32
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16307 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MERCREDI 2 JUILLET 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ........... 2 France ........................ 8 Société........................ 10 Carnet......................... 12 Annonces classées.. 12 Régions ...................... 13 Horizons .................... 14 Entreprises ............... 17 Finances/marchés... 19 Aujourd’hui .............. 21 Jeux ............................. 24 Météorologie........... 24 Culture....................... 25 Guide culturel.......... 28 Communication ...... 29 Abonnements .......... 30 Radio-Télévision..... 30 Kiosque ...................... 31 Les flèches de la Cour suprême contre l’Etat fédéral LES NEUF JUGES de la Cour su- prême des Etats-Unis viennent de rendre leur traditionnelle rafale pré-estivale d’arrêts qui fixent le cadre de la vie quotidienne de chaque Américain. Dans des do- maines aussi divers que l’euthana- sie, Internet ou le contrôle des armes à feu, une constante carac- térise cette moisson 1997 : le souci de limiter l’étendue du pouvoir fé- déral, tout particulièrement celui du Congrès, au profit des Etats fé- dérés. L’arrêt le plus médiatisé, car il touche à un débat de grande ac- tualité dans la société américaine, celui du suicide médicalement as- sisté ou du « droit à la mort », est paradoxalement le moins auda- cieux. A l’unanimité, les juges de la Cour suprême ont refusé de lé- galiser le « droit à la mort », au- quel ils n’ont trouvé aucun fonde- ment constitutionnel. Donnant raison à deux Etats, ceux de Washington et de New York, dont des lois criminalisent le suicide médicalement assisté, la Cour suprême a néanmoins sou- haité laisser la porte ouverte à une évolution de la science, des men- talités ou du législateur à cet égard, au moment où un sondage révélait que 57 % des Américains sont favorables au suicide médica- lement assisté. « Notre opinion ne saurait en au- cun cas empêcher les recours » ul- térieurs de malades incurables, a souligné le président de la Cour suprême, le juge William Rehn- quist. « A travers tout le pays, les Américains sont engagés dans un débat profond et sincère sur la mo- ralité, la légalité et la faisabilité du suicide médicalement assisté », a ajouté le juge Rehnquist. L’atti- tude de prudence adoptée par la Cour devrait, a-t-il souhaité, « per- mettre à ce débat de se poursuivre, comme il se doit dans une société démocratique ». Plusieurs constitutionnalistes ont vu dans cette prudence une volonté des juges de ne pas impo- ser aux Etats une position ferme et définitive sur une question haute- ment morale, contrairement à ce que leurs prédécesseurs avaient fait en 1973 en légalisant le droit à l’avortement. Sylvie Kauffmann Lire la suite page 16 Trio tricolore à Wimbledon SANDRINE TESTUD AU TOURNOI de tennis de Wimbledon, la surprise, lundi 30 juin, a été offerte par Sandrine Testud. La Française, vingt-troi- sième joueuse mondiale, est venue à bout de l’Américaine Monica Seles, tête de série numéro 2. Deux autres tricolores joueront aussi les huitièmes de finale : Mary Pierce et Nathalie Tauziat. Lire page 22 LE MONDE DES INITIATIVES a Les entreprises publiques bougent a 11 pages d’annonces classées Salaire contre temps de travail a UNE MAJORITÉ de salariés (58 % contre 39 %) préfèrent une augmentation de salaire à une réduction du temps de travail. In- terrogés, après les élections légis- latives, par l’Observatoire du monde du travail, créé par Le Monde et l’institut Ipsos, ils sont sceptiques sur la réduction de la durée du travail. Les deux tiers d’entre eux estiment qu’ils de- vront, à l’avenir, travailler autant ou plus qu’aujourd’hui. Une ré- duction leur paraît contradictoire avec l’accomplissement de leur carrière (36%). Ils redoutent qu’elle conduise à une tension plus forte dans le travail (22 %) ou qu’elle modifie, à leur détriment, le rythme auquel ils sont habitués. Lire notre cahier Initiatives DANS UN ENTRETIEN au Monde, le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, ac- cuse le gouvernement de Benya- min Nétanyahou de saboter le processus de paix. Il demande aux Etats-Unis « d’assumer maintenant leur responsabilité morale et poli- tique », en amenant Israël à appli- quer les accords conclus entre l’OLP et les gouvernements tra- vaillistes israéliens. M. Arafat, qui a rencontré à Paris, lundi 30 juin, Jacques Chirac, Lionel Jospin et Laurent Fabius, souhaite l’aide de la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos- sibles du blocage, y compris aux Etats-Unis et en Europe, M. Chirac a plaidé pour une action conju- guée euro-américaine. Lire page 3 a ENTRETIEN Yasser Arafat accuse Benyamin Nétanyahou de saboter la paix Robin renifle un bois précieux dans le N o 5 de Chanel MARILYN MONROE savait-elle que les « quelques gouttes de N o qu’elle déclarait porter comme seul atour pour dormir conte- naient un petit bout de la forêt amazo- nienne ? Le parfum mythique, symbole de l’élégance française, mais aussi le « jus » le plus vendu au monde contiendrait depuis sa création en 1920 – la formule créée par Ernest Beaux n’a pas changé depuis – de l’huile es- sentielle de bois de rose extraite d’un arbre précieux en danger, le pau rosa (ou Aniba duc- kei). Cet arbre, haut de 20 mètres en moyenne, qui pousse au cœur de la forêt amazonienne au nord du Brésil, a la particularité de se re- produire très difficilement. Les perroquets sont notoirement friands de ses graines parfu- mées. Sa régénération naturelle est mise en péril par une exploitation trop gourmande. Très recherché pour son parfum entêtant et subtil, le pau rosa voit ses effectifs décliner : chaque année, afin de produire les 30 tonnes d’huile essentielle exportée pour la parfume- rie internationale, quelque 3 000 arbres sont abattus selon la FAO, organisation internatio- nale qui dépend de l’ONU. Les coupeurs bré- siliens, qui restent trois mois complets au mi- lieu de la forêt pour débiter les bûches, ont de plus en plus de mal à trouver « l’arbre qui sent bon » et s’attaquent à des arbres de plus en plus jeunes. Depuis 1995, l’Union internatio- nale de la conservation de la nature (UICN) a classé cet arbre sur sa « liste rouge des espèces menacées ». L’association Robin des bois – qui s’est fait connaître en contestant l’utilisation de bois tropicaux dans la construction de la Biblio- thèque nationale de France-François-Mitter- rand – a décidé de se pencher sur l’utilisation de ces fragrances tropicales. Fin novembre 1995, l’association a écrit au grand couturier pour lui demander de renoncer à l’utilisation de la précieuse huile, afin de « préserver ce qui reste des forêts tropicales ». L’honorable mai- son répondit le 23 février 1996 que « [ses] for- mules constituent l’essentiel de [son] fonds de commerce et qu’il n’est pas dans [ses] habitudes de fournir des renseignements sur les compo- sants de celles-ci ». Les écologistes ne veulent pas en rester là. « Chanel se retranche derrière la confidentialité de ses formules pour ne pas aborder le problème écologique posé, c’est un peu fort ! C’est le patri- moine commun de l’humanité qui est en ques- tion », s’insurge Jacky Bonnemains, respon- sable de Robin des bois. L’organisation vient d’envoyer une deuxième missive afin d’exhor- ter Chanel à remplacer le bois de rose par des composants synthétiques. Contactée, la grande maison se refuse à préciser si son parfum fétiche contient tou- jours des essences naturelles du pau rosa et préfère pour l’instant rester silencieuse. Robin des bois annonce déjà que si, d’aventure, elle ne recevait pas de garantie du parfumeur de cesser de recourir au pau rosa d’ici l’automne, elle déclencherait une campagne de boycot- tage relayée par le réseau Forest Movement Europe, qui rassemble une trentaine d’asso- ciations environnementalistes en Europe, pour Noël 1997. Le N o 5, entré au Musée d’art moderne de New York, le MoMA, pourrait perdre de sa superbe. Sylvia Zappi Effondrement de 30 % des ventes de voitures neuves au mois de juin EN JUIN, les ventes de voitures neuves ont baissé pour le huitième mois consécutif. Les immatricula- tions sont en baisse de 30 % par rapport à juin 1996. Au premier se- mestre, la chute atteint 23 %, for- çant les constructeurs à tabler sur un recul de plus de 15 % en 1997. L’origine de cette débâcle remonte à l’arrêt de la prime Juppé, le 30 septembre 1996. Privé de cette perfusion étatique, le marché au- tomobile a été incapable de se re- dresser. Inquiétude supplémen- taire pour les marques françaises : elles ne parviennent pas à dé- fendre leurs parts de marché face à leurs rivales étrangères. Elles ne contrôlent plus que 55 % du mar- ché français au lieu de 62 % il y a deux ans. Heureusement, les ex- portation compensent en partie ce marasme. Mais elles ne permettent pas d’éviter les plans sociaux. Lire page 18 a Annie Fratellini est morte Annie Fratellini, clown et fondatrice de l’Ecole nationale du cirque, est décé- dée dans la nuit du lundi 30 juin au mardi 1 er juillet à Paris à l’âge de soixante-quatre ans. p. 32 a Vive hausse du dollar La monnaie américaine s’approche de la barre des 6 francs. p. 18 a Le futur « Monsieur Euro » Le Néerlandais Wim Duisenberg a pris ses fonctions mardi 1 er juillet à la tête de l’Institut monétaire européen, em- bryon de ce qui doit devenir en 1998 la Banque centrale européenne. p. 4 a Un entretien avec M me Trautmann La ministre de la culture accorde au Monde son premier entretien sur l’in- dustrie cinématographique depuis son installation rue de Valois. p. 27 a Ode à l’œuf au plat Jean-Pierre Quélin désespère de trou- ver à Paris un endroit où l’œuf au plat soit traité en mets de choix. p. 23 a La météo naît des courants marins Un programme international de re- cherche tente de comprendre l’in- fluence des courants marins sur le cli- mat de la planète. p. 21 LIONEL JOSPIN s’est expliqué, mardi 1 er juillet, devant le groupe socialiste de l’Assemblée natio- nale, avant de recevoir les parle- mentaires de la majorité, à Mati- gnon. Le premier ministre, qui interviendra sur France 2 jeudi, af- firme qu’il a tenu ses engagements sur l’usine Renault de Vilvorde, dont la fermeture est critiquée dans la majorité et au sein du Parti socialiste. « Je regrette le sens des conclusions [de l’expert] mais nous ne vivons plus dans une économie administrée », a-t-il affirmé en mettant en avant l’absence de li- cenciements et la création de quatre cents emplois sur le site. M. Jospin a annoncé pour l’au- tomne plusieurs projets de loi sur le contrôle des licenciements économiques, la réforme du code de nationalité, le plan pour l’em- ploi des jeunes, l’inscription auto- matique des jeunes de dix-huit ans sur les listes électorales. Il a aussi rappelé à l’ordre sa majorité en lui indiquant qu’elle ne doit pas seu- lement s’intéresser à l’action du gouvernement. « Le combat contre la droite reste une nécessité », a souligné le premier ministre, qui s’en est pris à une opposition « droitisée et revancharde ». M. Jospin a affirmé que le projet de loi de finances pour 1998 sera « le principal vecteur de change- ment ». Il n’a pas exclu d’augmen- ter les recettes de l’Etat dès 1997 – cela pourrait se traduire par une ponction sur les entreprises –, en fonction des résultats de l’audit des finances publiques, attendus pour le 21 juillet. Il a invité les dé- putés socialistes à « faire en- tendre » leur voix et à « participer au travail gouvernemental », mais aussi, « et surtout », à « soutenir le gouvernement ». Lire page 8 Lionel Jospin précise ses engagements b Il confirme, pour 1998, le rééquilibrage des impôts en faveur des revenus du travail b L’audit financier pourrait conduire à une ponction sur les entreprises dès l’automne b Le premier ministre estime qu’il a respecté sa parole sur l’usine Renault de Vilvorde

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0001-0 WAS LMQ0207-1 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:22 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0461 Lcp: 196 CMYK

CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMERCREDI 2 JUILLET 1997

25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

LE MONDEDES INITIATIVES

a Les entreprisespubliques bougenta 11 pagesd’annonces classées

DANS UN ENTRETIEN au

a ENTRETIEN

Yasser ArafataccuseBenyaminNétanyahoude saboter la paix

Effondrementde 30 %des ventesde voitures neuvesau mois de juin

EN JUIN, les ventes de voitures

LIONEL JOSPIN s’est expliqué,

Lionel Jospin précise ses engagementsb Il confirme, pour 1998, le rééquilibrage des impôts en faveur des revenus du travailb L’audit financier pourrait conduire à une ponction sur les entreprises dès l’automneb Le premier ministre estime qu’il a respecté sa parole sur l’usine Renault de Vilvorde

mardi 1er juillet, devant le groupesocialiste de l’Assemblée natio-nale, avant de recevoir les parle-mentaires de la majorité, à Mati-gnon. Le premier ministre, quiinterviendra sur France 2 jeudi, af-firme qu’il a tenu ses engagementssur l’usine Renault de Vilvorde,dont la fermeture est critiquéedans la majorité et au sein du Partisocialiste. « Je regrette le sens desconclusions [de l’expert] mais nousne vivons plus dans une économieadministrée », a-t-il affirmé enmettant en avant l’absence de li-cenciements et la création dequatre cents emplois sur le site.

M. Jospin a annoncé pour l’au-tomne plusieurs projets de loi surle contrôle des licenciementséconomiques, la réforme du codede nationalité, le plan pour l’em-ploi des jeunes, l’inscription auto-matique des jeunes de dix-huit anssur les listes électorales. Il a aussirappelé à l’ordre sa majorité en luiindiquant qu’elle ne doit pas seu-lement s’intéresser à l’action dugouvernement. « Le combat contre

Les flèches dLES NEUF JUGES de la Cour su-

RobinMARILYN MONROE savait-ell

souligné le premier ministre, quis’en est pris à une opposition« droitisée et revancharde ».

M. Jospin a affirmé que le projetde loi de finances pour 1998 sera« le principal vecteur de change-

e la Cour suprtérise cette moisson 1997 : le souci

renifle un bois préciee que les nale qui dépend de l’O

ter les recettes de l’Etat dès 1997– cela pourrait se traduire par uneponction sur les entreprises –, enfonction des résultats de l’auditdes finances publiques, attenduspour le 21 juillet. Il a invité les dé-

ême contre l’sisté ou du « droit à la mort », est

ux dans le No 5 de ChNU. Les coupeurs bré- « Chanel se

tendre » leur voix et à « participerau travail gouvernemental », maisaussi, « et surtout », à « soutenir legouvernement ».

Lire page 8

la droite reste une nécessité », a ment ». Il n’a pas exclu d’augmen- putés socialistes à « faire en-

Etat fédéralYork, dont des lois criminalisent le

anel retranche derrière la confidentialité

neuves ont baissé pour le huitièmemois consécutif. Les immatricula-tions sont en baisse de 30 % parrapport à juin 1996. Au premier se-mestre, la chute atteint 23 %, for-çant les constructeurs à tabler surun recul de plus de 15 % en 1997.L’origine de cette débâcle remonteà l’arrêt de la prime Juppé, le30 septembre 1996. Privé de cetteperfusion étatique, le marché au-tomobile a été incapable de se re-dresser. Inquiétude supplémen-taire pour les marques françaises :elles ne parviennent pas à dé-fendre leurs parts de marché face àleurs rivales étrangères. Elles necontrôlent plus que 55 % du mar-ché français au lieu de 62 % il y adeux ans. Heureusement, les ex-portation compensent en partie cemarasme. Mais elles ne permettentpas d’éviter les plans sociaux.

Lire page 18

Monde, le président de l’Autoritépalestinienne, Yasser Arafat, ac-cuse le gouvernement de Benya-min Nétanyahou de saboter leprocessus de paix. Il demande auxEtats-Unis « d’assumer maintenantleur responsabilité morale et poli-tique », en amenant Israël à appli-quer les accords conclus entrel’OLP et les gouvernements tra-vaillistes israéliens. M. Arafat, quia rencontré à Paris, lundi 30 juin,Jacques Chirac, Lionel Jospin etLaurent Fabius, souhaite l’aide dela France et de l’Europe « poursauver le processus de paix ». « Trèsinquiet » des conséquences pos-sibles du blocage, y compris auxEtats-Unis et en Europe, M. Chiraca plaidé pour une action conju-guée euro-américaine.

Lire page 3

Salaire contretemps de travaila UNE MAJORITÉ de salariés

(58 % contre 39 %) préfèrentune augmentation de salaire à uneréduction du temps de travail. In-terrogés, après les élections légis-latives, par l’Observatoire dumonde du travail, créé par LeMonde et l’institut Ipsos, ils sontsceptiques sur la réduction de ladurée du travail. Les deux tiersd’entre eux estiment qu’ils de-vront, à l’avenir, travailler autantou plus qu’aujourd’hui. Une ré-duction leur paraît contradictoireavec l’accomplissement de leurcarrière (36 %). Ils redoutentqu’elle conduise à une tension plusforte dans le travail (22 %) ouqu’elle modifie, à leur détriment,le rythme auquel ils sont habitués.

Lire notre cahier Initiatives

« quelques gouttes de No 5 » qu’elle déclaraitporter comme seul atour pour dormir conte-naient un petit bout de la forêt amazo-nienne ? Le parfum mythique, symbole del’élégance française, mais aussi le « jus » leplus vendu au monde contiendrait depuis sacréation en 1920 – la formule créée par ErnestBeaux n’a pas changé depuis – de l’huile es-sentielle de bois de rose extraite d’un arbreprécieux en danger, le pau rosa (ou Aniba duc-kei).

Cet arbre, haut de 20 mètres en moyenne,qui pousse au cœur de la forêt amazonienneau nord du Brésil, a la particularité de se re-produire très difficilement. Les perroquetssont notoirement friands de ses graines parfu-mées. Sa régénération naturelle est mise enpéril par une exploitation trop gourmande.Très recherché pour son parfum entêtant etsubtil, le pau rosa voit ses effectifs décliner :chaque année, afin de produire les 30 tonnesd’huile essentielle exportée pour la parfume-rie internationale, quelque 3 000 arbres sontabattus selon la FAO, organisation internatio-

siliens, qui restent trois mois complets au mi-lieu de la forêt pour débiter les bûches, ont deplus en plus de mal à trouver « l’arbre qui sentbon » et s’attaquent à des arbres de plus enplus jeunes. Depuis 1995, l’Union internatio-nale de la conservation de la nature (UICN) aclassé cet arbre sur sa « liste rouge des espècesmenacées ».

L’association Robin des bois – qui s’est faitconnaître en contestant l’utilisation de boistropicaux dans la construction de la Biblio-thèque nationale de France-François-Mitter-rand – a décidé de se pencher sur l’utilisationde ces fragrances tropicales. Fin novembre1995, l’association a écrit au grand couturierpour lui demander de renoncer à l’utilisationde la précieuse huile, afin de « préserver ce quireste des forêts tropicales ». L’honorable mai-son répondit le 23 février 1996 que « [ses] for-mules constituent l’essentiel de [son] fonds decommerce et qu’il n’est pas dans [ses] habitudesde fournir des renseignements sur les compo-sants de celles-ci ».

Les écologistes ne veulent pas en rester là.

de ses formules pour ne pas aborder le problèmeécologique posé, c’est un peu fort ! C’est le patri-moine commun de l’humanité qui est en ques-tion », s’insurge Jacky Bonnemains, respon-sable de Robin des bois. L’organisation vientd’envoyer une deuxième missive afin d’exhor-ter Chanel à remplacer le bois de rose par descomposants synthétiques.

Contactée, la grande maison se refuse àpréciser si son parfum fétiche contient tou-jours des essences naturelles du pau rosa etpréfère pour l’instant rester silencieuse. Robindes bois annonce déjà que si, d’aventure, ellene recevait pas de garantie du parfumeur decesser de recourir au pau rosa d’ici l’automne,elle déclencherait une campagne de boycot-tage relayée par le réseau Forest MovementEurope, qui rassemble une trentaine d’asso-ciations environnementalistes en Europe,pour Noël 1997. Le No 5, entré au Musée d’artmoderne de New York, le MoMA, pourraitperdre de sa superbe.

Sylvia Zappi

Trio tricoloreà Wimbledon

prême des Etats-Unis viennent derendre leur traditionnelle rafalepré-estivale d’arrêts qui fixent lecadre de la vie quotidienne dechaque Américain. Dans des do-maines aussi divers que l’euthana-sie, Internet ou le contrôle desarmes à feu, une constante carac-

de limiter l’étendue du pouvoir fé-déral, tout particulièrement celuidu Congrès, au profit des Etats fé-dérés.

L’arrêt le plus médiatisé, car iltouche à un débat de grande ac-tualité dans la société américaine,celui du suicide médicalement as-

paradoxalement le moins auda-cieux. A l’unanimité, les juges dela Cour suprême ont refusé de lé-galiser le « droit à la mort », au-quel ils n’ont trouvé aucun fonde-ment constitutionnel.

Donnant raison à deux Etats,ceux de Washington et de New

International ........... 2France ........................ 8Société........................ 10Carnet......................... 12Annonces classées.. 12Régions ...................... 13Horizons .................... 14Entreprises ............... 17Finances/marchés... 19

Aujourd’hui .............. 21Jeux ............................. 24Météorologie........... 24Culture....................... 25Guide culturel.......... 28Communication ...... 29Abonnements .......... 30Radio-Télévision..... 30Kiosque ...................... 31

SANDRINE TESTUD

suicide médicalement assisté, laCour suprême a néanmoins sou-haité laisser la porte ouverte à uneévolution de la science, des men-talités ou du législateur à cetégard, au moment où un sondagerévélait que 57 % des Américainssont favorables au suicide médica-lement assisté.

« Notre opinion ne saurait en au-cun cas empêcher les recours » ul-térieurs de malades incurables, asouligné le président de la Coursuprême, le juge William Rehn-quist. « A travers tout le pays, lesAméricains sont engagés dans undébat profond et sincère sur la mo-ralité, la légalité et la faisabilité dusuicide médicalement assisté », aajouté le juge Rehnquist. L’atti-tude de prudence adoptée par laCour devrait, a-t-il souhaité, « per-mettre à ce débat de se poursuivre,comme il se doit dans une sociétédémocratique ».

Plusieurs constitutionnalistesont vu dans cette prudence unevolonté des juges de ne pas impo-ser aux Etats une position ferme etdéfinitive sur une question haute-ment morale, contrairement à ceque leurs prédécesseurs avaientfait en 1973 en légalisant le droit àl’avortement.

Sylvie Kauffmann

Lire la suite page 16

AU TOURNOI de tennis deWimbledon, la surprise, lundi30 juin, a été offerte par SandrineTestud. La Française, vingt-troi-sième joueuse mondiale, est venueà bout de l’Américaine MonicaSeles, tête de série numéro 2. Deuxautres tricolores joueront aussi leshuitièmes de finale : Mary Pierce etNathalie Tauziat.

Lire page 22

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,

a Annie Fratelliniest morteAnnie Fratellini, clown et fondatrice del’Ecole nationale du cirque, est décé-dée dans la nuit du lundi 30 juin aumardi 1er juillet à Paris à l’âge desoixante-quatre ans. p. 32

a Vive haussedu dollarLa monnaie américaine s’approche dela barre des 6 francs. p. 18

a Le futur« Monsieur Euro »Le Néerlandais Wim Duisenberg a prisses fonctions mardi 1er juillet à la têtede l’Institut monétaire européen, em-bryon de ce qui doit devenir en 1998 laBanque centrale européenne. p. 4

a Un entretienavec Mme TrautmannLa ministre de la culture accorde auMonde son premier entretien sur l’in-dustrie cinématographique depuis soninstallation rue de Valois. p. 27

a Ode à l’œuf au platJean-Pierre Quélin désespère de trou-ver à Paris un endroit où l’œuf au platsoit traité en mets de choix. p. 23

a La météo naîtdes courants marinsUn programme international de re-cherche tente de comprendre l’in-fluence des courants marins sur le cli-mat de la planète. p. 21

Page 2: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0002-0 WAS LMQ0207-2 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0462 Lcp: 196 CMYK

2

I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

Et pendant ce temps, place Tiananmen... A Pékin, 100 000 personnes avaient été conviées à participer à

un marathon de sept heures de festivités, pour célébrer la rétro-cession de Hongkong, sur la place Tiananmen, au cœur de la ca-pitale, sous le portrait géant de Mao Zedong. Peu avant minuit,tous les regards se sont tournés vers l’horloge digitale accrochéedepuis plus de deux ans sur la façade du Musée de la révolution,à l’est de la place, pour rappeler à la population le nombre dejours, d’heures, de minutes et de secondes restant avant le re-tour de la colonie à la mère-patrie.

Dix secondes avant l’heure fatidique, les dizaines de milliersde spectateurs présents sur la place, comme des millionsd’autres rassemblés dans d’autres villes de Chine, ont entonnéun compte à rebours avant de laisser exploser leur joie, envoyant le drapeau aux couleurs britanniques remplacé par ledrapeau rouge de la Chine populaire sur les cinq écrans de télé-vision géants. Plusieurs spectateurs brandissaient des portraitsde l’artisan du retour de Hongkong à la Chine, Deng Xiaoping.Partout ailleurs en Chine, des centaines de milliers de personnesétaient descendues dans les rues à Tianjin, Shanghaï, Chong-qing, Canton, Nankin et Shenzhen notamment. – (AFP.)

Sur l’île Victoria, une nostalgie mouillée dans les embruns et les éclats de lumière...HONGKONG

de notre envoyé spécialHongkong est une ville d’eau et de brume.

En ce soir de rétrocession, il pleut donc àverse, au point que les forêts de parapluiescachent presque l’Union Jack et le drapeaurouge étoilé agrippés aux façades, ici et là. Onredoute le pire, le repli calamiteux, la débâclemouillée, la fête gâchée, mais les dieux duciel, dans leur grande magnanimité,épargnent la fin de soirée. Le cœur de l’îleVictoria, entrelacs de ruelles qui piquent surla City, s’emplit alors d’une foule compacte debadauds, joyeux ou maussades, venus là toutsimplement parce que cette enclave de lu-mière et de sons se prête plus aux flâneriesque les quartiers assoupis alentour.

Tandis que les expatriés se massent autourdes pubs de Lang Kwai Fong – territoire quasi

tribal –, les Hongkongais errent à l’aveugle aupied des gratte-ciel emmaillotés de brouil-lard. On se photographie devant les grossesboîtes aux lettres rouges de facture britan-nique mais débarrassées de la couronne. Se-ront-elles toujours là demain ? On pose aussidevant la une de la fraîche édition du MingPao où s’étale le cliché de Chris Patten, le gou-verneur sur le départ, se saisissant de l’UnionJack replié.

On n’a guère le cœur à célébrer les nou-veaux venus, mais on déambule quand mêmeau fil d’une errance un peu ivre qui frise laséance d’exorcisme. De joyeux drilles se sontcoiffés de la casquette maoïste frappée del’étoile rouge. Heureux du retour à la Chine ?« Rien de spécial », répondent-ils pour résu-mer leurs états d’âme. Un jeune homme aplanté un drapeau rouge dans son chapeau et

pose devant un fourgon de police. Un prosé-lyte de Pékin ? Non, c’est un Taïwanais en go-guette. Pour lui aussi, « rien de spécial ».

Au pied du Prince’s building, un coupletraîne ses fillettes devant une devanture deparfums de luxe. Mobilisés pour les célébra-tions ? « Pas vraiment, on est là pour sortir lesfilles », répond le père, un fabricant de jouetsqui avoue « ne pas faire confiance à Pékin ».

On marche donc à perdre haleine à traversles embruns tièdes et les éclats de lumière.Tout le monde s’est presque dispersé vers5 heures du matin quand un terrible tonnerrea grondé de l’au-delà de la nappe de nuages,au moment précis où les convois de l’Arméepopulaire de libération franchissaient la fron-tière.

F. B.

« Un pays, deux systèmes... »b La Loi fondamentale, votéeen 1990, prévoit que Hongkongconservera un haut « degréd’autonomie », à l’exception desaffaires étrangères et de ladéfense, qui seront souscontrôle direct de Pékin.L’ancienne colonie britanniquedevient une « régionadministrative spéciale » (RAS),gérée par un gouvernement etun Parlement, qui sera réélu enmai 1998 selon un mode descrutin qui reste à définir. Pourl’heure, l’ancien Conseil

législatif (Legco), partiellementélu en 1995, a été dissous. Lepouvoir législatif est désormaisdétenu par une Assemblée,cooptée de partisans de Pékin.b Certaines libertés civiquesintroduites récemment par lesBritanniques, comme le droit demanifester, seront restreintes.Les financements étrangers despartis politiques serontinterdits. Mais la Chine n’exclutpas de financer ses proprespartisans...b La monnaie reste inchangée :

le dollar hongkongaiscontinuera à être utilisé sur leterritoire et restera aligné sur ledollar américain.b Hongkong conserve le droitde conclure des accordsinternationaux de natureéconomique et commercialeavec les gouvernementsétrangers, sans devoir en référerà Pékin. Hongkong demeure unport franc et son gouvernementgarde le contrôle de sa politiquefiscale et monétaire. L’impôt n’ysera pas levé.

Le mystérieux M. Tung, homme de Pékin et milliardaire confucéenHONGKONG

de notre envoyé spécialL’homme qui va diriger le Hong-kong rétrocédé à Pékin est un mil-liardaire. Ni mandarin parachuté

de la Cité interdite ni militant surgide la clandestinité, Tung Chee-hwa,le nouveau « patron » du territoire,est le prototype même de l’élited’affaires locale, un de ces « ty-coons » flamboyants qui ont fa-çonné la légende de Hongkong.

Cheveux blancs taillés en brosse,visage rond plissé d’un sourire pa-ternel, il n’a cessé de glisser sa sil-houette onctueuse dans les cerclesdu tout-Hongkong, ces anti-chambres d’éminences qui, après

avoir si fidèlement servi le coloni-sateur britannique, ont courtisésans l’ombre d’un scrupule le futurmaître pékinois. Tung Chee-hwaimporte finalement peu par lui-même. Son parcours n’éveille l’in-térêt que dans la mesure où il ré-sume l’évolution de cette casted’entrepreneurs chinois exilés, éle-vés dans l’anticommunisme maisaujourd’hui ralliés au discours pa-triotique et confucianiste en vogueà Pékin.

Tung Chee-hwa est né en mai1937 dans la concession françaisede Shanghaï, temple du capitalismechinois alors au bord de la débâcle.Son père, Tung Hao-yung, pros-père dans le transport maritime. En1948, la famille fuit l’avancée destroupes de Mao et s’expatrie àHongkong, à l’instar de tous cesShanghaïens qui feront la prospéri-té de la colonie britannique en im-portant leurs recettes. Le pa-triarche y poursuit sa carrièred’armateur tout en préparant son

fils à la succession. Après desétudes d’ingénierie mécanique à Li-verpool, le jeune Tung est envoyéaux Etats-Unis, où il travaille pourGeneral Electric avant de prendreles rênes de la filiale de la firme pa-ternelle, Orient Overseas.

L’itinéraire est jusque-là fort ba-nal, sans aspérités, jusqu’en ce dé-but des années 80 où son destinpersonnel bascule. A cette époque,Orient Overseas est en état de qua-si-banqueroute. Riche d’une flottede 150 bâtiments, elle est classéedeuxième compagnie d’armateurau monde, mais elle est en fait mi-née par les retombées du choc pé-trolier. La politique d’expansiontous azimuts voulue par le père aplombé les comptes.

RÉSURRECTIONQuand il étrenne officiellement

la succession en 1982, Tung Chee-hwa est harcelé par des créanciersen colère. Il leur opposera un sang-froid qui impressionnera bien desobservateurs.

Il se tourne alors vers Taïwan, où– saga shanghaïenne oblige – il dis-pose de solides relais familiaux. Sasœur y a épousé le fils d’un hié-rarque du Kuomintang, ancien mi-nistre de la défense de Tchang Kaï-chek. Mais sa relation personnelleavec le Taïwanais ne débouche surrien. Le Kuomintang s’en mord-illes doigts aujourd’hui ? Car c’estPékin qui comprend tout l’intérêtqu’il peut y avoir à sauver ce mil-liardaire en déroute. Nous sommesalors en 1985, au lendemain de lasignature de l’accord sino-britan-nique programmant la rétrocessionde Hongkong, et le régime chinoisest en train de mettre en place dansla colonie sa fameuse politique de

« front uni », c’est-à-dire de neu-tralisation des « ennemis declasse ». Tung est un client idéal.

Comme par hasard, un sauveurva surgir des limbes de l’indiffé-rence ambiante pour accorder àl’entrepreneur aux abois un mira-culeux prêt de 600 millions defrancs. Ce deus ex machina s’ap-pelle Henry Fok, un homme d’af-faires bien en cour à Pékin. On saitaujourd’hui que l’argent venaitbien de la République populaire.

Cet épisode est capital car il est àl’origine de la perplexité que peutsusciter le personnage. Un parfumde mystère, épais et insistant, flotteautour lui. Certains insinuent –sans preuve – qu’il serait carrémentun membre du Parti communiste.Sans aller jusque-là, on ne peut quese souvenir qu’il « doit » à Pékin sarésurrection. Cela suffit amplementà nourrir le doute sur sa capacité às’affirmer face au régime chinois encas de désaccord sur l’interpréta-tion de la notion « un pays, deux

systèmes », la formule qui régit dèsmaintenant le territoire.

Depuis sa désignation commefutur chief executive par un collègeappointé par Pékin, en décembre1996, il n’a en effet guère rassuré.Une des premières initiatives qu’il aprises a été d’annoncer qu’il res-treindrait l’exercice du droit de ma-nifester et les conditions de finan-cement des partis politiques. Iljustifie ces mesures par la nécessitéde prévenir toute ingérence étran-gère et d’assurer l’ordre civil.

MODÈLE AUTORITAIREEn bon disciple de l’ancien pre-

mier ministre singapourien, LeeKwan-yew, il se réclame sincère-ment d’un modèle autoritaire d’ins-piration confucéenne fondé, dit-il,sur « le respect des anciens » et « laprimauté des devoirs sur les droitsdes individus ». Il cite souvent à cepropos son effarement d’avoir étéle témoin, durant son séjour améri-cain dans les années 60, de « la dé-

térioration de l’ordre social d’une so-ciété occidentale gagnée par lapermissivité ». Et pour faire bonnemesure, il accompagne ce credoconservateur d’une profession defoi patriotique exaltant « la fiertéd’être chinois ».

Une telle rhétorique n’a certesguère besoin d’être imposée par Pé-kin puisqu’elle a toujours été lefonds idéologique des milieux d’af-faires hongkongais, à l’exception, ilest vrai, d’une redécouverte patrio-tique très récente. Les partisans deM. Tung en tirent argument pouraffirmer l’autonomie intellectuellede leur champion vis-à-vis de Pékin.Dévoué à la cause hongkongaise,n’a-t-il pas déclaré qu’il ne permet-trait pas que se produise dans leterritoire une réédition de la tragé-die de Tiananmen ? On veut bienlui accorder le bénéfice du doute.Reste que, lorsqu’il ne plaira plus,Pékin lui trouvera un remplaçant.

F. B.

PORTRAITDepuis sa désignation,le nouveau « patron »du territoiren’a guère rassuré

HONGKONGde nos envoyés spéciaux

Hongkong n’est plus une colonieétrangère. L’événement a été célé-bré, lundi 30 juin, avec emphase

par Pékin ;avec une so-lennité émuepar Londres ;avec des senti-ments parta-gés par la po-pulation del’île : fierté de

redevenir Chinois, mais inquiétudequant aux risques que celacomporte. Annoncée depuis treizeans et six mois, la rétrocession s’estdéroulée suivant un scénario par-faitement réglé, la glaciale liturgiepékinoise prenant, à minuit, le relaide la pompe colorée de l’ex-puis-sance impériale.La dernière journée britanniqueavait commencé avec le départgrave de Chris Patten de sa rési-dence officielle, Government House,le plus prestigieux palais colonialde l’île. M. Patten a essuyé quel-ques larmes en remerciant ses col-laborateurs et s’est pincé les lèvreslorsque, conformément à la tradi-tion, l’Union Jack a été amené etlui a été remis, plié, par l’officiantde la garde. Puis, à bord de sa

Daimler noire, en compagnie deson épouse Lavender, il a fait troisfois le tour de la résidence, à lachinoise, dans un geste voulant si-gnifier : « Nous nous reverrons ».Thème renforcé par la mélodie Cen’est qu’un au revoir jouée par lafanfare après le God save theQueen.Il a ensuite gagné l’ancienne basenavale d’East Tamar, où le PrinceCharles était descendu du Brittaniapour participer à la cérémonied’adieux. En dépit d’une pluie bat-tante, les cornemuses, les kiltsécossais, les bonnets à poils desHorse Guards, les bataillons d’uni-tés d’élite se sont livrés au rituel durepli impérial sous la bénédictiondu fils d’Elizabeth II.

DÉCORUM COMPASSÉM. Patten a alors rendu un derniervibrant hommage à « l’énergie iné-puisable, l’ardeur au travail et l’au-dace d’hommes et de femmes quiont écrit la “success story” de Hong-kong. Chinois et Chinoises pour laplupart, ils n’étaient ordinaires quedans la mesure où ils étaient arrivésdémunis. Ils sont extraordinaires parce qu’ils ont réalisé dans l’adversité.(...)La contribution de notre proprenation aura été de fournir l’échaf-faudage qui a permis l’ascension de

cette communauté». Puis le princeCharles, casquette et uniformetrempés, promettait fidélité à l’île :« Mon gouvernement et moi-mêmecontinuerons de témoigner du plusgrand intérêt envers Hongkong etson développement ». CommeM. Patten avant lui, il a soulignéque c’était à présent « aux Hong-kongais de gouverner Hongkong »sous une nouvelle souveraineté.

Après un spectacle de chants etdanses et un premier feu d’artificetiré au dessus du bras de mer, lescérémonies officielles se sont dé-placées vers le Palais des congrès etexpositions pour l’instant fati-dique : au douzième coup de mi-nuit, la trompette ouvrant l’hymnenational chinois a retenti dans l’im-mense salle de réception où touts’est subitement figé dans un déco-

rum compassé. On était en Chinepopulaire.En présence des délégations étran-gères – la France était représentéepar le président du Sénat, RenéMonory – le chef du régime conti-nental, Jiang Zemin, a une nou-velle fois promis que Hongkong« conservera son statut de portfranc, continuera de servir de centrefinancier, commercial et maritimeinternational, et maintiendra sesliens économiques et culturels »avec le reste de la planète.

LES DÉMOCRATES DANS LA RUEL’entreprise de mise au pas a pour-tant commencé aussitôt le drapeauchinois hissé, avec la prestation deserment de tout le nouveau per-sonnel dirigeant de la « Région ad-ministrative spéciale ». Désapprou-vant le démantèlement desinstances élues sous les Brita-niques, Tony Blair et le chef de ladiplomatie américaine, MadeleineAlbright se sont discrètementéclipsés tandis que le premier mi-nistre Li Peng – associé, dans l’opi-nion hongkongaise, à la répressionpolitique sur le continent – recevaitl’expression d’allégeance à Pékinde Tung Chee-hwa, nouveau chiefexecutive, et de ses collaborateurs.Les démocrates du territoire ne

pouvaient laisser aux nouveauxmaîtres des lieux le monopole descérémonies. Exclus des estrades, ilsétaient présents dans la rue, cetterue qui les avait plébiscités lors desdifférents scrutins sous l’ancien ré-gime. Peu après minuit, leur popu-laire chef de file, l’avocat MartinLee, s’est adressé à une foule d’en-viron trois mille personnes du hautdu balcon du Conseil législatif. Lepatriotisme n’est pas l’apanage desnouveaux dirigeants, a-t-il clamé.« Nous sommmes fiers de faire par-tie de la Chine en ces heures oùprennent fin cent cinquante ans derègne colonial. C’est un jour de gloirepour les Chinois du monde entier ».Mais la Chine, a-t-il ajouté, « ne se-ra une grande nation que lorsque lesdroits de chaque individu seront res-pectés ». Selon lui, la reconquête dela souveraineté chinoise est indis-sociable de l’exercice de la démo-cratie. « Nous reviendrons, nous re-viendrons, nous reviendrons » a-t-ilscandé à ses partisans aux yeuxembués de larmes.Au petit jour, plusieurs navires deguerre chinois ont pénétré dans leseaux territoriales jadis ouvertes parles canonnières britanniques.

Frédéric Bobinet Francis Deron

CHINE Six heures après la rétroces-sion du territoire, 4 000 soldatschinois sont arrivés à Hongkong pourprendre possession des casernesabandonnées par les troupes britan-

niques. Lors de la cérémonie célé-brant le retour de l’île sous souverai-neté chinoise, mardi 1er juillet, leprésident Jiang Zemin a promis quePékin respecterait l’autonomie du ter-

ritoire et le principe « un pays, deuxsystèmes ». b LA PRESTATION DESERMENT des nouvelles autorités aété boycottée par le secrétaire d’Etataméricain Madeleine Albright et le

premier ministre britannique TonyBlair, en signe de protestation contrela dissolution par Pékin du Conseil lé-gislatif élu... b L’ANCIENNE COLONIEdevient une « Région administrative

spéciale » conservant une certaineautonomie, économique notamment.Certaines libertés civiques ont cepen-dant déjà été restreintes (Lire aussipage 14 et notre éditorial page 16).

Le cérémonial glacé de Pékin ouvre une nouvelle ère à Hongkong Après les adieux émus et grandioses des Britanniques, les autorités de Chine populaire ont pris possession de l’ancienne colonie.

Le président Jiang Zemin a réaffirmé le principe « un pays, deux systèmes », tandis que les démocrates du territoire manifestaient leurs inquiétudes

Page 3: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0003-0 WAS LMQ0207-3 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0463 Lcp: 196 CMYK

I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 3

Laurent-Désiré Kabila célèbre trente-sept ansd’indépendance du Congo-Kinshasa

Yasser Arafat, président de l’Autorité palestinienne

« Le gouvernement israélien veut se dérober à ses engagements »« Comment vont les choses

aujourd’hui en Palestine ? – Malheureusement, le nouveau

gouvernement israélien est hostileau processus de paix. Il [le premierministre, Benyamin Nétanyahou] adéclaré qu’il s’opposait aux accordsd’Oslo signés à la Maison Blanche.Ildoit comprendre – et les Israéliensqui l’ont élu doivent comprendreaussi – que ce n’est pas un accordbilatéral, mais un accord internatio-nal, signé sous l’égide du présidentBill Clinton, par les Etats-Unis, laRussie, l’Union européenne (UE) etla Norvège, en présence [de repré-sentants] du Japon, de l’Egypte etde la Jordanie. De quel droit peut-ille rejeter ?

» Il veut se dérober à ses engage-ments. Il y a trente-quatre engage-

ments dont il n’a pas respecté uneligne. Ajoutez à cela la constructionde la colonie de Djebel AbouGhneïm qu’ils [les Israéliens] ap-pellent Har Homa. Elle est à l’entréede Bethléem, qu’ils veulent concur-rencer, lors de la célébration de« Bethléem 2000 » [festivités quel’Autorité palestinienne préparepour le deux millième anniversairede la naissance du Christ]. Ils sonten train d’y construire des hôtelsqui attireront les touristes et les pè-lerins. Il n’y a pas un seul hôtel dansles colonies de peuplement et àDjebel Abou Ghneïm ils enconstruisent onze. Qu’est-ce quecela signifie ?

» Et la judaïsation de Jérusalem !Et l’interdiction signifiée aux chré-tiens et aux musulmans [de Cisjor-danie] de prier dans les églises et lesmosquées de Jérusalem ! Avez-vousvu le tract distribué hier à Hébron[représentant Mahomet sous lestraits d’un cochon, la tête ceinted’un keffieh palestinien, en train derédiger le Coran] ? Est-ce tolérable ?Est-ce que le monde peut acceptercela ? Est-ce que les juifs peuventl’accepter ?

– Vous estimez que le gouver-nement de M. Nétanyahou estresponsable de ces tracts ?

– Indiscutablement. Parce qu’il lesautorise et en permet la distribu-tion. Ces tracts ont été distribuéshier et aujourd’hui à Hébron.

– Que pensez-vous de l’atti-tude des Etats-Unis ?

– Les Etats-Unis ont une respon-sabilité morale et politique. Je sou-haite qu’ils l’assument maintenant,faute de quoi une grande confusionrégnerait au Proche-Orient. Mais lesEtats-Unis ne font rien. Il y a uneinitiative européenne et une autre

égyptienne, mais il n’y a aucune ini-tiative américaine.

– Une initiative européenne ? – A Malte [lors de la conférence

euro-méditerranéenne qui s’est te-nue les 15 et 16 avril], c’est sur labase d’une initiative européennequ’une rencontre a été organiséeentre le ministre israélien des af-faires étrangères, David Lévy, etmoi-même, en présence des chefsdes diplomaties néerlandaise, fran-çaise, égyptienne et de l’envoyéspécial de l’UE au Proche-Orient,Miguel Angel Moratinos. Elle a étéprécédée de longs entretiens etl’objectif en était la relance de l’ac-cord conclu à la Maison Blanche.Cette initiative a été acceptée parles Israéliens, qui se sont ensuite dé-robés à leurs engagements.

– Qu’avez-vous demandé auprésident Jacques Chirac ?

– Je lui ai demandé l’aide de laFrance et de l’Europe pour sauver leprocessus de paix. Les mesures quipourraient être prises sont d’ordreéconomique, politique et diploma-tique. Savez-vous que 70 % deséchanges commerciaux d’Israël sefont avec l’Union européenne ?

– Vous souhaitez donc que

l’Europe exerce des pressionséconomiques sur Israël ?

– Nous avons exposé la situationclairement et en détail, tant au pré-sident de la République, qu’au pre-mier ministre, au ministre des af-faires étrangères, au président del’Assemblée nationale et au secré-taire national du Parti communiste.

– Quelles sont les conditionsde la reprise des négociations is-raélo-palestiniennes ?

– L’application fidèle des accordsconclus. L’arrêt des implantationsen fait partie. En vertu de l’accordintervenu entre Rabin [l’ancien pre-mier ministre israélien] et moi-même, aucune nouvelle unité de lo-gement ne doit s’ajouter à celles quiexistent déjà, il ne doit y avoir au-cun financement gouvernementaldes colonies de peuplement et laclôture d’une colonie ne doit pasêtre érigée à plus de 50 mètres de ladernière habitation.

» Mais dès son arrivée au pou-voir, Nétanyahou a pris la décisionde faire construire 19 000 unités delogement [en Cisjordanie, à Gaza età Jérusalem-Est] et de nouvelles co-lonies. Le projet de Djebel AbouGhneïm est un vieux projet, maisRabin et Pérès [l’ancien ministre desaffaires étrangères et ancien pre-mier ministre] ne l’ont pas mis enchantier. Pourquoi ? Parce qu’ils sa-vaient que cela entraînerait des ten-sions avec les chrétiens.

– L’impasse actuelle est-elletolérable pour les Palestiniens.Ne craignez-vous pas une explo-sion de violence ?

– Le peuple palestinien est endu-rant. Et ses choix sont multiples. »

Propos recueillispar Mouna Naïm

KINSHASAde notre envoyée spéciale

Dans le stade des Martyrs, lundi30 juin, les militaires de l’armée delibération (AFDL) et leur fanfareparadent sur la pelouse, en atten-dant Laurent-Désiré Kabila. Le

nouveau président doit célébrer letrente-septième anniversaire del’Indépendance et le héros desluttes passées, Patrice Lumumba,qui fut le créateur de la Républiquedu Congo, avant que Mobutu nechange le nom du pays en Zaïre,comme pour mieux chasser le sou-venir de son rival, qu’il avait fait as-sassiner.

Laurent-Désiré Kabila a invité sesamis africains et la tribune officielletémoigne des nouvelles alliances.Huit chefs d’Etat (Ghana, Centra-frique, Rwanda, Burundi, Répu-blique sahraouie, Namibie etCongo-Brazzaville) et cinq mi-nistres (Soudan, Angola, Algérie,Ethiopie, Erytrée et Tanzanie) ar-rivent en cortège, salués par plus decinquante mille Kinois. On s’étonnede l’absence du président sud-afri-cain, ce « grand ami ». Le plus ap-plaudi des invités est sans contestePascal Lissouba, le « frère » deBrazzaville (où les tirs d’artillerieont repris lundi).

Quand Laurent-Désiré Kabiladonne l’accolade à Pascal Lissouba,c’est le délire dans les gradins. Hierencore, les observateurs pensaientpourtant que le général Denis Sas-sou Nguesso, l’adversaire du pré-

sident Lissouba, était le préféré deM. Kabila. Pascal Lissouba avaitsoutenu Mobutu Sese Seko « jus-qu’à la dernière minute », disait-on.A Kinshasa, on note qu’il s’est ré-cemment fâché avec le gouverne-ment français, auquel il reproche dene pas le soutenir dans la crise quetraverse son pays.

Devant la tribune, un long défilécommence. « Ambiance totale sousdes couleurs éclatantes ! », clame lemaître de cérémonie. Sur un pasdansant, les soldats de l’AFDL fontun tour de piste, suivis des étu-diants « qui soutiennent le présidentKabila », puis des « mamanscommerçantes et navigantes », desfonctionnaires des postes, de l’of-fice des routes, surnommé « l’officedes trous » en raison de l’état de lavoirie. On a fortement conseillé aux

femmes d’éviter la minijupe et lepantalon : elles ont opté pour lepagne à l’effigie de « papa Kabila »,« comme hier pour Mobutu ».

Le président évoque les « trente-sept années de douloureuse transi-tion, la victoire sur la dictature ». Ilpromet « la création de la commis-sion constituante », « une priorité »pour la démocratie. « Aux paysfrères africains », Laurent-DésiréKabila offre de « garantir la stabili-té, la sécurité et la coopération ». En-fin, pour « panser les plaies du ré-gime totalitaire », il en appelle à« l’aide plus particulièrement desEtats-Unis, du Canada, du Japon ».

La foule est invitée à un concertgratuit devant le palais du Peuple.Les Kinois n’ont pas attendu ce mo-ment pour commémorer l’indépen-dance en musique. La veille, dans lequartier de Kasavubu, le groupeZaiko Langa Langa, formé il y avingt-cinq ans par Nyoka Longo, adéjà donné un concert. Les gens luiont fait une ovation. Les soldats del’AFDL qui veillaient au grainétaient regardés du coin de l’œil,avec une ironie tranquille. NyokaLongo, « toujours resté au pays »,semblait heureux. « Notre pays estcomme une femme qui, en 1965, fitune fausse couche. Espérons qu’il ensera cette fois-ci différemment. »

Les seuls à refuser la fête sont lesquelques centaines de manifestantsmarchant à l’appel de l’oppositionradicale. Dans un communiqué, leministre de la sécurité a mis engarde une dizaine de « meneurs »nommément désignés, les infor-mant de sa volonté de sévir s’ils en-freignaient l’interdiction de défiler.En fin de matinée, une trentaine dejeunes contestataires ont été arrê-tés.

Danielle Rouard

REPORTAGE« Ambiance totalesous des couleurs éclatantes ! » au stadedes Martyrs, le 30 juin

Création d’un Front populairede la résistance armée

Jacques Matanda ma Mboyo,porte-parole de la branche ar-mée de l’opposition radicale, alancé, lundi 30 juin, un appelaux « patriotes congolais » les in-vitant à s’investir « de la manièrela plus pressante et la plus éner-gique » dans un large « Front po-pulaire de résistance armée » des-tiné à mettre « hors d’état denuire et à expulser les armées etmilices génocidaires tutsies oc-cupant le territoire national ».Dans un texte diffusé à Paris lejour de l’anniversaire de l’indé-pendance de l’ex-Congo belge,M. Matanda a aussi annoncé lacréation de « très nombreusescellules combattantes armées »dont l’objectif est de « paralyserl’appareil économique ».

YASSER ARAFAT

La France plaide pour une actionaméricano-européenne au Proche-Orient

L’initiative égyptienne visant à relancer les négociations vient d’échouerLors d’une visite à Paris le 30 juin, Yasser Arafata exposé à Jacques Chirac, Lionel Jospin etLaurent Fabius les conséquences fâcheuses que

pourrait entraîner le blocage actuel du proces-sus de paix. Ses interlocuteurs lui ont affirméqu’ils feraient tout ce qu’ils pourraient pour sor-

tir de l’impasse. Mais la clé de la situation de-meure aux mains des Etats-Unis, dont M. Arafatdéplore l’immobilisme.

LE CONSTAT est unanime : de-puis l’arrêt des négociations israé-lo-palestiniennes après la mise enchantier par Israël de la coloniejuive de Har Homa, le processusde paix israélo-arabe est en dan-ger. Hosni Moubarak et Husseinde Jordanie avaient déjà confiéleurs inquiétudes à Jacques Chirac.Le président de l’Autorité palesti-nienne les lui a confirmées, lundi30 juin. Mais, pour l’heure, seulel’Egypte a pris une initiativeconcrète pour rapprocher l’Etatjuif et les Palestiniens. Ses effortsse sont heurtés à une attitude is-raélienne rédhibitoire : Israël étaitdisposé à suspendre pendant...quatre jours et demi – le temps descongés d’une fête religieuse –, lestravaux de construction à Har Ho-ma, en échange de l’acceptationpar les Palestiniens de reprendreles pourparlers de paix.

Le président français mesure lagravité de la situation. « Les Fran-çais, a-t-il déclaré après son entre-tien lundi avec Yasser Arafat, sonttrès inquiets » d’éventuels « actesterroristes incontrôlables », dont la

conséquence serait « de déstabili-ser non seulement la région, maiségalement les Etats-Unis et l’Eu-rope ». « Il appartient aussi bienaux Etats-Unis qu’à l’Europe de toutfaire pour remettre le processus depaix sur les rails », a-t-il ajouté.

En l’occurrence, il ne s’agissaitpas d’une nouvelle tentative deM. Chirac de « placer » l’Union eu-ropéenne (UE) dans un processusde paix, dont les Etats-Unis se sontérigés en seuls et uniques tuteurs.Paris estime qu’il faut inciter Was-hington à sortir de son attentisme.Marginalisée bien malgré elle, l’UEa fait tout ce qui était en son pou-voir pour ramener Israël et les Pa-lestiniens à la table des négocia-tions. Si méritoire soit-elle, ladiplomatie de son envoyé spécialau Proche-Orient, Miguel AngelMoratinos, tourne à vide. Seschances de réussir sont pratique-ment nulles, aussi longtemps queWashington ne fait rien.

Or les Etats-Unis, auxquels l’UEa adressé au début du mois d’avrildes propositions de coopérationen dix points pour sortir de l’im-

passe, ont répondu par un accuséde réception tout juste courtois.

M. Arafat a suggéré lundi à Parisl’utilisation du levier économiqueeuropéen envers Israël. Une ga-geure, lorsqu’on pense à la diffi-culté que la France a eu de faireadopter par ses quatorze parte-naires de l’UE au sommet d’Ams-terdam, le 18 juin, puis par leschefs des pays les plus industriali-sés, à Denver le 22 juin, de simplesdéclarations relatives au Proche-Orient. Le conseil européend’Amsterdam invitait « les peuplesdu Proche-Orient à s’associer auxpeuples d’Europe pour bâtir un ave-nir harmonieux » et engageait « lesdirigeants israéliens et palestiniens »à faire avancer les choses.

CONTORSIONS ET ELLIPSESL’élément le plus original du do-

cument est l’appel adressé au« peuple israélien » à ne pas « ex-clure la possibilité d’un Etat » pales-tinien. L’idée d’un Etat avait étéformulée par la Communauté eu-ropéenne au début des années 80,mais, pour des raisons tenant aux

sensibilités des Etats membres, ellea donné lieu par la suite à descontorsions du genre : droit à l’au-todétermination, avec tout ce quecela implique.

Le sommet de Denver fut pluselliptique que le sommet d’Ams-terdam, et s’est tout simplementengagé à donner « un nouvel élan àla paix ». Dans la foulée, le pré-sident Clinton affirmait qu’il ferait« tout ce qu’il peut raisonnablementfaire pour empêcher le processus depaix de capoter ». A JacquesChirac, M. Clinton a dit qu’il réflé-chissait à certaines idées. Il n’a pasencore livré le fruit de ses ré-flexions.

« L’idée de la paix est en train demourir dans l’esprit des gens. LesEtats-Unis sont passés maîtres dansla diplomatie de la gestion descrises. Combien de personnes de-vraient-elles mourir pour que le pré-sident Clinton bouge ? », s’interro-geait lundi soir à Paris Saëb Erakat,chef des négociateurs palestinienset ministre des collectivités locales.

M. Na.

Le no 2 du GIA algérienaurait fait défection

Un communiqué du groupe islamiste a annoncéla « trahison » de son « responsable

aux relations extérieures », Radwan MakadourDANS une démarche inhabi-

tuelle, le Groupe islamique armé(GIA) a annoncé lundi 30 juin la« trahison [... ], il y a quelquesjours », de l’un de ses responsables,Radwan Makadour, alias Abou Bas-sir. Dans un texte daté du 27 juin, leplus intransigeant des groupes isla-mistes armés précise que son « res-ponsable [... ] a communiqué [auxforces de sécurité algériennes]d’importantes informations sur lesresponsables du Groupe ainsi que surses centres et places fortes ».

Le document demande aux re-présentants du GIA à l’étranger deprendre toutes leurs précautions,« ce traître [... ] ayant donné [auxservices de sécurité algériens] leursnoms et révélé tous les plans relatifs àl’acheminement du matériel ». Tou-tefois, le GIA relativise l’impor-tance de cette défection – la pre-mière à être rendue publique – caril s’en serait aperçu « en tempsutile ». Les autorités algériennesn’ont fourni aucune informationsur le sort de celui que le quotidienalgérien Liberté présente dans sonédition de mardi comme « le numé-ro 2 du GIA ».

Natif de Hussein Dey, un quar-tier populaire d’Alger, âgé d’unetrentaine d’années, Radwan Maka-dour, de son vrai nom MohamedSaidj, est un militant historique del’ex-Front islamique du salut (FIS).Proche d’Ali Benhadj, le numérodeux du mouvement (actuellementen détention), il aurait été impliquédans l’enlèvement en 1993 de troisagents consulaires français. Plus si-gnificatif : il avait signé, en tant que« fondé de pouvoir », le communi-qué 47 du GIA annonçant l’élimina-tion par des dissidents de DjamelZitouni, le chef du mouvement isla-miste, et son remplacement parAntar Zouabri. A cette occasion, ledauphin de Djamel Zitouni, un cer-tain Abou Reyhana, de son vrainom Farid Achi, avait été écarté. Or,c’est ce dernier qui a signé lecommuniqué de lundi annonçant la« trahison » du numéro 2 dugroupe islamiste.

« Responsable aux relations exté-rieures » d’un GIA apparemmentsoumis à de fortes tensions, Rad-

wan Makadour était « le seul à en-tretenir le contact avec les relais qui,pour des raisons de sécurité, sont res-tés inconnus des autres responsablesde l’organisation terroriste », croitsavoir le quotidien Liberté. Parmicelles d’une vingtaine d’autres diri-geants islamistes, la tête de Rad-wan Makadour était mise à prix(pour une prime de 3 millions dedinars [environ 300 000 francs], unedes plus élevées) sur des affichesplacardées il y a un mois.

Alors que la publication detoutes les informations sécuritairessont soumises à la censure, Libertéestime que la défection de RedwanMakadour est à l’origine des « opé-rations de vaste envergure menéespar les forces de l’ordre dans la mi-tidja [la plaine au sud d’Alger, qui]auraient permis (...) la destruction deplusieurs caches importantes duGIA ». Les réseaux de soutien duGIA à l’étranger vont égalementpâtir de cette trahison, note Liber-té : « Le premier indice est venu deLondres avec l’arrêt (...) de la paru-tion du bulletin Al Ansar, dirigé parun ami personnel de Makadour ».

Y a-t-il eu vraiment « trahison » ?Les responsables de la police fran-çaise, de leur côté, affichent un cer-tain scepticisme sur l’éventualité dela « défection » d’un responsable dela trempe de Redwan Makadour.Mais ils n’ont pas encore eu d’in-formations de la part de leurs inter-locuteurs algériens traditionnels, nid’accès direct au communiqué.

Erich InciyanJean-Pierre Tuquoi

a Cinq Algériens islamistesmembres présumés du GIA ontété condamnés lundi 30 juin àTurin à des peines de prison pour« association de délinquants etfaux ». Arrêtés avec une ving-taine d’autres islamistes le 7 no-vembre 1996, au cours d’unevaste opération policière, lesprévenus sont notamment soup-çonnés par la police italienned’avoir eu un « rôle logistique »dans les attentats commis enFrance en 1995 (8 tués, 194 bles-sés). – (AFP)

Page 4: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0004-0 WAS LMQ0207-4 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0464 Lcp: 196 CMYK

Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg et président en exercice du Conseil européen

« La réponse à la crise de l’emploi n’est pas la dérégulation »

LUXEMBOURGde notre envoyé spécial

La grande-duchesse, l’héroïnenationale Charlotte de Nassau-Weilbourg, cette figure embléma-

tique de la résistance contre l’an-nexion nazie, décédée en 1985, estnée le 23 janvier 1896. Comme ilest plus agréable de faire la fête enété, cet anniversaire a été déplacéde six mois, à une date qui setrouve être la veille de la fête pa-tronale du grand-duc Jean, l’actuelsouverain. Qu’importe ! C’est unefaçon très luxembourgeoised’aborder les problèmes, danscette petite nation qui a fait dubien-être de ses habitants le pre-mier impératif et où les questionsde principes, de préséances, deprotocole sont considérées avecl’ironie des petits qui regardent lesgrands fanfaronner dans la courde récréation.

Car nous sommes ici dans lepays le plus riche du monde, selonles instruments de mesure de laBanque mondiale. Son produit na-tional brut par habitant, mêmecorrigé par les parités de pouvoird’achat, frôle les 40 000 dollars,plaçant le pays loin devant laSuisse et les Etats-Unis.

Les pointilleux diront bien quele revenu des nombreux travail-leurs frontaliers, qui gagnent leurvie au Luxembourg, maisconsomment en France, en Bel-gique ou en Allemagne ne de-vraient pas être comptabilisésdans ces statistiques, auquel cas laConfédération helvétique pren-

4 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 I N T E R N A T I O N A L

« Vous prenez la présidencede l’Union européenne (UE)après l’échec du Conseil euro-péen d’Amsterdam. Quelle estvotre analyse de la situation ?

– Je ne crois pas qu’on puisseparler d’échec, car sur bien despoints il y a eu des progrès no-tables. Même si le nouveau traitémanque de souffle, il nous permet-tra d’aborder l’élargissement auxpays d’Europe centrale dans demeilleures conditions que cellesqui prévalaient avant qu’il n’existe.Je suis un peu déçu par le peud’avancées que nous avons fait ence qui concerne l’extension duchamp d’application de la majoritéqualifiée. J’ai une préférence ra-tionnelle pour la majorité qualifiéedans des domaines qui ne sont pasessentiels en termes de souverai-neté nationale. Nous disposons dé-sormais d’un instrument qui de-vrait nous permettre de procéder àl’élargissement dans de bonnesconditions, mais pas dans d’excel-lentes conditions.

– Ce relatif échec... – Cette formule me plaît beau-

coup plus ! – Ce relatif échec a des causes

multiples, mais est-ce que lespetits pays, et en particulier levôtre, n’ont pas une part impor-tante de responsabilité dans leblocage de la réforme institu-tionnelle en refusant la modifi-cation du rapport de forcesdans les votes au Conseil ?

– Très sincèrement, je ne le croispas. Je veux bien que dans certainsgrands pays, pas dans tous, on es-saye d’accréditer cette thèse pourpouvoir se décharger de la cores-ponsabilité que nous devons assu-mer tous. Les petits pays étaientd’accord, surtout le plus petitd’entre eux, pour remplacer le sys-tème actuel de pondération desvotes par un nouveau système quiaurait repris le système actuel etl’aurait complété par l’adjonctiond’un deuxième critère démogra-phique : à partir du moment oùnous aurions constaté au sein duConseil l’existence d’une majorité

qualifiée, nous aurions vérifié sicette majorité obtenue sur la basede la pondération des voix reflétaitbien une majorité de l’ordre de60 % à 65 % de la population enEurope. L’Allemagne était d’ac-cord.

– Ce sont les Français qui ontrefusé ?

– Ce sont la France, l’Espagne etle Royaume-Uni qui n’en n’ont pasvoulu. Lorsqu’on dit que les petitspays ont été les empêcheurs detourner en rond, cela ne corres-pond pas à la réalité. Il y avait dixEtats membres plus l’Allemagnequi étaient en faveur de ce systèmede la double majorité.

Je crois quele modèle socialeuropéena des vertus que nousn’avons pas le droitde jeter à la poubelle

– Alors maintenant la ma-chine est grippée ?

– On ne peut pas aller si loin.Nous nous sommes mis d’accord àQuinze sur le résultat de cetteconférence, et si nous étions allésplus loin, ce qui aurait corresponduà mes souhaits, nous aurions eu àaffronter de très sérieuses diffi-cultés au moment de la ratification.Lorsque nous avons signé le traitéde Maastricht, nous avons prévude veiller, la prochaine fois, à éviterune désaffection de l’opinion pu-blique à l’égard de l’Europe. Il fautsavoir que si nous étions passés del’unanimité à la majorité qualifiéepour des matières comme l’asile,l’immigration, le franchissementdes frontières extérieures, si vousaviez enlevé aux petits Etatsmembres leurs postes de commis-saires, nous aurions eu les piresdifficultés pour ratifier ce traité.

» Je constate que certains sonten train de pleurnicher, qui n’ontrien fait à Amsterdam pour faireavancer la machine dans le sens oùils prétendent qu’ils voudraient lavoir avancer. J’avais proposé avecbeaucoup d’insistance qu’on passede l’unanimité à la majorité quali-fiée pour fixer des règles mini-males en matière de licenciements,j’ai proposé qu’on passe à la majo-rité qualifiée pour régler les pro-blèmes que pose la représentationdes travailleurs, j’ai proposé d’in-clure le droit de grève dans la lé-gislation communautaire..., j’ai re-cueilli l’appui du premier ministreitalien, alors ! Dire que les petitsEtats n’auraient rien fait pour quela zone d’application de la majori-té qualifiée soit étendue jusqu’aucœur des problèmes sociaux qui seposent aux travailleurs en Europe,cela relève de la description extra-vagante.

– Le problème social... – Il est là depuis toujours... – Il a été souligné avec une

certaine force en France depuisle changement de gouverne-ment. Comment envisagez-vous de l’aborder ?

– La marche vers l’union moné-taire donne l’impression que l’Eu-rope s’est engagée dans une dé-marche du « tout économique ».C’est une erreur de marketing quine cesse de m’impressionner. » Lapolitique de convergence quenous avons mise en place avec letraité de Maastricht a déjà aboutià un succès important sur le plansocial : nous avons une inflationhistoriquement basse et la stabili-té des prix assure le maintien dupouvoir d’achat, notamment pourles revenus les plus modestes.

– Mais le problème au-jourd’hui ce n’est pas l’infla-tion, mais ce que certainséconomistes appellent la« stagflation », une langueurqui laisse peu d’espoir pourl’amélioration de la situationde l’emploi...

– Scientifiquement et empiri-quement, on ne peut pas dire que

la relance de l’économie passe parune politique budgétaire expan-sive. Les exemples européens desannées 70-80 montrent que cechemin n’est pas la voie du succès.

– Vous êtes donc plutôt du cô-té de M. Waigel que de celui deM. Strauss-Kahn ?

– Le problème ne se pose pas ences termes. Il ne s’agit pas de la seuleopposition entre la France et l’Alle-magne, dans la mesure où derrièrel’Allemagne il y a beaucoup d’Etatsmembres et derrière la France, beau-coup de sensibilités. Comme Etatmembre, je me situe plutôt dans lamouvance de l’Allemagne, et masensibilité me place plutôt dans latendance du gouvernement français.J’ajoute qu’il ne faut pas relâcherl’effort de lutte contre l’inflation, carcelle-ci est comme le dentifrice, fa-cile à faire sortir du tube, beaucoupplus difficile à remettre dedans. Lemoment venu, et il n’est pas encorevenu, on pourra peut-être envisagerde lâcher du lest.

– La préparation de la mon-naie unique ne bloque-t-ellepas tout débat allant dans cesens ? Comment va-t-on mettreen œuvre les résolutionsd’Amsterdam sur la coordina-

tion des politiques écono-miques ?

– Il n’y a pas de tabou dans le dé-bat entre les Quinze. Lorsque nousparlerons emploi, un sujet litigieuxentre nous, la question sera celle desavoir s’il faut continuer à flexibili-ser, précariser l’emploi. Je pensepour ma part que la réponse à lacrise de l’emploi en Europe n’estpas la dérégulation. Bien que noussoyons chargés de l’organisationd’un sommet sur l’emploi, je nepense pas que l’on va parvenir à ré-soudre le conflit entre ceux quiveulent « flexibiliser » et ceux quientendent faire jouer un rôleéconomique à la puissance pu-blique. Ce débat traverse tous lespays et toutes les familles poli-tiques. Je vois de grandes diffé-rences sur ce point entre M. Jospinet M. Blair. Quant à moi, un com-mentateur de la BBC m’a fait re-marquer que je tenais un discours« old Labour » ! Je crois profondé-ment que le modèle social euro-péen a des vertus que nous n’avonspas le droit de jeter à la poubelle. »

Propos recueillis parPhilippe Lemaîtreet Luc Rosenzweig

REPORTAGEDans cette petite nation,les critères de Maastrichtne posent aucun problèmeaux gouvernants

drait la tête des nations nanties. Ilreste que l’on se trouve, au cœurde l’Europe, dans un îlot de pros-périté et de quasi-plein emploi, àun jet de pierre de régions en crisecomme la Lorraine et surtout laWallonie. Un pays où les fameux« critères de Maastricht » neposent aucun problème aux gou-vernants : bon an mal an, le bud-get est en excédent ou, commecette année, si légèrement défici-taire que l’on croirait que cela aété fait exprès pour ne pas trophumilier M. Strauss-Kahn ouM. Waigel.

