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55 e ANNÉE – N o 16781 – 7,50 F -1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI VENDREDI 8 JANVIER 1999 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. LE MONDE DES LIVRES a Des usages et du rôle du latin a « Le Monde des poches » International ............. 2 France .......................... 6 Société.......................... 10 Carnet........................... 12 Régions ........................ 13 Horizons ...................... 14 Entreprises ................. 17 Communication ........ 19 Tableau de bord........ 20 Aujourd’hui ................ 23 Météorologie, jeux .. 26 Culture......................... 27 Guide culturel............ 29 Kiosque........................ 30 Abonnements ............ 30 Radio-Télévision ....... 31 JEAN BER Le difficile enfantement d’une société nouvelle IL NE FAUT PAS trop charger la barque, dit le langage populaire. A l’instar de toutes les sociétés indus- trielles de la planète, la France n’est-elle pas, justement, confron- tée à une accumulation, excessive, de défis ? L’euro en est un, certes, mais il n’est pas le seul. Toutes les mutations qui affectent le travail, et sa fonction intégratrice, sont à l’origine d’une révolution dont il n’est pas sûr que nous ayons par- faitement pris conscience. Jamais en effet comme à ce tournant du siècle – voire du millénaire – au- tant de bouleversements auront été amenés à bousculer nos re- pères, à heurter nos mentalités. Sur ce point, Michel Godet, pro- fesseur de prospective au Centre national des arts et métiers, a tort quand il raille ceux qui exagèrent l’importance d’une révolution « parce que c’est la seule qu’ils connaîtront de leur vie ». Dans le passé, l’arrivée de la machine à va- peur, puis celle de l’électricité, n’ont pas coïncidé avec des re- mises en question aussi radicales que celles que nous vivons. L’avè- nement de ce qu’il est convenu d’appeler, faute de mieux, la socié- té informationnelle, va de pair au- jourd’hui avec l’émergence du post-salariat et se conjugue étroi- tement avec les conséquences de la mondialisation. La société de l’im- matériel, la modification de notre rapport au travail et l’émergence d’« un seul monde » : ce sont là trois révolutions simultanées et ir- réversibles qui expliquent, en grande partie, nos difficultés à vivre la période présente. Comme le note la sociologue Dominique Schnapper, il y a un lien entre la citoyenneté et l’identi- té sociale acquise par l’activité pro- fessionnelle, les sociétés modernes se construisant sur « l’articulation entre les deux ». Devoir, avec l’euro, intégrer une perception plus euro- péenne risque de perturber le rap- port avec ce « vecteur de l’organisa- tion sociale » qu’est le travail. D’autant que, du fait du chômage, celui-ci vient à manquer pour toute une partie de la population et que, simultanément, sévit la crise de l’Etat-providence. Mais la fonction intégratrice du travail ou, plutôt, de l’emploi s’adapterait mieux à la nouvelle donne si elle n’était pas parallèle- ment confrontée à un deuxième défi, lié celui-là aux contraintes de la mondialisation. Alain Lebaube Lire la suite page 16 Le Che coiffé d’une couronne d’épines fait un Christ dérangeant LONDRES de notre correspondant Harry Greenway ne décolère plus. Pour cet ancien député conservateur, il s’agit d’un « grossier sacrilège » dont les coupables mé- ritent rien de moins que l’excommunication. Objet du délit : l’affiche rouge et noire concoctée par l’Agence de publicité des Eglises pour ramener les ouailles du Royaume-Uni dans les chapelles. Tirée à plu- sieurs centaines de milliers d’exemplaires pour être placardée sur les autobus, dans les gares, les jardins publics et à l’entrée des églises, l’image représente un Jésus inédit, re- gard noir et dur, barbe drue et mâchoires d’acier, bien éloigné des portraits lisses et sans saveur traditionnellement en vigueur dans les paroisses. Car les traits farouches choisis pour incarner le Nazaréen ne sont pas ceux d’un sympathique apôtre oublié en Pa- lestine, mais ceux du célèbre révolutionnaire marxiste argentin, Che Guevara, compagnon de Fidel Castro. Le fameux cliché signé Alberto Korda, qui décore depuis les années 60 – par millions – les chambres d’adolescents et leurs tee-shirts, a été stylisé par les concepteurs et le béret à étoile rouge du guérillero remplacé par une couronne d’épines. Le raccourci est osé et une porte-parole du petit Parti socialiste britan- nique a même jugé l’idée « tout à fait injuste » pour l’icône barbue exécutée en 1967 en Boli- vie. « Nous n’avons pas voulu dire que Jésus était communiste, s’est cru obligé de préciser le révérend Peter Owen-Jones, mais simple- ment que lui aussi était un révolutionnaire, le plus grand de tous les temps. » C’est d’ailleurs ce que veut souligner la légende lapidaire de l’affiche : « Humble et doux ? Allons donc ! Dé- couvrez le vrai Jésus. Eglise, le 4 avril. » Les créateurs de la campagne publicitaire ont déclenché une belle polémique. Anglican bon teint et activiste patenté des associations chrétiennes, Harry Greenway s’est plaint au- près du Dr Georges Carey, l’archevêque de Canterbury : « Jésus était la perfection même, il est honteux de le lier ainsi à ce Guevara. » Ann Widdecombe, députée conservatrice est du même avis : « Nous devrions modeler l’homme sur le Christ et pas l’inverse. » Les catholiques n’aiment guère plus ce Christ guérillero : « Cette affiche ne mentionne même pas la Pâque, remarque Mgr Kieran Conry du centre catholique des médias. Les gens vont s’imagi- ner que le 4 avril est la naissance du Che. » L’évêque anglican de Saint Alban, le révérend Christopher Herbert renchérit : « Avec le style très sixties du poster, les jeunes vont penser qu’“Allons donc” [« as if » en anglais] est le nom d’un nouveau groupe de pop-music. » Chas Bayfield, le créatif branché qui a gra- cieusement imaginé l’affiche au bénéfice de la chrétienté britannique ébahie se dit « fier » de son œuvre. Après tout, souligne-t-il, les « Lati- nos » révolutionnaires qui aidèrent, comme le Che, à renverser la dictature cubaine à la fin des années 50 « étaient jeunes, idéalistes, en colère » : « Ils voulaient le changement et ils sont morts pour ce qu’ils croyaient juste. » Comme Jésus ? « Oui, mais lui a remporté son combat, sa révolution n’est pas morte. » N’em- pêche, craint le révérend Tom Ambrose, que le message subliminal de cette affiche rouge « risque de créer chez les ouailles l’attente d’un changement radical qu’ils ne trouveront peut- être pas dans leurs églises locales »... Patrice Claude Rhône-Alpes entre le FN, Charles Millon et l’« alliance républicaine » LA PRÉSIDENCE du conseil ré- gional Rhône-Alpes, retirée à Charles Millon par la justice admi- nistrative, était, jeudi 7 janvier, l’enjeu d’une bataille incertaine. Les 157 élus avaient le choix, au premier tour, entre la candidate de la droite républicaine, Anne-Marie Comparini (UDF), celui de la gauche, Jean-Jack Queyranne (PS), M. Millon, deux candidats se ré- clamant du FN et un régionaliste. Le RPR, qui refusait un « front ré- publicain » avec la gauche comme l’alliance de M. Millon avec l’ex- trême droite, s’est rallié à la straté- gie de M. Barre, maire de Lyon, en annonçant qu’il voterait pour M me Comparini aux trois tours de scrutin, même si elle bénéficiait des voix de la gauche. Lire page 6 a Le jazz sans Michel Petrucciani Le pianiste et compositeur est mort mercredi 6 janvier à New York, à l’âge de trente-six ans. Ce jeune prodige était devenu un des musiciens de jazz français les plus connus dans le monde entier. p. 27 a Trois plaintes contre Fidel Castro Deux plaintes pour « crimes contre l’humanité » et une pour « trafic inter- national de stupéfiants » ont été dépo- sées mercredi à Paris contre le chef d’Etat cubain. p. 5 a Apple repart à l’offensive Stimulée par le succès de l’iMac, sorti il y a quatre mois, la firme américaine a présenté sa nouvelle gamme d’ordina- teurs, les G3, et la dernière version de son système d’exploitation. p. 23 a Bogue à La Poste Kéops, le réseau informatique de La Poste, a connu des pannes à répétition depuis le début de l’année, paralysant une bonne partie des 14 000 bureaux du territoire. Jeudi matin, tout semblait « marcher » normalement. p. 18 a Richesses cachées des friches agricoles Alors que l’abandon, même provisoire, d’une parcelle est ressenti comme un échec par les agriculteurs, les terres en friche intéressent les chasseurs, les écologistes... ou les spéculateurs im- mobiliers. p. 13 a L’aventure de l’embryon Au cinquième mois de gestation, le plus gros du cerveau est formé. Et c’est dans le mois qui suit que tout se joue, que les chemins de la pensée se dessinent. Quatrième épisode de notre série. p. 14 a Servi à domicile Du livreur de petit déjeuner au profes- seur de gymnastique, à l’esthéticienne ou au coiffeur, le service à domicile se développe en France. p. 25 a L’école et le foulard La présence de deux élèves portant le foulard islamique au collège de Flers, dans l’Orne, a provoqué la grève des professeurs depuis mardi. Une média- trice spécialisée devait arriver jeudi. p. 11 Irak : les espions de l’Unscom a LES ÉTATS-UNIS ont profi- té des travaux de l’Unscom – commission spéciale de l’ONU chargée du désarmement de l’Irak – pour chercher à obtenir des renseignements sur le régime irakien. Un responsable de haut rang du département d’Etat, inter- rogé par notre correspondante aux Nations unies, Afsané Bassir Pour, l’admet. Le chef de la commission, Richard Butler, est déjà sous le feu des critiques après son rapport alarmiste, qui avait été utilisé par Washington pour justi- fier les frappes militaires de dé- cembre 1998. Ces nouvelles infor- mations fragilisent la mission des inspecteurs qui ont quitté l’Irak le 16 décembre, alors que Bagdad s’oppose désormais à leur retour. Lire page 3 Les « colombes » de Colombie LA RENCONTRE entre le pré- sident colombien, Andres Pastrana, et le chef des Forces armées révolu- tionnaire de Colombie (FARC), Ma- nuel Marulanda, jeudi 7 janvier, est historique. Elle devait donner le coup d’envoi officiel des discussions de paix, processus qui a reçu le sou- tien des Etats-Unis. M. Pastrana, qui avait fait du retour à la paix civile le thème de sa campagne , confirme sa détermination à mettre fin à cin- quante années de guerre civile. Lire page 2 ANDRES PASTRANA DANS UN RAPPORT remis à Lionel Jospin, dont Le Monde révèle le contenu, la présidente de la mis- sion interministérielle de lutte contre la drogue (Mildt), Nicole Maestracci, propose une nouvelle politique de lutte contre les toxi- comanies. A l’approche classique, fondée sur la classification légale des substances, se substituera une politique pragmatique tenant « compte de l’ensemble des conduites addictives, quel que soit le statut juri- dique du produit ». Les « drogues légales » comme l’alcool, le tabac et les médicaments feront donc partie intégrante du prochain plan trien- nal de lutte contre la toxicomanie, mis en œuvre par le gouvernement. Les substances « légales » sont en effet plus nuisibles à la santé : 60 000 décès par an sont impu- tables au tabagisme et 20 000 à l’al- coolisme tandis que les médica- ments sont utilisés dans neuf tentatives de suicide sur dix. L’hé- roïne a pour sa part entraîné la mort par surdose de 228 personnes en 1997 et environ un millier de toxicomanes, se droguant par injec- tion, sont morts du sida depuis le début de l’épidémie. Le cannabis n’a, à ce jour, jamais été directe- ment mortel. La Mildt recommande également une redéfinition de la politique pé- nale, privilégiant la répression du trafic et non celle de l’usage. L’ob- jectif est d’« éviter les incarcérations pour simple usage » de drogue sans modifier le cadre légal actuel. Plus de 70 000 personnes ont été inter- pellées en 1997 pour le seul délit d’usage de stupéfiants et environ 800 personnes ont été incarcérées pour cette seule infraction. Deux circulaires du garde des sceaux, en 1978 et en 1984, avaient déjà encou- ragé les parquets dans cette voie mais elles n’avaient pas été suivies d’effet. Lire page 10 et notre éditorial page 16 Drogues : le rapport qui change tout b Alcool, tabac et médicaments seront visés par le plan gouvernemental au même titre que l’héroïne et la cocaïne b La mission interministérielle propose la prise en charge commune des toxicomanes et des alcooliques b Vers une dépénalisation de fait de l’usage de stupéfiants

e o 16781 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE ... · 55 e annÉe – no 16781 – 7,50 f - 1,14 euro france mÉtropolitaine vendredi 8 janvier 1999 fondateur : hubert beuve-mÉry

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55e ANNÉE – No 16781 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIVENDREDI 8 JANVIER 1999

25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

LE MONDE DES LIVRES

a Des usageset du rôle du latina « Le Mondedes poches »

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Rhône-Alpesentre le FN,Charles Millonet l’« alliancerépublicaine »

LA PRÉSIDENCE du conseil ré-a Le jazz sans

a Trois plaintes

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a Bogue à La Poste

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a L’aventure

DANS UN RAPPORT remis à mort par surdose de 228 personnes

Drogues : le rapport qui change toutb Alcool, tabac et médicaments seront visés par le plan gouvernemental au même titre

que l’héroïne et la cocaïne b La mission interministérielle propose la prise en charge communedes toxicomanes et des alcooliques b Vers une dépénalisation de fait de l’usage de stupéfiants

Lionel Jospin, dont Le Monde révèlele contenu, la présidente de la mis-sion interministérielle de luttecontre la drogue (Mildt), NicoleMaestracci, propose une nouvellepolitique de lutte contre les toxi-comanies. A l’approche classique,fondée sur la classification légaledes substances, se substituera unepolitique pragmatique tenant« compte de l’ensemble des conduitesaddictives, quel que soit le statut juri-dique du produit ». Les « drogueslégales » comme l’alcool, le tabac etles médicaments feront donc partieintégrante du prochain plan trien-nal de lutte contre la toxicomanie,mis en œuvre par le gouvernement.

Les substances « légales » sont eneffet plus nuisibles à la santé :60 000 décès par an sont impu-tables au tabagisme et 20 000 à l’al-coolisme tandis que les médica-ments sont utilisés dans neuftentatives de suicide sur dix. L’hé-roïne a pour sa part entraîné la

Le difficile enfantement d’une sociétéIL NE FAUT PAS trop charger la l’origine d’une révolution dont il national des arts et métiers, a tort

Le Che coiffé d’une couronne d’épines fait un Christ dLONDRES a été stylisé par les concepteurs et le béret à Pâque, rema

en 1997 et environ un millier detoxicomanes, se droguant par injec-tion, sont morts du sida depuis ledébut de l’épidémie. Le cannabisn’a, à ce jour, jamais été directe-ment mortel.

La Mildt recommande égalementune redéfinition de la politique pé-nale, privilégiant la répression dutrafic et non celle de l’usage. L’ob-jectif est d’« éviter les incarcérationspour simple usage » de drogue sansmodifier le cadre légal actuel. Plusde 70 000 personnes ont été inter-pellées en 1997 pour le seul délitd’usage de stupéfiants et environ800 personnes ont été incarcéréespour cette seule infraction. Deuxcirculaires du garde des sceaux, en1978 et en 1984, avaient déjà encou-ragé les parquets dans cette voiemais elles n’avaient pas été suiviesd’effet.

Lire page 10et notre éditorial page 16

nouvellenement de ce qu’il est convenu

érangeantrque Mgr Kieran Conry du centre

gional Rhône-Alpes, retirée àCharles Millon par la justice admi-nistrative, était, jeudi 7 janvier,l’enjeu d’une bataille incertaine.Les 157 élus avaient le choix, aupremier tour, entre la candidate dela droite républicaine, Anne-MarieComparini (UDF), celui de lagauche, Jean-Jack Queyranne (PS),M. Millon, deux candidats se ré-clamant du FN et un régionaliste.Le RPR, qui refusait un « front ré-publicain » avec la gauche commel’alliance de M. Millon avec l’ex-trême droite, s’est rallié à la straté-gie de M. Barre, maire de Lyon, enannonçant qu’il voterait pourMme Comparini aux trois tours descrutin, même si elle bénéficiaitdes voix de la gauche.

Lire page 6

Irak : les espionsde l’Unscom

LES ÉTATS-UNIS ont profi-

de notre correspondantHarry Greenway ne décolère plus. Pour cet

ancien député conservateur, il s’agit d’un« grossier sacrilège » dont les coupables mé-ritent rien de moins que l’excommunication.Objet du délit : l’affiche rouge et noireconcoctée par l’Agence de publicité desEglises pour ramener les ouailles duRoyaume-Uni dans les chapelles. Tirée à plu-sieurs centaines de milliers d’exemplairespour être placardée sur les autobus, dans lesgares, les jardins publics et à l’entrée deséglises, l’image représente un Jésus inédit, re-gard noir et dur, barbe drue et mâchoiresd’acier, bien éloigné des portraits lisses etsans saveur traditionnellement en vigueurdans les paroisses. Car les traits faroucheschoisis pour incarner le Nazaréen ne sont pasceux d’un sympathique apôtre oublié en Pa-lestine, mais ceux du célèbre révolutionnairemarxiste argentin, Che Guevara, compagnonde Fidel Castro.

Le fameux cliché signé Alberto Korda, quidécore depuis les années 60 – par millions –les chambres d’adolescents et leurs tee-shirts,

étoile rouge du guérillero remplacé par unecouronne d’épines. Le raccourci est osé et uneporte-parole du petit Parti socialiste britan-nique a même jugé l’idée « tout à fait injuste »pour l’icône barbue exécutée en 1967 en Boli-vie. « Nous n’avons pas voulu dire que Jésusétait communiste, s’est cru obligé de préciserle révérend Peter Owen-Jones, mais simple-ment que lui aussi était un révolutionnaire, leplus grand de tous les temps. » C’est d’ailleursce que veut souligner la légende lapidaire del’affiche : « Humble et doux ? Allons donc ! Dé-couvrez le vrai Jésus. Eglise, le 4 avril. »

Les créateurs de la campagne publicitaireont déclenché une belle polémique. Anglicanbon teint et activiste patenté des associationschrétiennes, Harry Greenway s’est plaint au-près du Dr Georges Carey, l’archevêque deCanterbury : « Jésus était la perfection même, ilest honteux de le lier ainsi à ce Guevara. » AnnWiddecombe, députée conservatrice est dumême avis : « Nous devrions modeler l’hommesur le Christ et pas l’inverse. » Les catholiquesn’aiment guère plus ce Christ guérillero :« Cette affiche ne mentionne même pas la

catholique des médias. Les gens vont s’imagi-ner que le 4 avril est la naissance du Che. »L’évêque anglican de Saint Alban, le révérendChristopher Herbert renchérit : « Avec le styletrès sixties du poster, les jeunes vont penserqu’“Allons donc” [« as if » en anglais] est lenom d’un nouveau groupe de pop-music. »

Chas Bayfield, le créatif branché qui a gra-cieusement imaginé l’affiche au bénéfice de lachrétienté britannique ébahie se dit « fier » deson œuvre. Après tout, souligne-t-il, les « Lati-nos » révolutionnaires qui aidèrent, comme leChe, à renverser la dictature cubaine à la findes années 50 « étaient jeunes, idéalistes, encolère » : « Ils voulaient le changement et ilssont morts pour ce qu’ils croyaient juste. »Comme Jésus ? « Oui, mais lui a remporté soncombat, sa révolution n’est pas morte. » N’em-pêche, craint le révérend Tom Ambrose, que lemessage subliminal de cette affiche rouge« risque de créer chez les ouailles l’attente d’unchangement radical qu’ils ne trouveront peut-être pas dans leurs églises locales »...

Patrice Claude

a té des travaux de l’Unscom– commission spéciale de l’ONUchargée du désarmement del’Irak – pour chercher à obtenirdes renseignements sur le régimeirakien. Un responsable de hautrang du département d’Etat, inter-rogé par notre correspondanteaux Nations unies, Afsané BassirPour, l’admet. Le chef de lacommission, Richard Butler, estdéjà sous le feu des critiques aprèsson rapport alarmiste, qui avait étéutilisé par Washington pour justi-fier les frappes militaires de dé-cembre 1998. Ces nouvelles infor-mations fragilisent la mission desinspecteurs qui ont quitté l’Irak le16 décembre, alors que Bagdads’oppose désormais à leur retour.

Lire page 3

Les « colombes »de Colombie

barque, dit le langage populaire. Al’instar de toutes les sociétés indus-trielles de la planète, la Francen’est-elle pas, justement, confron-tée à une accumulation, excessive,de défis ? L’euro en est un, certes,mais il n’est pas le seul. Toutes lesmutations qui affectent le travail,et sa fonction intégratrice, sont à

n’est pas sûr que nous ayons par-faitement pris conscience. Jamaisen effet comme à ce tournant dusiècle – voire du millénaire – au-tant de bouleversements aurontété amenés à bousculer nos re-pères, à heurter nos mentalités.

Sur ce point, Michel Godet, pro-fesseur de prospective au Centre

quand il raille ceux qui exagèrentl’importance d’une révolution« parce que c’est la seule qu’ilsconnaîtront de leur vie ». Dans lepassé, l’arrivée de la machine à va-peur, puis celle de l’électricité,n’ont pas coïncidé avec des re-mises en question aussi radicalesque celles que nous vivons. L’avè-

International ............. 2France .......................... 6Société.......................... 10Carnet........................... 12Régions ........................ 13Horizons ...................... 14Entreprises ................. 17Communication ........ 19

Tableau de bord........ 20Aujourd’hui ................ 23Météorologie, jeux .. 26Culture......................... 27Guide culturel............ 29Kiosque........................ 30Abonnements ............ 30Radio-Télévision ....... 31

LA RENCONTRE entre le pré-

ANDRES PASTRANA

d’appeler, faute de mieux, la socié-té informationnelle, va de pair au-jourd’hui avec l’émergence dupost-salariat et se conjugue étroi-tement avec les conséquences de lamondialisation. La société de l’im-matériel, la modification de notrerapport au travail et l’émergenced’« un seul monde » : ce sont làtrois révolutions simultanées et ir-réversibles qui expliquent, engrande partie, nos difficultés àvivre la période présente.

Comme le note la sociologueDominique Schnapper, il y a unlien entre la citoyenneté et l’identi-té sociale acquise par l’activité pro-fessionnelle, les sociétés modernesse construisant sur « l’articulationentre les deux ». Devoir, avec l’euro,intégrer une perception plus euro-péenne risque de perturber le rap-port avec ce « vecteur de l’organisa-tion sociale » qu’est le travail.D’autant que, du fait du chômage,celui-ci vient à manquer pourtoute une partie de la populationet que, simultanément, sévit lacrise de l’Etat-providence.

Mais la fonction intégratrice dutravail ou, plutôt, de l’emplois’adapterait mieux à la nouvelledonne si elle n’était pas parallèle-ment confrontée à un deuxièmedéfi, lié celui-là aux contraintes dela mondialisation.

Alain Lebaube

Lire la suite page 16

sident colombien, Andres Pastrana,et le chef des Forces armées révolu-tionnaire de Colombie (FARC), Ma-nuel Marulanda, jeudi 7 janvier, esthistorique. Elle devait donner lecoup d’envoi officiel des discussionsde paix, processus qui a reçu le sou-tien des Etats-Unis. M. Pastrana, quiavait fait du retour à la paix civile lethème de sa campagne , confirme sadétermination à mettre fin à cin-quante années de guerre civile.

Lire page 2

Michel PetruccianiLe pianiste et compositeur est mortmercredi 6 janvier à New York, à l’âgede trente-six ans. Ce jeune prodigeétait devenu un des musiciens de jazzfrançais les plus connus dans le mondeentier. p. 27

contre Fidel CastroDeux plaintes pour « crimes contrel’humanité » et une pour « trafic inter-national de stupéfiants » ont été dépo-sées mercredi à Paris contre le chefd’Etat cubain. p. 5

à l’offensiveStimulée par le succès de l’iMac, sorti ily a quatre mois, la firme américaine aprésenté sa nouvelle gamme d’ordina-teurs, les G3, et la dernière version deson système d’exploitation. p. 23

Kéops, le réseau informatique de LaPoste, a connu des pannes à répétitiondepuis le début de l’année, paralysantune bonne partie des 14 000 bureauxdu territoire. Jeudi matin, tout semblait« marcher » normalement. p. 18

des friches agricolesAlors que l’abandon, même provisoire,d’une parcelle est ressenti comme unéchec par les agriculteurs, les terres enfriche intéressent les chasseurs, lesécologistes... ou les spéculateurs im-mobiliers. p. 13

de l’embryonAu cinquième mois de gestation, leplus gros du cerveau est formé. Et c’estdans le mois qui suit que tout se joue,que les chemins de la pensée sedessinent. Quatrième épisode de notresérie. p. 14

a Servi à domicileDu livreur de petit déjeuner au profes-seur de gymnastique, à l’esthéticienneou au coiffeur, le service à domicile sedéveloppe en France. p. 25

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,

a L’écoleet le foulardLa présence de deux élèves portant lefoulard islamique au collège de Flers,dans l’Orne, a provoqué la grève desprofesseurs depuis mardi. Une média-trice spécialisée devait arriver jeudi.

p. 11

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

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San Vicente del Caguan

ZONE DÉMILITARISÉE

200 km

Colombie

1 138 000 km2

38 millions

Andres Pastranaprésidentiel

SUPERFICIE

CHEF DE L'ÉTAT1998

NATURE DU RÉGIME

POPULATION

MONNAIE peso colombien

CARACTÉRISTIQUES

2 140 dollarsPNB/HAB. (1996)

14,5%CHÔMAGESource : AFP

Eduardo Pizarro, directeur de l’Institut d’études politiques de l’Université nationale de Bogota, spécialiste de l’armée colombienne

« La guérilla est consciente que le temps joue contre elle »BOGOTA

correspondance« Pour la troisième fois en

moins de vingt ans, le gouverne-ment colombien va tenter de ra-mener les Forces armées révolu-tionnaires de Colombie (FARC)dans le jeu politique. Quels élé-ments permettent de penser quela paix est aujourd’hui possible ?

– Les documents internes de l’or-ganisation de guérilla communisteindiquent que les FARC n’ont pasrenoncé à leur stratégie militaire etqu’elles cherchent encore à renfor-cer leur capacité d’action. Mais laguérilla est consciente que letemps, sur les plans local et mon-dial, joue contre elle. La mobilisa-tion de la société colombienne etde la communauté internationalepourrait à terme rendre très coû-teuse la prolongation du conflitpour les FARC. Elles sont doncamenées, en dépit de leurs ambi-tions militaires, à négocier mainte-nant, en profitant d’un momentpolitiquement et stratégiquementfavorable.

– Quelle peut être l’incidence

d’un processus de paix avec lesseules FARC sur le taux de vio-lence dans le pays ?

– Même si la violence politiquene représente que 10 % des30 000 homicides commis annuel-lement en Colombie, son coût stra-tégique et politique est très élevé.La lutte contre la guérilla absorbe70 % des ressources humaines etmatérielles de l’Etat en matière desécurité publique. La violence enColombie est aujourd’hui multi-forme. Si demain l’Etat destinaitl’ensemble des ressources accapa-rées par le conflit politique arméaux autres formes de violence, laColombie pourrait rapidement de-venir un pays pacifique.

– L’armée est-elle aussiconvaincue des vertus du proces-sus de paix que le dit soncommandant en chef, le généralFernando Tapias ?

– L’armée colombienne a mis enplace une double stratégie. La pre-mière repose sur un soutien in-conditionnel au processus de paixdu gouvernement. La seconde doitlui permettre d’affronter victorieu-

sement la guérilla si les combatsdoivent se poursuivent parallèle-ment aux négociations ou dansl’éventualité de la rupture des cesnégociations. Les militairesconnaissent leurs classiques : ilsveulent la paix et préparent donc laguerre.

– Le 7 novembre, l’armée ac-ceptait de démilitariser pour troismois une vaste zone de42 000 km2 dans le sud du pays,sous le contrôle de fait des FARC.Quels sont les scénarios possiblesau 7 février, alors que la démilita-risation doit prendre fin ?

– Les FARC vont certainementchercher à obtenir que la démilita-risation de la zone se prolonge aus-si longtemps que possible. D’unpoint de vue politique, elles aurontainsi l’occasion de démontrer aupays et au monde entier qu’ellessont capables de gouverner un ter-ritoire grand comme la Suisse.D’un point de vue militaire, et dansla perspective d’une négociation

« au milieu de la guerre » – c’est-à-dire sans cessez-le-feu –, la zonedémilitarisée représente pour lesFARC un sanctuaire stratégiquefondamental. Pour leur part, legouvernement et l’armée vontchercher à limiter la durée de la dé-militarisation et donc proposer queles négociations de paix aient lieuhors du pays.

– La guérilla a refusé que lesgroupes paramilitaires (milicesprivées d’autodéfense anti-gué-rilla) soient associés aux négocia-tions. Quelle pourrait être leurplace dans le processus de paix ?

– Le gouvernement a annoncéson intention de combattre énergi-quement les paramilitaires. Lapression des FARC en ce sens esttrès forte. Il est fort improbableque les paramilitaires obtiennent,comme ils le demandent, la re-connaissance de leur rôle politique.La guérilla romprait immédiate-ment les négociations. Mais quoiqu’en disent les FARC, les paramili-

taires ont acquis une dynamiquepropre et une grande autonomievis-à-vis des forces armées, qui ontcontribué à leur création. En ex-cluant les paramilitaires de la négo-ciation, le gouvernement prend lerisque de les voir se transformer enune véritable « guérilla de droite »,en un nouvel ennemi armécomplètement incontrôlé.

L’armée colombiennea mis en place unedouble stratégie

– Quel rôle peuvent jouer lesEtats-Unis ?

– Les Etats-Unis, tout commel’armée colombienne, jouent surles deux tableaux. D’une part, ledépartement d’Etat a manifesté àplusieurs reprise son soutien à lapolitique de paix du gouvernement

de M. Pastrana. De l’autre, certainssecteurs du Congrès américainsouhaitent que soit renforcée l’aideapportée aux forces armées et depolice. Avec 400 millions de dollarsen 1999, la Colombie se situera autroisième rang – après Israël et Taï-wan – des pays receveurs de l’aidemilitaire américaine. D’une façongénérale, Washington ne croit auxchances du processus de paix quesi les négociations avec la guérillas’accompagnent d’une politique decontrôle effectif du terrain. Leursoutien politique au processus et lerenforcement de l’aide militaire nesont donc pas contradictoires.

– L’armée, qui a souffert dequelques revers importants etque l’on dit démoralisée, est-elleen mesure de « contenir » la gué-rilla ?

– Dans six mois, et avec l’appuides Etats-Unis, oui. »

Propos recueillis par Marie Delcas

Le plus ancien mouvement armé d’Amérique latine a survécu à toutes les répressionsPOUR LA PREMIÈRE FOIS

dans l’histoire des guérillas colom-biennes, un président en exercicerencontre officiellement les diri-geants d’un groupe en rebellionsur le territoire colombien. L’évé-nement souligne l’intensité et lacruauté du conflit colombien quifait, depuis des décennies, chaqueannée, des milliers de morts.

Les Forces armées révolution-naires de Colombie (FARC), quis’asseyent aujourd’hui à la tabledes négociations, ne sont pas leseul acteur de ce conflit. Mais ellessont à la fois le plus ancien groupede guérilla communiste ducontinent américain et le dernier àinfliger des défaites militairesd’une telle ampleur que le gouver-nement n’a pas eu d’autre issueque de proposer d’engager des dis-cussions de paix sans exiger de ces-ser le feu.

Les FARC sont directement is-sues des groupes d’autodéfensespaysans communistes créés, à lafin des années 40 et dix ans avantla révolution cubaine, au temps dela « Violencia », lorsque conserva-teurs et libéraux se livraient unevéritable guerre qui, entre 1946 et1964, fit environ 250 000 morts enColombie. La fin de cette guerrefratricide ne signa pas pour autantl’arrêt des affrontements, bien aucontraire. Les deux partis poli-tiques décidèrent de se partager le

pouvoir en 1958, aux dépends detoute autre opposition politique.L’accord dit du Front National, quiorganisa l’alternance des gouver-nements conservateurs et libéraux,poussa, de fait, l’opposition à lalutte armée et clandestine. Dèslors, le paysage de la guérilla co-lombienne prit corps.

VERS UNE « PAIX ARMÉE » ?Les années 60 virent tout

d’abord l’émergence formelle desFARC, puis de l’Armée de libéra-tion nationale (ELN, castriste)– une formation qui a signé,en juillet 1998, un préaccord depaix –, et enfin de l’Armée de libé-ration populaire (EPL, maoïste),tous d’inspiration marxiste et ru-rale. Manuel Marulanda, le chefdes FARC (jusqu’à ce jour), ac-quiert très vite une dimension my-thique, lorsqu’il résiste, à la tête deses troupes, dans la région de Mar-quetalia, au centre du pays, auxbombardements ordonnés par legouvernement conservateur deGuillermo Leon Valencia (1962-1966). Dès lors, le processus de co-lonisation armée de la guérillas’étend au sud puis à l’est du pays.Les FARC s’installent dans leur for-teresse, connue sous le nom de« casa verde », dans le sud-estamazonien, jusqu’à ce que l’arméeles en déloge, en décembre 1990.

Entre temps, le M-19, (Mouve-

ment du 19 avril 1970) a vu le jour,s’est fortifié et a propagé l’idéed’une guérilla urbaine, puis a ren-du les armes. Le gouvernement duconservateur Belisario Betancourinitie, en 1982, pour la premièrefois, un processus de paix, et ima-gine une sortie politique au conflit.Mais les négociations finissent mal.Le 6 novembre 1985, lorsque leM-19 prend, armes à la main, le pa-lais de justice de Bogota, en pleincentre de la capitale, l’armée inter-vient avec les chars et incendiel’édifice. Bilan : plus de cent morts,pour la plupart des hauts magis-trats.

Il faudra attendre 1990 et laconvocation d’une Assembléeconstituante pour que le M-19 dé-pose définitivement les armes. LesFARC, elles, ne participent pas àcette Assemblée. Après les négo-ciations de 1982, le M-19 a créé unmouvement politique : l’Union pa-triotique. Alors qu’il a obtenu plusde quinze sièges au Sénat et à laChambre, 3 000 membres du mou-vement seront abattus, en dix ans,par l’extrême droite colombienne,confortant en retour l’organista-tion dans son idée que l’oppositionne peut être qu’armée et clandes-tine.

De nouveaux dialogues de paixauront lieu en 1991 et 1992 à Cara-cas (Venezuela) et à Tlaxcala(Mexico). Ils se terminent abrupte-

ment, à l’initiative du gouverne-ment de Cesar Gaviria, décidé à li-vrer une « guerre totale » à laguérilla. Depuis, le conflit, alimen-té par l’argent et les armes du traficde drogues, n’a cessé de d’aggra-ver. D’un côté les groupes parami-litaires, créés sous les auspices del’armée au début des années 80,ont grandi, se sont organisés etéchappent souvent à tout contrôle.Ils livrent une guerre frontale auxguérillas et, pour contrôler des ter-ritoires, n’hésitent pas à massacrerles civils des villages accusés decollaborer avec la guérilla. Del’autre, les FARC, profitant de lafaiblesse du gouvernement d’Er-nesto Samper (1994-1998) et de lafoi inébranlable des forces arméesdans une solution militaire auconflit, ont étendu leur pouvoir.

Ni la chute du mur de Berlin, niles difficultés de Cuba n’ont finale-ment affecté les ressources decette guérilla, indépendante finan-cièrement et riche, grâce au narco-trafic et aux enlèvements contredemande de rançon. A la diffé-rence de tous les mouvements ar-més d’Amérique centrale, la guéril-la colombienne, forte de ses succèsmilitaires et politiques, proposeaujourd’hui une « paix armée »dans laquelle elle entend garder in-tacte sa puissance.

Anne Proenza

AMÉRIQUE DU SUD Le pré-sident colombien, Andres Pastrana,et le chef des Forces armées révolu-tionnaire de Colombie (FARC), Ma-nuel Marulanda, devaient donner,

jeudi 7 janvier, le coup d’envoi offi-ciel des discussions de paix pour ten-ter de mettre fin à cinquante annéesde guerre civile. Ce processus a reçule soutien des Etats-Unis. b LA CÉRÉ-

MONIE doit avoir lieu dans une petiteville amazonienne du Sud colombien,San Vicente del Caguan, au cœurd’une zone grande comme la Suisseet démilitarisée à la demande de la

guérilla. b LES FARC, qui, depuis qua-rante ans de lutte armée, n’ont ja-mais été aussi puissantes, savent quela mobilisation de la société colom-bienne et de la communauté interna-

tionale pourrait à terme rendre trèscoûteuse, pour elles, la prolongationdu conflit, estime le politologue co-lombien Eduardo Pizzaro, dans unentretien au Monde.

Andres Pastrana veut en finir avec cinquante ans de guerre civile en ColombieUne rencontre historique devait réunir, jeudi 7 janvier, le nouveau chef de l’Etat colombien, et le dirigeant de la guérilla,

Manuel Marulanda, afin de lancer les discussions de paix. Les Etats-Unis suivent la négociation de près en vue de l’éradication du narcotraficBOGOTA

correspondanceCinq mois jour pour jour après sa

prise de fonction, le présidentAndres Pastrana et le dirigeant desForces armées révolutionnaires deColombie (FARC), le vieux dirigeantcommuniste Manuel Marulanda, ditTirofijo (qui tire dans le mille), de-vaient présider, jeudi 7 janvier, la cé-rémonie d’inauguration des négo-ciations de paix entre legouvernement et la plus importanteguérilla du pays. La cérémonie de-vait avoir lieu dans la petite ville deSan Vicente del Caguan, au cœur dela zone dite « de détente »– 42 000 km2 dans le sud du pays –démilitarisée par l’armée depuis le7 novembre 1998, conformémentaux exigences de la guérilla pour ve-nir s’asseoir à la table des négocia-tions.

L’enjeu de ce nouveau processusde paix est de taille : les parties affir-ment vouloir mettre un terme auconflit armé qui, depuis près d’undemi-siècle, alimente la violencequotidienne en Colombie. A la veillede la rencontre entre le jeune pré-sident de la République, Andres Pas-trana, quarante-trois ans, conserva-teur bon teint, et Tirofijo, le plus

vieux guérillero du monde– soixante-dix ans dont cinquantedans la clandestinité –, l’agitationqui précède les grands événementsmédiatiques s’est emparée de SanVicente del Caguan.

La population de ce gros bourg,en pleine forêt amazonnienne, vitessentiellement d’élevage et dequelques cultures, dont celle de lafeuille de coca. A 600 kms à vol d’oi-seau de la capitale, Bogota, la villeest difficilement accessible par voieterrestre. Un véritable pont aérien adonc été mis en place pour achemi-ner les tonnes de materiel néces-saires aux « festivités » et assurer letransport des deux mille invités etdes quelques cinq cents journalistesattendus pour couvrir l’événement.L’ambassadeur des Etats-Unis enColombie, Curtis Kamman, les prixNobel de littérature, Gabriel GarciaMarquez, et de la paix, RigobertaMenchu, l’ex-président du Nicara-gua Daniel Ortega, ont confirméleur présence.

Le protocole de la cérémonie aété minutieusement élaboré par lesdélégués des deux camps : AndresPastrana et Tirofijo arriveront enmême temps sur la place afin« qu’aucun des deux n’attende

l’autre » et l’hymne national serasuivi de celui des FARC. La questionde la sécurité des dirigeants a acca-paré depuis quelques jours l’atten-tion des organisateurs. L’image estpour le moins inhabituelle : depuismardi soir, les forces de sécurité dela présidence et les guérilleros desFARC patrouillent côte à côte dansles rues de San Vicente del Caguan.

OPTIMISME« Je crois en la parole de Tirofijo »,

a déclaré Andres Pastrana, donnanttoute la mesure de l’optimisme affi-ché par le président de la Répu-blique et son gouvernement. Latâche est pourtant ardue. Les FARCcomptent près de 12 000 hommesen armes. Cette guérilla, qui se ré-clame encore du marxisme léni-nisme, a survécu à la chute du murde Berlin et s’est même renforcéedepuis. Les rançons obtenues par lesenlèvements et le prélèvement« d’impôts », entre autres sur les ac-tivités du narcotrafic, lui ont permisd’accroître ses ressources finan-cières. Depuis deux ans, les FARCont multiplié les coups de forcespectaculaires dans les régions reti-rées où elles agissent. La guérilla dé-tient toujours plus de 300 soldats et

policiers, qu’elle veut échangercontre ses guérilleros emprisonnés.Ces dernières semaines et jusqu’à laveille même de l’ouverture des né-gociations, les accrochages avec l’ar-mée hors de la zone démilitariséeont été quasi-quotidiens et ont cau-sé des dizaines de victimes.

Dans l’euphorie des préparatifs, leHaut commissaire pour la paix Vic-tor Ricardo, a pris soin de rappelerque « la paix ne sera pas signée le7 janvier ». La première ronde dediscussion a essentiellement pourobjet de fixer les règles du jeu de lanégociation. Les rencontres entre lesparties auront-elles lieu en Colom-bie ou à l’étranger ? L’échange deprisonniers demandé par les FARC,dont le gouvernement a accepté leprincipe, aura-t-il lieu indépendem-ment du résultat des négociations ?Un cessez-le-feu sera-t-il décrété ?Les FARC feront-elle du démantèle-ment des paramilitaires, ces groupesd’autodéfense privés que la guérilladit controlés par l’armée, une condi-tion préalable à la signature de toutaccord ? Toutes ces questions se re-trouveront dans l’agenda des pour-parlers, ainsi que les problèmes poli-tiques qui seront discutés entre lesparties et restent encore à définir.

Andres Pastrana, qui fait sa cam-pagne sur le thème de la paix, en-tend diriger personnellement le pro-cessus. Il bénéficie de l’appuiprudent des Etats-Unis. Lundi 4 jan-vier, le Département d’Etat a confir-mé qu’à la demande du gouverne-ment colombien une réunionsecrète avait eu lieu mi-décembre, àSan José de Costa Rica, entre le di-recteur du Bureau des affaires an-dines, Phil Chicola, et le délégué desFARC, Raul Reyes. En acceptant uncontact direct avec une organisationqualifiée de terroriste et qui retienten otage plusieurs citoyens améri-cains, Washington apporte un sou-tien qui pourrait être décisif au pro-cessus de paix. Pour les Américains,il ne fait pas de doute que seule uneissue favorable des négociations etle retour à la paix civile permettrad’envisager sérieusement l’éradica-tion du trafic de drogues à partir dela Colombie.

Cela étant, l’appui des Etats-Uniset le rendez-vous à grand spectaclede jeudi ne doivent pas faire oublierque la paix n’est pas pour demain etque les négociations pourraient du-rer des mois, voire des années.

M. Ds

LeMonde Job: WMQ0801--0003-0 WAS LMQ0801-3 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0397 Lcp: 700 CMYK

I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 3

Fred Greenstein, historien à Princeton

« Clinton a généré la fureurquasi paranoïaque

d’extrémistes de droite »WASHINGTON

de notre correspondant« Le procès du président Clin-

ton s’est ouvert, jeudi 7 janvier,devant le Sénat. Vous qui êtes unspécialiste de la présidence amé-ricaine à l’université de Prince-ton, pensez-vous que l’on puisseprévoir ce qui va se passer aucours des prochaines semaines ?

– Le Sénat est une institutiontrès différente de la Chambre desreprésentants. Comme l’a dit leprésident Washington, c’est enquelque sorte une soucoupe oùl’on peut faire refroidir le thé brû-lant de la Chambre. Pour le mo-ment, les sénateurs sondent le ter-rain et les modérés recherchent unmoyen d’empêcher le procès dedurer. Je ne sais pas vraiment cequi peut se passer. A l’exceptiondes « hezbollah républicains »,personne ne veut que les débats sepoursuivent après la mi-février etque des témoins soient appelés àcomparaître. Les sénateurs saventqu’ils doivent être réélus par l’élec-torat de tout leur Etat et pas dansune petite circonscription domi-née par des extrémistes. Seront-ilscapables de contrôler ceux-ci...

– Comment expliquez-vous lahaine de ces républicains pour leprésident ?

– Cette polarisation est enbonne partie due à la personnalitéde Bill Clinton. Il est étrange deconstater l’importance quepeuvent prendre de petiteschoses : il aurait été difficile de vo-ter l’impeachment si l’on n’avaitpas trouvé de traces d’ADN surune robe. Clinton a généré la fu-

reur quasi paranoïaque d’extré-mistes de droite qui le méprisentet le haïssent et pour qui il person-nifie la génération « permissive »de la guerre du Vietnam. Il a été lecatalyseur de ce conflit de culturessymbolisé par la couverture deTime le représentant avec KennethStarr : d’un côté le Texan rural quichantait des hymnes religieux endistribuant des journaux et n’a ja-mais trompé sa femme ; de l’autrele joueur de saxo, le fan d’Elvis,qui a fait de l’auto-stop, étudié àLondres en 68, participé aux ma-nifestations étudiantes et a une ré-putation d’infidélité. Pour ces gensqui semblent sortir d’un XIXe

siècle rural, il symbolise le mal, ladégradation sociale. Si vous voya-gez dans le Sud, en Caroline duSud par exemple, vous verrez de-vant les églises des panneaux dé-nonçant l’homosexualité. Eh bien,Clinton a des gays dans son cabi-net, il a soutenu l’admission d’ho-mosexuels dans l’armée !

– Comment cette minorité est-elle parvenue à exercer autantd’influence ?

– Newt Gingrich a su tirer profitde l’extrême stupidité de Clintonpendant les deux premières an-nées de sa présidence pour faireélire des extrémistes de la droiterépublicaine, qui ont pris lecontrôle de la Chambre et descommissions. On a assisté à unesorte de coup d’Etat parlementairede droite. Le conservatisme qui ale vent en poupe de nos jours n’estpas économique, mais culturel, etreprésente un absolutisme moral.Il y a des moments où la religionva de pair avec le mode de vie.Nous vivons une époque de loisirsde masse avec la pop music, lesfilms de Hollywood véhiculant laviolence et la nudité ; celle-ci aproduit une intense mobilisationde la part des groupes fondamen-talistes, qui représentent de 20 % à30 % de l’électorat. On peut lesrapprocher du lepénisme, du pou-jadisme, de ce populisme en colèreet de cette méfiance de l’establish-ment.

– Pensez-vous qu’il s’agitd’une influence durable etqu’elle aura un impact substan-tiel sur les institutions améri-caines ?

– Je ne pense pas que l’institu-tion présidentielle change sur lelong terme. Les choses évoluenttrop vite pour cela : à l’époque duWatergate, on parlait de prési-dence impériale ; quand Carter aété battu par Reagan en 1980, on aparlé d’une présidence en péril... eton a eu huit années de présidencereaganienne. Toutefois, le vote del’impeachment du président peutgraduellement conduire à une si-tuation dans laquelle, si une majo-rité du Congrès se sent assez fortepour s’opposer au président, ellepourrait essayer de le renverser.On aboutirait à une situation rap-pelant celle de votre IVe Répu-blique avec l’introduction du mul-tipartisme, une rotation rapide à latête de l’exécutif... L’impeachmentrisque alors de devenir une rou-tine.

» Mais les Etats-Unis ne tra-versent pas une période deconvulsions de leur système poli-tique. Les Américains sontcontents de leur vie, la nation estprospère, optimiste, la Boursecontinue de grimper. Ironique-ment, ils n’ont jamais été aussi sa-tisfaits des performances de leurprésident. Dans notre systèmecentriste, pragmatique à l’anglo-saxonne, quand vous choisissezdes candidats extrémistes commeGingrich, Goldwater ou, dans unecertaine mesure, McGovern (can-didats de la droite républicaine en1964 et celui de la gauche démo-crate en 1972), l’électorat voussanctionne. Les républicainsrisquent de susciter une réactionmassive contre l’extrémisme de lapart de la bourgeoisie, comme enFrance en juin 1968. Bill Clinton asu profiter des extrémistes répu-blicains, et ceux-ci de l’imagequ’ils ont projetée d’un présidentpersonnifiant le diable. C’est dom-mage pour notre vie politique. »

Propos recueillis parPatrice de Beer

Dennis Hastert,nouveau « Speaker »de la Chambre

WASHINGTONde notre correspondant

Quand Julius Caesar Watts, seuldéputé républicain noir, a présen-té, mercredi 6 janvier, la candida-ture de Dennis Hastert à la pré-sidence de la Chambre desreprésentants, les dés étaient je-tés : le vote a été acquis par220 voix contre 205. Mais le choixdu nouveau Speaker n’aura pas étésans peine. Payant le prix de sastratégie de confrontation, NewtGingrich avait été contraint à ladémission il y a deux mois. Sonsuccesseur désigné, Bob Living-ston, a fait de même une fois sesfrasques extra-conjugales révé-lées. C’est donc un troisième choixqui s’impose, dans une conjonc-ture difficile pour les républicains,mais qui n’est pas sans symboledans le contexte actuel. DennisHastert est un apparatchik sansrenom mais sans casserole, élu duNord falot qui succède à deux su-distes qui contrôlent actuellementle parti. M. Hastert passe pour unhomme de compromis, au fait desarcanes de la procédure et apte« à faire que les trains arrivent àl’heure ».

Le 105e Congrès entrera dansl’histoire pour avoir voté l’im-peachment du président et pouravoir passé moins de lois qu’aucunautre Congrès. On espère du Spea-ker du 106e qu’il apaise les que-relles au sein de son parti, tienneen lisière le pouvoir de nuisancede la droite fondamentaliste chré-tienne et apaise la guerre de tran-chées menée par Newt Gingrich.C’est peut-être beaucoup attendrede cet ancien enseignant de l’Illi-nois de cinquante-sept ans. Dépu-té depuis 1986, les votes qu’il aémis donnent l’image d’un conser-vateur bon teint, apprécié de laCoalition chrétienne.

M. Hastert a insisté pour que laChambre restaure son image au-près de l’opinion. « Enterrons lahache de guerre (...) et la politiqueempoisonnée qui a infecté ceslieux ! », lui a proposé mercredi lechef de la minorité démocrate,Dick Gephardt. Plus facile à direqu’à faire...

P. de B.

« L’Unscom est devenuetrop politique », juge Rolf Ekeus

NEW YORK (Nations Unies)de notre correspondante

Selon les allégations de la presseaméricaine, les activités d’espion-nage des Etats-Unis en Irak re-montent avant l’arrivée de RichardButler à la tête de la commissionspéciale de l’ONU chargée du dé-sarmement (Unscom). Le prédé-cesseur de M. Butler de 1991 à1997, Rolf Ekeus, aujourd’hui am-bassadeur de Suède à Washington,rejette ces « accusations », mais re-connaît « des erreurs ».

M. Ekeus assure d’emblée que« l’origine » de ces « prétendues in-formations » sur l’Unscom n’estautre que Scott Ritter, un inspec-teur américain qui a démissionnéde la commission en août. « Ritterse voyait comme le héros américainchargé de ramener à ses compa-triotes la tête de Saddam Hus-sein ! », ironise M. Ekeus.

Interrogé sur l’utilisation del’Unscom par les Etats-Unis, le di-plomate suédois se révèle nette-ment plus nuancé que son succes-seur australien : ce n’était « pasexactement comme c’est décrit dansla presse et pas systématique », dit-il. « Comme notre travail touchaitde très près ce qui concernait lagarde républicaine [les unitésd’élite du régime], je m’inquiétaissouvent que l’on puisse trouver desinformations pas directement liéesau désarmement. » Ces informa-tions, explique-t-il, « nous les avonssouvent partagées avec des pays quinous aidaient à les analyser ; laFrance, par exemple, a souventprofité de ce que l’Unscom a pu re-cueillir ».

Interrogé à propos de « l’infiltra-tion » d’Américains au sein del’Unscom, M. Ekeus explique queRichard Butler a l’« obsession » dela sécurité. Selon lui, le diplomateaustralien aurait « écarté » ungrand nombre d’experts « qui tra-vaillaient avec moi et qui étaient denationalités diverses » et a « créé uncercle restreint, ce qui fait qu’avantle départ de Scott Ritter le noyau dela commission était constitué essen-tiellement de deux Américains aveclui-même comme chef ».

PIROUETTETout en admettant que son suc-

cesseur se trouve désormais dansune « situation très difficile » ,M. Ekeus est formel : M. Butler nedoit pas démissionner. « S’il démis-sionne dans ces conditions, imagi-nez les répercussions pour son suc-cesseur, qui, lui, n’osera plustravailler librement. » Le diplomatesuédois, détesté en son temps parles responsables irakiens, estmaintenant regretté par tout lemonde. Les choses auraient-ellesété différentes s’il était resté ? « Jene pense pas, répond-il, les Irakiensn’ont pas davantage coopéré avecmoi. Mais, avec Richard Butler,l’Unscom est devenue beaucouptrop politique, ce qui n’est pas unebonne chose. »

A la question de savoir s’il jugel’Irak désarmé, le diplomate sué-dois s’en tire enfin par une pi-rouette : « C’est une question telle-ment politiquement chargée que jepréfère ne pas y répondre ! »

A. B.-P.

Les Etats-Unis admettent avoir collecté des renseignements sur l’Irak via l’Unscom

L’ONU exprime son « inquiétude profonde » pour sa propre crédibilitéWashington reconnaît que les informations re-cueillies par la commission chargée de désarmerBagdad lui a permis de constituer sa propre col-

lecte de renseignements, jugeant qu’il n’y a làrien que de très normal pour eux et tous lespays membres de la commission. Les respon-

sables américains ont choisi de confirmer, pourles dédramatiser, les informations publiées mar-di 5 janvier par le Washington Post.

NEW YORK (Nations unies)de notre correspondante

Les États-Unis ont-ils profité dela commission spéciale de l’ONUchargée de désarmer l’Irak (Uns-com) pour espionner Bagdad ?Oui. Est-ce illégal ? Non. C’est ences termes que les responsablesaméricains à Washington ad-mettent avoir profité de la pré-sence en Irak de l’Unscom, pourrecueillir des informations mili-taires pouvant aider à renverser lerégime du président Saddam Hus-sein.

« Qu’est ce qui vous choque danscette affaire ? », s’étonne un res-ponsable de haut rang du dépar-tement d’Etat, interrogé mercredipar Le Monde, après la publicationd’informations en ce sens par leWashington Post (Le Monde du7 janvier). « Que les inspecteurs del’Unscom fassent de l’espionnage enIrak ? Mais c’est une évidence etc’est [prévu] dans leur mandat. »Et il ajoute : « En avons-nous profi-té ? La réponse est affirmative. »Les États-Unis ont, « depuis tou-jours », apporté un soutien tech-nique et logistique à l’Unscom.« Que font à votre avis nos avionsespion U2 qui survolent l’Irak ?Comme leur nom l’indique, ils fontde l’espionnage. Nos spécialistesexaminent-ils les photos prises parles U2 ? Oui. C’est normal. Il seraitvraiment naïf de penser que nosmilitaires puissent se priver des in-formations recueill ies par nospropres avions. »

Quant aux inquiétudes des res-ponsables de l’ONU sur l’utilisa-tion par Washington de ces infor-mations afin de renverser lerégime irakien, le responsableaméricain explique que la garderépublicaine, l’unité d’élite du ré-gime, est chargée à la fois de laprotection des entrepôts d’armesde destruction massive « et de lasécurité du président ». Il est doncpossible (en inspectant les sites)« d’apprendre comment fonctionnele régime et comment le présidentse protège ». « Ce n’est franche-ment plus un secret que nous vou-lons activement remplacer la dicta-ture irakienne », rappelle-t-il,réfutant les affirmations de cer-tains membres de l’Unscom selonlesquels « les renseignements amé-ricains auraient "infiltré" » lacommission spéciale. « Tous les

gens qui travaillent pour l’Unscom,qu’ils soient Américains, Russes ouFrançais, rapportent ce qu’ils ontvu ou appris en Irak à leurs propresgouvernements. »

Le rôle joué par les Américainsau sein de l’Unscom « n’a rien denouveau, ni de surprenant », com-mente un membre de laditecommission. « Tout le monde saitqu’ils profitent de tout ce que noussavons », ajoute-t-il. Les respon-sables américains « ont raison » dereconnaître « publiquement »avoir profité des informations del’Unscom, « en effet cela n’a riende choquant, et en l’admettant ilstuent l’affaire ».

