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a L’Irak du malheur Souffrances et horreurs sont quoti- diennes dans les hôpitaux soumis à l’embargo de l’ONU. Le début d’appli- cation de la résolution « pétrole contre nourriture » reste sans grand effet et n’a guère soulagé les épreuves des 21 millions d’Irakiens. p. 2 et notre éditorial p. 17 a La justice et l’immigration Présidé par M. Toubon, le tribunal des conflits limite les voies de recours des étrangers contre l’administration. p. 13 a Affaire Elf Alfred Sirven, l’un des anciens diri- geants d’Elf, est l’objet d’un mandat d’arrêt international. Une perquisition a été effectuée dans son château en Touraine. p. 14 a Volte-face à Microsoft Bill Gates se lance sur le marché des ordinateurs de réseau, le Network Computer, après l’avoir dénigré. p. 25 a Combats au Zaïre Les combats font rage à l’est de Kin- shasa à la veille d’une nouvelle ren- contre Mobutu-Kabila, mercredi. p. 3 a Cuisine électorale Jean-Pierre Quélin l’affirme : manger des escargots peut faire progresser la démocratie. p. 26 a La stratégie de LVMH La fusion GrandMet-Guinness oblige Bernard Arnault à accélérer son recen- trage sur le luxe. p. 20 a Accord historique Russie-Tchétchénie Boris Eltsine et son homologue tché- tchène ont signé, lundi 12 mai à Mos- cou, un texte visant à mettre fin à un conflit « multiséculaire ». p. 4 a Réforme en psychiatrie Le groupe d’évaluation de la loi sur l’hospitalisation en psychiatrie sans l’accord du malade propose une sim- plification des procédures d’entrée et de sortie. p. 12 a 20 % de Publicis en vente L’une des héritières de Marcel Bleu- stein-Blanchet veut céder sa participa- tion (près de 20 %) dans Publicis. p. 32 CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16265 – 7 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MERCREDI 14 MAI 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. ÉTAT DES LIEUX L’entrée dans la vie active est de plus en plus tardive LA VOIE DE L’ALTERNANCE Des dispositifs pour un premier pas dans l’entreprise SORTIR DE L’IMPASSE La galère et les petits boulots des sans- qualification JEUNES DIPLÔMÉS Des 18-24 ans mieux préparés, mais sous-employés RÉPONSES POLITIQUES Les discours et les actes des élus interpellés par une génération dépitée ENTREPRISES MOBILISÉES Faute de pouvoir embaucher, le monde économique courtise le social Mobilisation pour l’emploi des jeunes H H H H H H H H H INITIATIVES Espagne et Portugal, bons élèves de l’euro SPECTATEURS privilégiés de la course à l’euro dans laquelle sont engagés les pays de l’Union euro- péenne, les marchés financiers ont, depuis le départ, leurs favoris. Mais les chances qu’ils accordent à tel ou tel pays d’adhérer à la zone monétaire commune dès le 1 er jan- vier 1999 évoluent rapidement en fonction des nouvelles écono- miques et politiques. Qu’un déficit public se creuse et le pays concerné subit aussitôt une brutale décote. Qu’au contraire les prévisions de recettes fiscales s’améliorent et l’Etat bé- néficie immédiatement d’un afflux de capitaux. Ce petit jeu des pronostics est particulièrement en vogue pour les nations d’Europe du Sud. Il y a deux ans, pas un opérateur sensé n’aurait misé un centime sur l’Ita- lie, l’Espagne ou le Portugal, tant leur situation budgétaire et leur niveau d’inflation semblaient alors les condamner à regarder les pays du Nord grimper seuls dans le pre- mier train de l’euro. Mais depuis, au fur et à mesure que leurs fi- nances publiques se redressaient de façon spectaculaire, que le rythme de hausse des prix à la consommation se ralentissait – et que la situation de la France et de l’Allemagne se dégradait ! –, les in- vestisseurs se sont mis à croire aux chances de l’Europe du Sud. Les quelques amoureux du risque ont progressivement été re- joints par des gestionnaires plus traditionnels, attirés par des pers- pectives d’importantes plus-va- lues. Ce mouvement s’est traduit, sur les marchés financiers, par ce que les spécialistes ont désigné sous les termes de « convergence des rendements obligataires ». Pourquoi continuer à exiger une prime considérable pour détenir des titres des pays latins si ces Etats entrent dès l’origine dans la zone euro et si, dès cette date, il n’y a plus à craindre de déprécia- tion de leur devise ? L’écart de taux entre l’Italie et l’Allemagne est ainsi passé de 5 % début 1996 à 1,8 % début 1997. Une réduction de même ampleur a été observée en Espagne et au Portugal. Ce mouvement, qui a constitué l’événement marquant de l’an- née 1996 sur les marchés financiers européens, est, depuis plusieurs semaines, suivi d’une autre évolu- tion significative. Pierre-Antoine Delhommais Lire la suite page 17 LE MONDE INITIATIVES a Un supplément emploi des jeunes a 8 pages d’annonces classées Les « tintinologues » sont en colère, je dirais même plus... À qui appartiennent les droit moraux et in- tellectuels sur l’œuvre d’Hergé, mort le 5 mars 1983, créateur, entre autres, des albums narrant les aventures de Tintin, du ca- pitaine Haddock, de Bianca Castafiore, Try- phon Tournesol et Milou ? En apparence, l’af- faire est limpide, je dirais même plus, limpide : la Fondation Hergé, administrée par Fanny Rodwell, le veuve du dessinateur remariée au Britannique Nick Rodwell, est seule habilitée à assurer la protection et la promotion de l’œuvre, et la société commerciale Moulinsart, revenue dans le giron de la famille après de tortueuses tribulations, est chargée de la ges- tion des droits dérivés (exploitation audiovi- suelle et marchandisage des personnages et objets de l’univers de Tintin). Cette situation mécontente fortement le monde des « tintinologues », chercheurs et commentateurs de l’œuvre du maître, nom- breux en Belgique et regroupés autour du Centre belge de la bande dessinée, que Hergé avait contribué à fonder. Ces derniers, parmi lesquels on trouve Benoît Peteers, le grand ponte de la science tintinologique, reprochent à Fanny et Nick Rodwell leur gestion dictato- riale et restrictive de l’héritage, empêchant l’utilisation d’extraits de l’œuvre de Hergé pour illustrer des essais qui lui sont consacrés. Ainsi, au cours d’une conférence de presse te- nue à Bruxelles au mois de février, les tintino- logues s’insurgeaient contre le refus opposé par les Rodwell à la publication de vignettes de Tintin dans une étude de Michel Deligne sur les rapports entre Hergé et Jules Verne. Face à ces attaques, Fanny Rodwell, qui avait jusque-là gardé le silence, réplique dans un en- tretien publié le 9 mai par Le Soir : « Lorsque des utilisations ne me semblent pas dignes de Tintin sur le plan éthique ou esthétique, je suis choquée, déclare-t-elle. Si je prends l’exemple du livre projeté sur l’influence exercée par Jules Verne sur Hergé, nous n’avons pas accordé l’au- torisation de reproduction de 80 visuels parce que nous ne trouvions pas justifié de faire penser que Hergé aurait plagié, copié, Jules Verne. » La Fondation Hergé s’oppose également à la confection d’un CD-ROM, qui pourrait entrer en concurrence avec le site Hergé sur Internet, enfant chéri de Nick Rodwell. Fanny Rodwell reconnaît cependant que les attaques subies par la Fondation Hergé ont peut-être rendu ses animateurs « un peu paranoïaques » et poursuit, très en colère : « Mais ce n’est pas une raison pour se laisser squatter et se faire dire qu’on n’a qu’à fermer la bouche et ouvrir le por- tefeuille ! » Les époux Rodwell viennent de recevoir un renfort de poids avec l’annonce, faite début mars par Stéphane Steeman, un acteur belge détenteur de la plus importante collection d’ouvrages et d’objets liés à l’univers de Tin- tin, de son désir de se défaire de cette collec- tion au profit de la Fondation Hergé. Le Centre belge de la bande dessinée, à qui Steeman avait naguère laissé quelques espérances, est ainsi tenu à l’écart. Ce fonds, estimé à environ 12 millions de francs, pourrait constituer l’es- sentiel du musée Hergé, que la fondation pro- jette d’ouvrir autour de l’an 2000 dans le centre de Bruxelles. Luc Rosenzweig BRUXELLES de notre correspondant International ............. 2 France .......................... 6 Société.......................... 12 Carnet........................... 14 Régions ........................ 15 Horizons ...................... 16 Entreprises ................. 20 Finances/marchés .... 22 Aujourd’hui ................ 24 Jeux ............................... 27 Météorologie............. 27 Culture......................... 28 Guide culturel ............ 31 Annonces classées ... 32 Communication ........ 32 Abonnements ............ 34 Radio-Télévision....... 34 Kiosque........................ 35 Les mille fleurs de la SNCF DU BÉTON des gares aux petites fleurs et aux plantes sauvages : An- dré Roux, architecte à la SNCF, est le père d’un programme de quatre ans, auquel s’intéresse le Muséum d’his- toire naturelle, qui doit transformer les talus bordant les voies du TGV en réserves de végétation. Lire page 15 ANDRÉ ROUX Festival de Cannes PALME D’OR en 1983 pour La Ballade de Narayama, le Japonais Shohei Imamura revient à Cannes avec L’Anguille. Cette fois, on a le sentiment d’avoir trouvé le film qu’on attendait depuis le début du Festival, parmi les titres en compéti- tion. Un film de désirs et de corps, une folie roborative, un rapport exi- geant à la complexité du monde. « Hélas, cher Prince », est-on tenté, en revanche, de lancer à Kenneth Branagh devant sa pesante intégrale de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri- tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek Hudson, trois questions à Jérôme Clément et un détour par la fête cannoise de La Vé- rité si je mens ! Lire pages 28 et 29 DEREK HUDSON Les désarrois de la « génération Chirac » b La droite recule parmi les moins de trente ans, selon un sondage Ipsos-« Le Monde »-NRJ b Les jeunes d’abord concernés par l’emploi, l’Europe et le temps de travail b Notre enquête sur l’éducation et nos entretiens avec Edith Cresson et Philippe Séguin Le PSG aux portes de la légende a UN AN après avoir emporté sa première Coupe d’Europe de football des clubs vainqueurs de coupes, le Paris-Saint-Germain se re- trouve, mercredi 14 mai, à Rotter- dam (Pays-Bas), en finale de la même épreuve face au légendaire FC Barce- lone. Une victoire ferait du PSG la seule équipe française à avoir gagné deux fois un trophée européen. Pour y arriver, les défenseurs pari- siens et le gardien international Ber- nard Lama, récemment convaincu de dopage au cannabis et qui connaîtra sa sanction au lendemain de la finale européenne, devront réduire au si- lence le jeune attaquant Ronaldo, su- perstar brésilienne du « Barça ». Por- trait d’un Lama serein, Guyane au cœur. Lire pages 16 et 24 PLUS ENCORE que l’ensemble des Français, les jeunes de moins de trente ans assistent sans passion à la campagne des élections législatives. C’est l’enseignement le plus frappant d’un sondage réalisé par Ipsos pour NRJ et Le Monde. Encore moins déci- dés à aller voter, moins sûrs de leur choix, les jeunes paraissent vaccinés contre toute illusion électorale. Ce- pendant, la droite est en perte de vi- tesse parmi les moins de trente ans qui placent en tête de leurs centres d’intérêt l’emploi, l’Europe et le temps de travail. Pour 77 % d’entre eux, ces élections législatives se résu- ment à un choix qui « ne changera pas grand-chose ». Alain Juppé a pro- posé, lundi 12 mai, de réduire « très rapidement d’un peu plus de 2 points » la cotisation-maladie des salariés et d’augmenter la CSG. Dans le deuxième volet de notre série sur les « sept sujets capitaux » de la campagne électorale – vus au travers des sept moments clés du tan- dem Chirac-Juppé –, Michel Delberg- he et Béatrice Gurrey font le récit des relations tourmentées entre l’Elysée et le ministère de l’éducation. Ils ex- pliquent comment François Bayrou parvint à refuser de mettre en œuvre le référendum sur l’éducation promis par Jacques Chirac. Dans un entre- tien au Monde, Philippe Séguin, dé- clare que le rôle de l’école n’est pas de « former des salariés clés en mains mais des citoyens ». Edith Cresson, in- siste sur la nécessité d’une « forma- tion professionnelle valorisée ». Les ci- néastes, auteurs de l’appel à la désobéissance civique, lancent un nouvel appel pour la régularisation des sans-papiers. Réagissant à l’« appel pour chan- ger la République » lancé dans Le Monde du 7 mai par cinq constitu- tionnalistes, d’autres juristes ap- pellent à « changer de République par une réforme radicale ». Lire pages 6 à 11, 18 et 19

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

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Page 1: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0001-0 WAS LMQ1405-1 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:18 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 08Fap:99 No:0563 Lcp: 196 CMYK

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMERCREDI 14 MAI 1997

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

SUPPLÉMENT DU « MONDE »

MERCREDI 14 MAI 1997

No 16265

NE PEUT ÊTRE VENDU

SÉPARÉMENTFRANCE MÉTROPOLITAINEUNIQUEMENT

ÉTAT DES LIEUXL’entrée dans la vieactive est de plusen plus tardive

LA VOIEDE L’ALTERNANCEDes dispositifs pourun premier pasdans l’entreprise

SORTIRDE L’IMPASSELa galère et les petitsboulots des sans-qualification

JEUNES DIPLÔMÉSDes 18-24 ans mieuxpréparés, maissous-employés

RÉPONSESPOLITIQUESLes discourset les actes des élus interpelléspar une générationdépitée

ENTREPRISESMOBILISÉESFaute de pouvoirembaucher, le mondeéconomique courtisele social

Mobilisation pour l’emploi des jeunesH H H H H H H H H INITIATIVES

Espagne etbons élèves

SPECTATEURS privilégiés de la

LE MONDE INITIATIVES

a Un supplémentemploi des jeunesa 8 pagesd’annonces classées

Les « tinBRUXELLES

Les mille fleursde la SNCF

DU BÉTON des gares aux petites

ANDRÉ ROUX

Festival de CannesPALME D’OR en 1983 pour La

DE

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K H

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SO

N

Les désarrois de la « génération Chirac »b La droite recule parmi les moins de trente ans, selon un sondage Ipsos-« Le Monde »-NRJ

b Les jeunes d’abord concernés par l’emploi, l’Europe et le temps de travailb Notre enquête sur l’éducation et nos entretiens avec Edith Cresson et Philippe Séguin

Le PSG aux portesde la légende

UN AN après avoir emporté

PLUS ENCORE que l’ensemble

parvint à refuser de mettre en œuvre siste sur la nécessité d’une « forma- ger la République » lancé dans

des Français, les jeunes de moins detrente ans assistent sans passion à lacampagne des élections législatives.C’est l’enseignement le plus frappantd’un sondage réalisé par Ipsos pourNRJ et Le Monde. Encore moins déci-dés à aller voter, moins sûrs de leurchoix, les jeunes paraissent vaccinéscontre toute illusion électorale. Ce-pendant, la droite est en perte de vi-tesse parmi les moins de trente ansqui placent en tête de leurs centresd’intérêt l’emploi, l’Europe et letemps de travail. Pour 77 % d’entreeux, ces élections législatives se résu-ment à un choix qui « ne changerapas grand-chose ». Alain Juppé a pro-posé, lundi 12 mai, de réduire « trèsrapidement d’un peu plus de 2 points »la cotisation-maladie des salariés etd’augmenter la CSG.

Dans le deuxième volet de notresérie sur les « sept sujets capitaux »de la campagne électorale – vus autravers des sept moments clés du tan-dem Chirac-Juppé –, Michel Delberg-he et Béatrice Gurrey font le récit desrelations tourmentées entre l’Elyséeet le ministère de l’éducation. Ils ex-pliquent comment François Bayrou

le référendum sur l’éducation promispar Jacques Chirac. Dans un entre-tien au Monde, Philippe Séguin, dé-clare que le rôle de l’école n’est pas de« former des salariés clés en mainsmais des citoyens ». Edith Cresson, in-

Portugal, de l’euro

l’Allemagne se dégradait ! –, les in-

tinologues » sont en lesquels on trouve Ben

tion professionnelle valorisée ». Les ci-néastes, auteurs de l’appel à ladésobéissance civique, lancent unnouvel appel pour la régularisationdes sans-papiers.

Réagissant à l’« appel pour chan-

colère, je dirais mêmeoît Peteers, le grand en concurren

Le Monde du 7 mai par cinq constitu-tionnalistes, d’autres juristes ap-pellent à « changer de Républiquepar une réforme radicale ».

Lire pages 6 à 11, 18 et 19

Ballade de Narayama, le JaponaisShohei Imamura revient à Cannesavec L’Anguille. Cette fois, on a lesentiment d’avoir trouvé le filmqu’on attendait depuis le début duFestival, parmi les titres en compéti-tion. Un film de désirs et de corps,une folie roborative, un rapport exi-geant à la complexité du monde.« Hélas, cher Prince », est-on tenté,en revanche, de lancer à KennethBranagh devant sa pesante intégralede Hamlet. Egalement au menu denos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photoquotidienne de Derek Hudson, troisquestions à Jérôme Clément et undétour par la fête cannoise de La Vé-rité si je mens !

Lire pages 28 et 29

a Cuisine électorale

plus...ce avec le site Hergé sur Internet,

a sa première Coupe d’Europede football des clubs vainqueurs decoupes, le Paris-Saint-Germain se re-trouve, mercredi 14 mai, à Rotter-dam (Pays-Bas), en finale de la mêmeépreuve face au légendaire FC Barce-lone. Une victoire ferait du PSG laseule équipe française à avoir gagnédeux fois un trophée européen.

Pour y arriver, les défenseurs pari-siens et le gardien international Ber-nard Lama, récemment convaincu dedopage au cannabis et qui connaîtrasa sanction au lendemain de la finaleeuropéenne, devront réduire au si-lence le jeune attaquant Ronaldo, su-perstar brésilienne du « Barça ». Por-trait d’un Lama serein, Guyane aucœur.

Lire pages 16 et 24

À qui appartiennent les droit moraux et in-tellectuels sur l’œuvre d’Hergé, mort le 5 mars1983, créateur, entre autres, desalbums narrant les aventures de Tintin, du ca-pitaine Haddock, de Bianca Castafiore, Try-phon Tournesol et Milou ? En apparence, l’af-faire est limpide, je dirais même plus, limpide :la Fondation Hergé, administrée par FannyRodwell, le veuve du dessinateur remariée auBritannique Nick Rodwell, est seule habilitée àassurer la protection et la promotion del’œuvre, et la société commerciale Moulinsart,revenue dans le giron de la famille après detortueuses tribulations, est chargée de la ges-tion des droits dérivés (exploitation audiovi-suelle et marchandisage des personnages etobjets de l’univers de Tintin).

Cette situation mécontente fortement lemonde des « tintinologues », chercheurs etcommentateurs de l’œuvre du maître, nom-breux en Belgique et regroupés autour duCentre belge de la bande dessinée, que Hergéavait contribué à fonder. Ces derniers, parmi

de notre correspondant

ponte de la science tintinologique, reprochentà Fanny et Nick Rodwell leur gestion dictato-riale et restrictive de l’héritage, empêchantl’utilisation d’extraits de l’œuvre de Hergépour illustrer des essais qui lui sont consacrés.Ainsi, au cours d’une conférence de presse te-nue à Bruxelles au mois de février, les tintino-logues s’insurgeaient contre le refus opposépar les Rodwell à la publication de vignettes deTintin dans une étude de Michel Deligne surles rapports entre Hergé et Jules Verne.

Face à ces attaques, Fanny Rodwell, qui avaitjusque-là gardé le silence, réplique dans un en-tretien publié le 9 mai par Le Soir : « Lorsquedes utilisations ne me semblent pas dignes deTintin sur le plan éthique ou esthétique, je suischoquée, déclare-t-elle. Si je prends l’exempledu livre projeté sur l’influence exercée par JulesVerne sur Hergé, nous n’avons pas accordé l’au-torisation de reproduction de 80 visuels parceque nous ne trouvions pas justifié de faire penserque Hergé aurait plagié, copié, Jules Verne. »

La Fondation Hergé s’oppose également à laconfection d’un CD-ROM, qui pourrait entrer

enfant chéri de Nick Rodwell. Fanny Rodwellreconnaît cependant que les attaques subiespar la Fondation Hergé ont peut-être renduses animateurs « un peu paranoïaques » etpoursuit, très en colère : « Mais ce n’est pas uneraison pour se laisser squatter et se faire direqu’on n’a qu’à fermer la bouche et ouvrir le por-tefeuille ! »

Les époux Rodwell viennent de recevoir unrenfort de poids avec l’annonce, faite débutmars par Stéphane Steeman, un acteur belgedétenteur de la plus importante collectiond’ouvrages et d’objets liés à l’univers de Tin-tin, de son désir de se défaire de cette collec-tion au profit de la Fondation Hergé. Le Centrebelge de la bande dessinée, à qui Steemanavait naguère laissé quelques espérances, estainsi tenu à l’écart. Ce fonds, estimé à environ12 millions de francs, pourrait constituer l’es-sentiel du musée Hergé, que la fondation pro-jette d’ouvrir autour de l’an 2000 dans lecentre de Bruxelles.

Luc Rosenzweig

fleurs et aux plantes sauvages : An-dré Roux, architecte à la SNCF, est lepère d’un programme de quatre ans,auquel s’intéresse le Muséum d’his-toire naturelle, qui doit transformerles talus bordant les voies du TGV enréserves de végétation.

Lire page 15

France .......................... 6Société.......................... 12Carnet........................... 14Régions ........................ 15Horizons ...................... 16Entreprises ................. 20Finances/marchés .... 22Aujourd’hui ................ 24

Météorologie............. 27Culture......................... 28Guide culturel ............ 31Annonces classées ... 32Communication ........ 32Abonnements ............ 34Radio-Télévision....... 34Kiosque........................ 35

course à l’euro dans laquelle sontengagés les pays de l’Union euro-péenne, les marchés financiersont, depuis le départ, leurs favoris.Mais les chances qu’ils accordent àtel ou tel pays d’adhérer à la zonemonétaire commune dès le 1er jan-vier 1999 évoluent rapidement enfonction des nouvelles écono-miques et politiques.

Qu’un déficit public se creuse etle pays concerné subit aussitôtune brutale décote. Qu’aucontraire les prévisions de recettesfiscales s’améliorent et l’Etat bé-néficie immédiatement d’un affluxde capitaux.

Ce petit jeu des pronostics estparticulièrement en vogue pourles nations d’Europe du Sud. Il y adeux ans, pas un opérateur sensén’aurait misé un centime sur l’Ita-lie, l’Espagne ou le Portugal, tantleur situation budgétaire et leurniveau d’inflation semblaient alorsles condamner à regarder les paysdu Nord grimper seuls dans le pre-mier train de l’euro. Mais depuis,au fur et à mesure que leurs fi-nances publiques se redressaientde façon spectaculaire, que lerythme de hausse des prix à laconsommation se ralentissait – etque la situation de la France et de

vestisseurs se sont mis à croire auxchances de l’Europe du Sud.

Les quelques amoureux durisque ont progressivement été re-joints par des gestionnaires plustraditionnels, attirés par des pers-pectives d’importantes plus-va-lues. Ce mouvement s’est traduit,sur les marchés financiers, par ceque les spécialistes ont désignésous les termes de « convergencedes rendements obligataires ».Pourquoi continuer à exiger uneprime considérable pour détenirdes titres des pays latins si cesEtats entrent dès l’origine dans lazone euro et si, dès cette date, iln’y a plus à craindre de déprécia-tion de leur devise ? L’écart detaux entre l’Italie et l’Allemagneest ainsi passé de 5 % début 1996 à1,8 % début 1997. Une réductionde même ampleur a été observéeen Espagne et au Portugal.

Ce mouvement, qui a constituél’événement marquant de l’an-née 1996 sur les marchés financierseuropéens, est, depuis plusieurssemaines, suivi d’une autre évolu-tion significative.

Pierre-Antoine Delhommais

Lire la suite page 17

a L’Irak du malheur Souffrances et horreurs sont quoti-diennes dans les hôpitaux soumis àl’embargo de l’ONU. Le début d’appli-cation de la résolution « pétrole contrenourriture » reste sans grand effet etn’a guère soulagé les épreuves des21 millions d’Irakiens. p. 2

et notre éditorial p. 17

a La justiceet l’immigrationPrésidé par M. Toubon, le tribunal desconflits limite les voies de recours desétrangers contre l’administration. p. 13

a Affaire ElfAlfred Sirven, l’un des anciens diri-geants d’Elf, est l’objet d’un mandatd’arrêt international. Une perquisitiona été effectuée dans son château enTouraine. p. 14

a Volte-faceà MicrosoftBill Gates se lance sur le marché desordinateurs de réseau, le NetworkComputer, après l’avoir dénigré. p. 25

a Combats au ZaïreLes combats font rage à l’est de Kin-shasa à la veille d’une nouvelle ren-contre Mobutu-Kabila, mercredi. p. 3

Jean-Pierre Quélin l’affirme : mangerdes escargots peut faire progresser ladémocratie. p. 26

a La stratégiede LVMH La fusion GrandMet-Guinness obligeBernard Arnault à accélérer son recen-trage sur le luxe. p. 20

a Accord historiqueRussie-TchétchénieBoris Eltsine et son homologue tché-tchène ont signé, lundi 12 mai à Mos-cou, un texte visant à mettre fin à unconflit « multiséculaire ». p. 4

a Réformeen psychiatrieLe groupe d’évaluation de la loi surl’hospitalisation en psychiatrie sansl’accord du malade propose une sim-plification des procédures d’entrée etde sortie. p. 12

a 20 % de Publicisen venteL’une des héritières de Marcel Bleu-stein-Blanchet veut céder sa participa-tion (près de 20 %) dans Publicis.p. 32

International ............. 2 Jeux ............................... 27

Page 2: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0002-0 WAS LMQ1405-2 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 03Fap:99 No:0519 Lcp: 196 CMYK

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

Les difficiles relationsentre Bagdad et les ONG

BAGDADde notre envoyée spéciale

Les organisations non gouverne-mentales (ONG) n’ont pas bonnepresse à Bagdad. Le gouvernementirakien leur tient rigueur d’avoiropéré dans le nord du pays au mé-pris, dit-il, de sa souveraineté, dansla mesure où toutes les ONG pas-saient par la Turquie pour entrersans visa dans le Kurdistan irakien.

Voulant agir en Irak, notammentaprès les insurrections chiite etkurde les 3 et 5 mars 1991, ceuxque l’on appelle familièrement les« humanitaires » ont refusé lesexigences de Bagdad : un droit deregard total sur toute action, sur lechoix du personnel local et le pas-sage systématique par la capitale,ce qui revenait à soumettre lesONG à la règle des visas au couppar coup.

Une ONG française, Equilibre,qui, parmi des dizaines d’autres detoutes nationalités, fut très activedans le Kurdistan, a néanmoins ré-cemment trouvé un terrain d’en-tente avec les autorités irakiennes.Avec l’association Care, elles sontles seules organisations humani-taires internationales à être instal-lées à Bagdad.

Ce qui a changé, explique AlainMichel, président d’Equilibre – quivient d’organiser un convoi de cinqcamions de médicaments, de ma-tériel médical et de vivres pourl’Irak, le deuxième en quelquesmois –, c’est que les autorités ira-kiennes ont été convaincues des« intentions humanitaires et non paspolitiques » de l’association, grâceà l’intervention de certaines per-sonnes au courant des activitésd’Equilibre. « Ceci m’a permis d’ob-tenir un visa pour Bagdad où j’ai pume rendre, constater les dégâts del’embargo, intervenir, puis témoi-gner », ajoute M. Michel.

« Je pense, ajoute-t-il, que lacondition posée aujourd’hui par lesautorités irakiennes pour l’accepta-tion des ONG est la fermeture préa-lable de leurs bureaux dans le norddu pays et le passage obligé parBagdad, c’est-à-dire la reconnais-sance de la souveraineté ira-kienne. » Quitte à reprendre en-suite les activités dans le Nord et àen développer dans le Sud, ce qui

n’a jamais été possible jusqu’àprésent. Les ONG, admet-il,prennent ainsi un risque, dans lamesure où elles n’ont pas la garan-tie absolue d’obtenir l’assentimentde Bagdad, ni celle de pouvoiropérer dans les mêmes conditionsqu’au Kurdistan. Mais c’est unchoix à faire. Equilibre a pu, poursa part, en l’espace de quelquesmois, affirme M. Michel, ouvrir unbureau à Bagdad, en janvier 1997,être acceptée par l’ensemble desadministrations, dont le Croissantrouge irakien, et retourner dans leNord pour la distribution de l’aide.

« PAS DE TRUCAGE »L’Irak, précise-t-il encore, ne

veut pas non plus que les ONG semêlent de politique. Dès lors quela confiance est établie, toutes lesautres difficultés sont, selon lui,d’ordre administratif. Les besoinssont identifiés par le ministère dela santé, par le Croissant rouge,l’Unicef et les institutions interna-tionales. Le choix des hôpitauxdans lesquels sont distribués lesproduits acheminés par Equilibreest fait en commun. Vérificationfaite, affirme-t-il, il n’y a pas detrucage.

Comme les autres ONG euro-péennes, Equilibre émarge au pro-gramme Echo d’aide humanitaired’urgence de l’Union européenne.Essentiellement consacré jusqu’àprésent au nord de l’Irak, le pro-gramme Echo (24 millions décuspour 1996) concerne en réalité latotalité du territoire irakien et de-vrait pouvoir s’y déployer désor-mais. Alors que les ONG, quiopèrent toujours dans le nord del’Irak, craignaient l’interruption dufinancement pour 1997, elles ontété récemment informées, ap-prend-on auprès d’Aide médicaleinternationale (AMI) et de Méde-cins du monde à Paris (MDM), quele financement est disponible poursix mois encore dans cette région.

MDM prépare un projet pour lecentre et le sud de l’Irak mais n’apas encore pris langue avec Bag-dad. AMI a décidé de ne pas lefaire si la condition en est la fer-meture des bureaux au Kurdistan.

M. Na.

Etats-Unis : des opposants irakiens menacés d’expulsionUn groupe d’Irakiens qui, pour le compte de la CIA, ont tenté de

faire chuter le président irakien, Saddam Hussein, et qui se virentoffrir un refuge aux Etats-Unis, sont aujourd’hui dans une prison deCalifornie et menacés d’expulsion, a rapporté, lundi 12 mai, le NewYork Times. Treize d’entre eux au moins sont accusés par les servicesd’immigration et de naturalisation d’être un « danger pour la sécuritédes Etats-Unis ».

Selon des responsables officiels américains et des avocats, le FBIsoupçonne certains d’entre eux d’être des espions irakiens ou desterroristes en puissance. Ils ont demandé l’asile aux Etats-Unis,mais, si les accusations portées contre eux sont retenues par lesjuges, ils pourraient être expulsés, peut-être vers l’Irak.

BAGDADde notre envoyée spéciale

Des machines censées être desincubateurs ne protègent plus unedemi-douzaine de prématurés. Ici,le capot est fissuré ; là, il manqueun hublot ; plus loin, des spara-draps font office de joints. Lesmouches tournoient que les mainsde mères lasses, au regard vide,tentent en vain de chasser. Assisessur des lits dont les matelas demousse souvent éventrés sont,parfois, couverts de draps couleurde fumée et maculés de taches,elles répondent mécaniquementaux questions du médecin.

Elles portent toute la résigna-tion du monde dans leurs yeux.Une odeur de fauve enveloppe lapièce que les pales d’un ventila-teur ont du mal à chasser. La cli-matisation ne marche plus. Leprintemps a été exceptionnelle-ment clément, mais lorsque vien-dront les grandes chaleurs del’été...

« Nous transférons les nourrissonset les malades d’une salle à l’autre,selon les saisons et l’exposition despièces », explique, en s’efforçantde garder la distance, le dr MouradAbdel Karim Kanouna, chef du dé-partement de pédiatrie de l’hôpitalgénéral d’el Qadissiya, dans lequartier populaire de Saddam Ci-ty, dans la banlieue de Bagdad.« Les draps sont propres maisusés », ajoute-t-il gêné, non sansavoir montré sa propre blouse vi-rant au gris, comme pour vousprier de ne pas insister.

On ne devine plus quelle est la

couleur des murs. Sur un lit, un ga-min de quatre ans qui en fait deux.Il a la peau toute ratatinée et lescôtes saillantes : malnutrition etmarasme. Ils sont plusieurs dansson cas.

Sur les vingt-deux incubateursde l’hôpital d’el Qadissiya, septfonctionnent encore, précise ledocteur Kanouna. Fonctionner esttrop dire. Et puis tout manque : lesantibiotiques, les antiseptiques, lelait pour enfants, les cathéters, lesseringues, les produits de labora-toire, les détergents, le savon,alors que la santé des Irakiens, desenfants surtout, est allée en s’ag-gravant. Les interventions chirur-gicales sont différées, fauted’anesthésique.

MALNUTRITIONExtrêmement rares avant l’im-

position de sanctions internatio-nales plurielles à l’Irak, après l’in-vasion du Koweït en août 1990, lesadmissions d’enfants pour malnu-trition et déficit de croissance va-rient entre trois et cinq par jour.

Mères mal nourries, conditionsde vie et d’hygiène de plus en plusprécaires, pénurie de produitspharmaceutiques. Au point quenombre de médecins confientleurs malades « à Dieu et à la bontédu ciel ».

« Lorsque je vois ça, je suis révoltéet j’ai peur. Je me dis que cela pour-rait arriver à mes enfants », com-mente le docteur Kanouna. AlhaneEl Rached, directrice de la cliniqued’obstétrique et de pédiatrie d’Ibnel Baladi, est précisément dans ce

cas. Son fils, un adolescent âgé de17 ans, est atteint d’une colite ai-guë chronique, qui nécessite de laSalasopirine ou un équivalent. « Jepourrais peut être trouver ça sur lemarché, mais je ne peux pas lepayer. Cela coûte quelque 40 000 à50 000 dinars » (160 à 200 francs).

C’est énorme, lorsqu’on sait quele salaire d’un fonctionnaire varieentre 6 000 et 7 000 dinars. Un mé-decin de l’hôpital de Baquouba, àune soixantaine de kilomètres aunord-est de Bagdad, affirme ne ga-gner que 4 500 dinars par moisaprès 21 ans de métier. Avant l’em-bargo des Nations unies, un dinarvalait 3,5 dollars. Il faut au-jourd’hui 1 300 dinars pour un dol-lar.

Six enfants accompagnés deleurs mères occupent les six lits del’une des salles d’urgence de l’hô-pital de Baqouba. C’est mercredi,jour de transfusion sanguine. Ilssont tous atteints de thalassémie,forme d’anémie aiguë d’originehéréditaire. L’équipement n’étantplus suffisant, ils attendront cha-cun leur tour. Il leur faut cinq in-jections de Desferal par semaine.« Comme il n’y en a pas, nous leuren faisons seulement une après la

transfusion. Quant au sang, les don-neurs existent, mais l’hôpitalmanque souvent de poches pour re-cueillir leur don. Faute de produitsde laboratoires, nous n’avons pas lesmoyens de contrôler le HIV », pré-cise le médecin.

Mme El Rached, elle, en est ré-duite à diagnostiquer le diabèteaux seuls symptômes. L’insulinemanque dramatiquement aussi.L’extrême urgence sont les vac-cins, les antibiotiques, les équipe-ments de base pour la pédiatrie etpour suivre les grossesses, relèveun observateur de l’ONU. Il fautaussi remettre d’urgence à niveaule système d’assainissement del’eau. Il faut que les professionnelsde santé puissent être convenable-ment payés pour mener à bien leurmission. On pourrait ajouter qu’ilfaut aussi que les Irakiens puissentse nourrir de manière plus équili-brée pour enrayer les maux à la ra-cine.

Alors, l’Irak un pays pauvrecomme un autre ? Précisémentnon. Avant l’imposition des sanc-tions en 1990, il ne connaissait pasles pénuries. Le système de santéjusqu’à la fin des années 1989 étaitde « haute qualité », selon l’Orga-

nisation mondiale de la santé.97 % de la population urbaine et78 % des ruraux bénéficiaient dessoins de santé. La malnutritionn’existait pas. Le revenu par habi-tant s’élevait à 2 800 dollars.

Le secrétaire général adjoint desNations unies pour les questionshumanitaires a été suffisammentclair l’autre jour, lors d’une confé-rence de presse à Bagdad : « Lesconditions dans les hôpitaux sontdéplorables tant à Bagdad que dansle nord du pays (...) C’est l’une desconséquences de l’embargo interna-tional », a déclaré Yasushi Akashi,au terme d’une visite de quelquesjours en Irak, au cours de laquelleil s’est rendu – y compris de ma-nière impromptue, a-t-il précisé –dans plusieurs établissements hos-pitaliers. « Il y a un degré significa-tif de souffrances humaines. »

SYSTÈME GANGRÉNÉEn réalité, le système de santé

irakien est totalement gangrené.Sept années de sanctions d’une ex-trême sévérité ont eu raison duvolontarisme irakien. De la canni-balisation de tout ce qui existe, àl’épuisement des stocks, en pas-sant par une gestion remarquablede la pénurie – selon l’expressiond’un observateur onusien – et parle recours aux vieilles recettes degrand-mère, le circuit est épuisé.Les Irakiens plus encore, mêmes’ils restent d’une très grande di-gnité.

Tout n’est pas interdit d’entréeen Irak. Les produits dont un ou

des composants pourraient êtredétournés à des fins militaires nepeuvent être importés ; le reste,pour peu que le Comité des sanc-tions de l’ONU donne son feu vert,peut être acheté.

Mais l’Irak, qui repose sur desréserves de brut évaluées à112 milliards de barils, n’a pasd’argent. Non seulement sesavoirs sont gelés, mais il ne peutexporter son brut aussi longtempsqu’il n’aura pas satisfait toutes lesexigences de son désarmement. Cequi, d’après la commission spé-ciale de l’ONU chargée de cettemission, n’est toujours pas le cas,notamment pour ce qui concernel’armement chimique.

Le fait est, néanmoins, que cesont les 21 millions de citoyens ira-kiens qui en font les frais. Le pou-voir, que les Nations unies affir-ment vouloir sanctionner, ne s’enporte pas plus mal.

Le 10 décembre 1996, est entréeen vigueur la résolution 986 duConseil de sécurité de l’ONU, queles autorités irakiennes ont fini paraccepter un an après son adop-tion. Elle autorise l’Irak à vendredu pétrole pour un montant de2 milliards de dollars, dont1,32 milliard sera consacré aux be-soins humanitaires de près de22 millions d’Irakiens. Autant direque malgré la légère améliorationescomptée, les Irakiens sont loind’être sortis du tunnel. L’injusticeest criante.

Mouna Naïm

PROCHE-ORIENT La popula-tion irakienne souffre de plus enplus des conséquences de l’embar-go international imposé au pays enaoût 1990, après l’invasion du Ko-

weït. b DANS LES HÔPITAUX, la si-tuation est « déplorable », de l’aveumême du secrétaire général adjointdes Nations unies pour les ques-tions humanitaires, Yasushi Akashi.

L’Irak manque de médicaments etd’équipements, mais le système ali-mentaire est lui aussi totalementperturbé, ce qui ne fait qu’aggraverle mal. b LES ORGANISATIONS HU-

MANITAIRES, très présentes dans leKurdistan irakien, ont des relationstrès délicates avec Bagdad, en rai-son des conditions posées à leursactivités. Certaines acceptent néan-

moins les exigences de Bagdad sielles peuvent, en retour, coopérer àl’allégement des souffrances desIrakiens (lire aussi notre éditorialpage 17).

Dans les hôpitaux irakiens ravagés par l’embargo de l’ONULa résolution « Pétrole contre nourriture » n’a qu’à peine soulagé la population,

toujours soumise à des sanctions vieilles de sept ans qui épargnent le régime et ne l’ont aucunement déstabilisé

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LeMonde Job: WMQ1405--0003-0 WAS LMQ1405-3 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 03Fap:99 No:0520 Lcp: 196 CMYK

ABIDJANde notre correspondant

en Afrique de l’OuestContrairement aux législatives du13 avril, annulées par la Cour su-

prême, l’élection présidentielle auMali a finalement eu lieu sans in-cidents, dimanche 11 mai. Sans in-cidents et sans suspense puisqueles principales formations de l’op-position n’ont pas participé auscrutin, remporté par le présidentsortant, Alpha Oumar Konaré.

Le même jour, au Burkina Faso,le président Blaise Compaoré s’estassuré d’une confortable majoritéparlementaire grâce à la victoire deses partisans lors des élections lé-gislatives. Dans ces deux pays duSahel, l’opposition a été réduite àla portion congrue, qu’elle ait choi-si le boycottage, comme au Mali,ou la participation, comme au Bur-kina.

INTÉRÊT MODÉRÉA Ouagadougou, les législatives

n’ont suscité qu’un intérêt modérédans la population, et le taux departicipation se situerait aux alen-tours de 50 %, un chiffre honorablepour un pays rural dont la popula-tion est dans son immense majori-té analphabète. D’après les pre-miers résultats, le Congrès pour ladémocratie et le progrès (CDP) despartisans du président Compaorél’aurait largement emporté. Maisles législatives sont rarement l’oc-casion de grandes batailles poli-tiques, surtout lorsqu’elles sont dé-connectées du scrutin présidentiel,comme au Burkina. Et l’on peutimaginer par ailleurs que l’opposi-tion reste encore sonnée par sa ré-cente défaite constitutionnelle.

M. Compaoré a, en effet, réussi àfaire adopter un amendement luipermettant de se représenter à lamagistrature suprême autant defois qu’il lui plaira, éloignant ainsiles perspectives d’alternance. En-fin, et comme on l’a encore vu lorsde récents scrutins, au Niger ou auTchad, les présidents sortantsn’hésitent pas à mobiliser lesmoyens de l’Etat pour mener cam-pagne, ce qui leur donne un avan-tage souvent décisif face à une op-position en perpétuel manqued’argent.

A Bamako, le président Konaréavait le droit, selon la Constitution,de se présenter pour un deuxièmeet dernier mandat. Il n’a trouvé enface de lui que le dirigeant du petitParti pour l’unité, la démocratie etle progrès (PUDP), Mamadou Dia-by, les ténors de l’opposition ayantdécidé de boycotter le vote.

Au soir du scrutin, les 19 partisd’opposition, regroupés en uneimprobable alliance qui va de lagauche aux nostalgiques de la dic-

I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 3

Le général Jeannou Lacaze à LubumbashiAncien chef d’état-major des armées françaises entre février 1981

et juillet 1985, le général Jeannou Lacaze était, au début de la se-maine dernière, au Zaïre où, à Lubumbashi, il aurait eu des conver-sations avec Bizima Karaha, le « ministre » des affaires étrangèresde Laurent-Désiré Kabila. Spécialiste du renseignement et del’Afrique, le général Lacaze est un proche de plusieurs chefs d’Etat,notamment le maréchal Mobutu, au Zaïre, et Saddam Hussein, enIrak. Il fut en particulier le conseiller spécial, au ministère de la dé-fense, pour les relations militaires avec les pays africains entre 1985et 1989. Il y a un mois environ, il avait rencontré le chef de l’Etat zaï-rois. A ce titre, il a déjà rempli, par le passé, plusieurs « missions »qu’il s’est lui-même attribuées ou pour lesquelles il a été mandatéde source officieuse. Dans le cas présent, il se pourrait que le géné-ral Lacaze ait cherché à trouver des conditions – acceptables partous – à un départ « honorable » du président zaïrois.

Le « Financial Times » raconte l’édifiante histoirede l’empire financier du président zaïrois

DES ENFANTS pourvus deliasses de billets de 500 francs engoguette sur la côte d’Azur ; une vil-la au Zaïre dotée d’une piscineolympique et d’une piste d’aéroportpouvant accueillir un Concorde ;des fauteuils en forme de coquil-lages parés de soie rose. La frénésiede luxe du président Mobutu,l’homme aux couvre-chefs en peaude léopard, est connue. Elle est ra-contée en détails par le FinancialTimes qui, dans son édition du12 mai, n’oublie pas les épisodes lesplus récents, comme l’embauche demercenaires serbes pour luttercontre les rebelles zaïrois (Le Mondedu 13 mai).

Au total, la fortune personnelledu président Mobutu aurait atteintjusqu’à 4 milliards de dollars(22 milliards de francs) au milieudes années 80. La valeur de ses pro-priétés disséminées dans le mondeest estimée à 23 millions de livres(200 millions de francs). Le quoti-dien britannique raconte comment,en 1960, Joseph-Désiré Mobutu, lejeune chef des armées zaïroises,alors âgé de trente ans, fut porté au

pouvoir par la CIA américaine. Il ra-conte surtout comment, tout aulong d’une « histoire de vénalité et decorruption », la communauté inter-nationale a continué d’épauler ledictateur Mobutu.

Des financements directs de laCIA, dans les années 60, aux neufprogrammes de prêts consentis parle FMI entre 1967 et 1989, pour untotal de 1 milliard de dollars envi-ron, en passant par les votes du Par-lement zaïrois en faveur de vire-ments présidentiels directs ayantatteint jusqu’à 65 millions de dollarsen 1988, les sources financières sesont révélées variées.

LE FMI ACCUSÉIl est aujourd’hui impossible, se-

lon le Financial Times, de savoirquelques sommes sont encore déte-nues dans les banques suisses, ouencore combien a réellement étéblanchi dans des banques luxem-bourgeoises.

Les enquêteurs du Financial Timesn’épargnent personne : ni le Fondsmonétaire international (FMI), ac-cusé d’avoir ignoré les mises en

garde adressées, dès 1978, par lebanquier allemand Erwin Blumen-thal ; ni les banques suisses, qui af-firment ne pas détenir de compteau nom de M. Mobutu, mais que leparlementaire genevois Jean Zie-gler, partisan de l’abolition du secretbancaire suisse, accuse d’avoir gérétout le développement off-shore duprésident zaïrois.

a Le successeur probable duprésident Mobutu, Laurent-DésiréKabila, reçoit déjà des preuves desoutien de la communauté finan-cière internationale. America Mine-ral Fields, une entreprise américaineayant signé un contrat de 1 milliardde dollars pour la reprise des activi-tés d’un immense complexe minierdans la région de Kipushi (Le Mondedu 18 avril), vient d’organiser une vi-site de parlementaires, industriels etbanquiers américains. Citées parl’agence Associated Press, lesbanques d’investissement GoldmanSachs et Deutsche Morgan Grenfellont pourtant déclaré, à Londres, nepas être au courant d’une telle visited’approche du « marché » zaïrois.

Les indigènes aïnous enfin reconnus par le Parlement japonaisTOKYO

de notre correspondantLe Parlement nippon vient d’entamer le

mythe de l’homogénéité du peuple japonais.En votant le 8 mai, à la quasi-unanimité, la« loi sur la promotion de la culture aïnoue »,les députés ont reconnu pour la première foisl’existence d’une ethnie minoritaire dans l’ar-chipel. L’unicité du peuple nippon et son ho-mogénéité font partie du dogme national de-puis la construction de l’Etat-nation à l’èreMeiji (seconde moitié du XIXe siècle). Il y aune dizaine d’années, le premier ministre del’époque, Yasuhiro Nakasone, déclarait en-core, péremptoire, que le Japon était « le paysd’une seule ethnie ». Les minorités n’étaientpas seulement marginalisées : leur existencemême était niée.

Le Japon moderne ne s’est pas contentéd’envahir ses voisins. Il avait auparavant « co-lonisé » ses marches : au sud, le petit royaumeindépendant d’Okinawa et, au nord, l’île sep-tentrionale de Hokkaido, habitée par les Aï-nous. Vivant de la chasse et de la cueillette,ceux-ci rayonnaient jadis sur un vaste terri-toire : Sakhaline, l’archipel des Kouriles, maisaussi Hokkaido et la partie septentrionale deHonshu bien avant que les Japonais ne s’y

installent. Les premières mentions de leurexistence remontent au IVe siècle. Par la suite,ils furent repoussés vers le sud par les Russeset vers le nord par les Japonais. La « japonisa-tion » de Hokkaido, menée de manière systé-matique au début de l’ère Meiji, signa l’arrêtde mort du peuple aïnou et de sa culture.

EN VOIE DE DISPARITIONLa loi de 1899 sur la « protection des an-

ciens indigènes » – qu’abroge celle qui vientd’être votée – visait à une assimilation des Aï-nous en éradiquant leur culture : dépossédésde leurs territoires et de leur langue,contraints de porter des noms japonais, ilsfurent décimés et devinrent une minorité envoie de disparition, discriminée ou folklorisée.Officiellement, ils ne sont aujourd’hui que25 000, mais ils sont sans doute aussi nom-breux à préférer cacher leurs origines.

« Les Japonais ont envahi nos territoires etdétruit nos modes de vie », dit Shigeru Kayano,premier citoyen aïnou à siéger au Sénat de-puis 1994. Forcés de devenir des agriculteurssédentaires, les Aïnous furent privés des mers,des rivières et des montagnes, espaces de li-berté offerts par la nature autour de laquelleils avaient bâti leur culture, l’une des plus an-

ciennes de l’Extrême-Orient. Leurs fêtes etleurs chants (dont certains viennent d’êtretraduits : Tombent, tombent les gouttesd’argent, chants du peuple aïnou, Gallimard)reflètent un sentiment de gratitude envers lanature, une sorte d’écologisme universel.

C’est au début des années 70 que les Aïnousont commencé à redresser la tête et à récla-mer la reconnaissance de leur identité. Lanouvelle loi est un premier pas. Mais elle necomporte aucune mention de l’agression puisde l’intégration forcée dont ils ont été vic-times, et elle ne leur reconnaît pas le carac-tère de peuple aborigène (et donc les droitsdu premier occupant) : le législateur a craintde favoriser ainsi une demande de restitutiondes territoires aïnous. Dans un litige sur laconstruction d’un barrage qui a submergé unlieu sacré des Aïnous en Hokkaido, le tribunalde Sapporo vient de juger que l’expropriationétait illégale étant donné la valeur ethnique etreligieuse du site. Il a ainsi reconnu aux plai-gnants le caractère de peuple aborigène. Si laquestion d’un Etat multiracial ne se pose pasaux Japonais, ils n’en doivent pas moins re-connaître désormais la diversité de leurpeuple.

Philippe Pons

La deuxième rencontre entre M. Mobutuet M. Kabila décidera du sort de Kinshasa

Les rebelles zaïrois refusent toute solution de transition politiqueA la veille de la rencontre, mercredi 14 mai, entre leprésident Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, leschances d’une solution pacifique au Zaïre restent

minces. Les combats font rage à l’est de la capitale etles rebelles refusent toujours toute solution de transi-tion politique.

LE SORT de Kinshasa, qui restel’objectif de l’Alliance de Laurent-Désiré Kabila, va dépendre de lanouvelle rencontre prévue mercre-di 14 mai entre le chef des rebelleset le président Mobutu Sese Seko.Cette rencontre devait avoir lieu àbord du navire sud-africain Outeni-qua, sur lequel les deux hommes sesont déjà entretenu, sans succès, le4 mai, sous les auspices du pré-sident Nelson Mandela.

« Nous avons tout fait pour don-ner satisfaction au dictateur. Maistout a une limite et nous avons at-teint la nôtre. Mercredi dira si nousferons une entrée en douceur àKinshasa ou une rude percée mili-taire », a déclaré Bizima Karaha,« ministre » des affaires étrangèresde l’AFDL. « Nous allons sur le ba-teau pour prendre acte de la démis-sion de Mobutu, rien de plus, rien demoins », a-t-il ajouté.

Le fils du chef de l’Etat zaïrois adéclaré sur la chaîne de télévision

belge RTL-TVI que son père étaitprêt à consentir d’importantesconcessions, mais le chef des re-belles a réaffirmé dans un entre-tien à une radio américaine qu’ils’opposerait à tout gouvernementde transition. « Mobutu doit partir(...). Il voulait huit jours pour réflé-chir, consulter son peuple ; je penseque c’est fait maintenant. Nous al-lons là-bas pour procéder au trans-fert pacifique des pouvoirs entre unrégime dictatorial et les représen-tants de l’Alliance », a-t-il ajouté.

VIOLENTS COMBATSLes rebelles ont réitéré lundi leur

opposition à une solution de tran-sition comme celle que pourrait in-carner Mgr Laurent Monsengwo,élu samedi président du Haut-Conseil de la République-Parle-ment de transition (HCR-PT) zaï-rois sans avoir été candidat. MgrMonsengwo est arrivé lundi àKinshasa sans avoir fait savoir s’il

acceptait de reprendre sa place à latête du Parlement, une fonctionqui fait de lui le successeur consti-tutionnel de Mobutu. Les rebellesl’ont mis en demeure de refuser,sous peine de se retirer des ultimesnégociations et de décliner touteresponsabilité quant aux « consé-quences de ce qui se passera à Kins-hasa ».

Vivement critiqué à propos demassacres qui auraient été perpé-trés parmi les réfugiés rwandaisdans la zone qu’il contrôle à l’estdu Zaïre, Laurent-Désiré Kabila aassuré lundi que les Occidentaux« essaient de compliquer [la situa-tion] par la machination, l’intrigueafin que les mobutistes, qui ont dé-truit le pays, restent au pouvoir enl’absence de leur chef ».

Les Occidentaux, qui ont accueil-li favorablement l’élection de MgrMonsengwo – à l’instar de laFrance qui a jugé, lundi, qu’ellepourrait permettre « une transitionpacifique ordonnée, dans un cadreinstitutionnel et dans la légalité » –ont pris leurs dispositions dansl’éventualité d’une offensive desrebelles sur Kinshasa. La France aexhorté ses ressortissants à quitterprovisoirement le Zaïre, tandis quel’ambassade des Etats-Unis à Kins-hasa a réduit encore un peu plusses effectifs.

Sur le terrain, le sort des armesest resté incertain à l’est de la capi-tale. De violents combats ont en-core opposé lundi soir les Forcesarmées zaïroises (FAZ) auxtroupes de Laurent-Désiré Kabilasur le front de Kenge, à 200 kilo-mètres à vol d’oiseau de Kinshasa.– (AFP. Reuter.)

La démocratie au Mali et au Burkina Fasoou les difficultés de l’alternance

L’élection présidentielle malienne et le scrutin législatif burkinabéont à nouveau démontré que, dans ces deux pays du Sahel,

la pratique politique réduit les oppositions à la portion congrue

ANALYSEMême sur un terraina priori favorable,le multipartismea du mal à s’implanter

tature de Moussa Traoré, se sontfélicités du faible taux de participa-tion, qui se situerait entre 30 % et40 %. Mais ces partis oublient derappeler que lors de la premièreélection multipartite, en 1992, laparticipation avait été encore plusfaible. Samedi 1O mai, veille duscrutin, une manifestation contrele maintien de l’élection présiden-tielle – l’opposition demandait unsursis d’un an – n’avait d’ailleursréuni que 3 000 personnes à Bama-ko.

GUÉRILLA INCESSANTEPendant plus d’un an, les adver-

saires du président Konaré ont me-né une guérilla incessante autourdes conditions d’organisation desdifférents scrutins prévus pour1997 : les législatives, la présiden-tielle, puis les élections locales. Leterrain était difficile puisque le Ma-li disposait de toutes les instancesd’arbitrage que revendiquent gé-néralement les oppositions afri-caines, à commencer par laCommission électorale nationaleindépendante (CENI), un orga-nisme regroupant partis politiques,magistrats et membres de la socié-té civile, et chargé de l’organisationet du dépouillement des scrutins.

Les partis maliens qui n’appar-tiennent pas à la mouvance prési-dentielle ont critiqué la composi-tion et le fonctionnement de laCENI.

Sur le premier point, la majoritéprésidentielle regroupée autour del’Alliance pour la démocratie auMali (Adema) a partiellement don-né raison à l’opposition. Et ce sontles faits qui se sont chargés de jus-

tifier les critiques relatives aux mé-thodes.

Le chaos qui a entouré les élec-tions législatives du 13 avril a dé-montré que la CENI n’avait pas étéà la hauteur de sa tâche, à tel pointque la Cour suprême a annulé pu-rement et simplement l’ensembledes opérations électorales. Mais lesrésultats, même déformés, indi-quaient clairement que l’Ademarestait hégémonique dans la plu-part des régions du pays. Certainsobservateurs ont d’ailleurs relevéque cette emprise sur le corps élec-toral conduisait le parti du pré-sident à des comportements departi unique, et que les irrégulari-tés constatées lors des législativesn’étaient pas seulement dues à lamauvaise organisation.

BAVURESCes bavures, la rupture entre la

majorité et l’opposition (qui « nereconnaît pas la légitimité » du pré-sident réélu) sont d’autant plusfrappantes qu’elles affectent unpays en paix, qui vient de renoueravec la croissance et jouit d’unprestige international certain, toutcomme – reprise économique miseà part – son voisin burkinabé.

Même sur ce terrain a priori pro-pice, le multipartisme a du mal às’implanter. Pas tant du fait del’immaturité des électeurs quisavent se faire entendre (commeon l’a vu au Bénin) qu’à cause deserrements d’un personnel poli-tique qui n’est pas convaincu desbienfaits thérapeutiques d’unecure d’opposition.

Thomas Sotinel

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4 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 I N T E R N A T I O N A L

M. Prodi brandit la menace d’un chaos monétaire« Nous comprenons les intérêts de nos partenaires. Mais nous avons

aussi nos propres intérêts, que nous sommes résolus à défendre. » S’ex-primant dans le quotidien français La Tribune du 13 mai, le présidentdu conseil italien, Romano Prodi, confirme, à propos de l’euro, quetout se jouera au printemps 1998, et que le fonctionnement du SME-bis (prévu pour les pays ne participant pas à la première étape de lamonnaie unique) suppose une politique de solidarité.

« Or, en cas de décision négative à l’encontre de l’Italie (...), le contexteserait plus à l’hostilité qu’à la coopération. » M. Prodi juge par ailleursinutile une interprétation souple des critères de Maastricht, vouluepar certains Européens, car il ne fait, toujours selon lui, aucun douteque son pays affichera un déficit budgétaire de 3 % du PIB.

L’Union européenne encourage la France dans ses efforts de rigueurBRUXELLES

(Union européenne)de notre correspondant

Si l’on s’en tient aux gouverne-ments de l’Union européenne, lamarche vers la monnaie uniquesuit sa route avec résolution, im-perméable aux remous de la cam-pagne électorale française.

Chaque étape apparaît commel’occasion de confirmer la déter-mination quasi unanime des Quin-ze. C’est ce qui s’est à nouveauproduit lors du conseil des mi-nistres des finances, lundi 12 mai àBruxelles, même si GordonBrown, le nouveau chancelier del’Echiquier, a maintenu une atti-tude attentiste sur les intentionsde la Grande-Bretagne.

L’Espagne et le Portugal ontprésenté leurs plans de conver-gence, lesquels décrivent les lignesdirectrices de leurs politiqueséconomiques et budgétaires, aveccomme objectif, l’entrée dans lazone euro, dès la première vague,le 1er janvier 1999. Il y a moins d’unan, à Bonn, à La Haye, voire à Pa-ris, qu’aurait-on dit d’une telleprésomption ! Lundi, Yves Thibautde Silguy, le commissaire chargédes affaires économiques et mo-nétaires, a parlé de « programmescrédibles, réalistes, équilibrés » etpersonne au sein du conseil, pas

même Théo Waigel, le sourcilleuxministre allemand, n’y a trouvé àredire. Le traité de Maastricht im-pose un rituel, notamment pouraccompagner l’indispensable re-dressement budgétaire.

LISTE VERTUEUSEL’an passé, trois pays échap-

paient à la situation de « déficitsexcessifs », le Danemark, l’Irlandeet le Luxembourg ; lundi, leconseil a constaté que deuxautres, la Finlande et les Pays-Bas,avaient rejoint cette liste ver-tueuse.

Le traité veut qu’une re-commandation, préparée par laCommission et approuvée par leconseil, soit adressée aux pays

membres connaissant encore la si-tuation peu recommandable dedéficit excessif. Ce fut donc fait,sauf pour la Grande-Bretagne,dont le nouveau gouvernementn’a pas encore eu le temps de faireconnaître avec précision ses inten-tions budgétaires.

Celle visant la France est bien-veillante, tout en rappelant augouvernement qu’il ne lui faudrapas relâcher son effort s’il veut ra-mener le déficit des finances pu-bliques à 3 % du PIB en 1997 : leConseil « recommande au gouver-nement français de mettre pleine-ment en œuvre les mesures budgé-taires adoptées et de prendre lesmesures supplémentaires éventuel-lement nécessaires pour atteindre

l’objectif de déficit. Le Conseil inviteen outre le gouvernement français àpoursuivre la réduction du déficitpublic en 1998, afin de le ramener à2,8 % du PIB ». Le texte adopté sa-lue les « réformes stucturelles am-bitieuses entreprises dans le do-maine de la sécurité sociale ».

Quant à l’Italie, qui s’était insur-gée voici trois semaines, lorsque laCommission l’avait implicitementexclue de la première vague del’euro en prévoyant que son déficitpublic atteindrait 3,2 % du PIB en1997, mais 3,9 % en 1998, tout estfait maintenant pour la rassurer.

Plutôt que de risquer une crise,le Conseil « encourage vivement legouvernement italien à poursuivreson objectif budgétaire pour 1997avec détermination et à en surveil-ler attentivement l’exécution. Il ac-cueille avec satisfaction les mesuresadditionnelles qui ont été adoptéesen mars 1997. Au-delà, le Conseilrecommande au gouvernement deprogrammer pour 1998 une réduc-tion supplémentaire du déficit pu-blic le ramenant nettement au des-sous de 3 % ». Reste à voirévidemment si les Refondateurscommunistes, soutien nécessairede la coalition, accepteront la po-tion.

Philippe Lemaître

« Mettre fin à des siècles de confrontation »Le texte de l’accord, tel qu’il a été transmis à l’agence Interfax par

la partie tchétchène, stipule que « les plus hautes parties aux négocia-tions, guidées par la volonté de mettre fin à des siècles de confrontationet d’établir des relations stables, équitables et mutuellement avanta-geuses, sont d’accord :

» – pour abandonner l’usage de la force et de la menace d’user de laforce dans toutes les questions en dispute ;

» – pour maintenir des relations en accord avec les principes générale-ment reconnus et normes de la loi internationale et pour traiter l’uneavec l’autre sur la base d’accords spécifiques.

» L’accord doit être considéré comme une base pour la conclusion deprochains accords sur le spectre entier des relations ».

Les présidents de la Russie et de la Tchétchénieont signé un « accord de paix historique »

Le texte rejette « pour toujours » l’usage de la forceHuit mois après la fin des affrontements armésen Tchétchénie, le président russe, Boris Eltsine,et son homologue tchétchène, Aslan Maskha-

dov, ont signé, lundi 12 mai à Moscou, un accordde paix visant à mettre fin à « un conflit multi-séculaire » entre la Russie et la République in-

dépendantiste du Caucase. Ce texte ne règle ce-pendant pas la question principale : celle dustatut de la Tchétchénie.

MOSCOUde notre correspondant

Se rencontrant pour la premièrefois, les présidents tchétchène, As-lan Mashkhadov, et russe, Boris Elt-sine, ont signé, lundi 12 mai auKremlin, un accord de paix pour« mettre fin à un conflit multisé-culaire », rejetant « pour toujoursl’usage de la force pour résoudre lesdifférends » entre la petite Répu-blique musulmane séparatiste duCaucase et la grande Russie.

Boris Eltsine – qui n’avait acceptéque du bout des lèvres l’accord deKhassaviourt, conclu le 31 aoûtpour mettre fin aux hostilités parson représentant en Tchétchéniecongédié depuis, Alexandre Le-bed – a déclaré : « Nous avons signéun accord de paix qui est prédestinéà avoir une importance historiqueparce qu’il met un point final àquatre cents ans durant lesquels il y atoujours eu une espèce de guerre etune incertitude pour tout unpeuple. »

Puis le chef de l’Etat russe a serréla main du leader indépendantiste,reçu avec les honneurs d’un chefd’Etat. Coiffée d’une papakha, latoque tchétchène traditionnelled’astrakan, Aslan Maskhadov a àson tour estimé qu’un « point finalavait été mis à quatre cents ans deconfrontation ».

Il a ajouté que « les dirigeantsrusses et tchétchènes avaient fait lepas le plus raisonnable qu’attendaitle peuple, bien que certains voulaientque la guerre continue ». C’était une

allusion assez transparente auxderniers enlèvements de journa-listes russes en Tchétchénie, attri-bués par le leader indépendantisteaux forces qui ont mené la guerre :le FSB (ex-KGB), et le ministèrerusse de l’intérieur, qui avait quali-fié l’accord de Khassaviourt de« haute trahison ».

Dans le très court texte sur « lesprincipes des relations entre la Fédé-ration de Russie et la Républiquetchétchène d’Itchkérie », fruit decinq mois de négociations, les deuxprésidents affirment essentielle-ment leur volonté de parvenir à unaccord.

Rien n’est dit en effet sur la ques-tion la plus sensible, à l’origine desaffrontements armés, de décembre1994 à août 1996 : la volonté d’in-dépendance de ce petit peuplemontagnard. Certains analystes ontinterprété le passage du texte stipu-lant que les relations entre les par-

ties devaient être « conformes auxnormes du droit international »comme une victoire des indépen-dantistes. Mais il ne fait guère dedoute que les Russes ont en têtel’intangibilité des frontières, tandisque les Tchétchènes songent, eux,au droit à l’autodétermination despeuples.

VICTOIRE SYMBOLIQUELes indépendantistes ont cepen-

dant remporté une victoire symbo-lique : pour la première fois, BorisEltsine a publiquement et officielle-ment employé le terme « d’Itchké-rie », le nom tchétchène de la Ré-publique. Selon l’accord deKhassaviourt, le statut de l’Itchkérie(où la Russie ne dispose plus d’unseul homme en arme) doit être fixéd’ici à décembre 2001.

En attendant, divers accords d’in-tendance ont été signés entre lesreprésentants tchétchènes et le

gouvernement russe, notammentsur le paiement des retraites. C’estsans doute cet aspect « pratique »qui a le plus contribué à rapprocherles deux parties. Moscou et Groznyont au moins un intérêt commun :que le pétrole de la mer Caspienne,en voie d’exploitation dans l’Azer-baïdjan voisin, coule par la « routedu Nord », c’est-à-dire par l’oléo-duc transitant par la capitale tché-tchène et aboutissant au port russede Novorossisk.

Alors que le président azéri,Gueïdar Aliev, en visite début mai àAnkara, a déclaré que l’or noir deson pays « coulerait avant l’an 2000vers la Turquie », c’est-à-dire parune « route du Sud » à construire,Russes et Tchétchènes avaient inté-rêt à se mettre rapidement d’accordsur les questions pratiques, afin depouvoir bénéficier des revenus dutransit par leur route commune.

Jusqu’au dernier moment, Mos-cou a tenté d’utiliser la menaceéconomique, mais comprenant fi-nalement que Grozny ne monnaye-rait pas son indépendance après unconflit qui a fait quelque50 000 morts, les Russes ont finale-ment plié. L’accord à peine signé,Khojamed Iarikhanov, le présidentde la compagnie pétrolière tché-tchène Yunco, annonçait que cetraité « aurait, sans aucun doute, uneffet favorable sur l’aspect pétrolierdes relations entre la Russie et laTchétchénie ».

Jean-Baptiste Naudet

L’OTAN et l’UEO testent leurs structures de commandement en EuropeLES MINISTRES des affaires étrangères et de

la défense des pays membres et associés de l’UEO(Union de l’Europe Occidentale) se sont réunis,mardi 13 mai à Paris, pour leur conseil annuelsous présidence française. Cette réunion a lieucette année alors qu’une série d’exercices sont encours sur le territoire français et ses approchesméditerranéennes. Ils permettront aux états-ma-jors français et alliés d’expérimenter une nouvelleprocédure élaborée par l’UEO – seule organisa-tion de défense européenne existante – pourmettre en œuvre des moyens autonomes del’OTAN, dans une situation militaire d’extrêmeurgence, à partir des moyens de commandementd’une « nation-cadre ».

Le fait que la France ait pris la direction detelles manœuvres en Méditerranée témoigne desa double volonté d’obtenir une réforme desgrands états-majors au sein de l’OTAN, qui passenotamment par l’« européanisation » du QG-Sudallié, à Naples, et l’émergence d’une chaîne euro-péenne de commandement, qui soit spécifique àl’UEO.

Trois exercices majeurs sont prévus. Le pre-mier, monté par l’OTAN et baptisé « Exercise Lin-ked Seas », se déroule du 5 au 19 mai au large del’Espagne et du Portugal. Avec le Brésil à leurs cô-tés, onze pays sont représentés. L’objectif est detester la capacité d’une force maritime multina-

tionale à soutenir un dispositif terrestre del’OTAN en interposition entre deux nations quiont conclu un cessez-le-feu.

C’est ensuite l’exercice « Odax-97 », organiséau-dessus de la France, du Royaume-Uni et enMéditerranée, du 20 au 30 mai, en symbiose avecla manœuvre alliée « Brilliant Foil-97 » dirigéepar le commandement Nord-Ouest Europe del’OTAN à High Wycomb (Angleterre). Sous la res-ponsabilité du général André Nicolau, quicommande la défense aérienne et les opérationsaériennes en France, et qui disposera d’un centremobile d’opérations de théâtre (CCOAT) à Avord(Cher), cinq cents sorties d’avions sont prévueschaque jour. On note les contributions exception-nelles du Maroc (avec quatre Mirage F1) et de laSuisse (qui mettra en ligne, pour la première fois,ses nouveaux avions F-18 dans le cadre d’un exer-cice bilatéral avec l’armée de l’air française).

TROIS PORTE-AVIONSMais c’est plus spécifiquement la manœuvre

« Iles d’Or-97 », du 18 mai au 2 juin, en Méditer-ranée occidentale, qui retient l’attention par l’am-pleur des moyens engagés, son mode d’organisa-tion et son thème. Sous la direction de l’amiralPhilippe Durteste, qui commande la zone mari-time Méditerranée à Toulon, les marines de onzenations y participeront, autour de trois porte-

avions : le Clemenceau français, le Kennedy améri-cain et le Garibaldi italien. Au total, une soixan-taine de bâtiments, dont deux sous-marins nu-cléaires d’attaque lance-torpilles. Pour lacirconstance, sera mobilisée l’Euromarforce, cetteforce aéromaritime que la France, l’Espagne, l’Ita-lie et le Portugal ont créée l’an dernier, et placéesous l’égide de l’UEO pour le temps de crise. Demême, un poste de commandement interarméesde théâtre sera « activé ».

L’intérêt principal de l’exercice est de mettre àl’épreuve l’aptitude d’états-majors interarmées etinteralliés, dits de théâtre, à conduire une coali-tion internationale pour une mission de crise degrande ampleur. « Iles d’Or-97 » permettra detester la validité du nouveau concept de « nation-cadre ».

Il peut arriver des situations où l’UEO ne pour-ra pas recourir à des moyens de l’OTAN, parceque Washington les lui aura refusés. Le conseil del’UEO a mis au point un mode d’action quiconsiste à désigner dans un délai compatible avecles exigences opérationnelles un état-major euro-péen en s’appuyant sur un maître d’œuvre natio-nal volontaire. La mission de paix en Albanie,avec une direction confiée aux états-majors ita-liens, s’est en partie inspirée de ce concept.

Jacques Isnard

Ultimes négociationsentre Moscou et l’OTANMOSCOU. Le secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, était attendu àMoscou, mardi 13 mai, pour tenter de surmonter les derniers obstacles quibloquent la signature d’un document définissant les relations Russie-OTAN, prévue le 27 mai à Paris. Le ministre russe des affaires étrangères,Evguéni Primakov, principal interlocuteur de M. Solana, avait laissé en-tendre, dimanche, que les négociations pouvaient encore échouer : « Onne peut pas exclure » que l’accord ne soit pas prêt à temps, a déclaré M. Pri-makov. Cependant, de l’avis de diplomates occidentaux, il fait peu dedoutes qu’un accord sera signé, sinon le 27 mai, du moins avant le sommetde l’OTAN à Madrid qui doit annoncer début juillet quels pays seront invi-tés à rejoindre l’Alliance atlantique.Jacques Chirac s’est entretenu par téléphone, lundi, avec Boris Eltsine, à laveille de l’arrivée de M. Solana à Moscou, pour réitérer « la volontécommune » des deux chefs d’Etat « que cette réunion soit un succès », a in-diqué, lundi, la présidence française. – (AFP.)

Le séisme iranien a causé la mortde plus de 4 000 personnesTÉHÉRAN. Plus de 4 000 personnes ont été tuées dans le séisme qui a ra-vagé, samedi 10 mai, l’est de l’Iran, a annoncé, dans la soirée de lundi, la té-lévision d’Etat iranienne. Un précédent bilan provisoire, publié dimanche,faisait état de plus de 2 400 morts et de 6 000 blessés. Lundi, les journauxdu soir avaient souligné que beaucoup de villages n’avaient pas été fouillésencore en raison d’un manque d’engins lourds.Les pays occidentaux, dont les Etats-Unis, farouches adversaires de l’Iran,ont annoncé leur intention de lui fournir une aide humanitaire de100 000 dollars tandis que les différents organismes de l’Onu ont promis360 000 dollars d’aide. – (AFP ; Reuter.)

EUROPEa SUISSE : à propos de l’« or nazi », la Banque des règlements inter-nationaux (BRI, basée à Bâle) a publié, lundi 12 mai, un document intitulé« Note sur les opérations d’or impliquant le BRI et la Banque du Reich,1er septembre 1939 – 8 mai 1945 », qui recence de manière exhaustivetoutes les opérations sur or effectuées entre ces deux institutions. Elaboréà partir des archives de la BRI, qui seront accessibles aux historiens dès lemois de juillet 1997, le document confirme que La Banque suisse a acheté13,5 tonnes d’or à la Banque du Reich, dont 3,7 tonnes en provenance desnazis.a BELGIQUE : le ministre de l’agriculture, Karel Pinxten, s’est inquiétépubliquement, lundi 12 mai, de la recrudescence du recours aux hormonesde croissance dans les élevages bovins. Il a révélé que les contrôles menésau cours des trois premiers mois de 1997 ont permis de déceler un usage il-licite d’hormones dans 23 exploitations, soit « une multiplication par cinq »des cas positifs par rapport à la même période de 1996. « Si les chiffres seconfirment pour le mois d’avril, il faudra tenir une réunion de crise », a décla-ré M. Pinxten, affirmant craindre une « reprise de l’activité de la mafia deshormones ». – (AFP.)a GRANDE-BRETAGNE : Londres n’attend pas de levée de l’embargoeuropéen sur les exportations de bœuf britannique. Jack Cunningham,nouveau ministre (travailliste) de l’agriculture a écarté, lundi 13 mai, l’hy-pothèse d’une prochaine levée de cet embargo. « La précédente adminis-tration [conservatrice] a rendu la situation encore plus difficile en la géranttrès mal », a-t-il déclaré à Bruxelles peu avant sa rencontre avec Franz Fis-chler, commissaire européen aux affaires agricoles. – (Reuter.)

ASIEa JAPON : l’ambassadeur du Japon au Pérou, Morihisa Aoki, a annon-cé sa démission, mardi 13 mai, pour assumer la responsabilité de la prised’otages qui a eu lieu dans sa résidence à Lima. Le chef de la diplomatie ja-ponaise a précisé que cette démission avait été acceptée. L’ambassadeur aété critiqué pour avoir organisé un cocktail dans sa résidence le 17 dé-cembre dernier pour marquer l’anniversaire de l’empereur Akihito sansavoir suffisamment mesuré les risques. Ce jour là, un commando du Mou-vement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA) s’est emparé de la résidenceet a gardé 72 personnes en otages pendant plus de quatre mois. – (AFP.)

PROCHE-ORIENTa ARABIE SAOUDITE : l’homme d’affaires d’origine saoudienne, Oussa-ma Ben Laden, considéré par les Etats-Unis comme l’un des principaux fi-nanciers des mouvements terroristes islamistes, a déclaré la djihad (guerresainte) contre les militaires américains stationnés en Arabie saoudite. Dansun entretien diffusé, lundi 12 mai, par la chaîne de télévision américaineCNN, il a déclaré : « Nous avons axé notre proclamation du djihad sur l’at-taque de soldats américains en Arabie saoudite ». L’entretien se déroulait enun endroit non identifé d’Afghanistan. « Même si les civils américains nesont pas visés dans notre plan, ils doivent partir [d’Arabie] car ils ne sont pasmusulmans », a ajouté M. Ben Laden. M. Ben Laden a été déchu de sa na-tionalité saoudienne en 1993. – (AFP.)a LIBAN : l’aviation israélienne a mené, lundi 12 mai, trois raids aérienscontre une position du Hezbollah au Liban-sud. Dans la journée, un soldatisraélien et quatre membres de la milice libanaise pro-israélienne avaientété blessés lors d’affrontements avec le Hezbollah. – (AFP.)

MAGHREBa ALGÉRIE : le ministère britannique de l’intérieur a annoncé lundi12 mai la suspension des expulsions de réfugiés algériens dont la demanded’asile aurait été rejetée. Cette décision fait suite à des allégations selon les-quelles un jeune Algérien, expulsé du Royaume-Uni dans le cadre de la loisur l’immigration, est mort à son retour dans son pays après avoir été pla-cé en garde à vue par la police algérienne. Vendredi, le ministère de l’inté-rieur avait annoncé l’ouverture d’une enquête urgente sur cette affaire. –(AFP.)