Le lecteur de statistiques serapourtant déçu s’il s’attend, aprèsavoir franchi la frontière duGrand-Duché, à se trouver dansun pays de cocagne où tout n’estque luxe et volupté, étalage osten-tatoire de richesses, dans unesorte de Monte-Carlo mosellan,de fric et de frime, propre à inspi-rer les scénaristes de séries télé-visées. Les 400 000 habitants duLuxembourg sont collectivementbien lotis. Ils vivent pour la plu-part dans une honnête aisance etdisposent de logements agréables,d’automobiles récentes. Enfin, ilsprofitent de leurs loisirs sans tropregarder à la dépense mais necomptent parmi eux qu’unnombre infime de grandes for-tunes.

La richesse collective se décèle àquelques petits détails. Ainsi,Esch-sur-Alzette, une ville de20 000 habitants située au cœurdu bassin sidérurgique du sud dupays, sans vocation touristiqueévidente, compte deux restau-rants étoilés Michelin et pros-pères, dont les prouesses gastro-nomiques sont principalement auservice d’une clientèle localeconstituée par les employés dugroupe sidérurgique Arbed, le pi-lier de l’économie du Grand-Du-

ché avec le secteur bancaire. Cetteaisance générale cause quelquesproblèmes à Mady Schaffner, uneénergique femme de soixante-trois ans qui préside aux destinéesde la petite ville d’Echternach,4500 habitants, blottis autour dela plus ancienne abbaye du pays,dont on va bientôt célébrer le1300e anniversaire. « Nous avonsici une crise du logement, explique-t-elle. Les propriétaires de bâti-ments vides au centre-ville n’ontpas besoin de louer pour vivre, et nesont souvent pas assez fortunés pourles rénover. Cela crée une situationcompliquée. »

PASSAGES ET ÉCHANGESExiste-t-il un « secret luxem-

bourgeois » de cette honnêteréussite qui met le pays à l’abri deseffets de la crise, lui permet defaire face, avec placidité, aux défisde la mondialisation de l’écono-mie ? Il pourrait se résumer à cetteformule : « Ne faire que ce que l’onsait faire, mais le faire bien. » C’estainsi que la sidérurgie nationale– le groupe Arbed est majoritaire-ment détenu par l’Etat – a fait lesbons choix au bon moment, pas-sant de la fabrication tradition-nelle de l’acier dans les hauts-fourneaux aux aciéries électriquesultra-modernes. Ce pays de pas-sage et d’échanges a égalementprofité du fait qu’il ne faisait peurà personne pour se tailler uneplace de choix dans le secteurbancaire, jouant avec la meilleurebonne conscience du monde surl’incapacité de l’Union euro-péenne à harmoniser la fiscalitésur les capitaux placés.

Une autre manière de s’enrichirconsiste à dépenser le moins pos-sible. « D’une certaine manière,nous sommes un pays parasite,constate Danièle Fonck, rédactriceen chef du Tagesblatt, le deuxième

quotidien du pays. Dans le do-maine universitaire et de la santé,nous utilisons les infrastructures despays voisins. » L’éternel débat surl’édification d’une université na-tionale a jusque-là été tranché enfaveur de l’octroi aux étudiantsluxembourgeois de bourses leurpermettant de faire leurs étudessupérieures à l’étranger, principa-lement en France, en Allemagne eten Belgique.

Sur ce point, Mady Schaffner,qui fait partie de l’opposition libé-rale, et le premier ministre chré-tien-social, Jean-Claude Juncker,qui dirige un gouvernement decoalition avec les socialistes, sontparfaitement d’accord : « Il ne se-rait pas bon que nos jeunes restentconfinés dans ce petit pays, affirmela bourgmestre d’Echternach, fairedes études à l’étranger favorise l’ou-verture d’esprit. »

Jean-Claude Juncker, qui par-tage ce point de vue, est pour sapart favorable à la mise en placeau Luxembourg de formationspost-universitaires « pointues »,dans le domaine financier ou dudroit international, en profitant dela présence dans la capitale de laCour européenne de justice.Membre à part entière de l’OTANet de l’UEO, le Luxembourg ne faitcependant pas d’efforts militairesexagérés, se contentant d’entrete-nir un corps d’officiers et de sous-officiers, formés dans des acadé-mies militaires étrangères, lui per-mettant d’assurer une présencesymbolique dans les états-majorsde ces organisations.

Bref, voilà un pays géré « en bonpère de famille », un peu tropd’ailleurs au goût de DanièleFonck : « Le plus influent quotidiendu pays, le Luxemburger Wort, estla propriété de l’archevêché, ex-plique-t-elle, et il fait montre d’une vigi-

lance conformiste sans faille, rap-pelant de temps en temps à l’ordrele gouvernement lorsque celui-ci es-saie de faire preuve d’un peu dehardiesse. » Cela a été notammentle cas dans l’affaire, non encorerésolue, de la construction d’unmusée d’art moderne, projet del’architecte chinois Peï, qui estbloqué par les partisans d’une vi-sion plus traditionnelle de l’actionculturelle consistant à bichonnerla moindre ruine du temps passé.

On ne s’étonnera pas alors quela devise consensuelle du pays, ex-primée à l’unisson dans la languenationale, le letzeburger, un dia-lecte germanique, soit « mir wëllebleiwe, wat mer sin ! » (nous vou-lons rester ce que nous sommes !).Un vrai défi dans un Luxembourgqui compte aujourd’hui plus de20 % de résidents étrangers per-manents, portugais pour la plu-part, où la natalité des Luxem-bourgeois de souche est trèsfaible, où les principales banquesdu pays sont des filiales d’établis-sements financiers allemands,belges ou français. Mais un pays,aussi, où les vicissitudes de l’His-toire, notamment les appétits dugrand voisin allemand, ont fondéun sentiment national indéniable,« une forte volonté de continuer àvivre ensemble », selon Jean-Claude Juncker.

Echternach est située tout prèsde la frontière allemande, et a étépresque totalement détruite en1945, lors de la bataille des Ar-dennes. Mady Schaffner, dont lepère, bourgmestre et résistant, futdéporté par les nazis, est fière deson identité luxembourgeoisesans faille : « Je ne ferai jamais demal à un Allemand, dit-elle, mais sil’un d’entre eux parle de travers, jele remets toujours à sa place ! »

Luc Rosenzweig

Le Luxembourg prend la présidence de l’Union européenneLe pays le plus riche du monde, selon les critères de la Banque mondiale, guidera la marche de l’Europe de juillet à décembre.

Cet Etat prospère, géré « en bon père de famille », vit selon sa devise : « Nous voulons rester ce que nous sommes »Le Luxembourg exerce à partir du 1er juillet etjusqu’en décembre la présidence de l’Unioneuropéenne. Selon les statistiques de laBanque mondiale, c’est le pays le plus richedu monde – avec un produit national brut

par habitant de 40 000 dollars. Il remplit hautla main les fameux critères de convergencede Maastricht. Dans un entretien, le premierministre Jean-Claude Juncker analyse la si-tuation de l’Europe après le « relatif échec »

du sommet d’Amsterdam et fait le point surle système actuel de pondération des votesainsi que sur le modèle social européen.Chaque année, le 23 juin, le grand-duché esten fête. Les fanfares défilent dans les rues

des villes et des villages. Les journaux pu-blient d’imposantes listes de personnes mé-daillées. Tout cela à l’occasion de l’« anniver-saire de la grande-duchesse » qui fait officede fête nationale.

Le NéerlandaisWim Duisenbergest le nouveau« grand banquier »européen

LE PRÉSIDENT de l’Institutmonétaire européen, le Néerlan-dais Wim Duisenberg, a officielle-ment pris ses fonctions, mardi1er juillet, à Francfort. La passationdes pouvoirs entre M. Duisenberget le Belge Alexandre Lamfalussys’était déroulée la veille dans ungrand hôtel, en présence de som-mités bancaires européennes et dupremier ministre néerlandais, WimKok, dont le gouvernement vientd’assurer la présidence de l’Unioneuropéenne. Président pendantquinze ans de la Banque centraledes Pays Bas, Wim Duisenberg vaavoir à achever la mise en place dela future Banque centrale euro-péenne, qui se coulera dans lemoule de l’Institut monétaire auprintemps 1998, dès que seraconnue la liste des pays éligiblespour le lancement de l’Unionécononomique et monétaire euro-péenne, au 1er janvier 1999.

Il y a trois ans, lorsque queM. Lamfalussy a pris ses fonctions,tout était à faire. Il a fallu installerl’Institut monétaire en haut d’ungratte-ciel de Francfort, recruter lepersonnel venu de tous les pays del’Union, lancer les préparatifstechniques pour que la futureBanque centrale puisse voir le jouren temps voulu. Après des mois denégociations délicates, c’est main-tenant en bonne voie. Le Conseileuropéen d’Amsterdam a fixé lecadre dans lequel opérera la BCE,notamment les règles de disciplinebudgétaire de la zone euro. Lechoix des billets et des pièces estfait.

Dans les mois à venir, il reste àaffiner les règles de fonctionne-ment du futur Système européende banques centrales (SEBC) et àaccompagner les préparatifs né-cessaires pour le passage à l’euro.L’Institut monétaire européen estchargé d’un des deux rapports surla conformité des situationséconomiques des pays de l’Unionavec les critères de Maastricht, quidoivent être rendus en avril 1998pour permettre au Conseil euro-péen de fixer la liste des futursmembres de l’Union monétaire.

Compte tenu du débat actuelsur la marge d’interprétation descritères en matière de déficit bud-gétaire, l’avis de l’IME sera parti-culièrement important. Son pré-sident, qui ambitionne de devenirle premier président de la Banquecentrale européenne en 1998, vadevoir faire preuve de sens poli-tique. Ces derniers mois, les auto-rités françaises, qui le soup-çonnaient d’être trop proche desthèses monétaristes de la Bundes-bank, avaient émis des réservessur son ambition.

Fort de son expérience aux Pays-Bas, l’un des pays européens qui ale mieux réussi à sortir de la crise,Wim Duisenberg, un social-démo-crate francophile, ancien ministredes finances, est partisan d’unestricte discipline monétaire asso-ciée à des réformes pour mieuxgérer le marché de l’emploi. Il luifaudra convaincre le nouveaupouvoir en place en France, qui nenourrit pas de prévention à sonégard, de son aptitude à gérer lafuture politique monétaire euro-péenne en bonne entente avec lesgouvernements.

Henri de Bressonet Pierre-Antoine Delhommais

Page 5: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0005-0 WAS LMQ0207-5 Op.: XX Rev.: 30-06-97 T.: 16:18 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0465 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 5Publicité

Page 6: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0006-0 WAS LMQ0207-6 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0466 Lcp: 196 CMYK

6 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 I N T E R N A T I O N A L

Le président albanais Sali Berisha reconnaît sa défaite électoraleTIRANA

de notre envoyé spécialDes tirs nourris d’armes auto-

matiques ont salué dans la capi-tale albanaise, lundi 30 juin à14 heures, l’intervention téléviséedu président Sali Berisha. Un festi-val de pétarades qui, dans le sudde l’Albanie, s’est converti en unrodéo infini de détonations detoute nature. Au même moment,Fatos Nano, son rival socialiste,détaillait devant les journalistesses succès lors des élections légis-latives du 29 juin, dont tout donneà penser – dans l’attente des résul-tats officiels – qu’il s’agira d’unevictoire triomphale.

Les socialistes et leurs alliés sontdéjà assurés de remporter 95 des155 sièges du Parlement. M. Beris-ha a donc reconnu sa défaite endes termes mesurés et dignes, ad-mettant que « les électeurs alba-nais ont voté pour que le Parti dé-mocratique (PDA) soit dansl’opposition » et que ce scrutinétait « l’unique voie pour donner aupays la possibilité de sortir de lacrise », bien que « les conditions etles circonstances aient été loind’être normales ».

Réélu il y a quatre mois à la pré-sidence de la République, enpleine tourmente insurrection-nelle après un premier mandat de

cinq ans, Sali Berisha n’a pas an-noncé sa démission mais a « ga-ranti aux électeurs, qu’au nom desplus hauts intérêts, leur vote et leurverdict seront entièrement respectéscomme seront respectées, sans au-cune hésitation, [ses] déclarationsantérieures ». Ce qui signifiequ’après le deuxième tour, di-manche 6 juillet, l’ancien cardio-logue pourrait abandonner la pré-sidence à un moment que lui seuldéterminera. Il a également invitétous ceux qui l’ont accompagnéjusqu’au dernier moment à suivreson exemple et à respecter la voixdu peuple qui, cinq ans aprèsl’avoir porté à la tête du pays enmars 1992, lui a magistralement si-gnifié son congé.

La promptitude de son interven-tion, son ton et l’hommage qu’il arendu aux institutions internatio-nales ont surpris de la part d’unhomme qui, depuis le mois de fé-vrier, s’est accroché au pouvoir endépit des secousses traversées parson pays et déclenchées par l’ef-fondrement des sociétés finan-cières pyramidales. Sali Berisha a-t-il finalement, contraint et forcé,complètement rendu les armes ?Les prochains mois le diront,comme ils permettront de savoircomment il entend situer son rôledans l’opposition. Fatos Nano

s’est fait magnanime en proposant« de serrer la main du citoyen Be-risha », main qu’il « préfère à cellede Berisha président », et s’est dé-claré prêt à la collaboration pourla mise en place d’institutions dé-mocratiques solides.

L’AVAL DE L’OSCEA l’inverse, le silence a été total

du côté du Parti démocratique. Sesdirigeants ne sont pas apparus de-vant les journalistes malgré l’an-nonce de plusieurs conférencesqui ne se sont jamais concrétisées.La situation est restée calme dansle pays, mais les rues de Tiranaétaient anormalement vides,comme si les habitants craignaientdes réactions violentes ou des dé-rapages. Pour le moment, les so-cialistes ont choisi de s’abstenir defêter leur victoire, préférant éviterque les rancœurs des vaincus nedonnent lieu à des provocations.

Moins de vingt-quatre heuresaprès la clôture des bureaux devote, l’OSCE (Organisation pour lasécurité et la coopération en Eu-rope) a pratiquement donné, lundiaprès-midi, son aval à la consulta-tion, qualifiée « d’acceptable à cestade ». L’OSCE a souligné que lesélecteurs ont pu voter « sanscrainte et sans intimidation, bienqu’il y ait eu de sérieux problèmes

de dépouillement dans quelquessecteurs ». Elle a noté le « compor-tement impartial et correct descommissions électorales dans laplupart des cas ». Enfin la libertédes observateurs locaux et inter-nationaux sur le terrain n’a pas étéentravée.

En conclusion, précise lecommuniqué présenté par Cathe-rine Lalumière, coordonnateurspécial, Sir Johnston Russell, res-ponsable au Conseil de l’Europede la délégation parlementaire, etJavier Ruperez, président de l’As-semblée parlementaire de l’OSCE,« il a été démontré que l’Albanie, endépit de quelques irrégularités mi-neures et de quelques problèmes sé-rieux dans de rares zones, était ca-pable, avec la proche collaborationde l’OSCE, de procéder à des élec-tions de manière raisonnablementordonnée ».

Le chargé de mission de l’OSCE,Franz Vranitzky, doit donner, à Ti-rana, mardi 1er juillet, sa caution àce premier acte qui, pour Mme La-lumière, va « dans le bon sens » àcondition que « le vainqueur nesoit pas trop triomphant et le [que]vaincu [soit] fair-play ». Pour lemoment, c’est le chemin quisemble être pris.

Michel Bôle-Richard

Le retour de Fatos Nano, sorti de prison le 11 marsTIRANA

de notre envoyé spécialLa fausse rumeur de la démission du président

Sali Berisha est parvenue depuis peu dans la sallede presse, lundi 30 juin, lorsqu’un journaliste de-

mande à Fatos Nano ce qu’il pense de cette nou-velle. « Y a-t-il quelque chose dans mon attitude etdans mes sentiments qui vous donne l’impressiond’avoir changé », a répondu sarcastique et imper-turbable, le secrétaire du Parti socialiste. Cetéconomiste de quarante-cinq ans n’est pashomme à se démonter, même lorsqu’il apprendque le président, qui lui a valu de pourrir quatreans en prison, vient pratiquement de lui passer lamain.

Et pourtant quelle revanche pour celui quis’était fait un point d’honneur de mettre un termeà « la dictature » et d’écarter celui qui l’incarnait !Seul un petit sourire amusé et narquois s’afficheparfois derrière les fines lunettes du nouvel

homme fort de l’Albanie. Pour lui, comme il l’a re-connu, la prison est déjà une histoire oubliée. Il estvrai que les choses sont allées très vite depuis sasortie, le 11 mars, à la faveur des émeutes. Quel-ques jours plus tard, en effet, Fatos Nano était am-nistié et pouvait reprendre les commandes de sonparti, qu’il n’avait jamais abandonnées même de-puis sa cellule. Emprisonné le 30 juillet 1993, justequelques heures avant de prononcer un discours,il revendique d’avoir été « le premier prisonnier po-litique de Berisha ». Accusé de détournement defonds en faveur d’un tiers à propos de transfertd’aide humanitaire en provenance d’Italie, il seracondamné en avril 1994 à douze années d’empri-sonnement. Pour Amnesty International et Hu-man Rights Watch à Helsinki, il est clair qu’il s’agitd’un prisonnier de conscience.

UNE DOUBLE ROSE EN SYMBOLEDans sa cellule de 10 mètres carrés, il ne fut ja-

mais maltraité et en est sorti « plus tolérant et plusmodéré » parce que, explique-t-il, « à court termeon devient agressif, à long terme on est détruit, et àmoyen terme on s’assagit ». Fils d’un directeur de latélévision, il se dit libéral et social-démocrate. « Ja-mais je n’ai été marxiste », assure ce militant, quicomme beaucoup d’autres sous Enver Hodja – etnotamment Sali Berisha – furent des membres duParti du travail (communiste). Son adversaire di-

rect dans la campagne électorale est devenu ad-versaire obsédé du communisme. Fatos Nano asuivi une trajectoire plus souple. Il s’en est écarténormalement parce qu’il affirme n’avoir jamaisjoué un rôle actif. Aujourd’hui ses adversaires re-prochent à ce professeur d’économie d’avoir faitpartie de l’Institut marxiste-léniniste dirigé par laveuve du dictateur communiste Nexhmije Hodjaet au sein duquel s’élaborait la doctrine officielle.« Faux, répond-il, je faisais simplement des re-cherches. »

C’est néanmoins sur les décombres du Parti dutravail que sera constitué en 1991le Parti socialiste,dont le symbole est une double rose. Au bout dequelques années, il le débarrassera de ses oripeauxmarxistes, mais il n’est pas encore membre de l’In-ternationale socialiste. Se situant « entre Jospin etBlair », l’ambition de celui qui fut, pendant centjours en 1991, le dernier premier ministre de l’an-cien régime communiste de Ramiz Alia est decréer un véritable Etat de droit avec des institu-tions solides qui puissent survivre aux tremble-ments de terre de la transition post-communiste.La première transition s’est mal terminée. Ladeuxième va naître. « On a toujours perdu deschances », regrette Fatos Nano. Aujourd’hui, lachance est de son côté. Que va-t-il en faire ?

M. B.-R.

PORTRAITLe secrétaire du Parti socialiste,vainqueur aux électionslégislatives, se dit libéralet social-démocrate

Boris Eltsine nomme sa fille cadetteconseillère présidentielleMOSCOU. Boris Eltsine a nommé sa fille cadette, Tatiana Diatchenko,conseillère présidentielle chargée de l’image du chef de l’Etat russe, aannoncé le porte-parole du Kremlin, Sergueï Iastrjembski, lundi30 juin. Mme Diatchenko, trent-sept ans, avait déjà été chargée, à titreofficieux, de promouvoir l’image de son père lors de la campagne élec-torale présidentielle de mars à juillet 1996, à l’issue de laquelle M. Elt-sine avait été élu pour un second mandat. La fille du chef de l’Etat, ma-riée et mère de deux enfants, avait discrètement accompagné son pèreau sommet de Denver (Etats-Unis), du 20 au 22 juin. « Ma nominationa été une décision difficile pour le président, mais elle doit lever toute am-biguïté sur mon statut », a-t-elle déclaré à l’agence Itar-Tass. – (AFP.)

Les soldats belges accusés de torturesen Somalie ont été acquittésBRUXELLES. Le conseil de guerre de l’armée belge a acquitté, lundi30 juin, deux parachutistes de l’opération « Restore Hope » en 1993 enSomalie, accusés de sadisme à l’égard d’un jeune Somalien. Les deuxhommes, Kurt Coelus et Claude Baert, avaient tenté de faire « rôtir »un adolescent au-dessus d’un brasero, toutefois leur victime était sor-tie sans brûlures graves de cette séance de torture. Trahis par une pho-tographie et le témoignage accablant d’un de leurs anciens compa-gnons, Coelus et Baert avaient reconnu les faits. Dans son arrêt, leconseil de guerre a estimé que l’enfant n’a pas été blessé et qu’aucunepreuve n’a été fournie que ses vêtements aient brûlé. « Il n’y a pas deracisme » dans cette affaire, et « les relations avec les enfants somaliensétaient optimales », a déclaré le juge Moeremans. – (AFP.)

ASIEa CORÉES : les Etats-Unis, les deux Corées et la Chine ont accepté,lundi 30 juin, la tenue de pourparlers de paix quadripartites sur la pé-ninsule coréenne qui se tiendront à partir du 5 août à New York. Lesnégociations visent à aboutir à un traité de paix en bonne et dueforme remplaçant le simple armistice de 1953. – (Reuter.)

EUROPEa BOSNIE : Radovan Karadzic, ancien président de la RepublikaSrpska (RS, entité serbe de Bosnie), a accusé, lundi 30 juin, la pré-sidente de la RS, Biljana Plavsic, de « briser l’unité de la direction desSerbes de Bosnie face à la communauté internationale ». L’ancien leaderdes Serbes de Bosnie, inculpé de génocide, crimes contre l’humanité etcrimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougo-slavie (TPI), reproche à Mme Plavsic d’être trop « conciliante » avec lacommunauté internationale. Plus tôt dans la journée, Mme Plavsic avaitaccusé M. Karadzic d’avoir fomenté un coup d’Etat en RS. – (AFP.)a ITALIE : le produit intérieur brut a de nouveau diminué, de 0,4 %,au premier trimestre par rapport aux trois premiers mois de 1996, aannoncé, lundi 30 juin, l’office statistique national. Il avait baissé de0,2 % au quatrième trimestre de 1996. Le chef du gouvernement, Ro-mano Prodi, a appelé, lundi, à une nouvelle baisse des taux d’intérêt,estimant que, malgré « de timides signaux de reprise » l’économie nepeut se relancer « que dans un contexte d’assainissement et avec unfaible coût de l’argent ». Le taux de l’escompte a été ramené, depuislundi, de 6,75 % à 6,25 %, mais la plupart des observateurs ne pré-voient pas de nouvel assouplissement monétaire avant septembre. –(AFP.)

AMÉRIQUESa CUBA : plusieurs milliers de catholiques cubains se sont rassem-blés, dimanche 29 juin, sur la place de la cathédrale à La Havane pourla première messe en plein air célébrée à Cuba depuis plus de trenteans. – (Reuter.)

Deux otages de l’ETA ont été libérésen EspagneSAINT-SÉBASTIEN. Deux otages, retenus depuis plusieurs mois parl’organisation indépendantiste basque ETA, ont été libérés, mardi1er juillet au Pays basque. Le gardien de prison José Antonio Ortega La-ra, séquestré depuis 532 jours, a été libéré lors d’une opération de po-lice dans la province basque de Guipuzcoa. Quelques heures plus tôt,un coup de téléphone passé au nom de l’ETA au quotidien indépen-dantiste Egin avait permis de découvrir l’avocat Cosme Delclaux, atta-ché à un arbre dans le village d’Elorrio (province basque de Biscaye).Séquestré par l’ETA depuis 232 jours, il a été libéré par l’organisationaprès le paiement d’une rançon qui, selon des sources proches de l’af-faire, se monte à la somme record de 1,5 milliard de pesetas (60 mil-lions de francs environ). – (AFP.)

Les principaux membres du cabinetBulent Ecevit, dirigeant du DSP (Parti démocratique de gauche),

qui était premier ministre au moment de l’intervention turque àChypre en 1974, revient au gouvernement en tant que vice-premierministre. Ismet Sezgin sera également vice-premier ministre pour leDTP (Parti de la Turquie démocratique), une fonction qu’il combine-ra avec le poste de ministre de la défense. Gunes Taner (ANAP), undes ministres qui avait mis en place les réformes économiques im-portantes du gouvernement Ozal, fait son retour en tant que mi-nistre d’Etat, responsable de l’économie. La diplomatie sera prise encharge par un social-démocrate, Ismail Cem (DSP). Murat Bases-gioglu (ANAP) prend la relève de la très controversée Meral Ak-sener, au ministère de l’intérieur, alors que Oltan Sungur prend latête du ministère de la justice qu’il avait déjà dirigé à l’époque deTurgut Ozal.

Mesut Yilmaz, de retour aux affaires,présente le nouveau gouvernement turc

La coalition tripartite veut barrer la route aux islamistesLe président de la République turque, SuleymanDemirel, a approuvé, lundi 30 juin, le gouverne-ment de coalition formé par Mesut Yilmaz. Le

dirigeant du Parti de la Mère patrie (ANAP) qui,à l’âge de cinquante ans, devient premier mi-nistre pour la troisième fois, est à la tête d’une

nouvelle équipe formée de trois partis, degauche et de droite, rassemblés pour barrer laroute aux islamites du Parti de la prospérité.

ISTANBULde notre correspondante

Il y a un an, Mesut Yilmaz avaitété forcé, après l’effondrement del’alliance qu’il avait brièvement for-mée avec Tansu Ciller et le Parti dela juste voie, de passer la main àNecmettin Erbakan, le vainqueurdes élections générales de dé-cembre 1995, qui lui avait succédéau poste de premier ministre. Lundi30 juin, au cours d’une brève céré-monie, c’est M. Erbakan qui lui aremis le pouvoir. La nouvelle coali-tion est composée de trois partis,de gauche et de droite, dont le seulvéritable point commun sembleêtre un désir de barrer la route dupouvoir aux islamistes du Refah(Parti de la prospérité). Ce gouver-nement « de conciliation », déve-loppera « les valeurs civiles, démo-cratiques, en faveur de la liberté »,selon les termes du nouveau pre-mier ministre. Il pourra comptersur le soutien d’une quatrième for-mation politique, le Parti populairerépublicain (social-démocrate) deDeniz Baykal.

Dans l’immédiat, la formation du55e gouvernement de la Républiqueturque permet au pays de sortir del’impasse née de la dispute entrel’armée et le premier ministre isla-miste, Necmettin Erbakan. Lesmarchés financiers ont salué l’évé-nement avec une hausse record dela Bourse. Mais les expériences pas-sées en témoignent, une telle al-liance de partis aux vues souventdivergentes a peu de chance d’ap-

porter à la Turquie la stabilité poli-tique durable dont elle a bien be-soin.

Le premier objectif de Mesut Yil-maz sera d’obtenir le vote deconfiance de l’Assemblée nationale,prévu pour le 12 juillet, après avoirprésenté son programme. Cetteétape devrait être franchie facile-ment compte tenu du nombre dedéfections au sein de la formationconservatrice rivale, le Parti de lajuste voie (DYP) de Tansu Ciller quia perdu douze députés au cours dela semaine écoulée. Le Parti de laprospérité, le DYP et le Parti de lagrande unité (BBP) se trouvent dé-sormais minoritaires au Parlement.

Parmi les objectifs prioritaires, fi-gurent des mesures demandées parles militaires, telle l’introduction del’enseignement obligatoire de huitans. Si le document reflète les

préoccupations des généraux et desdéfenseurs de la laïcité, avec des ré-férences aux principes fondateursintroduits par Atatürk, Mesut Yil-maz a cependant clairement vouluse démarquer de l’armée, qui, enmaintenant la pression sur le gou-vernement précédent, avait finale-ment obligé Necmettin Erbakan audépart. La formation du gouverne-ment, a rappelé M. Yilmaz, « prouveque la solution se trouve dans la dé-mocratie » et « sous le toit de l’As-semblée nationale ».

Le nouveau cabinet envisage éga-lement de s’attaquer à la corruption– Tansu Ciller devrait être une desprincipales cibles – ainsi qu’aucrime organisé. il veut assurer l’in-dépendance des tribunaux et limi-ter l’immunité parlementaire desdéputés. Le fameux dossier de Su-surluk – l’accident de voiture qui

avait révélé les liens entre des poli-ticiens du DYP, la police et des cri-minels – pourrait ressortir des ti-roirs où il avait été consigné par lacoalition précédente.

Necmettin Erbakan et Tansu Cil-ler, qui a échoué dans sa tentativede devenir premier ministre,avaient d’autre part proposé desélections anticipées à l’automne.Lorsqu’il a été pressenti par le pré-sident Suleyman Demirel pour for-mer le cabinet, Mesut Yilmaz avaitde son côté parlé d’un scrutin auprintemps 1998.

Aujourd’hui, le nouveau chef dugouvernement semble moins em-pressé. M. Yilmaz a certes déclaré,lundi, que des élections anticipéesauront lieu mais il est resté trèsvague sur la date du scrutin, ajou-tant que celle-ci ne pourrait êtredécidée qu’après des négociationsentre les partis politiques et les par-tenaires de la coalition. Cela ne faitpas l’affaire du Parti populaire ré-publicain (CHP) de Deniz Baykal,qui a posé comme condition à sonsoutien au gouvernement la tenuerapide d’élections. Un responsablede cette formation a déjà rappelé lenouveau premier ministre à l’ordre.Pour l’heure, Mesut Yilmaz porteles espoirs de ceux qui sont oppo-sés à toute participation des isla-mistes au gouvernement, et unemajorité de Turcs semble prête à luiaccorder sa confiance. Du moinspour quelque temps.

Nicole Pope

Page 7: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0007-0 WAS LMQ0207-7 Op.: XX Rev.: 30-06-97 T.: 18:32 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0467 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 7Publicité

Page 8: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0008-0 WAS LMQ0207-8 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0468 Lcp: 196 CMYK

8

F R A N C ELE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

LE DOSSIER Renault-Vilvordecontinue d’ébranler une partie dela gauche, qui ne se satisfait pas del’engagement pris par le gouverne-ment de « faire pression » sur leconstructeur d’automobiles pourobtenir, ainsi que le réclame Da-nielle Kaisergruber dans son exper-tise, « un plan social exceptionnel »(Le Monde du 1er juillet). Lescommunistes et les Verts, rejointspar une partie des socialistes, ontexprimé, lundi 30 juin, leur décep-tion après la confirmation de lafermeture de l’usine belge. LionelJospin devait consacrer une bonnepartie de sa journée, mardi, à dissi-per le malaise au sein de la majori-té (lire ci-dessus).

Mardi matin, sur France-Inter,Henri Emmanuelli, ancien premiersecrétaire du PS et président de lacommission des finances de l’As-semblée nationale, a indiqué qu’ilinterrogerait M. Jospin sur l’atti-tude des représentants de l’Etatlors de la réunion du conseil d’ad-ministration de Renault qui aconfirmé la fermeture de Vilvorde.« Comment ont voté les représen-tants de l’Etat, qu’ont-ils fait,qu’ont-ils dit ? », se demandeM. Emmanuelli, qui, le 28 juin,s’était déclaré « résolu à se battre »sur le dossier Vilvorde.

Rejoignant la position critiquede M. Emmanuelli, Julien Dray (PS,Essonne) compte, lui aussi, inter-peller le premier ministre sur cedossier. La Gauche socialiste estd’ailleurs vivement montée au cré-neau lundi. « Je n’ai pas été élupour ratifier le pacte de stabilité oupour approuver la fermeture del’usine de Vilvorde », a indiqué le

député du Cher, Yann Galut, dansun communiqué. « Valider cette dé-cision (...), c’est accepter la logiquede la pensée unique », a-t-il affir-mé. Soulignant que « c’est dans ledomaine économique et social quele gouvernement de Lionel Jospindoit faire ses preuves et montrer sadifférence », M. Galut estime que« la fermeture de l’usine Renault deVilvorde est une erreur ». Interro-gée sur France 3, Marie-Noëlle Lie-

nemann, maire d’Athis-Mons, « dit“non” à la fermeture » de l’usine deVilvorde, parce qu’il faut montrerque l’on « peut faire autrement ».

Si le Mouvement des citoyens,par la voix de Georges Sarre, a ma-nifesté son soutien au gouverne-ment, estimant qu’il faut « unebelle hypocrisie pour imputer l’af-faire de Vilvorde à Lionel Jospin ou àla gauche française », si le Parti ra-dical-socialiste a fait de même– son porte-parole, André Sainjon,ancien responsable de la fédéra-tion CGT des métaux, déclarantque Renault « a dû reculer sur lapression du gouvernement ac-tuel » –, les Verts se sont montrésplus acerbes. Leur porte-parole,Marie-Anne Isler-Béguin, a affir-

mé, mardi, qu’ils « ne comprennentpas » la décision de fermeture del’usine de Vilvorde, « étant donnéque l’Etat est l’actionnaire principalet qu’il pourrait intervenir davan-tage ». Mme Isler-Béguin « attend desavoir si, dans l’expertise, on a étu-dié la réduction du temps de travailhebdomadaire à trente-cinq heures,voire trente-deux heures, ou une al-ternative sur les chaînes de mon-tage ».

Le président du groupe commu-niste de l’Assemblée nationale,Alain Bocquet, a écrit lundi àM. Jospin pour lui dire qu’il est« trop tôt pour refermer le dossier deVilvorde ». « L’annonce de la déci-sion de la direction de Renault de lafermeture de Vilvorde suscite émo-

tion et amertume dans le monde dutravail. Les Français ne se sont pasprononcés pour un tel choix », écritM. Bocquet. « Vous avez rouvert cedossier sur lequel la responsabilitéde l’ancien gouvernement était di-rectement engagée. Toutes les possi-bilités doivent être étudiées (...). Iln’est pas possible de se contenter del’avis d’un seul expert, qui, de sur-croît, va dans le sens de la direc-tion », estime M. Bocquet.

Soulignant lui aussi que l’Etat,principal actionnaire, a un « réelpouvoir de décision », M. Bocquetdemande au premier ministre, « aunom des députés communistes,d’engager les concertations sur lemaintien de l’activité de l’usine deVilvorde ».

Henri Emmanuelli et la Gauche socialiste restent critiques sur Vilvorde

UNE HEURE avant que Lionel Jospin interviennedevant le groupe socialiste de l’Assemblée nationaleet réponde notamment aux interrogations de sestroupes sur la fermeture de l’usine Renault de Vil-vorde, Jacques Chirac a défendu le « modèle socialeuropéen » et les résultats obtenus par le sommetd’Amsterdam, à l’occasion du trentième anniver-saire de l’Association des journalistes de l’informa-tion sociale (AJIS) dont il était l’invité.

« Avec le traité d’Amsterdam, ce modèle social nousest désormais commun. En acceptant le protocole so-cial, la Grande-Bretagne a mis fin à l’exception britan-nique et à une situation qui ne pouvait être que transi-toire », a souligné le chef de l’Etat. Ce protocole,a-t-il ajouté, permet, d’une part, d’« élargir lescompétences de la Communauté dans le domaine so-cial, notamment en ce qui concerne l’exclusion » et,d’autre part, « renforce considérablement le rôle despartenaires sociaux au niveau européen ». Il permet-

tra également « une réelle coordination des politiquesdes Etats-membres dans le domaine de l’emploi », enadoptant des « mesures incitatives communau-taires », même si M. Chirac a reconnu que leurs li-mites avaient été « âprement négociées ».

« Le traité d’Amsterdam marque ainsi une étape,une étape parmi d’autres, mais une étape importante,dans la longue marche vers une Europe sociale », aobservé M. Chirac. Défendant les acquis du gouver-nement d’Alain Juppé, en matière de réforme del’assurance-maladie et de la consolidation des ré-gimes de retraite, le chef de l’Etat a ajouté : « Parceque les bouleversements liés à la mondialisation ontentraîné, dans notre pays comme dans tous les paysindustrialisés, l’apparition d’une “classe anxieuse”, lapriorité est aujourd’hui de rassurer nos compa-triotes. »

Pascale Robert-Diard

Jacques Chirac défend les acquis d’Amsterdam« NOUS SOMMES désormais l’axe

central d’une majorité nouvelle àl’Assemblée nationale, nous sommesle parti de la majorité, le parti majo-ritaire dans la majorité, a déclaré

Lionel Jospin,mardi 1er juillet,devant legroupe socia-liste de l’Assem-blée nationale.Cette majoritéest plurielle. Il ya là une véri-

table richesse, mais aussi l’occasionde certaines différences de réaction,au fond, bien naturelles. »

Pour M. Jospin, si « la gauche estdésormais définitivement considérée

comme une force d’alternance natu-relle », elle doit « continuer lecombat contre la droite et l’extrêmedroite ». « En effet, a-t-il dit, après sadéfaite, la droite se ressaisit et pré-pare – dans la discorde et la division,certes, mais prépare tout de même –ce qu’elle pense être sa revanche. »Le premier ministre évoque « unedroite droitisée et revancharde » :« Philippe Séguin quitte son discoursrépublicain pour endosser l’habit duconservateur » ; au-delà de la « ma-delinisation » du Parti républicain,« les idées ultra-libérales progressentpartout dans l’opposition » ; « plusgrave : l’alliance avec l’extrême droitedevient un thème évoqué au sein dela droite ».

Après être revenu sur le dossierVilvorde, M. Jospin aborde la mé-thode gouvernementale en insistantsur le respect des engagements, ladurée et l’état d’esprit : « le plussouvent, concertation, puis décision ;mais parfois décision, puis concerta-tion ». Expliquant qu’il n’aurait pasété possible de présenter un « col-lectif » budgétaire avant la secondequinzaine de juillet, M. Jospin in-dique : « Dans ces conditions, seul undécret d’avances gagé par un arrêtéd’annulation permet de modifier lebudget 1997 tel qu’il a été voté par laprécédente majorité. Ce décretd’avances réorientera la dépense pu-blique, comme nous nous y étions en-gagés, à hauteur d’une dizaine demilliards de francs. »

Aprés avoir rappelé que « c’est leprojet de loi de finances pour 1998qui sera le principal vecteur du chan-gement », M. Jospin conclut sur lanécessité de « traduire par desactes » la revalorisation du Parle-ment. « Cette préparation [des tex-tes prioritaires] est la clé de notresuccès. Je dis “notre” non seulementparce que vous êtes la majorité qui aapprouvé mon programme et quisoutient mon action, mais parce quevous serez étroitement associés – parles commissions parlementaires etpar les groupes de travail – à cettepréparation. (...)Vous êtes là pourparticiper au travail gouvernemental,vous y êtes associés, vous devez yprendre toute votre place (...), maisvous êtes aussi – surtout – là poursoutenir le gouvernement et défendrecette politique à laquelle, je le répète,vous devez être étroitement asso-ciés. »

« Vous êtes là pour soutenir le gouvernement »

La CFDT de Renaultécrit aux ministres

La section CFDT de Renault etson délégué central, EmmanuelCouvreur, ont écrit, mardi1er juillet, à Louis Schweitzer,PDG de Renault, et ont transmisune copie courte de cette lettre àDominique Strauss-Kahn, mi-nistre de l’économie, des fi-nances et de l’industrie, et àMartine Aubry, ministre del’emploi et de la solidarité.

Dans cette lettre ouverte, laCFDT demande des clarifica-tions sur le rapport d’expertise,présenté au conseil d’adminis-tration de Renault le 28 juin. LaCFDT tient « à faire part de sondésaccord sur les conclusions rela-tives à l’impact de la réduction dutemps de travail ». Sur trois as-pects, « la durée du maintien enactivité de Vilvorde », « la créa-tion d’une nouvelle activité, pré-servant des emplois industrielssur le site » et « le reclassementdu personnel », la CFDT de-mande des précisions.

Quatre cents postes de travail créés sur le site belgeQUELLES PROPOSITIONS Re-

nault soumettra-t-il aux salariés deVilvorde afin que, comme le sou-haite le rapport de l’experte Da-nielle Kaisergruber, aucun d’entreeux ne se trouve « sans solution » ?C’est lundi 30 juin que les négocia-tions ont véritablement commen-cé, au ministère du travail belge,entre les syndicats et la directionde Renault Industrie Belgique. In-terrompues à 20 heures, elles de-vaient reprendre mardi en débutd’après-midi.

L’objectif de ces rencontres,sous l’égide d’un bureau de conci-liation de trois personnes présidépar Roger Vanden Heule, est dedéfinir les possibilités de reclasse-ment pour les salariés concernés,

soit au total 2 267 personnes. Surles 3 100 salariés que comptait Vil-vorde lors de l’annonce de sa fer-meture, le 27 février, 126 ont en ef-fet retrouvé un nouvel emploi etne font plus partie du personnel,indique-t-on à la direction duconstructeur d’automobiles. Parailleurs, la loi belge permet de fairepartir en préretraite des salariés decinquante ans, et 637 salariés deVilvorde sont dans ce cas de figure.

Pour les autres, divers types demesures sont envisagés. D’abord,des créations d’emplois sur le sitemême : 400 postes devraient voir lejour à Vilvorde. Cent cinquante se-ront implantés dès cette année parRenault ou par ses filiales, dont lasociété de transport CAT, et 150 en

1998 ; 100 postes restent encore àidentifier.

A cette première initiativedoivent s’ajouter des propositionsde reclassement au sein des usinesfrançaises de Renault, dont plu-sieurs sites ne sont pas très éloi-gnés de la Belgique : le construc-teur pourrait offrir 210 emploisd’ouvriers et 62 postes d’employés,techniciens et cadres. Deux four-nisseurs du groupe sont égalementprêts à accueillir des salariés deVilvorde : 200 ouvriers dans unesociété d’Anvers, et 30 ingénieurset cadres dans une entreprise duLuxembourg. Il resterait donc àtrouver encore 600 propositions dereconversion.

Au siège de Renault, on précise

qu’une cellule de reclassement,semblable à celle qui avait été miseen place lors de la fermeture del’usine historique de Billancourt,est en cours de constitution. Quantà la date de fermeture effective del’usine, à propos de laquelle laCFDT a interpellé la direction mar-di, elle n’est toujours pas précisée.Après avoir initialement prévud’arrêter son activité le 31 juillet, lePDG de Renault, Louis Schweitzer,avait ensuite admis que la ferme-ture pouvait être repoussée dequelques semaines. Reste à déter-miner si cette usine, en grève illi-mitée, est actuellement ouverte oufermée.

Anne-Marie Rocco

GOUVERNEMENT Lionel Jos-pin est venu devant le groupe socia-liste de l’Assemblée nationale, mardi1er juillet, pour préciser le calendrierde travail de son gouvernement mais,

surtout, pour répondre aux critiquesque lui a values le maintien de la fer-meture de l’usine Renault de Vilvorde.Le premier ministre a fait valoir que leplan social prévu est amélioré. Il a ap-

pelé les députés socialistes à « soute-nir le gouvernement » et à « défendre[sa] politique » . b LES SALARIÉS DEVILVORDE se verraient offrir, pourceux qui ne sont pas concernés par les

mesures de préretraite ou de reclasse-ment, quatre cents emplois créés parRenault ou par ses filiales. b JACQUESCHIRAC a défendu, mardi matin, de-vant les journalistes sociaux, les

conclusions du Conseil européend’Amsterdam, qui ont fait, selon lui,du modèle social défendu par laFrance un « modèle (...) désormaiscommun ».

S’EXPLIQUER, encore s’expli-quer, mais, au passage, rappeler sesamis à la discipline majoritaire : telest l’exercice auquel s’est livré Lio-nel Jospin, mardi 1er juillet, ens’adressant au groupe socialiste del’Assemblée nationale, qu’il a appe-lé « le parti majoritaire dans la ma-jorité ». Un mois après la victoire dela gauche « plurielle » aux électionslégislatives, M. Jospin se contraintà faire de la pédagogie : petit-dé-jeuner, comme chaque mardi, avecFrançois Hollande, premier secré-taire délégué du PS et les prési-dents des groupes socialistes del’Assemblée nationale et du Sénat,Jean-Marc Ayrault et Claude Es-tier ; audition devant les députéssocialistes ; réception à Matignonde la majorité ; mercredi, déjeuneravec Laurent Fabius.

Atteint par les critiques – au PCF,au Mouvement des citoyens, maisaussi au PS – de ceux qui le soup-çonnent déjà, notamment à traversle règlement du dossier de l’usineRenault de Vilvorde, de faire uneentorse à ses engagements de cam-pagne, M. Jospin veut mettre leschoses au point, en rappelant queson programme ne porte ni surquarante jours – à la différence dece que promettait Alain Juppé –, nisur cent jours, mais sur une législa-ture. Face à des différences au seinde la majorité « plurielle » qu’il

juge, en se référant à son expé-rience du PS, « au fond bien natu-relles », il rappelle à ses amis – envisant sans les nommer Henri Em-manuelli et la Gauche socialiste, lesplus critiques sur l’adoption dupacte de stabilité ou sur Vilvorde –qu’ils sont là pour être « étroite-ment associés » au travail gouver-nemental, alors qu’ils ont approuvé« son » programme, et surtout« soutenir le gouvernement ». Plutôtque de planter des banderilles surle dos du premier ministre, ils sontinvités à combattre une droite« droitisée et revancharde » et, plusencore, l’extrême droite. « Il ne fautpas faire comme si [la droite] n’exis-tait pas, a-t-il affirmé, croire que lechamp politique se limite au rapportmajorité-gouvernement. Le combatcontre la droite reste une nécessité. »

M. Jospin s’est aussi expliqué surVilvorde en affirmant d’emblée :« J’ai tenu mon engagement : rouvrirle dossier de la fermeture de l’usineRenault. » Rappelant que l’Etat estminoritaire chez Renault, le pre-mier ministre « regrette » le sensdes conclusions de l’expert indé-pendant, mais, a-t-il ajouté, « nousne vivons plus dans une économieadministrée ».

Il a mis en relief, surtout, les ré-sultats obtenus grâce à « son » in-tervention, marquée par un soucide « solidarité » et de « responsabi-

lité » : un plan social « ambitieux »– « il n’y aura pas de licencie-ment » – et une réindustrialisationdu site – « quatre cents emplois se-ront créés ».

Assurant que « de tels événementsne doivent pas se reproduire »,M. Jospin a annoncé un projet deloi sur le contrôle des licenciementséconomiques, mais il ne s’est pasprivé d’un nouvel avertissement à

son aile gauche : « On peut souhai-ter, dans un tel contexte, et alors quenotre capacité à empêcher la ferme-ture d’une usine en Belgique est plusque limitée, que la réaction des res-ponsables socialistes ne doit pas êtrede faire revenir la responsabilité surnos épaules, d’autant qu’on obligeles communistes à hausser le tonpour retrouver un espace. »

M. Jospin est revenu sur sa mé-

thode de gouvernement, comme ill’avait fait le 26 juin au Cirque d’hi-ver à Paris, en insistant sur la durée.« Nous avons reçu du peuple fran-çais un mandat de législature », a-t-il rappelé, en soulignant que « l’effi-cacité suppose de prendre, lorsquecela est nécessaire, le temps de fairesoigneusement son travail ». Il a ain-si répété qu’il n’avait pas choisi lecalendrier politique : « Mon gouver-nement n’a donc pas disposé du dé-lai lui permettant de préparer paranticipation le travail de la nouvelleAssemblée », a-t-il plaidé en se ba-sant sur les rappels de 1981, de 1986et 1993 et de 1995 et en justifiant lerecours à un décret d’avances plu-tôt qu’à un collectif budgétaire ren-voyé de fait en fin d’année.

TEXTES PRIORITAIRESSans s’interdire des mesures de

recettes pour 1997 – tant pour lebudget de l’Etat que pour la Sécuri-té sociale, l’engagement de stabili-sation des prélèvements obliga-toires s’entendant sur la durée de lalégislature –, à la session extraordi-naire de septembre, en fonctiondes résultats de l’audit attenduspour le 21 juillet, M. Jospin fait dela loi de finances pour 1998 « leprincipal vecteur du changement ».Il a rappelé à cet égard ses objec-tifs. Pour les dépenses, une priorité« absolue » sera donnée à l’emploi.

Pour les recettes, il s’agit d’opérer« un rééquilibrage des prélèvementsen faveur des revenus du travail ».

« On peut travailler ensemble sanssession extraordinaire », a affirméM. Jospin pour expliquer l’absencede session extraordinaire en juilletet pour souligner l’importance dela préparation des textes priori-taires, « clé de notre succès ». An-nonçant sa venue régulière devantle groupe socialiste, M. Jospin a in-vité les députés à se « faire en-tendre » pour « enrichir et peser surla politique conduite ». Il en seraainsi du plan des sept cent milleemplois pour les jeunes – « jecompte sur vous pour proposer, sug-gérer, réfléchir, enrichir le débat » –,mais aussi des autres projets de loiannoncés sur lesquels il reconnaîtaux parlementaires « un vrai pou-voir d’amendement » : inscriptionautomatique des jeunes de dix-huitans sur les listes électorales, ré-forme du code de la nationalité etde la politique de l’immigration,contrôle des licenciements.

En revanche, M. Jospin a écartétoute initiative gouvernementalesur une réforme du mode de scru-tin régional, sans exclure une pro-position parlementaire, à conditionqu’elle fasse l’objet d’un consensusmajorité-opposition.

Michel Noblecourt

Lionel Jospin invite les socialistes à prendre en compte la duréeInterpellé sur le maintien de la décision de Renault de fermer l’usine de Vilvorde, le premier ministre demande aux députés du PS de mesurer

leurs critiques et de ne pas oublier que leur adversaire est l’opposition, qu’il juge « droitisée et revancharde »

Page 9: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0009-0 WAS LMQ0207-9 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0469 Lcp: 196 CMYK

F R A N C E LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 9

Des chômeurs s’invitentà la table de Nicole Notat

PAS DE RÉPIT pour Nicole No-tat. Alors que la secrétaire géné-rale de la CFDT déjeunait, lundi30 juin, au siège de sa confédéra-tion, avec Jacques Kheliff, respon-sable de la nouvelle fédérationchimie-énergie, une quarantainede militants d’associations de dé-fense des chômeurs ont fait irrup-tion, sur le coup de 13 heures, dansla salle à manger située au troi-sième étage de l’immeuble, boule-vard de Belleville, à Paris.

Un dialogue assez tendu s’estinstauré entre la présidente del’Unedic et la quarantaine de ma-nifestants d’AC ! (Agir ensemblecontre le chômage), du comitéd’action chômeurs de la CNT(anarchistes) et du collectif Tra-vailleurs, chômeurs, précaires encolère (TCP), qui avaient occupé,la semaine précédente, les locauxde l’Assedic, rue Vicq-d’Azir.

Venus avec une série de ques-tions adressées aux partenaires so-ciaux gestionnaires du régimed’assurance-chômage, ces repré-

sentants des chômeurs enten-daient protester contre une ré-forme des fonds sociaux qui doitêtre adoptée, mercredi 2 juillet, auconseil d’administration de l’Une-dic et qui, selon eux, met en causeles secours d’urgence accordés auxchômeurs. Un des volets de la ré-forme prévoit en effet que lesaides matérielles versées parl’Unedic aux chômeurs en diffi-culté pour régler loyers, facturesd’eau ou d’énergie, ou pour obte-nir la gratuité des transports,passent par des organismes agréés(associations, fonds social loge-ment, etc.), alors qu’elles sont,pour l’heure, versées directementpar les Assedic.

RECOURS AU SERVICE D’ORDREMme Notat a accepté de ré-

pondre par écrit aux questions deschômeurs. Elle a précisé que laCFDT est contre la suppressiondes fonds sociaux, qui sont inté-gralement distribués à des chô-meurs indemnisés et à certains de-mandeurs d’emploi nonindemnisés. Elle a aussi indiquéque l’allongement de la durée d’af-filiation au régime d’assurance-chômage, nécessaire à l’obtentiond’aide d’urgence du fonds social,n’est pas « une bonne mesure ». Aubout de trois heures de discussion,la tension est montée d’un cranlorsque Mme Notat a souhaité quit-ter la pièce où elle était retenue.Après quelques échanges aigresentre les cédétistes – traités de« bureaucrates » – et les militantsassociatifs – qualifiés de « chô-meurs professionnels » – et uneforte bousculade, les occupantsont été expulsés par le serviced’ordre de la CFDT.

Massés devant l’entrée de laconfédération, les manifestantsont déclaré que Mme Notat leuravait répondu « de manière lapi-daire et parfois méprisante ». Dansun communiqué, la CFDT acondamné « avec la plus grandefermeté » cette « opérationcommando » et son « comporte-ment agressif ». « On n’a pas virédes chômeurs mais des militantsd’extrême gauche », commentaitJean-René Masson, numéro deuxde la CFDT.

Alain Beuve-Méry

Pierre Lellouche met en cause Lionel JospinPierre Lellouche, député de Paris et délégué général du RPR pour

les relations internationales, accuse Lionel Jospin, dans un entretienau Figaro du 1er juillet, de vouloir « démolir la politique [étrangère]menée par Jacques Chirac depuis 1995 » et d’empiéter sur le domaineréservé du chef de l’Etat afin de « donner l’impression aux Françaisqu’il y aurait un “président bis” », selon la formule utilisée par Phi-lippe Séguin à Bourges, le 29 juin.

« Du coup, la fiction selon laquelle la France parle d’une même voixtombe à l’eau », estime M. Lellouche, qui tire argument de la positiondu ministère des affaires étrangères sur le rapprochement de laFrance et de l’Otan et des propos de M. Jospin sur le sommet du G 7à Denver (Le Monde daté 29-30 juin). « Une clarification de cette nou-velle cohabitation est donc aussi indispensable qu’urgente », ajouteM. Lellouche, pour qui le premier ministre cherche ainsi « à faire di-version » et « à faire oublier ses reniements intérieurs ».

Les indépendantistes néo-calédoniens plaidentpour un modèle de décolonisation « à la française »

Bernard Lepeu, le président de l’Union calédonienne, expose ses vues au « Monde »Lionel Jospin a reçu, lundi 30 juin, une délégationdu Front de libération nationale kanak socialiste(FLNKS), à laquelle il a promis de s’impliquer per-

sonnellement dans le dossier calédonien. Dans unentretien au Monde, le président de l’Union calédo-nienne, composante majoritaire du FLNKS, Bernard

Lepeu, précise les attentes des indépendantistes.M. Lepeu estime qu’ils ne doivent pas se laisser en-fermer dans le calendrier des acccords de 1988.

Accord entre Philippe Séguin et Alain Juppé pour les assises du RPRAPRÈS avoir menacé de se

compter, les partisans d’Alain Jup-pé et ceux de Philippe Séguin ontfinalement trouvé un accord surun texte commun. Rendu publiclundi 30 juin, ce collage assez sa-vant avait été mis au point, laveille, lors d’une ultime réunion deconciliation, qui était vivementsouhaitée par l’entourage du chefde l’Etat.

Depuis l’assemblée générale, le25 juin, de l’Association des amisde Jacques Chirac, présidée parBernard Pons, il apparaissait, eneffet, chaque jour un peu plus queles proches du président de la Ré-publique étaient décidés à se ral-lier, bon gré, mal gré, à la candida-ture de M. Séguin à la présidencedu RPR, dès lors que celui-ci avaitassuré, en chaque occasion, que lemouvement resterait le meilleurrempart de M. Chirac dans« l’épreuve de la cohabitation » et,plus généralement, celui de lafonction présidentielle. Aussi, lamotion séguiniste, signée par plu-sieurs députés chiraquiens, ris-quait-elle de faire un bon scoreaux assises du 6 juillet, tandis quecelle des proches de M. Juppé, ac-ceptée par toutes les sensibilités,ne permettait plus aux juppéistesde se compter et de faire valoirleur représentativité dans les fu-tures instances du Rassemble-ment. Pour des raisons différentes,chacun avait donc intérêt àcomposer.

PÉRIPHRASELa motion Juppé, intitulée

« Rassembler pour répondre auxaspirations des Français », et lamotion Séguin, baptisée « Réno-ver pour rassembler », deviennentdonc une motion commune, dé-nommée, tout naturellement,« Rénover pour rassembler afin derépondre aux aspirations des Fran-çais ». Tout le reste est à l’ave-nant... Pour l’essentiel, ladeuxième motion est ajoutée à lapremière.

Les juppéistes, qui redoutaient,la semaine passée, que la « pro-fonde transformation du mouve-ment gaulliste », proposée parM. Séguin, n’aboutisse à une re-mise en question du RPR, ont ob-tenu qu’il ne soit plus questionque d’une « mutation passant parune réforme des statuts du RPR ».Eux qui craignaient que les assisesn’accordent un blanc-seing au fu-

tur président pour réformer lesstatuts ont insisté pour que ce der-nier associe « l’ensemble des adhé-rents » et qu’il soit entouré par des« structures provisoires permettantun fonctionnement harmonieux etefficace du RPR » jusqu’aux pro-chaines assises, prévues à la fin del’année. Les juppéistes comptentainsi participer à une direction col-légiale. Ils ont enfin obtenu la réu-nion, en septembre, du conseil na-

tional pour contrôler la réformedes statuts. La motion commune,qui sera défendue le 6 juillet pardeux anciens ministres, JacquesToubon et Franck Borotra, pro-pose, en outre « une coopérationorganisée et renforcée [avec] les for-mations politiques qui veulent laprééminence de l’intérêt national, lalibération des initiatives et le respectdes principes humanistes ». Autantde signaux, en clair, en direction

des amis de Charles Pasqua, deceux d’Edouard Balladur, et un re-jet d’une éventuelle alliance avecle Front national. « Il faut quenotre mouvement combatte claire-ment et fermement la nouvelle ma-jorité parlementaire, est-il encoreprécisé. Le RPR doit prendre toutesa part dans la reconstruction offen-sive de l’opposition. »

M. Séguin a tout lieu de se satis-faire d’un tel accord. Il garde lesmains libres, tout en faisant la dé-monstration, à quelques jours desassises, qu’il est capable de ras-sembler le plus grand nombre au-tour de lui. Les amis de M. Juppétrouvent aussi leur avantage dansce compromis : ils n’auront pas àse compter. Enfin, les proches deM. Balladur et de Nicolas Sarkozy,qui vise le poste de secrétaire gé-néral, n’en sont pas inquiets pourautant. Ils n’avaient eux-mêmes si-gné aucun des deux textes initiaux,estimant qu’une bataille de mo-tions constituerait un mauvais dé-part pour le nouveau Rassemble-ment.

J.-L. S.

« Quel bilan tirez-vous, per-sonnellement, de la mission duFLNKS à laquelle vous avez par-ticipé, en métropole, depuis le17 juin ?

– Je suis satisfait du climat del’entretien, très cordial, que nousavons eu, à la veille de notre re-tour en Nouvelle-Calédonie, avecLionel Jospin. Nous avons senti unpremier ministre à l’écoute de nosdemandes. Je pense qu’il a sincè-rement la volonté de faire avancerles choses, même si, comme ilnous l’a dit, il a besoin de tempspour connaître tous les tenants etles aboutissants du dossier calé-donien.

» J’ai été frappé, par exemple,par le fait qu’il a lui-même pris aumoins sept ou huit pages de notes.Il nous a dit aussi qu’il s’implique-rait personnellement dans ce dos-sier, au point que je me demandes’il ne risque pas de faire concur-rence au président de la Répu-blique. Car, à l’Elysée, quelquesjours plus tôt, on nous a faitcomprendre que l’outre-mer resteune prérogative du chef de l’Etat.

» Sur l’ensemble de la missionque nous avons conduite, cela aété très positif, aussi bien à l’Ely-sée qu’à Matignon, au ministèrede l’outre-mer, au PS, au PCF, etdans les organisations syndicales.On a ressenti une très forteécoute.

– Avez-vous reçu des assu-rances concrètes sur le règle-ment de la question minière,que le FLNKS continue de posercomme un préalable à toute re-prise du dialogue sur le plan po-litique ?

– Non, la balle demeure dans lecamp de l’Etat. Si l’Etat françaisn’est pas capable de faire préva-loir ses vues au sein d’une société,Eramet, dont il est l’actionnairemajoritaire, on ne voit pas com-ment il pourra s’engager surd’autres terrains. Nous l’avonsdit : de toute façon, la négociationinstitutionnelle passera en prioritépar une discussion sur la maîtrisedu sol et du sous-sol et, aussi, surcelle des outils d’exploitation decelui-ci.

– C’est-à-dire ? – C’est-à-dire que nous voulons

récupérer la SLN [filiale d’Eramet,indirectement contrôlée par l’Etat,et première entreprise de traitementdu nickel en Nouvelle-Calédonie].Dans un pays indépendant, quisouhaite un développement har-monieux de son territoire, on nepeut pas laisser échapper un teloutil. Nous ne voulons pas être leZaïre du Pacifique. On ne peut pascontinuer à dire aux Kanaks defaire joujou avec la politique etleur interdire de toucher àl’économie. Notre projet d’usinede retraitement du nickel neconcerne pas seulement le rééqui-librage entre les provinces duNord et du Sud, mais un rééquili-brage entre les Kanaks et les non-Kanaks.

– Depuis un an, vous apparais-sez comme l’un des acteurs de laradicalisation de l’Union calédo-nienne, composante majoritaireet, jusqu’ici, perçue comme plu-tôt modérée, au sein du FLNKS.Que recherchez-vous véritable-ment ?

– Il nous faut sortir d’une sorte

de médiocrité heureuse pour nousresponsabiliser dans notre pays,pour retrouver un peu de notre di-gnité. Au sein de l’Union calédo-nienne, j’ai toujours refusé la re-cherche d’un consensus mou avecla droite locale. Moi-même, je suisprêt à composer, mais j’observeque ce sont toujours les Kanaksqui font les concessions. Déjà, lasolution de l’Etat associé, quenous proposons, vise à concilierles deux légitimités issues des ac-cords de Matignon, sans frustra-tion de part et d’autre, ni pour lespremiers occupants que sont lesKanaks, ni pour ceux qui ont ététransplantés, bon gré, mal gré,dans cette partie du Pacifique, dufait de la colonisation.

» Il n’est pas question, pournous, d’accepter un statut d’auto-nomie interne. Cela, c’était unprojet de l’UC, il y a vingt ans,dont Jacques Chirac, précisément,n’a pas voulu. L’autonomie inter-ne, aujourd’hui, pour les Kanaks,cela voudrait dire accepter d’êtredéresponsabilisés, de renier leurdignité et, finalement, de mourir.

– La solution de l’Etat associé,telle que vous la préconisez,n’existe pas dans la Constitutionfrançaise. Alors, commentfaire ?

– Une Constitution, c’est fait pardes hommes, pour des hommes.C’est donc évolutif. Il ne faut pasque la France soit frileuse. La solu-tion que nous proposons est undéfi à l’intelligence des hommesde bonne volonté, un défi à cegrand pays colonisateur qu’est laFrance, pour accompagner l’en-semble des confettis de l’empire

vers leur émancipation. On attendde la France qu’elle réussise unmodèle de décolonisation.

» J’ajoute qu’il faut arrêter de sefaire peur avec le calendrier prévupar les accords de Matignon.Même si la loi référendaire, adop-tée par le peuple français, a prévuun délai de dix ans pour les appli-quer. Si l’on a besoin d’une annéesupplémentaire, pourquoi pas ?Chacun le sait : le référendumd’autodétermination, prévu pour1998, est lui-même anticonstitu-tionnel à cause de la compositiondu corps électoral. Cela prouvebien que quand on veut jouer avecle cadre juridique, on sait le faire...

– Mais si, finalement, la négo-ciation à venir échouait ? Que sepasserait-il sur le territoire ?

– Je crois davantage à une ex-plosion sociale qu’à une explosionpolitique. Les jeunes de chez nousn’ont aucune perspective d’avenir.Ils vont demander des comptes àtous ceux, toutes ethnies confon-dues, qui n’auront pas su les pré-parer. En revanche, à partir dumoment où le peuple kanak auraretrouvé sa souveraineté, il pourraexercer son droit d’accueil, définirles garanties nécessaires pourceux qui ont été transplantés etleur donner leur place dans uneKanaky libre. C’est pourquoi jeplaide, non pas pour la revendica-tion portée par le plus grandnombre, mais pour la solution quiest la meilleure pour les deuxcommunautés reconnues par lesaccords de Matignon. »

Propos recueillis parJean-Louis Saux

Jean Tiberi juge positif le rapport sur l’OPACLA GESTION de l’OPAC (Office

public d’aménagement et deconstruction, ex-office d’HLM) deParis s’est améliorée depuis 1992,indique le rapport de la chambrerégionale des comptes d’Ile-de-France, rendu public, lundi 30 juin,par Jean Tiberi, à la fois maire deParis et président de cet orga-nisme (Le Monde du 1er juillet). Lesmagistrats financiers ont en effetconstaté que les recommanda-tions qu’ils avaient faites aprèsune première enquête, portant surla période 1989-1991, avaient étésuivies d’effet. « Au total, je relèveque l’ensemble des observations dela chambre met en évidence uneévolution favorable de la gestion »,a commenté M. Tiberi, qui voitdans les critiques « des remarquesponctuelles sur les rapports contrac-tuels » de l’office avec une de sesfiliales, la Sorenobel, et un presta-taire de services, CPR (Concep-tion, programmation, réalisation).

Créé en 1985, ce bureaud’études a commencé à travaillerpour l’OPAC en 1988, « suite à unappel d’offres », précise Yves Laf-

foucrière, directeur général del’office depuis 1993. Le chiffre d’af-faires de CPR est passé de 4,7 mil-lions de francs en 1988 à plus de22 millions en 1992, « dont, pourcette dernière année, 7O % de cechiffre avec l’OPAC », souligne ledocument. En 1992, CPR avait« obtenu un nouveau marché sansappel d’offres préalable », pourune mission d’assistance de main-tenance et de travaux (chaufferieset ascenseurs), portant sur cinqans et près de 90 millions defrancs.

« ABSENCE DE TRANSPARENCE »Les magistrats financiers

s’étonnent que l’OPAC, qui dis-pose de mille trois cents agents,ait eu besoin d’une telle assis-tance. Ils relèvent la « rentabilitéélevée » de ce marché pour CPR etle « versement d’honoraires à unintermédiaire supposé l’avoir mise[l’entreprise CPR] en relation avecl’OPAC ». Cette remarque serait« ponctuelle », selon le terme deM. Tiberi, si l’intermédiaire men-tionné n’était autre que Jean-

Claude Méry, et le dirigeant deCPR, Christian Curtet, tous deuxmis en examen par le juge d’ins-truction Eric Halphen, chargé dudossier des fausses factures de larégion parisienne supposées avoirfinancé en partie le RPR.

Sur ce point, M. Laffoucrière aexpliqué que dès décembre 1994une équipe technique interne àl’OPAC avait été constituée, ca-pable de prendre la relève de CPRà expiration de son contrat. Bienque le rapport ne fasse pas étatdes enquêtes judiciaires en cours,Bertrand Bret (PS), conseiller deParis et administrateur de l’OPAC,y voit « une attaque en règle du sys-tème Chirac-Pérol » (ce dernier,mis en examen par le juge Hal-phen, était directeur de l’OPACjusqu’en 1993). « Je ne vois paspourquoi ce qui s’est passé à l’OPACne se serait pas passé ailleurs, à laSagi, à la RIVP et dans les diffé-rentes sociétés d’économie mixte dela ville », ajoute M. Bret, quis’étonne que « M. Tiberi, qui seprésente comme un partisan de latransparence, persiste à garder se-

crets les rapports d’inspection effec-tués par ses propres services sur lesSEM parisiennes ».

Georges Sarre, maire du 11e ar-rondissement et président dugroupe MDC du Conseil de Paris,estime que « les réformes positivesmises en place par l’OPAC nepeuvent effacer l’absence totale deconcertation et de transparence,l’inefficacité économique et finan-cière qui ont prévalu dans le do-maine de la passation des mar-chés ».

Au Conseil de Paris, le 7 juillet,l’opposition ne manquera pasd’intervenir sur un autre aspect dufonctionnement de l’OPAC qu’estl’attribution des logements. M. Ti-beri, pour sa part, rappelleral’« évolution positive de l’établisse-ment ». Ses capacités d’autofinan-cement ont triplé entre 1992 et1995, la provision pour grosses ré-parations a quintuplé sur la mêmepériode... et le nombre moyen depannes, par ascenseur et par an,est tombé de dix-huit à neuf !

Pascale Sauvage

M. Stefanini « désapprouve »la rencontre Pandraud-Le PenSECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT du RPR, Patrick Stefanini, a « dé-sapprouvé », mardi 1er juillet, le dîner qui a réuni à Paris, le 16 juin, ledéputé RPR Robert Pandraud et le président du Front national, Jean-Marie Le Pen. Interrogé sur RMC, M. Stefanini a affirmé que « cen’était pas une bonne idée que d’aller dîner avec Jean-Marie Le Pendans le contexte actuel ». M. Stefanini a précisé qu’« il appartiendra, lemoment venu, au nouveau président du RPR de définir clairement sespositions sur cette question des relations avec le Front national ».Le premier secrétaire délégué et porte-parole du PS, François Hol-lande, a également invité M. Séguin, lundi, à prendre « les décisionsqui s’imposent ». « S’il ne les prenait pas, cela voudrait dire qu’il cau-tionne ce type de comportements, de rencontres et de déjeuners plus po-litiques que gastronomiques », a-t-il conclu. Les Verts, dont le secré-taire national, Jean-Luc Bennahmias, avait été battu par M. Pandraudlors des élections législatives, ont indiqué, lundi, qu’« en tendant ainsila main au Front national, le RPR prend la lourde responsabilité d’ins-taller durablement des thèses xénophobes, racistes et anti-républi-caines ».