TECHNOLOGIE SOPHISTIQUÉECe qui pourrait être « cho-

quant », si « cela était prouvé, etc’est très difficile, c’est que l’espion-nage américain n’est pas humainmais électronique », explique cetexpert du désarmement. Selon lui,les Américains ont réussi à instal-ler en Irak du matériel d’écoutesélectroniques, et « pas nécessaire-ment dans les installations surveil-lées par l’Unscom, mais dans cer-taines ambassades ». La CIA ou lePentagone « n’ont pas besoind’avoir des espions en Irak, leurtechnologie extrêmement sophisti-quée est déjà en place », dit-il.« Certains, à l’Unscom », étaientau courant, « mais pas Richard

Butler », chef de la commission,pense cet expert qui refuse, « pourl’instant », d’en dire plus.

Si ces affirmations sont justes,elles expliqueraient « l’inquiétudeprofonde » du secrétaire généralde l’ONU, Kofi Annan, quant aurôle joué « consciemment ou in-consciemment » par l’Unscompour aider les Américains à serenseigner sur le fonctionnementdu régime irakien. M. Annan esttroublé pour deux raisons, ex-plique l’un de ses proches, souscouvert d’anonymat : « d’abordparce que l’idée que l’ONU puisseparticiper à une opération visant àrenverser un régime porte un coupirréparable à la crédibilité de l’or-ganisation » internationale. En-suite parce que cette affaire risqued’avoir des « implications sur lerôle de l’ONU dans le domaine dudésarmement en général ».

M. Annan, qui non seulementn’a pas été contrarié par la publi-cation d’informations à ce sujet,

mais semble avoir joué un rôle dé-terminant pour relancer la polé-mique contre l’Unscom, préfère,indiquent ses proches, « que l’onsache qu’il n’approuve pas toutesles activités » de cette dernière.Contrairement à ce qu’affirmaientle Washington Post et le BostonGlobe, Kofi Annan, d’après ses col-laborateurs, ne serait pas en pos-session des « preuves » d’une col-lusion entre l’Unscom et lesAméricains. « Il sait ce que le chefde l’Unscom veut bien lui dire », in-dique un de ses conseillers. « Kofine sait rien de ce qui se passe cheznous », affirme-t-on au sein del’Unscom.

Le chef de cette dernière, le di-plomate australien Richard Butler,a qualifié de « mensonges » les in-formations du Washington Post.Dans des déclarations aux journa-listes, mercredi à New York, Il aaffirmé n’avoir « aucune raison dedémissionner ». Son sort paraîtnéanmoins de plus en plus incer-tain. L’ambassadeur russe àl’ONU, Sergeï Lavrov, a réclaméune nouvelle fois mercredi sondépart. « Nous n’avons pasconfiance dans Richard Butler », a-t-il dit.

« S’ils n’aiment pas Butler, pour-quoi ne demandent-ils pas carré-ment son départ au Conseil de sé-curité, au lieu de le dire chaquejour à la presse ? », interroge unexpert du désarmement, souscouvert d’anonymat. Les Russes,qui ont eux aussi un grandnombre de personnels à l’Uns-com, « sont mieux placés que qui-conque pour savoir ce qui s’y passe,mais préfèrent ne rien dire »,ajoute cet expert de nationalitéaméricaine. « Moscou profite luiaussi de l’Unscom », avec cettenuance, qu’« à la différence desEtats-Unis, la Russie n’est pas hos-tile à l’Irak ».

Afsané Bassir Pour

LeMonde Job: WMQ0801--0004-0 WAS LMQ0801-4 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0398 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 I N T E R N A T I O N A L

Des questions sur les épouses...Reflet de l’ambiance, le président Santer a été amené à répondre à des

questions très personnelles au cours de sa conférence de presse de mer-credi. Sa femme n’est-elle pas actionnaire d’une société immobilière auLuxembourg qui loue des immeubles à la Commission ? Réponse néga-tive du président qui a dressé, à l’intention des journalistes, l’inventaire(trois maisons) du patrimoine familial. M. Liikanen a été conduit à don-ner des éclaircissements du même ordre : non, son épouse ne dirigeaitpas une société nommé Assi qui aurait bénéficié de subventions de laCommission. « Ma femme s’appelle Hanna-Liisa et son surnom est Assi ! »,a révélé le commissaire chargé des affaires budgétaires ; elle est, depuis1972, fonctionnaire salariée de l’Etat finlandais et, à ce titre, a pu êtreamenée à conclure des contrats avec la Commission, a précisé l’ancienministre des finances.

Keizo Obuchirencontre Jacques Chiracet Lionel Jospin

Arrivé mercredi à Paris pour lapremière étape d’une tournée eu-ropéenne qui le conduira en Italieet en Allemagne, le premier mi-nistre japonais Keizo Obuchi de-vait rencontrer, jeudi 7 janvier,Jacques Chirac, et Lionel Jospin lelendemain.

A son départ de Tokyo, M. Obu-chi a rendu hommage à la« compréhension profonde du Ja-pon » manifestée par le présidentfrançais et le premier ministre. Il aindiqué qu’il inviterait M. Jospin àvenir au Japon. Cette visite pour-rait intervenir fin février.

Le chef du gouvernement nip-pon se rendra à Rome vendredipour une audience avec le papeJean Paul II, des entretiens avec leprésident du conseil, MassimoD’Alema, et le chef de l’Etat, OscarLuigi Scalfaro. Le 11 janvier,M. Obuchi sera en Allemagne où ilrencontrera le chancelier GerhardSchröder.

TROIS QUESTIONS À...

BRONISLAW GEREMEK

1Avant de céder la présidence del’Organisation pour la sécurité

et la coopération en Europe (OSCE),vous avez estimé qu’il faudrait « re-considérer les modalités d’action »de la mission des observateurs auKosovo si la situation se dégradait.Qu’entendez-vous par là ?

Cette mission ne doit pas êtreconsidérée comme otage par les au-torités de Belgrade ou par les élé-ments radicaux albanais du Kosovo.Les Serbes pourraient être tentésd’y voir une caution contre une in-tervention militaire et les Albanaisla garantie que Belgrade n’emploie-ra pas la force. C’est pourquoi ilétait important de dire que cettemission qui a commencé à se dé-ployer rapidement peut, aussi bien,être rapidement retirée. Elle nepeut être qu’un élément contri-buant au dialogue politique entreBelgrade et Pristina. La question estde savoir s’il est raisonnable de lacompléter maintenant.

2 Peut-on aujourd’hui envisagerl’amorce d’une solution poli-

tique, vu le fossé qui sépare Serbeset Albanais ?

Par rapport à la Bosnie, on a vud’énormes progrès dans la façondont la communauté internationaleréagit. Mais j’ai le sentiment quenous sommes au bord de l’explosiond’une guerre ouverte au Kosovo. Ilfaut créer un minimum de bonnevolonté de part et d’autre. Pour ce-la, il faut exercer une pression mili-taire, qui pour l’instant a disparu. Ilfaut réintroduire cette pression mi-litaire.

3 La démocratisation de la Serbieet le renforcement de la société

civile albanaise sont, selon vous, lesconditions d’un règlement ; maisles radicaux, des deux côtés, ont levent en poupe...

Je ne peux pas imaginer que l’Eu-rope ne trouve pas de solution. Ilfaut voir les résultats positifs déjàobtenus. L’année dernière, on aréussi à éviter une catastrophe hu-manitaire et à imposer à Belgradeune médiation internationale. Ilfaut maintenant que le dialogues’engage sur des questionsconcrètes correspondant à un fonc-tionnement plus ou moins fédéraldu Kosovo au sein de la Républiquefédérale de Yougoslavie.

Propos recueillis parChristophe Châtelot

Le mariage d’Edward requinque la monarchie britanniqueLONDRES

de notre correspondantQue n’a-t-on pas raconté ! Que le prince Edward,

trente-quatre ans, était l’un de ces célibataires en-durcis guidés par cette « esthétisation de l’existence »dont parlait Foucault. La preuve, cette société deproduction spécialisée dans les documentaires sur lagentry que le plus jeune fils de la reine Elizabeth II amontée après l’échec de sa carrière d’acteur et sa fra-cassante démission de l’école des commandos demarine. Que Sophie Rhys-Jones n’était qu’une de cesAnglaises de bonne famille abritant une cervelle decanari, affreusement mal habillée, asexuée mais bienélevée et parlant un anglais sans accent. Que son job,les relations publiques au profit de causes caritativesmondaines, ne faisait pas sérieux. Qu’elle avait à sonactif quatre liaisons dûment repertoriées avantd’avoir rencontré le benjamin des quatre enfants dela souveraine à l’occasion d’un tournoi de jeu depaume...

Pourtant, l’annonce, mercredi 6 janvier, du pro-chain mariage d’Edward et de Sophie a singulière-ment enthousiasmé la Grande-Bretagne. Après lesdivorces de ses trois autres enfants et la mort drama-tique de sa bru, la reine Elizabeth II a bien des motifsde se déclarer « ravie » par les noces, qui devraientavoir lieu avant l’été. D’abord, il était temps qu’il semarie, ce petit dernier timide et sensible. Ensuite,ces fiançailles hypermédiatisées tombent à pointpour appuyer la campagne de reconquête de l’opi-nion entreprise par la monarchie, déstabilisée par lala cascade d’anni horribili. Même si elle n’embrase

pas l’Angleterre comme ce fut le cas en 1981 lors del’union de Charles et de Diana, cette love affair pro-jette l’image de modernité souhaitée par la Cour. Ce-la fait cinq ans que les deux tourtereaux vivaient en-semble, cohabitation qui montre le chemin parcourupar cette vénérable institution désormais moinscompassée.

Pour économiser les deniers publics, le prince asouhaité de surcroît une cérémonie simple, fami-liale, à la petite chapelle de Windsor, au lieu d’ungrand rassemblement de têtes couronnées et dechefs d’Etat sous le dôme de Saint-Paul ou de West-minster. Aux yeux des commentateurs royaux, la filled’un ancien vendeur de voitures devenu exportateurde pneus en Europe de l’Est dispose d’un autreatout : son expérience des médias, qui devrait l’em-pêcher de jouer à la starlette, comme Diana et Fer-gie. Enfin, après un discret voyage de noces, ils re-prendront leur job, ce qui aujourd’hui fait bongenre.

Pour le premier ministre, Tony Blair, EdwardWindsor, septième sur la liste de succession, a égale-ment fait le bon choix. Le chef du New Labour en-tend réduire le poids des aristocrates de sang à laChambre des Lords, soit le milieu social le plusproche des Windsor. Or, si le prince n’a rien del’homme de la Renaissance et manifeste peu de donspour les affaires, personne ne discute sa bonne vo-lonté. A sa manière, Edward est décidé à forcer lamonarchie à épouser le nouveau millénaire...

Marc Roche

Le gouvernement japonaisveut changer les mentalités

Dans un entretien au « Monde »,le ministre du plan mise sur un retour

à une croissance positive en 1999« CASSER la collusion entre la po-

litique, la bureaucratie et le mondeéconomique, qui préside aux desti-nées de ce pays depuis son bas-culement dans l’ère industrielle » :telle est la profession de foi de Tai-chi Sakaiya, ministre du plan japo-nais, présent à Paris à l’occasion dela visite du premier ministre, KeizoObuchi. Dans un entretien auMonde, cet ancien fonctionnaire duministère du commerce internatio-nal et de l’industrie (MITI) estimeque le gouvernement japonais ne secontente pas d’accumuler les plansde relance de l’économie, maischerche à « changer le système et lesmentalités des Japonais » pour sortirle pays de la plus grave récessionqu’il ait connue depuis 1945. Aprèsune année 1998 négative (la crois-sance devrait être de – 2,2 % pourl’année fiscale qui s’achève en mars1999, selon le ministre) « nous re-trouverons une croissance positive en1999 ».

Aujourd’hui chef de l’Agence deplanification (dont il a dénoncépendant des années l’inertie etl’aveuglement), M. Sakaiya déploreque le développement du Japon aitété dirigé par des bureaucrates jus-qu’au milieu des années 80. « Il n’estpas facile de sortir de ce système. Orle monde change. Nous ne sommesplus dans la civilisation industrielle,mais dans une autre, où ce quicompte est avant tout la diversité dessavoirs et des savoir-faire. Entre 1993et 1998, le gouvernement a mis enœuvre sept plans de relance qui n’ontpas eu les effets escomptés, car le Ja-pon hésitait encore à changer le sys-tème établi, les mentalités et les fa-çons d’agir. »

Le « changement des mentalités »est au cœur de la solution de la crisejaponaise, selon M. Sakaiya, quisouligne que les événements actuelssont porteurs de bouleversementsprofonds : « Jusqu’à présent, les Ja-ponais avaient pour objectif decontribuer à la croissance écono-mique, ils appartenaient à leur entre-prise. Aujourd’hui, ils recherchentplus de liberté individuelle. » Et si leJapon n’a plus le sentiment d’être« numéro un », ses atouts de-meurent importants. « La compétiti-vité de notre industrie manufactu-rière est bonne, même si elle est moinsbonne dans les services. »

« GRAND REVIREMENT » A en croire les propos de M. Sa-

kaiya, l’équipe du premier ministreObuchi a adopté une approche plusradicale que celles qui l’ont précé-dée. L’ampleur des mesures annon-cées pour redresser la croissance estbeaucoup plus importante que parle passé, puisque le plan de recapi-talisation des banques, adopté enoctobre 1998, est d’un montantéquivalent à 11 % du PIB japonais.Le chef de l’Agence de planificationn’annonce pas de bilan – mêmeprovisoire – de la mise en œuvre dece plan ni des autres mesures de re-

lance budgétaire adoptées en 1998.Il préfère souligner les évolutions destructures et de mentalités en coursdans son pays.

Pour illustrer son propos, TaichiSakaiya cite l’exemple de la NipponCredit Bank : au lieu de faire recapi-taliser par des entreprises privéescette banque gorgée de mauvaisescréances, le gouvernement a choiside la nationaliser. Cette démarcheest qualifiée par M. Sakaiya de« grand revirement, avec d’impor-tantes conséquences sur la psycholo-gie des Japonais ». Il voit dans cettenationalisation la volonté d’en finiravec la collusion entre les hautsfonctionnaires de l’Etat et les mi-lieux de l’entreprise privée. A terme,la banque passera au secteur privé,« avec un appel à repreneurs, y

compris à l’étranger ». Autre voletdes réformes : l’abandon du sys-tème japonais de direction adminis-trative de l’économie, « qui dure de-puis l’ère Meiji, il y a cent trenteans ». Au mois d’avril, le gouverne-ment va présenter au Parlement unprojet de réforme administrative vi-sant à réduire le nombre de minis-tères de vingt-deux à treize et àabolir les domaines réservés dechaque administration. Pour M. Sa-kaiya, « cette réforme permettra denous doter d’une société véritable-ment ouverte, avec un accent plusgrand mis sur la liberté individuelle.J’espère que les historiens écriront quel’année 1999 a été celle d’un change-ment d’orientation du Japon ».

Lucas Delattreet Jean-Baptiste Naudet

Paris, Bonn et Varsovie veulent concrétiser leur coopérationLA POLOGNE voit dans le dia-

logue trilatéral avec l’Allemagne etla France une façon « d’introduire ladimension orientale de l’Europe dansl’Union européenne ». C’est le mes-sage qu’a réitéré, mercredi 6 janvier,le chef de la diplomatie polonaise,Bronislaw Geremek, à l’occasiond’une rencontre du « triangle deWeimar » à Paris, où il s’est entrete-nu avec ses homologues français etallemand, Hubert Védrine et Josch-ka Fischer. Ce « triangle » est né en1991 comme un forum associant laFrance au processus de réconcilia-tion germano-polonais. Avec le lan-cement des négociations sur l’élar-gissement de l’Union, l’idée de fairede l’ensemble trilatéral l’un « desmoteurs de l’Europe » – selon uneformule de Jacques Chirac, à Poz-nan, en février 1998 – fait son che-min. Les trois pays (180 millions

d’habitants au total) représenterontplus du tiers de la population d’uneUnion élargie à l’Est.

De date, il n’a guère été questionmercredi, même si M. Geremek aglissé que son pays serait « prêt »pour une intégration en 2002 et àadopter l’euro en 2006. La volontédes nouveaux responsables alle-mands d’imprimer un ton plus« réaliste » au débat a d’abord étéinterprétée à Varsovie comme unevolonté de freiner, voire geler, leprocessus. M. Geremek, qui re-connaît avoir entretenu des« doutes », affirme aujourd’hui que« les Polonais se sentent rassurés ».Sans fixer de date, le ministre Vertdes affaires étrangères, Joschka Fis-

cher, a rappelé qu’il n’y avait pasd’alternative à l’élargissement,même s’il fallait que celui-ci soit soi-gneusement préparé, par les payscandidats et par l’Union européenneelle-même, qui doit se réformerpour « se rendre en état » de suppor-ter cet élargissement.

Le Triangle de Weimar doit préci-sément permettre de préparer leséchéances. Malgré les contours unpeu flous de cette coopération, Hu-bert Védrine a assuré qu’elle étaitappelée à se développer. Plusieurspistes ont été évoquées, notammentl’élargissement des compétences duTriangle en matière de sécurité inté-rieure, d’environnement, de trans-port. Une coopération est envisagée

dans les domaines de l’aéronautiqueet de l’armement. Des initiatives se-ront prises pour ouvrir d’ici à la finde l’année un centre commun de re-cherche en sciences sociales à Varso-vie, pour promouvoir un jumelageParis-Berlin-Varsovie, pour encoura-ger la chaîne franco-allemande Arteà prendre en compte la dimensionpolonaise dans sa programmation.Enfin, l’Office franco-allemand pourla jeunesse et son pendant germa-no-polonais sont appelés à menerdes actions commmunes, àcommencer par un grand festival dejeunes.

Henri de Bressonet Natalie Nougayrède

La Commission européenne se défend des attaquesportées sur la gestion des fonds communautaires

Le président Santer justifie la suspension d’un fonctionnaireLa Commission de Bruxelles a resserré les rangs,mercredi 6 janvier, pour défendre sa gestion desfonds communautaires, qui va faire l’objet d’un

vote de défiance au Parlement européen à Stras-bourg. Prenant la défense des commissaires at-taqués, notamment d’Edith Cresson, le pré-

sident Santer a justifié la suspension d’unfonctionnaire qui avait diffusé de son proprechef un rapport attaquant la Commission.

BRUXELLES(Union européenne)de notre correspondant

Attaquée par le Parlement euro-péen pour ses dysfonctionnementset pour sa hâte à sanctionner unfonctionnaire coupable d’en avoirinformé les eurodéputés, laCommission de Bruxelles est biendécidée à ne pas démissionner. Ap-pliquant strictement les disposi-tions du traité de Maastricht, ellene se retirera que si la motion decensure déposée par le groupe so-cialiste, qui sera débattue la se-maine prochaine à Strasbourg, re-quiert la double majoriténécessaire : celle des membres duParlement (314 voix) et les deux-tiers des suffrages exprimés, ce quia peu de chance de se produire.S’estimant dans son droit, elle nes’inclinera pas et restera en place sile Parlement – sans décider la cen-sure – lui inflige un vote exprimantqu’elle n’a plus sa confiance, en ac-cordant plus de voix à la motionque contre.

C’est ce qu’a expliqué JacquesSanter, son président, mercredi6 janvier, au cours d’une confé-rence de presse qui a suivi un débatdu collège sur les « affaires ».« J’admets que nous avons connu desdifficultés de gestion, mais de là à re-mettre en cause de façon globalel’action de la Commission, c’est into-lérable », a déclaré M. Santer. Il aassuré que la Commission se mon-trait solidaire d’Edith Cresson,commissaire à la recherche, à laformation et à l’éducation, parti-culièrement visée par ceux quicontestent la gestion bruxelloise.Mercredi, le groupe libéral du Par-lement a déposé une résolution ré-clamant la démission de celle-ci etde Manuel Marin, commissairechargé du développement, critiquépour la manière dont il a supervisé,au début des années 90, le fonc-tionnement d’Echo, l’organe d’ac-tion humanitaire de la Commission.

Depuis l’été, une ambiance délé-tère règne au sein des institutions

européennes. Des détournementsde fonds et des fraudes ont été dé-couverts dans le fonctionnementde la Commission, le plus souventd’ailleurs, comme l’a fait observerM. Santer, par ses propres services,en l’occurrence l’Uclaf (l’Unité decoordination pour la lutte contre lafraude), ou bien le contrôle finan-cier. Mais le Parlement, et singuliè-rement sa commission de contrôlebudgétaire (la Cocobu), ont repro-ché à la Commission de chercherdavantage à étouffer le scandalequ’à faire la lumière sur ce quis’était réellement passé. Plusieurscommissaires ont été mis sur le grilpar la Cocobu, en particulier le Fin-landais Erkki Liikanen, chargé desaffaires budgétaires et de l’adminis-tration, et l’Italienne Emma Boni-

no, responsable d’Echo depuis 1995.En décembre, le Parlement, surl’instigation de la Cocobu, a refuséde voter la « décharge » pour lebudget 1996, infligeant ainsi un ca-mouflet politique à la Commission.

C’est alors que le groupe socia-liste, jugeant que, compte tenu del’importance de l’actualité commu-nautaire (« Agenda 2000 », négo-ciations d’élargissement...), il étaitnécessaire que la Commission dis-pose de la confiance du Parlement,a déposé une motion de censure. Letraité – et M. Santer l’a regretté –

ne prévoit pas la possibilité de de-mander un vote de confiance. C’estla raison de la fausse-vraie motionde censure des socialistes dont l’ob-jet est de constater que la Commis-sion conserve bien l’appui du Parle-ment.

Le débat à Strasbourg secomplique car un autre groupe (Eu-rope des nations), où siègent lespartisans de Philippe de Villiers(droites nationales), cherche à réu-nir les 63 signatures nécessairespour déposer une seconde motionde censure, avec cette fois le soucid’effectivement sanctionner laCommission. Par ailleurs, si elle n’aguère de sens sur le plan légal (auterme du traité, il n’est pas possiblede sanctionner un membre indivi-duellement, la Commission doit dé-

missionner collectivement), la réso-lution présentée par le groupelibéral introduit dans le débat uneconnotation clairement partisane àquelques mois des élections euro-péennes. En s’attaquant àMme Cresson et M. Marin, ellemontre du doigt deux responsablessocialistes.

La tension est montée d’un cranaprès l’annonce, mardi, de la sus-pension, par la Commission, dePaul Van Buitenen, un fonction-naire des services du contrôle fi-nancier, à qui il est reproché d’avoir

transmis, en dépit des mises engarde du secrétaire général de laCommission, un rapport de plus detrente pages sur les fraudes et irré-gularités commises. Ce documenttraitait des activités de plusieursservices de la Commission, portantune attention toute particulière àceux de Mme Cresson, à laquelle unchapitre est consacré. Il lui est re-proché, ainsi qu’à son entourage,d’avoir négligé les procédures lé-gales en vue de favoriser le recrute-ment de Français, ou encore l’octroide contrats à des firmes françaises.

Au Parlement, le groupe desVerts s’est ému de la sévérité ma-nifestée à l’égard de M. Van Buite-nen, qui, pour sa part, explique surtoutes les chaînes de télévision qu’ila agi en raison de l’absence de réac-tion du collège et par crainte querien ne soit fait pour assainir la si-tuation. A-t-il été plus sévèrementsanctionné que les fonctionnairescoupables de détournements defonds ? Le justicier va-t-il payerplus cher que les auteurs desfraudes ? Selon M. Santer, son cas aété traité selon les procédures sta-tutaires. Les informations qu’il atransmises à ses supérieurs ont faitl’objet de « vérifications », a-t-il ex-pliqué, mais « elles n’ont rien appor-té de nouveau ». Il est pénalisé pouravoir diffusé des dossiers parfoisconfidentiels au mépris de la régle-mentation. « Cela ne serait tolérédans aucune administration aumonde, ni dans aucune entrepriseprivée » a fait valoir Jacques Santer.

Quant à Mme Cresson, les griefsportés contre elle et ses servicesont, eux aussi, fait l’objet de vérifi-cations sans que des irrégularitésaient été trouvées, affirme M. San-ter qui s’est félicité de l’« efficacité »de son commissaire à la rechercheet à l’éducation. Il a notamment sa-lué le succès du programme « Leo-nardo » (formation profession-nelle) dont la gestion est durementépinglée par M. Van Buitenen.

Philippe Lemaître

LeMonde Job: WMQ0801--0005-0 WAS LMQ0801-5 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0399 Lcp: 700 CMYK

Parmi les attendus de la plainte déposée, mercredi6 janvier, par Ileana de la Guardia, fille d’Antonio de laGuardia, frère jumeau de Patricio, figurent les argumentssuivants :

« (...) Attendu qu’au lieu de leur reprocher [aux ac-cusés] leurs désaccords politiquesréels ou supposés, il [Fidel Castro]a imaginé de se défendre de l’ac-cusation de trafic de drogue lan-cée auparavant par les Etats-Unisen faisant porter la responsabilitéde ce trafic aux personnes qu’ilvenait de faire arrêter. (...)

» Attendu que Patricio de laGuardia a été condamné à une peine de trente ans deprison qu’il subit encore actuellement pour « ne pasavoir eu le courage de dénoncer son frère » (...). Que

I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 5

La rébellion sierra-léonaise a envahi la capitaleABIDJAN

de notre correspondanten Afrique de l’Ouest

Sam « Maskita » Bockarie, lechef des rebelles l’avait promis : àmoins que le président Ahmad Te-jan Kabbah ne démissionne, lesguérilleros lanceraient une offen-sive sur Freetown, la capitale de laSierra Leone après les fêtes. Mer-credi 6 janvier, le « général » Boc-karie a tenu parole, et dansl’après-midi l’un de ses hommess’adressait aux médias depuis unbureau de State House, la prési-dence sierra-léonaise, en pleincœur de Freetown.

Avant l’aube, les habitants desquartiers est de la capitale ont étéréveillés par des tirs d’artillerie etdes milliers d’entre eux ont cher-ché refuge au centre-ville, ouvrantapparemment la voie aux rebelles.En début d’après-midi, ceux-ciavaient pris pied dans le quartierdes ministères, brûlant le commis-sariat central et l’ambassade duNigeria.

Ce sont des troupes nigérianesqui forment l’essentiel del’Ecomog, la force ouest-africainecensée garantir la sécurité du ré-gime civil du président Ahmad Te-jan Kabbah. Chassé par un coupd’Etat, ce dernier a été rétabli dansses fonctions par le Nigeria en fé-vrier 1998, et, depuis lors, il s’effor-çait de mettre fin à la rébellion. Se-lon des témoignages

d’organisations humanitaires, laseule résistance qu’aient ren-contrée les rebelles a été opposéepar les Kamajors, des chasseurstraditionnels constitués en milice.De leur côté, les troupes nigé-rianes auraient effectué une sériede replis tactiques sans jamais af-fronter directement les assaillants.

Depuis la présidence, un« commandant » rebelle a affirmécontrôler tout Freetown et dispo-ser, pour cette opération, de15 000 hommes. Les rebelles au-raient libéré les détenus des deuxgrandes prisons de la ville, parmilesquels se trouvaient certains deleurs dirigeants ainsi que des

membres et des collaborateurs dugouvernement putschiste qui a ré-gné à Freetown de juin 1997 à fé-vrier 1998.

COALITIONLa force qui a envahi Freetown

est en effet une coalition réunis-sant les guérilleros du Front révo-lutionnaire uni (RUF) en lutte de-puis 1991 contre les régimes– militaires et civils – qui se sontsuccédé en Sierra Leone et les an-ciens soldats des forces arméessierra-léonaises restés fidèles auxputschistes qui ont pris le pouvoirde juin 1997 à février 1998. Cetteforce hétéroclite, dont les combat-tants se déplacent souvent en civil,pour mieux infiltrer villes et vil-lages, a pris une vigueur inatten-due ces dernières semaines. La ré-bellion a accumulé les succès,conquérant la ville de Makeni, me-nant plusieurs coups de maincontre des localités aux abords im-

médiats de Freetown avant des’attaquer directement à la capi-tale.

Pour expliquer cette nouvelle vi-gueur, le gouvernement sierra-léo-nais a affirmé à plusieurs reprisesque la rébellion disposait de l’ap-pui du Liberia voisin. Du temps oùil n’était qu’un rebelle, l’actuel pré-sident libérien, Charles Taylor, aeffectivement aidé à l’émergencedu RUF. M. Taylor a récemmentadmis que « 3 000 Libériens »combattaient aux côtés de la ré-bellion en Sierra Leone, mais qu’ilne s’agissait que de « merce-naires ».

Quelle que soit l’ampleur del’appui libérien, la prise de Free-town par la rébellion reste un évé-nement stupéfiant. A priori, les re-belles ne disposent ni de véhiculesni d’armement lourd, alors que lesforces de l’Ecomog sont puissam-ment armées et appuyées parl’aviation nigériane. Dans les mi-lieux humanitaires, on fait remar-quer que depuis le début de l’of-fensive du RUF, au début du moisde décembre 1998, l’Ecomog a gé-néralement évité l’affrontementdirect, préférant les replis succes-sifs, à l’encontre des proclama-tions belliqueuses de M. Kabbah.Ce manque d’ardeur au combatdes Nigérians a coïncidé avecl’abandon par la rébellion de lacampagne de terreur qu’elle me-nait contre les populations civiles.

Au soir de la troisième bataillede Freetown, on ignore tout dusort des deux principaux acteursde la tragédie sierra-léonaise : leprésident Kabbah, qui devaits’adresser au pays, n’a pas donnésigne de vie ; le vieux chef rebelleFoday Sankoh, incarcéré etcondamné à mort, ne semble pasfaire partie des détenus libérés parla rébellion. Si l’abstention mili-taire du Nigeria devait se confir-mer, les deux hommes pourraientêtre contraints de reprendre lechemin de la négociation.

Thomas Sotinel

Condamnationdes Nations unies

Les Nations unies ont « ferme-ment condamné », mercredi 6 jan-vier, l’entrée de la rébellion sier-ra-léonaise dans Freetown, « et lesoutien apporté de l’extérieur auxrebelles », a déclaré Celso Amo-rim, le président brésilien duConseil de sécurité. Le Conseil« exprime son soutien à tous les ef-forts diplomatiques, en particulierceux dans la région pour restaurerla paix et la sécurité », et il réitère« son ferme soutien au présidentAhmad Tejan Kabbah élu démo-cratiquement », a dit M. Amorim.

L’ONU a par ailleurs indiquéque 20 membres de son person-nel international, et troismembres d’agences spécialisées,étaient en voie d’évacuation versla Guinée. La Grande-Bretagne ademandé à ses ressortissants dequitter la Sierra Leone. – (AFP,Reuter.)

������

ABIDJAN

NIGERIA

SIERRA-LEONE

SIERRA-LEONE

GUINÉE

GUINÉE

LIBERIA

100 km

FREETOWN

OCÉANATLANTIQUE

Makeni

INVASION DE LA CAPITALE PAR LA RÉBELLION

« Il n’est pas certain que le trafic ait pris fin »quelles que soient les responsabilités particulières d’An-tonio de la Guardia dans les faits qui ont abouti à sonexécution, et qui restent à déterminer, il est en tout casétabli qu’un trafic de drogue a effectivement été mis enplace à Cuba en 1989, depuis temps non prescrit, et qu’iln’est pas certain que ce trafic ait pris fin à ce jour. (...)

» Que la drogue était acheminée aux Etat-Unis maistransportée également en Europe, en particulier enFrance (...). Qu’il est de notoriété publique que la totali-té du pouvoir est concentré entre les mains de FidelCastro depuis le début de son régime et qu’un trafic in-ternational de drogue à partir de Cuba ne pouvait êtredécidé sans lui et sans que sa police politique en ait im-médiatement connaissance. (...)

» Que dans ce sens, Fidel castro, alors chef de l’Etatcubain, est personnellement responsable des crimescommis. »

Trois plaintes contre Fidel Castroont été déposées auprès des tribunaux français

L’une d’elles concerne l’un des épisodes noirs du castrisme : l’affaire OchoaTrois plaintes, deux pour « crimes contre l’hu-manité » et une pour « trafic international destupéfiants », visant le chef de l’Etat cubain,

Fidel Castro, ont été déposées, mercredi 6 jan-vier, auprès du doyen des juges d’instructionde Paris. Ces plaintes, avec constitution de

partie civile, ont été déposés au nom de deuxressortissants cubains, vivant à Paris, et d’unFrançais.

L’ARRESTATION à Londres, le16 octobre 1998, de l’ancien dicta-teur chilien, qui fait l’objet d’unedemande d’extradition de l’Es-pagne pour les meurtres et tor-tures perpétrés sous son régime(1973-1990), n’en finit pas d’inspi-rer toutes les victimes des dicta-tures du monde entier. Deux res-sortissants cubains, résidant àParis, et un Français viennent dedéposer plainte contre le chef del’Etat cubain, Fidel Castro. Ils ac-cusent le dictateur cubain de« crimes contre l’humanité, pra-tique massive et systématique de latorture et d’actes inhumains » et de« trafic international de stupéfiants,séquestration, tortures, assassi-nat ».

Ces plaintes, avec constitutionde partie civile, ont été déposées,mercredi 6 janvier, en fin de mati-née, auprès du doyen des jugesd’instruction du tribunal degrande instance de Paris. Elles de-vraient entraîner l’ouvertured’une information judiciaire à Pa-ris et « la nomination d’un juged’instruction dans un délai d’unesemaine à deux mois », selon leconseil des plaignants, Me SergeLewisch.

« ACTES INHUMAINS »Les deux plaintes pour « crimes

contre l’humanité » émanent d’unphotographe français, Pierre Go-lendorf, et d’un peintre cubain,Lazaro Jordana, emprisonnés ettorturés par les autorités cubainesen 1971 et 1982. Elles se fondentprincipalement sur les chefs d’ac-cusation de « pratique massive etsystématique de la torture et d’actesinhumains, inspirés par des motifspolitiques en exécution d’un planconcerté à l’encontre d’un groupede population civile ».

La troisième plainte, qui accuseFidel Castro de « trafic internatio-nal de stupéfiants », a été déposéeau nom d’Ileana de la Guardia, lafille du colonel Antonio de laGuardia, condamné à mort par un

tribunal militaire cubain et fusilléà La Havane, en juillet 1989, pour« actes hostiles contre un Etatétranger, trafic de drogues toxiqueset abus de pouvoir dans l’exerciced’une charge », en même tempsque le général Arnaldo Ochoa, hé-ros du corps expéditionnairecubain en Angola. La plainte d’Ile-na de la Guardia reprend en faittoute l’histoire du procès Ochoa,qui s’est soldé par quatre condam-nations à mort et dix peines de dixà trente ans de prison. Le généralOchoa était accusé d’être en rela-tion avec le cartel colombien deMedellin, qui, selon l’accusationcubaine de l’époque, aurait versé3,4 millons de dollars pour pou-voir faire transiter de la cocaïnepar Cuba.

Dans un texte publié par LeMonde, le 31 juillet 1992, Patriciode la Guardia affirmait que « lesplus hautes instances » de Cubaétaient au courant des opérationspour lesquelles lui et son frèreavaient été condamnés. Il révélaitcomment le régime cubain, àl’identique de ce qui s’était passéavec les vieux dirigeants bolche-viques lors des procès de Moscou,cinquante ans auparavant, avait

laissé entendre aux futurscondamnés que, pour rendre ser-vice à la révolution, ils devaientreconnaître leur culpabilité. Leprocès fut engagé, en fait, à lasuite de la découverte par lesEtats-Unis, à la fin des années 80,d’un trafic international de drogueorganisé depuis Cuba, pour faireface à l’embargo américain et fi-nancer, entre autres, l’expéditioncubaine en Angola. Fidel Castro,directement visé par ces accusa-tions, aurait décidé, pour s’exoné-rer, selon Ileana de la Guardia, de« sacrifier les opposants à sa lignepolitique au sein de son propre par-ti en leur faisant porter la responsa-bilité de ce trafic de drogue ».

« IMMUNITÉ COUTUMIÈRE » Elle soutient, elle aussi, que le

trafic a été organisé au plus hautniveau de l’Etat cubain, que ladrogue était acheminée vers lesEtats-Unis et en Europe, en parti-culier en France. Cela étant, laplainte déposée n’apporte aucunélément sur la véracité de l’impli-cation du trafic en France. « Il ap-partiendra au juge qui sera nomméde conduire les investigations desti-nées à éclairer la réalité des faits

soumis », selon Me Lewish. L’issuede ces plaintes, en particuliercelles pour crimes contre l’huma-nité, risque de connaître le mêmesort que les récentes, classées sanssuite par les autorités judiciairesfrançaises, contre l’ancien dicta-teur chilien et contre le présidentde la République démocratique duCongo (RDC, ex-Zaïre), Laurent-Désiré Kabila. La demande d’ar-restation provisoire du dictateurcubain se heurte, de plus, à l’« im-munité coutumière » accordée auxchefs d’Etat en exercice. En no-vembre 1998, un tribunal espagnola rejeté les plaintes d’exiléscubains en vue de l’arrestation etdu jugement de Fidel Castro, deson frère Raul et d’autres diri-geants cuabains accusés de « gé-nocide, terrorisme et torture ».

Si la troisième plainte, pour tra-fic de drogue, rencontre ce mêmeobstacle, elle présente cependantl’intérêt juridique de dénoncer uncrime de droit commun non en-core prescrit. Mais plus encore,elle replace sous les feux de l’ac-tualité l’un des épisodes les plusnoirs du régime castriste.

Alain Abellard

La Suède envisage un référendumsur l’euro dès l’an 2000STOCKHOLM. Le premier ministre suédois, Göran Persson, a pourla première fois indiqué, mercredi 6 janvier, qu’un référendum surl’entrée du pays dans la zone euro ferait très vraisemblablementl’objet d’un congrès extraordinaire du Parti social-démocrate aupouvoir dès le début de l’an 2000. « Il y a de bonnes raisons de croireque nous aurons un congrès extraordinaire » à cette date, a-t-il décla-ré à la télévision. Un tel congrès est indispensable avant l’organisa-tion d’un référendum sur l’euro. M. Persson n’a toutefois pas donnéde date à ce sujet. Une majorité de partis politiques est favorable àune consultation populaire dès l’automne 2000. Le gouvernementavait décidé en 1997 de ne pas participer au lancement de la mon-naie unique, arguant de l’opposition d’une majorité de Suédois à ceprojet. Mais il n’avait pas exclu un revirement de position en cas deralliement de l’opinion publique. Celle-ci a commencé à changerd’avis sur l’euro, selon les sondages des derniers mois. – (Corresp.)

L’ONU condamne le massacrede 500 civils au Congo-KinshasaNEW YORK. Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies, acondamné, mercredi 6 janvier, le massacre de 500 civils à Makoboladans l’est de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre).Dans une déclaration rendue publique par son porte-parole à NewYork, M. Annan lance un appel à toutes les parties engagées dans leconflit en RDC pour qu’elles respectent les droits de l’homme et ledroit humanitaire international. Mardi, l’agence des missionnairesMisna, basée à Rome, avait annoncé que 500 civils avaient été mas-sacrés par la rébellion congolaise. Kofi Annan a ajouté qu’il nevoyait aucune solution militaire possible au conflit qui a éclaté le2 août 1997 entre les rebelles, soutenus par le Rwanda et l’Ouganda,et les forces fidèles au régime de Laurent-Désiré Kabila, appuyéespar l’Angola, le Zimbabwe, le Tchad et la Namibie. – (AFP, Reuters.)

Le chef de la sécurité de Mexicorenouvelle l’état-major de la policeMEXICO. Le chef de la sécurité de Mexico a limogé d’un seul coupsix de ses principaux subordonnés, dans un effort de grande enver-gure pour lutter contre l’insécurité et la corruption qui, depuis denombreuses années, gangrènent la capitale. Le ministre de la sécuri-té publique de la ville de Mexico (équivalent d’un surintendant de lapolice), Alejandro Gertz, a renvoyé le directeur général de la policede la capitale, Ramon David Almada Gallardo, et, aussitôt après, sescinq adjoints. Ainsi, l’état-major de la police, c’est-à-dire tous lesresponsables directs des quelque 36 000 policiers chargés de faire ré-gner l’ordre dans la capitale mexicaine, a été entièremment modifié.Le ministre, Alejandro Gertz, nommé récemment à la tête de la sé-curité publique de Mexique, avait déclenché fin novembre une of-fensive de grande envergure contre les policiers corrompus avecl’arrestation de quelque 200 membres des forces de l’ordre, dont44 pour des délits allant du vol à la séquestration de personnes, enpassant par les attaques à main armée. – (AFP.)

DEPÊCHESa RUSSIE : le rouble a perdu 5,7 %, mercredi 6 janvier, lors de lapremière session de l’année 1999 sur le marché des changes, pourcoter à 21,9129 roubles pour un dollar. La valeur prise pour référencedans le projet de budget 1999 (21,5 roubles) a ainsi été dépassée. De-puis sa dévaluation en août 1998, le rouble a perdu plus de 71 % desa valeur face au billet vert. – (AFP.)a RUSSIE/CAMBODGE : la Russie a joint sa voix, mercredi 6 jan-vier, aux appels en faveur d’un procès des anciens dirigeants khmersrouges. « La Russie approuve l’idée de faire comparaître en justicel’équipe de Pol Pot sous n’importe quelle forme – internationale, natio-nale ou mixte », a déclaré aux journalistes le porte-parole du minis-tère des affaires étrangères russe, Vladimir Rakhmanin. « La Russie adepuis le début écarté toute coopération avec Pol Pot et ses sbires et n’ajamais eu aucun lien avec eux », a poursuivi le porte-parole. – (AFP.)a ISRAËL : l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne,Amnon Lipkin-Shahak a officiellement annoncé, mercredi 6 janvier,sa candidature à la présidence du conseil, lors des élections géné-rales anticipées prévues pour le 17 mai. – (Reuters.)a ANGOLA : Albino Sawaku, un prêtre catholique, a été assassi-né, lundi 4 janvier, par des inconnus à Kactchiungu, un village aunord-est de Huambo (598 km de Luanda), a annoncé mercredi soirl’épiscopat de cette ville. Par ailleurs, la compagnie minière austra-lienne Ashton Mining Ltd. a annoncé jeudi que quatre de ses em-ployés avaient trouvé la mort, la veille, dans une embuscade tenduepar les rebelles de l’Unita (Union nationale pour l’indépendance to-tale de l’Angola), dans la province diamantifère de Lunda Norte(nord-est du pays). – (AFP.)a BRÉSIL : le gouvernement brésilien envisage de rediscuter lesmesures de crédit interne prévues par l’accord financier passé avecle Fonds monétaire international (FMI), en raison de la chute des ré-serves de change provoquée par la sortie de dollars du pays, a révélémercredi 6 janvier le quotidien de Rio de Janeiro, Jornal do Brasil.Avec des réserves de 36,2 milliards de dollars fin décembre (2,3 mil-liards de moins que ce qui avait été prévu dans l’accord avec le FMIet les pays riches), le gouvernement reconnaît qu’il doit revoir lesobjectifs fixés, précise le journal dans son cahier économique.– (AFP.)

L’Allemagne pourrait interdire leretraitement des déchets nucléaires en 2000BONN. Le gouvernement allemand « examine » l’éventualité d’ins-crire dans une prochaine loi de sortie du nucléaire une interdictiondu retraitement des déchets irradiés, a indiqué le ministère del’économie mercredi 6 janvier. L’entrée en vigueur d’une telle inter-diction en 2000, plusieurs mois après la présentation de la loi, laisse-rait le temps de concilier les divergences sur la question au sein dugouvernement, a expliqué un porte-parole du ministère, précisantqu’il ne s’agit encore que d’une « idée ». Les ministres de l’écono-mie, Werner Müller (sans étiquette), et de l’environnement, JürgenTrittin (Vert), apprécient différemment les conséquences d’une telleinterdiction sur les contrats internationaux, l’Allemagne faisant re-traiter ses déchets en France et en Grande-Bretagne. Cette diver-gence avait conduit le chancelier Gerhard Schröder à geler, le 16 dé-cembre, un avant-projet de loi du ministre de l’environnement quiinterdisait le retraitement des déchets nucléaires.Par ailleurs, un rapport de la Commission européenne, publié lundi,montre qu’une soixantaine de transports de déchets radioactifs onteu lieu entre Etats de l’Union en 1994 et 1995. L’Allemagne, avec19 autorisations de transfert, est, après la Suède (20 autorisations),l’Etat qui tranfère le plus de déchets. – (AFP.)

LeMonde Job: WMQ0801--0006-0 WAS LMQ0801-6 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0400 Lcp: 700 CMYK

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F R A N C ELE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

Typologie sommaire des conseillers régionaux de droite CHARLES MILLON avait porté

un soin très personnel à la compo-sition de ses listes, lançant enamont de l’élection des appels àcandidature, faisant une place àdes proches ou à des élus qui luisont redevables d’une partie deleur parcours. La fidélité à sonégard, au cours des neuf derniersmois, de la très grande majorité deces conseillers régionaux, en dépitde l’atmosphère de crise, s’ex-plique en grande partie par cettepréparation méticuleuse. Petite ty-pologie des conseillers de droite,dont dépend l’identité du prochainprésident de Rhône-Alpes.

b Les fidèles. Etienne Blanc,vice-président dans l’exécutif inva-lidé, est considéré, bien qu’il s’endéfende, comme le fils politique deCharles Millon, et son dauphindans l’Ain. L’intéressé préfère par-ler d’« amitié » avec « un bon-homme » dont il est « convaincu dela droiture ». Avocat de profession,maire de Divonne-les-Bains, entréen politique le « 11 mai 1981 », àvingt-six ans, M. Blanc pouvait es-pérer une carrière politique rapidederrière son mentor.

Antenne de La Droite auprès desparlementaires, Jean-Claude Carle,sénateur (DL) de Haute-Savoie, estaussi « un homme de Charles Mil-lon ». Vice-président du conseil ré-gional depuis 1992, conseiller gé-néral en 1994, il est élu sénateurl’année suivante. Pour lui, M. Mil-lon « est le leader naturel de celleset ceux qui ont été élus conseillersrégionaux sur les listes Oui à Rhône-Alpes », tandis qu’Anne-MarieComparini est la candidate de la« gauche déguisée ».

Gérard Ducarre (Loire) est placéau poste-clé de président dugroupe ORA. Cet élu RPR, vice-président délégué à l’aménage-ment du territoire dans la précé-dente assemblée, a pris ses dis-tances avec le parti gaulliste. Ainsi,il n’est pas venu saluer PhilippeSéguin lors de sa venue à Saint-Etienne, le 12 décembre 1998.

b Les réprouvés. La carrière po-litique de Marc Fraysse a connubien des vicissitudes. Exclu du RPR

en 1997, il a tenté de s’implantersuccessivement à Villeurbannepuis à Lyon. Il est aujourd’hui l’ac-tive cheville ouvrière de La Droitede Charles Millon.

b Les élus-maison. EstelleMosnier (Ain), vingt-huit ans, gé-rante associée d’une entreprise decommunication, doit tout au sys-tème de sélection mis en place parM. Millon au moment de la consti-tution de ses listes. Nouvelle enpolitique, jeune, femme, elle réunitles trois qualités que le présidentsortant recherchait. De M. Millon,elle dit qu’« il a gardé ses vraies va-leurs ». Anna Bret sort égalementde ce moule. Tête de la liste dansl’Isère, elle a été choisie parM. Millon pour tourner la page Ca-rignon. Agée de trente-six ans,consultante, elle est mariée à unavocat d’affaires issu d’une familled’industriels locaux, et mère dequatre enfants. Son slogan : « Jepense qu’il est grand temps de se re-trousser les manches et de se mettreau travail. »

b Les hommes de réseau. Res-ponsable agricole – il fut présidentde la fédération régionale des syn-dicats d’exploitants agricoles etpréside toujours aux destinées dela Mutualité sociale agricole del’Ain –, Jean Merle, conseiller ré-gional depuis 1986, possède un ca-ractère tranché, parfois abrupt. CeRPR convaincu a été exclu de sonparti depuis son élection à unevice-présidence du conseil régio-nal. « Je suis donc un hommelibre », souligne-t-il. Jacques Jondaussi. Maire (UDF) de Flumet, enSavoie, il est surtout hôtelier etpréside la Fédération autonomegénérale de l’industrie hôtelièretouristique (Fagiht).

b Les convaincus. Pour ceux-là,l’accord de M. Millon avec le Frontnational est un acte à la fois posi-tif, mais aussi prometteur. JacquesRemiller, maire de Jardin, vice-pré-sident du conseil général de l’Isère,est un nouveau venu au conseil ré-gional. Actif soutien de l’ancienministre, il voit une alternativepossible dans la stratégie d’allianceavec le FN en Isère, département

sérieusement menacé par lagauche depuis les élections canto-nales. Son succès serait, en outre,de bon augure pour la conquête,en 2001, de la ville de Vienne, déte-nue par le socialiste Louis Mer-maz.

Gérard Dezempte, exclu du RPRpour avoir conduit une liste dissi-dente dans l’Isère, est aujourd’huirallié à M. Millon. Maire d’unecommune ouvrière depuis seizeans, conseiller général depuis on-ze, il est connu pour ses fulmina-tions contre l’immigration. Enaoût 1989, il avait fait donner lesbulldozers contre la salle deprières des musulmans de sacommune. Ses propos contre l’is-lam lui ont valu d’être condamné,en décembre 1992, pour « incita-tion à la haine sociale et reli-gieuse ». Au conseil général, il afait partie du dernier cercle des fi-dèles d’Alain Carignon.

Député de la Loire, élu auconseil régional en mars 1998,Jean-François Chossy a rendu sacarte d’adhérent de Force démo-crate après l’élection de M. Millon.Confronté, dans sa circonscription,à une forte poussée du FN, il sou-tient M. Millon, qui a eu le « mé-rite, selon lui, de réveiller ladroite ».

b Les hésitants. Après bien destergiversations, Michel Thiollière,maire (UDF) de Saint-Etienne, a fi-ni par couper, en octobre 1998, lecordon ombilical avec M. Millonpour rejoindre les non-inscrits,puis, cette semaine, le groupeUDF.

b Les pusillanimes. Depuis l’in-validation de M. Millon, Jean-François Barnier (UDF) adopte unprofil bas. Il ne renie pas son en-gagement aux côtés de l’ancienprésident, mais, pour cet élumembre du groupe ORA, il est« sage d’attendre » que la situationse décante. « Je voterai pourCharles Millon s’il adresse un mes-sage clair, exempt de toute suspi-cion », affirme M. Barnier, quin’admettra, dit-il, « aucunecompromission, ni dans un sens nidans l’autre ». C’est le cas aussi de

Christian Rochette (RPR), adjointau maire de Saint-Rémy-de-Mau-rienne (Savoie), suppléant du dé-puté RPR Michel Bouvard, quisiège parmi les non-inscrits et ob-serve un silence total.

b L’institutionnel. Deuxièmede la liste de M. Dezempte dansl’Isère, Pierre Gascon est très en-touré pour une raison : son âge. Asoixante-dix-sept ans, il est ledoyen du conseil régional, et,comme tel, l’un des candidats en-visagés par le RPR et Démocratielibérale, dont il est membre. Parailleurs, il a été le premier adjointd’Alain Carignon à la mairie deGrenoble durant douze ans. C’estlui qui a assuré l’intérim de l’an-cien maire lorsque celui-ci était enprison, d’octobre 1994 à mai 1995.Sa fidélité ne s’est jamais démen-tie. M. Gascon a lui-même étécondamné pour « abus deconfiance ». Le parquet a fait ap-pel.

b Les insoumis. Ils ne sont pasplus de trois. Trois à avoir refuséde voter pour Charles Millon, le20 mars 1998, lorsqu’il est apparuévident que l’ancien ministre de ladéfense allait recevoir l’appui duFront national. L’une, Marie-Thé-rèse Geffroy, est secrétaire natio-nale à la famille du RPR, maire du5e arrondissement de Lyon, et re-fuse que l’on avilisse les principespour servir de « petits calculs politi-ciens ». Elle avait plaidé, au lende-main de l’annulation de l’électionde M. Millon, pour que l’opposi-tion unie se range derrière unecandidature de principe : celle deThierry Cornillet. Président du Par-ti radical, premier vice-présidentde l’UDF et maire de Montélimar(Drôme), M. Cornillet n’a pas, luinon plus, voté pour M. Millon, enmars 1998. Candidat à la candida-ture après l’annonce de l’invalida-tion, il a renoncé, faute du soutiende l’UDF. Fabienne Lévy, égale-ment radicale, et nouvelle élue ré-gionale, est la troisième de ces in-soumis.

Cécile Chambraudavec nos correspondants

L’arme de la procédureau service de l’éthique politique

SEUL, Etienne Tête a atteint sonbut. Pour la deuxième fois en unan, ce conseiller régional deRhône-Alpes a obtenu gain decause devant la haute juridictionadministrative en faisant « tom-ber », le 9 décembre 1998, CharlesMillon. Et forcé, ainsi, le présidentde la région Rhône-Alpes à tenterde nouveau d’obtenir la prési-dence, jeudi 7 janvier. En une jour-née d’audience, ce militant têtu etopiniâtre est devenu le symbole deces élus écologistes qui, depuisquelques années, investissent lesdifférents échelons judiciairespour contester les décisions desexécutifs locaux.

La précédente victoire deM. Tête datait du 6 février 1998. Cejour-là, il avait obtenu l’annula-tion de la délibération de laCommunauté urbaine de Lyon(Courly) sur le boulevard périphé-rique nord de l’agglomération, aumotif que cette voie à péage – uneinitiative de Michel Noir (RPR),alors maire de Lyon et présidentde la Courly – avait été concédéeaux sociétés Bouygues et Dumezde manière illégale. Sans aucuneformation juridique, ce gynéco-logue-obstétricien emportait lecombat face à un bataillon d’avo-cats du groupe du BTP et à la Ville.

« ENVIE DE FOUINER »« Le droit, ce n’est pas si compli-

qué quand on prend le temps de s’yplonger », assure-t-il. Depuis lesannées 70, où, militant d’une asso-ciation de défense de l’environne-ment, il potassait le code de l’ur-banisme pour contrer les projetsqu’il jugeait néfastes, M. Tête nes’est plus arrêté. Pour les Verts, il aobtenu l’annulation, par la Coureuropéenne de justice, du finance-ment de la campagne européennepar des crédits européens. A sonactif, également, l’annulation dufinancement par la Courly del’Opéra de Lyon, de la Cité inter-nationale, de postes de secrétairesdétachées...

« La loi, c’est l’arme des minori-taires face aux gens qui ont le pou-voir », explique-t-il. La « méthodeTête » a suscité des vocations.Grenoble et Paris se sont ainsi dé-couvert d’autres David écologistesface à leurs propres Goliath. Ja-mais juristes, mais exerçant desprofessions hautement qualifiées,ces procéduriers sont souventd’anciens militants associatifs,partageant une « envie de foui-ner » et, disent-ils, « une éthiquepolitique pas prête à se laisser négo-cier ». « Contrairement aux partisclassiques, qui ont été, même entant que minoritaires, associés à lagestion municipale, nous n’avonsrien à craindre de la justice », ob-serve Yves Contassot (Verts).