Des boat-people nord-coréensfuient leur paysSÉOUL. Quatorze Nord-Coréens, parmi lesquels quatre enfants, sont arri-vés, lundi 12 mai, au port sud-coréen d’Inchon (côte ouest, Mer jaune) àbord d’un navire de garde-côtes sud-coréen après avoir abandonné leurbateau de pêche. Il s’agirait là des premiers « boat-people » de Corée duNord depuis 1995, date du début de l’aggravation des pénuries alimen-

taires dans le pays.Selon les déclarations d’un haut-fonctionnaire des Nations unies àPékin, lundi 12 mai, ce pays est entrain de sombrer dans la famine« au ralenti ». La population a jus-qu’ici évité le pire grâce à des tac-tiques de survie extrêmement éla-borées, transformant en denréescomestibles toute sorte de pro-duits, comme les mauvaisesherbes, les feuilles broyées ou lesécorces, a-t-il ajouté. La famine aété provoquée par d’importantesinondations au cours des deux der-nières années. – (AFP.)

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 5

Promesses américainessur les droitsde douane

Une autre promesse, au condi-tionnel, de Bill Clinton n’a quepartiellement rassuré les leadersde la région caraïbe, qui s’in-quiètent de la perte de compétiti-vité de leurs exportations faceaux avantages commerciauxdont bénéficie le Mexique grâce àson appartenance à l’Accord delibre-échange nord-américain(Alena).

Alors que les pays du Bassincaraïbe réclament la « parité»avec le Mexique, le présidentaméricain Clinton a promis – cequ’il avait déjà avancé aux paysd’Amérique centrale, réunis jeudià San José, au Costa-Rica – de de-mander au Congrès d’étendre lesexemptions douanières aux ex-portations, textiles notamment,de la région qui sont actuelle-ment encore taxées. Mais il n’estpas certain que la majorité répu-blicaine qui contrôle le Congrèssoit prête à sacrifier des rentréesdouanières, évaluées à 400 mil-lions de dollars (2,3 milliards defrancs) par an. – (Corresp.)

Les désaccords persistent entre Washington et les CaraïbesLe sommet de Bridgetown, qui a réuni, à la Barbade, Bill Clinton et les chefs d’Etat de la région, n’a pas permis

de jeter les bases d’un « nouveau partenariat ». Seul le renforcement de la lutte contre le trafic de drogue a fait l’objet de mesures concrètesLe sommet entre les Etats-Unis et quatorzepays de la région des Caraïbes, samedi10 mai à Bridgetown (la Barbade), n’a faitque mettre en évidence les différends quiopposent les pays du Bassin caraïbe aux

Etats-Unis. Qu’il s’agisse de la disparitiondes droits de douane, de la nouvelle loiaméricaine sur l’immigration, du renforce-ment de l’embargo des Etats-Unis à l’en-contre de Cuba ou de la possibilité d’une

reprise de la vente d’avions militaires amé-ricains aux Etats latino-américains, les paysdes Caraïbes n’ont obtenu aucun engage-ment du président Clinton. La « Déclara-tion de Bridgetown » ne leur offre guère,

sur le plan commercial, qu’une vague pro-messe de favoriser l’accès de certaines deleurs exportations au marché américain.Enfin, ces pays, dont la plupart vivent dutourisme et, pour certains, de la production

de bananes, n’ont obtenu aucune conces-sion sur un point crucial : l’opposition deWashington au traitement préférentiel ac-cordé par l’Union européenne (UE) aux ex-portations de bananes des Caraïbes.

SAINT-DOMINGUEde notre correspondant régional« L’engagement des Etats-Unis est

aussi profond que les eaux entou-rant les rivages caraïbes », a lancéle président Bill Clinton aux lea-ders de la région réunis à la Bar-bade. Ces propos lénifiants et la si-gnature d’un plan d’actionrégional n’ont pas dissipé toutesles inquiétudes des pays membresde la Communauté et marchécommun des Caraïbes (Caricom)auxquels s’étaient joints Haïti et laRépublique dominicaine pour lepremier sommet américano-ca-raïbe qui s’est tenu, samedi 10 mai,à Bridgetown.

Du temps de la guerre froide, lesEtats-Unis s’inquiétaient desrisques de contagion révolution-naire dans leur « arrière-cour » ca-raïbe. De 225 millions de dollars(1,3 milliard de francs) en 1985,l’aide américaine aux pays de larégion est tombée à 26 millions(150 millions de francs) douze ansplus tard. Il y a quatorze ans, leprésident Ronald Reagan dépê-chait 7 000 marines à la Grenadepour renverser le gouvernementpro-cubain qui contrôlait l’île. Lemois dernier, le premier ministrede la Grenade, Keith Mitchell, aété chaleureusement reçu à La Ha-vane par le président Fidel Castrosans que Washington fronce lessourcils.

INQUIÉTUDESCe n’est plus la crainte de la

subversion communiste, mais lalutte contre le trafic de drogue etl’immigration illégale qui déter-mine la politique américaine vis-à-vis de la région. Comme les paysde l’Amérique centrale, les îles duBassin caraïbe s’inquiètent des

conséquences de la nouvelle poli-tique migratoire restrictive appli-quée par les Etats-Unis depuis lemois d’avril.

Comme à Mexico et à San José,Bill Clinton s’est efforcé de rassu-rer ses interlocuteurs, affirmantqu’il n’y aurait pas d’expulsionsmassives d’immigrants illégaux.Mais celles, de plus en plus nom-breuses, de criminels endurcisdans les bas-fonds des grandesvilles nord-américaines pro-voquent une dangereuse montéede la violence dans les îles qui meten péril le climat de sérénité indis-pensable au tourisme, la princi-pale activité régionale. Si elle per-met de désengorger les prisonsaméricaines, cette « exportationdu crime » coïncide avec l’appari-tion de nouvelles formes de délin-quance jusqu’alors inconnuesdans la région.

Les autorités policières duGuyana s’inquiètent ainsi de lamultiplication des détournementsde voiture à main armée, tandisqu’en Haïti, des bandes de gang-sters « formés » aux Etats-Unisont introduit les enlèvements avecdemande de rançon. Les forfaits,souvent sanglants, des « Domini-canyorks » expulsés des Etats-Unisremplissent les rubriques de faitsdivers des journaux de Saint-Do-mingue, où plus de 5 000 per-sonnes ont été rapatriées par lesautorités américaines l’an dernier.

Autre sujet d’inquiétude pourles pays de la Caraïbe : l’avenir deleur production bananière. « Pourplusieurs de nos pays, les bananessont aussi importantes que les voi-tures pour Detroit », a expliqué lepremier ministre jamaïquain, Per-cival Patterson, à l’illustre visiteurvenu du Nord. Peu avant le som-

met de la Barbade, l’Organisationmondiale du commerce (OMC),saisie par Washington, a pris unedécision qui menace les exporta-tions de bananes caraïbes, vitalespour les économies de plusieurspetites îles, et qui menace de ré-duire au chômage des dizaines demilliers de petits producteurs.

A la demande des grandescompagnies bananières nord-américaines Chiquita et Dole,l’OMC a pris position contre lespréférences commerciales qu’ac-corde l’Europe aux bananes origi-naires du Bassin caraïbe.

Affirmant que l’action améri-caine devant l’OMC n’était pas di-rigée « contre les bananes caraïbes,mais contre un système européendiscriminatoire », le président Clin-ton a reconnu l’importance decette production dans l’économierégionale et son épouse Hillary aannoncé la création d’un fonds dedeux millions de dollars (11,6 mil-lions de francs) pour aider à la re-conversion des petites plantationsbananières à la Dominique, àSainte-Lucie, à Saint-Vincent et àLa Grenade.

PRESSIONSPlusieurs responsables régio-

naux ont développé un argumentauquel le président Clinton a prêtéattention. A défaut de pouvoir ex-porter leurs bananes, nombre depetits producteurs seraient tentésde se reconvertir dans la planta-tion de marijuana ou le trafic decocaïne, ou de gonfler les rangsdes immigrants clandestins en di-rection des Etats-Unis.

Depuis une dizaine d’années, leBassin caraïbe s’est converti enl’une des principales routes desnarcotrafiquants latino-améri-

cains tant vers l’Amérique duNord que vers l’Europe. Près de40 % de la cocaïne vendue auxEtats-Unis transite par les îles ca-raïbes, de plus en plus vulnérablesface aux puissants cartels sud-américains.

Soumis à de fortes pressions deWashington, les pays de la régionont autorisé les agents antidrogueaméricains à intervenir dans leurs

eaux territoriales et leur espaceaérien. Après s’y être longtempsopposées au nom de la défense deleur souveraineté nationale, la Ja-maïque et la Barbade ont finale-ment signé un accord en ce sens.

Samedi, à Bridgetown, le pré-sident Clinton a promis de renfor-cer la coopération américainedans la lutte contre la drogue, an-nonçant qu’un avion de surveil-lance C-26 serait affecté à la ré-gion.

RAPPEL DISCRETPar courtoisie pour leur hôte, les

leaders de la Caraïbe n’ont pas in-sisté sur leurs divergences à pro-pos de Cuba. Parlant au nom deses pairs, Percival Patterson a ce-pendant rappelé que le Caricomsouhaitait que « Cuba soit pleine-ment réintégré non seulement à lafamille caribéenne, mais aussi àcelle des pays du continent améri-cain ». Une manière discrète derappeler l’opposition des pays dela région à l’embargo américain età son récent renforcement par laloi Helms-Burton.

Le président Clinton a, de soncôté, profité du sommet de Brid-getown pour réaffirmer son sou-tien à la fragile démocratie haï-tienne. Au cours d’un tête-à-têteavec le président René Préval, ils’est prononcé en faveur d’unenouvelle prolongation du mandatdes « casques bleus » des Nationsunies. Mais en raison de la posi-tion de la Chine et de la Russie quis’opposent à une nouvelle exten-sion de mandat, le contingentonusien, composé de 700 Cana-diens et de 600 Pakistanais, doitquitter Haïti à la fin juillet.

Jean-Michel Caroit

Porto-Rico

Guadeloupe

Bermudes

Martinique

Golfe du Mexique

Mer des Antilles

OCÉAN ATLANTIQUE

90° 75°

recnaCudeuqiporT

Canal de Panama

250 km

BÉLIZE

VENEZUELA

SURINAM

COLOMBIE

GUYANA

MEXIQUE

ÉTATS-UNIS

BAHAMAS

DOMINIQUE

CUBA

HAÏTI

STE-LUCIE

ANTIGUA- ET-BARBUDA

ST KITTS- ET-NEVIS

BARBADEGRENADE

SAINT-VINCENT- ET-LES-GRENADINES

MONTSERRAT

TRINITÉ- ET-TOBAGO

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

JAMAÏQUEHONDURAS

SALVADORGUATEMALA

COSTA RICAPANAMA

NICARAGUA

La Havane

Saint-DominguePort-au- Prince

Kingston

Les pays du bassin caraïbe

Les pays dont les noms figurent en gras sont membres de la Communauté et marché commun des Caraïbes (Caricom)

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LeMonde Job: WMQ1405--0006-0 WAS LMQ1405-6 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:17 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 03Fap:99 No:0523 Lcp: 196 CMYK

6

F R A N C ELE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

A DÉFAUT d’une confrontationclaire sur les programmes, unebonne part du résultat des législa-tives se jouera sur la crédibilitécomparée des deux grandes coali-tions de gouvernement. A cetégard, le scepticisme des jeunesrejoint celui constaté, par les son-dages, chez tous les Français. Qu’ils’agisse de l’instauration de lamonnaie unique, de la préparationde la France à l’entrée dans leXXIe siècle, de la protection del’environnement, de la lutte contrela pauvreté ou, plus encore, de lalutte contre le chômage desjeunes, les moins de trente ansfont preuve d’une grande hésita-tion à accorder leur confiance à lagauche ou à la droite. Sur tous cesthèmes, un bon tiers d’entre eux,voire plus de 40 %, ne se pro-noncent pas ou renvoient gaucheet droite dos à dos.

Si l’on s’en tient à ceux quiéchappent à cette indécision, la si-tuation de la gauche est para-doxale. Cette dernière apparaîtplus crédible, aux yeux des jeunes,sur dix thèmes parmi les douze re-tenus : plus proche de leurs préoc-cupations, mieux à même de dé-fendre les libertés oul’environnement, plus convain-cante pour améliorer le systèmed’éducation comme pour luttercontre l’intolérance ou le racismeet contre la pauvreté, la gauche estjugée capable, dans tous ces do-maines, de faire mieux que ladroite. Encore cette appréciationencourageante résulte-t-elle es-sentiellement de l’attitude nette-ment plus favorable des dix-huit àvingt-quatre ans, alors que les plusâgés sont beaucoup plus désabu-sés. Ainsi, les vingt-cinq à vingt-neuf ans sont plus nombreux à ju-ger la majorité sortante plus ca-pable de faire reculer le chômagechez les jeunes, alors que leurs ca-dets croient à l’efficacité de lagauche sur ce terrain.

Le plus frappant est que, si lagauche est jugée, dans dix cas surdouze, plus crédible que la droitesur les sujets de société, elle estnettement distancée sur deux desthèmes clés de la campagne élec-torale : la construction de l’Europeet le passage à la monnaie unique,ainsi que la capacité de préparer laFrance à entrer dans le prochainsiècle.

Là encore, les vingt-cinq à vingt-neuf ans sont deux fois plus nom-breux (41 % contre 20 %) à faireconfiance à la majorité sortanteplutôt qu’à la gauche. Autrementdit, sur ces deux thèmes quitracent l’avenir, la droite est consi-dérée par les jeunes comme plusmoderne que la gauche.

G. C.

La majorité jugée plus moderneque la gauche

L’ESPACE d’une campagne pré-sidentielle, il y a deux ans, JacquesChirac avait bousculé les comporte-ments politiques les mieux ancrés.Les jeunes, c’était un fait acquis,étaient « de gauche » et votaient« à gauche »... quand ils votaient.Chacun en était convaincu, àcommencer par la gauche elle-même. Or, au printemps 1995,M. Chirac avait fait mentir cetterègle électorale. Née à la politiquependant le second septennat d’unFrançois Mitterrand vieillissant etmalade, miné par les « affaires »autant que par le chômage, touteune génération a donné le senti-ment de vivre l’élection du cham-pion de la droite comme une rup-ture salutaire et l’espoir d’un nouvelélan.

Une fois estompées les images dela nuit de liesse du 7 mai 1995, placede la Concorde, la réalité, on le sait,est apparue plus mitigée. Le candi-dat de droite avait, certes, atteint unbeau score chez les jeunes de moinsde trente ans, réussissant à attirer lamoitié de leurs suffrages, soit 10points de mieux qu’en 1988 et 13points de plus que Valéry Giscardd’Estaing en 1981 : mais ce n’étaitpas un raz-de-marée, juste un réé-quilibrage.

Deux ans plus tard, cette « géné-ration Chirac » a perdu une partiede ses illusions et retrouve, peu àpeu, ses affinités électives avec lagauche. Sur cent jeunes de moinsde trente ans qui avaient voté pourles candidats de la droite parlemen-taire (MM. Chirac, Balladur et deVilliers) au premier tour de la pré-sidentielle, dix-sept n’ont pas l’in-tention de voter, demain, pour lescandidats de la droite aux législa-tives. Une dizaine se tournerontvers la gauche, quatre vers les éco-logistes et trois vers le Front natio-nal. Sans être spectaculaire, l’éro-

sion est sérieuse. De même, surcent jeunes qui avaient choisi ladroite en 1995, il n’en reste que qua-rante, aujourd’hui, pour juger « plu-tôt positif » le bilan du début de sep-tennat. Ils sont un peu plusnombreux (45 %) à le juger « plutôtnégatif » et 15 % ne se prononcentpas.

A l’inverse, la gauche regagne duterrain et commence à retrouverauprès des jeunes une partie de sonsocle électoral traditionnel. Ou plusexactement, au sein de la gauche, leParti socialiste. Et, au sein desjeunes, les dix-huit à vingt-quatreans, comme si les électeurs les plusjeunes commençaient à dessinerune « génération Jospin ». C’est, eneffet, le PS qui est le grand bénéfi-ciaire du retour des jeunes vers lagauche : il recueille 34 % des inten-tions de vote des moins de trenteans, soit 5 points de plus que lamoyenne nationale, alors que leParti communiste s’effondre chezles jeunes, avec 5 % d’intentions devote, soit moitié moins que dansl’ensemble de la population.D’autre part, l’engouement est par-ticulièrement net chez les moins devint-cinq ans, qui ont l’intention devoter à 37 % en faveur du PS, alorsque leurs aînés de vingt-cinq àvingt-neuf ans se situent dans lamoyenne nationale (29 %).

Les socialistes ont donc re-conquis, en partie, la sympathie desjeunes. Quand on demande auxmoins de trente ans qui, de lagauche ou de l’actuelle majorité, estle plus proche de leurs préoccupa-tions, la réponse est nette : 42 % ré-pondent la gauche (et jusqu’à 45 %chez les dix-huit à vingt-quatre ans)quand 27 % optent toujours pour ladroite. Ce résultat est cependant endemi-teinte puisque près du tiersdes jeunes (31 %) préfèrent ne pastrancher entre gauche et droite ou

ne pas se prononcer. En outre, cesentiment de plus grande proximitén’entraîne pas la confiance desjeunes en faveur de la gauche surles enjeux essentiels de la cam-pagne électorale.

LA BATAILLE DES MOTSReste, pour la gauche, à affronter

la bataille des mots, tant il estévident que l’actuelle majorité oc-cupe efficacement ce terrain.Certes, le mot « socialisme » est ju-gé de façon plutôt positive par prèsde la moitié des jeunes (49 %,contre 37 % d’avis contraire et 14 %qui ne se prononcent pas), mais iln’est pas certain que Marx ou Jau-rès y retrouveraient leurs petits.C’est, en effet, chez les étudiants etchez les jeunes qui travaillent et quiont déjà le statut de cadre quel’étendard du socialisme est appré-cié par une nette majorité (del’ordre de 60 %), En revanche, pourune majorité de jeunes ouvriers ouemployés, la connotation négativedu terme est dominante.

Plus gênant encore pour lagauche, qui a axé une partie de sacampagne sur la dénonciation du« libéralisme » dont la majorité dedroite serait porteuse, ce mot estloin de faire peur aux jeunes. Prèsdes deux tiers d’entre eux (63 %)ont une appréciation positive duterme, et l’on constate le mêmepourcentage chez les moins detrente ans qui affichent leur inten-tion de voter pour le PS.

Même si cette attitude est ambi-guë – les jeunes entendant d’abord« liberté » dans libéralisme –, il estpatent que la majorité sortante amarqué, là, des points précieux,tandis que la gauche manque detemps pour faire œuvre pédago-gique.

Gérard Courtois

Deux « vécus »très différentsLes jeunes de dix-huit àvingt-quatre ans et ceux devingt-cinq à vingt-neuf ans ont un« vécu » très différent :découverte de la vie politiquepour les uns, expérience desdernières années Mitterrand pourles autres ; mais leur « présent »diffère également.b Allongement de la scolarité :l’allongement de la durée descolarité fait qu’un jeune hommeou une jeune femme de moins devingt-cinq ans est dans unesituation très différente de cellede ses aînés immédiats. La tranched’âge dix-huit à vingt-quatre anscorrespond de moins en moins àl’accès au premier emploi. Près dela moitié des moins de vingt-cinqans poursuivent des études (46 %en 1994).b Vie active : la tranche d’âge devingt-cinq à trente ans est de plus

en plus celle de l’« installation »dans la vie d’adulte. Les femmesn’ont leur premier enfant, enmoyenne, qu’à vingt-huit ans. Lesjeunes quittent le toit familial deplus en plus tard : 42,5 % deshommes de moins de trente ansvivent encore chez leurs parents,alors qu’ils n’étaient que 34 % en1982. Or, parmi les jeunesdiplômés de vingt-cinq ans etplus, les allocataires du RMI sontde l’ordre de 37 %.b Passé : les hommes et femmesde vingt-cinq ans et plusaujourd’hui sont parvenus à lamajorité pendant le secondseptennat de François Mitterrand(1988-1995) et la deuxièmelégislature socialiste (1988-1993), àla fin de laquelle la France abasculé dans la récession. Lechômage des jeunes a alorsfortement progressé, tandis que ladurée moyenne du chômages’allongeait pour toutes lescatégories de demandeursd’emploi.

Les plus jeunes électeurs sont les plus favorables au Parti socialiste

Si de nouvelles élections législatives avaient lieu dimanche prochain, pour lequel de ces candidats suivants voteriez-vous au premier tour ?

D'après ce que vous avez entendu dire de la campagne ces derniers jours, qui, de la gauche et des RPR/UDF, vous paraît le plus capable dans les années qui viennent de ... ?

ENSEMBLE DES FRANÇAIS

LA CRÉDIBILITÉ COMPARÉE GAUCHE/DROITE

18-24 ANS

25-29 ANS

Extrême gauche

PC PS/Divers gaucheEcologistes

RPR/UDF/Divers droite

Front national

Sous-total gauche

Ces résultats sont basés sur le cumul des trois enquêtes IPSOS/Le Point réalisées du 22 avril au 7 mai 1997 auprès de 4 844 personnes interrogées .

Sous-total gauche

... réussir l'instauration de la monnaie unique d'ici 2002

La gauche Les RPR/ UDF

Aucun Les deux NSP

... préparer la France à l'entrée dans le XXIème siècle

... moderniser le fonctionnement de la démocratie

... faire reculer le chômage chez les jeunes

... d'être proche des préocupations des jeunes

... protéger l'environnement

... lutter contre la pauvreté

... lutter contre l'intolérance et le racisme

LES INTENTIONS DE VOTE

2%

1,5%

2%

39,5%

42%

40%

9,5% 28,5% 6% 39,5% 15%

3% 37% 8% 37% 13%

9% 29% 10% 35% 15%

20% 44% 5% 5% 26%

29% 37% 8% 5% 21%

34% 32% 6% 5% 23%32% 27% 19% 2% 20%

42% 27% 10% 4% 17%

39% 19% 10% 7% 25%

48% 18% 10% 2% 22%54% 18% 5% 6% 17%

Scepticisme et désintérêt accrus chez les moins de trente ans

s'intéressent ne s'intéressent pas

Certains d'aller voter

MOBILISATION ET INDÉCISION

INTÉRÊT POUR LE SCRUTIN

Hésitants au 1er tour

ENSEMBLE DES FRANÇAIS

ENSEMBLE DES FRANÇAIS

18-24 ANS

18-24 ANS

25-29 ANS

25-29 ANS

ENSEMBLE DES FRANÇAIS

18-24 ANS

25-29 ANS

65%

66%

64%

52% 48%

36%

32%

73%

42% 48%59%

38%

60%60,5%

HOMM

ES

FEMM

ES

HOMM

ES

FEMM

ES

Les jeunes paraissent vaccinés contre toute illusion électoraleON SAVAIT les jeunes de plus en plus indif-

férents, critiques ou méfiants envers la poli-tique, ou du moins ses formes traditionnelles dereprésentation et d’action. L’enquête d’Ipsos leconfirme. Le moins que l’on puisse dire estqu’ils ne se passionnent pas pour les électionslégislatives des 25 mai et 1er juin. Sans illusionsur les motifs essentiellement tactiques de ladissolution, mais guère plus convaincus par lacapacité de la gauche à offrir, dès à présent, unepolitique crédible, ils semblent assister à la pré-paration de ce scrutin en spectateurs lointains.Tous les sondages démontrent, depuis trois se-maines, que la campagne ennuie les Français.Celui-ci prouve qu’elle ennuie, plus encore, lesjeunes de moins de trente ans.

Quelle que soit, en effet, la manière dont onévalue l’attitude des électeurs potentiels, lesplus jeunes d’entre eux semblent systématique-ment forcer le trait et amplifier le comporte-ment de leurs aînés. Tout d’abord, ils sont en-core moins sûrs d’aller voter. Pour 100 Françaisaujourd’hui décidés à se rendre aux urnes le25 mai, on n’en trouve que 90 parmi les jeunesde dix-huit à vingt-quatre ans et 84 parmi ceux

de vingt-cinq à vingt-neuf ans. Ce taux de mobi-lisation (que l’on ne saurait assimiler à un tauxde participation) étant actuellement de 73 %pour l’ensemble des Français, il tombe donc à65 % chez les plus jeunes et à quelque 60 % chezles plus âgés.

De la même façon, même lorsqu’ils en-tendent aller voter, les jeunes sont plus hési-tants sur leur choix au premier tour du scrutin.C’est particulièrement vrai des jeunes femmesqui, pour 60 % d’entre elles, ne sont pas encoresûres de leur choix.

« UN CHOIX ENTRE DEUX CAMPS POLITIQUES »Quant à l’intérêt pour le scrutin, s’il est

comparable à celui de l’ensemble des Françaischez les électeurs les plus jeunes, il chute de fa-çon spectaculaire chez les vingt-cinq à vingt-neuf ans. Comme s’ils étaient déjà vaccinéscontre les illusions électorales, ces derniers sontpratiquement aussi nombreux (48 % contre52 %) à déclarer que ces élections ne les inté-ressent pas. Le discrédit de la politique atteint,dans cette catégorie, des proportions véritable-ment inquiétantes.

Les jeunes, dans leur ensemble, n’ont pas da-vantage d’illusions à l’égard du discours poli-tique. Lionel Jospin, comme Jacques Chirac etAlain Juppé, ont plaidé que le scrutin à venirconstitue « un choix de civilisation qui engagel’avenir de la société française ». 23 % des Fran-çais s’en sont persuadés, mais ils ne sont plusque 18 % parmi les jeunes de moins de trenteans, et tout juste 10 % parmi les jeunes ouvriers.Pour 77 % des jeunes, en revanche, ce scrutin serésume à « un choix entre deux camps politiquesqui ne changera pas grand-chose ».

De la même façon, si trois thèmes de cam-pagne (l’Europe, le chômage et la réduction dutemps de travail) ont marqué les jeunes de ma-nière significative (entre 15 % et 26 %), ils nesont que 2 % à citer la lutte contre l’exclusion,4 % l’immigration ou les programmes des partis.Et près de la moitié d’entre eux admettent qu’ilsn’ont, jusqu’à présent, rien retenu de saillant dudébat. La politique – c’est un euphémisme –n’est plus considérée comme un moyen dechanger la société, encore moins la « vie ».

G. C.

SONDAGE Les moins de trenteans sont, de tous les Français, lesmoins sensibles à la campagne élec-torale et les plus sceptiques sur l’inté-rêt de choisir entre les programmes

des deux grandes formations. Lesplus jeunes sont, néanmoins, plus at-tirés par le PS, tandis que les vingt-cinq à vingt-neuf ans sont hostiles àce parti et attirés par le vote protes-

tataire. b CETTE ENQUÊTE, réaliséedu 6 au 10 mai auprès de 486 per-sonnes de moins de trente ans parl’institut Ipsos pour la radio NRJ et LeMonde, montre que, bien que déçus

par les deux premières années duseptennat de Jacques Chirac, lesjeunes font pourtant davantageconfiance à la droite pour préparerl’avenir. b LA CAMPAGNE leur paraît

mettre en présence des forces poli-tiques concurrentes plutôt que desprogrammes opposés, et le choixentre les deux camps, selon eux, « nechangera pas grand-chose ».

Le reflux de la « génération Chirac » ne profite pas à la gaucheUne enquête Ipsos pour NRJ et « Le Monde » montre que les jeunes sont encore plus sceptiques que leurs aînés sur la campagne électorale.

Sévères à l’égard de la droite, ils sont aussi très critiques vis-à-vis de la gauche, surtout parmi les vingt-cinq à trente ans

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Il était le seul arbitre de football d’originemaghrébine à exercer son niveau, en cham-pionnat de France de National 1 ; il est au-jourd’hui le premier arbitre candidat à unsiège de député. Olivier Abdou Taoumi, fils

d’immigrés de Tanger, se présente dans unecirconscription de la banlieue de Lyon, la sep-tième du Rhône, dite difficile : la voiture dudéputé sortant, Jean-Pierre Calvel (UDF-rad.),a brûlé pendant les premiers jours de la cam-pagne électorale.

A trente-six ans, l’arbitre se lance dans lacarrière politique pour « faciliter le dialogueentre Français et étrangers », avec la mention« sans étiquette ». « Jusqu’ici, aucun parti tra-ditionnel n’a joué le jeu avec les gens issus de

L E S É L E C T I O N S L É G I S L A T I V E S D U 2 5 M A I E T D U 1e r J U I N LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 7

Soixante-quatre cinéastes demandentla régularisation des sans-papiers

Les auteurs de l’appel à désobéir interpellent à nouveau les hommes politiquesL’immigration doit redevenir un thème de débatà l’occasion des élections législatives, estimentles cinéastes qui avaient lancé, en février, l’appel

à désobéir à la loi Debré, alors en discussion auParlement. Ils confirment, dans un nouvel appel,leur hostilité à cette loi, ainsi qu’aux lois Pasqua,

et réclament la régularisation des immigrés sanspapiers, tels que ceux qui avaient fait la grèvede la faim en 1996.

LES CINÉASTES sont de re-tour. Après l’appel à désobéir auxlois sur l’immigration, lancé enfévrier par cinquante-neufd’entre eux quelques jours avantla manifestation qui avait réunicent mille personnes à Paris, ilsreprennent la plume. Une nou-velle fois, ces soixante-huit réali-sateurs, de tous âges et de touscourants, dénoncent la loi Debré,récemment adoptée, et la loi Pas-qua, en vigueur depuis 1993. Cesdeux textes constituent, seloneux, « un manquement à la jus-tice ». A l’occasion de ce secondappel, ils profitent du contexteélectoral pour pousser le ré-flexion sur le sujet.

Constatant que la dissolutionde l’Assemblée nationale « estune chance » , i ls ont décidé,

« avant qu’une nouvelle majorités’installe », de s’adresser à tousceux qui aspirent à gouverner lepays. Constatant que « bon anmal an, les Français et les étran-gers vivent plutôt bien ensemble »,ils étendent encore leurs revendi-cations. Certes, ils plaident tou-jours pour ce droit à l’hospitalitéqui constituait le cœur de leurprécédent appel, mais ils dé-noncent également, en bloc, laréduction du droit d’asile, les tra-casseries administratives impo-sées aux étrangers réguliers, la« criminalisation des couples mix-tes » ou, encore, les entraves auxvisites familiales.

Autant de « manquements à lajustice » qui, selon eux, « em-pêchent l ’ intégration et res-treignent les libertés de chacund’entre nous ». Autant de terrainssur lesquels ils devraient trouverun écho favorable à gauche,puisque les partis socialiste etcommuniste réclament tousdeux, aujourd’hui, l’abrogationdes lois Pasqua et Debré.

Leur dernière exigence devrait,en revanche, faire grincer lesdents des états-majors poli-tiques : pour la première fois, eneffet, les réalisateurs demandent« la régularisation des sans-pa-piers ». Lors de la grande mani-festation du 22 février, leur « col-lectif » avait déjà défilé aux côtésdes sans-papiers de l’église Saint-Bernard. Plusieurs initiatives in-dividuelles – rencontres, débats –avaient également regroupé ces« irréguliers » en quête de statutet certains des cinéastes au-jourd’hui signataires.

« VOCATION À VIVRE ICI »Un court-métrage collectif, si-

gné par une partie importante dela profession – réalisateurs, pro-ducteurs, techniciens – et met-tant en scène Madjiguène Cissé,porte-parole des sans-papiers,avait été projeté en salle, au moisd’avril, en prologue de nombreuxfilms. Enfin, le 11 mai, au festivalde Cannes, sans-papiers et ci-néastes ont annoncé des initia-

tives communes (Le Monde du12 mai), allant du tournage defilms à des actions plus politique,notamment contre les re-conduites à la frontière.

Les réalisateurs semblent doncavoir tiré la conclusion de cesquelques mois de travail encommun. Au risque d’agiter unchiffon rouge aux yeux de l’opi-nion, ils exigent une régularisa-tion de personnes qui, selon eux,« ont une vocation tout à fait légi-time à vivre ici avec nous ». Argu-mentation un peu courte, dironscertains. Naïve et irresponsable,semble avoir estimé par avanceAlain Juppé, lundi 12 mai, devantle Haut Conseil à l’intégration(lire ci-dessous). Simple bon sens,répliquent-ils : « Ces gens ont aumoins autant envie de vivre ici quenous, souligne Pascal Ferran. Ils sesont battus pour ça. Et la régulari-sation de quelques milliers d’entreeux ne changera rien à l’équilibredu pays. »

Nathaniel Herzberg

La liste des signataires

Ont signé l’appel contre les lois actuellessur l’immigration : Mathieu Amalric, JacquesAudiard, Pascale Bailly, Eric Barbier, XavierBeauvois, Laurent Benegui, ChristopheBlanc, Pascal Bonitzer, Laurent Bouhnik, Pas-cal Breton, Judith Cahen, Alain Cavalier,Claude Chabrol, Etienne Chatilliez, MedhiCharef, Patrice Chéreau, Malik Chibane,Jean-Paul Civeyrac, Jean-Louis Comolli, AlainCorneau, Catherine Corsini, Claire Denis, Ar-naud Desplechin, Vincent Dieutre, KarimDridi, Jacques Fansten, Philippe Faucon, Pas-cale Ferran, Philippe Garrel, Jean-Luc Go-dard, Romain Goupil, Patrick Grandperret,Robert Guédiguian, Jean-Claude Guiguet,Henri Herré, Laurent Heynemann, BenoîtJacquot, Pascal Kané, Jacques Kebadian, Cé-dric Klapisch, André S. Labarthe, ClaudeLanzmann, Jean-Pierre Limosin, PhilippeLioret, Marceline Loridan-Ivens, NoémieLvosky, Jacques Maillot, Jean Marbœuf, To-nie Marshall, Laetitia Masson, Agnès Merlet,Anne-Marie Miéville, Claude MIller, AgnèsObadia, Bruno Podalydès, Manuel Poirier,Alain Robak, Pierre Salvadori, Claire Simon,Michel Spinosa, Bertrand Tavernier, Marie-Claude Treilhou, Nadine Trintignant, PierreTrividic, Bertrand Van Effenterre, MarionVernoux, Sandrine Veysset, Yolande Zauber-man.

« Un manquement à la justice »Voici le texte de l’appel rendu pu-

blic, mardi 13 mai, par soixante-quatre cinéastes au projet de la po-litique de l’immigration :

« L’Assemblée nationale est dis-soute. Cettedissolution estune chance.Hier, les dépu-tés votaientune mauvaiseloi qui venaitaggraver unarsenal ré-

pressif déjà dangereux. Au-jourd’hui, la remise en jeu de leursmandats rend possible le réexa-men de ces lois.

» Arrêtons de faire comme si

l’immigration était le problème !Elle n’a pas augmenté depuisvingt ans ; et, bon an, mal an, lesFrançais et les étrangers viventplutôt ensemble. C’est ce que lessuccessives majorités n’ont pascompris.

» Avant qu’une nouvelle majori-té s’installe, nous devons dire hautet fort : nous ne supportons pasde vivre dans un pays où l’hospi-talité est un délit, et le droit d’asileréduit à une peau de chagrin. Unpays où l’on plonge les étrangersdans des situations administra-tives kafkaïennes. Où l’on crimi-nalise des couples mixtes. Où l’onprive des enfants français de la vi-site de leurs grands-parents. Où

l’on ne régularise pas des sans-pa-piers qui ont une vocation tout àfait légitime à vivre ici avec nous.

» Les lois anti-immigrés sont unmanquement à la justice. Ellescréent tous ces problèmes, ellesempêchent l’intégration et res-treignent les libertés de chacund’entre nous, avec ou sans-pa-piers. Nous en avons assez d’êtreles complices de ces injustices !Nous en avons assez de ne plusnous reconnaître dans l’image queces lois donnent de notre pays !

» Il faut que la France retrouveses traditions républicaines etrende leur dignité à ceux qui ensont privés. Il faut régulariser lessans-papiers. »

M. Debré juge les socialistes « irresponsables »Dans un entretien au Figaro du mardi 13 mai, le ministre de l’inté-

rieur, Jean-Louis Debré, défend sa politique de l’immigration et s’enprend violemment à l’action « irresponsable » menée en leur tempspar les socialistes, qui constitue selon lui « un mépris complet del’étranger en situation régulière ». Il dénonce notamment les régulari-sations de 130 000 irréguliers en 1981 et de 17 000 demandeurs d’asileà qui celui-ci avait été refusé en 1991.

M. Debré se félicite, en revanche, de son bilan place Beauvau, enaffirmant qu’« en 1992, le taux d’exécution des reconduites à la fron-tière était de 16 %. Il est aujourd’hui de 30 % ». La réalité est sensible-ment différente. Selon les statistiques du ministère de l’intérieur, cetaux est passé de 20,1 % en 1992 à 27,2 % en 1996. Une nuance dontJean-Louis Debré semble d’ailleurs conscient puisqu’il ajoute que« la défense de la République et de ses lois nous impose d’améliorer letaux de reconduites à la frontière. C’est le sens de la loi que j’ai fait vo-ter au Parlement malgré l’opposition systématique des socialistes ».

Les auteurs de « Zonemortuaire » veulent être

« citoyens à part entière »Les espoirs de jeunes chômeurs à Lorient

LORIENTde notre envoyée spéciale

L’histoire se passe en 2019. Unevague de terrorisme s’abat sur laFrance : des bombes explosent dans

tous les trainsà destinationde Paris. Leprésident, « legenre BernardTapie, enpire », unhomme « mé-galo, arriviste,

arrogant », ne fait rien pour ré-soudre la crise. Les partis politiquesn’existent plus. Le pays est livré àcet « incompétent, qui ne pense qu’àlui ». Ainsi commence le roman queGwenaël, vingt et un ans, est entrain d’écrire et qui s’intitulera Unevision du chaos.

« C’est une fiction, pas une antici-pation, prévient le jeune homme.D’ailleurs, dans le bouquin il y aurade bonnes choses, il y aura des gensqui luttent, il y a toujours des résis-tants. » Gwenaël avoue ne pas êtrede ceux qui luttent. Chômeur, enrupture de scolarité depuis la troi-sième, il s’occupe « pour l’instant »de lui-même. En attendant un hy-pothétique poste d’archiviste à lamairie, il lit, écrit, compose les tex-tes de son groupe de rock.

Gwenaël vit à Kervénanec, ou« Kervé », le quartier de Lorient quisert de cadre à Zone mortuaire, unpolar paru en mars dans la Sérienoire (Le Monde du 17 mars). Il faitpartie des quatorze chômeurs quiont écrit avec Ricardo Montserratce roman noir, très noir, fruit deleur passé de femme battue ou detoxicomane, de taulard ou d’enfantde la DDASS, de leur galère quoti-dienne, bref, de leurs tripes. Lesfeux de la rampe presque éteints, lacritique (élogieuse) passée, unemoitié du groupe a replongé dansses maux antérieurs. L’autre, tenail-lée par l’« envie de bouger », multi-plie les initiatives au sein de l’asso-ciation Kelt (Kompagnie desécrivains de LorienT).

L’idée de parler de politique neles emballe guère. Parce que « poli-tique, ça ne veut rien dire ». « Entrenous, on ne parle pas de politique,mais de mieux vivre... Ça ne rentrepas dans des considérations gauche-droite », explique Régine Molla,présidente de Kelt. Régine et Yve-lise sont revenues enthousiastesd’un séjour à Bruxelles, où elles ontété invitées à parler de leur expé-rience devant un public défavorisé.« On s’est dit : “On n’est pas toutseuls” », racontent-elles en évo-quant Parcours citoyen, un rassem-blement d’associations que Réginedéfinit ainsi : « C’est des mecs qui serendent compte qu’ils ont des droits,il ont un sursaut, ils se disent qu’ilsveulent être des citoyens à part en-tière. »

« Le peuple se réveille, continuecette jeune femme au caractèrebien trempé. Une rumeur grossit surle droit à être citoyens, à ne pas êtrerejetés. » Puisque l’Etat se désen-gage, ce sont les associations quiprennent le pouvoir, selon les« Kelt ». Eux-mêmes, ils ont unmessage à faire passer : « Regrou-

pez-vous pour faire quelque chose ! »« Je suis une utopiste, une sentimen-tale, avoue Régine, je crois au trucqu’on disait quand on était gamins :“Si tous les gars du monde voulaientse donner la main... ” »

Seule Solange, qui va avoir cin-quante ans (et dont pas un des huitenfants n’a d’emploi), sait pour quielle votera. « Les jours de vote, je suistoujours habillée en rouge », résume-t-elle. Tous les autres, plus jeunes,sont ou non inscrits, ou indécis. Lerêve de Fabien, vingt-sept ans,longue queue de cheval brune, c’estque personne ne vote. « Fabien, ils’est fait tabasser, murmure Régine.– Par qui ? – Par des Non-Français. »« Dans une cité de merde », précisel’intéressé. Et Régine d’ajouter :« Ça... les hommes politiques, ils nedescendent pas se faire tabasser. »« Le seul mec qui propose des trucs,c’est pas le bon », soupire Fabien.

« Le peuple seréveille. Une rumeurgrossit sur le droit àne pas être rejetés »

Leur dédain pour la classe poli-tique est incommensurable. « Ceuxqui tiennent les rênes, ils doivent paspouvoir se regarder le matin dansune glace », lâche Fabien, dont ledernier emploi, hormis le contratemploi-solidarité reçu en 1996 dansle cadre de Kelt, remonte à... 1987.Le mépris envers ce monde abstraitannihile tout sentiment de jalousie.« En haut, ils sont blasés, ils n’ont pasde désirs. Nous, on a plein de dé-sirs », dit Régine, qui n’avait rien àdire sur la politique mais passe desheures à parler de ses espoirs. « Leproblème, dit-elle, c’est qu’on ressentles choses, mais qu’on n’arrive pas àles ranger, on n’a rien de construit. »

Un seul homme politique trouvegrâce à leurs yeux, Régine le verraitmême volontiers premier ministre :Philippe Douste-Blazy, qui leur aserré la main au Salon du livre et aémis à plusieurs reprises le désir deles rencontrer, échappe à leur vin-dicte. « Il n’est pas arriviste. En tantqu’homme, il est bien », estime Fa-bien le rebelle. « Il est simple », ren-chérit Régine. Et Yvelise deconclure : « Quand on l’a vu, on n’apas vu un homme, un politique. » Ilssont conscients d’avoir pu vivre leurextraordinaire aventure grâce auministère de la culture, initiateur devingt-neuf projets comme le leur,mais plutôt qu’un privilège, qui se-rait dû à tel gouvernement, ils yvoient une opportunité qu’ils ont susaisir. Comme dit Yvelise, « il fautprendre les trains en route, qu’ilsoient rouges ou verts ».

Sans agressivité, ils se rappellentla campagne de Jacques Chirac, en1995, sur la « fracture sociale », etse disent que le président de la Ré-publique serait bien inspiré de « ve-nir s’informer à la source ». auprèsd’eux, par exemple.

Marie-Pierre Subtil

Fils d’immigrés, arbitre de football et candidat à Vaulx-en-VelinVAULX-EN-VELIN

de notre envoyé spécial

PORTRAITOlivier Abdou Taoumi, quienseigne aussi à la faculté dedroit, veut « faciliter le dialogueentre Français et étrangers »

l’immigration, se justifie-t-il. A nous de leurprouver qu’on peut faire gagner des voix ! Et ànous de démontrer que, lorsque nous en avonsles compétences, nous pouvons aussi accéder àdes postes à responsabilité ! »

L’arbitrage fut l’« école de la vie » d’OlivierAbdou Taoumi : « Cette fonction développe ungrand sens d’organisation et de responsabilité,dit-il. Il faut savoir prendre des décisions dansl’urgence et les assumer. Et puis nous portons unécusson bleu-blanc-rouge sur la poitrine, il fautdonc se montrer exemplaire avec les joueurs etles dirigeants des clubs. » Sur les terrains defootball, il s’efforce de « démontrer qu’unmatch peut bien se passer avec un arbitrecomme moi ». Pourtant, les préjugés le pré-cèdent toujours sur les stades – « Ah ! L’ar-bitre est un Arabe ». Il a appris à faire face :« Tout se joue sur les deux ou trois premières dé-cisions. Pendant dix minutes, je suis intraitable.Il faut que les joueurs voient qu’il n’y a aucunedifférence entre Joël Quiniou et moi. Mais il suf-fit que le match ne se passe pas bien pour queles insultes pleuvent sur mes origines. »

Pendant toutes ses années de jeunesse, latenue noire fut aussi son meilleur costumepour aller à la rencontre des « Français de

souche » et pour « intégrer la différence ». « Endiscutant avec les gens du coin, lors des invita-tions d’après-match, on sent la différence deculture, explique Olivier Abdou Taoumi. Au-jourd’hui, grâce à ces rencontres, je connais laFrance par cœur. Dans le Morvan ou dans leBerry, j’ai vu des choses et des gens que je n’au-rais pas vus sans le football. Et si je vais du côtéde Dax, je sais où aller manger le meilleur ma-gret de canard... »

Un dimanche de 1995, pendant son tour deFrance, l’arbitre s’est retrouvé, à Epinal, à latable du président de l’Assemblée nationale,Philippe Séguin. « Un de mes plus beaux souve-nirs, raconte-t-il. On a parlé football, hors-jeu,puis je l’ai interrogé sur le droit des Assem-blées. » Car l’arbitre-candidat est aussi magis-trat, commissaire du gouvernement au tribu-nal administratif de Montpell ier, etenseignant à la faculté de droit de l’universitéLyon-III. Arbitre-étudiant à l’âge de dix-huitans, ses indemnités lui permettaient d’« ache-ter les bouquins ». Une vingtaine d’années plustard, elles l’aident à financer sa première cam-pagne électorale.

Eric Collier

Sur l’immigration, Alain Juppé renvoie dos à dos « l’extrémisme » et « l’angélisme » SON RÔLE de chef de la majori-

té sortante dans la campagneélectorale n’a pas empêché AlainJuppé de saisir l’occasion de la re-lance des travaux du Haut Conseilà l’intégration, lundi 12 mai, pours’exprimer sur une question sen-sible aux yeux des citoyens et desélecteurs. « Deux dangers ma-jeurs » menacent la politique d’in-tégration, a déclaré le premier mi-nistre : « Celui des anathèmesgénéraux sur les étrangers dans lebut d’installer une confusion (...)entre les étrangers qui s’intègrentharmonieusement dans notre socié-té et ceux qui veulent y pénétrerclandestinement – et que nous nepouvons accepter – [et] celui d’undiscours qui peut laisser entendreque les portes sont grandes ou-vertes, en souhaitant des règlesmoins rigoureuses en termes decontrôle des flux migratoires. Souscouvert d’un certain angélisme,c’est ainsi rendre quasi impossible

la lutte contre l’immigration clan-destine. (...) J’ai toujours combattucette pensée extrémiste d’un côté etcette réflexion naïve de l’autre.Nous savons bien que plus l’immi-gration irrégulière recule, plus l’in-tégration progresse ».

« ASSURER L’ÉQUILIBRE »Une fois décochées ces flèches,

visant d’un côté le Front nationalet de l’autre le Parti socialiste et sapromesse de « supprimer » les loisPasqua et Debré, le premier mi-nistre a autocélébré sa détermina-tion à « assurer l’équilibre » entremaîtrise des flux migratoires et in-tégration. « L’intégration doit res-ter une priorité permanente dansl’action des pouvoirs publics ; toutrelâchement dans ce domaineconduit à des reculs, voire à des dé-rives », a-t-il déclaré en justifiantla nomination de Simone Veil à ceHaut Conseil à l’intégration, dontelle a été élue présidente. A cette

instance, créée en 1990 par MichelRocard pour éclairer les choixgouvernementaux, M. Juppé a de-mandé d’ajouter à sa tâche d’amé-lioration des outils statistiquesune « évaluation de l’action gou-

vernementale dans le domaine del’intégration » organisée autourd’un « programme pluriannuel »centré sur les questions de l’école,du logement et de l’emploi.

Le premier ministre a aussi de-

mandé à Mme Veil, ancien ministrede la ville, d’exercer sa vigilancesur les banlieues, et d’éclairer legouvernement sur le « phénomènede (...) “ghettoïsation” (...) et sur lesmoyens efficaces à mettre en œuvrepour permettre une réelle mixitédans l’habitat ». « Dans la crise so-ciale que [la France] traverse, a af-firmé M. Juppé , les populationsétrangères sont à la fois des boucsémissaires et les principales vic-times. »

RENOUVELLEMENTEnfin, le chef du gouvernement

a demandé au Haut conseil d’étu-dier les moyens d’« amplifier lalutte contre les discriminations quo-tidiennes » dont souffrent les per-sonnes d’origine étrangère, « in-justice flagrante au pays des droitsde l’homme ». Le dossier de lalutte contre les discriminationsavait été jugé prioritaire dans ledernier rapport de cette instance

(Le Monde du 18 mars) alors prési-dée par Marceau Long, personna-lité à laquelle le premier ministrea rendu un hommage appuyé.

Composé de neuf personnes, leHaut Conseil à l’intégration a étérécemment renouvelé. A Jean-Marie Bockel, maire (PS) de Mul-house, René Vandierendonck,maire (FD) de Roubaix, ChristianDelorme, prêtre, et Jeanne-Hé-lène Kaltenbach, responsabled’associations familiales protes-tantes, se sont ajoutés PatriceWeil, directeur de recherches auCNRS, Abdelatif Benazzi, capi-taine de l’équipe de France derugby, Jean-Pierre Rosenczveig,magistrat et François Grosdidier,député RPR sortant. L’arrivée depersonnalités nouvelles, et en par-ticulier de Simone Veil, devrait re-donner de la vigueur à cette insti-tution.

Philippe Bernard

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LES SEPT SUJETSCAPITAUX

Le récit des relationsmouvementéesentre l’Elysée

et la Rue de Grenelle

Demain : la justiceet les affaires

8 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 L E S É L E C T I O N S L É G I S L A T I V E S D U 2 5 M A I E T D U 1e r J U I N

« Le bilan de Lionel Jospincomme ministre de l’éducationnationale a servi jusqu’à présentde pensée à la gauche sur lesquestions d’éducation. Cela jus-tifie-t-il le silence du PS dans cedomaine ?

– La dissolution de l’Assembléenationale est intervenue à un mo-ment où le Parti socialiste prépa-rait justement une convention na-tionale sur l’éducation en vue dela réalisation d’un programme. LePS a néanmoins des propositionsdans lesquelles l’apprentissagetient sa place, ce qui représenteune évolution notoire pour le PS.Une de ses ambitions consisteaussi à essayer de réduire la sélec-tion par l’échec et d’améliorer laformation professionnelle, ce quiavait déjà été largement engagépar Lionel Jospin. Celui-ci a menéune action très importante, maisdepuis quelques années, aucontraire, il y a peu d’évolutions,

ou d’innovations, à l’exceptiondes rythmes scolaires.

– Qu’est-ce qui différencie au-jourd’hui une politique de droiteet une politique de gauche surl’école, en dehors de la questiondes moyens ?

– La France semble être le seulpays où une telle question puissese poser. L’éducation comme pré-paration à la vie, cela fait partiedes droits fondamentaux. Unebonne politique de l’éducationnationale doit avoir pour objectifl’égalité des chances. Le rapportFauroux est de ce point de vue as-sez éclairant, et j’en partage pourl’essentiel les conclusions, notam-ment sur le « socle de base »nécessaire à tout jeune, qui luipermettra de s’exprimer correcte-ment, de structurer sa pensée, etc.Le rapport dit également qu’ilfaut entrer dans la société de l’in-formation. Cela rejoint les propo-sitions du Livre blanc sur La So-

ciété cognitive ainsi que larésolution sur le thème « Ap-prendre dans la société de l’infor-mation » que j’ai élaborée dans lecadre de la Commission euro-péenne.

» Cela veut dire, par exemple,que nous devons mettre à la dis-position de tous les enfants desoutils informatiques et leur don-ner les moyens de les utiliser, carils ne sont pas nécessairement ac-cessibles aux catégories socialesdéfavorisées. Avec ces outils, onpeut se tromper, revenir en ar-rière sans être jugé par le profes-seur ou par la société et éviter leprocessus d’exclusion. Pour desjeunes qui ne sont pas encouragéspar leur milieu, ils peuvent repré-senter une façon de sortir del’échec. Une telle politique néces-site des maîtres formés, une pro-duction de logiciels adéquats, unepolitique clairement exprimée.

» Jacques Chirac a souhaité

cette informatisation lors d’uneémission de télévision, mais jeconstate que rien ne suit. En Eu-rope au contraire, cette mutationest largement engagée.

– Vous ne voulez pas de l’unitéd’expérience professionnelle,naguère appelée stage diplô-mant. Que proposez-vous à laplace ?

– Ce n’est pas à moi de faire uneproposition précise. Mais jeconstate que je ne peux pas visiterla moindre usine – et j’en visitebeaucoup – sans que l’on m’ex-plique que l’on ne trouve pas dejeunes formés à la chaudronneriefine ou au fraisage, en s’adressantaux instances prévues à cet effet.L’industrie s’est beaucoup diversi-fiée et une formation techniquegénéraliste, indispensable, ne suf-fit plus. La formation profession-nelle doit être valorisée et nonperçue comme le résultat d’unéchec. A mon sens, il faudrait

même que les enseignants soientprêts eux-mêmes à aller dans lesentreprises. Et que des filièrespermettent à chacun de passer del’enseignement classique à l’en-seignement technique et inverse-ment.

» A une bonne culture généraledoit s’ajouter la capacité de se re-mettre en question et d’ap-prendre tout au long de la vie.Dans une société bouleversée, oùle diplôme ne donne plus droit àvie à telle ou telle fonction, où lecontenu du travail lui-même évo-lue, comment pourrait-on fairel’impasse sur ce que doit êtrel’éducation ? Cette réflexion estl’une des plus importantes à mesyeux, et je ne suis pas étonnéeque Bill Clinton et Tony Blairl’aient placée au centre de leurcampagne. Elle est au cœur de lamodernité. »

Propos recueillis par B. G.

Edith Cresson, commissaire européen chargé de l’éducation, ancien premier ministre socialiste

« La formation professionnelle doit être valorisée »

Guy Drut, le bouillonnant ministrede la jeunesse et des sports, lance le deuxième« scud » présidentiel en s’emparant du projetde modification des rythmes scolaires

C’était promis : un référendum gaullien de-vait permettre aux Français de consacrerune grande réforme de l’éducation natio-

nale. Notre récit retrace comment l’opposi-tion affirmée du ministre de l’éducation aeu raison de ce projet. Dans des entretiens

au Monde, Edith Cresson, commissaire eu-ropéen chargée de la recherche et de l’édu-cation, ancien premier ministre de François

Mitterrand, plaide pour une formation pro-fessionnelle valorisée, tandis que PhilippeSéguin, président de l’Assemblée natio-

nale, explique que le but de la scolaritéobligatoire est de former des citoyens etnon des salariés « clés en main ».

Comment François Bayrou parvint à refuser à Jacques Chiracde mettre en œuvre un grand référendum sur l’éducation

En nouant des alliances privilégiées avec les syndicats de gauche, le ministre a réussi à faire passer sa réforme universitaire

QU’ELLE sera belle la réformede l’éducation ! Voilà un sujetproche des Français, comme lesaime le candidat Chirac en cam-pagne présidentielle. Quelle meil-leure idée que de « restaurer l’éga-lité des chances » à l’école pourréduire la « fracture sociale » ? Lefutur président n’a pourtant pasde vraie doctrine à ce sujet. « Cette

question le turlupine, mais il ne saitpas par quel bout la prendre »,confie un jeune énarque du RPR.

Il y a bien dans le panier du can-didat cette idée de nouveaux ryth-mes scolaires, empruntée à Phi-lippe Séguin, la promesse d’unstatut de l’étudiant, chipée à RenéSylvestre, responsable du groupede presse L’Etudiant, ainsi qu’unevieille passion pour les enseigne-ments artistiques et une volontégaullienne de vouloir réformer laformation technique et profes-sionnelle. Mais surtout, tout droitsorti du Dictionnaire de la réformed’Edouard Balladur, il y a le réfé-rendum.

A l’exception de quelques godil-lots du RPR, le projet n’enthou-siasme guère. L’avantage principalattendu de ce recours au peuple ?Contourner les tout-puissantssyndicats d’enseignants, queChirac n’aime pas. « Il a des idéesbien arrêtées qui tiennent en quel-ques mots, résume un conseiller dupouvoir : gigantisme, centralisme,syndicalisme outrancier et tous àgauche. » C’est un monde qu’il neconnaît pas et qu’il juge politique-ment dangereux.

L’homme qui devra mettre enmusique cette partition in-complète, celui à qui JacquesChirac assignera notamment deréussir ce qu’il a lui-même raté en1986 – la réforme universitaire –est aussi celui qui n’a cessé de cla-mer qu’il ne conduirait pas le ré-férendum sur l’éducation : Fran-çois Bayrou. Echaudé par l’échecde la révision de la loi Falloux, en1994, ce dernier pense que ce se-rait une offense telle au systèmeéducatif que la politique de la ma-jorité ne s’en relèverait pas.

C’est d’emblée l’affrontemententre le chef de l’Etat et le ministrecentriste, ancien balladurien, ré-puté pour cogérer l’éducation na-tionale avec les syndicats et enparticulier la Fédération syndicaleunitaire (FSU), liée au Particommuniste. Droit dans les yeuxdu président, François Bayrou si-

gnifie qu’il n’honorera pas la pro-messe de campagne du candidatChirac. Non sans coquetterie, ilcherche tout de même d’où peutvenir cette obsession référendaire,qu’il affirme avoir retrouvée dansLe Mal universitaire, ouvraged’Alain Carpentier publié en 1988.

Au terme de l’entretien que lui aaccordé Jacques Chirac, FrançoisBayrou a dû renoncer à son ambi-tion de devenir ministre des af-faires étrangères. Le président saitle convaincre de rester à son postede ministre de l’éducation natio-nale et lui octroie en contrepartiede nouveaux territoires : l’ensei-gnement supérieur, la rechercheet, provisoirement, l’insertion desjeunes. Ménagé et placé soushaute surveillance, il rempiledonc.

Mais déjà le premier missile pré-sidentiel est parti, sous la formed’une commission de sages, quidevrait tracer la voie de la réformede l’éducation. Car Jacques Chiracla veut, comme Bill Clinton auxEtats-Unis ou Tony Blair enGrande-Bretagne. François Bay-rou, lui, s’occupe à désamorcer le

piège du référendum. Il juged’abord qu’il a sauvé les meubles,en obtenant, dans le discours depolitique générale d’Alain Juppé àl’Assemblée, le 23 mai 1995, l’in-troduction d’une phrase alambi-quée qui marque déjà un net reculpar rapport aux engagements decampagne : « ... Lorsque l’accord leplus large sera trouvé autour d’unprojet qui répondra aux attentes dela société française, alors un réfé-rendum pourra être organisé, quisera l’étape ultime de la réforme at-tendue et donnera au projet ras-sembleur l’accord solennel desFrançais. »

Puis, pour piloter la commissionchargée d’organiser la consulta-tion nationale, il choisit RogerFauroux, ancien ministre du gou-vernement Rocard et industriel,qui présente toutes les garantiesd’ouverture qu’affectionne le mi-nistre de l’éducation. A soixante-neuf ans, ce pur produit de l’éli-tisme républicain a un parcoursidéal, croit-il, pour transformer« la machine de guerre » du réfé-rendum en débat pacifié.

Pourtant, dans les bureaux feu-

trés de la Rue de Grenelle, le nou-veau président de la commissionmanifeste immédiatement indé-pendance et autonomie. La mé-fiance de Roger Fauroux à l’égardde l’administration et des organi-sations syndicales est quasi viscé-rale. Son analyse est sans appel :« François Bayrou s’est tiré du fauxpas de l’affaire Falloux parce que

les syndicats lui ont tendu uneperche. En contrepartie, ils ont misla main sur le ministère. » Alorsque François Bayrou espère queles sages s’en tiendront à unecompilation de statistiques rassu-rantes sur l’école, la commissionnoircit le tableau en comptabili-sant les exclus, victimes de l’échecscolaire.

Roger Fauroux commence à in-quiéter. La publication, dansLe Monde, du premier relevé deconclusions des vingt-quatresages, en avril 1996, bouleverse lescénario d’une réforme annoncée.Ce « chiffon rouge » agité par lacommission devant les syndicatssert incontestablement le ministrede l’éducation nationale. La vi-

gueur des réactions préfigure uneguerre scolaire que personne n’aintérêt à rallumer. Remis solennel-lement à la fin du mois de juin, lerapport est aussitôt enterré parAlain Juppé. Le spectre du référen-dum s’éloigne encore davantage.

Il revient à Guy Drut, le bouil-lonnant ministre de la jeunesse etdes sports, de lancer le deuxième

« scud » présidentiel. L’ancienchampion olympique s’est emparéavec enthousiasme du projet demodification des rythmes sco-laires, pour lequel François Bayroumanifeste peu d’empressement.« C’est bien la première fois qu’unministre pique le dossier d’un col-lègue », s’amuse Benoît Apparu,délégué des jeunes au RPR.

Entre François Bayrou etJacques Chirac, la crise s’amplifie,inexorablement. Très occupé parla prise de pouvoir au sein del’UDF, le ministre de l’éducationnationale délaisserait trop lespriorités présidentielles. L’Elysées’irrite et accuse le ministre deconsacrer davantage de temps à laconquête des voix UDF qu’au dos-sier scolaire. Car Jacques Chiracverrait volontiers Alain Madelin,ancien ministre de l’économie, en-lever la présidence de l’UDF, posteconvoité par M. Bayrou, présidentde Force démocrate. En voyagedans le Doubs le 7 mars 1996, leprésident de la République haussele ton et multiplie les avertisse-ments : la réforme de l’éducationtarde trop.

Treize jours plus tard, c’est l’ex-plosion. En conseil des ministres,alors que François Bayrou pré-sente un plan contre la violence àl’école, comme il l’avait fait l’an-née précédente, le président de laRépublique met les points sur les« i ». Il ne veut pas un énièmeplan, mais une école qui bouge,une réforme qui soit efficace. Leministre met dans l’après-midi sadémission dans la balance. Un telincident, exceptionnel, mérite uneréconciliation visible : le ministrede l’éducation accompagnera lechef de l’Etat lors de son voyagediplomatique au Proche-Orient.

De cette période agitée, Fran-çois Bayrou tire un enseigne-ment : la nécessité de normaliserses relations avec le château. Ilprend l’habitude de rencontrer,presque tous les lundis, le secré-taire général de l’Elysée, Domi-nique de Villepin. L’artisan decette initiative est Xavier Darcos,conseiller à Matignon pour lesquestions d’éducation et ami delongue date du ministre de l’édu-cation nationale. Christine Alba-nel, proche collaboratrice deJacques Chirac et conseillère pourles questions d’éducation, b b b

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Le programmede la majorité« Nous voulons une école qui formeà la citoyenneté, qui ouvre à laculture, qui se rapproche del’entreprise et intègre tous sesenfants. » Dans la plate-forme duRPR et de l’UDF, cette phraseliminaire introduit un programmeen six points : b Favoriser l’égalité des chancespar la priorité aux matièresfondamentales, par la lutte contrel’illettrisme, par l’éducationartistique.b Généraliser les nouveauxrythmes scolaires dans cet esprit.b Offrir une véritable éducation àl’orientation.b Valoriser l’apprentissage etconstruire une voietechnologique.b Garantir l’autonomie et lasécurité des établissementsscolaires. b Poursuivre la réforme del’université, mettre en place unstatut de l’étudiant, renforcerl’insertion professionnelle.

b b b reconnaît aujourd’hui que« François Bayrou possède unemarge de manœuvre personnelledont il sait user ». Une marge demanœuvre incarnée essentielle-ment par Marielle de Sarnez, née àla politique avec l’UDF, devenuedirecteur de cabinet de FrançoisBayrou.

Qu’ils soient syndicalistes oumilitants politiques, la plupart desinterlocuteurs du président deForce démocrate se demandent s’ilagit « par conviction ou par oppor-tunisme ». D’où vient sa capacitéet son plaisir avoué à « déminer lescrises » ? En fait, le ministre del’éducation a saisi l’intérêt poli-tique de s’emparer du dossier del’université. Le spectre de 1986hante l’Elysée depuis l’abandon duprojet de loi Devaquet, la mort deMalik Oussekine et le divorced’avec la jeunesse qui assurera laréélection de François Mitterrand.

Dix ans plus tard, le climat achangé. Les jeunes ont majoritai-rement voté Chirac. Mais lacrainte de voir à nouveau des mil-liers d’étudiants et de lycéens défi-ler dans les rues tétanise toute vel-léité de passage « en force » d’uneréforme. La droite universitairebénéficie naturellement d’une

écoute privilégiée à L’Elysée.L’Union nationale interuniversi-taire (UNI), syndicat proche duRPR, dispose d’un relais auprès deJacques Chirac grâce à JacquesFoccart, père fondateur du mou-vement et maître de la politiqueafricaine française, aujourd’huidécédé.

Mais ses dirigeants n’obtiennentque de maigres revanches : unenomination de recteur, le blocaged’un directeur dans l’entouraged’un ministre qui a promu Chris-tian Forestier, socialiste fabusien,à la tête de la direction généraledes enseignements supérieurs, unposte-clé dans l’élaboration de laréforme.

A son corps défendant, JacquesChirac fournit, le 26 octobre 1995,une occasion inespérée à FrançoisBayrou de prendre toute la me-sure de la tâche qui l’attend. Audétour d’une intervention télévi-sée, le président de la Républiquelégitime la revendication des étu-diants de Rouen, en grève depuistrois semaines pour réclamer desmoyens pour leurs études. Lemouvement dure et fait tached’huile. Le ministre patine. Il pro-pose un premier plan d’urgence,puis un deuxième qui sombrentdans l’indifférence.

François Bayrou s’inspire alorsdes leçons du conflit de la révisionde la loi Falloux. Officiellement, ils’appuie sur la conférence des pré-sidents d’université. Dans les cou-lisses, il mène des négociationsdiscrètes avec tous les syndicats,mais surtout avec les nouveaux di-rigeants de l’UNEF-ID, par l’inter-médiaire des « grands-oncles » ap-pelés à la rescousse : Julien Dray,député (PS) de l’Essonne, et MarcRozenblat, un ancien président decette organisation. Le principalsyndicat d’étudiants, à contre-courant, négocie un troisièmeplan d’urgence qui sera le bon.Une fois de plus, le ministre a pas-sé un marché avec l’ensemble dessyndicats, et notamment ceux degauche, pour sortir de la crise.

Durant près de deux ans, le mi-nistre collectionne les réunions,s’implique dans les négociations,s’engouffrant dans l’espace de li-berté que lui a concédé l’Elysée. LeRPR tente-t-il de le déstabiliserune nouvelle fois, en mai 1996, surle statut de l’étudiant ? FrançoisBayrou agite à nouveau la menacede sa démission. Etats généraux del’université au printemps 1996,

discours des principes de la ré-forme à la Sorbonne en juin,groupes de travail à l’automne etadoption en février 1997 : cettecourse de lenteur était-elle un malnécessaire pour, selon lui, « scellerla réconciliation garantie de laréforme » ?

Pour la première fois,un ministre de droitea réconcilié son campavec le mondeuniversitaire

Le ministre de l’éducation enreste persuadé. « Pour la premièrefois depuis le début de la Ve Répu-blique, on est en train de réaliserune très grande réforme de l’univer-sité sans que cela ait explosé », seglorifie-t-il. Pour la première foissurtout, un ministre d’une majori-té de droite a réconcilié son campavec le monde universitaire. Celavalait bien un satisfecit queJacques Chirac finit par lui attri-buer « pour avoir passé six mois deplus à dialoguer et à se concerter defaçon à parvenir à ce consensus ».

Le chef de l’Etat n’a pas désarmépour autant sur les dossiers qui luitiennent à cœur. Dès la désinté-gration de la commission Fauroux,en juin 1996, il a engagé sa bataillecontre l’illettrisme. Qui leconseille ? Alain Bentolila, profes-seur de linguistique à Paris-V, plu-tôt marqué à gauche, collègue et

ami universitaire de Noëlle Châte-let, la sœur de Lionel Jospin. Re-marqué naguère par Jacques Tou-bon, alors ministre de la culture,Alain Bentolila a rencontré etconvaincu Christine Albanel : c’està l’école qu’il faut d’abord s’oc-cuper du problème de l’illettrisme.Le 22 janvier 1997, le président dela République prend lui-mêmel’initiative d’une réunion intermi-nistérielle sur l’illettrisme.

L’idée germe d’une « Marche dusiècle » sur ce sujet, mais lesconseillers en communication duchef de l’Etat, Jacques Pilhan etClaude Chirac, d’accord dans unpremier temps, en récusent en-suite l’idée : ce n’est pas adapté àun président de la République.

L’émission finalement program-mée le 10 mars 1997 sera animéepar Jean-Marie Cavada et WilliamLeymergie. On « briefe » le pré-sident. François Bayrou toutd’abord, qui est en passe de réus-sir la réforme de l’université, per-suade le chef de l’Etat qu’avec lesenseignants il faut se montrer po-sitif. Luc Ferry, le philosophe àsuccès, président du Conseil natio-nal des programmes, passe en-suite quatre heures avec le pré-sident à parler de lecture, deméthodes et de programmes.

Le résultat de cette prestationtélévisée sera assez désastreux,mais Jacques Chirac estime sansdoute avoir fait son devoir : mon-trer aux Français, que, jusque dansles détails, il s’occupe de leurécole.

Michel Delbergheet Béatrice Gurrey

Philippe Séguin (RPR), président de l’Assemblée nationale

« L’école obligatoire n’est pas faite pour former des salariés clés en main »« Le gouvernement n’a-t-il pas

baissé les bras, s’agissant del’égalité des chances à l’écolerépublicaine ? Y aurait-il desmesures d’urgence à prendredans ce domaine ?

– Votre question m’étonne parson postulat – le gouvernementaurait d’ores et déjà baissé lesbras –, un postulat qui est profon-dément injuste. Quant aux solu-tions au problème que vous évo-quez, elles relèvent à l’évidence demesures politiques de fond et nonpas de mesures d’urgence.

» Mais procédons par ordre...D’abord, pour rappeler ce qui de-vrait constituer une évidence : laquestion de l’égalité des chancesest bien l’une des questions lesplus importantes que nous ayonsà traiter dans notre République,régime institutionnel qui est beau-coup plus qu’une démocratie ordi-naire. Il s’agit d’une communautéde destin et de valeurs, dans la-

quelle l’égalité des chances consti-tue un des ciments du pacte col-lectif.

» Ensuite, pour répéter qu’il nefaut pas transformer l’école enbouc émissaire. Il en va de l’égalitédes chances comme de tous lesmaux que l’école est censée ré-soudre : on l’attaque, on lui re-proche d’être la source de toutesnos difficultés alors qu’elle n’enest que le point de convergence, leprécipité. Prise dans l’étau de nosgraves difficultés sociales, dansl’étau du chômage, dans l’étau del’exclusion, elle en reproduit né-cessairement tous les symptômes.Bref, la lutte pour l’égalité deschances est un combat global quiengage toute la politique du gou-vernement, telle qu’elle a été défi-nie par le président de la Répu-blique : réduction du chômage,lutte contre l’exclusion, politiquede la ville. Domaines dans les-quels, on en conviendra, le gou-vernement doit surmonter quinzeà vingt ans d’échecs et derégression...

» Enfin, pour rappeler que cegouvernement est le premierdepuis l’action d’Alain Savary et lacréation des ZEP, les zones d’édu-cation prioritaires, à s’attaquerrésolument aux inégalités sco-laires, par la politique d’amé-nagement des rythmes de vie del’enfant, conduite à l’initiative deGuy Drut, en liaison avec leministère de l’éducation nationaleet les collectivités territoriales.Politique que je connais bien,Epinal en a été le terrain d’essai...Politique qui a pour but de luttercontre l’échec scolaire, en répar-tissant mieux l’effort ; de rendrel’école plus attractive, tout endéveloppant les potentialités del’enfant ; de favoriser son inser-tion sociale et de rendre les acti-vités périscolaires gratuites etaccessibles à tous... Politique dontJacques Chirac a fait l’une desgrandes ambitions de sonseptennat et dont je sais qu’il auraà cœur de la conduire à sonterme.

– Tout le monde se félicite durapprochement école-entre-

prise. Est-ce la vraie mission del’école ?

– En tout cas, pas pour lapériode de la scolarité obligatoire,de six à seize ans. L’école a etconserve une mission majeure :former des citoyens. Elle doit don-ner à chacun les moyens de sonépanouissement, personnel et so-cial, lui apporter une culture géné-rale, l’insérer dans la collectivité,lui conférer les moyens de conti-nuer à se former tout au long de lavie. Elle n’est pas faite, à titre prin-cipal, pour former des salariés clésen main. Ce n’est pas sa vocation.Ce n’est pas non plus son métier.L’évolution des professions et desbesoins imposerait à l’éducationnationale des à-coups brutaux. Lesentreprises sont mieux à même deformer des techniciens – quitte àce que ce soit en partenariat avecl’école, par l’alternance – etpeuvent même trouver là – voyezl’Allemagne – leur intérêt.

» Au fond, le discours sur le rap-prochement de l’école et de l’en-treprise relève de la stratégie dubouc émissaire que j’évoquais àl’instant. On rend l’école respon-sable du chômage ; on lui de-mande en conséquence de s’adap-ter. Le résultat est que l’écolerisque de devenir moins efficacedans ses missions naturelles – laformation du citoyen – sans évi-demment que cela change quoique ce soit à la situation de l’em-ploi.

– Entre un référendum surl’éducation et la politique trèsprudente, jusqu’à être qualifiéed’immobilisme, menée par Fran-çois Bayrou, quelle est Ia meil-leure voie ?

– Mais les deux démarches nesont pas contradictoires, bien aucontraire ! En tout cas, pas néces-sairement... Lorsqu’il a parlé d’unréférendum sur l’éducation, le pré-sident de la République n’a pasvoulu annoncer je ne sais quelpassage en force d’une réforme del’éducation nationale conduitecontre les acteurs du système édu-catif. Il a souhaité qu’à l’issued’une période de concertation,dont la commission Fauroux a été

la première étape, la réforme dusystème éducatif, conduite selonun mode aussi consensuel quepossible avec l’ensemble des par-tenaires du système éducatif, fassel’objet d’un pacte solennisé et au-thentifié, si je puis dire, par le suf-frage universel. C’est ce que j’avaiscompris. S’agissant des réformesmises en œuvre par M. Bayrou, lefait qu’elles ne donnent pas lieu àtapage médiatique, ou ne seheurtent pas à des manifestationscontraires, n’est pas un symptômed’immobilisme. En matière d’édu-cation, point n’est besoin de ré-formes fracassantes et bruyantes :sur ce point, on a déjà donné, etbien donné...

– Faut-il obligatoirement sou-mettre l’école et l’université aurégime sec des restrictions bud-gétaires ?

– Formulée comme elle l’est,votre question appelle nécessaire-ment de ma part une réponse né-gative. L’école est une priorité del’action gouvernementale et doitêtre traitée comme telle, y comprissur le plan budgétaire. Pour l’ave-nir d’un pays, il n’est pas d’inves-tissement plus rentable quel’école, et il faut toujours s’en sou-venir au moment des arbitragespolitiques.

» Il apparaît, au demeurant, quetel a été le cas en 1997. Il y a eu dessuppressions d’emplois dans l’en-seignement primaire et dans l’en-seignement secondaire, c’est vrai,mais dans un contexte de baissedu nombre des élèves. Quant àl’enseignement supérieur, il béné-ficie en 1997 d’un effort budgétaireexceptionnel, si l’on tient comptedu fait que le nombre des étu-diants est désormais stationnaire.Les 2 700 créations d’emplois ins-crites dans la loi de finances pour1997, dans un contexte budgétairedont vous connaissez l’extrême ri-gueur, permettront une améliora-tion des taux d’encadrement en1997-1998. Alors que ces taux d’en-cadrement se sont dégradés dansla période 1988-1993. »

Propos recueillis par B. G.

Les propositions du PSAprès avoir affirmé la « prioritébudgétaire » accordée àl’éducation, le Parti socialistesouligne que son objectif « estd’abord de conforter l’école de laRépublique, creuset del’intégration, garantie de l’égalitédes chances ». Six propositionss’ensuivent.b Accentuer le principe de« discrimination positive » qui aconduit aux ZEP (zonesd’éducation prioritaires).b Libérer les initiatives desenseignants, multiplier les projetsd’établissement.b Augmenter l’aide aux IUFM(Instituts universitaires de

formation des maîtres), enparticulier les boursesd’élèves-professeurs.b Adapter les rythmes scolairesdans les communes, suivant uncadre défini nationalement.b Renforcer l’enseignementprofessionnel par un partenariatsystématique. Généraliserl’alternance, sous statut scolaireou par l’apprentissage. b Relancer le planUniversités 2000. Refondre lespremiers cycles universitairesautour d’un dispositifd’orientation souple, rationaliserles formations technologiquessupérieures.

