLa loi limite la durée du chômage économique à quatre semaines sauf exceptions sectorielles qui peuvent aller jusqu’à plusieurs mois dans certains cas. Une fois que la durée maximale est atteinte, l’employeur a l’obligation de rétablir effectivement le travail pendant sept jours calendrier avant de pouvoir instaurer une nouvelle période de chômage économique. Le chômage économique peut aussi être total ou partiel, les jours d’inactivité pouvant alterner avec des jours de travail. Dans les deux cas, les règles relatives à la durée s’appliquent.

Notification et documents sociaux

L’employeur qui décide de mettre tout ou partie de son personnel ouvrier en chômage économique doit l’en informer dans les sept jours calendrier qui précèdent. La notification doit être faite personnellement ou par voie d’affichage au(x) travailleur(s) concerné(s) ainsi qu’au conseil d’entreprise, ou à défaut, à la délégation syndicale. L’ONEm doit également en être informé en même temps que le personnel. Notons que le délai de sept jours commence à courir dès le lendemain de la notification. L’information au personnel et à l’ONEm doit mentionner l’identité des travailleurs mis en chômage et la durée de celui-ci. L’ONEm doit également connaître les raisons économiques du chômage.

Le travailleur recevra des documents : le C3.2 employeur vaudra comme demande d’allocation et certificat de chômage et le C3.2.A sera sa carte de contrôle de chômage temporaire.

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Le chômage économique

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la vie dans nos entreprises

Magnetto, fleuron passager…En juin 2006, Arcelor annonce la création d’une nouvelle usine à Liège par le groupe italien CLN, dont le sidérurgiste est actionnaire à 35% : Magnetto Automotive Belgium. Elle sera dédiée à la fabrication de sous-ensembles automobiles qui portera essentiellement sur l’assemblage de pièces de structure. Et démarrera avec une cinquantaine de personnes, avant, théoriquement, d’embaucher jusqu’à 300 travailleurs lorsqu’elle aura atteint son rythme de croisière. Au-delà de l’emploi, Magnetto est la première pièce visible de l’aval de l’aval, ces entreprises qui peuvent s’inscrire dans le prolongement de la sidérurgie liégeoise et représenter le véritable défi du redéploiement économique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si CLN a choisi Liège plutôt que Turin : le Plan Marshall lancé la même année lui permet de profiter d’aides non négligeables, alors que le plan d’investissement total avoisine les 10 millions d’euros.Las ! Deux ans et demi après l’annonce, c’est la douche froide : fin novembre 2008, la quinzaine de personnes (dont une dizaine de CDI) qui travaillent encore sur le site apprennent la fermeture, au 31 décembre, de l’usine. Motif : la crise a fait s’effondrer le marché automobile. Mais la direction – française – compte bien profiter jusqu’au bout des ressources de Jemeppe : quelques jours après avoir informé le personnel de la fin des activités, elle engage dans la foulée une quinzaine de travailleurs de l’Hexagone pour produire plus dans la dernière ligne droite. La

FGTB Métal, qui tentera de s’imposer à la table des négociations, sera écartée fissa. En échange, le personnel aura la garantie de recevoir un peu plus que le minimum légal.

2.700 emplois nouveauxpour la fin 2009 ?

Lorsqu’en 2003, Arcelor annonce la fermeture de la ligne à chaud liégeoise, le sidérurgiste promet – après d’âpres négociations - de recréer 2.700 emplois nouveaux pour contrebalancer le coût social de cette fermeture. Un objectif à atteindre pour la fin 2009.

En fin d’année dernière, la Sodie, organisme spécialisé dans la reconversion des zones économiques sinistrées, a fait ses comptes : 2.154 emplois sont programmés, mais, dans les faits, 1.200 ont effectivement été créés. Notons toutefois que ces emplois ont été acquis malgré le changement d’avis d’ArcelorMittal sur le chaud liégeois.

Comment ? Le gros du travail de la Sodie est de prêter des capitaux à taux réduits et sans garantie à des PME nouvellement créées ou en forte croissance. C’est ainsi que 140 conventions ont déjà été signées : 50 concernent des créations d’entreprise et 90 des extensions. Dans des secteurs divers : industrie, services, agroalimentaire, environnement… avec un pourcentage ouvriers –employés de l’ordre de 60-40 pour les nouveaux postes.