Ce responsable marketing de laBanque de France, ancien syndica-liste CFDT et candidat des Vertsdans le 3e arrondissement de Parisaux élections municipales de 1995,est à l’origine d’une plainte contreX... déposée, en 1989, pour faussesdomiciliations sur les listes électo-rales. Quand la nouvelle équipemunicipale prend possession deses bureaux, à la mairie du 3e, enjuin 1995, M. Contassot découvredans un disque dur d’ordinateurdes fichiers confirmant ses soup-çons. Il porte plainte. Avec succès :le tribunal d’instance lui a donnéraison en prononçant la radiationde 1 227 électeurs.

A Grenoble, Alain Carignon(RPR) règne depuis cinq ans sur laville quand il croise RaymondAvrillier. Dès sa première électionau conseil municipal, en 1989, ilmultiplie les recours contre la mai-rie au sujet de la privatisation desservices de l’eau. Huit ans plustard, le Conseil d’Etat lui donneraison. L’année suivante, le 7 août1998, le tribunal administratif deGrenoble annule le nouveaucontrat passé par la nouvelle mu-nicipalité de gauche avec la Lyon-naise des eaux.

Sylvia Zappi

PROFIL

ANNE-MARIE COMPARINI,UNE FIDÈLE DE M. BARRE

Après plus de vingt ans passés au service de celuiqu’elle continue d’appeler respectueusement « Mon-sieur Barre », la voilà au cœur de la tourmente. Ad-jointe au maire de Lyon, chargée à la fois de l’en-seignement supérieur, de la recherche et des quartiers« difficiles », Anne-Marie Comparini (UDF) se retrouveen situation de sauver l’honneur de la droite. Elle sesouvient qu’après avoir voté, en mars 1998, pourCharles Millon, les quelques élus de droite qui, commeelle, s’étaient détachés de l’ancien ministre de la dé-fense n’avaient même pas de salle, à l’hôtel de région,pour se réunir.

« J’ai été bien fière de mon groupe et, aussi, de ceuxqu’on appelle les RPR du "canal historique", ces der-nières semaines, après les neuf mois que nous avonspassés, un peu isolés », dit-elle. La rupture avec le pré-sident sortant du conseil régional s’est doublée, pour

elle, d’un déchirement personnel : tandis qu’elle étaitl’assistante parlementaire de M. Barre, M. Millonétait l’un des principaux lieutenants de l’ancien pre-mier ministre, notamment pour l’élection présiden-tielle de 1988.

Agée de cinquante et un ans, Mme Comparini a étésuccessivement assistante au cabinet du président del’ORTF, de 1971 à 1974, puis responsable du personnelà l’Institut national de l’audiovisuel, en 1975 et 1976.Après le « parachutage » de Raymond Barre à Lyon,en 1978, dans une circonscription réputée sûre, c’estelle qui assure la permanence de ce député du Rhônequ’on ne voit guère plus d’une journée par semainedans le département. Entrée au conseil régional dès1989, à la faveur de la démission de l’un de ses colis-tiers, elle suit M. Barre à l’hôtel de ville de Lyon en1995.

Le maire est l’un de ses plus fermes soutiens, alorsque, jusque dans les rangs de l’UDF, certains doutentque Mme Comparini ait les qualités requises pour « te-nir » la région.

J.-L. S.

DROITE Le conseil régionalRhône-Alpes s’est réuni, jeudi 7 jan-vier, pour élire son président aprèsl’annulation par le Conseil d’Etat, endécembre 1998, de la désignation de

Charles Millon, le 20 mars. La droiterépublicaine, RPR et UDF, soutenaitla candidature d’Anne-MarieComparini (UDF), adjointe au mairede Lyon, tandis que M. Millon se

portait de nouveau candidat. b LERPR, hostile jusqu’alors à toute élec-tion qui serait acquise avec des voixde gauche, a admis, mercredi, unetelle éventualité, face au risque

d’une réélection de M. Millon avecl’appui de l’extrême droite et à celuid’une victoire de Jean-Jack Quey-ranne (PS), candidat de la gauche.b L’ISSUE du scrutin dépendait no-

tamment des élus « millonistes »,inscrits par l’ancien président sur seslistes aux élections régionales du15 mars 1998 et qui échappentsouvent au contrôle des partis.

PCF

Verts

UDF

RPR

Ind., ruralité et entreprise

Oui à Rhône-Alpes

Front national

non-inscrits

PS et apparentés

en nombre de conseillersRÉPARTITION

Les 157 conseillers régionaux de Rhône-Alpes

12

40

8

10

8 34

35

4

6Groupe réunissant l'essentiel des partisans de Ch. Millon

1 élu CPNT5 élus droite dissid.

22 mégrétistes13 lepénistes

P. Abeille (Ligue savoisienne), J.-P. Calvel (UDF), Ch. Rochette (RPR), P. Gimel (RPR)

pr. F. Auguste

pr. B. Soulage

pr. J.-M. Léculier

pr. D. Chambon

pr. Ph. Langenieux-Villardpr. G. Ducarre (RPR)

pr. Ph. Macke

Source : Le Monde

Le RPR s’est rallié à une stratégie « républicaine » en Rhône-AlpesAnne-Marie Comparini, candidate de l’UDF à la présidence du conseil régional face à Charles Millon et à Jean-Jack Queyranne (PS),

pouvait compter sur l’appui des gaullistes aux trois tours de scrutin, même dans le cas où son élection serait assurée finalement par la gaucheLYON

de nos envoyés spéciauxA la veille de l’élection du pré-

sident du conseil régional Rhône-Alpes, fixée au jeudi 7 janvier, lesrumeurs allaient bon train, à Lyon,comme celle qui ferait de l’indus-triel Alain Mérieux une ultime solu-tion de recours pour le RPR. Dansle train qui le ramenait de Londres,mercredi, l’intéressé n’en revenaitpas. « Ces dernières semaines, per-sonne ne m’a d’ailleurs téléphoné »,assurait le président de l’institutpharmaceutique qui porte sonnom.

Après avoir été, quelques se-maines, premier vice-président au-près de Charles Millon, élu commece dernier avec les voix du Frontnational, M. Mérieux avait donnésa démission de ses fonctions, enmême temps que du RPR, après le

vote du budget régional. Redevenusimple conseiller régional, ceproche de Jacques Chirac constateavec amertume les dégâts enregis-trés depuis quelques mois auconseil régional : « Ces gens, dit-il,qui s’entendaient plutôt bien depuisdes années, sont devenus haineux. »

La politique est une activité dontM. Mérieux assure avoir épuisé lescharmes. Ceux du conseil régional,tout spécialement. Ce n’est pas larégion qui le rebute. « Rhône-Alpesa une bonne dimension et de nom-breux atouts, évalue-t-il. Elle n’aqu’un problème : ses indigènes. » Deceux-ci, et en particulier de la varié-té qui fréquente l’assemblée régio-nale, M. Mérieux a beaucoup à dire.Et il n’est pas le seul.

A l’UDF comme au RPR, on dé-plore amèrement, bien qu’un peutard, que les élus de droite, choisis

avec soin par M. Millon (lire ci-des-sous), fassent preuve d’une fai-blesse de conscience politique re-doutable par gros temps. Desrumeurs, donc, ils sont aisément laproie. L’une des dernières, parmiles plus fantaisistes, voudrait queRaymond Barre (UDF), maire deLyon et irrémédiable adversaire dela stratégie choisie par M. Millon,ait promis à la gauche de lui laisserla direction de la Communauté ur-baine de Lyon (Courly), qu’il pré-side, en échange d’un soutien àAnne-Marie Comparini, candidatede l’UDF et adjointe au maire.

Dans cette atmosphère surchauf-fée et, de l’avis général, désormaistraversée de rancœurs inextin-guibles, l’espoir de victoire qui s’estrécemment manifesté à gauche asemé l’effroi. D’un coup, les divi-sions de la droite ont rendu envisa-

geable, aux yeux de ses respon-sables, l’élection, jeudi, deJean-Jack Queyranne, secrétaired’Etat à l’outre-mer et candidat del’ensemble de la majorité au pre-mier tour. C’est sans doute l’expli-cation principale du revirement duRPR. Opposé, jusqu’alors, à une so-lution consistant, pour un candidatde droite, à accepter les voix detout ou partie des élus de gauchepour faire battre M. Millon, le RPRs’en tenait à un double refus del’extrême droite et de la gauche.

« UN ESPACE RÉPUBLICAIN »Mercredi dans la matinée, pre-

nant conscience d’une possible réé-lection de M. Millon ou d’une éven-tuelle victoire de la gauche, leprésident du groupe RPR duconseil régional, Philippe Lange-nieux-Villard, a commencé par af-firmer qu’« il y a une différenceentre solliciter et accepter les voix »de la gauche. « Il est évident qu’autroisième tour, dans la mesure où l’onrefuse les voix du FN, on accepte les

voix de la gauche », a-t-il ajouté.Jeudi matin, sur Europe 1, M. Barrea salué cet « événement », ajoutantque « ce qui est important, c’est qu’ily ait un président qui soit élu par lesvoix républicaines ».

Le bureau politique du RPR a de-mandé aux élus gaullistes de « seconformer, après avoir fait valoir[leur] point de vue, aux orientationsqui seront finalement arrêtées par lechef de file de l’UDF, le mieux habili-té, vu les circonstances, à déterminerla meilleure stratégie en salle deséance ». En clair, le RPR acceptaitla candidature de Mme Comparini,non plus seulement pour le pre-mier, mais pour les deuxième ettroisième tours de scrutin. La direc-tion du parti a précisé, toutefois,que « nul membre du RPR ne serahabilité à participer à un exécutifdont il apparaîtrait que sa constitu-tion a été fondée soit sur une collu-sion avec l’extrême droite, soit surune connivence avec la gauche ». Dela sorte, si Mme Comparini parvenaità être élue, elle ne pourrait consti-

tuer son exécutif qu’avec des élusde l’UDF ou avec des non-inscritsde droite, jusque-là « millonistes ».

Cette concession en demi-teintedu RPR ne satisfait pas le PS. Ber-nard Soulage, président du groupesocialiste, estime qu’on ne peut pasmettre sur le même plan une éven-tuelle « collusion avec l’extrêmedroite » et une « connivence avec lagauche ». « Avec la gauche on dia-logue, alors qu’avec le FN on ne peutpas discuter », explique M. Soulage.Il faudrait donc que, jeudi,Mme Comparini soit très claire, danssa déclaration de candidature, pourdéfinir les contours de ce que le PSappelle « un espace républicainétanche et durable ».

L’incertitude qui pèse sur le scru-tin est encore accentuée par la crisedu Front national. Denis de Bou-teiller a annoncé, mercredi, sa can-didature au premier tour, appuyéepar le groupe des mégrétistes, fortde ving-deux membres. Réunis peuaprès, les treize lepénistes ont dé-nié à M. de Bouteiller, « exclu duFN », le droit de se prévaloir de la« qualité » de membre de ce parti,et annoncé que, dans la configura-tion du moment, ils n’entendaientpas présenter de candidat, tout ense réservant le droit de le faire ulté-rieurement. Finalement, mercredisoir, dans une déclaration à l’AFP,Bruno Gollnisch, secrétaire généraldu Front national, a annoncé qu’ilse porterait candidat dès le premiertour de scrutin jeudi.

A l’ouverture de la séance, jeudi,l’élu indépendantiste de la Ligue sa-voisienne, Patrice Abeille, déposaitaussi sa candidature, portant à sixle nombre de candidats déclarés.

Cécile Chambraudet Jean-Louis Saux

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F R A N C E LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 7

Le remaniementde « l’état-major »Voici la composition de lacommission exécutive du RPRaprès les nominations renduespubliques mercredi 6 janvier : b Porte-parole : François Fillon.b Conseiller auprès duprésident : Roger Karoutchi.b Secrétaires nationauxchargés de l’organisation : – élections : Eric Raoult.– fédérations : NicolasDupont-Aignan.– études : Pierre Lellouche.– animation : Anne-MarieSchaffner.

– groupes parlementaires :Patrick Ollier.– élus locaux : FrançoisCornut-Gentille.– problèmes juridiques : NicoleCatala.– formation : FlorentLonguépée.– femmes : Marie-JoZimmermann.– jeunes : Vincent Roger.b Délégués nationaux chargésde l’organisation : – auprès du secrétaire nationalaux fédérations : CarolineCayeux, Daniel Courtois,Jean-Paul Anciaux.– auprès du secrétaire national àla jeunesse : Franck Giovanucci.

Confiance en hausse pour les deux têtes de l’exécutifLes cotes de confiance du chef de l’Etat et du premier ministre sont

en hausse selon la dernière enquête de CSA, réalisée les 21 et 22 dé-cembre auprès d’un échantillon représentatif de 968 personnes pourLa Vie et France-Info. Jacques Chirac recueille 63 % de bonnes opi-nions (+ 5 points en un mois) contre 30 % d’opinions négatives. Cescore record, dans ce baromètre, se situe à mi-chemin entre le der-nier sondage de la Sofres (52 % de bonnes opinions) et celui de Louis-Harris (74 %). Lionel Jospin recueille 59 % de jugements favorables(+ 6 points en un mois) contre 34 % (– 3) de jugements négatifs. Selonun autre sondage de CSA (enquête des 18 et 19 décembre auprès d’unéchantillon de 1 006 personnes pour L’Evénement), M. Chirac l’empor-terait aujourd’hui avec 51 % des voix (contre 49 % à M. Jospin) au se-cond tour d’une élection présidentielle. L’Ifop (enquête du 6 janvier,auprès d’un échantillon de 604 personnes, pour L’Express) donne unavantage plus net au chef de l’Etat (53 % contre 47 % à M. Jospin).

La nouvelle directiondu RPR entérine

le retrait de M. PasquaNominations à la commission exécutive du mouvement

IL FALLAIT simplementcompléter le dispositif. Après laréélection, le 13 décembre 1998, dePhilippe Séguin à la présidence duRPR, suivie,trois jours plus tard,de la confirmation de Nicolas Sar-kozy au poste de secrétaire géné-ral, le duo qui dirige le RPR a pro-cédé, mercredi 6 janvier, à desnominations au sein de lacommission exécutive, notam-ment dans des fonctions relativesà l’organisation. D’autres nomina-tions – celles des responsables dessecrétariats nationaux théma-tiques et celles des délégués natio-naux chargés d’animer les groupesde travail – devraient être commu-niquées ultérieurement.

Ces nominations ne fontsouvent que confirmer lesmembres d’une équipe que M. Sé-guin et M. Sarkozy avaient déjàrajeunie depuis qu’ils avaient prisles rênes du parti gaulliste, en juil-let 1997, après la défaite de ladroite et notamment de l’ancienpremier ministre, Alain Juppé. Ony retrouve les amis les plus fidèlesdu président du RPR, mais aussiquelques élus que le mouvement

tente de promouvoir dans les mé-dias ou à l’Assemblée nationale.

Ce nouvel organigramme enté-rine le départ de Charles Pasquade la direction du RPR. Aprèsavoir annoncé dans un entretienau Monde, le 5 décembre, sa déci-sion de quitter son rôle de conseil-ler politique à la direction du RPR,le sénateur des Hauts-de-Seine aaffirmé, le 1er janvier, son intentionde conduire sa propre liste auxélections européennes.

Toutefois, Patrick Devedjian adéclaré, mercredi sur LCI, queM. Pasqua « ne peut pas être exclupour ses paroles ». « Charles Pas-qua souhaite conduire sa liste. Pourle moment, c’est un souhait quin’est concrétisé par aucun acte ma-tériel », a assuré le député RPR desHauts-de-Seine. M. Devedjian apourtant posé les limites de la to-lérance du RPR en soulignant :« Ce qui sera difficile à accepter,c’est qu’un jour ou l’autre il y ait descandidats RPR sur deux listes diffé-rentes et qui se fassent concur-rence. »

Rle. B.

Les gaullistes dénoncent la « méconnaissance » du rôle du chef de l’Etat par M. Jospin

L’opposition estime que l’attitude du premier ministre témoigne de son affaiblissementLes trois partis de l’opposition ont réagi vive-ment, mercredi 6 janvier, à l’entretien accordé auMonde par Lionel Jospin (nos éditions du 7 jan-

vier). Tous dénoncent la posture de candidat àl’élection présidentielle prise par le chef du gou-vernement et le fait qu’il ne respecte pas, à leurs

yeux, les institutions. Cette attitude témoigne,selon eux, de l’impuissance du premier ministreà relancer l’action de son gouvernement

LE RPR A RÉAGI avec une rapidi-té et une vivacité remarquables,mercredi 6 janvier, à l’entretien ac-cordé au Monde par le premier mi-nistre, Lionel Jospin. Dès le débutde l’après-midi, le parti gaullistes’est élevé, dans un communiqué,« contre les théories constitution-nelles fantaisistes développées par lepremier ministre et fondées sur unesorte de schizophrénie dans l’exer-cice des fonctions institutionnelles,celles-ci changeant de nature,d’après M. Jospin, en fonction descirconstances politiques ». Le RPRs’élève contre les « allégations (...)au terme desquelles le président de laRépublique pourrait s’exprimer, se-lon les cas, au nom de l’ensemble desFrançais ou à destination des seulsélecteurs de l’opposition ». Il se dit« accablé par une méconnaissanceaussi évidente de nos institutions ».

« Le président de la République,dans nos institutions et notre culture,s’exprime toujours au nom de tous lesFrançais. Chacun voit bien queJacques Chirac n’a d’autres préoc-cupations que celles de tous les Fran-çais. (...) Le président de la Répu-blique apparaît bien comme

l’inspirateur alors que le premier mi-nistre démontre, par ces jérémiades,qu’il est sur la défensive sur l’en-semble de ces sujets », conclut lemouvement gaulliste. A l’Elysée,dans l’entourage du président de laRépublique, on n’a pas souhaitécommenter les propos du premierministre. On rappelle, toutefois,que « le président de la Républiqueest, par définition, le président detous les Français ».

Le député RPR de Paris, PierreLellouche, est revenu à la charge,jeudi 7 janvier, sur France Inter. Il aqualifié les propos de M. Jospin de« gesticulation politicienne ». « C’esttrès maladroit d’aller chercher leprésident de la République (...) sur leplan de la politique étrangère, parceque c’est un sujet sur lequel il fautque la France parle d’une seulevoix ». Le député RPR a estimé quele premier ministre « donne l’im-

pression de quelqu’un d’usé, surtoutsans programme ».

De son côté, le porte-parole del’UDF, Gilles de Robien, a déclarémercredi, dans un communiqué,que « la posture présidentielle deLionel Jospin le conduit à renoncer àses projets ». « Pour échapper ausyndrome du sablier qui voudraitque chaque premier ministre perdeinexorablement son crédit dansl’opinion, [M. Jospin] endosse la pa-noplie du marchand de sable à coupsde propos lénifiants et de vœuxpieux », a jugé le député et maired’Amiens.

Le porte-parole de Démocratielibérale, Claude Goasguen, a, poursa part, qualifié l’entretien du pre-mier ministre de « premier discoursd’un médiocre candidat » à l’élec-tion présidentielle. Enfin, le pré-sident du Mouvement pour laFrance, Philippe de Villiers, a jugéque les « petites phrases de LionelJospin » ne sont « pas à la hauteurde l’enjeu ». Il a ajouté que « la co-habitation était désastreuse : on a unprésident qui parle, un premier mi-nistre qui gère, mais personne negouverne ».

M. de Villiers espère toujours s’entendreavec l’ancien ministre de l’intérieur

LE BONHEUR de Philippe deVilliers, à quelques mois des élec-tions européennes de juin, tient entrois noms : Charles Pasqua, Phi-lippe Séguin et... Daniel Cohn-Bendit. Le président du Mouve-ment pour la France (MPF)compte bien unir ses forces avecM. Pasqua, son compagnon deroute dans le combat contre l’Eu-rope de Maastricht, depuis 1992,pour contrer, à droite, M. Séguin,pressenti par le RPR pour menerla liste de L’Alliance, et, à gauche,M. Cohn-Bendit, « le banquier deFrancfort ».

Mercredi 6 janvier, lors d’uneconférence de presse, le député deVendée a annoncé son entrée encampagne en fanfare, pour « le18 janvier », date à laquelle leCongrès doit se réunir pour adop-ter la réforme constitutionnellepréalable à la ratification du traitéd’Amsterdam. Sans surprise,M. de Villiers a invité M. Pasqua àrejoindre le camp villiériste. Le sé-nateur (RPR) des Hauts-de-Seinea annoncé, le 1er janvier , qu’ilconduira une liste aux euro-péennes.

« Charles, il y aura toujours unesoupe à la maison ! » : M. de Vil-liers a souligné les « communautésd’analyses et de visions » sur l’Eu-rope avec M. Pasqua, au-delà de la« démarche personnelle » de cedernier. « Les deux démarchespeuvent, le jour venu, se fondre et seconfondre », a déclaré M. de Vil-liers. Comme le sénateur desHauts-de-Seine, M. de Villiersveut « ratisser large » et plaidepour une « posture gaullienne »,qui « en appelle tout autant auxélecteurs de gauche qu’à ceux dedroite ». En revanche, faire figurerdes personnalités de gauche sur laliste, comme entend le faire l’an-cien ministre de l’intérieur, « cen’est plus une posture gaullienne,c’est une position marketing », atranché M. de Villiers. Le députéde Vendée ne doute pas queM. Pasqua se ralliera à son ana-lyse, « dans quelques semaines »,

quand il aura fini son « marchéaux aromates de gauche ». « MaxGallo, Régis Debray, Georges Sarreont déjà décliné son offre », a-t-ilrelevé.

L’ennemi, c’est donc la gauche« jospino - Cohn-Bendit », maisc’est aussi une aubaine pour M. deVillers, qui n’hésite pas à sacrerl’ancien animateur de mai 1968« pivot » de la campagne euro-péenne. « Le danger d’une électioneuropéenne est que le débat se ré-sume en une opposition droite-gauche. Cohn-Bendit européanisele débat », a expliqué M. de Vil-liers, qui se dit prêt, en ce débutd’année, à affronter, lors d’un dé-bat télévisé, « Cohn-Bendit... ou unautre euro-contrit », faisant allu-sion à M. Séguin.

« Charles,il y aura toujoursune soupeà la maison ! »

Le président du MDF se délecteà l’avance d’une confrontation« médiatique » avec le présidentdu RPR et député des Vosges qui,après avoir combattu l’Europe deMaastricht, s’est, dit-il, « converti àAmsterdam ». « Je suis persuadéqu’un grand nombre de gaullistesnous rejoindront... et j’y veillerai »,a martelé M. de Villiers. Denis Til-linac, écrivain proche de JacquesChirac, était d’ailleurs présent à laconférence de presse de M. de Vil-liers, lequel n’exclut pas de lemettre sur sa liste. M. de Villiers adéjà imaginé la mise en scène desa campagne si, comme il l’espère,il fait liste commune avec« Charles » : lors d’un meeting, lesdeux compagnons s’adresseraientà une chaise vide, celle du « cherPhilippe »...

Clarisse Fabre

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F R A N C E LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 9

Recherche de compromissur la couverture

maladie universelleDeux scénarios sont encore en concurrence

LE GOUVERNEMENT n’a pasl’intention de renoncer à son pro-jet de loi sur la couverture maladieuniverselle (CMU), en dépit desdifficultés qu’il rencontre dansl’élaboration définitive de ce texte.Lionel Jospin a confirmé, dans sonentretien au Monde (du 7 janvier),que la CMU a pour but d’offrir uneassurance de base aux deux centmillle personnes qui en sont ex-clues, et, surtout, une assurancecomplémentaire aux quelque sixmillions de personnes qui re-noncent aujourd’hui à se soigneren raison d’un ticket modérateurtrop lourd pour leurs revenus.Cette réforme coûterait au moins6 milliards de francs (914 millionsd’euros), financés pour moitié parl’Etat et pour moitié par les mu-tuelles, les compagnies d’assu-rances et les institutions de pré-voyance.

Le projet devrait être transmisau Conseil d’Etat fin janvier, avantsa présentation, mi-février, enconseil des ministres. Les pouvoirspublics envisagent toujours sonadoption par le Parlement à la findu premier semestre. Alors que laFédération française des sociétésd’assurances s’est engagée dans leprojet – sans doute pour montrerque les assureurs ont une vocationsociale et qu’ils sont capables, aus-si bien que la « Sécu », de gérer lerisque maladie –, les difficultéssont venues du mouvement mu-tualiste, qui a pourtant proposélui-même une extension de la cou-verture maladie à toutes les per-sonnes en situation régulière (LeMonde du 1er janvier).

PARTAGE DU COÛTLa Fédération nationale de la

mutualité française (FNMF) a dûs’y reprendre à deux fois pour défi-nir sa position. Après un premierfeu vert, début novembre 1998, unconseil d’administration extraordi-naire, réuni le 5 janvier, a mandatéson président, Jean-Pierre Davant,pour conclure un accord avec legouvernement. Or, ce dernier jugeque le consensus qui s’est dégagé,mardi, au sein de la Mutualité fran-çaise (71 voix pour, 9 contre et

2 abstensions) cache en réalité deprofondes réticences. Ainsi, la Mu-tuelle générale de l’éducation na-tionale (MGEN), fer de lance del’opposition au projet, a fait descontre-propositions, le 5 janvier.

En fait, deux scénarios sont en-core en concurrence : le premier,dit « centralisé », confie aux centvingt-neuf caisses primaires d’as-surance-maladie la gestion de l’en-semble du dispositif (base etcomplémentaire) ; le second, dit« partenarial », associe les assu-reurs complémentaires à la créa-tion d’une couverture de référence,sorte de « panier de soins » mini-mum que mutuelles et assurancesdevraient fournir aux personnes àrevenus modestes bénéficiant dansle nouveau dispositif de l’« alloca-tion personnalisée de santé ». Or,la ministre de la solidarité, MartineAubry, a toujours affirmé que, si cedernier scénario avait sa préfé-rence, il supposait l’entière adhé-sion de l’ensemble des acteurs.Notamment celle des mutuelles,qui ont vocation à jouer un rôle depremier plan dans ce dispositif.

Fin décembre, Mme Aubry et laMutualité française sont parvenuesà un accord sur de nombreuxpoints, en particulier le partage ducoût de ce dispositif et le faitqu’une seule institution – lescaisses primaires – assurerait lepaiement des professionnels desanté, afin d’éviter un système in-gérable de double tiers-payant (lesbénéficiaires de la CMU étant dis-pensés de l’avance de frais). Maisle peu d’allant du mouvement mu-tualiste risque d’inciter le gouver-nement à retenir, dans quelquesjours, un schéma confiant la ges-tion de la CMU à la seule Sécuritésociale, répondant aux souhaits decertains syndicats, des associationset d’une partie du patronat. Ausein du Medef (ex-CNPF), certainsreprochent, en effet, au scénario« partenarial » d’instaurer un« prélèvement obligatoire dissimu-lé » qui, par le biais des mutuellesd’entreprise, serait finalement à lacharge des entreprises.

Jean-Michel Bezat

DÉPÊCHESa 35 HEURES : Maryse Dumas,numéro deux de la CGT, chargéedu dossier des 35 heures, in-dique, dans un entretien publiépar La Tribune, jeudi 7 janvier,qu’elle est « inquiète du brouillardentretenu » autour de la réductiondu temps de travail et attend dugouvernement qu’« il annonce trèsclairement ses objectifs pour ladeuxième loi, sans report de dated’application ». Mme Dumas de-mande à M. Jospin de « prendre sesresponsabilités » et de dépasser« une pseudo-neutralité entre patro-nat et syndicats » en affirmant « deschoix clairs en faveur de l’emploi ».a SÉCURITÉ : Dominique Baudis(UDF-FD), maire de Toulouse, seprononce pour une modificationdes textes législatifs en matière desécurité, prônant notamment « unrenforcement des peines prévuespour les mineurs », dans une lettreadressée au président de l’Associa-tion des maires des grandes villesde France, Jean-Pierre Sueur.M. Baudis souhaite que l’AMGVF« présente au gouvernement uneproposition de loi qui apporte uneréponse adaptée à l’insécurité, dé-sormais intolérable, ressentie parnos concitoyens ».a SÉCURITÉ ROUTIÈRE : AndréLabarrère (PS), maire de Pau, aaffirmé, le 6 janvier, sur France 3Aquitaine, que « jamais un hommepolitique ne renoncera à essayer defaire sauter les PV ». Il réagissaitainsi aux propos tenus le 4 janvierpar le ministre des transports. « Lesdéclarations de Jean-Claude Gays-sot, qui est un homme charmant parailleurs, un homme du Sud, c’est dela tarte à la crème, du pipi de chat,ça ne sert strictement à rien », a dé-claré le député des Pyrénées-Atlantiques.a SYNDICATS : des militants ve-nus du Front national ont créé,au printemps 1998, une sectionsyndicale CFTC aux Transports encommun lyonnais (TCL), a re-connu, mercredi 6 janvier, MichelPicard, secrétaire général adjointde la confédération, en réponse àun article de L’Humanité. En mai1998, un arrêt de la cour d’appel deLyon avait interdit au FN-TCL dese prévaloir de la qualité de syndi-cat. En accueillant ces transfuges,la CFTC, qui n’avait pas de sectionsyndicale, pourra être présente,début février, aux élections inter-nes des TCL.a VERTS : Daniel Cohn-Bendit,tête de liste des Verts aux élec-tions européennes de juin, dis-cute de son programme avec desjeunes dans un livre intitulé Soisjeune et tais-toi !, à paraître en fé-vrier dans la collection à 10 francsde L’Esprit frappeur, tiré à30 000 exemplaires.

Le directeur du travail de la Martiniquefait l’objet d’une mesure de mutation

Le haut fonctionnaire est soutenu par les syndicalistes locauxContesté par une partie des agents de son service maissoutenu par les élus et les responsables syndicaux lo-caux, le directeur du travail de la Martinique va faire

l’objet d’une mesure de mutation. Prise, mercredi6 janvier, par une commission administrative paritaire,la décision devrait être confirmée par Martine Aubry.

FORT-DE-FRANCEde notre correspondant

Ni le soutien apporté par l’en-semble des élus de l’île ni celui desprincipaux responsables syndicauxn’auront suffi à empêcher queJacques Bertholle, directeur dépar-temental du travail à la Marti-nique, ne fasse l’objet d’une me-sure de mutation.

L’examen de son cas avait étéreporté au mercredi 6 janvier,après qu’une première commis-sion administrative paritaire(CAP), réunie le 23 décembre 1998au ministère du travail, eut de-mandé des éléments d’enquêtesupplémentaires, avant de se pro-noncer. Par trois voix, celles del’administration, contre une, laCGT – les deux responsables de laCFDT ayant refusé de prendre partau vote –, la CAP a décidé de pro-poser à M. Bertholle sa mutation« dans l’intérêt du service ». Mar-tine Aubry devrait, dans les joursqui viennent, suivre la décisionrendue par la commission.

Dans l’entourage de la ministre,on reconnaît que le déplacementd’un haut fonctionnaire du minis-tère du travail est chose rare, maison précise que « cette mutationdans l’intérêt du service n’est pasune sanction disciplinaire ». Evo-quant le contexte local – une grèvesuivie par 85 % des personnels dela direction du travail contre leursupérieur hiérarchique, qui a crééune situation de blocage total duservice, ainsi que des manque-ments au devoir de réserve de lapart de ce fonctionnaire, constatésen 1997 dans un rapport del’IGAS –, le ministère fait valoirque cette mutation constitue « uncas d’école ».

M. Bertholle a d’ores et déjàlaissé entendre qu’il s’apprêtait àrefuser toute affectation qui l’éloi-gnerait de la Martinique, qu’ilconsidère comme « le centre de[ses] intérêts matériels et moraux ».Il y est en poste depuis le 30 août1991 ; son épouse est d’origineguyanaise ; et ses enfants ont étéélevés dans la région. En outre,M. Bertholle est à trois ans de fairevaloir ses droits à la retraite, ce qui

l’incite à refuser son déplacement,d’autant plus qu’il a quasiment at-teint l’échelon le plus élevé dans sacatégorie indiciaire.

La décision de lui proposer unemutation intervient quelquetemps après une grève de trois se-maines suivie, au mois de no-vembre, par les agents de la direc-tion départementale du travail.Excédés par leurs relations avecleur directeur, les agents enten-daient également obtenir uneamélioration de leurs conditionsde travail. Un mouvement degrève paradoxal, Jacques Bertholleétant souvent appelé comme mé-diateur ou comme arbitre dans lestrès nombreux conflits collectifsdu travail en Martinique.

Le directeur du travail est enga-gé dans une épreuve de force avecsa tutelle, à laquelle il reprocheouvertement d’avoir cédé « auxpressions émanant des cercles lesplus rétrogrades du patronat », ain-si que l’affirme la Centrale démo-cratique martiniquaise des travail-leurs (CDMT), qui a recueilli plusd’un millier de signatures sur unepétition en circulation depuis ledébut du mois de décembre. Cer-tains employeurs ont du mal à to-lérer les interventions, qu’ils

jugent intempestives, du directeurdu travail, lequel s’est donné pourmission, dès son arrivée, de faireappliquer la législation socialedans les entreprises ou dans lessecteurs d’activité où elle estcontournée, voire ignorée, commedans l’agriculture ou le commerce.

Le ministère du travail rejetteces accusations, préférant voirdans la mutation de M. Berthollel’application du principe de la ro-tation des chefs de service del’Etat, qui doit intervenir tous lesquatre ans. Or, en poste depuisplus de sept ans, l’actuel directeurdu travail ne serait plus en mesurede se prévaloir de la neutralité at-tachée à sa fonction, mettant ainsien péril la crédibilité de son admi-nistration.

Il reste que le cas Bertholle n’estpas sans rappeler les brimades in-fligées à plusieurs fonctionnairesau titre d’une ordonnance d’octo-bre 1960, qui a permis à plusieursgouvernements de muter enFrance métropolitaine des respon-sables de la fonction publique ju-gés dérangeants, notamment desmilitants communistes ou natio-nalistes.

Jean-Marc Party

LeMonde Job: WMQ0801--0010-0 WAS LMQ0801-10 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0404 Lcp: 700 CMYK

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S O C I É T ÉLE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

58 134 interpellations pour usage de cannabis en 1997b Interpellations. En 1997, 89 285personnes ont été interpelléespour infraction à la législation surles stupéfiants (ILS) : 70 444 pourusage, 12 280 pour usage-revente,5 191 pour trafic local et 1 369 pourtrafic international. Le cannabisétait en cause dans 70 091arrestations (58 134 pour usage et8 443 pour usage-revente), suivi deloin par l’héroïne (13 864interpellations, dont 9 124 poursimple usage et 2 761 pourusage-revente), la cocaïne et lecrack (2 304 personnes interpellées,dont 1 216 usagers et 377usagers-revendeurs). En cinq ans,le nombre d’interpellations pourusage de stupéfiants a doublé.b Condamnations. En 1996,15 493 personnes ont étécondamnées pour des faitscomportant au moins uneinfraction d’usage de stupéfiants,dont 3 019 pour seul motif d’usage.En 1991, 11 500 condamnationsprononcées par les tribunauxcomportaient au moins une

infraction d’usage, dont 4 242réprimaient le seul délit d’usage.Les usagers de drogues étantsouvent condamnés pour demultiples infractions (autres ILS– trafic, transport –, ou délitsassociés-vols, recels, etc.), lenombre exact des usagerscondamnés reste sous-estimé.b Incarcérations. En 1997, selon leministère de la justice, 700personnes ont été incarcérées pourune infraction principale d’usagede stupéfiants (500 en détentionprovisoire et 200 aprèscondamnation). En 1996, 870consommateurs de drogues étaiententrés en détention (691 enprovisoire et 179 condamnés). Ceschiffres représentent des « flux » etnon un nombre fixe d’usagersdétenus. Au 1er janvier, 197personnes étaient incarcérées– dans le cadre de la détentionprovisoire – pour consommationde drogues illicites et 253 détenusavaient été condamnés pour délitprincipal d’usage de stupéfiants.

TROIS QUESTIONS À...

RENÉ PANATONI

1Vous êtes directeur de l’Associa-tion aixoise de prévention et de

réinsertion sociale, qui a instauré, enpartenariat avec le parquet d’Aix-en-Provence et le centre hospitalierMontperrin, une politique alterna-tive aux poursuites pour les simplesusagers de drogue. Comment vousadressez-vous à ces jeunes ?

Nous partons de l’idée que l’usageest un délit, la transgression d’unerègle. Lorsqu’un jeune est arrêté, lapolice lui remet une convocationpour qu’il vienne dans les locaux del’association. Il est alors suivi par l’unde nos travailleurs sociaux qui éva-lue la situation. On lui propose en-suite un autre rendez-vous pour

qu’il rencontre, lors d’un entretienunique, un professionnel de la fédé-ration des soins aux toxicomanes etun autre du service de pédopsychia-trie de l’hôpital Montperrin. Là, onlui explique la situation : soit il estrenvoyé devant le tribunal, soit il en-treprend un traitement. Cedeuxième entretien est strictementconfidentiel.

2 Pourquoi la justice accepte-t-ellede ne pas sanctionner ce qui

reste un délit ? Nous n’intervenons que sur man-

dat judiciaire, donc à la demande dela justice. A partir du moment où lejeune délinquant se présente ànotre rendez-vous, le parquet classel’affaire. Nous avons travaillé sur cemodule à la demande d’une jugepour enfants : elle se disait impuis-

sante à traiter l’usage de droguesdouces qui apparaissait souventdans les procédures à proposd’autres délits.

3Quel bilan tirez-vous de cettepolitique ?

L’expérience, qui a commencé enjuin 1995, nous paraît une réussite.Cent trente-neuf jeunes, de moinsde vingt et un ans, dont cinquante-deux mineurs jeunes, sont passéschez nous sans que nous connais-sions de récidive. Cela ne signifie pasque tous ont arrêté de consommer,bien sûr, mais c’est certainement si-gnificatif d’une réduction desrisques de passage à l’acte ou de dé-pression.

Propos recueillis parMichel Samson

LA SCIENCE aurait-elle eu rai-son des idéologies ? On seraittenté de le croire à la lecture des« propositions d’orientation pourune politique interministérielle delutte contre les drogues et la toxi-comanie » élaborées en vue duprochain plan triennal d’actiondu gouvernement. Remis à LionelJospin le 15 octobre 1998 et dis-cuté lors d’une réunion intermi-nistérielle sept jours plus tard, lerapport d’étape de la Mission in-terministérielle de lutte contre ladrogue et la toxicomanie (Mildt)annonce un véritable change-ment de cap.

Pour la première fois depuis sacréation, en 1982, la Mildtébauche une vision politiqued’ensemble plus en phase avec lesréalités scientifiques et socialesde la toxicomanie. A l’approcheclassique fondée sur la classifica-tion légale des substances, sesubstitue une politique pragma-tique tenant « compte de l’en-semble des conduites addictives,quel que soit le statut juridique du

produit ». La manifestation laplus spectaculaire de ce change-ment est la prise en compte, dansle futur plan de lutte contre latoxicomanie, des drogues dites« licites » comme l’alcool, le tabacou les médicaments.

En juillet 1988, la Mildt avaitdéjà vu ses missions élargies auxdrogues légales à la suite de lapublication d’une expertise scien-tifique officielle qui fait déjàdate : dans un rapport officiel, leprofesseur Bernard Roques, di-recteur d’une unité de rechercheen pharmacologie moléculaire del’Inserm-CNRS, avait mis enpièces la distinction classiqueopérée par la loi entre les diffé-rentes substances psychotropes.Sur des bases scientifiques indis-cutables, il avait classé les pro-duits en trois groupes en fonctionnon de leur statut légal mais deleur dangerosité.

Le premier groupe comprenaitl’héroïne, les opiacés, la cocaïneet l’alcool ; le deuxième les psy-chostimulants (amphétamines),

les benzodiazépines (médica-ments anxiolytiques et hypno-tiques), le tabac et les hallucino-gènes ; le troisième, « en retrait »,le cannabis (Le Monde du 17 juin1998). Une approche semblableavait été adoptée, en novembre1994, par le Comité nationald’éthique pour les sciences de lavie et de la santé : estimant que ladistinction entre les drogues li-cites et illicites « ne reposait suraucune base scientifique cohé-rente », les « sages » proposaient– déjà – une classification trèsproche de celle adoptée quatreans plus tard par le professeurRoques.

Bien que la France reste tenuepar les conventions internatio-nales de 1961 et de 1971, qui dé-terminent le statut légal actueldes différentes substances psy-choactives, la Mildt a donc inté-gré, à l’automne, l’alcool, le tabacet les médicaments dans sa cam-

pagne pour la Semaine euro-péenne de prévention des toxi-comanies (Le Monde du18 novembre 1998). Aujourd’hui,le rapport d’étape de NicoleMaestracci va plus loin. « Même sichaque produit comporte des spé-cificités médicales et sociales qu’ilne s’agit pas de nier, les facteursdéterminants sont largement lesmêmes », explique la présidentede la Mildt. Elle suggère donc de« rapprocher les structures desoins destinées aux consommateursabusifs d’alcool avec celles desti-nées aux toxicomanes », d’harmo-niser leur financement et de « lesrendre compétentes dans le do-maine de la lutte contre le taba-gisme ».

Dans son rapport, NicoleMaestracci dénonce l’indigencedu dispositif de prise en chargedes personnes dépendantes dedrogues « légales » comme l’al-cool et le tabac. Aujourd’hui, la

Alcoolisme et tabagisme, les deux principaux fléauxLes drogues « légales » (alcool, tabac et médicaments) font davan-

tage de ravages sanitaires que les stupéfiants. 60 000 décès prématu-rés sont chaque année directement attribuables au tabagisme, et lecancer du poumon demeure la première cause de mortalité par can-cer (24 000 décès en 1995 et, en moyenne, 22 000 nouveaux cas par an).Près de 2 millions de personnes sont dépendantes de l’alcool, quiprovoque environ 20 000 morts par an (cirrhose, etc.), sans compterles accidents mortels de la route qui lui sont imputables. Par ailleurs,les médicaments sont utilisés dans neuf tentatives de suicide sur dix.

L’héroïne a provoqué la mort par surdose de 228 personnes en 1997,et la tendance est à la baisse. Environ 1 000 toxicomanes utilisant lavoie intraveineuse sont décédés du sida depuis le début de l’épidé-mie et 28 % des cas de sida cumulés enregistrés en France sont liésà la toxicomanie intraveineuse. Environ 60 % des toxicomanes sont,en outre, contaminés par le virus de l’hépatite C. Le cannabisne pose pas de problème sanitaire majeur et n’a, à ce jour, jamaisentraîné la mort.

France compte cent quatre-vingt-quatorze centres d’hygiène ali-mentaire et d’alcoologie alorsque la population concernée estestimée à deux millions de per-sonnes. Ces centres sont, enoutre, mal répartis sur le terri-toire : dix départements en sontdépourvus. En matière de sevragetabagique, le dispositif est, luiaussi, insuffisant : « Les consulta-tions spécialisées, ajoute le rap-

port, sont rares et isolées. » Pour laMildt, le dispositif de soins auxtoxicomanes est « trop exclusive-ment orienté vers une seule catégo-rie d’usagers de drogue » : les hé-roïnomanes. La lutte contre lapropagation des virus du sida etdes hépatites B et C chez les toxi-comanes injecteurs reste à l’évi-dence prioritaire, la Mildt jugeantnécessaire de « poursuivre de ma-nière déterminée la politique deréduction des risques en allant à larencontre des usagers de drogueles plus désinsérés » et d’améliorerleur prise en charge en milieu pé-nitentiaire.

Mais face au développementdes « polyconsommations » (mé-langes de produits), el le re-commande de développer d’ur-gence « de nouveaux savoir-faire »et de remédier à « l’absence delieux de consultation et de soinsdédiés aux adolescents ». Consta-tant que « les textes qui limitentl’accès des mineurs aux boissonsalcoolisées ne sont pratiquementpas appliqués », Mme Maestracci

appelle également de ses vœux« une politique pénale plus déter-minée, à l’exemple de ce qui a étéfait en matière de délits routiers ».

Deuxième temps fort de sespropositions, Nicole Maestracci,magistrate d’origine, re-commande « une redéfinition dela politique pénale ». Considérantque « la priorité donnée à la luttecontre le trafic doit être très claire-ment réaffirmée », elle préconised’« éviter les incarcérations poursimple usage » de drogues illi-cites. De nouveaux objectifs de-vront désormais être assignés à larépression de l’usage de stupé-fiants, dans le but de « réserver lespoursuites au cas où la consomma-tion est source de dangers soit pourl’usager lui-même, soit pour sonenvironnement », précise le rap-port.

Rappelant que deux circulairesdes ministres de la justice ont, en1978 et en 1984, recommandé dene plus poursuivre les simplesusagers, la présidente de la Mildtévoque « l’extrême diversité despratiques des parquets » et pro-pose d’adresser aux procureursde la République des circulairesprivilégiant la lutte contre le tra-fic local et les mesures alterna-tives à l’incarcération. Une ma-nière d’encourager ladépénalisation de la consomma-tion de stupéfiants, mais sans ledire, et sans modifier la loi...

Laurence Folléa

L’interministérialité, un délicat exercice d’équilibristeEN SIGNANT la préface du rap-

port du professeur BernardRoques sur la « dangerosité desdrogues », Bernard Kouchner, se-crétaire d’Etat à la santé et à l’ac-tion sociale, ne s’attendait sansdoute pas à relancer le débat sur ladépénalisation de l’usage de stu-péfiants. « Un simple usager n’a passa place en prison », écrit notam-ment M. Kouchner, qui plaide« pour la contraventialisation et laréglementation » de l’usage de stu-péfiants.

« Nous travaillons avec la gardedes sceaux, Elisabeth Guigou, à desréponses en cas d’usage simple (...),précise-t-il. Parmi les options étu-diées : le classement avec avertisse-ment ou orientation et information(...) ; la contravention, comme pourla conduite automobile avec plus de0,5 gramme par litre d’alcool dansle sang. » Le secrétaire d’Etat es-time, « après y avoir beaucoup ré-fléchi », que « la simple dépénalisa-tion de l’usage de drogues (...) nepeut être une fin en soi, mais (...) se-rait aussi et surtout une régressionpar rapport aux efforts qui ont été

déployés au cours des dernières an-nées pour prévenir d’autres fléauxsanitaires – l’alcoolisme et le taba-gisme, en particulier – ou encorepar rapport à ceux visant à mieuxencadrer l’usage de médicaments. »

RISQUE DE CACOPHONIEM. Kouchner s’est déjà pronon-

cé à plusieurs reprises depuis 1993en faveur d’une simple réglemen-tation de l’usage de drogues illi-cites – comme c’est le cas actuelle-ment en Espagne et en Italie –,mais cette nouvelle déclarationrisque de mettre à mal les effortsd’équilibriste déployés par NicoleMaestracci, présidente de la Mis-sion interministérielle de luttecontre la drogue et la toxicomanie(Mildt). Cette magistrate tente eneffet depuis sa nomination, le17 juin 1997, de concilier les ap-proches divergentes de dix-septdépartements ministériels et de ré-duire le traditionnel clivage quioppose sur ces sujets les minis-tères de l’intérieur et de la santé.Elle résume la situation en évo-quant, dans son rapport au pre-

mier ministre, « une sorte de schi-zophrénie de l’action publique ».

L’exercice de l’interministérialitéest d’autant plus délicat qu’un motd’ordre officieux du premier mi-nistre guide les travaux de laMildt : ne pas toucher à la loi du31 décembre 1970 sur les stupé-fiants. Or ce que proposeM. Kouchner – et qui n’est, selonses collaborateurs, qu’une « pistede travail » – suppose un change-ment législatif. Sortir la consom-mation de drogues du champ desdélits supposerait en effet de mo-difier, voire de supprimer, l’articleL. 628 du code de la santé pu-blique, qui prévoit des peines dedeux mois à un an d’emprisonne-ment pour simple usage de stupé-fiants.

En réitérant ses propos,M. Kouchner prend le risque deréactiver une cacophonie gouver-nementale toujours latente. Bienque Lionel Jospin soit favorable aumaintien de la pénalisation, legouvernement a du mal à parlerd’une seule voix : en septembre1997, les déclarations de Domi-

nique Voynet, ministre de l’envi-ronnement, en faveur de la légali-sation de la marijuana avaientprovoqué une joyeuse pagaille.Matignon, qui sait que les son-dages d’opinion ne vont pas dansle sens d’un assouplissement légis-latif, connaît la susceptibilité del’Elysée sur ces questions : le pre-mier ministre ne souhaite surtoutpas engager un débat à hautsrisques pour la cohabitation.Après le débat sur les écrits deBernard Kouchener, le ministèrede la justice s’est d’ailleurs em-pressé de rectifier le tir en décla-rant que le changement de la loide 1970 « n’était pas à l’ordre dujour ».

L’épisode montre, s’il en étaitencore besoin, combien les espritss’échauffent et les idéologies sedéchaînent lorsqu’il s’agit de toxi-comanie, « un domaine qui toucheà l’essentiel, c’est-à-dire à notreperception du risque, du plaisir etde la souffrance », conclut Mme

Maestracci dans sa note d’étape.

L. F.

TOXICOMANIE Dans un rap-port dont Le Monde révèle le conte-nu, la présidente de la mission inter-ministérielle de lutte contre ladrogue et la toxicomanie définit un

changement de cap. A l’approcheclassique fondée sur la classificationlégale des substances, se substitueraune politique pragmatique tenant« compte de l’ensemble des

conduites addictives, quel que soit lestatut juridique du produit ». b LECHANGEMENT le plus spectaculaireest la prise en compte, dans le futurplan de lutte contre la toxicomanie,

des drogues dites « licites » commel’alcool, le tabac ou les médicaments.b NICOLE MAESTRACCI proposed’éviter les incarcérations poursimple usage de stupéfiants. En 1997,

sept cents personnes ont été placéesen détention à la suite de ce délit.b A AIX-EN-PROVENCE, un dispositifde prise en charge permet d’éviterde poursuivre les simples usagers.

Un rapport esquisse une nouvelle politique de lutte contre les drogues La présidente de la mission interministérielle, Nicole Maestracci, propose au premier ministre un véritable changement de cap. Le futur plan triennal

contre les toxicomanies prendrait en compte l’alcool, le tabac et les médicaments et tenterait d’éviter les incarcérations pour simple usage de stupéfiants

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S O C I É T É LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 11

Les professeurs du collège Jean-Monnet de Flers(Orne) sont en grève depuis le mardi 5 janvier,pour protester contre la présence de deux jeunes

collégiennes portant le foulard islamique. L’inscrip-tion d’une élève a été imposée à l’établissementpar l’administration, suite à un recours devant le

tribunal administratif. Jeudi, la médiatrice chargéedes questions d’intégration au ministère de l’édu-cation nationale devait se rendre sur place.

Un collège de Flers (Orne) se met en grèvecontre le port du foulard islamique

Le ministère de l’éducation nationale envoie sa médiatrice spécialisée pour apaiser la tension

FLERScorrespondance

La tête un peu baissée, les che-veux ramassés sous un voile, Es-manur franchit le portail du col-

lège Jean-Monnet de Flers (Orne).Elle a douze ans, vit dans une fa-mille turque et se trouve, depuissix mois, au cœur d’une polémiqueparfois houleuse. L’affaire remonteau mois de juillet 1998. Son père,musulman pratiquant, veut ins-crire sa fille pour la rentrée desixième. Il prend alors contact avecles principaux des deux collègespublics flériens. Mais sa positionest claire : sa fille ne devra jamaisôter son voile, y compris durant lescours d’éducation physique. Lesdeux directeurs d’établissement seconcertent et refusent de concertd’inscrire la jeune fille. « Nousn’avons rien contre la communautéétrangère, qui, dans notre ville, esttrès bien intégrée, précise EricGeoffroy, principal du collège

Jean-Monnet. Mais nous avons unrèglement intérieur bien précis, et ildoit s’appliquer à tous. »

Pour satisfaire à l’obligation descolarisation, la jeune fille suit chezelle des cours par correspondance.Mais le père ne veut pas en resterlà. Au mois de novembre 1998, ilsaisit le tribunal administratif deCaen et réclame l’annulation durefus d’inscription. Les magistratsne se sont toujours pas prononcés,mais, pressentant probablementune décision défavorable, l’éduca-tion nationale a pris les devants.Juste avant les vacances de Noël,elle a obligé le principal du collègeJean-Monnet à inscrire la jeunefille. La jusrisprudence du Conseild’Etat est connue : le refus d’ins-crire une jeune fille portant le fou-lard islamique n’est justifié que sicelle-ci refuse de suivre certainscours, ou si son comportementperturbe la vie de l’établissement.

Lundi 4 janvier, Esmanur fait sarentrée en classe de sixième G.Après un cours d’anglais, elle estenvoyée dans le bureau du princi-pal pendant que son père, les re-présentants des parents d’élèves etles enseignants tentent de trouverun arrangement. Mais chacunreste sur ses positions. « Nous nevoulons pas marginaliser cette jeune

fille, explique Roland Clément, leporte-parole des enseignants. Maisnous souhaitons que le principe delaïcité soit respecté. Si elle retire sonvoile, elle sera acceptée en cours. »Le père, lui, n’a qu’un seul mes-sage : « Pour nous, c’est une obliga-tion de foi. Nous ne pouvons faireautrement. Je demande que l’on soittolérant avec nous. »

La situation est bloquée. Tout lepersonnel de l’établissement semobilise. Seule une professeur defrançais se prononce pour l’inté-gration : « Seul l’avenir de l’enfantcompte. Il vaut mieux l’accepter etlui donner une chance d’avoir uneéducation normale, lui permettre des’ouvrir au monde. »

« LA PREMIÈRE FOIS » Mais l’exemple d’Esmanur fait

des émules. Mardi 5 janvier, uneseconde élève est arrivée voilée.Jusqu’à présent, elle avait suivi lescours tête nue. La déterminationdes enseignants se renforce alors.Un mouvement de grève est alorsdécidé. « Notre hiérarchie doitprendre enfin une position claire »,justifie Roland Clément. Au minis-tère de l’éducation nationale, lemessage est reçu. Hanifa Cherifi,chargée de mission pour l’intégra-tion et médiatrice nationale pour

les problèmes liés au voile isla-mique, était attendue, jeudi 7 jan-vier au matin, à Flers. Sa positionest connue. Il faut que « l’ensei-gnant considère que l’importantn’est pas le visible, en l’occurrence levoile, mais la vie de l’enfant. a-t-elleexpliqué, mardi, dans Ouest-France. Plutôt que de le refuser, ildoit se dire que c’est par l’éducationque l’on peut faire évoluer leschoses. Il faut renoncer aux positionsde principe. »

A Flers, ville de 19 000 habitantsdont 20 % de la populationsontd’origine étrangère, l’intégra-tion s’est toujours plutôt bien pas-sée. La communauté turque, laplus importante, déplore d’ailleurscette affaire. « Il s’agit de cas isolés,constate Kemal Kursun, présidentde l’Association des Turcs ouvriersde Flers. Nous ne sommes pas dutout solidaires. C’est la première foisen vingt ans que nous connaissonsce type de problème. Nous le regret-tons vivement. Cela donne uneimage négative de notre commu-nauté. » Surtout au moment oùcette dernière attend les autorisa-tions administratives pour laconstruction d’un centre de ren-contre et de prière.