Page 10: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0010-0 WAS LMQ1405-10 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 03Fap:99 No:0527 Lcp: 196 CMYK

10 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 L E S É L E C T I O N S L É G I S L A T I V E S D U 2 5 M A I E T D U 1e r J U I N

DIFFICILE d’avoir un vrai brinde fantaisie dans les émissions dela campagne officielle organiséespar le Conseil supérieur de l’audio-visuel (CSA). Tout est réglé au mil-

limètre près etla marche àsuivre par lespersonnalitéspolitiques aété publiée sursix pleinespages du Jour-nal officiel du

8 mai. Chaque petit détail est pré-vu et orchestré avec une précisiond’entomologiste. Qu’on en juge.Dans l’un des cinq studios affectésà la campagne, au sein de la Mai-son de la radio, les enregistre-ments ont lieu dans un décor fixe.Les candidats peuvent choisirentre « un cyclorama comportanttrois rideaux de couleur (bleu in-crust, noir, blanc), un fond bleu zé-bré blanc sur lequel peut être fixé uncadre de trois mètres sur trois blanc,un fond de liège, un fond nacré per-mettant un éclairage par transpa-rence, ainsi qu’un cadre mobiletranslucide de deux mètres sur

deux ». Pour rendre ce studio unpeu plus coquet, « deux types demobilier, moderne ou de style, sontmis à la disposition des organisa-tions politiques ». Sous réserve dene pas enfreindre des dispositionslégislatives très strictes, il sera pos-sible d’égayer ce studio en instal-lant quelques éléments de décor,voire en affichant des cartes, desphotographies ou des dia-grammes... Voilà pour le décor. Sivraiment, ce lieu ne paraît pas as-sez enchanteur aux partis poli-tiques, il leur reste la solution dutournage en extérieur. Mais l’en-droit de l’enregistrement doit alorsêtre a priori agréé par le CSA.

Pour les programmes, c’est laSociété française de production(SFP) qui organise et veille au bondéroulement des enregistrementsradio-télévisés des vingt et uneformations politiques sélection-nées pour la campagne officielle.Un travail de fourmis : de 7 heuresdu matin jusqu’à très tard dans lanuit, les candidats défilent, et cedepuis jeudi 8 mai, dans cinq stu-dios de la Maison de la radio etsept cellules de montage.

Ce ballet se joue sous l’œil exer-cé de Lucien Bergamo, directeurdes opérations à la SFP, qui as-sume depuis près de dix ans le rôlede coordinateur technique descampagnes officielles radiodiffu-sées. Au total, ce sont près de centcinquante personnes qui sont mo-bilisées pour la réalisation de cesémissions.

Lucien Bergamo est toujours as-sisté par l’un des neuf membres duCSA – tous les conseillers étant ré-quisitionnés sept jours sur sept, àla demande insistante du pré-sident Hervé Bourges –, qui doitassister au tournage avant d’appo-ser sa signature sur un « bon à dif-fuser ». Là encore, tout est absolu-ment cadré : les organisationspolitiques peuvent s’exprimer li-brement, à condition toutefois de« ne pas mettre en péril l’ordre pu-blic, la sécurité des personnes et desbiens ou d’attenter à l’honneurd’autrui ». Sont également exclusles messages qui « revêtent un ca-ractère publicitaire » ou ceux quis’apparentent à « des appels defonds ». Pareillement bannis, lesmessages qui font apparaître « des

lieux ou des bâtiments officiels », ouutilisent « l’hymne national »...Sans oublier l’impossibilité de« faire usage d’un drapeau ou d’uti-liser notamment dans le décor, lacombinaison des trois couleurs bleu,blanc rouge, d’une manière quis’assimilerait à l’emblème natio-nal ».

Les « conseillersen image »font répéterles plus novices

Déjà, plusieurs candidats ont dû,au cours des campagnes précé-dentes, aller se rhabiller en chan-geant de cravate ou de veste, sesouvient Béatrice Jacomet, duCSA, installée pendant tout le dé-roulement de la campagne à laMaison de la radio. En fait, selonleur caractère, les neuf membresdu Conseil sont plus ou moins sé-vères et tatillons sur l’application,

à la lettre, du texte publié au Jour-nal officiel. La SFP fournit toute lalogistique (tournages, post-pro-duction, montage numérique, pa-lette graphique, banqued’images...) de ces émissionsconçues pour « assurer une égalitéde traitement à l’ensemble des par-tis » et diffusées sur France 2,France 3, Radio France et RadioFrance outre-mer (RFO). Si, géné-ralement, les représentants despartis politiques utilisent la ma-quilleuse de la SFP, ils font presquetoujours appel à leur propre réali-sateur. Michel Bazille et BertrandFlament pour le PS, Jean-PierreTurotte pour l’UDF et le Parti hu-maniste, Dany Degrave pour leRPR et, ce qui ne s’invente pas,Jean-Claude Marchais pour le PC.

« Certains ont manifestement plusl’habitude que d’autres de passer àla télévision. Cette année, quatrepartis non représentés à l’Assembléenationale font leur baptême du feudans la campagne officielle : c’est lecas d’Initiative républicaine, duParti humaniste, du Mouvement desréformateurs et de Solidaires ré-gions écologie, précise Béatrice Ja-

comet. Si le député Pierre Lellouche(RPR), le secrétaire d’Etat Anne-Marie Idrac (UDF-FD), les ministresAnne-Marie Couderc (RPR), GuyDrut (RPR) ou le maire de Stras-bourg, Catherine Trautman (PS), sesont déjà pliés à ces exercices télé-visés, ce ne sont pas toujours les lea-ders qui ont été choisis par les partispour faire partie de la campagne of-ficielle », ajoute-t-elle.

Les « conseillers en image »,comme Alain Denvers pour le PSou Roger Zabel pour le RPR, fontrépéter les plus novices. Un exer-cice d’autant plus nécessaire quele chronomètre tourne danschaque émission. Pour les pro-grammes « courts », « le temps im-parti pour le maquillage, la prépa-ration du studio et les répétitions estd’une heure ».

Ces programmes devront en-suite subir la rude concurrence del’Audimat et seront diffusés entreautres, après « Télématin » surFrance 2 et avant « Questionspour un champion » sur France 3.Sans doute un clin d’œil du CSA.

Nicole Vulser

Une campagne audiovisuelle réglée avec une précision d’entomologiste

Le mystèredu « gros jovial »

A qui pensait Alain Juppé ? In-vité d’Europe 1, mardi 13 mai, il afait un commentaire aussi inat-tendu que péjoratif. Traçant leportrait de l’homme le plus apteà conduire l’action du gouverne-ment, il s’est demandé quel étaitcelui qui avait le meilleur profil.Vaut-il mieux, a-t-il dit, « un grosjovial qui ne connaît pas les pro-blèmes ou un sec peut-être un peumoins jovial, mais qui lesconnaît » ? L’allusion au « sec »est transparente : il parlait visi-blement, avec une pointe d’hu-mour, de lui-même. Mais qui estle « gros jovial » ? A écouterM. Juppé, on a compris qu’il nes’agissait pas de RaymondBarre. Lionel Jospin est-il« gros » ou « jovial » ? Alors, est-ce Philppe Séguin ? Son nom n’apas été prononcé et le qualifica-tif de « jovial » n’est peut-êtrepas le plus approprié pour leprésident de l’Assemblée natio-nale dissoute. La mystérieuseformule risque de susciter quel-ques aigreurs. Sans doute saura-t-on assez vite si « un gros jo-vial » s’est senti visé.

M. Monory souhaitela suppression du SMIC

M. Séguin préconise un « libéralisme tempéré » et cherche à se présenter

en rassembleur de la majoritéEN CES TEMPS de campagne

électorale, les professions de foi li-bérale sont décidément très pri-sées à droite. Certains dirigeantsde la majorité estiment-ils quec’est le meilleur moyen de faireentendre un discours qui trancheavec celui des responsables socia-listes ? Ou bien jugent-ils que lacourse à Matignon pourrait bien-tôt être engagée ? En tout cas,après Edouard Balladur ou encoreAlain Madelin, c’est au tour de Re-né Monory, sur un ton très radical,et de Philippe Séguin, sur un re-gistre plus modéré, de chanter leslouanges du libéralisme.

Le président du Sénat est, certes,connu pour être un partisan deprofondes réformes libérales.L’entretien qu’il a accordé à la re-vue Passages, à paraître le 20 mai,n’en retient pas moins l’attention,tant le propos est ferme. M. Mo-nory, qui fait partie des visiteursréguliers du chef de l’Etat, estime,en effet, que « la France a besoinde poursuivre les réformes en allantplus vite et dans une direction pluslibérale afin de s’insérer dans unmonde qui bouge ». Estimant qu’il« faudrait peut-être plus de fermetépour faire passer les réformes », ildéplore un blocage de la sociétéfrançaise. « Actuellement, dit-il,quel que soit le niveau de chômage,nous nous appuyons sur un mondede nantis et de récalcitrants. (...)Plus personne ne veut faire de sacri-fices. »

Considérant qu’il « faut accepterde tout remettre en cause », le pré-sident du Sénat indique donc, que,s’il était aux commandes, il « déve-lopperait, par exemple, la flexibilitéen donnant, encore une fois, beau-coup, beaucoup de liberté aux en-treprises ». « Je préfère nettementdes contrats à durée déterminée quepas d’emplois du tout », ajoute-t-il.Interrogé par la revue sur le fait desavoir s’il y aura un jour un SMICeuropéen, M. Monory est encoreplus net : « Mais, non, bien aucontraire, il n’y aura plus de SMICdu tout ! De toute façon, je ne croisplus au SMIC en France. Que vaut-ilmieux ? Je vais choquer, mais faut-ilpayer quelqu’un 4 500 francs parmois plutôt que 6 000 francs ouavoir un million de jeunes au chô-mage ? »

UN DISCOURS ADOUCIInvité du journal de France 2,

M. Séguin n’a pas précisémentmarché sur ces brisées. S’il a pré-senté un plaidoyer en faveur du« libéralisme », il a pris soin depréciser que celui-ci devait être« tempéré ». Après ses allocutionsrécentes lors de réunions pu-bliques à Mantes-la-Jolie ou en-core à Avignon, où il avait brodésur le même thème, la sortie ségui-niste n’en prend pas moins du re-lief : le président de l’Assembléenationale cherche visiblement àadoucir son discours traditionnelet à se présenter en rassembleur

de la majorité. Utilisant des for-mulations que ne renierait pasM. Madelin, il a ainsi fait ceconstat : « Nous avons choisi le li-béralisme parce qu’il nous apparaîtque c’est le système économique quigarantit le mieux l’émulation, l’in-novation, la création, (...) qui ré-compense le mieux ceux qui osent,ceux qui prennent des risques, quientreprennent, qui travaillent. »Avant d’ajouter, en contrepoint :« Mais nous avons aussi choisi, detoute éternité, un libéralisme légiti-

mé par l’égalité des chances – parceque sans égalité des chances, c’est laloi de la jungle –, un libéralismetempéré par l’existence d’une pro-tection sociale de qualité et qui soitcorrigé, le cas échéant, par les inter-ventions de l’Etat. »

M. Séguin a également tenu unpropos assez peu hétérodoxe surl’Europe. Estimant tout juste, dansune formule elliptique, qu’il fallait« desserrer le carcan européen », etque la « recherche du plein-em-ploi » devrait être prise « commecritère principal de la gestion » dela future monnaie unique, il s’estborné à plaider pour que l’Italiefasse partie des pays sélectionnéspour le lancement de l’euro.

Consensuel, le président de l’As-semblée nationale l’est donc jus-qu’au bout. Il a même pris soin depréciser qu’il apportait son soutienà Alain Juppé sans « aucun étatd’âme ». Qui en douterait ?

Laurent Mauduit

Les déclarations de Jean Arthuis à BruxellesAu cours du point de presse qui a suivi, lundi 12 mai, le Conseil des

ministres européens de l’économie et des finances, Jean Arthuis adéclaré : « Je suis très frappé de la grande convergence des politiqueséconomiques menées par les différents pays européens. Un gouverne-ment de droite en Espagne, de gauche au Portugal, mènent une politiquerésolue visant à réduire les déficits publics (...). Si aucun pays en Europe,qu’il soit gouverné par la droite ou par la gauche ne met en œuvre despolitiques du type de celles que propose aujourd’hui la gauche enFrance, il faut se poser des questions. Le Parti socialiste français serait-ilà ce point génial qu’il aurait raison contre le reste du monde ? ».

François Hollande, porte-parole du PS, a vivement réagi à cettedéclaration : « M. Arthuis a violé une règle en usage dans nos institu-tions en évoquant à l’étranger et dans un esprit polémique et caricatu-ral la situation politique dans son pays », a-t-il souligné.

M. Jospin durcit son discours contre la droiteen concentrant son tir sur le chef de l’Etat

M. Juppé met l’accent sur les contradictions de la gauche La campagne électorale continue, dans sa qua-trième semaine, à être marquée par uneconfrontation à distance entre le premier mi-

nistre, Alain Juppé, et le premier secrétaire duPS, Lionel Jospin. Le premier a assuré, mardi13 mai, sur Europe 1, qu’il n’y aurait « ni rupture,

ni continuité », en cas de victoire de la majorité,tandis que M. Jospin redoute, dans une telle hy-pothèse, « un accaparement des pouvoirs ».

METZ et CLERMONT-FERRANDde nos envoyés spéciaux

Il faut que les Français en-tendent la différence. Après unesemaine pendant laquelle certainsresponsables de la majorité sor-tante reconnaissent avoir redoutéde « perdre la main » dans la cam-pagne, la dernière vague de son-dages est tombée à point nommépour recentrer la bataille autourdu choix entre la plate-formeRPR-UDF et le programme socia-liste. C’est du moins le vœud’Alain Juppé.

Estimant que son entretien dela veille à l’AFP avait mal été re-pris dans la presse, le premier mi-nistre a ainsi décidé, au débotté,d’animer lui-même, lundi 12 mai,dans la matinée, le point depresse quotidien de la majoritésortante. M. Juppé a décliné unesérie de propositions, nouvellesou anciennes, dans trois do-maines – l’allègement descharges, la simplification adminis-trative et la politique familiale –,en soulignant, aussi souvent quepossible, le « vide », le « manquede crédibilité » ou les « contradic-tions » du programme socialiste. Ila précisé que le transfert « de plusde deux points » de cotisationd’assurance-maladie sur la CSGinterviendrait « très rapidement ».

Au même moment, Lionel Jos-pin entamait un périple de deuxjours dans l’est de la France, aucours duquel il a durci le ton àl’égard de la droite et lancé unavertissement au Parti commu-niste. Dès sa première étape, àl’aéroport de Reims, le premiersecrétaire du Parti socialiste a af-firmé qu’une reconduction de lamajorité serait « une prime aumensonge ». Lors d’un déjeuner

républicain à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), ils’est évertué à relativiser les son-dages – « Rien n’est joué. Le peuplen’a pas encore pris sa décision » –,en invitant son auditoire à les ac-cueillir avec « fermeté d’âme,tranquillité, froideur ».

Les communistes ont égale-ment fait les frais de l’offensive deM. Jospin. « Il serait dommage quele bon climat rétabli à gauche nefonctionne pas dans le combatcommun contre la droite », a-t-ildéclaré à Reims, en rappelantqu’un gouvernement de gauchene défendrait qu’une seule orien-tation, celle qui résultera des rap-ports de force issus du premiertour : « Une attitude hégémoniques’appliquerait si le vote de 10 % desFrançais devait s’imposer à celui de30 % d’entre eux. » A Metz, devantdeux mille sympathisants, le diri-geant socialiste a été encore plusnet en faisant allusion aux diver-gences sur l’Europe : « Si des dif-férences subsistent, qui tranchera ?Pas la subjectivité de Robert Hue !Pas l’esprit partisan de Lionel Jos-pin ! C’est le peuple français quitranchera. »

« AUSTÉRITÉ ACCRUE »Le soir, à Beaumont, près de

Clermont-Ferrand, M. Juppé iro-nisait : « Vous imaginez, parexemple, un ministre des affairesétrangères socialiste et un secré-taire d’Etat aux affaires euro-péennes communiste ? » Cinqjours après l’appel de Valéry Gis-card d’Estaing pour « gouvernerautrement » (Le Monde du 9 mai),cette réunion publique avait étéparfaitement cadrée pour démon-trer à quel point, par delà les pe-tites phrases, la majorité sortante

pouvait être unie dans sa diversi-té. Tandis que l’ancien présidentde la République s’employait os-tensiblement à porter lui-mêmeun verre d’eau à M. Juppé, deboutà la tribune, le premier ministrerépondait dans un sourire : « Gou-verner autrement, c’est à coup sûrrenouveler les équipes, mais c’estsurtout changer et moderniser lescomportements et les méthodesdans une société d’initiative et departage. (...) C’est remplacer la bu-reaucratie et le dirigisme par la

proximité et la participation. » Augrand contentement du présidentdu conseil régional d’Auvergne,M. Juppé rappelait encore la pro-position de la coalition RPR-UDFde transférer davantage de pou-voirs aux régions, notamment enmatière de formation profession-nelle. Surtout, il annonçait uneréforme, avant les prochainesélections régionales, instituant unmode de scrutin calqué sur celuides municipales dans le cadred’une circonscription régionale.

M. Giscard d’Estaing en levait lesbras au ciel.

En Lorraine, l’actuel présidentde la République était la cible duleader du PS, avec une véhé-mence à laquelle il n’a guère re-couru depuis le début de la cam-pagne. « Le président de laRépublique est intervenu d’une fa-çon extrêmement partisane. On aeu l’impression de lire le tract decampagne d’un élu moyen du RPRet de l’UDF », a affirmé M. Jospin,avant d’ajouter que Jacques

Chirac se comporte en « chef decampagne de la droite, puisquecelle-ci ne se reconnaît plus enAlain Juppé ».

Reprenant la formule deM. Chirac, selon laquelle il avait« soldé l’ardoise » des socialistes,M. Jospin a lancé : « Nous aurionspréféré que le président de la Ré-publique n’efface pas d’un coup dechiffon désinvolte les promessesqu’il a faites en 1995 ». L’anciencandidat à l’élection présiden-tielle a assuré qu’une reconduc-tion de la majorité aboutirait à« une austérité accrue », à « l’ac-caparement des pouvoirs » – parune « mainmise sur l’Etat et sur lesentreprises nationalisées qu’on vaprivatiser avec des amis du RPR » –et à « l’étouffement des affaires ».M. Jospin a aussi ironisé sur lesdivisions de la majorité, en faisantressortir les différences existantsur la monnaie unique entreM. Juppé et M. Pasqua, ou sur lerôle de l’Etat entre M. Madelin etM. Séguin, une personnalité qui,a-t-il dit, « continue à faire des dis-cours sans peser le moins dumonde ».

La confrontation continue,mais toujours à distance : M. Jos-pin devait succéder à M. Juppé,mardi, à Clermont-Ferrand. Iln’est pas question d’un dialoguede fond, du moins avant le pre-mier tour des élections législa-tives. Interrogé à ce propos, leprésident du RPR l’a regretté :« J’aurais été ravi d’être à côté deFrançois Léotard et de RobertHue »...

Michel Noblecourt et Jean-Louis Saux

Divergences sur l’ampleur d’une hausse de la CSG ALAIN JUPPÉ a confirmé, lundi 12 mai, au cours

d’une conférence de presse tenue en tant que chefde la majorité sortante, qu’il souhaitait poursuivre laréforme du mode de financement de l’assurance-maladie, afin qu’elle repose moins sur les revenus dutravail et davantage sur ceux du capital et les pen-sions de retraites. Le président du RPR estime qu’encas de victoire de la droite, il faudrait remplacer « unpeu plus de 2 points » de cotisation salariale maladie(actuellement 5,5 % du salaire brut) par une haussede la contribution sociale généralisée (CSG). Le pro-chain gouvernement continuerait ainsi l’élargisse-ment de l’assiette du financement de la « Sécu » qui,en application du plan Juppé, s’est déjà traduit, le1er janvier 1997, par la substitution de 1 point de CSGà 1,3 point de cotisation maladie.

M. Juppé estime que ce transfert devrait se faire« très rapidement », accréditant l’idée qu’elle inter-viendrait avant l’automne, en cas de victoire de lamajorité sortante. Si la modification de la cotisationmaladie est d’ordre réglementaire, la hausse de laCSG doit être votée par le Parlement. On ne feracertes pas rêver les Français avec une telle opéra-tion, mais celle-ci se traduirait, selon l’actuel pre-mier ministre, par une sensible progression du pou-voir d’achat des salaires (0,9 % pour 2,5 points decotisation maladie en moins). M. Juppé estime qu’en

portant ainsi la CSG (3,4 % actuellement) à un ni-veau compris entre 5 % et 6 %, on atteindrait les li-mites du possible, « compte tenu de l’assiette de laCSG, qui frappe l’ensemble des revenus », et notam-ment ceux de l’épargne.

Le PS propose, lui, un basculement complet de lacotisation maladie sur la CSG, qui serait étendue àd’autres revenus et dont le taux serait porté à 7,9 %,mais avec un abattement à la base de 2 000 francs.Une telle mesure « n’est pas raisonnable », estimeM. Juppé, car elle aurait « des effets pervers sur lesplus défavorisés ». Ces affirmations ont été démen-ties par Lionel Jospin, qui affirme que ce transfertentraînerait une hausse du pouvoir d’achat des sala-riés et profiterait à « l’immense majorité des retrai-tés ». Le premier secrétaire du PS va devoir explicitertechniquement cette réforme. Il devra aussi diredans quel sens il entend « modifier progressivementl’assiette d’une partie des cotisations patronales »,tous les rapports publiés ces vingt dernières annéesayant mis en lumière les risques et la difficulté d’unetelle réforme. La mission d’expertise confiée parM. Juppé à Jean-François Chadelat, directeur duFonds de solidarité vieillesse, se heurte aux mêmesdifficultés.

Jean-Michel Bezat

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LeMonde Job: WMQ1405--0011-0 WAS LMQ1405-11 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:20 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0528 Lcp: 196 CMYK

L E S É L E C T I O N S L É G I S L A T I V E S D U 2 5 M A I E T D U 1e r J U I N LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 11

Les « préfets sanitaires »gagnent 600 000 francs par anLA CGT A DÉCIDÉ de rendre publics les salaires des directeurs desagences régionales de l’hospitalisation, qu’elle juge « scandaleusementélevés ». Le directeur de l’agence d’Ile-de-France gagne 1 130 323 francsbruts par an, celui de Rhône-Alpes 800 000 francs et celui de Provence-Alpes-Côte d’Azur 680 000 francs. Les salaires suivants tournent autourde 600 000 francs. Le poste le moins bien rémunéré est celui deFranche-Comté (425 000 francs).Au ministère des affaires sociales, on indique que les salaires versésaux directeurs de ces groupements d’intérêt public, qui ont la difficiletâche de restructurer le tissu hospitalier (Le Monde du 5 septembre1996), correspondent à leurs rémunérations antérieures. Pour les hautsfonctionnaires, ils ne sont pas plus élevés : ils font seulement appa-raître le montant de la prime – d’ordinaire occulté – intégré à leur ré-munération.

DÉPÊCHESa MINISTRES : le Mouvement des citoyens propose que les forcesde gauche, si elles remportent les élections législatives, concluent un« contrat de gouvernement, approuvé par la nouvelle Assemblée natio-nale ». Le parti de Jean-Pierre Chevènement a indiqué, le 12 mai,qu’« on ne peut pas dire à la fois, comme le PS, que Maastricht est dépas-sé, et, comme Michel Rocard, qu’il n’y a rien à négocier sur l’Europe ».a GAUCHE : Charles Fiterman, ancien ministre communiste destransports, a déclaré, lundi 12 mai, à Lyon, que, « si la gauche gagne, le« scénario ne sera pas celui de 1981, mais plutôt celui de 1936 ». « Il nefaut jamais tout attendre du gouvernement », a souligné l’animateur dela Convention pour une alternative progressiste (CAP), qui se réjouitde voir « mûrir » le « mouvement social ».a FÉDÉRALISTES : le président du Parti fédéraliste, Jean-PhilippeAllenbach, appelle « tous ses électeurs à voter pour les candidats duMouvement écologiste indépendant » d’Antoine Waechter. En l’absencede candidat du MEI, le Parti fédéraliste recommande « tout sauf un eu-rotrouillard ».a EXTRÊME GAUCHE : porte-parole de la Ligue communiste révo-lutionnaire, Alain Krivine a appelé, lundi 12 mai, « à battre la droite aupremier tour et à voter au second tour sans illusion pour la gauche tradi-tionnelle ». « Nous ne nous ferons pas avoir comme en 1981, a-t-il ajouté,en soulignant le « décalage entre un nouveau mouvement social radicalet imaginatif et une gauche traditionnelle qui avance comme un glacier ».a RADIO-TÉLÉVISION : les formations politiques programméesmardi 13 mai, dans le cadre de la campagne officielle à la radio et à latélévision, devaient être l’UDF, le PS, Initiative républicaine, Généra-tion Ecologie et les Nouveaux Ecologistes rassemblement nature etanimaux. Mercredi, ce seront le RPR, le PS, le MDC, le PCF, Solidaritérégions écologie et le Parti de la loi naturelle.a FRANCS-MAÇONS : le Droit humain, obédience maçonnique in-ternationale, a élu, pour la première fois depuis sa création en 1893,un grand maître non francophone, Njörour P. Njarovik, professeur delittérature à l’université d’Islande, en remplacement de Marc Grosjean.Le Français Léon Nisand a été élu grand maître adjoint de cette obé-dience qui compte 24 000 membres dans soixante-dix pays.a PATRONAT : le CNPF préconise, dans la dernière lettre men-suelle de sa commission des affaires économiques, une réforme del’Etat qui représente « une vraie rupture ». Il réclame, dès 1997, la sup-pression de tout cumul des mandats nationaux et locaux exécutifs, lasuppression des financements croisés associant l’Etat et les collectivi-tés locales, la réforme du ministère des finances et la publication d’in-dicateurs sur la qualité du fonctionnement des services publics.

Une « taupe » candidate contre Jean TiberiIL EST un des vingt-huits can-

didats qui défient Jean Tiberi dansson fief du 5e arrondissement. Sonthème de prédilection est une at-taque en règle des petits privi-lèges et des grosses combines quipèsent sur le fonctionnement dela mairie de Paris. « A la différenceque moi, je connais le système del’intérieur et que Tiberi ne peut pasm’en raconter », affirme ChistianLançon. Sa candidature aux légis-latives coïncide avec la parutionde son premier livre, aux éditionsLes Belles Lettres, intitulé Unetaupe chez Chirac. Le sous-titreprécise : La vie secrète de la mairiede Paris.

« Je n’avais pas prévu au départ

d’être candidat, mais mon manus-crit, refusé par plusieurs éditeurs,s’est révélé si dérangeant que j’aidécidé de déranger jusqu’aubout », explique cet ancien jour-naliste, employé pendant huit anspar la Ville. Commencée par l’ins-pection des femmes de ménage,sa brève carrière s’est achevée parle service logement, où il a eu ac-cès aux documents relatifs au do-maine privé de la Ville. Il fut ainsià l’origine des révélations qui, en1995, ont contraint Alain Juppé àquitter son appartement de la rueJacob, en échange d’un classe-ment de la procédure engagée parl’Association pour la défense descontribuables parisiens sur l’attri-

bution, à son propre fils, d’un lo-gement de la ville. M. Lançon, en-tendu par un service de police,avait fourni un témoignage déter-minant selon lequel M. Juppé,alors adjoint aux finances de laVille, disposait seul du pouvoir dedécision dans la fixation desloyers.

D’une plume trempée dans levinaigre, il décrit aussi le trafic devidéos pornographiques, l’acti-visme d’une officine monarchisteet « la collecte de mallettes de bil-lets ». Son livre raconte aussi sonamitié pour Guy Grall, agent dufisc, mort, selon lui, pour s’êtreattaqué à des fraudeurs bien in-troduits dans les milieux poli-

tiques. C’est lui, précise-t-il, quil’a décidé à pénétrer l’administra-tion parisienne dans le but d’y dé-couvrir des documents révéla-teurs de ses secrets.

Son programme de candidat serésume à la mise sous tutelle pré-fectorale, pendant un an, de l’Hô-tel de Ville, qu’il estime « en ces-sation de moralité, comme il y acessation de paiement ». Une foisl’ordre remis, sous le contrôled’une commission indépendante,il propose de procéder à de nou-velles élections municipales...dans le but avoué d’évincer JeanTiberi.

Pascale Sauvage

Jean-Marie Le Pen critique à Bordeauxles choix politiques de « Juppin »

Le président du Front national promet à son parti qu’il aura un jour trois cents députésLors d’un meeting organisé lundi 12 mai à Bor-deaux, Jean-Marie Le Pen a concentré ses at-taques contre Alain Juppé, surnommé « Juppin »

au motif qu’il mènerait la même politique quecelle que préconise Lionel Jospin. Le président duFN a scruté l’avenir pour promettre à ses partisans

qu’ils obtiendront un jour « trois cents » sièges àl’Assemblée nationale, peut-être après une élec-tion présidentielle anticipée, a-t-il expliqué.

BORDEAUXde notre correspondante

Jean-Marie Le Pen était à Bor-deaux, lundi 12 mai, pour soutenirles candidats de son parti en Aqui-taine et Poitou-Charentes. Pour-tant, cette rencontre avec plus demille cinq cents militants ou sym-pathisants – dont beaucoup depersonnes âgées – ressemblait àun meeting de campagne prési-dentielle. Aphorismes et petitesphrases ont ponctué le discoursdu président du Front national,qui a duré une heure et demie. Lepremier ministre, maire de Bor-deaux, qualifié de « cumulard »,« duc de Bordeaux » ou « héritierde Jacques Chaban-Delmas », a étéla cible privilégiée de M. Le Pen.

Le chef de l’extrême droite ataillé en pièces le bilan du gouver-nement de M. Juppé, surnommé« Juppin », car « Jospé ou Juppin,

tout cela, c’est interchangeable ».« M. Juppin est un mauvais gestion-naire, a-t-il lancé. On nous dit quel’héritage date de deux ans mais,avant Juppé, il y avait Balladur. LeRPR et l’UDF ont gouverné pendantsix ans. Ils ont fait pire que les so-cialistes : ce sont des tricheurs, destraîtres à leurs idées, des menteurset des truqueurs. » Interpellant lechef du gouvernement sur sa poli-tique de l’emploi, M. Le Pen a dé-claré : « La méthode que vous re-prochez aux socialistes, vous l’avezcomplètement utilisée ! »

Au « Club de la presse » d’Eu-rope 1, dont il était l’invité lemême jour, M. Le Pen a déclaréqu’il préférerait une victoire de lagauche à une victoire de la droite,car cela « paralyserait » le projetdu président de la République de« dissoudre la France dans l’Europede Maastricht ». Selon le président

du Front national, « la clientèle deM. Jospin » comprendrait un grandnombre de fonctionnaires qui, bé-néficiant du principe de la préfé-rence nationale pour l’emploi,sont « plus vulnérables aux consé-quences de Maastricht que ne l’estla clientèle de la majorité ». « Sil’on entre plus profondément dansla politique de Maastricht, [cesfonctionnaires] vont perdre cetteprotection, a-t-il dit. Il exercerontdonc une pression plus forte sur legouvernement socialiste. »

PRÉSIDENTIELLE ANTICIPÉEA Bordeaux, ce n’est qu’à la fin

de son discours que le présidentdu Front national a semblé sepréoccuper du soutien à ses can-didats. Il a prédit un raz-de-maréelepéniste, pas forcément pourcette-fois-ci, mais peut-être aprèsune élection présidentielle antici-

pée. Alors, a-t-il affirmé, « onpourra très bien avoir trois cents[députés Front national] ».

Tandis que M. Le Pen rêvait ain-si tout haut, environ deux centspersonnes manifestaient à Lor-mont, dans la banlieue de Bor-deaux, et autant dans le centre-ville, pour protester contre sa ve-nue et montrer leur oppositionaux idées qu’il propage. Le pre-mier rassemblement était organisépar plusieurs associations et syn-dicats (Ras l’Front, SUD, le Collec-tif antifasciste, etc.), le second parla CGT. Des interpellations ont eulieu, plusieurs heures après la findes manifestations, quand unecinquantaine de personnes, re-groupées près de la statue deJeanne-d’Arc, ont refusé de se dis-perser.

Claudia Courtois

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S O C I É T ÉLE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

Le dispositif légalb Hospitalisation sur demanded’un tiers. La loi du 27 juin 1990,relative aux droits et à laprotection des personneshospitalisées en raison de troublesmentaux et à leurs conditionsd’hospitalisation, stipule(article L-133) : « Une personneatteinte de troubles mentaux nepeut être hospitalisée sans sonconsentement à la demande d’untiers que si : 1. ses troubles rendentimpossible son discernement ; 2. sonétat impose des soins immédiatsassortis d’une surveillanceconstante en milieu hospitalier. »La demande d’admission peut êtreprésentée « soit par un membre dela famille du malade, soit par unepersonne susceptible d’agir dansl’intérêt de celui-ci (...) ». Elle est« accompagnée de deux certificatsmédicaux », le premier devant êtreétabli par « un médecin n’exerçantpas dans l’établissement accueillantle malade ». L’admission peut êtreprononcée au vu d’un seulcertificat, « à titre exceptionnel eten cas de péril imminent pour lasanté du malade ». Dans lesvingt-quatre heures suivantl’hospitalisation, le maintien àl’hôpital est confirmé ou infirmépar un nouveau certificat. Descopies de tous ces documentsdoivent être adressées au préfetdans les trois jours. La levée de

l’hospitalisation s’effectue surdemande d’un tiers ou faute d’unnouvel examen circonstancié dansles douze à quinze jours suivantl’admission.b Hospitalisation d’office.L’article L-342 de la loi prévoit :« A Paris, le préfet de police et,dans les départements, les préfetsprononcent par arrêté, au vu d’uncertificat médical circonstancié,l’hospitalisation d’office (...) despersonnes dont les troublesmentaux compromettent l’ordrepublic ou la sûreté des personnes.(...) Les arrêtés préfectoraux sontmotivés (...). »Une procédure d’urgence estprévue (article L-343) : « En cas dedanger imminent pour la sûreté despersonnes, attesté par un avismédical ou, à défaut, par lanotoriété publique, le maire et, àParis, les commissaires de police,arrêtent à l’égard des personnesdont le comportement révèle destroubles mentaux manifestes toutesles mesures provisoires nécessaires,à charge d’en référer dans lesvingt-quatre heures au préfet, quistatue sans délai et prononce, s’il ya lieu, un arrêté d’hospitalisationd’office. » Un nouveau certificatest établi dans les quinze jours,puis un mois après l’entrée dumalade, et ensuite au moins tousles trois mois. La sortie est acquisefaute de décision préfectoraledans les délais prescrits.

Le CPOA de Sainte-Anne fait office de gare de triage des urgencesDANS la vaste salle d’attente

agrémentée de quelques plantesvertes, deux infirmières écoutent,autour d’une table, les doléancesd’une petite grand-mère venue ac-

compagner son mari. De toute évi-dence, l’homme ne souffre pas demaladie mentale. « Sans doute sonépouse ne se sent-elle plus la forcede s’occuper de lui », suppose ledocteur Marie-Jeanne Guedj, res-ponsable du service de consulta-tion psychiatrique d’orientation etd’accueil (CPOA) de l’hôpitalSainte-Anne à Paris. « Comme c’estsouvent le cas, cette dame ne tientpas à abandonner son mari à l’hôpi-tal psychiatrique. Elle a avant toutbesoin de conseils. Dans ce cas pré-cis, nous avons repris contact avec lemédecin de famille pour voir aveclui quelle action il est possible d’en-visager pour aider à la prise encharge du mari tout en évitant sonhospitalisation. »

Chaque année, onze mille per-sonnes prennent conseil auprèsd’un psychiatre du CPOA et,

contrairement à une idée reçue, lamajorité y vient volontairement :seuls 15 % des consultants sont en-suite hospitalisés sous lacontrainte à la demande d’un tiers,« parce que l’état mental du patientne lui permet pas de juger de l’op-portunité des soins », précise le doc-teur Guedj. S’il est installé au seinde l’hôpital Sainte-Anne, le CPOAn’en constitue pas pour autant sonsas d’entrée. Il apparaît plutôtcomme une sorte de gare de triage,où infirmiers et psychiatresécoutent les souffrances d’un pa-tient avant de décider de l’hospita-liser – on ne dit plus interner –, del’orienter vers un service ambula-toire, ou simplement de le rassurersur son état mental. « Le principeest d’obtenir le consentement dumalade, poursuit Marie-JeanneGuedj, et d’arriver à une hospitali-sation libre. »

Il n’y a guère que dans le cas deshospitalisations d’office (HO) quel’avis du patient n’est pas systéma-tiquement pris en compte. « La loiest claire, les HO sont possibles uni-quement lorsque l’état du maladecompromet l’ordre public et repré-sente un danger pour la sécuritéd’autrui », explique le docteurGuedj. Le CPOA de Sainte-Anne ad’ailleurs rarement à se prononcersur ces cas. Un service dépendantde la préfecture de police de Paris,

installé dans l’enceinte du centrehospitalier, gère la quasi-totalitédes demandes de HO. Le CPOA,pour sa part, se consacre au tout-venant de l’urgence psychiatrique :petites dépressions, tentatives desuicide ou cas pathologiques pluslourds.

« UN MOMENT DE RUPTURE »« Notre but n’est pas d’obtenir

une hospitalisation à toute force,souligne Mme Guedj. Nous sommeslà pour tenter de tirer tous les filsd’une situation embrouillée qui aconduit à un état pathologique.L’entretien avec le malade et avecson entourage nous permet d’éva-luer la situation et le mode decommunication de la famille. Sinous estimons que l’hospitalisationn’est pas nécessaire, nous proposonsune autre modalité d’accès auxsoins. La non-hospitalisation ne si-gnifie pas un refus de prise encharge. Il existe aujourd’hui suffi-samment de structures en dehors del’hôpital. »

Dans la grande majorité des cas,une écoute attentive et quelquesconseils permettent de « rassurer »le consultant. « Son arrivée dansnotre service intervient toujours à unmoment de rupture – sentimentale,professionnelle ou de soins –, quipousse à l’éclatement de la crise »,raconte Marie-Jeanne Guedj. Un

médecin de famille absent, un télé-phone qui ne répond pas, des re-pères qui disparaissent pour uneraison ou pour une autre et l’on seretrouve aux portes du CPOA. « Iln’est pas rare que des adolescentsconsultent pour simplement être ras-surés sur leur état mental, confie lepsychiatre. Il suffit qu’ils se sententdifférents pour se croire fous. »

Parfois, les psychiatres ont à af-fronter des cas plus lourds, où lapathologie est clairement identi-fiée. « C’est là qu’il faut essayer deconvaincre de l’utilité d’une hospita-lisation, reprend Mme Guedj. Nousremettons à plat ce qui se passe et cequi s’est passé dans l’histoire du pa-tient pour tenter d’y remettre del’ordre. » Mais, crainte du « qu’en-dira-t-on » ou refus d’affronter laréalité de la maladie mentale, iln’est pas toujours facile d’obtenirl’accord du malade ou de sa fa-mille. Ce jour-là, contre l’avis dupsychiatre qui vient d’examinerson fils de dix-sept ans, une mèrerefuse l’hospitalisation. « Nous nepouvons évidemment rien imposer,conclut Marie-Jeanne Guedj, maisl’expérience montre que la famillerevient quelques jours plus tard,lorsqu’elle a pris conscience qu’ellene parviendra pas à résoudre seulele problème. »

Acacio Pereira

REPORTAGEL’entretienpermet d’évaluersi l’hospitalisationest nécessaire

Une évaluationpluridisciplinaire

Le groupe national d’évaluationprésidé par Hélène Strohl, inspec-teur général des affaires sociales,comptait cinq représentants desinstitutions (Christian Bonal, de ladirection des hôpitaux, NathalieRiomet et Daniel Solana, du mi-nistère de la justice, FrançoiseChaponeau, du ministère de l’in-térieur, Gérard Massé, de la mis-sion nationale d’appui en santémentale), un infirmier général(François Mousson), un directeurd’hôpital (Jacques François), unpraticien hospitalier (Annie Ra-mon), un médecin généraliste (Eli-sabeth Maurel-Arrighi), deux psy-chiatres libéraux (Alain Guinaudet Jacques Bricout), un médecininspecteur de la santé (ChristineBouvier), cinq représentants dumilieu associatif (Patrice Butel, duGIA, Henri Lachaussée, de l’Una-fam, Josée Chineau, de Rhésus,Jacques Lombard et Patricia Gof-faux, de la FNAP-Psy), et deuxrapporteurs (Jean-Claude Chasta-net et Martine Clémente, de laDGS).

Une amorce de dialogue entre patients et institution« EST-ON SÛR que c’est dans l’intérêt du soin

qu’on maîtrise, à quatre blouses blanches, celuiqui est terrorisé pour lui injecter des neurolep-tiques, celui qui a la terreur de la destruction deson cerveau et de son identité ? Commentcompte-t-on élaborer ce qu’on appelle une al-liance thérapeutique avec quelqu’un qu’on a at-taché à un lit et qui a eu la terreur d’en mourir ? »Patricia Goffaux, représentante de la Fédérationnationale des associations d’(ex)patients psy(FNAP-psy) au sein du groupe d’évaluation, necache pas son scepticisme.

« Notre présence n’était pas simple, raconte-t-elle, l’ambiance était très tendue, j’avais l’impres-sion d’être devenue une syndicaliste ! » Selon lajeune femme, rompue aux allers et retours enpsychiatrie, le groupe de travail sur l’hospitali-sation sous contrainte était « plein de bonnes in-tentions » mais « hors sujet ». « On nous a repro-ché un point de vue trop émotif », confie-t-elle,ajoutant que « l’on sait encore trop peu dechoses » et qu’« on sera donc incapable de pré-

voir les conséquences » d’une révision législative.Elle se réjouit pourtant de « la disparition pro-grammée de l’infirmerie de la préfecture de policede Paris », réservée aux personnes hospitaliséesd’office sur arrêté préfectoral.

« L’ASILE AUX ALIÉNÉS »Selon Mme Goffaux, le dialogue avec le milieu

associatif est devenu aujourd’hui « une modemédicale ». Dès 1909, les malades de l’hôpitalSainte-Anne tentèrent de former une associa-tion amicale des aliénés dont la devise devaitêtre « l’asile aux aliénés ». S’il ne date pas d’hier,le partenariat entre institutions et usagers atout récemment été renforcé avec la réforme dela Sécurité sociale et l’entrée des représentantsdes malades au sein des conseils d’administra-tion des hôpitaux.

Les quatre associations présentes lors del’évaluation n’ont pas toutes, loin s’en faut, lamême sensibilité. « Le Groupe informations asile(GIA) est beaucoup plus ancien et professionnel

que nous, dit Patricia Goffaux, il dispose d’uneexpérience politique et syndicale. » Le GIA, créévoici près de trente ans par des médecins, s’in-téresse essentiellement à la dénonciation desinternements abusifs. La FNAP-psy se situe plussur le terrain de la réflexion et de l’entraide.Rhésus, quant à elle, paraît plus proche de l’ins-titution médicale.

Toutes trois ont un discours virulent sur lesmédicaments. Le rapport d’évaluation de la loide 1990 indique à cet égard que les usagers par-tenaires « préfèrent une législation qui interdi-rait, sauf danger de mort, d’administrer un traite-ment sans le consentement du malade », pendantla période d’observation de soixante-douzeheures. « La discussion avec les usagers nous apris la moitié du temps, nous a confié le docteurGérard Massé. Nous avons travaillé sous une vigi-lance constante et une pédagogie mutuelle a pu semettre en place. »

L. F.

LES CONCLUSIONS du groupenational d’évaluation de la loi du27 juin 1990 sur les personnes hos-pitalisées en raison de troublesmentaux risquent de faire desvagues. Mercredi 14 mai, les dixpropositions de réforme de cettecommission pluridisciplinaire se-ront soumises aux experts réunispar le Psy Com 75 à la Maison dela Mutualité, à Paris. Pilotée par ladirection générale de la santé(DGS), cette évaluation, prévuepar la loi dans les cinq ans suivantsa promulgation, a eu lieuentre octobre et décembre 1996 àpartir des bilans des 96 commis-sions départementales des hospi-talisations psychiatriques (CDHP)de France.

Delphine Antoine, chercheuseau service des statistiques, desétudes et des systèmes d’informa-tion (SESI), rappelle, dans unconstat provisoire, que « les hospi-talisations sous contrainte, sur de-mande d’un tiers ou d’office, majo-ritaires jusqu’à la fin des années 70,ne concernaient plus, en 1995, que12 % des entrées en hospitalisationen psychiatrie générale ». 51 290hospitalisations sans consente-ment ont au total été prononcéesen France métropolitaine en 1995,dont 43 867 à la demande d’untiers (23 % en procédure d’ur-gence, au vu d’un seul certificatmédical) et 7 423 d’office, par arrê-té préfectoral (60 % des arrêtésétaient précédés d’une mesured’urgence provisoire du maire, ou,à Paris, du commissaire de police).

Selon le SESI, depuis 1988, « lapart relative des hospitalisationssans consentement reste stable ». Laspectaculaire tendance à la haussedu nombre des hospitalisationssur demande d’un tiers (HDT) etdes hospitalisations d’office (HO)– respectivement + 94 % entre 1980et 1995 et + 48 % entre 1980 et 1988– ne reflète pas le nombre de per-sonnes admises en psychiatriesans leur accord. Il faut en effetcompter avec les réadmissions etcette évolution doit être corrélée àl’augmentation du volume globaldes hospitalisations psychia-triques (+ 21 % de 1988 à 1995) et àla baisse de la durée moyenne desséjours (40 jours en 1995, cinqmois et demi en 1975, neuf mois etdemi en 1965).

PRÉVENIR LES ABUSSoucieux d’« avancer pas à pas

dans un domaine par nature anxio-gène, où les réflexes sécuritaires sontexacerbés et où les positions idéolo-giques constituent un repli facile »,les membres du groupe insistentfortement sur le caractère sani-taire de la législation. « Même si laloi de 1990 a été injustement taxéede toilettage de la loi [du 30 juin]1838 [sur les aliénés], écrivent lesrapporteurs, force est de constaterqu’elle n’empêchait pas le cas,peut-être théorique, mais possible,de l’enfermement pour un compor-tement qui dérangerait l’opinionpublique. »

Le projet de réforme, dont laversion finalisée sera soumise au

prochain Parlement, se veut hu-maniste, apte à prévenir les abus.Le groupe propose ainsi, concer-nant les HO, de « supprimer le mo-tif de troubles mentaux entraînantun comportement qui troublel’ordre public, jugeant cette notiond’appréciation conjoncturelle ». Ilest mentionné au passage que lesreprésentants des ministères de lajustice et de l’intérieur n’ont pasapprouvé une telle révision.

Le docteur Gérard Massé,membre du groupe de travail,nous a précisé, lundi 12 mai, que« les soins obligatoires ne sont pasun problème d’ordre sécuritaire ».

Dénonçant « certaines habitudeslocales » et un emploi par lesmaires des HO « allant au-delà dela pathologie et de la souffrance »,il ajoute qu’« en pratique, notam-ment dans les grandes villes, uneHO ou une HDT n’est pas détermi-née par rapport à sa définition lé-gale mais en fonction de l’absenceou non d’entourage ».

« Il n’y a pas toujours de limiteclaire entre danger pour soi et dan-ger pour autrui, souligne le rapportd’évaluation, les pathologies en HOet en HDT se ressemblent (...), lestatut d’HO est actuellement stig-matisant (...), le régime d’HDT est

souvent inapplicable faute de pou-voir mobiliser un tiers ou alors ils’agit d’un “faux proche”, tiers re-quis par l’hôpital. » Les expertssouhaitent donc instaurer « unseul régime d’hospitalisation sansl’accord du malade », qui seraitcalqué, à l’entrée, sur la procéduredes HO et, à la sortie, sur celle desHDT.

« UNE SORTE DE SAS »Une période d’observation

préalable, de soixante-douze heures au maximum – etqui serait aussi une « période desoins » –, est envisagée avant touteprise de décision. Elle pourraits’effectuer « dans un service adap-té à recevoir les urgences psychia-triques et équipé pour recevoir desmalades hospitalisés sans leurconsentement », note le rapport.« Il s’agirait d’une sorte de sas, quidonne le temps de voir, dans lecadre des soins d’urgence », ré-sume le docteur Massé.

La suppression du fameux« deuxième certificat » imposé parla loi de 1990 est également pro-grammée, au bénéfice d’un seulavis médical circonstancié. Cer-tains psychiatres, dont le profes-seur Jean-Pierre Ollié (hôpitalSainte-Anne, Paris), s’inquiètentde voir réapparaître les « caba-nons », ces « quartiers d’agités »installés dans les hôpitaux géné-raux au début du siècle pour ac-cueillir les malades en crise. Ledocteur Massé rétorque que « lesurgences psychiatriques font désor-mais partie intégrante des urgencesmédicales à l’hôpital général », quisavent accueillir ce type de pa-tients et disposent de « lits deporte ». Le régime unique envisagépar l’expertise impliquerait uneextension des prérogatives préfec-torales : il comprendrait « une en-trée en hospitalisation sans l’accorddu malade, après la période d’ob-servation (...), sur arrêté du préfet »et « une sortie sur décision du di-recteur d’hôpital, sur proposition dumédecin hospitalier ». Les préfetsdevraient, dans cette hypothèse,examiner et signer près de 50 000mesures d’hospitalisation par an.Le représentant du ministère del’intérieur a plaidé, de son côté,pour laisser au préfet le pouvoirde régir l’entrée comme la sortiedes personnes internées.

Parce que les structures asilaireséclatent et se disséminent dans lesvilles, le groupe de travail pré-conise d’assurer une continuitédes soins hors les murs. Les traite-

ments non consentis « doiventpouvoir être dispensés au plusproche du milieu de vie des ma-lades, de manière à favoriser leurréinsertion », expliquent les éva-luateurs. Les sorties d’essai, auto-risées par la loi sous certainesconditions, pourraient alors êtreremplacées par « une alternativede soins ambulatoires obligatoires »pour les malades déjà hospitaliséssans consentement. Seuls les pa-tients pour lesquels « il est néces-saire de tester au préalable la capa-cité de vivre à l’extérieur de lacontrainte hospitalière ou du sec-

teur » seraient encore soumis aurégime des sorties à l’essai.L’agresseur de Philippe Douste-Blazy à Lourdes bénéficiait decette formule.

Le dispositif élaboré par legroupe national d’évaluation est« réformable en fonction de l’évolu-tion de la discipline et des modes deprise en charge », concluent lesrapporteurs. Nul doute que lajournée du 14 mai lui apporterason lot de critiques et d’amende-ments.

Laurence Folléa

Les experts souhaitent une révision des internements psychiatriquesLe groupe d’évaluation de la loi de 1990 sur les droits des malades mentaux hospitalisés sans leur consentement préconise la suppression du motif

de « trouble de l’ordre public ». Il se prononce pour un régime unique d’hospitalisation, où toutes les entrées s’effectueraient sur arrêté préfectoral

HÔPITAUX Le groupe nationald’évaluation de la loi du 27 juin1990 sur les droits des malades hos-pitalisés en raison de troubles men-taux doit rendre publics, mercredi

14 mai, les résultats de ses travaux.b LES EXPERTS préconisent une ré-forme législative des hospitalisa-tions sous contrainte. Ils souhaitentnotamment supprimer le recours au

motif d’« ordre public » pour l’in-ternement d’office et créer unepériode d’observation préalable desoixante-douze heures. Environ50 000 admissions ont été pronon-

cées en France métropolitaine en1995. b LA PARTICIPATION à la ré-flexion des représentants des pa-tients témoigne, selon certains,d’une tendance « à la mode » .

b À L’HÔPITAL SAINTE-ANNE, à Paris, environ 15 % des consultantssont hospitalisés à la demande d’untiers. Les psychiatres recherchentchaque fois leur consentement.

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S O C I É T É LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 13

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Michel Charassene sera pas entendu

L’ancien ministre du budgetMichel Charasse, fidèle soutiende M. Tapie à l’époque des faits,ne sera pas entendu comme té-moin. Le tribunal a rejeté la de-mande déposée en ce sens parl’une des parties civiles, l’ancieninspecteur de police AntoineGaudino. Le président Richartéa indiqué avoir reçu, le 2 mai,une lettre de M. Charasse affir-mant ne pas être « concerné »par cette affaire. Il précisait, enoutre, qu’il serait retenu, les 12et 13 mai, par une session duconseil général du Puy-de-Dôme. Le tribunal, qui s’estpourtant donné jusqu’au 30 maipour examiner les comptes del’OM, a jugé « valable et légitimel’excuse de M. Charasse ». Lundi,il a aussi été question des an-ciens gardes des sceaux MichelVauzelle et Henri Nallet. M. Ta-pie a tenu à préciser qu’il n’avaitbénéficié d’aucune protectionde leur part.

Bernard Tapie récusetout soupçon de corruptiondans les comptes de l’OMSa défense a soulevé une exception de nullité

MARSEILLEde notre envoyé spécial

« Corruption »... Il fallait bienque quelqu’un prononce le mot. Ilfallait bien qu’un prévenu, un

avocat ou unmagistrat leplace d’entréede jeu au cœurdes débatspuisqu’il étaitdit que lesoupçon desmatchs de

football truqués planerait, quoiqu’il advienne, sur ce procès.« Corruption », sujet promis, sujetdû. C’est en fait l’un des défen-seurs de Bernard Tapie, Me Jean-Yves Lienard, qui a pris l’initiatived’en parler, dès la première jour-née d’audience, lundi 12 mai, de-vant le tribunal correctionnel deMarseille. En milieu d’après-midi,alors que le président Guy Richar-té venait d’appeler M. Tapie à labarre pour lui faire préciser quel-ques éléments biographiques– nom, âge, profession, situationde famille, revenus actuels –,Me Lienard est passé à l’offensive.Une manière d’afficher la détermi-nation de son client sur ce thèmesensible.

Il a d’abord rappelé une évi-dence : du strict point de vue judi-ciaire, l ’ancien président del’Olympique de Marseille n’est paspoursuivi pour corruption. Pasplus, du reste, que les dix-neufautres prévenus. Certes, il lui estreproché divers délits – abus debiens sociaux, faux et usages defaux –, mais pas d’avoir corrompudes joueurs ou des arbitres. Autre-ment dit, même si Bernard Tapie aété condamné à huit mois d’em-prisonnement ferme dans l’affairedu match Valenciennes-OM, il nefaut pas se tromper de dossier.Dans le Nord, il avait été questiond’« enveloppes » pour que des ad-versaires « lèvent le pied ». A Mar-seille, il faudra s’en tenir auxcomptes de l’OM, rien qu’auxcomptes de l’OM, c’est-à-dire aux101 millions de francs qui auraientété détournés entre 1987 et 1993.

« PARTIALITÉ »Dans ces conditions, pourquoi

parler de « corruption » ? Parceque le juge d’instruction lui-mêmen’avait pas hésité à le faire dansson ordonnance de renvoi du13 décembre 1996. Pierre Philiponaffirmait en effet que l’argentavait notamment servi à « gagner,quel qu’en soit le prix ». Si l’on encroit plusieurs personnes mises encause dans le dossier (Jean-PierreBernès, Ljubo Barin et Jean-LouisHaguenauer), différents matchsauraient été « achetés », en parti-culier en Coupe d’Europe. Lestrois hommes, mais aussi l’ancienentraîneur de Nantes MiroslavBlazevic, pourront s’exprimer surce point puisqu’ils ont répondu àla convocation du tribunal.

Me Lienard reproche donc aujuge d’avoir accusé son clientalors qu’officiellement ce derniern’était pas poursuivi pour des faitsde corruption. « Le magistrat ins-tructeur n’a jamais demandé de ré-quisitoire supplétif, le procureur n’ajamais requis une mise en examensupplémentaire », a indiqué l’avo-cat versaillais. En fait, ses critiquesportent surtout sur la page 179 du

document. Une page où le jugedépeint M. Tapie comme « un pré-sident omnipotent et omniprésent,quasi-dictateur, de l’Olympique deMarseille » qui aurait « utilisé ceclub au bénéfice de sa propreimage et au détriment d’une villequ’il prétendait servir et dont il acontribué à ternir un peu plus la ré-putation ». Me Lienard voit là unsigne de « partialité », « une sorted’animosité personnelle ».

Trois autres lignes l’indignent :celles concernant justementd’éventuelles rencontres tru-quées. Au sixième paragraphe,M. Philipon écrit : « Ensuite, pouréviter ou atténuer l’aléa quecomporte nécessairement toutmatch de football, il a fallu détour-ner de l’Olympique de Marseille des

fonds très importants dans le but defausser la compétition sportive. »S’insurgeant contre ce qu’il ap-pelle « un procès en sorcellerie »,Me Lienard revient sur la manièredont les médias ont rendu compte– « avec délectation », selon lui– de cette page 179. « Je n’en faispas le procès aux journalistes, a-t-ildit, ils ne risquaient même pas ladiffamation car il suffisait d’ouvrirles guillemets ». Son client a pour-tant engagé une procédure en dif-famation contre Le Monde pouravoir révélé les conclusions dujuge dans ses éditions du 3 jan-vier...

A la suite de cette explication detexte de Me Lienard, la défense del’ancien président de l’OM a sou-levé une exception de nullité del’ordonnance de renvoi, mais letribunal a décidé de joindre l’in-cident au fond. A aucun moment,même lorsque les avocats de lapartie civile ripostaient pour dé-fendre le magistrat instructeur,M. Tapie ne s’est exprimé sur lacorruption, laissant son défenseuren première ligne. Il aura l’occa-sion de s’expliquer dans les jours àvenir : le sujet paraît désormaisdifficile à éviter.

Philippe Broussard

Dans l’affaire de la Josacine empoisonnée, Claudine Pichon,la femme de ménage, distille les confidences qu’elle a recueillies

ROUENde notre envoyé spécial

A Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime), Claudine Pichonépouse Lecarpentier fait des mé-nages. Au printemps 1994, cettequadragénaire au lourd chignonauburn, campée dans sa robeverte à larges plis, travaillait chezJean-Michel et Sylvie Tocqueville,qu’elle tutoie, et « faisait » uneheure chez ITI, la petite entreprisede Jean-Marc Deperrois. Côtoyanttrois des personnages-clés du pro-cès de la Josacine empoisonnée,Claudine Pichon aurait donc es-suyé les poussières du drame pas-sionnel que l’accusation expose enmobile à l’affaire.

« Un jour, dit-elle, lundi 12 mai,devant la cour d’assises de Seine-Maritime, j’ai trouvé Jean-Michelen pleurs chez lui, parce que safemme voulait le quitter [pourM. Deperrois]. Il prenait des médi-caments... Un truc en “mil”... Je neme souviens plus. Il voulait sependre. J’ai dû faire la psychologuepour qu’il ne fasse pas ça là. »Question paroles, la femme deménage a des ressources. Elle aaussi des yeux pour voir et desoreilles pour entendre, même sielle prend soin de faire le ménagequand les hommes ne sont pas là« pour éviter les rumeurs ». « Sylvie,elle était devenue coquette, elleavait raccourci ses jupes. Elle étaittrès amoureuse de M. Deperrois,paraît-il. Mais enfin, je ne pensaispas qu’elle irait jusqu’à... consom-mer. Je croyais que ce n’était qu’unflirt. Jean-Michel, lui, il m’a dit qu’ilavait eu aussi des aventures. Alors,je lui ai dit : “C’est peut-être bienfait pour toi, mais je ne crois pasqu’elle s’en aille.” »

« UN COUREUR »Rajustant ses lunettes dorées,

Claudine Pichon, témoin de Jého-vah, livre alors longuement sesconvictions teintées de prosély-tisme, que partageait jadis SylvieTocqueville, ancienne adepte.« On souscrit à des obligations mo-rales, n’est-ce pas. Avec l’adultère,on se met en marge de la commu-nauté. » Et d’embrayer sur Jean-Marc Deperrois, dont l’accusationestime – sans en faire pour l’ins-tant la réelle démonstration – qu’ila voulu empoisonner Jean-MichelTocqueville pour refaire sa vieavec l’épouse de ce dernier et qu’ila ainsi, se méprenant sur le médi-

cament, causé la mort, le 11 juin1994, de la petite Emilie Tanay.

« Je suis allée voir M. Deperroispour lui parler, confesse la femmede ménage. Lui, il m’a parlé de safemme [Anne-Marie] avec respectet considération. Quand j’ai voulului parler de Sylvie, j’ai senti dansson parler un certain dédain. Alorsje suis retournée dire à Jean-Mi-chel : “Ta femme a affaire à un sé-ducteur, tu sais, un de ces types quiaiment les amuse-gueules, lesconsomment et puis les jettent. ”D’ailleurs, il m’avait donné l’im-pression d’être un coureur, ilm’avait déjà déshabillée du regard,

M. Deperrois. Pourtant, j’étais dé-guisée en femme de ménage... »

Un flottement gagne la courd’assises, dont l’ambiance paraîtun temps moins tendue après lasérie de nouveaux témoignagesqui ont donné, lundi matin, ducrédit aux explications de Jean-Marc Deperrois concernant l’utili-sation et l’achat du cyanure de so-dium qu’il avait détenu. Là encore,la déposition de la femme de mé-nage prend à contre-pied la thèsede l’accusation qui veut imputerun acte de jalousie criminel à l’ac-cusé. « Jean-Marc Deperrois n’étaitpas amoureux de Sylvie Tocque-

ville », affirme Claudine Pichon,qui précise avoir rencontré « dansla rue, il y a huit jours », Jean-Mi-chel Tocqueville, qui lui aurait ditque sa femme était pour sa part« toujours amoureuse de Deper-rois ». « Un homme qui se plainttout le temps de maux divers », ceJean-Michel Tocqueville, dit lafemme de chambre. « Il a mal àl’estomac et il a l’intestin fragile ; ilconsulte chaque fois des spécialisteset il ramène tout à lui. » Et d’ajou-ter, sans conclure : « Moi, si j’avaiseu un mari comme ça... »

Jean-Michel Dumay

Le tribunal des conflits arbitre en défaveurdes droits des étrangers face à l’administration

Présidée par Jacques Toubon, la juridiction examinait le cas de deux passagers clandestinsPrésidé par le garde des sceaux et composé àparts égales de conseillers à la Cour de cassationet au Conseil d’Etat, le tribunal des conflits a ar-

bitré dans un sens non favorable aux défenseursdes droits des étrangers un conflit de compé-tence opposant, dans une affaire de passagers

clandestins, les tribunaux judiciaires et adminis-tratifs. Les possibilités de recours en matièred’immigration s’en trouvent ainsi limitées.

UN MINISTRE de la justiceconsacrant l’impuissance des jugesjudiciaires face au grignotage deslibertés par l’administration : cettepartition surréaliste s’est jouée,lundi 12 mai, devant le tribunal desconflits, l’instance chargée d’arbi-trer au plus haut niveau les que-relles de compétence opposant lestribunaux judiciaires et administra-tifs. Jacques Toubon, fait excep-tionnel, présidait en personne cettejuridiction composée à parts égalesde conseillers à la Cour de cassa-tion et au Conseil d’Etat. La loi faiten effet du garde des sceaux l’auto-rité habilitée à trancher lorsque letribunal des conflits est strictementpartagé. Le cas s’était présenté, le13 janvier, dans une affaire oppo-sant le ministère de l’intérieur àdeux Marocains, passagers clan-destins que la police avait empê-chés de débarquer pour ne pasavoir à statuer sur leur demanded’admission en France.

Saïd Ben Salem et Abdallah Taz-naret avaient embarqué discrète-ment à bord du Felix, un navire al-lemand, lors de son escale de Cueta(Maroc). A Honfleur, dans la nuitdu 8 au 9 août dernier, le comman-dant avait signalé la présence desdeux clandestins. Comme toujoursen pareil cas, la police avait refuséde laisser les deux hommes foulerle sol français, où la loi exigeraitleur maintien dans une « zone d’at-tente » soumise à un contrôle judi-ciaire. Comme à chaque fois que cegenre de situation est rendu public,des avocats avaient demandé en

référé aux juges du tribunal degrande instance de qualifier le refuspolicier de « voie de fait », situationgrave d’atteinte aux libertés parl’autorité publique qui, seule, per-met au juge judiciaire et non pas aujuge administratif de se déclarercompétent et de condamner éven-tuellement l’administration dansde brefs délais. Comme souvent,les magistrats leur avaient donnéraison. Mais, cette fois, le ministèrede l’intérieur, récusant l’existencede la voie de fait, avait contestéleur compétence et « élevé » l’af-faire devant le tribunal des conflits,empêchant les juges judiciaires destatuer sur le fond.

Une jurisprudencerestrictivea ainsi été confirméeet étendue

C’est là le cœur du débat : l’ad-ministration a-t-elle le pouvoir deparalyser le contrôle des juges surses propres agissements touchantles libertés fondamentales, en l’oc-currence le droit d’aller et venir etcelui de disposer d’un recours ef-fectif ? Oui, a tranché en substancele tribunal des conflits, grâce à lavoix décisive du garde des sceaux.Après deux heures de délibération,cette formation a ainsi confirmé etétendu, en matière de droit des

étrangers, sa jurisprudence restric-tive qui tempère le principe consti-tutionnel selon lequel le juge judi-ciaire est le gardien des libertéspubliques. La haute juridiction aainsi déclaré « nulle et non ave-nue » la procédure engagée en ré-féré.

Le tribunal des conflits a consi-déré que les dispositions du codede procédure pénale, qui donnentune compétence exclusive au jugejudiciaire « dans tous les cas d’at-teinte à la liberté individuelle », « nesauraient être interprétées commeautorisant les tribunaux judiciaires àfaire obstacle à des décisions prisespar l’administration en dehors desvoies de fait ». Or, le tribunal prési-dé par Jacques Toubon a considéréqu’une telle « voie de fait » n’étaitpas caractérisée dans le cas desdeux clandestins de Honfleur.

Rappelant que la législation surles étrangers a « attribué en prin-cipe à l’administration » le pouvoird’interdire l’entrée en France à unétranger et de l’éloigner par laforce, la haute juridiction a estiméque les refus opposés à MM. BenSalem et Taznaret « ne sauraient(...) être regardés comme constitutifsde voies de fait », même si elles ve-naient à être qualifiées d’illégales.Dans sa largesse, une telle formu-lation vise la quasi-totalité ducontentieux des lois sur l’immigra-tion.

Ainsi, dans ce domaine décisifdes libertés publiques, les recoursen référé pour voie de fait contreles abus de l’administration ne

peuvent plus, en principe, aboutir.Cette décision tend à rendre ineffi-caces des telles actions, en mettanthors circuit les juges judiciaires,seuls à disposer de cette procédurepermettant d’enjoindre l’adminis-tration de faire cesser immédiate-ment une atteinte aux libertés. Au-torisée devant les seuls tribunauxadministratifs où elle est incompa-rablement plus longue, la procé-dure n’a aucune chance d’atteindreson but : le bateau et ses clandes-tins seront repartis depuis bienlongtemps lorsque le tribunal ad-ministratif aura statué !

Plaidant devant un Jacques Tou-bon visiblement absorbé pard’autres dossiers, Me Didier Bou-thors avait tenté de démontrer, envain, que la consignation d’unétranger à bord d’un navire « ne serattache à aucun texte législatif etporte en soi de graves atteintes à laliberté individuelle ». Pour sa part,le commissaire du gouvernement,Jacques Arrighi de Casanova, avaitadmis l’illégalité des agissementsde l’administration mais conclu àl’absence de voie de fait et à lacompétence du juge administratif.

Ainsi, en matière d’immigration,le comportement, même manifes-tement illégal, de l’administrationne peut pratiquement plus êtresanctionné de façon efficace. Unenouvelle porte se referme au nezdes défenseurs des droits desétrangers. Avec la bénédiction dugarde des sceaux.

Philippe Bernard

Un commando nationaliste démantelé en Corse-du-SudLES RESPONSABLES des en-

quêtes judiciaires sur les attentatscommis ces derniers mois dans larégion d’Ajaccio ont la convictiond’avoir démantelé, lundi 12 mai, lecommando à l’origine de la plu-part des actions à l’explosif perpé-trées en Corse-du-Sud.

Seize personnes proches de laCuncolta Naziunalista et de sabranche clandestine, le FLNC-ca-nal historique, étaient toujours engarde à vue, mardi matin enCorse, au lendemain du coup defilet opéré au terme de six mois desurveillances conduites par le ser-vice régional de police judiciaired’Ajaccio.

Les interpellations ont été menées en présence du juge pari-sien Gilbert Thiel, chargé d’uneinformation judiciaire visant no-tamment l’attentat qui avait en-tièrement détruit, le 1er no-vembre 1996, l’immeuble abritantles locaux de France Télécom àAjaccio.

A l’intérieur d’un conteneur en-treposé sur le site d’une entre-prise de casse exploitée par unferrailleur de Sarrola-Carpocino,les enquêteurs ont découvert lun-di un arsenal d’engins explosifs« prêts à l’emploi » : des bouteillesde gaz sur lesquelles des détona-teurs avaient déjà été assemblés,des bâtons d’explosifs et une gre-nade. Des pistolets, des revolvers,un gilet pare-balles et des gre-nades ont en outre été saisis chezcertains des activistes interpellés.Parmi les personnes placées engarde à vue figurent un conduc-teur d’engins et un menuisier

corses, qui étaient l’objet depuisl’automne dernier de surveil-lances suivies par les policiers duSRPJ.

Outre le spectaculaire attentatayant dévasté l ’ immeuble deFrance Télécom, inauguréen 1992, le coup de filet du 12 maia concerné une série d’actions ter-roristes qui avaient également étérevendiquées par le FLNC-canalhistorique. Il s’agit en particulierde la « nuit bleue » du 1er au 2 fé-vrier, au cours de laquelle des di-zaines d’établissements bancaireset d’édifices publics avaient ététouchés, ainsi que de l’attentat du13 mars contre un centre de va-cances de Porticcio.

Depuis le début de l’année,quatre-vingt-quinze attentats ettentatives d’attentats revendiquéspar des nationalistes corses ontété enregistrés par la police judi-ciaire. Sans compter les toutesdernières interpellations, les ma-gistrats spécialisés dans les dos-siers corses ont placé sous écrou,depuis le 1er janvier, trente-huitpersonnes, pour des faits relevantd’infractions terroristes. Un « re-cord historique », commente-t-onplace Beauvau, où l’on note quetrente-sept nationalistes corsesavaient été écroués au cours del’année 1996.

Erich Inciyan

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14 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 S O C I É T É

C A R N E T

DISPARITION

Dom RobertUn maître de la tapisserie

ENTRÉ au monastère bénédic-tin d’En Calcat (Tarn) dès 1930,Dom Robert, né Guy de Chaunac-Lanzac, est mort samedi 10 mai,dans sa quatre-vingt-dixième an-née. De sa rencontre avec Lurçatdatait son orientation vers la ta-pisserie, après un cheminementartistique commencé dès l’en-fance et l’adolescence dans unefréquentation assidue du Louvreet poursuivi aux Arts décoratifs.Ses relations avec Maritain etCocteau ont complété la premièrepartie de sa vie, jusqu’à l’entréechez les bénédictins commandéepar « un appel soudain » à la suited’une entrevue avec Maxime Ja-cob, devenu Dom Clément, musi-cien réputé.

Mais c’est en pleine démobilisa-tion, « sur une route au soleil expo-sée » non loin de Carcassonne,que s’imposent à lui, « comme desminiatures persanes » dans leurforce originelle, les basses-coursqui peupleront ses compositions.Sous le soleil languedocien, quiéclaire sa quête, fleurissent lesombelles qu’il contemple et re-produit « vue à hauteur de teckel,à contre-jour, dans les lumièresobliques du matin et du soir ».

Suit une parenthèse de dix ans –1947-1957 – au monastère bretonde Kerbeneat, puis à Buckfast Ab-bey, dans le Devonshire, sorte de« convalescence morale » au len-demain de la Libération et despremiers succès acquis dès 1943,lors d’une exposition au Muséedes augustins à Toulouse. Les an-nées 60-80 seront celles d’uneriche période de création, en rela-tion avec les ateliers Tabard etGoubely d’Aubusson, marquéepar plusieurs expositions à la ga-lerie La Demeure (Paris), qui acontribué au renouveau de la ta-pisserie française, puis à la galerieInard. En 1990, les musées d’An-gers et d’Albi ont été les derniersà montrer son œuvre au public.

Jean-Pierre Barjou

AU CARNET DU « MONDE »

Anniversaires de naissance

Mehran,

long encore sera le chemin.

Je t’aime.

– Pour

Pablo.

Cette vie dans laquel le je t ’a iaccompagné, tu la pétris désormais de tesmains, je te regarde, j’ai un peu peur maisgrande confiance.

Bonne route, mon fils.

Décès

– Mireille Cherchevsky,Lia et Nicolas Gurgand, Jamila

Hedeoud,ses enfants,ont le chagrin d’annoncer le décès de leurtante, grand-tante et amie,

Madeleine BERNARD,croix de guerre,

médaille de la Résistance 1935-1940,

survenu le 9 mai 1997, dans sa quatre-vingt-treizième année.

12, cour du Liegat,75013 Paris.

– Mme Michel Briguet-Lamarre,son épouse,

Ses enfants,Ses petits-enfants,Et arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. MichelBRIGUET-LAMARRE,

pianiste,chevalier de la Légion d’honneur,

survenu à Paris, le 5 mai 1997.

L’incinération a eu lieu dans l’intimitéfamiliale.

– Michèle,son épouse,

Claude et Dominique,ses enfants,

M. et Mme Martial Charpentier,ses parents,

Mme Fernande Graindorge,sa belle-mère,

Marc et Nicole Charpentier,ses frère, belle-sœur,

Et toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Henry CHARPENTIER,géomètre expert foncier,

expert près la cour d’appel de Versailles,

survenu le 7 mai 1997, dans sa soixante-deuxième année.

La cérémonie a été célébrée le mardi13 mai 1997.

8, rue des Prairies,78230 Le Pecq.

– Le d i rec teu r de l ’ IUFM del’académie de Versailles,

Le directeur du centre de formationd’Antony Jouhaux,

Et le personnel de l ’ IUFM del’académie de Versailles,ont la tristesse de faire part du décès de

M. Jean-Michel MAURY,maître de conférences

en sciences économiques,

survenu le samedi 9 mai 1997, dans sacinquante-troisième année.

– Mme Michel Panouse,M. et Mme Jacques Michelet

et leurs enfants,M. Jacques Panouse,

ses enfants et petits-enfants,Le docteur et Mme Louis Sergent

et leurs enfants,M. et Mme Michel Lacroix-Desmazes

et leurs enfants,ont la douleur de faire part du décès de

M. Michel PANOUSE,survenu le 8 mai 1997.

5, carrer de la Cardine,66650 Banyuls-sur-Mer.

– Le directeur,Les personnels,Les anc iens de l ’Observato i re

océanologique, laboratoire Arago, de Ba-nyuls-sur-Mer,

L’université Pierre-et-Marie-Curie-Paris-VI,ont la tristesse de faire part du décès de

M. Michel PANOUSE,ingénieur de recherches au CNRS,

survenu le 8 mai 1997.

Les obsèques auront lieu dans la plusstricte intimité.

BP 44,66651 Banyuls-sur-Mer.

– Le Père abbé,Et la communauté bénédictine d’En

Calcat,Les familles de Chaunac-Lanzac, de La

Chapelle, Ollivier, de Bruchard, Danloux-Dumesnils, La Fonta et Jahan,font part du rappel à Dieu du

Père Robert (Guy)de CHAUNAC-LANZAC,

(Dom Robert),moine d’En Calcat,

le 10 mai 1997, dans sa quatre-vingt-dixième année, au terme d’une longuemaladie.

Les obsèques ont eu lieu au monastère,le 12 mai.

Abbaye d’En Calcat,81110 Dourgne.

(Lire ci-contre.)

– M. et Mme Pierre-Yves Péchoux,leurs enfants et leur petite-fille,

M. et Mme Jean-Louis Péchouxet leurs enfants,

M. et Mme Alain Crosio,ses enfants, petits-enfants et arrière-petite-fille,ont la tristesse d’annoncer le décès de

M me Yvonne R. PÉCHOUX,chevalier des Palmes académiques,

directrice d’école publique honoraire,

survenu le 12 mai 1997, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

5, rue Espinasse,31000 Toulouse.11, chemin de Cogny,69570 Dardilly.Chemin de la Rave,69210 Lentilly.

– A l’occasion du quinzième anniver-saire de la mort de

M. Roman WINICKI,

une cérémonie religieuse aura lieu aucimetière de Bagneux, le 15 mai, à12 heures.

Conférences

CENTRE DE RECHERCHESUR LES JUIFS DU MAROC (CRJM)

189, boulevard Saint-Germain,75007 Paris.

Tél. : 01-45-49-61-40.Fax : 01-45-48-24-83.

Cycle de conférences 1997du CRJM Paris.

Vous êtes conviés à la conférence dumardi 20 mai 1997, à 19 heures, de

Robert ASSARAF,président du CRJM-International,

sur Hassan II, le processus de paix : essaid’une chronologie depuis 1975.

Cette conférence a lieu dans les salonsde la SPI, 4, place Saint-Germain-des-Prés, Paris-6e.

Prière de confirmer votre présence, aut é l . : 01- 4 5 - 4 9 - 61- 4 0 , o u f a x :01-45-48-24-83.

JOURNÉEDE L’ASSOCIATION

RAMSES(Réseau d’actions médico-psychologiques et sociales

pour enfants sourds).

Vendredi 23 mai 1997.

« De la violence... Regards croisés deprofessionnels sourds et entendants. »

FIAP Jean-Monnet, 30, rue Cabanis,Paris-14e.

Journée payante (380 F), réservée auxprofessionnels.

Communications diverses

– Me Robert Badinter parlera de sonouvrage Un antisémitisme ordinaire. Vi-chy et les avocats juifs : 1940-1944,(éd. Fayard), ce jeudi 15 mai 1997, à20 h 30, au CBL, 10, rue Saint-Claude,Paris-3e. Tél. : 01-42-71-68-19.

– Alliance israélite universelle.Collège des études juives, programmespécial « Le scandale du mal », du mardi13 mai au jeudi 5 juin, à partir de19 heures, avec D. Banon, C. Birman,C. Chal ier, E. Deutsch, A. E lbaz,P. Haddad, J. Hassoun, R. Krygier,C. Mopsik, B. Paperon, M. Revault d’Al-lones, E. Traverso, S. Trigano, 45, rue LaBruyère, Paris-9e. Renseignements :01-42-80-35-00 (PAF).