DÉPÊCHESa CHAMBÉRY : André Gilbertas (div.g.) a été élu, lundi 30 juin,maire de Chambéry (Savoie) en remplacement de Louis Besson, se-crétaire d’Etat au logement, qui avait démissionné de son mandatpour respecter la règle de non-cumul de mandats locaux et de fonc-tions exécutives. M. Besson occupera la fonction de premier adjointjusqu’alors assumée par M. Gilbertas. – (Corresp.)a COLLECTIVITÉS LOCALES : Pierre Joxe, premier président de laCour des comptes, a déclaré qu’il « n’est pas opposé » à l’idée que leschambres régionales des comptes et les collectivités locales concer-nées déposent une plainte conjointe contre X... en cas de fuites mé-diatisées au cours d’un examen de la gestion d’une collectivité locale.M. Joxe a fait cette déclaration, le 17 juin, devant le groupe de travailsénatorial sur le contrôle des chambres régionales des comptes.a PARLEMENT : la session unique du Parlement a officiellementpris fin, lundi 30 juin, deux semaines après le début de la premièresession de la onzième législature. Députés et sénateurs, qui repren-dront leurs travaux début septembre en session extraordinaire, pour-ront toutefois entendre, au cours des prochaines semaines, les mi-nistres invités à s’exprimer devant les groupes politiques et lescommissions du Parlement.a PORNOGRAPHIE : l’Alliance pour les droits de la vie, associa-tion présidée par le député UDF-FD des Yvelines, Christine Boutin,demande à l’Etat « d’appliquer les lois visant la pornographie », dansune page de publicité parue lundi 30 juin dans Le Figaro. L’associationveut « protéger les enfants contre tout ce qui peut donner une imageavilissante et dégradante de la personne humaine et de l’amour ».a EUROPRIDE : Dominique Bussereau, député (Démocratie libé-rale, ex-PR) de Charente-Maritime, a critiqué, lundi 30 juin, la pré-sence de Dominique Voynet, ministre de l’aménagement du territoireet de l’environnement, à « une manifestation [l’Europride] dont cer-taines outrances étaient susceptibles de choquer nombre de nos compa-triotes ». Interrogeant le premier ministre « sur sa définition de la laïci-té, des valeurs républicaines et du mode de fonctionnement dugouvernement », M. Bussereau a demandé à M. Jospin « si Mme Voynetreprésentait officiellement le gouvernement dans cette manifestation ».

Page 10: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0010-0 WAS LMQ0207-10 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0470 Lcp: 196 CMYK

10

S O C I É T ÉLE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

L’un des avocats du maire expulsé de l’audienceAlors que Me Alain Lhote plaidait pour SOS-Racisme, le président

Jacques Nunez l’interrompait brusquement. « Levez-vous ! », lancait-il à l’un des quatre défenseurs de Catherine Mégret, Me RenéBlanchot, en train d’enregistrer subrepticement les débats à l’aided’un magnétophone dissimulé dans la manche de sa robe. Ouvrantsur-le-champ une procédure de flagrant délit, puisque tout enre-gistrement des débats est interdit, il demandait au procureur de for-muler immédiatement ses réquisitions. Celui-ci requérait que l’avo-cat se retire immédiatement et qu’il soit entendu par un officier depolice judiciaire. Ce qui fut fait, en même temps que le bâtonnier del’ordre des avocats était averti. Me Blanchot risque une peine de30 000 francs d’amende, sans préjudice des sanctions disciplinairesque pourra lui infliger son ordre.

Un élu du FN poursuitun militant de Ras l’Front

Avec deux municipalités Frontnational dans son ressort, le tri-bunal d’Aix-en-Provenceconnaît de multiples procéduresimpliquant le parti d’extrêmedroite. Vendredi 27 juin, leconseiller régional FN StéphaneDurbec et l’Alliance généralecontre le racisme et pour le res-pect de l’identité française etchrétienne (Agrif) poursuivaientpour injure raciale un militantde Ras l’Front Vitrolles, DenisLebon.

L’élu, d’origine antillaise, sou-tient que le 26 janvier 1997, surle marché de Vitrolles, Denis Le-bon lui aurait lancé « dans leblanc des yeux » : « Tu n’as pashonte ? Tu es une erreur géné-tique. » Le militant de Rasl’Front reconnaît avoir prononcécette phrase, mais sur le ton dela boutade et à l’adresse d’unami noir avec lequel il blaguait.Il soutient que la distance les sé-parant du groupe d’élus FN em-pêchait Stéphane Durbec d’en-tendre ses propos.

Jugement le 9 juillet.

Un jeune qui avait tué une policière, à Mantes-la-Jolie, comparaît devant la cour d’assises des YvelinesCE FUT une mauvaise nuit, une

nuit que l’on voudrait pouvoir ef-facer. Chacun des protagonistes,en s’en souvenant, dit et répètequ’il n’a pas voulu cela. A Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 8 juin 1991,dans le quartier du Val-Fourré, ongoûtait les premières douceursd’un été tout proche, celui qui ral-longe les jours et prolonge l’ennui.Alors, certains ont volé des voi-tures. Pour faire un « rodéo» ? Cen’est pas sûr, et pour Lahdj Saidi,alors âgé de dix-huit ans, il s’agis-sait seulement d’aller à une soiréeavec des amis.

En rentrant avec le véhicule,vers 2 heures du matin, il remar-quait, à un feu rouge, une voiturede police qui se rangeait à ses cô-tés. Lhadj décidait de semer lespoliciers mais se heurtait, placeSainte-Anne, à une autre voiturede police faisant barrage. Aperce-vant un policier, il choisissait depasser entre le trottoir et le véhi-cule. A l’instant où la R9 forçait lebarrage, elle percutait la portièrearrière de la voiture de police quivenait de s’ouvrir. Une gardiennede la paix de trente-deux ans quisortait de la voiture était projetéeà plusieurs mètres. Marie-Chris-tine Baillet n’a pas survécu à sesblessures.

La nuit, la mauvaise nuit, n’étaitpas finie. Quelques minutes plustard, Pascal Hiblot, un policier quitravaillait avec Marie-ChristineBaillet, ouvrait le feu sur une voi-ture qui repassait sur les lieux ettuait l’un des passagers, YoussefKhaïf, vingt-trois ans. En appre-nant qu’il avait tué une femmegardien de la paix, Lhadj Saidis’était présenté au commissariat. Il

comparaissait, lundi 30 juin, de-vant la cour d’assises des Yvelinessous l’accusation « de coups etblessures volontaires ayant entraînéla mort sans intention de la don-ner ». Quant au policier, qui a étélaissé en liberté, le dossier est tou-jours en cours d’instruction...

EMBARRAS DES AUTORITÉSLes faits remontent à six ans et,

pour ces deux affaires apparem-ment simples, aucun argumentcorrespondant à une logique judi-

ciaire normale n’explique un teldélai. Dans l’affaire de la mort dela gardienne de la paix, il y a eu uncomplément d’information, les ex-perts ont parfois tardé à remettreleurs rapports, mais c’est surtoutl’embarras des autorités judi-ciaires qui est à l’origine de ce re-tard. Au point que, le 10 décembre1995, la chambre d’accusation deVersailles a remis Lhadj Saidi en li-berté en rappelant sèchement quela Convention européenne desdroits de l’homme imposait qu’un

accusé soit jugé dans un délai« raisonnable ». L’étude de la per-sonnalité de Lhadj Saidi par lacour d’assises a montré qu’il n’en-trait pas dans le schéma sansdoute trop simpliste d’un jeuneimmigré souffrant d’une sorte de« syndrome des banlieues » ali-menté par le chômage et la hainede la police. Venu du Maroc à l’âgede cinq ans, il a été deux fois en in-ternat, à Tours et à Beauvais,avant d’obtenir un CAP d’électri-cien. « Depuis qu’il a dix-huit ans, il

a l’autorisation de sortir », a dit à labarre son père, un Berbère del’Atlas devenu ouvrier chez Re-nault, qui travaillait le dimanchepour élever ses enfants.

« RÔLE MODÉRATEUR »Lhadj Saidi a d’abord trouvé un

emploi comme manutentionnairepour charger des camions, mais ilvoulait être électricien. Il a cru yparvenir quand il est entré chezPeugeot, à Poissy ; mais ce travailne requiert en réalité aucune

compétence particulière en élec-tricité, regrette Lhadj Saidi, qui n’apas compris pourquoi on mettaitun électricien sur une chaîne. Il estensuite entré dans une entreprisefabriquant des cartes à puces pourle téléphone et devait enfin êtreélectricien dans une autre sociétéquand il a été arrêté. Malgré uneinstabilité apparente, qui nesemble résulter que de la volontéfarouche d’exercer le métier qu’ilvoulait, Lhadj Saidi a toujours tra-vaillé.

« Il n’a pas été influencé parl’ambiance du quartier, note l’unede ses sœurs. Il n’a pas adhéré àcertaines bandes. Dans la cité, ilsont rien pour s’occuper. Il a réussi às’en sortir, il a trouvé des solutions,il a déchargé des camions, c’est pasquelqu’un qui se laisse aller. » Enprison, le chef du service chargéd’orienter les détenus vers un tra-vail a été étonné par son compor-tement. « Je vois beaucoup de gens,raconte-t-il. Lui, il n’avait pas leprofil de voyou qu’on a l’habitudede voir, il sortait du lot, il avaitmême un rôle modérateur sur lesautres détenus. »

Dans son box, le jeune homme aconservé l’air d’adolescent qu’ildevait avoir au moment des faits.Il écoute Elianne Leclerc, cettevoisine de cinquante-deux ans quidit à la cour d’assises que LhadjSaidi jouait avec ses enfants etqu’il n’était jamais agressif. Elle aété surprise en apprenant cequ’elle appelle un « accident ».Quant à l’ambiance du Val-Fourré,elle ne veut pas dramatiser : « Ças’est calmé et je m’y trouve bien. »

Maurice Peyrot

Une organisation millimétrée pour éviter les affrontementsAIX-EN-PROVENCE

de notre correspondant régionalLa justice a le sens de l’espace et des frontières, et

l’a montré, lundi 30 juin, lors du procès de CatherineMégret. Saisis, selon leurs propres termes, d’une« procédure correctionnelle de taille inhabituelle », leprésident du tribunal et le procureur de la Républiqueavaient organisé les abords du palais de justice et lasalle d’audience, de manière à ce que les parties pre-nantes puissent à la fois assister au déroulement desdébats et ne jamais se trouver en situation de s’af-fronter.

Premier moment délicat, l’avant-procès. Les150 manifestants venus soutenir la maire de Vitrollesaux cris de « La France aux Français » avaient été ins-tallés à l’entrée nord du palais, tandis que les 400 mili-tants antiracistes s’installaient au sud et entonnaient« Mégret, facho, le peuple aura ta peau ! ». Troiscompagnies de CRS et toute la police aixoise, à qui onavait supprimé tout congé pour l’occasion, étaientchargées d’encadrer chacun des groupes. Ellesavaient aussi pour mission de canaliser les entrées àtravers les jardins du palais pour rejoindre les chapi-teaux de toiles dressés pour l’occasion.

Sous une de ces tentes furent installées, après plu-sieurs barrages filtrants, les 729 personnes qui avaientindividuellement assigné Catherine Mégret pour diffa-mation. En passant devant ce chapiteau, Bruno Mégretfit un bras d’honneur et lança un « On vous emmerde »,avant de qualifier le procès de « pantalonnade politico-médiatique ». De son côté, son épouse venait de décla-rer : « C’est un procès de cornecul, comme le dit monavocat. »

Sous une autre tente, divisée en deux par un pa-ravent, prirent place de fortes délégations du publicpour suivre les débats sur des écrans de télévision. Leprésident Jacques Nunez rappelait que ces annexesétaient soumises aux « mêmes impératifs de procédure,d’ordre et de dignité que la salle normale ». Pour soute-nir Catherine Mégret, étaient présents son mari et unequinzaine d’élus régionaux du FN, parmi lesquels Jean-Marie Le Chevallier, député et maire de Toulon. Cetteorganisation millimétrée et la fermeté du président ontdonné à cette audience une sérénité à peine troublée,lors des trois suspensions de séance, par les cris desmanifestants restés dehors jusqu’à la nuit tombée.

M. S.

Une peine d’inéligibilité est requise contre Catherine MégretLe maire de Vitrolles était poursuivi par plusieurs centaines de personnes pour diffamation et provocation à la haine raciale.

Dans un entretien au quotidien allemand « Berliner Zeitung », elle avait repris les thèses du Front national sur l’inégalité entre les racesAIX-EN-PROVENCE

de notre correspondant régionalCatherine Mégret, maire Front

national de Vitrolles, comparais-sait, lundi 30 juin, devant le tribu-nal de grande instance d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)pour diffamation et provocation àla discrimination, à la haine ou à laviolence raciale, à la suite de pro-pos reproduits le 23 février dans lejournal allemand Berliner Zeitung,et repris dans Le Monde du 26 fé-vrier. Après l’interrogatoire d’iden-tité, qui permit au présidentJacques Nunez d’expliquer à laprévenue qu’elle n’était, devant sabarre, « que Mme Mégret et non lamaire de Vitrolles », les quarante-cinq minutes de la bande originaleenregistrée par Maxime Leo, lejournaliste du Berliner Zeitung,furent diffusées.

Cela permit de réentendre les

phrases de Mme Mégret à l’originedes premières plaintes. Elle décla-rait par exemple : « Il y a lesArabes... Ils ne sont pas tous àmettre dans le même sac. Les immi-grés ou les voyoux français, on nefait pas la différence. » Ou encore :« Les immigrés [...], ils font je ne saiscombien de gamins qu’ils mettentdans la rue. Ils font des gamins pourtoucher des allocations, ils ne lesélèvent même pas. Pendant cetemps-là, les Français, qui sont desgens responsables, ne peuvent plusavoir d’enfants car ils n’ont pas dequoi en avoir. » Et plus loin : « Vousinterrogez n’importe qui, à part unepersonne de mauvaise foi. On vavous répondre qu’effectivement, il ya des différences entre les races, il ya des différences dans les gènes.C’est ce que disait M. Le Pen. LesNoirs sont plus doués pour le sportet pour la danse que les Blancs. »

C’est sur la base de ces extraits,constituant selon elles le délit dediffamation raciale (article 32 de laloi de 1881), qu’une première cita-tion directe à l’adresse de Mme Mé-gret avait été envoyée par une poi-gnée de personnes. Blessées parces phrases, elles s’étaient en quel-que sorte substituées à l’action pu-blique jugée défaillante. Me AlainMolla, porte-parole de ces assi-gnataires singuliers, devait expli-quer que leur démarche, premièreen son genre, consistait « à se réfu-gier auprès du juge ».

« LA NÉGATION DE L’AUTRE »Il faut, selon M. Molla, « redéfi-

nir la qualité pour agir en matièrede diffamation raciale », dans lamesure où les personnes considé-rées « se sentent diffamées », « lé-sées intimement ». Ce qui ne pré-juge pas, ajoutait-il, de la capacitédes associations à se constituerpartie civile. Plusieurs avaientd’ailleurs soutenu cette premièredémarche en portant plainte pourprovocation à la discrimination, àla haine et à la violence raciale (ar-ticle 24 de la loi de 1881). La voieest étroite pour entrer en condam-nation, reconnaissait Me Molla,mais elle doit désormais exister,puisque des citoyens se lèventpour ouvrir un chemin entre « le

respect de la liberté d’expression etla liberté de la haine ».

Parlant au nom de la Ligue desdroits de l’homme, Me Tubiana re-venait à une argumentation plusclassique en ces matières de délitde presse. Il soulignait que, alorsqu’il est par-dessus tout attaché àla liberté d’expression, « le droitfrançais, comme le droit internatio-nal, constitue une seule idée en tantque norme pénale à réprimer : le ra-cisme ». Pourquoi ? « Parce que leracisme est la négation de l’autre. Ilne relève pas du débat démocra-tique, car c’est le regard de l’autrequi nous assigne à cette résidence. »

En d’autres termes, le procureurde la République, JacquesBeaume, allait reprendre cet argu-mentaire. Citant le préambule dela Constitution – « Tout être hu-main sans distinction de race ou dereligion possède des droits inalié-nables » –, il affirmait : « Ce n’estpas une pensée, une opinion, c’est ledroit. » Brocardant une expressionde Catherine Mégret sur l’antira-cisme de la « gauche caviar », illançait : « Je suis un procureur ca-viar, le préambule de notre Consti-

tution est caviar. » Le procureur re-quérait alors l’inéligibilité deMme Mégret, élue de la Républiqueet à ce titre « chargée de défendrela Constitution ». Il laissait au tri-bunal le soin de fixer la durée de la

sanction, comme celui de décidersi une amende devait être infligée.

Les différentes parties, commele procureur, ont longuement ar-gumenté sur la matérialité desfaits reprochés au maire de Vi-

trolles. Tous se sont appuyés sur lefait que la bande magnétiquemontrait que l’interviewée avaitbien tenu les propos incriminés,sachant qu’il s’agissait bien d’unentretien accordé à un journaliste

dans l’exercice de sa fonction.D’ailleurs, quand Catherine Mé-gret a laissé entendre qu’elle ne sa-vait pas si l’enregistrement corres-pondait bien à ce qu’elle avait dit,le président lui a ironiquement ré-

pondu : « La personne qui sembleavoir votre voix semble avoir tenuces propos. »

Me Wallerand de Saint Just, avo-cat de Mme Mégret, alla sur unautre terrain. Pour lui, les partiesciviles sont toutes « des adeptes dupsychanalyste Gérard Miller », quidemande que les responsables duFront national « soient condamnéspour ce qu’ils n’ont pas dit ». Ilpoursuivait en expliquant quetoutes les assignations s’ap-puyaient sur les propos reproduitsdans Le Monde, alors que sa clienten’avait parlé qu’au journaliste duBerliner Zeitung, non diffusé enFrance, et qui n’a pas publié exac-tement les mêmes passages que lequotidien français. Elle ne pouvaitdonc être condamnée pourcomplicité de provocation à la dis-crimination, puisqu’à aucun mo-ment elle n’avait rencontré ni par-lé avec le représentant du Monde.

« PERSÉCUTION »Quant au fond, les expressions

« les immigrés », ou « les popula-tions étrangères » désignent, selonMe Wallerand de Saint Just, des« groupes trop larges pour être pro-tégés par la loi ». Il se référait, parexemple, à la relaxe accordée –avant l’appel interjeté depuis – àBrigitte Bardot par la 17e chambredu tribunal correctionnel de Parisdans une affaire similaire. Ces pro-pos « très généraux » relèvent du« constat politique global » de sacliente, ajoutait l’avocat. Si on nele suivait pas, les débats sur l’im-migration « deviendraient des su-jets tabous », c’est-à-dire qu’onconstituerait « un délit d’opinion »,à moins qu’on institue « de nou-veaux procès en sorcellerie ».

« C’est la persécution qui donnecréance à vos paroles : vous serezécoutée si vous êtes persécutée »,pouvait ainsi conclure l’avocat àl’adresse de Catherine Mégret,l’encourageant par là-même àcontinuer de parler haut et fortcomme elle l’avait fait avant de seretrouver devant le tribunal.

Le jugement sera rendu le8 septembre.

Michel Samson

A l’origine de la flambée de violence, la mort d’Aïssa IhichSix ans après les faits, deux policiers ont été mis en examen

TROIS DRAMES MORTELS ontmarqué, durant le printemps 1991,la ville de Mantes-la-Jolie (Yve-lines). Hautement médiatisés, en-trecoupés d’affrontements entrejeunes et policiers, ces trois décèsont abouti, à l’échelon gouverne-mental, à une accélération de lapolitique de la ville et à une ré-forme de la procédure de garde àvue.

Six ans après les faits, la mort deMarie-Christine Baillet, jeune gar-dienne de la paix, qui fait l’objetde l’actuel procès devant la courd’assises de Versailles (lire ci-des-sus), est le seul des trois dossiers àconnaître un épilogue judiciaire.Les deux autres affaires, dans les-quelles les jeunes de la cité du Val-Fourré figurent non pas en posi-tion d’accusés mais de victimes desupposées violences policières,n’ont pas encore été jugées.

L’instruction concernant PascalHiblot, le policier qui avait tiré surune voiture et tué Youssef Khaïf,quelques minutes après la mort desa collègue Marie-Christine Bail-let, n’est pas close. Quant à l’évé-nement qui avait déclenché cesviolences en chaîne, la mort d’Aïs-sa Ihich, dix-neuf ans, le 27 mai1991, suite à une crise d’asthme aucours de sa garde à vue aucommissariat de Mantes, il attend,lui aussi depuis six ans, son épi-logue judiciaire.

Dans cette affaire, l’unique misen examen, pour homicide invo-lontaire, a longtemps été le doc-teur Michel Pérol, médecin-expertqui avait estimé que l’état de santéd’Aïssa Ihich était « compatibleavec son maintien en détention ».Les policiers responsables de l’in-terpellation du jeune homme, ac-cusés par lui de l’avoir frappé,

avaient bénéficié, pendant cinqans, d’un non-lieu. Cette décisiondu juge Jean-Marie Charpier de-vait finalement être infirmée, le25 septembre 1996, par la chambred’accusation de la cour d’appel deVersailles. Celle-ci, saisie parMe Henri Leclerc, avocat de la fa-mille Ihich, a ordonné un supplé-ment d’information confié à sonprésident, Michel Arnould.

Dans la plus grande discrétion,M. Arnould a mis en examen, le19 mars, deux policiers, Bruno Le-fèvre et Eric Mathelin, pour « vio-lence n’ayant pas entraîné une in-capacité de travail de plus de huitjours commise avec usage ou me-nace d’une arme par une personnedépositaire de l’autorité publique[...] dans l’exercice de ses fonc-tions ». Cette décision devraitaboutir à un ordonnancement del’affaire devant le tribunal correc-

tionnel, où le lien entre les éven-tuelles violences et la crise d’asth-me pourrait être évoqué.

Aïssa Ihich avait été interpellédans la nuit du 25 au 26 mai 1991,accusé d’avoir jeté des pierres surun véhicule de police. Il avait niéet déclaré avoir reçu des coups despoliciers pour avoir refusé de don-ner des noms. La présence d’ec-chymoses consécutives à son ar-restation avait été notée par ledocteur Pérol.

C’est à la fin de sa garde à vuequ’Aïssa Ihich avait été pris d’unecrise d’asthme mortelle. Entre-temps, sa famille s’était présentéeau commissariat et avait tenté, envain, de lui remettre le pulvérisa-teur de Ventoline, médicamentqu’il utilisait couramment lors deses malaises respiratoires.

Philippe Bernard

JUSTICE Catherine Mégret, maireFront national de Vitrolles, a compa-ru, lundi 30 juin, devant le tribunalde grande instance d’Aix-en-Pro-vence (Bouches-du-Rhône). Assi-

gnée par plusieurs centaines de par-ticuliers, elle était poursuivie pourdiffamation et provocation à la dis-crimination, à la haine ou à la vio-lence raciale. b MME MÉGRET avait,

dans un entretien au quotidien alle-mand Berliner Zeitung, repris lesthèses du FN sur l’inégalité des raceset dénoncé les immigrés. b LEPROCUREUR de la République a re-

quis à son encontre une peine d’iné-ligibilité, laissant au tribunal le soinde fixer la durée de la sanction.b PARTISANS DU FN et contre-mani-festants se sont fait face aux alen-

tours du palais de justice d’Aix-en-Provence. L’organisation minutieusedu procès – le public étant accueillisous des chapiteaux – a permisd’éviter des affrontements.

Page 11: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0011-0 WAS LMQ0207-11 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0471 Lcp: 196 CMYK

S O C I É T É LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 11

De la prison ferme requise contreles organisateurs du réseau Toro Bravo

Les parties civiles dénoncent lesconditions prévues pour le procès PaponLES AVOCATS des parties civiles du procès de Maurice Papon, secré-taire général de la préfecture de la Gironde de 1942 à 1944, accusé decomplicité de crimes contre l’humanité, ont dénoncé, lundi 30 juin,les « conditions indécentes » prévues, selon eux, pour la tenue de ceprocès. Les audiences, qui devraient s’ouvrir le 6 octobre, devaientinitialement se tenir dans une salle spécialement aménagée dans lasalle des pas perdus du palais de justice de Bordeaux, mais le projet aété abandonné pour des raisons financières (Le Monde du 27 juin).Seul Me Arno Klarsfeld, avocat de l’Association des fils et filles des dé-portés juifs de France, s’est démarqué de la position de ses confrères,estimant qu’« il ne faut pas que l’ego de certains avocats vienne faireperdre la notion d’intérêt général, qui est que le procès débute à la dateprévue ».Dans un entretien au Figaro, Elisabeth Guigou, garde des sceaux, apour sa part confirmé que le procès aurait bien lieu « à la date pré-vue ».

DÉPÊCHESa JUSTICE : Anouar Haddam, qui se présente comme le présidentde la délégation parlementaire de l’ex-Front islamique du salut(FIS) algérien à l’étranger, a été mis en examen aux Etats-Unis pour« association de malfaiteurs » dans un dossier instruit depuis 1993 parle juge parisien Roger Le Loire. Le magistrat avait retenu le mêmechef de mise en examen, en novembre 1993, à l’encontre du porte-parole de la FAF (vitrine du FIS en France), Moussa Kraouche, quiavait été laissé en liberté. Le juge s’est rendu aux Etats-Unis pour no-tifier sa mise en examen à M. Haddam, qui est en attente d’un statutde réfugié dans ce pays.a CANNABIS : le président du Collectif d’information et de re-cherche cannabique (CIRC), Jean-Pierre Galland, a été interpellépar la police, lundi 30 juin, avant sa comparution, jeudi, devant le tri-bunal de Paris pour la tenue d’une manifestation interdite, le 16 juin1995, en faveur de la légalisation du cannabis.a POLICE : un Chinois de vingt-neuf ans en situation irrégulière,qui avait sauté du deuxième étage de son appartement, dans le 19e ar-rondissement de Paris, mercredi 25 juin, pour échapper à une opéra-tion de police contre le travail clandestin, est mort, samedi 28 juin,des suites de ses blessures. Lors de l’intervention dans cet apparte-ment transformé en atelier, les policiers avaient interpellé six per-sonnes en situation irrégulière et saisi six machines.

MICHÈLE GANASCIA, substi-tut du procureur de Paris, a requis,lundi 30 juin, cinq ans de prison,dont deux avec sursis, et100 000 francs d’amende contreJean-Manuel Vuillaume, quarante-six ans, considéré comme la « têtepensante » du réseau de cassettesvidéo pornographiques Toro Bra-vo importées de Colombie, qui im-pliquent, selon l’accusation, desadolescents mineurs (Le Mondedes 18, 19 et 25 juin). Contre Mi-chel Caignet, responsable des édi-tions La Mouette qui diffusaientles cassettes en France par l’inter-médiaire de revues spécialisées,elle a demandé cinq ans de prison,dont trois avec sursis, et80 000 francs d’amende, et contreson « bras droit », Michel Meignezde Cacqueray, gérant de la sociétééditrice du magazine Le Gay Pa-vois, trois ans d’emprisonnement,dont deux avec sursis, et50 000 francs d’amende.

« Ce procès n’est pas celui de lapédophilie », a énoncé Mme Ganas-cia dès le début de son réquisi-toire, rétablissant ainsi la réalitéd’un dossier submergé, à ses dé-buts, par la vague médiatique.Avec beaucoup de rigueur, la re-présentante du ministère public atout d’abord écarté les « amal-games [portant] à confondre voyeu-risme sexuel avec viols et assassinatsd’enfants » ou à faire du procèsToro Bravo « le procès de l’homo-sexualité ». En cours d’audience, etaprès visionnage à huis clos dessept cassettes litigieuses, la prési-dente Sophie Portier avait d’ail-leurs exclu que les acteurs puissentêtre en âge scolaire.

« EXEMPLARITÉ »Puis Mme Ganascia s’est em-

ployée à ne pas faire de la soixan-taine de personnes poursuiviesparce qu’elles avaient acheté etdétenaient des cassettes « lesboucs émissaires d’une délinquancetrop longtemps restée secrète » quiéclate aujourd’hui en d’autreslieux « dans toute son ampleur et sacrudité ». Elle a donc laissé à l’ap-préciation du tribunal la bonne foide chacun des hommes qui avaientdéfilé à la barre, requérant contreeux des peines de six à dix mois deprison assorties d’un sursis avecmise à l’épreuve de trois ans et despeines d’amende de 5 000 à15 000 francs. A l’exception de Pa-trick Noyelle, cinquante ans, an-cien directeur adjoint d’une mai-son d’animation à Paris,

actuellement détenu pour uneautre affaire de même nature,qu’elle a qualifié d’« authentiquepédophile prosélyte », et contre le-quel elle a réclamé un an de prisonavec sursis et 20 000 francsd’amende.

Attachée à « l’exemplarité » d’undossier centré sur « un réseau quifait commerce de la corruption demineurs », Mme Ganascia a rappeléles ajustements de la loi qui visent,depuis 1994, à protéger explicite-ment l’image et la dignité des mi-neurs, « non par pudibonderieniaise, mais pour laisser aux adoles-cents le temps de choisir, d’hésiter,sans que l’œil corrupteur vienne bri-ser leur démarche personnelle ».Mme Ganascia a souligné que lesacteurs des vidéos Toro Bravoétaient colombiens et relevé qu’ilspercevaient 70 francs par film.« Ce pays vous a donné la tâche plusfacile », a-t-elle lancé à Jean-Ma-nuel Vuillaume, en fustigeant« l’exploitation sexuelle à des finscommerciales ». Sur le fond,Mme Ganascia a cependant re-connu que l’accusation « n’avaitpas la preuve absolue » que les« acteurs » colombiens étaient mi-neurs au moment des tournages.Elle dispose seulement d’un « fais-ceau d’indices » convergeant surdes présomptions graves.

Hormis la « tête » du réseau, lesubstitut du procureur a en outrerequis deux ans de prison assortisd’un sursis avec mise à l’épreuve et50 000 francs d’amende contre leduplicateur des cassettes, OlivierLechat, trente-six ans, « qui a agisur instructions alors qu’il était enproie à de grosses difficultés finan-cières » et dix-huit mois avec sursiscontre une libraire spécialisée, Do-minique Leroy, cinquante ans, quiavait commercialisé l’un des titres.

La représentante du ministèrepublic a enfin requis des peinescomplémentaires d’interdictiondes droits civiques, civils et de fa-mille demandées par les associa-tions familiales catholiques et lesassociations de protection de l’en-fance, qui étaient partie civile. Ellea également demandé au tribunald’interdire les professions d’édi-teur à MM. Caignet et Vuillaume.Contre ce dernier, qui avait montéun bar au Cambodge, un hôtel enThaïlande et un restaurant en Co-lombie, elle a également réclaméune interdiction de sortie du terri-toire.

Jean-Michel Dumay

L’enquête sur les réseaux moyen-orientaux de prostitution internationale s’élargit

Le cabinet d’Alain Juppé s’inquiétait de l’évolution de ce dossierDans une note adressée au cabinet de la mi-nistre de la justice, Elisabeth Guigou, le directeurdes affaires criminelles, Marc Moinard, indique

que le cabinet d’Alain Juppé avait demandé desrenseignements sur l’affaire de prostitution in-ternationale impliquant les entourages de per-

sonnalités du monde arabe. La chambre d’ac-cusation de Paris a autorisé le juge d’instruction,le 26 juin, à étendre ses investigations.

RÉVÉLÉE par l’enquête des poli-ciers de la brigade de répression duproxénétisme (BRP) et du juged’instruction parisien FrédéricN’Guyen (Le Monde du 10 juin),l’affaire de proxénétisme interna-tional, mettant en cause les entou-rages de nombreuses personnalitésdu monde arabe, dont plusieursprinces du golfe Persique, étaitl’objet de toutes les attentions de lapart de l’ancien premier ministreAlain Juppé.

Dans une note adressée, le 9 juin,en réponse à une demande d’infor-mation du directeur du cabinet dela ministre de la justice, ElisabethGuigou, nommée depuis moinsd’une semaine, le directeur des af-faires criminelles, Marc Moinard,fait état des interventions du cabi-net de M. Juppé. Ainsi, signale-t-ilque Matignon l’a interrogé « au dé-but de la deuxième quinzaine de maisur le point de savoir si des diplo-mates ou des personnalités étran-gères pouvaient être mis en exa-men ».

Inquiet de voir des dignitairesmoyen-orientaux de haut rang mê-lés à cette histoire de proxénétismede luxe, le cabinet d’Alain Juppéentendait suivre pas à pas l’instruc-tion du juge N’Guyen. « Le nom despersonnes n’avait pas été demandé,mais seulement leur nationalité »,précise la note de M. Moinard, quiajoute : « La réponse est venue sousla forme du rapport du 23 mai. »Adressé à la chancellerie, ce rap-

port du procureur général de lacour d’appel de Paris résumaitl’état du dossier.

Interrogé par Le Monde, l’ancienconseiller à la justice d’Alain Juppé,Jean-Claude Antonetti, dément,pour sa part, toute intervention.« J’ai découvert cette affaire dans lapresse le 9 juin. Or, à cette date, jen’étais plus à Matignon. Je n’ai doncpas pu recevoir de rapport le23 mai. » En revanche, la chancelle-rie et le directeur des affaires cri-minelles confirment l’existence decette note et son contenu.

DEMANDE D’EXPLICATIONCette note du 9 juin aborde éga-

lement la question du traitementjudiciaire réservé à William Kazan,diplomate et milliardaire libanais,mis en examen pour « viol aggra-vé » sur une jeune Suédoise deseize ans. Riches d’indices concor-dants, les résultats des investiga-tions menées par les policiers, quis’étaient notamment rendus enSuède pour recueillir les déclara-tions de la jeune fille, avaient per-mis au juge de demander, à deuxreprises, un réquisitoire supplétif.Le magistrat n’avait pas obtenugain de cause.

M. Moinard souligne, à ce sujet,à l’attention du cabinet de Mme Gui-gou : « Les raisons qui ont conduit leparquet à refuser cette saisine [...]demeurent non explicitées. Je mepropose, sauf meilleur avis de votrepart, de lui en demander la raison. »

Si, dans cette affaire, le nouveaugarde des sceaux affirme ne pasvouloir prendre parti dans la guéril-la procédurale qui oppose le jugeN’Guyen et le parquet de Paris de-puis les révélations surprises deNazihabdulatif Al Ladki, mis enexamen pour « proxénétisme aggra-vé », qui ont ouvert la voie des en-quêteurs vers d’importantes filièresde call girls à travers le monde, lachambre d’accusation de la courd’appel de Paris ne s’en est pas pri-vé. Dans un arrêt rendu le jeudi26 juin, elle a déclaré le magistratcompétent pour instruire le voletconcernant un personnage clé, ledocteur Alain Meyer, liberté que leministère public lui contestait aumotif que les faits relevaient d’uneautre juridiction.

Les déclarations de ce médecincannois, mis en examen pour« complicité de proxénétisme aggra-vé », ont permis de découvrirnombre d’éléments sur les pra-tiques de rabattage de prostituésde luxe en vigueur dans les palacesparisiens et de la Côte d’Azur, ainsique sur des yachts de luxe amarrés

dans les ports à la mode du sud dela France.

Salarié par un membre de la fa-mille du roi d’Arabie saoudite,Alain Meyer a indiqué aux poli-ciers, le 18 avril : « Je puis vous four-nir les noms de plusieurs personnali-tés ou princes arabes qui ont pu, parle biais d’intermédiaires ou directe-ment, me demander de prescrire desanalyses sérologiques à des jeunesfemmes. »

Parmi ces clients et les supposésproxénètes, il cite un marchandd’armes d’envergure internatio-nale, un joaillier et un entrepreneurde travaux publics, tous saoudiens.Il affirme également avoir servi di-rectement deux fils d’un monarquedu Golfe.

Désormais libre de diriger ses re-cherches vers des filières interna-tionales mettant en cause des per-sonnages de premier plan, le jugedevra respecter l’arrêt de lachambre, qui l’invite à demanderun réquisitoire supplétif pour toutenouvelle filière.

Jacques Follorou

Page 12: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0012-0 WAS LMQ0207-12 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0472 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 C A R N E T

E M P L O IREPRODUCTION INTERDITE

OFFRES

Ecole privéehaut niveau

du Cairerecherche

pour la rentrée 97un enseignant maternelledeux enseignants primaire

– Expérience 5 ans min.– Détachement.– Salaire français.

Envoyer candidature(CV, lettre de motivation)

à Mme Esmat Lameipar fax : 00-202-346-46-07par tél. : 00-202-518-40-74

RESTAURANT « C’EST MOI »à Rijswijk (Pays-Bas)cherche cuisinier pour

spécialités nord-africaines.Tél. fax : 00-31-703-950-717

La Faculté des lettresde l’université

de Fribourg (Suisse)met au concours

le poste d’un/d’une

PROFESSEURORDINAIRE

de philosophie de l’homme etphilosophie des sciences

humaines.Délai pour les candidatures :

1er octobre 1997.Pour des renseignements

supplémentaires,veuillez contacter

le Séminaire de philosophie,télécopie

00-41-26-300-97-16-86

Assoc. Médico-Sociale (92)recherche

INFORMATICIENpour service civil à partir

du 15 juillet 1997 :maintenance

réseaux, analyse etprogrammationd’applications

sous Visual Basic,mise en placed’un intranet.

Contact : V. FERRETél. : 01-46-29-59-00

Les journaux recrutent

PIGISTESsur le 3615 PIGEPLUS

(2,23 F/mn)

Assistante cciale(J.F. 30 ans),

12 ans d’expérience,polyvalente et dynamique.

Je propose de mettre auservice de votre société monaisance cciale, ma rigueur etma volonté à un poste

autonome et àresponsabilités.

Tél. : 01-49-42-90-12(répondeur).

J.H. motivé, MSTCF, 24 a.,rech. poste stable en compta.,

de préférence en cabinetd’E.C. Tél. : 03-80-46-67-03

MANAGER COMMERCIALmaîtrise tissu économique,GUADELOUPE-MARTINIQUE

déplacement mensuel, offrereprésentation, prospection,

assistance.Tél. : 01-45-33-69-18

DEMANDES

I Yves Simon, Un chef-d’œuvre ordinaire I Olivier Galland,Genèse I Marc Dupuis, Un zeste d’inceste I Futur anté-rieur : Rencontre entre Jean-Pierre Vernant et Alice Thi-baud I Olivier Mongin, L’introuvable mémoire collective ISerge Tisseron, L’enfant réclamé I Michel Maffesoli, Ré-pliques juvéniles I Pierre Mayol, Les sept piliers de la culturejeunes I Yves Bigot, Discor Dance I Henriette Walter, Mots pour

UNE NOUVELLE FORMULE QUI DONNE À RÉFLÉCHIR

EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

maux I Pascal Du-ret, La règle du jeuI Anne Andreu,Ladernière vague IVéron ique Na-houm-Grappe, Lapremière fois I Pa-trick Mignon, Legoût du risque IMarie Darrieus-secq et Yann Moix,M o i d e m a i n IFrançois Dubet,

Au nom du père, etdu fils, et du saintbénéfice I RomainGoupil, Le tempsd’être pour I Nico-las Truong, Echecset stigmates I Ma-cha Séry, Théâtreet jeune public, lafin des préjugés IPortrait : ClaudeQuenault, le rebelleapprivoisé ...

Et aussi :I Michel Serres, Andromaque, veuve noire I Jean-Michel Gaillard,Le brevet élémentaire, un diplôme pour le maître d’école I HervéHamon, Lettre ouverte à ceux qui n’aiment pas les jeunes I Ques-tions à : Edith Cresson b Jean-Michal Djian, Les bons mots del’académicien b L’Europe vue d’ailleurs : débat, avec Lisa Blockde Behar, Blaise Ndjehoya, Tahar Ben Jelloun...

a Théâtreet jeune publicla fin des préjugés

a L’Europevue d’ailleurs

a Professionéducateurde rue

ALLE

MA

GN

E:

9D

M -

AN

TIL

LE

S-G

UY

AN

E:

30

F -

BE

LG

.: 1

83 F

B -

CA

N.:

6,5

0 $

can

. -

ES

PAG

NE

: 700 P

TA -

ÉTA

TS

-UN

IS:

5,5

0 $

US

- G

.-B

.: 3

,50 £

- G

CE

: 1200 D

R -

ITA

LIE

: 8

000 l

ires

- M

AR

OC

: 45 D

H.

- P

OR

T. (

Co

nt.

):

800 E

SC

- R

ÉU

NIO

N:

30

F -

SU

ISS

E:

7 F

S -

TU

N.:

4000 m

-.

No

25

0 j

uil

let-

ao

ût

19

97

/ 2

8 F

JEUNESJEUNESMENSUEL NO 250 JUILLET-AOÛT 1997

Jeun

es N

o25

0 JU

ILLE

T-A

T

Jeux de mots36 15 LEMONDE

2,23 F la minute

La Bourse en direct36 15 LEMONDE

2,23 F la minute

DISPARITION

Olga Georges-PicotUne « figure » du cinéma français

L’ACTRICE Olga Georges-Picots’est donné la mort jeudi 19 juin àson domicile parisien.

Olga Georges-Picot est née en1944, en Chine, où son père, Guil-laume Georges-Picot, est alorsambassadeur. Elle passe son en-fance en Asie et en Amérique duSud au gré des postes diploma-tiques paternels.

Revenue à Paris en 1959, ellequitte sa famille deux ans plustard et, à dix-sept ans, pose pourdes photos de mode en mêmetemps qu’elle suit des cours del’Actor’s Studio au Centre améri-cain. Olga Georges-Picot possèdeune plastique de mannequin, elleveut être actrice, mais le cinéman’aura pour l’essentiel fait queprofiter de son apparence.

Après deux apparitions dansdes téléfilms, elle attire pourtantl’attention d’Alain Resnais, qui luioffre l’occasion de ses véritablesdébuts en lui donnant le premierrôle féminin de Je t’aime, je t’aime(1968), où elle joue l’épouse de

Claude Rich. Essai sans véritablesuite : les dix-huit films (pratique-ment tous médiocres) dans les-quels Olga Georges-Picot appa-raît durant les quinze annéessuivantes ne font pas une carrière.

On retiendra néanmoins Adieul’ami (1968), de Jean Herman, LaCavale (1971), de Michel Mitrani,Chacal (1973), de Fred Zinneman,Glissements progressifs du plaisir(1974), d’Alain Robbe-Grillet,Guerre et amour (1975), de WoodyAllen, Goodbye Emmanuelle(1977), de François Leterrier. Sondernier rôle aura été dans Rebe-lote (1984), de Jacques Richard.

Si, hormis chez Resnais et chezRobbe-Grillet, ses rôles à l’écranont été vite oubliés, OlgaGeorges-Picot aura été une « fi-gure » du cinéma français autournant des années 60-70, ayantmarqué les esprits au-delà de laréalité de ses apparitions àl’écran.

J.-M. F.

JOURNAL OFFICIEL

Au Journal officiel du dimanche29 juin sont publiés : b Accords internationaux : troisdécrets portant publication dutraité d’entente et de coopéra-tion, de l’accord sur la coopéra-tion et les échanges dans le do-maine du sport et de la jeunesse,de l’accord de coopération cultu-relle, scientifique et technique

entre la France et l’Ukraine, si-gnés à Paris le 16 juin 1992 et àKiev le 3 mai 1994 et le 19 octobre1995.b CSA : plusieurs décisions por-tant autorisation d’exploiter desservices de radiodiffusion sonorepar voie hertzienne terrestre enmodulation de fréquence enAquitaine.

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

M. et Mme Alain FOURMENT,ont la joie d’annoncer la naissance de leurcinquième petit-enfant,

Paul,

né le 20 juin 1997, chezGautier et Dorothée BÉRANGER.

Décès

– Le docteur Jacques Azerad,son époux,

Suzanne Azerad,sa belle-sœur,

Les familles Azerad, Desroches,Robert, Chizat,

Dominique Darbois,Jeannine et Pierre Laurent,ses amis de toujours,

Les familles Roos,vous annoncent que le

docteur NellyAZERAD-DESROCHES,

les a quittés le dimanche 29 juin 1997,après beaucoup de souffrances.

Que tous ses nombreux amis, que tousses nombreux patients, auxquels elle auradonné ses soins jusqu’à l’extrême limitede ses forces et de son rayonnement phy-sique et moral aient une pensée pour elleen ces jours de tristesse.

Des fleurs naturelles ou encore mieuxdes dons à l’Association pour la rechercheet l’étude des maladies cardiovasculaires(Aremcar), service du professeur Cas-teigne, de l’hôpital Henri-Mondor, Créteil(Val-de-Marne), à France-Transplant, pro-fesseur Cabrol, hôpital de la Pitié, boule-vard de l’Hôpital, Paris-13e, à La rouetourne (vieux comédiens), Mme Jarnach,président, 2, rue Gervex, Paris-17e, qu’ellea tant contribué à aider.

Une messe d’adieu sera dite par leR.P. Gabriel Dupland, oratorien, venuspécialement de Juan-les-Pins (cure de laPinède), le jeudi 3 juil let 1997, à15 heures, en l’église de la Sainte-Trinité,sa paroisse, place d’Estienne-d’Orves,Paris-9e.

Condoléances sur registre.

Cet avis tient lieu de faire-part.

« O mort, vieux capitaine,il est temps, levons l’ancre. »

Baudelaire.

Docteur Jacques-Paul Azerad,54, rue Blanche,75009 Paris.

– Lola, Gaïa, Thaïs Gans,ses filles,

Benoît Queysanne,Denise Barcilon,

sa mère,Renée, Marcel, Pierre, Robert,

Mona, Manou Barcilon,ses frères et sœurset leurs enfants,

ont la douleur de faire part de la mort de

Nadia BARCILON,

qui nous a tant aimés et que nous aimonstellement.

L’inhumation aura lieu le mercredi2 juillet 1997, au cimetière parisien de Ba-gneux. Réunion à 14 h 45 devant l’entréeprincipale.

– C’est trop tôt, maman, tu nousmanques.

Lola, Gaïa, Thaïs.

– Caen. Saint-Pierre-sur-Dives.Paris. Saint-Pierre-de-Mailoc.

Le docteur Léopold Berl,son époux,

Ses enfants et petits-enfants,Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M me Marguerite BERL,née LUSTIG,

survenu le 29 juin 1997.

Cet avis tient lieu de faire-part.

23, quai Eugène-Meslin,14000 Caen.

– Nîmes. Paris. Meudon.Bagnols-sur-Cèze. Montpellier. Illkirch.

Françoise et Xavier Godineau,Brigitte et Daniel Spanjaard,

Olivier, Aurélie,Daniel Cavalier,

Florence et Olivier Massis,Vincent Cavalier et Michèle,

Laurent et Elsa,leur fils Romain,

Marianne, Bernardet Anne-Marie Cavalier,

Sébastien et Cécile,Jean-Baptiste, Benjamin,

Martine et Jacques Ourliac,Mathieu, Anne,ses enfants, petits-enfants et arrière-petit-fils,

Mme Lucien Clauzelet ses enfants et petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

M me Paul CAVALIER,née Jeanne CLAUZEL,

survenu à Nîmes, le 28 juin 1997, à l’âgede quatre-vingt-un ans.

« Je lève mes yeux vers les montagnes...D’où me viendra le secours ?

Le secours me vient de l’Eternel,Qui a fait les cieux et la terre. »

Psaume 121.

1, boulevard de Prague,30000 Nîmes.

– Alain, Jeanne et Zoé Kotlar,

Les familles Kotlar, Halperin,Godderige, Heller, Kahn, Renardet Everwyn,

Ses amis,

ont la douleur de faire part du décès de

M me Marcelle KOTLAR,née QUITARD,

survenu en son domicile, le 27 juin 1997.

« Que la paix règne sur la terreet l’amour dans le cœur des Hommes. »

Les obsèques auront lieu le 2 juillet, à15 h 15, au cimetière de Gentilly, 5, rueSainte-Hélène, Paris-13e.

49, rue Brillat-Savarin,75013 Paris.

– Jean Fleury, président,Le conseil d’administration,La direction et le personnel d’Aéro-

ports de Paris,ont la grande tristesse de faire part dudécès, survenu le vendredi 27 juin 1997,de

Bernard LATHIÈRE,inspecteur général des finances,

commandeur de la Légion d’honneuret de l’ordre national du Mérite,

médaille de l’Aéronautique,officier du Mérite maritime,

grand-croix du Méritede la République fédérale d’Allemagne,

Commander of the British Empire,président d’honneur d’Aéroports de Paris,président de l’Institut du transport aérien,

président de la Fondation Royaumont.

Les obsèques auront lieu en l’égliseSaint-Aspais de Melun (Seine-et-Marne),le mercredi 2 juillet, à 14 h 15.

– Andrée et Julien Lévy,ses sœur et beau-frère,

Danielle Lévy,Corinne et Guy Lévy,

Carole et Sandrine,Pierre Emmanuel et Françoise Lévy,

Sophie et Delphine,Florence et Jean-Claude Bourgoint,

Julie Emmanuelle et Laurane,Véronique et Eric Offredo,

Ludwig et Boris,ses nièces, neveux, petites-nièceset petits-neveux,ont le regret de faire part du décès, le19 juin 1997, de

Roger LÉVY,né le 12 mai 1913, à Saint-Jean-de-Luz,

diplômé ESCP 1932,sous-directeur honoraire

de la banque d’Indochine,ancien interné politique (Drancy 1941).

Les obsèques ont eu lieu à Chelles,dans l’intimité familiale.

– M. Robert Poisson,son époux,

Mme Françoise Faure,Mme Catherine Neumann,

ses filles,ainsi que leurs enfants et petits-enfants,ont la douleur de faire part du décès de

M me Marie-Louise POISSON,

survenu le 17 juin 1997, dans sa soixante-dix-neuvième année.

Ses obsèques ont été célébrées le24 juin, dans la plus stricte intimité.

Cet avis tient lieu de faire-part.

60, rue Pasteur,95100 Argenteuil.138, rue de la Croix-Nivert,75015 Paris.108, avenue Denfert-Rochereau,75014 Paris.

– Mme Bruno Ramain,née Renée Achard,son épouse,

Ses enfants et petits-enfants,Mme Paul Ramain,

née Elisabeth de Lamberterie,sa mère,

Ses frères et sœurs,Ses beaux-frères et belles-sœurs,

neveux et nièces,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Bruno RAMAIN,ancien élève

de l’Ecole polytechnique (X47),agrégé de l’Université,

rappelé à Dieu le 25 juin 1997.

La cérémonie religieuse a eu lieu levendredi 27 juin, en la basilique Saint-François-de-Sales de Thonon.

Place des Tilleuls,74200 Thonon.32, rue Vallon,74200 Thonon.

– L’amicale des retrairés de l’Associa-tion Villages Vacances Familles,

a la grande tristesse de faire part du décèsde son président,

Yves TOUBEAU,chevalier dans l’ordre national du Mérite,

survenu le 27 juin 1997, à Antibes.

Une messe sera célébrée jeudi 3 juillet,à 15 heures, en l’église Saint-Eloi, placeCurie, à Fresnes (Val-de-Marne).

Amicale des retraités VVF,172, boulevard de la Villette,75019 Paris.

– Paulette Vernerey,son épouse,

Geneviève Vernerey,Isabelle Vernerey,

ses filles,Jean-Baptiste Vernerey,

son petit-fils,ont la tristesse de faire part du décès de

Gaston VERNEREY,

survenu le 26 juin 1997, à l’âge desoixante-douze ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 3 juillet, à 11 heures, en l’égliseSainte-Jeanne-de-Chantal.

146, boulevard Murat,75016 Paris.

– La famille de

Jacques VIDAL de la BLACHE

fait part de son décès, survenu le 22 juin1997.

Un office religieux sera célébré le ven-dredi 4 juillet, à 11 heures, en l’égliseSaint-Louis-des-Invalides, suivi de l’in-humation au cimetière du Montparnasse,dans le caveau de famille.

Anniversaires de décès

– 2 juillet 1997.

A tous ceux qui l’ont connue et aimée,Jacques et Laurent rappellent qu’il y a unan

Vonette AUBERT(Yvonne PIMONT)

les quittait.

Puissent-ils, en ce jour, avoir pour elleune pensée toute particulière.

16, rue de Tourvielle,69005 Lyon.

– Le 1er juillet 1996.

Jules DI COSTANZO

nous quittait.

Ses amis pensent à lui.

« Nous ne pouvons plus rien pour lui,et il pourra encore beaucoup pour nous. »

René Char.

CARNET DU MONDE

Renseignements :01-42-17-29-94

Télécopieur : 01-42-17-21-36

Tarif de la ligne H.T.

Toutes rubriques ......................... 105 F

Abonnés et actionnaires ............. 95 F

Communicat. diverses ............... 110 F

Thèse étudiants ............................. 65 F

Les lignes en capitales grasses sontfacturées sur la base de deux lignes.Les lignes en blanc sont obligatoireset facturées. Minimum 10 lignes.

– Le 1er juillet 1993,

Audrey RICARD,

quittait ce monde, à seize ans.

In memoriam.

« J’ai cueilli ce brin de bruyèreL’automne est morte souviens-t’en

Nous ne nous verrons plus sur terreOdeur du temps brin de bruyère

Et souviens-toi que je t’attends »Guillaume Apollinaire.

Cérémonies

– Nicole Tchénio, née Silberstein,Fanny Garrigues, née Silberstein,

sont heureuses d’informer que « YADVACHEM » a décerné le titre de « Justeparmi les nations » à

Rose CAHOURS,Ernest BOULADE

et ses sœurs,Maria CHABERT

etEmma GAY,

pour avoir aidé et sauvé à leurs risques etpérils leurs parents, réfugiés dans le Tarnpendant l’Occupation,

Judith SILBERSTEIN,et son mari,

Isidore SILBERSTEIN,décédé à Paris, le 28 septembre 1980.

La cérémonie de remise des médaillesd’honneur aura lieu à Paris, ce 1er juillet1997, dans l’intimité.

Judith Silberstein,Nicole et Roland Tchénio,

leur fille Tania,Fanny Silberstein Garrigues,

ses enfants Benjamin et Alexandra,

tiennent ici à remercier et honorer lesfamilles

Boulade et Cahours,leurs enfants, Cécile Pajot et Yvette Brun,nées Boulade,

Fernande et Pierre Cahours,Leurs parents et amis non cités,

remercient l’ambassade d’Israël, « YadVachem » à Jérusalem et l’ensemble deson comité français à Paris ;

remercientMme Micheline Sarfati,Mme Nicole Weinberg,M. Xavier Emmanuelli,M. Michel Katz,La mairie de Saint-Lieux-Lafenasse,Et tous ceux qui leur ont permis de

faire aboutir ce dossier.

57, rue du Docteur-Blanche,75016 Paris.23, boulevard des Belges,69006 Lyon.85, boulevard de Port-Royal,75013 Paris.

Communications diverses

– Le professeur S. Moscivici, EPHE,parlera de « Chroniques des années éga-rées » (Ed. Stock) au CBL, 10, rue Saint-Claude, Paris-3e, le jeudi 3 juillet 1997, à20 h 30. Tél. : 01-42-71-68-19.

Soutenances de thèses

– La famille Djeddi a la joie d’annon-cer le succès de :

M. Djamal-Dine DJEDDI,à sa thèse pour le doctorat de médecineobtenue avec mention très honorable.Nous félicitons et remercions : M. le pro-fesseur Puissan, le jury, les famillesChabou, Hedjadj, Chentous, Taam,Tofighi et le service de pédiatrie du CHUd’Amiens.

Nos abonnés et nos action-naires, bénéficiant d’uneréduction sur les insertionsdu « Carnet du Monde»,sont priés de bien vouloirnous communiquer leur

numéro de référence.

Page 13: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0013-0 WAS LMQ0207-13 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:26 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0473 Lcp: 196 CMYK

13

R É G I O N SLE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

La ruralité, atout vertdu Massif central

CLERMONT-FERRANDde notre envoyé spécial

De Rodez à Moulins et de Briveau Puy, on balance entre déceptionet espoir. Peu avant les électionslégislatives anticipées, dirigeantspolitiques et socio-économiquesattendaient avec impatience lalevée du voile sur le « plan Massifcentral », que le gouvernementJuppé – à l’occasion du comitéinterministériel d’Auch le 10 avril –avait annoncé comme devant êtreprêt pour septembre. Ce plan dedéveloppement intéressait dix-huitdépartements et devait donner unnouveau souffle au « plan Gis-card » de 1975. Beaucoup d’élé-ments avaient déjà été mis au pointpar le commissaire à l’industrialisa-tion du Massif central et du Centre,Marc Gastambide. Patatras ! Ladéfaite RPR-UDF, la formation dugouvernment Jospin ont tout gelé.Le « plan », le tracé de l’autourouteest-ouest A 89, le projet de parcVulcania de Valéry Giscardd’Estaing ? On va voir, a réponduAlain Rist, conseiller au cabinet deDominique Voynet, qui était venuvendredi 27 juin à Clermont-Ferrand clôturer l’assemblée del’Association de développement duMassif central (Adimac), essentiel-lement composée de chefs d’entre-prise.

Les milieux économiques et pro-fessionnels, en tout cas, ne selaissent pas impressionner par leschangements politiques et conti-nuent à peaufiner leurs proposi-tions. L’Association interconsulaire(AIMC) va diffuser un documentintitulé « Massif central 2015 :réconcilier les hommes etl’espace ». « Ces régions, analyse letexte, forment l’un des plus vastesespaces naturels d’Europe, ouverts etintégrés à l’Europe des entreprises...A défaut d’une stratégie forte dedéveloppement à partir des grands

axes de communication, on risqued’assister à un développement banal,dont on connaît les limites et quirisque de dénaturer à jamais les sitestraversés. »

Les chambres d’agriculture, quireprésentent une puissance deréseau et d’influence politiqueconsidérable dans ces régionsrurales, ne sont pas en reste. Orga-nisé à l’initiative du Carrefour ruraleuropéen, un colloque récent atenté de définir la place que pour-rait prendre le Massif central dansune politique rurale ambitieuse àl’échelle communautaire, dans lesillage d’une initiative intéressante,sur ce thème, lancée en octo-bre 1996 à la Conférence de Cork etque les organisations profession-nelles, FNSEA en tête, n’ont mal-heureusement pas su saisir aubond.

ÉCOSYSTÈME« La ruralité, chez nous, c’est non

seulement un concept moderne maisfédérateur », a souligné AlbertBoyer, président de la chambred’Auvergne. Si la population dimi-nue encore, ce n’est pas dû à unexode des actifs, mais au vieillisse-ment et au décès de gens âgés, aremarqué un participant en ajou-tant : « Une période de diversifica-tion des territoires et des fonctionséconomiques va s’ouvrir. On va réus-sir à lever le scepticisme selon lequelon ne pourrait pas créer d’activitésen zone rurale autres que celles liéesdirectement à l’agriculture. » Quellesentreprises ? Marc Gastambide estnet : « Nous voulons démontrer qu’ilexiste des entreprises spécifiquementadaptées au milieu qui les accueille.Le modèle unique n’existe pas. Lesentreprises se logent dans un « éco-système économique » propre, lié àleur géographie environnante ».

François Grosrichard

a CORSE : les syndicats de marins de la SNCM (Société nationale CorseMéditerranée) ont, pour des raisons salariales, déposé un préavis de grève pourles samedi 5 et dimanche 6 juillet. Ce mouvement vise notamment les rotationsdu ferry Napoléon-Bonaparte. Une grève du zèle des personnels des NGV(navires à grande vitesse) devrait également retarder les rotations entre l’île et lecontinent.a LOIRE : le conseil général de la Loire a adopté à l’unanimité, lundi 30 juin, unvœu présenté par son président, l’ancien ministre Pascal Clément (UDF-PR), etvisant à interpeller le gouvernement, après le report annoncé de la premièrephase de création d’un établissement public d’Etat doté de 50 millions de francs,chargé d’organiser la résorption des friches industrielles dans ce département.a MARSEILLE : le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jean-PaulProust, vient d’annoncer qu’un dispositif de restriction de la circulation des véhi-cules particuliers, comparable à celui de Paris, sera mis en place à Marseille en casde forte pollution atmosphérique.

« NOUS ALLONS enfin pouvoirentamer une politique qui a un sens,puisque, désormais, aménagementdu territoire et environnement sontimbriqués. » Ainsi parle Alain Rist,élu (Vert) au conseil régional d’Ile-de-France, chargé au cabinet deDominique Voynet d’apporter unenouvelle orientation et un nouveausouffle à la politique d’aménage-ment du territoire. Après avoirminutieusement procédé à lacomposition de son cabinet, « afind’effectuer les bons choix dès ledébut », la ministre devrait révélerdans les prochains jours les grandesorientations qu’elle souhaite donnerà son ministère, conformément à ladéclaration de politique générale deLionel Jospin : celui-ci a annoncéson intention de « réviser » la loid’orientation du 4 février 1995 (diteloi Pasqua) « afin que toutes lesdimensions – écologiques, culturelleset économiques – du territoire soientprises en compte dans les régions ».

Outre la nouvelle donne enmatière de grands équipements –qu’il faudra gérer en liaison avecJean-Claude Gayssot, ministre (PC)de l’équipement, des transports etdu logement – c’est l’ensemble de lapolitique d’aménagement et dedéveloppement qui va devoir être

revu par Mme Voynet : il lui revien-dra de s’appuyer sur le principe affi-ché par le premier ministre, selonlequel « la démocratie ne peut souf-frir la confiscation du pouvoir dedécider », notamment lorsqu’ils’agit d’équipements « aux retom-bées économiques, écologiques ethumaines considérables ».

En premier lieu, le ministère,épaulé par la délégation à l’aména-gement du territoire et à l’actionrégionale (Datar), qui, depuis 1963est l’outil et le symbole de la poli-tique de rééquilibrage géographiquedu pays, va remettre à plat la loid’orientation de 1995 et l’avant-pro-jet de schéma national d’aménage-ment et de développement, labo-rieusement mis au point parJean-Claude Gaudin et approuvépar le gouvernement d’Alain Juppéle 10 avril à Auch (Gers). « Il s’agitbien de réviser la loi, non de lareconstruire, précise M. Rist. En par-tant du même socle de réflexion, desmêmes matériaux, nous allons la“repeigner”. En y ajoutant, toutefois,deux éléments à nos yeux très impor-tants : la notion de développementdurable et le respect des engagementsinternationaux de la France enmatière environnementale. »

Mais la grande idée du ministère

tient à ce que le nouveau schémadevrait être élaboré « en cohé-rence » avec les schémas sectoriels(infrastructures de transport, télé-communications, enseignementsupérieur). « Sans cette cohésion,nous aurions construit un beauschéma d’objectifs, en apesanteur,non validé au plan économique,social ni même politique ». L’allusionà M. Gaudin est claire : l’ancienministre de l’aménagement du terri-toire, lui aussi, était à la recherched’une telle cohérence. Mais sonschéma national, au fur et à mesurede son élaboration, fut « raboté »,vidé de sa substance par la pressiondes collectivités dès lors qu’il mena-çait de toucher à des pouvoirslocaux.

Compte tenu de la volonté de« démocratisation » des choixpublics –, intention que les Verts ontproclamée bien avant leur arrivéeau gouvernement – le schémanational devrait faire l’objet d’une

« vaste consultation publique »,comme ce fut d’ailleurs le cas,lorsque Charles Pasqua était res-ponsable de ce dossier en 1994.Mais sa « grande œuvre », qui vou-lait marquer un retour en force del’Etat, ne fut pas menée à son terme,même si sa loi reste une référence.

ÉCHÉANCEPour sa part, Mme Voynet devrait

prochainement annoncer qu’elleveillera à ce que les arbitrages natio-naux ne soient bien rendus qu’auterme du débat dans le pays : « Atitre d’exemple, n’est-il pas naturelque les premiers intéressés s’expri-ment sur les infrastructures qu’ils sou-haitent ? Autoroutes ou ferroutage ?Veulent-ils modifier l’existant, lemaintenir ? Créer du nouveau ? »,interroge Alain Rist. L’ambition deMme Voynet est que le débat dure unan, jusqu’à l’été 1998, afin qu’unprojet de schéma aboutisse aumoment où les conseils régionaux

issus des élections de mars 1998,seront au travail. Ce qui permettraitde le valider, par le vote d’un projetde loi fin 1998. Soit avec deux ans deretard par rapport au calendrierprévu par la loi Pasqua. A cetteéchéance, la troisième « généra-tion » des contrats de plan Etat-régions – engagements financierspluriannuels, qui définissent deséquipements et des actions priori-taires communs – arrivera à sonterme (tout en sachant que la duréed’exécution a été prorogée d’un an).Alors s’ouvrira une perspective hau-tement symbolique : les nouveauxcontrats engageront le pays deplain-pied dans le XXIe siècle, del’an 2000 à 2004. La Datar, dont ledélégué – Raymond-Max Aubert,chiraquien de Corrèze –, est en ins-tance de départ, sera, naturelle-ment, le chef d’orchestre du nou-veau projet de schéma national.

Enfin, pour marquer toutel’importance qu’a désormais

Bruxelles en matière d’aménage-ment et de développement, undiplomate a été nommé au cabinet :Jean-Pierre Thébault, ancienmembre de la délégation française àl’ONU, est chargé de la coordinationinternationale de l’aménagement duterritoire. De même, ce nouveaucabinet, sachant pertinemment qu’ildoit faire ses preuves, qu’il est« attendu au tournant » par lesgrands corps (Ponts, Mines...) et lesgroupes de pression multiples (tra-vaux publics), voire syndicaux(CGT), s’est « bordé » profession-nellement. Outre M. Thébault, AlainNeveu, un ingénieur des Ponts etChaussées, est chargé des rapportsavec le ministère de l’équipementde Jean-Claude Gayssot (PC).Vincent Jacob, issu du millieu ban-caire, est responsable des entre-prises et de l’économie de l’environ-nement.

Jean Menanteau

INFRASTRUCTURES Domi-nique Voynet, ministre (Verts) del’aménagement du territoire et del’environnement, doit rendre pu-bliques, d’ici à la mi-juillet, ses orien-

tations en matière d’aménagementdu territoire. b LA MINISTRE a l’in-tention de remettre à plat la loi Pas-qua d’orientation et de développe-ment de 1995 et l’avant-projet de

schéma directeur, élaboré conformé-ment à cette loi, qui dessinera l’ar-chitecture territoriale de la France àl’horizon 2015. b LES DIMENSIONSécologique, culturelle et économique

devraient être prises en considéra-tion, selon le vœu de Lionel Jospin.b LA DÉMOCRATISATION de la prisede décision est aussi l’un des objec-tifs assignés à Mme Voynet. b LA DÉ-

LÉGATION à l’aménagement du terri-toire et à l’action régionale (Datar),actuellement dirigée par RaymondMax-Aubert, devrait être dotée rapi-dement d’un nouveau délégué.

Dominique Voynet veut « revisiter » l’aménagement du territoireComment réviser la loi Pasqua sans mettre à bas son architecture ? Comment démocratiser la prise de décision, y associer les citoyens ?

Le nouveau schéma national d’aménagement et de développement devrait faire l’objet d’une vaste consultation publique jusqu’à l’été 1998

Page 14: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0014-0 WAS LMQ0207-14 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:14 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0474 Lcp: 196 CMYK

cette situation se maintiendraaprès la rétrocession à la Chine,effective le 1er juillet. Le quoti-dien Ming Pao vient de consacrertrois éditoriaux à une questionqui préoccupe les Hongkongais :la sécurité. Une inquiétude parta-gée par les étrangers : selon uneenquête menée auprès des entre-prises nippones par le journal Ni-hon keizai, 43 % d’entre elles s’at-tendent à une progressivedétérioration de l’ordre social.

Les assurances de collabora-tion des triades (crime organiséchinois), dont se targue Pékinafin que la rétrocession s’effec-tue dans l’ordre, ont inquiétéplus que rassuré. Les contactsentre la sécurité publique(police) chinoise et lecrime organisé ont étéune nouvelle foisconfirmés en mai parl’ancien secrétairegénéral de l’agenceChine nouvelle,Wong Man-fong.

SelonM. Wong, quifaisait partie dela délégationqui négocia avecles Anglais, descontacts avec lestr iades ont étépris avant la si-gnature de la dé-claration de rétro-cession (décembre1984). « J’ai informé lestriades de nos intentionsde recouvrer la souveraine-té sur Hongkong et je leur aidemandé leur collaboration », arappelé M. Wong. En d’autrestermes, « business as usual », àcondition que les truands fassentpreuve de « patriotisme ». « Nousvoulions minimiser les facteurs quipeuvent entamer le climat des af-faires », a déclaré benoîtementM. Wong au Hongkong Standard.

L’aménité affichée par Pékin àl’égard des triades n’est pas unenouveauté. Le ministre de la po-lice avait fait se dresser les che-veux sur la tête des diplomatesaméricains quand il a révélé,après coup, que Pékin avait faitappel à l’une d’entre elles pour

14 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

H O R I Z O N SENQUÊTE

Le dessinateur Larry Feign(autoportrait ci-dessus)a reçu un prix de l’Académiedes droits de l’homme de Hongkong pour sa série« Lily Wong », publiée,quotidiennement pendant les 100 joursprécédant la rétrocession parle journal britannique « The Independent ». Larry Feign est actuellementinterdit de publication sur le territoire de Hongkong.

– Vous m’arrêtez pour inattention ?– Tu l’as dit, bouffi !– Mais regarde le bon côté de la chose : on t’arrête parce que tu as enfreint la loi.– Ah... comment ça, le bon côté ? – Parce qu’après le 1er juillet nous n’aurons plus besoin de cette excuse.[Publié le 20 mai 1997.]

Les triades au secours de Pékin

En conférantune légitimitéde faitaux organisationscriminelles,Pékin ne peutqu’encouragerla corruption

UNE bonne partiedes hold-up debijouteries etd’agences ban-caires à Hong-kong se font àl ’aide d’armesde guerre del’Armée popu-

laire de libération chinoise. Lesactes de piraterie perpétréscontre des navires de marchan-dises dans les eaux de la coloniebritannique étaient souvent, cesdernières années, le faitd’hommes affublés d’uniformesparamilitaires chinois.

La femme d’un homme d’af-faires occidental, qui appela unjour le numéro de téléphone dela voiture de son époux, eut lasurprise de tomber sur un gang-ster très poli qui l’informa que levéhicule, volé, était en route, àbord d’un bateau deux fois plusrapide que ceux de la police, versla côte chinoise...

Ces deux dernières années, letaux de criminalité à Hongkong asensiblement diminué (− 14 %),mais on peut se demander si

assurer la sécurité personnelle deDeng Xiaoping au cours de sonvoyage aux Etats-Unis en 1979.Après tout, le père du patriarchen’avait-il pas été à la fois pro-priétaire foncier, responsabled’une fraternité secrète anti-mandchoue et chef de la policelocale au Sichuan ? Un cumul des« fonctions » qui se retrouvechez quantité de personnagesdans la Chine des XIXe etXXe siècles, y compris parmi lesfuturs chefs communistes.

Si, dans les premières annéesde la République populaire, un

effort a été fait pour briser les ré-seaux criminels dans lesquels lerégime voyait une menace pourson autorité, le règne de Deng amarqué un retour au grand jourde la composante clanique de lasociété chinoise.