Philippe Lemoine

REPORTAGEDans cette villede 19 000 habitants,l’intégration s’esttoujours bien passée

Le parquet requiert une peine d’inéligibilitécontre Jean-Jacques Anglade, ex-maire (PS) de Vitrolles

EN AVOCAT professionnel qu’ilest toujours et en homme poli-tique expérimenté qu’il a été, Jean-Jacques Anglade, ex-maire (PS) deVitrolles (Bouches-du-Rhône), a

du bagout. In-terrogé pen-dant plus dedeux heurestrente, mercre-di 6 janvier,devant le tri-bunal correc-tionnel de Pa-

ris, où il comparaît avec dix autresprévenus pour trafic d’influence etfaux et usage de faux, il use à mer-veille de tous les registres, del’émotion sincère à la colère la plusnoire. Jean-Jacques Anglade estsoupçonné d’avoir mis en place unsystème de fausse facturation enattribuant le marché des panneauxpublicitaires de sa ville à la sociétéExpo-Publicité pour un prix mino-ré compensé par des versementsoccultes à des associations para-municipales.

C’est avec des tremblementsdans la voix que Jean-Jacques An-glade évoque, devant le tribunal,son engagement politique précoceet son parcours d’élu « proche desidées de Michel Rocard ». A l’âge de

vingt-sept ans, il préside l’associa-tion Jeunesse européenne fédéra-liste puis, il arrive à Vitrolles, « à lademande de Michel Pezet », et de-vient conseiller municipal en 1977,maire en 1983 et conseiller généralen 1992. Il poursuivrait bien sonexposé biographique mais le pré-sident du tribunal, Olivier Perrus-set, le rappelle à ses préoccupa-tions du moment : « Qu’avez-vousà dire sur les deux conventions pas-sées en 1990 et 1993 entre la mairiede Vitrolles et la société Expo-Publi-cité ? » « Je n’y ai pas attaché plusd’attention qu’aux autres dossiers »,indique Jean-Jacques Anglade. Iln’a pas non plus « participé à la né-gociation » avec le gérant d’Expo-Publicité, qu’il n’a rencontré « quetrois fois », après la signature desconventions.

M. Anglade affirme ne pas s’être« posé la question du prix ». « Sur lemoment, la question était de savoirsi c’était une bonne chose d’avoir cetype de mobilier urbain ». Et qu’onne l’accuse pas d’avoir voulu aiderdes associations proches de la mu-nicipalité. « J’aurais cherché, dit-on,à obtenir les bonnes grâces de l’ailegauche de mon conseil municipal oude la CGT, en aidant l’Aeeilpac [uneémanation de la Fédération des in-

dustries du livre-CGT, bénéficiaired’une partie de l’argent détourné].C’est impossible ! J’étais en bagarreavec le PC qui votait contre toutesmes propositions au conseil munici-pal. »

« Vous étiez donc comme les troissinges de la sagesse asiatique, sug-gère le président Perrusset. Vousn’avez rien vu, rien entendu, riendit. » Jean-Jacques Anglade rap-pelle qu’il a alerté la justice quandil a eu « des soupçons sur l’honnête-té » de ses collaborateurs. « Ils ontà chaque fois été condamnés. C’estpeut-être pour ça qu’on me cachaitdes choses. Si j’avais été de ce sys-tème, j’en aurais fait profiter ma fa-mille alors que je me suis fâché avecmon beau-père au chômage qui medemandait du travail. »

LA THÉORIE DU COMPLOT Très remonté, Jean-Jacques An-

glade se fait ensuite accusateur. Ja-mais il ne prononce le mot de tra-hison mais c’est bien la théorie ducomplot qu’il expose au tribunalen dénonçant le rôle troublequ’auraient joué certains de sesproches collaborateurs, tous issusdes « cercles rocardiens » des ClubsForum. A l’en croire, ils auraient deleur propre initiative mis en place

le système de fausse facturation,sans l’en informer, et se seraient« protégés » les uns les autres.

Le représentant du ministère pu-blic, Jacques Fourvel, estime ce-pendant que « le plus coupable estM. Anglade parce que c’est à lui quele crime profite ». « Le butin [desfausses factures] a servi à faire dulobbying en sa faveur pour obtenirsa réélection et on aurait monté toutce système pour le bien du mairesans qu’il soit au courant ? »Jacques Fourvel reconnaît que« cette affaire n’est pas la plus im-portante en matière de corruption »mais « il ne faut pas lier la gravitédes faits au quantum des sommesdétournées [environ 1,5 million defrancs] ». « C’est la démocratie quiest victime de cette affaire, car enutilisant ces magouilles on permet ànos concitoyens de devenir cyniquesen pensant que le seul intérêt despolitiques, c’est de s’en mettre pleinles poches. »

Le magistrat réclame des peinessévères : trois ans de prison « dontla moitié avec sursis »,150 000 francs d’amende et cinqans d’inéligibilité pour Jean-Jacques Anglade.

Acacio Pereira

Conciliation entre le comédien Patrick Timsit et les parents d’enfants trisomiques« ON A GAGNÉ quelque chose... », « ... on au-

ra parlé des handicapés mentaux ». L’humoristecommence une phrase, le plaignant lacomplète. Puis tous deux acceptent une me-sure de conciliation et quittent la salle d’au-dience pour s’en aller tenir une conférence depresse commune : le procès du comédien Pa-trick Timsit, devant la 1re chambre civile du tri-bunal de grande instance de Paris, a connu,mercredi 6 janvier, un épilogue surprenant.

« Les mongoliens, c’est comme les crevettesroses : à part la tête, tout est bon » : ces propos,tenus par Patrick Timsit lors d’un spectacledonné en 1992, repris sous forme vidéo et dif-fusés par France 2 en juin 1995, lui ont valud’être cité devant le tribunal pour faute par Ro-bert Fauré, père d’un jeune trisomique.L’Union nationale des associations de parentsd’enfants d’inadaptés (Unapei) ainsi que plu-sieurs autres familles touchées par cette mala-die génétique se sont joints à cette plainte. Ensilence, une trentaine de jeunes trisomiques– parmi lesquels Pascal Duquesne, prix d’inter-prétation masculine à Cannes, en 1996 –, assis-taient à l’audience.

« RESPECTER LA SOUFFRANCE »Dans un silence de plomb, le sketch incrimi-

né fut visionné afin de replacer les propos dansleur contexte. Les plaidoiries des avocats del’Unapei et des familles devaient ensuite ac-croître le malaise. « Conscients de leurs limites,les trisomiques souffrent de ne pouvoir tout fairecomme tout le monde. Cette souffrance, il faut la

respecter car notre société ne les aide pas beau-coup », a affirmé Me Patrice Bes de Berk, l’avo-cat de onze parents d’enfants trisomiques.

« Les personnes visées par la caricature ne sontpas des puissants, a rappelé Me Mélaz Alouache,pour l’Unapei. Elles ne sont pas capables de ré-pondre. Elles vivent aux marges de la société quiles repousse. » Et Me Gilbert Collard, au nom dela famille Fauré, de s’interroger sur les limitesdu rire. « A-t-on le droit de rire aujourd’hui detout ? Il y a des populations incroyablement expo-sées à la méchanceté, au discrédit, au rire.Quelle est la victoire de l’humoriste qui faire rireaux dépens de ces populations-là ? Les limites dugenre sont atteintes avec cette moquerie indigne,qui dévalorise une population déjà dévalorisée ».

« Malentendu ! », a plaidé l’avocat de PatrickTimsit, Me Henri Leclerc. Dans ce spectacle,son client incarnait une série de personnagesignobles pour montrer quel degré d’infamiecertains sont capables d’atteindre. « J’ai rare-ment vu un homme autant souffrir d’un procèsqu’on lui fait, car il n’y a rien de pire que de sevoir reprocher d’être celui que l’on dénonce ». Ils’agissait de « provoquer le rire pour critiquer lasociété » : « En riant de ces propos ignobles, deces attaques à la dignité humaine, les spectateursdoivent prendre conscience qu’il existe au fondde chacun d’eux quelque chose de l’horreur quiest dans ce personnage, de cette ignominie quoti-dienne largement partagée. »

« Malentendu ! », a convaincu Patrick Timsit,avec quelques mots simples qui ont faitmouche. « Je n’ai pas voulu faire mal. Ce n’était

pas fait pour ça. Mon métier, c’est bouffon. J’aipensé dire à ma manière. J’avais l’impressionqu’on était ensemble, que j’apportais ma petitepièce. Mais cette fois, j’ai raté mon coup », a-t-ilreconnu face aux familles, avant de s’adresserdirectement aux jeunes trisomiques présents.

Robert Fauré, jusque-là muet, s’est alors levépour dire avec émotion qu’« il y a un gros tabouvis-à-vis des handicapés mentaux dans cepays » : « Je vis avec mon fils sans aucuncomplexe. Mais il y a les regards des gens dans larue, les enfants que l’on éloigne du mien sur lesmanèges... »

« TRAVAILLONS ENSEMBLE »Le dialogue s’est engagé avec l’artiste. « Si

j’avais su, a soupiré ce dernier. Je vous ai fait dumal, je vous demande de m’en excuser. Rendez-vous est pris, travaillons ensemble ! »

Le président a proposé qu’une conciliationremplace le jugement, et qu’un médiateur soitnommé pour y parvenir, ce qui fut acceptédans une atmosphère soudainement eupho-rique. Sur les marches du palais de justice, en-touré de Pascal Duquesne et du fils de RobertFauré, Patrick Timsit s’est engagé à participer àla création et à la médiatisation d’une associa-tion de lutte contre l’exclusion des trisomiques.Robert Fauré, qui comptait sur les dommageset intérêts pour lancer cette initiative, a le sen-timent qu’il ne perd pas au change : il a trouvéun porte-drapeau.

Pascale Krémer

Nouveau débat entre M. Chevènement et Mme Guigousur la délinquance des mineurs Le ministre de l’intérieur veut « éloigner » les récidivistes

CONFRONTÉ à une offensivedu président de la République,Jacques Chirac, sur le thème del’insécurité, le gouvernement tra-vaille actuellement à une redéfini-tion du dispositif de lutte contre ladélinquance des mineurs présentélors du conseil de sécurité inté-rieure du 8 juin 1998. Après avoiradressé, fin décembre, une lettreconfidentielle à Lionel Jospin, danslaquelle il expose à nouveau les so-lutions qu’il préconise contre l’in-sécurité, le ministre de l’intérieur,Jean-Pierre Chevènement, a déjeu-né, mercredi 6 janvier, avec sonhomologue de la justice, ElisabethGuigou. Il s’agissait, pour les deuxministres, d’échanger leurs pointsde vue sur la lutte contre la délin-quance des mineurs, un sujet quiles a divisés en 1998.

Une querelle sourde avait, en ef-fet, opposé M. Chevènement etMme Guigou au printemps 1998, leministre de l’intérieur appelant àune « refondation » de l’ordon-nance de 1945 sur la justice des mi-neurs tandis que la ministre de lajustice plaidait pour la pleine ap-plication des textes existants. Ap-pelé à arbitrer entre ces concep-tions opposées, Lionel Jospin avaitfinalement choisi de ne pas boule-verser les principes de la justicedes mineurs, mais bien plutôt deles réaffirmer et les renforcer. Le8 juin 1998, le gouvernement, dési-reux d’apporter une réponse « sys-tématique, rapide et lisible à chaqueacte de délinquance », annonçait la

généralisation à tous les parquetsdu traitement en temps réel, l’amé-lioration du dispositif d’héberge-ment des mineurs et la création denouvelles places d’unité à encadre-ment éducatif renforcé (UEER),destinées aux mineurs multirécidi-vistes.

LA RÉFORME DE 1987 Alors que le ministère de la jus-

tice s’apprêtait à dresser un bilande ce dispositif, six mois après sonentrée en vigueur, Jean-Pierre Che-vènement a choisi, pour sa rentrée,de relancer le débat au sein dugouvernement. « Il faut se donnerles moyens d’éloigner un certainnombre de jeunes multirécidivistesqui ont quarante infractions à leuractif », a-t-il déclaré, mercredi6 janvier, affirmant qu’il avait « despropositions à faire » en ce sens à lagarde des sceaux. Une discussions’est ainsi engagée, entre les ser-vices du ministère de l’intérieur etde la justice, sur le dispositif desUEER, que le gouvernement privi-légie pour éloigner les mineurs lesplus récidivistes de leurs quartiers.

Jean-Pierre Chevènement sou-haite également revenir sur la ré-forme de 1987, qui avait interdit leplacement en détention provisoirepour les jeunes de treize à seizeans. Cette idée, qui avait été écar-tée au printemps 1998, fait actuel-lement l’objet d’âpres débats entreles deux ministères.

Cécile Prieur

Le nombre de couples non mariéscontinue d’augmenterLE NOMBRE de couples non mariés a augmenté de 400 000 entre1993 et 1998, tandis que celui de couples mariés diminuait de 200 000,selon une étude de l’Institut national de la statistique et des étudeséconomiques (Insee) intitulée Des mariages, des couples et des enfants,et rendue publique jeudi 7 janvier. Le nombre de couples non mariésa atteint 2,4 millions en 1998, contre seulement 1,5 million en 1990.Aujourd’hui, sur 29,6 millions de personnes vivant en couple,24,8 millions sont mariées et 4,8 ne le sont pas. Le nombre de ma-riages, qui avait brusquement augmenté de 10 % en 1996 après une ré-forme fiscale, n’a cru que de 1 % en 1997, atteignant le nombre de285 000, qui correspond à une stabilisation de l’effectif des couplesmariés. En 1996, mariages et remariages confondus, les hommes sesont mariés en moyenne à l’âge de 32,6 ans et les femmes à l’âge de30 ans.

Un photographe condamné à cinq ansde prison pour proxénétisme aggravéJEAN-PIERRE BOURGEOIS, poursuivi pour « proxénétisme aggra-vé », a été condamné à cinq ans d’emprisonnement, cinq ans d’inter-diction de séjour dans les départements des Alpes-Maritimes, du Varet des Bouches-du-Rhône et 220 000 francs de dommages et intérêts,mercredi 6 janvier, par la 6e chambre du tribunal correctionnel de Pa-ris. Photographe de charme, Jean-Pierre Bourgeois était accuséd’avoir organisé un réseau international de prostitution de luxe tra-vaillant notamment pour des émirs du Golfe et des personnalités dushow-business et impliquant des jeunes filles dont certaines étaientmineures (Le Monde du 19 novembre 1998). Egalement poursuivi, Na-zihabdullatif Al Ladki, un ressortissant libanais, a été condamné àtrente mois de prison dont dix ferme. Thomas Axell, un intermédiairesuédois, a écopé d’une peine d’amende de 50 000 francs. Un qua-trième prévenu de nationalité suédoise, Janiena Toresdotter, a été re-laxé.

DÉPÊCHESa ÉDUCATION : Jean-Marie Schléret, ancien député (UDF) deMeurthe-et-Moselle, a été reconduit, par un arrêté du 31 décembre1998 du ministre de l’éducation nationale, à la présidence de l’Obser-vatoire national de la sécurité des établissements scolaires et d’en-seignement supérieur pour un mandat de trois ans. Créé en 1995 à lasuite de l’échec de la révision de la loi Falloux, cet organisme indépen-dant associe des représentants de l’administration, des organisationssyndicales et professionnelles, des collectivités locales et des person-nalités qualifiées.a LAÏCITÉ : le Grand Orient de France « invite les associations répu-blicaines à se rassembler » pour réagir au récent arrêt du Conseild’Etat autorisant la région Ile-de-France à subventionner des opéra-tions immobilières dans des lycées privés possédant une filière tech-nique (Le Monde du 31 décembre). Dans un communiqué publié mer-credi 6 janvier, la principale obédience maçonnique en Franceconsidère que cet arrêt permet de « contourner » la loi Falloux et« constitue une atteinte au statut laïque de la République ». Elle entendlancer prochainement « une action publique de défense de la laïcité ».a JUSTICE : Michel Noir a été débouté de sa demande visant à an-nuler l’instruction de l’affaire dite « des comptes suisses », mer-credi 6 janvier, par la chambre d’accusation de la cour d’appel deLyon. Mis en examen pour recel d’abus de bien sociaux, l’ancienmaire (RPR) de Lyon est soupçonné d’avoir perçu entre 1986 et1992 plusieurs millions de francs que son gendre, Pierre Botton, seraitallé retirer en Suisse sur des comptes ouverts au nom de sociétésécrans panaméennes et alimentés par des entreprises de travaux pu-blics. M. Noir a toujours nié avoir personnellement bénéficié de cessommes.

LeMonde Job: WMQ0801--0012-0 WAS LMQ0801-12 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:43 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0406 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 C A R N E T

A LA TELEVISIONET A LA RADIO

Le Monde des idéesLCI

Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10

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Le dimanche à 18 h 30a

De l’actualité à l’HistoireHISTOIRE

Les dimanche à 20 h 45,jeudi à 13 heures et 23 heures,

vendredi à 11 heures et 19 heures,samedi à 8 h 30 et 16 h 30

aLe Grand DébatFRANCE-CULTURE

Les 3e et 4e lundis de chaque moisà 21 heures

aA la « une » du Monde

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à 12 h 45 (heures de Paris)a

La « une » du MondeBFM

Du lundi au vendredi13 h 06, 15 h 03, 17 h 40

Le samedi13 h 07, 15 h 04, 17 h 35

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in

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Ulysse COUTURIER MORIN

est né le 4 janvier 1999.

Bonjour à tous.

Gérard, Hadrienet Valérie PELISSIER,née LEVY-SOUSSAN,

ont la joie d’annoncer la naissance de

Gabriel,

le 1er janvier 1999, à Paris.

4, rue Valentin-Haüy,75015 Paris.

Anniversaires de naissance

– Vingt ans déjà !

Le 8 janvier 1979, naissait

Arnaud.

Joyeux anniversaire.

De la part deTes parents,Et de toute la tribu Papeguay,

Beneyton, Bellmann.

Mariages

– On nous prie d’annoncer le mariage de

Dominique BERTIN-MOUROTet

Didier DHEUR,

célébré dans l ’ int imité famil iale,le 19 décembre 1998, en l’église Saint-Pierre de Montmartre.

3, boulevard Arago,75013 Paris.Villa Azkorri,Avenue du Professeur-Grancher,64250 Cambo-les-Bains.57, boulevard de Rochechouart,75009 Paris.

Décès

Jean-Jacques AGAPIT,ancien directeur général

des Imprimeries Mont-Louis,fondateur et ancien directeur

des Editions Volcans,chevalier de la Légion d’honneur,

médaille militaireet croix de guerre

avec palmes 1939-1945,

est mort le 30 décembre 1998, dans saquatre-vingt-deuxième année.

De la part deAlice Agapit,

son épouse,Jacques, François, Alain,

ses enfants,Odile, Jean-Luc, Samuelle,

ses petits-enfants,Sa famille et ses amis.

Une affectueuse pensée est demandée àceux qui l’ont connu et estimé.

– Nous avons la grande tristesse defaire part du décès de

M. Alain BARRAL,

survenu le 1er janvier 1999, à l’âge desoixante-neuf ans.

Ses obsèques auront lieu le lundi11 janvier, à 11 h 30, au cimetièreLes Joncherolles, 95, rue Marcel-Sembat,à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Famille Barral,86-11, avenue Gallieni,93800 Epinay-sur-Seine.

– Marseille.

Claude Noël BEAUFILS,dit CLAUDE NOËL,

est mort le 1er janvier 1999.

Carnet de métro,Faire-part,Pour une mort nouvelle,Les mots aiment qu’on les nomme.

23, rue Libéral-Bruant,75013 Paris.

– Saint-Etienne (Loire). Oppède-le-Vieux (Vaucluse). Monedeyres (Haute-Loire).

Lell BOEHM,peintre,

décédée le 28 décembre 1998.

Ses cendres ont été déposées dans lecimetière d’Oppède-le-Vieux.

De la part deHenri Simon Faure,

son mari,Cécile Faure,Françoise et Jean-Marc Poyet,Daniel et Simon Faure,

ses enfants,Marine Labelle,Julien et Monia Labelle,

ses petits-enfants.

« Il est bon d’aimer, aussi,car l’amour est difficile.

L’amour d’un être humain pour un autreest peut-être l’épreuve la plus difficile

pour chacun de nous, l’œuvre suprêmedont toutes les autres

ne sont que des préparatifs. »Rainer Maria Rilke.

– Jacques et Claude Garelli,Alain, Céline et Apolline

font part, avec l’amour qu’ils lui portent,du décès de

Sappho GARELLI,avocat à la cour,

survenu le 20 décembre 1998, à Paris.

– Albert Houdayer,son époux,

Monique Houdayer,P. Alain-Bernard Houdayer, ofm,Madeleine et Gérard Langlois,Dominique Houdayer,Chantal et Charles Aimé,Jean-Marie et Hanna Houdayer,

ses enfants,ont la douleur de faire part du rappel àDieu, le 6 janvier 1999, de

Renée HOUDAYER,née GASNE.

La cérémonie religieuse sera célébréeen l’église Saint-François-de-Sales,Paris-17e, le 9 janvier, à 10 h 30, et serasuivie de l’inhumation au cimetièrede Montmartre.

47, rue Jouffroy,75017 Paris.

– Jacqueline Tronquoy,sa mère,

Sabrina,sa sœur,

Philippe,son frère,

Olivier Laporte,son fils,

Et Michel Castex,ont l’immense chagrin de faire part de lamort de

Marie-Hélène JOURNÉ,

survenue, le 23 décembre 1998, à Paris, àl’âge de cinquante ans.

Son corps a été incinéré, le 7 janvier1999.

Selon ses volontés ses cendres serontdispersées dans la vallée du Célé, qu’elleaima tant.

« Une morte demeure plus vivanteen mon cœur que la plus belle

des vivantes. »André Gaillard.

« Qui t’a dit qu’il n’existait pasen ce bas monde de véritable,

de fidèle, d’éternel amour !Qu’on coupe à ce menteur

sa langue scélérate ! »Mikhaïl Boulgakov.

M. et Mme Laurent Muller,M. et Mme Arnaud Poupart-Lafarge

ont la tristesse de faire part du décès deleur père,

M. Pierre MULLER,ancien administrateur

de la France d’outre-mer,

survenu le vendredi 1er janvier 1999, danssa quatre-vingt-deuxième année.

Il a été inhumé dans l’intimité,le mercredi 6 janvier, au cimetière deLevallois-Perret (Hauts-de-Seine).

– Gérard Marie-Jean et Laetitia Perez,Diana Gérard et Judith Guez,

ont la tristesse de faire part du décès deleur père, beau-père et grand-père,

Jimmy, Joaquin PEREZ,

survenu le 4 janvier 1999, dans sasoixante-dix-septième année.

Ses obsèques auront lieu le vendredi8 janvier, à 9 heures, au cimetière parisiende Pantin.

Famille Perez, famille Guez,270 E, route de Turin,06300 Nice.

– Mme Claudine Sussfeld,son épouse,

M. et Mme Alain Sussfeld,M. Jean-Claude Sussfeld,

ses enfants,Vincent et Barbara Sussfeld,Benjamin, Jérôme, Julie Sussfeld,Thomas et Nathalie Sussfeld,Romain, Barthélémy Sussfeld,

ses petits-enfants,ont la douleur de faire part du décès de

M. Robert SUSSFELD,officier de l’ordre national du Mérite,

chevalier de l’ordredes Arts et des Lettres,

survenu le 31 décembre 1998.

L ’ i n c i n é r a t i o n a u r a l i e u a ucrématorium du cimetière du Père-Lachaise, le mardi 12 janvier, à 9 h 15.

Cet avis tient lieu de faire-part.

3, square Mignot,75016 Paris.9, boulevard Delessert,75016 Paris.65, rue La Fontaine,75016 Paris.

– Mme Daniel Pieniek,Les docteurs Bernard et Pierre Pieniek

et leurs familles,ont la tristesse de faire part du décès du

docteur Daniel PIENIEK,croix de guerre 1939-1945,

croix du combattant volontaire 1939-1945,

survenu le 1er janvier 1999, à Romans.

Il a rejoint

Itta, David, Frania,Bina, Smuleck,

disparus dans la tourmente, il y acinquante-six ans, et

Hania,

décédée le 5 août 1997.

– Orléans.

Sa famille,Ses amis

ont la douleur de faire part du décès de

Horace TORRUBIA,psychiatre honoraire des hôpitaux,

survenu le 2 janvier 1999, à l’âge dequatre-vingt-un ans.

L’incinération a eu lieu dans l’intimitéfamiliale.

– Laurent et Monique Vennin,Bruno et Françoise Vennin,Martine et Bernard d’Herbecourt,Fabrice et Sylvie Vennin,Béatrice et Jean-Noël Terrible,

ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants,

Isabelle Gajac,sa nièce,

Pierre et Thérèse Vennin,son frère et sa sœur,

Toute sa famille,ont la douleur de faire part du décès du

général Jean VENNIN,ingénieur ECP,

officier de la Légion d’honneur,commandeur dans l’ordre national

du Mérite,croix de guerre 1939-1945,

croix de guerre TOE,croix de la valeur militaire,

survenu à Antibes, le 31 décembre 1998,dans sa quatre-vingt-douzième année.

Remerciements

– Mme Raymond Azria,Cathy et Howard,Lia et Candice Burkeman,Pascale et Freddy,Emilie et Salomon Raitan,

sont très touchés des marques desympathie et d’amitié qui leur ont ététémoignées lors du décès de

M. Raymond AZRIA,

survenu le 30 décembre 1998, à Paris, etv o u s e x p r i m e n t l e u r s s i n c è r e sremerciements.

Anniversaires de décès

Françoise GAUTHIER(VERMOT-DESROCHES),

morte du cancer le 31 décembre 1983,aurait eu soixante ans cette année.

« Tout ce que je n’ai pu te dire,Le sauras-tu, sur l’autre bord,

Quand nous dormirons bouche à boucheDans l’éternité sans parole ? »

Louis Guillaume.

Pierre-Louis Gauthier,Soisy-sur-Seine.

– I l y a trois ans disparaissaitle Président

François MITTERRAND.

Pasquale Gericogarde toujours vivant son souvenir etdédie une pensée émue à sa mémoire.

« Je suis auprès de vous...mais moi je marche

dans les vents du monde. »Rainer Maria Rilke.

Messes anniversaires

– En souvenir de

Gisela PANKOW,

une messe sera célébrée le samedi16 janvier 1999, à 11 heures, en l’égliseSaint-Séverin, 3, rue des Prêtres-Saint-Séverin, Paris-5e.

Débats

RÉPONSE CITOYENNEorganise une soirée-débat

sur le thèmeLA GUERRE DES CHEFS :

QUEL AVENIRPOUR L’EXTRÊME DROITE ?

Lundi 11 janvier 1999, à 20 h 30, mairiedu 3e arrondissement, 2, rue Eugène-Spuller.

Nos invités : Alexandre Adler, Jean-Yves Camus, Yvan Levaï, Gérard Mil-ler.

Colloques

UN INTELLECTUELEN SON SIÈCLE :

GABRIEL MARCELColloque, le 23 janvier, 9 h 15-17 h 30,

à l’Institut de France, 23, quai Conti, Pa-ris-6e, avec R. Arnaldez, P. Colin, J. Ber-lioz, E. Fouilloux, M. Sacquin, A. Becker,F. Chaubet, F. Gugelot, M. Teboul,C. Guyot.

Entrée libre.Renseignements : 01-43-26-84-32.

CARNET DU MONDE

Fax : 01-42-17-21-36

Conférences

Conférences de l’Etoile :la Bible et le Coran

six mardis de suite, à 20 h 30,avec D. Boubakeur, Mosquée de Paris ;D. Farhi, rabbin ; et A. Houziaux, pasteur(deux conférenciers par soirée).Adam, l e 12 janv ie r, à l ’ég l i seprotestante, 54, avenue de la Grande-Armée, Paris-17e.Mar ie , le 19 janv ier, à l ’ég l iseprotestante.A b r a h a m , l e 2 6 j a n v i e r , à l as y n a g o g u e , 11, r u e G a s t o n - d e -Caillavet, Paris-15e.Moïse, le 2 février, à la synagogue.Jésus, le 9 février, à la Mosquée, place duPuits-de-l’Ermite, Paris-5e.Mahomet, le 16 février, à la Mosquée.

Libre participation aux frais.

– Samedi 9 janvier 1999, à 14 heures,L. Ferry et M. Gauchet : « Philosophie etreligion », Sorbonne, amphi Michelet.

Sciences-Po Formation,service de formation continue

de l’Institut d’études politiquesde Paris,

organise un cycle de huit conférencesouvert au grand public,

L’Europe après Amsterdam.

Huit conférences, de 18 h 30 à 20 h 30,le lundi et le jeudi, à partir du jeudi21 janvier 1999.

b Avec le concours du CERI, Centred’études et de recherches internationalesde la Fondation nationale des sciencespolitiques.b Et la participation de ChristianLequesne, Anne-Marie Le Gloannec,John Crowley, Françoise de La Serre,Georges Mink, Marie Mendras, Anne deTinguy, Jacques Rupnik.

Inscr ipt ions à t i t re individuel :600 f rancs pa r pa r t i c i pan t pou rl’ensemble du cycle.

Sciences-Po Formation,215, boulevard Saint-Germain,75007 Paris.Tél. : 01-44-39-07-41, 01-44-39-07-40.Fax : 01-44-39-07-61.E - m a i l : i n f o @ f o r m a t i o n -

continue.sciences-po.fr

Nos abonnés et nos actionnaires,bénéficiant d’une réduction sur lesinsertions du « Carnet du Monde»,sont priés de bien vouloir nous com-muniquer leur numéro de référence.

DISPARITIONS

a RENÉ LARRE, ancien directeurde la Banque des règlements inter-nationaux, est mort vendredi1er janvier à Monaco. Né le 21 fé-vrier 1915 à Pau (Pyrénées-Atlan-tiques), René Larre était inspec-teur général des finances. Aprèsune carrière de haut fonctionnaire,il avait été nommé directeur duTrésor au ministère de l’économieet des finances en juin 1967, avantde devenir directeur général de laBanque des règlements internatio-naux (BRI), à Bâle, en Suisse, demai 1971 à février 1981. Dans cettepériode de crises monétaires à ré-pétition, René Larre maintint fer-mement le cap à la tête de la BRI,temple de l’orthodoxie financière.

a MICHEL PETRUCCIANI, pia-niste et compositeur de jazz, estmort mercredi 6 janvier à l’hôpitalBeth Israel de New York des suitesd’une infection pulmonaire fou-droyante à l’âge de trente-six ans(lire p. 27).

NOMINATIONS

AÉRONAUTIQUEJean-Paul Herteman a été

nommé directeur général de la di-vision SEP (Société européenne depropulsion) de la Snecma, en rem-placement de Jacques Rossignol,qui quitte le groupe.

[Né le 13 novembre 1950 à Saint-Cloud

(Hauts-de-Seine), diplômé de l’Ecole poly-technique et de Sup’Aéro, Jean-Paul Herte-man a commencé sa carrière au Centre d’es-sais aéronautique de Toulouse dans ledomaine des matériaux et des structures. En1984, il rejoint la Snecma, où il prend encharge les développements des matériauxavancés, et en particulier ceux qui concernentles parties chaudes du réacteur d’avion decombat M 88 dont le modèle M 88-2 équipetous les avions de type Rafale. Jean-Paul Her-teman devient ensuite directeur de la qualité(1989-1992), puis directeur de la division mé-canique et directeur technique adjoint (1993-1995). Au terme de ces activités, il assure lesfonctions de directeur de programmesCFM 56 et de vice-président de la sociétéCFM International avant d’être nommé di-recteur technique de la Snecma en octobre1996. Jean-Paul Herteman a pris ses fonctionsà la division SEP de la Snecma le 1er janvier.]

ENSEIGNEMENTSUPÉRIEUR

Pierre Velz a été nommé, àcompter du 1er janvier, directeur del’Ecole nationale des ponts etchaussées (ENPC). Il remplaceJacques Lagardère, qui rejoint leconseil général des Ponts etChaussées du ministère de l’équi-pement, des transports et du loge-ment.

[Né le 24 novembre 1945 à Phalsbourg(Moselle), Pierre Velz, ancien élève de l’Ecolepolytechnique (1967), ingénieur en chef desPonts et Chaussées (1969) est également doc-teur en sociologie (1980). Il a débuté sa car-rière, en 1970, à la direction départementalede l’équipement du Nord, où, jusqu’en 1975,il a occupé des fonctions de directeur adjoint

du groupe d’étude et de programmation(GEP). De 1975 à 1981, il est chargé d’études àla Société centrale d’équipement du territoire(SCET) avant d’être nommé directeur de larecherche à l’Ecole nationale des ponts etchaussées jusqu’en 1991. Depuis cette date, ildirige le Laboratoire technique territoires etsociétés, commun à l’ENPC, aux universitésParis-XII et de Marne-la-Vallée.]

EMPLOI ET SOLIDARITÉJacques Maire a été nommé dé-

légué aux affaires européennes etinternationales au ministère del’emploi et de la solidarité. Il étaitprécédemment directeur du cabi-net de Dominique Voynet, mi-nistre de l’aménagement du terri-toire et de l’environnement, posteauquel il a été remplacé par Jean-François Collin (Le Monde du1er décembre 1998).

[Né le 4 avril 1962 à Enghien-les-Bains (Val-d’Oise), Jacques Maire, fils d’Edmond Maire,ancien secrétaire général de la CFDT, est di-plômé de l’Institut d’études politiques de Pa-ris et de l’Ecole nationale d’administration(1988-1990). Chargé de mission au cabinet dePierre Bérégovoy, premier ministre, en mai1992, il devient un an plus tard premier secré-taire à la représentation permanente fran-çaise auprès de l’Union européenne àBruxelles, jusqu’en 1995. Conseiller municipalde Plabennec (Finistère), il a été élu conseillerrégional PS de Bretagne en mars 1998. De-puis juin 1997, il était directeur du cabinet deDominique Voynet.]

AFFAIRES ÉTRANGÈRESDaniel Lequertier a été nommé

secrétaire général adjoint du Quai

d’Orsay, lors du conseil des mi-nistres de mercredi 6 janvier.

[Né le 15 juin 1943 à Pont-Hébert(Manche), Daniel Lequertier est licencié endroit, diplômé de l’Institut d’études poli-tiques de Paris et ancien élève de l’ENA(1965-1967). Il a été notamment en poste àRio de Janeiro (1968-1971), à Bucarest (1971-1974), à Ottawa (1982-1985), à Barcelone(1987-1989) et à l’administration centrale duQuai d’Orsay, avant d’être ambassadeur auChili (1989-1993), puis directeur général del’administration au ministère des affairesétrangères (1993-1996). Depuis juin 1996,Daniel Lequertier était ambassadeur enTurquie.]

JOURNAL OFFICIELAu Journal officiel du jeudi 31 dé-

cembre 1998 sont publiés : b Europe : un décret tendant à

soumettre au Congrès, qui se réu-nira à Versailles le 18 janvier, leprojet de loi constitutionnelle deratification du traité d’Amster-dam.

b Marchés publics : une cir-culaire relative à la procédure depassation des marchés publics,concernant la durée de conserva-tion des dossiers présentés par lesentreprises soumissionnaires quin’ont pas été retenues.

b Intérieur : deux décrets met-tant fin à l’intérim du ministère del’intérieur exercé par le secrétaired’Etat à l’outre-mer et modifiantles attributions déléguées au se-crétaire d’Etat à l’outre-mer.

b Superphénix : un décret per-

mettant de procéder à la mise àl’arrêt définitif du surgénérateurSuperphénix à Creys-Malville(Isère).

Au Journal officiel du vendredi1er janvier sont publiés :

b Apprentis : un décret relatif àl’indemnité compensatrice forfai-taire versée aux employeurs d’ap-prentis.

b Accords internationaux : undécret portant publication de laconvention entre le gouverne-ment de la République françaiseet le gouvernement de Mongolieen vue d’éviter les doubles imposi-tions et de prévenir l’évasion et lafraude fiscale en matière d’impôtssur le revenu et sur la fortune, si-gnée à Paris le 18 avril 1996.

b Marchés financiers : un arrê-té portant homologation de dis-positions du règlement général duConseil des marchés financiers.

b Matières dangereuses : deuxarrêtés modificatifs relatifs autransport des marchandises dan-gereuses par chemin de fer et parvoies de navigation intérieure.

Au Journal officiel daté same-di 2-dimanche 3 janvier sont pu-bliés :

b Loi : une loi relative à la vali-dation législative d’actes prisaprès avis du comité techniqueparitaire du ministère des affairesétrangères.

b Cour de cassation : un décretfixant les effectifs des magistrats

de la Cour de cassation et du ser-vice de documentation et d’étudesde ladite cour.

b Euro : un décret relatif àl’émission des valeurs du Trésoren euros.

Au Journal officiel daté lundi 4-mardi 5 janvier sont publiés :

b Visas : un décret relatif à lamotivation des refus de visas op-posés aux étudiants étrangers.

b AOC : un décret relatif à l’ap-pellation d’origine contrôlée« comté ».

b Sécurité : un arrêté portantnomination à l’Observatoire na-tional de la sécurité des établisse-ments scolaires et d’enseignementsupérieur.

Au Journal officiel du mercredi6 janvier sont publiés :

b Budget : une loi portant rè-glement définitif du budget de1995.

b Elysée : un arrêté mettant finaux fonctions de Pascale Andréa-ni, conseiller technique, et nom-mant Jacques Lapouge, conseillertechnique.

b Métiers : un arrêté relatif àl’Observatoire des métiers.

b Fonctionnaires territoriaux :un décret modifiant certaines dis-positions relatives à l’avancementdes fonctionnaires territoriaux ap-partenant à la catégorie C.

b Santé : un arrêté portant no-mination au Haut-Comité de lasanté publique.

LeMonde Job: WMQ0801--0013-0 WAS LMQ0801-13 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0407 Lcp: 700 CMYK

La Sologne, eldorado de la chasse

Le projet de loi sur l’aménagement du territoire passé au crible

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R É G I O N SLE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

L’observation des friches est possible grâce à l’enquête d’utilisationdu territoire (Teruti). Chaque année, les enquêteurs observent lesmêmes points d’un échantillon pour lesquels ils notent l’utilisation dusol. Ils emploient pour cette localisation des photographies aériennes.Ces dernières sont régulièrement réparties sur l’ensemble du territoire.

Au total, 15 500 photographies représentent 550 000 points. Les obser-vations sont réparties en « mailles » : chaque « maille » regroupequatre photographies adjacentes. Une « maille » comporte au total144 points.

Les richesses cachées des friches agricolesLa superficie des terres non utilisées par les agriculteurs reste stable. Ressenti comme un échec, l’abandon, même provisoire, d’une parcellene signifie pas forcément une perte pour la collectivité. Chasseurs et écologistes y trouvent leur compte... La spéculation immobilière aussi

Une notion difficile à définirQU’EST-CE QU’UNE FRICHE ?

Si la confusion entre friches et ja-chères – terres labourables qu’onlaisse temporairement reposeravant de les remettre en culture –est facilement surmontable, c’est,en revanche, plus malaisé pour lesfriches elles-mêmes. L’origine duterme est également controversée :bas latin ou vieux néerlandais ?

Sans trancher sur le fond, le mi-nistère de l’agriculture et de lapêche avance une définition simple,commode et acceptable pour tous :« Les friches sont des terres utilisablesmais non utilisées. » Reste à savoir àpartir de combien de temps cesterres entrent dans la catégoriefriches. Pour Max Lefebvre, de lachambre d’agriculture des Bouches-

du-Rhône, « le terme n’a pas lamême valeur selon la structure, l’or-ganisme auquel on appartient. Lesdéfinitions ont été multiples et ontévolué à travers le temps. Mais le dé-bat tourne, à présent, essentiellementautour de la durée de non-utilisationde la terre et entre la notion de fricheproductive et non productive ». « Lafriche est un état conjoncturel lié àdes désordres structurels. Ce n’estsurtout pas un état permanent », dit-il encore avant d’avancer la défini-tion adoptée par son organisme :« La friche est une terre cultivée, àl’abandon depuis au moins deux anset qui ne fait pas partie d’un systèmede rotation. »

La difficulté à définir la frichetient en partie au fait qu’« elle est

transitoire ». C’est ce que rappelaitle service central des enquêtes etétudes statistiques (SCEES) du mi-nistère de l’agriculture et de lapêche, dans un des cahiers de sa re-vue trimestrielle Agreste, consacréà la question. « Si l’homme n’inter-vient pas, la parcelle abandonnéepassera progressivement à l’état delandes ou de bois. Que l’homme in-tervienne, et le sol est remis enculture, ou boisé, ou construit. Lesfriches se développent non pas enzone défavorisée, mais dans des ré-gions de culture, soit que la demandede terres se fasse moindre, soit que lapression de l’urbanisation joue unrôle. »

A. H.

Régis Guyotat a été nommé correspondant ré-gional du Monde à Orléans pour la région Centre,un nouveau poste qui s’ajoute à ceux de Lille,Lyon, Marseille, Rennes, Strasbourg, Toulouse etl’Ile-de-France.

ORLÉANSde notre correspondant régional

Une friche évoque une terre qui ne vaut pas grand-chose. Il n’en est rien en Sologne, le plus vaste terri-toire français en friche pour les besoins de la chasse,où aucun propriétaire ne s’aviserait de brader sesparcelles. L’hectare de chasse ici donne le tournis.Jusqu’à 60 000 francs (9 146 euros) : deux fois le prixde l’hectare en Beauce. La tentation est grande alorspour les détenteurs de grands domaines de chassed’abandonner la culture et de transformer les terresagricoles en landes et sous-bois, où le gibier d’élevagepourra proliférer.

« La déprise de la surface agricole utile [SAU] a ter-riblement augmenté. Depuis vingt-cinq, ans on peut es-timer que 35 % à 40 % de SAU en Grande Sologne a étéperdu », s’alarme Alain Beignet (PS), conseiller régio-nal. « La déprise agricole est arrivée par endroits à unpoint de non retour : la remise en culture n’est plus pos-sible. De nombreuses exploitations agricoles ont dispa-ru », reconnaît-on à l’Observatoire économique duLoir-et-Cher à Blois. Dans ce département, 1 400 hec-tares de SAU sont perdus chaque année. « Les frichesse plantent en bouleaux, en châtaigniers ; dans vingtans, on ne verra plus que cela a été une terre agricole »,remarque un autre élu. A l’inverse de la tendance ob-servée dans l’Hexagone, la friche prospère en So-logne.

Conséquence de cette spéculation effrénée, lesjeunes exploitants qui voudraient s’installer netrouvent pas de terres. « Dans ma commune, nousn’aurions rien à leur proposer. Alors qu’il y a plusieurs

centaines d’hectares de friches disponibles avec des bâ-timents d’exploitation qui tombent en ruines », ex-plique Paul Cochet (div. gauche), maire de Vouzon(Loir-et-Cher). « Les baux ne sont pas renouvelés, lesterres sont déclassées, les bâtiments de la ferme sonttransformés en rendez-vous de chasse. On observe unturn over rapide des propriétés : il n’est pas rare d’envoir qui se vendent tous les trois à cinq ans. Dans cesconditions, les acquéreurs ne veulent pas avoir la“contrainte ” d’un fermier qui exploite », ajouteM. Beignet. « A Vouzon, il ne reste plus que deux fa-milles qui vivent complètement de l’agriculture. Lesautres, ce sont des propriétaires qui font plus de l’agri-culture par loisir que par nécessité alimentaire », pré-cise M. Cochet. Un simple employé à tout faire rem-place à présent le paysan et le garde-chasse d’antan :en une vingtaine années, 2 000 emplois auraient dis-paru. Le traditionnel équilibre entre la chasse etl’agriculture, qui a dessiné le paysage solognot, n’estplus respecté.

FAIBLES RETOMBÉES FISCALESCes friches de luxe sont peu imposées parce

qu’elles ne produisent pas de revenu agricole. Alorsque le revenu de la chasse, lui, est bien réel. Les quel-ques 70 000 chasseurs qui arpenteraient la Solognegénéreraient un chiffre d’affaires d’environ 50 mil-lions de francs (7,62 millions d’euros) chaque week-end. La taxe sur le foncier non bâti ne rapporte pasgrand-chose : « 20 % seulement de l’impositioncommunale, indique M. Cochet, qui ajoute : La chassen’a que très peu de retombées sur nos budgets commu-naux, des retombées par contre-coup, par le biais de lataxe professionnelle, versée par les artisans ou les res-taurateurs qui vivent de la chasse ». Avis au législateurà la recherche de nouvelles ressources fiscales...

Régis Guyotat

LA FRANCE couverte de frichesen l’an 2000 ! Dans les années 80,cette hypothèse catastrophique– 10 millions d’hectares de bonnesterres laissées à l’abandon avec lamort programmée de l’agriculture –faisait passer un grand frisson sur lemonde agricole. A l’aube du troi-sième millénaire, ces projectionsalarmistes, bien qu’argumentées,s’avèrent finalement excessives.

En effet, selon le service centraldes enquêtes et études statistiques(SCEES) du ministère de l’agri-culture et de la pêche, la surface to-tale des terres en friche dans l’Hexa-gone ne dépassait pas544 337 hectares et les landes, termegénérique qui inclut aussi les gar-rigues et les maquis, 1 833 379 hec-tares. Selon ces mêmes sources,friches et landes ont même reculéde 116 000 hectares depuis 1991, soit19,5 % des surfaces. Parallèlement lasurface agricole utile (SAU) a, elleaussi, diminué de 1,6 % entre 1991 et1997 pour atteindre près de29,6 millions d’hectares. Une dimi-nution qui apparaît beaucoup plusinquiétante puisque elle s’est faiteau profit soit des surfaces boisées(avec un accroissement de287 000 hectares pour la mêmepériode), soit – urbanisation ai-dant – des terrains à bâtir (irrémé-diablement perdus pour l’exploita-tion agricole), soit desinfrastructures de transport etautres ouvrages en béton.

La superficie de ce qu’il est conve-

nu d’appeler les sols « sans usage »,parmi lesquels on peut classer lesfriches, ne progresse donc pas. Maisrien n’est simple pour appréhenderconvenablement ce qui se cachesous cette problématique desfriches. A commencer par leur défi-nition.

Grosso modo, quelque45 000 hectares entrent chaque an-née dans la catégorie « friches », etune quantité comparable en ressort.La surface des friches reste donc àpeu près stable. « Il y avait bien da-vantage de friches dans l’entre-deux-guerres que maintenant, assurePierre Derioz, chercheur au labora-toire d’analyse spatiale de l’universi-té d’Avignon. Les statistiques globalesreflètent mal la grande instabilité àl’intérieur de cette catégorie et lesnombreux transferts d’une situation àl’autre comme les passages plus oumoins longs vers les landes et les es-paces boisés. Si les totaux n’ont guèrechangé, par contre certaines frichessont perdues pour la SAU. »

Les landes et les friches sont lesterrains d’extension privilégiés pourles sols boisés où poussent sponta-nément des arbustes. En solde net,de 1992 à 1996, les surfaces boiséesont gagné près de 290 000 hectaressur les friches. Encore qu’à ce sujet,les chiffres du va-et-vient des sur-faces, d’une année l’autre, cachentune réalité plus complexe : certainsterrains classés momentanément enfriches n’avaient jamais vraimentperdu leur vocation forestière. Se-

lon les spécialistes, les terres restent,en moyenne, neuf ans en frichepuis, pour la moitié des surfacesconcernées, reviennent à l’agri-culture, terres labourables ou prai-ries. L’autre moitié se transforme enterres non cultivables : forêt sau-vage et sol artificialisé. Une partiedes friches, notamment dans leszones péri-urbaines, sont en effetdes « friches en attente de déclasse-ment pour devenir terrains construc-tibles », autrement dit des « frichesspéculatives », ajoute M. Derioz.L’occasion faisant le larron, certainsmaires ne disent-ils pas : « Ah ! vousvoyez, là c’est en friche, donc on peutdéclasser et lotir ! » ? La spéculationfoncière, surtout près des grandesvilles, joue un rôle non négligeabledans l’augmentation de la surfaceen friche.

La répartition des friches – mêmeen tenant compte des particula-rismes régionaux – est, elle aussi, as-sez stable. Le phénomène seconcentre surtout dans les vallées,en Sologne, Provence et Languedoc.Cependant, la situation apparaît va-riable selon les départements et àl’intérieur même de ces départe-ments. Seules les zones monta-gneuses ou les zones défavoriséeséchappent au phénomène, car lesfriches sont caractéristiques des ré-gions de culture – où s’exerce leplus vivement la pression foncière –ou bien des zones où la demande deterres pour la poursuite de l’activitéagricole est moins pressante. « Les

friches, anges ou démons ? », s’inter-rogeait un participant du colloqueorganisé récemment à Aix-en-Pro-vence.

Difficile de trancher. Pour les res-ponsables paysans, ces terres enmarge véhiculent une image trèsforte d’échec, de retour à l’état denature sauvage que des siècles detravail avaient domestiquées. Si lesagriculteurs n’aiment pas les friches,leurs syndicats n’en font pas pourautant un sujet de revendicationmajeure. Mais les associations éco-logistes, elles, leur trouvent ungrand intérêt patrimonial en tantque réservoirs de biodiversité.

Elles peuvent, également, être uti-lisées pour recomposer un environ-nement dégradé ou servir... de ré-serves de gibier pour le plaisir deschasseurs. Depuis 1995, la Fédéra-tion des chasseurs de Pyrénées-Orientales, en partenariat avec l’Ins-titut méditerranéen du patrimoinecynégétique et faunistique, a mis enœuvre le programme « Friches-faune sauvage ». Elle a, ainsi, réen-semencé quelque 500 à 600 hectaresde terres en friche, après accordavec des propriétaires privés quitouchent une prime. Ces friches« sous surveillance », sortes de « ré-servoirs à graines pour les oiseaux etde gîtes pour la faune à poils », sou-ligne la Fédération, servent, égale-ment, de coupe-feu en cas d’incen-die.

Ali Habib

Nombre de pointsde friches par maille

1

10

20

550 000 points d'observation

Source : SCEES (Service central des enquêtes et études statistiques)/Teruti

PERTES NETTES DE TERRES AGRICOLESPAR ENFRICHEMENT

DOMINIQUE VOYNET a ouvertjeudi 7 janvier la séance plénièredu Conseil national de l’aménage-ment et du développement du-rable du territoire (CNADT). Laministre devait rappeler la philo-sophie de son projet de loi, desti-né à réviser la loi du 4 février 1995,dite « loi Pasqua ». Le CNADT(52 membres) est composé en ma-jorité d’élus mais aussi de repré-sentants des chambres d’agri-culture, des chambres de métiers,de commerce, de responsablessyndicaux et associatifs, et des mi-nistères concernés. Ce débat surla loi est le dernier avant le débutde la discussion à l’Assemblée, le19 janvier, pour laquelle l’urgencea été déclarée. Les membres duCNADT devaient surtout débattrede l’ossature de la future loi à sa-voir les sept schémas de servicescollectifs qui doivent se substituerau schéma national de servicescollectifs prévu par la loi de 1995qui n’a jamais pu être appliqué. Ilsconcernent les transports, l’éner-gie, les équipements destinés à laculture, l’enseignement supérieuret la recherche, les espaces natu-

rels et ruraux, les nouvellestechnologies de l’information etles équipements de santé.

Quatre commissions du CNADTsont chargées de remettre un avissur les « notes de cadrages straté-giques », élaborées par les minis-tères concernés par ces schémascollectifs. Chaque rapport est ré-digé par un élu de poids : Jean-Pierre Alduy, maire (UDF) de Per-pignan pour la culture ; Jean-PaulDelevoye, président de l’Associa-tion des maires de France et maire(RPR) de Bapaume (Pas-de-Ca-lais) pour l’enseignement ; Jean-Marc Ayrault, maire (PS) deNantes pour les transports ; Ro-bert Savy, président (PS) duconseil régional du Limousin pourles espaces ruraux. Par ailleursAdrien Zeller, président (UDF) duconseil régional d’Alsace est char-gé d’une synthèse sur le schémade développement de l’espacecommunautaire européen, nonprévu explicitement par la loiVoynet, mais qui, élaboré parBruxelles, doit cependant s’arti-culer avec les schémas nationaux.Jérôme Vignon, directeur de la

stratégie à la Datar, a pour sa partdiffusé un document sur l’aména-gement du territoire « à l’horizon2020 ».

Le texte du projet de Mme Voy-net (35 articles) a déjà donné lieuà de nombreux débats à lacommission de la production etdes échanges de l’Assemblée. En-viron 600 amendements ont étédéposés. La discussion en pre-mière lecture devrait se pour-suivre pendant deux semaines.Dans la foulée, les députés exami-neront, à partir de février le projetde loi de Jean-Pierre Chevène-ment, ministre de l’intérieur, rela-tif à l’organisation urbaine et à lasimplification de la coopérationintercommunale. Les deux projetsse recoupent en partie. Certainsdéputés, y compris dans la majori-té « plurielle », regrettent que cesdeux textes « aménageurs »n’aient pu être fondus dans unseul dispositif législatif pour sim-plifier la lecture de ce que certainsparlementaires dépeignent déjàcomme une grosse « usine à gaz ».

Béatrice Jérôme

LeMonde Job: WMQ0801--0014-0 WAS LMQ0801-14 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0408 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

H O R I Z O N SENQUÊTE

Les chemins de la penséeAu cinquième mois de la gestation

se développent les structures nerveuses du fœtus.Les différentes parties de l’orchestre cérébralsont en place, leurs milliards d’instruments

neuronaux s’accordent. Les capacitésmentales du futur bébé sont infiniment plus grandes

que ce qu’il peut en dire

ELLE s’appelle Was-hoe, elle a trente-deux ans et vitdepuis sa tendreenfance aux Etats-Unis. Petite, on lui aappris l’un des lan-gages des sourds-muets, l’ASL (Ame-

rican sign language). De cettelangue du silence, elle « signe »plus de 200 mots et peut en asso-cier une dizaine. Elle a mêmeenseigné les rudiments du dia-logue gestuel à Loulis, son filsadoptif. Mais ses performances, siremarquables soient-elles, se sontarrêtées là. Washoe, la plus célèbrefemelle chimpanzé au monde, nemaniera jamais mieux qu’aujour-d’hui le langage des hommes. Nosplus proches parents ont beau par-tager avec nous 98 % de leur patri-moine héréditaire, leurs capacitéslinguistiques sont sans communemesure avec les nôtres. La parolereste le propre du cerveau humain.Et l’affaire est entendue bien avantla naissance.

Question intellect, toutcommence véritablement au cin-quième mois de gestation. Notrefœtus pèse maintenant 500 gram-mes, le volume de sa tête repré-sente environ la moitié de celui deson corps. De rares cheveuxs’aventurent sur le sommet de soncrâne, ses empreintes digitalessont formées et sa pratique de lagymnastique – car il bouge, l’ani-mal ! – s’améliore de jour en jour.Quant au cerveau, le plus gros estformé. Le tube neural, apparu dèsla deuxième semaine de vieembryonnaire, s’est depuis long-temps différencié en quatre vési-cules, prosencéphale, mésencé-phale, rhombencéphale et moelleépinière. Des trois premières sontnées toutes les structures céré-brales. Du prosencéphale ontnotamment émergé l’hippocampe,l’hypothalamus, la neurohypo-physe... et le cortex. Le siège de lapensée.

Mais, pour l’heure, ce gros tissufripé qui enveloppe les hémi-sphères cérébraux n’est pas encoretout à fait au point. C’est précisé-ment dans les semaines à venir,entre le cinquième et le sixièmemois, que tout va se jouer. Les cel-lules nerveuses présentes danscette « substance grise » – ellessont déjà innombrables – vont sedifférencier, se ramifier, se connec-ter les unes aux autres. Commen-cera alors la grande balade desneurones, dont les tours et détoursdessineront finalement la trame,d’une complexité inouïe, du tissucérébral.