– Samuel Elong-Ndamè,son époux,

Maud,sa fille,

Me Taffou Laurent,son père,

Christine Elong-Ndamè,sa belle-mère,

Ses frères, beaux-frères et belles-sœurs,Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Lucienne TAFFOU-ELONG,chirurgien-dentiste,

survenu le 8 mai 1997, dans sa trente-cinquième année.

Les obsèques auront lieu le mercredi14 mai, à 14 h 30, en l’église de Plozevet(Finistère).

Une messe sera dite en sa mémoire, lesamedi 24 mai, à 20 heures, en l’égliseSaint-Médard de Clichy.

– Mme Olivier Sogny,son épouse,

M. et Mme François Sogny,M. Michel Sogny,Le docteur Roland Sogny,M. et Mme Charles Marmet

et Alexis,M. et Mme Alain Philippe,

Nicolas, Nathalie et Sophie,Mlle Isabelle Sogny,M. Frédéric Sogny,

ses enfants et petits-enfants,ont la douleur d’annoncer le décès de

M. Olivier SOGNY,docteur en philosophie,maître en psychologie,

chevalier des Palmes académiques,

survenu le 3 mai 1997.

L’enterrement a eu lieu dans la plusstricte intimité familiale.

Ni fleurs ni couronnes. Des donspeuvent être envoyés à la Fondationmédicale franco-américaine PhilippeFoundation Inc., 20, boulevard Mont-martre, 75009 Paris.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Famille Sogny,47, rue de Paris,95150 Taverny.

Remerciements

– Dans l’impossibilité de répondrepersonnellement à tous ceux qui ontmanifesté leur sympathie lors du décès de

Tommy MEO,

nous tenons à leur exprimer ici nos plusvifs remerciements.

Unité d’ immunogénétique/UnitéInserm U.276,

Institut Pasteur,25, rue du Docteur-Roux,75724 Paris Cedex 15.

Anniversaires de décès

– Tous ceux qui ont connu et aimé

Cino del DUCA

sont priés d’assister ou de s’unird’intention à la messe qui sera célébréepour le trentième anniversaire de sondécès, le vendredi 16 mai 1997, à10 heures, en l’église Notre-Dame d’Au-teuil, place de l’Église-d’Auteuil,Paris-16e.

De la part de Mme Simone Cino delDuca.

Priez pour lui.

En appel,le parquet requiertcontre NTMdes jours-amendesau lieu de la prison

AIX-EN-PROVENCEde notre envoyé spécial

Condamnés le 14 novembre 1996par le tribunal correctionnel de Tou-lon à six mois de prison, dont troisfermes, et six mois d’interdictiond’exercer leur métier pour « ou-trages par paroles », les deux chan-teurs du groupe de rap NTM, BrunoLopes (alias « Kool Shen ») et DidierMorville (« Joey Starr »), comparais-saient le 12 mai devant la7e chambre de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Le substitut général,Pierre Philipon, a reconsidéré ce ju-gement en requérant contre chacund’eux cent jours-amendes de500 francs par jour (soit50 000 francs chacun).

Durant l’audience, il a été longue-ment question de cette soirée du14 juillet 1995 à La Seyne-sur-Mer(Var) à la fin de laquelle vingt-sixgardiens de la paix avaient déposéplainte, reprochant aux chanteursde les avoir pris à partie en termesinjurieux dans des textes improvisésentre deux chansons. Me MichelBlum, l’un des avocats de NTM, aargumenté sur « l’ampleur sociolo-gique prise par le débat dans uneconfrontation entre deux malaises, ce-lui de la police et celui de la jeunessesans avenir ». « Ne venez pas au se-cours de l’honneur du juge Boulangermais sauvez le nôtre ! », a demandéMe Christian Charrière-Bournazel,second conseil du groupe, pour qui« le jugement de Toulon ne s’appa-rente pas à la justice mais à une exé-cution ». Le substitut général a sem-blé sensible à ces arguments, ennuançant la gravité des faits incrimi-nés « qui n’ont pas entraîné de dé-sordre public ». Le jugement a étémis en délibéré au 23 juin.

José Lenzini

Un mandat d’arrêt internationalest délivré contre l’ancien directeur d’ElfAlfred Sirven aurait bénéficié d’une commission de 14 millions de francs

Le juge Eva Joly a délivré un mandat d’arrêt internationalcontre Alfred Sirven, ex-directeur d’Elf-Aquitaine. Bénéfi-ciant du statut de résident suisse et responsable des

« affaires générales » au sein du groupe lors de la pré-sidence de Loïk Le Floch-Prigent, M. Sirven est soupçonnéd’avoir perçu une commission de 14 millions de francs.

CONSIDÉRÉ depuis des moiscomme l’homme-clé de l’affaireElf, Alfred Sirven est désormaisl’objet de recherches actives. Lejuge d’instruction Eva Joly a déli-vré à son encontre un mandatd’arrêt international et son nomfigure, depuis le 5 mai, sur le fi-chier des personnes recherchéespar la police, si bien que le simplefranchissement d’une frontière –en France ou à l’étranger – est sus-ceptible d’entraîner son interpel-lation.

Mis en cause de manière ré-currente depuis le début de l’ins-truction, cet ancien directeurd’Elf-Aquitaine, chargé des « af-faires générales » sous la prési-dence de Loïk Le Floch-Prigent,avait été désigné, le 4 avril, parl’intermédiaire André Guelfi,comme l’un des bénéficiairesd’une commission versée par legroupe pétrolier français lorsd’une opération au Venezuela (LeMonde du 8 avril). Curieusement,cette nouvelle accusation n’avaitpas déclenché de poursuites im-médiates contre M. Sirven, susci-tant certaines interrogationsjusque dans les milieux proches del’enquête.

Les bordereaux bancaires déte-nus par le juge attestent le verse-ment, via une société de M. Guelfi,de 2,5 millions de dollars (environ14 millions de francs) sur uncompte ouvert à la CBI-TDBUnion bancaire privée de Genève,et numéroté 57007 SA – les ini-tiales SA pourvant désigner AlfredSirven. « Je me rappelle que cettesomme était destinée à Alfred Sir-ven », avait de toute façon tranchéAndré Guelfi. Mais alors que deséléments identiques avaient pro-voqué, le même 4 avril, la déli-

vrance d’un mandat d’amener àl’encontre du PDG d’Elf-Gabon,André Tarallo, le statut de résidentsuisse dont bénéficie M. Sirvenl’avait protégé – au moins provi-soirement – de la justice française.Convoqué de manière informellepar la brigade financière, le 6 août1996, soit quelques semainesaprès l’incarcération de M. LeFloch-Prigent, Alfred Sirven nes’était pas présenté, informant lesenquêteurs que ses « affaires » lecontraignaient à un « déplacementde plusieurs jours » (Le Monde du10 août 1996).

PERSONNAGE ÉNIGMATIQUECette absence prolongée, alors

même que s’accumulaient les té-moignages contre lui, a contribuéà conférer au personnage deM. Sirven un caractère énigma-tique, pour ne pas dire inquiétant.Fatima Belaid, ex-épouse de M. LeFloch-Prigent, l’a désigné commeson principal tourmenteur, unefois la rupture consommée. Le di-recteur chargé des « affaires géné-rales » avait effectivement reçu lamission d’écarter l’épouse répu-diée de la Fondation Elf – qu’elleprésidait –, ainsi que de l’apparte-ment de fonction qu’elle occupait.

L’avocat Claude Richard, quieut affaire au même Alfred Sirvenlors des tractations liées au di-vorce des époux Le Floch-Prigent,a évoqué à cette occasion les« menaces » et les « intimidationsphysiques » dont Fatima Belaidavait été victime. Plusieurs an-ciens cadres du groupe Elf ont, parailleurs, relaté l’existence de sem-blables menaces, au point que lachambre d’accusation de la courd’appel de Paris avait, dans un ar-rêt du 18 juillet 1996, souligné

l’existence « d’un climat de tensionparticulière (...) et de pressions (...)émanant notamment d’Alfred Sir-ven, qualifié d’« âme damnée » deLoïk Le Floch-Prigent ».

Placé par M. Le Floch-Prigent,qui l’avait connu chez Rhône-Pou-lenc, à la tête d’Elf-International(dont le siège est à Genève),M. Sirven se prévalait aussi d’unrôle d’éminence grise auprès duPDG d’Elf, disposant, à ce titre,d’une « réserve » de 10 à 15 mil-lions de francs par an, utilisés à sadiscrétion, à la manière des« fonds spéciaux » gouvernemen-taux... Mme Joly le soupçonne enoutre, ainsi qu’elle l’a écrit dansl’une des commissions rogatoiresqu’elle a lancées en Suisse le 3 oc-tobre 1996, d’avoir « disposé d’en-viron 60 millions de francs sur lescommissions versées par la SNC Si-par » lors d’opérations immobi-lières.

La surveillance établie l’annéedernière autour des bureaux pari-siens qu’il a conservés n’avait évi-demment rien donné, M. Sirven,âgé de soixante-dix ans, s’étantretranché entre Genève et Crans-Montana et n’effectuant, semble-t-il, que de rares déplacements enAmérique du Sud. Les écoutes té-léphoniques posées sur ses diffé-rentes lignes en France n’auraientpas même permis aux policiersd’entendre une fois le son de savoix. Mercredi 7 mai, les enquê-teurs ont effectué une perquisi-tion à l’intérieur du château qu’ilpossède à Dejilly, près de Chinon(Indre-et-Loire), et dans lequelcertains artisans ont indiqué avoirréalisé divers travaux contre règle-ment « en espèces ».

Hervé Gattegno

La Cour de cassation rejetteles pourvois d’opposants à l’IVGLA CHAMBRE CRIMINELLE de la Cour de cassation a rejeté, lundi12 mai, quatre pourvois formés par des membres de commandos anti-avortement, qui avaient été condamnés par les cours d’appel de Paris,Rennes, Versailles et Grenoble pour délit d’entrave à l’IVG. La Cour decassation considère que le délit est constitué lors des actions descommandos sans qu’il soit nécessaire de rechercher si l’hôpital pratiqueles IVG dans le respect de la loi.L’un des arrêts rend exécutoire l’arrêt de la cour d’appel de Versailles,qui avait infligé, le 8 mars 1996, une peine de prison ferme au docteurXavier Dor pour avoir occupé les locaux de l’hôpital Béclère, à Clamart(Hauts-de-Seine), le 22 mars 1995. Cet activiste de la cause anti-avorte-ment, condamné à huit mois de prison dont cinq avec sursis, effectueradonc sa peine sous le régime de la semi-liberté, comme cela avait été dé-fini par la cour d’appel.

DÉPÊCHESa JUSTICE : Jacques Toubon, ministre de la justice, a une nouvellefois affirmé mardi 13 mai qu’il « n’y aura pas d’amnistie, parce qu’il n’y apas lieu à amnistie ». « La justice doit passer, et en particulier dans cequ’on appelle les dossiers économiques et financiers », a déclaré M. Tou-bon sur France 2. Le garde des sceaux s’est déclaré « sur le fond, d’accordavec les 103 magistrats », qui ont lancé, dimanche 11 mai, un appel en fa-veur d’une « justice indépendante », mais il a regretté que « cette prise deposition intervienne au milieu de la campagne ».a PÉDOPHILIE : le directeur d’une école primaire de Marly-le-Roi(Yvelines), déféré au parquet de Versailles, vendredi 9 mai, a été mis enexamen pour « agression sexuelle sur mineur de moins de quinze ans ». Ilest soupçonné d’avoir agressé à son domicile le fils d’une de ses col-lègues, âgé de onze ans. Remis en liberté, il a été placé sous contrôle ju-diciaire strict avec interdiction de résider dans la commune et d’y exer-cer son activité. Le parquet, qui avait requis le mandat de dépôt, a faitappel.a Jacques Chirac s’est déclaré, lundi 12 mai, « déterminé à mettre touten œuvre » pour lutter contre la pédophilie, qu’il a qualifiée de « dépra-vation de notre société ». S’exprimant à l’Elysée, devant une délégationde l’Union nationale des associations familiales, le chef de l’Etat s’est dit« révolté par ces agressions sexuelles contre des enfants » et « par le silencequi les a trop longtemps protégées ».a VIOLENCES : trois supporters du PSG ont été condamnés, lundi12 mai, par la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris, à dix-huitmois d’emprisonnement, dont huit ferme, pour avoir passé à tabac unspectateur lors d’un match de football au Parc des Princes, le 18 avril1996. Les trois hommes devront s’abstenir de paraître dans les stadesdurant trois ans et indemniser leur victime.a DÉTOURNEMENTS DE FONDS : l’ancien vice-président (RPR) duconseil général de l’Essonne, Alain Josse, comparaît en compagnie desix autres prévenus, depuis lundi 12 mai, devant le tribunal correctionneld’Evry, dans l’affaire du Crédit mutuel de Montgeron. Il est poursuivipour avoir participé à des détournements de fonds estimés à environ15 millions de francs au préjudice de quatre-vingt-dix personnes âgées.a RELIGION : lors de son synode national, réuni du 8 au 11 mai àReims, l’Eglise réformée de France (ERF) a adopté un vœu demandant àson conseil national d’engager « une réflexion en profondeur » sur lamontée de l’extrême droite. Selon le président du conseil national del’ERF, « il ne s’agit pas de faire de l’Evangile une valeur, ou d’en déduiredes valeurs opposables à l’idéologie de l’extrême droite, mais de dénoncerla sacralisation païenne et idolâtre, le processus unitaire et totalitaire oùl’homme se pose comme son propre fondement ».

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15

R É G I O N SLE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

Vers la fin des « michelines »De nouveaux trains régionaux seront mis en service

LES « MICHELINES » rouge etblanc, souvent inconfortables,bruyantes et malodorantes, qui sil-lonnent depuis des décennies leschemins de fer buissonniers de ladouce France, risquent fort d’avoirbientôt leur avenir derrière elles.Un nouvel autorail baptisé « auto-moteur X TER » (comme « Trans-port express régional »), fer delance d’une nouvelle génération detrains régionaux, va progressive-ment faire son apparition sur les ré-seaux péri-urbains de onze régions(Aquitaine, Auvergne, Basse-Nor-mandie, Centre, Languedoc-Rous-sillon, Limousin, Midi-Pyrénées,Pays de la Loire, Poitou-Charentes,Provence-Alpes-Côte-d’Azur etRhône-Alpes), qui, en partenariatavec la SNCF, ont pour la premièrefois participé à la conception de cenouveau matériel destiné à relan-cer le transport régional de voya-geurs au moment où l’expériencede la régionalisation se met enplace.

Un avant caréné, une ligne aéro-dynamique, des gris et bleu évo-quant le TGV Atlantique, ce traindiesel « bi-caisse » (deux voiturescouplées) offrant 150 places et ca-pable de rouler 160 km/h (davan-tage sans doute dans une versionpendulaire qui va être mise àl’étude) est surtout remarquable

par son confort, sa climatisation,son design intérieur ménageant delarges baies vitrées, comparables àcelles des tramways les plus ré-cents, des plates-formes d’accèssurbaissées, de vastes toilettes ac-cessibles aux handicapés et desprises de courant pour les ordina-teurs portables. Le pari de l’attrac-tivité a bien été tenu par le cabinetMBD et les finitions particulière-ment soignées par le constructeur,GEC Alsthom.

VENDÔME-PARIS EN SEPTEMBRELa présentation de la rame de

présérie vient d’avoir lieu à Or-léans, manière de souligner quel’initiative de créer ce nouveau ma-tériel revient à la région Centre et àson président (UDF-PR), MauriceDousset, très « branché » rail.

Pour l’heure, 105 automoteurs(d’un coût unitaire de 25 millionsde francs) ont été commandés parles onze régions, et neuf d’entreelles en recevront au moins unexemplaire d’ici les élections régio-nales de 1998. Les premières ramesdevraient entrer en exploitationcommerciale sur la ligne Vendôme-Châteaudun-Paris en septembre, etla région toulousaine pourraitsuivre dès le mois de novembre.

Robert Belleret

ENVIRONNEMENT La SNCFva consacrer pendant quatre ans4 millions de francs à un pro-gramme, mené avec la collaborationdu Muséum d’histoire naturelle et le

soutien du ministère de l’environne-ment, destiné à reverdir les bas-côtésdes voies ferrées du TGV. b LES TA-LUS qui bordent les chemins de ferseront renforcés par une couverture

végétale, tout en créant des refugespour les espèces sauvages. b L’IN-VENTEUR de ce programme, au seinde la division études paysagères dela SNCF, est André Roux, un archi-

tecte épris de nature. b LES « MICHE-LINES » bicolores qui sillonnent de-puis des décennies le réseaud’intérêt local devraient par ailleursêtre progressivement remplacées,

sur les réseaux périurbains de onzerégions, par un automoteur deconception moderne baptisé « au-tomoteur X TER », afin de relancerle transport régional de voyageurs.

Profession constructeur

PORTRAITAndré Roux regretteMontchanin et Mâcon.Sa fierté, c’est lanouvelle gare de Dijon

FILS ET PETIT-FILS d’institu-teurs (« Mon grand-père était de lamême promotion que le père deGeorges Pompidou à l’école nor-male d’Aurillac »), André Roux

naît en 1935, dans une mairie-école de l’Auvergne. L’enfance estchampêtre – « il n’y avait que deschâtaignes et des sangliers » –, lascolarité se termine à Paris. Au ly-cée Louis-le-Grand, le jeune ba-chelier prépare Polytechnique.« En fait, je faisais la taupe », cor-rige-t-il. Le bon élève, en effet, n’aque faire des mathématiques. Cequ’il veut, c’est être constructeur.Et le chemin, pour y parvenir,passe par les Beaux-Arts.

Il en sortira en 1968 – « en fé-vrier 1968 », précise-t-il. Muni deson diplôme d’architecte, et « avectout à apprendre ». Par « une deces logiques qui dirigent votre vie »– et qui doivent plus au hasardqu’à la vocation –, le voilà deuxans plus tard embauché à la SNCF.Ainsi découvre-t-il le « C-O3 »,

nom de code donné à l’époque àun certain projet TGV... Ainsi, pro-gressivement, se familiarise-t-ilavec l’architecture ferroviaire.Une architecture industrielle etfonctionnelle au sein de laquellela gare, il le découvrira très vite,n’est pas encore considéréecomme « autre chose qu’un bâti-ment strictement utilitaire et tech-nique ».

Affecté à la grande région Paris-Sud-Est, André Roux sera, dansles années 70, l’architecte respon-sable des deux premières garesTGV : Montchanin et Mâcon. « Sinous devions les refaire au-jourd’hui, ce ne serait pas dans lemême esprit. Il ne s’agissait pasalors de servir des clients, mais sur-tout de mettre un bâtiment à proxi-mité des voies », regrette-t-il.

La fierté du travail bien ac-compli viendra avec la nouvellegare de Dijon, réalisée dix ans plustard sous sa direction. « Un travaild’équipe » qui transforma un af-freux terrain vague en une struc-ture harmonieusement intégréedans la ville, et qui valut à sonmaître d’œuvre une gratificationexceptionnelle : pouvoir lire, au-jourd’hui encore, son nom gravésur la première pierre du chantier.

Ca. V.

Les abords des voies du TGV vont devenir des réserves de plantes et de fleursQuand la technique rejoint l’écologie : pour empêcher l’érosion des talus qui entourent les lignes des trains à grande vitesse,

la société nationale s’est rendu compte qu’une couverture végétale abondante et variée restait la meilleure protection« JE NE M’ATTENDAIS PAS à

être, un jour, à pareille fête : invitépar le Muséum national d’histoirenaturelle à présenter, chez lui – etdans la Grande Galerie de l’évolu-tion des espèces ! – la démarche dela SNCF pour améliorer la qualitépaysagère de ses infrastructures...Cette reconnaissance de la compé-tence de mon entreprise constitueun encouragement que j’apprécie,et toute la SNCF avec moi. ».L’homme qui parlait ainsi, il y aquelques semaines, à l’occasiond’une présentation du programmede recherche SNCF « Ecosystèmesvégétaux et grandes infrastruc-tures », s’appelle André Roux, etson enthousiasme n’a rien defeint. Ce projet est son bébé. Sondernier, après un quart de siècle decarrière dans la grande maison durail qu’il est sur le point de quitter.

L’objectif ? Reverdir les bas-cô-tés des voies ferrées du TGV.« L’idée est de protéger les talus, ex-

plique André Roux, ouvrages enforte pente dont les flancs sont trèsexposés à l’érosion superficielle,grâce à la couverture végétale laplus dense et la plus pérenne pos-sible. »

« D’ici à l’an 2000,cent quinze tonnesde semences et centmilliards de grainesseront utilisées rien que sur leTGV-Méditerranée »

« Cette couverture agira à la sur-face du sol comme une peinture an-tirouille à la surface d’un métal »,

ajoute-t-il. Si la comparaison em-prunte au bâtiment plus qu’àl’écologie, ce n’est pas un hasard.Car l’homme, aujourd’hui affectéà la Division études paysagères dela SNCF, est avant tout architecte.Une carrière commencée en 1970et passée tout entière (ces troisdernières années exceptées) audépartement Voies et bâtimentsde la Direction de l’équipement etde l’aménagement. A bâtir nonpas des parterres de fleurs, maisdes gares.

Faire refleurir marguerites et co-quelicots tout au long des voies dechemin de fer, telle sera donc ladernière aventure professionnellede ce constructeur. A force de me-ner le combat « dans [son] jar-din », à force d’essaimer ses pe-tites stations botaniquesexpérimentales de part et d’autredes lignes du TGV, l’écologiste enherbe a fini par convaincre laSNCF de l’utilité de son projet.

Devenu programme de re-cherche à part entière, celui-ci bé-néficiera de 4 millions de francspendant quatre ans, et sera menéavec la collaboration du Muséumet le soutien du ministère de l’en-vironnement.

Avec deux priorités : renforcerles sols pentus qui encadrent lesrails par une couverture végétalede qualité, tout en créant de véri-tables refuges pour les espècessauvages qui y seront semées.

« Le but de l’opération n’est pasde créer un parc sur les bords desvoies TGV, mais de relancer un pro-cessus naturel permettant aux voiesferrées de devenir, paradoxalement,de véritables “oasis” de milieux na-turels », affirme Jacques Moret, di-recteur au Muséum du Conserva-toire botanique du bassin parisien,qui précise que « d’ici à l’an 2000,cent quinze tonnes de semences etenviron cent milliards de graines se-ront utilisées rien que sur le TGV-

Méditerranée ». Contrairement àce qu’impose la monoculture, c’estici la variabilité des espèces quiprimera.

Les botanistes pourront ainsidisposer d’observatoires inéditspour étudier l’évolution à longterme des populations végétales,mesurer la dynamique de rempla-cement des espèces semées par lesespèces autochtones. Et ils pour-ront aussi, pourquoi pas, promou-voir des variétés sauvages en voiede disparition.

« Ce que j’avais lancé en boncheminot pour faire tenir les taluspassait dans mon esprit par le res-pect de la nature. Et voilà que c’esten valorisant la nature elle-mêmeque nous atteindrons le mieux notreobjectif technique, constate AndréRoux, avec une évidente satisfac-tion. Pour une fois, l’intérêt rejointla vertu ! »

Catherine Vincent

Plus de 1 100 kilomètres de lignesLes lignes à grande vitesse, le long desquelles l’opération « verte »

de la SNCF pourra être menée, représentent aujourd’hui 1 169 km devoies, réparties essentiellement entre Paris et Calais, Paris et Va-lence, Paris et Tours, Paris et Le Mans.

Avec le prolongement du TGV-Méditerranée de Valence jusqu’àMarseille, ce kilométrage potentiel sera bientôt augmenté de plusde 200 km. Les tranchées et les remblais sont pareillement concer-nés par la reconstitution d’espaces végétaux, qui ne sera évidem-ment pas entreprise en milieu urbain.

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16 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

H O R I Z O N SPORTRAIT

Au lendemain de la finale européenne contre Barcelone,le gardien de but du Paris-Saint-Germainet de l’équipe de France sera suspendude compétition pour contrôle positifau cannabis. Deux événementsqu’il aborde avec sérénité

Bernard Lama, Guyane au cœur

« J’ai fait la une de toute la pressepour avoir fumé du cannabis.C’est totalement disproportionné »

DEUX jours dansla vie d’unhomme. Lepremier pourdisputer faceaux stars du FCBarcelone unedeuxième fi-nale euro-

péenne consécutive avec le Paris-Saint-Germain. Le suivant pour sevoir infliger une suspension atten-due. Mercredi 14 mai au soir, ducôté de Rotterdam, la gloire espé-rée. Le lendemain à Paris, devantles membres de la commission decontrôle de dopage, la punitioninévitable pour avoir été contrôlépositif au cannabis. En quelquesheures, Bernard Lama, considérépar beaucoup d’observateurscomme le meilleur gardien de butdu monde, s’apprête à vivre deuxévénements qui marquent la vied’un sportif.

Ni fébrile ni impatient, le Guya-nais aborde ces rendez-vous avecune sérénité frôlant la provoca-tion. A trente-quatre ans,l’homme a acquis une maturitéqui impressionne. La fameusepression médiatique, pourtantbien réelle autour de lui, est ba-layée d’un sourire ou d’un hausse-ment d’épaules. Conscient de sontalent, Lama laisse dire et laissefaire. La vraie vie est ailleurs, à desmilliers de kilomètres de Paris. Lesvrais problèmes aussi.

« La situation chez moi, enGuyane, est catastrophique. » Ber-nard Lama aborde ce qui lui tientle plus à cœur. Jusqu’à sa majori-té, ce fils d’un chirurgien réputé,également maire de Montjoly,ville de 15 000 habitants situéedans une zone résidentielle à 7 ki-lomètres de Cayenne, a vécu enGuyane.

Aujourd’hui, alors que lesémeutes et les manifestations ontdonné de Cayenne une image in-quiétante, Lama enrage. « Tout cequi arrive actuellement était prévi-sible. Les gens n’ont pas de travail,aucune perspective d’avenir. Lesdeux principaux employeurs, leCentre national d’études spatialeset l’administration, n’embauchent

plus. La volonté politique de fairebouger les choses est inexistante.J’avais présenté au ministère dessports un projet concret qui pouvaitdéboucher sur des emplois : laconstruction d’une cité des sports. Ila fallu attendre un an avant que lepouvoir politique envoie une mis-sion... » Il y a une vingtaine d’an-nées, Bernard Lama manifestaitdans les rues de Cayenne pour ob-tenir la création d’un rectorat. Au-jourd’hui, lorsque l’idole desGuyanais revient chez lui, ilécoute les doléances de ces ga-mins à l’avenir si incertain.

La Guyane, encore et toujours.Comme une obsession. Parcequ’au-delà des couleurs, desodeurs, de la lumière, autantd’éléments devenus indispen-sables, Lama lui doit beaucoup.Sans le sable de la plage qui joux-tait la maison familiale et la merqui lui ont appris à dominer lapeur de plonger, Bernard Lama neserait pas devenu ce qu’il est, à sa-voir le gardien emblématique duParis - Saint-Germain et del’équipe de France. Souplesse, vi-vacité, réflexes, toutes ces qualitésnécessaires pour devenir un grandgardien, ont été travaillées sous lesoleil de Guyane. « Avec mon frère,nous étions face à face dans la meret nous nous lancions le ballon trèshaut. Je plongeais en arrière dans lavague en me cabrant sans appré-hension car je savais que je n’auraispas mal en retombant. Depuis, surles terrains, je réalise ce mouvementnaturellement. »

Sa musculature a d’abord ététravaillée, puis renforcée, sur lesable mou : « Si mes prises deballes sont aussi nettes, c’est aussigrâce au travail effectué sur lesplages de Guyane. Lorsque le ballonest mouillé et les mains recouvertesde sable, il faut quand même attra-per le ballon. C’est un bon exer-cice. »

Un jour, alors qu’il avait douzeans, Bernard se promène en canotavec des amis sur le fleuve prèsd’Iracoubo, le village natal de sonpère. Le décor est fantastique, lescouleurs flamboyantes. Le petitLama aime chasser et pêcher au

cœur de cette forêt amazonienne.Il y déchiffre les bruits, les odeurs.Soudain, un poisson limon sautedans le canot et son aileron leblesse. Plus de peur que de mal.Mais la cicatrice est encore bienvisible, courant sur son molletdroit.

Enfant, il s’en rappelle en sou-riant, il était petit et gros. Jusqu’àl’âge de quinze ans, celui que l’onsurnommait « chien boule » parcequ’il ne se résignait pas à lâcher leballon, joue pour s’amuser. Puis,

en l’espace d’une année, il prend15 centimètres. Le foot est l’un deses sports préférés, mais pas leseul. Le handball, qu’il pratiqueavec ses copains du CES Répu-blique de Cayenne, lui apportebeaucoup de plaisir. « En fait, lesréflexes, les relances, le face-à-faceavec l’attaquant adverse, tout cela,je l’ai appris grâce au hand. »

A seize ans, tout s’accélère. Ilchoisit le football et gardeles buts de l’US Montjoly.

En quelques mois, le voilà retenuen cadets de Guyane, en juniors,en équipe de France juniors, puisen sélection de Guyane.

Edmard, son père, constate enconnaisseur les progrès effectués.Les deux hommes sont trèsproches. « Tous les deux ans, jepartais un mois en vacances avecmon père au Brésil. Nous passionsquatre-cinq jours dans les villes etassistions à des matches. J’ai vécumes premières émotions dans lesgrands stades brésiliens, comme leMaracana à Rio ou le Morumbi àSao Paulo. Puis un jour, j’ai réaliséun rêve : jouer au Brésil. C’était àManaus, dans un stade gigan-tesque, avec mon club de Montjo-ly. »

Papa Lama aime le football.Mais les études doivent passer

avant tout. Il aimerait voir Ber-nard, le cadet de ses quatre en-fants, devenir médecin, commelui. L’intéressé poursuit ses étudesjusqu’en terminale. Bac raté, etpremière proposition sérieuse enprovenance de la métropole.Charly Samoy, alors directeursportif du Lille Olympique Spor-ting Club (LOSC), suit, depuisquelques mois, le phénomène. Ledirigeant a même passé une se-maine aux côtés de la famille La-ma. « A chaque fois que j’évoquais

l’éventualité de la venue de Bernardà Lille, son père éclatait de rire.C’est un homme intelligent, ado-rable, dingue de foot. Mais il n’ima-ginait pas un instant que son filsfasse de ce sport un métier. » Ber-nard est tout juste majeur, le clashavec son père inévitable. « Si tupars, tu ne rentres pas à la mai-son ! », lance le chef de famille àson rejeton.

« Encore aujourd’hui, lorsque jeretourne à Lille, c’est comme si jerevenais chez moi ! » De ses an-nées passées dans le Nord, Ber-nard Lama garde un souvenir cha-leureux. Lorsqu’il débarque dansle club lillois, en 1981, le jeuneGuyanais à tout à prouver. Der-rière Philippe Bergeroo et Jean-Pierre Mottet, les deux gardiens, ilapprend, fait ses classes. Mais lapatience n’est pas sa qualité prin-cipale. Agacé de ne faire que debrèves apparitions avec l’équipede troisième division, il rêve d’unautre destin. Le voilà prêté unesaison à Abbeville, club dedeuxième division. L’expériencetourne court. Trop sûr de lui, il netravaille pas sérieusement et l’en-traîneur l’envoie en divisiond’honneur.

En fin de saison, Lama retrouveCharly Samoy, l’homme qui conti-nue de croire en lui. Le dirigeant

lillois trouve une place pour sonprotégé à Besançon, club dedeuxième division. Dans le Doubs,Lama disputera une trentaine derencontres avant de revenir à Lillepour y signer, enfin, son premiercontrat professionnel. Durantdeux ans, il rongera son frein enéquipe réserve. « Je passais montemps à lui demander de supporterson rôle de remplaçant. Il en souf-frait beaucoup », se rappelle Char-ly Samoy.

L E 14 novembre 1986, à l’oc-casion d’un match Auxerre-Lille, Bernard Lama dispute

le premier match de sa carrière enpremière division. Il a vingt-troisans, un caractère affirmé, un stylespectaculaire, et surtout une in-croyable confiance en lui. Jus-qu’en 1989, date à laquelle le FCMetz l’engage, il jouera dans lesbuts lillois. « Je garde de cettepériode d’excellents souvenirs. Lesrelations humaines dans le Nordsont chaleureuses, les gens ne vouslaissent pas tomber. C’est vraimentune région qui m’est chère. Mon filsaîné vit toujours dans le coin, à Ar-mentières. »

A ses qualités naturelles, Ber-nard Lama ajoute, au fil du temps,un calme impressionnant. Lorsd’un voyage au Bénin effectuéavec l’équipe lilloise, il sympathiseavec le gardien local, qui pratiquele yoga. Apprendre à se concen-trer, à respirer, Lama en a besoin,le yoga va l’aider. « J’ai eu mapériode africaine. J’aime toujours yretourner, c’est important de re-trouver des couleurs, des odeurs,des rythmes dont j’ai besoin... » Leyoga, mais aussi la danse. Un jour,à Brest, il assiste, fasciné, à unspectacle de Carolyn Carlson :« J’avais l’impression que ces dan-seurs volaient ! J’ai cherché à lesimiter en dissociant les mouve-ments. Cette approche de la dansem’a beaucoup aidé à effectuer desparades délicates. Parfois, lorsqueje suis pris à contre-pied, mon brasse dissocie du reste du corps et vachercher le ballon. »

Le contraste est amusant : l’ha-bitué des balades en forêt amazo-

nienne, l’homme de la plage deMontjoly, l’amateur des couleursflamboyantes, de la chaleur guya-naise et des découvertes afri-caines, fait carrière à Lille, Abbe-ville, Besançon, Metz, Brest etLens.

Onze ans après son arrivée enmétropole, Bernard Lama est de-venu l’un des très bons gardiensde première division. Il lui reste àfranchir un palier supplémentaireafin de devenir l’incontestable nu-méro un. Pour cela, une seule so-lution : évoluer dans un grandclub luttant pour le titre. « J’ai tou-jours su que j’y arriverais. Mêmelors des moments difficiles, commecette période de chômage que j’aiconnue pendant deux mois, entremon départ de Metz et mon arrivéeà Brest, en 1990. Pendant ces quel-ques semaines, je me suis débrouil-lé. L’OM cherchait un deuxièmegardien. J’ai refusé. Je suis allé auPortugal, en Ecosse, proposer messervices. Ça n’a pas marché. J’avaishonte de rentrer chez moi enGuyane sans avoir de club. Mais lesqualités qui ont fait de moi ce queje suis devenu, je les avais déjà àl’époque. Je n’ai jamais douté. »

Le Paris - Saint-Germain versionCanal Plus s’intéresse au phéno-mène. Mais en attendant quel’inamovible Joël Bats prenne saretraite, le Guyanais s’en va gar-der les buts du R C Lens, avec lapromesse écrite de rejoindre la ca-pitale une saison plus tard.

E N août 1992, Bernard Lamadevient le gardien du PSG.A partir de ce moment, tout

s’accélère. Le public du Parc desprinces en fait l’une de ses idoles,et l’équipe de France lui ouvre sesportes. Pendant quelques mois, leGuyanais est la doublure de Bru-no Martini. Une cohabitation déli-cate à vivre entre deux hommesde la même génération. Lama, sisûr de lui, n’a jamais aimé at-tendre. Il lui faudra patienter jus-qu’au 17 février 1994. L’équipe deFrance l’emporte 4-0 en Israël et leGuyanais devient un pilier de lasélection. L’Europe découvre cegardien exceptionnel, auteur d’ex-ploits répétés avec un PSG devenucrédible au niveau international.

Le 8 mai 1996, à Bruxelles, Ber-nard Lama, capitaine du PSG,gagne sa première Coupe d’Eu-rope. Reçu quelques jours plustard à l’Elysée, il offre l’un de sesmaillots à un Jacques Chirac auxanges. L’avenir du Guyanais vo-lant semble radieux. Mais, en l’es-pace de quelques mois, les ennuisvont s’abattre sur lui. Le 15 sep-tembre, il se blesse au genou endétournant un penalty lors d’unmatch à Cannes. De retour unmois plus tard, il sombre avec lePSG. Déroute face à la Juventus,élimination en Coupe de Francedevant Clermont-Ferrand, mau-vais résultats en championnat,rien ne va plus. On assiste au di-vorce brutal entre l’ex-gardienchéri du Parc et le public parisiendont les sifflets et les huées fontmal. « J’ai toujours eu des relationspassionnelles avec ce public. Jel’aime, mais parfois je le détesteparce qu’il est injuste.»

« L’affaire » du cannabis clôtune période délicate de sa vie.« J’ai fait la une de toute la pressepour avoir fumé du cannabis. C’esttotalement disproportionné. » Lasanction qui l’attend, sans doutequelques mois de suspension,risque de peser lourd pour la suitede sa carrière internationale.Pourtant, pas une seconde Laman’imagine rater la phase finale deCoupe du monde, l’an prochain enFrance. Aux yeux du sélection-neur, Aimé Jacquet, le Guyanaisreste le numéro un à son poste,devant Fabien Barthez. Le gardiende but monégasque suspendudeux mois la saison dernière pouravoir également fumé du canna-bis...

Hormis quelques virées dansdes restaurants exotiques du côtéde la Bastille, un défilé de modetrès remarqué pour la styliste ja-ponaise Junko Koshino au Carrou-sel du Louvre, des concerts de mu-sique cubaine, le gardien du PSGn’a pu profiter autant qu’il le sou-haitait des plaisirs qu’offre la capi-tale. Tant pis, il est trop tard. Sondépart est programmé, sans doutedans un grand club espagnol. Enattendant, il a rendez-vous avecson destin : mercredi à Rotterdam,le lendemain à Paris. Héros d’unsoir, montré du doigt le jour sui-vant. Une drôle de trajectoire,loin, si loin de Montjoly...

Alain ConstantDessin : Robert Wagt

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H O R I Z O N S - A N A L Y S E S LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 17

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

Manque de repères par Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française

J’AI ÉTÉ voir le film de Luc Besson (Le Mondedu 8 mai). J’y suis allé pour des raisons pasnettes. Je voulais savoir ce qui fait courir tant demonde au Cinquième Elément. La curiosité pourles mobiles d’autrui ne remplace pas l’envietoute bête que réclame ce genre de divertisse-ment. L’Université donne l’exemple de ces hypo-crisies. On n’y soutient pas de thèses sur FrédéricDard, on s’y penche sur le « phénomène San An-tonio » ; façon d’exclure l’auteur du salon oùtrôneraient la vraie littérature et ses vieillessuavités, de le faire passer par l’office de lasociologie.

Il n’y a pas de solitude plus noirâtre que de seretrouver seul de son avis au milieu d’une fouletransportée d’aise, quel qu’en soit le motif, de nerien comprendre aux rires et battements demains autour de soi. On soupçonne évidemmentson âge. On se réconforte, mal, en pensant que lajeunesse n’est pas un argument. Lui emboîter lepas pour lever l’angoisse serait pire, quelquechose comme de la démagogie envers soi-même.

Je me revois en 1965 à Goldfinger, le premierJames Bond. Mon voisin avait mon âge d’au-jourd’hui. Il me regardait exulter, avec des airsaccablés. Comment pouvait-on s’amuser à cefestival de cascades, d’hélicos en folie, de gad-gets « high-tech » et de pépées ? De fait, j’ap-plaudissais machinalement à ce cirque Barnum àtrois pistes. L’exploit technique tenait lieu descénario, de psychologie, d’idée, de morale. Lecatalogue d’accessoires sophistiqués faisait à luiseul l’événement.

Il ne se passe rien d’autre avec Le CinquièmeElément. Seules ont changé les mirobolancesdont ce cinéma est le prétexte. Sean Connery

était un héros pour guerre froide. Le Mal d’alorssiégeait à l’Est, en longs manteaux de cuir. Entrente ans, il lui a poussé des mufles mous deMartiens très dégoûtants. L’amour continue detriompher, parce que le baiser final et le mani-chéisme font partie de la convention. Seul pro-grès : le happy end a lieu dans un conteneur, etnon plus dans une piscine de Floride. Le genreexige un contenu tendant vers zéro. Seulschangent les matériels et les références du mo-ment. Hier, c’était le roman d’espionnage à laFlemming qui donnait le ton, avec ses enginssecrets marqués par la miniaturisation des an-nées 60 ; aujourd’hui, ce sont l’album de science-fiction à la Moebius et les jeux électroniques quifouettent l’imaginaire, avec leurs mégapoles dé-mentes, leurs échappées hors du temps et del’espace.

Toutes les époques ne se prêtent pas à cettetransposition de la BD en images animées. Il fautune « fenêtre » favorable, comme disent les lan-ceurs de fusées. Quand Vadim tourne Barbarella(1968) et William Klein Polly Magoo (1966) (avecSeyrig en tignasse rousse, comme l’héroïne duCinquième Elément : cette coiffure serait-elle uneconstante dans la mythologie du futurisme ?), laBD n’est pas encore mûre pour passer de la lec-ture solitaire sur canapé à la féerie sur grandécran. Depuis lors, il y a eu E. T., Disneyland, leswar-games en tous genres, le digital, le virtuel,l’image de synthèse, l’ordinateur domestique, le« morphing », le tout-pub, les courses aux bud-gets géants. Comme Spielberg et Annaud, Bes-son renoue avec les origines foraines du cinéma :en coller plein la vue du spectateur en extrapo-lant les technologies dernier cri, quitte à re-joindre Méliès et James Bond au musée de l’effet

spécial le jour où d’autres trucages auront dé-modé ceux de 1997.

Après deux heures d’époustouflance selonl’unique critère « en avoir pour son argent »,reste un vertige : la sensation que les auteurs sesont appliqués à ne rien signifier, ce qui s’appellerien. L’affiche devrait porter en sous-titre rassu-rant, comme certains emballages alimentaires :produit garanti pur de toute... pensée. Vingt-cinq siècles de théâtre et de poésie, deux sièclesde roman, les tragédies du présent : tout ce qui afait la trace des spectacles humains est pulvériséd’un coup de laser intergalactique. Le Livre a vé-cu. Même les secrets de l’Univers tiennent dansdes hiéroglyphes datant d’avant l’écriture. Unedrag queen célèbre les démences de la média-tion, une diva en latex chante la fin de l’art. Laplanète Gutenberg s’éloigne à la vitesse d’unecomète. Place au scenic railway de l’innovationpour l’innovation, aux cris joyeusement apeurésdu grand huit intersidéral délivré de tout sens !

« La jeunesse manque de repères », déplorentnos moralistes. C’est prendre l’effet pour lacause et pour un accident un objectif program-mé. Tout le commerce audiovisuel tend à tarir lasource de ces repères en gommant le passé, obs-tacle à la consommation. Le futur pour le futurest devenu une tyrannie, et l’absence de sens unmarché, entretenu à grands frais, juteux. Lamême semaine où le champion d’échecs GarryKasparov signe la soumission de l’intelligencehumaine à celle de la machine, des pantins pul-vérisent les records de fréquentation cinémato-graphique en déchargeant leurs pétoires fu-mantes dans le vide cosmique et culturel...

Du ludisme avant toute chose : quoi de plusidéologique !

Au Musée du Jeu de paumeVOILÀ que resurgissent, sortis

des caisses et des dépôts, une par-tie des collections, des tableauxfrançais contemporains duLouvre. On peut les aller voir ac-crochés dans les salles blanchiesdu musée du Jeu de paume. Onpeut s’émerveiller devant l’éclatprestigieux des Claude Monet,jouir jusqu’à l’extase de la splen-deur et de la richesse robuste deRenoir, savourer la grandeur decertains Guillaumin à qui, malgréque quelques-uns en aient, il fautaccorder place de premier rangdans l’impressionnisme, plongerdans la nature avec celui qui fut lepère Pissaro, goûter la délicatessede Sisley proche de Corot, son an-cêtre direct.

Oui, Corot est présent, et cela nechoque pas. Un paysage peint parJongkind semble fleur de l’école deBarbizon. Et ce qui frappe danstout cela c’est l’air de famille. L’ap-

parente révolution était une évo-lution. Peut-on à présent conce-voir les clameurs suscitées par cespeintres ? Les cris qui accueillirentOlympia et le Déjeuner sur l’herbe ?Manet est sage comme Degas sonvoisin, et Bazille. L’assemblée estsouriante. Fantin-Latour nous ac-cueille avec L’Atelier des Bati-gnolles et l’Hommage à Delacroix.Fantin mêlé aux impressionnistesavec Guigou ? Pourquoi pas ? Foindes étiquettes ! Voici de la pein-ture, de la vraie. Regardons.Enivrons-nous de lumière et decouleur.

Félicitons les conservateurs,M. René Huyghe, M. Germain-Bazin, et remercions-les de cetteassemblée attendue avec impa-tience. Petit à petit, le Louvre re-vient. Il manquait à l’air parisien.

René-Jean(14 mai 1947.)

Le bouffon par Ronald Searle

L’Espagneet le Portugal,les bons élèvesde l’euroSuite de la première page

Après avoir longtemps considéréque les nations d’Europe du Sud neformaient qu’un bloc, qu’il étaitinimaginable d’envisager l’entréede l’un en excluant les autres, lesinvestisseurs ont commencé àprendre en compte les différencesnationales.

En conséquence, la cote du Por-tugal et de l’Espagne a sensible-ment remonté, alors que celle del’Italie est restée stable. L’apprécia-tion, très positive, portée lundi12 mai à Bruxelles par les quinzeministres des finances de l’Unionsur les politiques suivies à Madridet à Lisbonne, devrait encoreconforter le nouvel amour des in-vestisseurs pour la péninsule Ibé-rique. Selon des enquêtes réaliséesen avril par la banque Paribas au-près d’investisseurs internationaux,5 % seulement d’entre eux esti-

maient en juin 1996 que le Portugalaccéderait à la zone euro dès sacréation. En avril 1997, ce pourcen-tage était monté à 17 %. Au coursde la même période, les chances del’Espagne ont grimpé de 12 % à40 %. Dans le même temps, la pro-portion de gestionnaires pariantsur une entrée de l’Italie dès le dé-part est restée stable à 17 %.

Depuis avril, les cotes de l’Es-pagne et du Portugal ont encore,selon les experts, probablementprogressé. Ces deux pays ontd’abord bénéficié de la publicationdes prévisions de la Commissioneuropéenne. Bruxelles a prédit quel’un et l’autre respecteront le cri-tère de déficit public imposé par letraité de Maastricht (3 % du pro-duit intérieur brut). A l’inverse, laCommission prévoit que le déficititalien atteindra 3,2 % et, plusgrave encore, augmenterait en1998 à 3,9 %, alors que les déficitsespagnol et portugais continue-raient de se réduire (à respective-ment 2,7 % et 2,8 %). Même si cescalculs de Bruxelles sont sujets àcaution – car faisant preuve d’unoptimisme excessif –, ils mettenten évidence le fait que les gouver-nements portugais et espagnol nesont, notamment, pas confrontésau même fardeau de charges d’in-térêt que les responsables italiens.Les dettes publiques de l’Espagne

et du Portugal se situent à 68,1 % et64,1 %, des niveaux deux fois infé-rieurs à celle de l’Italie (122,4 %).

De surcroît, la croissance est net-tement plus forte à Madrid et à Lis-bonne qu’à Rome (2,8 % et 3,2 %prévus en 1997 contre seulement1,2 %), ce qui se traduit par desrythmes de rentrées fiscales trèsdifférents. Enfin, la stabilité dutaux de change imposée par le trai-té de Maastricht joue elle aussi enfaveur de l’Espagne et du Portugal.La peseta et l’escudo ne se sont pasécartés de leur cours pivot depuisleur dévaluation du prin-temps 1995, alors que la lire n’a re-joint le système monétaire euro-péen qu’en novembre 1996.

ORTHODOXIE MONÉTAIRE« Le Portugal est actuellement

dans une position excellente pourfaire partie dès janvier 1999 dunoyau dur de l’Union monétaire »,en conclut ainsi l’ancien présidentde la Commission européenneJacques Delors. Mais il n’est pas leseul à porter un tel jugement.Même Bonn serait, selon certainesindiscrétions, aujourd’hui très fa-vorable à une adhésion rapide duPortugal. L’orthodoxie monétaireet budgétaire de Lisbonne rassureles Allemands, très sensibles ausoutien, inattendu et astucieux, ap-porté par le Portugal lors de la né-

gociation, fin 1996, sur le pacte destabilité et de croissance. Pour lesAllemands, l’Espagne disposeraitaussi de bonnes chances d’entrerdans la zone euro dès sa création.Bonn resterait en revanche ferme-ment opposé à une participationde l’Italie.

L’éclatement du bloc du Sud se-rait lourd de conséquences. Il écar-terait d’abord le scénario d’un blo-cage institutionnel de l’Unionmonétaire. Privée du soutien desEspagnols et des Portugais, admis àleur examen de passage, l’Italie re-calée ne pourrait, par son seulvote, s’opposer au lancement de lamonnaie unique. Il priverait aussiles partisans d’une Europe élargie,parmi lesquels le Parti socialistefrançais, d’un argument de taille.Comment serait-il possible alorsd’accuser les pays du Nord et l’Al-lemagne de faire preuve de « ra-cisme monétaire » vis-à-vis duSud ? Il ne resterait plus qu’à trou-ver une porte de sortie honorablepour l’Italie, par exemple sous laforme d’un calendrier précis pourson entrée différée, qui évite tout àla fois le sentiment d’une exclusionhumiliante pour le peuple italien,une crise politique majeure àRome et une chute libre de la liresur les marchés.

Pierre-Antoine Delhommais

Embargo, de l’erreur au crimeI L y a urgence à réviser la

politique des embargos.C’est ce que prouve la si-tuation en Irak telle que

la rapporte notre envoyée spé-ciale (lire page 2).

Voilà sept ans que le Conseilde sécurité de l’ONU a imposé àBagdad des sanctions plurielles,après que l’armée de SaddamHussein eut envahi le Koweït, le2 août 1990. L’objectif était desanctionner le régime irakien etde le dissuader de toute velléitéde récidive. Irréprochable, enthéorie ! Mais en théorie seule-ment, parce que les sanctions netenaient aucun compte des Ira-kiens eux-mêmes. Quoi qu’en aitdit un jour une Margaret That-cher particulièrement mal inspi-rée, les malheureux ne peuventêtre considérés comme collecti-vement responsables, pas plusde l’invasion du Koweït que desméthodes de gouvernement deleur président-dictateur. Ils ensont, au contraire, les premièresvictimes. L’intention originelledes Etats-Unis, d’abord non dite,puis admise à l’occasion, était enréalité plus cynique : pousserune population à bout et l’inci-ter à renverser le régime...

Où en est-on sept ans après ?M. Hussein est toujours au pou-voir et il n’est pas prêt d’en êtredélogé. Lorsque son fils aîné,Oudaï, a été la cible d’un atten-tat le 12 décembre 1996, il n’amanqué de rien : médecins ira-kiens et étrangers, payés au prixfort, se sont relayés à son chevetet Oudaï se porte désormais aus-si bien qu’il pouvait l’espérer. Al’inverse, et à l’exception d’unepoignée d’entre eux qui peuventencore s’offrir le luxe d’aller se

faire soigner en Jordanie ou ail-leurs, les Irakiens sont condam-nés à l’indigence. Totalementisolé du monde et pratiquementdémuni, puisque le pétrole qu’ilne peut exporter est sa plus im-portante source de revenus et lesecteur pétrolier le principalemployeur, l’Irak manque detout. Le système de santé, jadisperformant, est sinistré. La ra-tion alimentaire des Irakiens aété réduite de moitié. Les Ira-kiens sont humiliés. La formule« pétrole contre nourriture » al-lège à peine leurs souffrances.

Aussi longtemps que SaddamHussein n’aura pas acceptéd’être totalement désarmé – cequi n’est pas encore le cas –,l’embargo pétrolier restera enl’état. Ce jeu du chat et de lasouris peut durer longtemps. Il yaura toujours des zonesd’ombre, d’autant plus que leprésident irakien n’accepte latransparence que contraint etforcé. Faut-il, pour autant, quele peuple irakien en soit réduit àla misère (dont certaines sé-quelles risquent de perdurermême après la levée des sanc-tions) ? Faut-il que des enfantssoient condamnés à mort dansdes hôpitaux privés de matérielélémentaire ?

Pour qu’un embargo soit effi-cace, il faut qu’il soit dosé, tantdans son objectif que dans sadurée. Faute de quoi, non seule-ment il fait des victimes inno-centes, mais il donne naissanceà une floraison de réseaux decontrebande qui, là encore, enri-chissent le régime. Mal conçu,l’embargo imposé à l’Irak étaitune erreur ; s’entêter à le main-tenir devient criminel.

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18 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 H O R I Z O N S - D É B A T S

Restaurons la responsabilitéS OUVENT les moments

électoraux sont l’occa-sion d’un retour cri-tique sur les principes

qui fondent la dévolution et l’exer-cice du pouvoir politique. C’estainsi qu’on peut comprendre l’ap-pel récent de cinq éminents consti-tutionnalistes à changer la Répu-blique (Le Monde du 7 mai). Maispour qu’une telle entreprise ait unsens, encore faut-il échapper auxjeux scolastiques qui font d’ordi-naire les délices des facultés dedroit. Qui peut un seul instantcroire que la réduction de la duréedu mandat présidentiel est suscep-tible de changer quoi que ce soit ?Qui peut laisser accroire que lamodification de la réglementationconstitutionnelle du référendumou de la procédure de révision dela Constitution peuventcombattre, un tant soi peu, la« déprime française » ?

La question constitutionnelle asans doute son importance, mais àla condition de la justifier par undiagnostic politique. Or c’est bienla question politique, celle de lanature de la Ve République, quenos experts en ingénierie constitu-tionnelle, dans un bel enthou-siasme consensuel, se gardent deposer. Pourquoi ne pas dire crû-ment que la Ve République est à ladémocratie ce que le Canada Dryest à l’alcool ? Pourquoi ne pasdire – ce qui est pourtant un

constat d’évidence – qu’il n’y a pasd’autre pays démocratique aumonde où le chef de l’Etat soit sipuissant et, dans le même temps,politiquement irresponsable ?Qu’il n’y a pas d’autre pays démo-cratique au monde où les gouver-nants peuvent mettre sur écoutedes citoyens ordinaires, salarierfictivement leurs épouses ou logerleurs enfants aux frais du contri-buable, sans que l’ensemble de lapresse exige leur départ immédiatdu pouvoir ? Qu’il n’y a pas de ré-gime parlementaire où le chef del’exécutif puisse prononcer la dis-solution d’une assemblée législa-tive sans mettre en jeu, par làmême, son propre mandat ? Qu’iln’y a pas de République où le bonplaisir du président soit considérécomme un principe normal d’exer-cice du pouvoir – mieux, commeune marque d’excellence ?

Si ce diagnostic n’est pas posé,ce n’est pas seulement en raisonde la dévotion hiérocratique ordi-naire des gardiens du templeconstitutionnel. Après tout, c’estl’ensemble des commentateurspolitiques, au premier rang des-quels les journalistes, qui s’interditde tels constats iconoclastes. Si cediagnostic n’est pas posé, c’est quela révérence (forcément) respec-tueuse du profane face aux institu-tions de la Ve République et le lan-gage techniquement neutralisantdu spécialiste ont en commun

d’oublier cette leçon essentielle del’histoire pluriséculaire de laconstruction démocratique : il n’ya pas de pouvoir légitime sans res-ponsabilité.

Voulons-nous changer la Répu-blique ? Alors n’oublions pas,comme l’écrivait Max Weber,qu’« il n’y a que deux péchés en po-litique : ne défendre aucune causeet n’avoir pas le sentiment de sa res-ponsabilité ». Posons, commepréalable, la restauration du prin-cipe de responsabilité politique.Essayons de mettre en place lesprocédures qui permettent qu’unetelle responsabilité puisse être vé-ritablement engagée, non pas dansles prétoires, car la responsabilitépolitique n’est pas seulement af-faire de droit, mais sur la scène pu-blique, démocratiquement. Nelaissons pas aux forces d’extrêmedroite le monopole de la dénon-ciation de l’irresponsabilité poli-tique. Organisons cette responsa-bilité. Cessons d’évacuer enpermanence la question du poli-tique. Finissons-en avec ces fauxdébats démagogiques qui, faute deporter le fer au cœur de la fonc-tion politique, se réduisent à la re-cherche de boucs émissaires,comme lorsqu’on impute à l’énar-chie tous les malheurs sociaux ettoutes les incuries.

Qui est responsable du scandaleahurissant du Crédit lyonnais ?Sans doute la vanité incompétente

Appel pour changerles constitutionnalistespar Joël Mekhantar

L A République est unechose trop sérieuse pourla laisser aux constitu-tionnalistes... surtout

quand ils n’ont rien à dire. L’« Appelpour changer la République » lancépar Le Monde du 7 mai par d’émi-nents politologues est sur ce pointédifiant. Enfin, croit-on sincèrementque l’on peut régénérer notre Répu-blique par quelques tours de passe-passe constitutionnels sans se posersérieusement la question de la signi-fication à donner aujourd’hui à ladémocratie ?

La doctrine constitutionnellefrançaise a décidément beaucoupde mal à se départir des formes depensée déjà dépassées auXVIIIe siècle. A ses yeux la démocra-tie ne peut être que représentative.On sent bien là cette pseudo-démo-cratie méfiante à l’égard des ci-toyens. L’ubuesque cérémonial ve-délien sur le référendum d’initiativepopulaire exprime toutes lescraintes des bien-pensants à l’égard« des improvisations et des votes pas-sionnels menaçant la République ouses libertés ».

On croirait relire Montesquieulorsque ce dernier écrivait :« Comme dans un Etat libre, touthomme qui est censé avoir une âmelibre doit être gouverné par lui-même », mais qui s’empressait aus-sitôt d’ajouter : « Il faudrait que lepeuple en corps eût la puissance légis-lative : mais comme cela est impos-sible dans les grands Etats, et est sujetà beaucoup d’inconvénients dans les

Quanddes institutionsont favorisé tant de dérives mafieusesdans l’exercicedes responsabilitéspolitiques, elles doiventfaire l’objet d’une réappropriationet d’un contrôlepar les citoyens

petits, il faut que le peuple fasse parses représentants tout ce qu’il ne peutfaire par lui-même (...) »

Tel est encore le credo qui sous-tend toutes les propositions reprisespar nos publicistes.

Veut-on aménager le référendum(Georges Vedel) ? Et l’on va moinsloin que les propositions laissées parle testament constitutionnel deFrançois Mitterrand, lequel étaitpourtant bien en deçà des procé-dures actuellement en vigueur enSuisse.

Souhaite-t-on raccourcir le man-dat présidentel (Olivier Duhamel) ?Et nous revoilà conviés à un remakede « Pompidou 1973 » sur le quin-quennat, sans pour autant s’interro-ger sur le rapport qui pourrait lieraujourd’hui le citoyen et l’élu,comme si l’on pouvait toujours secontenter de déposer son bulletindans l’urne en feignant de croire aux

jours meilleurs annoncés ici ou là.Désire-t-on interdire réellement

les cumuls (Guy Carcassonne) ? Etl’on propose des idées, certes inté-ressantes, mais après avoir conseilléun leader politique qui n’a pas été lemoins cumulard pendant sa carrièreet qui, sauf erreur de notre part,conserve encore un mandat de dé-puté européen et de sénateur. Per-mettez au lecteur d’être un peusceptique sur les chances qu’ont cesvœux pieux d’aller au-delà de la loiorganique du 30 décembre 1985.

Va-t-on se risquer à clarifier l’au-tonomie locale (Hugues Portelli) ?Et malgré des réformettes sur laénième répartition des compé-tences, on cautionne une décentrali-sation qui ne fonctionne pas, car onn’a pas le courage de supprimer ledépartement. Pourquoi laisser àl’heure de l’automobile et du fax ceslourdes collectivités départemen-tales qui se justifiaient en des tempsoù il n’était possible de se rendre auchef-lieu et d’en revenir qu’aprèsdeux journées de cheval ? A-t-onpeur de heurter de front une notabi-lité politique parasitaire localetoute-puissante et qui étend son in-fluence jusqu’au Sénat ?

Non, il n’est pas « vain d’espérerune rationalisation de l’édifice institu-tionnel par la diminution du nombredes échelons territoriaux ». Il fautavoir la volonté de reconcentrer lesattributions exercées par les dépar-tements vers des régions enfin do-tées d’une taille leur permettant desoutenir la comparaison avec lesLänder allemands et les régions ita-liennes ou espagnoles.

« L’Etat, c’est nous », comme l’af-firme justement Yves Mény, seul si-gnataire de l’Appel à faire preuved’un peu plus de lucidité et de réa-lisme devant la déprime morale etinstitutionnelle de notre Répu-blique. Quand des institutions ontfavorisé tant de dérives mafieusesdans l’exercice des responsabilitéspolitiques, elles doivent faire l’objetd’une réappropriation et d’uncontrôle par les citoyens.

Peut-être pourrait-on aller plusloin encore dans ce registre. Deuxmesures simples devraient être en-visagées pour mettre à l’épreuve lasincérité d’une classe politique enquête d’une nouvelle légitimité :

– le plafonnement de l’indemnitéparlementaire à 20 000 francs parmois ;

– la sanction par l’inéligibilité dé-finitive de tous les manquements àla déontologie politique dès lors quede tels manquements sont reconnuspar une décision judiciaire défini-tive.

Le renforcement de l’adhésion ci-toyenne aux institutions passe aussipar la réforme de notre droit finan-cier. Une vraie réforme devrait per-mettre aux citoyens de suivre préci-sément l’emploi des contributionspubliques, comme le leur reconnaîtd’ailleurs l’article 14, trop souventoublié, de la Déclaration des droitsde l’homme.

Vous appelez à « changer la Répu-blique », Messieurs... Alors sortez unpeu de vos amphis et de l’ambiancefeutrée de cette intelligentsia cou-pée du monde. Tout a beaucoupchangé depuis Montesquieu. Quitteà revenir à la pensée du XVIIIe siècle,ne pourriez-vous pas mettre unzeste de Rousseau dans nos institu-tions ?

Pour reprendre les propos deL’Esprit des lois..., les « âmes libres »

sont aujourd’hui plus nombreuses,et les Principes du droit politique deRousseau sont aussi plus qu’hiersusceptibles de nous rapprocher dela démocratie.

Dans cette optique, imaginonsune République où les élus ne se-raient que les conseils chargés detraduire juridiquement les aspira-tions du peuple mais où la décisionlégislative resterait en tout état decause citoyenne. Des procéduresconstitutionnelles permettant d’yparvenir ont déjà été conçues par lepassé. On peut se reporter à cellesinventées mais jamais appliquéespar les constituants de 1793.

C’est donc bien en faisant directe-ment la loi que les citoyens retrou-veront, dans le domaine politique, lepouvoir exercé jusqu’ici en leur nompar des institutions représentativesde plus en plus décalées de la socié-té. Faute de comprendre cette évi-dence, et en dépit de louables ap-pels, la République ne changera pas.Elle explosera.

Joël Mekhantarest maîtrede conférences à la faculté de droitet de science politique de Dijon.

J’ai été étonnée par la présentationdu futur Musée des arts premiers parJean-Pierre Barou et Sylvie Crossman,dans l’article intitulé « Des habitsneufs pour les arts primitifs » publiédans Le Monde du 10 avril. Définir l’en-jeu de ce projet comme le remplace-ment de « deux institutions parisiennesd’inspiration coloniale par cette seuleinstitution » est réducteur au point d’enêtre faux. Les auteurs se gardent biende décrire l’état de décompositionphysique, institutionnelle, et surtoutintellectuelle dans lequel se trouve leMusée de l’homme depuis des années.Ils craignent que le futur Musée desarts premiers ne soit le premier des pri-mitifs de demain, sans voir que le Mu-sée de l’homme actuel est bien le der-nier des primitifs d’aujourd’hui. Ils

redoutent que les « primitifs » nesoient mal représentés dans le Muséede demain, alors qu’ils devraient s’éle-ver contre leur présentation pitoyabledans le Musée d’aujourd’hui. (...)

Pourquoi faire appel aux anthropo-logues pour concevoir le futur Muséedes arts premiers ? Pour échapper àl’exposition purement esthétique quepourraient organiser ensemble cer-tains critiques d’art et commissaires, etrendre à l’objet la noblesse de laculture qui le produit. Pour éviter laprésentation d’une « version tronquéechâtrée de notre système culturel » ainsique le regrette l’anthropologue abori-gène citée par vos auteurs. Pour pro-poser aux curieux, aux enfants desécoles, à tous, l’état des connaissancessur les sociétés humaines, et non une« ethno-esthétique » inventée par vosauteurs et inconnue dans nos labora-toires. (...)

Antoinette Molinié,Paris

AU COURRIERDU « MONDE »

MUSÉE DES ARTS PREMIERS

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H O R I Z O N S - D É B A T S LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 19

politique

Faisons du chef de l’Etat un véritablechef de l’exécutif, issu de la coalitionmajoritaire au Parlement,responsable politiquement devant elle

de certains très hauts fonction-naires. Mais qui est responsable del’action de ces technocrates tout-puissants si ce ne sont les mi-nistres des finances qui se sontsuccédé depuis dix ans ? Un seul a-t-il été inquiété ? Un seul a-t-ilsongé, un instant, à démission-ner ? Non.

Voulons-nous changer la Répu-blique ? Voulons-nous restaurer laresponsabilité politique des diri-geants ? Alors prenons le risqued’affronter un tabou : l’élection duprésident de la République au suf-frage universel direct. Commentne pas voir, en effet, que laconjonction de la restriction despouvoirs du Parlement, décidée en1958, d’un mode de scrutin majori-taire pour l’élection des députés etd’une transformation considérablede l’espace public depuis trenteans – où la joute médiatique, sanc-tionnée par les mesures d’Audi-mat, se substitue à la délibérationdes représentants du peuple, où leballet des présidentiables, réglépar les sondages, interdit tout dé-bat, si ce n’est la langue de boisdémagogique des tribuns popu-listes – a profondément vicié leprojet, démocratique dans son es-sence, de l’élection directe du chefde l’Etat.

D’un régime parlementairethéoriquement équilibré, où legouvernement devait gouvernersous le contrôle du Parlement, le

chef de l’Etat étant chargé d’arbi-trer d’éventuels conflits, noussommes passés à un système pro-fondément déséquilibré, perversmême, où, sous couvert de l’onc-tion électorale, le président de laRépublique gouverne sans avoirde comptes à rendre à personne.Pire encore, ce sont nos réflexes decitoyens, notre rapport à la poli-tique, qui se sont trouvés pervertispar la spectacularisation et la per-sonnalisation de l’exercice démo-cratique. Nous n’élisons pas notrereprésentant à l’Elysée, nous ho-

norons les dieux. Nous ne faisonspas de politique, nous attendonsl’oracle. Nous ne discutons pas desprogrammes, nous applaudissonsle charisme. Nous ne confions pasle pouvoir, nous le donnons.

Voulons-nous changer la Répu-blique ? Alors changeons de Répu-blique. Supprimons l’élection duprésident de la République au suf-frage universel direct. Faisons duchef de l’Etat un véritable chef del’exécutif, issu de la coalition ma-

joritaire au Parlement, respon-sable politiquement devant elle.Restaurons aussi le rôle de nos re-présentants. Faisons du Parlementun vrai lieu de confrontation poli-tique, où les gouvernantsprennent des risques.

Supprimons toutes les procé-dures qui transforment actuelle-ment le Parlement en pitoyable ec-toplasme, comme celle prévue aufameux article 49-3 de la Constitu-tion qui permet l’adoption sansvote d’un projet de loi. Sans modi-fier le mode d’élection des dépu-

tés, qui assure une majorité à l’As-semblée nationale, remplaçons leSénat par une Chambre élue auscrutin proportionnel par l’en-semble de la population, où toutesles sensibilités politiques, mêmeles plus extrêmes, seront représen-tées, pour le plus grand profit dudébat démocratique. Restauronsde façon plus générale la fonctionpolitique en supprimant tout cequi porte atteinte à sa dignité : leprivilège exorbitant des fonction-

naires élus, assurés de retrouverleurs postes au lendemain d’unedéfaite électorale, le cumul desmandats des parlementairescomme des ministres, etc. Dans lemême mouvement, arrêtons denous en remettre à chaque fois à la« sagesse » du Conseil constitu-tionnel, érigé en tuteur de la viepolitique, au risque de confondresubrepticement Etat de droit etdémocratie.

Il y a sans doute en France desproblèmes beaucoup plus urgentsque ceux relatifs à l’architectureconstitutionnelle. Mais la dérivemonarchiste du pouvoir exécutif,l’impuissance de nos représen-tants au Parlement, l’impunitédont jouissent les gouvernants,nourrissent un sentiment de rejetqui ne trouve souvent à s’exprimerque dans la contestation populistedu politique, mettant alors en dan-ger la démocratie elle-même. Sinous voulons échapper au sort dela République de Weimar, n’atten-dons pas qu’il soit trop tard.

Sylvain Bourmeau est ré-dacteur en chef ajdoint des Inroc-kuptibles.Bastien François est profes-seur de science politique à l’univer-sité Rennes-I.Tous les deux sont membres fonda-teurs de Politix, Revue dessciences sociales du politique.

Un voyage problématiquepar Jean-Luc Domenach

A U premier abord, levoyage de JacquesChirac en Chine peutséduire les amis de

l’Asie en France. Il a été maintenumalgré la proximité des électionslégislatives : c’est une confirmationde l’importance réelle que le pré-sident confère à ce pays. Mais ilsuccède aussi à d’importantes vi-sites à Tokyo, puis à Bangkok(pour une participation efficace ausommet euro-asiatique) : c’est lapreuve qu’il s’inscrit dans un véri-table dessein politique en Asie.

Pourtant, si l’on pousse plus loinla réflexion, on en vient à se de-mander si ce voyage était bien né-cessaire. La défiance accumuléedes deux côtés à force de malen-tendus et de déceptions ainsi quel’incertitude sur la transition poli-tique actuellement en cours à Pé-kin conduisent tout d’abord àmettre en doute le choix du mo-ment. Ensuite, on voit mal com-ment M. Chirac pourrait éviter depayer l’amitié chinoise par des dé-clarations qui, d’une façon oud’une autre, risquent de jeter ledoute sur son attachement auxdroits de l’homme comme sur ledroit de la jeune démocratie taïwa-naise à une survie décente. Enfin, ilsera bien difficile au chef de l’Etatd’éviter que le regain politique dela coopération franco-chinoise nedépasse les objectifs d’équilibredes forces que la plupart des dé-mocraties européennes pour-suivent en Asie orientale.

Ces difficultés relèvent proba-blement d’une même erreur deprincipe : celle qui consiste à pen-ser que l’approche avant tout poli-tique de la Chine, adoptée par legénéral de Gaulle dans un contexted’affrontement bipolaire et deconflit grave en Asie (le conflitd’Indochine), reste valable après lafin de la guerre froide. Cette ap-proche paraît erronée. Sur le planmondial, parce qu’on ne voit pasbien sur quels principes fondamen-taux la France démocratique et laChine communiste peuvent au-jourd’hui se mettre d’accord. Sur leplan asiatique, parce que les ambi-tions régionales de la Chine mé-ritent d’être freinées, non encoura-gées. Sur le plan bilatéral, parceque la preuve est faite, depuis deuxdécennies, qu’une approche trop

politique de la Chine ne rapporteguère à nos exportateurs, et rienau rayonnement de notre langue etde notre culture dans ce pays.

Sans doute les autorités fran-çaises devraient-elles plutôt réflé-chir à inverser l’ordre des facteursen examinant l’expérience de nosvoisins européens.

La Chined’aujourd’hui paraîtà la fois tropdifférente et troplointaine pourqu’il soit possiblede la considérercomme un importantpartenaire politiquede la France

Tout d’abord favoriser autantque possible, la connaissance de laChine, les relations directes entreles sociétés et l’approche en réseaudu marché chinois par nos expor-tateurs : en d’autres termes, don-ner à la relation franco-chinoise labase matérielle et même populairequi lui a toujours manqué. Ensuite,et ensuite seulement, couronnerces relations entre les sociétés pardes rapports d’Etats discrets, pré-cis, équilibrés, évitant les domainessensibles comme la coopérationmilitaire. La Chine d’aujourd’huiparaît à la fois trop différente (sousl’angle idéologique) et trop loin-taine (sous l’angle économique etculturel) pour qu’il soit possible dela considérer comme un importantpartenaire politique de la France.Le courage n’est sans doute plus,comme en 1964, de parler de hautepolitique à la Chine, mais deconstruire solidement et prudem-ment une vraie relation avec sonéconomie, sa culture et son peuple.

Jean-Luc Domenach estsinologue.

Et les droits de l’homme ? par Noël Copin

J ACQUES CHIRAC partpour Pékin. Reporters sansfrontières, dont le but es-sentiel est de défendre laliberté d’informer et la li-

berté d’être informé, n’a pas enprincipe à se prononcer sur cesrapports officiels d’Etat à Etat.Nous n’avons pas non plus à inter-venir dans le déroulement d’unecampagne électorale.

Mais les coïncidences du calen-drier politique ne peuvent pas nousempêcher de rappeler que douzede nos confrères sont actuellementincarcérés dans les prisonschinoises, partageant ainsi le sortde quelques centaines de milliersd’autres hommes et autres femmesprivés de leur liberté à cause deleurs opinions. Ni de déplorer l’at-titude de la France qui, le mois der-nier à Genève, évita à la Chine unecondamnation par la Commissiondes droits de l’homme. Il s’agissaitbien évidemment de ménager lesdirigeants de Pékin avant une ren-contre qui pourrait se révéleréconomiquement rentable.

La diplomatiedevient négoce

Si légitime que soit la préoccupa-tion de voir les produits et les en-treprises françaises accéder à unmarché potentiellement fabuleuxde plus d’un milliard deux centsmillions de personnes, faut-il pourcela renoncer aux principes ?

Des diplomates français pré-tendent qu’il vaut mieux adopterpubliquement une attitude conci-liante pour agir plus efficacementdans la discrétion et obtenir ainsides gestes de bonne volonté. Nousvoulons espérer que M. Chirac nemanquera pas de plaider à Pékin lacause, non seulement de nos

confrères mais de tous ceux quisont, comme eux, victimes de la ré-pression. Nous espérons mêmequ’il obtiendra quelques résultats.Mais les droits de l’homme nepeuvent pas être seulement l’objetde petites tractations à huis clos. Ilsdoivent être proclamés haut etfort.

L’idée se répand de plus en plus– et le chef de l’Etat l’a exprimée àplusieurs reprises ces dernierstemps à travers le monde – que lalibéralisation de l’économie etl’évolution du niveau de viepeuvent favoriser les droits del’homme. Serait-ce une raison dene plus parler de ces droits qu’ensourdine ?

Désormais, on agit, on parle, ons’abstient ou l’on se tait au nom duréalisme. Est-ce vraiment du réa-lisme ?

Les Chinois sont à coup sûr desréalistes. Parce qu’ils sont encorecommunistes. Parce qu’ils sont de-venus capitalistes. Parce qu’ils sonttoujours chinois.

Le réalisme, par définition,consiste à prendre en compte lesréalités, toutes les réalités. Ce n’estpas être réaliste que d’ignorer laréalité des atteintes chinoises à laliberté. Le réalisme consiste aussi àne pas oublier que la raison d’êtreet la force des démocraties, ce sontleurs principes.

La France, bien sûr, n’est passeule en cause. La diplomatie de-vient négoce. Les chefs d’Etat et degouvernement se transformenttrès explicitement en voyageurs-re-présentants-placiers. Les « valeursuniverselles » des grands discoursont-elles perdu leur universalité ?Ou ont-elles tout simplementchangé de sens ?

Noël Copin est journaliste etprésident de Reporters sans fron-tières-France.

par Sylvain Bourmeau et Bastien François

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

Les syndicats demandent le reportde l’assemblée générale d’Eramet

ALORS QUE LE GOUVERNE-MENT pariait sur un retour aucalme chez Eramet, après l’an-nonce, le 7 mai, du limogeage duprésident du groupe public, YvesRambaud, et son remplacementpar Thierry Chambolle, directeurgénéral délégué de la Lyonnaisedes eaux, c’est une guerre de tran-chées qu’il pourrait devoir affron-ter. Après l’encadrement, ce sontles syndicats du groupe public quiréagissent violemment à la repriseen main gouvernementale. LaCFDT et la CGC ont adressé, le12 mai, une lettre à Rémy Chardon,président de la holding publiqueErap, actionnaire à 55 % d’Eramet,dans laquelle ils demandent « l’ap-plication de la loi du 26 juillet 1983relative à la démocratisation du sec-teur public ». La CGT a fait, de soncôté, la même démarche.

DEMANDE DE REPORTCe texte prévoit, dans toute so-

ciété détenue à plus de 50 % parl’Etat, une représentation des sala-riés au conseil d’administration.« Nous demandons donc de faireprocéder immédiatement à l’élec-tion de représentants de salariés »,écrivent les syndicats. Selon la loi,le scrutin devant se tenir au moins

quinze jours avant la date du re-nouvellement du conseil d’admi-nistration, ils demandent le reportde l’assemblée générale, fixée le29 mai, qui devait entériner lechangement de présidence.

Les syndicats n’avaient jamaisdemandé l’application de la loi surla représentation des salariés dansles groupes publics, « l’Erapn’ayant pas vocation à rester dura-blement l’actionnaire majoritaire »d’Eramet qui fonctionnait« comme une entreprise privée ».Constatant désormais « la volontéde L’Etat, via l’Erap, de “reprendreen main” Eramet », et, craignantpour l’avenir de l’entreprise, ils de-mandent à être associés au conseild’administration.