Dans le contexte hongkongais,imprégné de l’esprit judiciairebritannique, la connivence dunouveau pouvoir et du crime sus-cite un compréhensible malaise.En conférant une légitimité defait aux organisations crimi-

nelles, Pékin ne peut qu’encoura-ger la corruption : puisque lepouvoir traite avec le crime,pourquoi le petit fonctionnaire(de la police, des douanes ou del’immigration) n’en ferait-il pasautant ? D’autant que Pékin en-tretient une ambiguïté : le carac-tère supposé « patriotique » destriades.

Les organisations désignéesaujourd’hui par le nom que lesAnglais donnèrent au XIXe siècleà une société secrète (en réfé-rence à son symbole : un triangleunissant le Ciel , la Terre etl ’Homme) n’ont plus grand-chose à voir avec le banditisme

social, le code d’honneur (la« fraternité des rivières et

des lacs ») et les rituelsésotériques des socié-

tés secrètes de laChine impériale,

qui pratiquaientune dissidencerel igieuse oupolitique.

Opposées àla dynastiemandchoue,puis au pou-voir impérialau cours de lapoussée révo-lutionnaire qui

aboutira àl’instauration de

la République de1911, el les de-

vinrent par la suitede simples organisa-

tions criminelles trafi-quant l’opium, contrôlant

la prostitution et le marchéde la main-d’œuvre ou servantd’hommes de main au parti na-tionaliste (Kuomintang). Mao es-saya d’intégrer ces « élémentsdéclassés » du monde ouvrier etde la paysannerie à un Front unicontre le Japon. Certaines triadesparticipèrent à la guérilla antija-ponaise, mais la majorité avaientplus à gagner en servant le Kuo-mintang. Décimées par lescommunistes à partir de 1949,elles se replièrent à Taïwan et àHongkong.

L’évolution d’une triade activedans la colonie, 14 K, est sympto-matique du passage au crimed’une organisation au départ po-litique : créée à Canton en 1945(au 14, Pa Wah road, d’où sonnom) par un général du Kuomin-tang pour poursuivre la guerrecontre les communistes, 14 K estdevenue l’une des plus puis-santes organisations criminellesde Hongkong (30 000 membres).Elle rivalise avec Sun Yee On(40 000) formée en majoritéd’immigrants provenant de la ré-gion côtière de Guangdong.

Selon la police, les membresdes triades (une cinquantaine degroupes, dont une quinzainesont actifs) ne sont impliquésque dans 5 % des crimes commisà Hongkong, mais elles ont lahaute main sur la rue (racket dupetit commerce, jeux clandestins,extorsions diverses – jusqu’àl’eau des viviers des restaurants,par exemple –, prostitution, prêtsusuraires, contrefaçon, etc.).Leurs activités représenteraient10 % du produit national brut deHongkong.

C ’EST cet enracinement destriades dans la popula-tion, où elles constituent

encore un point de référence so-ciale archaïque pour les couchesles plus démunies, qui intéressePékin. Si les triades font régnerun ordre extra-légal dans la rue,elles peuvent aussi provoquerdes désordres : elles furent àl’origine d’émeutes dévastatricesdans les années 50 et jouèrentvraisemblablement un rôle, lorsde la révolution culturelle, dansles troubles que connut alors lacolonie.

De plus, on peut se demandersi des éléments de la nomenkla-tura communiste n’ont pas utiliséles triades pour évacuer des dis-sidents lors de la répression deTiananmen, en 1989, estimantqu’il était préférable de se débar-rasser de ces indésirables. Lestruands, qui n’agissaient pas paridéal, mais par intérêt financier,organisaient l’« exfiltration » des

intéressés, qui étaient ensuite« recueillis » par la sécurité deHongkong. De nos jours, lestriades ont la haute main surl’immigration illégale à grandeéchelle des travailleurs chinois.

L’utilisation par Pékin d’orga-nisations criminelles comme ins-trument paralégal de pouvoirn’est, à vrai dire, pas une spécifi-cité chinoise. Les Bourbons àNaples recourant à la Camorra,ou les collusions entre police,Mafia et politiciens dans l’Amé-rique des années 30, sont autantd’exemples de délégation à lapègre du maintien de l’ordredans les couches basses.

Dans la concession françaisede Shanghaï, dans les années 20-30, les autorités de la Républiqueétaient en cheville avec la pluspuissante société secrète, laBande Verte, qui contrôlait letrafic d’opium et la prostitution.L’un de ses chefs, Du Yuesheng,dînait régulièrement avec les res-ponsables de la police françaiseavant de lancer ses hommes à lachasse aux communistes, que lesautorités souhaitaient mettrehors d’état d’agir.

Une pratique qui trouve de nosjours un écho dans le rôle impartiaux sociétés secrètes chinoises ausein des « Chinatown » à traversle monde, où rien ne se fait enmatière d’ordre public ou de ré-glementation administrative sansune concertation plus ou moinsdiscrète avec les représentantsdu monde sous-terrain.

Ainsi en va-t-il, par exemple,dans le treizième arrondissementde Paris : il y a quelques années,la police s ’aperçut que lacommunauté asiatique « ou-bliait » de déclarer un nombreélevé de décès, de manière à « ré-cupérer » des identités utilisées àdes fins illégales. Les autorités si-gnifièrent alors aux chefs, nondéclarés mais connus, dessociétés secrètes du quartier leursouhait de voir cette situationprendre fin. « Quelques mois plustard, le nombre de décès étaitconforme à la densité démo-graphique du quartier », préciseun ancien responsable.

M AIS Paris n’est pasHongkong. Le souci desautorités de Pékin de se

concilier les triades en raison deleur rôle de maintien d’un certainordre à la marge de la société estun jeu risqué. Traiter avec leschefs ne signifie pas que la « pié-tai l le » va automatiquementsuivre : la « guerre des gangs » àMacao est l’illustration des déra-pages possibles.

Les triades ne constituent pasdes organisations pyramidales,comme le sont les bandes de ya-kuza, mais des nébuleuses crimi-nelles autour desquelles gra-vitent des personnages exerçantdes activités légales, qu’en Italieon dirait en « odeur de Mafia ».Bien qu’il existe une hiérarchie,leur structure est souple. Les ins-tances dirigeantes ont des fonc-tions de coordination plus que dedécision : les sous-groupes sontautonomes et peuvent passer desalliances avec une bande d’uneautre triade pour monter un« coup ».

Les triades sont impliquéesdans le trafic de la drogue et leblanchiment de l’argent grâce ausystème, difficilement détec-table, des réseaux financiers pa-rallèles qui fonctionnent sur liensde confiance (famille, commu-nauté d’origine) : tel montant dé-posé à Hongkong peut immédia-tement être « crédité » à l’autrebout du monde.

En ce qui concerne la drogue,contrairement aux cartels colom-biens, aucune triade ne prétendau contrôle vertical du trafic : cesont des sous-groupes ou desindividus de différentes bandesrassemblés pour une opérationponctuelle qui le pratiquent. LaThaïlande étant devenue plussévère, apparaissent de nouvellesroutes pour l’héroïne du Triangled’or (frontière de la Birmanie, duLaos et de la Thaïlande) quiaboutissent dans la régioncôtière du Guangdong. Ladrogue y est stockée et repart surdes bateaux de pêche, qui dé-

– M. Xi, comment pouvez-vous devenir notre nouveau chef de département ?Je pensais que seuls les gens d’ici pouvaient être nommés.– Après tout, la Loi fondamentale promet à Hongkong « un haut degré d’automomie ».– Faites-moi voir.– Certainement une erreur de l’imprimeur. Je m’en suis occupé.(Sur le livre : « Hongkong aura un haut degré d’autocratie »)[Publié le 17 juin 1997.]

Avant derécupérer Hongkong, les

Chinois se seraient assuréla « collaboration » des

anciennes sociétés secrètesreconverties dans le crimeorganisé. Une connivence

qui suscite un malaisedans les milieux

d’affaires

chargent leur cargaison sur descargos en haute mer. Mais unepartie est désormais consomméesur place.

Compte tenu des connivencesdes triades avec Pékin, de leurenracinement à Hongkong et duboom économique du sud de laChine, la police exclut un exodedes gangs après le 1er jui l let .D’autant que le légalisme britan-nique pourrait être administré demanière plus flexible.

Après avoir connu une fortecorruption dans les années 70, lapolice de Hongkong est l’une desplus efficaces du monde. Ellecompte un policier pour cent

quatre-vingt-unhabitants et dis-pose d’un arsenal de mesurespour lutter contre le crime orga-nisé. La rétrocession change-t-elle la donne ? Selon les textes,l’organisation de la police resteen place. Mais les trois quarts dessix cents cadres britanniques de-vaient partir avant ou juste aprèsla rétrocession : le régime colo-nial a engendré des frustrations(dans les promotions, parexemple), et la période quis’ouvre risque de donner lieu àun retour de bâton. Des cadreslocaux ont également fait valoirleur droit à la retraite. Leurs rem-plaçants seront-ils aussi expéri-mentés ?

Un affaiblissement de la policede Hongkong risque d’avoir plu-sieurs effets. D’abord sur le terri-toire lui-même, avec l’arrivée, endépit d’une surveillance renfor-cée des frontières, d’immigrantsillégaux et, dans leur sillage, devoyous tels que ceux du GrandCercle, un gang très violent for-mé de soldats en rupture de bansévissant dans le Guangdong etauteur de holp-up sanglants àHongkong. La région administra-tive spéciale de Hongkong sera-t-elle épargnée par le climat délé-tère de la Chine où s’est dévelop-pée, paral lèlement à lacroissance économique, une cri-minalité urbaine alarmante, oùrufians et policiers font bon mé-nage ?

Dans une ville frontalière deHongkong, le racket des voituresvolées (10 000 véhicules de luxedisparaissent chaque année duparc automobile hongkongais)avait récemment pignon sur rue :dépourvues de plaques d’imma-triculation, mais à conduite àdroite (à l’inverse du continent),les voitures étaient en vente dansdeux « garages d’occasion » ins-tal lés de part et d’autre ducommissariat. Des policiers enuniforme se déplaçaient à bordd’une limousine américaine rose.Depuis, la circulation de véhi-cules à conduite à droite a étéinterdite « pour raisons de sécuri-té »...

La faillite de la police de Hong-kong à garantir la sécurité ren-forcera-t-elle le rôle de maintienextra-légal de l’ordre exercé parles triades ? Sur le plan interna-tional, une telle évolution risquede se traduire par un relâche-ment du contrôle sur le trafic dedrogue, entraînant un affaiblis-sement de la coopération inter-nationale.

Or « le crime organisé chinoiss’internationalise, et il sera de plusen plus difficile à contrer sans unecoopération étroite entre les po-lices », a déclaré le sergent MarkCraig, de la police de Hongkong,lors une récente conférence surla criminalité en Asie.

Francis Deronet Philippe Pons

Page 15: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0015-0 WAS LMQ0207-15 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 09:31 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0475 Lcp: 196 CMYK

H O R I Z O N S - D É B A T S LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 15

Vilvorde et l’Europridepar Max Gallo

L A fermeture de Vil-vorde – ou l’accepta-tion du pacte de stabili-té monétaire – et la

manifestation de l’Europride, avecla participation d’un ministre de laRépublique et le soutien de plu-sieurs grandes entreprises, sont-ilsdes événements que rien ne rap-proche ? Au contraire, leur quasi-concomitance est-elle révélatriced’une nouvelle donne de la sociétéfrançaise, qui rejoint ainsi les so-ciétés occidentales ? Cette der-nière hypothèse me paraît fruc-tueuse.

L’économie libérale a des effetsculturels majeurs. Elle porte enelle la destruction des valeurs etdes structures traditionnelles, is-sues de la société rurale, liées àune économie nationale où l’Etatjoue un rôle décisif. Elle trancheles liens avec le sol, l’Etat, legroupe national. Elle exalte la mo-bilité, l’ouverture au monde, l’in-novation. Et la révolution techno-logique d’aujourd’hui accentue cesconséquences.

Quelles frontières nationales àl’heure d’Internet ? Quelle moralequand au nom de la liberté– comme vient de le décider laCour suprême des Etats-Unis –tout est possible sur les réseaux ?Dans ce moment historique, l’indi-vidu est enfin, après deux siècles,parvenu à être, en Occident, lemètre étalon. Il fonde, il choisit, enfonction de ses intérêts person-nels, qu’il s’agisse de ses mœurs,du type de couple qu’il veut fon-der, de la défense de son villagecontre les nuisances d’une auto-route, d’un grand canal, de pistesd’envol, d’une centrale nucléaire.

Il n’y a plus d’Etat ou de collecti-vité nationale, mais une juxtaposi-tion de groupes d’individus – descommunautés – défendant leursintérêts légitimes : voisins d’aéro-port ou de rivière à canaliser, ho-mosexuels, porteurs de voile isla-mique, ou défenseurs du droit à lavie. Ces communautés sont plus

ou moins influentes, en phase ounon avec la mode du moment.

Cette évolution favorise unegauche libérale et libertaire quiveut bien se reconnaître dans ladevise « Liberté, égalité, fraterni-té » (forgée dans la période « libé-rale » de la Révolution française)et elle met en difficulté ceux, jaco-bins de gauche ou de droite, quirépètent que la nation est « une etindivisible ».

Pour gouverner nossociétés, la gauche,c’est mieux.Gouverner ? Le motest archaïque.Disons : pour flotterà la surface de nossociétés, la gauche,c’est mieux

Mais c’est la droite que cetteconjoncture frappe de plein fouet.Elle est victorieuse sur le planéconomique, mais cette victoiresape son influence culturelle.D’autant plus qu’une extrêmedroite s’est emparée de la « tradi-tion ». Comment, pour la droite,s’allier à un Front national xéno-phobe alors que le métissage, les« nouvelles valeurs » sont le bainculturel de l’époque ? Et que la pa-trie a été jetée par-dessus l’épaule,au nom de l’Europe !

Les partis qui continuent– simple label – à s’appeler socia-listes ont donc un bel avenir de-vant eux. L’internationalisme quiest l’une de leurs origines s’ac-corde au mouvement écono-mique, technique et culturel d’au-jourd’hui. L’individualisme

présent retrouve, après la périodetotalitaire du XXe siècle, lessources mêmes de la « gauche ».

Reste la « question sociale »telle qu’elle naît de l’économie li-bérale. Peut-elle saper la base élec-torale des partis socialistes ? On lecroit. Et s’il n’en était rien ? Exclus,chômeurs, salariés précaires neparticipent plus à ce suffrage cen-sitaire retrouvé qu’est devenu lesuffrage universel. Ceux qui ne secantonnent pas dans l’abstentionvotent aux extrêmes. Les autresacteurs du jeu électoral (parfois àpeine un tiers du nombre des ins-crits) restent ainsi entre eux : pro-fessions libérales, salariés à statut,fonctionnaires, paysans. La droite,lorsqu’elle prétend pratiquer desréformes nationales, dresse ces ca-tégories contre elle. Car elles sou-haitent d’abord être défendues.

Et qu’est-ce que cette nation aunom de qui il faudrait réformer,supprimer les droits acquis ? Alorson vote pour la gauche. Elle laissefermer Vilvorde ? Les élites libé-rales sont satisfaites : la gauche estdonc bien réaliste. Les ouvriers ?Ils sont déçus. Mais votent-ils en-core ? Les salariés à statut ? Lagauche ne fait pas pis que ladroite, et elle reste l’incarnation dela liberté. Jack Lang défile le same-di avec l’Europride et explique ledimanche les raisons de la ferme-ture de Vilvorde. Bientôt on voterale contrat protégeant les coupleshomosexuels. L’alliage d’au-jourd’hui, c’est : économie libéraleet nouvelles mœurs.

Pour gouverner nos sociétés, lagauche, c’est donc mieux. Gouver-ner ? Le mot est archaïque. Di-sons : pour flotter à la surface denos sociétés, la gauche, c’estmieux. Souhaitons à ce navire desalizés et non ces quarantièmes ru-gissants où l’on se retrouve parfoisquand on s’est soucié de flotterplutôt que de gouverner.

Max Gallo est écrivain.

Vaincre la malédictionde la réforme par Bernard Spitz

E N changeant brutale-ment de majorité, lesFrançais ont-ils signifiéleur aspiration positive

au changement ou bien, aucontraire, marqué leur refus d’évo-lutions qu’on leur annonçait inéluc-tables ? Un peu des deux, sansdoute, et cette ambiguïté explique àelle seule la complexité de la tâcheréformatrice qui attend la nouvelleéquipe gouvernementale.

Il faut se méfier des mots passe-partout. Celui de « réforme », enparticulier, recouvre des senscomplexes et parfois contradic-toires. Au XVIe siècle, la réforme si-gnifiait beaucoup plus le retour aupassé que l’amélioration de l’avenir.C’était le sens religieux du retour àl’ancienne discipline. Le mot sesubstituait à celui de « réforma-tion », dont le sens était de « rendreà une forme supposée meilleure ».

Depuis le XIXe siècle, sa définitiona évolué : est réforme « l’améliora-tion apportée dans le domaine moralou social » ou encore « le change-ment qu’on apporte dans une institu-tion afin de l’améliorer ». A la diffé-rence du « changement », qui seborne à constater une différence, laréforme suppose désormais, par dé-finition, un progrès, et, à la diffé-rence de la « révolution », qui an-nonce une rupture, la réforme seveut porteuse de continuité et, aumoins implicitement, de modéra-tion.

Le mot conserve enfin une autresignification, héritée du passé : cellede « mise au rancart », c’est-à-direl’élimination de ce qui est considérécomme dépassé ou hors d’usage.On l’emploie alors pour les vaches,les véhicules, les bidasses et parfoisles ministres ; Jean-Jacques Servan-Schreiber ne fut ainsi ministre desréformes que quelques jours avant,comme Alain Juppé cette fois,d’être... « réformé ».

Promesse d’avenir, la réforme estdonc aussi renoncement au présent

et à ses habitudes rassurantes. D’oùla difficulté de son maniement, afortiori au sein d’une communautététanisée par l’ampleur du chômageet les perspectives de la mondialisa-tion.

Dans une société qui a perduconfiance en elle, la seule réformeconsensuelle est celle qui se faitchez les autres. On a applaudi les ré-formes libérales de Reagan ou That-cher à droite, mais l’ancienne majo-rité, pourtant écrasante, a renoncé àréorganiser le fonctionnement del’Etat comme à moderniser notrefiscalité. On encense le modèle hol-landais ou le réalisme du Labourbritannique à gauche, mais en segardant de privilégier l’emploi parrapport aux salaires dans le partagede la croissance, de même qu’à re-mettre en cause l’Etat producteur.

Bref, l’idée de réforme séduit,mais sa réalité inquiète. C’est pour-quoi les Français entourent si volon-tiers les « réformateurs » de leur es-time, mais sont si rétifs à les suivrequand ils parviennent au pouvoir.Pour s’en tenir à la Ve République,Charles de Gaulle, Jacques Chaban-Delmas ou Michel Rocard ont pubénéficier d’une grande popularitéquand ils portaient l’étendard du ré-formisme. Mais Jacques Chaban-Delmas a tellement inquiété sapropre majorité avec sa « nouvellesociété » qu’elle l’a éliminé aussitôtaprès. Charles de Gaulle est tombésur la réforme de la régionalisationet du Sénat, l’institution la plus fi-dèle de la République aux conserva-tismes qui lui tiennent lieu d’électo-rat. Michel Rocard, devant l’hostilitéde François Mitterrand, a cru devoircamoufler sa créativité réformatricederrière un étrange devoir de gri-saille. Quant à Alain Juppé, il n’a ja-mais réussi à entraîner dans son sil-lage que les élites éclairées qui luiont reproché ensuite d’avoir seule-ment simulé la réforme, sans la me-ner jusqu’à son terme.

Faut-il en conclure que notre pays

est condamné à être ballotté au grédes rapports de forces qui s’éta-blissent entre ses groupes de pres-sion, ses clans et ses coalitions d’in-térêts particuliers ? Admettre cettehypothèse serait le renoncementabsolu du politique. La maturité dudébat ne se situe pas entre la fatalitédu conservatisme et le règne del’opportunisme. Elle est au contraireaffirmation d’idées et de valeurs,mise en évidence de clivages per-mettant aux citoyens de se repérer,temps donné à la pédagogie et ca-pacité d’entraînement. Touteschoses qui ont tant manqué àl’équipe gouvernementale précé-dente et que le discours de politiquegénérale de Lionel Jospin a reposéescomme principes.

Il n’est pas vrai qu’un pays qui estpassé en un quart de siècle d’unedominante agricole au rang dedeuxième exportateur mondial deservices, de l’instabilité gouverne-mentale chronique à des institutionsefficaces et respectées, d’une infla-tion perpétuelle à la stabilité moné-taire et du contrôle des prix à uneréelle économie de marché, soit in-capable de changer, ni même qu’iln’en ait plus envie. La réforme estd’abord affaire d’ambition,d’éthique et de méthode.

« Gouverner autrement », a-t-il étérépété par tous pendant la cam-pagne électorale. Mais pour quoifaire, sinon pour vaincre la malédic-tion de la réforme et refaire duchangement, aux yeux des Français,un espoir et non une fatalité ? Onattend aujourd’hui de la gauchequ’elle ne se retranche pas derrièreles blocages de la société pour justi-fier le renoncement. Car l’Histoiremontre qu’il en va des conserva-tismes comme de la servitude : pourse justifier de les subir, on finit parles aimer.

Bernard Spitz est maître desrequêtes au Conseil d’Etat.

Du doute à la clartéd’une réconciliationpar Frère Roger, de Taizé

V ENUS à Graz de di-vers pays d’Europe,nous nous sommes in-terrogés sur une ré-

conciliation. Il importait de nousrappeler que nous sommes dans unmonde où coexistent la lumière etles ténèbres. Ils sont heureux, ceuxqui marchent de l’ombre, ou mêmedu doute, vers la clarté d’unecommunion ! Et une communionqui devient attente contemplativepermet à notre âme d’être ouvertedevant Dieu. Même sans paroles,elle nous donne de nous tenir en saprésence.

Comment alléger la souffrancehumaine et rendre la terre plus ha-bitable ? Déjà, au Ier siècle, uncroyant écrivait : « La vocation queDieu confie aux chrétiens est si bellequ’il ne leur est pas possible de fuir »(Lettre à Diognète). L’Evangile nousappelle à ne pas fuir, mais à concré-tiser toujours à nouveau cette pa-role du Christ : « Ce que vous faitesau plus petit de mes frères, c’est àmoi que vous le faites. »

En cette fin du XXe siècle, les mu-tations et les évolutions dans les so-ciétés sont toujours plus rapides etparfois si brutales. Une questionnous touche alors au plus profond :pourquoi des multitudes de jeunesse sont-ils éloignés de la prière dansles églises ?

S’il n’y avait pas une telle ab-sence de jeunes dans les églises,notre communauté de Taizé n’au-rait pas été stimulée, depuis unequarantaine d’années, à accueillirdes jeunes. Pour eux, nous souhai-tons être avant tout des hommesd’écoute, jamais des maîtres spiri-tuels. Avec eux, nous voudrions al-ler aux sources de la confiance de lafoi, en particulier à travers l’irrem-plaçable prière commune, avec lechant qui se prolonge longuementet qui, par sa beauté, vient toucherle fond de l’âme.

Ils sont nombreux, les jeuneschrétiens qui ne veulent pas êtredes « maîtres de l’inquiétude », maisdes « serviteurs de la confiance ». Ilssont conscients qu’il y a urgence à

sortir d’une période de méfiance, etmême de soupçon, pour se prépa-rer au « temps de la confiance et dela simplicité ». Si la foi en venait àêtre une prétention spirituelle, ellene conduirait nulle part. Compre-nons-nous l’intuition de saint Au-gustin : « Si tu as le simple désir deconnaître Dieu, déjà tu as la foi » ?

Plus tard, il écrivait encore :« Aime et exprime-le par ta vie ».Sans un amour qui pardonne, sansréconciliation, quel avenir y a-t-ilpour un être humain ? A l’approchede l’an 2000 retentit chez certainsl’appel à se réconcilier, non seule-ment entre chrétiens, mais dans lessituations les plus diverses, dans lespeuples, dans les familles, et aussiavec des non-croyants. Sommes-nous conscients que notre vie rendcrédibles nos paroles et nos intui-tions ? Une vocation œcuméniquequi ne se concrétiserait pas dansune réconciliation entretiendrait unillusoire.

Aimer et l’exprimer par son exis-tence : ce qui est vrai pour chaquepersonne l’est aussi dans ce mys-tère de communion qu’est le Corpsdu Christ ressuscité, son Eglise.Alors peut renaître auprès desjeunes une crédibilité souvent per-due, quand l’Eglise ouvre les portesde la confiance, du pardon et de lacompassion, et que, même avecpeu de moyens, elle accueille dansla joie et dans la simplicité.

Ne l’oublions jamais : le Christest avant tout communion. Il n’estpas venu sur la Terre pour créerune nouvelle religion, mais poussusciter une communion d’amour.Par son Esprit Saint, même lescraintes et les nuits de nos viespeuvent découvrir l’aurore de mul-tiples réconciliations et l’éveil d’unejoie toute simple. Dans nos cœursparfois fragiles s’allume uneflamme de communion, et il nousest donné d’avancer du doute versla clarté d’une réconciliation.

Frère Roger est le fondateur dela communauté de Taizé.

Page 16: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0016-0 WAS LMQ0207-16 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0476 Lcp: 196 CMYK

16 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

0123 est édité par la SA LE MONDEPrésident du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie ColombaniDirectoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ;

Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint

Directeur de la rédaction : Edwy PlenelDirecteurs adjoints de la rédaction : Jean-Yves Lhomeau, Robert Solé

Rédacteurs en chef : Jean-Paul Besset, Bruno de Camas, Pierre Georges,Laurent Greilsamer, Erik Izraelewicz, Michel Kajman, Bertrand Le Gendre

Directeur artistique : Dominique RoynetteRédacteur en chef technique : Eric Azan

Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment

Médiateur : Thomas Ferenczi

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne ChaussebourgConseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet

Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Gérard Courtois, vice-président

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982),André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA Le MondeDurée de la société : cent ans à compter du 10 décembre 1994.

Capital social : 961 000 F. Actionnaires : Société civile « Les rédacteurs du Monde ».Association Hubert Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde,

Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs,Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations.

0123 SUR TOUS LES SUPPORTSTélématique : 3615 code LEMONDE

Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOCou 08-36-29-04-56

Le Monde sur CD-ROM : renseignements par téléphone, 01-44-08-78-30

Index et microfilms du Monde : renseignements par téléphone, 01-42-17-29-33

Le Monde sur Compuserve : GO LEMONDEAdresse Internet : http : //www.lemonde.fr

Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78

0 12321 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05

Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 FTél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90

Internet : http : //www.lemonde.fr

ÉDITORIAL

Une tragique réalitéQUE M. RAMADIER réussisse ou

non à constituer le ministère desalut public que la France attend, ilest évident que le gouvernement,quel qu’il soit, va se trouver dansl’obligation de définir une politiqueéconomique et de l’appliquer sansfaiblesse. Les résultats obtenusdepuis trois ans montrent l’insuffi-sance des méthodes employéesjusqu’ici.

Le bilan actuel est facile à dresser.Les grèves endémiques, les haussesà peine déguisées de salaires quiseules permettent la reprise dutravail, le développement rapidede l’inflation, les sorties d’ordécouvrent brusquement une tra-gique réalité : le gouvernement aperdu le contrôle de la situationéconomique et financière.

Les pouvoirs publics ont été inca-pables de tenir le marché des pro-duits agricoles, soit que la taxationvide les marchés, soit que la liberté

détermine une hausse scandaleusedes prix. La production industriellereste étale à un niveau insuffisant ;elle se contractera même durant lesprochaines semaines, pendant quele déficit de notre balance commer-ciale doit nous acculer à l’arrêtpresque complet de nos importa-tions si nous ne recevons pas d’ici lafin de l’année une aide étrangère.

Nous courons donc à une catas-trophe prochaine si la situationn’est pas entièrement redresséedans de très brefs délais. Certainss’imaginent cependant que les cré-dits Marshall doivent nous remettreà flot, et qu’il nous suffira de tenirquelques semaines seulement enattendant que le pactole des impor-tations américaines nous permettede nous redresser. Gardons-nous deces illusions !

René Courtin(2 juillet 1947.)

Les femmes par Kerleroux

Le testament de Cousteau : risque calculé et partagepar Bertrand Poirot-Delpech, de l’Académie française

QUELQUES HEURES après la cérémonie àNotre-Dame, les cierges du catafalque à peineéteints, un gros livre du commandant Cousteau(L’Homme, la Pieuvre et l’Orchidée, de Jacques-Yves Cousteau, avec Susan Schiefelbein ; édi-tions Robert Laffont/Plon, 428 p., 139 F) inondeles librairies ! On devine les arguments quevont tirer de cette promptitude ceux qu’agacele sens médiatique de l’homme au bonnetrouge et de sa Fondation. Pour que la parutionde ce que la bande qualifie de « testament »suive aussi vite la nouvelle du décès, il a évi-demment fallu que le lancement fût combinéd’avance à la minute près, que le tirage attendîtdans un hangar le feu vert du dernier soupir,comme pour « profiter » de l’événement.

L’opération obéit aux conceptions habi-tuelles du disparu, et, qui sait ?, à ses propresvolontés. Il n’a jamais nié qu’à ses yeux tous lesrecours à la communication moderne, mêmeles plus triviaux, étaient justifiés par la néces-sité d’atteindre au mieux l’opinion, seule sau-vegarde contre les folies des gouvernants. Loind’un narcissisme qui ne l’a jamais guidé, etcette fois moins que jamais puisqu’il ne seraitplus là pour en jouir, on imagine tout à faitCousteau programmant lui-même un dernierplan de sa façon à destination des médias, etfaisant sciemment « servir sa mort » à la diffu-sion de ce à quoi il a cru et tenu le plus, poursauver sa chère planète.

Deux idées-forces parcourent ces cinquante-cinq années de plongées, de réflexions et demises en garde. La première concerne lesrisques, ceux qu’il a pris et ceux qu’encourt lemonde. Avec Casteret, Hillary, Haroun Tazieff,

Paul-Emile Victor, l’âge d’or de l’explorationterrestre semblait clos pour sa génération. Res-taient les fonds marins, inviolés depuis la nuitdes temps. C’est l’obsession de voir ce qu’on luicachait, et de le montrer au plus grandnombre, qui a inspiré le dernier découvreur decontinent. Il n’entrait dans sa passion aucunegriserie hédoniste, comme dans les flirts inu-tiles d’aujourd’hui avec l’« extrême ». Rien nelui répugne autant que le danger couru parignorance, goût de l’épate ou cupidité. Ayanteu à choisir entre la gangrène et l’amputation,après un accident de la route, et ayant finale-ment vaincu la nécrose sans perdre le bras, ilsait que tout risque suppose un pari sur lachance ; mais il s’est toujours voulu un « aven-turier raisonnable », méticuleux, d’une pré-voyance dont la plongée s’est révélée la meil-leure des écoles.

Les loteries inconsidérées des pouvoirs, ils’est mis à les traquer partout où étaient tirésdes chèques sur l’avenir : surpopulation, gaspil-lage de ressources naturelles nullement inépui-sables, destruction de l’environnement parl’économie de marché à courte vue et par lespolitiques ou les militaires, sur la foi d’exper-tises erronées ou clandestines. Face à sesalarmes concernant le nucléaire, il n’a pasoublié l’optimisme béat d’un atomiste françaispour qui « la nation qui a produit Saint-Exupérydoit avoir foi dans l’avenir ». Les remèdes : créerune autorité mondiale de l’Océan, arrêter lessaccages, réduire massivement les budgetsd’armement, empêcher qu’un petit quart del’humanité gaspille la planète et que les troisautres quarts soient exclus du festin.

La philosophie rendant le mieux compte deces divers renversements de priorités, Cous-teau l’a trouvée chez le médecin et penseurJean Hamburger, lorsque celui-ci analyse lesprogrès scientifiques récents et la sacralisationde la vie comme autant de défis aux lois de lanature, à sa logique de jungle. L’Homo sapiens aréussi à régner sur la vie animale comme lapieuvre sur les invertébrés, et l’orchidée sur lesfleurs (d’où le titre du livre) : il lui reste à éviter,par la volonté, les catastrophes dont est grossesa puissance nouvelle, si tournée soit-ellecontre la mort.

Comment ? Avant tout, par l’accroissementdes connaissances et leur diffusion à tous,condition de la régulation démographique etde la sagesse populaire. L’opinion mondiale luiparaît le seul frein à la démence des décideurs,et tous les moyens sont bons pour l’alerter. Lesautres remèdes, puisés aux sources des Ecri-tures comme à celles de la science, ce sontl’amour et la solidarité, dont dauphins et plon-geurs donnent spontanément l’exemple. Lanécessité du partage est le maître mot de cetultime message, lancé à chacun de nouscomme une bouteille à la mer.

Le don charitable ou humanitaire n’estqu’une goutte d’eau, symboliquement esti-mable mais ne servant à rien. Ce n’est pas don-ner, qu’il faut, c’est tout partager, sous peine desuicide collectif. Ajoutez-y le bonheur des ins-tants, savourés dans leur fragilité ; commeCousteau a appris à apprécier pendant undemi-siècle, du haut de sa passerelle de LaCalypso, la beauté miroitante et transitoire desvagues.

RECTIFICATIFS

ALAIN FINKIELKRAUTUn passage du point de vue d’Alain Finkielkraut

publié dans nos éditions du 25 juin était incompré-hensible en raison de l’omission de plusieurs lignes.Il fallait lire : « La frontière même de la puberté dis-paraît dans le fantasme maternel d’une enfanceinnocente et interminable livrée, dès qu’elle quitte lamaison, à la convoitise multiforme et meurtrière deM. Le Maudit. La réalité problématique du mondecède la place à la cohérence fictive et fantastique d’ungigantesque complot ».

JEAN-ERIC SCHOETTLJean-Eric Schoettl, nouveau secrétaire général

du Conseil constitutionnel, est né le 16 juin 1947 àParis, et non le 6 juin 1947 comme indiqué parerreur dans notre édition du 24 juin.

CABINET DE M. GAYSSOTYves Salesse, conseiller auprès du ministre de

l’équipement, des transports et du logement, nousprie de préciser qu’il est placé au premier rang dansla hiérarchie du cabinet de Jean-Claude Gayssot.Dans notre organigramme des principaux collabo-rateurs du premier ministre, des ministres et dessecrétaires d’Etat (Le Monde du 27 juin), M. Salesseaurait donc dû apparaître avant Francis Rol-Tan-guy, directeur du cabinet de M. Gayssot.

ENARQUESLes directeurs de cabinet issus de la Cour des

comptes sont au nombre de cinq, et non de quatre,comme nous l’avons écrit par erreur dans un articleintitulé « Les énarques omniprésents » (Le Mondedu 20 juin).

PRÉCISION

COLLÈGE DE FRANCEAndré Miquel, administrateur, président de

l’Assemblée des professeurs du Collège de France,nous demande de préciser que Raymond Sené, quenous avons cité dans un article relatif à Superphé-nix (Le Monde daté 22-23 juin), « n’est pas profes-seur au Collège de France. Il est chargé de recherchesau CNRS, affecté au laboratoire de physique corpus-culaire au Collège de France. Il est par ailleursmembre du Comité technique de protection et desûreté nucléaire et du Conseil supérieur de sûreté etd’information nucléaire ».

Les flèchesde la Coursuprême contrel’Etat fédéralSuite de la première page

Le juge Rehnquist n’a d’ailleursjamais caché qu’il avait jugé cettedécision prématurée, considérantqu’à l’époque un consensus n’étaitpas encore forgé sur ce sujet au seinde la société américaine. En toutétat de cause, les électeurs de l’Etatle plus avancé sur la question dusuicide médicalement assisté, l’Ore-gon, dont les habitants ont adoptéen 1994 un référendum l’autorisant,doivent à nouveau se prononcer surcette affaire en novembre, leur pre-mier verdict ayant été aussitôt blo-qué par de multiples recours judi-ciaires. La volonté de la Cour delimiter le pouvoir du Congrès parrapport aux Etats éclate au grand

jour dans trois arrêts qui entraînentl’abrogation de tout ou partie detrois lois fédérales récentes : une loide 1996 interdisant la diffusion dematériel « indécent » sur Internet ;une loi de 1993 – le Religious Free-dom Restoration Act – qui accordaitaux libertés religieuses plus de pro-tection contre les collectivitéspubliques que ne l’avait fait la Coursuprême dans un précédent arrêt en1990 ; et surtout une disposition dela loi Brady, qui avait institué en1993 un début de contrôle desarmes à feu.

Dans les trois cas, les juges ontestimé que le Congrès fédéral avaitoutrepassé les pouvoirs que luiconfère la Constitution ; dans celuide la loi Brady, qui exigeait desEtats qu’ils fassent vérifier par desofficiers de police le casier judiciairede tout acheteur prospectif d’unearme de poing pendant une périoded’attente de cinq jours, la Cour s’estfondée sur un argument qu’elle uti-lise pour la troisième fois entrois ans : cette disposition, a-t-elleestimé, relève d’une interprétationbeaucoup trop large de la « clausede commerce » de la Constitution,en vertu de laquelle le Congrès

fédéral est habilité à légiférer surtout ce qui fait l’objet d’uncommerce d’un Etat à l’autre. Pen-dant des décennies, le Congrès s’estappuyé sur cette clause pourétendre son autorité sur les Etats.Aujourd’hui, le vent a tourné : oui,dit la Cour suprême, la circulationdes armes à feu relève de la compé-tence du Congrès fédéral, mais non,le Congrès ne peut imposer auxEtats une procédure policière devérification de casiers judiciaires. Alui de trouver une autre astuce.

Ces trois décisions n’ont cepen-dant pu être prises qu’à la majoritépar une cour profondément diviséesuivant ce clivage. Le plus ardentdéfenseur de cette interprétation dufédéralisme est le juge Antonin Sca-lia, considéré comme le plus conser-vateur avec le juge Clarence Tho-mas : le meilleur moyen de protégerla liberté « des risques de tyrannie »,a écrit le juge Scalia à propos de laloi Brady, est de préserver « un sainéquilibre des pouvoirs entre les Etatset le pouvoir fédéral ».

Dans un registre différent, unautre arrêt rendu cette semaine, quiautorise les Etats à enfermer lesdélinquants sexuels dangereux en

établissement psychiatrique aprèsexécution de leur peine de prison,participe de la même logique : lesjuges ont ici soutenu la loi d’unEtat, le Kansas, même si un droitconstitutionnel fédéral, celui de nepas subir un double châtiment pourun même crime, était en jeu.

Cette Cour suprême, au sein delaquelle prédominent les jugesnommés par des présidents républi-cains, ne craint donc pas de désa-vouer le Congrès ni même le chefde l’exécutif : le président Clintons’est vu infliger deux revers sur desaffaires judiciaires le concernant.Mais on chercherait en vain parmices neuf juges un net clivage idéolo-gique ou une tendance au conser-vatisme agressif : dans la décisionsur Internet, par exemple, qui étendà ce médium la protection constitu-tionnelle de la liberté d’expression,les deux juges les plus conserva-teurs n’ont pas hésité à abroger laloi qui censurait le matériel« indécent » – et le non au « droitde mourir » n’est pas une fin denon-recevoir. Si conservatisme il ya, c’est un conservatisme timide.

Sylvie Kauffmann

Une Chine, deux systèmesL A date du 30 juin 1997,

à minuit, vient demarquer le début dela « deuxième coloni-

sation » de Hongkong, à l’heureoù se retiraient les Britanniquesaprès cent cinquante-six ans deprésence. Une colonisation encachait en effet une autre, carles Hongkongais n’ont jamaiseu voix au chapitre des négocia-tions qui ont débouché sur larétrocession du territoire à laChine.

Pékin et Londres se sont tou-jours abstenus de consulter lesprincipaux intéressés. Ils sesont contentés d’organiser unemise en scène spectaculaire etémouvante en guise de pointd’orgue à l’Histoire de la coloni-sation britannique en Asie, quis’était traduite sur ce territoirepar une réussite économiquesans précédent.

Derrière les coups de trom-pettes et les fastes des cérémo-nies de transfert de souverai-neté, les Hongkongais seretrouvent désormais dans unesituation de précarité politiquebien plus grande que sousl’« ancien régime ». Ils saventque, chez eux, on vit beaucoupmieux que partout ailleurs enChine continentale, cela endépit du « miracle économique »de l’ère Deng Xiaoping. Ilssavent aussi qu’ils sont devenusles sujets, voire les otages, d’unpays où l’on ne partage pas lesmêmes valeurs, en matière dedroits de l’homme et de libertésdémocratiques.

Ils savent, enfin, qu’en dépitdes promesses du présidentchinois Jiang Zemin, qui assureque les « droits et les libertés »

des Hongkongais seront respec-tés, ils peuvent légitimements’inquiéter pour leur avenir.Parce qu’à Pékin, on juge inac-ceptable que des Chinoispuissent avoir une conceptionplutôt occidentale de l’organi-sation de leurs vies person-nelles. Ce qui est le cas pour lamajorité des habitants deHongkong.

Il n’y a donc rien d’étonnant àce que les six millions et demide nouveaux ressortissants dela République populaire n’aientpas fait preuve d’un enthou-siasme excessif lors des cérémo-nies de la rétrocession. Certes,pour une fois dans l’Histoire dela décolonisation de l’après-guerre, deux nations à l’antago-nisme séculaire ont évité des’affronter à propos d’un terri-toire que l’un avait jadis injus-tement pris à l’autre. Il fautdonc saluer cette transition endouceur. Et espérer que la rétro-cession de cette ultime parcelled’empire colonial à un nouvel« empire » puisse paradoxale-ment offrir un tremplin à ceuxqui, face à la République popu-laire, privilégient les droits desindividus.

Reste à savoir cependant siles démocrates de Hongkong,qui ont tenu, le 30 juin au soir, àse féliciter de la fin de la tutellebritannique tout en rappelantque la Chine devra garantirleurs droits, pourront continuerà avoir la possibilité de s’expri-mer comme ils l’entendent. Celane sera possible que si Pékinrespecte ses engagements àl’égard d’un principe aussiambigu que celui d’« un pays,deux systèmes ».

Page 17: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0017-0 WAS LMQ0207-17 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0477 Lcp: 196 CMYK

17

E N T R E P R I S E SLE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

Les acteurs du téléphone aux Etats-UnisTrois principaux acteurs dans letéléphone longue distance : b AT&T : un peu plus de52 milliards de dollars de chiffred’affaires.b MCI : 18,5 milliards de dollarsde chiffre d’affaires. Le groupedoit être racheté par lebritannique BT.b Sprint : 14 milliards de dollarsde chiffre d’affaires.Dans le téléphone local, oncompte six acteurs majeurs – lescompagnies régionales – qui,bientôt, devraient se réduire àcinq : b SBC : 23,5 milliards de dollarsde chiffre d’affaires (centre et

sud-ouest des Etats-Unis). Née dela fusion de Southwestern Bell etPacific Telesis.b BellSouth : 19 milliards dedollars de chiffre d’affaires(sud-est des Etats-Unis).b Ameritech : 14,9 milliards dedollars de chiffre d’affaires (norddes Etats-Unis).b Nynex et Bell Atlantic : encours de fusion. Respectivement13,5 et 13,1 milliards de dollars dechiffre d’affaires (nord-est desEtats-Unis).b US West : 10,1 milliards dedollars de chiffre d’affaires(nord-ouest et centre desEtats-Unis).

Internet éclipse la convergenceavec la télévision

AVEC l’ouverture à la concur-rence du marché du téléphone lo-cal aux Etats-Unis, on attendait uncertain nombre d’initiatives de lapart des compagnies de téléphonelongue distance, comme AT&T,MCI ou Sprint, mais aussi des opé-rateurs de télévision câblée, pré-sents auprès de 65 % des foyersaméricains.

Or ces câblo-opérateurs « n’in-vestissent pas dans leurs réseauxpour offrir du téléphone », constateBert Roberts, le PDG de MCI. « Cen’est pas satisfaisant », déplore-t-il.La location de capacités de trans-mission auprès des câblo-opéra-teurs aurait pu constituer, pour lescompagnies de téléphone longuedistance, un moyen d’accéder auxclients des sociétés de téléphonelocal (les autres moyens étant laconstruction d’infrastructures et lalocation de capacités aux opéra-teurs locaux eux-mêmes).

A l’inverse, les compagnies detéléphone ne se montrent guèreplus actives dans l’offre de servicesde télévision. La compagnie régio-

nale SBC vient d’annoncer l’arrêtou le gel de ses projets de trans-mission de services vidéo sur seslignes téléphoniques. « Cette inté-gration n’a pas forcément de justifi-cation économique dans notrecas », relève John Jennings, res-ponsable des canaux de distribu-tion et du marketing direct chezSBC.

La convergence entre servicesde télécommunications et audiovi-suels, que devait provoquer lanouvelle législation américaine,apparaît donc comme une pers-pective très éloignée. La faute enrevient au phénomène Internet,selon Bob Victor, responsable dusecteur télécommunications auBoston Consulting Group. « Inter-net a conduit opérateurs de télé-phone et câblo-opérateurs à se re-concentrer sur leurs marchésrespectifs et à chercher avant tout àoffrir des accès performants à Inter-net, plutôt que d’essayer d’offrir quide la vidéo, qui du téléphone. »

Ph. L. C.

LES EXPLOITANTS télépho-niques américains AT&T et SBCont mis fin à leurs discussions surune fusion qui aurait donné nais-sance à un groupe de 75 milliardsde dollars (435 milliards de francs)de chiffre d’affaires. La ruptureproviendrait d’une divergence surles solutions à mettre en œuvreafin de pouvoir obtenir les feuxverts du département de la justiceet de la Commission fédérale descommunications (FCC), l’autoritéde réglementation des télécommu-nications.

Premier acteur du téléphoneoutre-Atlantique, AT&T domine lemarché des communicationslongue distance nationales et inter-nationales (80 milliards de dollars),qui est ouvert à la concurrence de-puis 1984. Implantée dans le Sud-Ouest (Texas, Kansas, Oklahoma...)et l’Ouest (Californie, Nevada),SBC est la plus grosse des compa-gnies régionales, ces Baby Bellsnées en 1984 de l’éclatementd’AT&T, qui disposaient jusqu’àprésent d’un monopole sur le télé-phone local.

Une fusion de ces deux poidslourds avait été jugée « impen-sable » le 19 juin par Reed Hundt,le président de la FCC, qui y voyaitun détournement de l’esprit de laréforme des télécommunications,adoptée par le Congrès début 1996.Avec cette loi, le marché du télé-phone a été totalement libéralisé,le monopole des compagnies ré-gionales étant aboli.

Ses promoteurs espéraient uneguerre totale entre opérateurslongue distance et locaux. Or, enfusionnant, AT&T et SBC évitaientd’investir, qui dans le local, quidans le longue distance.

Un an et demi après l’adoptionde ce Telecommunications Act, lemarché du téléphone local(100 milliards de dollars) reste unmonopole des compagnies régio-

nales. La convergence téléphone-télévision, que la loi devait favori-ser en poussant les opérateurs télé-phoniques et de télévision câblée àse livrer concurrence dans leurs do-maines respectifs, est inexistante.

Le seul effet visible de la nou-velle législation est le mouveme-ment de concentration dans lequelse sont engagés les acteurs du télé-phone : SBC est née du rachat dePacific Telesis par SouthwesternBell, et deux autres Baby Bells, Ny-nex et Bell Atlantic, s’apprêtentelles aussi à fusionner.

« La mise en œuvre du Tele-communications Act est mauvaise »,tranche Bert Roberts, PDG de MCI.Même si son avis est subjectif –MCI, numéro deux du téléphonelongue distance, veut croquer dansle gâteau du téléphone local –, iln’est pas le seul à exprimer des re-grets. « Il n’y a pas autant deconcurrence que prévu », reconnaîtKelly Cameron, juriste de la FCC.

LENTEUR DU PROCESSUS« Nous voudrions que cela aille

plus vite », indique-t-on aussi chezSBC. Le 26 juin, la FCC a rejeté lademande de la Baby Bell d’offrir àses clients de l’Oklahoma du télé-phone longue distance. Pour pou-voir proposer un tel service, lesfirmes régionales doivent remplirquatorze conditions, dont l’ouver-ture réelle à la concurrence de leursmarchés. Aucune d’elles n’a encorerempli ces conditions.

C’est cette absence d’ouverturedes marchés locaux de SBC qui au-rait fait achopper les discussionsavec AT&T. Selon la presse améri-caine, SBC aurait refusé la proposi-tion d’AT&T d’afficher sa bonnevolonté en se scindant en deux :une société commerciale et une so-ciété chargée des réseaux locaux,qu’elle aurait loués, sur une mêmebase tarifaire, à la partie commer-ciale de SBC et à des concurrents.

« Dans le longue distance, l’ouver-ture à la concurrence ne s’est pasfaite en une nuit », tempère Tho-mas Kalil, membre du conseiléconomique national à la MaisonBlanche. La lenteur du processustient pour une part au partage despouvoirs aux Etat-Unis entre régle-menteurs fédéraux et locaux, entreexécutif, législatif et judiciaire.« Chacun défend sa propre interpré-tation », note Damien Regnault,des services de l’expansion écono-mique à l’ambassade de France àWashington.

Les acteurs n’hésitent pas à jouerde ces différences. A la demandedes Baby Bells, la cour d’appelaméricaine a gelé les règles édic-tées par la FCC sur les modalitésd’accès des opérateurs longue dis-tance aux réseaux locaux. « Il estdifficile de spéculer sur un cadre na-tional avant six mois à un an, ce quiaccentue la balkanisation des ré-gimes réglementaires et d’ouverture

des marchés », considère M. Re-gnault. « Le plus critique pour l’ou-verture des marchés locaux est laprésence d’autorités réglementairesau niveau des Etats, relève ThomasKoutsky de la FCC, car beaucoupd’Etats sont opposés à la concur-rence. » « Il y a des régions oùcompagnies locales et Etats sontmain dans la main et où il y aurapeu de changement », renchérit Da-vid Lytel, PDG de Sherpa Consul-ting et ancien conseiller de M. Clin-ton à la Maison Blanche.

Les choses ne sont cependantpas restées totalement en l’état de-puis début 1996. AT&T a commen-cé à vendre du téléphone local augrand public en Georgie, en Cali-fornie, dans le Connecticut, l’Illi-nois et le Michigan, en louant lesréseaux d’opérateurs locaux.

MCI a adopté une démarche si-milaire pour attaquer la clientèlegrand public en Californie, opéra-tion qui devrait bientôt être éten-

due à l’Illinois et à New York. Maisl’essentiel de ses efforts porte sur laclientèle des entreprises, pour la-quelle la firme a construit sespropres réseaux dans vingt-deuxvilles (trente et une d’ici à la fin del’année). MCI, qui aura investi1,7 milliard de dollars dans ses acti-vités locales à la fin 1997 , ne reven-dique qu’un peu plus de milleclients professionnels.

CROISSANCE EXTERNEAucune compagnie régionale en

revanche n’a attaqué l’une de seshomologues. Elles cherchent à of-frir à leurs clients locaux existantsdu téléphone longue distance.« Dans nos régions, le longue dis-tance représente un marché de11 milliards de dollars », souligneGerry Chicoine, directeur des rela-tions avec les investisseurs finan-ciers chez SBC. La firme ne s’es-time pas suffisamment connuehors de ses régions pour s’y im-

planter par elle-même. D’où le re-cours à la croissance externe,comme avec Pacific Telesis. « Lesacquisitions constituent souvent lameilleure solution », avance l’un desdirigeants de SBC.

Tout en affirmant préférer un dé-veloppement solitaire de MCI dansle téléphone local, M. Roberts n’ex-cluait pas lui non plus l’hypothèsed’un rapprochement avec unecompagnie régionale si l’opérationAT&T-SBC avait abouti. C’est d’ail-leurs la crainte de voir les concen-trations se multiplier, dans la fou-lée d’un rapprochementAT&T-SBC, qui a provoqué lesprises de position tranchées deM. Hundt. Il n’est pas dit, malgrétout, qu’AT&T renonce à s’acheterdes parts de marché dans le télé-phone local. Robert Allen, sonPDG, considère qu’il s’agit là duprocédé le plus rapide.

Philippe Le Cœur

DÉRÉGLEMENTATION Lesexploitants téléphoniques améri-cains AT&T et SBC ont renoncé à fu-sionner, faute de pouvoir s’entendresur la façon d’obtenir l’aval des au-

torités fédérales. b UNE FUSIONentre le numéro un des communica-tions nationales et internationales,AT&T, et la plus grosse compagnie detéléphone local, SBC, avait été jugée

anticoncurrentielle et contraire àl’esprit de la réforme des télé-communications de 1996 . b Le TELE-COMMUNICATIONS ACT, adopté dé-but 1996, a mis fin au monopole des

compagnies régionales sur les appelslocaux et a fait tomber les barrièresentre téléphone local et longue dis-tance. b LE SEUL EFFET visible decette réforme est le mouvemement

de concentration. Le téléphone localreste un monopole des compagniesrégionales. La convergence entre té-léphone et télévision, que la loi de-vait favoriser, est inexistante.

La concurrence peine à s’imposer dans les télécommunications américainesUn an et demi après la réforme des règles du jeu, le téléphone local reste un monopole des compagnies régionales aux Etats-Unis.

AT&T, le poids lourd des communications nationales et internationales, voulait fusionner avec SBC, la compagnie de l’Ouest. Le projet a échoué

Page 18: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0018-0 WAS LMQ0207-18 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:12 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0478 Lcp: 196 CMYK

18 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 E N T R E P R I S E S

CHAMPAGNE TAITTINGERREIMS

L’Assemblée Générale Ordinaire annuelle de TAITTINGER, qui s’esttenue à REIMS le 23 juin 1997, sous la présidence de M. ClaudeTAITTINGER, a approuvé les comptes de l’exercice 1996 ainsi queles différentes résolutions qui ont été soumises à son approbationpar le Conseil d’administration.

Le dividende, coupon net 24 F + crédit d’impôt 12 F, soit 36 F,contre 34,50 F pour l’exercice précédent, sera payable aux action-naires ainsi qu’aux titulaires de certificats d’investissement àcompter du 23 juillet 1997.

Au cours d’une réunion tenue le même jour, le Conseil d’ad-ministration a renommé M. Claude TAITTINGER comme Président-Directeur Général de la Société pour la durée de son mandatd’administrateur qui prendra fin à l’issue de l’Assemblée GénéraleOrdinaire statuant sur les comptes de l’exercice 2002.

Le Conseil d’administration a également renommé comme direc-teurs généraux pour la même durée : MM. Jean TAITTINGER etPierre-Christian TAITTINGER, MMes Jean HENRION et Pierre deMARGERIE.

Au cours de son allocution, le Président a procédé à une analyse dela situation de la profession champenoise et a indiqué les princi-paux axes stratégiques de la politique du Groupe.

A l’issue de l’Assemblée Générale Ordinaire a été tenue une Assem-blée Générale Extraordinaire au cours de laquelle les actionnairesont approuvé les propositions du Conseil d’administration derenouveler l’autorisation d’augmenter le capital en période d’offrepublique d’achat ou d’échange portant sur les titres de la Société.

Les syndicats de British Airways dénoncent le nouveauplan de rationalisation et menacent de débrayer

LONDRES de notre correspondant

dans la CityLe personnel au sol de la compagnie aérienne British

Airways devait décider mardi 1er juillet la forme de lagrève qui pourrait perturber le transporteur aérien cetété. Cette action, conjuguée au mouvement décidé parles employés de cabine, risque de porter un grave pré-judice à l’image de la compagnie la plus rentable aumonde, déterminée à réduire de manière draconienneses coûts d’exploitation.

Deux débrayages menacent British Airways. Le per-sonnel au sol chargé de préparer la restauration embar-quée conteste le projet de vente du service, qui emploie6 000 personnes. Déjà le 26 juin, stewards et hôtessesont voté en faveur d’une grève après avoir rejeté lespropositions salariales mêlant avantages financiers etréductions du salaire de base et les obligeant à travail-ler différemment. Les syndicats accusent la direction devouloir faire supporter par la main-d’œuvre le coût desa stratégie visant à devenir le numéro un incontesté dutransport mondial au siècle prochain. Le plan de mo-dernisation prévoit, par exemple, l’adoption d’une nou-velle image internationale comprenant l’empennage deses trois-cent-huit avions par des œuvres d’artistes dumonde entier pour remplacer le drapeau britannique.

Lors du week-end, le directeur général de British Air-ways, Bob Ayling, a menacé les éventuels grévistes nonseulement de licenciements mais également de pour-suites devant les tribunaux pour dommages et intérêts.En vertu d’une législation antisyndicale votée sous legouvernement Major, une compagnie essuyant despertes à la suite d’un conflit du travail peut en effetfaire appel à la justice pour obtenir compensation parles grévistes. La direction estime que la réduction des

coûts – 1 milliard de livres (10 milliards de francs) d’ici àl’horizon 2000 – est la seule manière d’absorber labaisse continue, en termes réels, des tarifs aériens et demaintenir la profitabilité de la compagnie. Selon les ex-perts, ces économies pourraient être réalisées en ven-dant par ailleurs les opérations de traitement des ba-gages et la billeterie, voire en sous-traitant le pilotage.Mais à force de sous-traiter les services et de réduire lenombre d’employés, certains se demandent si la socié-té, privatisée en 1987, ne va pas se réduire à un simplelogo ? Il n’est pas question de transformer « BA » enune compagnie « virtuelle », assure Bob Ayling.

L’avènement d’un gouvernement travailliste pous-sant les syndicats à la radicalisation, les chances d’uncompromis apparaissent à première vue minces. Lesdeux camps s’efforcent pourtant d’éviter un conflit ma-jeur. « Il serait stupide de la part de Bob Ayling de vouloircasser les syndicats. Nous sommes ouverts au dialogue »,déclare George Ryde, secrétaire général du syndicatdes transports qui a saisi l’organisme de conciliationACAS. Pour sa part, la direction de British Airways s’estdéclarée satisfaite de l’offre de négociation que devraitfaire mardi le syndicat.

Pour la compagnie, l’enjeu est en effet d’importance.Selon Chris Avery, analyste de Paribas Capital Markets :« Même si la grève n’a pas lieu, le dommage porté à la ré-putation est déjà important en raison de la désaffectionde la clientèle d’affaires qui, par mesure de précaution,choisit de voler chez un concurrent. En cas de conflit so-cial, c’est la loyauté des clients fidèles qui est menacée.Dans le secteur du transport aérien, une grève a des ré-percussions commerciales très négatives même pour unefirme en excellente santé comme British Airways. »

Marc Roche

Le dollar s’approchedu seuil des 6 francs

Le deutschemark est affaiblipar la perspective

d’une Union monétaire élargieLE DOLLAR s’inscrivait en forte

hausse, mardi matin 1er juillet. Il co-tait 1,7488 mark et 5,8945 francs,ses cours les plus élevés depuis plusde trois ans face à ces deux devises.Le billet vert était en revanchestable face au yen, ce qui faisaitdire aux experts qu’on assiste da-vantage à un mouvement de dé-préciation de la monnaie alle-mande que de hausse du billet vert.

Le deutschemark cédait d’ailleursaussi du terrain face aux autres de-vises européennes. La livre sterlingvalait 2,9080 marks, son niveau leplus haut depuis juin 1992. Le francet la lire progressaient égalementvis-à-vis du mark, à respectivement3,3690 francs et 973 lires pour1 mark.

DÉCALAGE CONJONCTURELLe mark se trouve d’abord péna-

lisé par les perspectives de créationde l’euro. La signature du pacte destabilité au sommet d’Amsterdama augmenté la probabilité d’un lan-cement de la monnaie unique le1er janvier 1999. Ce jour-là, le markperdra son statut de devise de ré-férence sur le Vieux Continent. Denombreux investisseurs préfèrentdans ces conditions retirer leurs ca-pitaux d’Allemagne pour les trans-férer dans d’autres pays européens.Les nombreuses incertitudes quientourent la forme que prendral’Union monétaire – nombre depays participants, structure dugouvernement économique – sontune raison supplémentaire, auxyeux des gestionnaires, pour quit-ter le marché allemand. Les inves-tisseurs américains ou japonais,notamment, ne sont guère rassurésà l’idée que l’Italie, par exemple, re-joigne dès l’origine la zone moné-taire commune, et ils préfèrent dèsà présent placer leurs fonds en de-hors du continent européen. Seloneux, une Union monétaire élargieest synonyme d’euro faible.

Le deutschemark souffre aussides difficultés de l’économie alle-mande. Malgré la légère reprise del’activité, l’Allemagne devraitconnaître, en 1997, un des taux decroissance parmi les plus faibles aumonde. Selon les experts de l’OC-DE, la hausse du produit intérieurbrut atteindrait 2,2 % outre-Rhin,contre 3,6 % aux Etats-Unis, 3 % auRoyaume-Uni ou 2,5 % en France.La faible croissance, qui se traduitpar des difficultés budgétaires ac-crues et par une hausse continuedu chômage, a terni l’image de l’Al-lemagne sur les marchés financiers.

Le décalage conjoncturel entrel’Allemagne et les autres pays setraduit aussi par des divergencesmonétaires. Alors que personnen’envisage aujourd’hui de haussedes taux de la Bundesbank, les ex-perts prévoient des resserrementsmonétaires aux Etats-Unis, au Ja-pon et au Royaume-Uni. Ces anti-

cipations de taux pénalisent lemark.

Enfin, le silence observé par laBundesbank à propos des récentsmouvements de change a pour ef-fet de renforcer la baisse de lamonnaie allemande. Les opéra-teurs peuvent vendre des markssans avoir à craindre d’interventionde la part de Francfort. Au mois dejuin 1996, la banque centrale alle-mande avait pourtant jugé qu’uncours du dollar supérieur à1,54 mark ne serait pas souhaitable.En février 1997, elle avait protestélorsque le billet vert avait franchi labarre des 1,65 mark. La banquecentrale fait preuve aujourd’huid’une plus grande souplesse etd’une tolérance nouvelle,consciente des bienfaits que retirel’économie allemande de cette sti-mulation monétaire. De nombreuxspécialistes prévoient une pour-suite de la baisse du mark – et desautres devises européennes – faceau billet vert au cours des pro-chaines semaines. Ceux de labanque américaine Morgan Stan-ley parient que le dollar se situera à1,80 mark et 6,03 francs dans troismois.

Pierre-Antoine Delhommais

DÉPÊCHESa EUROTUNNEL : les fonds d’investissement gérés par NorthernCross, qui détiennent 38 millions d’actions Eurotunnel, ont renoncéà s’opposer au plan de restructuration financière après avoir ren-contré Patrick Ponsolle, le président d’Eurotunnel, à Boston. Sansleur appui, les actionnaires minoritaires opposés au plan ne pour-raient plus former une minorité de blocage lors de l’asemblée géné-rale du 10 juillet.a THOMAINFOR : l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CGC et les sa-lariés de la société d’informatique en redressement judiciaire de-puis fin juin, ont décidé d’occuper le siège social à Vélizy (Yvelines) àpartir de mardi 1er juillet, « devant le refus de la direction de Thomson-CSF de reconnaître sa responsabilité devant le dépôt de bilan de son ex-filiale, quatre mois après avoir été vendue à la holding américaineLGS ».a COMPAQ : le groupe américain a présenté lundi 30 juin un ordi-nateur personnel multimédia à 799 dollars, qui sera disponible enjuillet aux Etats-Unis.a DAIMLER-BENZ : le groupe allemand escompte au moins1,35 milliard de marks de l’emprunt convertible lancé après la ventede ses parts dans le groupe informatique français Cap Gemini.a THOMSON-CSF : l’assemblée générale des actionnaires a déci-dé, lundi 30 juin, d’ajourner la modification des statuts de la société« dont la mise en œuvre était suspendue à la réalisation de la privatisa-tion ».a COMPAGNIE GÉNÉRALE DES EAUX : le groupe a signé un ac-cord-cadre de 580 millions de francs avec la Banque européennepour la reconstruction et le développement (BERD), pour dévelop-per des services municipaux à l’Est. a NATIONSBANK : la quatrième banque commerciale améri-caine a acquis pour 7 milliards de francs la banque d’affaires califor-nienne Montgomery Securities.a COMPAGNIE BANCAIRE : la filiale de Paribas va céder deux fi-liales britanniques de l’UCB spécialisées dans l’affacturage, UCB In-voice Discounting et UCB factoring, à Bank of New york Financialcorp. (BNY).

Le distributeur d’eau Saur-Cises’apprête à supprimer 300 emplois

LES SALARIÉS de Saur-Cise, troi-sième distributeur d’eau français der-rière la Générale des eaux et Suez-Lyonnaise, sont en train de découvrirl’envers du décor de leur fusion. De-puis la mi-juin, les réunions du comi-té central d’entreprise se succèdentau siège de la société, filiale dugroupe Bouygues. Dans l’esprit desreprésentants du personnel, il s’agis-sait de définir les contours du nou-veau groupe et les missions de cha-cun, à la suite du rachat de la Cise àSaint-Gobain en décembre 1996. Illeur a fallu déchanter : derrière laréorganisation, c’est un plan socialqu’il leur est proposé.

Pour les seules activités françaises,260 suppressions d’emploi sont pré-vues dans les régions auxquellesviennent s’ajouter 56 suppressionsdéjà réalisées, au siège. Soit près de6 % de l’effectif total du nouveaugroupe (5 308 salariés). « La fusion acréé des situations de doublons. Il nousfaut mettre en place une nouvelle orga-nisation, pour gagner en efficacité ettenir compte des changements sur lemarché de l’eau », dit un porte-pa-role du groupe.

Pour les représentants de person-nel, la fusion ne justifie pas une réor-ganisation de si grande ampleur. Se-lon eux, le groupe veut profiter de cerapprochement pour préparer la pro-chaine étape : son introduction enBourse en 1999. « Pour atteindre cetobjectif qui sera la preuve de la réussitede la fusion, il faut poursuivre l’amélio-ration de la rentabilité dans toutes sesentités », indique un document de la

direction remis au comité central.Saur-Cise, pour l’instant, présente

un bilan très déséquilibré : son endet-tement dépasse les 4,2 milliards defrancs pour 2,8 milliards de fondspropres. Une augmentation de capi-tal de 800 millions de francs est pré-vue à la fin de l’année. En parallèle, legroupe souhaite réduire ses dettes de1,2 milliard de francs.

Pour y parvenir, il ne peut pluscompter sur la croissance naturellede son activité de distribution d’eau,autrefois si rémunératrice. Lesconsommateurs comme les collecti-vités sont plus avertis : les pressionssur les prix de l’eau se font de plus enplus fortes, au moment où les exi-gences de qualité ne cessent de s’éle-ver. « Si aucune mesure n’était prise àla Saur, son résultat opérationnel se dé-graderait de 15 millions par an », sou-ligne la direction, pressée de réagir.

Pendant trois ans, Saur-Cise a pré-vu de limiter ses investissements à950 millions par an contre 1,3 milliarden 1995. La société envisage aussi decéder 500 millions d’actifs. Ceséconomies s’ajoutent aux 300 sup-pressions d’emplois. La direction ditque toutes les mesures de prére-traites et de reclassement dans legroupe Bouygues seront prises. Surle terrain, les salariés s’inquiètent : legroupe Bouygues a aussi promis dereclasser ses salariés du bâtiment (en-viron 2 000 cette année) et il n’a pasun nombre infini de postes à pour-voir.

Martine Orange

Les ventes de voitures neuves en Franceont reculé de 30 % en juin et de 23 % depuis janvier

Les parts de marché de Renault, Peugeot et Citroën s’effritentLes immatriculations de voitures neuves n’ontpas atteint 95 000 véhicules en juin, en recul de30 % sur le même mois de 1996. Il s’agit du hui-

tième mois de baisse consécutive. Sur le premiersemestre la chute est de 23 %. Les constructeurss’attendent maintenant à une baisse de 15 % sur

l’année. Heureusement, leurs performances àl’exportation compensent en partie ce marasmeenregistré sur leur marché national.

LE MARCHÉ automobile fran-çais s’enfonce dans le marasme. Lecomité des constructeurs françaisd’automobiles (CCFA) devait an-noncer, mardi 1er juillet, un recul de30 % du marché des véhicules detourisme en France pour le moisde juin. Seuls 93 000 véhicules au-raient été immatriculés au cours dece mois traditionnellement creux,dans l’attente de la mise en ventedu nouveau millésime.

Le chiffre alarmant de juin nefait que confirmer la tendance en-registrée depuis le début de l’an-née. Sur les six premiers mois, lerecul atteint 23 %, avec 785 000 vé-hicules immatriculés, enfonçant letriste record de l’année 1993(813 000 véhicules), jusqu’alorsconsidérée comme l’année noiredu secteur. L’origine de cette dé-bacle remonte à l’arrêt de la primeJuppé, le 30 septembre 1996. Privéde cette perfusion étatique, le mar-ché automobile s’est depuis révéléincapable de se reprendre.

SÉRIEUSES MENACESMaigre consolation, le CCFA a

décidé de mettre en avant la meil-leure tenue du marché des petitsutilitaires. Avec 160 000 immatri-culations sur le premier semestre,

le recul n’est que de 6 % pour cettecatégorie. Ce qui ramène le reculdu marché total (véhicules parti-culiers et utilitaires) à 20 %.

Ce chiffre entraîne, pour la pre-mière fois, la révision à la baissedes prévisions des constructeursfrançais pour l’année 1997. Ils cam-paient jusqu’à présent sur un reculdu marché français de 10 % pour1997. Ils tablent aujourd’hui sur unrecul de 15 % pour l’année encours, pronostic qui pourrait êtredépassé puisque les ventes d’août,

de septembre et d’octobre 1996avaient été particulièrementbonnes, dopées par l’annonce de lafin de la prime.

Dans ce contexte difficile, lesconstructeurs français ont eu laconfirmation du recul de leur partde marché. Ils ne contrôlent plusdésormais qu’un peu moins de55 % du marché hexagonal, contre56,5 % un an plus tôt et 62,3 % en1995. Là encore, la meilleure tenuedu marché des véhicules utilitairesaméliore très légèrement ces résul-

tats. En réalisant 72 % des ventesde ce segment sur les six premiersmois de l’année, les marques fran-çaises ont pu préserver une part demarché totale sur les véhicules lé-gers de 58 %.

La poursuite de la dégradationdu marché français fait peser desérieuses menaces sur l’avenir deRenault et PSA. Leurs perfor-mances européennes parviennenttoutefois à compenser en partie lachute en France. Sur les cinq pre-miers mois de l’année, le marchéd’Europe occidentale a progresséde 0,3 % mais les ventes de PSAont reculé de 6 %, avec onze pointsde parts de marché et Renault aenregistré une baisse de 1,6 % avecune pénétration de 9,6 points.