« L’encéphale de l’homme se pré-sente à nous comme un gigantesqueassemblage de dizaines de milliardsde “toiles d’araignée” neuronalesenchevêtrées les unes aux autres,dans lesquelles “crépitent” et se pro-pagent des myriades d’impulsionsélectriques », décrit Jean-PierreChangeux, neurobiologiste au Col-lège de France. « Le système ner-veux est un grand réseau de fibresnerveuses connectées entre elles auniveau d’une structure particulière,la synapse », ajoute Alain Pro-chiantz, directeur du laboratoirede développement et évolution dusystème nerveux à l’Ecole normalesupérieure (Paris). Précision verti-gineuse : à l’âge adulte, on estimequ’un cerveau humain contient 10à 100 milliards de neurones, cha-cun établissant avec les autresenviron 10 000 contacts synap-tiques...

A l’âge fœtal, pour former cesréseaux, chaque neurone émet decourts rameaux, les dendrites, etun long prolongement, l’axone.Qui guide les excursions de ces cel-lules filiformes, qui les arrête unefois arrivées à destination ? Lesrecherches ont pour support desgènes de développement, dessubstances biochimiques « attrac-tives » ou « répulsives » et des« cônes de croissance » (une sortede tête chercheuse située au boutde l’axone, qui perçoit et analyseles indices moléculaires présentsdans le milieu). Elles n’en sont qu’àleurs débuts.

Mais on sait déjà que les neu-rones parcourent parfois des dis-tances considérables. Alain Pro-chiantz s’est livré au calcul : si onattribuait au corps cellulaire d’unneurone moteur de fœtus humain

la taille d’un ballon de football aumilieu du Parc des Princes, sonextrémité, toutes proportions gar-dées, se trouverait « quelque partdu côté de Poitiers ».

Au sortir de ces pérégrinationsnerveuses, le cortex aura acquis saconfiguration définitive. Structurétel un mille-feuille en six couchesde profondeur croissante (àchaque couche correspond un typeparticulier de connexions), il estformé en surface d’une mosaïqued’aires distinctes, chacune affectéeà une fonction spécifique (vision,audition, langage, etc.). Noussommes au début du sixième moisde gestation, les différentes partiesde l’orchestre cérébral sont désor-mais en place, leurs milliards d’ins-truments accordés. C’est à cemoment que l’oxygène devientindispensable au métabolisme desneurones. Que la réflexion, ensomme, vient au fœtus.

Reste à en écrire la partition. Ouplutôt à la récrire, encore et tou-jours. Car la musique de ce cer-veau-là laisse une large part àl’improvisation, qui ne fera quecroître jusqu’à la naissance et, plusencore, dans les années suivantes.Mélodie des nombres, des arts, deslettres ou de l’esprit, les infiniesvariantes de la pensée humaine sefondent avant tout sur une sou-plesse cérébrale sans précédentdans l’histoire de l’évolution desespèces.

E T c’est là que Washoe, laguenon si douée pour lelangage des sourds, trouve

ses limites. Parce que son cerveauprésente un cortex moins déve-loppé, parce que les aires accor-dées au langage y sont réduites àla portion congrue, mais aussiparce que ce cerveau, pourtantgénétiquement si proche du nôtre,n’a pas, et de très loin, la mêmeaptitude à l’innovation. Comme le

disent les neurobiologistes : il n’apas la même « plasticité ».

Non pas que les neurones, dansl’espèce humaine, continuentindéfiniment de se multiplier. Leurnombre est plus que suffisant dèsle cinquième mois de gestation et,au contraire, ne cessera plus dediminuer jusqu’à la mort. Au coursde leurs derniers mois in utero, ilssubiront même un sérieux éla-gage : selon les régions corticales,10 % à 80 % d’entre eux vont dispa-raître. Mais les survivants, eux, necesseront de modifier leur consti-tution, stabilisant ici certainesconnexions, en supprimantd’autres ailleurs.

« Apprendre, c’est éliminer », ditJean-Pierre Changeux. Eliminer cequi ne sert pas, renforcer dans lemême temps les synapses les plusactives, en invitant de nouveauxneurones à entrer dans la danse...Si la formation du cerveau humainest programmée génétiquement, ils’introduit, beaucoup plus quedans toute autre espèce, du jeudans l’exécution de ce programme.La fonction crée l’organe. Et leprocessus commence dès le ventrematernel.

Il ne s’achèvera que longtemps,bien longtemps après la naissance.L’homme vient au monde avec uncerveau de 300 grammes : le cin-quième seulement de son poidsadulte. Alors que celui duchimpanzé, à la naissance, atteintdéjà 40 % de son poids définitif. Telest le secret de la pensée humaine :des années durant, la masse ducortex continue d’augmenter, sesaxones à pousser, ses synapses à seconnecter – ce qui explique que lesjointures des os de notre crâne,contrairement à celles des autresmammifères, ne se ferment défini-tivement qu’à l’âge adulte.

« Chez les chimpanzés et lesgorilles, le cerveau est formé à 70 %au début de la première année ;

« On s’ignoredans le ventrede sa mère,c’est pourtant làque les idéesdevraientêtre les plus pures,car on estmoins distrait »

Voltaire

l’homme ne parvient à ce chiffrequ’au début de sa troisièmeannée », précise l’évolutionnisteaméricain Stephen Jay Gould (uni-versité Harvard). Cette « néoté-nie » (prolongation de la jeu-nesse), que tous les experts s’ac-cordent à considérer comme unfacteur essentiel de notre évolu-tion, ne s’exerce d’ailleurs pas seu-

lement sur le cerveau. De toutesles espèces supérieures, la nôtreest celle dont les nouveau-nés sontles plus « infirmes », les plus inca-pables de survivre sans assistance.Celle, aussi, dont l’enfance est laplus longue.

Conséquence de cet allegro manon troppo : toute notre vie, nousressemblerons beaucoup plus à unbébé chimpanzé qu’à unchimpanzé adulte. Des traits qui,chez les ancêtres de l’homme,caractérisaient l’embryon ou lepetit, sont devenus chez nous défi-nitifs. Notre boîte crânienneovoïde, nécessaire pour contenirnotre gros cerveau, ressemble àcelle des embryons de singe avant

que leur voûte ne s’abaisse. Nosfines mâchoires évoquent cellesdes jeunes primates, avant qu’ellesne se développent en un museausaillant. Nos doigts et les extrémi-tés de nos os longs sont encorecartilagineux à la naissance, alorsqu’ils sont déjà ossifiés chez lesautres mammifères. Ainsi, peut-être, avons-nous acquis le proprede l’homme : par conservation descaractéristiques juvéniles de nosancêtres, réservoir d’autantd’adaptations potentielles. « Levéritable père de l’homme estl’enfant », aime à rappeler StephenJay Gould.

Quoi qu’il en soit, une évidences’impose : si nature humaine il y a,elle tient à peu de chose : la parti-culière complexité de nos struc-tures corticales et leur plasticité,qui fait de chacun de nous un êtrepensant unique. « Tout individuhumain voit s’inscrire dans la struc-ture même de son cerveau, par sta-bilisation de réseaux neuronauxparticuliers, l’histoire singulière quiest la sienne – affective, sociale etculturelle », résume le philosopheDominique Lecourt.

Lové dans la matrice nourricière,le fœtus ne devient donc humainque progressivement, à mesureque s’élabore sa matière grise.Quand commence-t-il véritable-ment à penser ? A-t-il, ne fût-ceque vaguement, une conscience desoi ? « On s’ignore dans le ventre desa mère ; c’est pourtant là que lesidées devraient être les plus pures,car on est moins distrait », disaitVoltaire. Sans doute le grandhomme avait-il raison : durant ladernière partie de son séjour uté-rin, le fœtus entend, voit, sent,goûte, et ressent même peut-êtrequelques émotions, mais ils’ignore souverainement. Et l’his-toire que conte François Weyer-gans dans La Vie d’un bébé, dont lehéros est un fœtus au savoir ency-

Dessin : Peter Sis

PROCHAIN ARTICLELes chemins de la liberté

clopédique qui, pour naître, doitcomme tous ses congénèresoublier ce qu’il sait, n’est qu’unbeau rêve pour grandes per-sonnes.

Et pourtant ! Si le rêve reposaitsur une part, une toute petite partde réalité ? Si les fœtus, commel’imagine le romancier, réservaient« le meilleur à ceux qui les ques-tionnent » ? L’hypothèse n’est passi absurde. Du presque-né au nou-veau-né, la frontière est ténue. Etla science ne cesse de le montrer,les capacités mentales des toutjeunes bébés sont infiniment plusgrandes que ce qu’ils peuvent nousen dire.

D ES preuves ? Les plusconvaincantes sont ve-nues des travaux menés

depuis une vingtaine d’années parles « cognitivistes », patientsdétecteurs des rouages de la pen-sée et de son apprentissage. Euxqui, tout au long du siècle, avaientobstinément méprisé le nou-veau-né (seuls de rares psycho-logues de l’enfant, tel René Zazzo,savaient alors qu’un bébé toutjuste né répondait à qui lui tirait lalangue... en tirant la langue à sontour), eux qui croyaient ce petitêtre tout juste bon à têter et brail-ler, lui ont soudain découvert destalents cachés. A commencer parun surprenant don des langues.

En lui faisant le coup de la tétine(chaque fois qu’un son nouveaustimule son attention, le bébémanifeste sa curiosité ou soncontentement par une fréquenceaccrue de succions, qu’enregistrel’ordinateur auquel est reliée latétine), ils ont dû se rendre à l’évi-dence : non seulement le nourris-son de trois jours reconnaît entretoutes – et préfère – la voix de samère, mais encore fait-il parfaite-ment la différence entre sa languematernelle et les autres ! Et,même, entre des phonèmes ou dessyllabes proches, comme « r » et« l » ou « pah » et « bah » ! Ce queles adultes eux-mêmes ne saventplus toujours entendre (distinguerà l’oreille le « r » et le « l » repré-sente pour les Japonais adultes unexercice d’une grande difficulté),ce que les meilleurs systèmes dereconnaissance automatique de laparole, aujourd’hui encore,peinent à reproduire, Bébé le faitaussi naturellement qu’il tête lesein de sa mère. Non pas aussidoué, mais encore plus doué queles adultes.

Cette aptitude étonnante pour lareconnaissance du langage, quandapparaît-elle ? Selon de nombreuxchercheurs, bien avant la nais-sance. Le fœtus, estiment-ils, sefamiliariserait notamment avec lalangue de sa mère, dont la voix luiparvient clairement à travers leliquide amniotique. « Nous savonségalement qu’il peut recevoir dessons venant de l’extérieur, surtoutaux basses fréquences », ajouteJacques Mehler.

Pour ce spécialiste de l’écoutedes bébés, directeur du laboratoirede sciences cognitives et de psy-cholinguistique à l’Ecole deshautes études en sciences sociales(Ehess, Paris), une chose est sûre :le cerveau humain possède dès lanaissance les structures néces-saires pour acquérir une languenaturelle, qui permettent au nou-vel arrivant d’immédiatement dis-tinguer les paroles des autresbruits.

Loin d’être une page blanche surlaquelle le milieu écrirait à loisir,l’homme viendrait ainsi au monde,selon la formule chère au linguisteaméricain Noam Chomsky, munid’une grammaire universelle.« Celle-ci s’actualise ensuite dansun environnement et se stabilisedans la grammaire d’une langueparticulière », poursuit JacquesMehler. Cette disposition innée,qui ne dépend d’aucun apprentis-sage post-natal, n’est peut-être pasrigoureusement génétiquementprogrammée, mais elle possèdeassurément un fondement biolo-gique. Un fondement dont lefœtus humain, et lui seul, possèdeaujourd’hui le secret.

Catherine Vincent

L’AVENTURE DE L’EMBRYON

LeMonde Job: WMQ0801--0015-0 WAS LMQ0801-15 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0409 Lcp: 700 CMYK

H O R I Z O N S - D É B A T S LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 15

Intimité, mensonge et politique par André Petitat

Un jeu pervers sur la frontière du privéet du public a été arbitrépar les citoyens américains et aussi,en partie, par les citoyens du monde

F RANÇOIS MITTER-RAND est parvenu àcontrôler ses « affai-res » jusqu’à son décès,

Diana en est morte, et Bill Clintonest sur la sellette. Chaque fois, latornade associe sexe, politique,caisse de résonance médiatique,transgression du privé, non-dit etmensonge.

Dans le cas Clinton, le mondeentier, stupéfait, s’est demandépourquoi une banale infidélité a pumenacer d’asphyxie la vie politiquede la première puissance mondiale.Pour répondre à cette angoissantequestion, il faut prendre en comptele banal et l’exceptionnel. Le banal,c’est le jeu immémorial du voile-ment et du dévoilement. L’excep-tionnel, c’est sa forme actuelle.

Le drame contenu de Mitterrand,celui de Diana et mieux encorecelui de Clinton sont des drames dela communication. Entre conjoints,entre amants, entre amis, entrechefs et subordonnés, entrecitoyens, juges et avocats, entrechefs d’Etat et députés, entre cesacteurs et les journalistes, etc. Tousvoilent et dévoilent en jouant au-tour des conventions. Chaque jour,devant nous, en moins sophistiqué,se déroule ce palpitant et banal jeudes échanges symboliques. Noustenons là le nœud primordial de lacommunication : un mouvementpermanent de bascule entre ce quiest caché, déguisé, et ce qui estdévoilé, arraché ou confié.

La communication ne se résumeni à un rapport de pouvoir, ni à unidéal de coopération, ni à laconstruction d’un mondecommun. Elle consiste d’abord en

un jeu fondé sur trois virtualitésfondamentales. Chacun de nouspeut : 1) dire ou ne pas dire ; 2)exprimer authentiquement oudéformer ses représentations ; et 3)respecter ou transgresser lesconventions réglant la communica-tion.

La première liberté de jeu sefonde sur la nature cachée desreprésentations mentales ; ladeuxième prend appui sur l’imagi-naire ; la troisième repose sur lanature conventionnelle des règlesde nos échanges symboliques.

En combinant ces trois axes,nous retrouvons les postures debase de nos interactions (men-songe, pieux mensonge, non-ditmensonger, intimité, exagération,euphémisme, indiscrétion, sincé-rité...), postures qui ont toutes étémobilisées lors du « Monicagate ».

On théorise la communicationcomme code et interprétation ducode ; elle est plutôt transgressionet ravaudage permanent desconventions à travers lesquellesnous tissons le monde. Elle estdéséquilibre virtuel permanent,absence de repos, historicité.L’enjeu du « Monicagate » étaitconsidérable, puisqu’il s’agissait dudispositif de contrôle de la prési-dence américaine installé après leWatergate, c’est-à-dire après uneimmixtion de l’Etat (public) dansles affaires du parti de l’opposition(privé). Ce dérapage a été suivid’une dérive inverse : l’immixtiondu procureur Starr, investi d’unpouvoir de contrôle hors contrôle,dans les affaires privées du pré-sident.

Cette bascule de l’insuffisance à

un excès de contrôle illustre defaçon saisissante l’instabilité etl’incertitude foncières de noséchanges symboliques. Ceux-cidoivent nécessairement recourir àdes procédures permanentes derégulation. Mais qui contrôlera lescontrôleurs ? Qui a contrôlé Starr ?L’automne dernier, les électeursaméricains ont voulu arrêter la

dérive partisane d’un mécanismerégulateur de la communication.Un jeu pervers sur une frontière duprivé et du public a été sanctionnépar les citoyens américains et aussi,en partie, par les citoyens dumonde.

L’opposition privé/public n’estnullement une invention de lamodernité. Les plus vieux textes dumonde en parlent ; toutes lesmicro-sociétés orales la connais-sent. Les frontières du privé et dupublic découlent de notre libertéde voilement/dévoilement et de safaillible régulation. Chaque acteurdispose de cette liberté, de l’indi-vidu isolé à l’acteur collectif(famille, clan, tribu, cité, Etat). Ilexiste donc autant de frontièresprivé/public que de niveauxd’acteurs individuels et collectifs.

Cette façon de voir apparaîtraétrange à tous ceux qui identifient

le privé à la famille et le public àl’Etat, dans les sillages complémen-taires de Philippe Ariès et de Jür-gen Habermas. En réalité, les rap-ports du public et du privéressemblent à une poupée russe(compliquée de variations trans-versales relatives aux distinctionshommes/femmes, dominants/dominés...). Multiples, ces lignes

de démarcation hantent noscomportements. Songeons, parexemple, aux transformationsrévolutionnaires de la fin duXVIIIe siècle : le passage de sujet àcitoyen, les idéaux du laissez-faireet de l’égalitarisme, les ambitionsde l’Etat enseignant, le repli forcéde l’Eglise, l’émergence de culturesde référence nationales, letriomphe universaliste de lascience et l’explosion parallèle dessubjectivités. Toutes ces mutationsimpliquent, à tous les niveaux, desglissements conflictuels des fron-tières privé/public.

La poupée russe de la modernitéa considérablement élimé les pou-pées intermédiaires entre l’individuet l’Etat. C’est la raison pourlaquelle nous opposons la sphèreétatique à la sphère familiale etindividuelle.

Cette polarisation a favorisé

l’expression des subjectivités sur laplace publique. Aussi longtempsque familles et clans familiaux ontservi d’enveloppes publiquesconsistantes aux individus, les sub-jectivités ont accepté l’horizon del’oralité familiale. Et l’écriture estrestée pour l’essentiel un outil desEtats et des Eglises. En revanche,dès que s’amorce le processus depolarisation institutionnelle, lessubjectivités investissent massive-ment l’écriture. Depuis la révolu-tion romantique du XVIIIe siècle, ceprocessus ne s’est jamais démenti.

Chaque apparition de nouveauxmédias (radio, TV, télématique) asuscité le même investissement ;nous trouvons là des lieux de ren-contre et d’expression à la hauteurdes processus d’objectivationsociale. Fictions et reality showstélévisés mettent en scène de façonininterrompue les subjectivités ;chacun cherche dans l’expérienced’autrui des points de repère que lalimitation relative de son réseauprivé ne lui offre plus. La mise enscène publique du privé est à lahauteur des barrières du privé, lasubjectivation à la hauteur del’objectivation sociale.

On comprend mieux maintenantl’opportunisme des républicains.Ils se sont appuyés sur cette raison-nable curiosité médiatique àl’égard de la subjectivité pour fon-der une tactique intéressée et irres-ponsable. Car notre monde ne peutfonctionner sans barrières inter-médiaires opérantes. Heureuse-ment pour notre liberté, malheu-reusement pour notre stabilité, lesfrontières conventionnelles sonttoujours fragiles et réversibles, à la

merci des luttes autour du pouvoir,des biens, des sentiments et dessavoirs.

Kenneth Starr pensait que ledévoilement d’une infidélité conju-gale et de ses mensonges annexessuffirait à entraîner la condamna-tion morale : bienvenue erreur his-torique par rapport aux généra-tions de 1968 et d’après 1968. Autreerreur, mythique celle-là : nousavons tendance à préférer la ferti-lité (Kennedy, Clinton) à la stérilitéprocédurière.

Au moment où prend forme unenouvelle société mondiale, le mes-sage des électeurs américains estparticulièrement précieux. Car lanouvelle société mondiale signifieaddition d’une nouvelle poupéeenglobante, donc d’une nouvelledimension de l’objectivité sociale,ce qui ne manquera pas d’avoir deprofonds effets en cascade sur lesfrontières du privé et du publicdans le monde entier. Dans cetteperspective, il est rassurant desavoir que les Américains refusentmajoritairement la confusion desniveaux. Les progrès de la mondia-lisation sont à ce prix. L’appareilrépublicain finira par l’entendre.Médias et journalistes ont aussi dequoi réfléchir. Les citoyens améri-cains ont voulu à la fois sauvegar-der l’expression publique des sub-jectivités et prévenir leurinstrumentalisation politique ; ilsont placé une borne sur une fron-tière fragile et explosive.

André Petitat est professeurde sociologie à l’université de Lau-sanne.

AU COURRIERDU « MONDE »

« RÉCONCILIATION »AU CAMBODGE

Si la reddition de Khieu Sam-phan et Nuon Chea pouvait consti-tuer une bonne nouvelle pour lapopulation cambodgienne, quin’aspire – comment en pourrait-ilêtre autrement ? – plus qu’à lapaix, après trois décennies dedeuils, elle pose néanmoins pro-blème.

Les propos tenus par Khieu Sam-phan dans sa conférence de pressesont scandaleux à plus d’un titre :« Je suis très désolé des souffrancesdu peuple cambodgien comme decelles des animaux, etc. (sic). » Il nepouvait exprimer plus clairementson mépris des vies humaines engénéral et de ses compatriotes enparticulier, auxquels il n’a, à aucunmoment, présenté des excuses nidemandé pardon. Quant à NuonChea, personnage secret dans lahaute hiérarchie khmère rouge, ils’est contenté d’une phrase sibyl-line : « Laisser l’histoire juger si lerégime de Pol Pot a été ou non crimi-nel. » Ces mots traduisent lecynisme et l’aveuglement dontsont capables de grands criminels.

On ne peut que déplorer l’atti-tude des autorités cambodgiennes,qui ont cru bon d’accueillir à brasouverts – avec une mise en scènedigne d’une série B – au nom de la« réconciliation nationale », doncde la « raison d’Etat », les deux cri-minels vieillissants. La réconcilia-tion ne devrait signifier ni l’impu-nité ni l’immunité des criminels,génocides de surcroît.

Au-delà des protestations légi-times de certaines chancelleriesoccidentales, il importe dorénavantque les pays bailleurs de fonds – leCambodge exsangue a plus quejamais besoin d’aides – exercentdes pressions sur le gouvernementde Phnom Penh : contre les sub-sides occidentaux, l’organisationd’un procès même à Phnom Penhdans les conditions équitables oùces deux messieurs devraient etpourraient répondre de leurs actes.

Huot Meng,Paris

On ne peut pas conserver un systèmede change où l’évolution de la paritéet celle des prix sont incohérentes

Corée du Sud, Pologne, Brésil : au péril des taux de changepar Patrick Artus

L A crise financière,depuis deux ans, nous abeaucoup appris quantau choix d’un régime

de change efficace et stabilisant.Cependant, plusieurs pays conti-nuent à utiliser un système dedétermination du taux de changenuisible ou même destructeurpour leur économie. La thèse quenous défendrons ici est : le choixd’un taux de change nominal(c’est-à-dire en valeur, non corrigédes écarts de taux d’inflation) fixeou glissant dans une proportionannoncée à l’avance est extrême-ment dangereux dès que le tauxd’inflation du pays n’est pascohérent avec ce choix.

Cela peut refléter deux situa-tions : celle d’un pays sans infla-tion qui organise la dépréciationde sa devise ; celle d’un pays ayantune hausse des prix encore fortequi maintient cependant la fixitéde sa parité. Trois exemples per-mettront de défendre cette thèseet d’analyser ces situations : laCorée du Sud, la Pologne et leBrésil.

La Corée et la Pologne ont destaux d’intérêt nominaux trop éle-vés dans un régime de changestrop fixes. L’inflation y reste assezforte, supérieure à la dépréciationde la devise. Avant la crise duprintemps 1997, la Corée avait uneinflation qui oscillait autour de8 % et avait lié la parité du won àcelle du dollar. Le niveau d’infla-tion domestique imposait destaux d’intérêt à court terme sur lewon voisins de 10 %, contre 3 à5 % selon les périodes sur le dol-lar. La fixité nominale du taux dechange du won était crédible et,de ce fait, les entrées de capitauxà court terme considérables,puisque les réserves de changeaugmentaient continûment alorsque le déficit extérieur dépassait6 points de produit intérieur bruten 1996.

Ces capitaux prenaient desformes diverses – prêts entrebanques, endettement extérieurdes entreprises – et ont conduit àla crise en se retirant brutalementau début de 1997. Pour les prê-teurs internationaux, le won étaitdu dollar avec des taux d’intérêtélevés ; pour les emprunteurscoréens, le dollar était du wonavec des taux d’intérêt bas.

En Pologne, depuis la mi-97, etavec une forte accélération en1998, une configuration semblableapparaît. L’inflation ralentit pro-gressivement mais est encoreaujourd’hui de 10 %. Le zloty estlié à un panier de devises (45 % dedollars et 55 % de monnaie euro-péenne) sous la forme d’un« ancrage glissant », puisque laparité de référence du zloty sedéprécie de 6 % par an par rapportau panier. De fait, le zloty et plusfort chroniquement que sa paritéde référence. Le taux d’intérêt àcourt terme domestique (sur lezloty), en raison du niveau d’infla-tion, est encore de 14 %. Commedans le cas de la Corée, l’écart detaux d’intérêt vis-à-vis des autresmonnaies (3,30 % pour le tauxcourt sur l’euro, 4,75 % sur le dol-lar) est nettement supérieur à ladépréciation de la devise, d’oùl’apparition d’entrées de capitaux.Dans le cas de la Pologne, il s’agitessentiellement d’endettementextérieur des entreprises polo-naises filiales de groupes étran-gers.

Le cas polonais montre, en plus,le cercle vicieux qui se déclenche.Lorsque les capitaux commencentà arriver, la monnaie s’apprécie.Le glissement du zloty par rapportau panier de référence a ainsi dûêtre ramené très rapidement de10 % à 6 % par an, les marges defluctuation autour de la paritécentrale élargies pour permettrel’appréciation du zloty par rap-port à cette parité centrale. Cet

effet sur le taux de change del’arrivée des capitaux internatio-naux a plusieurs conséquencestrès négatives : perte de compéti-tivité, d’où déficit extérieur ;ralentissement des entrées decapitaux.

Par elles-mêmes, les entrées decapitaux ont des effets indési-rables, création monétaire exces-sive, par exemple. Cet ensemblede mécanismes peu souhaitables aété observé aussi bien en Coréequ’en Pologne. Ils montrent qu’il

ne faut pas laisser se créer unesituation d’excès de rendementchronique, liée à l’écart entre lesévolutions du taux de change etdes prix.

Le Brésil connaît des tauxd’intérêt réels trop élevés, avecdépréciation du taux de change etabsence d’inflation. Dans ce pays,il y a dépréciation régulière dureal par rapport au dollar (de 7 %par an), alors que l’inflation estdevenue très faible (autour de3 %). Cette configuration secomprend : le real est surévaluéen termes réels depuis 1994, ini-tialement de 20 à 25 %, ce qui afait disparaître l’inflation, maisnécessite une dépréciation pourrestaurer la compétitivité (le défi-cit extérieur atteint 4 points dePIB en 1998.

En raison de la dépréciation, letaux d’intérêt nominal sur le realdoit être élevé ; il doit au moinsêtre égal au taux d’intérêt sur ledollar (5 %) accru de la déprécia-tion du real (7 %) et d’une primede risque. La crise financière apoussé les taux d’intérêt à court

terme au Brésil au-dessus de 40 %,mais, avant la crise, ils étaient de20 %, niveau nécessaire pourempêcher les sorties de capitaux(vers les Etats-Unis). De toutemanière, 12 % est un minimumincompressible. Cela veut dire quele taux d’intérêt réel intérieur estextrêmement élevé (17 % si le tauxnominal revenait à 20 %), ce qui ades effets destructeurs surl’économie brésilienne, en parti-culier sur les finances publiques.

La dette publique représente

50 % du PIB. Elle est essentielle-ment à court terme ; avec des tauxd’intérêt réels gigantesques (etune croissance presque nulle), cequi implique que les intérêts sur ladette publique explosent. Il fau-drait un gigantesque surplus desautres opérations du budget (unsurplus primaire de 8 points dePIB) pour stabiliser le tauxd’endettement public. Il faut réali-ser que, avec un taux d’intérêt de20 %, les intérêts sur la dettepublique finissent par représenter10 % du PIB ; avec des taux à 40 %comme aujourd’hui, 20 % du PIB !L’économie meurt donc écraséepar la politique budgétaire restric-tive nécessaire pour compenserces paiements d’intérêts, l’autresolution étant inévitablement, àterme, un déficit sur la dettepublique si sa progression n’estpas stoppée.

La Corée et la Pologne ont unedépréciation du taux de changenominal inférieure à leur excèsd’inflation et subissent donc uneappréciation du taux de changeréel (une perte de compétitivité).

Un des effets négatifs de cettesituation est l’arrivée massive decapitaux à court terme internatio-naux, attirés par des taux d’intérêtnominaux liés à l’inflation et donctrès élevés ; l’autre, l’apparition dedéficits extérieurs.

Le Brésil est dans la situationopposée, avec dépréciation duchange excessive par rapport àl’inflation, donc dépréciation dutaux de change réel. Le résultat enest un niveau très élevé de tauxd’intérêt réel, puisqu’il faut que letaux d’intérêt nominal compensela dépréciation, et une explosiondes dettes domestiques.

Une anomalie dans l’évolutiondu taux de change réel, dans unsens ou dans l’autre, est donc trèsdommageable, directement et parson effet sur les taux d’intérêt. Onne peut pas conserver un systèmede change où l’évolution de laparité et celle des prix sont inco-hérentes, ce qui limite considéra-blement l’utilisation du taux dechange comme arme de politiqueéconomique, soit pour réduirel’inflation en utilisant une suréva-luation systématique, soit pourrestaurer la compétitivité, en utili-sant une sous-évaluation.

Autre implication : la grandedifficulté de l’arrimage des mon-naies entre des pays qui sont à desstades différents de développe-ment (les pays en forte croissanceayant naturellement davantaged’inflation) ou à des stades diffé-rents dans la lutte contre l’infla-tion. Les pays d’Europe centrale(Pologne, Hongrie) ou même laGrèce et le Royaume-Uni nedevraient donc pas être trop pres-sés d’accrocher leur monnaie àl’euro ou d’entrer dans l’Unionmonétaire.

Patrick Artus est directeurdes études économiques à laCaisse des dépôts et consignations.

LeMonde Job: WMQ0801--0016-0 WAS LMQ0801-16 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0410 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

D’après « Die Bibel in Bildern » de Julius Schnorr von Carolsfeld (1860).

Une éléphante à OrlyPAR la porte grande ouverte de

l’avion, un tourbillon de bras etde jambes apparaît dans lapénombre de la carlingue, ponc-tué de barrissements indignés.Au-dehors, une foule de photo-graphes, appareils brandis, et decinéastes, caméra au poing, com-mente avec excitation les phasesde la bataille. Un bout de cordeentre deux piliers gris : ce n’estpas la trompe, c’est la queue.Freda, éléphante naine du Cam-bodge, se refuse à contempler enface sa gloire nouvelle.

Elle a quitté sa jungle avecregret. Enfermée dans une cagede fer, on l’a embarquée à Saïgondans un quadrimoteur qui, aprèsune escale à Marseille, vient de ladéposer à Orly. La mer avait étéfuneste à son frère d’Afrique,mort au zoo des suites d’un troplong voyage. Le ciel a été favo-rable à Freda, du moins si l’on en

juge par la lutte qu’elle soutient.Une demi-heure s’écoule. Ste-wards, cornacs et propriétairecombattent pied à pied. Enfin,avec un dernier barrissement, lesoreilles dressées, arc-boutée surses pattes ridées, Freda passe latête à la portière. Eclairs demagnésium, cris de bienvenue.

Sur le crâne rugueux, garni derares poils noirs, une miss Quel-que Chose vide consciencieuse-ment une bouteille de cham-pagne. Freda, sous ce fraisshampooing, se détend et,curieuse, contemple le cimenthumide de la piste, l’escalier nic-kelé. La trompe s’allonge et,gourmande, aspire le vin pétillantqui ruisselle sur les marches. Toutn’est pas si sombre, après tout,dans le métier d’éléphant volant.

J. P.(8 janvier 1949.)

L’avènement par Hachfeld

Le difficileenfantementd’une sociéténouvelleSuite de la première page

L’Homo economicus, qui a long-temps profité de la convergenced’intérêts entre l’économie et lanation, singulièrement en France,doit désormais se situer dans desenjeux planétaires. Non seulementles perspectives s’en trouvent bou-leversées, mais les effets ont ten-dance à balayer des certitudesbien enfouies dans nos habitudes.

Les vagues incessantes de res-tructuration ou les révisions bru-tales de stratégie des grandsgroupes sont la manifestationéclairante de ce processus, appeléà s’imposer durablement. Mais cen’est pas tout. Au brouillage desrepères s’ajoutent la menace dudumping social et la montée del’individualisme. Or comment« faire société » sur de tellesvaleurs, poussées au bout de leurlogique par de pareils mécanismeséconomiques ? Comment produiredu « lien social » quand on sait quenos sociétés le fondent sur le tra-vail ? Dominique Schnapper, làencore, avance qu’il faut « repen-ser une organisation sociale dans

laquelle ceux qui ne participent plusà la production du marché concur-rentiel à dimension mondiale sevoient reconnus une utilité sociale ».

Cela est sans doute plus facile àdire qu’à faire, surtout s’il fauttenir compte du troisième élé-ment, avec les soubresauts dus à lamise en place de la société postin-dustrielle ou, pour certains, post-salariale. Evidemment, l’ampleurdes nouvelles technologies joue iciun rôle déterminant mais, égale-ment, la part prise par les apti-tudes personnelles avec le déve-loppement des activités de service.Pour les « travailleurs du savoir »,dont Jeremy Rifkin observe laconquête du pouvoir aux Etats-Unis, comme pour tous ceux dontl’activité repose de plus en plus surdes qualités relationnelles, ce sontdes compétences et pas unique-ment des qualifications qu’il s’agitde mettre en œuvre.

LOURD TRIBUTOuvert par les spécialistes,

repris par le Medef, le dossier de lagestion des compétences, juste-ment, fait partie des thèmes dedemain. Il englobe la notiond’« employabilité » selon laquellechacun, individuellement, doitêtre en mesure d’entretenir sesaptitudes à travailler, doit se for-mer et s’adapter. Une responsabi-lité qu’il faudrait exercer dans unenvironnement mouvant et àpeine lisible.

Dans ce contexte, les victimesrisquent d’être nombreuses. Cer-taines catégories, par leur forma-

tion, leur expérience ou leur âge,éprouvent des difficultés à entrerdans ces modes de fonctionne-ment. Sans qu’on puisse parler degénération sacrifiée de la fin del’ère industrielle, elles sontcondamnées à la précarité, auxpetits boulots, au chômage et àl’exclusion. Même si un nouveléquilibre venait à être trouvé, ellesauront payé un lourd tribut, enFrance tout spécialement, où lemodèle industriel fait partie inté-grante de la culture.

DILUTION DES REPÈRES Ce n’est pas un hasard si un pré-

sident de la République ne sait passe servir du « mulot » quand, dansd’autres pays, l’univers informa-tionnel s’est déjà imposé à tous eta, comme aux Etats-Unis, contri-bué à des créations massivesd’emplois dans les technologies depointe.

Ces trois défis ont donc des inci-dences fortes sur le rapport quenous entretenons avec le travail,valeur centrale de nos sociétés.Mais cette triple perturbationintervient aussi alors même que letravail lui-même, dans soncontenu comme dans sescontours, se définit de plus en plusmalaisément. Conceptuel, abstraitou relationnel, il échappe à l’unitéd’action, de temps et de lieu quiencadrait strictement le travailindustriel. Là aussi, une dilutiondes repères intervient pour ajouterau trouble.

Comme si tout cela n’était passuffisant, les normes anciennes ne

résistent pas davantage. Déjà, lesalariat ne se désigne plus par descontrats à durée indéterminée àtemps plein pour plus du quart dessalariés. Entre travail indépendant,groupements d’employeurs,emplois aidés de toute sorte etservices de proximité, parexemple, de nouveaux statutsélargissent un champ qui ne sestabilisera pas de sitôt. L’incerti-tude s’immisce partout et devientla règle implicite.

Au total, pareille superpositionde chocs, imbriqués les uns auxautres, ne s’était jamais produiteauparavant. Se répondant commeen écho, chaque élément amplifieles effets d’un processus devenuinexorable, d’autant plus inquié-tant qu’il n’est pas maîtrisé et qu’ilébranle, simultanément, bien desfondements établis de nos socié-tés.

Dans ces conditions, il estcompréhensible que l’opinion vivemal cette phase. Il est normal aussiqu’elle réagisse quelquefois par debrusques mouvements d’humeur,soit sur le plan social, soit dans lesurnes. C’est le contraire qui seraitmême étonnant. Il y a d’ailleursfort à parier que, bien au-delà dutournant du millénaire, le climaten soit toujours profondémentaffecté. Tant il est vrai que l’enfan-tement d’une nouvelle sociétéprend du temps, que la perceptiondes phénomènes n’est pas la chosela mieux partagée. Et que les men-talités évoluent lentement.

Alain Lebaube

Paris et Washington, un jeu complexe dans les BalkansJACQUES CHIRAC a-t-il voulu

faire assassiner Radovan Karadzic ?Pas tout à fait, mais pas loin. Adeux reprises, le 14 décembre 1995et le 27 mai 1997, le président fran-çais a proposé à Bill Clinton quesoit lancée contre le leader serbeune opération commando franco-américaine. C’est ce que racontentGilles Delafon et Thomas Sanctondans le livre qu’ils ont consacré auxrelations entre l’Elysée et la MaisonBlanche depuis 1995 (Dear Jacques,Cher Bill, Gilles Delafon et ThomasSancton, Plon, 368 p., 139 F,21,18 ¤).

Un plan détaillé de ce raid, dit« Operation Amber Star », a été éla-boré conjointement en avril 1997,affirment-ils. A l’Elysée, onconfirme ; on précise toutefois que,contrairement à ce que laisse en-tendre une phrase du livre, le butn’était pas d’éliminer physique-ment Karadzic, mais de l’arrêterpour le transférer au Tribunal de LaHaye, où il est inculpé de génocideet de crimes contre l’humanité, aumoyen d’une opération quicomportait des risques : celui deperdre des hommes du commandoet celui, effectivement, de le tuer,lui.

« Le 15 juillet 1997, racontent en-core Delafon et Sancton, l’Elyséeprendra connaissance avec fureurd’un article du New York Times ac-cusant Paris de “refuser de prendrepart à l’opération d’arrestation des

criminels de guerre”. » Pour lesdeux auteurs, pas de doute : l’ar-ticle était téléguidé, L’opérationcontre « Monsieur K. » n’a pas eulieu.

On explique aujourd’hui à Parisque tout le monde était finalementtombé d’accord sur l’idée qu’il va-lait mieux attendre, parier sur unisolement politique progressif deKaradzic jusqu’à pouvoir « le cueil-lir comme un fruit mûr », plutôt quede provoquer, par une arrestationprématurée, une remobilisationdes Serbes de Bosnie qui eût faitcapoter l’accord de paix de Dayton.On ajoute aussi qu’« au stade oùl’on se demandait si on y allait oupas, les Américains ont reculé, decrainte de dommages dans lescommandos que leur opinion pu-blique n’aurait pas supportés ».

PETITE GUERRE DE PROPAGANDEAujourd’hui, alors qu’une autre

crise mûrit, semaine après se-maine, dans l’ex-Yougoslavie, le ré-cit des deux journalistes n’est na-turellement pas pour déplaire àl’Elysée. Il contredit en effet l’idée,régulièrement assénée comme uneévidence par la presse américaine,selon laquelle la politique de laFrance dans les Balkans serait dé-terminée par sa vieille alliance avecles Serbes. Cela fait partie de la pe-tite guerre de propagande queWashington mène avec constance,par presse interposée, contre son

allié français, le plus indocile etnéanmoins le plus précieux faceaux crises balkaniques.

Pas plus tard qu’il y a deux jours,la référence à cette fameuse vieillealliance franco-serbe traînait en-core dans une analyse du HeraldTribune sur la situation au Kosovo.L’article expliquait en substanceque le général Clark, commandantsuprême de l’OTAN, était venu àParis pour rassurer : non, les sol-dats français qui constituent l’es-sentiel de la « force d’extraction »– actuellement basée en Macé-doine pour porter secours, en casd’incident, aux observateurs en-voyés au Kosovo – n’auraient pas àfaire feu contre leur « allié » serbe,disait le journaliste ; l’OTAN, s’il lefaut, s’en chargera.

Qu’en est-il en fait ? Des obser-vateurs désarmés sont aujourd’huides otages virtuels au Kosovo,comme les « casques bleus » de laForpronu – pas désarmés maispresque – furent pendant long-temps des otages en Bosnie, garan-tissant les Serbes contre toute in-tervention militaire occidentale. Ladifférence, c’est que la Forpronu etson mandat paralysant étaient lar-gement de conception française :celle de François Mitterrand, queJacques Chirac récusa en arrivant àl’Elysée ; les observateurs, en re-vanche, ont été dépêchés au Koso-vo en vertu de l’accord conclu enoctobre par l’Américain Richard

Holbrooke avec Milosevic. « Uneconnerie », confiait-on à l’époqueen haut lieu à Paris. La connerieétant faite, et nul ne sachant nonplus que proposer de mieux, onl’assuma néanmoins : alors queM. Holbrooke n’avait pas songé àla sécurité de ces observateurs, Pa-ris plaida pour la constitutiond’une force chargée de les protéger.Il est donc assez paradoxal d’impu-ter aujourd’hui à « la France »,comme le fait le Herald Tribune, lacrainte d’avoir à en découdre avecses prétendus « alliés » serbes.

DÉRAPAGES SUREXPLOITÉSEn son temps, le Washington Post

s’y était mis aussi. C’était l’annéedernière, en avril ; le journal affir-mait qu’un commandant françaisen Bosnie, Hervé Gourmelon, avaitinformé Karadzic des plans élabo-rés pour son arrestation et il yvoyait une illustration du parti prispro-serbe de la France.

Puis vint l’affaire Bunel, en sep-tembre, où les autorités françaisesprirent les devants pour arrêterelles-mêmes ce commandant enposte à l’OTAN soupçonné d’avoirlivré à un diplomate serbe des in-formations sur les projets defrappes aériennes au Kosovo. Cesdérapages de militaires françaissont pain bénit pour la petiteguerre de propagande américaineet largement surexploités dans lapresse anglo-saxonne.

Tout serait plus simple en effet si« la France » donnait moins d’ellel’image de la duplicité. Mais les mi-litaires – et les ministres de la dé-fense, quel que soit le gouverne-ment –, ne sont d’évidence passpontanément sur la même lon-gueur d’onde que l’Elysée à proposdes Balkans. Certains d’entre eux(pas tous) n’ont pas caché, en Bos-nie, leur réel parti pris pro-serbe ;ils ne cachent guère aujourd’huileur désapprobation de cette« force d’extraction » basée en Ma-cédoine, inventée par JacquesChirac. Ils n’en font pas moins cequi leur est demandé et qui leur acoûté une soixantaine de morts,depuis le début des crises dans l’ex-Yougoslavie, où les Américains ontconstamment veillé à ne pas expo-ser la vie d’un de leurs soldats.

L’intérêt des révélations de Dela-fon et Sancton sur l’affaire Karad-zic est de remettre les choses à leurplace : les divergences franco-amé-ricaines à propos des Balkans nesont plus dues à un prétendu partipris pro-serbe au sommet de l’Etatfrançais, lequel d’ailleurs s’étaitémoussé à la fin de l’ère Mitter-rand. Les dirigeants américains lesavent : elles relèvent aujourd’huid’une problématique pluscomplexe sur le partage des rôles,la gestion des crises, la conceptionglobale des relations internatio-nales. Elles n’empêchent pas quetout ce qui s’est fait et peut éven-tuellement se faire d’utile sur cetterégion sera le fruit de l’allianceentre Washington et Paris.

Claire Tréan

La drogue, toutes les droguesC ’EN est donc quasi-

ment fini de la dis-tinction entre drogueslicites et illicites. La

lutte contre les « drogues lé-gales » (alcool, tabac et médica-ments) devrait bientôt faire inté-gralement partie de la politiquegouvernementale de lutte contrela toxicomanie. Révélé dans noscolonnes, le rapport d’étape de lamission interministérielle de luttecontre la drogue et la toxicomanie(Mildt), qui constitue le socle dufutur plan triennal du gouverne-ment de Lionel Jospin, attested’un spectaculaire changementde cap. Sans méconnaître les obs-tacles, nombreux, qui ne manque-ront pas de se dresser lors de lamise en œuvre d’une telle poli-tique – « Il est certain, pour ce quiconcerne les drogues licites, que laprésence d’interlocuteurs indus-triels très actifs rend la tenue de dis-cours publics de prévention parti-culièrement délicate », écrit dansun bel euphémisme Nicole Maes-tracci, la présidente de la Mildt,anticipant l’offensive des puis-sants lobbies de l’alcool et du ta-bac –, le gouvernement s’apprêteà faire le pari de la santé pu-blique.

La nouvelle politique qui s’en-gage est la traduction directe durapport du professeur BernardRoques, qui avait, en juin 1998, dé-moli la classification légale dessubstances psychotropes et rebâtiune échelle de dangerosité surdes bases neurobiologiques : al-cool, héroïne et cocaïne d’un cô-té ; amphétamines, benzodiazé-pines, tabac et hallucinogènes del’autre ; puis, « en retrait », le can-nabis. Le Comité nationald’éthique s’était lui aussi pronon-cé en ce sens, quatre ans plus tôt.

Dans le cadre des conventionsinternationales de 1961 et de 1971,qui fixent le statut légal desdrogues, notre pays inauguredonc une nouvelle approche desdépendances, centrée non plussur les produits toxiques mais surles comportements humains. Bienmenée, une telle politique pour-rait avoir des conséquences consi-dérables, à la mesure des enjeux :chaque année, 60 000 personnesmeurent des suites du tabagisme ;plus de 2 millions vivent enFrance sous la dépendance de l’al-cool ; les médicaments sont utili-sés dans neuf tentatives de sui-cide sur dix. Dorénavant, l’objectifn’est plus l’abstinence à tout prixmais d’éviter le passage de l’usageoccasionnel à l’abus et à la dépen-dance. Mettant sur le même planles consommateurs occasionnelsde cannabis ou les buveurs modé-rés de vin, cette nouvelle hiérar-chie des conduites pourrait menerà la dépénalisation progressive del’usage simple de drogues illicites.Mme Maestracci, qui a officieuse-ment été priée par Matignon dene pas toucher à la loi du 31 dé-cembre 1970 sur les stupéfiants,propose de redéfinir entièrementles priorités de la politique pénalepour la recentrer sur la répressiondu trafic, et en particulier du traficlocal. Elle recommande claire-ment d’« éviter les incarcérationspour simple usage » de drogue etrappelle que deux circulaires dugarde des sceaux, en 1978 et en1984, encourageaient les parquetsdans cette voie.

Pour la première fois depuis sacréation en 1982, la Mildt proposeainsi une vision globale et cohé-rente de la politique de luttecontre les drogues. L’événementmérite d’être salué.

LeMonde Job: WMQ0801--0017-0 WAS LMQ0801-17 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0411 Lcp: 700 CMYK

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

Palmarès françaisb Les banques-conseilsCe classement, établi par Fusions &Acquisitions Magazine, prend encompte les opérations menées enFrance en 1998.1er : Rothschild & Cie (5e en 1997) :42 opérations ; 50,4 milliardsd’euros (330,8 milliards de francs).2e : Goldman Sachs (4e) :24 opérations ; 45,6 milliardsd’euros.3e : Lazard (2e) : 59 opérations,37,4 milliards d’euros.

4e : Banexi (BNP) (6e) :66 opérations ; 28,5 milliardsd’euros.5e : Clinvest (Crédit lyonnais) (7e) :58 opérations ; 25 milliardsd’euros.6e : Paribas (8e) : 35 opérations ;22,9 milliards d’euros.7e : Morgan Stanley (1er) :17 opérations ; 18,6 milliardsd’euros.8e : Société générale (3e) :32 opérations ; 18,6 milliardsd’euros.9e : Warburg Dillon Read (UBS)

(15e) : 7 opérations ; 15,2 milliardsd’euros.10e : Crédit Suisse First Boston(13e) : 14 opérations ; 13,8 milliardsd’euros.b Les opérationsLa liste recense les opérations deplus de 30 milliards de francs(4,6 milliards d’euros) annoncées en1998.– Rhône-Poulenc (Rothschild &Cie ; Goldman Sachs) + Hoechst(Lazard) (.)– Total (CS First Boston) +Petrofina (Paribas, JP Morgan) (.)

– Allianz (Clinvest, Rothschild &Cie) + AGF (Goldman Sachs, CSFirst Boston)– Sanofi (Morgan Stanley, Sociétégénérale, Banexi) + Synthélabo(Lehman Brothers, CCF) (.)– Vivendi (Rothschild & Cie,Banexi) + Havas (Société générale,Goldman Sachs)– Rallye (ABN Amro, Banexi,Clinvest, Crédit agricole Indosuez,Deutsche Bank) + Casino (Lazard,Rothschild & Cie)(. ) opération en cours non retenuedans les statistiques 1998

Sous la pression de la conjoncture et des marchés

ANALYSEL’envolée des coursde Bourse permetdes mariages de titans :on paie en actions

L’ANNÉE a à peine commencéque les rumeurs de fusions sont re-parties de plus belle. Pas un groupequi ne se dise en discussion avecun éventuel concurrent pour envi-

sager un mariage. Pas un secteurqui n’échappe à la folie desconcentrations. Après les grandsrapprochements dans l’industriepétrolière et la pharmacie tout aulong du quatrième trimestre de1998, l’automobile et les télé-communications sont à leur tourpris par la fièvre du mariage. En at-tendant que la spéculation nes’empare de l’agroalimentaire, desbiens d’équipements ou des biensintermédiaires. Alors que 1998 aété une année record pour les fu-sions avec plus de 2 500 milliardsde dollars (2 125 milliards d’euros)de transactions, certains analystesprédisent déjà que le mouvements’intensifiera cette année.

Malgré la crise asiatique, la mon-dialisation domine toujours lespréoccupations des firmes. Danstous les secteurs, les grandsgroupes rêvent de constituer desgéants implantés dans les troisgrandes zones économiques– Etats-Unis, Europe, Asie – et do-minant leur marché. A ce mouve-ment existant depuis plusieurs an-nées, vient s’ajouter désormaisl’intégration européenne. L’arrivéeeffective de l’euro s’annonce déjàcomme un puissant accélérateurdes concentrations. Même s’ils s’ypréparaient depuis longtemps, lesgroupes européens sentent la né-cessité de s’adapter aux nouvellesdimensions de l’Euroland, qui de-vient, de fait, leur marché intérieur.L’euro va imposer désormais une

réorganisation en profondeur de laproduction et des circuits decommercialisation des entreprises.Aussi, lorsque le coprésident deDaimlerChrysler, Robert Eaton, aannoncé en début de semaine,sans indiquer les noms, un rappro-chement dans les prochains moisentre deux constructeurs euro-péens, personne n’a pris l’informa-tion à la légère. Surcapacités struc-turelles, marges faibles, marchésmatures : tout pousse à des ma-riages dans l’industrie automobileeuropéenne.

Dans cette recherche de la di-mension, les groupes allemandss’affirment comme les plus entre-prenants. Fraîchement convertisaux mérites du capitalisme anglo-saxon, tous veulent profiter des bé-néfices de leurs récentes restructu-rations pour étendre leur emprise.Ils ne regardent plus vers l’Est – ju-gé trop peu profitable – comme audébut des années 90, mais versl’ouest de l’Europe. Les plus ambi-tieux portent leur regard plus loinencore, vers les Etats-Unis, rêvantde réitérer le mariage spectaculaireentre Daimler et Chrysler ou deDeutsche Bank et Bankers Trust.

DURE PROMESSEOutre-Atlantique, les groupes

américains sont aussi sur le qui-vive. L’Europe, seule zone de crois-sance solide dans le monde, leurparaît une destination privilégiée.De plus, beaucoup redoutent tou-jours de voir se constituer une for-teresse économique dont ils se-raient exclus.

La tentation des fusions est d’au-tant plus forte que les groupes seretrouvent dans une situation ren-due plus délicate par les forces dé-flationnistes dans le monde. Beau-coup savent qu’ils auront du malcette année à honorer la promessefaite à leurs actionnaires de 15 % decroissance annuelle de leurs béné-fices, alors que la croissance faiblitaux Etats-Unis, que la crise est tou-

jours présente en Asie, que les prixdes matières premières et des pro-duits industriels baissent. Les courstrès déprimés du pétrole, en des-sous de 10 dollars le baril, ont été ledéclencheur des grandes fusionsdans le secteur. Constatant qu’ilsne pourraient réaliser les rentabili-tés attendues par leurs action-naires, les « majors » n’ont vuqu’une voie de salut : grandir.Après le rapprochement entre lebritannique BP et l’américainAmoco, Total s’est allié avec lebelge Pétrofina, et Exxon, le pre-mier groupe pétrolier mondial aannoncé sa fusion avec Mobil,dans une opération de plus de77 milliards de dollars.

Impensables il y a encore troisans, ces mariages de titans de-viennent réalisables grâce à laBourse. La montée spectaculairedes actions permet les montages fi-nanciers les plus acrobatiques :plus rien ne se paie en argent, toutse négocie en papier. Selon le ma-gazine Fortune, 67 % des fusions-acquisitions réalisées aux Etats-Unis en 1998 ont été faites paréchange d’actions, contre 7 % il y adix ans. L’engouement des mar-chés financiers pour les fusions de-vient tel que la moindre rumeur derapprochement suffit à faire mon-ter les cours.

Pour les entreprises, il est de plusen plus difficile de résister à un telchant de sirènes. Les économiesd’échelle et les synergies, sisouvent vantées lors des annoncesdes fusions, sont pourtant rare-ment au rendez-vous. Selon uneétude du cabinet McKinsey portantsur cent quinze fusions réalisées audébut des années 90, 23 % seule-ment de ces alliances apparaissentcomme des succès. Les fusions dumoment, nouées à la hâte sous ladictée de la conjoncture et desmarchés, risquent de ne pas échap-per à cette règle.

Martine Orange

De nouveaux rapprochements en vueb AUTOMOBILE. Le constructeur suédois Volvo

aurait demandé à « une grande banque d’affairesaméricaine d’explorer les possibilités de cession ou defusion de sa division automobile, sa principale activi-té », affirme le quotidien britannique Financial Timesdans son édition de jeudi 7 janvier. Une telle opéra-tion pourrait rapporter entre 40 et 45 milliards decouronnes suédoises (de 4,3 à 4,8 milliards d’euros,soit 28,3 à 32 milliards de francs).

Les candidats les plus fréquemment cités pour untel rachat sont le constructeur italien Fiat, l’améri-cain Ford et l’allemand Volkswagen. Le premiersemble le mieux placé. Renault, qui avait failli fu-sionner avec le suédois en 1993, n’est apparemmentplus sur les rangs. Mais depuis l’échec de ce projet,Volvo n’a jamais caché qu’il était à la recherche departenaires industriels. Il est d’ailleurs allié auconstructeur japonais Mitsubishi dans une usinecommune aux Pays-Bas.

Avec moins de 400 000 voitures produites en 1998,la firme suédoise n’a pas la taille suffisante pour res-ter indépendante, même sur son créneau haut degamme. Son patron, Leif Johansson, juge la rentabi-lité de Volvo Car (4 % du chiffre d’affaires) insuffi-sante. Il vient du groupe Wallenberg, premier inves-tisseur du pays, qui n’avait pas hésité à céder l’autreconstructeur suédois, Saab, à l’américain GeneralMotors.

b LUXE. Bernard Arnault n’est manifestement pasdécidé à se contenter du périmètre actuel de songroupe de luxe, LVMH (Vuitton, Dior, Givenchy...).Après avoir tenté de racheter à Sanofi son pôlebeauté, dont le fleuron est Yves Saint Laurent,LVMH a annoncé, mercredi 6 janvier, avoir franchi leseuil des 5 % du capital de la marque de mode et demaroquinerie italienne Gucci. Ce dernier est l’un desprincipaux concurrents de Louis Vuitton, maisconstitue surtout un modèle de développementpour le français. Le maroquinier florentin est en ef-fet devenu en quelques années une des grandes

marques mondiales. Et une valeur-vedette desBourses de New York et d’Amsterdam, où Gucci futintroduite en 1995. En 1998, un autre italien, Prada,avait ramassé près de 10 % du capital de Gucci, avantde se retrouver bloqué par l’hostilité des dirigeantset le manque de moyens. Gucci est apparemmenttout aussi hostile à LVMH, mais Bernard Arnault, quiavait déjà failli acheter Gucci au début des an-nées 90, alors que la marque était au plus mal, a lar-gement les moyens de lancer une offre publiqued’achat (OPA). Il devait dévoiler ses intentions ven-dredi 8 janvier.

b TÉLÉCOMMUNICATIONS. Aux Etats-Unis,WorldCom MCI pourrait faire une offre d’achat àl’opérateur de radiotéléphone AirTouch, affirmaitjeudi 7 janvier l’agence Bloomberg. Si cette informa-tion était confirmée, WorldCom serait le troisièmecandidat à s’intéresser à AirTouch, après les offresdéjà présentées par Bell Atlantic pour 43 milliards dedollars (36,6 milliards d’euros) et par le britanniqueVodafone, pour 54 milliards de dollars (45,96 mil-liards d’euros).