L’Erap acceptera-t-il de voirbousculer son calendrier ? Il peutdifficilement se soustraire à la de-mande des syndicats, sous peined’être poursuivi pour délit d’en-trave. Mais le report de l’assem-blée générale d’Eramet pourrait legêner. Très irrités, les fonds depension anglo-saxons, action-naires à hauteur de 22 % d’Eramet,s’organisent pour faire respecterles droits des minoritaires.

Martine Orange

Alcatel et Dassault plaident pour une recomposition françaisede l’armement préalable aux restructurations européennes

IL FAUT D’ABORD consoliderl’industrie française de l’électro-nique de défense autour de Thom-son-CSF et ensuite engager, en po-sition de force, des négociations envue de restructurations avec lesautres acteurs européens du sec-teur. C’est le message que devaientmarteler, mardi 13 mai en fin dematinée, Serge Tchuruk, le PDGd’Alcatel Alsthom, et Serge Das-sault, le PDG de Dassault, lorsd’une conférence de presse surleur offre commune de rachat des58 % du capital de Thomson-CSFactuellement aux mains de l’Etat.

Même si elle était prévue delongue date – elle avait été initiale-ment programmée le jour où a étéannoncée la dissolution de l’As-semblée nationale –, cette inter-vention des deux hommes appa-raissait comme une tentative pourreprendre l’initiative au plan mé-diatique après le « coup » réalisé lasemaine passée, à l’occasion dudépôt des offres de rachat deThomson-CSF, par l’autre candi-dat, le groupe Lagardère : ce der-nier a annoncé (Le Monde du8 mai) la conclusion d’une doublealliance dans les missiles et les sa-tellites entre sa filiale Matra et lesindustriels allemand Daimler Benz

Aerospace (DASA) et britanniqueBritish Aerospace (BAe).

« Faut-il conclure des allianceseuropéennes en ordre dispersé, quiplus est sans leadership ? », de-vaient s’interroger, mardi 13 mai,MM. Tchuruk et Dassault. Le dé-bat est ouvert : faut-il conjuguerprivatisation de Thomson-CSF etrestructuration de l’industrie del’électronique de défense au ni-veau européen, ou faut-il d’abordconsolider l’industrie nationaleavant d’engager les réorganisa-tions avec les autres acteurs duVieux Continent ? Il reviendra,après les élections législatives, augouvernement français d’en déci-der. Le nouvel exécutif ne pourraguère biaiser. En fonction du choixqu’il fera entre l’offre du groupeLagardère et celle d’Alcatel Als-thom et Dassault, il apportera laréponse à cette question.

L’alliance entre Matra, DASA etBAe dans les missiles et les satel-lites pose également une autrequestion : celle du devenir de l’aé-ronautique européenne et notam-ment d’Airbus. C’est ce que legroupe Aerospatiale, en cours defusion avec Dassault, mais tenu àl’écart de la privatisation de Thom-son-CSF, a tenu à souligner. Rele-

vant que « tous les grands euro-péens, sauf Aerospatiale-Dassault »,font partie de cette alliance, YvesMichot, son PDG, a estimé, mardi13 mai, dans un entretien au quoti-dien Les Echos, qu’ « il ne faut pasqu’autour de la privatisation deThomson-CSF se déroule une opéra-tion visant à affaiblir le pôle aéro-nautique français ».

L’HYPOTHÈSE DE LA COMMANDITEPour M. Michot, cette alliance

rend « impossible » la réorganisa-tion du consortium Airbus Indus-trie autour d’un double pôle aéro-nautique et spatial civil et militaire.« Il faut imaginer un schéma dif-férent, s’appuyant sur un opérateurindustriel. Aerospatiale serait prêt àconsidérer d’en assumer les risqueset les responsabilités. Une solutionparmi d’autres pourrait être une so-ciété en commandite, dont Aerospa-tiale serait le commandité », sug-gère M. Michot.

Yves Michot met par ailleurs engarde DASA et BAe, ses parte-naires au sein d’Airbus, contretoute tentation de marginaliserAerospatiale, un risque qui selonlui « n’est pas nul ». « S’allier contreAerospatiale, c’est signer l’arrêt demort d’Airbus », avertit-il, souhai-

tant qu’un « autre partenaire fran-çais entre au capital d’Aerospatiale-Dassault », lors de la privatisationde cet ensemble qui doit suivre lafusion des deux avionneurs. Alca-tel « présente tous les atouts », se-lon lui, s’il est choisi pour la priva-tisation de Thomson-CSF.

L’alliance entre Matra, DASA etBAe provoque aussi des réactionsen Allemagne. Chez Dornier, filialede DASA, notamment. MartineDornier-Tiefenthaler, représen-tante des quatre héritiers Dornieret entrée maintes fois en conflitouvert avec la DASA, a critiqué ceprojet, tout en soulignant qu’ellen’avait pas encore décidé si etcomment elle irait à son encontre,a rapporté lundi 12 mai le quoti-dien Frankfurter Allgemeine Zei-tung. La famille Dornier reproche àDASA de transformer le groupeDornier en coquille vide en sépa-rant certaines activités et de trahirainsi un accord pris dans les an-nées 80. Lors de la prise decontrôle du capital, des droits devote et de la direction industriellede Dornier par DASA, il avait étéconvenu que Dornier garderait sonindépendance et son autonomie.

Philippe Le Cœur

Bernard Arnault en quête d’une stratégie pour assurer l’avenir de LVMHMarginalisé dans les vins et spiritueux, après la fusion de Guinness et GrandMet, le patron du premier groupe mondial de produits de luxe

cherche un numéro deux pour réorganiser l’entreprise, bâtie à coups d’acquisitions de sociétés familialesBERNARD ARNAULT est fu-

rieux. Même s’il a gagné, dans lajournée du 12 mai, plus de 2 mil-liards de francs grâce à l’envoléeen Bourse des actions Guinness,dont LVMH détient 14,2 %, le pa-tron du numéro un mondial duluxe vient d’essuyer son premiergros échec. La fusion des deuxgéants britanniques Grand Metro-politan et Guinness (Le Monde du13 mai) s’est faite non seulementsans son assentiment mais contreses intérêts. LVMH s’appuyait jus-qu’à présent sur deux pôles, lesvins et spiritueux, regroupés dansla filiale Moët-Hennessy (détenueà 66 % par LVMH et 34 % parGuinness) et le luxe (Dior, Given-chy, Guerlain...). Les deux britan-niques ont délibérément laissé àl’écart de leur rapprochement legroupe français, pourtant premieractionnaire et partenaire de Guin-ness. GrandMet et Guinness vontformer seuls GMG Brands, le nu-méro un mondial de spiritueux,reléguant Moët-Hennessy au rôlede simple partenaire commercial.

M. Arnault avait un autre plan.Il voulait être le pivot de la res-tructuration des trois groupes.Son projet : mettre sous la mêmeentité Moët-Hennessy et les acti-vités alcools de Guinness et deGrandMet. In fine, M. Arnault au-rait détenu 45 % environ de cegéant. Mais ce schéma revenait àdémanteler les deux conglomératsbritanniques : Guinness se serait

séparé de sa bière, GrandMet desa chaîne de restaurants BurgerKing et de son pôle agroalimen-taire (Pillsbury, Géant Vert, Häa-gen Dazs). Les conseils d’adminis-tration des deux groupes ont jugéque ce montage ne serait pas dansl’intérêt de leurs actionnaires.Dans l’entourage de M. Arnault,on laisse entendre que le manage-ment de Guinness s’est jeté dansles bras de GrandMet pour mieuxéchapper à ceux du patron fran-çais. Ces dernières années, celui-cin’a pas ménagé ses critiques sur lagestion du brasseur britannique,dont le cours de Bourse stagne de-puis cinq ans, alors qu’il avait étémultiplié par trois entre 1988 et1992.

ACTIONNAIRE A 6,6 %Lorsque la fusion sera entérinée,

LVMH se retrouvera actionnaire àhauteur de 6,6 % du nouveauconglomérat GMG Brands. Dèslors, cette participation devientnon stratégique. M. Arnault, tou-jours à l’affût d’acquisitions dansle domaine du luxe, n’hésitera pasà la céder à la première occasion.Déjà en janvier, il avait vendu letiers de ses actions Guinness pourfinancer la prise de contrôle de lachaîne de magasins hors taxes Du-ty Free Shoppers (DFS).

Le patron français n’a peut-êtrepas dit son dernier mot. Guinnesset Grand Met sont des entreprisesnon contrôlées (avec 6,6 %, LVMH

sera le premier actionnaire deGMG Brands). Dans les deux moisqui vont s’écouler avant que l’opé-ration ne soit bouclée, un raidboursier n’est pas exclu. Degrands brasseurs mondiaux,comme les américains AnheuserBusch et Miller, le néerlandaisHeineken ou le japonais Kirin,

pourraient être tentés de racheterla marque Guinness, laissant àM. Arnault le champ libre pourmener à bien son schéma de res-tructuration.

Pour LVMH, l’inconnue résidedans l’avenir de Moët-Hennessy,que GMG Brands s’est engagé of-ficiellement à ne pas concurrencer

dans ses métiers (champagne etcognac), mais qu’il ne serait pasfâché de racheter à terme. Mêmemarginalisé dans le capital dunouvel ensemble, LVMH disposed’un levier important puisqu’il estassocié à 50-50 avec Guinness àtravers dix-sept sociétés decommercialisation en Asie et enAmérique, et qu’il contrôle, avecDFS, le numéro un mondial de ladistribution hors taxes, canal im-portant de diffusion de ces pro-duits. M. Arnault a toujours affir-mé que son groupe se développaitsur deux métiers, les alcools, sec-teur à faible risque mais exigeantbeaucoup de capitaux, et le luxe,en forte croissance mais plus sen-sible aux soubresauts de la mode.

Pour les analystes, l’heure du re-centrage sur le luxe a incontesta-blement sonné pour LVMH. « Legroupe pourrait vendre ses 66 %dans Moët-Hennessy pour 22 à25 milliards de francs et sa partici-pation dans Guinness pour 15 mil-liards », estime Edouard de Bois-gelin, analyste financier chezMerrill Lynch. De quoi racheter,par exemple, la maison de luxe ita-lienne Gucci, grand rival de Vuit-ton, que Bernard Arnault a refuséd’acheter il y a quelques années.

Plusieurs signes tendent à prou-ver que la réflexion est nettementavancée au sein du groupe. Dansla présentation des comptes pour

1996, le groupe a réorganisé sesactivités en deux grandesbranches : « Bagages et mode »,pour l’ensemble Vuitton, Given-chy, Lacroix, Kenzo, Céline,Loewe, Fred, et « distribution sélec-tive de produits de luxe », regrou-pant DFS et l’ancienne divisionparfums et cosmétiques. La socié-té Christian Dior, à la fois holdinget joyau du groupe, reste indépen-dante jusqu’à nouvel ordre. « Uneprésentation conforme à la re-commandation de nos commis-saires aux comptes », dit-on chezLVMH, et qui préfigure probable-ment sa future structure opéra-tionnelle. L’enjeu majeur de cetteréorganisation sera l’intégrationde DFS, dont l’acquisition a plusque doublé le chiffre d’affairesconsolidé du groupe, en le portantà plus de 28 milliards de francs.

M. Arnault a d’ailleurs confié àun chasseur de têtes le recrute-ment d’un directeur de la stratégiepour LVMH. Un « vrai-faux » nu-méro deux dont la mission sera dedonner une cohérence à ungroupe qui n’est pour l’heurequ’un regroupement d’anciennesaffaires familiales. Le président dugroupe avait initialement envisagéde s’adjoindre un véritable direc-teur général. Mais il n’entend pasrenoncer à ses prérogatives : lesgrands choix stratégiques quipeuvent aller, dans son esprit, jus-qu’au recrutement des créatifs ouà la sélection du nom d’un par-fum ! N’est-ce pas M. Arnault lui-même qui a décidé de recruter lescouturiers britanniques AlexanderMcQueen et John Galliano pourGivenchy et Dior, ou l’AméricainMarc Jacobs chez Louis Vuitton,chargé de rajeunir l’image etd’élargir la gamme au-delà de lamaroquinerie, à l’instar de ce qu’afait... Gucci.

Dans le même temps, très atta-ché à préserver la personnalité desmarques, M. Arnault souhaite lais-ser une grande autonomie aux« barons » qu’il a lui-même nom-més ou confirmés à la tête des fi-liales les plus prestigieuses, Chris-tian Dior, Louis Vuitton,Guerlain...

Après avoir réussi l’un des plusbeaux parcours financiers des an-nées 80, au cours desquelles il abâti son groupe à coups d’acquisi-tions, Bernard Arnault doit encoreprouver qu’il est un grand indus-triel. Son plus gros défi.

Pascal Galinier et Arnaud Leparmentier

LUXE Bernard Arnault, patron dugroupe LVMH, le numéro un mondialdes produits de luxe, vient d’essuyerson premier échec important, aprèsl’annonce de la fusion des deux géants

britanniques Guinness et GrandMet.b PARTENAIRE de Guinness, qui en dé-tient 34 %, Moët Hennessy, la filiale dechampagne et cognac de LVMH, est te-nue à l’écart du rapprochement qui

s’opère outre-Manche dans les vins etspiritueux. b LA NAISSANCE de Grand-Met and Guinness Brands devrait pro-voquer d’autres regroupements dans lesecteur des alcools. b LE RECENTRAGE

du groupe français sur ses seules activi-tés de production et de distribution deproduits de luxe apparaît désormaisinéluctable. b LE RECRUTEMENT d’undirecteur de la stratégie est en cours

chez LVMH. Ce « vrai-faux » numérodeux sera chargé de donner une cohé-rence au regroupement d’anciennes so-ciétés familiales acquises par M. Ar-nault au fil des ans.

D’autres regroupements auront lieu dans les spiritueuxLA CHASSE aux acquisitions est de nouveau

ouverte dans l’industrie agroalimentaire. La fu-sion entre Grand Metropolitan et Guinness vadonner naissance à un géant, GMG Brands,écrasant ses concurrents sur le marché des spiri-tueux.

Selon Impact Databank, sur les cent premièresmarques de spiritueux distribuées dans lemonde, GrandMet en possède neuf, tout commeGuinness, auxquelles il convient d’ajouter le co-gnac Hennessy, 27e alcool mondial, propriété dugroupe LVMH et distribué conjointement. La pa-lette offerte par les deux groupes fusionnés serainégalée. L’offre de scotch whisky sera plétho-rique, avec J & B, de GrandMet (5e marque mon-diale) et Johnny Walker Red et Johnny WalkerBlack, de Guinness (4e et 18e). La vodka Smirnoffde GrandMet, 2e marque mondiale, complèterale gin Gordon de Guinness (6e). Guinness n’avaitpas de liqueurs, GrandMet lui en offre deux (Bai-leys, Malibu). GrandMet n’avait ni champagne,ni cognac, ce qui constituait un sérieux handicappour son développement en Asie. Guinness luiapporte la distribution des cognacs et cham-

pagnes de Moët Hennessy. Le nouveau groupeaura la puissance nécessaire pour imposer sa dis-tribution.

« Pour un groupe qui pèsera en Bourse plus de20 milliards de livres, l’économie annoncée de175 millions de livres seulement au bout de troisans apparaît très modeste », note Sylvain Massot,analyste financier chez Morgan Stanley, quipense que les économies seront supérieures. Labataille avec les concurrents sera d’autant plusdure que le marché mondial des alcools stagnedepuis des années et ne devrait pas, d’ici à l’an2 000 progresser de plus de 1,5 % par an, selonTony Greener, président de Guinness.

CONCURRENCE POUR SEAGRAMLe canadien Seagram, numéro deux mondial

du secteur, avec le whisky Chivas, le cognac Mar-tell et le champagne Mumm, subira de pleinfouet la concurrence du nouveau groupe, quicontrôlera la moitié du marché mondial du whis-ky. « Seagram a des difficultés avec son réseau dedistribution en Europe », note M. Massot. Lesspéculations vont aussi bon train sur Allied Do-

mecq, quatrième du secteur, avec le whisky Bal-lantines et le cognac Courvoisier, dont l’action agagné en Bourse 4,4 %, lundi 12 mai.

En France, la fusion avec Guinness exclut dé-sormais tout rapprochement de GrandMet avecRémy Cointreau, qui aurait apporté au britan-nique ses champagnes et ses cognacs. L’actionn’a progressé, lundi, que de 0,33 %, alors que laBourse de Paris gagnait 2,25 %. Au vu des diffi-cultés que va rencontrer LVMH, Rémy Cointreause réjouit de posséder son propre groupe de dis-tribution international et de ne pas avoir ses pro-duits à la merci d’un regroupement.

Pernod Ricard a, au contraire, gagné 2,86 %. Lafusion entre GrandMet et Guinness tend à prou-ver que lorsqu’un cours de Bourse stagne troplongtemps, une solution finit par émerger. Pourle numéro un mondial de l’anis, ce chamboule-ment du secteur pourrait lui donner l’opportuni-té d’acheter à prix raisonnable les quelquesmarques que GMG Brands ne jugera pas néces-saire de conserver.

Ar. Le.

VENTES 1996 (en millions de caisses de 9 litres)

Source : Impact Databank

Rhum

Vodka

Vodka

VodkaGin

Anis/Pastis

Scotch Whisky

Scotch Whisky

Scotch WhiskyScotch Whisky

Scotch Whisky

Scotch WhiskyScotch WhiskyScotch Whisky

Canadian Whisky

Scotch Whisky

Gin

Gin

Gin

Bourbon

Vodka

Tennessee Whis.

Scotch Whisky

Brandy

Brandy

Brandy

Tequila

Gin

Liqueur

Liqueur

LiqueurCocktail

Liqueur

19,315

7,5

7,46

5,35,3

5,3

5,1

4,9

4,8

4,74,14

4

TOP 100

TOP 100

25

152943606877

86

46

182021

39576292

Cognac27

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

BACARDISMIRNOFF

SMIRNOFF

RICARDJOHNNIE WALKER RED

JOHNNIE WALKER RED

JOHNNIE WALKER BLACK DEWAR'S BELL'S

GORDON'S VODKA TANQUERAY WHITE HORSE VAT 69

HENNESSY (LVMH)

J&B RARE

J&B RARE

GORDON'S GIN

GORDON'S GIN

JIM BEAMABSOLUTJACK DANIEL'S BLACKBALLANTINES

PRESIDENTE

JOSE CUERVOSEAGRAM'S GINDE KUYPERBAILEYS

BAILEYS GILBEY'S BLACK VELVET MALIBU TGI FRIDAY'S CHRISTIAN BROTHERS METAXA

MARQUELES MARQUES

DE GRAND METROPOLITAN

LES MARQUES DE GUINNESS

ENTREPRISE TYPE

Bacardi Ltd

GrandMet

Pernod Ricard

Guinness

GrandMet

Guinness

American Brands

The Absolut Co

Brown-Forman Beverages Worldwide

Allied Domecq

Allied DomecqGrupo Tequila Cuervo SA de CVSeagramKoninklijke de Kuyper BVGrandMet

Les quinze premières marques d'alcool dans le monde

Page 21: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0021-0 WAS LMQ1405-21 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0538 Lcp: 196 CMYK

E N T R E P R I S E S LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 21

SPÉCIAL

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0123

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Une production :

Air France a conclu une alliance avec Air IndiaAIR FRANCE a conclu di-

manche 11 mai à New Delhi un ac-cord stratégique avec Air India.Cet accord vient s’ajouter aux al-liances internationales déjà si-gnées par la compagnie publiquefrançaise pour rivaliser avec lesgrands réseaux comme Lufthan-sa-United Airlines ou celui encours de formation entre BritishAirways et American Airlines.

Air France a relancé au débutde l’année une politique d’al-liances, complètement éteinte de-puis la crise traversée par lacompagnie en 1993. Elle a concluun double rapprochement auxEtats-Unis, avec Delta et Conti-nental Airlines, dont elle espèreretirer 500 millions de francs derecettes annuelles et 20 % de pas-sagers en plus sur sa plate-formede correspondance (« hub ») de

Roissy-Charles-de-Gaulle. Elle aaussi une alliance plus ponctuelleavec Aeromexico pour la dessertede Cancun. En Europe et auMaghreb, elle a noué des lienscommerciaux avec Alitalia, Malev(Hongrie), Lot (Pologne) et RoyalAir Maroc. En Asie, elle a un ac-cord commercial avec Japan Air-lines, et recherchait d’autres alliésdans cette région promise à laplus grosse croissance du traficaérien.

EXTENSION ENVISAGÉEL’accord avec Air India est la

première alliance jamais signéepar la compagnie indienne. Il avocation à être étendu à IndianAirlines, que le gouvernement in-dien envisage de fusionner avecAir India. A première vue, l’accordpeut paraître un peu déséquilibré,

tant les deux compagnies in-diennes sont engluées dans lesdéficits, avec une qualité de ser-vice qui n’est pas encore aux stan-dards des grandes compagnies in-ternationales. Mais le marché dusous-continent indien est trèsvaste, et d’autres candidats euro-péens étaient sur les rangs, telleLufthansa.

Air India rejoindra Continentalet Delta Airlines sur le « hub »d’Air France à Roissy, et offrira àses passagers tout le réseau decorrespondances de la compagniefrançaise. Ses quatre vols hebdo-madaires sur Paris, qui s’opé-raient via Francfort, vont être di-rects et prolongés ensuite surFrancfort dès octobre. Air France,qui a quatre vols hebdomadairessur New Delhi et trois sur Bom-bay, envisage d’augmenter ses

fréquences avec des vols commer-cialisés par les deux compagniesindiennes, ce qui lui permettra demieux remplir les avions.

SYSTÈME DE FIDÉLISATION ÉLARGIAu début, ce procédé sera ap-

pliqué uniquement sur des avionsexploités par Air France, en atten-dant qu’un comité d’experts défi-nisse les standards minimum pourle service sur les vols d’Air India.Air France aura aussi accès au ré-seau d’Indian Airlines (soixantevilles). Dans l ’ immédiat, lacompagnie est intéressée par Cal-cutta, Madras et Bangalore.

Pour le passager, le gros avan-tage est de pouvoir cumuler despoints – et donc des voyages gra-tuits – sur sa carte de fidélisation,s’il voyage avec les compagnies« alliées ». – (AFP.)

La fusion ratée entre Marzotto et Gemina marquele déclin de la banque italienne Mediobanca

La constitution d’un groupe textile européen a tourné au fiascoDeux mois après son annonce en fanfare, la créa-tion d’un groupe européen de textile et d’habille-ment pesant 28 milliards de francs, conçue par la

banque d’affaires italienne Mediobanca, ne verrapas le jour. La veille de la célébration des nocesentre Gemina, filiale de Fiat et Mediobanca, et le

groupe Marzotto, Pietro Marzotto, son patron, afinalement dit non. La balance penchait trop ou-vertement en faveur du couple Fiat/Mediobanca.

LA CÉLÈBRE banque d’affairesitalienne Mediobanca aurait-elledéfinitivement perdu la main ?L’affaire Marzotto donne en toutcas un coup supplémentaire à saréputation. En deux ans, c’est ladeuxième fois que la banque d’af-faires échoue dans sa tentative detrouver un partenaire à la sociétéfinancière Gemina dont elle estl’un des actionnaires (14 %) der-rière Fiat, qui en détient 22 %. Ain-si, en septembre 1995, la banqueavait imaginé un montagecomplexe qui aurait permis à Ge-mina d’avaler le groupe Ferfin(Montedison, La Fondiaria) et au-rait englobé les activités chimiquesde Fiat.

Ce « SuperGemina » aurait peséla bagatelle de quelque 120 mil-liards de francs. Les cartes de l’in-dustrie italienne étaient rebrasséessur les décombres de la famille Fer-ruzzi mais les bénéficiaires étaienttoujours les mêmes : il grande Vec-chio (le grand Vieux) comme onappelle l’ex-patron toujoursprésent de Mediobanca, EnricoCuccia, et l’Avvocato (GiovanniAgnelli), qui à l’issue de la transac-tion réalisée par échange d’actions,se seraient retrouvés à la tête dudeuxième groupe privé d’Italie.

MISE SOUS SURVEILLANCELa découverte d’un trou de

7 milliards de lires (200 millions defrancs) chez Gemina conduira lejuge italien Francesco Greco à ou-vrir une enquête puis à mettresous surveillance les principauxresponsables de Gemina dont sonprésident Gianpiero Pesenti, égale-ment président d’Italcementi etFrancesco Paolo Mattioli, respon-sable des finances chez Fiat. Le13 octobre 1995, la fusion est re-

poussée à des jours meilleurs. Legrand rêve de Cuccia disparaît. Iln’en faut pas plus pour écorner lemythe Mediobanca.

L’annonce, en avril, d’une fusionentre le groupe textile Marzotto(Hugo Boss) et HIP, le pôle indus-triel de Gemina, qui exploite les li-cences Armani, Cerrutti, CalvinKlein et Ungaro, avait cloué le becaux détracteurs de Mediobanca.

LOGIQUE INDUSTRIELLEL’affaire, étudiée depuis l’été

1996, s’annonçait parfaite. Elles’inscrivait dans la longue traditionde la banque qui, sous la houletted’Enrico Cuccia, a façonné le pay-sage industriel et financier italienautour de relations – souvent in-cestueuses mais efficaces – degrands groupes familiaux. L’opéra-tion n’était pas a priori un coup debillard à quatre bandes comme lesaffectionne la banque d’affaires.Sa logique industrielle était impa-rable : la fusion débouchait sur lacréation d’un groupe textile etd’habillement de taille européennede 28 milliards de francs de chiffred’affaires assis sur 1 000 milliardsde lires de trésorerie.

Le contrôle du nouvel ensemble,GIM, se répartissait entre Fiat(17 %) la famille Marzotto (12,5 %),Mediobanca (10 %) et Italmobiliare(3,5 %). Le patron de Marzotto,Pietro Marzotto, réalisait un objec-tif quasiment vital : rendre sontitre liquide et régler ses problèmesfamiliaux internes. Il devenait éga-lement le nouveau président dugroupe.

Ce n’est que peu de temps avantla signature effective de ce « ma-riage du siècle » que Pietro Mar-zotto s’est aperçu qu’il avait plus àperdre qu’à gagner dans cette al-

liance. Le premier « malentendu »a porté sur ses responsabilités.Certes, il héritait du titre de pré-sident. Mais en fait, c’est MaurizioRomiti, fils de Cesare, président deFiat, et numéro trois de Medioban-ca qui avait tous les pouvoirs exé-cutifs, désignation de l’équipe diri-geante et définition de la stratégieentre autres. La seconde décou-verte de M. Marzotto a porté sur ledéveloppement futur du groupe,précisément. Il lui est apparu quesa trésorerie allait essentiellementprofiter à Fiat et que parconséquent, une augmentation decapital d’un même montant(1 000 milliards de lires) allait êtrenécessaire dans les deux ans.

Soit la famille serait alors diluée,soit il faudrait qu’elle aligne dessommes équivalentes à sa partici-pation pour se maintenir au mêmeniveau. L’évidence que la balancepenchait un peu plus que néces-saire en faveur de Mediobanca l’aconduit à rompre brutalementpour éviter d’être le dindon de lafarce.

PERTE D’INFLUENCEPietro Marzotto est-t-il pour au-

tant si fâché que cela de ne pasavoir fait affaire avec Medioban-ca ? Chez les Marzotto, on est in-dustriel depuis six générations, pasvraiment financier. Et si les pra-tiques d’affaires italiennes parti-culières qui ont débouché sur la gi-gantesque opération Mani Pulitene lui sont certainement pas étran-gères, il ne fait pas partie de l’esta-blishment. L’échec de la fusionlaisse son problème qui reste en-tier. L’IMI, « l’autre » banque d’af-faires, ou des banques étrangères,désormais bien implantées en Ita-lie, ne devraient pas tarder à assié-

ger son bureau pour lui proposerdes solutions.

Car Mediobanca n’est plus seuleen Italie à pouvoir résoudre lesproblèmes familiaux. Sa perte d’in-fluence est patente. Le quotidienCorriere della Sera, contrôlé parFiat, a beau s’être fait largementl’écho de l’opération Auchan/LaRinascente dont Mediobanca étaitle conseil, la banque de Cuccia n’aparticipé à aucune autre opérationd’envergure. La privatisation dupétrolier ENI a été confiée au Cré-dit suisse First Boston et à l’IMI.Goldman Sachs est la banqueconseil de la caisse d’épargne Cari-plo, a conduit la privatisation del’assureur INA et a conseillé Benet-ton pour l’acquisition de Roller-blade. Morgan Stanley mène laprivatisation de la banque turi-noise San Paolo.

Conçue à l’époque où le paysétait dominé par les politiciens etoù le secteur public était ommni-présent, la stratégie de maillagesentre vieilles maisons privées, me-née pendant quarante ans par En-rico Cuccia a perdu de sa perti-nence. Qu’adviendra-t-il lorsqu’ildisparaîtra ? A quatre-vingt-dixans, le président honoraire depuis1987 reste le véritable ciment dumonde industrialo-financier mila-nais. Lorsque début avril, fait sansprécédent, les plus grands patronsd’Italie se mobilisaient en faveurde Cesare Romiti condamné par lajustice pour faux bilan, c’est lui quien a pris la tête, allant jusqu’à té-moigner devant les tribunauxqu’en cinquante ans de carrière, iln’avait jamais vu un bilan juste enItalie. Pietro Marzotto, lui n’avaitpas signé la pétition.

Babette Stern

Le ton monteentre Bruxelles et BoeingLE COMMISSAIRE européen à la concurrence, Karel van Miert, a dé-claré, lundi 12 mai à Stockholm, que la fusion Boeing-McDonnell Dou-glas était inacceptable et que « la Commission européenne ne l’accepte-ra certainement pas ». Une communication des griefs de la Commissionsera envoyée avant fin mai aux deux avionneurs américains, a précisélundi un porte-parole européen.« Nous sommes très inquiets de telles déclarations publiques », ont écritla semaine dernière deux sénateurs américains au président Clinton,qui leur a répondu, lundi, qu’il était très attentif à la démarche deBruxelles. Un rejet du projet de fusion deviendrait une affaire commer-ciale euro-américaine, a averti lundi un porte-parole de Boeing.

DÉPÊCHESa AXA-UAP : les assemblées générales mixtes des actionnaires desdeux groupes, réunies lundi 12 mai, ont approuvé à 88 % la fusion parvoie d’absorption de la Compagnie UAP par AXA-UAP (Le Monde du13 mai). Celle-ci prend effet au 1er janvier 1997.a BRE-X : la femme de Michael de Guzmann, l’un des deux géo-logues ayant découvert la fausse mine d’or de Busang, à Bornéo, es-time, selon le Financial Times du 13 mai, que son mari est vivant et nes’est pas suicidé en se jetant d’un hélicoptère comme l’affirme la thèseofficielle. Le corps retrouvé ne serait pas le sien. Sa disparition est in-tervenue quelques jours avant que ne soit découverte la supercherieautour de ce gisement, exploité par le canadien Bre-X, présentécomme le plus important du monde (Le Monde du 6 mai).a RENAULT : des débrayages de quelques heures ont touché, lundi12 mai, une quarantaine de succursales du groupe, à l’appel des syndi-cats CGT, CFDT, CFTC et CFE-CGC, pour protester contre le projet defilialisation du réseau commercial (9 000 salariés), selon des sourcessyndicales. De son côté, la direction a recensé des arrêts de travail dansvingt-neuf des cinquante-trois succursales. Par ailleurs, quelques di-zaines de salariés belges se sont rendus à Paris, mardi 13 mai, à l’occa-sion d’un comité central d’entreprise qui devait étudier le plan socialaccompagnant les 2 700 suppressions d’emplois prévues en France en1997.a GAZPROM : le président russe Boris Eltsine a signé lundi 12 maiun décret renforçant le contrôle de l’Etat sur la première entreprise dupays et premier producteur mondial de gaz, dont il possède 40 % ducapital. Le texte institue un « collège des représentants de l’Etat », char-gé d’imposer leur point de vue. a DEUTSCHE TELEKOM : l’opérateur téléphonique allemand s’estretiré lundi 12 mai du consortium dirigé par la Banco Central Hispano(BCH), qui est candidat à la privatisation de la société espagnole Rete-vision.a ÉLECTRICITÉ DE BERLIN : le consortium réunissant les alle-mands Viag et Veba et l’américain Southern Company doit acquérir50,8 % de la compagnie d’électricité berlinoise Bewag pour 2,9 milliardsde DM (9,6 milliards de francs), ont indiqué, lundi 12 mai, des respon-sables du parti social-démocrate (SPD) à Berlin. Le gouvernement ré-gional de Berlin devait donner son feu vert mardi à cette privatisation.a SEMI-CONDUCTEURS : les ventes mondiales ne devraient aug-menter que de 4,6 % pour atteindre 138 milliards de dollars en 1997(786 milliards de francs), a indiqué lundi 12 mai l’association des fabri-cants américains de semi-conducteurs. a GEHE : le groupe allemand de répartition pharmaceutique tablesur un chiffre d’affaires de 24 milliards de marks (79,2 milliards defrancs) en 1997 et un bénéfice avant impôts de 450 à 500 millions demarks, a annoncé lundi 12 mai son président Dieter Kammerer.

Les grévistes de TAT et d’Air Liberté n’ont rien perdu de leur motivation« ON ARRÊTE les frais et on reprend le travail

sans gloire ? » Au trente-quatrième jour de lagrève des hôtesses et stewards de TAT et d’AirLiberté, un délégué syndical sonde la motivationdes grévistes. Ils s’apprêtent à investir le siège

social des deux filiales françaises de British Air-ways, en passe d’être fusionnées. « Aucune, au-cune, aucune hésitation. Non, non, non à la fusionbidon. Oui, oui, oui à la négociation », lui ré-pondent en chœur les cent cinquante salariésqui se dirigent, lundi 12 mai à 15 h 30, vers letroisième étage d’un immeuble de la zone in-dustrielle d’Orly. Une hôtesse d’Air Liberté restesur le parking. « Je n’en peux plus », soupire-t-elle. Un steward de TAT tente de la réconforter,mais elle n’y croit plus.

Les autres n’ont pas craqué. Ils grimpent dansla bonne humeur les marches qui conduisent àl’étage de la direction, soufflant dans des siffletsde plastique. Première prise inattendue, quatrecadres britanniques de la maison mère réunisdans une petite salle pour redéfinir le marketing.Un délégué syndical pénètre, puis ressort de lasalle. « Il y a une femme enceinte. Je propose deles laisser partir au milieu d’une haie d’honneur. »Sans s’être concertés, les salariés se mettent à

fredonner « ce n’est qu’un au revoir ». Les troishommes en costume gris et la femme en tailleurnoir sortent, blêmes. Un steward qui laisseéchapper une grossièreté anti-britannique estvite réprimandé.

Les grévistes investissent la salle vide duconseil d’administration. « Il y a trois semaines,nous étions partis au petit matin, sans avoir ob-tenu la moindre concession. Cette fois-ci, on nebouge pas. On campe », affirme une hôtesse, ré-voltée par la fin de non-recevoir opposée, ven-dredi, par la direction à la proposition des sala-riés de nommer un médiateur. Les navigants deTAT et d’Air Liberté ont décidé depuis plus d’unmois de faire cause commune. On prête à MarcRochet, le PDG des deux compagnies aériennes,l’intention d’aligner les statuts des personnelsnavigants les mieux lotis, ceux de TAT, dont laconvention collective expire le 31 mars 1998, surceux d’Air Liberté dont la gestion de Lotfi Bel-hassine, l’ancien propriétaire, a fait un contre-modèle social.

« Sous la direction de Lotfi Belhassine, l’entre-prise fonctionnait à l’affectif. Le président inhibaittoute vélléité de rébellion en expliquant que nousétions menacés et encerclés », confie une hôtesse.« Les salariés de TAT nous ont fait découvrir laculture de revendication et nous ont donnéconfiance en nous », ajoute-t-elle, même si lamobilisation est moins forte chez Air Liberté(66 % de grévistes contre 95 % chez TAT). La di-rection affirme maintenir 90 % de ses vols mal-gré cette mobilisation, les syndicats évaluent lenombre de vols supprimés à près de 50 %.

Embauchées à 6 500 francs bruts mensuels

pendant l’été, les hôtesses d’Air Liberté voientleur brut ramené à 5 500 francs en hiver, soit,avec les primes, entre 7 000 et 8 000 francs netsselon la saison. Aucune embauche définitiven’est effectuée sans dix-huit mois de contrats àdurée déterminée préalables. « Mes amis ontl’impression que je fais un métier de rêve. Ce n’estplus vrai. Pour quatre heures de vol payées, il fautcompter en moyenne dix heures de présence », ex-plique une hôtesse. Son aventure quotidienne serésume souvent à un aller Paris-Nice le matin,une journée d’attente à l’aéroport, et un Nice-Paris le soir.

LA DIRECTION PREND NOTELes salariés de TAT sont mieux lotis, mais ils

savent leur situation fragile. Le 31 mars, l’expira-tion de leur convention collective permettra àMarc Rochet de leur appliquer le régime « aupain sec » d’Air Liberté. Dans la future compa-gnie commune, les navigants réclament un re-pos hebdomadaire de quarante-huit heures etde quatre-vingt-seize heures une fois par mois,la suppression des contrats été/hiver et un trei-zième mois pour tous.

A 20 heures, les grévistes acceptent d’évacuerle bâtiment, pour permettre la tenue de dis-cussions entre une délégation et Marc Rochet.Une heure trente plus tard, la direction qui,contrairement à la précédente réunion, a prisnote des demandes des grévistes, propose de leschiffrer et d’apporter une réponse mercredi à14 heures.

Christophe Jakubyszyn

REPORTAGEAprès plus d’un mois de conflit,les hôtesses et stewardsont occupé le siège des deuxfiliales de British Airways

Page 22: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0022-0 WAS LMQ1405-22 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0539 Lcp: 196 CMYK

22 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 F I N A N C E S E T M A R C H É S

Records à Wall StreetLondres et Francfort

LA BOURSE DE TOKYO a finale-ment reculé, mardi 13 mai, alorsqu’elle s’appréciait encore de 0,7 %à l’issue de la séance du matin. A lafin des transactions, l’indice Nikkeia perdu 14,40 points pour terminerà 20 129,11 points, soit un repli de0,07 %.

La veille, toutes les grandesplaces internationales ont terminéla journée à des niveaux records.Wall Street a gagné 123,22 points(1,72 %), à 7 292,75 points, au coursd’une séance calme dominée par unmouvement d’achats sélectifs qui afavorisé les valeurs vedettes. IBM aété la cible des acheteurs, qui ontfait grimper cette action à un nou-veau record avec la victoire, di-manche, de Deeper Blue, le super-ordinateur du géant de l’informa-tique, sur le champion du monded’échecs Garry Kasparov.

En Europe, la Bourse de Londresa terminé sur un nouveau record, lesixième consécutif, dopée par l’an-nonce d’une fusion géante entreGrand Metropolitan et Guinness.L’indice Footsie a clôturé à4 669,6 points, soit un gain de0,82 % par rapport à vendredi. LaBourse de Francfort a terminé, poursa part, à un nouveau sommet, enhausse de 0,36 %, à 3 575,37 points.

a LA BOURSE DE TOKYO, gagnanteà la séance du matin, a finalementterminé la journée en baisse, mardi.L’indice Nikkei a perdu 14,40 points(0,07 %), à 20 129,11 points.

a L’OR a ouvert en baisse, mardi,sur le marché international deHongkong. L’once s’échangeait à347,80-348,10 dollars contre 348,20-348,60 dollars en clôture lundi.

a WALL STREET a démarré la se-maine par un nouveau record, lundi12 mai. A l’issue d’une séance calme,le Dow Jones a gagné 123,22 points,à 7 292,75 points (+ 1,72 %).

a LE PRIX DU BARIL DE BRUT de ré-férence, light sweet crude, a gagné95 cents à 21,38 dollars, lundi, sur lemarché à terme new-yorkais. Avantle week-end, il avait gagné 9 cents.

a LA BOURSE DE LONDRES a termi-né, lundi, sur un nouveau record, lesixième consécutif. L’indice Footsiea clôturé à 4 669,6 points, gagnant38,7 points (+ 0,82 %).

Lyonnaise des eaux, valeur du jourLE TITRE Lyonnaise des eaux a

terminé la séance en nette hausse,lundi 12 mai, à la Bourse de Paris,tout comme Suez. Les deuxgroupes qui s’apprêtent à fusion-ner ont été très recherchés. L’ac-tion Lyonnaise a terminé sur ungain de 5,26 % à 580 francs avec933 000 titres échangés. Les socié-tés de Bourse Exane et Kleinwort-Benson étaient notamment citéespar les intervenants comme trèsprésentes à l’achat. Dans un entre-tien au Journal des finances, Gérard

Mestrallet, futur président du di-rectoire, a déclaré que le bénéficepar action passerait de 28 francs en1997 à 56 francs en 2002.

Reprise du dollar LE FRANC était stable face au deutschemark à

3,3712 francs, mardi 13 mai, au cours des premierséchanges entre banques à Paris, contre 3,3707 francslundi soir. En revanche, le dollar remontait face aufranc, au mark et au yen. Le billet vert s’échangeait à5,7415 francs, 1,7032 deutschemark et 119,35 yenscontre respectivement 5,7379 francs, 1,7024 deutsche-mark et 118,68 yens, dans les échanges interbancaires de

lundi à Paris. Déjà, la veille, en fin de journée, le dollars’était repris face aux monnaies européennes mais étaitresté en retrait face au yen, les opérateurs évoquant unpossible resserrement monétaire au Japon, et une éven-tuelle intervention concertée du G7. La semaine der-nière, le billet vert s’était considérablement dépréciéface à l’ensemble des monnaies à cause de déclarations,notamment japonaises, le jugeant trop élevé.

Stabilité du Matif LE CONTRAT NOTIONNEL DU MATIF, qui sert à

mesurer la performance des emprunts d’Etat français,a ouvert sur ses niveaux de la veille, mardi 13 mai. Al’ouverture, l’échéance juin du contrat gagnait 2 cen-tièmes, à 130,32. La veille, rassuré par les sondagesdonnant la droite en tête aux élections législatives, lemarché obligataire français avait nettement progres-sé. Le contrat Notionnel avait terminé à 130,30, soit

un gain de 56 centièmes par rapport à vendredi. Aucomptant, le rendement de l’OAT à dix ans s’est dé-tendu à 5,57 % contre 5,67 % vendredi, et son écartavec le Bund de même échéance s’était élargi à0,12 point. A court terme, le contrat Pibor trois mois afortement grimpé, de 0,16 point, à 96,50.

La Banque de France a maintenu, lundi, ses taux di-recteurs et le taux au jour le jour à 3,185 %.

Paris repasseles 2 700 points

LES VALEURS françaises conti-nuaient sur leur lancée, mardi13 mai, à la Bourse de Paris. Enprogression de 0,63 % au débutdes échanges, l’indice CAC 40 ga-gnait 0,41 %, à 2 704,08 points,quelques minutes plus tard.

La veille, le marché parisienavait fortement progressé pourterminer juste en deçà de2 700 points, dopé à la fois par lesderniers sondages donnant unenette majorité à la droite, la fer-meté des marchés de taux et la re-prise du dollar. L’indice CAC a ga-gné ainsi 2,25 % à 2 693,09 points,proche de son plus-haut du jourde 2 695,21 points et à deux doigtsde son sommet historique de2 736,71 points. Des intervenantsparraissent cependant exclure lefranchissement de ce dernierseuil avant le premier tour desélections législatives, le 25 mai.Les transactions ont totalisé6,6 mill iards de francs, dont4,96 milliards sur les valeurs del’indice CAC 40.

Du côté des valeurs, Danone

(+ 2,33 %, à 880 francs) et Pernod(+ 2,87 %, à 308,50 francs) ont étérecherchés, alors que la fusionentre Guinness et Grand Metro-politan a relancé les anticipations

d’opérations similaires en France.Promodès (+ 4,81 %, à2 028 francs) a atteint, en coursde séance, un plus-haut de l’an-née et historique de 2 036 francs.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

pCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

q1 mois

NEW YORK

pDOW JONES

LONDRES

pFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

pDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

nJour le jour

PARIS

qOAT 10 ans

NEW YORK

nJour le jour

NEW YORK

pBonds 10 ans

FRANCFORT

nJour le jour

FRANCFORT

pBunds 10 ans

US / F

q5,7113

US / DM

p1,7064

US / ¥

q119,3700

DM/F

q3,3715

£ / F

q9,2370

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 12/05 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,20 5,67 6,55 1,70Allemagne 3,03 5,73 6,50 1,40Grande-Bretagne 6,19 7,37 .... 2,50Italie 6,45 7,63 8,18 2,70Japon 0,44 2,51 .... 0,20Etats-Unis 5,22 6,67 6,89 2,90

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente12/05 12/05 09/05 09/05

Jour le jour 3,1875 .... 3,1875 ....1 mois 3,21 3,33 3,23 3,383 mois 3,35 3,45 3,18 3,436 mois 3,39 3,51 3,44 3,541 an 3,44 3,57 3,48 3,61PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3516 .... 3,3516 ....Pibor Francs 3 mois 3,4883 .... 3,4824 ....Pibor Francs 6 mois 3,5762 .... 3,5703 ....Pibor Francs 9 mois 3,6035 .... 3,5996 ....Pibor Francs 12 mois 3,6250 .... 3,6250 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,1875 .... 4,1823 ....Pibor Ecu 6 mois 4,2188 .... 4,2135 ....Pibor Ecu 12 mois 4,3073 .... 4,2917 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 12/05 % 09/05 Achat VenteAllemagne (100 dm) 337,1500 – 0,09 325 349Ecu 6,5510 – 0,21 .... ....Etats-Unis (1 usd) 5,7113 – 0,45 5,4500 6,0500Belgique (100 F) 16,3345 – 0,11 15,7800 16,8800Pays-Bas (100 fl) 299,7500 – 0,09 .... ....Italie (1000 lir.) 3,3955 – 0,40 3,1500 3,6500Danemark (100 krd) 88,5300 – 0,12 83,2500 93,2500Irlande (1 iep) 8,6685 – 0,18 8,2800 9,1200Gde-Bretagne (1 L) 9,2370 – 0,66 8,8300 9,6800Grece (100 drach.) 2,1095 – 0,50 1,9000 2,4000Suede (100 krs) 74,5600 – 0,19 70 80Suisse (100 F) 399,4800 + 0,03 386 410Norvege (100 k) 80,8600 – 0,47 77,5000 86,5000Autriche (100 sch) 47,9020 – 0,09 46,4500 49,5500Espagne (100 pes.) 3,9840 – 0,26 3,7000 4,3000Portugal (100 esc. 3,3450 – 0,30 3 3,7000Canada 1 dollar ca 4,1006 – 1,08 3,8000 4,4000Japon (100 yens) 4,8063 + 2,18 4,5800 4,9300Finlande (mark) 111,5700 – 0,22 106 117

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 5,8072 5,8062 5,8177 5,8157Yen (100) 4,5886 4,5852 4,5881 4,5829Deutschemark 3,3744 3,3746 3,3735 3,3720Franc Suisse 3,9534 3,9494 3,9741 3,9700Lire ital. (1000) 3,4155 3,4137 3,3984 3,3942Livre sterling 9,3493 9,3673 9,4811 9,4720Peseta (100) 4,0008 3,9961 4,0012 3,9965Franc Belge (100) 16,349 16,339 16,356 16,345

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

12/05 09/05Alcoa 72,87 71,37Allied Signal 74,37 73,75American Express 69,50 68,50AT & T 33 32,75Boeing Co 99,50 97,75Caterpillar Inc. 96,25 96,62Chevron Corp. 73 71,37Coca-Cola Co 66,75 65,50Disney Corp. 84,50 82,25Du Pont Nemours&Co 110,62 108,12Eastman Kodak Co 82,87 82Exxon Corp. 59,37 57,87Gen. Motors Corp.H 58,75 57,87Gen. Electric Co 59,87 58Goodyear T & Rubbe 54,87 53,87Hewlett-Packard 56,75 54IBM 171,87 167,50Intl Paper 45,87 44,75J.P. Morgan Co 102,87 101,50Johnson & Johnson 61,75 61Mc Donalds Corp. 53 53Merck & Co.Inc. 92,62 90Minnesota Mng.&Mfg 92,37 91,50Philip Moris 42,50 42Procter & Gamble C 133,75 131,87Sears Roebuck & Co 49,50 49,12Travelers 55,62 54,87Union Carb. 49,25 49Utd Technol 78,37 77,87Wal-Mart Stores 29,87 29

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

12/05 09/05Allied Lyons 4,46 4,28Barclays Bank 12,52 12,53B.A.T. industries 5,33 5,36British Aerospace 12,99 13,07British Airways 7,06 6,99British Petroleum 7,36 7,33British Telecom 4,51 4,52B.T.R. 2,19 2,30Cadbury Schweppes 5,51 5,29Eurotunnel 0,70 0,70Forte .... ....Glaxo Wellcome 12,09 11,98Granada Group Plc 9,27 9,17Grand Metropolitan 5,91 5,17Guinness 6 5,15Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 6,65 6,55H.S.B.C. 17,55 17,89Imperial Chemical 7,85 7,70Legal & Gen. Grp 4,68 4,83Lloyds TSB 6,12 6,20Marks and Spencer 5,15 5,15National Westminst 8,08 8,05Peninsular Orienta 6,22 6,13Reuters 6,84 6,82Saatchi and Saatch 1,28 1,31Shell Transport 11,41 11,21Tate and Lyle 4,53 4,50Univeler Ltd 16,97 16,67Zeneca 19,38 19,27

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

12/05 09/05Allianz Holding N 350,80 350Basf AG 68,02 68,25Bayer AG 66,17 67,07Bay hyp&Wechselbk 55,95 55,20Bayer Vereinsbank 72,93 73,05BMW 1455 1489Commerzbank 47,40 47,45Daimler-Benz AG 135,30 134,80Degussa 78,70 77Deutsche Bank AG 95,10 92,75Deutsche Telekom 41,19 39,95Dresdner BK AG FR 58,70 58,10Henkel VZ 93,70 94,90Hoechst AG 66,63 66,75Karstadt AG 551 535Linde AG 1286 1272DT. Lufthansa AG 28,03 28,10Man AG 518,50 519,50Mannesmann AG 698,50 691,50Metro 164,80 165Muench Rue N 4385 4410Preussag AG 435 439Rwe 74,30 73,35Sap VZ 326,20 326Schering AG 169,40 168,50Siemens AG 101,45 100,90Thyssen 374 375,50Veba AG 96,20 94,99Viag 784 791,50Volkswagen VZ 878 890,50

1793,81

Indice SBF 250 sur 3 mois1815,36

1792,43

1769,49

1746,56

1723,62

1700,69f12 fev. 26 mars 12 maig

1906,33

Indice second marche sur 3 mois1948,15

1932,13

1916,11

1900,09

1884,07

1868,05f12 fev. 26 mars 12 maig

1593,08

Indice MidCac sur 1 mois1602,43

1594,67

1586,91

1579,14

1571,38

1563,62f12 avril 24 avril 12 maig

7250,30

New York. Dow Jones sur 3 mois7250,30

7035,65

6821

6606,35

6391,70f12 fev. 26 mars 12 maig

4659

Londres. FT100 sur 3 mois4659

4547,90

4436,80

4325,70

4214,60f12 fev. 26 mars 12 maig

3575,37

Francfort. Dax 30 sur 3 mois3575,37

3477,55

3379,73

3281,91

3184,09f12 fev. 26 mars 12 maig

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 13/05 12/05 31/12Alcatel Alsthom 666 + 3,25 + 59,78Nordon (Ny) 428 + 2,88 + 16,62Cetelem 661 + 2,79 + 10,16Cap Gemini 350 + 2,48 + 39,49Essilor Intl.ADP 1449 + 2,40 + 11,46Bongrain 2270 + 1,97 + 13,10SEITA 212 + 1,87 – 2,30Sat 1595 + 1,85 + 3,23C.C.F. 263,50 + 1,85 + 9,79Euro Disney 9,60 + 1,58 – 6,79

BAISSES, 10 h 15Intertechnique 1320 – 1,85 + 70,32Rochette (La) 25,35 – 1,74 – 1,93Gr.Zannier (Ly) # 152,30 – 1,74 + 29,94Dev.R.N-P.Cal Li # 44,75 – 1,64 + 2,87Lafarge 384,10 – 1,46 + 23,38Guilbert 899 – 1,20 – 11,42Havas Advertising 667 – 1,18 + 16GTM-Entrepose 338 – 0,87 + 40,83Labinal 1412 – 0,84 + 42,48De Dietrich 263,80 – 0,82 + 34,93

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 13/05 12/05 31/12Sylea 539 + 4,25 – 5,27Guerbet 253 + 3,26 – 9,64Naf-Naf # 65 + 3,17 + 24,76Gpe Guillin # Ly 218 + 3,07 + 28,23Seribo 207 + 2,47 + 16,29

BAISSES, 10 h 15Stedim # 681 – 4,75 + 86,82Fructivie 627 – 3,38 – 4,85Immob.Hotel. # 45,60 – 2,97 + 14,28Rallye(Cathiard)Ly 227 – 2,57 + 8,09Assystem # 435 – 2,24 + 9,84

580Lyon.des Eaux = 1 mois

580

567,20

554,40

541,60

528,80

516f10 avril 24 avril 12 maig

2693,09

Indice CAC 40 sur un an2709,21

2558,19

2407,17

2256,14

2105,12

1954,10f13 mai 8 nov. 12 maig

130,30

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,29

127,90

125,52

123,13

120,74f13 mai 28 nov. 12 maig

LES MATIERES PREMIERESINDICES

13/05 12/05Dow-Jones comptant 158,66 ....Dow-Jones a terme 161,55 162,20CRB 249,53 251,40

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2423,50 2465Cuivre a 3 mois 2387,50 2417,50Aluminium comptant 1648,75 1642,25Aluminium a 3 mois 1663,50 1672,50Plomb comptant 614,50 610,75Plomb a 3 mois 623 632Etain comptant 5832,50 5842,50Etain a 3 mois 5885 5875Zinc comptant 1308,75 1309,50Zinc a 3 mois 1332 1334Nickel comptant 7682,50 7740,50Nickel a 3 mois 7825 7845

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 484,30 479,80Platine a terme 388,50 388,50Palladium 163,90 171,85GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 405 393Maıs (Chicago) 292 288,25Grain. soja (Chicago) 894,25 874,50Tourt. soja (Chicago) 304,60 298GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) 16 16Orge (Londres) 91,50 90,50SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1430 1419Cafe (Londres) 1698 1720Sucre blanc (Paris) 312,30 316,50OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 70,17 72,65Jus d’orange (New-York) 73,90 82,20

L’ORcours 12/05 cours 09/05

Or fin (k. barre) 63400 63600Or fin (en lingot) 63550 63950Once d’Or Londres 345,85 348,20Piece francaise(20f) 366 367Piece suisse (20f) 367 368Piece Union lat(20f) 368 369Piece 20 dollars us 2470 2305Piece 10 dollars us 1420 1400Piece 50 pesos mex. 2370 2385

LE PETROLEEn dollars cours 13/05 cours 12/05Brent (Londres) 18,94 19,70WTI (New York) 20,35 20,70Light Sweet Crude 20,40 21,36

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

12/05 09/05 en %Paris CAC 40 2693,09 2633,91 + 2,20New-York/DJ indus. 7250,30 7169,54 + 1,11Tokyo/Nikkeı 20143,50 19802,80 + 1,69Londres/FT100 4659 4630,90 + 0,60Francfort/Dax 30 3575,37 3562,41 + 0,36Frankfort/Commer. 1217,99 1216,76 + 0,10Bruxelles/Bel 20 2701,49 2681,73 + 0,73Bruxelles/General 2242,37 2225,98 + 0,73Milan/MIB 30 1022 1022 ....Amsterdam/Ge. Cbs 534,60 529,40 + 0,97Madrid/Ibex 35 538,08 531,68 + 1,19Stockholm/Affarsal 2169,99 2169,99 ....Londres FT30 2982,40 2947,60 + 1,17Hong Kong/Hang S. 13987,80 13930,80 + 0,41Singapour/Strait t 2101,48 2066,21 + 1,68

CAC 40/5 joursMAX2693,09

2663

2633,91MIN

L M M V L

VALEURS LES PLUS ACTIVES13/05 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FAlcatel Alsthom 140489 93293356Lyonnaise Eaux 59474 34907350Paribas 82423 32035195,50Axa 79021 29379879,80Elf Aquitaine 42255 24535979Total 43627 22086350Carrefour 5208 19884376LVMH Moet Hen. 13181 19093004Eaux (Gle des) 22426 17976153Societe Generale 25349 16637782

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

12/05 09/05 Var. %Ind. gen. SBF 120 1864,41 1832,54 + 1,74Ind. gen. SBF 250 1793,81 1765,29 + 1,62Ind. Second Marche 1906,33 1907,74 – 0,07Indice MidCac 1593,08 1589,29 + 0,24

Valeurs indus. 2031,42 1990,81 + 2,041 - Energie 2198,78 2138,03 + 2,842 - Produits de base 1829,12 1796,16 + 1,843 - Construction 1759,77 1729,95 + 1,724 - Biens d’equip. 1490,13 1472,22 + 1,225 - Automobile 2125,86 2098,76 + 1,296 - Biens consom. 3457,55 3398,85 + 1,737 - Indus. agro-alim. 1715,17 1662,19 + 3,19Services 2050,63 2029,03 + 1,078 - Distribution 3936,72 3886,01 + 1,319 - Autres services 1324,92 1313,61 + 0,86Societes financieres 1306,90 1291,22 + 1,2110 - Immobilier 816,07 816,96 – 0,1111 - Services financ. 1275,71 1259,03 + 1,3312 - Societes invest. 1784,14 1759,47 + 1,40

MATIF

Echeances12/05 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Juin 97 105107 130,30 130,30 129,76 129,78Sept. 97 1604 128,68 128,68 128,20 128,20Dec. 97 2 97,62 97,62 97,62 97,62

PIBOR 3 MOISJuin 97 47010 96,50 96,50 96,40 96,42Sept. 97 11212 96,54 96,54 96,47 96,48Dec. 97 6227 96,54 96,55 96,47 96,47Mars 98 5635 96,50 96,50 96,42 96,42ECU LONG TERMEJuin 97 1746 95,94 95,94 95,50 95,50Sept. 97 .... .... .... .... ....

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances12/05 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixMai 97 12787 2684 2685 2630 2635Juin 97 1120 2658 2658 2608 2610,50Juillet 97 51 2623,50 2623,50 2610 2610Sept. 97 342 2670 2670 2622,50 2622,50

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 12/05 au 09/05 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,31 4,28 98,64Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5,04 5 100,08Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,49 5,45 101,30Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,84 5,80 101,01Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,37 102,67Obligations francaises 5,79 .... 100,87Fonds d’Etat a TME – 2,05 – 2,09 98,84Fonds d’Etat a TRE – 2,16 – 2,09 98,95Obligat. franc. a TME – 2,01 – 1,91 99,08Obligat. franc. a TRE + 0,08 + 0,02 100,08

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,15 3,27 3,33Eurodollar 5,60 5,68 5,96Eurolivre 6,24 6,52 6,62Eurodeutschemark 3,12 3,14 3,18

PARITES DU DOLLAR 13/05 12/05 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,7064 1,6870 + 1,14TOKYO : USD/Yens 119,3700 120,1400 – 0,65

Page 23: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0023-0 WAS LMQ1405-23 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0540 Lcp: 196 CMYK

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 23

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F INANCES ET MARCHES LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 23

VALEURS Cours Derniers %Montant

FRANCAISES preced. cours + –coupon

(1)

B.N.P. (T.P) ................... 1000 .... .... 54,22Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 898 900 + 0,22 51,99Renault (T.P.) ................ 1665 1650 – 0,90 95,39Rhone Poulenc(T.P) ...... 2135 .... .... 105,01Saint Gobain(T.P.)......... 1320 1342 + 1,66 85,41Thomson S.A (T.P) ........ 1040 .... .... 51,64Accor............................. 884 884 .... 20AGF-Ass.Gen.France ..... 191,60 193 + 0,73 3,75Air Liquide .................... 897 896 – 0,11 14Alcatel Alsthom ............. 645 666 + 3,25 8Axa................................ 370,20 371,70 + 0,40 6,50Axime............................ 686 688 + 0,29 ....Bail Investis................... 825 825 .... 71,52Bancaire (Cie) ............... 761 765 + 0,52 10Bazar Hot. Ville ............. 630 630 .... 16Bertrand Faure.............. 273,50 276 + 0,91 3,50BIC................................ 899 905 + 0,66 5BIS ................................ 490,10 490 – 0,02 8B.N.P. ........................... 245,90 248,50 + 1,05 3,60Bollore Techno.............. 725 725 .... 5Bongrain....................... 2226 2270 + 1,97 61Bouygues ...................... 537 539 + 0,37 17Bouygues Offs. .............. 146 145 – 0,68 ....Canal + ......................... 1064 1067 + 0,28 20Cap Gemini................... 341,50 350 + 2,48 2Carbone Lorraine.......... 1358 1355 – 0,22 14Carrefour ...................... 3805 3814 + 0,23 26Casino Guichard............ 274,30 275,50 + 0,43 4Casino Guich.ADP......... 227,60 226 – 0,70 4,25Castorama Dub.(Li)....... 872 871 – 0,11 11C.C.F. ............................ 258,70 263,50 + 1,85 5Cegid (Ly)...................... 671 679 + 1,19 29Cerus Europ.Reun......... 33,50 33,25 – 0,74 10Cetelem......................... 643 661 + 2,79 10CGIP ............................. 1765 1764 – 0,05 37Chargeurs Intl ............... 335 337 + 0,59 ....Christian Dalloz............. 2295 .... .... ....Christian Dior ............... 883 891 + 0,90 5,80Ciments Fr.Priv.B.......... 211,90 211,90 .... 17,50Cipe France Ly #............ 798 798 .... 2Clarins........................... 733 739 + 0,81 7CLF-Dexia France ......... 542 545 + 0,55 13,90Club Mediterranee........ 436 438 + 0,45 4,50Coflexip......................... 304,90 302,50 – 0,78 3,30Colas ............................. 806 810 + 0,49 25Comptoir Entrep. .......... 10,90 10,90 .... 7,50Comptoirs Mod............. 2738 2731 – 0,25 22

CPR ............................... 482,30 485 + 0,55 20Cred.Fon.France ............ 65,10 65,20 + 0,15 28Credit Lyonnais CI ......... 191 192,50 + 0,78 10Credit National .............. 355 357 + 0,56 13,50CS Signaux(CSEE).......... 279,90 279,90 .... 5Damart .......................... 4799 4760 – 0,81 65Danone.......................... 880 884 + 0,45 16Dassault-Aviation........... 1267 1260 – 0,55 8,50Dassault Electro ............. 580 580 .... 4,30Dassault Systemes.......... 380 386 + 1,57 ....De Dietrich .................... 266 263,80 – 0,82 6,50Degremont .................... 448 448 .... 9Deveaux(Ly)#................. 840 840 .... 21Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 45,50 44,75 – 1,64 ....DMC (Dollfus Mi) .......... 128 129 + 0,78 4Dynaction ...................... 141 140 – 0,70 3Eaux (Gle des) ................ 800 802 + 0,25 11,25Eiffage ........................... 312,80 312 – 0,25 28,80Elf Aquitaine .................. 581 580 – 0,17 13Eramet ........................... 293 294,50 + 0,51 6,60Eridania Beghin ............. 883 883 .... 33Essilor Intl ...................... 1555 1557 + 0,12 13,50Essilor Intl.ADP.............. 1415 1449 + 2,40 14,30Esso ............................... 520 525 + 0,96 8Eurafrance ..................... 2498 2500 + 0,08 72Euro Disney ................... 9,45 9,60 + 1,58 0,68Europe 1 ........................ 1190 1199 + 0,75 19Eurotunnel..................... 6,65 6,65 .... ....Filipacchi Medias ........... 1277 1280 + 0,23 13Fimalac SA ..................... 541 543 + 0,36 160Finextel .......................... 119 118,50 – 0,42 4,23Fives-Lille....................... 466 468 + 0,42 14Fromageries Bel............. 4250 4275 + 0,58 45Galeries Lafayette .......... 2350 2345 – 0,21 11GAN............................... 146 146 .... 4Gascogne (B) ................. 510 511 + 0,19 13Gaumont #..................... 485 489 + 0,82 2,50Gaz et Eaux .................... 2572 2574 + 0,07 55Geophysique.................. 510 510 .... 8G.F.C.............................. 535 535 .... 18,50Groupe Andre S.A. ......... 503 505 + 0,39 6Gr.Zannier (Ly) # ........... 155 152,30 – 1,74 2GTM-Entrepose............. 341 338 – 0,87 8Guilbert ......................... 910 899 – 1,20 12Guyenne Gascogne........ 1867 1886 + 1,01 26Havas............................. 443,90 444,10 + 0,04 8,50Havas Advertising .......... 675 667 – 1,18 11,80Imetal ............................ 827 825 – 0,24 14,50Immeubl.France............. 375,80 374 – 0,47 5Infogrames Enter. .......... 795 795 .... ....Ingenico......................... 118,90 120 + 0,92 5Interbail ......................... 220 219,80 – 0,09 20Intertechnique ............... 1345 1320 – 1,85 13,60Jean Lefebvre ................. 320 325 + 1,56 10Klepierre ........................ 815 .... .... 28Labinal........................... 1424 1412 – 0,84 21,50Lafarge .......................... 389,80 384,10 – 1,46 10Lagardere ...................... 185,10 184,90 – 0,10 3Lapeyre.......................... 357 358 + 0,28 5Lebon............................. 220 .... .... 7Legrand ......................... 953 955 + 0,20 3,85Legrand ADP ................. 667 675 + 1,19 6,16Legris indust. ................. 284,30 287 + 0,94 4Locindus ........................ 835 835 .... 70,50

L’Oreal........................... 2129 2133 + 0,18 13,30LVMH Moet Hen. .......... 1446 1444 – 0,13 5,80Lyonnaise Eaux.............. 580 585 + 0,86 11,50Marine Wendel .............. 623 620 – 0,48 16Metaleurop.................... 69,50 70,10 + 0,86 4Metrologie Inter. ........... 18,50 18,60 + 0,54 ....Michelin ........................ 329,40 332 + 0,78 2,75Moulinex ....................... 130 132 + 1,53 4Nord-Est........................ 135 135 .... 5,50Nordon (Ny) .................. 416 428 + 2,88 ....NRJ # ............................. 850 .... .... 6OLIPAR.......................... 82 82,40 + 0,48 ....Paribas........................... 384 389,40 + 1,40 13Pathe ............................. 1362 1378 + 1,17 ....Pechiney........................ 209,60 209 – 0,28 3,30Pernod-Ricard ............... 308,50 309 + 0,16 4Peugeot ......................... 616 617 + 0,16 5Pinault-Print.Red........... 2481 2484 + 0,12 24,50Plastic-Omn.(Ly)............ 488 489,50 + 0,30 7,50Primagaz ....................... 565 568 + 0,53 7,60Promodes ...................... 2028 2034 + 0,29 12Publicis .......................... 564 570 + 1,06 4Remy Cointreau............. 150,50 150 – 0,33 4,60Renault .......................... 143,20 143,30 + 0,06 3,50Rexel.............................. 1534 1550 + 1,04 14,50Rhone Poulenc A............ 196,40 196,50 + 0,05 3Rochette (La) ................. 25,80 25,35 – 1,74 1,20Rue Imperiale(Ly) .......... 6340 6360 + 0,31 108Sade (Ny)....................... 203 205 + 0,98 12,50Sagem SA....................... 2925 2925 .... 24,50Saint-Gobain ................. 794 801 + 0,88 16,50Saint-Louis .................... 1439 1453 + 0,97 38Salomon (Ly) ................. 425 426,20 + 0,28 55Salvepar (Ny) ................. 433 433 .... 18Sanofi ............................ 551 550 – 0,18 6,30Sat ................................. 1566 1595 + 1,85 29Saupiquet (Ns)............... 715 712 – 0,41 10Schneider SA.................. 328,30 327,50 – 0,24 4SCOR............................. 236,40 237 + 0,25 5S.E.B. ............................. 1047 1047 .... 10,20Sefimeg CA.................... 444 441 – 0,67 14,20SEITA............................. 208,10 212 + 1,87 5,72Selectibanque ................ 75,30 75,60 + 0,39 6SFIM.............................. 1033 1030 – 0,29 30SGE................................ 132,60 132,60 .... 5Sidel............................... 422 425 + 0,71 16,50Silic CA .......................... 860 853 – 0,81 37,34Simco ............................ 509 510 + 0,19 20,76S.I.T.A............................ 1066 1079 + 1,21 11Skis Rossignol ................ 132,50 133 + 0,37 30Societe Generale............ 653 654 + 0,15 16Sodexho Alliance............ 2739 2754 + 0,54 26Sommer-Allibert ............ 222,90 224,80 + 0,85 38Sophia ........................... 231,60 233,90 + 0,99 17,25Spir Communication...... 510 510 .... 14,80Strafor Facom................ 448 448,90 + 0,20 5Suez............................... 305 309 + 1,31 8,20Synthelabo..................... 707 710 + 0,42 4,34Technip ......................... 618 614 – 0,64 9Thomson-CSF................ 187,80 187,20 – 0,31 2,60Total .............................. 502 505 + 0,59 8,70U.A.P.(Compagnie) ........ 147,70 148,30 + 0,40 ....UFB Locabail ................. 515 515 .... 10UIC ................................ 25 25 .... 25

UIF ................................ 439,20 441 + 0,40 22UIS ................................ 204,70 203,50 – 0,58 14,79Unibail........................... 569 567 – 0,35 28Union Assur.Fdal ........... 700 700 .... 16Usinor Sacilor ................ 93,20 92,60 – 0,64 4Valeo ............................. 366 368 + 0,54 10Vallourec........................ 340 340,10 + 0,02 5Via Banque .................... 192 191,20 – 0,41 12Worms & Cie ................. 370,50 370 – 0,13 8Zodiac ex.dt divid .......... 1471 1460 – 0,74 10Elf Gabon....................... 1710 1710 .... 43,50..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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ETRANGERES preced. cours + –coupon

(1)

ABN Amro Hol.#............ 413 414 + 0,24 5,39Adecco S.A..................... 1932 1944 + 0,62 ....Adidas AG # ................... 617 618 + 0,16 0,62American Express .......... 393,50 398,20 + 1,19 1,08Anglo American # .......... 358,50 358 – 0,13 1,85Amgold # ....................... 400 400 .... 8,31Arjo Wiggins App........... 17,75 17,75 .... 0,42A.T.T. # .......................... 190 190,90 + 0,47 1,60Banco Santander #......... 462,20 462 – 0,04 2,99Barrick Gold #................ 146,60 144,10 – 1,70 0,27B.A.S.F. # ....................... 230,80 230 – 0,34 34,59Bayer # .......................... 225 224 – 0,44 4,19Cordiant PLC................. 11,50 11,75 + 2,17 ....Crown Cork ord.# .......... 318 320,10 + 0,66 1,23Crown Cork PF CV# ....... 295 292 – 1,01 2,31Daimler Benz #.............. 451,30 460 + 1,92 28,32De Beers # ..................... 207 206,10 – 0,43 0,62Deutsche Bank #............ 325 323 – 0,61 4,45Dresdner Bank #............ 199 200 + 0,50 3,34Driefontein # ................. 51,75 51,50 – 0,48 0,89Du Pont Nemours #....... 617 634 + 2,75 2,77Eastman Kodak # ........... 473 475 + 0,42 2,10East Rand #.................... 2,43 2,45 + 0,82 0,10Echo Bay Mines # .......... 35,50 35,90 + 1,12 0,15Electrolux #.................... a 363,50 369,90 + 1,76 6,46Ericsson # ...................... 198,50 199 + 0,25 1,30Ford Motor # ................. 210 211,80 + 0,85 2,06Freegold # ..................... 41,25 40,60 – 1,57 2,68Gencor Limited #........... 23,60 24 + 1,69 0,11General Elect. #.............. 668 688 + 2,99 2,52General Motors #........... 331,40 338,50 + 2,14 2,43Gle Belgique # ............... 525 .... .... 14,31Grd Metropolitan .......... 55,20 54 – 2,17 0,89Guinness Plc # ............... 56,30 56,45 + 0,26 0,40Hanson PLC reg............. 29,80 29,85 + 0,16 ....Harmony Gold # ............ 41,40 40,90 – 1,20 0,47Hitachi #........................ 58,50 59 + 0,85 0,21

Hoechst # ...................... 226 225 – 0,44 3,45I.B.M # .......................... 974 991 + 1,74 0,98I.C.I #............................. 72 73,10 + 1,52 1,83Ito Yokado # .................. 312,10 316,20 + 1,31 0,70Matsushita #.................. 104 103,60 – 0,38 0,26Mc Donald’s # ............... 309 305,90 – 1 0,36Merck and Co # ............. 527 532 + 0,94 2,01Mitsubishi Corp.#.......... 67,50 67,95 + 0,66 0,15Mobil Corporat.#........... 760 780 + 2,63 5,24Morgan J.P. # ................ 587 .... .... 4,32Nestle SA Nom. # .......... 7280 7330 + 0,68 70,80Nipp. MeatPacker #....... 65,40 65 – 0,61 0,62Nokia A ......................... 368 374 + 1,63 3,94Norsk Hydro #............... 282,50 283 + 0,17 4,84Petrofina # .................... 2085 2095 + 0,47 43,45Philip Morris #............... 243,70 242,20 – 0,61 5,90Philips N.V #.................. 320 320 .... 3,59Placer Dome Inc # ......... 110,30 108 – 2,08 0,32Procter Gamble # .......... 755 766 + 1,45 2,21Quilmes......................... 300 .... .... 10,07Randfontein #................ 20,60 20,25 – 1,69 0,62Rhone Poul.Rorer # ....... 424 424,80 + 0,18 1,58Royal Dutch #................ 1080 1094 + 1,29 9,73R T Z #........................... 92,80 93,20 + 0,43 1,23Sega Enterprises............ 176 176,50 + 0,28 0,90Saint-Helena #............... 29,20 30 + 2,73 0,63Schlumberger # ............. 667 691 + 3,59 2,14SGS Thomson Micro. .... 445,30 447 + 0,38 ....Shell Transport # ........... 107 108,50 + 1,40 1,18Siemens #...................... 338 340 + 0,59 3,70Sony Corp. #.................. 460 467,50 + 1,63 0,98Sumitomo Bank #.......... 74,55 77,95 + 4,56 0,16T.D.K # .......................... 446 440,40 – 1,25 1,37Telefonica #................... 161 161,10 + 0,06 1,05Toshiba #....................... 35,50 35,60 + 0,28 0,19Unilever #...................... 1155 1171 + 1,38 10,68United Technol. # .......... 449 451,40 + 0,53 1,50Vaal Reefs # ................... 354 354 .... 12,97Volkswagen A.G # .......... 3988 3995 + 0,17 14,86Volvo (act.B) # ............... b 155,30 .... .... 2,26Western Deep #............. 162 157,40 – 2,83 4,60Yamanouchi #................ 140,10 140,40 + 0,21 0,54Zambia Copper ............. 14,45 14,50 + 0,34 ........................................................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMARDI 13 MAILiquidation : 23 mai + 0,41%Taux de report : 3,50 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 2704,17

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

BFCE 9% 91-02............... .... 4,759CEPME 8,5% 88-97CA .... 100,52 7,429CEPME 9% 89-99 CA#..... 110,85 6,658CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 8,063 oCFD 9,7% 90-03 CB........ 123,40 2,658CFD 8,6% 92-05 CB........ 119,82 2,238CFF 10% 88-98 CA# ........ 108,29 5,644CFF 9% 88-97 CA# .......... 101,91 5,548CFF 10,25%90-01CB# ..... 119,06 1,741CLF 8,9% 88-00 CA#........ 113,25 8,607CLF 9%88-93/98 CA#....... 103,76 2,564CNA 9% 4/92-07.............. .... 0,296 x

CRH 8,6% 92/94-03......... .... 7,563 oCRH 8,5% 10/87-88# ....... .... 1,677EDF 8,6% 88-89 CA# ....... 111,51 2,121EDF 8,6% 92-04 #............ .... 0,872 dEmp.Etat 6%93-97 #........ 100,45 4,997Finansder 9%91-06# ....... 124 4,216 x

Finansd.8,6%92-02#........ 116,03 2,568Floral9,75% 90-99# ......... .... 7,907OAT 8,5% 87-97CA#....... 100,55 7,568OAT 88-98 TME CA# ...... 101,10 1,509OAT 9/85-98 TRA............ .... 3,523 oOAT 9,50%88-98 CA#...... 106,38 8,459OAT TMB 87/99 CA#....... 99,90 0,992 dOAT 8,125% 89-99 #........ 108,51 7,925 y

OAT 8,50%90/00 CA# ...... 112,04 1,141OAT 85/00 TRA CA#........ 106,40 4,390OAT 10%5/85-00 CA#...... 116,57 9,699OAT 89-01 TME CA# ...... 104,60 1,509OAT 8,5% 87-02 CA#....... 117,84 4,005 y

OAT 8,50% 89-19 #.......... 125,97 4,727OAT.8,50%92-23 CA#...... .... 0,489SNCF 8,8% 87-94CA ....... 108 2,483 oLyon.Eaux 6,5%90CV ...... 940 ....