Les constructeurs français conti-nuent donc d’additionner les planssociaux. Outre la fermeture de Vil-vorde (3 100 emplois), Renault aprésenté en février un plan socialconcernant 2 800 salariés. Citroëna annoncé en avril 800 suppres-sions d’emplois et 382 reconver-sions internes. Peugeot a présenté,au lendemain des élections législa-tives, un plan social portant sur2 816 personnes.

Christophe Jakubyszyn

Source : CCFA* Cinq premiers mois

Le marasme du marché français

- 33,6 %

- 10,5 %- 17,1 %

- 25 %- 23 %

- 30 %

ÉVOLUTION PAR RAPPORT À 1996 PARTS DE MARCHÉ*

J F M M JA

122

552

133

112

151

404

164

036

120

600

93 0

00*

1997

* esti

mat

ion

RENAULT

PEUGEOTAUTRES CITROËN

45,2%26,9%

16,1%

11,8%

Nombre d'immatriculations

Page 19: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0019-0 WAS LMQ0207-19 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0479 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 19F I N A N C E S E T M A R C H É S

AGF, valeur du jourLES AGF ont poursuivi, lundi

30 juin, leur mouvement de rattra-page amorcé au cours de la se-maine précédente, après avoir été« attaqué » depuis le mois de fé-vrier à la suite de l’intérêt manifes-té par le groupe pour le GAN. L’ac-tion a gagné 2,6 % à 187,80 francsdans des transactions portant sur905 000 titres. Un analyste a, enoutre, souligné que l’hypothèse se-lon laquelle les AGF reprendraientle GAN s’éloigne avec la multipli-cation des repreneurs potentiels

comme Fortis ou Generali. LesAGF ont, par ailleurs, annoncéavoir conclu un accord cadre avecleurs agents généraux.

a LA BOURSE de Tokyo a terminé enbaisse, mardi 1er juillet, sous l’effet desprises de bénéfice. L’indice Nikkei aperdu 429,44 points à 20 175,52 pointssoit un recul de 2,08 %.

a LE DOLLAR a franchi la barre des 115yens, mardi 1er juillet, à Tokyo, grâce àdes achats de fonds américains. En finde séance, le billet vert s’échangeait à115,11yens contre 114,64 yens la veille.

a WALL STREET a baissé de 14,93points à 7 672,79 lundi. Les opéra-teurs étaient nerveux à la veille duComité monétaire de la Fed(FOMC).

a AMORCÉES à la veille du week-end,les prises de bénéfice se sont accéléréeslundi en fin de journée à la Bourse deParis. Le CAC 40 a terminé sur un reculde 1,13 % à 2 858,26 points.

a LE PRIX de l’or a chuté à son plus basdepuis plus de quatre ans, lundi sur lemarché de Londres. L’once (31,103 gram-mes) a baissé jusqu’à 334,05 dollarsavant de remonter à 344,45 dollars.

Net reculà Tokyo

LA BOURSE de Tokyo s’est vi-vement repliée, mardi 1er juillet,sous l’effet des prises de bénéficedans un marché ébranlé par desinformations selon lesquelles troisnouvelles sociétés de Bourse,après Nomura, seraient elles aussiimpliquées dans des transactionsillicites avec des sociétés prochesde la Mafia. L’indice Nikkei a ter-miné en baisse de 429,44 points,soit 2,08 %, à 20 175,52 points.

La veille, Wall Street a terminéla séance sur une baisse de 14,93points (0,19 %) à 7 672,79 points.L’indice Dow Jones avait démarréen hausse puis a baissé de plus decinquante points pour repasserbrièvement dans le vert en coursd’après-midi. L’approche de laréunion du comité monétaire de laFed rend les opérateurs nerveux etl’annonce par le président Bill

Clinton selon laquelle il n’approu-vait pas l’accord budgétaire négo-cié par le Congrès a contribué à lafaiblesse du marché.

En Europe, la Bourse de Londresa franchement baissé. L’indiceFootsie a perdu 35,7 points, soit0,77 %, à 4 604,6 points. Outre-Rhin, le marché francfortois a éga-lement cédé du terrain, perdant0,25 % à 3 785,77 points.

Vigueur du dollarLE DOLLAR poursuivait son ascension, mardi matin

1er juillet, lors des premières transactions entre banquessur les places financières européennes. Il cotait1,7488 mark et 5,8945 francs, ses cours les plus élevés de-puis plus de trois ans face à ces deux devises. Ledeutschemark cédait aussi du terrain face aux autresmonnaies européennes. La livre sterling valait2,9080 marks, son niveau le plus haut depuis juin 1992. Le

franc et la lire progressaient également vis-à-vis du mark,à respectivement 3,3690 francs et 973 lires pour un mark.

Les différentes monnaies européennes, et en premierlieu le mark, souffrent des perspectives de création d’uneUnion monétaire élargie, comprenant l’Italie, et d’un eu-ro faible. Les investisseurs américains et japonais pré-fèrent dès à présent placer leurs fonds en dehors ducontinent européen.

Légère baisse du MatifLE MARCHÉ OBLIGATAIRE français a ouvert en lé-

gère baisse, mardi 1er juillet. Après quelques minutes detransactions, le contrat notionnel du Matif, qui mesure laperformance des emprunts d’Etat, cédait 4 centièmes, à129,18 points. Le taux de l’obligation assimilable du Tré-sor (OAT) à 10 ans s’inscrivait à 5,58 %, soit 0,12 % au-des-sous du rendement du titre allemand de même échéance.

La veille, les obligations américaines avaient terminé la

séance en baisse. L’annonce d’une hausse de 7,1 % desventes de maisons neuves en mai et la progression à61,5 points en juin (après 56,8 points en mai) de l’indicedes directeurs d’achats de la région de Chicago avait étémal accueillie par les investisseurs. Le rendement del’emprunt à 30 ans s’était inscrit à 6,79 % en clôture.

La Banque de France a laissé inchangé, mardi, à 3,19 %,le taux de l’argent au jour le jour.

Reprise à la Bourse de Paris

LES VALEURS françaises se re-prenaient sensiblement, mardi 1er

juillet, à la Bourse de Paris. Enprogression de 0,27 % à l’ouver-ture, l’indice CAC 40 s’inscrivait enhausse de 0,77 %, à 2 880,16points, quelques minutes plustard.

La veille, les valeurs françaisesavaient terminé à leur plus bas ni-veau du jour, affectées par le vifrecul de Wall Street en réaction àun indice des directeurs d’achatsde Chicago nettement supérieuraux prévisions. L’indice CAC 40s’est finalement inscrit en clôtureà 2 858,26 points, en baisse de1,13 % sur la séance précédente. Levolume a totalisé 11,3 milliards defrancs.

Après la folle équipée de la se-maine précédente (+ 4,86 %), lesprises de bénéfice étaient jugéestout à fait normales, notammentavec l’échéance mensuelle, maisaussi trimestrielle, des options surindice. Les ventes se sont accélé-rées à l’ouverture de Wall Street.Les investisseurs se montrent éga-

lement plus prudents avant l’audi-tion du ministre de l’économie etdes finances devant la commissiondes finances de l’Assemblée natio-nale, mercredi. Du côté des va-

leurs, Alcatel Alsthom a cédé 0,6 %dans un marché actif de 874 mil-lions de francs, à la suite notam-ment d’une application portantsur près de 600 000 titres.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

qCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

p1 mois

NEW YORK

qDOW JONES

LONDRES

qFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

qDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

nJour le jour

PARIS

qOAT 10 ans

NEW YORK

pJour le jour

NEW YORK

qBonds 10 ans

FRANCFORT

pJour le jour

FRANCFORT

nBunds 10 ans

US / F

p5,8777

US / DM

p1,7448

US / ¥

p114,5900

DM/F

q3,3712

£ / F

p9,7880

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 30/06 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,12 5,55 6,46 1,70Allemagne 3 5,67 6,46 1,80Grande-Bretagne 5,37 7,01 NC 2,80Italie 7,06 6,88 7,46 2,60Japon 0,58 2,60 NC 0,50Etats-Unis 5,59 6,46 6,75 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente30/06 30/06 27/06 27/06

Jour le jour .... .... 3,1875 ....1 mois 3,18 3,30 3,23 3,333 mois 3,27 3,37 3,28 3,406 mois 3,30 3,42 3,31 3,431 an 3,39 3,51 3,36 3,48PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3223 .... 3,3223 ....Pibor Francs 3 mois 3,3789 .... 3,3789 ....Pibor Francs 6 mois 3,4297 .... 3,4297 ....Pibor Francs 9 mois 3,4688 .... 3,4688 ....Pibor Francs 12 mois 3,5176 .... 3,5176 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,1615 .... 4,1615 ....Pibor Ecu 6 mois 4,1927 .... 4,1927 ....Pibor Ecu 12 mois 4,2500 .... 4,2500 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 30/06 % 27/06 Achat VenteAllemagne (100 dm) 337,1200 – 0,09 326 350Ecu 6,6200 + 0,07 .... ....Etats-Unis (1 usd) 5,8777 + 0,59 5,5800 6,1800Belgique (100 F) 16,3385 – 0,08 15,8200 16,9200Pays-Bas (100 fl) 299,4700 – 0,11 .... ....Italie (1000 lir.) 3,4535 + 0,14 3,2000 3,7000Danemark (100 krd) 88,5500 – 0,01 84,2500 94,2500Irlande (1 iep) 8,8710 + 0,60 8,4600 9,3000Gde-Bretagne (1 L) 9,7880 + 0,49 9,3600 10,2100Grece (100 drach.) 2,1385 + 0,12 1,9000 2,4000Suede (100 krs) 75,9400 + 0,03 71 81Suisse (100 F) 402,7800 – 0,63 390 414Norvege (100 k) 80,2400 + 0,04 77,5000 86,5000Autriche (100 sch) 47,9110 – 0,09 46,4500 49,5500Espagne (100 pes.) 3,9895 + 0,01 3,7000 4,3000Portugal (100 esc. 3,3400 + 0,15 3 3,7000Canada 1 dollar ca 4,2629 + 0,82 3,9700 4,5700Japon (100 yens) 5,1365 + 0,55 4,9100 5,2600Finlande (mark) 113,0400 + 0,01 108 119

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 5,8627 5,8617 5,8242 5,8232Yen (100) 5,1310 5,1257 5,1022 5,1000Deutschemark 3,3721 3,3716 3,3739 3,3734Franc Suisse 4,0335 4,0314 4,0471 4,0436Lire ital. (1000) 3,4549 3,4513 3,4495 3,4459Livre sterling 9,7532 9,7457 9,7043 9,6968Peseta (100) 3,9918 3,9903 3,9900 3,9880Franc Belge (100) 16,351 16,325 16,365 16,344

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

30/06 27/06Alcoa 75,37 76Allied Signal 84 84American Express 74,50 75,68AT & T 35,06 35,75Boeing Co 53,06 53,50Caterpillar Inc. 107,37 108Chevron Corp. 73,93 72,75Coca-Cola Co 67,50 71Disney Corp. 80,25 79,93Du Pont Nemours&Co 62,87 61,12Eastman Kodak Co 76,75 78,50Exxon Corp. 61,50 60,43Gen. Motors Corp.H 55,68 55,81Gen. Electric Co 65,37 65,31Goodyear T & Rubbe 63,31 63,25Hewlett-Packard 56 54,50IBM 90,18 91,25Intl Paper 48,56 49,06J.P. Morgan Co 104,37 106,75Johnson & Johnson 64,37 64,50Mc Donalds Corp. 48,31 48,75Merck & Co.Inc. 103,50 102,50Minnesota Mng.&Mfg 102 101,75Philip Moris 44,37 42,75Procter & Gamble C 141,25 139,31Sears Roebuck & Co 53,75 53,75Travelers 63,06 63,81Union Carb. 47,06 47,50Utd Technol 83 84,37Wal-Mart Stores 33,81 32,68

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

30/06 27/06Allied Lyons 4,31 4,32Barclays Bank 11,94 12,25B.A.T. industries 5,38 5,36British Aerospace 13,35 13,43British Airways 6,85 6,95British Petroleum 7,49 7,43British Telecom 4,46 4,50B.T.R. 2,05 1,99Cadbury Schweppes 5,34 5,39Eurotunnel 0,63 0,61Forte .... ....Glaxo Wellcome 12,43 12,36Granada Group Plc 7,92 8,07Grand Metropolitan 5,82 5,83Guinness 5,88 5,92Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 6,08 6,16H.S.B.C. 17,79 17,96Imperial Chemical 8,35 8,34Legal & Gen. Grp 4,06 4,17Lloyds TSB 6,20 6,27Marks and Spencer 4,97 5,06National Westminst 8,10 8,11Peninsular Orienta 5,99 6,07Reuters 6,33 6,31Saatchi and Saatch 1,23 1,24Shell Transport 4,10 12,53Tate and Lyle 4,46 4,48Univeler Ltd 17,23 17,15Zeneca 20,01 19,73

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

30/06 27/06Allianz Holding N 365 374,20Basf AG 64,45 63,15Bayer AG 67,02 67Bay hyp&Wechselbk 52,15 52,22Bayer Vereinsbank 71,30 71,90BMW 1443 1432Commerzbank 49,40 49,35Daimler-Benz AG 141,50 141,10Degussa 92,30 92,25Deutsche Bank AG 101,90 101,90Deutsche Telekom 42 43Dresdner BK AG FR 60,30 61,05Henkel VZ 99 97,60Hoechst AG 73,98 72,60Karstadt AG 621 627Linde AG 1335 1355DT. Lufthansa AG 33,45 33,55Man AG 537 548Mannesmann AG 777 771Metro 191,10 191Muench Rue N 4890 4930Preussag AG 510,50 514Rwe 75 75,15Sap VZ 362 357,30Schering AG 186,35 189,50Siemens AG 103,55 105,30Thyssen 413 420Veba AG 98 99Viag 793 793Volkswagen VZ 980 966

1871,39

Indice SBF 250 sur 3 mois1885,73

1848,72

1811,71

1774,71

1737,70

1700,69f2 avril 15 mai 30 juing

1860,09

Indice second marche sur 3 mois1909,32

1883,33

1857,34

1831,34

1805,35

1779,36f2 avril 15 mai 30 juing

1604,13

Indice MidCac sur 1 mois1604,94

1582,43

1559,92

1537,40

1514,89

1492,38f30 mai 13 juin 30 juing

7633,66

New York. Dow Jones sur 3 mois7796,51

7445,31

7094,11

6742,90

6391,70f2 avril 15 mai 30 juing

4608,10

Londres. FT100 sur 3 mois4783,10

4640,98

4498,85

4356,73

4214,60f2 avril 15 mai 30 juing

3785,77

Francfort. Dax 30 sur 3 mois3798,51

3652,69

3506,88

3361,06

3215,24f2 avril 15 mai 30 juing

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 01/07 30/06 31/12Eurotunnel 6,85 + 6,20 ....DMC (Dollfus Mi) 103,60 + 3,39 – 17,64Thomson-CSF 156 + 3,03 – 7,30Spir Communication 464 + 2,76 – 6,05Europe 1 1238 + 2,73 + 12,54Schneider SA 320,80 + 2,55 + 33,72Damart 4515 + 2,35 + 8,79Eramet 277 + 2,21 + 1,83Filipacchi Medias 1274 + 2,16 + 10,30Societe Generale 669 + 1,98 + 19,25

BAISSES, 10 h 15Legrand ADP 715 – 2,98 + 24,56Dev.R.N-P.Cal Li # 46,55 – 2,91 + 7,01Comptoirs Mod. 3011 – 2,87 + 7,53Lapeyre 380 – 2,56 + 27,51Legris indust. 270 – 2,52 + 23,56Groupe Andre S.A. 507 – 1,93 + 27,06Bull# 58,70 – 1,67 + 83,72Casino Guichard 286,10 – 1,65 + 18,41Fimalac SA 500 – 1,57 + 3,73Gaumont # 422,50 – 1,51 – 1,74

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 01/07 30/06 31/12Maxi-Livres/Profr. 57,70 + 4,90 – 66,27Mecatherm 408 + 4,61 + 36,56S.T. Dupont# 164,50 + 4,11 – 6,53Cerg-Finance SA 241,50 + 4,09 + 20,75Kindy # 156 + 3,65 + 1,29

BAISSES, 10 h 15Smoby (Ly)# 591 – 4,67 + 11,50Nomai 158 – 3,95 + 5,26Medasys DS # 68 – 2,85 + 19,08Guerbet 218 – 2,19 – 22,14Michel Thierry# 501 – 2,14 – 19,19

187,80AGF sur 1 mois

187,80

183,82

179,84

175,86

171,88

167,90f30 mai 13 juin 30 juing

2858,26

Indice CAC 40 sur un an2893,64

2705,73

2517,82

2329,92

2142,01

1954,10f2 juil. 30 dec. 30 juing

129,22

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,42

128,15

125,89

123,62

121,36f2 juil. 13 janv. 30 juing

LES MATIERES PREMIERESINDICES

01/07 30/06Dow-Jones comptant 152,02 ....Dow-Jones a terme 150,08 150,59CRB 239,33 239,42

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2580,50 2585Cuivre a 3 mois 2419,50 2428Aluminium comptant 1556,75 1560,50Aluminium a 3 mois 1575,50 1606,50Plomb comptant 614,50 614,50Plomb a 3 mois 627,50 627,50Etain comptant 5517,50 5527,50Etain a 3 mois 5560 5570Zinc comptant 1404,75 1422,50Zinc a 3 mois 1434,50 1422Nickel comptant 6955 6787,50Nickel a 3 mois 6875 6875

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 474 460Platine a terme 439,50 415,80Palladium 198,15 ....GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 325,75 323,75Maıs (Chicago) 246,25 248Grain. soja (Chicago) 787 771Tourt. soja (Chicago) 262,20 258GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) .... 35Orge (Londres) .... 81,50SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1648 1684Cafe (Londres) 1770 1765Sucre blanc (Paris) 320 320,50OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 73,75 73,70Jus d’orange (New-York) 72,35 72,55

L’ORcours 30/06 cours 27/06

Or fin (k. barre) 63000 63000Or fin (en lingot) 63200 63450Once d’Or Londres 338,20 ....Piece francaise(20f) 363 363Piece suisse (20f) 363 363Piece Union lat(20f) 363 363Piece 20 dollars us 2440 2495Piece 10 dollars us 1382,50 1382,50Piece 50 pesos mex. 2340 2365

LE PETROLEEn dollars cours 01/07 cours 30/06Brent (Londres) 17,70 17,70WTI (New York) 19,41 19,65Light Sweet Crude 19,45 19,77

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

30/06 27/06 en %Paris CAC 40 2868,30 2891,04 – 0,79New-York/DJ indus. 7633,66 7687,72 – 0,71Tokyo/Nikkeı 20605 20523,80 + 0,39Londres/FT100 4608,10 4640,30 – 0,70Francfort/Dax 30 3785,77 3795,41 – 0,25Frankfort/Commer. 1290,55 1286,33 + 0,33Bruxelles/Bel 20 2899,70 2899,70 ....Bruxelles/General 2380,70 2373,17 + 0,32Milan/MIB 30 1019 1019 ....Amsterdam/Ge. Cbs 595,70 593,50 + 0,37Madrid/Ibex 35 607,07 604,58 + 0,41Stockholm/Affarsal 2425,90 2425,90 ....Londres FT30 2984,40 2991,70 – 0,24Hong Kong/Hang S. 15196,80 15196,80 ....Singapour/Strait t 1987,95 1974,37 + 0,68

CAC 40/5 joursMAX2893,64

2839

2784,76MIN

M M J V L

VALEURS LES PLUS ACTIVES01/07 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FRhone Poulenc A 144758 34929768,30Total 56380 33929024Suez 2136456 30657977,65Alcatel Alsthom 35726 26446832Suez Lyon.des Eaux 40744 24365300Elf Aquitaine 35771 22844649Saint-Gobain 23777 20320774Lagardere 117208 19637035,30Carrefour 3505 15054070LVMH Moet Hen. 9451 14989393

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

30/06 27/06 Var. %Ind. gen. SBF 120 1954,37 1971,78 – 0,88Ind. gen. SBF 250 1871,39 1884,88 – 0,72Ind. Second Marche 1860,09 1855,15 + 0,27Indice MidCac 1604,13 1604,94 – 0,05

Valeurs indus. 2166,03 2184,52 – 0,851 - Energie 2481,02 2509,47 – 1,132 - Produits de base 2068,28 2113,79 – 2,153 - Construction 1766,14 1779,92 – 0,774 - Biens d’equip. 1503,09 1513,32 – 0,685 - Automobile 2154,84 2209,47 – 2,476 - Biens consom. 3733,90 3757,76 – 0,647 - Indus. agro-alim. 1816,17 1808,03 + 0,45Services 2123,61 2136,34 – 0,608 - Distribution 4322,76 4391,12 – 1,569 - Autres services 1301,87 1299,41 + 0,19Societes financieres 1304,20 1310,96 – 0,5210 - Immobilier 771,48 776,60 – 0,6611 - Services financ. 1270,92 1283 – 0,9412 - Societes invest. 1825,17 1809,70 + 0,86

MATIF

Echeances30/06 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Sept. 97 91415 129,22 129,58 129,14 129,48Dec. 97 558 97,88 98,10 97,88 98,06Mars 98 2 97,46 97,46 97,46 97,46

PIBOR 3 MOISSept. 97 29956 96,55 96,61 96,54 96,60Dec. 97 9231 96,51 96,58 96,50 96,56Mars 98 2712 96,45 96,51 96,45 96,50Juin 98 1337 96,37 96,42 96,35 96,42ECU LONG TERMESept. 97 1133 96,10 96,40 96,04 96,32

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances30/06 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixJuin 97 23411 2880,50 2897 2872 2889Juillet 97 22485 2874 2895 2855 2888,50Aout 97 2 2890 2896 2890 2896Sept. 97 548 2893 2906 2874 2903

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 30/06 au 27/06 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,29 3,32 3,37Eurodollar 5,65 5,72 5,83Eurolivre 6,54 6,90 7,12Eurodeutschemark 3,50 3,08 3,13

PARITES DU DOLLAR 01/07 30/06 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,7448 1,7388 + 0,34TOKYO : USD/Yens 114,5900 114,5500 + 0,03

Page 20: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0020-0 WAS LMQ0207-20 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0480 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

FINANCES ET MARCHES20 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

VALEURS Cours Derniers %Montant

FRANCAISES preced. cours + –coupon

(1)

B.N.P. (T.P) ................... 1000 1000 .... 54,22Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 920 920 .... 51,99Renault (T.P.) ................ 1624 1630 + 0,36 95,39Rhone Poulenc(T.P) ...... 2171 .... .... 105,01Saint Gobain(T.P.)......... 1330 .... .... 85,41Thomson S.A (T.P) ........ 1000 980 – 2 51,64Accor............................. 880 891 + 1,25 20AGF-Ass.Gen.France ..... 187,80 189,50 + 0,90 5Air Liquide .................... 933 939 + 0,64 14Alcatel Alsthom ............. 736 743 + 0,95 10Axa................................ 365,50 366,10 + 0,16 7,50Axime............................ 695 695 .... ....Bail Investis................... 791 790 – 0,12 71,52Bancaire (Cie) ............... 750 759 + 1,20 10Bazar Hot. Ville ............. 580 584 + 0,68 16Bertrand Faure.............. 309,50 315 + 1,77 4BIC................................ 961 970 + 0,93 5BIS ................................ 490 .... .... 8B.N.P. ........................... 242,20 244,40 + 0,90 5,40Bollore Techno.............. a 733 736 + 0,40 7,50Bongrain....................... 2299 2297 – 0,08 61Bouygues ...................... 483,50 493 + 1,96 17Bouygues Offs. .............. 150,90 150,80 – 0,06 2Bull#.............................. 59,70 58,70 – 1,67 ....Canal + ......................... 1144 1156 + 1,04 20Cap Gemini................... 310 315 + 1,61 2Carbone Lorraine.......... 1430 1430 .... 14Carrefour ...................... 4268 4294 + 0,60 26Casino Guichard............ 290,90 286,10 – 1,65 4,50Casino Guich.ADP......... 237 238 + 0,42 4,75Castorama Dub.(Li)....... 827 831 + 0,48 11C.C.F. ............................ 249 251 + 0,80 5,80Cegid (Ly)...................... 640 640 .... 30Cerus Europ.Reun......... 29,70 30 + 1,01 10Cetelem......................... 739 733 – 0,81 10CGIP ............................. 1670 1670 .... 40Chargeurs ..................... 338,60 344 + 1,59 7Christian Dalloz............. 2150 2150 .... ....Christian Dior ............... 970 975 + 0,51 9,40Ciments Francais........... 199,50 197 – 1,25 1,25Cipe France Ly #............ 760 760 .... 2Clarins........................... 782 785 + 0,38 7Club Mediterranee........ 416,40 415 – 0,33 4,50Coflexip......................... 354,60 355 + 0,11 1Colas ............................. 775 781 + 0,77 25Comptoir Entrep. .......... 10,35 10,35 .... 7,50Comptoirs Mod............. 3100 3011 – 2,87 24

CPR ............................... 426,10 430 + 0,91 22Cred.Fon.France ............ 60,60 61,20 + 0,99 28Credit Lyonnais CI ......... 296 298 + 0,67 10Credit National .............. 333,90 335 + 0,32 10CS Signaux(CSEE).......... a 228,60 232,50 + 1,70 5,50Damart .......................... 4411 4515 + 2,35 65Danone.......................... 971 971 .... 17Dassault-Aviation........... 1329 1334 + 0,37 8,50Dassault Electro ............. 513 515 + 0,38 6,40Dassault Systemes.......... 417 417 .... ....De Dietrich .................... 260 262 + 0,76 6,50Degremont .................... 420 418 – 0,47 9Deveaux(Ly)#................. a 706 708 + 0,28 24Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 47,95 46,55 – 2,91 ....Dexia France.................. 572 577 + 0,87 15,70DMC (Dollfus Mi) .......... 100,20 103,60 + 3,39 4Dynaction ...................... 147,20 145 – 1,49 3Eaux (Gle des) ................ a 741 747 + 0,80 12Eiffage ........................... 308,20 310 + 0,58 28,80Elf Aquitaine .................. 634 640 + 0,94 14Eramet ........................... 271 277 + 2,21 6,60Eridania Beghin ............. 880 888 + 0,90 33Essilor Intl ...................... 1585 1580 – 0,31 13,50Essilor Intl.ADP.............. 1467 1470 + 0,20 14,30Esso ............................... 520 524 + 0,76 4Eurafrance ..................... 2410 2410 .... 72Euro Disney ................... 9,15 9,10 – 0,54 0,68Europe 1 ........................ 1205 1238 + 2,73 19Eurotunnel..................... 6,45 6,85 + 6,20 ....Filipacchi Medias ........... 1247 1274 + 2,16 15Fimalac SA ..................... 508 500 – 1,57 16Finextel .......................... 99,35 100,90 + 1,56 3,91Fives-Lille....................... 415 420 + 1,20 14Fromageries Bel............. 4182 .... .... 45Galeries Lafayette .......... 2436 2448 + 0,49 11GAN............................... 136 135 – 0,73 4Gascogne (B) ................. 516 519 + 0,58 14Gaumont #..................... 429 422,50 – 1,51 2,50Gaz et Eaux .................... 2430 2405 – 1,02 55Geophysique.................. 572 570 – 0,34 8G.F.C.............................. 528 527 – 0,18 18,50Groupe Andre S.A. ......... 517 507 – 1,93 6Gr.Zannier (Ly) # ........... a 152,70 152,10 – 0,39 2,20GTM-Entrepose............. 294,10 290 – 1,39 8Guilbert ......................... 832 833 + 0,12 12Guyenne Gascogne........ 2170 2179 + 0,41 30Havas............................. 423,50 425,10 + 0,37 8,50Havas Advertising .......... 705 704 – 0,14 11,80Imetal ............................ 779 784 + 0,64 16Immeubl.France............. 340 340,50 + 0,14 6Infogrames Enter. .......... 761 765 + 0,52 ....Ingenico......................... 149 149 .... 5Interbail ......................... 175 178 + 1,71 17,15Intertechnique ............... 1256 1275 + 1,51 13,60Jean Lefebvre ................. 310 310,20 + 0,06 10Klepierre ........................ 840 840 .... 28Labinal........................... 1450 1440 – 0,68 21,50Lafarge .......................... 365,50 372,50 + 1,91 10Lagardere ...................... a 167 167,30 + 0,17 3,70Lapeyre.......................... 390 380 – 2,56 5,60Lebon............................. 219 219 .... 7Legrand ......................... 1035 1054 + 1,83 4,30Legrand ADP ................. 737 715 – 2,98 6,88Legris indust. ................. 277 270 – 2,52 4

Locindus ........................ a 802 812 + 1,24 63L’Oreal........................... a 2462 2489 + 1,09 14LVMH Moet Hen. .......... 1580 1585 + 0,31 14,60Marine Wendel .............. 600 600 .... 16Metaleurop.................... 87,90 87,90 .... 4Metrologie Inter. ........... 14,95 14,80 – 1 ....Michelin ........................ 352,90 358,10 + 1,47 3,30Moulinex #..................... 161 160,10 – 0,55 4Nord-Est........................ 129,60 130 + 0,30 5,50Nordon (Ny) .................. 400 .... .... ....NRJ # ............................. 800 803 + 0,37 6OLIPAR.......................... 76,50 76 – 0,65 ....Paribas........................... 406 404,80 – 0,29 13Pathe ............................. 1166 1168 + 0,17 10Pechiney........................ 231,50 228,50 – 1,29 3,30Pernod-Ricard ............... 303 307,90 + 1,61 4,40Peugeot ......................... 568 570 + 0,35 5Pinault-Print.Red........... a 2792 2828 + 1,28 32Plastic-Omn.(Ly)............ 490 486 – 0,81 8,50Primagaz ....................... 520 527 + 1,34 8,50Promodes ...................... 2289 2331 + 1,83 14Publicis # ....................... 615 615 .... 4Remy Cointreau............. 141,10 140 – 0,77 4,60Renault .......................... 148,70 148,70 .... 3,50Rexel.............................. a 1784 1790 + 0,33 19,60Rhone Poulenc A............ 240 242 + 0,83 3,50Rochette (La) ................. 23 .... .... 1,20Rue Imperiale(Ly) .......... 5600 .... .... 108Sade (Ny)....................... 191 190 – 0,52 12,50Sagem SA....................... 2985 2985 .... 24,50Saint-Gobain ................. 857 855 – 0,23 17Salomon (Ly) ................. 448,10 451 + 0,64 55Salvepar (Ny) ................. 433 431 – 0,46 18Sanofi ............................ 576 581 + 0,86 6,60Sat ................................. 1609 1594 – 0,93 29Saupiquet (Ns)............... 665 665 .... 10Schneider SA.................. 312,80 320,80 + 2,55 4SCOR............................. 236,60 236,10 – 0,21 10S.E.B. ............................. 1030 1022 – 0,77 11,20Sefimeg CA.................... 375 380 + 1,33 14,20SEITA............................. 186 186 .... 6,60Selectibanque ................ 70 70 .... 6SFIM.............................. 900 904 + 0,44 30SGE................................ 123 123,40 + 0,32 5Sidel............................... 455 457 + 0,43 4,50Silic CA .......................... 913 914 + 0,10 37,34Simco ............................ 466 470 + 0,85 20,76S.I.T.A............................ 1122 1135 + 1,15 12Skis Rossignol ................ 123,60 123,80 + 0,16 30Societe Generale............ 656 669 + 1,98 17,50Sodexho Alliance............ 3009 2994 – 0,49 26Sommer-Allibert ............ 206 207 + 0,48 4Sophia ........................... 209 208 – 0,47 17,25Spir Communication...... 451,50 464 + 2,76 15Strafor Facom................ 399 400 + 0,25 5Suez............................... 14,45 14,45 .... 24,60Suez Lyon.des Eaux........ 592 590 – 0,33 12Synthelabo..................... 765 761 – 0,52 5,32Technip ......................... 682 686 + 0,58 10,50Thomson-CSF................ 151,40 156 + 3,03 2,60Total .............................. 594 603 + 1,51 10,50UFB Locabail ................. 522 .... .... 10UIF ................................ 405 405 .... 14,68UIS ................................ 210 210 .... 14,79

Unibail........................... 550 545 – 0,90 29Union Assur.Fdal ........... 691 693 + 0,28 19Usinor Sacilor ................ a 103 103,10 + 0,09 3Valeo ............................. 365 371,50 + 1,78 2Vallourec........................ 359,10 364 + 1,36 5Via Banque .................... 177 180 + 1,69 12Worms & Cie ................. 348 354 + 1,72 9,50Zodiac ex.dt divid .......... 1500 1498 – 0,13 10Elf Gabon....................... 1394 1393 – 0,07 43,50..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

VALEURS Cours Derniers %Montant

ETRANGERES preced. cours + –coupon

(1)

ABN Amro Hol.#............ 110 109,50 – 0,45 5,39Adecco S.A..................... 2256 2255 – 0,04 13,13Adidas AG # ................... 669 650 – 2,84 2,71American Express .......... 447,20 441 – 1,38 1,10Anglo American # .......... 356,30 .... .... 1,85Amgold # ....................... 360 360 .... 9,96Arjo Wiggins App........... 16,95 .... .... 0,42A.T.T. # .......................... a 207,60 206 – 0,77 1,63Banco Santander #......... 183 188,10 + 2,78 2,98Barrick Gold #................ 130 128,30 – 1,30 0,34B.A.S.F. # ....................... 214,90 218,40 + 1,62 4,18Bayer # .......................... 227 230 + 1,32 4,19Cordiant PLC................. a 11,70 11,75 + 0,42 0,09Crown Cork ord.# .......... 309,20 .... .... 1,21Crown Cork PF CV# ....... 310 310 .... 2,28Daimler Benz #.............. 471 .... + 1,48 2,71De Beers # ..................... 215,80 216,60 + 0,37 1,98Deutsche Bank #............ 340 347,90 + 2,32 4,44Dresdner Bank #............ 205 203 – 0,97 3,82Driefontein # ................. 41 40,90 – 0,24 0,89Du Pont Nemours #....... 360,30 368 + 2,13 3,12Eastman Kodak # ........... 455,20 454 – 0,26 2,14East Rand #.................... 1,82 1,80 – 1,09 0,10Echo Bay Mines # .......... 33 .... .... 0,15Electrolux #.................... 430 .... .... 6,53Ericsson # ...................... 233,90 235 + 0,47 1,30Ford Motor # ................. 228 223,70 – 1,88 2,06Freegold # ..................... 29,50 29,50 .... 2,68Gencor Limited #........... 27,50 27,45 – 0,18 0,11General Elect. #.............. 383 382,80 – 0,05 2,55General Motors #........... 329 326,10 – 0,88 2,45Gle Belgique # ............... 555 .... .... 14,19Grd Metropolitan .......... 56,35 56,50 + 0,26 0,95Guinness Plc # ............... 56,85 57 + 0,26 1,09Hanson PLC reg............. 29,50 29 – 1,69 ....Harmony Gold # ............ 26,30 26,50 + 0,76 0,47Hitachi #........................ 65,35 65,10 – 0,38 0,21

Hoechst # ...................... 248 257,20 + 3,70 3,45I.B.M # .......................... 531 530 – 0,18 1,96I.C.I #............................. 82,90 82,90 .... 1,83Ito Yokado # .................. 338,40 339,90 + 0,44 0,75Kingfisher plc ................ 68 68,15 + 0,22 1,31Matsushita #.................. 119,20 117,20 – 1,67 0,26Mc Donald’s # ............... 281,80 286 + 1,49 0,41Merck and Co # ............. 592 608 + 2,70 2,07Mitsubishi Corp.#.......... 72 .... .... 0,15Mobil Corporat.#........... b 405 411,50 + 1,60 5,19Morgan J.P. # ................ 617 .... .... 4,35Nestle SA Nom. # .......... 7850 7760 – 1,14 78,56Nipp. MeatPacker #....... 74,50 72,70 – 2,41 0,62Nokia A ......................... 446,90 440 – 1,54 3,94Norsk Hydro #............... 316,90 317 + 0,03 4,78Petrofina # .................... 2210 2210 .... 49,02Philip Morris #............... 253 260,40 + 2,92 1,96Philips N.V #.................. 426,80 420,10 – 1,56 3,59Placer Dome Inc # ......... 95 97 + 2,10 0,32Procter Gamble # .......... 821 828 + 0,85 2,17Quilmes......................... 325,50 329 + 1,07 10,07Randfontein #................ 12,50 12,50 .... 0,62Rhone Poul.Rorer # ....... 532 534 + 0,37 1,58Rio Tinto PLC # ............. 99,90 103 + 3,10 1,23Royal Dutch #................ 306 312,90 + 2,25 14,05Sega Enterprises............ 191 185 – 3,14 0,90Saint-Helena #............... 25 .... .... 0,63Schlumberger # ............. 730 734 + 0,54 2,15SGS Thomson Micro. .... 464 472 + 1,72 ....Shell Transport # ........... 40,60 41,80 + 2,95 2,13Siemens #...................... 346,50 350 + 1,01 3,70Sony Corp. #.................. 514 512 – 0,38 0,98Sumitomo Bank #.......... 95,15 94,20 – 0,99 0,16T.D.K # .......................... 438,50 438 – 0,11 1,37Telefonica #................... 172,80 170,60 – 1,27 1,62Toshiba #....................... 38,30 37,50 – 2,08 0,19Unilever #...................... 1255 1259 + 0,31 10,60United Technol. # .......... 494,70 491 – 0,74 1,50Vaal Reefs # ................... 280,60 281,10 + 0,17 12,97Volkswagen A.G # .......... 4420 4450 + 0,67 22,21Volvo (act.B) # ............... 155,30 .... .... 2,25Western Deep #............. 143,80 141 – 1,94 4,60Yamanouchi #................ 160 158,30 – 1,06 0,54Zambia Copper ............. 10,55 10,80 + 2,36 ..................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMARDI 1er JUILLETLiquidation : 24 juillet + 0,71%Taux de report : 3,13 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 2878,42

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

BFCE 9% 91-02............... .... 5,967CEPME 9% 89-99 CA#..... 110,37 7,866 x

CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 0,271CFD 9,7% 90-03 CB ........ 123,20 3,960CFD 8,6% 92-05 CB ........ 120,16 3,393 oCFF 10% 88-98 CA# ........ 107,55 6,986 x

CFF 9% 88-97 CA# .......... 101,28 6,756 x

CFF 10,25%90-01CB# ..... 118,74 3,117CLF 8,9% 88-00 CA#........ 112,72 0,902 dCLF 9%88-93/98 CA#....... 103,04 3,773 oCNA 9% 4/92-07.............. 124,38 1,504CRH 8,6% 92/94-03......... 118,23 0,118CRH 8,5% 10/87-88# ....... 107,47 2,818EDF 8,6% 88-89 CA# ....... .... 3,275 y

EDF 8,6% 92-04 #............ 118,99 2,026 x

Emp.Etat 6%93-97 #........ 100,12 5,803 oFinansder 9%91-06# ....... 123,50 5,425 y

Finansd.8,6%92-02#........ 116,14 3,723 o

Floral9,75% 90-99# ......... .... 9,216 x

OAT 88-98 TME CA# ...... .... 2,179OAT 9/85-98 TRA............ .... 4,280OAT 9,50%88-98 CA#...... 105,68 0,234OAT TMB 87/99 CA#....... 99,95 1,444OAT 8,125% 89-99 #........ .... 0,890OAT 8,50%90/00 CA# ...... .... 2,282 dOAT 85/00 TRA CA#........ .... 5,268OAT 10%5/85-00 CA#...... 116,05 1,041OAT 89-01 TME CA# ...... .... 2,179OAT 8,5% 87-02 CA#....... 117,59 5,147OAT 8,50% 89-19 #.......... 125,40 5,868OAT.8,50%92-23 CA#...... .... 1,630SNCF 8,8% 87-94CA ....... 107,17 3,665 y

Suez Lyon.Eaux 90.......... 945 ...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. d 75 75Baccarat (Ny) ................. d 520 520Bains C.Monaco............. 591 600Bque Transatlantl........... d 167,10 167,10B.N.P.Intercont.............. 715 744Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie)................... d 7,60 7,60Centenaire Blanzy.......... d 463,10 463,10Champex (Ny)................ d 24 24CIC Un.Euro.CIP ............ 340 325C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2211 2211Concorde-Ass Risq ......... d 1375 1375Continental Ass.Ly.......... d 615 615Darblay .......................... d 435 435Didot Bottin................... d 883 883Eaux Bassin Vichy........... d 3699 3699Ecia ................................ 896 890Ent.Mag. Paris................ d 1450 1450Fichet Bauche ................ d 80 80Fidei............................... d 38,30 38,30Finalens ......................... d 350 350F.I.P.P. ........................... d 290 290Fonciere (Cie) ................ d 585 585Fonc. Lyonnaise #........... 724 724Foncina # ....................... d 475,60 475,60

Francarep....................... d 279 279France I.A.R.D................ d 1006 1006France S.A...................... d 1151 1151From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... d 1216 1216G.T.I (Transport) ............ d 201 201Immobail........................ d 143,70 143,70Immobanque.................. d 614 614Locamion (Ly) ................ d 423 423Lucia .............................. d 51,60 51,60Monoprix ....................... d 255,40 255,40Metal Deploye................ d 435,40 435,40Mors .............................. 8,55 8,70Navigation (Nle) ............ d 102 102Optorg ........................... d 330,10 330,10Paluel-Marmont............. d 335,90 335,90Exa.Clairefont(Ny) ......... d 900 900Parfinance...................... d 245,20 245,20Paris Orleans.................. d 289 289Promodes (CI)................ d 1889 1889PSB Industries Ly ........... 395 394,90Rougier # ....................... 307,50 312Saga ............................... d 82,50 82,50S.I.P.H............................ d 246,90 246,90Sofragi ........................... d 4568 4568Taittinger....................... d 2948 2948Tour Eiffel ...................... d 259 259Vicat............................... d 518 518

Caves Roquefort............. d 1900 1900Elyo................................ d 327 327Finaxa ............................ 320 313Gaillard (M).................... d 1600 1600Givaudan-Lavirotte ........ d 1651 1651Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 170 170Gd Moul.Strasbourg....... d 1785 1785Hotel Lutetia.................. d 300 300Hotels Deauville............. d 571 571Immeubl.Lyon(Ly)#........ d 553 553L.Bouillet (Ly)................. d 330 330Lloyd Continental........... d 8050 8050Lordex (Ny).................... d 18 18Mag.Lyo.Gerl.(Ly)# ........ d 158 158Matussiere Forest........... d 58,50 58,50Moncey Financiere......... d 2960 2960M.R.M. (Ly).................... d 363,80 363,80Navigation Mixte ........... d 855 855Part-Dieu(Fin)(Ly) ......... d 118 118Pechiney Intl .................. d 112,50 112,50Poliet ............................. d 491 491Sabeton (Ly)................... d 839 839Samse (Ly) ..................... d 800 800Sechilienne (Ly).............. d 1120 1120Sucr.Pithiviers................ 3540 3535Tanneries Fce (Ny)......... d 248 248Teleflex L. Dupont.......... d 106 106Union Gle Nord(Li) ........ d 221,30 221,30

ACTIONS Cours DerniersETRANGERES preced. cours

Bayer.Vereins Bank ........ 237 237Commerzbank AG.......... 163,20 163,20Fiat Ord.......................... 21 21Gevaert .......................... 570 570Gold Fields South........... 138 138Kubota Corp................... 27,55 27,55Montedison act.ep. ........ 10,05 10,05Olympus Optical............. 50 50Robeco........................... 552 557Rodamco N.V. ................ 194,40 195,30Rolinco........................... 565 565Sema Group Plc ............. a 122,20 122,20Solvay SA........................ 3449 3449.......................................

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 1er JUILLET

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; a coupon detache ; b droit detache ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ;y demande reduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 47,65 47,65AFE #.............................. 500 500Aigle # ............................ 280 280Albert S.A (Ns)................ d 150 150Altran Techno. # ............. 1920 1920Arkopharma# ................. 328,90 328Montaignes P.Gest......... d 2895 2895Assystem # ..................... 336 336Bque Picardie (Li)........... d 765 765Bque Tarneaud(B)#........ d 351,50 351,50Bque Vernes ................... d 99,50 99,50Beneteau # ..................... d 810 810B I M P........................... d 82 82Boiron (Ly) # .................. a 708 705Boisset (Ly)#................... d 505 505But S.A. .......................... 356 357

Cardif SA........................ d 655 655C.E.E #............................ d 170 170CFPI # ............................ d 380,70 380,70Change Bourse (M) ........ 225,50 226CNIM CA#...................... 218 218Codetour........................ d 381 381Comp.Euro.Tele-CET ..... d 512 512Conflandey S.A............... d 299,90 299,90C.A.Haute Normand....... 310,90 311C.A. Paris IDF................. 738 740C.A.Ille & Vilaine............. 321,90 318C.A.Morbihan (Ns) ......... d 319 319C.A.du Nord (Li) ............ 508 500C.A. Oise CCI.................. d 304,60 304,60Devanlay........................ d 603 603Devernois (Ly)................ d 570 570Ducros Serv.Rapide........ d 76,35 76,35Europ.Extinc.(Ly)#.......... d 399 399Expand s.a...................... d 569 569Factorem........................ d 685 685Faiveley # ....................... 247 247Finacor........................... 71,50 71,50Fininfo ........................... d 690 690Fructivie......................... d 605 605Gautier France # ............ 230 236Gel 2000 ......................... d 49,40 49,40GFI Industries #.............. d 903 903Girodet (Ly) #................. d 26 26

GLM S.A......................... d 285 285Grandoptic.Photo #........ 892 899Gpe Guillin # Ly.............. 215 220Kindy #........................... 150,50 156Guerbet.......................... 222,90 218Hermes internat.1# ........ 550 550Hurel Dubois.................. d 580 580ICBT Groupe # ............... 227 225I.C.C. .............................. d 142,50 142,50ICOM Informatique ....... d 377 377Idianova ......................... d 72 72Int. Computer #.............. d 84 84IPBM ............................. d 62 62M6-Metropole TV .......... d 560 560Manitou # ...................... 730 730Manutan ........................ d 410 410Marie Brizard # .............. 890 890Maxi-Livres/Profr. .......... 55 57,70Mecelec (Ly)................... d 63,65 63,65MGI Coutier................... 319,90 319Monneret Jouet Ly# ....... d 135 135Naf-Naf #....................... 66 68,30NSC Schlum. Ny............. 760 760Onet # ............................ a 975 980Paul Predault #............... 170 170P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... d 100 100Phyto-Lierac #................ 400,10 413

Pochet............................ d 725 725Poujoulat Ets (Ns) .......... d 243,90 243,90Radiall # ......................... 680 670Robertet # ...................... a 1208 1241Rouleau-Guichard.......... d 330 330Securidev #..................... a 113,50 116,50Smoby (Ly)# ................... 620 591Sofco (Ly) ....................... d 28,85 28,85Sofibus........................... d 365 329,50Sogeparc (Fin)................ 793 800Sopra ............................. 537 539Steph.Kelian # ................ d 100 100Sylea .............................. 562 557Teisseire-France............. d 190 190TF1-1 ............................. 525 530Thermador Hold(Ly) ...... d 268,50 268,50Trouvay Cauvin # ........... d 106,90 106,90Unilog ............................ 700 699Union Fin.France ........... 698 684Viel et Cie # .................... 132 130Vilmorin et Cie #............. 469,90 473Virbac............................. 585 580..........................................................................................................................................................................................................................................

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 1er JUILLET

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... 142,98 136,17Agipi Actions (Axa) ......... 117,57 111,97

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. d 2434,37 2398,39

3615 BNP

Natio Court Terme......... 14194 14194Natio Epargne................ 2221,16 2199,17Natio Ep. Capital C/D ..... 17090,10 16920,89Natio Ep. Croissance ...... 3254,60 3190,78Natio Epargne Retraite .. 170,16 166,82Natio Epargne Tresor..... 11271,43 11248,93Natio Epargne Valeur ..... 141,51 138,74Natio Euro Valeurs ......... 1071,43 1050,42Natio Euro Oblig. ........... d 1018,90 1008,81Natio Euro Opport. ........ 1071,70 1050,69Natio Inter ..................... d 2157,46 2115,16Natio Opportunites ........ 194,38 190,57Natio Revenus................ 1120,95 1109,85Natio Securite ................ 11440,29 11440,29Natio Valeurs ................. 1404,31 1376,77

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 92343,38 92343,38Oblig. ttes cate. .............. 267,59 263,64

Livret Bourse Inv. D ....... d 847,05 822,38Nord Sud Develop. C...... d 2556,39 2551,29Nord Sud Develop. D ..... d 2415,51 2410,69

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... 312,33 306,21Patrimoine Retraite D.... 302,89 296,95Sicav Associations C ....... d 2422,06 2422,06

Fonsicav C...................... 19641,91 19641,91Mutual. depots Sicav C... 19333,46 19314,15

Ecur. Act. Futur D PEA ... 283,14 277,59Ecur. Capitalisation C..... 250,01 250,01Ecur. Expansion C .......... 82745,40 82745,40Ecur. Geovaleurs C ......... 3623,98 3552,92Ecur. Investis. D PEA ...... 228,07 223,60Ecur. Monepremiere ...... 11321,59 11321,59Ecur. Monetaire C .......... 13032,22 13032,22Ecur. Monetaire D.......... 12411,53 12411,53Ecur. Tresorerie C .......... 320,15 320,15Ecur. Tresorerie D.......... 307,72 307,72Ecur. Trimestriel D......... 2023,31 2023,31Eparcourt-Sicav D .......... 192,51 192,51Geoptim C...................... 12673,51 12486,22Geoptim D ..................... 12333,81 12151,54Horizon C....................... 2273,55 2228,97

Prevoyance Ecur. D ........ 103,85 103,85Sensipremiere C............. 13126,35 13093,62

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 11956,15 11932,29Ecur. Securipremiere C .. 11955,99 11944,05

CNCA

Amplia............................ D 119633,33 119633,33Atout Amerique.............. 184,93 180,42Atout Asie....................... 120,07 117,14Atout Futur C ................. 822,03 801,98Atout Futur D................. 773,83 754,96Coexis ............................ 1962,33 1929,53Dieze.............................. 2152,35 2116,37Elicash............................ D 949440,78 949440,78Epargne-Unie................. 210,54 205,40Eurodyn ......................... 2642,68 2578,22Indicia............................ d 1771,98 1728,44Mone.JC......................... D 11950,15 11950,15Mone.JD ........................ D 11570,25 11570,25Oblifutur C ..................... 547,35 538,20Oblifutur D..................... 524,48 515,71Oraction......................... 1784,03 1740,52Revenu-Vert................... 1223,55 1203,10Sevea ............................. d 119,49 116,58Synthesis........................ 18062,52 17743,14Uni Association .............. D 120,74 120,74Uni Foncier .................... 1392,49 1358,53Uni France ..................... 880,55 859,07Uni Garantie C ............... 1894,87 1863,20Uni Garantie D............... 1449,28 1425,05Uni Regions ................... 1752,92 1710,17Univar C......................... D 309,60 309,60Univar D ........................ D 296,71 296,71Univers Actions .............. 252,54 246,38Univers-Obligations ....... 246,94 242,81

CIC BANQUES

Francic ........................... d 751,71 729,82Francic Pierre................. 138,86 134,82Francic Regions.............. d 1985,43 1927,60

CIC PARIS

Associc ........................... 1122,86 1122,86Cicamonde..................... d 1628,36 1580,93Converticic..................... d 404,35 398,37Ecocic............................. d 1748,22 1697,30Mensuelcic ..................... d 10216,61 10115,46Oblicic Mondial.............. d 3904,95 3847,24Oblicic Regions .............. d 1229,12 1210,96Rentacic ......................... 167,57 165,09

Eurco Solidarite.............. 1388,93 1375,18Lion 20000 C................... d 17160,43 17160,43Lion 20000 D .................. d 16461,43 16461,43Lion Association C.......... d 11079,15 11079,15Lion Association D ......... d 11079,15 11079,15Lion Court Terme C ....... d 26399,57 26399,57Lion Court Terme D....... d 23937,47 23937,47Lion Plus C ..................... 1566,59 1535,87Lion Plus D..................... 1494,37 1465,07Lion Tresor..................... 2432,51 2408,43Oblilion .......................... 2126,12 2105,07Sicav 5000 ...................... 764,24 749,25Slivafrance ..................... 1282,40 1257,25Slivam ............................ 595,39 583,72Slivarente....................... 242,89 238,13Slivinter.......................... 811,64 795,73Trilion ............................ 5211,93 5145,04

Avenir Alizes................... 2374,31 2327,75CM Option Equilibre ...... 264,24 261,30Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 162,99 158,63Cred.Mut.Ep.Cour.T....... d 920,42 920,42Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 146,09 142,18Cred.Mut.Ep.J ................ 22941,46 22941,46Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1714,18 1668,30Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1878,69 1841,85Cred.Mut.Ep.Quatre....... d 1104,64 1082,98

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ d 918,93 879,36Saint-Honore Capital ..... d 19862,79 19284,26St-Honore March. Emer. d 940,97 900,45St-Honore Pacifique....... d 821,46 786,09

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... d 1832,49 1832,49Strategie Actions............ d 1164,05 1119,28Strategie Rendement ..... d 1966,51 1904,61

Amplitude Amerique ...... 114,68 111,88Amplitude Europe C....... 161,38 157,44Amplitude Europe D....... 158,68 154,81Amplitude Monde C....... 1081,08 1054,71Amplitude Monde D....... 1031,36 1006,20Amplitude Pacifique....... 117,41 114,55Elanciel D PEA................ 185,28 180,76Emergence Poste D PEA 148,83 145,20Geobilys C...................... 653,78 644,12Geobilys D ..................... 618,56 609,42Kaleıs Dynamisme.......... 1107,17 1085,46Kaleıs Equilibre .............. 1070,10 1049,12Kaleıs Serenite ............... 1039,68 1029,39

Latitude C ...................... 148,48 148,48Latitude D...................... 135,27 135,27Oblitys D ........................ 621,47 612,29Plenitude D PEA............. 209,62 204,51Poste Gestion C.............. 14857,23 14857,23Revenus Trimestr. D ...... 5290,49 5238,11Solstice D ....................... 2363,78 2357,89

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 37992,94 37992,94Actimonetaire D............. 30936,70 30936,70Cadence 1 D................... d 1083,29 1072,56Cadence 2 D................... d 1074,05 1063,42Cadence 3 D................... d 1060,92 1050,42Capimonetaire C ............ 410,35 409,94Capimonetaire D............ 370,25 369,88Sogeoblig C/D ................ 9263,69 9171,97Interoblig C.................... 7482,80 7408,71Interselection France D.. d 746,90 732,25S.G. France opport. C ..... 2022,35 1982,70S.G. France opport. D..... 1930,58 1892,73Sogenfrance C................ d 1864,02 1827,47Sogenfrance D ............... d 1703,81 1670,40Sogepargne D ................ 313,91 310,80Soginter C ...................... 2530,71 2481,09

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1594,20 1532,88Sogeliance D .................. d 1686,15 1669,46Sogenfrance Tempo D ... d 202,93 198,95...................................................................................................................................................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 30 juin

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 1 juillet 1997 - 10 h 40’ 32’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 741 741Credit Gen.Ind. .............. d 11,35 11,35Generale Occidentale..... d 195 142,20Mumm........................... d 1115 1115Ste lecteurs du Monde.... d 141,30 141,30.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 45 45Belvedere ....................... d 875 875BVRP.............................. d 215,10 215,10Coil ................................ d 221 221Electronique D2 ............. d 864 864FDM Pharma n. ............. d 228 228Genset............................ d 335,10 335,10Guyanor action B ........... d 17,85 17,85High Co.......................... d 170 170Infonie ........................... d 104 104Joliez-Regol.................... d 86,95 86,95Mille Amis ...................... d 103 103Naturex.......................... d 90 90Olitec ............................. d 1251 1251Picogiga ......................... d 202 202Proxidis.......................... d 24,90 24,90R21 Sante....................... d 302 302Stelax ............................. d 4,45 4,45

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 1er JUILLET

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 1er JUILLET

Page 21: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0021-0 WAS LMQ0207-21 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:14 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0481 Lcp: 196 CMYK

La Hague : le rapport Souleau ne tranche pas entre Greenpeace et la Cogéma

21

A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

CLIMATOLOGIE Le pro-gramme international d’étude de lacirculation globale des océans (bap-tisé WOCE), lancé en 1990, est arrivéà mi-parcours. Les océanographes

de vingt pays ont recueilli des mil-liers d’observations, à l’aide des sa-tellites ERS et Topex-Poséidon, ainsique de systèmes acoustiques, seulsà pouvoir sonder efficacement les

profondeurs marines. b CETTEMOISSON de données va leur offrirles moyens d’élaborer des modèlesnumériques permettant de décrirela très grande complexité de la cir-

culation des eaux. b LES CHER-CHEURS espèrent ainsi mieuxcomprendre comment l’océan, prin-cipal régulateur thermique de laTerre, interagit avec l’atmosphère

et, dans la mesure du possible, pré-voir sa réaction au réchauffementclimatique lié à l’augmentation de laconcentration des gaz à effet deserre.

L’océanographie mise à contribution pour étudier le climat de la planèteLes chercheurs de vingt pays, après avoir effectué des milliers de mesures par satellite et en mer, vont tenter de modéliser la circulation des eaux

afin de mieux comprendre, et peut-être de prévoir, les évolutions climatiquesBREST

de notre envoyé spécialLe sommet des pays industriali-

sés de Denver a remis à des joursmeilleurs un éventuel accord delutte contre l’effet de serre et le ré-chauffement climatique. Le se-cond Sommet de la Terre, qui vientde se clore à New York, n’a pas étédavantage suivi d’engagementspolitiques à la mesure des risquesécologiques qui pèsent sur notreplanète. Les travaux des océano-graphes engagés dans le pro-gramme international WOCE(World Ocean Circulation Experi-ment) et réunis récemment en col-loque à Brest permettront-ils, dansun proche avenir, de mieux éclai-rer les décisions des chefs d’Etat etde gouvernement ?

Les océans, qui couvrent prèsdes trois quarts de sa surface, forment probablement le pluspuissant moteur de la gigantesquemachine thermique que constituele globe terrestre. Ils entrent en effet pour moitié, à égalité avecl’atmosphère, dans les échangesd’énergie qui s’établissent entreles régions équatoriales, baignéesde soleil, et les froides latitudespolaires, l’Atlantique intervenantpour environ 50 % dans cette régu-lation aquatique. De surcroît, l’at-mosphère elle-même n’est pastant chauffée par le rayonnementsolaire, qu’elle laisse en partie passer, que par le rayonnement infrarouge que renvoie la Terre etqu’elle arrête au contraire (effet deserre), ainsi que par l’évaporationdes eaux de surface. C’est ensomme l’océan qui, par ses interactions avec l’atmosphère,gouverne le climat de la planètebleue.

Or, si les phénomènes atmosphé-riques sont connus, grâce à l’exis-tence depuis près d’un siècle d’unréseau de milliers de stations mé-téorologiques, il n’en va pas demême des mécanismes à l’œuvredans les profondeurs du milieuocéanique, qui demeurent ferméesà l’observation des scientifiques.Ceux-ci ont construit un modèletrès schématique de « tapis rou-lant » (conveyor belt), selon lequel lachaleur stockée par les eaux de sur-face dans les zones tropicales estredistribuée vers le nord par le GulfStream, puis la dérive nord-atlan-tique.

En se refroidissant, ces eaux su-périeures se font plus denses etplus lourdes – l’évaporation leschargeant aussi en sel – et plongentalors, au niveau des mers de Nor-vège, du Groenland et du Labrador,jusqu’à des profondeurs de 2 000 à4 000 mètres. Elles s’écoulent en-suite vers le sud et, rejoignant lecourant circumpolaire antarctiquetournant d’ouest en est, sont en-traînées vers l’océan Indien et lesud du Pacifique, avant de remon-ter en surface dans le Pacifiquenord puis de rejoindre les courantschauds qui, passant entre les îles in-donésiennes et contournantl’Afrique, remontent enfin versl’Atlantique, bouclant ainsi laboucle.

Cet ample et lent brassage, dontle cycle complet dure un millierd’années, n’est pas aussi simplequ’il y paraît. « Ce que nous avonssurtout appris ces dernières années,c’est que les processus sont beaucoupplus compliqués que nous l’imagi-nions », résume l’Américain CarlWunsch, professeur au Massachu-setts Institute of Technology et l’un

des pères du projet WOCE. Celui-ci,lancé en 1990 dans le cadre du Pro-gramme mondial de recherche surle climat et mobilisant vingt pays,arrive au terme de sa premièrephase : la collecte de données. « Ensept ans, nous avons accumulé plusd’observations qu’il n’en avait été re-cueilli par le passé », se félicite YvesDesaubies, directeur du Labora-toire de physique des océans deBrest.

Le lancement des satellites euro-péens d’observation météorolo-gique ERS-1 (1991) et ERS-2 (1995),ainsi que du satellite franco-améri-cain Topex-Poséidon (1992), a don-né des yeux perçants aux océano-graphes, qui connaissentdésormais, avec une précision dequelques centimètres, les variationsdu niveau de la mer imputables auxcourants de surface ou aux écartsde température qui font que l’eause dilate ou, au contraire, secontracte. Des systèmes acous-tiques spécifiques leur ont servid’oreilles attentives pour sonder lesprofondeurs marines que les ondesélectromagnétiques ne parviennentpas à pénétrer. Des campagnes enmer leur ont aussi permis d’amas-ser un grand nombre de mesuresde température, de salinité oud’autres qualités physico-chimiques.

PHOTOGRAPHIE GLOBALELes milliers de résultats ainsi ras-

semblés ont confirmé que « la cir-culation océanique, loin de s’effec-tuer de façon linéaire, est renduecomplexe par des mouvements tour-billonnaires, des systèmes de bifurca-tion et des échanges verticaux liés,notamment, à la topographie desfonds marins. L’équateur, en parti-culier, est une zone critique de trans-fert entre les deux hémisphères », dé-crit Pierre David, président del’Institut français de recherche pourl’exploitation de la mer (Ifremer).

Les scientifiques disposent àprésent, pour la première fois,d’une photographie globale desflux océaniques à la fin de ce millé-naire. Cet « état des lieux » leur ser-vira de référence pour évaluer leursmodifications ultérieures et appré-cier ce qui relève de la variabiliténaturelle ou d’éventuels change-ments d’origine anthropique.

Dans une deuxième étape – àpartir de 1998 et jusqu’en 2002 –,cette moisson de données doit êtreexploitée pour mettre au point desmodèles numériques à haute réso-

Navires hauturiers et courantomètres

Diverses équipes françaises,appartenant notamment àl’Ifremer, au CNRS, à l’Orstom,au CNES et à l’IFRTP, sont impli-quées dans le programmeWOCE. L’Ifremer a ainsi mobili-sé plusieurs navires océanogra-phiques de sa flotte hauturière.Différents dispositifs de couran-tométrie acoustique sont égale-ment mis en œuvre pour étudierles mouvements marins. Lesplus simples, montés sur des ba-teaux, permettent de mesurer lavitesse des courants des couchesocéaniques supérieures (jusqu’à800 mètres de fond), à l’aide designaux acoustiques réfléchispar les particules emportées parces courants. D’autres capteurssont fixés à des lignes de mouil-lage, qui sont relevées au boutd’un an ou deux.

L’Ifremer a également conçuet réalisé des flotteurs baptisésMarvor – « cheval de mer », enbreton –, qui dérivent en pro-fondeur avec les courants ma-rins et dont les trajectoires sonttransmises à intervalles régu-liers par satellite.

lution de la circulation océanique,couplés, à terme, aux modèles decirculation atmosphèrique. L’objec-tif est de mieux comprendre, et sipossible de prévoir, les évolutionsclimatiques.

La « réponse » de l’océan à l’aug-mentation de la concentration,dans l’atmosphère, des gaz à effetde serre et en particulier du dioxydede carbone, pourrait déterminer,sur une longue échelle de temps,l’amplitude et les conséquences duréchauffement planétaire. Or cetteréponse est aujourd’hui difficile-ment prévisible. Paradoxalement,

de même qu’aux périodes glaciairesla plongée des courants chauds versles froids abysses marins a étécontrariée par l’avancée des glaces,on peut craindre qu’une élévationde la température de l’air n’abou-tisse à un résultat identique, en em-pêchant les eaux de surface de serefroidir suffisamment pour entre-tenir la continuité de ce cycle.

Pierre Le Hir

Les agrégats, énigme épidémiologiqueLes épidémiologistes notent que les agrégats (ou clusters), ces

zones où le nombre de cas de cancers dépasse la moyenne attendue,peuvent survenir par simple distribution statistique aléatoire. Cer-tains parlent même de « loterie », dont La Hague serait une nouvelleillustration. Mais les clusters dépassent parfois le simple jeu de hasard : en Allemagne, à Sittensen, à 45 kilomètres d’une usine nu-cléaire, on a enregistré un taux de leucémie quatorze fois plus élevéque la normale, qui pourrait être dû à une surexposition à des radio-graphies médicales. À Elbmarsch, située face à l’usine nucléaire deKrümel, près de Hambourg, neuf cas de leucémie infantile ont étéobservés entre 1990 et 1995, soit six fois plus que la normale. Onconstate une incidence triplée chez les enfants habitant à moins de5 kilomètres des vingt-deux centrales allemandes. Environnement,nourriture, hérédité, ces facteurs ont été repoussés, dans l’attented’investigations. L’hypothèse virale a été évoquée, dans une étudebritannique montrant que la leucémie infantile est plus fréquem-ment diagnostiquée durant les mois d’été.

LES PREMIÈRES conclusionsdu comité scientifique chargéd’enquêter sur les cas de leucémieinfantile à La Hague ont été re-mises, mardi 1er juillet, aux deuxministres concernés, DominiqueVoynet (aménagement du terri-toire et environnement) et Ber-nard Kouchner (secrétaire d’Etat àla santé), par Charles Souleau,doyen de la faculté de pharmaciede Châtenay-Malabry et présidentde ce comité. Il ne s’agit que d’un« rapport d’étape ». Ce groupe deneuf experts, qui avait été mis enplace par le gouvernement pré-cédent, poursuivra ses travaux.

Lors d’une rencontre avec desélus locaux de la région de LaHague, jeudi 26 juin, Charles Sou-leau avait déclaré notamment queles habitants du Nord-Cotentinn’avaient « aucune raison de chan-ger leur mode de vie » (Le Mondedaté 29-30 juin). Dans un commu-niqué publié le lendemain, les ser-vices de Dominique Voynet et deBernard Kouchner avaient indiquéqu’ils « souhaitent maintenir et ren-forcer la surveillance épidémiolo-gique et de l’environnement », endépit des « résultats rassurants » dela commission Souleau.

De prime abord, ce premier« rapport Souleau » paraît biendécevant : pas de révélation ou dechiffres fracassants, aucune don-née susceptible de donner raisonaux écologistes de Greenpeace ou– au contraire – de blanchir les ex-ploitants du centre de retraite-ment des combustibles nucléairesde La Hague. Il met néammoins enlumière des points sensibles et lamarche à suivre pour tenter de lesrésoudre. Sa simple existence re-présente un progrès considérablepar rapport à la situation précé-dente. C’était la première fois queles deux « camps » s’asseyaient àla même table, même si leur repré-sentation n’était pas équilibrée.

Ce ne fut pas toujours facile. Ausein de la commission elle-même,Jean-François Viel, auteur del’étude ayant mis en évidence l’ex-cès des leucémies à La Hague, setrouvait face à une majorité d’épi-démiologistes critiques, pour la

plupart, vis-à-vis de son travail.« Les épidémiologistes ont, en géné-ral, un ego très fort et la discussionfut longue et pénible », reconnaît ledoyen Souleau. Un consensus futnéanmoins obtenu pour confirmerl’existence d’un agrégat anormalde cas de leucémie infantile dansle canton de Beaumont-Hague(4 cas observés pour 1,4 attendu)et, surtout, le bien-fondé de la dé-marche du professeur Viel et laqualité de son travail (Le Monde du18 juin). La commission reste ré-servée, en revanche, sur la mé-thode qui l’a conduit à corréler ces

cas avec la fréquentation desplages et remarque que, si ses ré-sultats sont exacts, le même excèsde leucémies devrait être observésur l’ensemble du Nord-Cotentin,ce qui n’est pas le cas.

Mais le travail de Viel « a permisd’alerter l’autorité sanitaire », sou-ligne le doyen Souleau. Il re-commande notamment decompléter l’étude du professeurViel « par des données correspon-dant aux années les plus récentes ».« Plus généralement, un travail épi-démiologique, sociologique, démo-graphique, clinique, biologique, hé-matologique, radioécologique devraêtre lancé dans ce même canton,ajoute-t-il. Ce travail pourra sefaire soit à partir d’un échantillon

de population représentatif à défi-nir, soit en repartant des donnéesaccumulées dans l’étude du profes-seur Viel. »

Paradoxalement, en dépit de lapolémique qui oppose Greenpeaceà la Cogéma, exploitant du centrede La Hague, les débats semblentavoir été moins houleux au sein dusous-groupe de radio-écologie. Ilne s’agissait, il est vrai, pour cecomité, que d’un travail prélimi-naire dont la poursuite pourraits’avérer moins consensuelle.

Les quinze membres de cegroupe ont tenté, dans un premier

temps, de faire « le bilan des rejetsliquides et gazeux depuis le débutdu fonctionnement des installa-tions » qui, pour le centre de retrai-tement des combustibles, remonteà 1966. « Des dizaines de milliers demesures » ont été effectuées, dansleur majorité, par la Cogéma, l’Of-fice de protection contre lesrayonnements ionisants (Opri),l’Institut de protection et de sûreténucléaire (IPSN) ou la Marine na-tionale, mais aussi par un labora-toire indépendant, l’Associationpour le contrôle de la radioactivitédans l’Ouest (Acro). Leur compila-tion montre que la « dose effi-cace » pour les groupes les plusexposés a crû régulièrement jus-qu’à atteindre 100 microSieverts

par an en 1988 avant de descendrebrusquement à sa valeur actuellede 2,7 microSieverts à partir de1991, date de la mise en service dela station de traitement des ef-fluents.

Les rejets gazeux croissent régu-lièrement avec l’augmentation del’activité du centre de retraitementpour passer d’une moyenne de4 microSieverts à 18 microSievertsen 1996. Il faut y ajouter deux« pointes » d’une centaine de mi-croSieverts causées par deux acci-dents : la rupture de la canalisationde rejet des effluents liquides en1979, et l’incendie d’un silo en 1981.