Bernard Ebbers, le PDG de WorldCom, est connupour sa stratégie d’acquisitions agressive, grâce à la-quelle il a hissé son groupe parmi les tout premiersopérateurs de télécommunications du monde. Sonopération la plus audacieuse a été, en 1997, le rachatde MCI, le numéro deux américain des télécommu-nications longues distances, pour un montant de47 milliards de dollars (40 milliards d’euros).

Les analystes font remarquer qu’une nouvelle fu-sion de cette taille, après le rachat de MCI, mettraiten danger les résultats futurs du groupe. Le radio-téléphone, secteur dont WorldCom MCi est absentpour l’instant, est cependant devenu très rentable,maintenant que les énormes investissements néces-saires à l’installation d’un réseau sont amortis.

Pascal Galinieret Emmanuel Paquette

EXXON CORP.

TRAVELERS GROUP

SBL COMMUNICA.

NATIONS BANK

AT&T

BELL ATLANTIC

BRITISH PETROLEUM

DAIMLER BENZ

ZENECA

BANC ONE

BERKSHIRE HATHAWAY

Pétrole

Services financiers

Télécommunications

Banque

Télécommunications

Télécommunications

Pétrole

Automobile

Pharmacie

Banque

Assurance, investissement

Mobil Corp.

Citicorp

Ameritech

Bank America

Tele-Comunications

GTE

Amoco

Chrysler

Astra

First Chicago

General RE

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(ALL.)

(G.-B)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(E.-U.)

(Suède)

(E.-U.)

(E.-U.)

67

61,6

53,2

52,4

45,5

45,4

41

34,4

NORWEST BanqueWells Fargo(E.-U.) (E.-U.) 29,2

29,4

25,2

19

ACHETEURS CIBLES SECTEURS

en milliards d'euros

MONTANT DE L'OPÉRATION

Les douze principales opérations réalisées l'an dernier

Source : IFR Securities data/Acquisitions Monthly, janvier 1999

FINANCE Le montant total desopérations de fusions et acquisi-tions annoncées à travers le mondea dépassé 2 100 milliards d’euros en1998 ; et 1999 s’annonce déjà

comme un grand cru. b EXXON ETMOBIL ont annoncé la plus grandefusion de tous les temps en dé-cembre 1998, couronnant une an-née déjà marquée par des rappro-

chements gigantesques, auxEtats-Unis en particulier. b L’EU-ROPE n’est pas en reste. Les Alle-mands ont lancé plusieurs grandesacquisitions aux Etats-Unis,

commme celle de Chrysler parDaimler et le rachat en cours deBankers Trust par la Deutsche Bank.b EN FRANCE, cinq opérations an-noncées en 1998 dépassent le mon-

tant de 30 milliards de francs(4,6 milliards d’euros), six opéra-tions pèsent entre 20 et 30 milliardsde francs et une dizaine entre 10 et20 milliards de francs.

Les fusions et acquisitions ont dépassé 2 000 milliards d’euros en 1998Les motivations stratégiques – mutations technologiques, mondialisation, euro – justifient la multiplication d’opérations

que l’envolée des marchés boursiers rend aujourd’hui plus facilement réalisablesTOUJOURS PLUS ! En 1998, le

montant total des opérations defusions et acquisitions annoncées àtravers le monde a dépassé2 500 milliards de dollars(2 125 milliards d’euros), 50 % deplus que l’année précédente... EnEurope, les opérations effective-ment bouclées en 1998 ont atteint440 milliards d’euros, selon la basede données Securities Data. Le re-cord de 1997 a été balayé sans diffi-culté, et déjà les professionnelsprédisent, pour la cinquième an-née, une cuvée 1999 exception-nelle.

Un associé-gérant de Lazardsouligne la conjonction d’élémentsfavorables à la poursuite d’une ac-tivité soutenue dans le domainedes rapprochements d’entreprises.Les motivations stratégiques – mu-tations technologiques, mondiali-sation, euro – justifient l’étude denouvelles opérations, que lesconditions de marché rendent réa-lisables financièrement : « LaBourse est à un niveau élevé et per-met de payer les acquisitions entitres et les taux d’intérêt sont trèsfaibles. » Parallèlement, lesgroupes qui ont fusionné il y adeux ou trois ans se recentrent surcertaines activités en cédantd’autres.

Le gigantisme atteint en 1998 se-ra toutefois difficile à battre. Lerapprochement annoncé en dé-cembre 1998 d’Exxon et de Mobilporte sur quelque 67 milliardsd’euros, les opérations américano-américaines dans les télécommuni-cations dépassent toutes 40 mil-liards d’euros, le rapprochementde Daimler Benz et de Chryslerporte sur plus de 34 milliards d’eu-ros et celui de Rhône-Poulenc etHoechst sur 18,3 milliards d’euroset l’acquisition de Bankers Trustpar la Deutsche Bank représente laplus grosse acquisition bancaireréalisée par un groupe non-améri-cain aux Etats-Unis.

OPÉRATIONS AMICALESLa plupart des opérations réali-

sées ont été amicales. Selonl’agence d’information Bloomberg,sur 105 tentatives hostiles, moinsde 15 % sont parvenues à leur fin.Les échecs les plus retentissantsont été la tentative de rachatd’AMP par AlliedSignal (plus de8 milliards d’euros) et celle de Mel-lon Bank par la Bank of New York(environ 19 milliards d’euros) auxEtats-Unis.

Dans ce contexte, les banques sefrottent les mains. Toutes affir-ment avoir fait une excellente an-

née dans leur activité de conseil etde financement. Le haut du palma-rès mondial arrêté par SecuritiesData est tenu par les banques amé-ricaines, dans l’ordre : GoldmanSachs (près de 1 000 milliards dedollars – 850 milliards d’euros –d’opérations conseillées), suivie

par Merrill Lynch, Morgan StanleyDean Witter, Salomon Smith Bar-ney (Citigroup) et le groupe améri-cano-suisse Credit suisse First Bos-ton. Lazard arrive en dixièmeposition.

En Europe, le tiercé de tête re-groupe Morgan Stanley, Goldman

Sachs et JP Morgan. Lazard etRothschild sont 8e et 9e. Lesbanques françaises et néerlan-daises restent en deçà de la quin-zième place. La Deutsche Bank estau septième rang et l’une des raresbanques britanniques encore indé-pendante, Schroders, au 11e rang.En France, l’année a été très ryth-mée : au tout début de 1998 se sontdébouclées les très grosses opéra-tions initiées fin 1997, en particulierle rapprochement AGF-Worms-Al-lianz dans l’assurance, puis la ces-sion de certains actifs à Generali.Elle a été plus calme entre mars etjuin, où ont été annoncés le rachatdu CIC par le Crédit mutuel puis lafusion Havas-Vivendi, avant l’accé-lération de septembre, avec le ra-chat du GAN par Groupama et dela Générale de Banque (groupeSuez) par Fortis. L’activité est re-tombée en octobre-novembre,avant d’exploser en fin d’année :

rapprochement de Rhône-Poulencet de Hoechst, de Total et de Petro-fina – qui a valu au Crédit suisseFirst Boston de décrocher un man-dat exclusif de conseil de Total –, lerachat de Castorama par Kingfis-her ou encore de Synthélabo parSanofi. La plupart de ces opéra-tions n’entrent pas dans le palma-rès 1998 et seront prises en compteen 1999.

Pour 1998, la palme de la banquela plus active en France revient àRothschild et Cie, suivie par Gold-man Sachs – qui est numéro un enAllemagne – et par Lazard, selon leclassement établi par Fusions et Ac-quisitions magazine (lire ci-contre).Outre les spécialistes et lesbanques américaines, les banquesfrançaises plus traditionnelles re-vendiquent aussi une bonne an-née. Paribas a beaucoup travaillépour les sociétés de son groupe(OPA sur Cetelem et la Compagniebancaire, OPA de Klépierre sur laCompagnie foncière, qui n’entrentpas dans les palmarès) et pour Axaet Carrefour. La BNP a conseilléVivendi, Rallye, Valeo et lesComptoirs modernes, rachetés parCarrefour. Elle détient le record duplus grand nombre d’opérations(66), juste devant le Crédit lyon-nais, qui a épaulé ses grands parte-naires ou clients, Allianz, Usinor ouencore François Pinault (sur Chris-tie’s et Sefimeg). La Société géné-rale déçoit quelque peu. Conseil dePromodès, comme Morgan Stan-ley, elle a perdu la bataille pour lecontrôle de Casino et donc plu-sieurs rangs au classement. Elle abeau être la banque française avecl’équipe la plus étoffée en conseilaux entreprises, notamment aprèsl’acquisition de plusieurs entitésaux Etats-Unis et d’Hambros enGrande-Bretagne, elle ne s’imposepas encore parmi les meilleures.

Sophie Fay

LeMonde Job: WMQ0801--0018-0 WAS LMQ0801-18 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0412 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 E N T R E P R I S E S

Air France : 8 pilotes sur 10 acceptentun échange « salaire contre actions »AIR FRANCE a annoncé, mercredi 6 janvier, que 79 % de ses 3 651 pi-lotes ont accepté de modifier leurs contrats de travail pour deveniractionnaires de la compagnie aérienne en échange d’une baisse de sa-laires. L’échange « salaire contre actions » permettra à l’entreprised’économiser 240 millions de francs (36,6 millions d’euros) par an,soit près de 7 % de la masse salariale annuelle des pilotes et mécani-ciens de bord (PNT), a précisé la compagnie.La part du capital d’Air France que les pilotes détiendront devrait re-présenter plus de 1,3 milliard de francs (198,2 millions d’euros). Lapart exacte en pourcentage, qui peut aller jusqu’à 12 % du total, seraconnue une fois la valorisation de la compagnie arrêtée et trois joursaprès la fixation de la fourchette du prix de l’action, a précisé AirFrance, car les PNT ont trois jours pour se rétracter après cette date-butoir.

La COB veut renforcerla transparence des comptesÀ L’APPROCHE de l’arrêté des comptes 1998 par les sociétés cotées,la Commission des opérations de Bourse (COB) a rappelé quelquesprincipes destinés à renforcer la transparence de l’information finan-cière. Pour l’adoption d’une norme comptable, la COB encourage lessociétés à adopter la norme internationale IASC. Mais pour s’en pré-valoir, une société devra appliquer la totalité des normes en vigueuret non plus se référer à différentes normes. Par ailleurs, elle rappellela nécessité d’informer les actionnaires sur les risques techniques(passage à l’an 2000) et ceux de marché (utilisation des produits déri-vés et sensibilité de l’activité aux zones à risque comme l’Asie). Enfin,pour le passage à l’euro, elle rappelle que les transactions des partsd’OPCVM, d’actions, d’obligations et autres produits financiers sontexprimés en euros uniquement. Pour l’établissement des comptes dessociétés, les chiffres figurant dans les comptes de résultat et le bilandevront être exprimés en francs et en euros pendant la période transi-toire du 1er janvier 1999 au 31 décembre 2001.

Jet Tours se redresse dans un secteur en effervescence« NOUS SERONS bénéficiaires

dès le premier exercice ! » affirme,non sans fierté, René-Marc Chikli,PDG de Jet Tours, ex-filiale d’AirFrance. Le voyagiste cédé au moisde mai 1998 à ses cadres, à la so-ciété de capital-dévleloppementTCR et au groupe Teker, maisonmère de Pasha Tour, devrait réali-ser, pour l’execice en cours, qui seterminera au 30 mars 1999, unchiffre d’affaires en hausse d’aumoins 10 % à 1,65 milliard defrancs (0,25 milliard d’euros) ou 1,7milliard de francs (0,26 milliardd’euros).

« A ce rythme-là, nous devrionsavoir logiquement deux ansd’avance sur notre business-plan etatteindre 2 milliards de francs dechiffre d’affaires en l’an 2000 », es-time en outre le patron de JetTours, qui reconnaît aujourd’huiqu’il faut « trois ans pour remettreun tour-opérateur sur pied ».

Sans revenir sur les difficultésqu’avait rencontrées le tour-opé-rateur pour trouver un repreneuraprès que sa maison-mère l’eut re-capitalisé à hauteur de 320 mil-

lions de francs (48,7 millions d’eu-ros) au mois de septembre 1996– échec d’un rapprochement avecle TO toulousain Fram ou le cana-dien Transat –, le troisième TOfrançais reconnaît avoir bénéficié,à l’image de ses concurrents, d’unété record. « Nous avons eu desprises de commandes maximum aucours de l’été et nous avons affichédes progressions sensibles sur toutesles destinations et toutes lesmarques comme Eldorador et Jum-bo. La saison d’hiver se présenteégalement très bien avec une haussedes prises de commandes de l’ordrede 30 % », se félicite M. Chikli.

ÉCONOMIES SIGNIFICATIVESEn sus d’une conjoncture favo-

rable, le groupe a également béné-ficié de l’arrêt de l’activité de cer-tains de ses concurrents commeRev’vacances ou Planète. De plus,une meilleure maîtrise de sesachats aériens, avec Gestair, filialede son actionnaire Teker, lui adonné l’occasion de faire deséconomies significatives.

« Reste qu’il faut que la profes-

sion finisse par se structurer, admetRené-Marc Chikli. Ou c’est small isbeautiful, et l’on compte sur nospropres forces pour se développeravec, pourquoi pas, une introduc-tion en Bourse, ou il faut se regrou-per pour affronter le marché euro-péen. » Jet Tours est en effetconscient que, s’il a redressé sescomptes, ses concurrents euro-péens, essentiellement allemandset britanniques, n’ont pas, sur lamême période, chômé !

Ainsi, à la veille de Noël, legroupe allemand Preussag a an-noncé l’achat de 24,9 % du grouped’agences de voyage et de bureauxde change britannique ThomasCook, à la banque publiqueWestLB. Cette acquisition devraitêtre suivie de celle d’une autrepart de 25,2 %, qui devrait êtreachevée avant le 30 septembre1999 et qui fera de Preussag l’ac-tionnaire majoritaire de ThomasCook avec 50,1 %. Parallèlement àcette acquisition, les négociationsentre Thomas Cook et le groupeCarlson en vue d’une fusion sepoursuivent, a précisé Preussag

dans un communiqué . « Avec l’ac-quisition de Thomas Cook, le groupetouristique Hapag (Preussag) réaliseun pas stratégique important sur lemarché anglais », a souligné le pa-tron de Preussag, Michael Frenzel.Hapag-Lloyd est l’armateur rache-té par Preussag en 1997. Le tour-opérateur TUI, numéro un euro-péen, est aussi dans le giron dePreussag, qui les a regroupés dansune holding en octobre, forte de10 milliards de deutschemarks dechiffre d’affaires.

Ces grandes manœuvres euro-péennes devraient être accéléréespar la mise en place de l’euro. Si letaux de change n’influençait quepeu les choix du touriste en ma-tière de destination, comme le re-levait une récente enquête de l’Or-ganisation mondiale du tourisme(OMT), la comparabilité qu’offriral’euro en matière d’offres de tour-opérateur pourrait bien bousculerles habitudes, en entraînant unenouvelle guerre des tarifs et desprestations.

François Bostnavaron

Un rôle essentiel dans la lutte contre la « fracture sociale » « S’IL Y A un retard dans le versement des allo-

cations, je suis obligé de sortir de la salle des gui-chets tout ce qui est susceptible de servir de pro-jectile parce que les guichetiers s’en prennentplein la figure. On fixe les Minitels et on écartetout ce qui peut être balancé, on enlève les fleurs,on enlève tout. » Ce témoignage d’un chef d’éta-blissement recueilli en 1997 par le chercheurJean Gadrey dans le cadre d’une étude sur les« prestations sociales de La Poste » en dit longsur le rôle social de cet établissement public etla tension qu’entraîne tout incident dans le ver-sement de prestations, vitales pour un grandnombre de leurs bénéficiaires.

Sur environ un million de RMistes – une po-pulation qui n’intéresse pas les banques tradi-tionnelles –, 90 % ont leur compte à La Poste,par le biais d’un compte-chèque postal (CCP)ou du Livret A. Mais le RMI n’est qu’une desprestations sociales. En tout, 2,5 millions de

clients de La Poste reçoivent par son intermé-diaire des prestations sociales (RMI, allocationsfamiliales...). L’établissement public favorise cerôle social. C’est ainsi que La Poste permet à despersonnes sans domicile fixe d’ouvrir un Li-vret A.

DES RETRAITS INFÉRIEURS À 100 FRANCSRésultat : l’établissement gère 1,5 million de

livrets sociaux. Ces livrets font souvent office deporte-monnaie. On ne compte plus les retraitsinférieurs à 100 francs. Dans son rapport sur LaPoste en octobre 1997, le sénateur Gérard Lar-cher détaillait ce qu’il appelait « une sur-utilisa-tion du Livret A : les 11,6 millions de livrets qui ontmoins de 1 000 francs d’encours représentent55,4 % du total des clients et totalisent 39 % desopérations (...). Sur chacun de ces livrets "sur-ac-tifs", on effectue en moyenne 42 opérations paran, contre une moyenne annuelle de 8 opérations

par livret, pour l’ensemble du Livret A. » Or, ceslivrets ne représentent que 0,7 % des dépôts etchaque opération coûte à La Poste entre 15 et30 francs (entre 2,28 et 4,56 euros).

Par ailleurs, les personnes frappées d’interditsbancaires peuvent ouvrir un CCP. La Poste neleur donne ni chéquier ni carte de crédit maisune carte de retraits spécifique, qui leur permetde retirer de l’argent au distributeur.

Ces prestations ont un coût que La Poste serefuse officiellement à évaluer car cela fait par-tie de ses missions de service public. MaisM. Gadrey, en analysant simplement le tempspassé par les postiers à assurer des « services decohésion sociale », estime que ceux-ci repré-sentent 10 % à 15 % de l’activité totale des pos-tiers, soit un coût compris entre 6 et 9 milliardsde francs (entre 0,9 et 1,3 milliard d’euros).

F. Le.

Incidents chez Scalbert-Dupont, grève aux douanesLa Poste n’est pas la seule à connaître des difficultés informa-

tiques. Des milliers de clients de la banque Scalbert-Dupont (groupeCIC) ont ainsi été débités, le 31 décembre 1998, d’un montant de3 000 francs (457,35 euros), au lieu de 30 francs (4,57 euros), montantqui correspond à une commission forfaitaire en cas de débit. Labanque Scalbert-Dupont a affirmé que cette erreur, qualifiée « d’in-cident mineur », n’était pas liée au basculement à l’euro.

Par ailleurs, l’entrée en service de l’euro a entraîné un retard desvirements des allocations familiales sur les comptes des clients duCrédit municipal de Lille, qui gère environ 15 000 dossiers de cesprestations. Enfin, des agents comptables des douanes, mécontentsde la baisse des effectifs et du surcroît de travail dû à la doublecomptabilité en francs et en euros, mènent, depuis lundi 4 janvier,un mouvement de grève, à l’appel des syndicats SNAD-CGT et SUD-Douanes.

1998, année record pourl’immobilier de bureaux

en Ile-de-FranceLe succès du quartier de la Défense se confirme

À L’HEURE des bilans, Jean-Claude Bourdais, qui dirige le cabi-net d’expertise immobilière quiporte son nom, n’a pas l’ombred’un doute : 1998 a été l’année detous les records en matière d’im-mobilier de bureaux en Ile-de-France. Il affirme même que cesecteur « est entré dans la phase as-cendante d’un nouveau cycle ».

A 10 000 mètres carrés près, lalocation de nouveaux bureaux– 2,04 millions de mètres carrésplacés en 1998 – a retrouvé son ni-veau de 1989, le plus élevé. 38 %des nouveaux locataires se sontinstallés dans Paris intra-muros et42 % dans la banlieue ouest, dont18 % à la Défense. « C’est l’annéede la Défense : il s’y est loué366 500 mètres carrés de bureaux,du jamais vu », affirme l’expert. Letaux de vacance des bureaux esten forte régression, selon Bour-dais, limité à 1 % à la Défense(6,2 % en moyenne pour l’Ile-de-France).

Cette vitalité s’explique par ledéveloppement de trois secteursd’activités, toujours plus gour-mands en mètres carrés : les télé-communications, l’informatique etle conseil. Elle est aussi tirée parplusieurs phénomènes : la pour-suite accélérée des fusions, la re-cherche d’une grande qualité deservice par les locataires et l’évolu-tion des modes de fonctionne-ment des entreprises.

UN BÉMOLLa Chambre syndicale des pro-

moteurs-constructeurs de la ré-gion Ile-de-France et le Groupe derecherche sur l’économie et laconstruction et de l’aménagement(Grecam), qui ont publié, mercredi6 janvier, un bilan de l’offre de bu-reaux à fin septembre 1998,confirment cette remarque : « Laconsommation nette de bureaux parles entreprises a été largement posi-tive en raison notamment, semble-t-il, de la progression de l’emploi ter-tiaire en Ile-de-France. » Elle s’em-presse toutefois de mettre unbémol : la demande s’est dévelop-pée très vite en 1998 et la remisedes surfaces libérées par une en-treprise qui s’installe dans de nou-veaux bureaux intervient souventaprès un certain délai, proche d’unan. Cela « pourrait entraîner uneforte progression des surfaces re-mises sur le marché l’an prochain »,affirment les promoteurs-constructeurs.

A ce bémol près, le stock de bu-reaux immédiatement disponiblesen Ile-de-France est en forte ré-

gression : il a reculé de 1 million demètres carrés en un an, retombantà 2,5 millions. Il dépassait 4 mil-lions en 1995. En 1992, il était tou-tefois inférieur à 2 millions demètres carrés. Le stock de bureauxdisponibles à moins d’un an est,lui, revenu à 3,1 millions de mètrescarrés, alors qu’il était équivalent,voire supérieur, à 4 millions depuiscinq ans. Il est encore très au-des-sus de son plancher historique.Dans le stock, la part des surfacesneuves ou restructurées ne cessede régresser (11 % en moyenne enIle-de-France, contre 19 % un anplus tôt, selon Bourdais). « Il y atoujours des marchés très différen-ciés pour les stocks, les valeurs vé-nales et les loyers : celui des bureauxde qualité d’un côté, et le reste dumarché de l’autre. Le fonds du stockvoit toujours ses prix stagner, mêmesi la baisse semble enrayée », ex-plique Christian de Kerangal, res-ponsable des études chez Bour-dais. « Au sein de la régionIle-de-France, confirment les pro-moteurs-constructeurs, la résorp-tion du stock bénéficie essentielle-ment à Paris et aux Hauts-de-Seine.Ailleurs, ce stock demeure stablevoire s’accroît. »

Côté prix, les loyers se sont sta-bilisés. Ils ne remontent pas en-core en valeur faciale, estimeM. Bourdais, mais les loueurs neconsentent plus de ristourne auxnouveaux locataires, comme lesfranchises de loyer de plusieursmois qui se sont beaucoup prati-quées dans les années de crise. Lesprix vont de 700 francs (107 euros)par mètre carré par an hors taxes àMarne-la-Vallée à 2 300 francs(351 euros) à la Défense, voire3 400 francs (518 euros) dans lesmeilleurs quartiers parisiens.

Un autre record a également étébattu en 1998 : celui des investisse-ments patrimoniaux dans l’immo-bilier, qui ont atteint 33 à 35 mil-liards de francs (5 à 5,3 milliardsd’euros), 40 % de plus que l’annéeprécédente. La part des investis-seurs français progresse mais lesinvestissements restent pour lesdeux tiers le fait d’étrangers, à59 % américains. Ils re-commencent à s’intéresser aux bu-reaux en blanc, pas encoreconstruits. Les prix, toutefois,n’augmentent que pour les meil-leurs immeubles : de l’ordre de10 %, selon Bourdais, certains im-meubles pouvant atteindre55 000 francs (8 384 euros) lemètre carré.

Sophie Fay

Les bureaux de poste perturbéspar des dysfonctionnements informatiques

La direction dément tout lien avec le passage à l’euroLa quasi-totalité des 14 000 bureaux de posteont été touchés, mardi 5 et mercredi 6 janvier,par des problèmes informatiques importants. Si

la plupart des opérations (courrier, colis, servicesfinanciers) ont pu être effectuées normalement,les prestations sociales n’ont pu être délivrées

que manuellement, entraînant de vives réac-tions de la part de clients. Officiellement, seuleune surcharge d’activités explique ce « bogue ».

CE POURRAIT ÊTRE l’un desscénarios noirs du passage en l’an2000 : bureaux fermés, usagers encolère... Le réseau informatique deLa Poste, appelé Chéops, a connudes pannes informatiques à répéti-tion durant les premiers jours del’année, paralysant partiellementou totalement la quasi-totalité des14 000 bureaux. Les 25 000 termi-naux de l’établissement se sont eneffet « emballés », provoquant lacolère de nombreux clients, sur-tout dans les quartiers défavorisés,notamment à Marseille, Lille-Rou-baix, en Ile-de-France, et à Bor-deaux... Certaines agences ont dûêtre fermées en raison de la colèredes clients, les forces de l’ordreont dû intervenir et plusieursagences ont subi des dégradations,avec notamment des distributeursautomatiques de billets endom-magés.

Au siège de La Poste, on affirmeque le système a été rétabli mer-credi dans la journée. Mais dans lasoirée, le bureau parisien de la ruedu Louvre fonctionnait encore defaçon manuelle pour les opéra-tions sur livrets. La Poste répondqu’il en est ainsi tous les joursaprès 19 heures. Dans les agencesoù le système informatique nefonctionne pas, La Poste a mis enplace un système manuel, qui per-met de délivrer 50 % des virementshabituels, jusqu’à concurrence de3 000 francs. Jeudi matin, les em-ployés de La Poste se contentaientde croiser les doigts. A l’ouverturede plusieurs bureaux du 5e arron-dissement de Paris, les guichetiersrépondaient : « Ça marche, mais çane va pas durer longtemps » !

Dans la seule ville de Marseille,entre 50 000 et 60 000 personnesont été touchées par ces pro-blèmes, de lundi à mercredi, surenviron 300 000 détenteurs decomptes épargne. Une dizaine debureaux ont dû être fermés, nousa expliqué, mercredi, Michel Mo-rin-Favrot, manager général dudépartement des Bouches-du-Rhône. Un autre membre de la di-

rection n’hésitait pas à parler de« plantage de grande ampleur ».

Coincidence fâcheuse, cettepanne est survenue le week-enddu passage à l’euro. « Cela n’a rienà voir. Le passage à l’euro s’est passésans problème », s’empresse desouligner La Poste. Sa direction in-formatique a choisi de restermuette. Plusieurs éléments ex-pliquent ce phénomène, au pre-mier rang desquels la surcharge dece début d’année. Quelque 2,5 mil-lions de personnes viennent tousles débuts de mois retirer les ver-sements du RMI et autres presta-tions sociales, versés par les

caisses d’allocations familiales...Bon nombre d’entre elles se sonttrouvées dans un profond désar-roi, ne pouvant retirer leur argentqu’au bout de longues attentes.Les virements de ces prestationssociales s’effectuent le 5 de chaquemois et concerne près de 10 mil-lions de personnes en France.

Comme chaque année, nombred’épargnants sont aussi venus dèsles premiers jours de l’année faireenregistrer leurs intérêts sur leurslivrets d’épargne, ce qui a accrul’embouteillage. Il existe quelque16 millions de livrets papier. A celas’ajoute la curiosité liée à l’euro :« Nos bureaux étaient les seuls ou-

verts samedi 2 janvier, et les gens sesont précipités pour voir à quoi res-semble un compte en euro », in-dique La Poste. Une affluence éga-lement provoquée par l’émissiondu premier timbre en euro. L’éta-blissement public affirme que labascule des systèmes informa-tiques à l’euro s’était bien passéemais dans la seule matinée de sa-medi l’affluence avait atteint 75 %de celle d’une journée normale.

En fait, le système s’est bloquédès le lundi 4 janvier (Le Monde du5 janvier). Puis est reparti. Letransfert des fichiers, et donc leversement des prestations sociales

sur les livrets des caissesd’épargne, n’a pu être effectuécorrectement.

Certes, la surcharge du réseauest l’une des raisons qui expliquecette panne, mais ce n’est pas laseule. « Les programmes informa-tiques ont omis la prise en comptedu samedi 2 janvier, premier jourouvrable de l’année », confie unmembre de la Poste, qui ne veutpas être cité. Ce que la direction nedément ni ne confirme. Autre ex-plication avancée par certainsmais réfutée par La Poste, le pas-sage en 1999 peut provoquer desbogues, certains informaticiensutilisant le code 99 pour gérer les

exceptions dans les programmesinformatiques. La direction fait re-marquer que la surcharge des sys-tèmes informatiques n’a touchéque la chaîne de traitement des li-vrets d’épargne de la Caisse natio-nale d’épargne. Les opérations in-terbancaires, la gestion descomptes chèques postaux (CCP) etdes OPCVM (sicav), les ordres deBourse, aussi bien que le courrieret les colis n’ont pas été affectéspar les difficultés du système.

Régis Blanchot, du syndicatSUD-PTT, avance une explicationpour ce « bogue » : « Des centresinformatiques ont été fermés. Dé-sormais, un seul centre, qui est àLyon, gère l’ensemble des mouve-ments de la caisse d’épargne. Dansla nuit du 4 au 5 janvier, la plupartdes mouvements ont été annulés.Les procédures de sauvegarde n’ontpas fonctionné et ni le RMI ni lesprestations familiales n’ont été cré-dités. Il y a eu une accumulationd’anomalies quasiment in-croyable. » Selon lui, les informati-ciens se consacrent quasi exclusi-vement à l’euro et à l’an 2000,évacuant les autres problèmes.Des analyses formellement dé-menties par le service de presse deLa Poste. Selon lui, l’organisationinformatique n’est pas davantagecentralisée que dans les années 80.Le syndicat CGT des Postes et Té-lécommunications, qualifiant de« scandaleuses et inadmissibles »ces pannes, « qui mettent en lu-mière les carences de personnel, carla direction a fait choix d’un systèmeinformatique lourd à gérer, qui gé-nère fréquemment des retards et despannes ». La direction de La Poste,de son côté, rappelait que« Chéops traite sans difficulté plusde 250 millions de transactionsCaisse d’épargne au guichet par an,ainsi que plusieurs milliards detransaction de back-office ; mais laclientèle est d’autant plus sensibleaux incidents qu’ils sont rares. »

Frédéric Lemaîtreet Pascale Santi

LeMonde Job: WMQ0801--0019-0 WAS LMQ0801-19 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0413 Lcp: 700 CMYK

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C O M M U N I C A T I O NLE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

Un NOUVEAU Monde économie issu du rapprochement avec Le Monde initiatives pour :E Etablir un lien plus étroit entre l’économie et le socialE Défricher les secteurs porteurs d’avenirE Vivre la nouvelle Europe issue de la monnaie unique Dès lundi 11 janvier

ECONOMIE CHAQUE LUNDI AVEC LE MONDE DATÉ MARDI

daté12

La ministre « optimiste »Au cours de la présentation de ses vœux à la presse, jeudi 7 jan-

vier, Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communi-cation, devait faire part de sa satisfaction après la réunion des mi-nistres du 6 janvier sur son projet de loi. « J’en suis ressortie avec unmandat clair concernant un projet de loi au périmètre élargi, a-t-elledéclarée au Monde. Je me réjouis de ce feu vert pour un texte positifpour les entreprises d’audiovisuel, car centré sur la valorisation desprogrammes. »

Aucun calendrier n’a été fixé, Mme Trautmann devant s’assurerd’un accord politique de la majorité avant de présenter son nouveautexte. « Je suis dans un état d’esprit optimiste, après les nombreuxcontacts que j’ai eus avec les différents groupes parlementaires depuis lereport de l’examen du texte », dit-elle.

« Le Figaro »veut entreren Bourse en 2001

LE FIGARO, journal-phare de laSocpresse (l ’une des deuxbranches du groupe Hersant,l’autre étant France-Antilles),pourrait entrer en Bourse en 2001,révèle La Tribune du 7 janvier. Enprévision de cette entrée enBourse en 2001, une opérationdoit avoir lieu dès ce printempsqui porterait sur la levée d’obliga-tions remboursables en actions, àhauteur de 1,5 milliard de francs.Yves de Chaisemartin, PDG de laSocpresse, envisagerait aussi d’in-troduire la Socpresse en Bourse.La société anonyme du Figaro n’aen effet été créée qu’en juillet der-nier et doit produire deux bilansavant de pouvoir entrer enBourse.

L’ouverture d’une part du capi-tal du Figaro (40 %) avait été an-noncée l’an dernier par Yves deChaisemartin. Mais il prévoyaitalors de faire entrer dans le capi-tal du journal différents investis-seurs institutionnels, en limitantla part de chacun à 5 %. L’intro-duction en Bourse remplace doncce premier schéma, celui-cin’ayant pas reçu l’accueil positifescompté.

L’apport d’argent frais par lebiais d’une entrée en Bourse de-vrait permettre à la fois à la Soc-presse – maison mère du Figaromais qui englobe par ailleurs denombreux autres titres commeFrance-Soir, Le Progrès de Lyon, LeDauphiné libéré, Paris-Norman-die –, d’éponger une partie de sesdettes dont le montant serait de2,2 milliards de francs, mais ausside financer la relance de sa filialeLe Figaro. Cette relance est prévuepour le 3 septembre, a indiquéM. de Chaisemartin lors de sesvœux au personnel du journal.

Jean Pierre Teyssier, président de l’INA

« Il est difficile de faire cohabiterune culture de conservation et une culture d’exploitation »

« Que retenez-vous des quatre annéesque vous avez passées à la présidence del’Institut national de l’audiovisuel ?

– Jamais depuis sa création l’INA n’a eu à af-fronter autant de remises en cause que cesquatre dernières années. Il n’a pas échappé àla mutation profonde qui a touché l’ensemblede l’audiovisuel : concurrence accrue, interna-tionalisation et émergence des technologiesnumériques. Ce contexte a été un peu aggravépour l’INA par la fragilité qui lui est propre enraison de son système de financement.

» Les liens avec les diffuseurs, qui assuraientla totalité du financement de l’Institut depuisl’éclatement de l’ORTF en 1975, ont continué àse distendre. En 1995, l’INA a dû faire face audépart de TF 1, qui souhaitait gérer directe-ment ses archives lors de la création de LCI.En 1996, les recettes de l’Institut ont souffertdu programme d’économies demandé par legouvernement au service public. Enfin, il y aeu une remise en cause par France 2 etFrance 3 de la facturation de ses prestations etde la dévolution des droits.

– Comment l’INA s’est-il organisé pourfaire face à ces baisses de recettes ?

» En entamant une réforme de ses struc-tures. INA 2000, mis en place en 1997, a été lapremière étape vers un renforcement des sy-nergies. L’INA a su faire face en mettant tou-jours plus d’images à la disposition du public etdes professionnels. Depuis la création du dépôtlégal en 1995, 70 000 heures de programmesont été conservées chaque année par l’Ina-thèque et sont désormais proposées au centrede consultation de la Bibliothèque nationale deFrance. Par ailleurs, nous avons réussi à déve-lopper les ventes d’extraits (+ 2 millions defrancs en 1998). Enfin, l’INA a été l’un des pre-miers centres d’archives présents sur le Web.

» Hormis en 1997, où le déficit a été de6,5 millions de francs, l’INA a réussi à mainte-nir son équilibre financier, grâce à des mesuresd’économies. 1998 devrait marquer le retour àl’équilibre, avec un résultat d’exploitation posi-tif de 10,5 millions. La situation financière estsaine : l’entreprise dispose d’un fonds de roule-ment important et son endettement est nul. Je

pars en laissant l’INA prêt à affronter son ave-nir

– Comment l’INA, même recentré sur l’ar-chive, peut-il s’inscrire dans un univers deplus en plus concurrentiel ?

– D’une part, en obtenant une gestion col-lective des droits des artistes-interprètes,comme nous l’avons fait pour les auteurs en1996. D’autre part, en mettant au point unprocessus plus industriel de sortie de nos ar-chives, de manière à les mettre plus rapide-ment et à moindre coût dans les mains desclients. Nous sommes un peu victimes denotre volume colossal de 850 000 heures, maisnous avons déjà baissé de moitié le coût denos prestations techniques.

» Il y a aussi un problème lié à l’histoire del’entreprise. Il est difficile de faire cohabiterune culture de conservation et une cultured’exploitation : comment avoir, dans un mêmelieu, la BNF et la Fnac ? »

Propos recueillis parJean-Jacques Bozonnet

L’INA va poursuivre son recentrage sur le métier de l’archiveLOI SUR L’AUDIOVISUEL OU

PAS, l’Institut national de l’audio-visuel (INA) est engagé dans unprocessus de réforme de ses struc-tures et de ses missions, dont lanomination d’un nouveau pré-sident devrait marquer une étapeimportante. Francis Beck devraitêtre nommé président de l’INA,mercredi 13 janvier en conseil desministres, en remplacement deJean-Pierre Teyssier, dont le se-cond mandat vient à expiration.Sur un marché de l’archive devenuporteur avec l’arrivée de nouvelleschaînes en quête de programmes,mais aussi très concurrentiel, l’INAest condamné à moderniser sesméthodes industrielles et commer-ciales, d’autant plus que son finan-cement public est de plus en plusfragile.

M. Beck est directeur général del’INA depuis le 20 mai 1998. Il avaitété nommé à ce poste par le gou-vernement, au terme d’une crisedont le détonateur avait été le planstratégique de M. Teyssier, qui nesatisfaisait ni Catherine Traut-mann, ministre de la culture et dela communication, ni les person-nels, qui avaient observé unegrève de trois jours (Le Monde du13 mai 1998).

Le futur président s’apprête àproposer, à la mi-février, un planstratégique qui n’est pas éloignéde celui de son prédécesseur, avecune réorientation des activités del’INA sur le métier d’archives.Cette fois, le ministère n’y est pashostile puisque le projet de loi surl’audiovisuel prévoit précisémentce recentrage sur « la conservationet la mise en valeur du patrimoineaudiovisuel national ». Toutefois,M. Beck a pu constater, lors desdernières semaines, que cette idéeinquiète toujours les personnelsqui dénoncent, de surcroît, la ma-nière avec laquelle la direction en-gage la concertation. Le ton estmonté à l’occasion d’un conseil

d’administration, tenu le 16 dé-cembre 1998 sous la protectiond’un service d’ordre extérieur àl’entreprise.

A l’initiative de l’intersyndicale(CGT, CFDT, FO), une pétition« contre la méthode Beck » a re-cueilli 652 signatures sur le millierde salairés de l’Institut. Dès saprise de fonctions, le nouveau pré-sident devra donc renouer un dia-logue social passablement détério-ré. Mais il paraît peu probable qu’ilmodifie ses objectifs stratégiques.

REDUCTION D’EFFECTIFSLa priorité donnée au métier

d’archives implique un rapproche-

ment entre l’Inathèque et les acti-vités de conservation et d’indexa-tion du département droits etarchives. Mais aussi une réorienta-tion des secteurs de la recherche,de la production et de la formationvers les activités de l’archive. SelonJean-Pierre Teyssier, qui présen-tait, jeudi 7 janvier à Paris, le bilande son action à la tête de l’INA de-puis 1994, il ne s’agit que de lapoursuite d’une réforme déjà en-treprise « pour éviter la dispersiondes forces de l’entreprise et créer dessynergies ».

« Quand je suis arrivé, parexemple, la recherche portait uni-quement sur l’image de synthèse,

explique-t-il. Quand nous noussommes aperçus que ce marchén’avait plus besoin de la recherche,nous sommes passés à la recherchesur l’analyse de l’image, qui est utiledans le cadre de l’indexation ou dela restauration automatique. Voilàun nouvel axe de recherche quis’inscrit parfaitement dans notrestratégie patrimoniale. »

S’ils ne rejettent pas en bloc lebien-fondé de cette politique derecentrage sur le métier de base,les syndicats redoutent ses consé-quences pour l’emploi. La direc-tion a annoncé sa volonté de pour-suivre cette réduction d’effectifspar un plan triennal sans licencie-

ments secs. La diminution devraitaffecter essentiellement les ser-vices généraux et le secteur de laproduction.

En l’absence d’un calendrierpour le projet de loi sur l’audiovi-suel, le futur patron de l’INA,Francis Beck, devra s’assurer dusoutien financier du gouverne-ment pour entamer sa stratégie.Notamment la signature d’uncontrat pluriannuel d’objectifs etde moyens, et la compensation parl’Etat de la perte de chiffre d’af-faires induite par le désengage-ment de France Télévision.

J.-J.B.

M. Jospin accorde une dernière chance au projet de loi audiovisuelAucun calendrier n’est fixé pour la présentation d’un nouveau texte à l’Assemblée nationale, mais le premier ministre a donné un moisà Catherine Trautmann pour s’assurer du soutien des députés socialistes au projet de loi élargi qu’elle s’est engagée à mettre en œuvre

POUR L’INSTANT, CatherineTrautmann a sauvé l’essentiel. Uneloi viendra bien réglementer, lemoment venu, l’audiovisuel fran-çais. La ministre de la culture et dela communication l’a assuré, dansla soirée du mercredi 6 janvier, àl’issue d’une réunion qui s’est te-nue à l’hôtel Matignon, en pré-sence de Lionel Jospin, de Domi-nique Strauss-Kahn, ministre del’économie et des finances, et deChristian Sautter, secrétaire d’Etatau budget. La réforme – avortée inextremis le 1er décembre, avec le re-trait de l’ordre du jour de l’Assem-blée nationale d’un texte pourtantadopté par le conseil des ministresdu 10 novembre précédent – est« maintenue », a assuré Mme Traut-mann. Elle se fera, malgré les diffi-cultés, par « la voie législative ».Quand ? La date de présentationd’un nouveau texte nourrit un vifdébat au sein du gouvernement.

Mme Trautmann voudrait bienprésenter, dès ce printemps, auxdéputés un nouveau texte, concer-nant à la fois le secteur public etprivé de l’audiovisuel. Mais LionelJospin ne l’entend pas de cetteoreille. Le premier ministre l’a ex-pliqué avec un brin d’agacement,mardi 5 janvier, lors du petit dé-jeuner hebdomadaire qui réunitles responsables socialistes (no-tamment M. Hollande, premier se-crétaire, M. Vaillant, ministre char-gé des relations avec le Parlement,MM. Ayrault et Estier, présidentsdes groupes socialistes à l’Assem-

blée et au Sénat) à Matignon. Pourle premier ministre, une questionsimple doit déterminer le dépôtd’un nouveau texte : dispose-t-ilou non d’une soutien d’une majo-rité de parlementaires ? Ce n’est,a-t-il ajouté, que lorsqu’il auraitcette certitude qu’il inscrirait la loià l’ordre du jour de l’Assembléenationale. Au printemps, commele souhaite sa ministre, ou à l’au-tomne, comme le lui ont vivementconseillé ses interlocuteurs socia-listes, convaincus que la précipita-tion ne pourrait qu’entraîner denouveaux déboires.

NOMBREUX RÉAMÉNAGEMENTSVoilà les objectifs divergents

que M. Jospin et Mme Trautmannont confronté, mercredi soir, lorsde leur réunion. Le compromis au-quel ils sont parvenus tient endeux points. Pour l’instant, la mi-nistre de la culture garantit au pre-mier ministre l’accord des députéscommunistes et radicaux. Unerencontre avec Alain Bocquet no-tamment, président du groupecommuniste, au début de la se-maine, l’a rassurée quant à l’atti-tude des premiers. En revanche,l’humeur des parlementaires so-cialistes paraît difficile à saisir. Denombreuses discussions avecFrançois Hollande n’ont pas ap-porté à Mme Trautmann toutes lescertitutdes qu’elle recherchait.M. Jospin lui a donc demandé depoursuivre ses contacts avec le PS,et notamment avec la dizaine de

députés qui suivent attentivementle dossier de l’audiovisuel, et de luirendre compte, dans le délai d’unmois, du résultat de ce dialogue.

En retour, Mme Trautmann a de-mandé au premier ministre de re-venir sur sa décision concernant lamission confiée à la fin novembreà Frédérique Bredin (PS, Seine-Maritime). Cette dernière devaitnotamment étudier les possibilitéstechniques de reversement des re-cettes publicitaires supplémen-taires dont bénéficieraient leschaînes privées à la suite d’une ré-duction des écrans commerciauxdans le secteur public. M. Jospins’est engagé à régler ce problèmeavec Mme Bredin qui, au demeu-rant, n’a toujours pas reçu à cejour de lettre de mission. Malgréces difficultés d’ajustement,Mme Trautmann s’est dit mercredisoir « très optimiste » sur une

adoption du texte avant la fin del’année. Elle venait d’enregistrer lesoutien public de Lionel Jospin quidéclarait dans un entretien auMonde du 7 janvier : « j’ai voulu cetexte, en accord avec CatherineTrautmann, parce que nous souhai-tions un pôle audiovisuel public fort,aux missions mieux affirmées, mieuxstructuré, dégagé des contraintes dela publicité. cet objectif demeure ce-lui du gouvernement ».

Catherine Trautmann a présen-té, mercredi, les nombreux réamé-nagements qu’elle souhaite appor-ter à son texte. Après avoir déjàarraché à Bercy la promesse d’unremboursement intégral des exo-nérations de redevance pourcombler la baisse de publicité surFrance 2 et France 3, elle auraitaussi promis aux ministres pré-sents d’intégrer des mécanismesvisant à gommer « l’effet d’au-

baine » dont bénéficieraient TF 1et M 6. « Si la réduction de la publi-cité sur les chaînes publiquesconduit à enrichir les chaînes pri-vées, le projet de loi n’est pas pré-sentable », concède-t-on dans l’en-tourage de la ministre. Différentsschémas sont toujours à l’étudeafin d’éviter « un enrichissementsans cause » des chaînes privées,en augmentant par exemple lesquotas de production et le finan-cement du compte de soutien àl’industrie des programmes (CO-SIP), géré par le Centre national dela cinématographie (CNC).

Une nouvelle fois, la ministre asouhaité élargir le périmètre de saloi aux chaînes privées, ce qu’elleavait déjà préconisé dans lacommunication de son projet deloi le 28 janvier 1998. Cela avait dé-clenché un tollé de tous les profes-sionnels. Mme Trautmann a propo-sé d’élargir les compétences duConseil supérieur de l’audiovisuel(CSA), pour qu’il soit à l’avenir in-formé et puisse, si besoin, s’oppo-ser à des modifications capitalis-tiques chez les actionnaires d’unechaîne. Une démarche inspirée no-tamment par la récente arrivée deFrançois Pinault chez Bouygues,premier actionnaire de TF 1 oul’absorption l’an dernier dugroupe Havas (présent dans CanalPlus) par Vivendi

Autres ajouts prévus dans sontexte : l’harmonisation du régimedes chaînes satellitaires sur celuidu câble ou encore la mise en

place de procédures d’attributiondes fréquences numériques hert-ziennes. L’objectif est d’éviter deprendre trop de retard dans ce do-maine, au moment où la Grande-Bretagne a déjà adopté cettetechnologie.

Mal à l’aise sur ce dossier depuissa prise de fonction en juin 1997,Catherine Trautmann pourra-t-elle cette fois, aller au bout de sadémarche ? En cas de nouveléchec, la nécessité d’une réformede l’audiovisuel ne passe pas for-cément par une modification de laloi de 1986. En effet, un change-ment du financement de France 2et France 3, tel qu’il est préconisépar la rue de Valois, peut aussi êtreadopté au cours de la loi de fi-nances 2000 et complété par desdécrets sur la publicité et les effetsd’aubaine.

L’autre urgence, la transpositionen droit français de la directive eu-ropéenne, réclamée par Bruxellesqui a déjà envoyé des lettres demise en garde au gouvernementfrançais, pourrait être égalementréalisée par une loi-balai englo-bant toutes les « transpositions »de directives en souffrance. Enfin,les questions concernant le régimede la télévision numérique, ter-restre ou satellitaire, pourraientégalement faire l’objet d’une mo-dification de la loi Fillon sur les té-lécommunications.

Jean-Michel Aphatieet Nicole Vulser

LeMonde Job: WMQ0801--0020-0 WAS LMQ0801-20 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0414 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 F I N A N C E S E T M A R C H É S

SUR LES MARCHÉS

WALL STREETL’INDICE Dow Jones de la Boursede New York a battu mercredi6 janvier un nouveau record histo-rique atteignant 9 544,97 points etlaissant le précédent (9 374,27points le 23 novembre) loin der-rière. En une seule séance, laBourse américaine a gagné 2,51 %,soit 233,78 points. L’engouementdes investisseurs pour le marchédes actions américaines a nette-ment favorisé l’achat de dollars,qui s’est donc apprécié face à l’eu-ro (1 euro a coté 1,161 dollar). Lesturbulences politiques – le procèsen destitution du président Clin-ton s’ouvre le vendredi 8 janvier –n’ont pas effrayé les investisseurs.Le marché des actions bénéficie ence début d’année de l’affluxd’épargne des ménages améri-cains, plus préoccupés par la vaguede fusion-acquisition que parl’avenir politique de leur président.La bataille opposant Bell Atlantic àVodafone pour le contrôle del’opérateur téléphonique AirToucha réveillé toutes les valeurs de télé-communication. Les sociétés detechnologie poursuivent leur as-cension vertigineuse et le Nasdaq,le marché spécialisé dans ce do-maine, a inscrit son troisième re-cord consécutif, à 2 320,86 points.Toutefois de nombreuses voixs’élèvent pour tempérer l’opti-misme. « Le potentiel de hausse surl’année est limité », estime un ana-lyste de Salomon-Smith Barney.Pour sa part, Ralph Acampora, dePrudential Securities s’attend à de« très soudaines et très mauvaisescorrections ». « Il ne faut pas ou-blier les incertitudes qui entourent lebogue de l’an 2000 », ajoute-t-il.

ÉCONOMIE

Rebondde la consommationdes ménages au JaponLA CONSOMMATION des mé-nages japonais a progressé de1,3 % en novembre, par rapport àson niveau du même mois de1997, mettant fin à douze moisconsécutifs de baisse, a annoncé,jeudi 7 janvier, l’agence gouverne-mentale de planification écono-mique (EPA). En octobre, cet indi-cateur s’était inscrit en baisse de1,0 % sur un an.

Nouveaux excédentsbudgétairesaux Etats-UnisLE PRÉSIDENT américain BillClinton a annoncé, mercredi6 janvier, que le budget fédéralpour l’année en cours présente-rait un solde positif d’au moins76 milliards de dollars. « Je suisfier aujourd’hui d’annoncer que lapériode des déficits vertigineux estterminée », a déclaré M. Clinton.Le président américain a rappeléque le dernier exercice fiscal, closle 30 septembre 1998, avait permisde dégager un excédent budgé-taire de 70 milliards de dollars,premier solde positif depuis 1969.a Les ventes de logementsneufs aux Etats-Unis en no-vembre ont progressé de 7,6 %, à965 000 unités (en rythme an-nuel), a indiqué mercredi l’admi-nistration américaine.

a ALLEMAGNE : près de 2,9 mil-lions de personnes, soit 3,5 % dela population en Allemagne, re-cevaient une aide sociale à la finde l’année 1997, a communiquémercredi l’Office fédéral des sta-tistiques de Wiesbaden (Ouest).a L’Institut allemand de re-cherche économique de Halletable sur une croissance de 2,2 %en 1999, et non de 1,4 %, comme leDIW de Berlin, indique son pré-sident, Ruediger Pohl, dans lequotidien Tagesspiegel de jeudi.a La Confédération allemandedes syndicats (DGB) a appelémercredi la Banque centrale euro-péenne (BCE) à baisser ses tauxdirecteurs. « La situation dange-reuse des exportations qui ralen-tissent, la demande intérieure in-suffisante et le taux toujours élevédu chômage nécessitent des si-gnaux de politique monétaireclairs », a estimé le DGB dans uncommuniqué.

a FRANCE : le Centre de prévi-sion de l’expansion (CPE) a révi-

sé en baisse sa prévision de crois-sance de l’activité économiquefrançaise pour 1999 à 1,8 %, contre2 % estimés en octobre, a annon-cé, mercredi, le directeur du CPE,Philippe Lefournier.a La confiance des chefs d’en-treprise français dans leur sec-teur s’est fortement dégradée fin1998, mais cette baisse de moraln’empêche pas les patrons de res-ter optimistes concernant la santéde leurs propres affaires, selonune enquête Sofres publiée jeudidans L’Usine nouvelle.

a DANEMARK : les Danoisdoivent travailler plus s’i lsveulent préserver leur bien-êtreéconomique, en raison d’unmanque de main- d’œuvre etd’une stagnation de la force detravail, a affirmé, mercredi, dansun rapport, le ministre des fi-nances, Mogens Lykketoft. Uneréduction du temps de travail estinacceptable, selon M. Lykketoft.

a PORTUGAL : le premier mi-nistre portugais, Antonio Gu-terres, a déclaré, mercredi à Lis-bonne, que le Portugal avait été lehuitième plus important investis-seur mondial en 1998 à la suite dela nouvelle politique d’internatio-nalisation de l’économie.

a BELGIQUE : le taux de chô-mage s’est établi à 12,2 % en dé-cembre, contre 12,1 % en no-vembre, a indiqué, mercredi, leministère de l’emploi et du travail.

a EURO : Michel Camdessus, di-recteur général du FMI, a salué,mercredi, « le lancement réussi del’euro (...), en douceur », événe-ment qu’il a qualifié d’« histo-rique » pour l’Europe commepour le système monétaire inter-national.

a BRÉSIL : le gouvernementbrésilien envisage de rediscuterles mesures de crédit interne pas-sées lors de l’accord financieravec le Fonds monétaire interna-tional en raison de la chute des ré-serves de changes provoquée parla sortie de dollars du pays, a af-firmé, mercredi, un quotidien bré-silien.

a KOWEÏT : le conseil des mi-nistres koweïtien a adopté,mercredi, un plan de réformeséconomiques destiné à réduire lesdépenses, en raison de l’effondre-ment des prix du brut qui a affec-té l’économie, a rapporté l’agenceofficielle Kuna. Ce plan de ré-formes prévoit d’augmenter lestaxes sur l’eau et l’électricité ainsique le prix des carburants et desservices médicaux pour les non-Koweïtiens.