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. 73 71Baccarat (Ny) ................. d 531 531Bains C.Monaco............. d 570 570Bque Transatlantl. .......... d 199,50 199,50B.N.P.Intercont.............. d 590 590Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie) ................... d 7,60 7,60

Centenaire Blanzy.......... d 460 460Champex (Ny) ................ d 26,50 26,50CIC Un.Euro.CIP ............ 358,50 354C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 1979 1979Concorde-Ass Risq ......... d 1473 1473Continental Ass.Ly.......... d 430 430Darblay .......................... d 405 405Didot Bottin................... d 850 850Eaux Bassin Vichy........... d 4000 4000Ecia ................................ 960 980Ent.Mag. Paris................ d 1700 1700Fichet Bauche ................ d 84 84Fidei............................... d 39 39Finalens ......................... d 368 368F.I.P.P. ........................... d 274 274Fonciere (Cie) ................ d 593 593Fonc. Lyonnaise #........... 762 762Foncina # ....................... d 485,10 485,10Francarep....................... d 295,90 295,90France I.A.R.D................ d 1006 1006France S.A...................... d 1199 1199From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... d 1091 1091G.T.I (Transport)............ d 232,30 232,30Immobail........................ 154 156,90Immobanque.................. d 675 675Locamion (Ly) ................ d 481 530 dLucia .............................. d 58 58

Monoprix ....................... d 251 251Metal Deploye................ d 392 392Mors #............................ 8,80 8,60Navigation (Nle) ............ d 86,20 86,20Optorg ........................... d 358 358Paluel-Marmont............. d 290 290Exa.Clairefont(Ny) ......... d 995 995Parfinance...................... d 258,80 258,80Paris Orleans.................. d 282 282Promodes (CI)................ d 1510 1510PSB Industries Ly ........... d 392 392Rougier # ....................... 370 371,50Saga ............................... 84,50 82Salins du Midi ................ 614 614S.I.P.H............................ d 260 260Sofal............................... d 36 36Sofragi ........................... d 4650 4650Taittinger....................... d 2000 2000Tour Eiffel ...................... d 291 291Vicat............................... d 550 550Caves Roquefort............. d 1906 1906Elyo................................ d 319,90 319,90Finaxa ............................ 314 315Gaillard (M).................... d 1571 1571Givaudan-Lavirotte........ d 1095 1095Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 171 171Gd Moul.Strasbourg....... d 1700 1700Hotel Lutetia.................. d 240,10 240,10

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 13 MAI

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 41 41Adecco Trav.Tem.Ly....... d 460 460AFE #.............................. 542 548Aigle # ............................ 262 262Albert S.A (Ns)................ d 123 135,50Altran Techno. # ............. 1995 2030Arkopharma# ................. 350 353Montaignes P.Gest......... d 2299 2299Assystem # ..................... 445 435Bque Picardie (Li)........... d 750 750Bque Tarneaud(B)#........ d 320 320Bque Vernes ................... d 112 112Beneteau # ..................... d 810 810B I M P........................... d 76 76Boiron (Ly) # .................. 710 700Boisset (Ly)#................... d 523 523

But S.A. .......................... 310 304Cardif SA........................ 730 736C.E.E #............................ d 176 176CFPI # ............................ d 404 404Change Bourse (M) ........ 278 275CNIM CA#...................... d 229 229Codetour........................ d 372 372Comp.Euro.Tele-CET ..... 501 501Conflandey S.A............... d 297,90 297,90C.A.Haute Normand....... 322 322C.A. Paris IDF................. 817 817C.A.Ille & Vilaine............. 331,90 331,90C.A.Morbihan (Ns) ......... d 320,50 320,50C.A.du Nord (Li) ............ 520 515C.A. Oise CCI.................. d 297 297Devanlay........................ d 546 546Devernois (Ly)................ d 681 681Ducros Serv.Rapide........ d 84 84Europ.Extinc.(Ly)#.......... 400 400Expand s.a...................... d 583 583Factorem........................ d 671 671Faiveley # ....................... 284 291Finacor........................... 79 79Fininfo ........................... d 740 740Fructivie......................... 649 627Gautier France # ............ 310 307Gel 2000 ......................... d 55 55GFI Industries #.............. d 970 970

Girodet (Ly) #................. d 35 35GLM S.A......................... d 310 310Grandoptic.Photo #........ 902 915Gpe Guillin # Ly.............. 211,50 218Kindy #........................... 149 150,10Guerbet.......................... 245 253Hermes internat.1# ........ 1525 1528Hurel Dubois.................. d 572 572ICBT Groupe # ............... d 235 235I.C.C. .............................. d 143 143ICOM Informatique ....... d 408 408Idianova ......................... d 72,90 72,90Int. Computer #.............. d 98 98IPBM ............................. d 81 81Jacques Bogart # ............ d 167 167M6-Metropole TV .......... 612 600Manitou # ...................... 790 789Manutan ........................ 430 435,10Marie Brizard # .............. 939 939Maxi-Livres/Profr. .......... d 125 125Mecelec (Ly)................... d 69,90 69,90MGI Coutier................... 290 290Monneret Jouet Ly# ....... d 138 138Naf-Naf #....................... 63 65NSC Schlum. Ny............. d 755 755Onet # ............................ 1066 1070Paul Predault #............... 185,50 185,50P.C.W. ............................ d 19 19

Petit Boy #...................... d 96 96Phyto-Lierac #................ 405 408Pochet............................ d 861 861Poujoulat Ets (Ns) .......... d 223 223Radiall # ......................... 701 701Robertet # ...................... d 1135 1135Rouleau-Guichard.......... d 362 362Securidev #..................... d 115,10 115,10Smoby (Ly)# ................... 665 660Sofco (Ly) ....................... d 49 49Sofibus........................... d 368 368Sogepag # ...................... d 190 190Sogeparc (Fin)................ 850 850Sopra ............................. 500 495Steph.Kelian # ................ d 125 125Sylea .............................. 517 539Teisseire-France............. d 179,90 179,90TF1-1 ............................. 575 578Thermador Hold(Ly) ...... 300 305,90Trouvay Cauvin # ........... 105,10 105,30Unilog ............................ 731 732Union Fin.France ........... 759 751Viel et Cie # .................... 138,40 139Vilmorin et Cie #............. 460 460Virbac............................. 556 560.....................................................................................................................

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 13 MAI

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPIAgipi Ambition (Axa) ...... 136,07 129,59

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. 2418,55 2382,81

Antigone Tresorerie ....... 880432 880432Natio Court Terme......... 14140 14140Natio Court Terme2....... 383988 383988Natio Epargne................ 2207,52 2185,66Natio Ep. Capital C/D ..... 16937,95 16770,25Natio Ep. Croissance ...... 2936,97 2879,38Natio Ep. Obligations ..... 222,63 218,26Natio Epargne Retraite .. 160,40 157,25Natio Epargne Tresor..... 11207,65 11185,28Natio Epargne Valeur ..... 656,91 644,03Natio Immobilier ........... 1380,29 1353,23Natio Inter ..................... 2083,08 2042,24Natio Opportunites ........ 195,39 191,56Natio Patrimoine ........... 1692,18 1659Natio Perspectives ......... 1519,39 1489,60Natio Placements C/D.... 78421,45 78421,45Natio Revenus................ 1111,16 1100,16Natio Securite ................ 11403,57 11403,57Natio Valeurs ................. 1291,60 1266,27

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 91974,12 91974,12Oblig. ttes cate. .............. 260,68 256,83

Livret Bourse Inv. D ....... d 778,46 755,79Le Livret Portefeuille D .. d 1043,42 1013,03

SICAV MULTI-PROMOTEURSNord Sud Develop. C/D.. d 2472,45 2467,51Patrimoine Retraite C .... 310,72 304,63Sicav Associations C ....... d 2414,91 2414,91

Fonsicav C...................... 19562,93 19562,93Mutual. depots Sicav C... 19200,64 19181,46

Ecur. Actions Futur D ..... 261,90 256,76Ecur. Capicourt C ........... 232,91 232,91Ecur. Capitalisation C..... 247,83 247,83Ecur. Distrimonetaire D . 10197,87 10197,87Ecur. Expansion C .......... 82350,76 82350,76Ecur. Geovaleurs C ......... 3412,33 3345,42Ecur. Investis. D ............. 211,44 207,29Ecur. Monepremiere ...... 11276,06 11276,06Ecur. Monetaire C .......... 12991,19 12991,19Ecur. Monetaire D.......... 12372,45 12372,45Ecur. Tresorerie C .......... 319,18 319,18Ecur. Trimestriel D......... 2024,91 2024,91Eparcourt-Sicav D .......... 191,42 191,42Geoptim C...................... 12530,02 12344,85Geoptim D ..................... 12194,17 12013,96Horizon C....................... 2130,62 2088,84

Prevoyance Ecur. D ........ 103,08 103,08Sensipremiere C............. 12991,67 12959,27

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 11937,36 11937,36Ecur. Securipremiere C .. 11908,24 11896,34

CNCA

Amplia............................ D 119179,72 119179,72Atout Amerique.............. 166,72 162,65Atout Asie....................... 107,38 104,76Atout Futur C ................. 757,68 739,20Atout Futur D................. 713,26 695,86Coexis ............................ 1944,27 1911,77Dieze.............................. 2121,21 2085,75Elicash............................ D 945723,26 945723,26Epargne-Unie................. 200,27 195,39Eurodyn ......................... 2445,98 2386,32Indicia............................ d 1615,55 1575,85Mone.JC......................... D 11910,22 11910,22Mone.JD ........................ D 11531,59 11531,59Oblifutur C ..................... 541,49 532,44Oblifutur D..................... 518,86 510,19Oraction......................... 1816,83 1772,52Revenu-Vert................... 1210,91 1190,67Sevea ............................. d 117,63 114,76Synthesis........................ 17843,69 17528,18Uni Association .............. D 120,36 120,36Uni Foncier .................... 1403,51 1369,28Uni France ..................... 811,73 791,93Uni Garantie C ............... 1874,24 1842,91Uni Garantie D............... 1433,49 1409,53Uni Regions ................... 1832,53 1787,83Univar C......................... D 308,54 308,54Univar D ........................ D 302,68 302,68Univers Actions .............. 231,37 225,73Univers-Obligations ....... 239,51 235,51

CIC BANQUES

Francic ........................... 704,67 684,15Francic Pierre................. 137,34 133,34Francic Regions.............. 1969,45 1912,09

CIC PARIS

Associc ........................... 1118,58 1118,58Cicamonde..................... 1517,59 1473,39Converticic..................... 391,06 385,28Ecocic............................. 1652 1603,88Mensuelcic ..................... 10208,48 10107,41Oblicic Mondial.............. 3756,34 3700,83Oblicic Regions .............. 1220,90 1202,86Rentacic ......................... 166,07 163,62

Eurco Solidarite.............. 1373,39 1359,79Lion 20000 C................... 17109,76 17109,76Lion 20000 D .................. 16412,84 16412,84Lion Association C.......... 11008,41 11008,41Lion Association D ......... 11008,41 11008,41Lion Court Terme C ....... 26304,48 26304,48Lion Court Terme D....... 23851,25 23851,25Lion Plus C ..................... 1549,05 1518,68Lion Plus D..................... 1477,65 1448,68Lion Tresor..................... 2415,22 2391,31Oblilion .......................... 2053,32 2032,99Sicav 5000 ...................... 698,88 685,18Slivafrance ..................... 1176,28 1153,22Slivam ............................ 554,54 543,67Slivarente....................... 251,43 246,50Slivinter.......................... 728,32 714,04Trilion ............................ 5253,82 5186,40

Avenir Alizes................... 2315,91 2270,50CM Option Equilibre ...... 261,81 254,80Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 159,11 154,85Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 914,37 914,37Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 131,91 128,38Cred.Mut.Ep.J ................ 22865,32 22865,32Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1567,42 1525,47Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1860,90 1824,41Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1114,29 1092,44

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ 848,08 811,56Saint-Honore Capital ..... 19613,52 19042,25St-Honore March. Emer. 835,75 799,76St-Honore Pacifique....... 768,20 735,12

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... 1827,28 1827,28Strategie Actions............ 1095,35 1053,22Strategie Rendement ..... 1949,58 1888,21

Amplitude Monde C....... 988,34 964,23Amplitude Monde D....... 942,88 919,88Amplitude Europe C/D ... 147,99 144,38Elanciel D....................... 170,40 166,24Emergence Poste D........ 137,59 134,23Geobilys C...................... 645,27 635,73Geobilys D ..................... 615,86 606,76Intensys C ...................... 117,67 117,49Intensys D ...................... 110,59 110,42Latitude C ...................... 147,99 147,99Latitude D...................... 134,82 134,82Oblitys D ........................ 613,09 604,03Plenitude D.................... 193,95 189,22

Poste Gestion C.............. 14799,57 14799,57Revenus Trimestr. D ...... 5319,97 5267,30Solstice D ....................... 2365,30 2359,40Thesora C....................... 978,37 968,68Thesora D ...................... 866,46 857,88

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 37865,15 37865,15Actimonetaire D............. 30832,65 30832,65Cadence 1 D................... 1076,55 1065,89Cadence 2 D................... 1068,12 1057,54Cadence 3 D................... 1067,23 1056,66Capimonetaire C ............ 408,95 408,54Capimonetaire D............ 369 368,63Sogeoblig C/D ................ 9168,54 9077,76Interoblig C.................... 7239,13 7167,46Interselection France D.. 692,05 678,48S.G. France opport. C ..... 1997,98 1958,80S.G. France opport. D..... 1907,32 1869,92Sogenfrance C................ 1769,38 1734,69Sogenfrance D ............... 1617,30 1585,59Sogepargne D ................ 311,42 308,34Soginter C ...................... 2311,89 2266,56

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1500,94 1471,51Sogeliance D .................. d 1732,33 1715,18Sogenfrance Tempo D ... d 189,73 186,01

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 12 mai

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

TOUTE LA BOURSE EN DIRECT

36 15 LEMONDEPublicite financiere Le Monde : 01 42 17 39 47

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 13 mai 1997 - 10 h 33’ 25’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 801 801Credit Gen.Ind. .............. d 8,25 8,25Generale Occidentale..... d 195 195Mumm........................... d 1110 1110Ste lecteurs du Monde.... d 151 151.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 47 47Belvedere ....................... d 750 750BVRP.............................. d 233,20 233,20Coil ................................ d 210 210Electronique D2 ............. d 880 880FDM Pharma n. ............. d 235 235Genset............................ d 300,20 300,20Guyanor action B ........... d 22,50 22,50High Co.......................... d 140 140Infonie ........................... d 130 130Joliez-Regol.................... d 84,30 84,30Mille Amis ...................... d 110 110Naturex.......................... d 102 102Olitec ............................. d 1300 1300Picogiga ......................... d 301 301Proxidis.......................... d 29,50 29,50R21 Sante....................... d 314,10 314,10Stelax ............................. d 4,06 4,06

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 13 MAI

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 13 MAI

(PubliciteÂ)

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24

A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

Leurs parcoursb PARIS-SAINT-GERMAINPremier tour : Vaduz(Lie.) - Paris-SG : 0-4 ;Paris-SG - Vaduz : 3-0.Huitièmes de finale : GalatasarayIstanbul (Tur.) - Paris-SG : 4-2 ;Paris-SG - Galatasaray : 4-0.Quarts de finale : Paris-SG - AEKAthènes (Grè.) : 0-0 ; AEKAthènes-Paris SG : 0-3.Demi-finales :Paris-SG - Liverpool (Ang.) : 3-0 ;Liverpool - Paris-SG : 2-0.b FC BARCELONE (Esp.)Premier tour : FC Barcelone-AEK

Larnaca (Chy.) : 2-0 ; AEKLarnaca-FC Barcelone : 0-0.Huitièmes de finale : FCBarcelone-Etoile Rouge deBelgrade (You.) : 3-1 ; Etoile Rougede Belgrade-FC Barcelone : 1-1.Quarts de finale : FCBarcelone-AIK Stockholm (Suè.) :3-1 ; AIK Stockholm-FCBarcelone : 1-1.Demi-finales : FCBarcelone-Fiorentina (Ita.) : 1-1 ;Fiorentina-FC Barcelone : 0-2. Finale retransmise en direct, le14 mai, à partir de 20 h 20, sur TF1.

Les Parisiens récidiventUn coup franc de Youri Djorkaeff, à la 28e minute de jeu, décale

astucieusement Bruno N’Gotty, dont le tir surpuissant trompe legardien du Rapid de Vienne, et voilà le Paris-Saint-Germain qui em-porte la première Coupe d’Europe de son histoire. C’était le 8 mai1996. Luis Fernandez, alors entraîneur de l’équipe, pouvait brandir letrophée des vainqueurs de Coupe avec fierté. Le club revenait deloin. Les Autrichiens n’étaient certes pas de grands méchants ogres,mais le PSG était au plus bas de sa forme, contraint d’abandonner letitre de champion de France à Auxerre, après avoir compté 9 pointsd’avance. Le malaise était si profond que Yannick Noah, grand sor-cier du sport national, avait été prié de remonter le moral destroupes avant la finale.

Cette année, la victoire sur le FC Liverpoool, en demi-finales, asauvé une saison cahoteuse. Et le PSG est prêt à devenir le premierclub à remporter la Coupe des coupes deux fois de suite.

Comme si ce soir était la dernière foisUN PROFESSEUR d’université un peu cruche

était capable de dire de lui même : « Je suis unhomme au corps d’éléphant et à l’âme de rose pon-pon. » Je retrouve dans ma mémoire ce souveniruniversitaire à propos de Ronaldo, un grand gaillardqui possède l’envergure physique d’un champion desuper-welters et les pieds de Fred Astaire. Voilàpourquoi les arrières les plus patibulaires nepeuvent le dégommer. Et voilà aussi pourquoi il metautant de buts grâce à ce vieux truc qui consiste àpasser du fox-trot à la samba.

Si Romario a été un avant-centre de dessins ani-més (dixit Jorge Valdano), Ronaldo apparaît commela création d’un design génétique destiné à produireun avant-centre tout en granit léger, doté d’unsixième sens lui ouvrant des chemins si invisiblesque les arrières ne les voient même pas. De près, ondirait un souriant pervers polymorphe aux dentsécartées, capable de ruiner la vie de tout père de fa-mille adulte, qu’il soit gardien de but ou arrière bull-dozer. Il a fait preuve jusqu’à présent de la même ha-bileté que Cruyff pour éviter les tacles les plusassassins, en esquivant au bon moment ou en se ré-fugiant sur ces chemins de lui seul connus.

A vingt ans, il a encore le temps d’être frappé parles accès de désespoir qui ont failli venir à bout desjambes de Maradona ou de Schuster, qui ont grillécelles de Clemente ou de Bustillo. Chaque fois quel’on regarde une partie disputée par ces joueurs de« la différence », on a la sensation d’assister à unetragédie de Tennessee Williams où les méchantscassent la figure aux bons parce qu’ils sont bons, oùles méchants poignardent l’âme des bons parcequ’ils ne supportent pas l’obscénité de tant de bon-té.

Chaque match de Ronaldo pourrait être le dernier,comme dans un boléro, et cette sensation ira ens’accentuant au fur et à mesure que sa légendegrandira, que se réveillera l’appétit des chasseurs dejambes ou de récompenses. A moins que, parvenu àun degré suffisant de gloire, Ronaldo s’installe etvive de ses rentes mythologiques, comme Marado-na. Alors il ne faudra pas l’attaquer, et le publiccontinuera à croire qu’il assiste à des parties que luine jouera plus.

« FIANCÉ DE LA MORT »Comme cela s’est passé avec Romario, Ronaldo a

quitté les Pays-Bas pour se régénérer et, à peine in-tronisé par la force de sa motivation, a créé un mar-ché. Berlusconi voulait l’engager pour compenserses frustrations politiques et contribuer, avec undieu, à la construction de la future Padanie de Bossi.

Je ne crois pas que le commercial importé dans lafolie politico-médiatico-mercantile et répandu dansle footbal des marchands vive longtemps en Es-pagne, bien que, pour l’instant, un jeune garçonplein d’illusions puisse jouer avec les mêmes enviesqu’un gamin sur les parterres immenses de la plagede Botafogo, et avec la même sagesse dosée. Ronal-do ne semble pas être sur le terrain avant d’y être,sans que personne exige de lui les dividendes hypo-crites de tee-shirts trempés de sueur, si souventsimples linceuls de talent. On voit qu’il est excep-tionnel à ce que même les plus « légionnaires » desentraîneurs lui demandent de jouer comme s’il était« un fiancé de la mort ».

« El Pais » © Manuel Vasquez Montalban(traduit de l’espagnol par Martine Silber)

Ronaldojoueur à « blinder »

« Blindage », blindaje en ver-sion originale : le mot est à lamode dans la presse sportive es-pagnole. Pas une journée sansque ne soit annoncé un nouveaublindage, à Madrid, à Séville ou àBarcelone. Pour éviter les risquesde pillage, les clubs de la Liga es-saient de s’attacher durablementles joueurs en élevant, sur leurcontrat, l’indemnité de transfertà des niveaux prohibitifs. Enéchange de ce gage de fidélité,les vedettes se voient offrir dessalaires astronomiques. Le plusimportant « blindage » concernebien sûr le Brésilien Ronaldo. LeFC Barcelone souhaite porter parécrit l’indemnité de transfert à600 millions de francs, enéchange d’un salaire annuel devingt millions de francs jusqu’en2006. Les négociations sont en-core en cours, car le joueur sou-haiterait que cette somme soitnette d’impôts. Qui plus est, lebudget du club – environ 400 mil-lions de francs – n’y suffisantpas, le président Josep Lluis Nu-nez souhaite que des sponsors(on parle des équipementiersNike, Adidas et Kappa) cofi-nancent l’opération et partagentainsi la propriété du joueur.

En 1995, Vincent Guérin avait fait tomber le « Barça »George Weah était de la partie, Rai et David Ginola aussi. Mais, il y a

deux ans, le Paris-Saint-Germain de Luis Fernandez doutait parfois.Comme si souvent cette saison. Le 1er mars 1995, en Espagne, lors dumatch aller des quarts de finale de la Ligue des champions, les Parisiensavaient gâché beaucoup d’occasions contre le FC Barcelone. Le matchnul (1-1) valait pourtant victoire. La furie du Bulgare Hristo Stoïchkov etdu Néerlandais Ronald Koeman s’était brisée sur la solidarité des Pari-siens. Dans cette première partie, le PSG était resté fidèle aux vertus dela défense.

Au match retour, le 15 mars 1995, au Parc des Princes, le scénario initialavait semblé se reproduire. Un coup de tête de José Maria Bakero, un butde Rai, et revoilà les deux équipes à égalité. C’est alors que Luis Fernan-dez décidait de s’affranchir des recettes d’Artur, son prédécesseur sur lebanc de touche : il demandait à son équipe d’attaquer à tout va. Weahn’était plus seul en pointe. Et, après un tir de Ginola qui échouait sur labarre, Vincent Guérin éliminait le FC Barcelone d’un tir lointain. Le PSGavait gagné le droit d’affronter le Milan AC en demi-finales.

FOOTBALL Le Paris-Saint-Ger-main doit affronter le FC Barcelone,mercredi 14 mai à Rotterdam (Pays-Bas), en finale de la Coupe d’Europedes clubs vainqueurs de Coupe, l’une

des équipes les plus prestigieuses.b LE FC BARCELONE, créé en 1899,possède un des plus beaux palmarèseuropéens : une Coupe des champions(1992), trois Coupes des Coupes (1979,

1982, 1989), trois coupes de l’UEFA(1958, 1960, 1966). b UNE VICTOIREpermettrait aux Parisiens de conserverle titre acquis en 1996 aux dépens desAutrichiens du Rapid de Vienne, ce qui

serait une première dans l’histoire del’épreuve. b CETTE FINALE fait déjà deParis une exception, puisque aucuneformation française n’a jamais atteintce niveau de la compétition deux an-

nées de suite. b LA DÉFENSE du PSGdevrait être rudoyée par les atta-quants barcelonais, parmi lesquels leprodige brésilien Ronaldo. (Lire aussile portrait de Bernard Lama, page 16.)

Le Paris-Saint-Germain s’attaque au mythique FC BarcelonePour conserver la Coupe d’Europe des clubs vainqueurs de Coupe, les joueurs parisiens doivent battre,

mercredi 14 mai, en finale à Rotterdam, le club catalan, une des équipes les plus prestigieuses du football mondialBARCELONE

de notre envoyé spécialQuand le Paris-Saint-Germain

aura survécu à une guerre civile etsymbolisé la fierté d’un peuplependant quarante ans de dictature,quand les jeunes spectateurs de latribune Auteuil seront en âge d’ini-tier leurs petits-enfants à la magiedu Parc des Princes, quand le pré-sident du club sera invité uneheure chez Anne Sinclair pour neparler que de football, quand lessoupirants oseront offrir à leursbelles des bijoux choisis dans laboutique des supporteurs, le clubparisien sera l’égal du FC Barce-lone. Peut-être, alors, des adoles-cents espagnols viendront visiter lestade, entre une excursion à Ver-sailles et un pèlerinage à Notre-Dame, comme le fit ce lundi-làdans la cité catalane une classe deMoncoutant (Deux-Sèvres), in-cluant le Nou Camp dans son pro-gramme au même titre que la Sa-grada Familia ou les Ramblas.

En attendant cet heureux jour, lePSG a le droit de battre le FC Bar-celone, en finale de la Coupe desCoupes, mercredi 14 mai, à Rotter-dam (Pays-Bas). Ce ne serait ja-mais que la deuxième fois, après lequart de finale de la Ligue deschampions, en 1995. En football, ilest permis de dégommer lesmythes : le déicide est même re-commandé à qui veut bâtir sa lé-gende. Depuis le temps qu’il fri-cote avec le panthéon européen dufootball, le club parisien n’a tou-jours pas effacé les sourires nar-quois. S’il s’imposait en finale,cette année, il construirait sa répu-tation bien mieux qu’en 1996, oùlui fut opposé en bout de parcours

le Rapid de Vienne. L’idée paraîttéméraire face à un adversaire quitransformera le Stadion Feijenoordde Rotterdam en piste aux étoiles.Les dirigeants catalans ont dépen-sé 220 millions de francs en trans-ferts à l’intersaison. Ils ont recrutéparmi ce qui se fait de mieux sur laplanète. A lire la presse espagnole,ils ont même téléporté du PSV Ein-dhoven un extraterreste : Ronaldo.Quand l’envie lui prend, le Brési-lien évolue dans une quatrième di-mension inconnue des Terriens.Cette supériorité sur les humainsqui l’entourent lui ferait parfoisoublier qu’il pratique un sport col-lectif. Il sera l’égal de Pelé lorsqu’ilsaura faire une passe, explique ensubstance Mario Zagalo, le sélec-tionneur brésilien. Quoi qu’il ensoit, le public barcelonais a suc-combé à la « Ronaldomania ».

Le Nou Camp frémit de bonheurau grand show du grand chauve.Ils seraient pourtant du genre bé-gueule, ces spectateurs, depuis le

temps que sont offertes des ve-dettes de la stature de JohannCruyff ou Diego Maradona. Mais,comme le fait remarquer LaurentBlanc, le sage français du « Bar-ça », encore incertain mercredi enraison d’une déchirure aux adduc-teurs : « Partout les terrains font en-viron 100 mètres, la pelouse y estverte et tout y est possible. »

UN STATUT À ASSUMERLes joueurs de Clermont-Fer-

rand pourraient rappeler à leurshomologues du PSG que les mon-tagnes sont faites pour être renver-sées. Ceux du Real de Madrid fe-ront également valoir que, par leursens de la collectivité, ils sont enpasse de ravir le titre national àcette somme d’individualités quel’entraîneur anglais Boby Robsonn’est jamais parvenu à sceller envéritable équipe.

Sans que cela préjuge du résultatde Rotterdam, un club de footballva cependant se colleter avec un

monstre sacré. « Barcelone, c’estplus qu’un club de football, affirmeLaurent Blanc. Il faut le vivre del’intérieur pour le comprendre. Lesentiment est difficilement définis-sable. Tous les Catalans s’identifientau « Barça ». Ici, être joueur nes’arrête pas au terrain. Tu portes cestatut dans ta vie quotidienne, tu nepeux rien faire sans qu’on y fasse àun moment ou à un autre référence.Il faut être capable d’assumer cettesituation, avoir un comportementexemplaire et respecter cette imagecatalane et barcelonaise. Sinon, tuvas au devant de graves ennuis. »

Barcelone et son stade mythiquede 115 000 places. Les spectateursse surnomment eux-mêmes les« cules », formule qui ne demandepas de traduction. Cette appella-tion date du temps où le clubjouait dans des enceintes trop pe-tites pour contenir la ferveur. Lesspectateurs se perchaient alorsjusque sur les murs des tribunes.De l’extérieur, comme en témoignecertaines photos sépia, on voyaitdéborder sur tout le pourtour dustade cette partie de l’anatomie.Dans les années 50, le club s’estconstruit un écrin à sa mesure. « LeNou Camp est un théâtre immenseen ce sens que l’ambiance y est plu-tôt feutrée, poursuit Laurent Blanc.Mais quand tu vois dans les tribunesdes grands-mères de quatre-vingtans avec leurs petits enfants, quandtu entends l’hymne catalan, tucomprends la profondeur de la dé-votion. »

Barcelone et ses 108 000 socios.Le 22 octobre 1899, une petite an-nonce parue dans Los Deportes in-vitait les jeunes gens de bonne vo-lonté à se réunir le 29 novembre

dans le but de lancer une équipe.Douze personnes répondirent àl’appel et versèrent chacun deuxpesetas pour adhérer au nouveauclub. Aujourd’hui, la cotisation an-nuelle s’élève aux environs de700 francs, mais les sociétaires setransmettent leur carte d’adhérent

de père en fils. Le pape a la sienne.Des enfants pas encore nés sontmême inscrits sur les listes d’at-tente. « Ceux qui viennent au matchne sont pas de simples spectateurs,explique Laurent Blanc. L’équipeleur appartient et, d’une certainemanière, tu es leur employé. » Leprincipe des socios est la force et lafaiblesse du club. Le fonctionne-ment du FC Barcelone n’échappepas au populisme. Josep Lluis Nu-nez, président depuis dix-neuf ans,doit convoquer prochainement desélections. il aimerait bien être leprésident du centenaire et ne re-cule devant aucune promesse.

L’antagonisme historique avec leReal de Madrid fait égalementperdre la raison. Dans les an-nées 70 puis dans les années 80, lesexcès avaient conduit le club aubord du dépôt de bilan. Les sociosavaient alors remis de leur pochepour combler le trou financier. Au-

jourd’hui, les dirigeants font ànouveau valser des millions qu’ilsn’ont pas pour retenir les meilleursjoueurs. « Le FC Barcelone est à lafois la plus belle des démocratiespuisque tout le monde peut y donnerson avis, mais, en même temps, lapire des dictatures, puisqu’un seulhomme prend finalement la déci-sion », résumait Johann Cruyff, quientraîna l’équipe jusqu’à la saison1995-1996. Josep Lluis Nunez ne re-nierait pas les propos de celui qu’ildébarqua sans égard. Il sait qu’il atous les droits, sauf celui de perdre.

Benoît Hopquin

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Le responsable des arbitres brésiliens vendait les matchesRIO DE JANEIRO

de notre correspondantUn vent de panique souffle sur la

Confédération brésilienne de foot-ball (CBF), à la suite de l’affaire decorruption révélée, mercredi 7 mai,par TV Globo, la principale chaînebrésilienne. Enregistrées par un dé-nonciateur anonyme, deux conver-sations téléphoniques ont provoquéun scandale qui a contraint le pré-sident de la Commission nationaled’arbitrage (Conaf), Ivens Mendes,en poste depuis dix ans, à la démis-sion. « Jamais je n’ai eu à traiter uncas aussi grave », a aussitôt reconnuRicardo Teixeira, président de laCBF et gendre de Joao Havelange,président de la Fédération interna-tionale de football (FIFA).

Le passage le plus compromet-tant met en scène l’ex-responsablede la Conaf, qui a justifié son départprécipité en alléguant des menacesde mort et des tentatives de rapt, etMarcio Celso Petraglia, président del’Atletico Aplopico du Paraña, unclub du sud du pays. A la veille d’unmatch de quarts de finale de laCoupe du Brésil que cette équipe,révélation du dernier championnat,devait disputer, début avril, face auVasco aba Gama de Rio, IvensMendes se dit prêt, en échange de25 000 dollars (environ145 000 francs), à « donner un petitcoup de main ».

La suite du dialogue est édifiante.Ivens Mendes s’engage à « parler àl’arbitre » de la partie, Oscar Rober-

to de Godoy, présenté comme un« dur à cuire, dont il ne faut pascontester les décisions, et avec qui ilvaut mieux éviter les conneries ».Ivens Mendes dévoile en ricanant lecoup qu’il mijote : « Il suffit de mar-quer de très près Odmundo, cela lerendra nerveux, il explosera et se feraexpulser. »

UN PELÉ VENGEURSurnommé « l’Animal » en raison

de son tempérament volcanique, le-dit Odmundo, attaquant internatio-nal, sera sorti dès la 25e minute, surl’intervention – ô combien oppor-tune – d’un juge de touche, aprèsavoir donné un coup de coude à undéfenseur adverse qui venait del’agresser. Et Vasco aba Gama s’est

incliné face à l’Atletico du Paraña(1-3). D’autres morceaux choisis desécoutes clandestines rendues pu-bliques par TV Globo démontrentqu’Ivens Mendes avait coutume desolliciter la générosité des dirigeantsde club afin de consolider son pres-tige dans le centre du Brésil, où ilcomptait briguer un mandat de dé-puté.

Ennemi juré du président de laCBF, le ministre des sports, le grandPelé, en a profité pour ajuster quel-ques piques : « Je rends grâces àDieu, qui montre par d’autres voiesque mon combat, qui m’a valu d’êtretraîné devant les tribunaux pour dif-famation, était juste. »

Jean-Jacques Sevilla

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A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 25

Quatre famillesde terminauxL’annonce de Microsoft portedésormais à quatre le nombre defamilles d’ordinateurs en présencesur le marché informatique :b PC : héritier des ordinateurspersonnels d’Apple (1976) et d’IBM(1981), le PC (personal computer)dispose d’une puissance de calculqui ne cesse de croître grâce àl’amélioration des performancesdes microprocesseurs, de celles dela mémoire électronique et desdisques durs. Fonctionnant defaçon autonome ou en réseau, ilest devenu le principal outild’accès aux programmesmultimédias mais son prix devente commence à peine à

descendre en dessous des10 000 francs.b NetPC : le NetPC, dont leconcept a été lancé en octobre 1996,est présenté par ses concepteurs,Microsoft et Intel, comme unenouvelle famille de PC adaptée aufonctionnement en réseau et dontle coût d’entretien est réduit. Mais,doté d’un processeur Pentium à100 MHz et de 16 Mo de mémoirevive, il ne peut prétendre à un prixde vente très inférieur à celui duPC.b NC : le concept de NetworkComputer, ou ordinateur de réseau,à 500 dollars (moins de3 000 francs), est promu par LarryEllison, patron d’Oracle, depuis1995. Le premier NC a étécommercialisé autour de5 000 francs par IBM en octobre

1996. Le NC, qui ne possède nidisque dur ni lecteur de CD-ROM,dispose de 8 Mo de mémoire viveet d’un système d’exploitationallégé. Il ne fonctionne qu’en réseauet utilise les micro-programmesécrits dans le langage Java.b WT : le terminal Windowsmodernise la conception desterminaux passifs conçus dans lesannées 70. Sans disque dur, avecpeu de mémoire vive et unprocesseur bas de gamme, il afficheà l’écran le résultat du travaileffectué sur le serveur auquel il estrelié en permanence. La nouveautéréside – grâce aux technologies deCitrix et de Prologue – dans l’accèsà toute la gamme des puissantslogiciels de bureautiquefonctionnant sous Windows que ceterminal autorise.

BILL GATES n’en est pas à unrevirement près en matière destratégie industrielle. Après avoirmisé sur les réseaux télématiquespropriétaires avec MSN, le patronde Microsoft a basculé sur Inter-net. Lundi 12 mai, Paul Maritz,vice-président de Microsoft, a an-noncé un nouveau virage à180 degrés en amorçant son offen-sive sur le marché encore naissantde l’ordinateur de réseau (NC ouNetwork Computer). Une nou-velle occasion pour ses vingt millesalariés de brûler toutes les décla-rations de Bill Gates qui quali-fiaient le NC de « terminal stu-pide » , par opposition àl’« intelligence » qu’il prête auxPC. Après avoir minoré le poidsdu coût d’usage de ces dernierssur les finances des entreprises,Microsoft s’apprête donc à lancer,début 1998, une solution directe-ment concurrente du NC, le ter-minal Windows.

Cette nouvelle catégorie d’ordi-nateurs devrait être encore plusdépouillée que le NC. Pas dedisque dur, peu de mémoire vive,pas de processeur haut de gamme.Ne subsisteraient qu’un écran, unclavier et, sans doute, une souris.Le tout pourrait coûter environ2 500 francs. Soit l’objectif queLarry Ellison, le patron d’Oracle,s’était fixé en lançant le conceptdu NC en 1995. La force de Micro-soft réside dans l’association de ceterminal économique avec la puis-sance de ses logiciels de bureau-tique (Word, Excel, Access...). Etdans la compatibilité que l’entre-prise garantit entre les différentesfamilles de machines fontionnanttoutes... sous Windows.

Pour concrétiser rapidementcette volte-face, Microsoft s’esttourné vers deux PME : l’une amé-ricaine, Citrix, l’autre française,Prologue, (Le Monde du 25 octo-

bre 1996). L’annonce du 12 maifait la part belle à la première, quia développé le système multi-uti-lisateur WinFrames. Pourtant, lecontrat de licence du logiciel Win-Times de Prologue a été signé parMicrosoft le 18 avril. En fait, lesdeux entreprises ont travaillé enparallèle au cours des cinq der-nières années sur le mêmeconcept.

Via un réseau local, un Intranetou même Internet, leurs technolo-gies multi-utilisateurs distribuentsur plusieurs postes de travail leslogiciels de Microsoft enregistréssur un serveur. L’utilisateur se sertalors du programme de traite-ment de texte Word installé nonpas sur son poste de travail, maissur un ordinateur distant et assezpuissant pour alimenter simulta-nément un grand nombre de ter-minaux Windows. Equipé d’unPentium Pro et du logiciel Win-Frames de Citrix, un serveur peutainsi alimenter de vingt à vingt-

cinq terminaux Windows. Pour lesentreprises, première cible decette nouvelle offre, les gainspeuvent être considérables. Aulieu d’intervenir sur chaque PCpour effectuer les opérations demaintenance et les mises à jour delogiciels ou de documents inter-nes, elles se contentent d’agir surles serveurs. D’où un gain detemps important et une quasi-suppression des risques d’erreurs.

LA FIN DES LICENCESUne telle architecture n’est pas

sans rappeler celle des fameuxterminaux passifs reliés à un ordi-nateur central (mainframe) quiont connu leur heure de gloiredans les années 70 et 80. Les pro-grès de l’électronique permettentnéanmoins d’offrir aujourd’hui demeilleures performances à de telspostes de travail (écran couleur,interface graphique, souris...).Dans cette configuration, l’enre-gistrement des données a lieu sur

une partie du disque du serveurallouée à chaque utilisateur etdont l’accès est protégé par unmot de passe.

Dépourvu d’enregistrement lo-cal, le NC prive le marché du logi-ciel de coûteuses licences d’instal-lation sur chaque disque dur dePC. D’où le combat qu’avait pré-cédemment mené Microsoft pourtenter d’étouffer dans l’œuf detels projets. L’entreprise de BillGates s’est ainsi associée avec lefabricant de microprocesseurs In-tel pour proposer des mesures deréduction du « coût total de pos-session » (total cost of ownership,ou TCO) des PC. Le même duo,dont les intérêts convergent, amême tenté d’allumer un contre-feu en lancant l’idée du NetPC,sorte d’intermédiaire entre le PCet le NC qui n’a trompé personne.

Cette offensive n’a pas stoppéla prolifération des idées d’Oracle.Grâce au langage de programma-tion Java développé par Sun Mi-

crosystems et au logiciel de navi-gation sur Internet de Netscape,le concept du NC commence à sé-duire de nombreux développeursde logiciels. En rébellion contre leduopole Microsoft-Intel, baptiséWintel, ce trio est en passe de pro-poser une véritable alternativeaux logiciels Windows et aux pro-cesseurs Pentium, qui dominent lemarché mondial de façon écra-sante.

Si la technologie développéepar cette concurrence vised’abord les entreprises, elle seraégalement utilisable par les inter-nautes dès que les débits sur In-ternet auront atteint ceux deslignes numériques (RNIS). Seulefaiblesse de cette offensive : le dé-lai d’écriture des nouveaux logi-ciels à l’aide du langage Java. Ils’agit en effet de reconstruire toutl’édifice bureautique bâti par Mi-crosoft et par les autres éditeursde programmes fonctionnant sousWindows. Un travail considérablequi consiste à fractionner les groslogiciels monolithiques en micro-programmes (applets, en anglais)qui circulent plus facilement surles réseaux.

Pour réussir dans cette tâche,Sun mise sur l’engouement pourJava des développeurs du mondeentier. La société dirigée par ScottMcNealy multiplie les manifesta-tions pour séduire les informati-ciens. Improbable en 1995, le suc-cès l’est beaucoup moinsaujourd’hui, en dépit de la lenteurde fonctionnement des premiersprogrammes écrits en Java. D’oùcette contre-attaque musclée dugéant, qui a fini par détecter unmarché lucratif dans le remplace-ment des 35 millions de terminauxpassifs encore en service dans lemonde.

Michel Alberganti

Be Inc. dévoileun systèmed’exploitationadaptéau multimédia

BE INC. ne désarme pas. L’en-treprise fondée en 1990 aux Etats-Unis par le Français Jean-LouisGassée s’attaque pourtant à l’écra-sante domination de Microsoft.Avec son unique produit, le sys-tème d’exploitation BeOS, ellevoudrait profiter de la vague mul-timédia pour grignoter une part,même modeste, d’un gâteau queWindows cherche à s’appropriertout entier. Samedi 10 mai, Be aprésenté la première version pu-blique de son nouveau-né devanthuit cents développeurs.

Le BeOS apporte la rapidité defonctionnement nécessaire auxapplications qui se répandent surles CD-ROM et sur Internet et quifont de plus en plus appel aux gra-phiques en trois dimensions et auxséquences audio et vidéo. En trai-tant des ensembles de 64 bits dedonnées, le système d’exploitationmanipule des fichiers d’une taillesupérieure au téraoctet (1 000 mil-liards d’octets). De plus, son archi-tecture est adaptée aux machinescomprenant de un a quatre micro-processeurs fonctionnant simulta-nément.

VIRAGE STRATÉGIQUELe même jour, Be a dévoilé la si-

gnature d’un accord avec Net-scape Communications. Le numé-ro un mondial des logiciels denavigation sur Internet va adapterson logiciel FastTrack Server auBeOS. Dès cet automne, cettenouvelle association devrait offriraux gestionnaires de sites Internetun outil puissant de publicationsur la Toile. Ce premier soutienmajeur reçu par Be tombe à picaprès une fin d’année 1996 difficile.Le 20 décembre, en effet, Apple ra-chetait NeXT Software, l’entre-prise fondée en 1985 par SteveJobs, l’un des deux créateurs de lamarque à la pomme. Ce choix au-rait pu se porter sur Be. Mais lespourparlers entre les dirigeantsdes deux sociétés n’ont pas abouti.Jean-Louis Gassée, qui a passéplus de neuf ans chez Apple, dontil a été président de la division Pro-duits, se serait montré trop gour-mand.

En janvier, Be a alors amorcé unvirage stratégique en abandon-nant ses projets de constructiond’ordinateurs biprocesseurs. Au-jourd’hui, l’entreprise prend égale-ment ses distances avec le mondeApple. Son BeOS, conçu à l’originepour fonctionner avec les pucesPowerPC utilisées par les Mac etleurs clones, se présente désor-mais comme indépendant du typede processeur. Les ordinateurséquipés de puces Pentium sontdonc dans son collimateur. Mais,avec un effectif de 55 personnes, leLilliputien de Menlo Park semblebien isolé pour s’imposer face auxgéants de l’informatique.

M. Al.

Une nouvelle preuve de la lucidité et de l’opportunisme de Bill GatesJUSQU’À LA FIN DE 1996, Citrix et Pro-

logue disposaient des licences du systèmed’exploitation Windows NT de Microsoft.Les négociations pour le renouvellement decet accord traînèrent alors en longueur. Finfévrier, Microsoft abat enfin ses cartes. Sanouvelle stratégie le conduit à... développerune technologie similaire à celle des deuxPME. Un étonnant renversement de situa-tion.

Le 18 avril, Microsoft signe un accord decession de licence et de collaboration tech-nique avec Prologue. Le 12 mai, elle fait demême avec Citrix. Quelques heures après laconférence de presse, Ed Iacobucci, pré-sident de Citrix, déclare au Monde qu’il aignoré jusqu’au 11 mai l’existence de l’ac-cord avec Prologue. Pourtant, alors que lesnégociations piétinaient avec Citrix, BillGates avait prévu de révéler, le 7 mai, lenouveau contrat liant l’entreprise françaiseet Microsoft.

La crainte de voir la technologie Win-

Times de Prologue supplanter la sienne a-t-elle influencé Citrix dans ses tractationsavec Microsoft ? On peut l’imaginer. Tou-jours est-il que c’est l’entreprise de BillGates qui sort renforcée de cet épisode. EtPrologue semble faire les frais de l’ententeentre les deux sociétés américaines.

Selon Ed Iacobucci, les technologies Win-Frames de Citrix et WinTimes de Prologueseront associées à celle de Microsoft pouraboutir, début 1998, à un produit unique.« Il s’agira d’une version des systèmes d’ex-ploitation Windows NT 4.0 et 5.0 intégrant lafonction multi-utilisateur », explique Ed Ia-cobucci. D’ici là, les terminaux Windows au-ront sans doute eu le temps de naître. Leurconstitution dépouillée ne devrait pas poserde problèmes techniques. Il reste cependantà connaître les acteurs industriels qui se lan-ceront sur ce nouveau marché et les prix devente auxquels ils aboutiront.

En attendant, l’action Citrix s’envole.Quelques heures après l’annonce de l’ac-

cord avec Microsoft, lundi, elle gagnait prèsde 50 % de sa valeur à la Bourse de NewYork. Un redressement spectaculaire. Le7 mars, le PDG de Citrix, Roger W. Roberts,avait fait part à ses actionnaires, par écrit,du revirement de stratégie de Microsoft.Aussitôt, son action était tombée de 40 à10 dollars. Elle remonte maintenant vers les30 dollars. Mais la pérennité de cette embel-lie n’est pas assurée.

UN RISQUE POUR PROLOGUE« Notre accord avec Microsoft durera au

moins deux ans et demi », indique Ed Iaco-bucci. Un délai qu’il juge « extrêmement longen informatique ». Pour Prologue, la situa-tion semble moins favorable. L’accord avecCitrix pourrait rejeter le français au secondplan. Mais Georges Seban, président dePrologue, se veut optimiste. « Une équipe denos ingénieurs travaille déjà chez Microsoft »,indique-t-il. Après huit mois de développe-ment commun, Prologue risque de ne

conserver qu’un rôle d’intégrateur du pro-duit de Microsoft. A un peu plus long terme,Citrix pourrait bien être réduit à la mêmefonction.

Microsoft parachèverait ainsi l’une de sesmanœuvres favorites : la récupérationd’une technologie développée par d’autres.De quoi mettre ses concurrents en délicateposition. La situation du trio Oracle, Sun etNetscape risque en effet de se dégrader, en-cerclés qu’ils sont par le NetPC et le termi-nal Windows. Reste à savoir comment ilsvont réagir à cette contre-attaque surprise.

Pour l’instant, Bill Gates semble en me-sure de réussir l’un des tours de magie dontil a le secret. Nul doute que le livre du pa-tron d’Intel, Andy Grove, Seuls les para-noïaques survivent, trône sur sa table denuit. Le maître de Microsoft semble excellerdans la détection des « points d’inflexionstratégiques ».

M. Al.

Microsoft se convertit aux ordinateurs de réseauxEn achetant les technologies de l’américain Citrix et du français Prologue, le géant américain de l’informatique tente

de prendre à revers les promoteurs du concept de Network Computer (NC), qu’il qualifiait de « stupide » il y a peuLe numéro un mondial du logiciel, Microsoft,a annoncé, lundi 12 mai, un revirement de sastratégie qui constitue une contre-attaquevis-à-vis des promoteurs du concept d’ordi-nateur de réseau (NC). Ce nouveau « termi-

nal Windows » ne peut fonctionner qu’enliaison, via un réseau, avec une machinebeaucoup plus puissante, le serveur. Pour dé-velopper cette nouvelle technologie, Micro-soft a fait l’acquisition de la technologie dé-

veloppée par deux PME : l’américaine Citrixet la française Prologue. Début 1998, une ver-sion multiutilisateurs du système d’exploita-tion Windows NT doit être commercialiséepar Microsoft. Le sort des deux PME est diffi-

cile à prévoir aujourd’hui tant Microsoft estpassé maître dans l’art de s’approprier lestechnologies développées par d’autres.Quant aux promoteurs du NC, ils vont devoirréagir à la volte-face de Microsoft.

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LeMonde Job: WMQ1405--0026-0 WAS LMQ1405-26 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0543 Lcp: 196 CMYK

BOUTEILLE

Côtes-du-rhôneChâteau Malijaya AU CENTRE D’UN VIGNOBLE de 100 hectares d’un seul tenant, aupays des Voconces, voici le château Malijay, une tour féodale, quatresiècles d’archives. Au pied des Dentelles de Montmirail, les meilleursalliés de la vigne, ici, sont le sol graveleux argilo-calcaire, et le climat,lumineux et sec, soumis au régime maximum du mistral, qui restreintl’emploi des produits chimiques contre la pourriture et les insectes.Ce domaine, propriété du groupe Val-d’Orbieu-Listel, abrite la gesta-tion de l’un de ces rouges de référence typiques des côtes-du-rhônede l’aire méridionale, obtenu par macération traditionnelle à partird’une vendange égrappée. La robe vive aux reflets de cerise de lacuvée des Genévriers se prolonge en bouche par les notes fruitées,poivrées et légèrement fumées, d’un assemblage harmonieux des cé-pages grenache et syrah. Un vin à boire jeune dont le charme est lasurprenante maturité et aussi un prix raisonnable. J.-C. Rt. Château Malijay-cuvée des Genévriers-côtes-du-rhône AOC (1995) :30 F TTC. – Château Malijay, 84150 Jonquières, tél. : 04-90-70-33-44.Télécopie : 04-90-70-36-07

26 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 A U J O U R D ’ H U I

A table, citoyens !De quelques plats et lieux qui aidentà mieux mener campagne

LE HARENG pommes à l’huile etla politique ont toujours fait bonménage. Les deux compères par-tagent la même onctuosité et sevantent de ce même côté canailleavec lequel ils tiennent leurs mee-tings de table. En période électo-rale, on les voit beaucoup en-semble ; ils s’affichent, chacunfaisant de la retape pour son campet son propre compte. Voyez monprogramme, et moi mes pommesde terre tièdes assaisonnées encorechaudes ; et moi ma loi-cadrecontre le chômage, et mézigue la fi-nesse des rondelles d’oignon et lacarotte tranchée perfect. Les élec-teurs, qui boivent les paroles del’un et dévorent les filets de l’autre,les trouvent sympathiques endiable et pas bêcheurs pour2 ronds. Une équipe.

Un autre plat aidant considéra-blement à faire avancer la démo-cratie sont les escargots. A côtéd’eux, la tête de veau fait pâle fi-gure. Nous sommes bien d’accord :il faut qu’un candidat ait le coup defourchette convaincant. Avec deuxou trois douzaines de bourgogneen entrée de profession de foi, onpeut aller loin. Et puis alors, atten-tion, l’art et la manière de les torto-rer : serviette autour du cou, quepas une goutte de beurre persilléne traîne, et la lichette de pain,après chaque bestiole avalée. Lesfuturs votants sont sensibles à lagestuelle culturelle de leur cham-pion. Contre le bulletin blanc, dé-vorons des escargots !

Il y a ainsi une panoplie devieilles recettes républicaines, quidonnent leur chance, contre l’avisde la faculté, à ceux qui savent laprendre. Il y a aussi des endroits oùl’on peut s’entraîner à cet exerciceen attendant de monter en ligne.Rue André-Joineau, au Pré-Saint-Gervais, en Seine-Saint-Denis, parexemple, où le Pouilly-Reuilly, de-puis plus de trente ans, sert d’abriau monde de la politique et des af-faires, pour peu que celui-ci ait lecourage de passer extra-muros.

C’est l’honneur et l’astuce decette banlieue mitoyenne d’avoir sugarder ses distances avec la capitale

et de continuer de fredonner sur letrémolo de Doisneau des rengaineschavirantes. Doisneau, il ne s’en se-ra jamais remis de voir son « pail-lasson de Paris » à lui prendre unetournure aussi brusque, aussi tour-mentée. Qu’il se rassure, tout n’estpas aussi foutu que ça.

PARISIEN À FAIRE PEURPas si bêtes, les Parisiens, pas

aussi sectaires qu’on croit. Quandla vie était belle, quand le journaltournait au ralenti de l’époque, onpartait parfois en bande vers Saint-Ouen, direction Le Coq de la Mai-son-Blanche, boulevard Jean-Jau-rès ; un vieux confrère. Forcément,on rentrait tard... Il existe encore lefameux Coq, beaucoup de plumestoujours. Et Chez Serge aussi, àdeux pas, bistrot à vins bien connuet harengs très courus. Banlieue.

« Cuisine berrichonne, nivernaise,solognote, auvergnate », qu’on se le

dise : le Pouilly-Reuilly, lui, est d’ungenre particulier. Ni bistrot ni bras-serie, et certainement pas auberge.Un espace neutralisé par son isole-ment et conforté par sa renommée.L’un de ces endroits connus de touset ignorés du plus grand nombre ;ce qui lui donne cette amabilité decaractère sans laquelle il n’aurait pupersévérer dans son originalité.

Nappes repassées de frais, appa-reillage de salle patiné à l’ancienne ;l’ambiance est immédiate et parti-culière, confortable et sans souci.Traîne un air province, immédiate-ment démenti par des propos d’unjargonnant parisien à faire peur,mais que l’on pourra masquer parses propres banalités. C’est aussi unCafé du commerce avec clients sa-chant de quoi ils parlent. Le Palais-Bourbon n’est pas si loin tout demême.

Alors évidemment, entre lesœufs meurette et l’andouillette aupouilly, entre le ris de veau sauceaurore et les paupiettes à la berri-chonne, on parle de choses quiconcernent un peu sérieusement laFrance. Du Juppé par-ci et de mondéputé par-là, du Le Pen en embus-

cade et de notre Chirac à tous.Nous, on était venu pour mangerdes escargots, pas pour causer poli-tique. Sur les murs, on remarquaitdes diplômes et des distinctions aunom du patron, Jean Thibault.Plein centre, l’ordre national duMérite, escorté de la médaille de laVille de Paris et de la couronne d’ordu Royal Automobile Club de Bel-gique. On avait confiance.

Et on avait raison. Nos escargotsparaissaient arriver directement dela Bourgogne, tout rissolant, toutcrépitant d’aise d’avoir été aussi jo-liment traités. De la très belle ou-vrage, et des bêtes de concours, legros module, une sélection dechampions ; l’instrument pour lesprendre arrivait à peine à les saisir.Avec un peu de pouilly fumé en en-gagement du débat, l’affaire futvite conclue. Nous ne connaîtrionsjamais leur intention de vote.

Jean-Pierre Quélin

. Le Pouilly-Reuilly, 68, rue An-dré-Joineau 93310 Le Pré-Saint-Gervais. Tél. : 01-48-45-14-59.Carte : à partir de 250 F.

Depuis qu’il a repris la boucheriepaternelle, rue du Marché-Saint-Honoré, GillesBarone travaille le bœuf selon l’esprit duquartier : haute couture. Mais si presquepersonne ne peut s’offrir un tailleur Chanel,chacun devrait pouvoir économiser afin degoûter, ne serait-ce qu’une fois, cette côte debœuf rouge cerise, au grain très fin, persillée àcœur et dont la seule vue fait venir l’eau à labouche. Cet objet d’exception est né dans lePérigord.C’est là que, à la fin des années 80, la familleDufraisse a créé le bœuf de Coutancie, du nomde leur domaine. Dix ans avant V.F. (la vachefolle), Charles Dufraisse avait décidé deprendre le contre-pied de ces bovins engraissésà coups d’ensilage, d’anabolisants etd’antibiotiques, abattus à vingt mois. Deuxraces seulement trouvent grâce à ses yeux : lalimousine et la blonde d’Aquitaine. A l’âge oùl’on abat généralement les génisses et lesjeunes vaches, entre trois et quatre ans,

Charles Dufraisse secharge de les « finir ».Après une ou deuxsaisons de pâture, ses

animaux passent les six derniers mois de leurexistence dans des boxes individuels.Au-dessus de chaque animal sont installées degrosses brosses rondes en nylon comme cellesqui servent dans les laveries pour lesautomobiles. Deux fois par jour, ces machines,conçues par notre éleveur, massent lesanimaux de mi-cuisse à l’encolure. Cesquarante minutes de massage quotidien, outrequ’elles sont, paraît-il, fort appréciées desanimaux, ont aussi pour résultat de chauffer lemuscle et de l’attendrir. Ce traitement estcomplété de 3 litres de bière, ajoutés chaquejour à la ration alimentaire du bovidé pourassurer le fondant de sa chair. Si cette pratiqueest une des bases qui ont fait la réputation dubœuf de Kobé, au Japon, Charles Dufraisse aeu un certain mal pour trouver un brasseurfrançais : « Je crois que l’idée que leur breuvagepuisse passer du bock à l’abreuvoir était jugéecomme une terrible contre-publicité. » Depuis,

avec 400 000 litres commandés annuellement,et surtout grâce à la réputation de Coutancie,les marchands de bière lui font de l’œil.Pour assurer la renommée de son élevage,Charles Dufraisse n’hésite pas, si la viande nelui paraît pas suffisamment excellente, àl’écarter impitoyablement. Sur les 1 500 bêtesabattues chaque année, plus d’un tiers neporteront pas le blason de Coutancie. Pasperdu pour tout le monde : le McDonald’sd’Orléans se fournit dès que possible pour seshamburgers avec cette viande de luxedéclassée.

Guillaume Crouzet

. Boucherie Barone : 6, rue du Marché-Saint-Ho-noré. 75001Paris. – 150 F le kilo de côte de bœuf deCoutancie. – Autres points de vente en France au02-54-78-23-54.. Charles Dufraisse vient de lancer, dans une di-zaine de supermarchés Match, un bœuf « saveurdes prairies » qui, grâce à un procédé de mise sousvide de l’herbe, est nourri toute l’année de four-rage frais. A essayer aussi. 110 F le kilo environ.

Bœuf mode Coutancie

TOQUES EN POINTE

BistrotsL’ÉPOUVANTAILa Cela s’appelait, hier, « Esther Street ». Mais comme le yiddishland ne fai-sait plus recette, la charmante et jeune cuisinière a changé le nom de sa mai-son, et l’inspiration de sa cuisine. Le sérieux et le savoir-faire restent. Unecour verdoyante du Marais, un mobilier contemporain, l’ensemble est à lafois clair et un peu austère. Caviar d’aubergine, poivrons marinés, souped’Alexandra, faisselle au concombre, poissons... ne masquent pas leurs ré-férences quelque peu mitteleuropa. Des préparations simples, bien dans legoût du temps qui privilégie les saveurs et le produit. Un remarquable effortquant au choix des vins, peu nombreux, mais intéressants : montagne saint-émilion, château Tour Labatut, 1990 (95 F). Menus : 85 F et 135 F. A la carte,compter 170 F.. Paris. 6, rue de Jarente (75004). Tél. : 01-40-29-03-03. Fermé sam. midi. etdim.

BrasserieKITTY O’SHEA’Sa Dermot Toolan dirige avec jeunesse, énergie et courtoisie ce lieu ouvertdepuis onze ans. Pub irlandais donc, avec compartiments sombres, commeles murs, où se presse une jeunesse à la mode d’outre-Manche. Fait de socié-té bien parisien que ce succès des pubs irlandais, alors que déclinent dange-reusement les bars à vins. Quelques tables au rez-de-chaussée, une salle aupremier pour déguster le saumon sauvage du Connemara, le cocktail auxfruits de mer, ou les pommes de terre farcies. Ici, l’Irish Stew est de rigueur,comme le bacon aux choux vert, la viande irlandaise « gaelic », ou bien l’es-calope de dinde « of Monoghan ». L’endroit est propice pour boire unebière ou dîner sans façon. A la carte, compter de 80 F à 100 F (sans boissons).. Paris. 10, rue des Capucines (75002). Tél. : 01-40-15-00-30. Ts. les jours de12 heures à 2 heures.

TERMINUS NORDa Face à la gare du Nord, une de ces grandes brasseries rescapées du tempsoù le train de nuit existait, pour Londres, ou bien Amsterdam. Gentillesse del’accueil, rapidité du service, dans un décor 1925 restauré. On regrettera ladisparition du comptoir. La chaleur et l’affluence de la clientèle consolent del’ambiance du quartier, ainsi que l’intangible menu : choucroute, jarret deporc, belles grillades confortables et pommes frites. Spécialités pour ama-teur de poissons : ailes de raie aux câpres, saumon frais sur lit de chou-croute. Vins d’Alsace, ou bien l’excellent beaujolais en pot. Menus : 119 F(déjeuner), 189 F. A la carte, compter 250 F.. Paris. 23, rue de Dunkerque (75010). Tél. : 01-42-85-05-15. Ts. les jours. jus-qu’à 1 heure du matin.

GastronomieLA LUNAa Le décor inspiré des années 30 de ce restaurant de charme du quartier del’Europe est tout en nuances. C’est le paradis des amateurs de fruits de mer,qui permettent toutes les variations gustatives de la cuisine « ichtyopha-gique ». Grosses sardines de Roscoff à la fleur de sel, palourdes de l’île de Résautées au thym ou gambas fraîches à l’huile de vanille sont préparés avecsoin par Christian Rocher. Le turbotin ou le bar, grillés entiers sur l’arête, lethon servi rosé, le homard breton en cassolette au lard fumé suffiraient ànous convaincre avec Catherine Delaunay, la charmante patronne de cetétablissement, que la Bretagne est toujours une admirable région gastrono-mique. A la carte, compter 350 F.. Paris. 69, rue du Rocher (75008). Tél. : 01-42-93-77-61. Fermé dimanche.

Jean-Claude Ribaut

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A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 27

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15AB

DEFGHIJKLMNO

C

PROUVERA

A C I F I A

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97096

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

HORIZONTALEMENT

I. Installé dans le scepticisme.En sous sol. – II. Donnent ducreux aux tailles. Pour faire sesablutions. – III. Personnel. Viseen plein cœur. A toute vitessechez les ados. – IV. Pour faire pas-ser le boulin. Envoyé sur lesroses. – V. Signal sonore. Fixersolidement. – VI. Donne desformes à la hanche. Lancera leballon. – VII. En disent beaucouptrop. Bout de satin. – VIII. Autresorte d’aven. Dans les mesuresagraires. Introduit une hypo-thèse. – IX. Ses feuilletons ont

exploré les bas-fonds parisiens.Forces organisées. – X. Au boutde la jetée. Fait le siège de notreconscience.

VERTICALEMENT

1. A quitté les forces organi-sées. – 2. Au bout de l’histoire. –3. Littérature en images. Extra-ordinaire et grandiose. – 4. Oiedécoupée. Ses bains remettent enforme. – 5. Travailla avec familia-rité. Au centre de l’étable. – 6. Larupture dans la cont inui té .Assurent les relations de ville enville. – 7. Pour en savoir plus. Met

fin à beaucoup de choses. – 8. EnSuisse. Belles comme des arcs. –9. Préparer la force. Possessif. –10. Appartiennent à Dieu et auxconfiseurs. Dans la gamme. – 11.Joueras avec Bach. – 12. Un petitdécalage qui crée le trouble dansles chromosomes.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97095

HORIZONTALEMENTI. Télamons. ENA. – II. Ecolier.

Star. – III. Tirets. Ecrit. – IV. Ami.Italien. – V. Ré. Egrisés. – VI.Créâmes. Fa. – VII. Capelan. Fan.– VIII. Cures. Bécane. – IX. Abel.Pluriel. – X. Set. Guérites.

VERTICALEMENT

1. Têtard. Cas. – 2. Ecime. Cube.– 3. Lori. Caret. – 4. Ale. Erpel(lèpre). – 5. Mitigées. – 6. Œstral.Pu. – 7. Nr. Aimable. – 8. Elseneur.– 9. Scies. Cri. – 10. Etres. Fait. –11. Nain. Fanée. – 12. Art. Panels.

0123 est édité par la SA Le Monde. La reproduction de tout article est interdite sans l’accordde l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437.

ISSN 0395-2037

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94852 Ivry cedex

21bis , rue Claude-Bernard - BP 21875226 PARIS CEDEX 05

Tél : 01-42-17-39-00 - Fax : 01-42-17-39-26

Président-directeur général : Dominique AlduyDirecteur général : Gérard Morax

SCRABBLE ® PROBLÈME No 17g SOS Jeux de mots :

3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

I

II

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V

VI

VII

VIII

IX

X

A la recherche du troisième mot1) Vous avez tiré A E G M N O Ra) Trouvez et placez un mot de

sept lettres.b) Avec ce même tirage, trouver

quatre mots de huit lettres en lecomplétant avec quatre lettresdifférentes appartenant à l’un ouà l’autre des deux mots placés surla grille.

N. B. Dès que vous avez trouvéune solution, effacez-la avant decontinuer.

2) Préparation de la grille dela semaine prochaine :

c) Premier tirage : A I L N Q T U.Trouvez un sept-lettres.

d) Deuxième tirage : A A L N P SU. En utilisant une lettre du tirageprécédent, trouvez un huit-lettres.

Solutions du problème dansLe Monde du 21 mai.

Solutions du problème parudans Le Monde du 7 mai.

Chaque solution est localisée surla grille par une référence se rap-

portant à sa première lettre.Lorsque la référence commence parune lettre, le mot est horizontal ;lorsqu’elle commence par unchiffre, le mot est vertical.

a) TOUNDRA, J 9, 70, faisantSOUTIENT.

b) TOUNDRAS, C 2, 70.-VAU-DRONT, 4 H, 76.-RUDOYANT,

Situation le 13 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 15 mai à 0 heure TU

7 D, 70.- LOURDANT, 8 H, 85.c) PACIFIAd) OUVRERA, façonnera.-

PROUVERA ou l’anagramme RE-PROUVA.- RECOUVRA.-ROU-VRAIE ou l’anagramme OUVRE-RAI.

Michel Charlemagne

Traitements et assurancesb Deux traitements curatifs. Lesbarrières chimiques repoussent lestermites sans les tuer ; les appâts decellulose diffusent la substancemortelle dans la termitière. Cettetechnique récente n’est pas utilisablepartout.b L’efficacité peut être de dix anspour les bois, mais ne dépasse pascinq ans pour les sols et lamaçonnerie, depuis le retrait du

marché de l’aldrine, substancetoxique.b Les entreprises. Les plussérieuses, agréées par le Centretechnique du bois et del’ameublement (CTBA), arborent lelogo CTB-A+. Les produits certifiés, lelogo CTB-P+. Liste sur le 3616 CTBAou au CTBA, 19, avenue deSaint-Mandé, 75012 Paris ;tél : 01-40-19-49-19.

b Les tarifs : de 15 000 à60 000 francs.b Les assurances. La garantiedécennale ne couvre que letraitement des bois à la construction.Aucune assurance ne couvre lestraitements curatifs, sauf sil’entreprise a passé un accord avec lefabricant du produit utilisé : le coûtdu retraitement intervenant dans lescinq ans est alors garanti, à conditiond’effectuer un contrôle techniquedans un délai de deux ans.

PRATIQUE

Comment éviter d’acheter une maison minée par les termites ? DÉCOUVRIR que sa maison est

envahie par les termites (Le Mondedu 12 février) provoque un choc : ilfaut détruire les meubles atteints,traiter les bois, les sols et les murs,investir de grosses sommes nonremboursées par les assurances. Sil’on vient d’acheter, le premier ré-flexe est de s’en prendre au ven-deur et d’intenter une action pour« vices cachés ». Une quarantained’affaires sont venues devant lestribunaux depuis 1975, et les juge-ments ne sont pas toujours favo-rables au plaignant.

L’acquéreur ne peut faire état dela « garantie des vices cachés » lors-qu’il a signé une « clause limitativede garantie » selon laquelle il s’en-gage à prendre l’immeuble « dansson état actuel avec tous ses vices etdéfauts apparents ou cachés » (ar-ticle 1643 du code civil). Si cetteclause est usuelle pour une venteentre particuliers, elle ne s’ap-plique pas si le propriétaireconnaissait la présence des ter-mites avant la mise en vente (courd’appel de Pau, 14 janvier 1988).L’acquéreur peut alors faire annu-ler la vente, ou obtenir la restitu-tion d’une partie du prix, ainsi quedes dommages et intérêts. Encore

doit-il établir la mauvaise foi duvendeur, et ce n’est pas facile.

L’analyse de la jurisprudence dela Cour de cassation est riche d’en-seignements. Ainsi, en 1988, la coura retenu la mauvaise foi du ven-deur, avec pour preuve la factured’un artisan portant la mention de« raccords des chambranles deporte rongés par les termites » (arrêtno 1 559 du 16 novembre 1988).

En revanche, selon un autre ar-rêt rendu en 1993, même si, selonl’expert, le vendeur qui habitaitl’immeuble depuis vingt ans nepouvait ignorer la présence de ter-mites, les témoignages d’un char-pentier-couvreur et d’un plombier-zingueur qui avaient signalé la pré-sence des parasites n’ont puconstituer de preuve suffisante, carils n’étaient pas spécialistes dutraitement des bois. La Cour decassation a également dédouanél’agent immobilier qui avait effec-tué la vente, au motif que les ache-teurs s’étaient fait accompagnerpar un artisan-couvreur : « L’agentimmobilier avait pu raisonnable-ment considérer qu’ils avaient dis-posé de conseils techniques propresà les éclairer, et que la présence determites dans la région, à la suppo-

ser notoire, ne pouvait davantageêtre ignorée d’un artisan-couvreurque d’un agent immobilier » (arrêtno 527 du 24 mars 1993).

Dans le cas des époux R., qui ontacheté une villa « termitée » àMontpellier, le fait que le vendeurait rebouché la fente d’un pilier del’auvent extérieur et passé un pro-duit xylophène sur une poutre ap-parente n’a pas été retenu commepreuve suffisante de mauvaise foi.L’expert notait que les précédentspropriétaires « avaient eu connais-sance d’un problème (...) », mais sedemandait « s’ils avaient mesurél’importance et la gravité de ces dé-sordres ». Cette hésitation a suffi à

la cour d’appel pour infirmer lepremier jugement qui avait accor-dé aux époux R. la somme de160 838 francs pour les travaux(TGI de Montpellier, 22 novembre1993 et cour d’appel, 24 mars1995).

PROJET DE LOILe projet de loi adopté en pre-

mière lecture à l’Assemblée natio-nale le 27 mars 1997 et renvoyé auSénat obligera l’occupant, le pro-priétaire ou le conseil syndicald’un immeuble atteint à déclarerla présence de termites à la mairie.Un arrêté préfectoral, pris sur pro-position ou après consultation du

conseil municipal, délimitera leszones contaminées ou suscep-tibles de l’être. Le maire pourraenjoindre aux propriétaires deprocéder dans les six mois aux tra-vaux préventifs ou curatifs. En casde carence, il pourra, sur autorisa-tion du président du tribunal, faireeffectuer ces travaux, aux frais dupropriétaire.

Pour les transactions immobi-lières, un vendeur non profession-nel ne pourra s’exonérer de la ga-rantie du vice caché qu’enproduisant un état parasitaire da-tant de moins de deux mois. Enfin,dans les zones délimitées, les tra-vaux de prévention contre les ter-

mites seront déductibles de l’im-pôt sur le revenu. Cette loi estl’aboutissement d’un travail menépar l’Association des villes termi-tées, créée à Arles, par le sénateurJean-Pierre Camoin. Elle va cepen-dant moins loin que le projet dé-posé au Sénat le 20 juillet 1993, quientérinait la prise en charge par lesassurances et reconnaissait la pré-sence de termites comme catastro-phe naturelle.

Que se passera-t-il lorsqu’unecommune ne sera pas déclaréezone termitée ? Selon une étudeintitulée Impact économique destermites en France (juin 1994), laplupart des localités de la Côted’Azur ne reconnaissent pas laprésence de termites, de crainte derépercussions sur les transactionsimmobilières. L’acquéreur doit sa-voir que les grandes villes, ainsique les régions où le thermomètreaccuse plus de cinq degrés en jan-vier, sont particulièrement expo-sées. Il devra éviter de signer touteclause limitative de garantie et,avant l’achat, faire visiter le bienpar un spécialiste du bois auquel ildemandera une attestation.

Michaëla Bobasch

LE CARNETDU VOYAGEUR

a CORÉE DU SUD. L’hôtel Shil-la, à Séoul, vient de connectertoutes ses chambres au réseauInternet. C’est, semble-t-il, lepremier hôtel au monde à s’êtrerelié à la Toile et à offrir gra-cieusement ce service à sesclients.a ÉTATS-UNIS. Northwest Air-lines assure du 15 mai au 25 oc-tobre deux vols quotidiens entreMinneapolis-St-Paul et Tokyo.a GRANDE-BRETAGNE. BritishAirways et Canadian Airlinesviennent d’étendre leur accordde partage de codes aux liaisonscommunes entre Londres-Hea-throw et Toronto, dès le 14 mai,ainsi que Vancouver, à partir du1er juin.a VIETNAM. Un nouvel hôtel de285 chambres, le Saïgon Mar-riott, actuellement en construc-tion dans le quartier des affairesd’Ho-Chi-Minh-Ville, doit ouvrirà la fin de 1997. 10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

Paris

Lyon

Nantes

Bruxelles

Amsterdam

Liverpool

StockholmOslo

Berlin

Prague

VienneBudapest

Bucarest

Strasbourg

Moscou

Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

14 MAI 1997

11/21 N 11/19 N 10/21 P 7/19 N 7/16 S 9/16 S 6/16 S 9/21 P

10/21 P 10/23 N 8/18 N 7/17 N

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7/19 S 10/21 P

13/21 N 8/19 N 9/19 P

13/21 N 7/19 S 9/21 N 11/23 P 11/21 P 7/19 N

25/27 P 25/30 S 19/23 S

16/22 S 17/23 S 10/17 N

22/27 P

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7/13 N 15/26 S 12/24 S 12/23 S 11/21 N 11/25 S 15/27 S 9/15 P 6/14 N 13/24 P 14/23 S 5/17 S

14/19 S

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7/16 S 7/20 S

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10/23 N 10/26 S 16/27 S 5/13 P

14/23 C 11/26 S 13/26 S 13/27 S 12/23 S 10/18 S 5/13 S

12/18 S 16/28 S

7/14 C 25/30 S 16/23 C 15/26 C

17/26 S 15/27 S

18/25 S 18/25 S 12/21 P 6/18 S

13/19 S 13/20 C 6/19 S 4/14 S

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28/38 S 26/33 S 27/30 P 26/33 S 26/33 S 24/27 S 20/28 C 26/39 S 19/31 S 15/22 S 27/32 P 12/18 S 19/20 P

14 MAI 1997

Plus chaud, plus secLA DÉPRESSION centrée sur les

îles Britanniques s’affaiblit, maiscontinue à diriger un flux de sud,qui amène mercredi un air chaudplus sec : les températures aug-mentent, mais il reste quelquesnuages. Les ondées, parfois ora-geuses, se raréfient.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. – Après une matinéeparfois brumeuse, les quelquesnuages qui parsèment le ciel neréussissent pas à masquer le soleil.Les températures, agréables,grimpent jusqu’à 20 ou 22 degrésau soleil. Près des côtes, elles ne dé-passeront pas 16 à 18 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Des petits nuages se dé-veloppent mais ne suffisent pas àmasquer le soleil, sauf peut-êtredans le Centre. Le ciel se voile lé-gèrement en soirée. L’après-midi,les températures se hissent jusqu’à19, voire 22 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. – Leciel reste voilé du matin au soir.

Malgré quelques ondées çà et là, lestempératures ne descendent pas endessous de 9 degrés le matin et at-teignent 19 à 22 l’après-midi.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Les nuages éle-vés, élément dominant de la jour-née, sont porteurs de quelques on-dées, parfois orageuses, sur le reliefdes Pyrénées. Le vent d’autansouffle jusqu’à 50 km/h en rafalessur le Midi-Pyrénées. Sous lesnuages, le mercure grimpe tout demême jusqu’à 22 à 23 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Sous un voile de nuages, letemps n’est cependant pas désa-gréable, même si de petites pluiesinoffensives sont encore possibles.Les températures, printanières,avoisinent 9 degrés le matin et 20 à23 l’après-midi.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. –Nette amélioration. Les pluiesquittent la côte méditerranéenne.Le soleil réussira parfois à percer levoile de nuages. Il est prévu 20 à23 degrés au meilleur de la journée.

Page 28: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0028-0 WAS LMQ1405-28 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 09:42 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0545 Lcp: 196 CMYK

28

C U LT U R ELE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997

VU

Un cinéaste du désiret de l’Histoire

L’IRONIE de l’Histoire veut queShohei Imamura ait connu la re-nommée internationale avec sonfilm le moins représentatif – etcertainement pas son meilleur.