Au total, les populations les plusexposées ont subi une dose effi-cace de 20,2 microSieverts en 1995(rejets liquides et gazeux du centrede retraitement, du centre de stoc-kage de la Manche et de la centraleEDF de Flamanville cumulés). Aumaximum des autorisations offi-cielles de rejets, la dose annuellepourrait atteindre 300 microSie-verts, soit un peu plus du dixièmede celle correspondant à l’exposi-tion à la radioactivité naturelledans la région (2 500 microSie-verts). Niveau largement insuffi-sant, en principe, pour expliquerun excès de leucémies.

Les membres de la commissionont mis en lumière plusieurs la-cunes, souligne Daniel Robeau(IPSN), secrétaire du groupe. C’estainsi, par exemple, que « la chaînealimentaire proprement dite estmoins surveillée que l’environne-ment », ou que « certains radio-élé-ments pourtant prépondérants dansl’impact, comme le carbone 14 oul’iode 129, ne sont pas toujours lesplus surveillés ».

Les membres du groupe – enpremier lieu, Pierre Barbey,conseiller scientifique de l’Acro –soulignent que ces données, appa-remment sérieuses, sont fourniespar les exploitants. Il convientdonc de les analyser et de les véri-fier. Le groupe, qui sera probable-ment élargi à d’autres laboratoiresindépendants, devrait maintenants’y atteler.

Jean-Paul Dufour

Les courants chauds de surface se refroidissent en remontant vers le nord de l’Atlantique et plongent vers les abysses marins pour redescendre vers le sud, avant de refaire surface dans le nord du Pacifique plusieurs siècles plus tard. Si cette représentation simplifiée (schéma 1) demeure valide, les océanographes savent aujourd'hui que le brassage des eaux est rendu infiniment plus complexe par des mouvements tourbillonnaires et des échanges verticaux (schéma 2).

Une circulation complexe

Carte des courants chauds

Courants froids profonds

Courants chauds de surface

1

2

Page 22: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0022-0 WAS LMQ0207-22 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0482 Lcp: 196 CMYK

22 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 A U J O U R D ’ H U I

Admissibilité : 2 juillet

INT INGÉNIEURSérie 3 / Etranger

RÉSULTATS GRANDES ÉCOLES

3615 LEMONDE

2,23

F la

min

ute

Le menudes épreuves combinées

L’heptathlon et le décathloncomportent respectivementsept et dix épreuves disputéesen plein air sur deux journéesconsécutives selon un ordre im-muable. L’heptathlon réserveaux femmes : 100 m haies, sauten hauteur, lancer du poids,200 m, saut en longueur, lancerdu javelot et 800 m. Le décath-lon impose aux hommes :100 m, saut en longueur, lancerdu poids, saut en hauteur,400 m, 110 m haies, lancer dudisque, saut à la perche, lancerdu javelot, 1 500 m. Les perfor-mances de chaque spécialitésont converties en points à par-tir d’une table de cotation.L’athlète qui totalise le plusgrand nombre de points l’em-porte. Les pratiquants de cestrès exigeantes disciplines li-mitent le nombre annuel decompétitions à environ quatrepour les hommes et six pour lesfemmes.

Anne-Sophie Devillier, heptathlonienne de devoir et par plaisirSI ELLE RÊVE d’une sélection

aux championnats du monded’Athènes (du 1er au 10 août), voireaux Jeux olympiques de l’an 2000,Anne-Sophie Devillier sait qu’ellene gagnera jamais ni les uns ni lesautres. Les podiums lui sont inter-dits, sauf dans les compétitions paréquipe comme la Coupe d’Europedes nations d’épreuves combinées,où, avec Marie Collonvillé et Na-thalie Teppe, elle a offert la

deuxième place à la France, di-manche 29 juin, à Oulu (Finlande).Mais elle n’est pas fataliste : « Pourbriller en heptathlon, il ne faut pastraîner. Il y a trop de disciplines fai-sant appel à des qualités différentesà travailler. Ça prend des années. »A vingt-six ans, le temps presse.

Elle aurait pu faire le bonheur deplusieurs fédérations sportives.Tennis et football se sont long-temps disputé ses qualités phy-

siques (1,75 m pour 61 kilos). Inca-pable de se résoudre à la pratiqued’une seule discipline, elle a tergi-versé avant de choisir « de faire unpeu de tout » avec l’heptathlon.

Gamine, elle défiait les garçonsau foot. Le ballon rond la fascinaitmais, à quinze ans, elle a préférémettre sa passion en veilleuse auprofit du tennis. Au début de la dé-cennie, elle rivalisait, au TennisClub de Méru (Oise), avec AmélieCocheteux, vainqueur du tournoijunior de Roland-Garros en 1995.Leur progression a été identique.Mais Amélie a six ans de moins etune raquette en main depuis sonplus jeune âge. « Elle était un espoir,explique Anne-Sophie ; moi, on metrouvait déjà trop vieille. »

FOOTBALL SUR LE GAZON ANGLAISRésignée, elle court alors les

tournois de la région parisienne.« Je gagnais un peu d’argent mais ilaurait fallu arrêter les études pourque ça devienne rentable », dit-elle.Elle n’y a pas songé un seul instant.Pour canaliser son énergie, elles’est plutôt entraînée à la sectionathlétisme de l’Amiens UniversitéClub. Elle avait « déjà vingt ans » etelle « aimait tout ». Assez pour dis-puter dans la même journée des in-terclubs dans les deux disciplines :« Après le 100 m haies, je suis alléejouer mon simple et je suis revenuefaire la longueur avant de retournerjouer le double. Le soir, j’ai bien dor-mi. » Le club d’athlétisme la pour-suit assidûment. Elle ne parvientpas à se décider. Les circonstancesla retarderont encore.

Pour ses études d’anglais, Anne-Sophie Devillier part travailler unan à Leeds et met son tennis entreparenthèses : « Le niveau était in-suffisant et le temps peu clément. »Elle découvre l’équipe féminine defootball de l’université et ne tardepas à s’y faire une place. Son statutne satisfaisant pas aux exigencesdu règlement, elle se réfugie sur lapiste d’athlétisme. Wilf Pesch, en-traîneur retraité de l’équipe natio-nale britannique, la remarque lorsd’une séance de haies. Il sent enelle une future bonne heptathlo-nienne, propose de la prendre sousson aile. Elle travaille avec lui maisle football lui manque. Il la pré-

sente aux dirigeants des Brontë La-dies, un club de First League (pre-mière division), avec lequel elle sehisse en demi-finales du champion-nat national.

Mais les clubs britanniques,fussent-ils de première division, nesont pas avant-gardistes au pointde salarier leurs joueuses. Anne-Sophie rentre en France sans es-poir de rejouer au football aumême niveau. Son tennis, quant àlui, s’est rouillé, son classement abaissé. Elle se consacre alors àl’heptathlon et bifurque vers uncursus d’éducation physique pluscompatible avec l’entraînement.Elle progresse rapidement. Maisson emploi du temps surchargé acontribué à son récent échec auCapes, la privant d’un poste d’en-seignante.

Aujourd’hui, Anne-Sophiepointe en troisième position des bi-lans français, compte quelques sé-lections internationales, dont leprestigieux Décastar de Talence(Gironde) – rendez-vous des starsmondiales des épreuves combi-nées –, mais doit vivre chez ses pa-rents. A l’instar de Jackie Joyner-Kersee et de Dan O’Brien (multi-ples champions du monde etchampions olympiques), elle ingur-gite trente heures d’entraînementhebdomadaires, s’impose une dié-tétique sévère. Mais elle, le faitpour la beauté du geste. Athlète àplein temps, elle ne reçoit guèrepour sa peine que des paquetagesd’équipements.

Patricia Jolly

Le Brésil installeson football au sommet

Malgré le handicap de l’altitude,les coéquipiers de Ronaldo ont remportéla Copa America aux dépens de la Bolivie

RIO DE JANEIROde notre correspondant

« Vous allez devoir m’avaler ! » Levisage empourpré, Mario Zagallose métamorphose en couleuvre ve-nimeuse devant les micros qui setendent vers lui. En proie à uneémotion mal contenue, il tarde àretrouver son souffle sur la pe-louse du stade Hernando-Siles,perché à 3 660 mètres d’altitude.Après avoir vaillamment résisté àl’asphyxiante pénurie d’oxygènede La Paz, en Bolivie, le Brésil vientde remporter au finish, dimanche29 juin, la 38e édition de la CopaAmerica aux dépens de la sélectionlocale (3-1).

Avant toute chose, l’entraîneurdes vainqueurs vitupère ceux « quirenient notre pays au lieu d’en êtrefiers » . Le message, délivré àchaud, s’adresse à certains journa-listes brésiliens, dont les écritsn’ont pas l’heur de lui plaire. Fortdu premier triomphe brésilien ob-tenu à l’extérieur dans cettecompétition pourtant vieille dequatre-vingt-un ans, Mario Zagal-lo se sent déjà investi des pleinspouvoirs en vue du Mondial. Uncoup franc de Roberto Carlos,chronométré à 120 km/h et repous-sé dans les pieds de Denilson par legardien Trucco, et deux actions dé-cisives, dans les onze dernières mi-nutes, de Ronaldo – un splendidetir du gauche et une interceptionmeurtrière conclue par Zé Robertoaprès un relais avec Denilson – onteu raison du « syndrome de LaPaz » qui hantait les hommes de laSeleçao.

En 1993, sur ce même terrain del’Altiplano andin, la Bolivie et son« douzième homme », l’altitude àlaquelle ses joueurs sont acclima-tés, avaient infligé au Brésil laseule défaite concédée à ce jour enmatch qualificatif pour la phase fi-nale de la Coupe du monde. Brasdroit de l’entraîneur national del’époque, Carlos Alberto Pareira,Mario Zagallo avait en mémoire cenaufrage historique face à uneéquipe plutôt habituée à jouer lesfaire-valoir. Dimanche, par quatrefois en seconde mi-temps, les bal-lons boliviens sont allés s’écrasersur les montants de la cage brési-

lienne. A l’entrée du dernier quartd’heure, les glorieux oriverde, pou-mons en feu et jambes de plomb,ont failli de nouveau sombrer sousle siège de Boliviens survoltés.L’opportunisme de Ronaldo et lesens du jeu phénoménal de Denil-son, âgé d’à peine vingt ans, ontfait in extremis la différence.

Dans un passé récent, JacquesChirac, le président de la Répu-blique française, s’est fait l’ardentdéfenseur de la Bolivie en s’insur-geant contre l’intention de la Fédé-ration internationale de football(FIFA) d’interdire les rencontresinternationales à La Paz. L’étrangespectacle offert lors de la finale a,en tout cas, ranimé la polémiquedans la presse brésilienne. De fait,les incidences de l’altitude sur l’or-ganisme des joueurs méritent ré-flexion.

CONDAMNÉ À VAINCRETitulaire d’un palmarès excep-

tionnel, avec quatre titres dechampion du monde, dont deuxcomme joueur au côté de Pelé (LeMonde du 3 juin), Mario Zagallorêve désormais d’un cinquièmesacre, l’année prochaine à Paris.Dans un pays où les entraîneursont coutume de « sauter » aumoindre feu médiatique, sonmaintien à la tête des quadrupleschampions du monde ne tenaitpas, en effet, de l’évidence. il se sa-vait condamné à la victoire.

A l’exception de la Bolivie et duBrésil, les dix autres sélections enlice dans cette Copa Americas’étaient privées de leurs meilleursjoueurs en prévision du tournoiqualificatif sud-américain pour leMondial, qui doit reprendre di-manche 5 juillet. Percutante miseen jambes préliminaire (dix-neufbuts marqués en cinq matches,dont sept en demi-finale contre lePérou, contre trois encaissés), laqualification des Brésiliens pour lafinale attendue face à la Bolivie nereprésentait donc qu’une formali-té. A moins d’un an du rendez-vous français, les tenants du titreont fait preuve, dans l’enfer de LaPaz, d’un moral de champions.

Jean-Jacques Sévilla

A Wimbledon, Sandrine Testud coupe l’herbesous les pieds de Monica Seles

La Française a battu l’Américaine en trois sets (0-6, 6-4, 8-6) après avoir sauvé une balle de matchLa Française Sandrine Testud, vingt-cinq ans,vingt-troisième joueuse mondiale, a battu, lundi30 juin, au 3e tour des Championnats de Wim-

bledon, l’Américaine Monica Seles, tête de sérieno 2. Après avoir perdu le premier set six jeux àzéro, elle a pourtant eu contre elle une balle de

match dans le troisième. En huitième de finale,elle devait affronter, mardi 1er juillet, sa compa-triote Nathalie Tauziat.

LONDRESde notre envoyée spéciale

Dimanche 29 juin dans l’après-midi, Monica Seles a pleuré de joiequand, à la fin de son match du

deuxièmetour, le publicdu central luia offert unelongue stan-ding ovation.En l’absencede Steffi Graf,Wimbledon la

voulait pour reine et Monica,deuxième joueuse mondiale, quin’a jamais gagné sur le gazon decette chic banlieue de Londres,pouvait rêver un peu. Lundi30 juin, l’Américaine a quitté lecourt les yeux secs, la mine triste etle sourire difficile à l’issue d’uneimpossible partie contre la Fran-çaise Sandrine Testud. Elle avaitd’abord enlevé la première manche

six jeux à zéro, avait mené cinqjeux à deux dans le troisième set ettenu une balle de match pour s’in-cliner finalement 0-6, 6-4, 8-6.

Monica Seles n’est plus MonicaSeles. Chaque match perdu lui rap-pelle tristement qu’elle fut poi-gnardée un jour d’avril 1993 et misehors jeu pour près de trois ans. Sontonitruant retour à l’US Open, en1995, sa victoire aux Internationauxd’Australie, en janvier 1996, nesemblent, aujourd’hui, que les der-niers oripeaux de sa gloire passée.Dans un souffle, elle précise : « J’aiprobablement joué le meilleur tennisde ma vie en janvier 1993. Il est trèsdur de repenser à ces années. » Uneconvalescence et une dépressionnerveuse ne sont pas venues àbout de la volonté de MonicaSeles. Son corps s’est rebellé. Sesblessures diverses, de l’épaule dou-loureuse à l’auriculaire cassé, ontempêché chaque retour d’être du-

rable et sa forme d’être impec-cable.

Elle ne refusait aucun effort ja-dis, et c’était un bonheur de la re-garder évoluer sur les courts.Maintenant, ses déplacementslambinent. Elle utilise à présent uncoup droit à une main pour gagnerquelques centimètres sur la balle.Mais les soucis pèsent sur son jeu :son père et entraîneur lutte unenouvelle fois contre un cancer dupancréas. Lundi, devant elle, Moni-ca Seles a trouvé une joueuse puis-sante, au jeu enjoué, de la trempede celles qui font aujourd’hui letennis féminin : des gamines so-lides et fières, qui ont sacrifié à unentraînement plus dense et clai-ronnent que toute joueuse peutêtre battue.

Sandrine Testud n’est pas, spor-tivement bien sûr, une jeunesse.Elle a vingt-cinq ans, elle est droi-tière, vingt-troisième joueuse mon-

diale, honnête partenaire dedouble, membre de l’équipe deFrance avec, notamment, MaryPierce et Nathalie Tauziat. Sesarmes sont aussi ses faiblesses : uncœur immense, donc une sensibili-té exacerbée, un moral tropprompt à partir en torche. Elle sesouvient d’un premier set brillant,contre la même Seles, à l’US Open1996. Après l’avoir perdu (7-5), ellelaissa glisser la partie en ne faisantplus un jeu. « J’étais fatiguée, sesouvient-elle, je n’avais pas pu tenirce rythme. »

UN BONHEUR EXALTANTCe qui a changé, aujourd’hui,

c’est cet entraînement plus dur et,sans doute, de l’harmonie. Elle ré-pond en rigolant : « C’est l’amour. »Depuis deux ans, à la grâce d’unerencontre avec Vittorio Magnelli,entraîneur de l’équipe italienne,Sandrine Testud vit à Rome et s’en-traîne avec les joueuses transal-pines. Elle a bien un entraîneurfrançais qu’elle partage avec AlexiaDechaume-Balleret, mais celui-cin’est pas venu à Wimbledon. Decette jolie victoire, la première surMonica Seles, Sandrine dit qu’elleest exaltante. Sans doute un repèredans sa carrière.

En un match parfois fou, émou-vant – le secret du tennis féminin –,Sandrine Testud n’a jamais voulucéder. Et pourtant. En vingt mi-nutes, la Française avait perdu lapremière manche 6-0 et était me-née 1-0, 0-30. « Je me suis dit qu’ilfallait que je garde mon service ;non, je n’ai jamais pensé que je pou-vais perdre ce match », dit-elle. Sontennis a été hargneux, désespéré etorgueilleux. La balle de la victoire ?Un ace. Après ? Simplement dubonheur.

Bénédicte Mathieu

DÉPÊCHESa FOOTBALL : Bernard Kouchner a déclaré, lundi 30 juin à Lille, enmarge de l’ouverture de la deuxième Conférence nationale de santé,qu’« il ne serait pas tolérable, dans les stades comme à la télévision, que laCoupe du monde serve de support à une marque d’alcool ». Le secrétaired’Etat à la santé rejoint la position adoptée par le ministre de la jeunesse etdes sports, Marie-George Buffet (Le Monde du 27 juin). La marque debière américaine Budweiser, qui aurait dépensé 100 millions de francs pourfaire partie des douze principaux parraineurs de la Coupe du monde, nepeut donc plus espérer être présente sur les stades français l’an prochain.a AUTOMOBILISME : Bernie Ecclestone a bravé la loi Evin, dimanche30 juin, à Magny-Cours. Pour que la cérémonie du podium puisse être as-surée par Moët et Chandon, il a financé lui-même l’achat du champagnede la victoire. Devançant d’éventuelles attaques, il a évoqué les arrivées té-lévisées et « arrosées » du Vendée Globe et du Trophée Jules-Verne et a re-vendiqué l’égalité de traitement.a ATHLÉTISME : Marie-José Pérec versera 100 000 des 300 000 francsde sa prime de participation au meeting de Charléty, merdredi 25 juin, àl’école d’athlétisme de son club, le Stade français, qui connaît actuellementdes difficultés. Selon le journal L’Equipe, la triple championne olympiquedésire ainsi effacer aux yeux du public sa piètre performance de la ren-contre (septième sur huit au 200 m).a BOXE : L’Américain Mike Tyson, qui a admis avoir mordu lesoreilles de son compatriote Evander Holyfield, samedi 28 juin à Las Ve-gas (Etats-Unis), lors de leur championnat du monde des lourds WBA, aprésenté ses excuses. « Samedi soir a été la pire nuit de ma carrière profes-sionnelle de boxeur, a-t-il déclaré. Je demande seulement de ne pas être pé-nalisé à vie pour cette erreur. » La commission d’athlétisme du Nevada a in-diqué qu’elle conserverait les 30 millions de dollars (environ 120 millionsde francs) de la bourse de Mike Tyson jusqu’à sa réunion demardi 1er juillet.a BASKET-BALL : la France s’est inclinée (80 à 71) face à la Grèce, lundi30 juin, à Gerone (Espagne) en huitièmes de finale (2e journée) duchampionnat d’Europe des nations. Elle devait affronter la Turquie mardi1er juillet et l’emporter par 9 points d’écart pour se qualifier pour les quartsde finale.

Le public londonien attend Becker et Sampras en quartsENTRE DEUX AVERSES, Wimbledon se réchauffe à

la perspective d’assister au choc qui devrait opposer lenuméro un mondial, Pete Sampras, à la tête de sérieno 8, Boris Becker. Leur probable duel en quarts de fi-nale – quand le ciel capricieux le permettra – aurait va-leur de finale : celle offerte par les deux champions aupublic londonien en 1995. On croyait alors Becker surle déclin, il s’était incliné, dix ans après son premiertriomphe local, avec suffisamment de superbe pour ra-vir la vedette à l’Américain un peu gauche. Pour mar-quer son histoire d’amour avec Wimbledon, il avait ef-fectué – fait exceptionnel pour un perdant – un tourd’honneur en brandissant son trophée.

Pour se retrouver, ceux qui l’ont remporté six fois àeux deux dans la banlieue londonienne (Samprasen 1993, 1994 et 1995, Becker en 1985, 1986 et 1989) de-vaient déjouer, mardi 1er juillet, les pièges de deux dan-gereux gauchers. Sampras devait rencontrer leTchèque Petr Korda, finaliste à Roland-Garros en 1992et ancien partenaire de Stefan Edberg en double. Des

blessures à répétition et l’opération d’une hernie ontruiné ses trois dernières saisons et décuplé sa faim devictoires. Becker, lui, devra réduire l’arrogant MarceloRios. Sa morgue et son impatience ont coûté de nom-breux matchs au talentueux Chilien, qui a notammentdéçu en s’inclinant en huitièmes de finale à Roland-Garros face au Marocain Hicham Arazi après une pre-mière partie de saison tonitruante.

CÉDRIC PIOLINE CONTINUEUn autre Allemand se fraye discrètement un chemin

vers les quarts de finale : Michael Stich. Le vainqueurde l’édition 1991, qui raccrochera à l’automne à caused’une épaule récalcitrante, devait cependant battrel’Australien Mark Woodforde, vainqueur du tournoi endouble en 1993 et 1996. Cédric Pioline était égalementen bonne voie. Dernier Français en lice, il devait af-fronter, mardi, en huitièmes de finale, un des derniersspécialistes du jeu sur herbe : le Néo-Zélandais BrettStevens.

Page 23: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0023-0 WAS LMQ0207-23 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0483 Lcp: 196 CMYK

BOUTEILLE

AOC bordeaux supérieurCHÂTEAU SAINT-JACQUESAdossé au château Siran et bénéficiant de sarenommée et du savoir-faire de sonœnologue-conseil, Michel Rolland, le château Saint-Jacques est situéau voisinage de l’appellation Margaux, sur 13 hectares de terres unpeu plus argileuses. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un secondvin – le second vin de Siran est le château Bellegarde –, mais d’uncousin un peu rustique, au nez moins policé que le château Siran, sonillustre voisin, éblouissant dans les bonnes années (1989, 1990, 1993).Mais le cabernet-sauvignon (40 %), le merlot (47 %) et le cabernetfranc (13 %), vinifiés à Siran, où ils passent un an en barriques,donnent alors le meilleur d’eux-mêmes. Ainsi le château Saint-Jacques a-t-il multiplié les récompenses aux concours agricolesdurant la dernière décennie. Les millésimes 1992 à 1994 sont situésdans une fourchette de prix très raisonnable, entre 30 et 34 F labouteille.. Château Saint-Jacques 1993 : 34 F la bouteille (vente directe).Brigitte Miailhe. Château Siran, 33460 Labarde-Margaux. Tél. : 05-57-88-34-04. Télécopie : 05-57-88-70-05 (visite du château et de ses collections).

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 23

L’œufmis à platFrit, il est succulent,mais toujours délicatà réaliserAU COMMENCEMENT étaitl’œuf. Interloqué, l’homme en fitle tour, s’enhardit à le prendre enmain, le soupesa, le secoua, et, detoute la maigre force que lui don-nait une pensée à peine ébauchée,se mit à rêver. Comment percer lemystère ? Il perça la coquille.Merveilleuse délicatesse du primi-tif qui entre jusqu’au cœur du se-cret tout en respectant son intimi-té.

Plus tard, quand ses cervicalesne lui permirent plus de gober saproie avec autant d’habileté, ilprit l’habitude de la faire cuire« au dur », lui rompant la cara-pace à même le zinc entre un de-mi panaché et les derniers résul-tats du tiercé. Puis, en famille et« à la coque », il l’engageait dansle périlleux combat avec le sablier,développant autour de lui tout uncérémonial de bonnes manières.Reste que des diverses façons delui donner les moyens de faireune entrée honorable en société,celle qui consiste à le faire frire« sur le plat » est assurément laplus gratifiante, sinon la plus déli-cate à maîtriser.

Juillet. Pour le père de famillequi sans broncher laisse fuirfemme et enfants vers leurs de-voirs de vacances, le grand pointfort de son jeune célibat estpresque toujours le premier repasqu’il se met en tête de passerentre lui et lui. Généralement, ona lesté le Robinson de provisionsgénéreuses, aide humanitaire ac-compagnée de longues notes deservice qui lui indiquent lesbonnes touches sur lesquelles ap-puyer et l’emplacement des diffé-rentes caches où se tiennent ser-rés l’outillage et les fusées dedétresse. Il est paré.

« Comment, ne savais-tu pas quece soir, Lucullus dînait chez Lu-cullus ? » Général et bec fin, ceLucullus frictionnait le poil de sonmajordome sous le motif que ce-lui-ci, n’ayant vu aucun invité sepointer à l’orgie du soir, avait bâ-clé la pitance de l’amphitryon mi-

litaire. Rien de ces excès cheznotre solitaire, qui choisira le plussouvent des configurations de re-pas assez rustiques. Des œufs surle plat, par exemple. Trois, penseà haute voix l’isolé, je vais m’enoffrir trois, au beurre, entière-ment !

Il n’y a qu’à la télévision, ou aumusic-hall, qu’on voit des chefscasser des œufs d’une seule main.Souplesse du poignet, précisiondu choc, élégance du geste. Pourle malheureux qui, dans une poêletrop étroite et trop chaude, voitson beurre virer au jus de charbonde bois alors que sa première vic-time commence à rissoler douce-ment à même la cuisinière, que laseconde gigote d’effroi dans lafournaise et que la troisième serattrape au bastingage coupéepar le travers, déjà plus du toutdans le coup ni sur le plat, pourcelui-là, la seule solution qui s’im-pose est le coup de téléphone à lafabrique à pizzas du coin.

EXERCICE DE STYLEOn aura compris que l’on avait

affaire à un maladroit, mais il nefaut jamais jurer de rien ; avec ces« sur le plat » une catastrophe estvite arrivée. A Paris, elle est per-manente. Œufs normalisés troplongtemps tenus sous la rigueurdes chambres froides, mauvaisvouloir général de la professionqui se débarrasse de lacommande en même temps quedu client, dédain pour cet en-cas

de petits mangeurs et de maigresprofits. En ville, les poules ont ap-pris à avoir des dents ; abandon-nons tout espoir, l’œuf sur le platn’est plus un pensionnaire de lacité. Non, il faut aller à sa ren-contre sur le bord des départe-mentales, dans ces haltes encoreignorantes des truqueries à lamode, endroits sans malice à labonne santé et au goût toujoursjoyeux.

Il n’empêche, avec un peu dediscipline et de confiance en soi,on devrait tout de même pouvoiren venir à bout, de c’t’œuf. Allonsvoir du côté des champions de lacuisine avancée pour savoir s’ilsse souviennent encore des exer-cices de style auxquels on les sou-mettait bien avant qu’ils nesongent à passer en classe de gas-tro-sup. Commençons par laBourgogne, chez Bernard Loi-seau. Lui, recommande leur pré-paration en deux temps : on saisitd’abord le blanc, et hop ! le jauneest vivement amené sur site aumoment jugé opportun. Pas decrainte de bavure, il faudra seule-ment savoir centrer le débat. Sel,poivre et une touche de vinaigreau cœur de la cible en fin de cuis-son. Tel le dit le maître de Saulieu.

Moins acrobatique, Michel Auge-reau, héritier en titre d’un beurre

blanc devant lequel les meilleurstirent leur chapeau, lui, s’y prenddifféremment. Le voilà aux four-neaux de son auberge Jeanne deLaval, aux Rosiers-sur-Loire, quinous explique comment ne pasmourir idiot. Poêle épaisse, laisséeen réserve sur une flamme mo-deste, œufs préalablement cassés ettenus dans une assiette creuse.Deux noisettes de beurre mainte-nant, auxquelles on laisse à peine letemps de s’exalter avant de les re-couvrir de l’assiettée fatale. Surveil-lance souple et harmonieuse del’ensemble jusqu’à son aboutisse-ment, qui sera laissé à l’apprécia-tion de chacun : cuits à peine, àpoint ou davantage. On donneratout de même à la fourchette unpetit genre chambrière pour fairerespecter l’ordre et les conve-nances ; ils en prendraient un peutrop facilement à leur aise, sinon,ces cocos-là.

On pourrait ainsi continuer avecde multiples démonstrations. Cha-cun a son truc pour ce plat jamaisformellement cuit d’avance. Maisde cette exploration aux sourcesd’une énigme encore mal expliquée,retenons ceci : l’amicalité dans l’ap-proche sera autant nécessaire quela convoitise, le sang-froid durantl’exécution aussi primordial quel’envie d’en découdre, l’humour in-dispensable sous peine de réussir àtout coup. Règle du jeu, règle devie.

Jean-Pierre Quélin

Le pain azymeVous êtes lassé d’acheter des baguettes dontla mie se transforme en papier mâché et lacroûte en tôle ondulée dans l’heure qui suit ?Passez donc directement au pain sec. Il enexiste un qui se garde entre 12 et 14 mois. Cecousin de la biscotte se nomme pain azyme.Quatre fabriques en France tiennent l’article :deux dans l’Est, l’une à Paris, la dernière àAgen.Comme le chapati indien ou le pain pitta duProche-Orient, le pain azyme se caractérisepar son absence de levain. Un passage del’Ancien Testament raconte que l’origine dece produit se trouve dans la fuite du peuplehébreux hors d’Egypte. Dans la précipitation,le temps ayant manqué pour que la pâte dupain gonfle, les juifs emportèrent avec euxdes pains cuits « a zumé », c’est-à-dire sanslevain.Pour célébrer cet exode, vers la terre promised’Israël, les juifs ne mangent que du painazyme pendant Pessah (la Pâque juive). Ilappartient alors aux plus riches d’entre euxde faire en sorte que les plus démunispuissent aussi avoir leur ration de matsot, ces

fameuses galettes depain azyme.Le chanteur FrancisLemarque raconteque c’était lui, aunom de lacommunauté de la rue de Lappe, qui écrivaitau baron de Rothschild chaque fin d’annéepour recevoir un colis d’une quarantaine dekilos de pain azyme.Depuis le début des années 70 et son arrivéedans les grandes surfaces, le pain azyme n’estplus seulement une nourriture qui répond àdes préceptes religieux, il est devenu unproduit de consommation courante, sansconnotation confessionnelle. Selon lesfabricants, deux tiers des 1 845 tonnes de painazyme achetées en 1996 en France seraientconsidérées par ceux qui en font l’emplettecomme une simple alternative aux biscottes.« Avec cet avantage qu’il est extrêmementdiététique », souligne Guy Heumann, l’un desproducteurs de ce pain azyme. « Le produitcontient juste de la farine et de l’eau. Ni sel, nisucre, ni matière grasse : il se marie aussi bienavec le caviar qu’avec la confiture »,affirme-t-il. Cette neutralité gustative ne plaîtpourtant pas à tous.

Certaines maisons commeNeymann, la plus anciennefabrique de pain azyme sur notreterritoire (1850), essaie deconquérir de nouveauxconsommateurs en ajoutant à

son pain azyme du sel, du cumin ou même dela poudre d’oignon. Le résultat tient plus du« cracker » anglo-saxon que du pain azymeproprement dit.Ce dernier, s’il veut mériter son nom, ne peutse permettre que très peu de fantaisie. Unefarine complète, biologique ou standard ; uneforme ronde ou rectangulaire ; diversesépaisseurs : voilà toute sa souplesse. Suivantla recette rapportée par la famille Bitoned’Afrique du Nord, la Biscuiterie d’Agenréalise des matsot plutôt massifs. Les autresfabricants laminent la pâte jusqu’à unmillimètre d’épaisseur. Ce sont ces finesplaques qui seront cuites en une minute enpassant sous des résistances électriques.Quant aux entailles que l’on retrouve danstous ces pains azymes, elles n’ont pas qu’unefonction décorative, elles l’empêchent ausside gonfler à la cuisson.

Guillaume Crouzet

TOQUES EN POINTE

Tables d’étéLA TONNELLEDans la petite salle noyée de fleurs entre gare et bois de Chaville,Frank Aubert s’occupe tout à la fois de sa clientèle, de l’avenir dumétier hôtelier et du maintien d’une tradition : canard au sang, surdemande ; admirez la canardière ! Le mesclun de langoustines poêléesdonne au chef Jacky Portier l’occasion de montrer sa maîtrise desépices. Avec la tartelette de rouget varoise à la menthe fraîche, le filetde bar rôti et velouté à la cardamome, cela prend l’allure d’un beaurepas classique. Les chefs voyagent, même ceux de Chaville. Cela nousdonne le carré d’agneau à la marinade de curcuma, et bien d’autresplats aux saveurs contrastées. Une adresse familière, non loin del’exotique étang de Chaville. Menu : 195 F.. Chaville, 29, rue Lamenais (92370). Tél. : 01-47-50-42-77. Fermédimanche soir.

LES JARDINS DE BAGATELLEAlain Raichon, cuisinier bucolique, né à Champagnole dans le Jura,commence sa deuxième saison dans les communs du domaine deBagatelle où, les soirs d’été, sous les frondaisons, l’on peut jouir d’uncadre exceptionnel et d’une belle cuisine classique. Entrée vive avec lepoivron à la niçoise, délicate avec le foie gras macéré au vin de paille.La poularde aux morilles et au vin jaune donne la mesure du talentconfirmé du chef, mais, en cette saison, le risotto de chipirons auxolives, tomates et basilic s’accordera tout aussi bien aux vins du Jurade la cave. Affluence, par beau temps, pour le déjeuner dominical.Cuisine délicatement attentive aux produits des régions, et qu’uncadre hors du commun assigne à sa juste place. Menu : 240 et 290 F ledimanche. A la carte, compter 250 F.. Paris, parc de Bagatelle, route de Sèvres (75016). Tél. : 01-40-67-98-29.Tous les jours.

LE NOAILLESUn patio fleuri entouré de façades classiques, c’est le restaurant d’été del’Hôtel Saint-James et d’Albany, le silence assuré au cœur de Paris. Jolimenu (à 128 F) concocté par Jean-Pierre Lepeltier, qui travailla avec JoëlRobuchon. Parfaite présentation, et juste cuisson, d’une assiette compo-site d’esturgeon, de sandre lie de vin et d’omble chevalier. Desserts degrande maison. Peut-être celles-ci sont-elles les mieux à même de tenir lefameux rapport qualité-prix, dans un lieu qui fut (avant rénovation) unhôtel secret pour célébrités et qui garde fermement le cap. Menu : 128 F. Ala carte, compter 200 F.. Paris, 6, rue du 29-Juillet (75001). Entrée également par le 202, rue deRivoli. Tél. : 01-44-58-43-44. Tous les jours.

GastronomieLE RELAIS D’AUTEUILPatrick Pignol fut une promesse de la jeune cuisine. Les années n’ontpas entamé son enthousiasme, ni émoussé ses humeurs : sa saintecolère contre l’envolée des prix des grands crus classés de Bordeaux leconduit à proposer un choix avisé de vins du Languedoc. A en jugerpar une fine tarte de rougets à l’anchoïade et un pigeon fumé auxbaies de genièvre et jus à la sauge – plus que par une noix de ris deveau dorée à la casserole d’un classicisme convenu –, la précision et lasûreté de sa cuisine, comme la qualité des produits employés,devraient assurer à Patrick Pignol une plus grande reconnaissanced’un milieu trop souvent indulgent à l’égard des adresses éphémèresou à la mode.Délicieuses madeleines au miel de bruyère, glace miel et noix del’excellent pâtissier maison. Le sommelier est à son affaire avec unpatron aussi connaisseur. Menus : 250 F (déjeuner), 430 F et 530 F. A lacarte, compter 450 F.. Paris, 31, boulevard Murat (75016). Tél. : 01-46-51-09-54. Fermé samedimidi et dimanche.

Jean-Claude Ribaut

Page 24: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0024-0 WAS LMQ0207-24 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:25 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0484 Lcp: 196 CMYK

10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

Paris

Lyon

Nantes

Bruxelles

Amsterdam

Liverpool

StockholmOslo

Berlin

Prague

VienneBudapest

Bucarest

Strasbourg

Moscou

Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

2 JUILLET 1997

16/25 N 14/18 P 12/18 N 10/18 P 10/14 C 11/15 P 9/15 P

11/19 P 11/19 P 13/22 P 11/17 P 10/15 P 13/21 P 16/24 P

10/17 P 11/18 P

17/23 P 12/17 P 12/18 P 16/22 P 10/17 S 11/20 P 12/20 C 13/20 P 9/16 P

22/30 N 27/30 N 17/21 N

19/24 N 25/32 S 12/19 N

20/25 N

23/28 N 25/33 N

11/14 P 16/27 S 16/24 S 10/21 N 13/19 P 14/28 S 15/26 N 13/20 S 9/13 P

11/23 N 12/22 C 16/23 S 21/29 N

17/25 N 17/20 N 11/20 P

10/13 P 11/17 C

20/24 P 15/21 N

13/25 S 10/23 N 18/28 S 15/20 P 20/26 N 12/22 N 17/27 S 20/25 N 14/26 S 16/26 S 18/24 N 16/20 S 13/22 N

21/31 S 25/30 S 3/12 S

13/27 S

16/25 S 13/25 N

22/25 C 18/26 S 15/21 P 21/29 S 24/29 P 11/20 S 3/13 S

22/28 N 23/27 P

20/30 S 26/29 C 15/27 S

23/33 S 18/23 N

13/21 N -2/20 S

23/37 S 18/23 N

28/33 C 27/30 P 25/32 C 31/38 S 28/36 N 27/28 P 22/32 S 29/38 S 22/31 P 24/31 S 27/30 P 9/14 P

21/27 P

2 JUILLET 1997

24 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 A U J O U R D ’ H U I

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15AB

DEFGHIJKLMNO

C

ARGILEUX

U T O B U S

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97137

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

HORIZONTALEMENT

I. Joli coup au billard, sale coupsur l’autoroute. – II. L’apostropheest sa marque. Conviens. – III. Sepratique souvent en réserve.Revient à petits pas dans les parcsnationaux. – IV. Note. Une pipequi ne tient pas en poche. – V.Séparée. A moitié servie. – VI.Ecole bouddhiste à l’origine.Eclaire la façade. – VII. Vit en mermais fraie en eau douce. – VIII.Pour ranger les verres. Etoila enéclats. – IX. Née de la scission de

1948. Dépassé. Sans aspérité. – X.Bien attrapée. Fît l’éléphant. – XI.Un label pour une cigarettemoderne mais toujours nocive.

VERTICALEMENT

1. Temps mort dans la tuerie. – 2.Protège la couche. En Meurthe-et-Moselle. – 3. Zone de combats.Garde la chambre. Conjonction. –4. Une position pour le yogi. Sesfeuilles sont des aiguilles. – 5.Même l’Eglise a du mal à y croire.En dérobade. – 6. Prendre un coup.

Digne d’un souverain. – 7. Pourgarder l’anonymat. Devant les bar-reaux. – 8. Parcouru. Petit, il peutdevenir étoile. En règle. – 9. Touteproche. – 10. Prise sur le fait. Un roide tragédie. – 11. Signe pour rac-courcir les liaisons.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97136

HORIZONTALEMENTI. Lithographe. – II. Insérée. Reg.

– III. Bâfres. Coma. – IV. En.Méthanol. – V. Rigi. Elbe. – VI.Atone. Morts. – VII. Légers. EA. –VIII. Tressent. – IX. St. Tenterai. –X. Môle. Taegco (cageot). – XI.Episser. Sen.

VERTICALEMENT1. Libéralisme. – 2. Inanité. Top. –

3. TSF. Gog. Li. – 4. Herminettes. –5. Orée. Erre. – 6. Geste. Sente. – 7.Ré. HLM. Star. – 8. Cabossée. – 9.Prôner. Ergs. – 10. Hémo. Tenace. –11. Egalisation.

SCRABBLEW PROBLÈME No 24g SOS Jeux de mots :

3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

A la recherche du troisième mot1. Vous avez tiré A B D E R S U.a) Trouvez et placez un mot de

sept lettres.b) Avec ce même tirage, trouvez

neuf mots de huit lettres en lecomplétant avec neuf lettres diffé-rentes appartenant à l’un ou àl’autre des deux mots de la grille.

N.B. Dès que vous avez trouvé unesolution, effacez-la avant de conti-nuer.

2. Préparation de la grille de lasemaine prochaine.

c) Premier tirage : D E I N S T U.Trouvez quatre sept-lettres.

d) Deuxième tirage : A E E G I OR. En utilisant deux lettres du ti-rage précédent, trouvez deux huit-lettres.

Solutions du problème dans LeMonde du 9 juillet.

Solutions du problème parudans Le Monde du 25 juin.

Chaque solution est localisée surla grille par une référence se rappor-

tant à sa première lettre. Lorsque laréférence commence par une lettre,le mot est horizontal ; lorsqu’ellecommence par un chiffre, le mot estvertical.

a) ORGUEIL, 1 F, 110, faisantGRINÇONS.

b) LOGUERAI, connecterai (in-formatique), A 2, 61 – ORGUEILS,

B 1, 72 – GLORIEUX, D 1, 90 – RI-GOLEUR, 2 A, 72 – OLIGURIE,miction réduite, 3 F, 74 – UROLO-GIE, 6 F, 63.

c) AUTOBUS.d) ARGILEUX, ou l’anagramme

GLAIREUX-GLORIEUX.

Michel Charlemagne

Situation le 1er juillet à 0 heure TU Prévisions pour le 3 juillet à 0 heure TU

Les tarifsb Télégramme nécessitantl’intervention d’un agent lors dudépôt, par téléphone (composer le3655) ou à la poste : 65 francs les25 premiers mots, puis 12,20 francspar fraction supplémentaire de10 mots.b Télégramme déposé par télexou par Minitel (par le 3656) :36,90 francs les 25 premiers mots,puis 7,62 francs pour les 10 motssuivants.b Service lent. Remiseprogrammée de deux à dix jours àl’avance : 39 francs les 25 mots,

puis 6,20 francs par tranche de10 mots.b Services supplémentaires.Télégramme illustré (mariage,naissance, fête, anniversaire, fêtesde fin d’année) : 10,17 francs. Copiedu télégramme : 16,02 francs.Accusé de réception mentionnantla date et l’heure de remise audestinataire : 33,55 francs (lescoordonnées de l’expéditeur sontcomptées dans le calcul du prix).b Pour l’étranger : 135,24 francsles 15 premiers mots, puis27,46 francs les 5 suivants.

PRATIQUE

Exclu du « service universel » par France Télécom, le télégramme est toujours utileLES FANS d’Yves Montand ont

toujours en mémoire le joli sketchqu’il avait enregistré avec SimoneSignoret : « Eugène Sue me re-garde. Je t’aime, je t’aime, jet’aime. » Il n’est pas sûr que cedialogue fasse rire les jeunes, quin’ont probablement jamais eul’occasion d’entendre décliner lesprénoms surannés du code télé-phonique : Anatole, Berthe, Céles-tin, Désiré... Les adultes eux-mêmes s’en souviennent-ils, àl’heure de la télécopie, d’Internet,du téléphone modulaire et autresTatoo ?

Il est vrai que cette vénérableinstitution n’est que l’ombred’elle-même : le nombre des télé-grammes est passé de 9 millionsen 1990 à 2,6 millions aujourd’hui,et le chiffre d’affaires du servicene représente plus qu’une goutted’eau de 130 millions de francsdans une mer de 151,3 milliards. Ilne faut plus, en outre, compter surle petit télégraphiste pour porteren main propre les messagesd’amour, vœux de bonheur conju-gal ou condoléances, comme entémoigne la mésaventure surve-nue à Armelle C.

Celle-ci, ravie d’avoir enfin trou-vé un stage pour son fils, avait

voulu prévenir par télégramme lejeune homme, qui habite unechambre de bonne sans télé-phone. Armelle ignorait que, de-puis 1988, les télégrammes ne sontplus remis par coursier spécial,mais transmis par téléphone et, àdéfaut, par courrier ordinaire.Bref, la lettre est parvenue troptard à l’étudiant, et fini le stage !

France Télécom se défend enfaisant observer que seulement2 % de la population ne possèdepas le téléphone, et qu’elle a ob-tenu de la Commission nationalede l’informatique et des libertés(CNIL) l’autorisation d’appeler lesabonnés de la liste rouge sans queleur numéro soit divulgué à l’ex-péditeur du télégramme. Faut-ilpour autant abandonner les ré-fractaires du téléphone à leur soli-tude, alors qu’ils sont beaucoupplus nombreux l’été que les statis-tiques ne le laissent penser, àcause des résidences de vacancesqui ne sont pas équipées ?

Le télégramme ne figure plusdans le « service universel », c’est-à-dire le minimum garanti parFrance Télécom à tous les usagers,dans le cadre de l’ouverture à laconcurrence. Mais il n’a pas étésupprimé « parce qu’il est reconnu

par les adhérents de l’Union inter-nationale des télécommunications(UIT), et qu’il rend encore quelquesservices », précise-t-on à FranceTélécom, où l’on cherche de nou-velles solutions. En attendant, ilest maintenu sous perfusion.

En grande partie automatisé, letélégramme n’emploie plus quetrois cents personnes répartiesdans neuf centres : Ajaccio, Bor-deaux, Lille, Lyon, Marseille,Nantes, Paris, Rouen et Stras-bourg. La seule région où le publiclui conserve encore une certaine

fidélité est la Corse, où la coutumeexige qu’on prévienne d’un décèspar télégramme.

VALEUR JURIDIQUESur le continent, il sert surtout

aux organismes de crédit et devente par correspondance quiveulent intimider les débiteurs ré-calcitrants, car le papier bleu pos-sède encore une certaine efficacitépsychologique, comme l’exploitd’huissier. Le texte est rédigé ettransmis par ordinateur, ou, à pluspetite échelle, par Minitel. Ce sec-

teur constitue près des troisquarts de l’activité télégraphique.

Le télégramme est aussi prisépour sa valeur juridique, car soncontenu est gardé en mémoirependant douze mois. Enfin, il sertencore à adresser des vœux debonheur pour les mariages, lesnaissances, à souhaiter les fêtes etanniversaires, grâce à des for-mules illustrées.

Pour les événements graves (ac-cident, décès), il est plus prudentde recourir à d’autres moyens. Eneffet, si l’envoi du télégramme alieu à la veille d’un week-end oud’un jour férié et si le destinatairen’est pas présent à son domicileau moment où on lui téléphone lemessage, le délai d’acheminementpeut prendre trois jours.

Le texte saisi par l’envoyeur lui-même sur un Minitel (cette for-mule est moins onéreuse), déposédans un bureau de poste, ou dictéà un opérateur de France Télécom,est traité dans l’heure qui suit, parun commutateur électronique demessages (CEM), qui reçoit les té-légrammes en provenance desneuf centres, en assure la mémori-sation, établit la facturation, etréachemine chaque message versle centre le plus proche du desti-

nataire. Celui-ci est alors joint parun opérateur. En cas d’absence, ilrenouvelle l’appel dans un délai devingt minutes. S’il n’obtient tou-jours pas le correspondant, il in-troduit les coordonnées télépho-niques dans un automate quirappellera toutes les vingt mi-nutes, jusqu’à 22 heures. Si la per-sonne n’a pas contacté le centreentre 7 et 9 heures le lendemainmatin, le télégramme sera envoyépar la poste.

Lorsque l’opérateur tombe surun répondeur téléphonique, illaisse un message demandant aucorrespondant de rappeler un nu-méro vert entre 7 et 22 heures. Ledestinataire qui rentrera dans lanuit saura qu’il a reçu un télé-gramme, mais devra cependantattendre le matin pour enconnaître la teneur, ou même lesurlendemain s’il s’agit d’un same-di, car les centres sont fermés ledimanche et les jours fériés, unseul d’entre eux assurant la per-manence pour la réception desmessages. Pour des raisons deconfidentialité, le contenu du télé-gramme n’est pas confié au ré-pondeur.

Michaëla Bobasch

LE CARNETDU VOYAGEUR

a MEXIQUE. Tous les vols à l’aéro-port international de Mexico ontété provisoirement suspendus lun-di 30 juin, à partir de 21 heures lo-cales (2 heures GMT), après une re-prise d’activité du volcanPopocatépelt.a FRANCE. L’agence de la compa-gnie allemande Lufthansa est ins-tallé au 4, avenue de l’Opéra, dansle 1er arrondissement, à Paris. Ellepartagera ainsi les locaux occupéspar l’agence de United Airlines. Sontéléphone est le 01-47-42-11-09.a CANADA. Canadian Airlines In-ternational et Air Pacific, la compa-gnie nationale des îles Fidji, ont an-noncé l’ouverture, en octobre,d’une liaison commune reliant To-ronto et Vancouver à Fidji, via Ho-nolulu. Le service hebdomadairesera assuré par Air Pacific jusqu’àHonolulu où un vol de CanadianAirlines prendra le relais. Cet ac-cord marque le retour d’Air Pacificà Hawaii après dix ans d’absence.

Pluies et orages à l’estLA DÉPRESSION centrée sur les

îles Britanniques génère de nom-breuses limites pluvieuses sur notrepays. Une perturbation intéressera lamoitié est mercredi, amenant despluies. Sur les autres régions, lesnuages, nombreux, seront souventaccompagnés d’averses. Les tempé-ratures resteront très en dessous desnormales saisonnières.

Bretagne, Pays de Loire, Basse-Normandie. – Malgré quelqueséclaircies matinales, nuages etaverses seront fortement présents.Les températures resteront fraîches,entre 16 et 19 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Le soleil fera quelques ap-paritions après un début de matinéechargé et parfois pluvieux. Les tem-pératures maximales serontcomprises entre 17 et 20 degrés dunord au sud.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. – Letemps sera maussade, avec desnuages et de la pluie toute la journée.Des foyers orageux se développeront

l’après-midi et donneront par en-droits de forts cumuls de pluie. Il fera20 degrés au maximum.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Sur Poitou-Cha-rentes, nuages et éclaicies alternerontavec quelques averses isolées l’après-midi. Sur les autres régions, le ciel se-ra couvert et parfois accompagné depluies. Sur les Pyrénées, des oragesisolés éclateront en soirée.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Au lever du jour, il pleuvrasur le Limousin et l’Auvergne. Au fildes heures, ces pluies se décalerontvers Rhône-Alpes et prendront un ca-ractère orageux. Ces orages donne-ront parfois des pluies importantessur le relief. Il fera 21 ou 22 degrés aumaximum.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. –Sur la Corse, le ciel sera nuageux avecquelques ondées. Ailleurs, le tempssera médiocre, avec de la pluie et desorages donnant par endroits descumuls d’eau importants. Les tempé-ratures seront comprises entre 20 et24 degrés.

Page 25: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0025-0 WAS LMQ0207-25 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0485 Lcp: 196 CMYK

25

C U LT U R ELE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

Abécédaire de l’amateurMichel Conan publie un ouvrage qui permettra aux nouveaux

amateurs de se retrouver dans les dédales de l’histoire des jardins. Illeur facilitera, notamment, la maîtrise d’un vocabulaire techniquequelque peu oublié. Le lecteur apprendra la différence entre le jar-din bouquetier, le jardin champêtre et le jardin rustique, le jardinclos et un jardin d’hiver ; saisira les nuances entre la gloriette, la fa-brique et la folie. Il découvrira l’usage du mannequin pour la planta-tion des arbres et se rendra compte qu’une gerbe d’eau ne désignepas exactement la même chose au XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle. Onregrettera néanmoins la longueur excessive des citations qui alour-dissent inutilement les définitions.. Dictionnaire historique de l’art des jardins, de Michel Conan, Hazanéd., 464 pages, 395 F.

De Chaumont-sur-Loire à Villandry, les jardins du XXe siècleEphémères ou pérennes, les créations présentées sur les bords de la Loire illustrent la permanence d’un art méconnu

VIe FESTIVAL INTERNATIONALDES JARDINS, Ferme du Châ-teau, 41150 Chaumont-sur-Loire(à 17 km de Blois). Tél. : 02-54-20-99-22 et 01-48-04-84-59. De9 heures à la tombée de la nuit ;jusqu’au 19 octobre. Catalogue :Que d’eau, que d’eau !, L’eau dansles jardins du XXe siècle, textes deNicolas Bouvier et Jean-Paul Pi-geat, 96 pages, 150 F.JARDINS DU CHÂTEAU DE VIL-LANDRY, 37510 Villandry (à15 km de Tours). Tél. : 02-47-50-02-09. Ouvert toute l’année, de8 h 30 à 20 heures.

Chaumont-sur-Loire fête lasixième édition de son Festivaldes jardins, sous le triple signe del’eau, du légume et de la couleurbleue. Les visiteurs pourront ex-plorer trente jardinets de250 mètres carrés chacun, qui,derrière leur haie de hêtres, dé-clinent le thème choisi avec plusou moins de bonheur. Vingtd’entre eux sont le fruit d’unconcours international. Les créa-teurs des dix derniers sont des in-vités. D’une année à l’autre, unedizaine de réalisations sontconservées, parfois aménagéespour mieux coïncider avec le mo-tif retenu.

L’irrigation, la sécheresse, lesfontaines et les jeux d’eau ontdonc été traités abondamment.Hasard ou mode ? Les légumesentrent dans la composition denombreux clos et les notes végé-tales bleues sont omniprésentes.

Un jardin marécageux accueillele potager flottant, organisé parFlavia Nasio comme un théâtre.Les gouttes d’eau, naturelles ouartificielles, parsèment les feuillesdes végétaux de Barbibulle, par-terre ombreux échappé d’unconte de fées imaginé par lesélèves du Conservatoire du pay-sage, de Blois. L’Ecole méditerra-néenne du paysage propose unerizière en terrasse, inondéecomme il se doit.

GADGETS AMUSANTSCôté gadgets – amusants et par-

fois irritants –, la Fuite d’eau deMacha Makeieff, illustre membrede la tribu Deschiens : une cara-vane embourbée dans un espacejonché de ferrailles diverses. Lejardin est, bien sûr, situé « à l’in-térieur » du véhicule envahi parune végétation banlieusarde,qu’une providentielle rupture decanalisation a démultiplié. Lesvrais jardins « pauvres » sont, laplupart du temps, beaucoup plusinspirés... Le mur d’eau imaginé

par J.-P. Delattre est astucieuxmais évoque surtout un rideau dedouche. Les tuyaux de F. Herschers’agitent de façon frénétique – etaléatoire – pour inonder les visi-teurs qui s’aventurent au milieude ce jardin planté d’étranges lé-gumes phalliques. Kitschissime, la

vague de coquillages de T. Boogeet P. Bailly est figée au milieud’une écume de cosmos, d’aneth,de fenouil et de verveine.

Plus ambitieux, l’orgue hydrau-lique de J. Grelier et Mark Marder,mû par une gigantesque roue àaubes entraînée par une chuted’eau, rappelle les norias du

Proche-Orient. Parmi les réussitesplastiques, l’impluvium de paillede Laure Bourdial, Joël Chatain,Laurent Monestier et MarianneSouq, cône renversé en forme depoint d’interrogation, planté aumilieu d’un carré de seigle. Et sur-tout le jardin du Japonais Takano

où court l’eau vive d’un ruisseauen forme de spirale, au milieu derochers à l’emplacement soigneu-sement médité. La tour blanchedu château se détache dans l’axed’une éminence. Il y a fort à parierque l’on reverra encore cette réa-lisation l’an prochain. Commel’archipel de sable d’un compa-

triote de Takano, Shodo Suzuki.L’étonnant mur de plantes deP. Blanc et M. Mangematin, esttoujours en place. Le labyrinthede saules tressé par J. et D. Drewest désormais noyé de brumes. Etla serre molle de E. François etD. Lewis qui semblait un brico-lage mal abouti, l’année dernière,est aujourd’hui à l’aise dans sajungle de bambous. Les respon-sables du festival semblent avoirde plus en plus de mal à se défairedes réussites passées.

Est-ce la manifestation decontradictions insolubles ? Chau-mont est en effet la vitrine chan-geante d’un Conservatoire inter-national des parcs et jardins et dupaysage. Il propose donc des« produits » éphémères. Qui nientpar ailleurs l’esprit même du jar-din. Celui-ci reposant essentielle-ment sur une durée, le temps quimodifie régulièrement sa physio-nomie. Ce n’est pas un hasard sil’on voit les créations les mieuxvenues s’améliorer chaque année.Mais refuser le changement va àl’encontre des principes du festi-val.

La solution se profile peut-êtred’elle-même au sein du parc deChaumont. La trame de ce derniera été dessinée par le paysagistebelge Jacques Wirtz. Il a imaginé

le réseau de haies qui quadrillentl’espace. Grâce à ce système trèssimple, chaque jardin, isolé maisparticipant à un tout, est mis envaleur.

Pourtant, année après année– et c’est très perceptible au-jourd’hui, le parc de Chaumontprend une épaisseur, une couleurqui n’appartiennent qu’à lui. Ils’oriente vers des horizons quin’étaient sans doute pas prévusau départ par ses concepteurs.Des parterres annexes se sont dé-veloppés, un mélange de rosierset de graminées lie désormais lesmicro-ensembles, des napppesd’hémérocalles, de lis jaunes, debelles-d’un-jour surplombent unravin touffu dans l’axe de la sil-houette blanche du château. De-main, peut-être, le parc aura pa-radoxalement trouvé une unité,indépendante des parcelles éphé-mères. Bref, en marge du festival,Chaumont vit sa vie de jardin.

DÉFIER LES SIÈCLESA environ 80 kilomètres de là,

également sur les bords de laLoire, se trouvent les jardins deVillandry. Il est intéressant de s’yrendre après avoir quitté un festi-val qui revendique sa modernitéet sa fugacité. Ceux de Villandrysemblent défier les siècles.

Avec leur triple terrasse et leursquinconces de buis taillés, nesont-ils pas l’archétype des jar-dins de la Renaissance ? Pourtantleur parenté est plus étroite qu’onne le pense. Sans doute parce quece sont, l’un comme l’autre, descréations du XXe siècle. Ceux deVillandry ont été conçus à partirde 1906 par Joachim Carvallo, unbiologiste d’origine espagnole. Lenouveau propriétaire avait trouvéun parc paysager, il le remodela etle replanta entièrement en s’inspi-rant pour partie des jardins mo-nastiques et des gravures d’An-drouet du Cerceau, célèbrearchitecte de la Renaissance. Il fitégalement appel au Sévillan Loza-no pour dessiner deux « salonshispano-mauresques » à partir debuis et d’ifs rigoureusement tail-lés, et voulut évoquer leXVIIIe siècle avec un vaste bassinenchâssé dans un boulingrin. Cemélange de citations pseudo-his-toriques, ce goût de la composi-tion fragmentée, les concepts quile sous-tendent, le choix de cer-tains végétaux – des légumes pourle jardin bas – font de Villandryune création qui n’échappe pas ànotre siècle.

Emmanuel de Roux

Gilles Clément, praticien et chantre de la TerreLIVRE APRÈS LIVRE, avec une

obstination tranquille, Gilles Clé-ment construit une théorie desjardins étendue désormais à l’en-semble de la planète. En l’espacede six mois, il vient de publiertrois volumes. Pour le premier,Thomas et le Voyageur, le plus am-bitieux, qui s’apparente aux récitsde voyages – un genre prisé parles philosophes et les encyclopé-distes du XVIIIe siècle –, GillesClément s’est dédoublé. Ici, sonmoi vagabond dialogue avec lesédentaire de la Creuse, l’ethno-botaniste avec le jardinier. A tra-vers l’observation de la géogra-phie des contrées australes, ciels,hommes, plantes et faune, i laborde, de façon allusive et poé-tique, une réflexion sur notre fra-gile écosystème terrestre et pro-pose le jardin comme modèlepour la gestion de notre universdéfinitivement balisé : « Notrejardin, celui des hommes en quêtede savoir, n’est pas un lieu del’épuisement des sciences, un objetobservé à distance, c’est un systèmesans limite de vie, sans frontière et

sans appartenance, nourri au rêvedes jardiniers et sans cesse remo-delé par les conditions chan-geantes de la nature. »

PIONNIER DE L’ÉCOLOGIEUne nature qui se charge même

de mettre en scène les manifesta-tions de ce que Gilles Clémentappelle l’« art involontaire » – ces« plages indéfinies où se croisent lechamp brut de la nature – les cir-constances – et le champ authenti-fié de l’homme » . Il en pointequelques-unes, avec humour,dans un petit traité que n’auraitpas renié Jean Dubuffet : envolsde fragments de plastique échap-pés d’une décharge du Cap et pla-qués par le vent le long d’un gril-lage ceinturant un impeccableterrain de golf ; boulets de canonblancs, abandonnés dans un coinde l’Alhambra de Grenade ; car-casse d’un vapeur pourrissant aumilieu de la forêt amazonienne.Dans son dernier ouvrage, pluspublic, très illustré, le paysagistenous présente quelques-unes deses théories à l’épreuve des faits.

Car Gilles Clément, professeur àl’école d’horticulture de Ver-sail les, est le contraire d’unhomme de cabinet. Sa démarches’appuie sur une longue pratiquebotanique et de multiples expé-riences entamées il y a longtempsdans son propre jardin, sis à laVallée, dans la Creuse.

Ce pionnier de l’écologie ad’abord prôné le « jardin en mou-vement ». S’appuyant sur l’expé-rience de la friche agricole, il jouehabilement de la liberté des végé-taux et des cycles qui se suc-cèdent naturellement, au fil desans, sur un même terrain laissé àlui-même. Ses interventions sontponctuelles, limitées : il ne s’agitplus de brider la nature mais des’appuyer sur elle, un peu à lamanière du judoka qui utilise laforce de l’adversaire pour arriverà ses fins – « Tout est dans cettetournure d’esprit : l ’ inflé-chissement. Ici réside le jardi-nage. » A cette différence prèsque la nature ne doit jamais êtreconsidérée comme un adversaire.Une première expérience pu-

blique a été tentée au jardin An-dré-Citroën, à Paris, avec succès.D’autres sont en cours, à Laze-nay, faubourg de Bourges, et àLausanne. Et au domaine duRayol, dans le Var.

LE FEU COMME OUTILIci, cette collaboration avec la

nature va encore plus loin. Bras-sant les diverses flores méditerra-néennes qu’il a étudiées lors deses voyages en Australie, en Nou-velle-Zélande, en Californie, auChili ou en Afrique du Sud, GillesClément va mettre au point unjardin austral d’un nouveau type« sur lequel il devient possible detenir un discours ethnobotaniquedoublé d’une importante analysesur le comportement des espècesvis-à-vis du feu ».

L’auteur constate que le feu,« spontané ou non, apparaît nonseulement comme facteur biolo-gique commun à toutes ces flores,mais aussi comme le gestionnaireprincipal de ce que finalementj’appelai un pyropaysage ». Le feudevient alors un outil pour le pay-

sagiste. A utiliser avec précau-tion. Ces propos n’ont pasconvaincu tout le monde.

Mais chacune de ces expé-riences viennent nourrir une ré-flexion plus globale : « Chaquemorceau de terre peut-être consi-déré comme un morceau de laTerre, chaque jardin, comme unfragment d’un jardin beaucoupplus grand, étendu aux limites dela planète. » Il faut donc traiter laplanète avec autant de soin qu’unjardin, car « l’émergence de l’éco-logie bouleverse le rapport del’homme à la nature. Il était maîtredu monde, le voici appartenant aumonde, sans plus, contraint de res-pecter toutes les formes de vie surTerre. Son avenir en dépend ».

E. de R.

. Thomas et le Voyageur, es-quisse du jardin planétaire, AlbinMichel éd., 236 pages, 98 F. Traitésuccint de l’art involontaire, Senset Tonka éd., 96 pages, 90 F. LesLibres Jardins de Gilles Clément,éd. du Chêne, 144 pages, 245 F.

L’ÉTÉ FESTIVALS Un art constamment méconnu,parfois moqué et pourtantsi voluptueux : celui des jardins.Serait-ce du mauvais espritde parler, par temps de pluie,du 6e Festival international desjardins, à Chaumont-sur-Loire ?Il dure... jusqu’au 19 octobre et,à 80 kilomètres de là, les jardinsdu château de Villandry,archétypes des jardinsde la Renaissance, semblentdéfier les siècles. Mieux vaut,peut-être, rêver dans cesjardins que se confronterà l’excès de bons sentimentsdes troupes qui ont participé, àNanterre, au Festival du théâtreuniversitaire ou entendre lemaire de Reims, Jean Falala(RPR) déclarer : « On ne peutpas, dans le contexte actuel,montrer un garçon avec desparties génitales visibles et nonpas floues. » Il a interdit, aufestival de photographie LePrintemps de Reims (jusqu’au13 septembre), l’exposition duphotographe espagnol PereFormiguera, parce qu’on yvoyait un garçon nu.Heureusement, à Rennes, LesTombées de la nuit fêtent leursdix-huit ans d’existence et« l’Europe atlantique ».

LA PHOTOGRAPHIEDE GÉRARD RONDEAU

Histoire d’eauA Chaumont-sur-Loire,enfermez-vous au cœurd’une jungle de bambousdans l’univers moitede la « serre molle »d’E. François et de D. Lewis.

Page 26: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0026-0 WAS LMQ0207-26 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:20 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0486 Lcp: 196 CMYK

26 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 C U L T U R E – F E S T I V A L S

A Reims, les photos de la discordeLe maire interdit d’exposition des portraits d’un garçon nu

Ressembler aux gens de la rue

PORTRAITMaintenant, Rachid Hammanentend les histoiresd’une autre façon

LA TROUPE de Nomade’s LandTheatre comprend quatre filles etquatre garçons. Rachid Hammanest l’un d’eux. Il est maintenantassistant à la mise en scène. Il est

âgé de vingt-quatre ans, il a uneune licence en audiovisuel. Ilétait étudiant à la faculté deslettres et sciences humaines BenM. Sik à Casablanca lorsque lesmetteurs en scène algériens Ab-dou Elaidi et Ali Djilali-Bouzina,venus de Grenoble, ont décidé defonder une troupe sur place, en1994.

Avec sept autres étudiants, Ra-chid est sélectionné au cours d’uncasting dans les ateliers théâtrede la fac. Ils commencent à tra-vailler immédiatement. Pas de

texte, mais un thème imposé :l’amour. Au quotidien. Il fauttout dire, tout se dire. Difficile-ment, douloureusement, il s’y es-saie. Il trouve « de la libération àparler de ces choses qu’on ne ditmême pas aux copains ». Mais pasquestion de rester sur des situa-tions vécues. Il apprend à sortirpar degrés du quotidien. Il en res-tera une série de sketches. Lapièce s’appellera : Hé, psst habi-bi ! Un succès.

Thème suivant : la rue. AbdouElaidi vit en France, à l’étranger.Il lui fait découvrir la beautéd’une simple échoppe de cordon-nier. Alors, Rachid se met à voirsa vie, son quartier, sa rue autre-ment. « On a commencé à aimerles nôtres, à vouloir vivre avec eux.L’humour était là, il suffisait d’ap-porter quelque chose, pour fairevirer au fantastique dans le lan-gage du réel. » Il découvre que lespersonnages deviennent plusforts que leurs inspirateurs. Sonjeu, c’est de ressembler aux gensde la rue. Retrouver le ton de la

vie. Et l’exagérer. Peu à peu, il a lesentiment d’acquérir des an-tennes. Il entend les histoiresd’une autre façon. Il les adaptespontanément.

Des difficultés, il n’en a jamaiseu. Bien sûr, la situation est plustendue à l’université depuis quel-que temps. Mais, non, les barbusne sont jamais venus le voir. Il lesconnaît depuis toujours. I lsétaient au lycée ensemble. Pen-dant qu’il montait des exposi-tions de sculpture contempo-raine, eux présentaient desouvrages religieux. Ils se saluentdans la rue. Point. Son ambition,c’est de toucher le grand public.Déjà, la compagnie fait le pleinlorsqu’elle joue au théâtre Mou-lay-Hassan (1 200 places). Mais latélévision nationale a refusé deprésenter leur spectacle « parcequ’on parle un langage de rue, vul-gaire ». On leur a dit clairement :« Vous dérangez. »

Au Maroc, le grand public n’ale choix qu’entre un théâtre deboulevard superficiel, « qui doit

être réconfortant », et un théâtreamateur, qui déclame. Rachid saitexactement ce qu’il veut : unthéâtre qui fasse rire des pro-blèmes graves. Exemple : lesketch du chômeur, qui met côteà côte le chômeur aguerri qui adéveloppé durant des années unemusculature spécifique et acquisune silhouette impeccable. Celui-là, « le chômage lui va bien »,mais son copain, chômeur débu-tant, ne lui arrive pas à la che-ville.

La rue apporte son content àRachid. Tout se sait tout de suitedans la rue. Par exemple ce gar-çon qui élève amoureusement sespigeons, et découvre un matinque son père les a vendus. Il lirasa défaite sur son visage. Lui aus-si sera dans la pièce. Mais, là, ilne quittera pas ses pigeons. Il vaprendre son envol avec eux, etcela deviendra l’image de tousces jeunes qui ne rêvent plus qued’une chose : émigrer.

J.-L. P.

HORS CHAMP

a Juliette Gréco chantera le6 juillet au Théâtre antique d’Arlesdans le cadre des 28es Rencontresinternationales de laphotographie. A son répertoire,Prévert, Brel et Roda-Gil. « Lethème de l’engagement queChristian Caujolle, directeurartistique des Rencontres, a choisipour ces rencontres m’a séduite,

a-t-elle confié à l’AgenceFrance-Presse. Très tôt, je me suisengagée à lutter contre l’injustice.En fait, depuis l’âge de cinq ans.J’étais horrifiée de voir à quel pointma grand-mère était désagréableavec son personnel. Ma mère,elle-même, était très engagée, trèscourageuse. Elle et ma sœur sontallées en camp de concentrationpour leur engagement dans laRésistance pendant la secondeguerre mondiale. Moi, je me suisretrouvée à la prison de Fresnes,avec trois prostituées (...) A laLibération, je me suis engagée auxJeunesses communistes. Mais, entant que rebelle invétérée, jediscutais déjà, ce qui ne se faisaitpas. J’ai donc déchiré ma carte duparti. Par la suite, j’ai reparlé aveceux et je garde toujours au cœurune vieille tendresse à leur égard(...) Il faut sans cesse réveiller les

gens. Et, quand il s’agitd’engagement, je réponds :"Présente" ».a Le pianiste australien DavidHelfgott, dont la vie a inspiré lefilm Shine, de Scott Hicks, est àParis en compagnie de son épouseGillian pour préparer deux récitalsprévus le 7 octobre au Théâtre desChamps-Elysées à Paris, et le10 octobre à Angoulême. Levirtuose et sa femme, astrologue,se sont rencontrés en 1983. Depuislors, Gillian Helfgott suit etsoutient son mari, traité pendantprès de dix ans dans des hôpitauxpsychiatriques et qui souffretoujours de problèmes graves.Cela ne l’a pas empêché deconnaître un grand succès public àla faveur d’une tournée auxEtats-Unis cet hiver.a Michel Serrault et Jean Yannesont les interprètes principaux dela nouvelle adaptation à l’écran deVolpone, cinquante-sept ans aprèsla célèbre version qu’en donnaMaurice Tourneur avec LouisJouvet et Harry Baur. C’estChristian de Chalonge qui tournedurant l’été cette nouvelleréalisation, après avoir déjàréadapté Le Comédien, de SachaGuitry (également avec MichelSerrault).