Fabricom GTI: des ouvriers éparpillésCe n’est pas nouveau : les travailleurs évoluant sur chantier ont souvent moins de poids face à la direction. Notamment parce qu’il est difficile, pour les syndicats, de fédérer une véritable force collective lorsque le personnel est disséminé aux quatre coins du pays. Le conflit qui a agité Fabricom GTI en 2008 en est une nouvelle preuve.

Les 24 et 25 janvier, les 550 travailleurs de l’entreprise active dans la maintenance déposent les outils pour 24 heures. Leurs revendications principales ? Une meilleure prise en compte des frais de déplacement (qui sont le plus souvent effectués avec les véhicules personnels des ouvriers), une revalorisation salariale et l’établissement d’une véritable grille salariale. Après plusieurs réunions, la direction propose finalement qu’une prime non récurrente soit versée. Une offre déclinée par le personnel qui veut une augmentation salariale claire et pérenne. C’est donc sans surprise qu’un nouveau préavis de grève est déposé fin janvier. Il faut attendre la deuxième moitié de février, et de nouvelles réunions de négociation âpres, pour voir un accord se dégager

et être accepté par 85% du personnel : il prévoit une augmentation de 15 cents par heure, une autre – de 10 cents – dès le 1er janvier 2009, une prime nette de 200 euros et la promesse de négocier une grille de classification de fonctions.

Au-delà des avancées sociales, c’est le dialogue en lui-même qui voit aujourd’hui ses contours redéfinis : «Fabricom sait aujourd’hui qu’en face d’elle, elle a un bloc de travailleurs et non des ouvriers éparpillés sur des chantiers», se félicite ainsi Constant Koumbounis (FGTB Métal).

Reste encore à consolider cette solidarité, ce qui n’est pas chose facile. Ainsi, à la mi-octobre, la CSC dépose unilatéralement un préavis de grève pour dénoncer une faille dans la réglementation permettant à la direction de retirer un jour de congé aux travailleurs prestant un horaire partiel.

La FGTB, pas au courant de la manoeuvre, va forcer la direction à négocier en priorité ce point. Le syndicat chrétien fait alors marche arrière.

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Dix ans de TNT à Bierset

La société de logistique TNT a célébré fin février le dixième anniversaire de son implantation à l’aéroport de Liège-Bierset. Sur la même période, le nombre de colis traités à Liège a triplé, passant de dix à plus de 28 millions. Le nombre de destinations desservies au départ de Liège est quant à lui passé de 40 à 76, principalement en Europe, mais avec l’ouverture récente d’une liaison vers la Chine. Depuis son implantation à Bierset, qui a donné le coup d’envoi au décollage de l’aéroport, les effectifs de TNT sont passés de 590 personnes à plus de 1.900, toutes filiales confondues.Une position de force donc, qui attire les convoitises, parfois même de l’aéroport en lui-même...Avant l’été, on apprend l’existence d’une nouvelle société dénommée « Liège Handling Services ». Deux actionnaires de référence : Aviapartner, spécialiste du handling et des services aéroportuaires (ticketing, manutention des bagages, pleins de carburant, etc.), et Liège Airport, gestionnaire de Bierset. Si, à l’origine, LHS devait œuvrer dans le nouvel entrepôt et la nouvelle zone de parking située au nord du tarmac, la présence d’une trentaine de véhicules d’assistance au sol fait bondir TNT. Qui este en justice, estimant que la nouvelle entreprise ne possède pas la licence

ad hoc (au contraire de son actionnaire Aviapartner), et, au passage, grappille des parts de travail à TNT. Le Tribunal de commerce de Liège rend son verdict en juillet : si Aviapartner peut effectivement sous-traiter une part de ses activités à LHS, cette dernière ne peut en revanche faire la promotion de ses activités de handling auprès des autres compagnies aériennes.Une décision symbolique, certes, mais qui démontre bien à quel point il est délicat, pour un aéroport régional, d’être dépendant d’une grosse compagnie.