VALEUR DU JOUR

Total résisteAFFECTÉES par la chute descours du pétrole qui sont passésde 19,1 dollars en 1997 à 12,7 dol-lars un an plus tard, soit un reculsupérieur à 33 %, Total enregistre-ra comme ses concurrents un tas-sement de son bénéfice. « Notrerésultat net, hors élément excep-tionnel va baisser seulement d’envi-ron 10 % par rapport au sommethistorique de 1997 où il avait at-teint 7,6 milliards de francs [1,15milliard d’euros] », a affirmé le6 janvier le président de Total,Thierry Desmarest. Le bénéficeannuel devrait donc se situerentre 6,8 et 6,9 milliards de francs(1 à 1,05 milliard d’euros). « Dansun environnement difficile, il s’agitd’une performance financière ho-norable », a-t-il ajouté rappelantque pour les neufs premiers moisde l’année, les compagnies anglo-saxonnes ont présenté des résul-tats dont les baisses oscillententre 18 % et 62 %.Si 1998 a été « une très bonne an-née pour l’exploration du groupeavec un taux de renouvellement desréserves supérieur à 200 % », c’estle secteur raffinage distributionqui aura la meilleure rentabilitésur capitaux investis. Cette an-nonce a contribué mercredi à laprogression de 1,56 % du titredans un marché boursier toujourseuphorique (+ 2,24 %) porté par lanaissance de l’Euro.Cependant, l’action Total n’a pasretrouvé son niveau antérieur àl’annonce le 1er décembre du ra-chat du belge Pétrofina. Surprispar ce projet de fusion, les ana-lystes financiers et les gestion-

naires de portefeuilles ont réaginégativement en raison de laprime payée (+ 37 %) pour acqué-rir le groupe belge. Pour les diri-geants de Total, La baisse de l’ac-tion du groupe, qui a atteint 20 %en décembre, est davantage liée àla chute des prix du brut tirant à labaisse toutes les valeurs pétro-lières qu’à la fusion, dont l’impactn’a été que de 5 à 6 %.Une campagne d’informationpour redresser la situation et in-former les milieux financiers surle bien-fondé des synergies entreles deux groupes, a immédiate-ment été lancée (Le Monde daté6-7 décembre). L’étape suivanteest prévue le 14 janvier avec laconvocation d’une assemblée gé-nérale pour soumettre ce projet àl’approbation des actionnaires.

D. G.

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Action Total

D JNOSAJ

en euros à Paris

Source : Bloomberg

1998 99

91le 6 janv.

PARISJEUDI 7 janvier, la Bourse deParis a ouvert en légère hausse.Quelques minutes après l’ouver-ture de la séance, l’indice CAC40 s ’apprécia i t de 0 ,43 % à4 304,40 points. Mercredi 6 jan-vier, la Bourse de Paris a enre-gistré sa neuvième séance dehausse consécutive et a terminéproche de ses plus hauts histo-riques. L’indice CAC 40 a clôtu-ré sur un gain de 2 ,24 % à4 294,82 points.

TAUXLE MATIF faisait preuve de sta-bilité jeudi 7 janvier, à l’ouver-ture. Le contrat notionnel quiretrace l’évolution des empruntsd’Etats perdait un centième à112,5 points. Le rendement del’obligation d’Etat émise à 10ans s ’ inscrivait à 3,82 %. Laveille à New York, le rendementmoyen de l’obligation du Trésorà 30 ans était retombé à 5,17 %contre 5,21 % mardi.

CHANGESLE DOLLAR chutait fortementface au yen jeudi 7 janvier sur lemarché des changes de Tokyopour tomber à ses niveaux lesplus bas depuis septembre 1996.Le billet vert cotait 110,86 yenscontre 112,90 yens à New Yorkmercredi soir. L’euro fléchissaitégalement face au yen pour senégocier à 129,19 yens contre131,13 à New York mercredi. Ladevise européenne cotait 1,1649dollar contre 1,1615 dollar laveille en fin de soirée.

AFFAIRES

INDUSTRIEb TEXACO : le groupe pétrolieraméricain versera 3,1 milliardsde dollars (2,67 milliards d’euros)à 186 femmes auxquelles ilversait des salaires inférieurs àceux d’employés masculinseffectuant le même travail, ontannoncé mercredi 6 janvierl’entreprise et le département dutravail. C’est la plus grosseindemnité jamais payée dans lecadre de la défense du droit desfemmes.

b AIRBUS : la société deleasing d’avions commerciauxBoullioun Aviation Services(filiale de la Deutsche Bank) aannoncé mercredi unecommande de 30 avions Airbuspour un montant dépassant1,3 milliard de dollars (1,12milliard d’euros).

b NORTHROP GRUMMAN : legroupe d’aéronautiqueaméricain a annoncé, mercredi,que ses bénéfices risquaientd’être réduits de 15 % à 20 %, en1999, par rapport aux prévisionsdes analystes financiers. Legroupe, qui souffre notammentdes problèmes industriels deBoeing, dont il est fournisseur, apassé au dernier trimestre1998 une provision de125 millions de dollars(106,38 millions d’euros).

b FORD : pour le deuxièmejour consécutif,2 800 travailleurs de Ford auBrésil, licenciés en décembre, ontoccupé l’usine de Sao Bernardodo Campo (banlieue de SaoPaulo) mercredi. La production aété de nouveau paralysée.

b CHAEBOLS : le conglomératsud-coréen LG Group a donnéson aval, mercredi, au rachat desa filiale de semiconducteurs LGSemicon par son rival HyundaiElectronics Industries. Cettefusion, réclamée par legouvernement et que LGbloquait depuis un mois, est lepivot d’un vaste programme derestructuration concludébut décembre entre legouvernement et les cinqprincipaux conglomératssud-coréens, Hyundai, Samsung,Daewoo, LG et South KoreaTelecom.

b SONY : le grouped’électronique japonais estimeavoir vendu, en France,3 millions de PlayStation depuisson lancement en 1995. Sony

estime détenir 75 % du marchédu jeu vidéo sur consoles enFrance, estimé à 4 milliards defrancs (609 millions d’euros) en1998.

b CHIMIE : le patronat et lessyndicats de la chimie(250 000 salariés) ont décidé,mercredi, de se retrouver le26 janvier pour une « réunion deconclusion » des négociations surles 35 heures.

SERVICESb AIR FRANCE : la compagnieaérienne a annoncé, mercredi,avoir signé un accord departenariat avec le transporteurAir Guadeloupe-Air Martinique.L’entente vise à accroître lesparts de la compagnie françaisesur le marché nord-américain etmaintenir une présence aériennefrançaise dans les caraïbes. b DISNEY : la rémunération duPDG du groupe, Michael Eisner,a été pratiquement divisée pardeux en 1998 et ramenée à5,8 millions de dollars (5 millionsd’euros) en raison des résultatsdécevants enregistrés par WaltDisney Co. Les bénéfices nets1998 (clôture fin septembre) dugroupe atteignent 1,9 milliard dedollars (+4 %), pour un chiffred’affaires en progression de 6 %.

b HOVERSPEED : la compagniebritannique de ferries a nouédes contacts avec la Chambre decommerce et d’industrie (CCI) deDieppe en vue d’une reprise de laligne Dieppe-Newhaven quidevrait être abandonnée par soncompatriote P and O Stena lines.

FINANCEb SCOR : le premier groupefrançais de réassurance vaporter de 6,8 % à 11,8 % saparticipation au capital d’Euler(filiale à 68,2 % des AGF),numéro un mondial del’assurance-crédit, en reprenantles 5 % détenus par la Compagniefrançaise d’assurance pour lecommerce extérieur (Coface). Legroupe Coface est détenu à 45 %par la Scor et à 25 % par les AGF,que contrôle l’allemand Allianz.Les AGF devraient céder cetteparticipation d’ici à l’été 1999,probablement par introductionen Bourse.

b BANQUES POPULAIRES : lesconditions du rapprochemententre les Banques populaires etleur filiale cotée en Bourse,Natexis, seront renduespubliques lundi 11 janvier, date àlaquelle sont convoqués les deuxcomités d’entreprise concernés.

Cotations, graphiques et indices en tempsreel sur le site Web du « Monde ».www.lemonde.fr/bourse

ASIE - PACIFIQUE

Indices cours Var. % Var. %Zone Asie 10 h 15 f selection 07/01 06/01 31/12

TOKYO NIKKEI 225 13468,46 1,78 ± 2,70

HONGKONG HANG SENG 10233,80 3,47 1,84

SINGAPOUR STRAITS TIMES 1464,97 5,68 5,19

SEOUL COMPOSITE INDEX 70,47 1,98 8,52

SYDNEY ALL ORDINARIES 2853,40 1,34 1,42

BANGKOK SET 29,85 7,84 16,24

BOMBAY SENSITIVE INDEX 3205,68 1,80 4,92

WELLINGTON NZSE-40 2131,77 0,78 3,22

10233,80

HONGKONG Hang Seng

10851

10449

10047

9644

9242

8840[ [ [

12 O. 23 N. 7 J.

13468,46

TOKYO Nikkei

15207

14742

14276

13811

13345

12879[ [ [

7 O. 17 N. 7 J.

130,94

YEN(100)/¤URO

143

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138

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9 O. 20 N. 7 J.

AMERIQUES

Indices cours Var. % Var. %Ameriques 10 h 15 f selection 06/01 veille 31/12

ETATS-UNIS DOW JONES 9460,27 1,60 3,04

ETATS-UNIS S&P 500 1264,62 1,59 2,88

ETATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2307,84 2,51 5,25

TORONTO TSE INDEX 6800,90 2,11 4,86

SAO PAULO BOVESPA 7249,00 1,94 6,85

MEXICO BOLSA 216,22 ± 1,10 ± 6,99

BUENOS AIRES MERVAL 447,89 2,29 4,15

SANTIAGO IPSA GENERAL 102,26 1,07 32,81

CARACAS CAPITAL GENERAL 4623,93 ± 0,13 ± 3,44

1,16

DOLLAR/¤URO

1,22

1,21

1,19

1,18

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1,15[ [ [

9 O. 20 N. 7 J.

9460,27

NEW YORK Dow Jones

9460

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8768

8423

8077

7731[ [ [

7 O. 17 N. 6 J.

2307,84

NEW YORK Nasdaq

2307

2144

1981

1818

1655

1492[ [ [

9 O. 20 N. 7 J.

EUROPE

Indices cours Var. % Var. %Europe 10 h 15 f selection 07/01 06/01 31/12

EUROPE EURO STOXX 50 3685,36 2,24 10,26

EUROPE STOXX 50 3615,93 2,28 8,91

EUROPE EURO STOXX 324 323,16 1,95 8,31

EUROPE STOXX 653 298,11 2,30 6,77

PARIS CAC 40 4294,82 2,24 8,93

PARIS MIDCAC 1640,21 ± 0,21 ± 0,45

PARIS SBF 120 2876,50 2,25 8,29

PARIS SBF 250 2697,48 2,13 7,90

PARIS SECOND MARCHEÂ 2031,54 0,02 1,50

AMSTERDAM AEX 583,66 3,03 8,41

BRUXELLES BEL 20 3681,92 0,06 4,76

FRANCFORT DAX 30 5443,62 3,61 8,82

LONDRES FTSE 100 6137,60 3,01 4,33

MADRID STOCK EXCHANGE 10650,70 1,94 8,28

MILAN MIBTEL 30 37807,00 1,04 7,55

ZURICH SPI 7668,80 1,63 7,10

6137,60

LONDRES FT 100

6137

5860

5582

5305

5028

4750[ [ [

7 O. 16 N. 7 J.

4294,82

PARIS CAC 40

4294

4046

3798

3549

3301

3053[ [ [

7 O. 13 N. 7 J.

5443,62

FRANCFORT DAX 30

5443

5149

4854

4560

4265

3971[ [ [

7 O. 16 N. 7 J.

Taux d’interet (%)Taux Taux Taux TauxTaux06/01 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans

FRANCE ......... 3,06 3,04 3,79 4,65

ALLEMAGNE .. 3,19 3,10 3,79 4,63

GDE-BRETAG. 6,19 6,02 4,32 4,29

ITALIE ............ 3,88 3,18 3,93 4,78

JAPON............ 0,28 0,31 2,13 ....

ETATS-UNIS... 4,63 4,48 4,79 5,22

SUISSE ........... 0,43 1,20 2,32 3,78

PAYS-BAS....... 2,50 3,20 3,88 4,67

Taux de change fixe des pays ¤uro¤uro contre f Taux contre franc f Taux

¤URO/FRANC ................................... 6,55957 FRANC/¤URO.................................... 0,15245

¤URO/DEUTSCHEMARK.................... 1,95583 DEUTSCHEMARK/FRANC.................. 3,35385

¤URO/LIRE ITALIENNE (1000) ........... 1,93627 LIRE ITALIENNE (1000)/FRANC.......... 3,38774

¤URO/PESETA ESPAGNOLE (100)....... 1,66386 PESETA ESPAGNOLE (100)/FRANC..... 3,94238

¤URO/ESCUDO PORTUGAIS (100) ..... 2,00482 ESCUDO PORTUGAIS (100)/FRANC.... 3,27190

¤URO/SCHILLING AUTRICHIEN (10) . 1,37603 SCHILLING AUTRICHIEN (10)/FR....... 4,76703

¤URO/PUNT IRLANDAISE ................. 0,78756 PUNT IRLANDAISE/FRANC ............... 8,32894

¤URO/FLORIN NEERLANDAIS........... 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS/FRANC......... 2,97660

¤URO/FRANC BELGE (10).................. 4,03399 FRANC BELGE (10)/FRANC................ 1,62607

¤URO/MARKKA FINLANDAISE .......... 5,94573 MARKKA FINLANDAISE/FRANC......... 1,10324

Matieres premieresCours Var. %En dollars f 06/01 veille

METAUX (LONDRES) $/TONNECUIVRE 3 MOIS .............. 1453,5 0,73

ALUMINIUM 3 MOIS ...... 1231 0,24

PLOMB 3 MOIS .............. 465,5 0,54

ETAIN 3 MOIS ................ 5015 ± 0,10

ZINC 3 MOIS.................. 933 0,65

NICKEL 3 MOIS .............. 3983 ± 0,05

METAUX (NEW YORK) $/ONCEARGENT A TERME ......... 5,04 ....

PLATINE A TERME ......... 74454,50 0,09

GRAINES DENREES $/BOISSEAUBLE (CHICAGO).............. 284,25 1,43

MAIS (CHICAGO)............ 222 2,19

SOJA TOURTEAU (CHG.). 144 0,77

SOFTS $/TONNECACAO (NEW YORK)....... 1376 ± 0,43

CAFE (LONDRES) ........... 1820 ± 2,78

SUCRE BLANC (PARIS) ... 251,3 ± 0,67

OrCours Var %En ¤uros f 06/01 05/01

OR FIN KILO BARRE ...... 7900 + 0,77

OR FIN LINGOT............. 7890 ± 0,13

ONCE D’OR (LO) $ ......... 287,65 + 0,44

PIECE FRANCE 20 F........ 46,70 + 0,43

PIECE SUISSE 20 F.......... 47,10 + 0,43

PIECE UNION LAT. 20 F . 46,80 + 0,43

PIECE 10 DOLLARS US ... 253,50 ....

PIECE 20 DOLLARS US ... 469 + 2,51

PIECE 50 PESOS MEX...... 295 ± 0,25

MatifVolume dernier premierCours10 h 15 f 07/01 prix prix

Notionnel 5,5MARS 99 ......... 24456 112,34 112,35

Euribor 3 moisMARS 99 ......... 3127 96,89 96,88

PetroleCours Var. %En dollars f 06/01 veille

BRENT (LONDRES) ........ 10,80 2,56

WTI (NEW YORK) ........... 12,14 1,25

LIGHT SWEET CRUDE .... 12,24 0,82

Cours de change croisesCours Cours Cours Cours Cours Cours

07/01 10 h 15 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.DOLLAR ................. .... 0,88711 1,16375 0,17817 1,65490 0,71865

YEN (100) ............... 112,72500 .... 130,94000 20,09500 186,53000 81,02500

EURO..................... 0,85929 0,76371 .... 0,15245 1,42115 0,61785

FRANC................... 5,61275 4,97695 6,55957 .... 9,28350 4,03535

LIVRE ..................... 0,60427 0,53610 0,70365 0,10770 .... 0,43470

FRANC SUISSE ....... 1,39150 1,23385 1,61355 0,24785 2,30055 ....

TABLEAU DE BORD

LeMonde Job: WMQ0801--0021-0 WAS LMQ0801-21 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 16Fap:100 No:0415 Lcp: 700 CMYK

F I N A N C E S E T M A R C H É S LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 21

b Après l’annonce d’une augmen-tation de la participation de LVMHdans son capital, l’action du groupede produits de luxe Gucci a gagné,mercredi 6 janvier, 19,3 % à Amster-dam. Le titre n’était pas coté à Mi-lan pour cause de jour férié en Ita-lie.b Le secteur des télécommunica-tions s’est mis en vedette sur lesplaces européennes, mercredi 6 jan-vier. Après avoir annoncé une pro-gression de 32 % de sa clientèleentre août et décembre 1998, Mo-bistar, le second opérateur belge entéléphonie mobile, a vu son titre dé-coller de 21 %, entraînant dans sonsillage Telinfo (+14,1 %), un de sesactionnaires. Les bons résultats

dans ce secteur et l’anticipationd’un mouvement de restructurationont également profité à Orange(+9,7 %), Cable and Wireless(+8,9 %), Colt Telecom (+8,4 %),KPN (+7,6 %), Mobilcom (+6,2 %),Deutsche Telekom (+5,9 %) et Bri-tish Telecom (+2,3 %).b Toujours portées par l’euro, lesrumeurs de rapprochement et la re-montée des bourses asiatiques, lesvaleurs financières, notammentStandard Chartered (+13,6 %),HSBC (+8 %), Barclays Bank(+6,4 %), Dresdner Bank (+5,1 %),Deutsche Bank (+4,9 %), MunichRe (+4,3 %), ING (+4,2 %), ABNAmro (+4,1 %) et Lloyds Bank(+3,9 %) ont nettement progressé.

Code Cours % Var.07/01 10 h 24 f pays en ¤uros veille

AUTOMOBILESOMMER ALLIBER/ FR e 24,1 ± 1,63

MICHELIN-B- /RM FR e 35,79 + 2,26

PEUGEOT /RM FR e 144,3 + 0,91

LABINAL /RM FR e 178,7 ± 0,72

VALEO /RM FR e 65 + 3,17

RENAULT FR e 42,7 ± 0,67

BMW DE e 747 + 0,67

CONTINENTAL AG DE e 26,4 + 1,93

DAIMLER-BENZ AG DE e 78,99 ....

FIAT IT e 3,55 + 5,65

FIAT PRIV. IT e 1,95 + 6,56

MAGNETI MARELLI IT e 1,58 + 5,33

LUCAS VARITY GB 3,19 ± 0,44

AUTOLIV SDR SE 33,21 ....

PIRELLI IT e 3,06 + 3,03

VOLVO -A- SE 22,25 ....

VOLVO -B- SE 22,78 ....

VOLKSWAGEN DE e 78,5 ± 0,25

BASF AG BE e 34,2 + 0,29

f DJ E STOXX AUTO P 286,96 ± 0,69

BANQUESNATEXIS FR e 59 ± 1,58

CCF /RM FR e 85 ....

DEXIA FCE RM FR e 135 ± 1,46

STE GENERAL-A-/ FR e 169 ....

BNP /RM FR e 81,45 ....

ALLIED IRISH BA GB 17,24 ± 0,49

BCA ROMA IT e 1,55 + 4,03

ALPHA CREDIT BA GR 97,31 ....

S-E-BANKEN -A- SE 9,67 ....

DEN NORSKE BANK NO 3,47 ....

LLOYDS TSB GB 12,96 + 1,33

BCO POPULAR ESP ES e 69 + 2,60

BCO SANTANDER N ES e .... ....

MERITA FI e 5,7 + 2,70

BANK OF IRELAND GB 20,92 ± 0,20

SV HANDBK -A- SE 37,72 ....

BARCLAYS PLC GB 20,07 ± 0,56

BAYR.HYPO-U.VER DE e 70,7 + 2,02

CHRISTIANIA BK NO 3,45 ....

IMI IT e 13,01 ....

BCP REG PT e 27,61 ....

IONIAN BK REG.S GR 48,66 ....

ERGO BANK GR 109,02 ....

COMM.BANK OF GR GR 90,85 ....

COMMERZBANK DE e 28,7 + 1,06

I.B.S.PAOLO TO IT e 12,45 ....

UNICREDITO ITAL IT e 5,92 + 1,89

DEN DANSKE BK DK 118,87 + 1,14

DEUTSCHE BANK A DE e 57 ± 0,18

DRESDNER BK AG DE e 40,8 + 2,26

SPAREBANKEN NOR NL e 149,5 ....

FOERENINGSSB A SE 23,05 ....

FOKUS BK NO 9,05 ....

ABBEY NATIONAL GB 18,51 + 0,69

BCO CENTRAL HIS ES e 11 + 1,57

ROLO BANCA 1473 IT e 24,4 + 0,83

NAT BANK GREECE GR 209,87 ....

DEXIA CC BE e 148,5 + 1,50

ABN AMRO HOLDIN NL e 19,8 ± 1,25

HALIFAX GB 12 + 1,43

JYSKE BANK REG DK 81,93 ....

BCO BILBAO VIZC ES e .... ....

KBC BANCASSURAN BE e 71,75 + 0,35

BANK OF PIRAEUS GR 27,72 ....

BES OVERSEAS LT PT e .... ....

NORDBANKEN HOLD SE 5,70 ....

FIRST AUSTRIAN AT e 49,42 ± 91,41

BANKINTER ES e 33,2 + 1,97

ARGENTARIA RS ES e 24,95 + 1,42

KAPITAL HOLDING DK 44,32 + 0,61

NATL WESTM BK GB 17,38 + 5,13

ROYAL BK SCOTL GB 13,69 ± 9,01

UNIDANMARK -A- DK 82,60 + 0,82

OBERBANK AT e 62 + 4,91

COMIT IT e 6,55 + 3,80

BANK AUSTRIA AG AT e 44,83 + 3,01

UBS N CH 290,70 ± 0,32

COMIT IT e 6,55 + 3,80

UNICREDITO ITAL IT e 5,92 + 1,89

BCA INTESA IT e 5,45 + 1,87

f DJ E STOXX BANK P 292,42 + 0,35

PRODUITS DE BASEUSINOR FR e 10,3 ± 0,96

PECHINEY-A- FR e 30,6 ....

SIDENOR GR 22,11 ....

ACERINOX REG ES e .... ....

BRITISH STEEL GB 1,38 ± 2,97

SOPORCEL PT e .... ....

TRELLEBORG B SE 7,25 ....

SSAB SW ST A FR SE 8,38 ....

ELKEM ASA, OSLO NO 10,88 ....

ARJO WIGGINS AP GB 1,50 ....

BEKAERT BE e 415 + 1,17

SONAE INDUSTRIA PT e 13,13 ....

AVESTA SE 2,54 ....

METSAE-SERLA A FI e 7,1 + 1,43

BUNZL PLC GB 3,28 ± 0,43

ASSIDOMAEN AB SE 14,02 ....

CART.BURGO IT e 5,75 + 1,77

MAYR-MELNHOF KA AT e 43,4 + 2,97

RAUTARUUKKI K FI e 5,89 + 2,43

DEGUSSA DE e 47,8 ± 2,65

THYSSEN DE e 162 ± 1,07

BOEHLER-UDDEHOL AT e 41,32 + 2,28

PORTUCEL INDUST PT e 5,65 ....

VOEST-ALPINE ST AT e 24 + 4,26

UPM-KYMMENE COR FI e 24 + 2,13

STORA ENSO -R- FI e 7,85 + 2,61

STORA ENSO -A- FI e 7,7 ....

SILVER & BARYTE GR 31,57 ....

INPARSA PT e 23,98 ....

ALUMINIUM GREEC GR 52,35 ....

ELVAL GR 10,73 ....

JOHNSON MATTHEY GB 5,58 ± 0,25

VIOHALCO GR 28,78 ....

UNION MINIERE BE e 29,1 + 0,34

BUHRMANN NV NL e 14,5 ....

MODO B FR SE 18,16 ....

RIO TINTO GB 10,22 + 0,56

NORSKE SKOGIND- NO 25,76 ....

SMURFIT JEFFERS GB 1,81 + 1,59

STORA KOPPARB - SE 9,67 ....

SVENSKA CELLULO SE 19,13 ....

OUTOKUMPU OY -A FI e 8,5 + 0,95

f DJ E STOXX BASI P 153,35 + 0,55

CHIMIEAIR LIQUIDE /RM FR e 158 ± 0,57

AGA -B- SE 11,82 ....

EMS-CHEM HOLD A CH 5218,42 ± 1,18

BASF AG DE e 34,2 + 0,29

BAYER AG DE e 37,15 ± 3

BOC GROUP PLC GB 9,89 ± 17,65

AKZO NOBEL NL e .... ....

KEMIRA FI e 6,45 ± 0,77

DYNO INDUSTRIER NO 14,77 ....

UNITOR NO 9,16 ....

CLARIANT N CH 452,97 ....

CIBA SPEC CHEM CH 79,73 + 1,18

HOECHST AG DE e 36 ± 0,83

HENKEL KGAA VZ DE e 79 ± 0,63

LENZING AG AT e 51,01 ± 4,24

ICI GB 6,98 + 1,44

LAPORTE GB 6,05 ± 2,06

SNIA BPD IT e 1,42 + 0,71

AGA -A- SE 11,82 ....

PERSTORP -B- SE 8,76 ....

SOLVAY BE e 67,7 ....

TESSENDERLO CHE BE e 48 ± 6,61

UCB BE e 5255 ....

f DJ E STOXX CHEM P 302,33 ± 1,64

CONGLOMERATSCGIP /RM FR e 46,1 ± 9,61

GAZ ET EAUX /RM FR e 43,3 ± 1,37

CIR IT e 0,98 + 3,16

KVAERNER -A- NO 17,98 ....

AKER RGI -A- NO 10,19 ....

KVAERNER -B- NO 15,34 ....

GBL BE e 174,5 ....

BTR GB 1,75 + 0,81

SONAE INVESTIME PT e 47,31 ....

ORKLA -A- NO 13,74 ....

GENL ELECTR CO GB 8,06 ....

D’IETEREN SA BE e 457,2 + 1,40

INCHCAPE PLC GB 1,81 + 0,79

INVESTOR -A- SE 40,41 ....

INVESTOR -B- SE 41,27 ....

GEVAERT BE e 64 ....

NORSK HYDRO NO 31,95 ....

OERLIKON-BUEHRL CH 110,45 + 1,71

ORKLA -B- NO 11,91 ....

VEBA AG DE e 55,2 + 1,47

f DJ E STOXX CONG P 240,63 + 0,04

TELECOMMUNICATIONSFRANCE TELECOM FR e 72,5 ± 4,86

CABLE & WIRELES GB 11,90 ± 0,12

BRITISH TELECOM GB 14,17 ± 0,50

TELE DANMARK DK 120,21 + 1,70

EUROPOLITAN HLD SE 94,57 ....

PORTUGAL TELECO PT e 46,4 ....

TIM IT e 7,2 + 4,65

VODAFONE GROUP GB 14,49 ± 8,48

HELLENIC TELE ( GR 24,36 ....

DEUTSCHE TELEKO DE e 34,1 ± 0,58

TELECEL PT e 208,95 ....

TELECOM ITALIA IT e 8,1 + 2,66

TELECOM ITALIA IT e 5,94 + 2,06

TELEFONICA ES e 47 + 7,06

KONINKLIJKE KPN NL e 52,25 ± 2,88

f DJ E STOXX TCOM P 653,96 ± 0,64

CONSTRUCTIONBOUYGUES /RM FR e 194,7 ± 1,22

LAFARGE /RM FR e 84,2 ± 3,88

GROUPE GTM FR e 92 ± 0,54

IMETAL /RM FR e 89 ± 3,16

COLAS /RM FR e 184 ± 1,08

SAINT GOBAIN /R FR e 133,5 ± 3,96

TECHNIP /RM FR e 76,85 ± 0,19

POTAGUA -B- DK 18 ....

AUMAR ES e 24 ± 0,29

AUTOSTRADE PRIV IT e .... ....

CHARTER GB 4,71 + 0,91

ASKO OY FI e 16,8 + 1,82

BICC PLC GB 0,96 ± 1,45

BILFINGER & BER DE e 18 ± 2,17

BLUE CIRCLE IND GB 4,35 + 2,33

BPB GB 3,09 + 1,86

ACESA REG ES e 15,42 + 1,85

CRH PLC GB 15,47 + 2,53

SKANSKA -B- SE 25,74 ....

BCA INTESA IT e 5,45 + 1,87

CIMPOR SGPS R PT e 27,89 ....

CRISTALERIA ESP ES e 61,5 + 0,82

ACCIONA ES e .... ....

DRAGADOS CONSTR ES e 36 + 8,27

TITAN CEMENT RE GR 70,81 ....

HERACLES GENL R GR 24,61 ....

SEMAPA PT e 17,25 ....

HOLDERBANK FINA CH 232,69 + 1,90

CBR BE e 78,8 + 0,70

AKTOR SA GR 8,87 ....

MICHANIKI REG. GR 5,22 ....

HELL.TECHNODO.R GR 6,74 ....

HEIDELBERGER ZE DE e 73 + 2,82

HOCHTIEF ESSEN DE e 32 ± 3,61

PHILIPP HOLZMAN DE e 132,5 ± 0,38

CARADON GB 1,46 ....

FOM CON CONTRAT ES e 65 ± 3,06

PARTEK FI e 8,6 + 1,18

HOLDERBANK FINA CH 1098,29 + 2,02

AALBORG PORTLAN DK 14,77 ± 4,59

UNICEM IT e 8,55 + 0,59

WILLIAMS GB 4,51 + 1,27

PILKINGTON PLC GB 0,85 ± 1,64

RMC GROUP PLC GB 11,59 + 3,40

ITALCEMENTI IT e 9,81 + 0,62

ITALCEMENTI RNC IT e 4,62 + 2,67

RUGBY GRP GB 1,44 + 0,99

TARMAC GB 1,64 + 1,75

TAYLOR WOODROW GB 2,33 + 0,61

URALITA SA ES e 10 + 0,81

VALENCIANA CEM ES e 12,3 + 2,59

SUPERFOS DK 14,51 + 2,86

WIENERB BAUSTOF AT e 178,5 + 3,06

f DJ E STOXX CNST P 191,39 ± 0,04

CONSOMMATION CYCLIQUEHERMES INTL FR e 74,9 + 0,60

ACCOR /RM FR e 201 + 0,30

MOULINEX /RM FR e 12,41 ± 0,32

CLUB MED. /RM FR e 72 ....

SEB /RM FR e 69,15 + 0,22

EURO DISNEY /RM FR e 1,17 ....

PATHE /RM FR e 229,8 ± 6,28

CHARGEURS RM FR e 43,5 ± 1,14

AUSTRIAN AIRLIN AT e .... ....

WILSON BOWDEN GB 7,04 + 0,61

WILLIAM BAIRD GB 1,47 + 0,97

BARRATT DEV PLC GB 3,08 + 0,46

BERKELEY GROUP GB 6,01 + 0,24

BRITISH AIRWAYS GB 5,71 ± 2,18

BRYANT GROUP PL GB 1,26 ....

BEAZER GROUP GB 2,12 + 0,67

NCL HLDG NO 2,52 ....

FINNAIR FI e 5,2 + 1,96

WW/WW UK UNITS GB 0,81 + 1,79

WOLFORD AG AT e 50,2 ± 1,12

ELECTROLUX -B- SE 15,53 ....

BANG & OLUFSEN DK 55,74 + 0,73

ADIDAS-SALOMON DE e 94 + 2,84

COMPASS GRP GB 9,81 + 0,58

SAS DANMARK A/S DK 10,34 + 1,32

GRANADA GROUP P GB 15,53 + 1,76

RANK GROUP GB 3,36 + 7,69

HPI IT e 0,67 + 4,69

EMI GROUP GB 5,84 ± 2,59

HUNTER DOUGLAS NL e 26,8 ± 0,37

DT.LUFTHANSA N DE e 20,7 + 1,87

KLM NL e 26,95 + 0,19

LADBROKE GRP GB 3,52 + 0,40

SAIRGROUP N CH 211,59 ....

BENETTON GROUP IT e 1,85 + 2,78

AMER GROUP A FI e 9,6 + 1,37

THE SWATCH GRP CH 129,68 ± 1,30

THE SWATCH GRP CH 542,94 ± 0,23

PERSIMMON PLC GB 2,49 + 1,15

PENTLAND GRP GB 1,37 ± 1,02

COURTAULDS TEXT GB 2,56 + 0,56

COATS VIYELLA GB 0,42 + 3,45

G WIMPEY PLC GB 1,53 ± 0,92

f DJ E STOXX CCYC P 164,26 + 0,75

PHARMACIESANOFI /RM FR e 161,5 ± 2,12

RHONE POUL./RM FR e 46,98 ....

ZENECA GROUP GB 39,12 ± 1,04

ASTRA -B- SE 18,05 ....

ASTRA -A- SE 18,22 ....

ELAN CORP GB 59,36 + 10,53

ORION B FI e 22 + 1,85

ORION A FI e 22,1 + 0,45

GLAXO WELLCOME GB 32,24 + 1,24

ROCHE HOLDING CH 15698,68 + 0,20

ROCHE HOLDING G CH 11116,28 + 0,03

NOVO NORDISK B DK 117,53 + 0,23

NOVARTIS N CH 1782,70 ± 0,28

SMITHKLINE BEEC GB 12,73 + 1,24

SCHERING AG DE e 111,5 + 0,45

f DJ E STOXX PHAR P 408,56 + 0,08

ENERGIETOTAL /RM FR e 90,7 ± 0,33

ELF AQUITAINE / FR e 102 ± 0,97

PRIMAGAZ /RM FR e 79,25 ± 1,92

REPSOL ES e 51,75 + 3,29

OMV AG AT e 82,05 + 2,19

BP AMOCO GB 13,21 + 0,65

BURMAH CASTROL GB 12,79 + 0,78

PETROLEUM GEO-S NO 13,28 ....

SAGA PETROLEUM NO 8,42 ....

ENTERPRISE OIL GB 3,75 ± 7,67

CESPA ES e 32,45 + 1,09

ENI IT e 5,9 + 2,79

AKER MARITIME NO 7,79 ....

OCEAN RIG NO 0,27 ....

ROYAL DUTCH CO NL e 40,75 + 0,87

F.OLSEN ENERGY NO 6,30 ....

BG GB 5,51 + 0,26

PROSAFE NO 10,53 ....

LASMO GB 1,27 ± 1,10

SMEDVIG -A- NO 9,16 ....

PETROFINA SA BR BE e 415,5 + 1,59

SAIPEM IT e 3,68 + 2,51

SHELL TRANSP & GB 5,10 + 1,40

ELECTRAFINA BE e 117 + 2,54

f DJ E STOXX ENGY P 235,99 + 0,51

SERVICES FINANCIERSFONCIERE LYONNA FR e 131,1 ± 3,46

PARIBAS FR e 86 ± 1,09

BAIL INVEST /RM FR e 125 ....

CPR /RM FR e 41,25 ± 1,55

EURAFRANCE /RM FR e 546 ± 6,67

SIMCO N /RM FR e 80 ± 4,31

SEFIMEG N /RM FR e 61,15 ± 5,92

UNIBAIL /RM FR e 121,2 ± 0,49

SOPHIA /RM FR e 36,75 ....

IMM FRANCE /RM FR e 71,96 ....

GFC /RM FR e 98,35 ± 3,58

CORP FIN ALBA - ES e 149 + 2,12

FORTIS AG BE e 308,63 ....

AMVESCAP GB 7,17 ± 3,06

BRITISH LAND CO GB 6,13 ± 10,88

CS GROUP N CH 151,56 ± 0,71

CAPITAL SHOPPIN GB 5,02 ....

LIBERTY INT.HDG GB 6,42 ± 0,87

3I GB 8,44 ± 0,33

BPI-SGPS N PT e 32,55 ....

ING GROEP NL e 57,8 ± 2,12

MEDIOLANUM IT e .... ....

HAMMERSON GB 5,54 ....

ALPHA FINANCE GR 41,07 ....

METROVACESA ES e 27 + 3,85

ALMANIJ BE e 76,85 + 0,46

WOOLWICH PLC GB 4,95 + 0,86

LAND SECURITIES GB 11,28 ± 3,04

MEPC PLC GB 6,22 + 2,56

MEDIOBANCA IT e 12,85 + 4,47

PROVIDENT FIN GB 12,22 ± 1,70

RODAMCO NV NL e 22,1 ....

SCHRODERS PLC GB 15,63 + 4,93

SLOUGH ESTATES GB 4,14 ....

VALLEHERMOSO SA ES e .... ....

KAPITAL HOLDING DK 44,32 + 0,61

UNIM IT e 0,47 ....

f DJ E STOXX FINS P 274,67 ± 0,88

ALIMENTATION ET BOISSONBONGRAIN /RM FR e 372 ± 6,88

DANONE /RM FR e 244 + 0,83

PERNOD RICARD / FR e 57 ....

ERID.BEGH.SAY / FR e 146,5 ± 1,41

LVMH / RM FR e 195 ± 2,50

ALLIED DOMECQ GB 8,13 ....

RIEBER & SON -B NO 6,41 ....

BRAU-UNION AT e 50,61 + 0,02

HELLENIC SUGAR GR 8,07 ....

CARLSBERG AS -A DK 50,37 ....

ELAIS OLEAGINOU GR 18,82 ....

PARMALAT IT e 1,7 + 1,19

HELLENIC BOTTLI GR 27,70 ....

CADBURY SCHWEPP GB 14,77 + 2,75

UNICER REG PT e 20,3 ....

CARLSBERG -B- DK 50,37 ± 1,32

ASSOCIATE BRIT GB 8,03 + 1,43

DANISCO DK 47,14 + 2,84

CHR. HANSEN HLD DK 124,24 + 1,09

RAISIO GRP V FI e 10,9 + 4,31

GREENCORE GROUP GB 4,24 + 0,33

MONTEDISON IT e 1,23 + 2,50

HUHTAMAEKI I VZ FI e 34,3 + 0,88

BASS GB 12,11 + 1,78

UNILEVER NL e 73,5 ± 0,14

UNILEVER GB 9,77 + 1,32

DIAGEO GB 10,10 + 8,01

RAISIO GRP K FI e 10,65 + 6,93

BBAG OE BRAU-BE AT e 49,5 ....

NESTLE N CH 1914,87 ± 0,68

KERRY GRP-A- GB 11,98 + 1,56

DELTA DAIRY GR 12,63 ....

CULTOR -1- FI e 9,26 + 0,65

TATE & LYLE GB 4,85 ± 0,29

UNIGATE PLC GB 6,13 ....

HEINEKEN NL e 54,75 ± 3,69

f DJ E STOXX F & BV P 263,49 ± 0,28

BIENS D’EQUIPEMENTALSTOM FR e 22,7 ± 3,36

LEGRAND /RM FR e 235 + 0,82

SCHNEIDER /RM FR e 52,5 ± 0,57

REXEL /RM FR e 79,5 ± 3,58

SITA /RM FR e 222 ± 2,93

SIDEL /RM FR e 73,95 ± 0,07

HALKOR GR 7,58 ....

ALUSUISSE LON G CH 1035 + 0,48

BAA GB 9,68 ± 2,14

SKF -A- SE 10,69 ....

SVENDBORG -A- DK 8327,51 + 2,48

ABB AB -A- SE 9,56 ....

ABB AB -B- SE 9,56 ....

ASSOC BR PORTS GB 4,14 + 0,69

ISS INTL SERV-B DK 63,13 + 0,43

BONHEUR NO 17,75 ....

ATLAS COPCO -A- SE 19,29 ....

ATLAS COPCO -B- SE 18,91 ....

SVEDALA SE 12,57 ....

RHI AG AT e 23,6 + 1,51

BBA GROUP PLC GB 5,20 ....

DAMPSKIBS -A- DK 5641,22 + 5

KOEBENHAVN LUFT DK 112,82 + 0,06

SAURER ARBON N CH 527,43 ± 0,93

FINNLINES FI e 35,6 + 1,71

SECURITAS -B- SE 13,65 ....

METRA A FI e 17 + 5,59

VA TECHNOLOGIE AT e 75,72 + 1,64

COOKSON GROUP P GB 1,79 ± 0,78

HAYS GB 7,70 ± 0,91

DELTA PLC GB 1,55 ± 1,79

HELLAS CAN SA P GR 18,94 ....

RAUMA OY FI e 12,39 + 1,56

RIETER HLDG N CH 537,35 ± 1,25

ELECTROCOMPONEN GB 5,65 + 2,56

ATTICA ENTR SA GR 8,16 ....

PREMIER FARNELL GB 2,22 + 0,64

FKI GB 1,99 ....

ADECCO CHESEREX CH 415,74 + 0,75

SCANIA AB -A- SE 16,87 ....

SCANIA AB -B- SE 17,14 ....

SULZER FRAT.SA1 CH 557,83 + 1,35

RAILTRACK GB 21,37 + 1,89

SECURICOR GB 8,69 + 1,65

GLYNWED INTL PL GB 2,32 + 1,23

MAN AG DE e 252 ± 0,40

KON.NEDLLOYD NL e 11,9 ± 1,24

NFC GB 1,63 ....

HANSON PLC GB 6,87 + 2,53

IFIL IT e 4,06 + 5,45

IMI PLC GB 3,25 ± 0,43

LAHMEYER DE e 40 ± 1,23

RENTOKIL INITIA GB 6,50 + 0,66

RANDSTAD HOLDIN NL e 47,6 ± 0,42

FLS IND.B DK 18,13 ± 3,57

ABB BADEN CH 1051,75 + 0,30

SOPHUS BEREND - DK 30,76 + 1,78

KONE B FI e 96 ± 2,04

RATIN -B- DK 182,67 + 1,12

RATIN -A- DK 173,27 ....

SOPHUS BERENDS DK 30,22 + 2,27

DET SONDENFJ NO NO 8,13 ....

ULSTEIN HOLDING NO 18,89 ....

LINDE AG DE e 508 ....

DAMSKIBS SVEND DK 8327,51 ± 2,36

DAMPSKIBS -B- DK 5977,01 + 1,14

REXAM GB 2,37 + 1,20

CMB BE e 32 ....

METALLGESELLSCH DE e 13,9 + 0,72

GKN GB 11,31 + 0,25

SEAT-PAGINE GIA IT e 0,93 + 6,90

SGS GENEVA BR CH 758,25 ± 3,02

FLUGHAFEN WIEN AT e 44,9 + 0,45

MORGAN CRUCIBLE GB 3,80 + 0,37

NKT HOLDING DK 58,48 + 2,45

OCEAN GROUP GB .... ....

PENINS.ORIENT.S GB 9,40 ± 1,34

PREUSSAG AG DE e 435 ± 2,25

BERGESEN NO 11,79 ....

BERGESEN NO 11,34 ....

LEIF HOEGH NO 11,28 ....

SANDVIK -A- SE 15,48 ....

SANDVIK -B- SE 15,42 ....

MANNESMANN AG DE e 119,4 + 0,08

STORK NV NL e 18 ± 0,55

SCHINDLER HOLD CH 1520,23 + 1,03

SCHINDLER HOLD CH 1455,08 ± 0,42

SIEBE PLC GB 3,35 + 0,42

SKF -B- SE 10,53 ....

SHANKS & MCEWAN GB 3,25 + 0,88

T.I.GROUP PLC GB 4,31 ± 4,98

TOMRA SYSTEMS NO 29,20 ....

EQUANT NV DE e 69 + 24,32

VALMET FI e 11,7 + 0,43

HEIDELBERGER DR DE e 61,5 ± 0,81

RHI AG AT e 23,6 + 1,51

f DJ E STOXX IND P 314,99 + 0,21

ASSURANCESAXA-UAP /RM FR e 134 ± 0,45

AGF /RM FR e 52,4 ± 0,57

ASPIS PRONIA GE GR 12,29 ....

ALLEANZA ASS IT e 13,15 + 1,54

ALLIANZ AG DE e 345 ± 1,57

GENERALI ASS IT e 41,35 + 4,68

TOPDANMARK AS DK 171,25 ± 0,05

POHJOLA GRP.B FI e 48 + 0,63

ROYAL SUN ALLIA GB 7,76 ....

SCHWEIZ RUECK N CH 2340,53 ± 0,53

ALLIED ZURICH GB 13,96 + 0,10

CGU GB 13,58 ± 0,31

ETHNIKI GEN INS GR 29,75 ....

INA IT e 2,44 + 5,63

AEGON NV NL e .... ....

SEGUROS MUNDIAL PT e 29,75 ....

FORSIKRING CODA DK 107,45 ....

IRISH LIFE GB 8,71 + 0,16

FONDIARIA ASS IT e 5,61 + 0,36

ZURICH ALLIED N CH 682,55 + 0,27

FORTIS AMEV NV NL e 77,15 ± 1,59

TRYG-BALTICA DK 23,64 + 0,57

LEGAL & GENERAL GB 11,80 + 0,85

NORWICH UNION GB 6,01 ± 5,97

RENTENANSTALT CH 640,36 ± 0,77

ERGO VERSICHERU DE e 143,5 + 1,41

CORP.MAPFRE REG ES e 24,3 + 1,89

MUENCH RUECKVER DE e 461 + 0,44

STOREBRAND NO 7,10 ....

PRUDENTIAL CORP GB 12,49 ± 7,14

RAS IT e 13,45 + 2,28

GENERALI HLD VI AT e 228,3 + 0,13

SKANDIA FOERSAE SE 13,65 ....

SAMPO -A- FI e 37 + 7,25

f DJ E STOXX INSU P 395,76 ± 0,53

MEDIASTF1 FR e 169,2 ± 2,48

HAVAS ADVERTISI FR e 150,2 ± 1,18

CANAL PLUS /RM FR e 230,9 ± 0,04

LAGARDERE SCA N FR e 38 ± 0,42

WPP GROUP GB 5,77 ± 0,24

CARLTON COMMUNI GB 7,12 ± 8,03

ELSEVIER NL e 12,85 ± 0,39

B SKY B GROUP GB 6,36 ....

SCHIBSTED NO 10,88 ....

MEDIASET IT e 7,53 + 1,35

REED INTERNATIO GB 7,05 ± 1,19

INDEPENDENT NEW IR e 3,8 ....

PEARSON GB 17,85 + 1,04

REUTERS GROUP GB 10,37 + 0,96

UNITED NEWS & M GB 7,55 ....

WOLTERS KLUWER NL e 190,2 + 0,37

f DJ E STOXX MEDIA P 304,78 ± 0,11

BIENS DE CONSOMMATIONL’OREAL /RM FR e 673,5 ± 0,52

BIC /RM FR e 46,5 + 0,24

PROMODES /RM FR e 668 ± 0,07

CPT MODERNES /R FR e 533,5 ....

ESSILOR INTL /R FR e 350,2 ± 2,72

CASINO GP /RM FR e 92,4 ± 1,07

SEITA /RM FR e 54,4 ± 1

SAFEWAY GB 3,70 ± 5,42

STAGECOACH HLDG GB .... ....

ASDA GROUP PLC GB 2,23 ± 1,25

BEIERSDORF AG DE e 59 + 1,72

KESKO OY FI e 13 + 0,78

GIB BE e 44,4 + 0,66

BRIT AMER TOBAC GB 7,42 + 2,94

MODELO CONTINEN PT e 21,15 ....

ETS COLRUYT BE e 745 + 1,64

TAMRO FI e 4 + 2,56

GOODYS GR 24,02 ....

PAPASTRATOS CIG GR 13,24 ....

FYFFES GB 2,12 + 5,63

IMPERIAL TOBACC GB 9,41 + 7,42

RECKITT & COLMA GB 11,02 + 0,26

CFR UNITS -A- CH 1350,21 + 0,97

AHOLD NL e 33,9 + 0,30

AUSTRIA TABAK A AT e 67,55 + 0,82

DELHAIZE BE e 80,95 + 0,56

TABACALERA REG ES e 23,15 + 0,13

ATHENS MEDICAL GR 17,55 ....

SAINSBURY J. PL GB 6,64 + 3,07

SMITH & NEPHEW GB 2,54 + 0,56

TESCO PLC GB 2,32 + 0,61

TNT POST GROEP NL e 30,8 ± 6,38

f DJ E STOXX CNCY P 526,57 ± 0,44

COMMERCE DISTRIBUTIONCARREFOUR /RM FR e 657 ± 0,15

PINAULT PRINT./ FR e 171 ± 0,41

CASTO.DUBOIS /R FR e .... ....

GUILBERT /RM FR e 109,7 ± 2,92

VALORA HLDG N CH 242 ....

BOOTS CO PLC GB 13,88 ± 0,30

DIXONS GROUP PL GB 11,33 + 0,88

STOCKMANN A FI e 20,81 + 2,51

GEHE AG DE e 60 + 0,84

METRO DE e 76,7 ± 0,45

GREAT UNIV STOR GB 8,48 ± 0,33

NEXT PLC GB 8,20 + 4,69

JERONIMO MARTIN PT e 54,2 ....

HENNES & MAURIT SE 77,27 ....

KARSTADT AG DE e 445 ± 1,11

ARCADIA GRP GB 2,28 ± 0,62

MARKS & SPENCER GB 5,86 ± 0,95

W.H SMITH GRP GB 6,92 + 0,20

RINASCENTE IT e 9,18 + 0,44

CENTROS COMER P ES e 22,1 + 0,68

WOLSELEY PLC GB 5,13 ± 0,27

KINGFISHER GB 8,76 ± 6,77

f DJ E STOXX RETL P 384,78 ± 0,24

HAUTE TECHNOLOGIETHOMSON CSF /RM FR e 33 ....

SAGEM FR e 590 ± 2,80

CAP GEMINI /RM FR e 155 ± 1,90

ZODIAC /RM FR e 194 ± 1,52

STMICROELEC SIC FR e 73 ± 3,05

ALCATEL /RM FR e 123,3 ....

DASSAULT SYST./ FR e 39 + 4,14

ALTEC SA REG. GR 24,30 ....

NERA ASA NO 1,29 ....

BRITISH AEROSPA GB 7,33 + 0,19

BARCO BE e 250 + 2,88

MERKANTILDATA NO 9,16 ....

TANDBERG DATA A NO 3,72 ....

BOWTHORPE GB 4,83 ....

SEMA GROUP GB 9,47 + 8,94

GAMBRO -B- SE 9,46 ....

COLOPLAST B DK 103,42 + 0,33

KON. PHILIPS EL NL e 65,1 + 1,32

SAP AG DE e 325 + 6,91

SAP VZ DE e 360 + 4,96

INSTRUMENTARIUM FI e 37 + 2,78

NETCOM ASA NO 25,76 ....

GETRONICS NL e 45,5 ± 0,33

INTRACOM N GR 43,11 ....

ASK NO 5,78 ....

FRESENIUS MED C DE e 61,5 + 2,16

GAMBRO -A- SE 9,62 ....

RACAL ELECT CON GB 5,33 + 0,27

WILLIAM DEMANT DK 55,07 ....

OLIVETTI IT e 3,41 + 4,28

ROLLS ROYCE GB 3,50 ± 0,40

GN GREAT NORDIC DK 31,97 + 1,28

BAAN COMPANY NL e 10,85 + 4,33

OCE NL e 34 ± 0,58

NYCOMED AMERSHA GB 6,08 + 4,88

MISYS GB 5,65 ± 22,33

BRITISH BIOTECH GB 0,40 ....

NOKIA -K- FI e 122,5 + 8,22

NOKIA -A- FI e 123 + 8,08

RADIOMETER -B- DK 44,32 ± 2,17

SIEMENS AG DE e 61,9 + 2,23

SIRTI IT e 5,27 + 0,19

SMITHS IND PLC GB 12,35 + 1,27

ERICSSON A. SE 24,13 ....

f DJ E STOXX TECH P 385,65 + 3,44

SERVICES COLLECTIFSSUEZ LYON EAUX/ FR e 186,2 ± 0,43

VIVENDI/RM FR e 240,9 ....

VIAG DE e 514 ± 0,10

UNITED UTILITIE GB 11,32 + 0,50

OESTERR ELEKTR AT e 136,3 + 2,10

SCOT POWER GB 8,92 ± 1,41

ELECTRABEL BE e 413,8 + 0,15

SYDKRAFT -C- SE 17,73 ....

TRACTEBEL BE e 181,9 + 1,62

HAFSLUND -A- NO 5,73 ....

CENTRICA GB 1,74 + 4,24

IBERDROLA ES e 17,7 + 2,19

ELECTRIC PORTUG PT e 19,25 ....

ENDESA ES e 25,24 + 0,36

GAS NATURAL SDG ES e 96,5 ....

SEVERN TRENT GB 13,57 ± 1,03

NATIONAL GRID G GB 7,21 ....

ANGLIAN WATER GB 11,59 ± 0,49

HAFSLUND -B- NO 3,61 ....

EVN AT e 116 ± 1,36

ITALGAS IT e 5,1 + 1,39

THAMES WATER GB 15,26 ± 1,91

RWE DE e50 ± 0,60

EDISON IT e 12,2 + 2,95

SYDKRAFT -A- SE 24,18 ....

NATIONAL POWER GB 7,77 + 7

POWERGEN GB .... ....

f DJ E STOXX UTIL P 355,66 ± 0,23

298,11

STOXX 653 sur un an

315

294

273

253

232

212[ [ [

19 JANV. 10 JUIL. 7 JANV.

279,20

287,18

288,12

298,11

298,11

sur 5 jours

[ [ [ [ [

M L M M J

3685,36

EURO STOXX 50 sur un an

3685

3432

3178

2925

2672

2419[ [ [

7 JANV. 7 JUIL. 7 JANV.

3342,32

3519,33

3559,72 3

685,36

3685,36

sur 5 jours

[ [ [ [ [

M L M M J

VALEURS EUROPEENNES

e CODES PAYS ZONE EUROFR : France - DE : Allemagne - ES : EspagneIT : Italie - PT : Portugal - IR : IrlandeLU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : AutricheFI : Finlande - BE : Belgique.

CODES PAYS HORS ZONE EUROCH : Suisse - NO : Norvege - DK : DanemarkGB : Grande-Bretagne - GR : Grece - SE : Suede.