L’ANNIVERSAIRE s’annonçaittriste. Pendant neuf ans, les anima-teurs du Printemps de Reims ontdéfendu leur festival de photogra-phie. Contre la météo capricieuse,une ville un peu trop indifférente,des lieux d’exposition pas à la hau-teur... et surtout le manque demoyens qui obligeait une poignéede passionnés, Gérard Talva entête, à déborder d’énergie pourcontinuer l’aventure. La fête s’an-nonçait triste parce que la dixièmeédition etait la dernière. Par lassi-tude de ses animateurs mais aussiparce que des dissensions sont ap-parues au sein de Priorité Ouver-ture, l’association qui a créé le fes-tival.

Et voilà qu’une affaire de cen-sure vient empester cette mort an-noncée, à cause du débat autourde la pédophilie qui a gagné laFrance. Priorité Ouverture a invitédouze des trois cents photo-graphes qui ont fait les beaux joursdu Printemps de Reims à présen-ter, jusqu’au 13 septembre, des tra-vaux inédits à l’ancien collège desjésuites. Ils ne sont plus que onze.Il y a quelques jours à peine, lesimages du photographe espagnolPere Formiguera ont été censuréespar le maire, Jean Falala (RPR). Ils’agit de soixante et onze portraitsfrontaux d’un gamin. Sur le pre-mier, il est âgé de trois ans ; sur ledernier, de onze ans.

Le problème est que le gamin estnu, en pied, sur fond neutre. « Onne peut pas, dans le contexte actuel,montrer un garçon avec des partiesgénitales visibles et non pas floues,explique Jean Falala. En trente ansde vie politique, c’est la premièrefois que j’interviens. Je déteste la

censure, mais c’est mon devoir deprotéger les gosses. Je pense que cetype d’images peut inciter des indivi-dus sensibles à passer à l’acte. »

Au même moment, dans lamême ville, un professeur de pati-nage artistique était mis en causepour pédophilie. « Ça n’a rien àvoir, répond le maire, des pro-blèmes de ce genre, il s’en passe hé-las tout le temps, à Reims commeailleurs. » Cette affaire a accentuéles fractures au sein de Priorité Ou-verture, entre ceux qui s’indignent– « Ce n’est pas en cachant desimages qu’on résout un pro-

blème » –, et ceux qui condamnentmais « comprennent la décision po-litique ».

Dans le catalogue, un grandblanc remplace les images. « Pourbien montrer qu’il y a censure », ditPatrick Fabry, président de PrioritéOuverture. Il ajoute : « On auraitpu montrer ces photos dans un lieunon municipal, mais il y aurait eu uncôté voyeuriste. » Pere Formigueran’est pas venu à Reims. « J’ai pris ladécision de ne plus mettre les piedsdans ma chère ville de Reims tantqu’elle sera dirigée par les repon-sables politiques actuels », écrit-ildans un manifeste. Et d’expliquerson projet : depuis sept ans, il pho-tographie trente-deux personnes,

choisies parmi sa famille et sesamis, des deux sexes et de tousâges. Il les photographiera jusqu’àl’an 2000, à raison d’une image parmois. C’est donc un projet ancien,en cours, qu’il a présenté dansnombre de pays européens, etdeux fois à Paris.

Joint à Barcelone, Pere Formi-guera dit qu’il a « cru à une blague.Aux Etats-Unis ou en Angleterre, çane m’étonnerait pas, mais enFrance... Je suis le premier àcondamner la pédophilie, mais cen-surer ces images, c’est rendre cou-pable le corps. S’en prendre au nu

d’enfant, c’est remettre en causetoute l’histoire de l’art ».

Bettina Rheims a rencontré lemême problème pour une cam-pagne Evian. Et une photo de Ro-bert Mapplethorpe, représentantune petite fille le sexe apparent, aété retirée d’une exposition en An-gleterre. Autant d’exemples, parmid’autres, qui confirment que laphotographie, par sa brutalité,reste l’expression la plus menacéepar la censure. D’ailleurs, le travailde Pere Formiguera sera évoquéaux Rencontres d’Arles, à partir du5 juillet, qui ont pour thème « Pho-tographie et politique ».

Michel Guerrin

À L’AFFICHE

Estivales de GerberoyPour son dernier week-end, cenouveau festival invite la sopranoFrançoise Pollet, l’altiste Miguel daSilva et le pianiste Philippe Cassarddans un programme Brahms,Dvorak (le 5, à 16 h 30), levioloniste Julian Rachlin dansBrahms, Bartok et Ysaye, puis legroupe de Tziganes roumains Tarafde Haïdouk (à 20 h 30) ; levioloncelliste Matt Haimowitz etles Tziganes hongrois Ando Drom(le 6, à 16 h 30) puis le chœur desSolistes de Lyon (à 20 h 30).Concerts dans la collégiale, buffetsous la halle, ambiancedécontractée : organisation,programmation et tarifsexemplaires.Gerberoy (Oise), 30 kilomètres deBeauvais et 15 kilomètres deGournay-en-Bray. Les 5 et 6 juillet.80 F et 130 F. Tél. : 03-44-46-32-20ou 3615 Billetel.

Station.Ventricule 1-Ventricule 2Une exposition à quatre mains estchose rare, et plus rare encorelorsqu’elle montre des œuvres quiréussissent à la fois à s’inscrire dansle parcours de chacun des artistes,et à former un ensemblehomogène. Mieux encore, l’uniondes bâtons peints par PatrickBailly-Cowell et des pentagones deplomb créés par Wilfrid Malotauxdonne un résultat bien supérieur àla somme de leurs parties. Unensemble qui, après avoir étémontré durant l’été 1996 au Muséed’art moderne de Hünfeld(Allemagne), a été revu et trèsaugmenté pour l’exposition deClamart.Centre Albert-Chanot, 33, rueBrissard, 92140 Clamart. Tél. :01-47-36-05-89. Jusqu’au 27 juillet.

Jeunes troupes et excès de bons sentimentsNanterre/Théâtre universitaire. Le jury a décerné deux prix. L’un à une mise en scène

d’Hélène Bosch, avec des élèves de Langues orientales, l’autre à Delphine Rosenthal de Paris-IIIDU THÉÂTRE universitaire, dont le cin-

quième festival s’est tenu du 26 au 29 juin àNanterre, on ose espérer quelques inso-lences, même maladroites ; l’esquisse devoies inédites, à défaut de leur franche ou-verture ; la découverte d’auteurs inconnus ;quelques-uns des traits par lesquels une gé-nération nouvelle s’affirme à la scène. C’étaittrop lui demander cette année, si l’on en jugepar la production des onze troupes sélection-nées (sur quatre-vingts candidates), dont lesorganisateurs tiennent qu’ils présentaient làle meilleur de ce qui se fait actuellement.

Sur la scène immense – et qu’ils n’ont pastoujours su mettre à leur mesure – duThéâtre des Amandiers, les huit troupes ve-nues de France paraissaient à cent lieues dessoucis de la « génération morale » marquéepar l’appel à la désobéissance des cinéastesau début de l’année. Les étudiants semblenten effet se garder du réel et ne se risquerqu’avec difficulté hors de la sphère des bonssentiments. Ils ne sont pas chiches d’épan-chements, ni d’attendrissement sur eux-mêmes. Ils donnent l’impression globalequ’ils tiennent la scène comme un lieu de re-pli, offrant l’abri du chœur et du groupe auxmenaces extérieures. Avec, parfois, un goûtpour les incantations risquant de verser dansle patronage, l’étalage de ces vertus sansrisques qui triomphent par lassitude. Cellesd’un théâtre généraliste, prêt à être appliquésur toutes les souffrances du monde.

Visiblement divisé, puisqu’il a décernédeux prix, le jury professionnel a pourtantchoisi de distinguer l’une des réalisations les

plus représentatives de ce courant : Accordperdu, mis en scène par Hélène Bosch, avecdes élèves de Langues orientales. Ce lamentod’après Depuis l’exil, pour la Serbie, de VictorHugo, joue sans distance ni retenue de deuxdes procédés les plus usés pour produire del’émotion : le ralenti et le montage en boucle.

L’autre pièce primée, A l’opposé, de Del-phine Rosenthal (Paris-III), est – tout à fait àl’opposé – le monologue intense et qui sonnejuste d’une parole empêchée. Sa fragilités’affiche dans l’équilibre de l’interprète sur lebord de scène, dont l’allant retient l’atten-tion, mais amoindrit le propos.

CROQUIS INCISIFS ET JOYEUXAvec les sketches t irés de Zanqat 14

(Rue 14) le Nomade’s Land Theatre, troupede la faculté des lettres de Casablanca allaitrappeler qu’il existe d’autres approches etd’autres réalités. Doublement. D’abord parceque le principal interprète, né au Maroc demère marocaine mais de père algérien (doncde nationalité algérienne) avait été interditde sortie par le consulat d’Algérie. Ensuite enmontrant qu’il était possible de tirer de la viequotidienne une substance autrement stimu-lante que quelques abstractions lénifiantes.Avec leurs croquis incisifs et joyeux qui fontmouche, les acteurs du Nomade’s LandTheatre ouvrent sur le Maroc, et le Maroc s’yreconnaît, grimaçant.

Evasion, le cataclysme de la chair et de laparole, est tiré de La Folie originelle d’EugèneSavitzkaya, et de Vice d’Hervé Guibert parune troupe croate et francophile, comme

l’indique le nom de leur compagnie : Le Mi-roir aux alouettes, dont ils se réjouissentclairement qu’il soit intraduisible. Ils ontchoisi de pratiquer effectivement un théâtrede chair et de mots (croates, français etgrecs), qui prend des risques au millimètreavec l’une et avec les autres, qui cherche etse cherche, et ose avouer de ne pas avoirvoulu mettre en scène la guerre touteproche, lorsque nombre de productions loin-taines cherchent leur justification dans sonombre.

Leur Evasion est sombre et drôle. Un cata-clysme entre chien et loup. Des entrées-sor-ties de prison. La fréquentation de pièges fa-mil iers . Où les hommes et les femmesalternent entre vampire et vampirisé, à la re-découverte des sens et des sentiments. Il y alà tout l’élan collectif qu’on attend d’unetroupe, même si le principe du théâtre uni-versitaire est légèrement biaisé par la miseen scène d’une (jeune) professionnelle. LeMiroir aux alouettes sait exactement ce qu’ilveut. Et il l’obtient. Il a quelques référencescomme Jan Fabre et Bob Wilson, choisies aufestival Eurokaz, qui se tient chaque été à Za-greb. Il a vu Pina Bausch en vidéo, mais n’ena retenu que ce qui pouvait le servir, etl’énergie de lutter contre l’académisme do-minant dans son pays. Une forme de résis-tance, la première que l’on est en droit d’es-pérer d’une troupe de théâtre, et que l’onaurait aimé retrouver dans les universitésfrançaises.

Jean-Louis Perrier

Il y a ceux qui s’indignent – « ce n’est pasen cachant des images qu’on résoudun problème » –, et ceux qui condamnentmais « comprennent la décision politique »

IRM

ELI J

UN

GLe plus foisonnant des festivals bretons

Rennes/Les Tombées de la nuit. Théâtre de rue,danse, musique... Rennes célèbre l’Europe atlantique

SON VIOLON en guise de bou-clier, il embroche de son archet lesVikings, pourfend les Ecossais, dé-capite les Irlandais. Princes etguerriers, à lui seul, il est tous lescombattants à la fois. Quatre mu-siciens l’accompagnent, et sousl’ancienne chapelle qui abrite leThéâtre du Vieux Saint-Etienne, àRennes, l’assistance le rejoint surce furieux champ de bataille de1014. Patrick Ewen aime conter desluttes épiques, cruelles ou drôles.Ses Récits barbares, le barde chan-teur les avait joués pour la pre-mière fois sur la place du Parle-ment de Bretagne en 1986. Depuis,le bâtiment cher aux Rennais abrûlé, Les Tombées de la nuit onttrouvé d’autres lieux.

Le « festival d’été de la capitalebretonne » a beau atteindre sa dix-huitième année, il se révèle tou-jours aussi inclassable. Arts de larue, théâtre, danse, musique, poé-sie, expositions, gastronomie etmême défilé de mode : sa diversiténe permet pas de le ranger aisé-ment parmi les événements cultu-rels nationaux. Mais c’est peut-être ce foisonnement, d’une se-maine intense (du 30 juin au5 juillet cette année), qui séduit lepublic. Ils étaient 12 000 specta-teurs en 1980, plus de 150 000 en1996.

Foin des ambiances de ker-messe, la foule, programme enmain, vient au spectacle, avec vê-tements de pluie et tabouretspliants pour les plus avisés. Autre-fois, les animations de rue, gra-tuites, devaient retenir les passantsdans le centre-ville jusqu’aux re-présentations de la nuit tombante.Aujourd’hui, les badauds pa-tientent sagement devant chaquetréteau, chaque décor, comme ce-lui de TXO Titeres. Cette compa-gnie de Barcelone manipule desmarionnettes rockeuses en piano-tant sur des claviers d’une éton-nante machine, une sorte d’orgue-castellet. Non loin de là, l’UtopiumThéâtre a posé sa plage des années60. Ses baigneurs à la Jacques Tatioffrent une récréation estivaleentre deux averses.

L’édition 1997 est vouée à l’Eu-rope atlantique, présentant, parexemple, les voix portugaises deMisia et d’Amélia Muge. « Noussommes rapidement passés de lacréation bretonne à une vitrine de lacréation en Bretagne, contempo-raine et professionnelle, avec uneouverture sur d’autres régions », ré-sume Jean-Bernard Vighetti, direc-teur du festival. Avec l’adjoint aumaire chargé de la culture, Martial

Gabillard (PS), ils se souviennent àquel point l’idée a eu du mal às’imposer : « Les milieux culturelsinstitutionnels n’y croyaient pas, lesbretonnants ne s’y retrouvaientpas. »

« Au début des années 80, jem’étais naïvement adressé aux éta-blissements culturels de Rennes,avant de m’apercevoir qu’ils ne pas-saient pas de commande aux ar-tistes de la région, se souvientM. Vighetti. Nous sommes alors de-venus les principaux mécènes lo-caux. Ce n’est plus le cas : le mouve-ment est enclenché. » Cette année,Les Tombées de la nuit copro-duisent un spectacle de chansons(Melaine Favennec et Manu LannHuel) et piano (Yvan Cassar et Di-dier Squiban), intitulé Iles, et unDon Quichotte de la compagnieFiat Lux-Didier Guyon, qui n’a pasrésisté aux cieux ombrageux, lundi30 juin. Mais le chevalier errant estprogrammé toute la semaine.

Sa diversité ne permet pas de le ranger parmi les événements culturels nationaux

Plus que des révélations, en dix-huit ans, le festival a surtout per-mis des rencontres. En 1995, DenezPrigent, Erik Marchand et YannFanch Quémener s’y produisaientainsi ensemble. Les Tombées de lanuit ont contribué à rendre pos-sible l’alliance du jazz et de la mu-sique celtique, favorisé une vitalitémusicale qui irrigue les innom-brables festivals bretons, passeulement l’été. Elles ont aussipréparé le public rock des Trans-musicales à entendre l’austèrecomplainte traditionnelle, lagwerz.

Cependant, ces retrouvailles dejuillet n’ont pas atteint la notoriétéde ses deux grands prédécesseurs,avec qui elles sont associées : leFestival interceltique de Lorient etcelui de Cornouailles, à Quimper.Les Tombées de la nuit ont, pourl’heure, surtout réussi à attirer lestouristes et à retenir les Rennais,qui avaient pour habitude de dé-serter les rues de la ville aussi viteque ses campus. Tel était, à l’ori-gine, leur objectif.

Martine Valo

SWIR

C/M

PA

Page 27: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0027-0 WAS LMQ0207-27 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 27Fap:99 No:0487 Lcp: 196 CMYK

C U L T U R E LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 27

Les derniers fruits d’Oasis sont sous presseLE ROYAUME-UNI attend fébrilement le

nouvel album des enfants terribles de la brit-pop. Be Here Now, troisième opus d’Oasis, sor-tira finalement le 19 août. A la tête du groupequi, en trois ans, a redonné sa fierté au rockanglais, les frères Noel et Liam Gallagher ontcollectionné frasques et disques de platine. A lafin de 1996, les menaces de séparation duquintette de Manchester avaient pris des al-lures de drame national dans un pays qui sedésespérait de retrouver un jour de nouveauxBeatles.

L’attente aujourd’hui de leurs nouvelleschansons est proportionnelle à ce que fut lapeur de cet éclatement annoncé. L’industriephonographique fait en conséquence monterla pression, jusqu’à dériver dans la paranoïa. Ily a quelques semaines, leur maison de disques,Creation, recevait l’enregistrement final del’album tant attendu. Il était décidé qu’aucuneécoute ne se ferait dans les bureaux de lacompagnie de peur de croiser des micros es-pions. Depuis, la presse musicale d’outre-Manche n’a cessé de spéculer sur le mysté-rieux contenu de ces douze nouveaux titres.

Vendredi 27 juin, quelques-uns de leursconfrères français auront eu le privilège de dé-couvrir avant eux le successeur de DefinitelyMaybe et (What’s The Story) Morning Glory, quise sont écoulés, depuis leur sortie, à plus de

20 millions d’exemplaires. Sous la pression dulabel anglais, les locaux de Sony, éditeur dudisque en France, ont pris pour cela des alluresde Fort Knox. Pas question pour les journa-listes de recevoir une copie de l’album.

Les écoutes se sont faites avenue de Wa-gram, à Paris, dans les sous-sols de la multi-nationale. Si on échappe à la fouille au corpsavant d’entrer dans l’auditorium, il vous estobligeamment demandé de laisser tout usten-sile susceptible de dissimuler un appareil traî-treusement enregistreur. Papier et stylo sontautorisés. Sous la surveillance affectueuse d’unattaché de presse qui vous présente les textesdes chansons, dont on ne pourra pas vous lais-ser de photocopies, on peut commencer cetteaudience solennelle.

UN CATALOGUE DE RÉFÉRENCESBeaucoup de bruit pour rien ? Pas tout à

fait. Dès le premier titre de l’album D’YouKnow What I Mean, qui sera aussi le premiersingle à en être tiré, on retrouve la « royal fa-mily of Manchester » telle qu’en elle-même. Leschansons d’Oasis ont à la fois l’aspect rustaudde la culture des lads et les élans rêveurs d’unidéal plus romantique. Cet assemblage donneune vertu fédératrice à leurs mélodies. La pre-mière partie du disque démarre en trombe. MyBig Mouth, Magic Pie, Stand by me, I Hope I

Think I Know ont le profil de futurs standardsdes années 90.

Aux manettes, Noel Gallagher et le produc-teur Owen Morris ont bâti un mur du son faitde guitares surpuissantes et de violonsépiques. La seconde moitié de Be Here Nowtrahit plus de faiblesses. Les limites du groupesont restées les mêmes. Quelques clichés fa-ciles, un lexique limité, une propension à citertrop littéralement les grands aînés du rock bri-tannique. Parmi un catalogue de références,citons David Bowie, les Sex Pistols, les SmallFaces, l’ombre tutélaire et obsessionnelle desFab Four. Plusieurs chansons traînent en lon-gueur (seules trois font moins de cinq mi-nutes). Quelques boogies-blues graisseux lesvoient flirter avec le public américain,conquête espérée de leur prochaine cam-pagne.

Généreusement, Sony confiera ensuite unecassette de quatre de ces titres à dix privilé-giés. Non sans leur avoir auparavant fait si-gner une promesse par laquelle ils s’engagentà ne pas diffuser cette musique. Chaque cas-sette, de toute façon, est numérotée, et surchacune figure un blanc enregistré à un en-droit différent. De manière à repérer (et à pu-nir ?) les éventuels tricheurs.

Stéphane Davet

CATHERINE TRAUTMANN

Une politique diversifiée pour le dossier chaud des multiplexesÉVÉNEMENT majeur advenu

dans l’univers des salles de cinéma,le développement des multiplexescontinue de susciter des remous et,sur le terrain, des décisions diver-gentes. C’est l’un des principauxdossiers auxquels est immédiate-ment confrontée Catherine Traut-mann, qui avait déjà eu à traiter laquestion comme maire de Stras-bourg. Présentées par leurs pro-moteurs (essentiellement lesgrands circuits) comme une nou-velle chance pour le cinéma ensalles, dénoncées par les indépen-dants comme une menace sur ladiversité des œuvres mises à la dis-position du public, ces nouvellesinstallations ne cessent de susciterdes polémiques.

La dernière « affaire » en dateest en train de prendre corps àCaen et dans sa région, le projetd’implantation de douze écranspar UGC suscitant une puissantemobilisation, dynamisée par laqualité de l’exploitation art et essaidans cette zone. Dans cette zonedéjà très bien équipée en écrans,une pétition que font notammentcirculer les étudiants en arts duspectacle de l’université de Caen arecueilli plusieurs milliers de signa-

tures, tandis que le Café desimages d’Hérouville Saint-Clair,foyer de la cinéphilie décentralisée,organise la « résistance ».

C’est un mouvement du mêmetype (large mobilisation locale dé-passant la seule cinéphilie pourprendre une résonnance ci-toyenne) qui vient d’entraîner unaccord « modèle » à Montpellier,où Gaumont a cédé ses salles decentre-ville à l’indépendant Diago-nal en contre-partie de la construc-tion de son multiplexe en périphé-rie. Règlement à l’amiable dontrien n’assure qu’il pourra être re-produit ailleurs, où la concurrenceentre grands groupes fait rage tan-dis que les indépendants montentau créneau dès que se profile l’an-nonce d’un chantier.

PREMIER ARBITRAGEAlors que l’appel interjeté in ex-

tremis par le nouveau ministrecontre l’implantation de Gaumontsur le site d’Aquaboulevard, à Pa-ris, autorisée par la commissiondépartementale, doit susciter lepremier arbitrage de la commis-sion nationale, à Reims une autrecommission départementale apour la première fois fait preuve

d’un extrême rigorisme, en refu-sant les deux candidats (Gaumontallié à un exploitant local et Kiné-polis). Dans la région rouennaise,on risque en revanche un suréqui-pement comparable au phéno-mène qui s’est produit à Nantes,déclenchant une concurrence ef-frénée entre Pathé et UGC : outrele projet Gaumont, autorisé auGrand-Quevilly, UGC (à Bois-Guil-laume, au nord de l’aglomérationnormande) et l’exploitant indépen-dant Yves Rauseberger (en centre-ville) ont déposé une demande.

Face à cette situation complexeayant entraîné des réponses di-verses, sinon contradictoires, lenouveau ministre de la cultureplaide à la fois le réalisme et uneapproche plus large. Réalisme : « Ilfaut prendre acte du fait que désor-mais cette forme de distributionexiste, et qu’elle ramène vers lessalles un public qui ne les fréquen-tait plus. » Mais, souligne Cathe-rine Trautmann, « on ne peut pasinstaller un multiplexe sans prendreen compte à la fois l’existence d’unpublic, les salles déjà présentes, etaussi l’ensemble du paysage culturelconcerné. Un multiplexe, même géréde manière commerciale, est un

équipement culturel qui prend placedans un ensemble. Il doit être analy-sé comme tel et pas seulementcomme une offre supplémentaire ».

L’une des questions en suspensreste la procédure d’autorisation,pour l’instant confiée aux fa-meuses commissions départemen-tales, conçues sur le modèle desorganes créés par la loi Royer pourautoriser l’implantation des super-marchés.

INFORMATION AUX ÉLUSLe ministre considère cette pro-

cédure comme nécessaire, maispas suffisante, « elle ne prend pasen compte la manière dont l’offreculturelle sera affectée par ces nou-velles installations ». Parmi les me-sures immédiates à prendre en lamatière, elle anonce ainsi la rédac-tion d’une brochure d’information,diffusée dès l’automne à l’inten-tion des élus, « qui sont souventsous la pression des demandeurssans disposer toujours de tous leséléments ».

Reste la question de l’éventuelle« protection » des autres salles, quise considèrent comme menacéespar l’arrivée de multiplexes dansleur zone de chalandise. La pre-

mière réponse de Mme Trautmanntient dans l’affirmation d’« un mes-sage politique sans équivoque : le ci-néma a besoin de lieux d’accès di-versifiés à des publics diversifiés ».Pragmatique, elle souligne que lesmultiplexes offrent d’indéniablesaméliorations techniques et deconfort aux spectateurs, quidoivent se généraliser à tous leséquipements, « notamment grâce àdes mesures spécifiques d’aide auxsalles art et essai ».

Et elle annonce la mise à l’étuded’une modification du fonds desoutien à l’exploitation, qui cesse-rait d’aider de la même manière lesmultiplexes et les salles classiques,ce qui ne manquera pas de susciterl’opposition des grands circuits,qui exigent de bénéfier des mêmesavantages que les autres exploi-tants.

J.-M. F.

Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication

« Le cinéma incarne ce qu’il nous incombe plus que jamais de défendre »A l’occasion de la Fête du cinéma, la nouvelle locataire de la Rue de Valois définit son approche des dossiers prioritaires

Moins d’un mois après son installation Ruede Valois, Catherine Trautmann annonceles grandes lignes de sa politique dans ledomaine du cinéma, mais aussi de l’audio-visuel : affirmation du statut des films

comme œuvres d’art à part entière, adap-tation législative au développement desnouvelles technologies, remise en ques-tion de certaines positions acquises par lesgrands diffuseurs, importance stratégique

accordée à l’international et notamment àl’Europe, vigilance envers les stratégies deHollywood, rééquilibrage en faveur desexploitants indépendants face à l’essor desmultiplexes, attention accrue au phéno-

mène de la violence à l’écran sans faire decelui-ci un bouc émissaire, priorités à l’édu-cation et à la création d’emplois, attentionportée au patrimoine. Un ensemble deprojets qui bénéficie d’une conjoncture in-

ternationale favorable mais intervientdans une situation budgétaire difficile hé-ritée de l’ancien gouvernement avec le gelde 5 % des crédits de son ministère, soitplus de 700 millions de francs.

« En nommant un directeuradjoint de cabinet en charge à lafois du cinéma, de l’audiovisuel,de la presse et du multimédia,vous vous êtes dotée d’une struc-ture inhabituelle. Pourquoi ?

– A l’heure du numérique et desnouvelles techniques de diffusion,le cinéma incarne ce qu’il nous in-combe plus que jamais de dé-fendre dans le domaine de la créa-tion. Il focalise tous les enjeux,ceux qui sont propres aux œuvresartistiques et ceux qui résultent dufait qu’il est confronté à la concur-rence, y compris internationale, àdes problèmes de financementlourds, et à une révolution techno-logique. L’organisation du cabinetreflète mon souci de connecter cesdeux types d’enjeu.

– Parmi les dossiers chaudsconcernant les relations entre ci-néma et télévision figure l’obli-gation, laissée en suspens parvotre prédécesseur, pour leschaînes privées « en clair » d’in-vestir à 75 % dans des films pro-duits par des sociétés qui ne dé-pendent pas d’elles. Lesprofessionnels du cinéma es-pèrent que le changement degouvernement permettra de re-lever ce seuil.

– Je compte effectivement allerdans ce sens. Si le changement degouvernement fournit l’opportu-nité d’un financement mieux ré-parti du cinéma, tant mieux. Je necrois pas que les chaînes privéesbloqueront cette évolution.

– Certains producteursplaident aujourd’hui pour une

augmentation massive dunombre de films, proposant depasser de cent à deux cents filmsfrançais par an, ce qui semblesurtout correspondre aux be-soins de programmation desnouvelles chaînes. Qu’en pen-sez-vous ?

– Il n’y a pas de raison d’êtremalthusien, d’autant qu’il existeun authentique renouveau du ci-néma français, en particulier grâceà ses jeunes auteurs. Mais il fautfaire attention à ce que ce ne soitpas les chaînes qui déterminent leschoix de production du cinéma. Entout cas, il existe au moins unchamp très ouvert, celui des co-productions. Elles permettent desoutenir l’activité du secteur etd’accroître notre rayonnement àl’extérieur. Elles favorisent aussinos concurrents, mais notre voca-tion n’a jamais été d’être domi-nants, au contraire notre intérêtest dans la remontée des autres ci-némas européens.

– Autre sujet de débat, la ré-glementation qui contraint lesproducteurs à s’allier soit avecl’un, soit avec l’autre bouquet sa-tellite (TPS ou CanalSatellite)pour y voir diffuser leurs films.Quelle est votre position ?

– Je suis favorable à une plusgrande fluidité dans l’accès auxdroits, permettant une meilleurecirculation des œuvres. Il ne fautpas que les obligations de pro-grammation jouent contre lesfilms de cinéma. Mais ces modifi-cations doivent être intégrées àune loi d’ensemble sur l’audiovi-

suel, dont j’espère qu’elle sera dé-battue au printemps. On ne peutpas traiter avec des bouche-trouslégislatifs des questions aussi es-sentiels que la concentration, lesproblèmes du multimédia et desnouveaux services. Je souhaiteaborder la question de la concen-tration sous tous ses aspects, ycompris sur celui de la concentra-tion en capital, en particulier àpropos des entreprises attribu-taires de marchés publics. Cette loiaura une grande importance, pasuniquement en France : laCommission européenne attendde voir ce que nous allons faire icipour s’en inspirer.

– Où en sont les négociationseuropéennes sur le cinéma, aux-quelles vous aviez déjà participéen tant que responsable de l’in-tergroupe cinéma au Parlementeuropéen ?

– Elles restent difficiles. Je suisrevenu, lundi 30 juin, d’un conseildes ministres de la culture qui s’estsoldé par un échec : du fait du vetoallemand, nous ne sommes pas

parvenus à obtenir l’unanimité surla création du fonds de garantie àla production, qui permettraitpourtant de soutenir le cinémadans l’Union, non par des subven-tions mais par un mécanisme degarantie bancaire, profitant à desstructures de toutes tailles, ycompris les plus petites. Je suis dé-çue de constater que nos parte-naires ne mesurent pas suffisam-ment les implicationséconomiques du secteur culturel,notamment en termes d’emploi,mais j’ai l’habitude : nous revien-drons sur ce dossier sous la pré-sidence luxembourgeoise, quicommence le 1er juillet.

– Etes-vous obligée de passersystématiquement par le niveaueuropéen, avec les difficultésque cela représente ?

– Il faut se battre sur tous lesfronts : tout en avançant à l’échelleeuropéenne, on peut nouer des re-lations plus restreintes mais plusdynamiques avec ceux qui sont dé-cidés à avancer. Nous bénéficionsaujourd’hui d’une double oppor-tunité, grâce, d’une part, à l’amé-lioration de la situation des ciné-matographies de nos voisins,d’autre part, à l’existence d’inter-locuteurs plus attentifs à ces dos-siers, notamment en Italie et enGrande-Bretagne.

– Quelles mesures pratiquespouvez-vous rapidement mettreen œuvre ?

– Outre des accords de soutienbilatéraux à la production commecelui que je dois signer en no-vembre avec le ministre de la

culture italien, j’ai proposé la miseen place d’un réseau de circulationdes copies à travers l’Europe, sur lemodèle de ce qui existe en France.Le principal enjeu aujourd’hui estmoins dans la production quedans la circulation des œuvres,c’est sur ce terrain que nous avonsle plus grand retard vis-à-vis desmajors américaines.

« Le principal enjeuaujourd’huiest moinsdans la productionque dansla circulationdes œuvres »

– Les Américains ont mis enœuvre une nouvelle politique, enfaisant produire des films pardes filiales françaises des ma-jors. Quelle est votre réaction ?

– Face aux réglementations quenous sommes parvenus à instau-rer, les Américains sont passésd’une stratégie fondée sur l’affron-tement et la négociation en posi-tion de force à une stratégie deprésence diffuse mais en constanteexpansion. La France est de cepoint de vue un bastion : dans laplupart des pays européens, laproduction est tenue à plus des

deux tiers par des financementsaméricains.

» Face à cette nouvelle offen-sive, on ne peut pas complètementse fermer, mais il faut être vigilant,en se tenant à deux objectifs : fairerespecter les règles nationales, etprendre les mesures permettant demaintenir la part de marché de laproduction française.

– On a vu récemment augmen-ter le nombre d’interdictions defilm aux moins de seize ans. Quevous inspire ce phénomène ?

– D’abord, je ne serai pas le mi-nistre de la censure. Il existe unecommission de contrôle que jelaisserai fonctionner, n’interve-nant qu’en cas de désaccord enson sein. Au-delà, il est normalque les films témoignent de la vio-lence, beaucoup moins que cer-tains cherchent à en fairecommerce. Je ne voudrais pasqu’on focalise sur les films cequ’on n’arrive pas à traiter par ail-leurs, dans la cité, dans les quar-tiers. D’autre part, un des projetsqui me tiennent le plus à cœur estle développement de l’enseigne-ment des images. Non seulement,à l’échelle européenne, l’enseigne-ment professionnel du cinéma,mais l’apprentissage à l’école de lalecture des images, comme on ap-prend la lecture des textes. C’est lemeilleur moyen de lutter contreles effets nocifs de certains films,comme contre l’assujettissementdu jeune public à un seul type deproductions, venues de Holly-wood.

– Depuis douze ans reste ensouffrance le projet de transfor-mation du Palais de Tokyo enpalais du cinéma, avec l’installa-tion de la Cinémathèque et de laBibliothèque de l’image-filmo-thèque. Pensez-vous pouvoir en-fin le mener à terme ?

– Je le souhaite, il faut évidem-ment un lieu pour le patrimoine ci-nématographique, lieu qui devraêtre également tourné vers l’ave-nir. Ce lieu, ce sera le Palais de To-kyo. Son ouverture a été annoncéepour l’an 2000, mais je ne suis pasen mesure de donner un calen-drier, tant que la question budgé-taire n’est pas réglée. J’ai héritéd’une situation financière difficile,en particulier du fait du gel de 5 %du budget total du ministère, soitplus de 700 millions de francs. Au-cun autre ministère n’a subi unerestriction de cette ampleur : lamajorité précédente avait considé-ré que ce serait moins grave à laculture. »

Propos recueillis parJean-Michel Frodon

et Nicole Vulser

Page 28: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0028-0 WAS LMQ0207-28 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 08:51 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 28Fap:99 No:0488 Lcp: 196 CMYK

28 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 G U I D E C U L T U R E L

(Publicité)

UNE SOIRÉE À PARIS

« Manon », de MassenetSplendide production, raffinée,drôle et émouvante, sublimementchantée par une Renée Flemingplutôt bien entourée, cette Manonest la meilleure production deBastille, cette année : il restepourtant des places à vendrechaque soir... Renée Fleming, Mary Mills(Manon), Richard Leech (desGrieux), Jean-Luc Chaignaud(Lescaut), Laurent Naouri (lecomte des Grieux), Gary Bertini(direction).Opéra-Bastille, place de la Bastille,Paris 11e. Mo Bastille. 19 h 30, les 1er,4, 7, 10 et 12 juillet.Tél. : 01-44-73-13-00. De 145 Fà 610 F.Asian Dub FoundationLe succès inattendu de leur album,RAFI, et de leur tournée, s’expliquepar l’énergie d’une musique quimêle techno, rap, dub et raggajamaïcains, punk rock et musiqueindienne.Ris-Orangis (91). Le Plan, rue

Rory-Gallagher. 20 h 30, le 2 juillet.Tél. : 01-69-43-03-03.Martin StoneLors de la Fête de la musique, on apu entendre Martin Stone et sesHomewreckers, en trio rock-bluespsychédélique. Cet ancienguitariste de John Lee Hooker,présent sur la première version deSavoy Brown, membre fondateurd’un groupe, sorte de GratefulDead britannique en plusénergique, a failli être le cinquièmeRolling Stones à la mort de BrianJones. Pour situer l’importance dubonhomme, signalons que JimmyPage, de Led Zeppelin, feraplusieurs milliers de kilomètrespour jouer avec Martin Stone justedeux ou trois morceaux dansquelques jours enGrande-Bretagne. Phrasé incisif,toujours pertinent, un modèle.Hard Rock Café, 14, bd Montmartre,Paris 9e. Mo Richelieu-Drouot,Rue-Montmartre. 22 heures, le3 juillet. Entrée libre,consommations.

THÉÂTREUne sélection des piècesà Paris et en Ile-de-France

NOUVEAUTÉS

En attendant Grouchyde Roland Dubillard, mise en scène deDominique Lurcel, avec Gil Bourasseauet Bruno Cochet.Théâtre de l’Ile-Saint-Louis, 39, quaid’Anjou, Paris 4e. Mo Pont-Marie. A par-tir du 1er juillet. Du mardi au samedi, à21 heures ; le dimanche, à 18 heures.Tél. : 01-46-33-48-65. Durée : 1 h 20.70 F* et 90 F. Jusqu’au 27 juillet. George Dandinde Molière, mise en scène de FabriceMaigrot, avec Julie Lefebvre, AlexandraRoyan, Isabelle Haumesser, Ludovic Ber-trand, Franck Messin, Didier Menin,Bernard Vallon et Rotem Dahan.Lavoir moderne Parisien-Procréart, 35,rue Léon, Paris 18e. Mo Château-Rouge,Marcadet-Poissonniers. A partir du3 juillet. Du mercredi au samedi, à20 h 30. Tél. : 01-42-52-09-14. Durée :1 h 30. De 50 F* à 90 F. Jusqu’au 13 sep-tembre. Lou Reed ditThe Music of City and Timeavec Lou Reed.Théâtre national de l’Odéon, 1, placePaul-Claudel, Paris 6e. Mo Odéon,Luxembourg. Le lundi 7, à 20 heures.Tél. : 01-44-41-36-36. De 30 F à 150 F.Pawanade Jean-Marie Gustave Le Clézio, miseen scène de Georges Lavaudant, avecJérôme Derre et Philippe Morier-Ge-noud.Théâtre national de l’Odéon, 1, placePaul-Claudel, Paris 6e. Mo Odéon. Lesvendredi 4, samedi 5, mardi 8, mercredi9, jeudi 10, vendredi 11, samedi 12, à20 heures ; les dimanche 6 et dimanche13, à 15 heures. Tél. : 01-44-41-36-36. Du-rée : 1 h 15. De 30 F à 150 F.Tchekhov aux éclatsd’après Anton Tchekhov, mise en scènede Julien Sibre, avec Bruno Argence,Olivier Balazuc, Stéphanie Hedin,Laurent Kerusore et Nathalie Pena-Vei-ra.Théâtre du Tourtour, 20, rue Quincam-poix, Paris 4e. Mo Châtelet. A partir du1er juillet. Du mardi au samedi, à 19 h 30.Tél. : 01-48-87-82-48. 70 F* et 90 F. Jus-qu’au 30 juillet.

SÉLECTION

Les Chinoisde Murray Schisgal, mise en scène deJean-Paul Bordes, avec Claude Aufaure,Gisèle Touret, Eric Chimier et FabiennePérineau.Théâtre 14-Jean-Marie Serreau, 20, ave-nue Marc-Sangnier, Paris 14e. Mo Porte-de-Vanves. Les mardi, mercredi, vendre-di, samedi, à 20 h 30 ; le jeudi, à19 heures ; le dimanche, à 17 heures.Tél. : 01-45-45-49-77. Durée : 1 h 20. De60 F* à 120 F. Jusqu’au 13 juillet. Combien de nuits faudra-t-ilmarcher dans la ville ?

de Catherine Anne, mise en scène deDavid Moussu, avec Axelle Bossard, Isa-belle Censier et David Moussu.Tremplin-Théâtre des Trois-Frères, 39,rue des Trois-Frères, Paris 18e. Mo Ab-besses. Du mercredi au samedi, à20 h 30 ; le dimanche, à 16 heures. Tél. :01-42-54-91-00. Durée : 1 h 15. 80 F* et100 F. Jusqu’au 6 juillet. Cyrano de Bergeracd’Edmond Rostand, mise en scène de Pi-no Micol, avec Pierre Santini, MagaliHouth, Benoît du Pac, Erik Desfosses,Alain Choquet, Jean-Paul Audrain, Jé-rôme Berthoud, Christian Chevalier,Marie Collins, Philippe Heliès, LaurentLe Doyen, Thierry Monfray, CarolineSantini et Silvia Servio.Théâtre Dejazet, 41, boulevard duTemple, Paris 3e. Mo République. Dumardi au samedi, à 20 h 45 ; le di-manche, à 16 heures. Tél. : 01-48-87-52-55. De 90 F à 180 F. Jusqu’au 13 juillet. Le Défiléde Jérôme Deschamps et Macha Ma-keieff, mise en scène des auteurs, avecBruno Lochet, Olivier Saladin, LorellaCravotta, Jérôme Deschamps, AtmenKélif, Jean-Marc Bihour, Philippe Du-quesne, Olivier Broche, Robert Horn etle chien Picpus.Théâtre national de Chaillot, 1, place duTrocadéro, Paris 16e. Mo Trocadéro. Dumardi au samedi, à 21 heures ; le di-manche, à 17 heures. Tél. : 01-53-65-30-00. Durée : 1 h 35. De 80 F* à 160 F. Jus-qu’au 13 juillet. L’Echange (seconde version)de Paul Claudel, mise en scène de JeanDautremay, avec Claire Vernet, MurielMayette, Eric Ruf et Bruno Raffaelli.Comédie-Française Salle Richelieu, 2,rue de Richelieu, Paris 1er. Mo Palais-Royal. Le vendredi 4, à 20 h 30 ; le di-manche 6, à 14 h 30. Tél. : 01-44-58-15-15. Durée : 2 h 45. De 30 F à 185 F. Jus-qu’au 17 juillet.Ellede Jean Genet, mise en scène de GillesChevassieux, avec Roland Bertin, Mau-rice Deschamps, Thierry Paret, PatrickSpica, Philippe Mangenot et JohannesCharvolin.Comédie-Française Théâtre du Vieux-Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier,Paris 6e. Mo Saint-Sulpice ou Sèvres-Ba-bylone. Les mardi 1er , mercredi 2, ven-dredi 4, samedi 5, à 20 h 30 ; le jeudi 3,à 19 heures ; le dimanche 6, à 16 heures.Tél. : 01-44-39-87-00. Durée : 1 h 20. De65 F* à 160 F. Dernières.Elsa l’étrangèred’après Elsa Triolet et Louis Aragon,mise en scène de Claude Darvy, avecLouison Roblin, Valérie Choquard etBernard Callais.Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e. Mo Vavin, Notre-Dame-des-Champs, Montparnasse-Bien-venüe. Du lundi au samedi, à 18 h 30.Tél. : 01-45-44-57-34. De 71 F* à 140 F.Jusqu’au 30 août. Exercices de styled’après Raymond Queneau, mise enscène d’Albert de Freitas, avec HélèneDeregnier, Franck Lamarre, IsabelleBouvrain, David Legras, Florence Mauryet Albert de Freitas.Petit Théâtre de Paris, 15, rue Blanche,

Paris 9e. Mo Trinité. Du mardi au vendre-di, à 21 heures ; le samedi, à 18 h 30 et21 heures. Tél. : 01-42-80-01-81. Durée :1 h 45. 100 F* et 160 F. Jusqu’au 30 août.Fabrice Luchinid’après des textes de Baudelaire, Cé-line, La Fontaine et Nietzsche.Gaîté-Montparnasse, 26, rue de la Gaî-té, Paris 14e. Mo Edgar-Quinet, Gaîté,Montparnasse-Bienvenüe. Du mardi ausamedi, à 20 h 30. Tél. : 01-43-22-16-18.Durée : 1 h 30. 160 F. Jusqu’au 12 juillet.Folie magiquede Chantal Saint-Jean et Jan Madd,mise en scène de Chantal Saint-Jean,avec Jan Madd, Christel Colas, Nadia Sa-velberg et Caroline Moreau.Métamorphosis, face au 55, quai de laTournelle, Paris 5e. Mo Maubert-Mutua-lité. Du mardi au samedi, à 21 h 15 ; ledimanche, à 15 heures. Tél. : 01-40-39-99-09. Durée : 1 h 30. 80 F* et 150 F. Jus-qu’au 30 juillet. Gertrude mortecet après-midide Monick Lepeu, d’après GertrudeStein, mise en scène de Rachel Salik,avec Monick Lepeu et Elisabeth Fer-maud.Théâtre du Marais, 37, rue Volta, Paris3e. Mo Arts-et-Métiers. Du mardi au sa-medi, à 21 heures ; le dimanche, à17 heures. Tél. : 01-45-41-57-88. Durée :1 heure. 80 F* et 100 F. Jusqu’au30 août. Jacques ou la Soumissiond’Eugène Ionesco, mise en scène de Si-mon Eine, avec Bérangère Dautun,François Beaulieu, Gérard Giroudon,Yves Gasc, Véronique Vella, AlberteAveline, Michel Robin, Eric Génovèse etFlorence Viala.Comédie-Française Studio-Théâtre, 99,rue de Rivoli, Paris 1er. Mo Palais-Royal,Louvre. Du mercredi au dimanche, à18 h 30. Tél. : 01-44-58-98-58. Durée :1 heure. De 45 F* à 80 F. Jusqu’au10 juillet. Le Jeu de l’amouret du hasardde Marivaux, mise en scène de PhilippeFerran, avec Philippe Bouclet, Hervé Fal-loux, Anne Coutureau, Hammou Graïa,Dorine Hollier et Julien Sarfati.Théâtre de l’Atelier, 1, place Charles-Dullin, Paris 18e. Mo Anvers. Du mardi ausamedi, à 21 heures ; le dimanche, à15 h 30. Tél. : 01-46-06-49-24. Durée :1 h 45. De 80 F* à 150 F. Jusqu’au30 août.Les Jumeaux vénitiensde Carlo Goldoni, mise en scène de Gil-das Bourdet, avec Sophie Bouilloux,Kristov Carpi, Isabelle Carré-Goethals,Bruno Choel, Richard Guedj, Franck Ja-zède, Jean-Michel Molé, Alice Papierski,Yves Pignot, Michel Scotto Di Carlo etPhilippe Uchan.Théâtre Hébertot, 78bis, boulevard desBatignolles, Paris 17e. Mo Rome. Du mar-di au vendredi, à 20 h 30 ; le samedi, à16 heures et 20 h 30 ; le dimanche, à15 heures. Tél. : 01-43-87-23-23. Durée :2 h 30. De 70 F à 200 F. Jusqu’au30 août. Le Passe-murailled’après Marcel Aymé, mise en scèned’Alain Sachs, avec Francis Perrin, Gi-nette Garcin, Isabelle Georges, Dozier,

Jean-Claude Calon, Isabelle Ferron, Phi-lippe Rondest, Edouard Pretet, BernardValdeneige, Michel Verschaeve et Pa-trice Peyrieras, Philippe Fauconnier etBernard Duplaix (musiciens).Bouffes-Parisiens, 4, rue Monsigny, Paris2e. Mo Quatre-Septembre. Du mardi1erau vendredi 4, à 20 h 30 ; le samedi 5,à 21 heures ; le dimanche 6, à 15 h 30.Tél. : 01-42-96-92-42. Durée : 2 heures.De 70 F à 270 F. Dernières.Quelqu’unde Robert Pinget, mise en scène deJacques Seiler, avec Jacques Seiler.Théâtre Montparnasse (Petit), 31, ruede la Gaîté, Paris 14e. Mo Montparnasse-Bienvenüe. Du mardi au vendredi, à21 heures ; le samedi, à 17 heures et21 heures. Tél. : 01-43-22-77-30. Durée :1 h 20. 60 F* et 120 F. Jusqu’au 30 juillet.Rêve rougede et avec Xing Xing Cheng, avec XingXing Cheng.Dunois, 108, rue du Chevaleret, Paris13e. Mo Chevaleret. Du mardi 1er au ven-dredi 4, à 20 h 30. Tél. : 01-45-84-72-00.Durée : 1 h 10. De 35 F* à 100 F. Der-nières.La Révoltede Villiers de L’Isle-Adam, mise en scèned’Alain Ollivier, avec Agnès Sourdillonet Alain Ollivier.Studio-Théâtre, 18, avenue de l’Insur-rection, 94 Vitry. Du mardi au samedi, à20 h 45. Tél. : 01-46-82-40-17. Durée :1 h 20. 70 F et 120 F. Dernières.Robin des Boisde Marina Foïs et Pierre-François Laval-Martin, d’après Alexandre Dumas, miseen scène de Pierre-François Laval-Mar-tin, avec Isabelle Nanty, Maurice Bathé-lemy, Elise Larnicol, Marina Foïs, Jean-Paul Rouve, Pascal Vincent et Pierre-François Martin-Laval.Splendid Saint-Martin, 48, rue du Fau-bourg-Saint-Martin, Paris 10e. Mo Stras-bourg-Saint-Denis. Du mardi au samedi,à 20 h 30. Tél. : 01-42-08-21-93. Durée :1 h 30. De 100 F à 150 F. Jusqu’au30 août. Satan conduit le balde la compagnie Sentimental Bourreau,avec Mathieu Bauer, Lazare Boghossian,Sylvain Cartigny, Judith Henry, JoachimLatarjet, Marie Payen, Martin Selze,Léandre G. La Molla et Alain Gravier.Ménagerie de verre, 12-14, rue Léche-vin, Paris 11e. Mo Parmentier. Du mardi1erau samedi 5, à 20 h 30. Tél. : 01-43-38-33-44. 50 F.La Vie parisienned’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, miseen scène de Daniel Mesguich, avecThierry Hancisse, Nicolas Lormeau,Alain Lenglet, Sylvia Bergé, LaurentRey, Céline Samie, Laurent d’Olce, JeanDautremay, Michel Favory, CatherineSalviat, Claude Mathieu, Bruno Raffael-li, Simon Eine, Christian Blanc, IsabelleGardien, Véronique Vella, Jean-FrançoisRémi et Claudie Guillot.Comédie-Française Salle Richelieu, 2,rue de Richelieu, Paris 1er. Mo Palais-Royal. Les mardi 1er , samedi 5, lundi 7, à20 h 30. Tél. : 01-44-58-15-15. Durée :3 heures. De 35 F à 220 F. Jusqu’au19 juillet.

(*) Tarifs réduits.

CINÉMANOUVEAUX FILMS

ANACONDAFilm américain de Luis Llosa, avec JonVoight, Jennifer Lopez, Ice Cube, EricStoltz, Jonathan Hyde, Kari Wuhrer(1 h 30).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Gaumont Marignan, dolby, 8e (+) ; UGCGeorge-V, 8e.BOUGE ! Film français de Jérôme Cornuau, avecAmbre Boukebza, Ophélie Winter, Pa-trick Forster-Delmas, Bernard Le Coq,Léa Drucker, Sami Naceri (1 h 39).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGC George-V, dolby, 8e ;Paramount Opéra, dolby, 9e (01-47-42-56-31) (+) ; UGC Lyon Bastille, 12e ; Gau-mont Gobelins Fauvette, dolby, 13e (01-47-07-55-88) (+) ; Gaumont Parnasse,dolby, 14e (+) ; Miramar, dolby, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; Mistral, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; Gaumont Convention, dol-by, 15e (01-48-28-42-27) (+) ; Pathé We-pler, dolby, 18e (+) ; Le Gambetta, dol-by, 20e (01-46-36-10-96) (+).LE CIEL EST A NOUS (*)Film franco-canadien de Graham Guit,avec Romane Bohringer, Melvil Pou-paud, Jean-Philippe Ecoffey, ElodieBouchez (1 h 30).Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e

(01-43-12-91-40) (+) ; 14-Juillet Beau-bourg, dolby, 3e (+) ; 14-Juillet Odéon,dolby, 6e (+) ; Gaumont Ambassade,dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; Saint-La-zare-Pasquier, dolby, 8e (01-43-87-35-43) (+) ; 14-Juillet Bastille, dolby, 11e

(+) ; Les Nation, dolby, 12e (01-43-43-04-67) (+) ; Gaumont Gobelins Fauvette,dolby, 13e (01-47-07-55-88) (+) ; Gau-mont Alésia, dolby, 14e (01-43-27-84-50) (+) ; Gaumont Parnasse, dolby, 14e

(+) ; Pathé Wepler, dolby, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).CITY OF CRIME (*)Film américain de John Irvin, avec Har-vey Keitel, Stephen Dorff, Timothy Hut-ton, Famke Janssen, Wade Dominguez,Michael Jai White (1 h 37).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;UGC Odéon, 6e ; UGC Rotonde, dolby,6e ; UGC Champs-Elysées, dolby, 8e ; Ma-jestic Bastille, dolby, 11e (01-47-00-02-48) (+) ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby,15e (+) ; Majestic Passy, dolby, 16e (01-42-24-46-24) (+).CLUBBED TO DEATH (**)Film français de Yolande Zauberman,avec Elodie Bouchez, Béatrice Dalle,

Roschdy Zem, Richard Courcet, GérardThomassin, Luc Lavandier (1 h 30).Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e

(01-43-12-91-40) (+) ; 14-Juillet Odéon,dolby, 6e (+).LIBERTÉ CHÉRIEFilm français de Jean-Luc Gaget, Jean-Marc Brondolo, Olivier Jahan, avecAlain Beigel, Estelle Larrivaz, PascaleArbillot, Jacques Bonnaffé, FrédéricPierrot, Emma de Caunes (1 h 30).Reflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34).MENTEUR, MENTEURFilm américain de Tom Shadyac, avecJim Carrey, Maura Tierney, Justin Coo-per, Jennifer Tilly, Swoosie Kurtz,Amanda Donohoe (1 h 26).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;UGC Odéon, dolby, 6e ; Gaumont Ma-rignan, dolby, 8e (+) ; UGC Normandie,dolby, 8e.PAR AMOUR POUR GILLIANFilm américain de Michael Pressman,avec Peter Gallagher, Michelle Pfeiffer,Claire Danes, Laurie Fortier, WendyCrewson, Bruce Altman (1 h 33).VO : UGC Forum Orient Express, 1er ; Es-pace Saint-Michel, dolby, 5e (01-44-07-20-49) ; Elysées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, dolby, 14e

(01-43-20-32-20).PASSAGE DES HOMMES LIBRESFilm franco-vénézuélien de Luis Arman-do Roche, avec Roy Dupuis, ChristianVadim (1 h 36).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86).PORTRAITS CHINOISFilm français de Martine Dugowson,avec Helena Bonham-Carter, RomaneBohringer, Marie Trintignant, Elsa Zyl-berstein, Yvan Attal, Sergio Castellito(1 h 50).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ; UGCDanton, dolby, 6e ; Saint-Lazare-Pas-quier, 8e (01-43-87-35-43) (+) ; UGC Nor-mandie, dolby, 8e ; UGC Opéra, dolby,9e ; La Bastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins, 13e ; Mistral, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; Sept Parnassiens, dol-by, 14e (01-43-20-32-20) ; UGC Conven-tion, 15e ; UGC Maillot, 17e ; Pathé We-pler, dolby, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine,dolby, 19e (+).LES VIRTUOSES

Film britannique de Mark Herman,avec Pete Postlethwaithe, Tara Fitzge-rald, Ewan McGregor, Stephen Tomp-kinson, Jim Carter, Philip Jackson(1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra Im-périal, dolby, 2e (01-47-70-33-88) (+) ;14-Juillet Beaubourg, dolby, 3e (+) ; Eu-ropa Panthéon (ex-Reflet Panthéon), 5e

(01-43-54-15-04) ; La Pagode, dolby, 7e

(+) ; Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) ; LaBastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; Es-curial, dolby, 13e (01-47-07-28-04) (+) ;14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e (+) ;Bienvenüe Montparnasse, dolby, 15e

(01-39-17-10-00) (+) ; Pathé Wepler, dol-by, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, dolby,19e (+).

EXCLUSIVITÉS

ABELd’Alex Van Warmerdam,avec Henri Garcin, Alex Van Warmer-dam, Olga Zuiderhoek, Annet Mal-herbe.Hollandais (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Es-pace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49) ;Sept Parnassiens, 14e (01-43-20-32-20).L’AUTRE CÔTÉ DE LA MERde Dominique Cabrera,avec Claude Brasseur, Roschdy Zem,Marthe Villalonga, Agoumi, CatherineHiegel, Marilyne Canto.Français (1 h 30).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ; LeQuartier Latin, 5e (01-43-26-84-65) ; LeBalzac, 8e (01-45-61-10-60) ; Les Mont-parnos, 14e (01-39-17-10-00) (+).BIG NIGHTde Campbell Scott et Stanley Tucci,avec Stanley Tucci, Tony Shalhoub, Isa-bella Rossellini, Minnie Driver, IanHolm, Caroline Aaron.Américain (1 h 40).VO : Reflet Médicis II, 5e (01-43-54-42-34).CERTAINS L’AIMENT COURT 3d’Emmanuel Oberg,Français.Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ;Le Cinéma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20) (+).

LA CICATRICEde Krzysztof Kieslowski,avec Franciszek Pieczka, Jerzy Stuhr,Mariusz Dmochowski, Jan Skotnicki,Stanislaw Igar, Michal Tarkowski.Polonais (1 h 44).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Odéon, 6e (+).LA FABRIQUEDE L’HOMME OCCIDENTALde Gérald Caillat,Français (1 h 15).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).GOODBYE SOUTH, GOODBYE

de Hou Hsiao Hsien,avec Jack Kao, Hsu Kuei-Ying, LimGiong, Anne Shizuka Inoh, Hsi Hsiang,Lien Pi-Tung.Taïwanais (1 h 52).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+).GRAINS DE SABLEde Ryosuke Hashiguchi,avec Yoshinari Okada, Kota Kusano,Ayumi Hamazaki, Koji Yamaguchi, Ku-mi Takada.Japonais (2 h 09).VO : Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+) ; Lucernaire, 6e.J’AI HORREUR DE L’AMOURde Laurence Ferreira Barbosa,avec Jeanne Balibar, Jean-Quentin Châ-telain, Laurent Lucas, Bruno Lochet,Alexandra London, Eric Savin.Français (2 h 14).Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra Impérial,dolby, 2e (01-47-70-33-88) (+) ; 14-JuilletBeaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Haute-feuille, 6e (+) ; Le Saint-Germain-des-Prés, Salle G. de Beauregard, 6e (01-42-22-87-23) (+) ; Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) ; 14-Juillet Bastille, 11e (+) ; Escurial,13e (01-47-07-28-04) (+) ; Gaumont Alésia,14e (01-43-27-84-50) (+) ; BienvenüeMontparnasse, 15e (01-39-17-10-00) (+) ;Le Cinéma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20) (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).JAMES ET LA PÊCHE GÉANTEde Henry Selick,dessin animé américain (1 h 20).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+).VF : 14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+) ;UGC George-V, 8e ; Gaumont OpéraFrançais, dolby, 9e (01-47-70-33-88) (+) ;Gaumont Grand Ecran Italie, dolby, 13e

(01-45-80-77-00) (+) ; Gaumont Alésia, 14e

(01-43-27-84-50) (+) ; Gaumont Parnasse,dolby, 14e (+) ; Majestic Passy, dolby, 16e

(01-42-24-46-24) (+) ; Pathé Wepler, dol-by, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).MA VIE EN ROSEd’Alain Berliner,avec Michèle Laroque, Jean-Philippe

Ecoffey, Hélène Vincent, Georges duFresne, Daniel Hanssens, Laurence Bibot.Français (1 h 28).UGC Forum Orient Express, dolby, 1er ; 14-Juillet Parnasse, 6e (+) ; UGC George-V,8e ; UGC Opéra, 9e ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01) (+).MADAME JACQUESSUR LA CROISETTEd’Emmanuel Finkiel,avec Nathan Cogan, Shulamit Adar,Maurice Chevit, Jacques Spiesser, RywkaWajbrot.Français (40).Action Christine, 6e (01-43-29-11-30).MICHAEL COLLINSde Neil Jordan,avec Liam Neeson, Aidan Quinn, AlanRickman, Julia Roberts, Stephen Rea.Américain (2 h 10).VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).LA MÔME SINGEde Xiao-Yen Wang,avec Fu Di, Fang Shu, Yang Guang, YangLin, Chang Hung-Mei, Wang Yang.Américain-chinois (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; ElyséesLincoln, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnas-siens, 14e (01-43-20-32-20).MOTHERd’Albert Brooks,avec Debbie Reynolds, Albert Brooks,Rob Morrow, Lisa Kudrow, Isabel Glasser,Peter White.Américain (1 h 44).VO : Cinoches, 6e (01-46-33-10-82).MUNK, LEMMY ET COMPAGNIEde Nils Skapans et Janis Cimermanis,dessin animé letton (46).VF : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09) ; Le République, 11e (01-48-05-51-33).LES PLEINS POUVOIRSde Clint Eastwood,avec Clint Eastwood, Gene Hackman, EdHarris, Laura Linney, Scott Glenn, DennisHaysbert.Américain (2 h 01).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;UGC Odéon, 6e ; UGC George-V, 8e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+).THE BLACKOUT (**)d’Abel Ferrara,avec Matthew Modine, Claudia Schiffer,Béatrice Dalle, Sarah Lassez, Dennis Hop-per, Steven Bauer.Américain (1 h 46).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+) ; Publicis Champs-Elysées, 8e (01-47-20-76-23) (+) ; La Bastille, 11e (01-43-07-48-60).LA VIE DE JÉSUSde Bruno Dumont,avec David Douche, Marjorie Cottreel,Kader Chaatouf, Geneviève Cottrell, Sé-bastien Delbaere, Sébastien Bailleul.Français (1 h 36).UGC Ciné-cité les Halles, 1er ; Epée deBois, 5e (01-43-37-57-47) ; Saint-André-des-Arts II, 6e (01-43-26-80-25) ; UGC Ro-tonde, 6e ; 14-Juillet Bastille, 11e (+) ; LeCinéma des cinéastes, dolby, 17e (01-53-42-40-20) (+).VOYAGE AU DÉBUT DU MONDEde Manoel de Oliveira,

avec Marcello Mastroianni, Jean-YvesGautier, Leonor Silveira, Diogo Doria, Isa-bel de Castro, Isabel Ruth.Franco-portugais (1 h 33).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86) ; Le Quar-tier Latin, 5e (01-43-26-84-65) ; Le Répu-blique, 11e (01-48-05-51-33) ; Studio 28,18e (01-46-06-36-07) (+).WHEN WE WERE KINGSde Leon Gast,avec Mohammed Ali, George Foreman,Don King, James Brown, B. B. King, Nor-man Mailer.Américain (1 h 28).VO : Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ; Club Gaumont (Publicis Matignon),dolby, 8e (01-42-56-52-78).

REPRISESL’AMATEURde Krzysztof Kieslowski,avec Jerzy Stuhr, Malgorzata Zabkowska,Ewa Polas, Stefan Czyzewski, Jerzy No-wak, Tadeusz Bradecki.Polonais, 1979 (1 h 50).VO : 14-Juillet Hautefeuille, 6e (+).LA BELLE ET LE CLOCHARDde Hamilton Luske, Clyde Geronimi etWilfred Jackson,dessin animé américain, 1955 (1 h 15).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er.VF : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; Rex, dolby, 2e (01-39-17-10-00) ;UGC Montparnasse, 6e ; Gaumont Mari-gnan, dolby, 8e (+) ; UGC George-V, 8e ;UGC Lyon Bastille, 12e ; UGC Gobelins,dolby, 13e ; Mistral, dolby, 14e (01-39-17-10-00) (+) ; 14-Juillet Beaugrenelle, 15e

(+) ; Gaumont Convention, dolby, 15e (01-48-28-42-27) (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, dol-by, 19e (+) ; Le Gambetta, dolby, 20e (01-46-36-10-96) (+).LE COUPLE INVISIBLEde Norman Z. McLeod,avec Cary Grant, Constance Bennett, Ro-land Young, Billie Burke, Alan Mowbray,Eugene Pallette.Américain, 1937, noir et blanc (1 h 40).VO : Action Ecoles, 5e (01-43-25-72-07) ;L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).LE HASARDde Krzysztof Kieslowski,avec Boguslaw Linda, Tadeusz Lomnieki,Zbigniew Zapasiewicz, Boguslawa Pawe-lec, Marzena Trybala, Jacek Borkowski.Polonais, 1982 (2 h 02).VO : 14-Juillet Bastille, 11e (+).SANS FINde Krzysztof Kieslowski,avec Grazyna Szapolowska, Maria Pakul-nis, Aleksander Bardini, Jerzy Radziwillo-wicz.Polonais, 1984 (1 h 55).VO : 14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e

(+).SHOAHde Claude Lanzmann,Français, 1974-1984 (9 h 30).

Le Cinéma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20) (+) ; (+) Réservation au 01 40 30 20 10.(*) Films interdits aux moins de 12 ans.(**) Films interdits aux moins de 16 ans.(+) Réservation au 01-40-30-20-10.

Alvarez Bravo,un surréalistesensuelPhotographies anciennes et nouvelles du maîtremexicain exposé à New York

UNE RÉTROSPECTIVE du pho-tographe mexicain Manuel Alva-rez Bravo a eu lieu, au printemps,au Musée d’art moderne de NewYork. Elle pourrait venir à la Mai-son européenne de la photogra-phie pour l’an 2000. En attendant,Agathe Gaillard était à New Yorket a reçu, des mains du photo-graphe, quelques dizainesd’épreuves, parfois célèbres (LaDébandée), d’autres inédites. Ellesrappellent combien cet immenseartiste, âgé de quatre-vingt-quinzeans, est en forme, avec six imagesréalisées il y a un an à peine. Cesont des tirages au platine, inalté-rables. Le surréaliste est toujourslà, les titres sont étranges – L’oi-seau chante bien que la branche

craque – la lumière organise lesplans, mais il y a en plus unetouche de liberté, d’intuition, desensualité surtout. Alvarez Bravoaime les femmes – il en a eu quatreet les a toutes rendues photo-graphes – et devient minimal envieillissant. Un muret, des chevauxde bois, des seins dévoilés, un pay-sage à énigmes, un tronc d’arbreblanchi, des mannequins de bois,un coq, trois fois rien, et la magieopère, loin des modes et du spec-taculaire.

. Galerie Agathe Gaillard, 3, ruedu Pont-Louis-Philippe, Paris 4e .Mo Pont-Marie. Du mardi au same-di, de 13 heures à 19 heures. Tél. :01-42-77-38-24. Jusqu’au 13 juillet.

TOUS LES FILMS PARIS/PROVINCE3 615 L E M O N D E

ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn)

Page 29: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0029-0 WAS LMQ0207-29 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 28Fap:99 No:0489 Lcp: 196 CMYK

29

C O M M U N I C A T I O NLE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997

TÉLÉVISION Dans un entretienau Monde, Anne Sinclair, présenta-trice pendant treize ans de « 7 sur7 » sur TF 1, explique les différentesraisons qui l’ont incitée à abandon-

ner son émission politique domini-cale et définit sa nouvelle fonctionde directeur général adjoint de l’an-tenne. b LA DIRECTION de l’infor-mation au quotidien reste entre les

mains de Robert Namias (TF 1) et deJean-Claude Dassier (LCI), Anne Sin-clair réfléchissant au développe-ment industriel de l’information dugroupe, en matière de technologie

(Internet) et de contenu. b LAJOURNALISTE confie qu’elle évo-quera au sein du groupe TF 1 laquestion d’inviter ou pas Jean-Ma-rie Le Pen. Elle devrait retrouver

une émission à la rentrée, maisl’épouse du ministre de l’économieet des finances, Dominique Strauss-Kahn, s’y interdira le « face à face »avec une personnalité politique

Anne Sinclair va définir la stratégie de l’information du groupe TF1Dans un entretien au « Monde », l’animatrice de « 7 sur 7 », nommée directeur général adjoint de l’antenne de la chaîne privée,

indique qu’elle animera une émission dans laquelle elle s’interdira le « face à face » avec une personnalité politique

ANNE SINCLAIR

« Quelles seront vos nouvellesresponsabilités à TF1 ?

– Je suis nommée directeur géné-ral adjoint de l’antenne, chargée dela stratégie et du développementde l’information dans le groupeTF1, c’est-à-dire TF1, LCI, le bou-quet numérique TPS, etc. C’est ceque je souhaitais, je suis donc ra-vie.

– Vous allez superviser l’infor-mation sur toutes les chaînes dugroupe ?

– Superviser n’est pas le mot. Jene vais pas m’occuper de l’informa-tion au quotidien. C’est un do-maine qui marche bien grâce à Ro-bert Namias, sur TF1, et àJean-Claude Dassier, sur LCI. Jevais créer un poste qui n’existaitpas. Je suis chargée de définir lastratégie de l’information au ni-veau du groupe à court, moyen etlong terme. Nous allons réfléchir àce qui se dit à l’antenne, se deman-der ce qu’il nous manque, définir cequ’il nous faut. Après le zapping,puis l’ère du débat ou du forum, il ya autre chose à inventer. Je vaisplaider pour une émission où les

personnalités auront le temps d’ex-primer leur pensée, où un hommepolitique pourra développer sa vi-sion du monde.

– Et à long terme ? – Ted Turner lance CNN sur In-

ternet. Doit-on y aller nous aussi ?Et si oui, comment ? Définir unevraie stratégie industrielle de l’in-formation, une stratégie de déve-loppement à partir des moyensmodernes de communication : voi-là le genre de questions auxquellesje vais m’atteler.

– Pour quelles raisons avez-vous décidé d’arrêter « 7 sur7 » ?