Sans minimi-ser les qualitésde La Balladede Narayamaqui lui valut laPalme d’or en1983, cetted e u x i è m eadaptation du

roman de Fukazawa (après celle,supérieure, de Kinoshita en 1958)ne rendait qu’imparfaitementcompte de la singularité de ce ci-néaste, cofondateur avec NagisaOshima, Yoshishige Yoshida et Ma-sahiro Shinoda de la nouvellevague japonaise qui déferle àl’aube des années 60. De Désir volé(1958) à Pluie noire (1989) et au-jourd’hui L’Anguille, toute l’œuvred’Imamura s’inscrit à l’intersectionde deux lignes de force. Un rapporttoujours exigeant à l’enregistre-ment de la réalité, avec une grandeattention portée à l’Histoire, etune plongée éperdue dans les tré-fonds de l’âme humaine, là où pal-pitent les pulsions primordiales.

On l’a qualifié de cinéaste ento-mologiste pour la précision de sesdescriptions des comportementshumains (et pour être l’auteur dufilm La Femme insecte, 1963). Mais,qu’il s’apparente au documentaire(Histoire du Japon raconté par unehôtesse de bar, 1970) ou au fantas-tique le plus débridé (Cochons etCuirassés, 1961), qu’il adopte le ton

de la chronique (Désir inassouvi,1958) ou s’essaie à la fresque histo-rique et picaresque (Eijanaika,1981 ; Zegen, le seigneur des bordels,1987), son cinéma dépasse de loinla taxinomie des mœurs contem-poraines ou l’analyse psycholo-gique envisagée comme produit del’Histoire et de la nature humaine.Il invente une forme originale,d’une puissance d’évocation tou-jours supérieure à ses thèmes ex-plicites, pour plonger dans desabîmes dont aucune explicationrationnelle ne rend entièrementcompte.

En témoignent par exempledeux de ses chefs-d’œuvre, aussidifférents soient-ils : Profonds Dé-sirs des dieux (1968), qui transformeen cauchemar sensuel la rencontredes traditions et du Japon indus-triel, et Pluie noire, évocation kaléi-doscopique, terrible et joyeuse,de l’existence des survivants deHiroshima.

Alors que la crise du cinéma auJapon depuis une quinzaine d’an-nées lui rend de plus en plus diffi-cile la poursuite de son œuvre(Imamura a ainsi dû abandonnerde nombreux projets avant de par-venir à tourner L’Anguille), il a crééà la fin des années 80 – et animetoujours – une école de cinémadans la banlieue de Tokyo, quiforme la majorité de ceux quiconstitueront un jour, peut-être, larelève de la génération dont Sho-hei Imamura est l’un des plus bril-lants représentants.

J.-M. F.

18 h 30. The EndCes deux femmes asiatiquesdécouvrent qu’acheter et vendredes films est un travail réellementexténuant ou bien le film était-il simauvais ! Scène de sous-sols dansle Palais des festivals.

LA PHOTOGRAPHIEDE DEREK HUDSON

Enfin un film de chair et de sang avec des tripes et des pulsionsL’Anguille. Le maître japonais Shohei Imamura transforme un fait divers aux étranges conséquences en une œuvre picaresque et brutale

SÉLECTION OFFICIELLEEN COMPÉTITIONFilm japonais de Shohei Imamu-ra. Avec Koji Yakusho, Misa Shi-mizu, Fujio Tsuneto, MitsukoBaisho. (1 h 57.)

Ça démarre doux, un employéqui rentre chez lui après une jour-née de travail, ça continue bizarre,cette lettre lui annonçant que safemme le trompe pendant qu’il vanocturnement pêcher la doradenoire, puis ironique, quand sacharmante légitime lui tend sonpetit panier-repas et sa canne àpêche, puis très chaud lorsqu’ilobserve les ébats enthousisastesde son épouse, puis carrément

gore lorsqu’il la larde de coups decouteau, le sang éclaboussantl’objectif. Et ça enchaîne avec unhumour très noir quand il descendla colline en chantonnant, dansson costume de pêcheur trempéd’hémoglobine, puis un humourgris pâle lorsqu’il se livre à la po-lice, qui le reçoit avec la plus ex-trême courtoisie. Tout ça, c’estavant que le générique de débutne soit terminé. Le type en prendpour dix ans ; au bout de huit, ilsort en conditionnelle, c’est là quele film commence vraiment.

Mais dès ce moment, on a lesentiment d’avoir trouvé le filmqu’on attendait depuis le début duFestival, en tout cas parmi lestitres en compétition. Un film de

chair et de sang, de désirs et decorps. Un film où le mélange desgenres ne sert pas à faire le malinmais à se coltiner avec lescomplexités du monde sans pré-tendre les policer par la morale oules régenter par les effets de style.Un film avec des tripes, des pul-sions et une sorte de folieconcrète, roborative. Un film quis’occupe de faire du cinéma avantde se soucier de « faire sens »,comme on dit.

GASPILLAGE TORRIDESans doute, il y a métaphore

sous roche dans L’Anguille, il y ena même toute une nichée danscette adaptation d’un roman àsuccès de Yoshimura. Mais ellessont données en prime. Nonqu’elles soient sans intérêt, sim-plement le film ne se repose ja-mais sur elles pour trouver desforces.

Et des forces, il n’en manquepas, dans sa manière de rappro-cher en douceur des éléments hé-térogènes, pour les faire tout àcoup entrer en collision en unesorte de gaspillage torride, violentet burlesque. Puisqu’au bout ducompte, c’est ce qui fait la séduc-tion assez sauvage des mises enscène d’Immamura, y compris

celle-ci : voilà un cinéaste qui nemesure pas son effort, qui ne seprotège pas, qui prend à pleinsbras, dans les tréfonds de l’hu-main, libido et phobies, volonté depouvoir et peur de mourir. Et quibalance tout ça comme on jette lebois dans un brasier – pas du toutn’importe comment, mais avecune intense et déroutante généro-sité. Shohei Imamura, cinéaste dela part maudite.

Tout ce trafic se met en place dela plus étrange manière. Lorsquele meurtrier sort de prison, bienpoli bien sage, un peu dingue toutde même, il est pris en charge parun moine qui surveille sa périodede conditionnelle, s’installe dansune improbable boutique en ruineprès d’un lac, pour exercer lanoble profession de coiffeur. Ren-fermé jusqu’au mutisme, il neconverse plus qu’avec le seul êtreauquel il fasse confiance, une an-guille de belle taille installée dansun aquarium comme une divinitétutélaire sur un autel.

Comment Imamura se dé-brouille-t-il pour mettre ainsi enplace, sans à-coups, cette curieuseconfiguration, comment fait-il in-terférer une bande de zozos lo-caux, un autre ancien détenu auxmœurs de Caliban, puis une très

jolie jeune femme, sosie del’épouse massacrée, qui, après unetentative de suicide, vient fairel’employée chez le coiffeur ? Mys-tère, joyeux et intrigant mystère.

Et ça ne s’arrête pas là. D’unescène de lit sidérante combinantles gémissements suscités par unvibromasseur et une discussionsur une captation d’héritage à unedescente de gangsters dont la ten-sion extrême doit tout à une miseen scène aussi souveraine qu’invi-sible, en passant par l’irruption àla fois chaleureuse et inquiétanted’une vieille femme givrée de fla-menco, le film s’enfle sans cessecomme une vague.

AU PIED DU FANTASMELe miracle est que cette ac-

cumulation ne le déséquilibre ni leboursoufle. Comme si, caché aucœur de son dispositif abracada-brant, qui accueille sans coup férirtrucages hallucinés et scènes psyfilmées au pied du fantasme, Ima-mura contrôlait secrètement lemétabolisme de ce corps bouli-mique.

Cette « régulation » se fait aussigrâce à l’impressionnante pré-sence des acteurs, considéréscomme autant d’incarnations pos-sibles de se qui se joue dans les re-

plis de l’âme humaine. On ne saitce qui est le plus inquiétant, ducalme policé de l’ancien meurtrier,silhouette à l’élégance paisibledont le prologue a montré quelleviolence s’y niche, ou de l’exhibi-tion de la brute qui, au cours d’uneséquence hallucinée, jaillit deseaux noires du lac et de l’in-conscient pour éructer au visagede son ancien compagnon de dé-tention la vérité de son immaturitéet de ses angoisses sexuelles. Quiest la plus troublante, de la lisse etsuperbe jeune femme habitéed’imperceptibles déviances ou desa mère, bacchante en châle rougesang se déhanchant sur d’insensésrythmes ibéro-nippons ?

La mise en scène comme secré-tion d’enzymes digestives, ca-pables d’absorber la folie dumonde, pourquoi pas ? Puisqu’aubout de ce chemin, sur une notedouce et simple qui contredit àmi-voix l’apparent apaisement desdélires et des méchancetés dumonde, on aura assisté à la dé-monstration de rien du tout, maisà une œuvre forte et pleine, d’uneverdeur qui fait si tristement dé-faut à tant de cadets du vieuxmaître japonais.

Jean-Michel Frodon

Hélas, cher PrinceHamlet. Kenneth Branagh met à l’écran une pesante intégrale du texte shakespearien

HORS COMPÉTITIONFilm américano-britannique deKenneth Branagh. Avec KennethBranagh, Julie Christie, RichardBriers, Billy Cristal, Gérard De-pardieu, Charlton Heston.(4 h 01.) Sortie le 14 mai.

Ce film met en scène une ven-geance. L’action se déroule dansune vague forteresse du nom d’El-seneur, devant les remparts de la-quelle, en ouverture, deux gardesun peu stressés perçoivent desbruits bizarres. De quoi s’agit-il ?Ni plus ni moins que du spectredu roi récemment décédé, qui ap-paraît, curieusement, dans unépais brouillard de fumigènesbleutés. On envoie aussitôt cher-cher le fils du défunt, un certainHamlet (Kenneth Branagh, enblond oxygéné), qui ne tarde pas àentrer en contact avec la chose.Celle-ci semble avoir empruntéses lentilles blanches au stockd’accessoires d’une série B améri-

caine, et sa voix au chef des mé-chants de La Guerre des étoiles,Darth Vader en personne. Laconversation n’en est pas moinsinstructive : Hamlet apprend eneffet que son père a été assassinépar son frère, avec la complicitéde la reine.

Dès lors, le jeune Prince n’aurade cesse d’assouvir une vengeancelonguement mûrie, au point dedélaisser sa fiancée, l’accorteOphélie, dont un retour en arrièredestiné à prouver qu’on est bienau cinéma aura pourtant révélécombien ses charmes ne le lais-saient pas, naguère, indif-férent... Hélas, tout cela finira trèstrès mal...

Il est au demeurant troublant deconstater à quel point l’histoire dece film rappelle une pièce du dra-maturge anglais William Shakes-peare... Kenneth Branagh a en ef-fet ouvert depuis quelques annéesun fonds de commerce cinémato-graphique qui exploite méthodi-quement l’œuvre du maître, ré-

duite à n’être plus que la cautiond’une entreprise très « culturelle-ment correcte », hélas.

Pour avoir aussi été, sur scène,l’interprète de Shakespeare, Bra-nagh a acquis avec cette œuvre undegré d’intimité cinématogra-phique tel qu’il prétend au-jourd’hui avoir adapté Hamlet,alors qu’il s’est contenté de tour-ner au format 70 mm l’intégralitédu texte (une version courte dedeux heures sortira également ensalles, le 28 mai). Projet effective-ment audacieux.

TRANSPOSITIONEncore eût-il fallu placer l’au-

dace ailleurs que dans le tape-à-l’œil des décors, dans une trans-position inepte de l’action dans unXIXe siècle notarial et dans une ac-cumulation de dorures et de mi-roirs très « nouveau riche », oudans ces horripilants clins d’œilqui consistent à faire interpréterOsric par Robin Williams ou le roide comédie par Charlton Heston.

On peut concéder à KennethBranagh que Shakespeare est unauteur universel (sans rire ?), et luidonner acte d’avoir présenté,pour une fois, la version intégraledu texte (il s’agit en l’occurrenced’une mesure de conservation dupatrimoine plutôt que d’une ini-tiative de mise en scène). Mais ilest assez piteux de constater qu’ilne sait le prouver autrement qu’enpassant une des plus grandesœuvres du répertoire au concas-seur hollywoodien, lui-même pas-sablement rouillé depuis Ben Hur.

Quitte à se tourner vers l’Amé-rique, le réalisateur-acteur auraitmieux fait de s’inspirer de Pacino,qui en disait mille fois plus surShakespeare dans Looking for Ri-chard. Alors que Branagh, lui,réussit le paradoxal exploit derappeler, du même – et intermi-nable – mouvement que Hamletest une œuvre géniale et qu’onpeut la rendre ennuyeuse...

Jacques Mandelbaum

CANNES 97 Le Festivalattend toujours l’occasionde s’enthousiasmer. La finalede la Coupe d’Europedes vainqueurs de coupesde football qui opposera,mercredi 14 mai,le Paris-Saint-Germainet le FC Barcelone agiteles esprits de quelques critiquesgagnés par la passion du ballonrond et « déchirés » par un crueldilemme... Le match est prévuà l’heure de la projectionde presse du film du CanadienAtom Egoyan. La rumeur ditqu’il pourrait être « celui quel’on attend ». Deux films sontà distinguer parmi ceux projetéslundi 12 mai. En compétitiondans la Sélection officielle,« Unagi » (« L’Anguille »),du Japonais Shohei Imamura,déjà Palme d’or 1983 pour« La Ballade de Narayama »,et qui a bien du mérite à fairedes films exigeants dans unpays où aucune aide publiquene soutient la création. Et dansla section Cinémas en France,« Sinon, oui », de Claire Simon,auteur en 1995 d’undocumentaire remarqué,« Coûte que coûte », et qui signeici, avec succès, son premierlong métrage de fiction.

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LeMonde Job: WMQ1405--0029-0 WAS LMQ1405-29 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:32 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0546 Lcp: 196 CMYK

C U L T U R E - C A N N E S 9 7 LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 29

QUINZAINE DES RÉALISA-TEURS. Film canadien de LynneStopkewich. Avec Molly Parker,Peter Outerbridge, Jay Brazeau,James Timmons. (1 h 18.)

Le sujet de Kissed aurait pu fa-cilement faire de la projection dufilm un de ces mini-événementsscandaleux comme le Festival enraffole. En choisissant, en effet,de raconter l’histoire d’une jeunefemme nécrophile, la réalisatricecourait un risque, que le traite-ment cinématographique qu’elle aadopté a cependant vite fait d’élu-der. Sandra Larson, l’héroïne dufilm, est en effet attirée par lamort et plus précisément par lescadavres qui déclenchent en elleune violente excitation sexuelle.

L’adolescence de la jeune

femme est décrite dans une pre-mière partie, tenue à distance parla voix off du personnage. Lajeune fille y révèle un intérêt dé-mesuré pour la proximité et lecontact d’animaux morts (souris,écureuils, grenouilles), intérêt quil’éloigne bientôt de ses camaradesde jeu. Parvenue à l’âge adulte,elle réussit à se faire embaucher àl’office des pompes funèbres de laville, où elle parvient nuitammentà assouvir ses étranges penchants.

QUESTIONS DE FIGURATIONDans la deuxième partie, l’hé-

roïne entame une liaison avec unétudiant en médecine qui, petit àpetit, va développer une fascina-tion morbide teintée de jalousiepour la passion de la jeune fille.Incapable de parvenir à laconnaissance d’un désir féminin

aussi singulier, il finira par en tirerdes conséquences aussi défini-tives qu’extrêmes qu’il n’est pas,pour le spectateur, difficile d’anti-ciper.

Face à un thème aussi scabreux,la narration très directe et la sim-plicité de la mise en scène in-diquent la volonté de la cinéastede se confronter franchement àson sujet. Tout le récit est tendupar la découverte de l’insolite in-clination sexuelle de la jeunefemme. Très vite, ce premier filmse pose des questions concrètesde figuration. Comment montrerce qui est à la limite du représen-table ? Dédaignant les approchescinématographiques de la nécro-philie connues jusqu’à présent –du drame fantastique « go-thique » à l’horreur gore –, LynneStopkewich entend donner une

image à la fois évidente et styli-sée.

Les premières scènes d’« amourphysique » ont lieu hors-champ,jusqu’à ce que la cinéaste choi-sisse une mise en scène légère-ment surdramatisée par des effetsde pénombre et de lumière, pourcréer une vision décalée et accep-table. Elle parvient ainsi à échap-per à une approche concrète, quimenacerait de basculer dansl’obscène. On peut toutefois luireprocher de se laisser aller, infine, à une débauche de musiquepop et de surimpressions, dansune esthétique digne d’un clip quifinit par éloigner la transgressionque constitue l’extravagantcomportement de son person-nage.

Jean-François Rauger

L’amour à mortKissed. Une réalisation stylisée pour rendre présentable une sexualité nécrophile

LES AUTRES FILMSTHE ICE STORMSÉLECTION OFFICIELLE / EN COMPÉTITION. Film américain d’AngLee. Avec Kevin Kline, Joan Allen, Tobey Maguire, Christina Ricci,Elijah Wood, Sigourney Weaver. (1 h 52.)a Le dernier film d’Ang Lee part d’une idée audacieuse qui souffre d’unedémonstration trop maladroite : montrer comment l’affaire du Water-gate correspond à l’éclatement de la cellule familiale américaine et au dé-sarroi de sa jeunesse. Dans une petite ville de la banlieue américaine, lafamille Hood se désagrège complètement. Ben Hood (Kevin Kline), lepère, couche avec sa voisine (Sigourney Weaver), qui ne semble pourtantguère avoir d’attirance pour lui ; Elena, sa femme, se réfugie dans unmonde opaque et vaguement mystique, alors que leurs deux enfants,Wendy et Mikey, traversent une grave crise d’adolescence. La référencederrière le mélodrame d’Ang Lee est sans doute Douglas Sirk. Comme lemetteur en scène allemand, Ang Lee passe au crible une famille de labourgeoisie américaine pour tailler en pièces ses valeurs et montrer sadéchéance inéluctable. Malheureusement, sa réalisation est plate et serapproche beaucoup de celle de la télévision, alors que sa manière d’ins-crire son action dans un contexte historique et politique manque totale-ment de finesse. Dans ce film moyen, seule l’interprétation de SigourneyWeaver est à signaler. Déjà sensible dans la série des Alien, son talentd’actrice qui n’a pas toujours trouvé d’espace où s’exprimer est désor-mais évident. S. Bd.

MRS BROWNUN CERTAIN REGARD. Film britannique de John Madden. Avec JudiDench, Billy Connolly, Geoffrey Palmer, Antony Sher. (1 h 43.)a L’atmosphère est morose en cette année 1864 à la cour d’Angleterre.Victoria, depuis la mort de son mari le Prince Albert, refuse de quitter ledeuil, renonce à ses devoirs publics et impose à la cour une atmosphèreirrespirable. Jusqu’à ce qu’on ait l’idée de faire venir d’Ecosse son fidèleintendant et palefrenier John Brown. Homme de bon sens et d’opiniâtre-té, dévoué corps et âme à sa reine, le rude John va peu à peu gagner surcette dernière une emprise amicale et, qui sait, amoureuse, qui ne tardepas à lui aliéner la cour entière. Recluse dans son domaine écossais, lareine revit, mais la situation politique empire : son absence la rend impo-pulaire et le Parti conservateur est gravement menacé. John Madden nese contente pas d’exploiter dans cette comédie historique le sentiment defascination qu’entretient à l’égard des mœurs royales tout sujet britan-nique. En mettant en scène, en contrepoint de l’auguste idylle, les dé-boires du Parlement, son propos confine au débat philosophique, dontles deux termes sont incarnés dans le film par John Brown et BenjaminDisraeli. Brown ou l’Ecossais enraciné dans la glaise natale, l’ami indéfec-tible, le parfait sujet. Disraeli ou le politique habile et retors, l’ambitieuxintelligent, à la très improbable origine écossaise. Entre l’amitié et la rai-son d’Etat, gageons que les spectateurs auront choisi, tout comme JohnMadden, dont les incessants mouvements d’appareil et l’inclination pourla cornemuse trahissent l’hypersensibilité. J. M.

LOVE AND DEATH ON LONG ISLANDUN CERTAIN REGARD. Film britannique de Richard Kwietniowski.Avec John Hurt, Jason Priestley, Fiona Loewi, Sheila Hancock.(1 h 33.)a Un homme de lettres britannique, quinquagénaire et veuf, ne quittantson domicile que pour se rendre à l’université et au club, peut-il folle-ment tomber amoureux d’un jeune acteur américain, coqueluche desfilms pour adolescents ? Il est peu probable que Richard Kwietniowski lepense, mais c’est le pari loufoque sur lequel il a décidé de construire sonpremier long métrage, dont on aura deviné qu’il s’agit d’une comédie.Adapté d’un roman de Gilbert Adair, le film est a priori doté d’un castingadéquat puisqu’il réunit, dans le rôle de l’écrivain Giles De Ath, JohnHurt (Midnight Express, Elephant Man) et dans celui du jeune éphèbe àdents blanches nommé Ronnie Bostock rien de moins que Jason Pries-tley, héros de l’insondable série Beverly Hills 90210. Tout commence doncle jour où De Ath oublie ses clés et rentre par hasard au cinéma où il dé-couvre, dans Jours chauds à la fac 2, celui qui va devenir l’objet de sesrêves les plus fous. Il ira même jusqu’à Long Island où réside son idole,pour lui avouer sa flamme au terme d’un film qui aura assez rapidementépuisé la recette du contraste drolatique entre deux univers antagonistes,réunis pour les seuls besoins de la cause. On aura certes compris que lefilm se propose, selon une formule de De Ath, de « découvrir la beauté làoù jamais personne n’a pensé à la regarder », et qu’il se double de surcroîtd’une dimension métaphorique visant les relations entre l’Ancien et leNouveau Continent. Mais les moyens qu’il se donne pour aborder cesdeux vastes thèmes ne sont à la hauteur ni de l’un ni de l’autre. J. M.

La mise en pratique de l’Immaculée ConceptionSinon, oui. Le premier long métrage de Claire Simon confirme la singularité de sa démarche

TROIS QUESTIONSÀ JÉRÔME CLÉMENT

1 La sélection de « Mariuset Jeannette » (à Un certain

regard) et de « La Femme défen-due » (en compétition), produitspar Arte pour la télévision, asuscité la protestation de cer-tains professionnels du cinéma.Comment réagissez-vous ?D’abord avec fierté. J’y vois la re-connaissance du travail créatif ef-fectué au sein de la chaîne que jepréside. Que ces œuvres aient étéproduites par l’unité « fiction té-lé » et non par notre filiale cinémame paraît secondaire : l’importantest qu’elles ont été jugées asssezbonnes pour être sélectionnées.

2 Ne trouvez-vous pas né-cessaire d’établir une

frontière entre films et télé-films ?Elle ne peut pas être définie régle-mentairement. En dernière ins-tance, c’est la nature de chaqueœuvre et le rapport au publicqu’elle instaure qui doivent êtredécisifs. Il existe des mécanismesdistincts selon la nature des films,ce qui est bien, à condition de fairepreuve de souplesse et de bonsens.

3 La reclassification de cesproductions en films de ci-

néma modifie-t-elle leur statut àArte ?Elle nous pénalise, puisque leursortie en salles nous contraint à at-tendre deux ans avant de les diffu-ser, alors qu’elles étaient program-mées. Mais c’est une rançon dusuccès que j’accepte volontiers. Etsi elles marchent sur grand écran,nous en tirerons bénéfice, finan-cièrement et en termes d’image.

KIOSQUE LE FILM FRANÇAISa Le journal des professionnels ducinéma, Le Film français, publie letableau des « Etoiles de la critique »décernées par les envoyés spéciauxdes journaux français. Ami-parcours du Festival, c’est le filmde Manuel Poirier, Western, quirecueille le plus de suffrages, devantNil by Mouth, de Gary Oldman,Welcome to Sarajevo, de MichaelWinterbottom, et Le CinquièmeElement, de Luc Besson. Le Princede Hombourg, de Marco Bellochio,et surtout The Brave, de JohnnyDepp, n’ont convaincu personne.Au classement du journalprofessionnel américain Screen, quiconsulte la presse internationale,Nil by Mouth précède de peuWelcome to Sarajevo. Western nevient qu’en troisième position. Maispas de débat pour la dernièreplace : Johnny Depp pour tout lemonde.

LE FIGAROa « Le président devait-il aller àCannes ?, se demande Paul Guibertdans Le Figaro. A l’origine, il devaitassister, le soir, à la cérémonie ducinquantenaire. La dissolution aréduit sa présence à un seul déjeunerau Palais des festivals. Une pluieinopportune lui a ôté tout air de fête.En hâte, on s’est replié de la terrassesur le salon des ambassadeurs. Si leprésident ne voit guère de films (saufà la télé), il n’ignore pas que laFrance possède un cinéma “qui sedéveloppe et qui s’exporte”. Voilàce qu’il voulait dire à Cannes :l’importance du cinéma dans“l’image de la France”, “ce par quoielle est connue et aimée”. »

EN VUESUR LA CROISETTEa Auteur de The End of Violence,une réflexion sur la violence, pré-sentée au cours de la soirée ducinquantième anniversaire duFestival, Wim Wenders a étéagressé, dimanche 11 mai dans lasoirée, par deux individus mas-qués au moment où il s’apprêtaità entrer dans sa voiture. Le ci-néaste allemand a poursuivi sesagresseurs, qui se sont enfuis àmoto.a Le groupe de chanteuses bri-tanniques Spice Girls va tournerson premier film, qui s’intituleratout simplement Spice, The Movie.Elles étaient à Cannes, dimanche11 mai, pour présenter le projet aucours d’une pétaradante confé-rence de presse. Les cinq jeunesfemmes, qui occupent les pre-mières places du hit-parade mon-dial depuis plusieurs mois, ontdonné une idée du scénario : unecombinaison de thriller, de comé-die, de film d’action, et de comé-die musicale... a Les grands studios hollywoo-diens sont très absents à Cannescette année, où ils ne sont repré-sentés en compétition que par L.A. Confidential, de Curtis Hanson(Warner). Le président de la Mo-tion Pictures Association of Ame-rica, Jack Valenti, n’y voit pas destratégie particulière, juste un« problème de timing ». Long-temps adversaire de « l’exceptionculturelle », il affirme se réjouirde la croissance du marché euro-péen. « Je préfère, a-t-il confié auFilm français, un faible pourcen-tage dans un marché en expansion,qu’un gros sur un marché décli-nant. »

Le Sentier de la gloire« La Vérité si je mens ! » a fêté son million d’entrées

DIMANCHE 11 MAI, La Vérité sije mens !, la comédie de Thomas Gi-lou sur les juifs du Sentier, a franchila barre du million d’entrées enFrance, dont 400 000 à Paris, affi-chant donc le même nombre despectateurs en deuxième semainequ’en première, et ce malgré la sor-tie du Cinquième élément. « La véritési je mens, un million d’entrées : on nevous avait pas menti », était-il écritsur le carton d’invitation de la fêteorganisée lundi soir sur la Croisette.Mais le folklore n’était pas tant surla piste de danse que sur les nou-veaux encarts publicitaires sortisdans la presse, et destinés à prolon-ger la carrière du film. Révolution-naires, ces encarts pointent le doigtsur une vérité première : « La Véritési je mens !, c’est mieux qu’un week-end à Deauville. »

La Vérité si je mens ! est le premiergrand succès de Vertigo Produc-tions, dirigée par Aïssa Djibri, Ma-nuel Munz et Farid Lahouassa, et àqui l’on devait déjà Raï, de ThomasGilou, Marion, de Manuel Poirier,Chacun cherche son chat et Le Périljeune, de Cédric Klapisch. Déjà ven-du dans plusieurs territoires franco-phones durant le marché du film, ilest sur le point d’être acheté par lesJaponais, et le Sentier est en passede devenir « le centre du monde ».Un intérêt que les producteursn’avaient pas complètement antici-pé, en concentrant leur effort depromotion sur la communauté

Le film a généré des produits dérivés, dontun CD avec un remix de « Viens à Juan-les-Pins »

juive, avec des avant-premièrespour l’hebdomadaire Tribune juive,la Wizo, organisation juive, et desopérations avec Radio-J et Radio-Chalom. Le triomphe du film ne selimite pourtant pas au seul publiccommunautaire, qu’il déborde trèslargement, notamment parmi lestout jeunes adolescents, quiviennent en grand nombre.

« La question était : les gens en pro-vince connaissent-ils le Sentier ? Evi-demment non, explique Aïssa Djabri,l’un des producteurs, mais ils

connaissent en revanche très bien laculture pied-noir. Il y a beaucoup deproblèmes religieux soulevés dans lefilm et il aurait pu apparaître commetrop particulariste. Mais on s’est aper-çu que ces appréhensions étaient stu-pides. La raison d’être du film est unphénomène d’intégration, le phéno-mène des mariages mixtes y est trèsprésent, et nous montrons le Sentierde façon très concrète, comme un en-droit où l’on travaille. On met en lu-mière une culture particulière qui de-vient du coup une culture générale.Le dernier élément prépondérantdans le succès du film est la présence

de Richard Anconina, acteur juifdans le rôle d’un goy qui découvre leSentier. La communauté juive a ététrès sensible à cet aspect, il y avait unsens de la dérision qui y était du coupbeaucoup mieux accepté. »

La Vérité si je mens ! a aussi pro-duit une chaîne commerciale deproduits dérivés parfaitement adap-tée à la nature du film : des tee-shirts où s’affiche en gros le titre, unCD avec un remix par StéphaneMalka de Viens à Juan-les-Pins, leclassique de Blond-Blond, le plus

grand chanteur judéo-arabe albinosde l’histoire de la musique, qui avaitété le premier à chanter pour la fêtede l’indépendance algérienne, dessweat-shirts fabriqués par « Rec-tangle blanc », une entreprise duSentier, et même, en projet, un livrede blagues juives inspirées du film.Dans ses cartons, Aïssa Djabri n’apas encore de suite prévue à La Véri-té si je mens ! : « On va continuer àproduire des films qu’on aime bien,dans des directions différentes, dePoirier à Klapisch. »

Samuel Blumenfeld

CINÉMAS EN FRANCE. Filmfrançais de Claire Simon. AvecCatherine Mendez, EmmanuelClarke, Lou Castel, Agnès Rego-lo, Claude Merlin, Magali Leiris.(1 h 55.)

Pourquoi une jeune femmeressent-elle une nécessité à se pré-tendre enceinte alors qu’elle nel’est pas, par quel mystère par-vient-elle à convaincre son entou-rage, et comment en vient-elle àvoler un nourrisson pour accréditercette mystification ? Inspiré d’unfait divers, le premier long métragede fiction de Claire Simon posetoutes ces questions, mais une deses plus troublantes caractéris-tiques est de ne pas chercher à y ré-pondre. Etrange et fascinant objetque ce film, à ce jour l’un des plussubtils et dérangeants de ce Festi-val, tant il démontre de maîtrise àéviter les méandres de la psycho-logie, les séductions du récit et lespièges de l’identification cinémato-graphique. D’autant plus étrangeque Claire Simon, qui vient du do-cumentaire, a brillamment prouvéavec Coûte que coûte (1995)combien elle pouvait enchanter leréel en conférant aux déboireséconomiques et humains d’une pe-tite entreprise du sud de la Franceune dimension affective et drama-tique digne de la fiction la plusaboutie.

L’histoire qui suit se déroulesemblablement dans le sud de la

France (le film a été tourné à Niceet dans sa région), et elle est à safaçon la relation d’une petite entre-prise, celle, si singulière, d’unefemme qui a décidé de prendre lemystère de la naissance au pied dela lettre métaphysique et théolo-gique.

Assez significativement, le films’ouvre sur une succession descènes nocturnes assez confuses,que la lumière méridionale, si bellesoit-elle, ne parviendra plus jamaisà dissiper. Ce sont tout d’abord desimages vidéo du trafic autoroutierretransmises par un écran de sur-veillance. C’est ensuite, filmé del’intérieur d’une voiture, une routequi bientôt n’est plus éclairée enraison d’une panne de phares.

Ces deux séries d’images, qu’ac-compagnent des voix hors champ,on a d’emblée l’intuition qu’il s’agitde deux points de vue radicalementdifférents sur le monde – l’un,brouillé, qui surplombe la nuit,l’autre, très net, qui s’y enfonce –,et ce sont de surcroît, comme il ap-paraîtra un peu plus tard, les pointsde vue respectifs de l’homme et dela femme qui sont au centre de cefilm. Remarquables séquences, quiinscrivent d’emblée le film sous lesigne d’une ambition moderne :l’intelligence consubstantielle dupropos et de la forme.

Lui, c’est donc Alain, animateurdans une station de radio locale(Trafic FM), dont le plan de carrièreet de vie est tracé comme une au-toroute : son directeur l’envoie

bientôt au Canada, pas question des’engager plus avant avec sacompagne Magali. Elle, justement,c’est Magali, qui roule la nuit sansphares et dans sa vie à l’aveuglette,et qui ne l’entend pas tout à fait decette oreille.

Etrange et fascinantfilm, à ce jourl’un des plus subtilset dérangeantsde ce Festival

Hasard ou nécessité, elle a doncun accident sans gravité à la suiteduquel un collègue d’Alain, quiroulait par là, lui porte secours. Ellese sent mal, peut-être porte-t-ellemême la main à son ventre, il endéduit en tout cas qu’elle est en-ceinte. Puis avertit Alain, qui est denuit à la radio, tout à la fois de lamauvaise et de la « bonne » nou-velle. C’est évidemment le destind’Alain et de Magali, en mêmetemps que celui du film, qui senoue ici, tandis qu’il la rejoint dansl’aube naissante et qu’elle ne le dé-trompe pas. Curieux dialogue, bref,saccadé, presque haletant, conta-miné par le vrombissement du mo-teur de la dépanneuse comme il lesera souvent, au début de ce film,par la musique improbable et

rauque d’Archie Shepp et la voix deCatherine Ringer. Lancé sur cesrails absurdes et impénétrables, lefilm n’en sortira pas plus que Ma-gali ne démordra de sa mystifica-tion. Magali qui se tait pourtant,qui n’encourage que modérémentson entourage à y participer, mais àlaquelle il suffit de voir combiencette grossesse présumée trouved’écho chez autrui pour qu’ellecontinue d’entretenir le simulacre.Alain, qui ne part plus soudainpour le Canada, ses beaux-parentsqui l’entourent d’affection ou sonpropre père, qui voudrait bien voirson petit-fils (ainsi en a-t-elle déci-dé) avant de mourir. Comme si,pour que la fiction devienne réalité,il suffisait d’avoir la foi. Au demeu-rant, c’est bien dans une institutioncatholique que Magali enseigne ladanse, où une bonne sœur lui dit,en constatant ses retards perpé-tuels : « Mettez donc votre montre ànotre heure. » En achetant de fauxventres en carton provenant desanciens studios de cinéma de LaVictorine, elle n’aura évidemmentpas attendu le conseil de la bonnesœur pour mettre en pratique ledogme de l’Immaculée Conception.L’effroi sacré suscité par le mystèred’une incarnation, voilà bien lagrande affaire du cinéma commede la religion. Tout le talent deClaire Simon est d’en avoir fait,avec une rare puissance, la matièremême de ce film.

Jacques Mandelbaum

D.R

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30 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 C U L T U R E

Une lettre d’EluardEn décembre 1939, Paul Eluard écrivit à Albert Sarraut, ministre de

l’intérieur, pour que Max Ernst soit libéré : « Max Ernst a quitté sonpays, sans idée de retour, depuis vingt ans. Il a été le premier peintre al-lemand à exposer dans un Salon français. Il a cinquante ans. C’est unhomme simple, fier, loyal et c’est mon meilleur ami. Si vous le connais-siez, vous sauriez très vite que cet internement n’est ni juste, ni néces-saire. (...) Je réponds de lui comme de moi-même. Je vous demande sagrâce. »

A la suite de cette supplique, Ernst fut en effet relâché à la Noël1939. Il fut à nouveau arrêté en mai 1940, dénoncé par un sourd-muet qui l’accuse d’adresser des signaux lumineux à l’ennemi. Ortout ceci se passe dans l’Ardèche, très loin du front. Ernst n’en futpas moins menotté et conduit aux Milles avant de pouvoir enfin fuiren Espagne, puis aux Etats-Unis...

DÉPÊCHESa JAPON : l’Année du Japon enFrance s’est ouverte dimanche11 mai par un ensemble de mani-festations culturelles qui ont eulieu de 20 heures à 23 heures entrela tour Eiffel et le Trocadéro, à Pa-ris, en présence de la princesse No-ri, représentant la famille impé-riale. L’événement phare de cettesaison nippone consiste en l’inau-guration, le 12 mai, de la Maison dela culture du Japon, quai Branly, àlaquelle devaient assister le pré-sident de la République, JacquesChirac, la femme du premier mi-nistre japonais, Mme Hashimoto,ainsi que la princesse Nori. CetteMaison de la culture ne sera ou-verte au public que fin septembre.a ÉDITION : le Grand Prix de laSociété des gens de lettres a étéattribué le 12 mai à l’écrivainLouis-René des Forêts pour l’en-semble de son œuvre. Ce prix(d’un montant de 50 000 francs) aété décerné à l’occasion de la paru-tion d’Ostinato, au Mercure deFrance. Jean-Claude Albert-Weil,pour son roman Sont les oiseaux(Le Rocher), Jean Clair pour sonlivre Malinconia (Gallimard), Syl-vain Jouty pour ses nouvelles Visiteau tombeau de mes ancêtres (Tita-nic) et Gilles Lapouge pour son es-sai Le Bruit de la neige (Albin Mi-chel) figurent aussi au palmarès.En poésie, le Grand Prix(50 000 francs) est revenu à ClaudeEsteban pour l’ensemble de sonœuvre.a MUSIQUE : l’Opéra Massimode Palerme (Sicile), fermé pen-dant vingt-trois ans pour « tra-vaux », a rouvert ses portes engrande pompe le 12 mai à la faveurd’un concert dirigé par ClaudioAbbado à la tête des Berliner Phi-larmoniker de Berlin. Troisièmeopéra en Europe par ses dimen-sions, après celui de Paris et deVienne, le Massimo avait fermé sesportes au printemps 1974 pour destravaux de restructuration. Ceux-cin’ont jamais été terminés à caused’imbroglios bureaucratiques, in-filtrations mafieuses et incurie desresponsables locaux.

Ernst, Bellmer, Springer, Wols, peintres en captivitéCes artistes furent internés dans le camp des Milles, une tuilerie devenue prison en 1939.

Une exposition raconte leur passage dans ce lieu, qui fut ensuite camp de transfert vers DrancyPrès d’Aix-en-Provence, un immense bâti-ment de brique rouge clair ne se distingueguère des innombrables tuileries et briquet-teries construites un peu partout en France.Aujourd’hui abandonné au profit d’une

usine moderne construite à proximité, il estretourné à l’anonymat de nombreusesfriches industrielles. Son passé n’est cepen-dant pas inconnu des historiens de laseconde guerre mondiale : placée sous ad-

ministration militaire française, cette tuileriefut, jusqu’en décembre 1940, un centred’internement pour les « nationaux del’empire allemand », avant de servir demaison d’arrêt pour les juifs raflés à Mar-

seille et dans ses environs sur l’ordre dugouvernement de Vichy. Des artistes yfurent parmi les premiers prisonniers. Uneexposition réunit les toiles qu’ils y ontpeintes avant de partir en exil.

DES PEINTRES AU CAMP DESMILLES, Espace 13, 13100 Aix-en-Provence. Tél. : 04-42-93-03-67.Tous les jours de 10 h 30 à18 heures. Jusqu’au 26 juin.

Les Milles, c’est un village dansla banlieue d’Aix-en-Provence, lapremière sortie sur l’autoroutevers Marseille. Le village n’a riende très singulier. Il se traversevite, jusqu’à un passage à niveau,près d’une petite gare. De l’autrecôté de la voie ferrée, une tuilerie,un immense bâtiment de briquerouge clair, trois étages de hautesfenêtres closes de volets de bois,deux cheminées et, au centre dela façade, tout en haut, sous letoit, une horloge et dans uneniche, une vierge en terre cuited’un rouge très sombre. L’usineest désaffectée. Une autre, mo-derne, a été construite à proximi-té. Elle fabrique évidemment destuiles.

A l’intérieur, il reste des amasde pièces mécaniques et de dé-bris, tous recouverts d’une pous-sière rouge épaisse. Les anciensfours, en forme de cloche,s’ouvrent par une porte basse etvoûtée. Au-dessus de l ’uned’elles, une main a écrit jadis,avec de la peinture blanche, unmot allemand, Die Katakombe, lacatacombe. En allemand ? Parceque, ici, dans cette tuilerie, ontété internés en 1939 et 1940 desAllemands, des Autrichiens, desTchèques et des Hongrois deve-

nus le 3 septembre 1939 citoyensde pays ennemis. Ils apparte-naient à toutes les catégories so-ciales. Sans doute y avait-il parmieux des nazis convaincus. Mais ily avait aussi, en plus grandnombre, des antinazis qui avaientplus à craindre de leur pays natalque des autorités françaises etsouhaitaient la défaite du Reich.Parmi eux, il y eut des peintres,Max Ernst, Hans Bellmer, Ferdi-nand Springer, Wols – tous sur-réalistes ou surréalisants.

UNE HISTOIRE CONNUEL’histoire de la tuilerie des

Milles n’est pas inconnue des his-toriens. Ils savent que cette tuile-rie placée sous administration mi-litaire a tenu lieu de centred’internement pour les « natio-naux de l’empire allemand » jus-qu’en décembre 1940. Entre-temps, après la défaite de juin, laplupart des réfugiés avaient réussiqui à obtenir un visa d’émigrationvers les Etats-Unis, qui à s’éclipseret se cacher quelque part en zonedite « libre ». La convention d’ar-mistice stipulait qu’ils devaientêtre livrés aux autorités alle-mandes si elles les réclamaientnominativement. Ersnt traversal’Atlantique. Bellmer se dissimulaà Castres puis à Toulouse, Wols àDieulefit, Springer en Suisse.En octobre 1940, il ne restait auxMilles que vingt-deux Allemandset quatre-vingt-quinze Sovié-tiques des brigades internatio-nales.

Les historiens de Vichy saventaussi que, bientôt après, furentenfermés aux Milles les juifsétrangers arrêtés dans la régionmarseillaise. A l’été 1942, les pre-miers trains pour Drancy par-tirent de la charmante petite garedes Milles : 260 déportés le11 août, 538 le 13, 574 le 2 sep-tembre, 450 le 10, 263 le lende-main. Des policiers français ac-complissaient le « travail », sousles ordres et en présence de l’in-tendant de police de Marseille,Maurice de Rodellec du Porzic. Latuilerie était devenue l’un des élé-ments de la solution finale. A l’hi-ver 1942, elle fut cependant dé-laissée au profit d’autres lieux. Lesjuifs étrangers et français prisdans les rafles du Vieux-Portfurent ainsi directement transfé-rés vers Compiègne, puis Drancyet les camps d’extermination.

Voilà ce que fut cet endroit, quiest retourné ensuite à l’anonymatet la banalité d’un paysage indus-triel. A Aix, si près, si loin, une ex-position, première d’une série,décrit et commémore la premièrepartie de l’histoire, la moins tra-gique, celle des peintres incarcé-rés durant l’hiver de la « drôle deguerre ». Elle réunit des œuvresdes protagonistes les plus cé-lèbres et de deux témoins demoindre notoriété, Robert Liebk-necht et Leo Marschütz. Le pre-mier, fils de Karl Liebknecht, adessiné la vie quotidienne dans latuilerie-prison, l’attente, l’ennui,l’espace vide, les façades, lesjoueurs de cartes. Il se dégage deses croquis un violent sentimentd’absurdité et de désarroi – moinsviolent cependant que la douleurqui s’empare de Wols. Il a été pos-sible de recomposer une suite

d’aquarelles exécutées durant sadétention. Elles dominent de hautl’exposition par leur intensité et labizarrerie des inventions oni-riques qui, pour la plupart,cryptent la peur et le désir de fuitedans des symboles : corps mons-trueux, murs-mâchoires, forte-resses de brique, vaisseaux coin-cés entre deux blocs. De temps entemps, Wols quitte l’imaginairepour le très réel : dans ce cas, ildessine des études de puces.

L’ALLÉGORIE DU CAMPPar comparaison, Springer pa-

raît trop élégant, trop soucieux deréminiscences maniéristes. Cellesqui obsèdent Bellmer sont plusanciennes : Cranach, Altdorfer,Dürer. Dans un style digne desmaîtres allemands, avec rehautsde gouache blanche et lignesnettes, il invente l’allégorie ducamp, un profil de jeune fillecomme construit en brique, avecune tour de brique pour cou, surpapier brun-rouge. Libéré, il exé-cute des portraits pour vivre, desportraits virtuoses où ne passerien de la violence propre à Bell-mer quand il ne se retient pas.

Quant à Max Ernst, il travaillepeu aux Milles, où il a été internédeux fois : quelques dessins autrait d’oiseaux fantastiques etquelques frottages. Ces derniersemploient une lime, l’instrumentde l’évadé. Ils ont pour titre Apa-trides.

Philippe Dagen

La onzième nuit des Molières ovationne Danielle DarrieuxLA ONZIÈME NUIT des Mo-

lières, retransmise en direct duThéâtre des Champs-Elysées, à Pa-ris, par France 2, dans la soirée dulundi 12 mai, a consacré une pro-duction du théâtre public et deuxcoproductions théâtre public-théâtre privé parisien. Kinkali, pre-mière pièce d’Arnaud Bédouet, pro-duite par le Théâtre de Nice et leThéâtre national de la Colline, a re-çu le Molière du meilleur auteur etcelui de la meilleure pièce de créa-tion. La pièce de Carlo Goldoni, LesJumeaux vénitiens, adaptée et miseen scène par Gildas Bourdet, pro-duite par le Théâtre de la Criée de

Marseille et le Théâtre de l’Eldoradoà Paris, a été distinguée commemeilleure pièce du répertoire tandisque Pierre Cassignard, dans le rôleprincipal, était élu meilleur acteurde la saison.

Produite par la Maison de laculture de Loire-Atlantique, leThéâtre Montansier de Versailles etle Théâtre des Bouffes-Parisiens,écrite par Didier Van Cauwalaert (li-vret) et Michel Legrand (musique),Le Passe-Muraille, d’après une nou-velle de Marcel Aymé, a reçu troisrécompenses : meilleur décorateur,Guy-Claude François ; meilleurmetteur en scène, Alain Sachs ;

meilleur spectacle musical. Lesautres lauréats sont les comé-diennes Sandrine Kiberlain (révéla-tion théâtrale) et Dominique Blan-char (meilleure comédienne dansun second rôle), Robert Hirsch(meilleur comédien dans un secondrôle), Laurent Gerra et Virginie Le-moine (meilleur spectacle de sket-ches), Jean Piat (meilleur adapta-teur d’une pièce étrangère pourL’Affrontement), Dominique Borg(meilleure créatrice de costumespour Le Libertin) et Accalmies passa-gères, première pièce de XavierDaugreilh, mise en scène par AlainSachs au Théâtre La Bruyère, a étédésignée meilleure pièce comique.

Par deux fois, la salle a manifestésa gratitude par une ovation de-bout : quand Danielle Darrieux aconfessé son intacte jeunesse – « Lapremière fois que je suis montée sur

scène, j’avais vingt ans ; cela faitsoixante ans » – puis quand l’auteurbritannique Harold Pinter a renduhommage à ceux qui l’ont servi enFrance, et particulièrement à l’ac-teur Jean-Pierre Marielle qui créerala saison prochaine une nouvellepièce de Pinter à Paris. Tous deuxont reçu un Molière d’honneurpour l’ensemble de leur carrière.Plusieurs moments émouvants ontmarqué cette soirée, dignement, si-non brièvement, mise en scène parClaude Santelli avec le soutien desélèves-acteurs des conservatoiresd’arrondissement de Paris, de laCompagnie Castafiore, du Cirque àl’ancienne Gruss, d’un groupe demusiciens réunis autour de MichelPortal et de Richard Galliano. Re-prenant une scène de La Vie pari-sienne, actuellement à l’affiche SalleRichelieu, la troupe de la Comédie-Française a curieusement joué lesutilités au milieu d’une soirée où onne l’attendait pas.

Hommage a été rendu à MariaCasarès, disparue cette année, ainsi

qu’au peuple et aux artistes algé-riens victimes de la guerre civile. Onse souviendra aussi de la joie del’actrice Myriam Boyer, élue meil-leure actrice pour son interpréta-tion exceptionnelle du rôle de Mar-tha, dans Qui a peur de VirginiaWoolf ? pièce dont elle a été absur-dement licenciée après cinquante-deux représentations à l’automnedernier pour des brutalités qu’elleaurait infligées à son partenaire,Niels Arestrup.

Malgré la reconnaissance que l’ondoit à l’auteur d’Art, Yasmina Réza,qui présidait la soirée, à Jean-Claude Carrière aussi, animateurd’une Association professionnelle etartistique du théâtre de pure cir-constance, on se souviendra surtoutde la prestation du comédien Ber-nard Fresson reprenant, avec cœuret à toutes fins utiles, le plaidoyerinoxydable de Victor Hugo en fa-veur d’une politique nationale de laculture, ces jours-ci plutôt en berne.

Olivier Schmitt

Page 31: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0031-0 WAS LMQ1405-31 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0548 Lcp: 196 CMYK

G U I D E C U L T U R E L LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 31

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TOUS LES FILMS PARIS/PROVINCE3 615 L E M O N D E

ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn)

Le pas secretdu peuple noirReprise de « La Tragédie du roi Christophe », d’Aimé Césaire,au Théâtre de la Colline

POURQUOI Césaire a-t-il choisile roi Christophe pour rôle-titred’une œuvre dramatique ? Chris-tophe conduit une insurrectionjusqu’à la victoire. Auxcommandes de son royaume, ilprend certes des mesures de re-lance de l’économie et d’affran-chissement de la vie. Mais assezvite il va devoir mettre sur piedune équipe de « pré-tontons ma-coutes », réquisitionner des di-zaines de milliers de bras pourd’immenses et tuants travaux demégalomanie architecturale. Il faitexécuter un ambassadeur français,emmurer un évêque. Lâché peu àpeu par ses ministres, par son ar-mée, Christophe se tira une balled’or dans la tête, le 8 octobre 1820.

Sous la plume de Césaire, ce roi,avant de se tuer, dit à son fou :« J’ai voulu forcer l’énigme de cepeuple à la traîne » et le fou lui ré-pond : « Les peuples vont de leurpas, majesté ; leur pas secret. »Créée pendant le Festival d’Avi-gnon en 1996, cette pièce, mise enscène par Jacques Nichet, a de trèsbeaux moments, de magnifiquescostumes, une grande maîtrisetechnique et d’excellents acteurs.

. Théâtre national de la Colline,15, rue Malte-Brun, Paris 20e. Mo

Gambetta. Du jeudi au samedi, à20 h 30 ; le dimanche, à 15 h 30.Tél. : 01-44-62-52-52. Durée :2 heures. De 110 F à 160 F. Jusqu’au22 juin.

UNE SOIRÉE À PARISL’autre moitié du ciel,de Christiane VéricelEn résidence création depuis mars1996 sur le parc de la Villette,Christiane Véricel a bâti sonnouveau spectacle, L’Autre Moitiédu ciel, sur la rencontre d’unevingtaine d’enfants de différentesnationalités venus principalementde la banlieue parisienne, deThaïlande, et des acteurs de sacompagnie Image aiguë, issus desbanlieues de Lyon, Lille,Saint-Etienne, du Maroc, d’Israëlet d’Australie.Grande Halle de La Villette,211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e.Mo Porte-de-Pantin. Du mercredi ausamedi, à 20 h 30 ; le dimanche, à16 heures. Tél. : 08-03-07-50-75.95 F et 110 F. Jusqu’au 25 mai. Orchestre de ParisLa première apparition deJukka-Pekka Saraste à la tête d’unorchestre parisien (le National),dans un programmeNielsen-Schnittke, n’a pas laissé unsouvenir impérissable, mais c’étaitil y a longtemps déjà et le jeunechef finlandais a beaucoupprogressé. Si l’on en juge par sesdisques.Tchaïkovski : Concerto pour violonet orchestre. Sibelius : Légendes.Vladimir Spivakov (violon).Salle Pleyel, 252, rue du

Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8e.Mo Ternes. 20 h 30, les 13 et 14. Tél. :01-45-61-65-89. Location Fnac,Virgin. De 60 F à 240 F.Orchestre national de FranceOn joue beaucoup de Brahms, àParis. Peut-être un peu trop. Maisles interprètes réunis sont parfaits.Brahms : Concerto pour violon,violoncelle et orchestre, Symphonieno 1. Joshua Bell (violon), StevenIsserlis (violoncelle), ChristofPerick (direction).Théâtre des Champs-Elysées,15, avenue Montaigne, Paris 8e.Mo Alma-Marceau. 20 heures, le 15.Tél. : 01-49-52-50-50. De 50 F à220 F.Zig Rag OrchestraLe saxophoniste Etienne Brunetdirige cet orchestre – nouvelleformation – qui n’a pas envie dechoisir entre les musiquesimprovisées, le rock et la chanson.Comme un croisement entreAlbert Ayler et le VelvetUnderground. C’est malin, trèsmusicien, poétiquement hors desmodes. Leur disque, La Légende dufranc Rock’n’Roll (Saravah/Media7), sorti il y a quelques mois,mérite d’être réclamé chez lesdisquaires.Montreuil (93). Instants chavirés,7, rue Richard-Lenoir. 20 h 30, le 13.Tél. : 01-42-87-25-91. De 40 F à 80 F.

THÉÂTREUne sélection des piècesà Paris et en Ile-de-France

NOUVEAUTÉSLe Bachelierd’après Jules Vallès, mise en scène deJeanne Champagne, avec Tania Torrens,Denis Léger-Milhau et Xavier de Guille-bon.Théâtre Gérard-Philipe, 59, boulevardJules-Guesde, 93 Saint-Denis. Du mardiau jeudi, à 20 h 30. Tél. : 01-48-13-70-00.Durée : 1 h 30. 30 F* et 50 F.Eclats avec Kafkad’après Franz Kafka, mise en scène dePierre-Antoine Villemaine, avec NathalieAdam, Laurence Desjardins, LaurenceBrandi, Basile Bernard de Bodt, ThierryDuculty, Florence Ferraris, Serge Nail,Thierry Paret, Gisèle Renard et Yves-Ro-bert Viala.Cartoucherie-Théâtre de la Tempête,route du Champ-de-Manœuvres, Paris-12e. Mo Château-de-Vincennes, puis na-vette Cartoucherie ou bus 112. Les mardi,mercredi, vendredi, samedi, à 20 h 30 ; lejeudi, à 19 h 30 ; le dimanche, à16 heures. Tél. : 01-43-28-36-36. De 50 F*à 110 F. Jusqu’au 25 mai. Jacques ou la Soumissiond’Eugène Ionesco, mise en scène de Si-mon Eine, avec Bérangère Dautun, Fran-çois Beaulieu, Gérard Giroudon, YvesGasc, Véronique Vella, Alberte Aveline,Michel Robin, Eric Génovèse et FlorenceViala.Comédie-Française Studio-Théâtre,99, rue de Rivoli, Paris-1er . Mo Palais-Royal, Louvre. Du mercredi au dimanche,à 18 h 30. Tél. : 01-44-58-98-58. De 45 F* à80 F. Jusqu’au 30 juin. Néronde Gabor Rassov, mise en scène de PierrePradinas, avec Denis Lavant, Marie Trin-tignant, Brigitte Catillon, Thierry Gime-nez, Laurent Desponds, Riton Liebman,David Mandineau, François Monnié,Pierre Pradinas, Gabor Rassov, Vanzettaet hélène Viaux.Théâtre Jean-Vilar, cité Jardins, place Sta-lingrad, 92 Suresnes. Les mardi 13 et mer-credi 14 mai, à 21 heures. Tél. : 01-46-97-98-10. Durée : 2 h 15. 100 F* et 130 F.Quartier librede Guy Bedos, mise en scène de DidierVignali, avec Djalila Abdellaziz, Noure-dine Ahmed-Bacha, Ouahid Belmoka-dem, Hayet Benabdesselem, NordineBoughanem, Sofiane Derradji, Véro-nique Faure, Jacky Forestal, Kamel Frah-ti, Malika Khelladi, Grégory Regola etKheira Semail.

Le Théâtre, 20-22, rue Marcel-Cachin,91 Corbeil-Essonnes. Le mardi 13 mai, à20 h 45. Tél. : 01-60-88-48-99. Durée :1 h 30. De 50 F à 100 F.Scènes ouvertes à l’insoliteavec Stuart Sherman, Alis (Catalogued’un bonheur sans histoire), Thierry An-dré (Petites Pièces issues du cirque), leRegard du loup (la Journée d’une rê-veuse), la bande Agitex (Bien agiteravant de voir), Quazar Art forain (l’Am-bulantre), Javier E. Swedzky (Laisse lesdoutes s’envoler), Uta Gebert et Jo Smith(D’où viens-tu ?), Lug und Trug (TroisSous et pas d’opéra du tout), FigurenTheater Tübingen (Visages de la nuit) etAnne Bitran (Ginette Guirolle).Cité internationale (Théâtre), 21, boule-vard Jourdan, Paris-14e. RER Cité-Univer-sitaire. Le vendredi, à 19 heures, 20 h 30et 22 heures ; Du samedi au lundi, à18 heures, 19 heures et 20 h 30. Tél. : 01-45-89-38-69. De 20 F* à 55 F. Jusqu’au25 mai.

SÉLECTIONAdam et Evede Jean-Claude Grumberg, mise en scènede Gildas Bourdet, avec Michel Aumont,Louis Beyler, Geneviève Fontanel, JanineGodinas, Louis Navarre et Roger Souza.Théâtre national de Chaillot, 1, place duTrocadéro, Paris-16e. Mo Trocadéro. Dumardi au samedi, à 20 h 30 ; le di-manche, à 16 heures. Tél. : 01-47-27-81-15. Durée : 2 heures. 120 F* et 160 F. Jus-qu’au 28 juin. All Ze Worldde Stéphane Verrue, mise en scène del’auteur, avec Nadia Bezzar, Anita Delé-pine, Willy Demerre, Yannick Deraine,Thierry Dupont, Frédéric Foulon, DidierGinguéné, Guillaume Gurski, AngéliqueThomas et Valérie Szmigielski.Espace Kiron, 10, rue de la Vacquerie, Pa-ris-11e. Mo Voltaire. Du mardi au samedi,à 20 h 30. Tél. : 01-44-64-11-50. Durée :1 h 40. De 60 F* à 120 F. Jusqu’au 31 mai. Catalogue d’un bonheur sans histoirede, par Pierre Fourny et Dominique So-ria.Cité internationale (Théâtre), 21, boule-vard Jourdan, Paris-14e. RER Cité-Univer-sitaire. Les mardi, mercredi, vendredi, à20 h 30 ; le jeudi, à 19 h 30. Tél. : 01-45-89-38-69. Durée : 1 heure. De 55 F* à110 F. Dernières.Chimère et autres bestiolesde Didier-Georges Gabily, mise en scènede Didier Georges Gabily et le groupeT’chan’G, avec Manuela Agnesini, FranckBailliet, Bruno Bergin, Ulla Baugué, Nico-las Bouchaud, Laura de Lagillardaie, Fa-bienne Delude, Frédérique Duchêne,

Christian Esnay, Marion Feldman, Ber-nard Ferreira, Bruno Goubert, Eric Gou-dard, Eric Jolivet, Marc Jolivet, VirginieLacroix, Dominique Laulanné et DenisLebert.Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, 92 Nanterre. Les mardi et jeudi,à 20 h 30. Tél. : 01-46-14-70-00. Durée :2 h 30. De 80 F* à 140 F. Jusqu’au 1er juin.Les Citrouillesou Ahmed aux Enfersd’Alain Badiou, d’après Aristophane,mise en scène de Christian Schiaretti,avec Loïc Brabant, Arnaud Decarsin,Jean-Michel Guérin, Didier Galas, hélèneHalbin, Julien Muller, Joséphine De-renne, Patrice Thibaud, Gisèle Tortérolo,David Bouvret, Emmanuelle Dezy, SalemGuermat et Frédéric Davério (accordéon-niste).Théâtre Antoine-Vitez, 1, rue Simon-De-reure, 94 Ivry. Du mardi au samedi, à20 h 30 ; le dimanche, à 16 heures. Tél. :01-46-72-37-43. Durée : 2 h 30. De 70 F*à 110 F. Jusqu’au 1er juin.Comme tu me veuxde Luigi Pirandello, mise en scène deClaudia Stavisky, avec Nada Strancar,Norman Calabrese, Martine Vandeville,Jean-Pierre Bagot, Françoise Bertin, Ar-naud Carbonnier, Jean-Bernard Guillard,Laurent Halgand, Roland Monod et Vio-lette Pliot.Théâtre, 41, avenue des Grésillons,92 Gennevilliers. Du mardi au vendredi,à 20 h 30. Tél. : 01-41-32-26-26. Durée :2 h 30. De 80 F* à 140 F. Dernières.Les Cordonniersde Stanislas Ignace Witkiewicz, mise enscène de Sanda Herzic, avec MercedesChanquia-Aguirre, Eric Bouvron, DidierDugast, Jean-Yves Duparc, Patricia Fran-chino, Olivier Hamel, Olivier hémon, Da-vid Stanley, Nicolas Struve, Darko Run-dek et Bénédicte Villain ou Jean-CharlesVersari.Cartoucherie-Théâtre de la Tempête,route du Champ-de-Manœuvre, Pa-ris-12e. Mo Château-de-Vincennes, puisnavette Cartoucherie ou bus 112. Dumardi au samedi, à 20 heures ; le di-manche, à 16 h 30. Tél. : 01-43-28-36-36.Durée : 1 h 45. De 50 F* à 110 F. Jusqu’au25 mai. Dom Juan ou le Festin de pierrede Molière, mise en scène de Didier-Georges Gabily et le groupe T’chan’G,avec Manuela Agnesini, Franck Bailliet,Bruno Bergin, Ulla Baugué, Nicolas Bou-chaud, Laura de Lagillardaie, FabienneDelude, Frédérique Duchêne, ChristianEsnay, Marion Feldman, Bernard Ferrei-ra, Bruno Goubert, Eric Goudard, Eric Jo-livet, Marc Jolivet, Virginie Lacroix, Do-minique Laulanné et Denis Lebert.Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, 92 Nanterre. Les mercredi et ven-dredi, à 20 h 30. Tél. : 01-46-14-70-00. Du-rée : 3 h 15. De 80 F* à 140 F. Jusqu’au1e r juin.Dommage qu’elle soit une putainde John Ford, mise en scène de JérômeSavary, avec Barbara Schulz, Bernard Bal-let, Manuel Blanc, Stéphane Bierry, Jean-François Delacour, Guy Grosso, Jean-Claude Jay, Jean-Pierre Jorris, AntoninMaurel, Martine Mongermont, Nina,Guy Perrot, Benjamin Rataud, Steve Suis-sa, Maria Verdi, Isabelle Gomez, des dan-seuses et des chanteurs.Théâtre national de Chaillot, 1, place duTrocadéro, Paris-16e. Mo Trocadéro. Dumardi au samedi, à 20 h 30. Tél. : 01-47-27-81-15. Durée : 2 h 10. 120 F* et 160 F.Jusqu’au 20 juin. Meursault-les-Luchets 1994de Gérard Chaillou et Jean-Marc Roulot,mise en scène des auteurs, avec GérardChaillou, Jean-Marc Roulot et la voix deSébastien Chaillou.Opéra-Comique, 5, rue Favart, Paris 2e.

Mo Richelieu-Drouot. Du mardi au ven-dredi, à 18 heures. Tél. : 01-42-44-45-46.Durée : 0 h 50. 80 F* et 100 F.Molly des sablesde Fatima Gallaire, mise en scène d’Isa-belle Starkier, avec Sarah Sandre.Essaïon de Paris, 6, rue Pierre-au-Lard,Paris-4e. Mo Hôtel-de-Ville, Rambuteau.Du mardi au samedi, à 20 h 30 ; le di-manche, à 16 heures. Tél. : 01-42-78-46-42. Durée : 1 heure. De 60 F* à 100 F. Jus-qu’au 22 mai. Petit Boulot pour vieux clownde Matéï Visniec, mise en scène de Pa-trick Collet, avec Jacques Brucher, RaulIndart-Rougier et Dimitri Radochevitch.Théâtre de l’Atalante, 10, place Charles-Dullin (impasse à gauche), Paris-18e.Mo Anvers. Du mercredi au samedi, lelundi, à 20 h 30 ; le dimanche, à17 heures. Tél. : 01-46-06-11-90. Durée :1 h 30. De 60 F* à 120 F. Jusqu’au 24 mai. Les Reinesde Normand Chaurette, mise en scènede Joël Jouanneau, avec Christine Fer-sen, Catherine Hiegel, Martine Cheval-lier, Emmanuelle Meyssignac, Cécile Gar-cia-Fogel et Océane Mozas.Comédie-Française Théâtre du Vieux-Co-lombier, 21, rue du Vieux-Colombier, Pa-ris-6e. Mo Saint-Sulpice ou Sèvres-Baby-lone. Les mardi, mercredi, vendredi,samedi, à 20 h 30 ; le jeudi, à 19 heures.Tél. : 01-44-39-87-00. Durée : 1 h 45. De65 F* à 160 F. Jusqu’au 15 juin. Serial Killers, pratiquedu meurtre en séried’après Christophe Bourgoin, Lydia Ne-grier-Dormont, Albert Fish, Edmund EmilKemper, le Zodiaque, Ann Rule, ArthurShawcross, Don Davis, Ottis Tool, TedBundy, mise en scène d’Olivier Besson,avec Patrick Blauwart, Yvan Duruz, Sé-bastien Jacobs, Sabine Jamet et MarionWeidmann.Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pablo-Picasso, 92 Nanterre. Du mardi au ven-dredi, à 21 heures. Tél. : 01-46-14-70-00.Durée : 1 h 25. De 80 F* à 140 F. Jusqu’au1er juin.Le Siège de Leningrad(Histoire sans fin)de José Sanchis Sinisterra, mise en scènede Dominique Poulange, avec JudithMagre et Emmanuelle Riva.Théâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, Paris-20e. Mo Gambetta. Lesmardi, jeudi, vendredi, samedi, à21 heures ; le mercredi, à 12 h 30 et21 heures ; le dimanche, à 16 heures.Tél. : 01-44-62-52-52. Durée : 1 h 45. De110 F* à 160 F. Jusqu’au 22 juin. Tableaux anthropométriquesde Patrice Bigel, mise en scène de l’au-teur, avec Jacques Allaire, Brigitte Baril-ley, Irène Chauve, Frédéric Gustaedt, Oli-vier Mansard, Gérald Weingand etl’Atelier-théâtre de la Rumeur.Artistic-Athévains, 45 bis, rue Richard-Le-noir, Paris-11e. Mo Voltaire. Les mardi etvendredi, à 20 h 30 et 21 h 15 ; les mer-credi et jeudi, à 19 heures et 19 h 45 ; lesamedi, à 16 heures, 16 h 45, 20 h 30 et21 h 15 ; le dimanche, à 16 heures et16 h 45. Tél. : 01-43-56-38-32. Durée :1 h 45. 80 F* et 150 F. Jusqu’au 30 juin. Un mois à la campagned’Ivan Tourgueniev, mise en scène d’An-dreï Smirnoff, avec Catherine Samie,Alain Pralon, Nicolas Silberg, CatherineSalviat, Igor Tyczka, Céline Samie, EricRuf, Coraly Zahonero, Denis Podalydès etClotilde de Bayser.Comédie-Française, salle Richelieu, 2, ruede Richelieu, Paris-1er. Mo Palais-Royal.Les mardi et jeudi, à 20 h 30 ; les samedi,dimanche, lundi, à 14 h 30. Tél. : 01-44-58-15-15. Durée : 2 h 45. De 30 F à 185 F.Jusqu’au 20 juillet.

(*) Tarifs réduits.

CINÉMANOUVEAUX FILMSBLACK SHEEPFilm américain de Penelope Spheeris,avec Chris Farley, David Spade, TimMatheson, Christine Ebersole, Gary Bu-sey (1 h 26).VO : UGC Forum Orient Express, dolby,1er ; Sept Parnassiens, dolby, 14e (01-43-20-32-20).LE CINQUIÈME ÉLÉMENTFilm français de Luc Besson, avec BruceWillis, Gary Oldman, Ian Holm, ChrisTucker, Milla Jovovich (2 h 06).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; Bretagne, dolby, 6e (01-39-17-10-00) (+) ; UGC Danton, dolby,6e ; Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; Publicis Champs-Ely-sées, 8e (01-47-20-76-23) (+) ; MajesticBastille, dolby, 11e (01-47-00-02-48) (+) ;Gaumont Grand Ecran Italie, dolby, 13e

(01-45-80-77-00) (+) ; 14-Juillet Beau-grenelle, dolby, 15e (01-45-75-79-79) (+) ; Gaumont Kinopanorama, dol-by, 15e (+) ; Majestic Passy, dolby, 16e

(01-42-24-46-24) (+) ; UGC Maillot, 17e ;14 Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).L’ENVOLÉE SAUVAGEFilm américain de Carroll Ballard, avecJeff Daniels, Anna Paquin, Dana Dela-ny, Terry Kinney, Holter Graham, Jere-my Ratchford (1 h 50).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; UGC Odéon, 6e ; UGCNormandie, dolby, 8e.

EXCLUSIVITÉSALLEMAGNE, ANNÉE 90 NEUF ZÉROde Jean-Luc Godard,avec Eddie Constantine, Hanns Zis-chler, Claudia Michelsen, André La-barthe, Nathalie Kadem, Robert Witt-mers.Français (1 h 02).Grand Action, dolby, 5e (01-43-29-44-40).LES ANGES DÉCHUSde Wong Kar-Wai,avec Leon Lai Ming, Takeshi Kaneshiro,Charlie Young, Michele Reis, KarenMok.Hongkong (1 h 36).VO : Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+).BEKOde Nizamettin Aric,avec Nizamettin Aric, Bezara Arsen,Lusika Hesen, Cemale Jora, Fila Tital,Nuriye tital.Allemand-arménien (1 h 40).VO : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09) ; Le République, 11e (01-48-05-51-33).

BIG NIGHTde Campbell Scott et Stanley Tucci,avec Santley Tucci, Tony Shalhoub, Isa-bella Rossellini, Minnie Driver, IanHolm, Caroline Aaron.Américain (1 h 40).VO : Reflet Médicis II, 5e (01-43-54-42-34).CE RÉPONDEUR NE PREND PASDE MESSAGESd’Alain Cavalier.Français (1 h 17).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).LA FABRIQUE DE L’HOMMEOCCIDENTALde Gérald Caillat.Français (1 h 15).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).LA FÊTE BLANCHEde Vladimir Naoumov,avec Innokenti Smoktounovsky, Ar-mène Djigarkhanian, Natalia Belokh-vostikova, Natalia Naoumova, ElenaMaïorova, Robert Voulfov.Russe (1 h 37).VO : Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65).GÉNÉALOGIES D’UN CRIMEde Raoul Ruiz,avec Catherine Deneuve, Michel Picco-li, Melvil Poupaud, Andrzej Seweryn,Bernadette Lafont, Monique Méli-nand.Français (1 h 53).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-JuilletHautefeuille, dolby, 6e (01-46-33-79-38) (+) ; Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+) ; Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) ; Sept Parnassiens, dolby, 14e

(01-43-20-32-20).GOODBYE SOUTH, GOODBYEde Hou Hsiao Hsien,avec Jack Kao, Hsu Kuei-Ying, LimGiong, Anne Shizuka Inoh, Hsi Hsiang,Lien Pi-Tung.Taïwanais (1 h 52).VO : 14-Juillet Beaubourg, dolby,3e (+) ; 14-Juillet Odéon, dolby, 6e (01-43-25-59-83) (+) ; 14 Juillet-sur-Seine,dolby, 19e (+).GRACE OF MY HEARTd’Allison Anders,avec Illeana Douglas, Matt Dillon, EricStoltz, Bruce Davison, Patsy Kensit,Jennifer Leigh Warren.Américain (1 h 55).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Les Trois Luxem-bourg, 6e (01-46-33-97-77) (+) ; UGCGeorge-V, 8e.GRAINS DE SABLEde Ryosuke Hashiguchi,avec Yoshinari Okada, Kota Kusano,Ayumi Hamazaki, Koji Yamaguchi, Ku-mi Takada.Japonais (2 h 09).VO : 14-Juillet Beaubourg, dolby,3e (+).

JOURS DE COLÈREde Bernard Dartigues,avec Philippe Caubère.Français (3 h).Max Linder Panorama, 9e (01-48-24-88-88) (+).KIDS RETURNde Takeshi Kitano,avec Masanobu Ando, Ken Kaneko,Leo Morimoto, Hatsuo Yamaya, Mitsu-ko Oka.Japonais (1 h 47).VO : 14-Juillet Beaubourg, dolby,3e (+) ; 14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e

(01-46-33-79-38) (+) ; Le Balzac, dolby,8e (01-45-61-10-60).LEVEL FIVEde Chris Marker,avec Catherine Belkhodja, la participa-tion de Nagisa Oshima, Kenji Tokitsu,Ju’nishi Ushiyama.Français (1 h 46).Accatone, 5e (01-46-33-86-86).MARS ATTACKS !de Tim Burton,avec Jack Nicholson, Glenn Close, An-nette Bening, Pierce Brosnan, DannyDeVito, Martin Short.Américain (1 h 45).VO : UGC Forum Orient Express, 1er ;UGC George-V, 8e ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01) (+).MICHAEL COLLINSde Neil Jordan,avec Liam Neeson, Aidan Quinn, AlanRickman, Julia Roberts, Stephen Rea.Américain.VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Espace Saint-Michel, dolby, 5e (01-44-07-20-49) ; UGC Montparnasse, 6e ;UGC Odéon, dolby, 6e ; UGC Champs-Elysées, dolby, 8e ; 14-Juillet Bastille,dolby, 11e (01-43-57-90-81) (+) ; 14-Juil-let Beaugrenelle, dolby, 15e (01-45-75-79-79) (+).LA MOINDRE DES CHOSESde Nicolas Philibert,avec les pensionnaires, les soignantsde la clinique de La Borde.Français (1 h 45).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).NOUS SOMMES TOUS ENCORE ICId’Anne-Marie Miéville,avec Aurore Clément, Bernadette La-font, Jean-Luc Godard.Franco-suisse (1 h 20).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).LE PATIENT ANGLAISd’Anthony Minghella,avec Ralph Fiennes, Kristin Scott Tho-mas, Juliette Binoche, Willem Dafoe,Naveen Andrews, Colin Firth.Américain (2 h 40).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra Im-périal, dolby, 2e (01-47-70-33-88) (+) ;

14-Juillet Odéon, dolby, 6e (01-43-25-59-83) (+) ; UGC Rotonde, dolby, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; Saint-Lazare-Pasquier,dolby, 8e (01-43-87-35-43) (+) ; UGCGeorge-V, dolby, 8e ; La Bastille, dolby,11e (01-43-07-48-60) ; Gaumont Gobe-lins Fauvette, dolby, 13e (01-47-07-55-88) (+) ; 14-Juillet Beaugrenelle, 15e

(01-45-75-79-79) (+) ; Pathé Wepler,dolby, 18e (+).LA PLANTE HUMAINEde Pierre Hébert.Dessin animé canadien (1 h 15).Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).LE POLYGRAPHEde Robert Lepage,avec Patrick Goyette, Marie Brassard,Peter Stormare, Maria de Medeiros,Linda Lepage-Beaulieu, Josée Des-chenes.Franco-canadien-allemand (1 h 37).14-Juillet Beaubourg, 3e (+).PORT DJEMAd’Eric Heumann,avec Jean-Yves Dubois, Nathalie Bou-tefeu, Christophe Odent, EdouardMontoute, Claire Wauthion, FrédéricPierrot.Franco-gréco-italien (1 h 35).Le Saint-Germain-des-Prés, Salle G. deBeauregard, 6e (01-42-22-87-23) (+) ;Le Balzac, dolby, 8e (01-45-61-10-60) ;14-Juillet Bastille, 11e (01-43-57-90-81) (+) ; Escurial, 13e (01-47-07-28-04) (+).QUADRILLEde Valérie Lemercier,avec Valérie Lemercier, André Dussol-lier, Sandrine Kiberlain, Sergio Castel-litto, Lise Lamétrie, Frack de La Per-sonne.Français (1 h 36).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;UGC Rotonde, 6e ; UGC Odéon, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGC George-V, 8e ; Gau-mont Opéra Français, dolby, 9e (01-47-70-33-88) (+) ; Gaumont Parnasse, dol-by, 14e (+) ; Gaumont Alésia, dolby, 14e

(01-43-27-84-50) (+) ; 14-Juillet Beau-grenelle, 15e (01-45-75-79-79) (+) ;Gaumont Convention, dolby, 15e (01-48-28-42-27) (+) ; UGC Maillot, 17e.LA RENCONTREd’Alain Cavalier,Français (1 h 15).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).REPRISEd’Hervé Le Roux.Français (3 h 12).Saint-André-des-Arts II, 6e (01-43-26-80-25).SCHIZOPOLISde Steven Soderbergh,

avec Steven Soderbergh, Betsy Bran-tley, David Jensen, Eddie Jemison,Scott Allen, Mike Malone.Américain (1 h 36).VO : Lucernaire, 6e.SELECT HÔTEL (**)de Laurent Bouhnik,avec Julie Gayet, Jean-Michel Fête,Serge Blumental, Marc Andreoni, Sa-bine Bail, Eric Aubrahn.Français (1 h 25).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Imagesd’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).LA SERVANTE AIMANTEde Jean Douchet,avec Catherine Hiegel, Jean-Yves Du-bois, Alain Pralon, Claire Vernet, Nico-las Silberg.Français (2 h 46).Denfert, 14e (01-43-21-41-01) (+).SEXY SADIEde Matthias Glasner,avec Corinna Harfouch, Jürgen Vogel,Thomas Heinze, Richy Müller, AndrejaSchneider, Stephanie Philipp.Allemand, noir et blanc (1 h 32).VO : Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+).LE SORT DE L’AMÉRIQUEde Jacques Godbout,avec René-Daniel Dubois, Philippe Fa-lardeau, Jacques Godbout.Québécois (1 h 30).Latina, 4e (01-42-78-47-86).UN INSTANT D’INNOCENCEde Mohsen Makhmalbaf,avec Mirhadi Tayebi, Ali Bakhshi, Am-mar Tafti, Marjam Mohamadamimi.Franco-iranien (1 h 18).VO : 14-Juillet Parnasse, 6e (01-43-26-58-00) (+).UN JOUR, TU VERRAS LA MERde Jahnu Barua,avec Bishnu Kargona, Arun Nath,Kashmiri Saïkia Barua.Indien (1 h 46).VO : Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65).VASKA L’ARSOUILLEde Peter Gothar,avec Maksim Szergejev, Valja Kaszja-nova, Jevgenyij Szigyihin, SzergejRuszkin.Hongrois (1 h 25).VO : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09).LA VÉRITÉ SI JE MENS !de Thomas Gilou,avec Richard Anconina, Vincent Elbaz,Elie Kakou, José Garcia, Bruno Solo,Richard Bohringer.Français (1 h 40).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Rex, dolby, 2e (01-39-17-10-00) ; UGCMontparnasse, dolby, 6e ; UGC Odéon,dolby, 6e ; Gaumont Marignan, dolby,8e (+) ; Saint-Lazare-Pasquier, dolby, 8e

(01-43-87-35-43) (+) ; UGC Normandie,

dolby, 8e ; Gaumont Opéra Français,dolby, 9e (01-47-70-33-88) (+) ; UGCOpéra, dolby, 9e ; Les Nation, dolby,12e (01-43-43-04-67) (+) ; UGC LyonBastille, dolby, 12e ; Gaumont GobelinsRodin, dolby, 13e (01-47-07-55-88) (+) ;Gaumont Parnasse, dolby, 14e (+) ; Mis-tral, dolby, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; 14-Juillet Beaugrenelle, 15e (01-45-75-79-79) (+) ; UGC Convention, dolby, 15e ;Majestic Passy, dolby, 16e (01-42-24-46-24) (+) ; UGC Maillot, 17e ; Pathé We-pler, dolby, 18e (+) ; 14 Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+) ; Le Gambetta,dolby, 20e (01-46-36-10-96) (+).LE VILLAGE DE MES RÊVESde Yoichi Higashi,avec Keigo Matsuyama, Shogo Mat-suyama, Mieko Harada, Kyozo Nagat-suka, Hoseil Komatsu, Kaneko Iwasa-ki.Japonais (1 h 52).VO : Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ;14-Juillet Parnasse, 6e (01-43-26-58-00) (+).WHEN WE WERE KINGSde Leon Gast,avec Mohammed Ali, George Fore-man, Don King, James Brown,B.B. King, Norman Mailer.Américain (1 h 28).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra Impérial, dolby,2e (01-47-70-33-88) (+) ; Europa Pan-théon (ex-Reflet Panthéon), 5e (01-43-54-15-04) ; Elysées Lincoln, dolby, 8e

(01-43-59-36-14) ; La Bastille, dolby, 11e

(01-43-07-48-60) ; Escurial, 13e (01-47-07-28-04) (+) ; Sept Parnassiens, dolby,14e (01-43-20-32-20) ; Le Cinéma des ci-néastes, dolby, 17e (01-53-42-40-20) (+) ; 14 Juillet-sur-Seine, dolby,19e (+).