Dix ans de TNT à Bierset...Un monopole, ou des garanties sur l’avenir?

Polémique autour des CDDFin octobre, la FGTB Métal Liège-Luxembourg s’inquiétait du sort de 28 CCD actuellement sous contrat chez TNT Express. Ceux-ci devaient incessamment, selon les conventions en vigueur, être transformés (et selon la date de leur contrat) en CDI. Mais la crise aidant, la direction avait laissé entendre que ce changement de statut pourrait être remis en cause. Il n’en fut finalement rien et la FGTB Métal a obtenu que les 28 CDD deviennent effectivement CDI. 50 autres CDD, qui ne sont pas dans les conditions du passage en CDI, ont été

Fin 2007, le sidérurgiste ArcelorMittal annonce son intention de se séparer de l’entreprise CMP (Cockerill Mécanique Prestations) à Seraing, qui n’entre plus dans ses métiers de base. La filiale est en fait active dans la fabrication de pièces neuves, mais également dans la maintenance d’outils spécialisés : centre d’usinage, tournage (horizontal et vertical), alésage/fraisage, rectification (planétaire, plane et cylindrique) de pièces, etc. 120 personnes sont employées à l’heure où CMP se met en quête de repreneurs. Qui peuvent être intéressés par l’un ou l’autre pan des activités. Le début de la prospection se fera sur un mode mineur, ce qui justifiera un arrêt de travail de 24 heures le 28 janvier.Parmi les candidats potentiels, un nom suscite l’ire de la FGTB Métal : Stephan Maertens, le patron d’Imeco (Grâce-Hollogne), connu pour ses pratiques antisociales répétées. Il sera finalement écarté du marché. A la mi-février, la division « pièces neuves » trouve chaussure à son pied : il s’agit des Ateliers de la Meuse (Sclessin), dont la Région wallonne est actionnaire à 100%. Les 26 ouvriers repris conservent leurs acquis sociaux. Et, un mois plus tard, la maintenance est transférée dans le giron de CMI (Seraing), qui était en concurrence avec Fabricom GTI. Là encore, la trentaine d’ouvriers concernés par la reprise conservent leurs acquis. Par ailleurs, la FGTB Métal obtient pour tous le retour dans le groupe ArcelorMittal si, dans les cinq ans, l’un des repreneurs devait tomber en faillite. Une prime d’encouragement est également accordée. Une vingtaine de travailleurs partent en prépension. Une revente sans aucun licenciement, donc.

Deux repreneurs de poidsLa revente des activités de CMP à CMI et aux Ateliers de la Meuse est perçue comme un bon deal par la FGTB Métal. Les deux nouveaux « patrons » ont en effet les reins solides.

Ainsi, CMI a mis à profit l’année 2008 pour poursuivre son expansion internationale. Elle a ainsi repris 55,04% de la société indienne Flat Products Equipments Limited (FPE), active dans l’étude et la fabrication d’équipements pour la sidérurgie. Elle a également acquis la société bourguignonne Stimec, active dans les opérations de maintenance et dans l’installation de chaudières et de tuyauteries. Petite déception tout de même du côté de Siemens : le groupe allemand avait marqué son intérêt pour le département de fabrication de chaudières pour centrales électriques de CMI ; face à la crise, il a décidé de renoncer.

Pour leur part, les Ateliers de la Meuse conservent toujours un intérêt certain pour leur seul actionnaire, puisque la Région wallonne a décidé, en mai 2008, de recapitaliser l’entreprise à hauteur d’un million d’euros afin de soutenir sa relance et assurer les commandes. Et dire qu’en 2004, on ne donnait pas cher pour son avenir !Pour être complet, notons encore quelques remous sociaux en fin d’année, découlant indirectement du rachat de l’activité de CMP. Mais, après négociations, la FGTB Métal obtiendra l’apaisement, l’augmentation de la prime de fin d’année et la promesse de négocier, à long terme, de meilleures conditions sociales pour tout le personnel de CMI.

CMP (Seraing) : une cession réussie

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la vie dans nos entreprises