– Cette décision difficile, je l’aiprise seule. Pour trois raisons.D’abord – et dans l’ordre –, parceque je fais cette émission depuistreize ans. Elle marche toujoursbien, mais je voulais m’arrêteravant d’être lassée, et avant que lepublic se lasse. Je m’étais fixé unterme : les législatives. Elles ont étéavancées, ma décision aussi.Deuxième raison : retrouver unautre mode de vie. Voilà treize ansque je ne sais plus ce qu’est un di-

manche. J’ai une vie personnelle,des enfants, et je voulais les retrou-ver. Enfin, je pense qu’il n’est pasdécent que l’épouse du ministre del’économie et des finances ait encharge la principale émission poli-tique de ce pays, dont la matièrepremière est la politique écono-mique. Je ne m’imaginais pas avoiren face de moi quelqu’un qui medirait à quel point cette politiqueest extraordinaire – auquel cas j’au-rais souri bêtement – ou quelqu’un

qui m’aurait dit qu’elle est détes-table – et je serais restée silen-cieuse. Moi, je n’ai pas changé, et jesais que je n’aurais pas changé. J’aitravaillé sous la gauche, sous ladroite, ça ne m’a pas gênée. Maisma situation est aujourd’hui unpeu différente, mon mari occupantun poste prépondérant au gouver-nement. Je suis capable de fairemon métier aujourd’hui comme il ya trois mois. Mais on m’aurait ob-servée, on aurait disséqué mes sou-rires, mes réflexions. Dans aucunpays au monde la femme du mi-nistre des finances ne se prêterait àce jeu. J’ai donc dit : « Une page esttournée. »

– Christine Ockrent, dans lemême cas, n’a pas la même posi-tion que vous.

– C’est son problème. Il est vraique Bernard Kouchner n’a pas unposte emblématique au gouverne-ment et que l’émission de Chris-tine, tardive, ne tient pas la ve-dette. Mais je crois qu’elle ne pensepas comme moi...

– Vous allez donc disparaîtrede l’antenne ?

– Non. J’aurai une émission.Etienne Mougeotte aurait étécontent que ce soit dès septembre,mais je tiens à prendre sérieuse-ment en main mes nouvelles fonc-tions. Je n’ai pas le temps d’y réflé-chir en ce moment. On verra ça à larentrée.

– Ne craignez-vous pas devous retrouver dans la même si-tuation que celle que vous venezde décrire ?

– Mais non. D’abord parce que

ce ne sera pas une émission exclu-sivement politique. Ensuite parceque je m’interdis le face-à-faceavec une personnalité politique. Cene sera pas le cas.

– Vous avez toujours refusé derecevoir Jean-Marie Le Pen à « 7sur 7 ». Avez-vous l’intention deproposer d’étendre votre boy-cott personnel à l’ensemble de lachaîne ?

– Ce serait étrange que, chan-geant de fonctions, je changed’idées. Mais il est plus faciled’avoir une position personnelle,solitaire, que de décider pour l’en-semble d’un groupe. C’est un pro-blème de fond, et on en parlera. Lesujet, vous le savez, ne m’est pasindifférent.

– Pourtant, vous avez acceptéd’interroger Bruno Mégret pen-dant la campagne électorale ?

– Les règles de la campagne sontimposées par le CSA. Ensuite, ça aduré dix minutes, et je n’allais pasme faire remplacer, comme je l’aifait pour Le Pen. Dix minutes etbeaucoup de répugnance... D’autrepart, ma position est de refuser lesinterviews en tête à tête avec lesresponsables du Front national. Là,il y avait Chevènement. C’étaitd’une autre nature.

– Que pensez-vous de ce quiarrive à Paul Amar, dont « LeMonde de Léa » n’a plus sa placedans la nouvelle grille de TF1 ?

– Je suis surprise et désolée. Jen’ai pas eu le temps d’en parlerbeaucoup avec les responsables dela chaîne. Je pense que son profil,ajouté à celui de Michel Field, fai-

sait double emploi. C’est sansdoute l’explication. Mais Paul n’apas démérité. Il a même fait unetrès bonne émission qui entrait jus-tement dans la quête de sens dontparle Mougeotte. Ce sont les aléasde la programmation télévisuelle.Une émission se crée, une autres’arrête... C’est toujours cruel.

– Comment réagit-on, à TF1,au projet de loi sur l’audiovisuelqui limiterait la participation del’actionnaire principal à 25 %,voire 10 % s’il s’agit d’une entre-prise vivant des marchés pu-blics ?

– Pour l’instant, le projet de loin’est pas prêt. Quand j’ai reçu Ca-therine Trautmann, elle a préciséque tous les groupes étaientconcernés, et pas seulement TF1.J’ai l’impression que tout cela vaêtre examiné avec réalisme et pru-dence. J’ai été sensible à ce qu’a ditCatherine Trautmann : il faut réfor-mer en prenant garde à ne pas dés-tabiliser l’ensemble.

– Ne craignez-vous pas quevotre employeur soit tenté, vuvotre situation, de vous utiliserpour défendre ses intérêts au-près du gouvernement ?

– Ils n’ont jamais agi ainsi avecmoi, et je ne vois pas pourquoi ilscommenceraient maintenant. Ilssavent que je n’ai aucune intentionde me prêter à ce genre de choseset que je reste très vigilante sur lerespect des frontières entre infor-mation et politique. »

Propos recueillis parJacques Buob

Les espoirs de négociations entre la directiondu « Midi libre » et le Livre CGT sont fragiles

MONTPELLIERde notre correspondant

Les ouvriers syndiqués à la Fil-pac-CGT du Midi libre, en grève de-puis le 23 juin (Le Monde du28 juin), ont reçu le soutien de leursecrétaire fédéral, Dominique Ce-ran, lors de l’assemblée généralequ’ils ont tenue lundi 30 juin. Il estvenu leur dire que, « si le conflit de-vait s’enliser du fait de l’attitude dela direction (...), nous ne laisserionspas les salariés du Midi libre toutseuls ». Il a aussi expliqué que, « siune tentative de coup de force,quelle qu’elle soit, de la part de la di-rection, devait intervenir, les travail-leurs de la presse en France n’accep-teraient pas cette attitude. Desnégociations, oui. Mais des tentativesd’imposer un droit divin patronalunilatéral, sûrement pas ! ».

Brandie comme une menace parDominique Ceran, l’extension duconflit ne semblait pas à l’ordre dujour de mardi 1er juillet, la CGT ap-pelant à l’ouverture de discussionssur ses propositions : un effectifd’ouvriers du livre titulaires de92 personnes (contre 87, auxquelss’ajoutent une trentaine de CDDactuellement), et une hausse de sa-laire de 800 francs avec la pro-messe d’augmentations étalées surtrois ans.

Preuve de cette apparente volon-té de ne pas envenimer un conflitdéjà assez tendu, le syndicat s’estcontenté de qualifier de « risible »et de « triste » la parution d’uneédition du Midi libre imprimée àl’initiative de la direction sur une

grande feuille recto-verso. Distri-bué gratuitement dans la nuit delundi à mardi dans des grandesvilles du Languedoc-Roussillon, cemini-journal avait pour objectif demaintenir un contact entre le quo-tidien, ses lecteurs et ses annon-ceurs. Un éditorial explique laconi-quement les raisons de cetteédition « peau de chagrin », suivid’informations sur l’actualité de larégion.

TIRAILLEMENTS À LA CGTAprès une période de « dé-

prime », l’ambiance à la rédactionest aujourd’hui à l’« ennui », « cha-cun souhaitant vivement une issuerapide au conflit », explique-t-on.Le climat est aussi morose dans lesservices commerciaux, où de nom-breux employés payés en fonctiondes résultats perdent 20 % de leursalaire, situation qui provoque destiraillements entre les différentescomposantes de la CGT du journal.Dans un courrier adressé à CharlesRobin, secrétaire Filpac-CGT duMidi libre, Daniel Boisson, déléguéUgict-CGT des services commer-ciaux du quotidien, écrit : « La non-sortie du journal le 24 juin et lesjours de grève détruisent six mois detravail acharné de tous les salariésde la Société nouvelle commerciale(SNC), certains étant sur le projet de-puis deux ans. Tu comprendrasqu’un immense gouffre nous sé-pare. »

Les pertes nettes du quotidiensont évaluées entre 1 million et1,5 million de francs par jour. Au-

quel il faut ajouter le budget publi-citaire de la nouvelle formule, soit12 millions de francs. L’après-mididu mardi 1er juillet devait être dé-terminante pour la suite du conflit.Pour la première fois, le PDG duMidi libre, Claude Bujon, devait seretrouver face aux grévistes lorsd’un comité central extraordinaire.Selon son entourage, M. Bujon, quia vécu comme un affront person-nel la non-parution de la nouvelleformule, avait l’intention d’imposerses conditions : remise en cause duplan FNE accepté jusqu’ici, conser-vation d’une soixantaine de rotati-vistes seulement, et aucune aug-mentation de salaire.

Les proches du PDG du Midilibre s’attendaient à une réactionhostile des ouvriers du livre CGT.Mais on espérait aussi, sans trop ycroire, que cette confrontation soitau moins l’embryon de futures né-gociations.

Jacques Monin

a PRESSE : des plans sociauxsont en cours dans les trois quo-tidiens de l’Ouest du groupe Her-sant, qui visent à supprimer25 emplois au Maine libre (LeMans), 15 au Courrier de l’Ouest(Angers) et 34 à Presse-Océan(Nantes). La Socpresse veut fu-sionner ses trois journaux pourréaliser des économies. Les38 journalistes du Maine libre ontprotesté contre ce plan social enempêchant sa parution, vendredi27 juin. – (Corresp.)

Le magazine de Paul Amar s’arrêtera à la rentréeLANCÉ en septembre 1996, le magazine « Le

Monde de Léa » de Paul Amar sur TF 1, va dispa-raître de la grille de rentrée de TF 1. Cette dépro-grammation, apparemment décidée par la direc-tion de la Une il y a une huitaine de jours, surprendd’autant plus que l’audience de cette émission estélevée (32 % de moyenne depuis son démarrage)avec des pics à 48 %.

Le choix du magazine de Paul Amar était lié à lavolonté de TF1 de retirer de ses programmes lesémissions les plus racoleuses, comme « Osons » dePatrick Sébastien, « Perdu de vue » et « Témoinnuméro un » de Jacques Pradel ou encore « Pour lavie » avec Fabrice, et de sa volonté de donner da-vantage de « sens » à la grille en bannissant « la té-lévision poubelle », comme l’avait promis EtienneMougeotte, vice-président de TF 1, voici plus d’unan (Le Monde du 18 juin). Selon ce schéma, l’anima-teur Lagaff pourrait renoncer à présenter sonémission « L’Or à l’appel » à la rentrée, tandis quele magazine « Tout est possible » de Jean-MarcMorandini pourrait lui aussi passer à la trappe.

La suppression de l’émission de Paul Amarétonne. Un seul incident a émaillé la courte vie dece magazine : une déprogrammation de l’émissionqui devait être consacrée à Vitrolles, entre les deux

tours des récentes élections législatives. La direc-tion de TF1 avait annoncé au dernier moment lasuspension du « Monde de Léa » qui devait ac-cueillir des invités du Front national et de toutestendances politiques. Le magazine avait aussi étémis en cause pour avoir donné la parole à MauricePapon.

Confirmant l’arrêt de l’émission, la direction dela chaîne a toutefois indiqué, mardi 1er juillet, queles « discussions avec Paul Amar n’étaient pas termi-nées ».

Illustration tangible de la nouvelle image que lachaîne souhaite se donner : le choix de MichelField. Il a été désigné pour remplacer Anne Sinclairet créer une nouvelle émission politique le di-manche soir, à la place de « 7 sur 7 ». L’ancien ani-mateur du « Cercle de minuit » sur France 2 puisde « L’Hebdo » sur Canal Plus est considérécomme un intervieweur particulièrement corrosif.

Autre changement récemment intervenu dans legiron de TF1 : Ruth Elkrief, présentatrice jusqu’àprésent de la tranche d’information de 18 heures à20 heures sur LCI (filiale de TF1), animera le talk-show quotidien. Elle succède à Guillaume Durand,qui reprend l’émission de Philippe Gildas, « Nullepart ailleurs », sur Canal Plus.

Page 30: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0030-0 WAS LMQ0207-30 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 09:32 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 28Fap:99 No:0490 Lcp: 196 CMYK

30 / LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 R A D I O - T É L É V I S I O N

MARDI 1er JUILLET

RadioFrance-Culture20.30 Archipel Médecine.

Plaidoyer pour une médecinesobre.

21.32 Grand Angle (rediff.). Filmerl’Afrique.22.40 Nuits magnétiques.

Entrée de secours.

0.05 Du jour au lendemain. IsabelleJarry (La Pluie des mangues). 0.48 LesCinglés du music hall. 1.00 LesNuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique20.45 Concert.

UER. 14e Festival Chopin.Donné le 1er juillet, àl’Orangerie de Bagatelle, àParis. Œuvres de Chopin :Scherzo no 1 ; Ballade no 1 ;Trois petites fantaisies op. 41,de Alkan ; Œuvres deMendelsohn : Scherzo acapriccio ; Fantaisies pourpiano op. 16 ; Papillons op. 2,de R. Schumann, HüseyinSermet, piano.

22.30 Musique pluriel.Phantoms pour quatuor àcordes, de Schmidt, par lequatuor Henschel ; Herœssymphony, d’après Herœs deDavid Bowie ComposersOrchestra, dir. Dennis RusselDavis.

23.07 Atout Chœur.0.00 Des notes sur la guitare. 1.00Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Hans von Bülow.

22.30 Les Soirées... (suite). Œuvresde Mozart, Tchaïkovski, R. Strauss.0.00 Les Nuits de Radio-Classique.

TF 1

22.25

LA SITUATION ESTGRAVE... MAIS PASDÉSESPÉRÉEFilm de Jacques Besnard,avec Jean Lefebvre(1975, 110 min). 17463520.15 Hongkong :

le retour du dragon.La Chine réunifiée(55 min). 2210314

1.10 et 1.50, 2.30, 3.40, 4.50TF 1 nuit.

1.25 Reportages. Magazine (rediff.).2.00 Cas de divorce. Série (rediff.).2.40 L’Histoire du soldat. Concert.3.50 Le Vignoble des maudits. Série.[1/3]. 5.00 Musique. Concert. 5.35 His-toires naturelles (rediff., 30 min).

20.45

FUCKING FERNANDFilm 4 de Gérard Mordillat, avecThierry Lhermitte, Jean Yanne (1987, 95 min). 696159Les aventures cocasses, sousl’Occupation, d’un aveugleobsédé sexuel et d’un assassin.22.20 Les Films dans les salles.

France 220.50

CIRCULEZ, Y A RIENÀ VOIR a aFilm de Patrice Leconte,avec Jane Birkin, Michel Blanc(1982, 95 min). 783710Séduit par la directrice d’unegalerie de peinture, uninspecteur est mêlé malgré lui àun trafic de tableaux..

22.30

LES CAVALIERSDE L’ORAGE a aFilm de Gérard Vergez,avec Gérard Klein (1983, 105 min). 96028880.15 Journal, Météo.0.30 Les Routiers.

Série. Quiproquos.

1.30 Papy Pole. Documentaire. 2.20Radar mental. Court métrage. 2.35Les Métiers dangereux et specta-culaires. Documentaire. [1/2] Chas-seurs de cyclones. 3.30 24 heures d’in-fo . Magaz ine . 3 .40 Jeux sansfrontières (rediff., 115 min).

France 320.50

LA CARTEAUX TRÉSORSDivertissement présentépar Sylvain Augier. Martinique Sud (115 min). 136888L’hélicoptère du jeu survole lesud de l’"île aux fleurs".22.45 Journal, Météo.

23.20

LES NOUVEAUXAVENTURIERSDocumentaire de Jorge Amat.Le trésor de Yamashita(55 min). 2656159

0.15 Passion d’une vie.Documentaire de Tom Bower.Maxwell le naufraged’un nabab (60 min).

78035791.15Les Brûlures de l’Histoire. Docu-mentaire. La vie en bleu : du Front po-pulaire à nos jours... un demi-siècle delutte ouvrière. Avec la participation del’historien Yves Santamaria. 2.15 LaGrande Aventure de James Onedin.Feuilleton. La fille du révérend(55 min).

Arte20.45

LA VIE EN FACE : LA LÉGENDEDE SUPER-MARIOMythes sur mégabytes.Documentaire (1997, 55 min). 7304994En quelques années, Mario, le plombiernew-yorkais imaginé par le créateur japonais dejeux vidéo Shigeru Mayamoto, est devenu unsuper-héros planétaire. Un succès qui s’enrichit dela sortie d’un jeu en trois dimensions.

21.40

E SOIRÉE THÉMATIQUE : SOAPLa vie est un mélodrame.21.45 Soap ! (1994, v.o., 20 min). 45882622.05 Le Tour du monde du soap.

[1/5] Aux Etats-Unis (25 min) ; 22.35, [2/5] AuMexique (20 min) ; 23.10, [3/5] Au Kazakhstan(25 min) ; 0.05, [4/5] En Allemagne (10 min) ;0.15, [5/5] Au Nigéria (25 min).

22.30 Alerte à Malibu,version French & Saunders.Court métrage (1995, v.o., 5 min). 46284

22.55 et 23.35, 0.40 Ma vie est un soap-opéra.Documentaires. Melodie ; Carola ; Ewa.

23.45 Angelika rêve de bonheur.Court métrage (20 min). 9767555

1.00 Pas de larmes pour Joy (Poor Cow) a a Film de KenLoach, avec Carol White (1967, v.o., rediff., 110 min).9680173

M 620.45

LOÏS ET CLARKLES NOUVELLES AVENTURESDE SUPERMANSérie, avec Teri Hatcher(115 min). 333178Graine de Superman.Plus rapide que l’éclair.

22.40

DIX ANS D’ABSENCETéléfilm de Frank Arnold,avec Joanna Kerns(95 min). 7731555Après dix ans d’absence, unefemme cherche à récupérer sesdeux enfants élevés par leurbelle-mère, veuve depuis peu.Après une orageuse explication,les deux femmes tentent derégler à l’amiable cette difficilesituation...

0.15 Zone interdite (rediff.).

2.15 Culture pub. Magazine (rediff.).2.45 Jazz 6. Magazine. 3.55 Les Pié-geurs (rediff.). 4.20 Mister biz. Maga-zine (rediff.). 4.45 Coulisses. Docu-mentaire. FFF. 5.10 Fan de - Best of.Magazine (rediff., 25 min).

Canal +20.35

LASTSEDUCTION a aFilm de John Dahl,avec Linda Fiorentino, Peter Berg(1993, 105 min). 81506222.20 Flash d’information.22.25 La Vie comme elle est....

Court métrage.

22.40

LEPRECHAUN 2Film de Roman Flender,avec Warwick Davis, Charlie Heath(1994, 84 min). 7072994Film prétendument d’horreur etd’une bêtise stupéfiante.0.05 Prisonnières

des Martiens a aFilm d’Inoshiro Honda (1957, 85 min). 2219024

1.30 Trois cavalierspour Fort Yuma aFilm de G. Jackson Paget(1966, 92 min). 5197111

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30 Moneyline. 2.15 American Edi-tion.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.15, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 Ecologia. 0.45 Artis-simo. 1.45 Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 Guil-laume Durand. 20.13 et 20.45 Le18-21. 20.30 et 22.30 Le Grand Jour-nal. 21.10 et 22.12 Le Journal duMonde. 21.17 et 22.19, 22.44 Journalde l’Economie. 21.26 Cinéma. 21.42Talk culturel. 0.15 Le Débat.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants.

TV 520.00 Envoyé spécial.

Spéciale 300e émission(France 2 du 26/6/97).

22.00 Journal (France 2).22.35 Envoyé spécial (suite).23.30 Viva. Magazine.

0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.10 Des hommes dans

la tourmente. [8/32].Pershing versus Ludendorff.

20.35 Les Ailes de légende.The Huey : Angel of Mercy.

21.25 Jospin s’éclaire.22.20 Les Caprices

de la sardine.

Animaux20.00 Chevaux et chevaliers.20.30 Les Yeux

de la découverte.Amphibiens.

21.00 Le Monde sauvage.Les chiens sauvages.

21.30 et 0.30 Le Magazinede Jack Hannah.

22.00 En liberté.Shak, le renard.

23.00 Fauna.23.30 Faune ibérique.

La belle tueuse.

Paris Première20.00 et 23.20

20 h Paris Première.Best of.

21.00 John Cassavetes.De Rudolf Mestdagh.

21.50 Les Documents du J.T.S.Magazine.

22.20 La Grâce.Téléfilm de Pierre Tchernia,avec Michel Serrault, RosyVarte (60 min). 2949325

0.15 Eddy Mitchell. Concert enregistré au Casinode Paris en 1990 (90 min).

4804395

FranceSupervision19.15 Récital John Williams.

Concert enregistré à l’AlcazarRoyal Palace (75 min).

7353815920.45 CinéActu. Magazine.21.00 Thierry Robin.

Concert (55 min). 6947077222.10 En route

pour la gloire aFilm de Hal Ashby(1976, 150 min). 65238536

Ciné Cinéfil20.30 Dernière heure,

édition spéciale aFilm de Maurice de Canonge(1949, N., 95 min). 2353361

22.05 Le Pavillon d’or(Enjo) a aFilm de Kon Ichikawa(1958, N., v.o., 100 min).

59407979

Ciné Cinémas20.30 Cher papa a

Film de Dino Risi(1979, 105 min). 2458915

22.15 Les Indians aFilm de David Ward(1989, v.o., 110 min). 4446888

0.05 Posse, la revanchede Jessie Lee aFilm de Mario Van Peebles(1992, 110 min). 78854937

Festival20.30 Cœur à prendre.

Téléfilm de Christian Faure,avec Christine Boisson(100 min). 66203807

22.10 Le Bœuf clandestin.Téléfilm de Lazare Iglésis, avecDaniel Ceccaldi, AgnèsBlanchot (90 min). 28775178

23.40 La Baby-sitter.Un chien dans un jeu de filles(20 min).

Voyage20.30 Suivez le guide.22.30 Carnet de route.23.00 Chez Marcel. Magazine.

Série Club19.50 Les Années coup

de cœur. L’engagement.

20.15 Les Arpents verts.Furniture, Furniture, Who’sGot the Furniture.

20.40 Le Club. Magazine.

20.45 L’Age de cristal.Le bien et le mal.

21.35 Toutes griffes dehors.Dans le vent.

22.30 Alfred Hitchcockprésente.Mort sur ordonnance.

23.00 E Mandrin. Feuilleton[1/6].

0.00 Lou Grant.Hollywood (50 min).

Canal Jimmy20.00 Spin City.

La chanson.

20.30 Friends (3e saison).The One With the Ski Trip.The one with the hypnosistape (v.o.).

21.15 Automobiles :VW Beetle.

22.05 Portrait. Magazine.

22.10 Des agentstrès spéciaux.L’affaire des récupérateurs.

23.00 Star Trek : la NouvelleGénération. L’éclat d’un murmure (v.o.).

23.45 Vélo. Magazine.

0.15 L’Homme invisible.Photo finish (30 min).

Disney Channel20.10 Croc-Blanc 2

Film de Ken Olin(1994, 115 min). 1605081

22.05 Honey West.22.30 Richard Diamond.22.55 Juste pour rire.23.55 Sylvie et compagnie.

La fiancée du marin.

Téva20.30 et 22.30 Téva interview.20.55 Le Grand Déballage.

Téléfilm de Michael Schultz,avec Lynn Redgrave (95 min).

50878344923.00 Clair de lune.23.30 Femmes d’Alger.

De Kamal Dehane.

Eurosport15.00 et 23.00 Tennis.

En direct. Internationauxde Grande-Bretagne :Quarts de finale dames(120 min). 335555

18.00 Basket-ball. En direct.Championnat d’Europe :2e tour (90 min). 991975

20.30 et 0.00 Basket-ball.En direct. Championnatd’Europe : 2e tour(90 min). 153913

22.00 Football.Championnat du mondedes moins de 20 ans (60 min).

Muzzik20.00 et 1.15 L’Invité.

Gavin Bryars.21.00 Symphonie no 6

de Bruckner. Concertenregistré à la Philharmoniede Munich en 1992(75 min). 506525913

22.15 Guitarras :Pepe Habichuela. Concert(25 min). 500694371

22.40 Musique en temps réel.23.15 Sonates pour violon

et piano, de Brahms.Concert (55 min). 502659246

ABONNEMENT VACANCES

Abonnés, en vacanceschangez de vie,pas de quotidienFaites suivre *votre abonnementsur votre lieu de vacances* ou suspendre

TRANSFERT SUR LE LIEU DE VACANCESJe demande que mon abonnement soit transféré pendant mes vacances

du : inclus au inclus (en France métropolitaine uniquement).

E Mon adresse habituelle :Nom : Prénom :Code postal : (impératif)Mon numéro d’abonné* : (impératif)* Ce numéro se trouve à la « une » du journal en haut à gauche

E Mon adresse en vacances :Nom : Prénom :Adresse :

Code postal : Localité :

SUSPENSION VACANCES

Je demande la suspension de mon abonnement pendant mes vacances*du : inclus au inclus.* Votre abonnement sera prolongé d’autant

Si vous êtes abonné par prélèvements automatiques votre compte sera prélevé au prorata des numéros servis dans le mois.

E Mon adresse habituelle :Nom : Prénom :Code postal : (impératif)Mon numéro d’abonné : (impératif)

Bulletin à renvoyer au moins 12 jours avant votre départ à :LE MONDE, service abonnements

24, avenue du Général-Leclerc – 60646 Chantilly Cedex – Tél. : 01-42-17-32-90

9 7 9 7

9 7 9 7

Ciné-miroirCanal Plus, dans le cadre de « L’été des docs », et France 2, dans celui du « Siècle des hommes »,

analysent le cinéma comme reflet des évolutions de la sociétéÀ LA SUITE des multiples docu-

mentaires qui ont célébré, sur lemode très simple d’une chronologiecommentée, le centenaire de l’in-vention des frères Lumière, la télé-vision commence à proposer desanalyses spécifiques sur l’histoire ducinéma. L’approche de ces nou-veaux projets est délibérémentgrand public, n’épargnant pas cer-tains lieux communs, mais elle a lemérite de s’incarner davantage àtravers les paroles des protago-nistes ou par le témoignage deceux, acteurs ou spectateurs, quiont participé à l’aventure du sep-tième art.

Ainsi de la série documentaireproposée par Canal Plus dans lecadre de « L’été des docs », six vo-lets de cinquante-deux minutes réa-lisés par Franck Martin et produitepar la société américaine ShowTime Production. C’est Annie Du-perey qui a prêté sa voix à la versionfrançaise de la saga un peu pimen-tée de « Sexe, censure et cinéma »,programmée, à une heure où lesenfants sont bercés par Morphée,chaque mercredi jusqu’au 6 août.

D’un abord chronologique − desmadones du muet à la Madonnades années 80 −, la série traverse unsiècle d’ordre moral progressive-ment grignoté par le désir d’éman-cipation et balisé par deux coups deforce de la censure : le code debonne conduite de William Hayes(1930), et son remplacement, en1966, dans le sillage du très sulfu-reux Lolita de Stanley Kubrick, parla classification en quatre catégo-ries. Macadam Cowboy (John Schle-singer, 1969) sera le premier film à

faire les frais du fameux « X » (pouradultes avertis) de ce nouveau code,ce qui ne l’empêchera pas de re-cueillir trois Oscars.

La série est surtout prétexte àvoir ou revoir des extraits très gla-mour de l’épopée cinématogra-phique, essentiellement hollywoo-dienne, et cette galaxie de starssubjuguantes ou vénéneuses − Ru-dolph Valentino, Mae West, LanaTurner, Rita Hayworth, VeronikaLake, Marlon Brando, ElizabethTaylor... − qui ont malmené lescodes de bonnes manières. Mo-ments chauds d’un Hollywood ré-gulièrement baptisé « capitale duvice et de la débauche », qui pa-

raissent aujourd’hui bien innocents,mais qu’il est évidemment intéres-sant de voir replacés dans le contex-te de sociétés guindées dans leurstabous, leurs contradictions ouleurs hypocrisies.

Grande affaire que celle du sexe,ou de sa suggestion, à l’image. Ma-chine à phantasmes, saveurs de l’in-terdit, qu’ont religieusement ali-mentés et cultivés les censeurs desligues de vertu et autres chaperonsde la bienséance, au fin fond d’eux-mêmes plus interlopes et plusvoyeurs que les voyous des sallesobscures en quête de troubles ou defrivolités. A reprendre le fil de lacensure du Baiser de May Ir-

win (1894) à L’Empire des sens d’Os-hima (1976), on comprend vite quela véritable subversion n’est pas dece côté-là ; et que de crier haro surle sexe permettait aussi de mono-poliser l’attention générale (affole-ment des médias, pétitions, re-cours...) et d’occulter les véritableschamps de mines, politiques ou phi-losophiques que d’autres films se-maient.

Alors que la série de Canal Plusressuscite les critiques et les joutesverbales des différentes époques,France 2 a fait appel à témoins pourévoquer l’influence du cinéma sur lavie des individus. Fourmillant de ra-retés, L’Art du siècle inaugure la re-prise, cet été, de la diffusion du« Siècle des hommes », une collec-tion de vingt-six films, conçue etcommentée par René Rémond etAnthony Rowley et coproduite parla chaîne publique avec la BBC, Pa-thé Télévision et la WgbH de Whas-hington. Un projectionniste, unemusicienne accompagnatrice aupiano des classiques muets, un ex-ploitant de salle, ou encore desimples particuliers restituent lesémotions, les rêves et les compen-sations que le septième art appor-tait dans leurs vies souvent diffi-ciles. De très savoureux moments.

Valérie Cadet

. « L’été des docs » : « Sexe, cen-sure et cinéma », Canal Plus, sixvolets diffusés chaque mercredivers 22 h 35, du 2 juillet au 6 août ;« Le siècle des hommes » : L’Art dusiècle, France 2, dimanche 6 juilletà 22 h 40.

Fors l’honneur par Alain Rollat

N’EN PARLONS PLUS. Passonssur notre incapacité congénitale àtenir debout sur les planches sa-vonnées. Oublions notre impuis-sance maladive à nager la brassedans les pétrins de pâte à pain.Cessons de soupirer comme unRoméo devant notre inaptitudedécadente à l’inventivité dès qu’ilfaut grimper sans échelle au bal-con de Juliette. Sic transit gloriamundi...

Si les pingouins français étaientplus adroits quand il s’agit de fairedu patin à roulettes sur la ban-quise, la France n’aurait pas finiavant-dernière dans la sixièmemanche.

Si les pompiers français étaientmoins balourds quand il s’agit defaire du trampoline par-dessus lesmaisons en flammes, la Francen’aurait pas fini antépénultièmedans la septième.

S’il existait encore des charre-tiers français dignes de ce nomquand il s’agit de faire traverserune piscine sans gué à une banalechaise à porteurs, la France n’au-rait pas connu l’humiliation abso-lue dans la huitième.

Si les poupées siamoises à lafrançaise ne s’étaient pas embour-geoisées au point d’être infichuesde faire correctement les crucheslorsqu’il s’agit de remplir des bas-sines d’eau d’une seule main engardant les yeux fermés, la Francen’aurait pas sombré dans la neu-vième.

Enfin, si le moussaillon françaisn’était pas devenu une espèce ma-rine en voie d’extinction, infoutuede faire la distinction entre uneancre et un grappin lorsqu’il s’agitde prendre un galion à l’abordagepour libérer une demoiselle en-

chaînée au mât de misaine, laFrance n’aurait pas connu la hontesuprême dans la dixième et ultimeépreuve. Il a mieux valu que Cap-tain Cousteau n’assiste pas à un teldésastre.

C’est ainsi. Et nous n’y pouvonsrien. C’était lundi soir, surFrance 2, après une longue éclipse,la résurrection des « Jeux sansfrontières », et notre chère Francea vécu l’enfer au terme de ces nou-velles olympiades organisées à Bu-dapest : avec seulement 31 points,nous nous sommes classés hui-tièmes. C’est-à-dire derniers. Loinderrière la Slovénie, victorieuseavec 80 points, la Suisse, la Hon-grie, la Grèce, le Portugal, la Hol-lande et l’Italie. Les pingouins desautres étaient plus frais que lesnôtres. Rideau.

Buvons donc notre calice jus-qu’à la lie. Sans chercher de mau-vaises excuses. Sans accabler lasympathique équipe de Poitiersqui portait nos couleurs. Elle a faitce qu’elle a pu. Hélas ! elle ne pos-sédait dans ses rangs aucunCharles Martel, pas le moindreGuy Lux.

Mais relevons la tête. Il y a plusmalheureux que nous. Ce mêmelundi soir, d’ailleurs, dans la pre-mière version asiatique des « Jeuxsans frontières » made in Hong-kong, on a vu la fière équipe d’Al-bion quitter le terrain sans espoirde revanche devant une délégationvenue de Pékin soldats en tête. Laplupart des supporters de la Cou-ronne britannique noyaient leurchagrin dans la bière. Certains, enrevanche, pleuraient à chaudeslarmes. Nous n’avons perduqu’une bataille ; ils ont peut-être,en prime, perdu leur liberté.

Page 31: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0031-0 WAS LMQ0207-31 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 28Fap:99 No:0491 Lcp: 196 CMYK

K I O S Q U E LE MONDE / MERCREDI 2 JUILLET 1997 / 31

MERCREDI 2 JUILLET

TF 117.25 Extrême limite. Série.

Père ou impair.18.00 Les Années fac. Série.

Un retour de week-end....18.25 Ali Baba.19.00 Mokshû Patamû. 19.50 et 20.40 Météo.20.00 Journal,

L’image du jour.

20.45

INTERVILLES 97Divertissement présentépar Jean-Pierre Foucault, ThierryRoland, Nathalie Simon et OlivierChiabodo.Le Puy-du-Fou - le pays d’Ancenis(155 min). 26808395Les vachettes sont de retour surTF 1.

23.20

HOLIDAY ON ICEAmerica, AmericaAux programmes : Sur un air deBroadway, En scène Mr Ziegfeld, Jeveux être une star, L’envers du décor,Hula hoop, Sauvons la planète, Autemps du cinéma muet, Aventurepolynésienne, Le songe du gitan,C’est magique, Les compositeurs deBroadway, Dolly hits Broadway...(125 min). 38991821Broadway dans une ambianceAnnées Folles.1.25 et 2.10, 3.15, 4.20

TF 1 nuit.1.40 Cas de divorce. Série. Caroncontre Caron. 2.20 et 4.30, 5.10 His-toires naturelles. Documentaire. 3.25Le Vignoble des maudits. Série. [2/3].5.00 Musique. Concert (10 min).

France 215.35 Le Renard. Série.16.40 Matt Houston. Série. 17.30 Les Années collège.

[1/2] Un nouveau départ.18.05 Code Lisa. Série.18.40 Passe à ton voisin. Jeu.19.20 Qui est qui ? Jeu.19.55 et 20.45 Tirage du Loto.20.00 Journal, Météo.

20.50

NINITéléfilm de Myriam Touzé, avec LauraSaglio(110 min). 615918De retour de Paris après y avoirsubi une opération aux yeux, unejeune fille fait croire, suite à unquipropro, qu’elle est fiancée àune vedette de la chanson.

22.40

VUE SUR LA MERMagazine présenté par MaïtenaBiraben. Invités : Elie Kakou, MaryJane, Ricky Martin, Gérard de Palmas,Chico et les Gypsies (95 min). 1681289Produit par Thierry Ardisson, untalk-show estival présenté parMaïtena Biraben qui animaitÇa colle et c’est piquant sur la Télévision suisse romande.0.15 Journal, Météo.0.30 Les Routiers. Série.

2.35 Un avion sous la mer. Documen-taire. 3.00 Les Métiers dangereux etspectaculaires. Documentaire. [2/2]Chasseur de cyclones. 3.50 24 heuresd’info. Magazine. 4.35 Opéra sau-vage : Zimbawe. Documentaire(60 min).

France 318.20 Questions pour

un champion. Jeu.18.50 Météo des plages.18.55 Le 19-20

de l’information.19.10 Journal régional.

20.00 Météo.20.05 Fa si la chanter. Jeu.20.35 Tout le sport. 20.45 Consomag.

20.50

LA MARCHEDU SIÈCLEPrésentée par J.-M. Cavada.L’appel du grand large. Invités : Olivier de Kersauson,Catherine Chabaud, Yann Queffélec,Louis Le Pensec, MichelVergé-Franceschi, Michel Josié(115 min). 603173

22.45

AU-DELÀDE L’ÉCRANDivertissement présentépar Denis Vincenti Invitée : Carole Laure.La télé du spectacle(45 min). 798402423.30 Journal, Météo.0.00 Un siècle d’écrivains.

Federico Garcia Lorca (50 min). 49965

0.50 Autour du cinéma.Musiques de films : GeorgesDelerue (60 min). 9403154

1.50 Les Brûlures de l’Histoire. Docu-mentaire. Le podium est une tribune -Sport et politique 1896-1996. 2.55 LaGrande Aventure de James Onedin.Un navire explosif (55 min).

La Cinquième18.25 Le Monde des animaux. Terres insolites : leBhoutan.

Arte19.00 Collection Hollywood 1950. Série.

La critique (1955), de Harry Horner.19.30 7 1/2. 20.00 Naissance du XXe siècle. [5/12] Temps

anciens et temps modernes (25 min). 6984020.25 Documenta. Reportage.20.30 8 1/2 Journal.

20.45

LES MERCREDISDE L’HISTOIRE :HITLER, UN INVENTAIRE Documentaire de Guido Knopp et Ivan Fila[1/6] : Le maître chanteur (1995, 55 min). 7371666Un point de vue germanique sur lenational-socialisme et ses responsabilités dans ledéclenchement du second conflit mondial.

21.40

E MUSICA : SCARPIADocumentaire de Jean-François Jung(1995, 45 min). 92490122.25 Le Songe de Kepler.

Opéra de Giorgio Battistelli, mise en scène deClaus Guth, dir. Daniel Harding (1994, 45 min).

148628923.10 E Citizen Ken Loach. Documentaire

de Karim Dridi (1996, 60 min). 79356660.10 La Lucarne : Amsterdam Global Village.

Documentaire [3/3] (85 min). 6885116Ce film a reçu le Prix des cinémas derecherche 1997 lors du dernier festival Vuesur les docs (Palmarès page 5).

1.35 Sur la terre comme au ciel.Documentaire (rediff., 65 min). 2499390

M 618.00 Highlander. Série.

Plus sombre que la nuit.18.50 Open Miles.18.55 Relativity. Série.

Premières impressions.19.54 Six minutes

d’information.20.00 Notre belle famille.

Série. Jolies filles.20.30 La Météo des plages.20.35 Ecolo 6. Magazine.

Haro sur les cormorans.

20.45

UN MONDEMEILLEURTéléfilm de Laurent Dussaux,avec Roger Mirmont(105 min). 813937Un père troublé par lechangement de comportementde sa fille mène son enquête etdécouvre qu’elle est tombéesous l’influence d’une secte.

22.30

LES OTAGES DE L’ENFERTéléfilm 5 de David Wheatley, avecColin Firth,Harry Dean Stanton(115 min). 2077579

0.25 Secrets de femmes. Série4 . Elle ; Jude.

0.55 Sexy Zap. Magazine 6(30 min). 9289222

1.25 Best of pop rock. 2.25 Mister Biz.Magazine (rediff.). 2.55 Fan de - Bestof. Magazine (rediff.). 3.20 Coulisses :Patricia Kaas. Documentaire (rediff.).3.45 Fréquenstar. Magazine. LaurentVoulzy (rediff.). 4.45 Les Piégeurs. 5.10Turbo. Magazine (rediff., 35 min).

Canal +18.15 Barbe Rouge.E En clair jusqu’à 21.0018.40 Les Simpson.19.05 Les Héros

de Cap Canaveral Série.19.45 Flash d’information.19.58 Le Zapping.20.00 10 ans de Gildas.20.35 Le Journal des sorties.

21.00

LES GRANDS DUCS Film de Patrice Leconte, avecJean-Pierre Marielle, Philippe Noiret(1996, 80 min). 659331422.20 Flash d’information.22.25 La Vie

comme elle est....Court métrage.

22.35

SEXE, CENSUREET CINÉMADocumentaire de Franck Martin. [1/6]Cinéma muet mais déjà voyeur(55 min). 3152192Après la guerre de 14,Hollywood devenue la capitalemondiale du cinéma estaccusée d’être la capitale duvice et de la débauche. b Lire page 30.23.30 Conte d’été a a

Film d’Eric Rohmer (1995, 109 min). 6406598

1.20 Les Médiateursdu Pacifique aFilm de Charles Belmont(1996, 80 min). 2243067

RadioFrance-Culture20.30 Paroles sans frontière.22.40 Nuits magnétiques.

A ciel ouvert.

0.05 Du jour au lendemain. FrançoisFlahault et Jean-Marie Schaeffer (Larevue Communications). 0.48 Les Cin-glés du music-hall. 1.00 Les Nuitsde France-Culture (rediff.).

France-Musique19.30 Opéra.

Enregistré le 20 avril, à l’Opéranational de Paris-Bastille, parle Chœur et l’Orchestre del’Opéra national de Paris, dir.Carlo Rizzi : SimonBoccanegra (mélodrame enun prologue et trois actes), deVerdi, Alexandru Agache(Simon Boccanegra), MiriamGauci (Maria Boccanegra),Carlo Colombara (JacopoFiesco), Sergei Larin (GabrieleAdorno), Vassili Gerello (PaoloAlbiani).

22.30 Musique pluriel.Rechant pour bandemagnétique, de Vaggione ;Yedel For Thirty pour trente,de Baan.

23.07 Musicales comédies.Les chansons de RichardRodgers, interprétées parDawn Upshaw, Frederica vonStade, Fred Hersch et leCincinnati Pops Orchestra.

0.00 Jazz vivant. 1.00 Les Nuits deFrance-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

La Rondine, de Puccini, par leLondon Voices et l’Orchestresymphonique de Londres, dir.Pappano, Gheorghiu (Magda),Alagna (Ruggero).

22.25 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

TV 520.00 Faut pas rêver.

Magazine(France 3 du 27/6/97).

21.00 Strip-tease. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.35 Comment ça va ?

(France 2 du 27/6/97).23.30 Bons baisers

d’Amérique. Magazine.0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.15 Les Trallalleri.20.35 Postier de nuit.21.55 Des hommes dans

la tourmente. [8/32].Pershing versus Ludendorff.

22.15 Les Ailes de légende.The Huey : Angel of Mercy.

23.05 Jospin s’éclaire.0.00 Les Caprices

de la sardine.0.55 Hong-Kong Story

(55 min).

Animaux20.00 Les Animaux

d’Australie.21.00 Le Monde sauvage.

Les animaux de la toundra : leretour.

21.30 Flipper le dauphin.Flipper et la sirène.

22.00 Ice Bird. Les manchots.23.00 Wild South.

La face cachée de l’Eden.0.00 Animaux disparus

au XXe siècle (30 min).

Paris Première20.00 et 23.20

20 h Paris Première.21.00 The Love Symbol

and the New PowerGeneration.Love 4 Another.

22.15 Madredeus.Concert (65 min). 2309598

FranceSupervision20.30 Ecoute, voir.21.00 Off, le magazine

des festivals.22.00 Concertos pour violons,

de Jean-Sébastien Bach.Concert (35 min). 59762208

22.35 Purcell.Concert (40 min). 47267444

23.15 Nancy Jazz Pulsations.Concert. "Steve Coleman"(45 min). 46752937

Ciné Cinéfil20.30 Christopher

Strong a aFilm de Dorothy Arzner (1933, N., v.o., 80 min).

1300657921.50 Les Filles du Rhône a

Film de Jean-Paul Paulin(1937, N., 100 min). 51543024

23.30 Phantom Ship (The Mystery ofthe Mary Celeste) aFilm de Denison Clift(1935, N., v.o., 65 min).

15621937

Ciné Cinémas20.30 Les Coulisses

de l’exploit aFilm de John Sayles(1988, 115 min). 5265901

22.25 Confessionsd’un barjo aFilm de Jérôme Boivin(1992, 85 min). 35491937

23.50 Christian Slater (25 min).

Festival20.30 Maigret :

Le Chien jaune.Téléfilm de Pierre Bureau.(90 min). 91037840

22.00 L’ingénieur aimaittrop les chiffres.Téléfilm de Michel Favart.(90 min). 39644024

23.30 Hôtel de police. Téléfilm de Claude Barrois.[6/8] (55 min). 27761598

Série Club20.45 Caraïbes offshore.

La journée d’un héros.21.30 Toutes griffes dehors.

Feuilleton. Champs-Elysées.

22.30 Alfred Hitchcockprésente. Improvisation.

23.00 L’Age de cristal.Le bien et le mal.

23.45 Lou Grant. L’enfant star.

0.40 Panique aux Caraïbes.Une de perdue.

1.30 Toutes griffes dehors.Feuilleton. (60 min).

Canal Jimmy20.25 Star Trek : la Nouvelle

Génération.L’éclat d’un murmure.

21.15 Quatre en un. Magazine.

21.45 Seinfeld. La sourde.22.15 Une fille à scandales.

L’enfant d’Elvis (v.o.).22.40 Spin City.

La chanson (v.o.).23.05 Game On.

La grande évasion (v.o.).23.35 Friends (3e saison).

The One With the Ski Trip.The One With the HypnosisTape (v.o.).

0.20 Sex Machine.1.05 New York Police Blues.

Bad Rap (v.o., 50 min).

Disney Channel20.10 La Fille de l’équipe.20.35 Sports. Magazine.21.35 Sport Académie.

Les chats sauvages.22.05 La Belle Anglaise.23.00 Ballade

à Devil’s Tower.23.30 Sylvie et compagnie.

Un œuf dans le plat.

Téva20.30 et 22.30 Téva interview.20.55 L’Espoir voilé.

De Norma Marcos.22.00 Téva psycho.

Magazine.23.00 Clair de lune.

Radio assassin.

Eurosport14.00 et 23.00 Tennis.

En direct. Internationauxde Grande-Bretagne :Quarts de finale messieurs(210 min). 13391598

17.30 Football. En différé.Championnat du mondedes moins de 20 ans :2e demi-finale.

19.30 Athlétisme. En direct.Meeting de Lausanne (Suisse).9e manche(210 min). 69858005

0.00 Golf (60 min).

Voyage19.30 Planète aventure.20.20 Chronique Meunier.20.30 Suivez le guide.22.30 Carnet de route. Espagne.

23.00 Chez Marcel. Magazine.

Muzzik19.00 L’Art du chant.

Les sopranos.

20.25 Accordéon for ever.De Jean-Baptiste Erreca.

21.00 Andres.Spectacle de danse.

21.20 Tristitia.Spectacle de danse.

21.45 Palindrome.Spectacle de danse.

22.15 Artie Shaw.De Brigitte Berman.Time Is All You’ve Got.

0.10 Stars espagnolesde l’opéra (55 min).

Les films sur les chaîneseuropéennesRTL 922.20 Sugarland Express. Film de Steven Spielberg (1974,110 min). Avec Goldie Hawn. Drame.0.10 Faisons un rêve. Film de Sacha Guitry (1936, N.,80 min). Avec Sacha Guitry. Comédie.

TMC22.55 Honoré de Marseille. Film de Maurice Régamey(1956, 80 min). Avec Fernandel. Comédie.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World BusinessToday. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30 Moneyline. 2.15 American Edi-tion.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09, 22.39,23.09 Europa. 19.50, 20.50, 21.50, 22.50Sport. 23.15, 0.15, 1.15 No Comment.23.45 90o Est. 0.45 Visa. 1.45 Odeon.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 Guil-laume Durand. 20.13 et 20.45 Le 18-21.20.30 et 22.30 Le Grand Journal. 21.10et 22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel. 0.15Le Débat.

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

LES CODES DU CSA

4 Accord parentalsouhaitable.

5 Accord parentalindispensable ouinterdit aux moins de 12 ans.

6 Public adulte ouinterdit aux moins de 16 ans.

DANS LA PRESSE

BFMPhilippe Alexandrea Pandraud n’est jamais qu’un pré-curseur. Depuis leur défaite électo-rale, les responsables du RPR et del’UDF sont de plus en plus nom-breux à préconiser des contacts,pour le moment discrets, avec l’ex-trême droite. Dès l’an prochain, il yaura des élections – cantonales etrégionales – et cela vaut bien qu’onoffre une grosse bouffe aux hommesde Le Pen. Tour à tour, Charles Pas-qua, Jean-Louis Debré, sans oublierAlain Peyrefitte, ont recommandéaux gaullistes de ne pas rejeter leFront hors la loi. Et, autour de Jean-

Marie Le Pen, ils sont nombreux àsouhaiter un tel rapprochement envue d’une majorité anti-socialo-communiste. L’ennui, c’est qu’entreles idées professées par Mme Mégretdans un journal allemand et cellesdu général de Gaulle il y a un gouffrequ’un bon dîner ne comblera pas.

RTLMichèle Cottaa Jean-Marie Le Pen se sent au-jourd’hui en situation de force, et ils’attend, sans s’en cacher, et mêmeavec jubilation, que la droite modé-rée vienne frapper à sa porte. Pourlever l’hypothèque du Front natio-nal, il faudra du temps. D’autant queJean-Marie Le Pen, loin de mettreune sourdine à des propos qui valent

à Catherine Mégret de passer encorrectionnelle pour diffamation,clame haut et fort, au contraire, savolonté de rester lui-même, provo-cateur et discriminateur. Face à lui,aujourd’hui et sans doute pour lesélections cantonales et régionales,l’année prochaine, la droite n’aqu’un choix : perdre ou aller en en-fer.

LIBÉRATIONLaurent Joffrina Si le réalisme consiste à ne pas ré-tablir les pratiques de l’économie ad-ministrée, en obligeant une entre-prise semi-publique à des pertesinconsidérées ou bien en obérant sacompétitivité par des contraintes ex-cessives, alors le gouvernement a

raison d’être réaliste. Si le réalismeconsiste, de la même manière, àtrouver les modalités les plus intel-ligentes pour appliquer la politiqueproposée avant l’élection, quitte àmoduler certaines mesures, alors legouvernement a raison d’être réa-liste. Mais si le réalisme consiste àtourner cyniquement le dos aux en-gagements pris, à poursuivre sousdes atours différents une stratégieidentique à celle d’Alain Juppé, alorsce réalisme-là conduit à la catastro-phe. Nous n’y sommes pas, fort heu-reusement.

LE FIGAROCharles Lambroschinia Heureusement, les autorités dePékin n’ont aucun intérêt à tuer la

poule aux œufs d’or. Le succès deHongkong ne s’explique pas seule-ment par l’ardeur au travail de seshabitants et la vigueur de sa Bourse.Son vrai fondement, c’est l’Etat dedroit. La Chine a changé. Il y a déjàvingt ans, sous Deng Xiaoping,qu’elle a choisi la modernité et legrand large. Elle sait bien qu’en rui-nant Hongkong elle y perdrait uneimmense fortune et ses liens avec lemonde. Enfin, la Chine ne veut pasdésespérer Taïwan. Pour que le re-tour de l’île dans le giron de Pékin sefasse sans accroc, il est nécessaire depréserver l’identité de Hongkong.Hongkong a donc une bonnechance de convertir Pékin. Le virusde la liberté n’est-il pas maintenantau cœur de la Chine ?

Le « Zaijian Xianggang » de l’empireLa plupart des journaux britanniques célèbrent avec une certaine banalité la rétrocession de Hongkong.

Seul, « The Independent » lance quelques fausses notes dans un concert de convenances LA PRESSE britannique ne pou-

vait faire moins, mardi 1er juillet, quede consacrer sa une à la restitution àla Chine de Hongkong, « dernierjoyau de la couronne » selon le DailyMail. Le Financial Times titre : « LaChine fait flotter son drapeau surHK ». Les autres journaux sont plusnostalgiques : « La Grande-Bretagnedit adieu à l’empire » (Daily Tele-graph), « Un dernier hourra et l’em-pire ferme » (The Guardian). « Zai-jian Xianggang » (« AdieuHongkong ») calligraphie en chinoisl’Independent, qui s’inquiète que« les nouveaux dirigeants chinois dé-barquent comme des empereurs. Ilsn’ont eu aucun remerciement ni au-cun mot gentil pour la gestion britan-nique » tandis que le quotidien de laCity estime que « l’ancienne colonies’en va vers l’inconnu ».

Que de banalités ne débite-t-onpas à l’occasion de grands événe-ments ! Nos confrères britanniquesn’y ont pas échappé. On aurait puespérer plus d’originalité que ces cli-chés sur le crépuscule d’un empireglorieux ou sur les inquiétudes en-vers une population abandonnée.Les Anglais savent célébrer les dé-parts avec panache, une émotioncontrôlée et une nostalgie flegma-tique. Aussi The Telegraph n’a-t-ilpas hésité à commenter l’ultimelarme essuyée par le dernier gouver-neur, Chris Patten : « Il y a un tempspour les larmes, même pour leshommes adultes. Les hommes peuventpleurer de manière désintéressée parsens du tragique. »

The Independent, qui intitule unéditorial : « Fin d’un empire pour laperfide Albion », a dépassé ce grand

show médiatisé en sortant des sen-tiers battus, des congratulations etdes nostalgies dont se moquent lesjeunes Anglais, en rappelant « lessouvenirs douloureux du mauvais côtéde l’impérialisme ». « “Va te fairefoutre”, “bâtard”, “fils de pute”, c’esttout ce que Tsang Wah – qui a cent unans – connaît de l’anglais pour l’avoirentendu répéter jour après jour par lesmaîtres coloniaux de Hongkong. »« Le rideau tombe sur le plus puissant

empire de l’histoire, ajoute le quoti-dien. On peut se dire : et après ? Ons’en fiche ! Ou même, c’est très bien.Cela fait un siècle que l’empire est endéclin (...). La restitution de Hongkong(...) le réduit à des chiures de mouchesur une carte. Pourtant ce processus,un changement historique monumen-tal n’a guère remué d’émotion oud’intérêt, même en Grande-Bretagne.(...) Bien que nous paraissions souventregarder en arrière, nous ne sentonsguère une perte. Pour la France, la dé-colonisation a souvent été douloureuseet sanglante, en particulier en Indo-chine et en Algérie, et elle reste un su-jet sensible. » Oubliée donc la déco-lonisation douloureuse aux Indes, auKenya ou à Chypre ! « Ce silence aaussi un aspect négatif : l’absence deréflexion systématique sur ce qui de-vrait arriver après la fin de l’empire

(...). Il y a, ou il devrait y avoir, unetroisième sorte de silence : celui d’unepause pour s’interroger sur le genre depays que l’empire a fait de nous (...).Certains voient dans l’idée impérialela source de ce qui est mauvais ou im-moral dans la société britannique, ra-cisme, Etat centralisé et violence. »

Le mot de la fin est revenu à l’en-voyé spécial du Guardian dans lesquartiers chauds de Hongkong. Sousles titres « Services rendus, la prisedu pouvoir par la Chine signifie-t-elle la fin de l’industrie du sexe ? » et« Sexe à l’ombre du dragon », il af-firme : « Le plus vieux métier dumonde survivra à l’arrivée descommunistes. Suzie Wong accueilleraencore longtemps ses clients dans lesbars de Wanchai ou de Mongkok ! »

Patrice de Beer

EN VUE

a Le film Le Tambour, de VolkerSchlöndorff, comportant, selonun juge d’Oklahoma City, desscènes de pornographie infantile,est désormais interdit dans la ville.« On ne doit pas montrer toutes cessaletés aux enfants », a commentéBob Anderson, directeur del’association « Oklahomans forChildren and Families », à l’originede la plainte. Il y a dix-huit ans, LeTambour, tiré d’un roman deGünter Grass, avait obtenul’Oscar du meilleur film étrangerpour sa description de l’Allemagnenazie, à travers le regard d’unenfant qui refuse de grandir.

a A Hongkong, Chu Pakfatthabite, depuis quarante ans, dansune cage où il ne peut se tenir niassis ni debout. Des milliersd’indigents vivent ainsi dans ces« logements collectifs »,cependant préférables aux boîtesen bois sans fenêtre où dorment,ailleurs, de plus misérables.M. Chu loue sa cage avec l’aide dugouvernement, car le vieil hommea dû prendre sa retraite aprèsavoir été renversé par un bus, aucours d’une visite en Chine.

a Le fils aîné du président irakientraverserait selon le Congrèsnational irakien (CNI), la coalitionde l’opposition basée à Londres,« une période de profondedépression ». Oudaï SaddamHussein, victime d’un attentaten décembre 1996, criblé de balles,hospitalisé pendant six mois, qui,en 1988, avait tué en public, àcoups de canne, un aide de campde son père, viendrait d’abattre,avec un magnum 357, l’un de sesgardes du corps. Le 9 juin, sonpère avait fait égorger plusieursmoutons, pour fêter sa sortie del’hôpital.

Page 32: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16307 – 7,50 F Lionel ... · la France et de l’Europe « pour sauver le processus de paix ». « Très inquiet » des conséquences pos-sibles

LeMonde Job: WMQ0207--0032-0 WAS LMQ0207-32 Op.: XX Rev.: 01-07-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:01,11, Base : LMQPAG 28Fap:99 No:0492 Lcp: 196 CMYK

32

MERCREDI 2 JUILLET 1997

Tirage du Monde daté mardi 1er juillet 1997 : 493 364 exemplaires 1 3

La Cour des comptes réclame « un redémarragede la politique de valorisation de la recherche »

Un rapport critique le système de rémunération des chercheurs ayant fait une découverteRENDU PUBLIC mardi 1er juil-

let, un rapport de la Cour descomptes consacré à la « valorisa-tion de la recherche dans les éta-blissements publics à caractèrescientifique et technologique » ana-lyse les procédures d’intéresse-ment des chercheurs ayant faitune découverte.

Présenté par le premier pré-sident de la cour, Pierre Joxe, cedocument rend compte d’en-quêtes menées dans les quatreprincipaux établissements publicsà caractère scientifique et techno-logique (EPST) : le Centre nationalde la recherche scientifique(CNRS), l’Institut national de la re-cherche agronomique (INRA),l’Institut national de la santé et dela recherche médicale (Inserm) etl’Institut national de la rechercheen informatique et en automa-tique (Inria).

Ces quatre organismes publicstotalisent, selon la loi de finances1996, plus de 40 000 emplois et des

subventions (dépenses ordinaireset crédits de paiement) de près de20 milliards de francs. A eux seuls,ils concentrent 37 % du budgetcoordonné par le ministère de larecherche.

MODIFICATION FONDAMENTALEConsidérée aujourd’hui comme

essentielle, la « valorisation de larecherche » conduite dans lesEPST a longtemps été tenue enFrance comme un élément se-condaire, consistant dans les meil-leurs des cas à faire exploiter lesdécouvertes des laboratoires desorganismes publics par des indus-triels avec lesquels étaient passésdes contrats de licence.

Il y a quinze ans, une loi avait in-troduit une modification fonda-mentale dans les rapports tradi-tionnels entre recherche publiqueet valorisation. Erigeant la poli-tique de recherche et de dévelop-pement technologique au rang de« priorité nationale », cette loi du

15 juillet 1982 entendait promou-voir autant « l’accroissement desconnaissances » que « la valorisa-tion des résultats de la recherche ».Il s’agissait, en d’autres termes, de« faire bénéficier au mieux la col-lectivité nationale des fruits des tra-vaux conduits au sein des orga-nismes publics », de parvenir àétablir des passerelles entre deuxmondes.

Quinze ans plus tard, où en est-on ? « Il est difficile de comprendrequ’en matière de propriété intellec-tuelle, les positions des EPSTpuissent être antagonistes, les unsexigeant, dans les actions menées enpartenariat, que la propriété intel-lectuelle reste systématiquement àl’organisme public, les autresl’abandonnant systématiquementau partenaire privé, peut-on liredans le rapport de la Cour descomptes. Plus généralement, il estdifficile d’admettre que certainsEPST accordent des clauses très fa-vorables aux partenaires industriels,alors que d’autres défendent ferme-ment l’intérêt financier de l’orga-nisme public. »

REDEVANCES ÉLEVÉESLes magistrats de la Cour

mettent notamment en cause la« pertinence du système de rémuné-ration des personnels ». Ils re-marquent que les quelques résul-tats de la recherche publiquemenée dans les EPST et engran-geant aujourd’hui – ou dans unavenir proche – des redevancesélevées se situent « dans le do-maine des sciences de la vie » ettout particulièrement dans lechamp des brevets concernant lesvaccins contre l’hépatite B et l’in-fection par le VIH, ainsi que cer-

tains médicaments anticancéreux.Selon la Cour, les redevances sus-ceptibles d’être versées à ce titreaux organismes dans lesquels ontété faites ces découvertes peuvent« être estimées à plusieurs centainesde millions de francs ».

INTÉRESSEMENT TARDIF« Dans un contexte marqué par

l’insuffisance des financements, etnotamment des crédits affectés àdes opérations de pré-développe-ment, on peut s’interroger sur lapertinence d’un système qui assureà l’inventeur une rémunération pro-portionnelle, sans limitation demontant », soulignent les magis-trats de la Cour, qui s’étonnentqu’il ait fallu attendre 1996 pourque des textes donnent un fonde-ment juridique incontestable à ladistribution aux personnels de re-cherche de primes d’intéresse-ment aux résultats de leurs tra-vaux.

Pour les magistrats de la Cour, laconjoncture actuelle « met double-ment la valorisation de la rechercheà l’ordre du jour ». D’abord parceque la compétitivité des entre-prises est « en grande partie fonc-tion de l’efficacité du transfert desinvestissements intellectuels dontelles auront bénéficié ». Ensuiteparce que « la nécessité de maîtri-ser la progression des dépenses pu-bliques plaide pour un rééquili-brage de la répartition dufinancement de la recherche entrele financement public et celui assurépar les entreprises (...) ». Selon lerapport, « tout plaide donc pour unredémarrage efficace de la politiquede valorisation de la recherche ».

Jean-Yves Nau

Le volcan Popocatépetl recouvrede cendres la région de Mexico

TOUS LES VOLS de l’aéroportinternational de Mexico ont étéprovisoirement suspendus, lundi30 juin, dans la soirée, en raisond’une reprise d’activité du volcanPopocatépetl. Culminant à plus de5 000 mètres, couronné de neigeséternelles et situé à quelque60 km au sud-est de la capitale, lePopocatépetl – « Montagne quifume », dans la langue nahuatl –est le plus haut volcan duMexique. La ville de Puebla(1 200 000 habitants) s’étend à sespieds.

Le volcan, qui ne s’était pas ma-nifesté depuis 1994, a repris sonactivité il y a plusieurs semaines,crachant des cendres en quantitésplus ou moins importantes. Maislundi, dans la journée, il a expulsépendant 25 minutes l’une des plusimportantes quantités de gaz, decendres et de sable de ces der-nières années. Dans la soirée, lescendres blanches et le sable conti-nuaient à retomber sur la ville,transformés en boue par la pluie.C’est ce même sable, susceptiblede s’introduire dans les réacteursdes avions et de les bloquer, qui ajustifié la suspension temporairedes vols.

Entre 300 000 et 400 000 per-sonnes vivent sur les flancs duvolcan. Bien que les autoritésaient affirmé qu’il n’y avait encoreaucun danger d’explosion, les pré-paratifs à l’évacuation d’une quin-zaine de villages étaient en coursdans la journée de lundi, aprèsque les sismographes eurent enre-gistré de violentes secousses àl’intérieur du volcan.

Mais lundi soir, à la télévision,le ministre mexicain de l’intérieur,Emilio Chuayffet, affirmait quel’activité du volcan avait « consi-

dérablement diminué » et que lapopulation de Mexico ne courait« aucun risque ». La situation,« absolument calme », dans lazone voisine du volcan et à Mexi-co ne nécessitait, selon lui, au-cune évacuation.

Edifiée sur les ruines précolom-biennes de Tenochtitlan, l’an-cienne capitale aztèque, la capi-tale mexicaine compte environ8,5 millions d’habitants officielle-ment recensés. Mais elle est lecœur d’une gigantesque agglomé-ration aux contours administratifspas toujours bien définis en raisonde sa rapide croissance démogra-phique, qui regroupe de 15 à18 millions d’habitants, si l’oncompte ce que les statistiquesnomment pudiquement la « popu-lation flottante ». – (AFP, AP.)

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mardi 1er juillet, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 20175,52 – 2,08 + 4,21Honk Kong index 15196,79 + 0,45 + 12,98

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %01/07 30/06 fin 96

Paris CAC 40 2878,42 + 0,71 + 24,30Londres FT 100 4606 + 0,03 + 11,84Zurich 1847,65 .... + 39,84Milan MIB 30 20078 + 0,46 + 27,91Francfort Dax 30 3785,77 .... + 31,05Bruxelles 13227 + 0,34 + 25,13Suisse SBS 2619,79 .... + 39,81Madrid Ibex 35 6884,56 .... + 33,56Amsterdam CBS 587 .... + 34,23

20175,52

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20681,10

19882,28

19083,45

18284,63

17485,80f3 avril 16 mai 1er juil.g

Le doyenpar Pierre Georges

EN VOILÀ UN, au moins, quitient le choc. Ni le temps, nil’âge, ni les plans économiques,ni la modernité n’ont eu raisonde lui. Fulgence Charpentier,journaliste au Droit, quotidienfrancophone d’Ottawa, vient defêter son centième anniversaire.Et, bonne main, bon œil, il yécrit toujours sa chronique heb-domadaire sur l’actualité inter-nationale.

Honneur au doyen ! Cent anset toutes ses dents, l’envie demordre dans l’actualité, car, dit-il, « je souffre quand je ne saispas ce qui se passe ». Et sansdoute souffre-t-il, aussi, du plusexquis de ses tourments, l’an-goisse de la feuille blanche.

On ne sait pas grand-chose deFulgence Charpentier. Et on leregrette. Simplement, unecourte dépêche nous apprendtrois choses. La première, qu’ilcommença sa carrière, en 1915,au Devoir, autre quotidien. Ladeuxième, que le journalismemenant, comme prévu, à tout, àcondition d’en sortir, il en sortit,en 1926, pour devenir diplo-mate. Et la troisième, que, reve-nu à ses premières amours, de-puis trente ans il livre au Droit,et en heure, son billet.

Honneur, honneur à FulgenceCharpentier ! On le dit rédigeantà la main, à l’ancienne, à l’anti-que, ses chroniques, puis les re-prenant à la machine, car il fautbien vivre avec son époque. Onl’imagine, avec ses habitudes,penché sur l’établi, peaufinant,raturant, reprenant, coupant,vieux couturier des mots, chenutailleur d’idées. On le supposedoté d’une solide santé et d’unenon moins solide expérience.

Mais plus que tout s’il fallaitse féliciter, et le féliciter, d’offrir

à la profession un doyen d’âge,notre Fulgence Calment à nous,c’est pour la démonstrationqu’il fournit. Ainsi donc, le piren’est jamais sûr. C’est journalis-tiquement prouvé désormais :on peut avoir été curieux en1915 et le rester en 1997. On peutpasser pratiquement d’un siècleà l’autre, ou, dans un merveil-leux raccourci, de son Devoir àson Droit, sans capituler en che-min.

Voilà qui est plutôt rassurant.Car, aussi sûrement qu’un carre-leur « part » par les genoux ouqu’un déménageur cède auxjointures, tout journaliste estguetté par une sérieuse maladieprofessionnelle : le manque decuriosité, le sentiment, en deuxtemps et trois décennies, d’avoirfait le tour de la question, lerisque de ne plus s’étonner derien, et, partant, de ne plus s’in-téresser à quiconque.

La routine, l’ennui, le tout-in-fo comme le tout-à-l’égout, voi-là bien l’ennemi, la plaie, cetteespèce de moulin journalistiquequi ressemble fort, par sonfonctionnement routinier, autourniquet installé dans la cagedu hamster. On peut s’y réveillervieux avant l’âge, usé, entre fa-talisme et cynisme, élimé jus-qu’aux idées, résigné à simple-ment durer entre habitudesprofessionnelles et nécessitésalimentaires.

Honneur donc à FulgenceCharpentier, le centenaire quiprouve que le journalisme n’useque si l’on ne s’en sert pas. Et s’ildevait en connaître brutalementle mot fin, ce qu’on ne lui sou-haite évidemment pas, qu’aumoins cela se fasse à la Molière :sur scène, à son bureau, le nezdans sa dernière chronique.

La mort d’Annie Fratellini,femme clownC’ÉTAIT l’une des rares femmes clowns. Elle portait un nez rouge,des cheveux couleur feu, soufflait magnifiquement dans son saxo.Annie Fratellini, première femme à jouer l’Auguste, est morte dans lanuit du 30 juin au 1er juillet, à Paris, des suites d’un cancer. Elle étaitâgée de soixante-quatre ans.Née le 14 novembre 1932, à Alger, Annie Fratellini appartenait à l’unedes plus grandes familles de gens du voyage. Elle avait débuté à l’âgede treize ans à Médrano, et mené une carrière de comédienne,jouant Zazie dans le métro, sous la direction de Louis Malle. Avec sonmari, le cinéaste Pierre Etaix, elle avait fondé en 1974 l’École natio-nale du cirque Fratellini, qui a beaucoup contribué au renouveau dugenre. En avril, elle avait créé à la Cité de la musique Concerto pourun clown, avec ses éléves, pour fêter les vingt ans de cette école.

DÉPÊCHES

a ENFANCE : le ministre de l’emploi et de la solidarité a décidé depousuivre et de soutenir la grande cause nationale 1997 sur la mal-traitance, lancée le 13 mars par Alain Juppé, alors premier ministre.« Je suis prête à bouger avec vous », a indiqué Martine Aubry au col-lectif de 16 associations, faisant explicitement référence au slogan dela grande cause « Si tout le monde bouge, ça bougera ».a ALGÉRIE : le président Liamine Zéroual a demandé, lundi30 juin, au gouvernement de poursuivre les réformes économiquestout en lançant l’idée d’un « plan national de lutte contre le chô-mage » et de préparer les révisions du code de l’information et de lafamille. « Les réformes économiques entamées doivent être poursuivies[... ] qu’il s’agisse de la restructuration industrielle, de la réforme du sys-tème financier, de la promotion de la privatisation », a affirmé le chefde l’État qui s’exprimait lors du premier conseil des ministres dugouvernement formé après les législatives du 5 juin. – (AFP.)a RUSSIE : Stanislav Alimov, vice-directeur général de la banquerusse Rosinterbank et bras droit du député Andreï Kozyrev – l’an-cien ministre des Affaires étrangères de Russie – a été tué d’une ra-fale de kalachnikov, lundi 30 juin. Deux de ses employés ont aussi ététués au cours de cette action, a rapporté la télévision NTV. – (AFP.)a UNION EUROPÉENNE : le Premier ministre luxembourgeois,Jean-Claude Juncker, président en exercice de l’Union européenne, amis en garde mardi contre un report de l’euro et critiqué le débat enAllemagne sur le respect du critère de Maastricht sur les déficitspublics.