REPRISESHOLIDAYde George Cukor,avec Katharine Hepburn, Cary Grant,Doris Nolan, Lew Ayres, Edward Eve-rett Horton, Henry Kolker.Américain, 1938, noir et blanc (1 h 34).VO : Grand Action, 5e (01-43-29-44-40).

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Duran Duboi entre en Bourseet se délocalise à Prague

PRAGUEde notre envoyée spéciale

« Tom-Tom et Nana vont à laBourse » : tel pourrait être le slo-gan de la société Duran Duboipour son introduction au nou-veau marché de la Bourse de Pa-ris, jeudi 22 mai. Spécialiste deseffets spéciaux pour le cinéma etla télévision, Duran Duboi est entrain de transposer pour le petitécran l’histoire des deux diablo-tins bien connus des jeunes lec-teurs de bandes dessinées.

Créée en 1983, cette entrepriseréalise 100 millions de francs dechiffre d’affaires. Elle emploie125 personnes en France et ambi-tionne de devenir le « premiergroupe européen de prestationstechniques pour la télévision, le ci-néma et le multimédia ». Pour sonactivité dessins animés, DuranDuboi a choisi la Républiquetchèque ; elle a créé deux studiosà Prague et à Zlin, où sont em-ployées 140 personnes.

CONTRÔLE À DISTANCEDans une belle maison pra-

goise, repeinte de neuf et quiabritait auparavant un journal,animateurs et intervall istess’échinent sur des écrans d’ordi-nateurs pour dessiner, colorier ettraduire les différents mouve-ments de Tom-Tom et Nana.Grâce à Internet, tout est soi-gneusement contrôlé et vérifiédepuis Paris, où sont réalisés leson et la synchronisation et où leréalisateur peut intégrer une mo-dification. Coproduite parBayard, Canal J et France 3, cettesérie de dix fois 26 minutes de-vrait être prête à la fin de l’année.

En réalité, Duran Duboi fait en

République tchèque ce que cer-tains Français ou les Américainsfont en Corée, c’est-à-dire la fa-brication de dessins animés pourquatre fois moins cher qu’enFrance. Ses dirigeants parient surle développement de cette activi-té en Europe.

Avant de se lancer dans cetteaventure, Duran Duboi a fait sespreuves dans les effets spéciauxpour émissions, publicités, clips,téléfilms et documentaires. « LesGuignols de l’info », « Le VraiJournal », « Julie Lescaut »,Orangina, Levi’s et Kenzo fontpartie de son palmarès, ainsi queLes Visiteurs, film pour lequel unétage d’une bâtisse en ruines aété reconstruit en images de syn-thèse pour le château-hôtel diri-gé par Christian Clavier. « Plutôtque de se battre avec les grandsqui s’entre-déchirent pour la diffu-sion, nous avons choisi de nous in-téresser à la fabrication du conte-nu », explique Pascal Hérold,président de Duran, un passion-né d’images et de truquages,mais qui aime par-dessus touttraverser l’Atlantique en bateauavec sa femme et ses quatre en-fants.

Les diverses réalisations de Du-ran Duboi devraient aider au su-cès de l’introduction en Bourse,qui a un double objectif : céderune partie du capital et, en mêmetemps, l’augmenter. L’objectif estde mettre 30 % du capital dans lepublic, sur la base d’une valorisa-tion de l’entreprise équivalente àdix fois les bénéfices prévus en1998. Une ambition qui n’est pasdémesurée dans ce secteur.

F. Ch.

Michèle Bleustein-Blanchet cherche à se désengager de PublicisPRÈS DE 20 % du capital de Publicis pourrait

changer de mains dans les mois à venir. Mi-chèle Bleustein-Blanchet, fille cadette de Mar-cel Bleustein-Blanchet, fondateur du deuxièmegroupe français de publicité, « envisage sérieu-sement de céder tout ou partie de [sa] participa-tion » qu’elle détient dans le groupe, a confir-mé, lundi 12 mai, Maurice Lévy, président dudirectoire de Publicis.

Aucun différend stratégique ni querelle fami-liale ne serait à l’origine de cette décision.« C’est une succession qui ressemble à beaucoupd’autres, exlique Maurice Lévy, certains héritierssouhaitent conserver la participation qui leur aété cédée, d’autres au contraire souhaitent pou-voir bénéficier de liquidités. » Si la configurationest classique, le pacte d’actionnaires, qui garan-tit un droit de préemption aux membres de lafamille, limite les possibilités de désengage-ment. D’autant que la succession de MarcelBleustein-Blanchet, décédé le 11 avril 1996,n’est pas encore close. Il reste 6,7 % du capitalde Publicis SA à distribuer.

Tout est fait pour qu’« une solution qui heur-terait le moins possible les intérêts du groupe »soit mise sur pied, mais « il n’y a pas d’ur-gence », rappelle Maurice Lévy. Prudent, le pa-tron de Publicis n’exclut pas une période dediscussions relativement longue.

Des réflexions ont été échangées depuis plu-

sieurs mois entre les deux sœurs, MichèleBleustein-Blanchet et Elisabeth Badinter, pré-sidente, depuis le décès de son père, du conseilde surveillance de Publicis et épouse de RobertBadinter, sénateur, ancien ministre et ancienprésident du Conseil constitutionnel. Les petit-fils et petite-fille de Marcel Bleustein-Blanchet,Sophie Dulac et Nicolas Rachline, autres ac-tionnaires de la Somarel (14,84 % chacun), sou-haiteraient quant à eux, selon le groupe, main-tenir leur position.

POSSIBLE OUVERTURE DU CAPITALMichèle Bleustein-Blanchet, qui détient ac-

tuellement 29,68 % de la Somarel, holding fa-milial et actionnaire de référence (38,23 % ducapital et 45 % des droits de vote) de PublicisSA, possède également en direct 7,61 % dugroupe de communication coté à la Bourse deParis. Sa participation globale au sein de Publi-cis (environ 20 %) est valorisée à près de 1 mil-liard de francs. Elisabeth Badinter détient, elle,la minorité de blocage au sein de la Somarel(33,38 %), ainsi que 7,52 % en direct dans Publi-cis SA.

Si les actions détenues par Michèle Bleus-tein-Blanchet dans Publicis SA restent relative-ment faciles à céder sur la place boursière pari-sienne (onze mille titres y sont en moyenneéchangés chaque jour), son désengagement to-

tal de la Somarel semble plus complexe. Elisa-beth Badinter est-elle en mesure de racheter laparticipation détenue par sa sœur dans la so-ciété holding familiale ?

Une solution, plus crédible, consisterait àproposer un acquéreur extérieur, agréé par lesautres membres de la Somarel. Au risque desoustraire une partie de l’entreprise au contrôlefamilial. Cette perspective ne semble pas in-quiéter le président du directoire : « La famillecontrôle plus de 60 % du capital. Il reste donc en-core une belle marge de manœuvre », affirmeMaurice Lévy.

Le titre Publicis, qui clôturait à 564 francs,lundi 12 mai, regagnait 9 francs par rapport aucours de clôture du vendredi 9, pour un volumed’échanges (quatre mille titres) inférieur à lamoyenne observée. La valorisation boursièrede Publicis atteint 4,56 milliards de francs. Unecapitalisation, encore sous-évaluée, selon Mau-rice Lévy, qui estime que le potentiel de crois-sance du groupe reste considérable. Reste que,selon certains analystes financiers, la cessiondes 7,61 % détenus par Michèle Bleustein-Blan-chet pourrait faire fléchir le cours du titre dontl’évolution, depuis un mois, est inférieure deneuf points aux performances moyennes de laBourse de Paris.

Florence Amalou

« LE SECTEUR de l’animation esten croissance continue, mais le dé-cor change », explique ChristianDavin, président du Syndicat desproducteurs de film d’animation(SPFA), qui présentait, mardi13 mai, une étude consacrée à« L’animation française face à l’in-ternationalisation et la globalisa-tion du marché ». Avec une ving-taine d’entreprises, ce secteurréalise un chiffre d’affaires annueld’un milliard de francs, soit 40 %de celui de l’animation euro-péenne, et il emploie plus de 2 000personnes. Balbutiant dans les an-nées 80, il a largement bénéficié dela politique volontariste des pou-voirs publics qui, grâce au Fondsde soutien aux industries de pro-gramme et à l’obligation de diffu-sion des chaînes, lui a assuré un fi-nancement et des débouchés.

Du coup, les entreprises du des-

sin animé se retrouvent en bonneposition pour affronter un marchéen pleine mutation, notammentdu fait de l’arrivée dans les bou-quets satellites de cinq chaînespour enfants : Canal J, AB Car-toon, Télétoon, Disney Channel etFox Saban. Il est difficile de savoircomment les enfants réagiront àcette nouvelle configuration dupaysage audiovisuel.

Après la privatisation deschaînes de télévision, les publici-taires se sont aperçus que les en-fants représentent une cible dechoix, comme consommateurs etcomme prescripteurs. Les chaînesont alors multiplié les émissionspour la jeunesse, où les dessinsanimés représentent 75 % des pro-grammes. TF 1 et La Cinq ont étéles plus dynamiques dans cettepolitique, suivis par France 3, M 6et France 2, très à la traîne. Pour

trouver des émissions au moindrecoût, la chaîne de FrancisBouygues a abondamment puisédans le catalogue japonais des« séries action pour garçons »,d’où le déferlement des Goldoraket autres Dragon Ball Z. Mais la si-tuation s’est modifiée. En effet, lesJaponais, qui fournissaient 14 %des programmes en 1986 sonttombés à 7 %. A l’inverse, les Euro-péens sont passés de 42 % à 60 %.Les Américains ont une positionstable avec un tiers du marché.

JOUETS ET FAST-FOOD Il reste le problème du finance-

ment. La production d’une sériede vingt-six épisodes de vingt-sixminutes pour un coût total de41 millions de francs se dé-compose à peu près de la manièresuivante : 8 millions de francs deschaînes, 6 millions du Fonds de

soutien, 17 millions de coproduc-tion, 5 millions des préventes,5 millions du producteur. L’objec-tif est aujourd’hui de trouver desmontages plus européens. Celaexiste déjà : ainsi les six films decinquante-deux minutes sur lesœuvres de Jules Verne, financés etfabriqués par le groupe Eva,composé de quatre studios fran-çais, belge, allemand et anglais.

Pour trouver de l’argent, les pro-ducteurs lorgnent aussi sur les in-dustriels du jouet et les chaînes derestauration rapide. Depuis long-temps, ces derniers, notammentaux Etats-Unis et au Japon, sontassociés à la fabrication des des-sins animés par la politique des li-cences.

Les figurines des Power Rangers,de Batman ou de Goldorak leuront permis de réaliser des chiffresd’affaires impressionnants.

Les producteurs de films d’ani-mation cherchent ainsi à se déga-ger de l’emprise des chaînes et deleurs exigences en matière dedroits. « Nous ne voulons pas êtreles métayers des télévisions », lancel’un d’entre eux. Une des caracté-ristiques du film d’animation estsa longévité et donc ses possibili-tés de rediffusion. Les enfants nese lassent pas de revoir les aven-tures de leurs héros préférés et,dès qu’ils ont grandi, leurs petitsfrères et sœurs prennent le relais.

LA QUESTION DU SATELLITELes sept chaînes hertziennes

françaises, qui ont investi près de570 millions de francs en 1996dans l’animation, voudraient biense garder un droit de regard sur ladiffusion satellitaire. « L’indépen-dance des droits satellitaires est in-dispensable pour la production afin

de tirer parti des nouvelles opportu-nités commerciales ofertes par lamultiplication des chaînes », reven-dique le SPFA. Il réclame notam-ment l’interdiction du cumul desdroits satellitaires et terrestres dé-tenus par un diffuseur. Du côtédes diffuseurs, on loue le savoir-faire français, confirmé par le suc-cès international de séries comme« Les Histoires du Père Castor »ou « Inspecteur Gadget ». « Les so-ciétés de production ne laissentpeut-être pas assez de place à lacréation par rapport à l’adapta-tion », commente Bertrand Mosca,responsable de l’unité jeunesse deFrance 3, qui investit 100 millionsde francs par an dans le film d’ani-mation. Une analyse que partageChristian Davin : « Il faut fabriquerdes programmes de meilleurequalité. »

Françoise Chirot

PRODUCTION Le film d’anima-tion connaît une forte croissance enFrance, selon une étude du Syndicatdes producteurs de films d’anima-tion (SPFA) présentée mardi 13 mai.

b UN MILLIARD de francs de chiffred’affaires, 2 000 personnes em-ployées par une vingtaine d’entre-prises : les professionnels françaissont leaders sur le marché euro-

péen, grâce au soutien constant despouvoirs publics. b L’ARRIVÉE desnouvelles chaînes thématiques, no-tamment pour enfants, offre denouveaux débouchés à un secteur

qui cherche à diversifier ses sourcesde financement et à obtenir la maî-trise sur les droits satellitaires.b SPÉCIALISTE des effets spéciauxpour le cinéma et la télévision, la so-

ciété Duran Duboi doit effectuer sonentrée au nouveau marché de laBourse de Paris, jeudi 22 mai, et sedélocalise à Prague pour fabriquerses dessins animés à moindre coût.

Les nouvelles chaînes de télévision stimulent le marché de l’animationLes producteurs français de dessins animés, grâce au soutien des pouvoirs publics, sont bien placés en Europe pour répondre à la demande

de programmes pour enfants dans les nouveaux bouquets satellitaires, mais ils cherchent à diversifier leurs sources de financement

Succès boursier annoncépour la chaîne allemande Pro 7LA CHAÎNE PRIVÉE ALLEMANDE Pro Sieben (Pro 7) espère retirerun milliard de deutschemarks (environ 3,4 milliards de francs) de sonintroduction en Bourse, en juillet. Avant même l’ouverture de la sous-cription, fixée à la mi-juin, plus d’un demi-million d’épargnants sesont portés candidats à l’achat des titres préférentiels et sans droit devote de la chaîne.Pro 7, contrôlée à 60 % par Thomas Kirch, fils du magnat bavarois del’audiovisuel Leo Kirch, est la deuxième chaîne privée d’Allemagneavec 14,7 % d’audience auprès des moins de 50 ans. Après le place-ment en Bourse, Thomas Kirch et Rewe, géant allemand de la distri-bution, qui détiennent 100 % du capital de Pro 7, « ne détiendront plusque la moitié du capital mais la totalité des droits de vote », a préciséGeorg Kofler, PDG de Pro 7.

DÉPÊCHESa PRESSE : les journaux parisiens ont été distribués normale-ment, mardi 13 mai, après avoir subi des perturbations, lundi 12, à lasuite d’une grève des vingt-quatre salariés d’une société de transportde presse, Vodi-Presse, en liquidation judiciaire (Le Monde du 13 mai),soutenus par le syndicat du Livre CGT. La CGT demande aux éditeurset aux Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) « queles intérêts des salariés de Vodi-Presse soient pris en compte ».a Les quotidiens du groupe Hachette Le Provençal et Le Méridio-nal vont être fusionnés pour donner naissance, mercredi 4 juin, à LaProvence (Le Monde du 10 avril). Le nouveau titre sera doté d’une nou-velle maquette et de nouvelles rubriques et devrait étoffer sa pagina-tion. La majorité des effectifs sera conservée, malgré le départ d’unequarantaine de journalistes.a MULTIMÉDIA : le réseau international des universités de lacommunication créé par le Crepac (Centre régional d’éducation per-manente et d’action culturelle) d’Aquitaine, la Ligue de l’enseigne-ment et le conseil régional d’Aquitaine, propose une mission d’étudessur « Multimédia et inforoutes : les réalités d’Amérique du Nord »permettant de constater l’état des expérimentations du multimédiadans le domaine de l’industrie, du commerce et de la culture au Cana-da. Cette mission aura lieu du 20 au 27 mai à Montréal, dans la fouléede la conférence des 49 ministres francophones chargés des auto-routes de l’information et pendant le quatrième Marché internationaldes inforoutes et du multimédia (MIM), où seront présentes 400 en-treprises, PME ou multinationales.. CREPAC d’Aquitaine, résidence Mozart, 2, rue Jean-Artus, BP 110,33030 Bordeaux Cedex. Tél. : 05-56-69-62-62 ; fax : 05-56-69-62-60 ; e-mail : [email protected]

Le conflit entre Echostaret News Corp. s’envenime

L’OPÉRATEUR de télévisionpar satellite américain EchostarCommunications Corp., a élargi,lundi 12 mai, une première plaintedéposée le 8 mai contre le groupeaustralien News Corp. du magnataustralo-américain Rupert Mur-doch. Echostar réclame 5 milliardsde dollars (28 milliards de francs)de dommages et intérêts.

News Corp. envisageait, depuisfévrier, de prendre, pour 5,6 mil-

liards de francs, le contrôle à 50 %d’Echostar, le quatrième opéra-teur américain de télévision parsatellite. Cette opération auraitconstitué une base de départconfortable pour le bouquet nu-mérique de Murdoch, ASkyB, quicomptait adjoindre l’an prochainau bouquet Echostar 200 chaînesnumériques sur un nouveau satel-lite.

Un différend a surgi, fin avril,entre News Corp. et Echostar,quand le groupe de Rupert Mur-doch a voulu imposer son équipeet son système de cryptage. Pres-ton Padden, responsable du déve-loppement de News Corp. pour latélévision par satellite aux Etats-Unis, a récemment démissionné.

Sauf à croire à un rétablisse-ment inespéré de ses relationsavec Echostar, Rupert Murdochdoit maintenant trouver un autrepartenaire aux Etats-Unis. L’hypo-thèse d’un renversement d’al-liance au profit de PrimeStarsemble logique. Mais Time War-ner, déjà partenaire de PrimeStar,pourrait s’y opposer.

a Rupert Murdoch va acheterl’équipe des Dodgers de LosAngeles, qui joue en Ligue ma-jeure américaine (NBL), pour350 millions de dollars (2 mil-liards de francs environ), soit ledouble de la plus grosse sommejamais déboursée pour un clubde base-ball. Ce prix comprendl’achat du stade des Dodgers,dans le centre de Los Angeles, etde plusieurs centres d’entraîne-ment. – (AFP.)

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LeMonde Job: WMQ1405--0033-0 WAS LMQ1405-33 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0550 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 33(Publicité)

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LeMonde Job: WMQ1405--0034-0 WAS LMQ1405-34 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 09:35 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0551 Lcp: 196 CMYK

34 / LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 R A D I O - T É L É V I S I O N

MARDI 13 MAI

TF 120.45

MISTER JONES aFilm de Mike Figgis,avec Richard Gere, Lena Olin(1993, 120 min). 809023Un maniaco-dépressif, placé enhôpital psychiatrique, est pris encharge par une doctoresse. Unehistoire d’amour tropconventionnelle.

22.45

LE MONDE DE LÉAPrésenté par Paul Amar.Les surdoués, un monde à part(110 min). 17752260.35 et 1.15, 2.25, 3.25, 4.20

TF 1 nuit.0.45 Reportages. La faillite des

paysans (30 min). 2411085Depuis 1981, plus de lamoitié des agriculteursfrançais ont déposé leurbilan.

1.25 Orchestre Jean-Sébastien Bach enl’église Saint-Germain. 2.35 Histoiredes inventions. Documentaire. [1/6]Inventer pour vivre (rediff.). 3.35 et4.30, 5.10 Histoires naturelles. Docu-mentaire (rediff.). 5.00 Musique.Concert (10 min).

France 221.00

QUELQUES JOURSAVEC MOI a aFilm de Claude Sautet,avec Daniel Auteuil(1988, 130 min). 9446961Excellente étude de mœurs. 23.10 Les films qui sortent

le lendemain dansles salles de cinéma.

23.20

ASSASSINSET VOLEURS a aFilm de Sacha Guitry,avec Jean Poiret,Michel Serrault(1957, N., 85 min). 80917870.45 Au bout du compte.0.50 Journal, Bourse, Météo.1.05 Signé Croisette.

Spécial Cannes.1.15 Le Cercle de minuit. Magazine. Ci-néma : plateau en direct de Cannes.3.10 Mamba. Documentaire. 3.35Urti.Documentaire. Coup de cœur auxMarquises. 4.00 Ballons glacés. Docu-mentaire. 4.50 Aux marches du palais.Documentaire. Marie Besnard. 5.05Chip et Charly. Monsieur le maire(35 min).

France 320.50

SPÉCIAL FA SI LA CHANTERJeu présenté par Pascal Brunner. Invités : Yves Duteil, Valérie Payet,Pierre Bellemare, Aladina, GeorgesBeller, Dany Brillant, Didier Derlich,etc.(120 min). 53787422.50 Journal, Météo.

23.20

VU DE PRÈSDocumentaire de Chantal Van Tri.Le Carlton, room service (50 min). 2466690Le Carlton est le plus ancien etl’un des plus prestigieux hôtelsde la Côte d’Azur. Tout lepersonnel de l’hôtel, lieud’hébergement du président duFestival de Cannes et denombreuses starsinternationales, participeétroitement à l’événement.0.10 Cinéma étoiles. Magazine présen-té par Christian Nève et Claire Ger-mouty. 0.40 Musique graffiti. Maga-zine. 0.45 Rencontres à XV (rediff.).1.20 1944, la France libérée. Documen-taire (65 min).

Arte20.45

E LA VIE EN FACE :LES DOCKERS DE LIVERPOOLDocumentaire de Ken Loach (50 min). 9311955Pour avoir refusé de forcer un piquet de grève enseptembre 1995, environ cinq cents dockers sontbrutalement licenciés et remplacés par dupersonnel non syndiqué. Le film de Ken Loachtémoigne d’une reprise de la conscience ouvrière.

21.35

E SOIRÉE THÉMATIQUE :ETERNELS VOYAGEURS21.40 Les Treize Vies de Corto Maltese.

Documentaire de Jean-ClaudeLubtchansky (1996, 55 min). 5535961L’univers de Corto Maltese et les souvenirsd’Hugo Pratt.

22.35 Par chance, la terre est ronde.Documentaire de Manuela Frésil(1997, 55 min). 7252400

23.30 Le Voyage au bout de la mer.Documentaire de Jacques Ertaud et GenevièveWinding (1970, 50 min). 11955

0.20 Bibliographie.0.30 Ginger et Fred a a a

Film de Federico Fellini, avec Giulietta Masina.(1985, v.o., rediff., 125 min). 66954559

M 620.50

LOÏS ET CLARKLES NOUVELLES AVENTURESDE SUPERMAN.Série, avec Teri Hatcher(110 min). 779508La briseuse de foyers.Partenaires dans l’âme. Les bans pour le mariage sontpubliés.

22.40

J’AI ÉPOUSÉUN TUEURTéléfilm 4 de John Madden, avecAnnabelle Apsion(115 min). 5665955Une jeune mère de famille quirentre chez elle après sa journéede travail trouve sa maisoncernée par la police. Son mari,qui y est retranché, vient de tuerune dizaine de personnes.

0.35 Capital(rediff.).

2.25 Culture pub. Magazine (rediff.).2.55 Hot forme. Magazine (rediff.).3.20 Jazz 6. Magazine (rediff.). 4.25Mister Biz. Magazine (rediff.). 4.50 Fande. Magazine (rediff., 25 min).

Canal +20.35

LE BONHEUR ESTDANS LE PRÉ a aFilm d’Etienne Chatiliez(1995, 100 min). 55650322.15 Flash d’information.22.20 Spécial infos net.

Législatives 97.22.22 Qu’en pensez-vous ?

Les élections législatives.

22.35

LES FRAISESSAUVAGES a a aFilm d’Ingmar Bergman(1957, N., 89 min). 354503Un film majeur de Bergman,magnifiquement interprété.0.05 La Croisette s’amuse.

Documentairede Sophie Druet, StéphaneBergounioux(rediff., 50 min). 6707443

0.55 Surprises.1.20 Le Journal du hard.1.25 La Princesse

Film classé X(1996, 93 min). 19688882

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World BusinessToday. 20.30 et 22.00, 2.00 WorldNews. 21.00 IMPACT/Larry King Live.22.30 Insight. 23.30 World Sport. 0.00World View. 1.30 Moneyline. 2.15American Edition.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.15, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09, 22.39,23.09 Europa. 19.50, 20.50, 21.50,22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 No Com-ment. 23.45 Cinéma. 0.45 Visa. 1.45Style.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 Guil-laume Durand. 20.13 et 20.45 Le18-21. 20.30 et 22.30 Le Grand Jour-nal. 21.10 et 22.12 Le Journal duMonde. 21.17 et 22.19, 22.44 Journalde l’Economie. 21.26 Cinéma. 21.42Talk culturel. 0.15 Le Débat.

TV 520.00 Envoyé spécial

(France 2 du 8/5/97).21.30 Perfecto. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.35 Bouillon de culture

(France 2 du 9/5/97).23.45 Viva. Magazine.

Planète20.10 Des hommes

dans la tourmente. [1/32].Hitler versus Chamberlain.

20.35 Vol au-dessusdes mers. [6/11].Vigilante, un œildans le ciel.

21.25 Musique en tubes.22.20 Hiroshima, bombe US,

uranium canadien.23.05 Vents de guitares.23.15 Les Femmes

de Kadhafi.0.10 En compagnie

des orignaux (45 min).

Animaux21.00 Le Monde sauvage.

Cobras, alligators,pythons et Cie.

21.30 La Vie des zoos.Arabian Nights.

22.00 ABC Natural History.Filmer la nature.

23.00 Fauna. Les kangourous.23.30 Beauté sauvage.

Les animaux de l’extrême.0.00 Le Monde sauvage.

Savane africaine.0.30 La Vie des zoos.

Paris Première20.00 et 1.20

20 h Paris Première.Invité : Jean-Luc Godard.

21.00 Le Gai Savoir. Magazine.21.55 Le J.T.S. Spécial Cannes. 22.55 Le Temps des gitans a

Film d’Emir Kusturica (1988,v.o., 145 min). 17067400

Ciné Cinémas20.30 Ciné CinéCannes.

Magazine.20.45 Henri IV,

le roi fou (Enrico IV) aFilm de Marco Bellocchio(1984, v.o., 85 min). 6792619

22.10 Wyatt Earp aFilm de Lawrence Kasdan(1994, v.o., 190 min).

864804821.20 Une femme en péril a

Film de Peter Yates(1987, 100 min). 75838578

Festival20.40 Retour au château.

Téléfilmde Charles Sturridgeet Michael Lindsay-Hogg [2/6](1981), avec Jeremy Irons,Anthony Andrews (115 min).

5168840022.35 Une maman

dans la ville.Téléfilm de Miguel Courtois(1991), avec Marie-FrancePisier, Evelyne Buyle (85 min).

24615232

Série Club20.45 Buck Rogers. Le surdoué.21.35 et 1.30 Symphonie.

Feuilleton [10/18].22.30 Alfred Hitchcock

présente.Pan, tu es mort.

23.00 Les Charmes de l’été.Feuilleton [3/5].

23.50 Lou Grant. Pills.0.40 Alias le Baron.

Chantage et liberté (50 min).

Canal Jimmy21.00 Spin City. Tommy Dugan.21.30 Le Fugitif.

Un curieux bonhomme.22.15 Chronique de la route.22.20 Dancing in the Street.

De David Espar. [6/10].Eight Miles High.

23.25 Star Trek : la nouvellegénération. Paris seratoujours Paris (v.o.).

0.15 Elvis :Good Rockin’ Tonight.Moody’s Blues (v.o.).

0.35 L’Homme invisible.Justice aveugle.

Disney Channel20.10 Le Retour de Jafar.

Téléfilm d’animation(1996, 65 min). 9890139

21.15 Sinbad.21.40 Animalement vôtre.22.10 Thunder Alley.22.35 Les Histoires secrètes

d’Enid Blyton.Le secretde Spiggy Holes.

23.05 Opération Mozart.S.O.S. sur l’île phare.

23.35 Zorro. La chevauchéede la terreur (25 min).

Téva20.30 et 23.30 Téva interview.20.55 Le Chemin du bonheur.

Téléfilm de James Goldstone.Avec Jaclyn Smith, DavidDukes (95 min). 505633684

22.30 Murphy Brown.

Eurosport15.00 Tennis. En direct

Tournoi messieurs de Rome. 2e jour(180 min). 91787435

18.00 Hockey sur glace.En direct. Championnatsdu monde. Finale 2, à Helsinki(150 min). 9142619

20.30 Tennis. En direct.2e jour (120 min). 652067

22.30 Tennis. Résumé.23.00 Basket-ball.

Pro A : Play-off, finale, matchaller : Asvel-PSG Racing, endifféré de Villeurbanne..

Voyage20.00 et 23.30 Suivez le guide.22.00 Lacs d’Europe.

Le lac Majeur.22.30 L’Heure de partir.

Invitée : Muriel Hermine(60 min).

Muzzik19.20 Western Beat. Concert

enregistré au festival de jazzde Montreux en 1992 (40 min).

843443520.00 L’Invité. Gaby Casadesus.21.00 Festival Tchaïkovski :

Vladimir Fedosseiev.Concert enregistré à l’AlteOper de Francfort (105 min).

823075222.45 Les Instantanés

de la danse. Magazine.23.00 Jazz Collection :

John Coltrane. Leprophète du son (60 min).

France-Culture20.30 Archipel science.21.32 16e rencontres franco-alle-mandes. Etat et Nation en France eten Allemagne.22.40 Nuits magnétiques.

Voyage au sein des seins. 1. Aqui sont ces seins ?

0.05 Du jour au lendemain. LatifaBen Mansour (La Prière de la peur).0.48 Les Cinglés du music hall. 1.00Les Nuits de France-Culture(rediff.).

France-Musique20.00 Concert de l’Orchestre

national de France. Donné le 4 avril, à l’opéraBerlioz-Le-Corum, àMontpellier, par l’Orchestrephilharmonique deMontpellier, dir. Yoram David :L’Ile aux morts, poèmesymphonique op. 29, deRachmaninov. Œuvres deFinzi, Sibelius.

22.30 Musique pluriel.23.07 Atout Chœur.0.00 Des notes sur la guitare. 1.00Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées

de Radio-Classique.Œuvres de De Falla : La Vidabreve, extraits, par l’OrchestreSymphonique de Minneapolis,dir. Antal Dorati ; Deux Piècesespagnoles, De Larrocha,piano ; Lied pour violoncelle etorchestre, d’Indy, par TheEnglish Chamber Orchestra,dir. Tortelier, Lloyd Webber,violoncelle ; Iberia, deDebussy, par le Symphoniquede Londres, dir. Abbado.Œuvres de Turina, De Falla,Poulenc, Ravel.

22.30 Les Soirées...(suite). Œuvresde Bach, R. Schumann, Liszt, Chopin.0.00 Les Nuits de Radio-Classique.

Radio

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants.

FranceSupervision20.30 CinéActu. Magazine.20.45 Ryuichi Sakamoto. Concert

(95 min). 5931578722.20 Black on White.0.15 Des religions

et des hommes.De Claude Theret-Périno.

Ciné Cinéfil20.30 Un rêve blond

(Ein blonder Traum) aFilm de Paul Martin(1932, N., v.o., 95 min).

508304222.05 Un nommé La Rocca a

Film de Jean Becker(1961, N., 105 min). 31593503

23.50 Tricoche et Cacolet Film de Pierre Colombier(1938, N., 95 min). 91746874

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Fins de vie sur France 3« La Marche du siècle » est consacrée aux « compagnons des derniers jours »,

ceux qui assistent les mourants dans les unités de soins palliatifs ou en milieu hospitalier« COMMENT MOURIR ? », s’in-

terrogeait François Mitterranddans la préface d’un livre de Mariede Hennezel, La Mort intime, paruen août 1995. « Nous vivons dansun monde que la question effraie etqui s’en détourne, écrivait l’ancienprésident de la République. Jamaispeut-être le rapport à la mort n’aété si pauvre qu’en ces temps de sé-cheresse spirituelle où les hommes,pressés d’exister, paraissent éluderle mystère. Ils ignorent qu’ils ta-rissent ainsi le goût de vivre d’unesource essentielle. » Ces réflexionsalimentaient depuis plus de dixans les conversations de FrançoisMitterrand avec Marie de Henne-zel, psychologue-psychanalysteofficiant dans une unité de soinspalliatifs.

Vingt ans après les pays anglo-saxons, la France s’est lancée dansle mouvement des soins palliatifs,quand l’objectif n’est plus de gué-rir mais d’aider à mourir. Au dé-part, il ne s’agit pas d’une volontépolitique de développer des lieuxdifférents au sein de l’hôpital. Aucontraire, l’heure est au militan-tisme et aux bonnes volontés. Lapremière unité voit le jour en 1987à l’Hôpital international de l’uni-versité de Paris, sous l’impulsiondu professeur Maurice Abiven.

Car la mort a changé. Il y avingt-cinq ans, sept Français surdix mouraient chez eux. Au-jourd’hui, la proportion est inver-sée, 70 % de la population décèdeà l’hôpital. La mort survient chezdes sujets de plus en plus âgés,mais elle frappe aussi des jeunes.Enfants, adolescents, adultes at-

teints de cancer, de sida, de la ma-ladie d’Alzheimer ou de maladiesincurables terminent leur vie ausein de l’une des soixante-dix uni-tés de soins palliatifs existantes oudans d’autres services hospitaliers.Mais on ne peut ignorer que beau-coup de malades finissent leursjours dans des services non adap-tés, où la mort est plus vécuecomme un échec de la médecineque comme une évolution de lavie.

Présent 24 heures sur 24, le per-sonnel soignant (médecins, infir-miers, aides-soignants, psycho-logues...) est un véritablepartenaire de la fin de la vie. Son

rôle ne se limite pas aux soins mé-dicaux, loin de là. Comment, dansles unités de soins palliatifs, le per-sonnel soignant, quotidiennementconfronté à la mort, arrive-t-il àdépasser la souffrance ? Commentparle-t-il au patient de l’immi-nence de la mort ? Comment aide-t-il les familles ? Un reportage de« La Marche du siècle », tourné àl’unité de soins palliatifs de l’Hôpi-tal nord de Cébazat (Puy-de-Dôme), montre le quotidien de ceséquipes qui accompagnent les der-niers jours.

Si les mots de dévouement etd’abnégation viennent spontané-ment à l’esprit, force est de

constater, et c’est l’un des méritesde ce document, qu’il y a aussi unelogique dans ces lieux, presqueune routine : des sonnettes qui re-tentissent dans de longs couloirs,des angoisses nocturnes, desgestes qui peuvent tuer – « quandon tourne les gens, souvent ils dé-cèdent », explique une aide-soi-gnante tendue –, des plateaux-re-pas auxquels on ne touche pas, desregards qui se cherchent et desmains qui s’effleurent.

Jean-Marie Cavada recevra surson plateau des professionnels del’accompagnement des mourantset des témoins qui ont assisté leursproches. On y verra Xavier Emma-nuelli, secrétaire d’Etat chargé del’action humanitaire d’urgence. Iln’annoncera pas de nouvelles me-sures, n’énumérera ni statistiquesni bilans provisoires. Il sera là entant que fils. Parce que Xavier Em-manuelli a perdu son père il y adix-huit ans. Il avait alors publiéun fort beau livre, Ballade pour unpère, qui contait les liens entre unpère, médecin généraliste, et unfils, médecin spécialiste de l’ur-gence. Le voilà réédité (Flamma-rion), parce que « la cicatrice est là,douloureuse encore, malgré le pas-sage du temps et la successiond’événements prodigieux auxquels ilm’a été donné la grâce d’assister »,indique Xavier Emmanuelli.

Michèle Aulagnon

. « La Marche du siècle » : LesCompagnons des derniers jours,France 3, mercredi 14 mai à20 h 50.

Palmarès provisoirepar Alain Rollat

AU VU des premières projec-tions de la campagne officielle, in-tervenues lundi soir sur France 2 etFrance 3, la Palme du meilleur es-poir est attribué à Guy Drut. Trèssobre dans sa compositiond’homme-tronc, très à l’aise dansl’axe de la caméra, très natureldans le genre je te regarde droitdans les yeux sans frémir d’un cil,filmé sur un fond bleu marine quidonnait à son image une aura degravité gaullienne, le ministre dessports, promu porte-drapeau duRPR, a crevé l’écran en cinq enjam-bées : « La dérive des finances pu-bliques a été stoppée ; le chômage acessé d’augmenter ; les acquis so-ciaux ont été préservés ; la délin-quance est de nouveau combattue ;la France a retrouvé son rang. » Cechampion du raccourci ira loinpour peu qu’il ne prenne pas les té-léspectateurs pour des prompteurs.

La Palme du meilleur décor re-vient à l’UDF, qui a magnifié sonprogramme en deux séquences.D’abord, on a vu apparaître Re-naud Donnedieu de Vabres, le topmodèle de la maison Léotard. Elé-gant comme une image de papierglacé, il était assis à l’angle d’unetable triangulaire, tel un Mourousien majesté sur un bureau mitter-randien. On n’a pas tout compris àson texte, qui semblait dire que lesmarchands de cigarettes distribue-raient bientôt des chèques pourcréer des emplois exonérés decharges, mais il s’agissait sansdoute d’un simple essai de voix.Puis, les meubles ayant été agencésautrement, on a vu, dans le mêmestudio, quatre élus locaux assis enfer à cheval. Ils ont parlé de tout, et

même de la police des banlieues,qui aurait mieux à faire, selon eux,que de « courir après les pittbulls ».On ne pouvait concevoir symbo-lique plus éloquente que ce décorévolutif : l’UDF est bien un mouve-ment à géométrie variable.

La Palme de la meilleure re-constitution historique ne pouvaitéchapper à la Ligue communisterévolutionnaire. Pour démontrerque la « force tranquille » vantéesur les affiches socialistes de 1981avait essuyé un terrible coup de ta-bac, Alain Krivine, apôtre du vote« 100 % à gauche », avait poussé laconscience militante jusqu’à tour-ner son clip en plein air, sous lapluie, sur fond de clocher de cam-pagne made in Séguéla. Il en a ra-mené des images délavées maisfraîches.

Les scénaristes du PS et les tech-niciens du PCF méritaient de separtager la Palme du meilleur mi-cro-trottoir. Leurs entretiens au rasde la base, réalisés à Tourcoing etPort-de-Bouc, avaient le mérite demontrer qu’il existe encore devraies paroles de gauche. Mais lejury a exprimé une préférence pourle spot socialiste, parce que sesdeux présentateurs n’ont pas ou-blié de dire « merci de nous avoirécoutés ! » aux insomniaques.

Quant à la Palme de la meilleuretrouvaille, elle a été décernée auxinconnus de ce « Parti humaniste »qui ont eu l’audace de défiler àl’écran en groupuscule pour récla-mer qu’à l’avenir « on oblige toutélu qui ne tient pas ses promesses àabandonner son mandat ». Leur in-humanité candide avait quelquechose de civique.

Page 35: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0035-0 WAS LMQ1405-35 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0552 Lcp: 196 CMYK

Echec au « champion de l’humanité »La presse américaine ne s’est pas laissé impressionner par la victoire de Deeper Blue sur Garry Kasparov.

Elle rappelle que les ordinateurs ne sont pas intelligents et ne constituent pas une menace pour l’homme

teur n’a montré aucun « bip »électronique... de joie, Garry Kaspa-rov, lui, a réagi avec « des mots ôcombien humains, à propos d’unénorme groupe industriel [IBM], avecdes ressources illimitées et une ma-chine qui n’a rien prouvé du tout ».Comme d’autres journaux, le NewYork Times préfère laisser à quelquesgrands maîtres et philosophes le soinde souligner que l’homme a montré

K I O S Q U E LE MONDE / MERCREDI 14 MAI 1997 / 35

MERCREDI 14 MAI

RadioFrance-Culture20.30 Paroles sans frontière.22.40 Nuits magnétiques.

Voyage au sein des seins. 2.Les collines matricielles.

0.05 Du jour au lendemain. AssiaDjebar (Oran, langue morte). 0.48 LesCinglés du music hall. 1.00 LesNuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique20.00 Concert.

Festival de Berlin. Donné le 8septembre 1996, à laPhilharmonique de Berlin, parle RIAS-Kammerchor etl’Ensemble Scharoun, dir.Marcus Creed : Œuvres deHenze : Lieder von einerInsel ; Orpheus Behind theWire ; Œuvres de Reimann :Reflexionen ; Aufverschleierten Schauken ;Cantata della fiaba estrema,de Henze, Sally Harrison,soprano.

22.30 Musique pluriel.Œuvres de Donato,De Vienne.

23.07 Musicales comédies.Les chansons de Jérôme Kern.

0.00 Jazz vivant. 1.00 Les Nuits deFrance-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées

de Radio-Classique.Festival Toulouse les Orgues.Concert enregistré le 26octobre 1996, en l’égliseSaint-Pierre des Chartreux. IlSeminario Musicale, dir.Gérard Lesne, Jean-CharlesAblitzer, orgue. Œuvres deClérambault, Charpentier,Couperin, Raison, Gilles.

22.25 Les Soirées... (suite). Œuvresde Haeffner. 0.00 Les Nuits de Ra-dio-Classique.

France 318.50 et 1.57

Un livre, un jour.La vie de Gandhi au fil de l’amour, de MartineLaffon et Nicolas Wintz.

18.55 Le 19-20 de l’information.

20.00 Météo.20.05 Fa si la chanter. Jeu.20.35 Tout le sport. 20.45 Consomag.

20.50

LA MARCHE DU SIÈCLEMagazine présentépar Jean-Marie Cavada. Les compagnons des derniers jours,l’accompagnement des mourants (100 min). 824820b Lire page 34.22.30 Journal, Météo.

23.35

UN SIÈCLED’ÉCRIVAINSDocumentaire. Edmond Rostand (50 min). 799017Né a Marseille en 1868,Edmond Rostand, auteur de lacélèbre pièce Cyrano deBergerac, fut aussi l’auteur dedrames héroïques commeL’Aiglon.0.25 Cent ans de cinéma.

Cent ans de cinéma, les plusbelles musiques de film(85 min). 5666863

1.50 Musique graffiti. Magazine. DeBach à Bartok. 2.05 1944, la France li-bérée. Documentaire (65 min).

France 217.15 Le Prince de Bel Air.17.45 Waïkiki Ouest. Série.18.40 Qui est qui ? Jeu.19.20 et 2.45 Studio Gabriel.

Invités : Jean-Luc Lahaye,Pierre Aucaigne.

19.50 et 20.50 Tirage du Loto.19.57 Au nom du sport.20.00 Journal, Campagne

électorale, A cheval !,Météo.

21.00

MÉLANIETéléfilm d’Emmanuel Finkiel, avecMichel Duchaussoy(105 min). 8205066Un soir, la mère d’une fille detreize ans ne rentre pas. Aprèsbien des mensonges de sonentourage, la vérité se fait jour :sa maman est en prison.b 0123 daté mardi 13.

22.45

ÇA SE DISCUTEMagazine. Comment les femmesvivent-elles la prison ? (135 min). 445801Environ deux mille femmes sontdétenues en France, souventcondamnées à de courtes peinespour des délits liés à la petitedélinquance et à la toxicomanie.1.00 Au bout du compte.1.05 Journal, Bourse, Météo.

1.20 Signé Croisette. Magazine. SpécialCannes. 1.30 Le Cercle de minuit. Ma-gazine. Hommage à Marco Ferreri.3.15 Présence protestante. Magazine(rediff.). 3.45 Source de vie. Magazine(rediff.). 4.30 Urti. Documentaire. LaMana, la rivière aux 100 sauts. 4.45Outremers. Documentaire. Reprise deFrance 3 (60 min).

Les films sur les chaîneseuropéennesRTBF 121.15 Basic Instinct. Film de Paul Verhoeven (1991,130 min). Avec Michael Douglas, Sharon Stone, GeorgeDzundza. Policier.

RTL 922.15 Ralph Super King. Film de David S. Ward (1991,105 min). Avec John Goodman. Comédie.0.00 Un couple. Film de Jean-Pierre Mocky (1960, N.,85 min). Avec Juliette Mayniel. Drame.1.25 Duel à la vodka. Film de Sammy Drechsel (1965,95 min). Avec Curd Jürgens. Comédie.

TMC23.00 Plein les poches pour pas un rond. Film de DanielDaert (1978, 95 min). Avec Jean Lefebvre. Comédie.

TSR21.25 Firefox : L’Arme absolue. Film de Clint Eastwood(1982, 125 min). Avec Clint Eastwood, Freddie Jones. Sus-pense.

La Cinquième18.20 Le Monde des animaux. La raie manta,diable des mers. 18.55 50 jours pour 50 Palmes.[46/50] 1992.

M 618.00 Highlander. Série.

Auteur à scandale.19.00 Caraïbes Offshore.

Série. Rituel vaudou.19.54 Six minutes

d’information.20.00 Ciné 6 spécial Cannes.20.05 Notre belle famille.

[1/2] Destination Hawaï.20.35 Ecolo 6. Magazine.

Tripotage chocolaté.

20.45

LES JULIESMagazine présenté par IsabelleMotrot, Olivia Adriaco, CarolineAvon, Audrey Chaouat, MarielleFournier et Laurence Romance.Thème : Les différences entre leshommes et les femmes.Invités : Smaïn, Caroline Tresca(115 min). 477375

22.40

MANNEQUINSSUR LISTE ROUGETéléfilm 4 de William A. Graham(105 min). 5621511Un inspecteur et un ancienmannequin enquêtent sur lamort de deux cover-girls d’uneboîte de nuit à la mode.

0.25 Secrets de femmes.Magazine 6. Week-end(35 min). 3361888

1.00 Best of pop rock.2.45 Turbo. Magazine (rediff.). 3.15Culture pub. Magazine (rediff.). 3.40Les Tribus du Nord. Documentaire.4.05 Coulisses : l’affaire Louis Trio.Documentaire. 4.30 E = M 6 (25 min).

TF 115.35 La Joyeuse Tribu. Série.

Happy birthday.16.30 Extrême limite. Série.

L’Académie en péril.17.05 Melrose Place. Feuilleton.

Chantage.18.00 Sous le soleil. Série.

Cœur piégé.19.00 L’Or à l’appel. Jeu.19.50 Météo.20.00 Journal.

20.20

FOOTBALLPSG - FC Barcelone.En direct. Finale de la Couped’Europe des vainqueurs de Coupe ;21.15 Mi-temps (130 min). 51635917Les Parisiens vont tenter deconserver leur trophée.

22.30

COLUMBODouble choc.Série de Robert Butler, avec PeterFalk, Martin Landau(85 min). 9143085Un homme fortuné, sur le pointde se marier, décède d’une crisecardiaque dans sa salle desport.23.55 Chapeau melon

et bottes de cuir. Série.0.50 et 1.30, 2.35, 3.40

TF 1 nuit.1.05 Cas de divorce. Série.

1.40 et 3.50, 4.40, 5.10 Histoires na-turelles. Documentaire. 2.45 Histoiredes inventions. Documentaire. [2/6]Inventer le monde (rediff.). 5.05 Mu-sique. Concert (5 min).

Canal +15.45 L’Homme de nulle part.16.30 Basket-ball. Championnat

de la NBA.17.45 Les Jules... chienne

de vie ! Dessin animé.E En clair jusqu’à 21.0018.30 Nulle part ailleurs.

Invités : John Turturro ;Mansun.

20.30 Le Journal du cinéma.Spécial Cannes.

21.00

DOLORESCLAIBORNE a aFilm de Taylor Hackford,avec Kathy Bates(1995, 125 min). 520524023.05 Flash d’information.23.10 Spécial infos net.

Législatives 97.23.12 Qu’en pensez-vous ? Les

élections législatives.

23.25

A PART ÇA...MATHIEUKASSOVITZEmission spécialeprésentée par Michel Denisot.Invité : Mathieu Kassovitz(rediff., 109 min). 5776530

1.15 M.A.S.H. a a aFilm de Robert Altman(1970, v.o., 110 min).

5947554Un humourvolontairement « bête etméchant » pour fustigerla guerre et la dérision del’organisation militaire.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 22.00, 2.00World News. 21.00 IMPACT/LarryKing Live. 22.30 Insight. 23.30 WorldSport. 0.00 World View. 1.30 Money-line. 2.15 American Edition.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 Alice 0.45 Artis-simo. 1.45 Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 Guil-laume Durand. 20.13 et 20.45 Le18-21. 20.30 et 22.30 Le Grand Jour-nal. 21.10 et 22.12 Le Journal duMonde. 21.17 et 22.19, 22.44 Journalde l’Economie. 21.26 Cinéma. 21.42Talk culturel. 0.15 Le Débat.

Arte19.00 Ivanhoé. Série. [15/30] Le cirque.19.30 7 1/2. Magazine. Spécial Cannes.20.00 Oman, paradis des animaux.

[2/3] Les yeux du désert (30 min). 546220.30 8 1/2 Journal. Dominique Voynet.

20.45

LES MERCREDIS DE L’HISTOIRE :MOBUTU, NOTRE AMI Documentaire belge de Jean-François Bastinet Isabelle Chrisiaens (55 min). 4945443En raison de l’actualité zaïroise, Arte modifie saprogrammation pour diffuser un documentairequi retrace 30 ans de la vie du Maréchal Mobutu.Temps de guerre [2/5], prévu ce soir, sera diffuséle 21 mai.

21.45

MUSICA :LES PRINTEMPS DU SACREDocumentaire (1993, 60 min). 4339443Le Sacre du Printemps vu et dansé par PinaBausch, Maurice Béjart, Martha Graham...22.45 Musicarchive : Trio : Rubinstein, Heifetz,

Piatigorsky. Documentaire (35 min). 204080123.20 Profil : Un voyage avec Martin Scorsese

à travers le cinéma américain.Documentaire [2/3] (80 min). 4896608

0.40 La Lucarne : Canova mutilé.Documentaire (35 min). 2942318

1.15 Le Livre de Marie a a aCourt métrage (rediff., 30 min). 6459844

1.45 Je vous salue Marie a a aFilm (1984, rediff., 75 min). 6872202

TV 520.00 Faut pas rêver.

(France 3 du 9/5/97).21.00 Au nom de la loi.22.00 Journal (France 2).22.35 Savoir plus santé.23.30 Bons baisers

d’Amérique. Magazine.0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.35 Naissances et morts

sous influences.21.25 Des hommes

dans la tourmente. [1/32].Hitler versus Chamberlain.

21.50 Vol au-dessusdes mers. [6/11].Vigilante, un œildans le ciel.

22.40 Musique en tubes.23.35 Hiroshima, bombe US,

uranium canadien.

Animaux21.00 Le Monde sauvage.

L’oiseau dieu.21.30 Flipper le dauphin.

Mon frère Flipper.22.00 Kitum.

La grotte aux éléphants.23.00 Le Monde des reptiles.

Les serpents venimeux.23.30 Les Yeux de la

découverte. Le cheval.0.00 Le Monde sauvage.

Les plus bellesespèces du Monde.

0.30 Flipper le dauphin.

Paris Première20.00 et 0.40

20 h Paris Première.Invité : Henri Verneuil.

21.00 E Le ciné fait sa télé.21.45 Le J.T.S. Spécial Cannes.

Magazine.22.45 Network a a

Film de Sidney Lumet(1976, v.o., 115 min).

96137375

FranceSupervision20.30 Le Concerto de Mozart.

De Francis Marmandeet Jean-Louis Comolli.

21.55 Lester Bowie.Concert enregistré à l’Arthur’sClub de Genève(65 min). 26294627

23.50 Concert Brahms. Concertenregistré à la Salle Pleyel àParis(100 min). 77023066

Ciné Cinéfil20.30 Les Pique-assiettes

Film de Jean Girault(1960, N., 80 min). 23204743

21.50 Les Voyages de Sullivan(Sullivan’s Travels) a aFilm de Preston Sturges(1941, N., v.o., 90 min).

658591723.20 The Bat Whispers a

Film de Roland West(1930, N., v.o., 85 min).

978564620.45 Deux nigauds cow-boys

Film d’Arthur Lubin(1942, N., 85 min). 70067486

Ciné Cinémas20.30 Ciné CinéCannes.20.45 Les Trois Jours

du Condor a aFilm de Sydney Pollack(1975, 115 min). 6557462

22.40 Liza aFilm de Marco Ferreri(1972, 105 min). 78358530

Festival19.55 Le Mot

de Cambronne a aFilm de Sacha Guitry(1937, N., 35 min). 25284849

20.30 Jeanne Moreau :portrait.De Renaud de Dancourt.

20.40 Le Mystèredes sept cadrans.Téléfilm de Tony Wharmby,avec James Warwick, BrianWilde (130 min). 27845998

22.50 Le Gorilledans le pot au noir.Téléfilm de Patrick Jamain(1990) (85 min). 14046356

Série Club20.15 L’Ile aux naufragés. Meet

the Meteor.20.40 Le Club. Magazine.

20.45 Caraïbes offshore.Plaies et bosses à gogo.

21.35 et 1.30 Symphonie.Feuilleton [11/18].

22.30 Alfred Hitchcockprésente. Double maîtrise.

23.00 Buck Rogers. Le surdoué.

23.45 Lou Grant. Prisoner.

Canal Jimmy20.30 Star Trek : la nouvelle

génération. Parissera toujours Paris.

21.15 Vélo. Magazine.21.45 Mister Gun.

Suivez le modèle.22.15 Seinfeld.

Le bonbon à la menthe.22.40 Spin City.

Tommy Dugan (v.o.).23.05 Absolutely Fabulous.

Jalousie (v.o.).23.35 Friends.

Celui qui avait la technique ducâlin (v.o.) ; Celui qui nesupportait pas les poupées(v.o.).

Disney Channel20.10 Sports. Magazine.21.00 La Fille de l’équipe.21.30 Les Seigneurs

des animaux.De Gauthier Flauder.Les cueilleurs de ciel.

22.00 Héritage oblige.22.55 La Courte Echelle.

La montagne Noire.23.25 Animalement vôtre.

(30 min).

Téva20.25 Téva mode. Magazine.20.30 et 23.30Téva interview.20.55 Sept femmes au Tibet.

Documentaire.22.00 Téva débat. Magazine.22.30 Murphy Brown. La face

cachée de Murphy.23.00 Téva vie pratique.

Eurosport15.00 Tennis. En direct.

Tournoi de Rome. 3e jour(240 min). 54058511

19.00 et 1.00 Rallye.Rallye de l’Atlas.

19.30 Voitures de tourisme.20.30 Tennis. En direct

(120 min). 44406622.30 Tennis. Résumé.23.00 World Cup Legends.0.00 Golf. Résumé de l’Open

féminin d’Estoril (Portugal,60 min).

Voyage19.55 et 23.25

Chronique Meunier.20.00 et 23.30 Suivez le guide.22.00 Lacs d’Europe.

Le lac de Côme.22.30 L’Heure de partir.

Yves Rénier (55 min).

Muzzik20.30 Le Journal de Muzzik.

Magazine.21.00 A Folk Tale

(Et Folkesagn). Ballet entrois actes d’AugustBournonville. Mise en scènede Thomas Grimm. Avec lesdanseurs du Ballet royaldanois (115 min). 8216172

22.55 Itzhak Perlmanà la «Fiddler’s House ».

0.00 Lee Ritenourand Friends, volume 1.Concert. Live from theCoconut Grove(60 min). 86573

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

LES CODES DU CSA

4 Accord parentalsouhaitable.

5 Accord parentalindispensable ouinterdit aux moins de 12 ans.

6 Public adulte ouinterdit aux moins de 16 ans.

LES PHOTOS qui ont été choisiespar la presse américaine pour illus-trer la défaite « historique » de Gar-ry Kasparov montrent toutes lechampion du monde d’échecs le vi-sage enfoui dans ses mains, visible-ment atterré par l’insupportable vic-toire de Deeper Blue. « L’ordinateurécrase Kasparov », « La machined’IBM bat le champion de l’humani-té», « Deeper Blue harcèle un Kas-parov honteux », etc. La sévérité deces titres trahit-elle une sorte de re-vanche à l’égard d’un homme qui, ily a peu, ne tarissait pas d’éloquencesur sa propre invincibilité ? Proba-blement.

Mais il y a autre chose : à tort ou àraison, les médias avaient présentécette rencontre comme le « tournoidu siècle », l’ultime défi de l’intelli-gence humaine contre les « neu-

des commentateurs, est tenace : lesordinateurs constituent-ils une me-nace pour l’homme ? Interrogationde philosophe, qui reste sans ré-ponse, même si USA Today rappelleque Kasparov a discerné, dans le jeude son adversaire, des « interférenceshumaines ». Alors quoi ? S’agit-ild’un « petit pas pour l’ordinateur » etd’« un formidable bond en arrièrepour l’humanité », comme le de-mande le Wall Street Journal ? C’esttrop dire. Après tout, pourquoi nepas en revenir à une vérité simple :Deeper Blue étant l’ultime aboutis-sement du travail de milliersd’hommes, sa victoire – et la défaitede Garry Kasparov –, ne se résu-ment-t-elles pas à une nouvelle vic-toire de l’homme sur l’homme ?

Laurent Zecchini

DANS LA PRESSE

EUROPE 1Alain Duhamela En reconnaissant au Club de laPresse qu’il préfère, à toutprendre, une Assemblée degauche à une Assemblée de droitemodérée, Jean-Marie Le Penchoque une partie de son électo-rat, apparaît à coup sûr para-doxal, mais poursuit un desseinbien précis. Le président du Frontnational est bien sur mû par lavieille animosité qui oppose l’ex-trême droite aux gaullistes depuistoujours et par le contentieuxpersonnel qu’il entretient avecJacques Chirac. Ce ne sont cepen-dant pas là ses ressorts princi-

paux. En fait, le président duFront national lorgne sur l’électo-rat populaire de Jacques Chirac.(...) Jean-Marie Le Pen chercheaujourd’hui à attirer à lui cettefrange, souvent déçue, de l’électo-rat présidentiel. D’où son insis-tance à présenter la clientèle RPRet UDF comme un cercle bour-geois et à décrire ses propres élec-teurs comme le peuple dans sesprofondeurs. Au delà, Jean-MarieLe Pen poursuit une tactique quiressemble fort à la politique dupire : il parie sur la défaite de ladroite modérée aux élections lé-gislatives, puis sur une cohabita-tion paralysant Jacques Chirac et,naturellement (dans son esprit),sur un échec de la gauche. Après

quoi, le président du Front natio-nal pourra enfin s’avancer enéternel recours, comme il ne cessede le rêver depuis au moins vingtans..., sous-estimant le rejet mas-sif qu’il inspire aux trois quartsdes Français.

FRANCE-INTERDominique Brombergera L’Europe perturbe, l’Europe in-quiète, l’Europe déconcerte lesétats-majors politiques. Depuis leréférendum sur le traité de Maas-tricht, nous savons qu’il n’y a plusen France une seule ligne de par-tage bien nette, bien pratique,bien utile pour s’éviter de penserla politique, celle qui séparait etqui continue encore de séparer la

gauche de la droite. Mais en par-tie seulement. Dans cette cam-pagne électorale qui ennuie, ouplutôt qui ne parvient pas à mobi-liser les Français, il serait peut-être bon de rappeler qu’il y amoins de cinq ans, on trouvaitpratiquement sur les mêmes tré-teaux, ou du moins défendant lamême cause, Jean-Marie Le Pen etles communistes, Charles Pasquaet Jean-Pierre Chevènement, Phi-lippe Séguin et Philippe de Vil-liers. Depuis, les élections législa-tives de 93 et présidentielle de 95ont été marquées avant tout parun rejet du système Mitterrand, sibien que l’on a un peu oubliécette ligne de fracture discontinuequi disloque tous les partis à l’ex-

ception peut-être des extrêmes àgauche comme à droite.

THE NEW YORK TIMESa Les élections en Grande-Bre-tagne ont accru la possibilité deparvenir à la paix en Irlande duNord. Il y a six mois, le blocageentre l’IRA, le gouvernement bri-tannique et les Unionistes protes-tants d’Irlande du Nord semblaittotal. Aujourd’hui, l’IRA sembledavantage disposée à proclamer unnouveau cessez-le-feu. Le nouveaupremier ministre britannique, TonyBlair, devrait à son tour, en guisede récompense, annoncer que, sice cessez-le-feu tient, le Sinn Fein,l’aile politique de l’IRA, sera lebienvenu aux pourparlers de paix.

EN VUE

a Le maire de Marseille a remis,lundi 12 mai, à Paul Ricard,quatre-vingt-sept ans, fondateur etancien président de la société quiporte son nom, la cravate decommandeur de la Légiond’honneur. Jean-Claude Gaudin,prenant la parole à l’hôtel de ville, aqualifié le « roi de l’anisette » de« symbole pour la France ». CharlesPasqua, ancien représentant de lasociété, présent à la cérémonie, acité Clemenceau : « Dans la guerrecomme dans la paix, le dernier mot està ceux qui ne se rendent jamais. »

a Les Albanais, chrétiens oumusulmans, qui ont englouti leurséconomies dans des officinesd’épargne font le pèlerinage dusanctuaire de saint Antoine, aunord de Tirana, dans l’espoir d’êtreremboursés. Tous observent lemême rite : ils ramassent cinqpierres blanches qu’ils portent surune centaine de mètres. Ils posentleurs pieds dans une cavité. Puis ilsgrimpent sur une paroi vers ce quiressemble à un visage, pour mettredeux doigts dans des trous et setoucher après fébrilement les yeuxde ces deux doigts. Enfin les pèlerins,furieux et ruinés, roulent en bouledes billets de banque et les lancentsur la statue de saint Antoine placéedans une niche à deux mètres du sol.

a Après avoir établi, à l’issue d’uneenquête, qu’une Anglaise trouvéemorte à son domicile, en novembre1996, s’était bien suicidée, le tribunalde Birmingham a tenu à féliciter lepersonnel médical d’avoir tout faitpour la sauver, malgré soninterdiction. Gertrude Heynes,quatre-vingt-un ans, anciennedirectrice d’école, s’était attachéeautour du cou une pancarte,menaçant de poursuites quiconqueparviendrait à la ranimer.

rones informatiques ». Résultat, se-lon le Washington Times, « L’hommeet la machine sont aujourd’hui à éga-lité : 1 partout ». Le journal du révé-rend Moon n’est pas tendre –comme la plupart de ses confrères –pour le champion russe, qu’il estimevirtuellement « démoli » par les« soigneurs » d’IBM (au moinss’agissant de son ego), lesquels ontvertueusement expliqué que tout unchacun bénéficiera, à terme, de cetteconfrontation au sommet entre deuxvirtuoses d’un art tout d’intelligence.

Voilà bien le mot qui fait florès etdéchaîne les passions : de quoi s’agit-il ? Tout en relevant que DeeperBlue, « ne serait-ce que temporaire-ment », a « désarçonné l’humanité »en devenant « la plus subtile des enti-tés d’échecs », le New York Times re-marque drôlement que si l’ordina-

sa « faiblesse psychologique », ce quel’intéressé n’a d’ailleurs pas contesté.

C’est un match important, a sou-ligné le professeur Jonathan Schaef-fer, de l’université d’Alberta (Cana-da) – créateur d’un logiciel d’échecsfameux appelé « Chinook » –, maisqui « n’aura pas d’influence sur la viequotidienne des gens », et surtout ce-la ne va pas transformer DeeperBlue en HAL, cet ordinateur « intel-ligent » du film 2001, Odyssée de l’es-pace. Le premier a du moins réaliséles rêves que caressaient depuislongtemps bien des informaticiens,« tout en capturant l’imagination demillions de gens à travers le monde, ycompris quelques-uns à Microsoft »,souligne le New York Times dans uneallusion à l’extraordinaire enjeucommercial de ce match.

Mais la question, sous la plume

Page 36: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16265 – 7 F …...de Hamlet. Egalement au menu de nos pages « Cannes », outre les cri-tiques des autres films : la photo quotidienne de Derek

LeMonde Job: WMQ1405--0036-0 WAS LMQ1405-36 Op.: XX Rev.: 13-05-97 T.: 11:27 S.: 111,06-Cmp.:13,12, Base : LMQPAG 04Fap:99 No:0553 Lcp: 196 CMYK

Nouveau record de modérationpour l’inflation en avril

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MERCREDI 14 MAI 1997

PRIX À LA CONSOMMATION

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Tirage du Monde daté mardi 13 mai 1997 : 502 376 exemplaires. 1 - 3

Le personnel est jugé responsable dans l’incendie du tunnel sous la Manche

Le comité de sécurité chargé de l’enquête a présenté ses conclusionsLE COMITÉ de sécurité chargé

d’enquêter sur l’incendie survenusur une navette poids lourds dansle tunnel sous la Manche, le 18 no-vembre 1996, a présenté sesconclusions mardi 13 mai. Ellessont sévères sur les dysfonction-nements et les erreurs qui ontconduit à la destruction de la moi-tié d’une rame immobilisée par unincendie de grande ampleur aumilieu du tunnel. Les critiquesportent plus sur le comportementdu personnel et la complexité desprocédures à suivre en cas d’ac-cident que sur la conception tech-nique du tunnel et des navettes àlaquelle, il est vrai, le comité desécurité a participé.

L’enquête souligne en tout cas àsa façon que l’absence de victimea été un peu miraculeuse. « Lepersonnel en poste s’est montré in-capable d’appliquer les procéduresd’urgence, qui se sont révélées tropcomplexes et exigeantes ». « Lapropagation de l’incendie soulèvedes questions sur les conséquencespotentielles d’un feu qui aurait prisdans le poids lourd situé sur le wa-gon de tête » ou si « la voiture-sa-

lon s’était trouvée en queue duconvoi [la partie du train qui abrûlé] ». « Près de la moitié duconvoi, la locomotive arrière et lechargement de camions ont été sé-vèrement endommagés ou détério-rés ».

TEMPS PERDULe rapport indique que « quatre

agents de sûreté ont vu des flammesde un à deux mètres de hauteur àbord d’un wagon d’une navettepoids lourds avant son entrée dansle tunnel... », mais que « quatreminutes ont été perdues avant ledébut des opérations de mise enconfiguration du tunnel pour cettesituation d’urgence ». « Au coursdes premières minutes de l’ac-cident, les opérateurs du centre decontrôle ferroviaire n’ont pas eu letemps d’exécuter toutes les actionsnécessaires et ont été submergéspar une avalanche d’informationset d’alarmes ».

Afin d’éviter qu’un tel accidentse reproduise, le rapport se ter-mine par trente-trois recomman-dations à l’opérateur du tunnelsous la Manche portant à la fois

sur le fonctionnement des équipe-ments fixes du tunnel, sur le ma-tériel roulant et sur le comporte-ment du personnel.

Le comité estime qu’« Eurotun-nel doit revoir la logique du systèmede détection incendie en tunnelafin de donner des avertissementsplus précoces au centre de contrôleferroviaire ». Il ajoute qu’Eurotun-nel « doit abandonner l’actuelleprocédure consistant à faire sortirun train poids lourds en feu du tun-nel ». La majorité des recomman-dations portent sur le comporte-ment du personnel. Il est ainsidemandé « de revoir la formationde tous les agents en matière degestion des situations d’urgence etd’élaborer un programme de for-mation basé sur des exercices pra-tiques ».

Le comité de sécurité a un rôleimportant de conseil de laCommission intergouvernemen-tale du tunnel sous la Manche,l’organisme franco-britanniquequi a autorité pour décider de laréouverture ou non du tunnelsous la Manche aux navettespoids lourds.

A New York,la vente Loeb dépasse460 millions de francs

LA VENTE de la collectionLoeb, l’une des plus belles aumonde pour l’art impressionnisteet post-impressionniste, a réaliséun total de 92 794 500 dollars (en-viron 465 millions de francs) lundisoir 12 mai chez Christie’s à NewYork. Cette collection de 29 piècesmajeures était estimée entre 76 et98 millions de dollars.

Madame Cézanne au fauteuiljaune a atteint 23 millions de dol-lars (environ 115 millions defrancs). Manet à la palette, l’un desdeux autoportraits connus dupeintre, réalisé en 1878 et estimé15 millions de dollars, est partipour 18 702 500 dollars, tandis queDanseuse assise aux bas roses, deToulouse-Lautrec, a été adjugépour 14 522 500 dollars (estima-tion entre 8 à 10 millions). Les Toitsde l’Estaque, paysage de Cézanne,a été vendu, lui, 12 652 500 dollars(estimation entre 8 et 10 millionsde dollars). Il faut toutefois noterque ces prix tiennent compte de lacommission de Christie’s – 15 %jusqu’à 50 000 dollars et 10 % au-delà –, ce qui n’est pas le cas desestimations. – (AFP)

LES PRIX à la consommation ontenregistré en avril une très faibleévolution (entre 0 % et 0,1 %)en avril, selon l’indice provisoire pu-blié mardi 13 mai par l’Insee. Sur unan, l’inflation est donc compriseentre 0,9 % et 1 %, contre 1,1 % à lafin du mois de mars. La hausse desprix constatée à la fin du mois d’avrilconstitue donc un nouveau recordde modération, depuis 40 ans. De-puis le mois de mai 1957 exacte-ment, au cours duquel les prixavaient été négatifs de 0,3 % en ryth-me annuel, jamais l’inflation n’avaitété, en France, aussi faible. Ces tas-sements des prix s’expliquent parune nouvelle baisse dans le secteurdes produits manufacturés dans leprivé (-0,1 % en avril) et une chutepour les produits pétroliers (-0,8 %).Pour des raisons saisonnières, laseule hausse sensible est celle desproduits alimentaires frais (+1,6 %).

Neuf alpinistes disparaissentsur les pentes de l’EverestUNE EXPÉDITION kazakhe, qui redescendait du sommet de l’Everest (8 846m) après avoir gravi la face nord (versant tibétain), a été victime, mercredi7 mai, d’une tempête qui a fait chuter la température jusqu’à -30o. Selon unbilan encore provisoire, neuf de ses vingt-neuf membres (trois Kazakhes,trois Coréens, un guide Allemand, un sherpa Népalais et un alpiniste dont lanationalité n’a pas été précisée) y ont trouvé la mort. L’alerte a été donnée,sur Internet, par le chef d’une expédition américaine qui avait, elle, choisi laface sud (versant népalais). Il y a un an (Le Monde du 16 mai 1996), huit alpi-nistes avaient trouvé la mort dans des conditions analogues sur les pentes du« toit du monde ».

Heure de véritépar Pierre Georges

UNE HÉSITATION, un scrupuleet un doute. Faut-il l’écrire ? Ledire ? Donner l’information ici ? Etavec quels mots qui ne soient in-décents ou blessants ?

François-Henri de Virieu, mairede Marly-le-Roi depuis 1995, tientchronique dans le bulletin munici-pal de cette ville, d’ailleurs appeléla Chronique de Marly. Et, écrit-iljustement, « La Chronique est faitecomme la vie, de bonnes et mau-vaises nouvelles... ».

Dans l’édition de mai, la chro-nique apporte une mauvaise nou-velle. Sous le titre « Je vous dois lavérité », le maire écrit : « Parcequ’un jour de juin 1995, vous m’avezfait l’honneur de me confier des res-ponsabilités importantes à la tête decette ville, ma vie privée ne m’ap-partient plus tout à fait. Elle vousappartient un peu à vous aussi et jevous dois la vérité sur mon état desanté. Eh bien oui ! J’ai un cancer...l’un des plus coriaces qui soient : uncancer du pancréas. Jusqu’au ven-dredi 25 avril, ce n’était qu’une hy-pothèse que je cherchais à chasserde mon esprit. Maintenant c’est unecertitude. »

Certitude, cancer, vérité. Troismots tellement difficiles à gérer etqui se résument d’un quatrième, latransparence. Rien n’obligeaitFrançois-Henri de Virieu à rendrepublique sa maladie. Rien, si cen’est une manière de mettre sesactes en conformité avec sa façonde penser la politique, les obliga-tions du politique. Dire la vérité, y

compris cette vérité-là, intime etcruelle. Dire comme un devoir dedire parce que, écrit-il, « c’est maconception de la démocratie, maconception de la transparence, mafaçon à moi de me comporter enresponsable ».

François-Henri de Virieu futjournaliste et le reste. Il le fut auMonde et le fut à la télévision, pa-tron, précisément, d’une émissionintitulée « L’Heure de vérité ». Enprofessionnel de presse, il a tou-jours regretté que des hommeschargés de responsabilités écra-santes aient pu cacher, masquer,maquiller la maladie. Question deprincipe et de transparence. Le si-lence de Georges Pompidou et ce-lui de François Mitterrand sur leurétat de santé lui apparurent, enleur temps, comme autant d’en-torses à la démocratie, de man-quements au devoir de dire.

Mais une chose est d’exiger latransparence comme un principepour les tiers. Et une autre de sel’appliquer à soi-même. Une choseest de souhaiter l’heure de vérité.Une autre de l’assumer, quandcelle-ci est venue. François-Henride Virieu l’a fait. Il a choisi soncamp, l’information contre la ru-meur. Et voilà, tout simplement,pourquoi on fait état ici de cechoix. Sans autre envie de com-menter plus avant. Si ce n’est dumot, de l’expression rituelle queFrançois-Henri de Virieu utilisait,autrefois, dans les couloirs duMonde : « Courage, ami ! »

a LIBAN : un attentat était en préparation contre le pape Jean Paul IIdurant son séjour au Liban, samedi 10 et dimanche 11 mai, a déclaré mardimatin à l’AFP le ministre de l’intérieur libanais Michel Murr. Ce dernier a pré-cisé avoir reçu, vendredi, des informations en ce sens des services d’Interpolau Canada et en Italie. Le ministre a encore indiqué que ces informationsavaient été tenues secrètes et que « toutes les mesures de sécurité avaient étéprises » pour parer à toute éventualité. M. Murr a notamment souligné queles services de sécurité libanais avaient travaillé en étroite coordination avecles organisations de sécurité syriennes. – (AFP.)

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mardi 13 mai, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 20143,50 + 1,72 + 4,03Honk Kong index 13987,80 + 0,41 + 3,98

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %12/05 09/05 fin 96

Paris CAC 40 2693,09 + 2,25 + 16,30Londres FT 100 .... .... + 5,91Zurich .... .... + 26,57Milan MIB 30 .... .... + 2,56Francfort Dax 30 3564,73 + 0,07 + 23,40Bruxelles .... .... + 12,42Suisse SBS .... .... + 27,82Madrid Ibex 35 .... .... + 19,54Amsterdam CBS .... .... + 21,06

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Tokyo. Nikkei sur 3 mois20143,50

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18150,23

17485,80f13 fev. 27 mars 13 maig