(PubliciteÂ)

LeMonde Job: WMQ0801--0022-0 WAS LMQ0801-22 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0416 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 F I N A N C E S E T M A R C H É S

Compen-Precedent Cours Cours % Var.France f sationen ¤uros en ¤uros en francs veille (1)

B.N.P. (T.P)...................... 148 .... .... .... 975

CR.LYONNAIS(TP) .......... 141,50 .... .... .... 910

RENAULT (T.P.)............... 438,50 438,90 2879 + 0,09 2645

SAINT GOBAIN(T.P......... 183 .... .... .... 1162

THOMSON S.A (T.P ........ 142 143,30 939,99 + 0,91 939

ACCOR ............................ 200,40 199,50 1308,63 ± 0,44 1091

AGF ................................. 52,70 52,30 343,07 ± 0,75 330

AIR LIQUIDE ................... 158,90 158,40 1039,04 ± 0,31 995

ALCATEL ......................... 123,30 122,20 801,58 ± 0,89 664

ALSTOM.......................... 23,49 22,57 148,05 ± 3,91 117,10

ALTRAN TECHNO. #....... 214 212 1390,63 ± 0,93 1285

ATOS CA.......................... 219,50 214 1403,75 ± 2,50 1270

AXA.................................. 134,60 133,40 875,05 ± 0,89 760

BAIL INVESTIS................. 125 125 819,95 .... 795

BAZAR HOT. VILLE ......... 115,80 117 767,47 + 1,03 732

BERTRAND FAURE......... 60 58,70 385,05 ± 2,16 366,20

BIC................................... 46,39 47 308,30 + 1,31 304

BIS................................... 83,85 .... .... .... 496

B.N.P. .............................. 81,45 81,20 532,64 ± 0,30 415,50

BOLLORE ........................ 169 168,50 1105,29 ± 0,29 1090

BONGRAIN ..................... 399,50 382 2505,76 ± 4,38 2450

BOUYGUES ..................... 197,10 189,50 1243,04 ± 3,85 1140

BOUYGUES OFFS............ 18,65 18,75 122,99 + 0,53 119,10

BULL#.............................. 6,17 6,30 41,33 + 2,10 36,25

CANAL + ......................... 231 233 1528,38 + 0,86 1469

CAP GEMINI ................... 158 152,30 999,02 ± 3,60 845

CARBONE LORRAINE..... 40 40,10 263,04 + 0,25 235

CARREFOUR ................... 658 655 4296,52 ± 0,45 4141

CASINO GUICHARD ....... 93,40 92,60 607,42 ± 0,85 580

CASINO GUICH.ADP ...... 56,90 57 373,90 + 0,17 354,10

CASTORAMA DUB.(L...... 213,20 209 1370,95 ± 1,96 1217

C.C.F. ............................... 85 85,05 557,89 + 0,05 498

CEGID (LY) ...................... 158,90 160 1049,53 + 0,69 982

CERUS EUROP.REUN ..... 6,75 6,75 44,28 .... 44,25

CGIP ................................ 51 48,70 319,45 ± 4,50 290

CHARGEURS................... 44 46 301,74 + 4,54 275

CHRISTIAN DALLOZ ...... 66,50 65 426,37 ± 2,25 390,10

CHRISTIAN DIOR ........... 111 109 714,99 ± 1,80 570

CIC -ACTIONS A.............. 73 .... .... .... 474,10

CIMENTS FRANCAIS ...... 50,70 51 334,54 + 0,59 304,60

CLARINS ......................... 72 72 472,29 .... 390

CLUB MEDITERRANE .... 72 72,10 472,94 + 0,13 459

CNP ASSURANCES ......... 27,21 27,15 178,09 ± 0,22 160

COFLEXIP........................ 57,40 60,50 396,85 + 5,40 345

COLAS ............................. 186 185 1213,52 ± 0,53 1121

COMPTOIR ENTREP....... 2,16 2,18 14,30 + 0,92 12

CPR ................................. 41,90 41 268,94 ± 2,14 225

CRED.FON.FRANCE ....... 13,50 13,50 88,55 .... 84,20

CFF.(FERRAILLES) .......... 33 33 216,47 .... 226,10

CREDIT LYONNAIS......... 40,31 40 262,38 ± 0,76 180,60

CS SIGNAUX(CSEE)......... 58,95 59 387,01 + 0,08 330

DAMART ......................... 73 73 478,85 .... 460

DANONE......................... 242 242,90 1593,32 + 0,37 1596

DASSAULT-AVIATIO ....... 176 175,30 1149,89 ± 0,39 1880

DASSAULT SYSTEME...... 37,45 35,30 231,55 ± 5,74 237,50

DE DIETRICH.................. 44 44,50 291,90 + 1,13 273,90

DEVEAUX(LY)# ................ 110,80 110 721,55 ± 0,72 684

DEV.R.N-P.CAL LI............ 10,16 10 65,60 ± 1,57 63,90

DEXIA FRANCE ............... 137 136 892,10 ± 0,72 868

DMC (DOLLFUS MI) ....... 9,35 9,30 61 ± 0,53 60,30

DYNACTION ................... 25,15 25,15 164,97 .... 144,10

ECIA................................. 107 107,10 702,53 + 0,09 671

EIFFAGE .......................... 69,60 69 452,61 ± 0,86 440

ELF AQUITAINE .............. 103 104,20 683,51 + 1,16 621

ERAMET .......................... 25,94 26,80 175,80 + 3,31 157,50

ERIDANIA BEGHIN......... 148,60 146,50 960,98 ± 1,41 935

ESSILOR INTL ................. 360 358,60 2352,26 ± 0,38 2120

ESSILOR INTL.ADP......... 323,90 323,90 2124,64 .... 1817

ESSO................................ 71,05 71,05 466,06 .... 450

EURAFRANCE................. 585 562 3686,48 ± 3,93 3553

EURO DISNEY................. 1,17 1,18 7,74 + 0,85 6,90

EUROPE 1........................ 194 194 1272,56 .... 1290

EUROTUNNEL................ 1,06 1,07 7,02 + 0,94 6,75

FIMALAC SA.................... 101,50 101,20 663,83 ± 0,29 615

FINEXTEL........................ 17,60 17,60 115,45 .... 121,50

FIVES-LILLE..................... 70,95 69 452,61 ± 2,74 467,80

FRANCE TELECOM......... 76,20 74,35 487,70 ± 2,42 427

FROMAGERIES BEL........ 684 684,50 4490,03 + 0,07 4484

GALERIES LAFAYET ........ 891 894 5864,26 + 0,33 6000

GASCOGNE..................... 71,10 71,10 466,39 .... 443,50

GAUMONT #................... 55,60 55,60 364,71 .... 331,50

GAZ ET EAUX .................. 43,90 43,99 288,56 + 0,20 275

GEOPHYSIQUE ............... 49,95 51,55 338,15 + 3,20 304

G.F.C................................ 102 98,35 645,13 ± 3,57 645

GRANDVISION ............... 22,11 22,26 146,02 + 0,67 99,60

GROUPE ANDRE S.A ...... 106 110 721,55 + 3,77 668

GPE VALFOND ACT. ....... 51,50 51,40 337,16 ± 0,19 320

GR.ZANNIER (LY) ........... 21,80 22 144,31 + 0,91 120

GROUPE GTM ................ 92,50 92,10 604,14 ± 0,43 560

GROUPE PARTOUCHE ... 66,40 66,85 438,51 + 0,67 425

GUILBERT....................... 113 113 741,23 .... 721

GUYENNE GASCOGNE... 382 376 2466,40 ± 1,57 2375

HACHETTE FILI.ME........ 208,70 208 1364,39 ± 0,33 1160

HAVAS ADVERTISIN ....... 152 153 1003,61 + 0,65 900

IMETAL ........................... 91,90 90,40 592,99 ± 1,63 590

IMMEUBLES DE FCE ...... 20,40 20,39 133,75 ± 0,04 106,20

INFOGRAMES ENTER .... 58 57,20 375,21 ± 1,37 378

INGENICO ...................... 25,98 25,20 165,30 ± 3 155

INTERBAIL...................... 21 21 137,75 .... 140

INTERTECHNIQUE......... 241 241 1580,86 .... 1599

ISIS .................................. 59 58,50 383,73 ± 0,84 372

JEAN LEFEBVRE .............. 79,90 .... .... .... 526

KLEPIERRE...................... 93 92 603,48 ± 1,07 569

LABINAL.......................... 180 181 1187,28 + 0,55 1080

LAFARGE......................... 87,60 86 564,12 ± 1,82 527

LAGARDERE.................... 38,16 38,11 249,99 ± 0,13 229,90

LAPEYRE ......................... 64 64,05 420,14 + 0,07 391

LEBON (CIE).................... 37,35 37,99 249,20 + 1,71 232

LEGRAND ....................... 233,10 233 1528,38 ± 0,04 1425

LEGRAND ADP ............... 140 137,10 899,32 ± 2,07 835

LEGRIS INDUST.............. 39,17 39,18 257 + 0,02 228

LOCINDUS...................... 122 124,70 817,98 + 2,21 790

L’OREAL .......................... 677 661 4335,88 ± 2,36 3835

LVMH MOET HEN. ......... 200 200,60 1315,85 + 0,30 1013

MARINE WENDEL .......... 184 178,40 1170,23 ± 3,04 1021

METALEUROP ................ 3,57 3,59 23,55 + 0,56 23

MICHELIN....................... 35 35,10 230,24 + 0,28 234,20

MONTUPET SA............... 32,20 32 209,91 ± 0,62 201

MOULINEX ..................... 12,45 12,38 81,21 ± 0,56 82,50

NATEXIS.......................... 59,95 58,10 381,11 ± 3,08 354

NORBERT DENTRES. ..... 30,50 30,40 199,41 ± 0,32 185,20

NORD-EST...................... 20,97 20,22 132,63 ± 3,57 176,50

NORDON (NY)................ 73,50 .... .... .... 486

NRJ # ............................... 171,30 171,50 1124,97 + 0,11 1023

OLIPAR............................ 7,84 7,79 51,10 ± 0,63 43,50

PARIBAS.......................... 86,95 84,50 554,28 ± 2,81 455,50

PATHE............................. 245,20 240 1574,30 ± 2,12 1515

PECHINEY ACT ORD ...... 30,60 29,40 192,85 ± 3,92 175,50

PERNOD-RICARD........... 57 58,15 381,44 + 2,01 358,40

PEUGEOT........................ 143 143 938,02 .... 826

PINAULT-PRINT.RE........ 171,70 171,50 1124,97 ± 0,11 990

PLASTIC OMN.(LY) ......... 82,10 81,55 534,93 ± 0,66 435

PRIMAGAZ...................... 80,80 79,30 520,17 ± 1,85 530

PROMODES.................... 668,50 660 4329,32 ± 1,27 4028

PUBLICIS #...................... 153 152,40 999,68 ± 0,39 880

REMY COINTREAU......... 16,25 16,20 106,27 ± 0,30 110

RENAULT ........................ 42,99 43 282,06 + 0,02 232,50

REXEL.............................. 82,45 83,30 546,41 + 1,03 525

RHODIA .......................... 12,80 13 85,27 + 1,56 78

RHONE POULENC A....... 46,98 46,54 305,28 ± 0,93 280,80

ROCHEFORTAISE CO ..... 106,90 106,90 701,22 .... 656

ROCHETTE (LA) .............. 2,51 2,50 16,40 ± 0,39 15,55

ROYAL CANIN................. 54 54,80 359,46 + 1,48 325

RUE IMPERIALE (L.......... 995 995,50 6530,05 + 0,05 6060

SADE (NY) ....................... 34,50 34,45 225,98 ± 0,14 224

SAGEM SA....................... 607 586 3843,91 ± 3,45 3535

SAINT-GOBAIN............... 139 133,20 873,73 ± 4,17 769

SALVEPAR (NY) ............... 78 77 505,09 ± 1,28 461

SANOFI ........................... 165 165 1082,33 .... 940

SAUPIQUET (NS) ............ 59 59 387,01 .... 372

SCHNEIDER SA............... 52,80 52,80 346,35 .... 315,60

SCOR............................... 58,50 57,80 379,14 ± 1,19 366,90

S.E.B. ............................... 69 68,05 446,38 ± 1,37 448

SEFIMEG CA.................... 65 64,50 423,09 ± 0,76 365,50

SEITA............................... 54,95 55 360,78 + 0,09 332

SELECTIBANQUE............ 11,20 11,10 72,81 ± 0,89 72

SFIM................................ 75 76,80 503,77 + 2,40 430

SGE.................................. 43,11 45,12 295,97 + 4,66 252

SIDEL............................... 74 73,50 482,13 ± 0,67 457,60

SILIC CA .......................... 151 149,50 980,66 ± 0,99 1028

SIMCO............................. 83,60 81,50 534,60 ± 2,51 519

S.I.T.A .............................. 228,70 226 1482,46 ± 1,18 1462

SKIS ROSSIGNOL............ 12,79 12,80 83,96 + 0,07 77,10

SOCIETE GENERALE....... 169 166,60 1092,82 ± 1,42 850

SOC.FONC.LYON.# ......... 135,80 131,10 859,96 ± 3,46 875

SODEXHO ALLIANCE...... 195,90 195,90 1285,02 .... 1214

SOGEPARC (FIN) ............ 75,50 75,75 496,89 + 0,33 490

SOMMER-ALLIBERT....... 24,50 23,65 155,13 ± 3,46 145

SOPHIA ........................... 36,75 36,82 241,52 + 0,19 237

SPIR COMMUNIC. # ....... 46,90 46,95 307,97 + 0,10 291,80

STRAFOR FACOM........... 61 61,50 403,41 + 0,81 365

SUEZ LYON.DES EA ........ 187 185 1213,52 ± 1,06 1131

SYNTHELABO ................. 210,20 210 1377,51 ± 0,09 1217

TECHNIP......................... 77 79,80 523,45 + 3,63 439

THOMSON-CSF.............. 33 34 223,03 + 3,03 226,20

TOTAL ............................. 91 92,50 606,76 + 1,64 565

UNIBAIL .......................... 121,80 121,80 798,96 .... 788

UNION ASSUR.FDAL ...... 109 111,20 729,42 + 2,01 715

USINOR........................... 10,40 11,30 74,12 + 8,65 59

VALEO ............................. 63 67,50 442,77 + 7,14 414

VALLOUREC.................... 29,76 32,70 214,50 + 9,87 190,40

VIA BANQUE ................... 28,50 28,75 188,59 + 0,87 180

VIVENDI .......................... 240,90 241,20 1582,17 + 0,12 1375

WORMS (EX.SOMEAL ..... 13,52 13,15 86,26 ± 2,73 82,50

ZODIAC EX.DT DIV ......... 197 195,70 1283,71 ± 0,65 1195

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

Compen-Precedent Cours Cours % Var.International f sationen ¤uros en ¤uros en francs veille (1)

AMERICAN EXPRESS...... 86 89,10 584,46 + 3,60 571

A.T.T. #............................. 69,90 70,60 463,11 + 1 415

BARRICK GOLD #............ 16,91 17,35 113,81 + 2,60 105,90

CROWN CORK ORD.#..... 26,76 .... .... .... 159,10

DE BEERS # ..................... 11,69 11,92 78,19 + 1,96 67,50

DU PONT NEMOURS..... 48,63 49,70 326,01 + 2,20 307

EASTMAN KODAK # ....... 60,50 62,50 409,97 + 3,30 416

FORD MOTOR # ............. 51,85 53,40 350,28 + 2,98 307,50

GENERAL ELECT. # ......... 88,60 89,20 585,11 + 0,67 554

GENERAL MOTORS # ..... 65,60 66,80 438,18 + 1,82 408

HITACHI # ....................... 5,35 5,67 37,19 + 5,98 34,50

I.B.M # ............................. 163,20 161,20 1057,40 ± 1,22 987

ITO YOKADO #................ 56,40 56,65 371,60 + 0,44 363,50

MATSUSHITA #............... 14,57 15,09 98,98 + 3,56 93,50

MC DONALD’S #............. 66,20 66,30 434,90 + 0,15 432

MERCK AND CO # .......... 129,80 131,30 861,27 + 1,15 804

MITSUBISHI CORP. ........ 4,77 4,84 31,75 + 1,46 32,45

MOBIL CORPORAT.#...... 73,50 76,65 502,79 + 4,28 504

MORGAN J.P. # ............... 91,90 94,60 620,54 + 2,93 574

NIPP. MEATPACKER....... 13,36 .... .... .... 85

PHILIP MORRIS # ........... 45,35 45,64 299,38 + 0,63 292,10

PROCTER GAMBLE ........ 78,40 79,45 521,16 + 1,33 483

SEGA ENTERPRISES ....... 18,73 18,95 124,30 + 1,17 120

SCHLUMBERGER #......... 41,58 43,90 287,97 + 5,57 249

VALEURS FRANCAISES

REGLEMENT MENSUEL__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________JEUDI 7 JANVIER Cours releves a 10h 15Liquidation : 22 janvier

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ; a couponde tache ; b droit de tache ; # contrat d’animation ; o = offert ;d = demande ; x offre reduite ; y demande reduite.

DERNIERE COLONNE RM (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12 ; Mardi date mercredi : montant ducoupon en euros ; Mercredi date jeudi : paiement dernier coupon ;Jeudi date vendredi : compensation ; Vendredi date samedi : nominal.

JEUDI 7 JANVIER

Cours releves a 10 h 15

Cours Cours % Var.Valeurs f en ¤uros en francs veille

ADLPARTNER # ....d 22,50 147,59 ....

AB SOFT...............d 21,40 140,37 ....

ALPHAMEDIA .......d 55,40 363,40 ....

ALPHA MOS .........d 11 72,16 ....

ALTAMIR & CI ......d 153 1003,61 ....

ALDETA ................d 5,20 34,11 ....

APPLIGENE ON ....d 3,34 21,91 ....

ASTRA ..................d 0,94 6,17 ....

ATN......................d 13,42 88,03 ....

AVENIR TELEC......d 46 301,74 ....

BARBARA BUI.......d 7,35 48,21 ....

BELVEDERE ..........d 70 459,17 ....

BIODOME #..........d 18,50 121,35 ....

BVRP ....................d 45,88 300,95 ....

CAC SYSTEMES ....d 9,02 59,17 ....

CEREP ..................d 26,50 173,83 ....

CHEMUNEX #.......d 1 6,56 ....

COIL.....................d 47 308,30 ....

CRYO INTERAC ....d 22,50 147,59 ....

CYBER PRESS .......d 45 295,18 ....

CYRANO # ............d 19,20 125,94 ....

DESK # .................d 27,30 179,08 ....

DESK BS 98 ..........d 3,25 21,32 ....

DMS # ..................d 12,20 80,03 ....

DURAND ALLIZ....d 6,10 40,01 ....

DURAN DUBOI.....d 71,60 469,67 ....

ESKER ..................d 22,90 150,21 ....

EUROFINS SCI......d 63,10 413,91 ....

EURO.CARGO S ....d 11 72,16 ....

EUROPSTAT .........d 35,50 232,86 ....

FABMASTER # ......d 24,90 163,33 ....

FI SYSTEM............d 24 157,43 ....

FLOREANE MED...d 10,85 71,17 ....

GENERIX # ...........d 59 387,01 ....

GENESYS # ...........d 11,50 75,44 ....

GENSET................d 70,20 460,48 ....

GUILLEMOT .........d 66,50 436,21 ....

GUYANOR ACTI ....d 0,36 2,36 ....

HF COMPANY.......d 73,80 484,10 ....

HIGH CO. .............d 41,15 269,93 ....

HOLOGRAM IND ..d 65 426,37 ....

IDP .......................d 2,67 17,51 ....

IDP BS 98 (2..........d 1,07 7,02 ....

IGE + XAO.............d 4 26,24 ....

ILOG .....................d 10,80 70,84 ....

IMECOM GROUP ..d 4,40 28,86 ....

INFONIE ...............d 28,99 190,16 ....

LEXIBOOK.............d 40 262,38 ....

JOLIEZ-REGOL ......d 8,79 57,66 ....

JOLIEZ-REGOL ......d 0,26 1,71 ....

LACIE GROUP .......d 15,90 104,30 ....

MEDIDEP #...........d 19,50 127,91 ....

MILLE AMIS # .......d 5,99 39,29 ....

MONDIAL PECH ...d 11,20 73,47 ....

NATUREX..............d 13,90 91,18 ....

OLITEC .................d 120 787,15 ....

OMNICOM............d 128,50 842,90 ....

OXIS INTL RG .......d 2,44 16,01 ....

PERFECT TECH.....d 19,80 129,88 ....

PHONE SYS.NE .....d 10,10 66,25 ....

PICOGIGA.............d 17 111,51 ....

PROSODIE ............d 61,50 403,41 ....

PROLOGUE SOF....d 32,10 210,56 ....

PROXIDIS..............d 1,43 9,38 ....

QUANTEL .............d 7,41 48,61 ....

R2I SANTE ............d 50,30 329,95 ....

RADOUX INTL ......d 37,50 245,98 ....

RECIF #.................d 13,25 86,91 ....

REPONSE # ...........d 18,10 118,73 ....

REGINA RUBEN....d 6,87 45,06 ....

SAVEURS DE F ......d 25,92 170,02 ....

SILICOMP # ..........d 12 78,71 ....

SERP RECYCLA .....d 124 813,39 ....

STACI....................d 22,50 147,59 ....

STELAX .................d 0,31 2,03 ....

SYNELEC #............d 46 301,74 ....

LA TETE D.L..........d 4,30 28,21 ....

THERMATECH I....d 32 209,91 ....

TITUS INTERA ......d 100 655,96 ....

TITUS INTER. .......d 100,60 659,89 ....

TRANSGENE # ......d 44,09 289,21 ....

UNION TECHNO ..d 0,46 3,02 ....

VALORUM # ..........d 3 19,68 ....

V CON TELECO .....d 6,70 43,95 ....

WESTERN TELE ....d 6,98 45,79 ....

.............................

SECOND_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________MARCHE

JEUDI 7 JANVIER

Une selection. Cours releves a 10 h 15

Cours Cours % Var.Valeurs f en ¤uros en francs veille

ADA...................... 70,20 460,48 ....

AIGLE # ................ 76 498,53 ± 1,17

ALGECO #............. 73,10 479,50 + 0,13

APRIL S.A.#( ......... 79,30 520,17 + 1,66

ARKOPHARMA #... 65 426,37 ± 2,84

ASSUR.BQ.POP .....d 99 649,40 ....

ASSYSTEM # ......... 22 144,31 ± 4,05

BELLE JARDIN ......d 59,45 389,97 ....

BENETEAU CB# .... 128,80 844,87 ± 0,38

BIOBLOCK SCT.....d 63,25 414,89 ....

BISC. GARDEI .......d 4,86 31,88 ....

BOIRON (LY)#....... 65 426,37 ± 2,98

BOISSET (LY) ........d 50,60 331,91 ....

BOIZEL CHANO....d 80,10 525,42 ....

BONDUELLE......... 21,30 139,72 ....

BOURGEOIS (L .....d 5,78 37,91 ....

BRICE ................... 48 314,86 ± 0,41

BRICORAMA # ......d 49,10 322,07 ....

BRIOCHE PASQ .... 101,80 667,76 ± 2,49

BUT S.A. ...............d 45,90 301,08 ....

SOLERI .................d 50,65 332,24 ....

CDA-CIE DES ........ 32 209,91 ....

CEGEDIM # .......... 43,50 285,34 ± 0,02

CERG-FINANCE ... 108 708,43 ....

CGBI ....................d 28 183,67 ....

CLAYEUX (LY).......d 7,39 48,48 ....

CNIM CA# ............ 36 236,14 ± 0,27

COFITEM-COFI ....d 50,35 330,27 ....

CIE FIN.ST-H .......d 59,50 390,29 ....

C.A. PARIS I.......... 146,20 959,01 + 0,96

C.A.ILLE & V......... 47,90 314,20 ± 0,20

C.A.LOIRE/H. ........d 41,40 271,57 ....

C.A.MORBIHAN....d 49,47 324,50 ....

C.A.DU NORD# .... 78 511,65 ± 1,14

C.A. OISE CC ........d 60 393,57 ....

C.A.PAS DE C .......d 85,50 560,84 ....

C.A.TOULOUSE.....d 73,20 480,16 ....

CRCAM CCI NV ....d 40 262,38 ....

CRCAM TOUR.P ...d 57,20 375,21 ....

CROMETAL ..........d 51,80 339,79 ....

DAPTA-MALLIN ... .... .... ....

GROUPE J.C.D...... 56,10 367,99 ± 3,69

DAUPHIN OTA.....d 76 498,53 ....

DECAN GPE NO... 164,90 1081,67 ....

DU PAREIL AU ..... 68 446,05 ....

EXPAND S.A ......... 45,50 298,46 ± 0,02

L ENTREPRISE ..... 69 452,61 ± 0,28

ETAM DEVELOP ... 40 262,38 + 3,49

EUROPEENNE C... 82 537,88 + 0,12

EUROP.EXTINC .... 53,90 353,56 ....

EXEL INDUSTR .... 59,45 389,97 ± 2,46

FACTOREM ..........d 133,10 873,08 ....

FACTOREM NV.....d 126,70 831,10 ....

FAIVELEY #........... 23 150,87 ± 4,12

FINATIS(EX.L........d 61 400,13 ....

FININFO ..............d 159 1042,97 ....

FLO (GROUPE)..... 42,91 281,47 ± 0,20

FOCAL (GROUP....d 46,95 307,97 ....

FRAIKIN 2# .......... 60 393,57 ± 2,04

FRANKOPARIS .....d 14,20 93,15 ....

GARONOR ACT. ...d 16,83 110,40 ....

GAUTIER FRAN.... 58,95 386,69 ....

GEL 2000 ..............d 1,99 13,05 ....

GENERALE LOC ...d 27,30 179,08 ....

GEODIS # ............. 68,50 449,33 + 1,10

G.E.P PASQUI.......d 3,20 20,99 ....

GFI INDUSTRI ..... 38,24 250,84 + 5,34

GFI INFORMAT.... 98 642,84 + 3,70

GO SPORT ...........d 64,20 421,12 ....

FINANCIERE G.....d 7,08 46,44 ....

GRAND MARNIE..d 5000 32797,85 ....

GROUPE BOURB..d 47,25 309,94 ....

GUERBET S.A .......d 18,40 120,70 ....

GUY DEGRENNE .. 41 268,94 ± 2,38

GUYOMARC H N ..d 62,80 411,94 ....

HERMES INTL ...... 73,05 479,18 ± 1,88

HYPARLO #(LY...... 95 623,16 ....

I.C.C.#...................d 29 190,23 ....

IMMOB.BATIBA.... 49,90 327,32 ± 1,18

IMS(INT.META ..... 7,70 50,51 + 0,91

INFO REALITE ...... 50,65 332,24 + 0,09

INT. COMPUTE ....d 8,52 55,89 ....

JET MULTIMED .... 112 734,67 + 2,75

LATECOERE # ....... 99 649,40 ± 1,49

L.D.C. ................... 149 977,38 ....

LECTRA SYST........ 5,80 38,05 ....

LEON BRUXELL .... 64 419,81 ± 0,15

LOUIS DREYFU..... 23,80 156,12 + 2,63

LVL MEDICAL ....... 14,20 93,15 ....

M6-METROPOLE .. 148,90 976,72 + 3,40

MEDASYS DS........ 2,27 14,89 + 0,88

MANITOU #.......... 122,10 800,92 + 0,08

MANUTAN ........... 61,30 402,10 + 1,65

MARC ORIAN .......d 109 714,99 ....

MARIONNAUD P.. 38 249,26 ± 3,30

MECATHERM # ....d 25,80 169,24 ....

MGI COUTIER ...... 44,30 290,59 ....

MICHEL THIER..... 111 728,11 + 0,72

TOUPARGEL (L .....d 11,80 77,40 ....

NAF-NAF # ........... 14,20 93,15 + 2,15

PARIS EXPO..........d 37,65 246,97 ....

PENAUILLE PO ..... 232,10 1522,48 + 0,04

PHYTO-LIERAC..... 29,10 190,88 + 0,34

POCHET ...............d 98 642,84 ....

RADIALL # ............ 72 472,29 + 4,87

RALLYE(CATHI...... 67,50 442,77 + 0,74

REYNOLDS ........... 41,16 269,99 + 0,39

RUBIS # ................ 23,50 154,15 + 0,04

SABATE SA #......... 116,30 762,88 ....

SEGUIN MOREA ... 80,75 529,69 ± 0,06

SIDERGIE ............. 122 800,27 ....

SIPAREX (LY) ........ 20,58 135 + 1,37

SOCAMEL-RESC....d 17,45 114,46 ....

SOPRA # ............... 298,10 1955,41 + 0,70

SPORT ELEC S ......d 3,61 23,68 ....

STALLERGENES.... 30,31 198,82 ± 4,98

STEF-TFE #........... 38 249,26 ± 4,71

SUPERVOX (B) ......d 2,51 16,46 ....

SYLEA ................... 44 288,62 + 4,01

TF1....................... 175,50 1151,20 + 1,15

TRIGANO .............d 27,90 183,01 ....

UBI SOFT ENT...... 142 931,46 + 0,70

NOUVEAUMARCHE

(PubliciteÂ)

Une se lection.

Cours de cloture le 6 janvier

Valeurs unitairese DateEmetteurs f ¤uros francsee cours

AGIPIAGIPI AMBITION (AXA) ........ 24,32 159,53 06/01

AGIPI ACTIONS (AXA)........... 22,72 149,03 05/01

3615 BNP

ANTIGONE TRESORIE .......... 141201,58 926221,65 06/01

NATIO COURT TERME ......... 2264,34 14853,10 06/01

NATIO COURT TERME 2 ...... 61495,27 403382,53 06/01

NATIO EPARGNE.................. 345,62 2267,12 06/01

NATIO EP. CROISSANCE ...... 619,54 4063,92 06/01

NATIO EP. PATRIMOINE ...... 26,54 174,09 06/01

NATIO EPARG. RETRAITE..... 30,92 202,82 06/01

NATIO EPARGNE TRESOR.... 1841,34 12078,40 06/01

NATIO EURO VALEURS ........ 215,81 1415,62 06/01

NATIO EURO OBLIG............. 173,68 1139,27 06/01

NATIO EURO OPPORT. ........ 192,67 1263,83 06/01

NATIO EURO PERSPECT....... 337,99 2217,07 06/01

NATIO IMMOBILIER............. 262,99 1725,10 06/01

NATIO INTER ....................... 175,47 1151,01 06/01

NATIO MONETAIRE C .......... 863,10 5661,56 06/01

NATIO MONETAIRE D.......... 794,46 5211,32 06/01

NATIO OBLIG. LT ................. 36,82 241,52 06/01

NATIO OBLIG. MT C ............ 143,39 940,58 06/01

NATIO OBLIG. MT D ............ 138,59 909,09 06/01

NATIO OPPORTUNITES ....... 34,53 226,50 06/01

NATIO PLACEMENT C.......... 12507,38 82043,03 06/01

NATIO PLACEMENT D ......... 11752,16 77089,12 06/01

NATIO REVENUS .................. 174,91 1147,33 06/01

NATIO SECURITE ................. 1756,53 11522,08 06/01

NATIO VALEURS................... 279,86 1835,76 06/01

BANQUE POPULAIREASSET MANAGEMENT

MONEDEN ........................... 14766,51 96861,96 06/01

OBLIG. TTES CATE. .............. 46,21 303,12 06/01

www.cdc-assetmanagement.com

LIVRET B. INV.D PEA............ 170,51 1118,47 05/01

NORD SUD DEVELOP. C....... 406,27 2664,96 05/01

NORD SUD DEVELOP. D ...... 363,87 2386,83 05/01

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPATRIMOINE RETRAITE C.... 49,86 327,06 06/01

PATRIMOINE RETRAITE D ... 47,20 309,61 06/01

Minitel :3616 CDC TRESOR (1,29 F/mn)

FONSICAV C ......................... 3140,77 20602,10 06/01

MUTUAL. DEPaTS SIC. C ...... 3129,23 20526,40 06/01

Sicav en ligne :08 36 68 09 00 (2,23 F/mn)

ECUR. ACT. FUT.D PEA......... 60,08 394,10 06/01

ECUR. CAPITALISATION C.... 42,02 275,63 03/01

ECUR. EXPANSION C ............ 13313,52 87330,97 03/01

ECUR. GEOVALEURS C.......... 647,96 4250,34 03/01

ECUR. INVESTIS. D PEA........ 47,83 313,74 06/01

EC. MONET.C/10 30/11/98 ...... 206,25 1352,91 03/01

EC. MONET.D/10 30/11/98...... 186,07 1220,54 03/01

ECUR. TRESORERIE C........... 50,60 331,91 03/01

ECUR. TRESORERIE D .......... 47,45 311,25 03/01

ECUR. TRIMESTRIEL D......... 327,23 2146,49 03/01

EPARCOURT-SICAV D ........... 30,32 198,89 03/01

GEOPTIM C .......................... 2204,56 14460,97 03/01

GEOPTIM D.......................... 1973,63 12946,16 03/01

HORIZON C.......................... 453,82 2976,86 06/01

PREVOYANCE ECUR. D......... 16,46 107,97 03/01

CREDIT AGRICOLE08 36 68 56 55 (2,23 F/mn)

AMPLIA ................................ 19056,82 125004,54 07/01

ATOUT AMERIQUE ............... 34,21 224,40 06/01

ATOUT ASIE.......................... 12,22 80,16 06/01

ATOUT FRANCE EUROPE ..... 177,82 1166,42 06/01

ATOUT FRANCE MONDE...... 42,94 281,67 06/01

ATOUT FUTUR C .................. 172,61 1132,25 06/01

ATOUT FUTUR D.................. 160,07 1049,99 06/01

COEXIS ................................. 324,02 2125,43 06/01

DIEZE ................................... 418,48 2745,05 06/01

ELICASH ............................... 151680,48 994958,73 07/01

EURODYN............................. 533,54 3499,79 06/01

INDICIA................................ 374,50 2456,56 05/01

INDOCAM CONVERT. C........ 2438,77 15997,28 06/01

INDOCAM CONVERT. D ....... 2232,46 14643,98 06/01

INDOCAM EUR. NOUV. ........ 1697,90 11137,49 05/01

INDOCAM HOR. EUR. C ....... 191,83 1258,32 06/01

INDOCAM HOR. EUR. D ....... 181,03 1187,48 06/01

INDOCAM MULTI OBLIG...... 148,24 972,39 06/01

INDOCAM ORIENT C............ 24,94 163,60 05/01

INDOCAM ORIENT D ........... 22,41 147 05/01

INDOCAM UNIJAPON........... 129,75 851,10 06/01

INDOCAM STR. 5-7 C ........... 324,67 2129,70 06/01

INDOCAM STR. 5-7 D ........... 232,27 1523,59 06/01

MONE.J C ............................. 1891,17 12405,26 07/01

MONE.J D ............................ 1750,39 11481,81 07/01

OBLIFUTUR C ...................... 94,58 620,40 06/01

OBLIFUTUR D...................... 87,17 571,80 06/01

ORACTION........................... 177,28 1162,88 06/01

REVENU-VERT ..................... 184,18 1208,14 06/01

SEVEA .................................. 18,20 119,38 05/01

SYNTHESIS .......................... 3284,75 21546,55 06/01

UNIVERS ACTIONS .............. 46,75 306,66 06/01

UNI ASSOCIATIONS............. 18,26 119,78 07/01

UNI-FONCIER ...................... 289,25 1897,36 06/01

UNI-REGIONS...................... 295,90 1940,98 06/01

UNIVAR C ............................ 49,02 321,55 07/01

UNIVAR D ............................ 45,96 301,48 07/01

UNIVERS-OBLIGATIONS ...... 41,66 273,27 06/01

Fonds communs de placementsINDOCAM DOLLAR 3 M....... 16535,61 108466,49 05/01

INDOCAM VAL. RESTR......... 2635,90 17290,37 29/12

OPTALIS DYNAMIQ. C ......... 18,36 120,43 05/01

OPTALIS DYNAMIQ. D......... 18,18 119,25 05/01

OPTALIS EQUILIB. C ............ 17,86 117,15 05/01

OPTALIS EQUILIB. D............ 17,40 114,14 05/01

OPTALIS EXPANSION C ....... 16,97 111,32 05/01

OPTALIS EXPANSION D ....... 16,97 111,32 05/01

OPTALIS SERENITE C........... 16,74 109,81 05/01

OPTALIS SERENITE D .......... 15,99 104,89 05/01

PACTE SOL. LOGEM............. 79,80 523,45 05/01

PACTE VERT T. MONDE....... 81,64 535,52 05/01

CIC BANQUES

FRANCIC.............................. 29,92 196,26 06/01

FRANCIC PIERRE ................. 27,57 180,85 06/01

EUROPE REGIONS ............... 39,92 261,86 06/01

CIC PARIS

ASSOCIC .............................. 174,60 1145,30 06/01

CICAMONDE........................ 27,73 181,90 06/01

CONVERTICIC...................... 76,81 503,84 06/01

ECOCIC ................................ 304,09 1994,70 06/01

MENSUELCIC....................... 1521,62 9981,17 05/01

OBLICIC MONDIAL.............. 644,01 4224,43 06/01

OBLICIC ReGIONS ............... 191,60 1256,81 05/01

RENTACIC............................ 25,42 166,74 06/01

EURCO SOLIDARITE ............ 223,77 1467,83 06/01

LION 20000 C ....................... 2714,45 17805,62 06/01

LION 20000 D....................... 2475,88 16240,71 06/01

LION-ASSOCIATIONS C........ 1805,25 11841,66 06/01

LION-ASSOCIATIONS D ....... 1710,84 11222,37 06/01

LION COURT TERME C........ 4214,05 27642,36 06/01

LION COURT TERME D ....... 3602,98 23634 06/01

LIONPLUS C ........................ 270,43 1773,90 06/01

LIONPLUS D ........................ 247,72 1624,94 06/01

LION TRESOR ...................... 410,10 2690,08 06/01

OBLILION............................. 370,02 2427,17 06/01

SICAV 5000 ........................... 152,86 1002,70 06/01

SLIVAFRANCE....................... 258,04 1692,63 06/01

SLIVAM ................................ 105,23 690,26 06/01

SLIVARENTE......................... 41,74 273,80 06/01

SLIVINTER............................ 145,44 954,02 06/01

TRILION............................... 791,37 5191,05 06/01

AVENIR ALIZES .................... 441,67 2897,17 06/01

CM OPTION DYNAM............ 27,66 181,44 06/01

CM OPTION EQUIL. ............. 49,73 326,21 06/01

CM MID. ACT. FR. ................ 25,05 164,32 06/01

CM OBLIG. COUR.T.............. 150,02 984,07 06/01

CM FRANCE ACTIONS ......... 31,50 206,63 06/01

CRED. MUT. JOUR................ 3639,24 23871,85 06/01

CM MONDE ACTIONS.......... 298,42 1957,51 06/01

CM EPARGNE OBLIG. .......... 313,52 2056,56 06/01

CM OBLIG. QUATRE............. 168,58 1105,81 06/01

Fonds communs de placementsCM OPTION MODERAT. ...... 17,66 115,84 06/01

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEASIE 2000.............................. 61,38 402,63 06/01

SAINT-HONORE CAPITAL .... 3410,60 22372,07 06/01

ST-HONORE MAR. EMER. .... 51,86 340,18 06/01

ST-HONORE PACIFIQUE ...... 72,99 478,78 06/01

ST-HONORE VIE SANTE ....... 327,85 2150,56 06/01

LEGAL & GENERAL BANK

SECURITAUX ........................ 289,73 1900,50 06/01

STRATEGIE ACTIONS ........... 195,44 1282 05/01

STRATEGIE RENDEMENT .... 328,79 2156,72 05/01

Sicav Info Poste :08 36 68 50 10 (2,23 F/mn)

AMPLITUDE AMER. C........... 21,54 141,29 06/01

AMPLITUDE AMERIQUE D... 21,48 140,90 06/01

AMPLITUDE EUROPE C........ 33,82 221,84 06/01

AMPLITUDE EUROPE D ....... 33,17 217,58 06/01

AMPLITUDE MONDE C........ 189,31 1241,79 06/01

AMPLITUDE MONDE D ....... 177,03 1161,24 06/01

AMPLITUDE PACIF. C........... 12,59 82,58 06/01

AMPLITUDE PACIFIQUE D... 12,49 81,93 06/01

ELANCIEL FRANCE D PEA.... 40,98 268,81 06/01

ELANCIEL EURO D PEA........ 105,05 689,08 06/01

EMERGENCE E.POST.D PEA. 29,29 192,13 06/01

GEOBILYS C ......................... 111,28 729,95 06/01

GEOBILYS D......................... 104,14 683,11 06/01

INTENSYS C ......................... 19,02 124,76 06/01

INTENSYS D......................... 17,50 114,79 06/01

KALEıS DYNAMISME C......... 207,65 1362,09 06/01

KALEıS EQUILIBRE C ............ 187,91 1232,61 06/01

KALEıS SERENITE C.............. 175,68 1152,39 06/01

KALEIS DYNAMISME D......... 204,74 1343,01 06/01

KALEIS EQUILIBRE D............ 184,98 1213,39 06/01

KALEIS SERENITE D ............. 172,32 1130,35 06/01

LATITUDE C ......................... 23,55 154,48 06/01

LATITUDE D......................... 20,91 137,16 06/01

OBLITYS D............................ 105,26 690,46 06/01

PLENITUDE D PEA ............... 41,22 270,39 06/01

POSTE GESTION D............... 2281,60 14966,31 06/01

POSTE PREMIERE SI............. 6464,30 42403,03 06/01

POSTE PREMIERE 1 AN ........ 38651,21 253535,32 06/01

POSTE PREMIERE 2-3........... 8334,41 54670,15 06/01

REVENUS TRIMESTR. D ....... 816,10 5353,27 06/01

THESORA C .......................... 168,74 1106,86 06/01

THESORA D.......................... 147,63 968,39 06/01

TRESORYS C......................... 42717,72 280209,87 06/01

SOLSTICE D.......................... 365,37 2396,67 06/01

SG ASSET MANAGEMENTServeur vocal :

08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)

ACTIMONETAIRE C .............. 6033,93 39579,99 06/01

ACTIMONETAIRE D.............. 4653,75 30526,60 06/01

CADENCE 1 D....................... 166,04 1089,15 06/01

CADENCE 2 D....................... 164,11 1076,49 06/01

CADENCE 3 D....................... 162,34 1064,88 06/01

CAPIMONETAIRE C .............. 64,80 425,06 06/01

CAPIMONETAIRE D.............. 57,05 374,22 06/01

SOGEOBLIG C/D ................... 104,77 687,25 06/01

INTEROBLIG C ..................... 50,87 333,69 06/01

INTERSELECTION FR. D....... 71,96 472,03 06/01

SELECT DEFENSIF C............. 179,60 1178,10 06/01

SELECT DYNAMIQUE C ........ 211,87 1389,78 06/01

SELECT EQUILIBRE 2............ 153,59 1007,48 06/01

SELECT PEA 3 ....................... 147,68 968,72 06/01

SOGEPEA EUROPE................ 69,39 455,17 06/01

S.G. FRANCE OPPORT. C...... 393,20 2579,22 06/01

S.G. FRANCE OPPORT. D...... 372,21 2441,54 06/01

SOGENFRANCE C................. 437,43 2869,35 06/01

SOGENFRANCE D................. 397,13 2605 06/01

SOGEPARGNE D................... 46,63 305,87 06/01

SOGINTER C......................... 56,12 368,12 06/01

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SICAVFCP

LEGENDEe Hors frais. ee A titre indicatif.

b Les valeurs financières étaient irrégulières à l’ou-verture de la Bourse de Paris, jeudi 7 janvier, aprèsles fortes progressions observées la veille. La bonnetenue de l’euro et les rumeurs de fusion dans cesecteur étaient compensées par certaines prises debénéfice et, si les titres BNP et Paribas étaientstables, l’action Société générale,recommandée àl’achat par les analystes, gagnait 1,47 %.b Après l’annonce d’une hausse de 16,2 % de sesventes en 1998, à 6 milliards d’euros, l’équipemen-tier automobile Valeo a gagné 5,15 %.b Renault, qui devait publier jeudi ses chiffres devente pour 1998, a vu son titre s’apprécier de1,16 %.b Après avoir annoncé un relèvement de sa partici-pation dans le capital de la firme italienne Gucci,LVMH a gagné 1 %. La firme doit annoncer ses in-tentions dans les prochains jours. En outre, LVMH,qui exporte une grande part de sa production au Ja-pon, a bénéficié du raffermissement du yen.b Le titre Bull a progressé de 3,7 % après que sonprésident, Guy de Panafieu, eut affirmé, dans Le Fi-garo, être « ouvert à des partenariats ».b Le titre Michelin a gagné 0,14 %. D’après La Tri-bune, l’entreprise française de pneumatique négo-cierait une reprise du coréen Woonsung.

LeMonde Job: WMQ0801--0023-0 WAS LMQ0801-23 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0417 Lcp: 700 CMYK

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

SCIENCES La société Apple, qui,en septembre, avait étonné lemonde de l’informatique avec lasortie de l’iMac, un ordinateur per-sonnel au design translucide, vient

de relancer sa campagne de séduc-tion auprès du grand public. b AUSALON MacWorld de San Francisco,Steve Jobs, le patron d’Apple, aannoncé l’arrivée de cinq nouveaux

modèles plus performants. b A ENCROIRE Apple, l’iMac aurait étévendu à 800 000 exemplaires en unpeu plus de quatre mois. Les prixdevraient prochainement baisser en

France de 10 à 20 % et Apple auraitconvaincu les grands éditeurs delogiciels de s’adapter à l’iMac.b PARALLÈLEMENT à cette action, lafirme de Cupertino a présenté sa

nouvelle gamme d’ordinateurs, lesG3, et la nouvelle version de sonsystème d’exploitation, Mac OS XServer, dont la version grand publicsera disponible à l’automne 1999.

Grâce au succès de l’iMac, Apple repart à l’offensiveLa firme américaine a annoncé une totale refonte de sa gamme lors du Salon MacWorld de San Francisco. Avec son nouveau système d’exploitation,

Apple se lance sur le marché des serveurs d’entreprise avec Mac OS X Server, qui sortira plusieurs mois avant son concurrent Windows 2000SELON APPLE, 800 000 iMac

ont été vendus en seulement centtrente-neuf jours en 1998. Ceschiffres confirment la bonne santéde l’étonnant ordinateur trans-parent. Dans un discours retrans-mis mardi 5 janvier sur Internetdepuis le Salon MacWorld (http://www.macworldexpo.com) qui setient à San Francisco, Steve Jobs, lepatron d’Apple, a multiplié lesannonces devant un auditoireacquis à sa cause. Il a aussi,semble-t-il, convaincu les bour-siers. A la mi-journée, l’actionApple affichait une hausse de4,55 % à Wall Street.

A en croire une étude de l’insti-tut Audits & Surveys Worldwide,près du tiers des acquéreurs del’iMac sont des nouveaux venus àla micro-informatique et 13 % sontdes transfuges du monde PC. Cesont donc 45 % des acheteurs quisont des nouveaux clients d’Apple,un chiffre en hausse par rapport àla même étude conduite en sep-tembre 1998. De plus, 65 % desacheteurs d’iMac se sont connec-tés à Internet le premier jour.

Apple entend poursuivre sonentreprise de séduction du grandpublic. Steve Jobs a présenté cinqnouveaux modèles d’iMac auxcaractéristiques techniques iden-tiques, mais de couleurs diffé-rentes. Une pierre de plus dans lejardin des fabricants de PC réputéspour leur laideur, en dépit de quel-ques tentatives d’Acer, Toshiba etSony qui n’ont pas convaincu lepublic. « Nos ordinateurs sontdésormais conçus par des designers,avance Jean-Pierre Giannetti,directeur marketing chez AppleEurope. Les ingénieurs doiventensuite se débrouiller pour quel’électronique rentre dans le volumequ’ils ont défini. »

Les nouveaux iMac reçoiventpour l’occasion une puce plusrapide et un disque dur plus « cos-taud ». Selon Jean-Pierre Gian-netti, les prix européens devraientêtre identiques dans tous les paysde la zone euro, et très proches deceux pratiqués aux Etats-Unis,« dans le but de lutter contre lesimportations sauvages ». Le prix desordinateurs d’Apple devrait doncbaisser de 10 % à 20 % dans les

prochaines semaines en France.Le succès de l’iMac semble avoir

convaincu les grands éditeurs des’intéresser à la galaxie Macintosh.Selon Apple, plus de 1 300 logicielsont été annoncés depuis le lance-ment de l’iMac. Microsoft a pré-senté le 5 janvier la nouvelle ver-sion de son navigateur InternetExplorer 4.5, et les éditeurs de jeuxsont aux rendez-vous. Ainsi, leMacintosh devrait prochainementrecevoir Quake 3, la nouvelle mou-ture de l’un des best-sellers dumonde PC, ou des logiciels commeSimCity 3000, Quest for Glory 5 ouDark Vengeance. Apple annonceégalement la disponibilité pro-chaine d’un logiciel capable defaire fonctionner les programmesconçus pour la PlayStation deSony.

ÉDITION ET IMAGEApple revoit sa gamme de fond

en comble, à l’exception des por-tables, dont le lifting « translu-cide » est prévu pour le premiersemestre 1999. La firme a présentéde nouveaux ordinateurs modu-laires, les G3, dont l’esthétiques’inspire de celle des iMac : boîtiersen plastique translucide bleu-vert,

et formes arron-dies. Les écranssubissent les mêmes trans-formations. « Nous souhaitons quenos ordinateurs se repèrent au pre-mier coup d’œil quand on entredans la pièce », a expliqué M. Gian-netti, pour justifier le nouvelaspect des ordinateurs. Les nou-veaux G3 disposent d’un astucieuxsystème d’ouverture qui permet

d’accéder en quelques secondes àl’ensemble des composants.

Apple entend renforcer sa pré-sence dans ses marchés tradition-nels de l’édition et de l’image. Tousles nouveaux ordinateurs G3 sontdésormais équipés de 64 Mo demémoire et de la technologie Fire-Wire mise au point par Apple etaujourd’hui adoptée par des indus-triels comme Sony pour leurscaméras vidéo numériques. LeFireWire permet des transfertsd’informations à 400 Mbits/s,indispensables pour l’utilisationdes appareils photonumériques, desscanners ou descaméras vidéo. Les G3

reçoiventégalement

la connecti-vité USB

(universalserial bus) déjà

adoptée dans lemonde PC et sur les iMac. Lespuces Power PC G3 fonctionnentdésormais entre 300 MHz et400 MHz, cette dernière fréquenceétant obtenue grâce à la technolo-gie cuivre annoncée par IBM il y aquelques mois. Enfin, le circuitd’affichage est renforcé par l’adop-

tion d’une puce Rage 128 fabriquéepar ATI. Par ailleurs, Apple aannoncé l’adoption de l’OpenGLde Silicon Graphics, une technolo-gie utilisée sur les stations deconception assistée par ordinateuret pour certains jeux affichant desunivers en 3D. Un signe qu’Appleentend conquérir le fructueux mar-ché des stations de travail tout ens’attirant les grâces des amateursde jeux à sensations.

Steve Jobs a également lancé laseconde phase de son entreprise

de reconquête dumarché. La firmeva commencer àlivrer la nou-velle versionde son sys-tème d’ex-ploitationbaptisée

Mac OS X Ser-ver. C’est l’aboutisse-

ment d’années d’atermoie-ments et d’efforts, après l’abandon

de Copland puisde Rhap-sody, pourdisposer

d’un sys-tème d’ex-

ploitation moderneet capable de concur-

rencer les Windows deMicrosoft et les Unix utilisés dansles serveurs d’entreprise. Mac OS XServer reprend les technologiesmises au point par NeXT, la firmefondée par Steve Jobs et rachetéedepuis par Apple. La firmecommercialisera Mac OS X Serverplusieurs mois avant la sortie deson concurrent Windows 2000. Laversion grand public de Mac OS Xne sera pas disponible avantl’automne 1999.

« Après le retour à l’équilibre,Apple va s’attacher à gagner desparts de marché tout en améliorantses marges », prévient M. Gian-netti. La firme devait ouvrir en

France, mercredi 6 janvier, sonmagasin en ligne Apple Store. « Ilne s’agit pas de concurrencer lesrevendeurs, précise M. Giannetti. Ilne faudra pas compter sur Applepour casser les prix. Les revendeurstraditionnels et les VPCistes sontindispensables. » Apple a vivementcontesté les pratiques de certainsvendeurs par correspondance auxEtats-Unis qui s’étaient aventurésà vendre les iMac plus de1 000 francs sous le prix « officiel ».

L’entreprise a changé tous sescontrats de distribution depuis ledébut de 1999 pour assainir laconcurrence entre ses différentscanaux de distribution. La firmemène également une expérienceavec France Télécom, dont unedouzaine d’agences parisiennesproposent l’acquisition d’un iMacavec abonnement à Internet, viaWanadoo. En cas de succès, l’expé-rience pourrait être étendue à centcinquante agences réparties dansles principales grandes villes.

Denis Delbecq

Arianespace s’intéresse au marché des constellations1998 a été « une bonne année,

dans un contexte difficile », a déclaréJean-Marie Luton, PDG d’Arianes-pace, qui présentait, mercredi 6 jan-vier, un bilan de l’activité de lasociété européenne et ses perspec-tives pour 1999. Au cours de l’annéeécoulée, l’événement le plus mar-quant a été la réussite, le 21 octobre1998, du lancement du troisièmeexemplaire d’une Ariane-5, qui qua-lifiait la nouvelle fusée pour le ser-vice commercial, après un demi-succès en 1997 et une explosion envol en 1996.

Mais ce vol 503 s’est ajouté auxdix lancements d’Ariane-4, plus dis-crets, mais qui ont conduit Arianes-pace à jongler avec les calendriers età faire preuve d’une « grande flexibi-lité », selon Jean-Marie Luton. Enraison de retards dans la livraisondes satellites, la campagne de tirs,après le lancement de quatreAriane-4 entre février et avril, a dûs’interrompre jusqu’en août. Leséquipes du centre guyanais ontensuite enchaîné six lancements aucours des quatre derniers mois del’année : Ariane-4 totalise désormais42 vols successifs réussis, « unrecord mondial », se féliciteM. Luton.

En 1999, Arianespace prévoit un« calendrier souple » de treize à qua-torze lancements, dont troisd’Ariane-5. Côté commandes, surles 21 contrats enregistrés de par lemonde en 1998, la société euro-péenne revendique 14 signaturesnouvelles, ce qui porte son carnetde commandes à 40 satellites, pourun montant évalué à 21,8 milliardsde francs (3,3 milliards d’euros).

La crise asiatique a sans conteste

ralenti l’activité – 31 commandesavaient été passées auprès des opé-rateurs internationaux en 1997 –,mais Jean-Marie Luton estime queles investissements dans des satel-lites de télécommunications serontinévitables dans les deux ans quiviennent. Le portefeuille d’Arianes-pace comprend une nouveauté,après la signature d’un contrat avecGlobalstar, pour le lancement, enseptembre 1999, de six satellites decette constellation par une Ariane-4.

BATAILLEL’an passé, Arianespace a bénéfi-

cié des échecs de plusieurs concur-rents – notamment les fuséesZénith et Delta III – et des tracasse-ries administratives qui ont affectéla société Sea Launch, mais labataille devrait reprendre de plusbelle.

L’objectif d’Arianespace, qui, avecson partenaire franco-russe Star-sem, dispose désormais d’unegamme complète de lanceurs(Ariane 4 et 5 et Soyouz), reste de

« consolider notre part sur le marchéde la mise sur orbite de transfert géos-tationnaire (GTO) » et de « prendrepied sur celui des constellations ».L’implantation en Guyane d’un pasde tir destiné aux fusées Soyouz estd’ailleurs « à l’étude », ainsi qu’unecoopération avec l’Inde pour le tirde microsatellites. Des discussionssont en cours au niveau européenpour la participation d’Ariane-5 à ladesserte de la future station inter-nationale, et avec le CNES pour lesfutures missions martiennes.

Cette activité tous azimuts se tra-duit par des résultats financiersmodestes. En 1998, avec un chiffred’affaires de 7 milliards de francs(1,07 milliard d’euros), les bénéficesdevraient s’établir à 70 millions defrancs (10,7 millions d’euros), contre77 millions de francs en 1997(11,7 millions d’euros). Les raisons :taux de change défavorable avec ledollar et coût du vol de qualificationsupplémentaire d’Ariane-5.

Hervé Morin

La nouvelle gamme b iMac Processeur Power PC G3 à266 MHz, mémoire vive de 32 Mo,dur 6 Go, mémoire vidéo de 6 Mo,CD-ROM 24x, modem 56K. Prix (auxEtats-Unis) : environ 1 200 dollars(1 016 euros, 6 670 francs).L’ancien iMac reste commercialisé à1 049 dollars (889 euros,5 830 francs).b Power Macintosh G3(photo ci-contre)Processeur à 300 MHz, 350 MHz et450 MHz, 64 Mo de mémoire,disque dur de 6 Go à 12 Go,mémoire vidéo de 16 Mo, CD-ROM24x ou DVD-ROM. Prix sans écranaux Etats-Unis : de 1 600 à3 000 dollars (1 356 euros,8 900 francs à 2 540 euros,16 700 francs).b EcransEcran Studio Display 17 pouces :500 dollars (423 euros, 2 780 francs).Ecran Studio Display 21 pouces :1 500 dollars (1 271 euros,8 340 francs).Ecran plat 15 pouces : 1100 dollars(932 euros, 6 100 francs).

Cure de jouvence au Muséum d’histoire naturelleLES GALERIES d’anatomie

comparée et de paléontologie duMuséum national d’histoire natu-relle sont de nouveau ouvertes aupublic, depuis le 18 décembre,après trois mois de travaux. Uneréfection nécessaire : tout étaitresté d’époque depuis l’ouvertureau public du bâtiment et des col-lections pour l’Exposition univer-selle de 1900. « Le chauffage souf-flait de la poussière, l’électricité étaitencore à 110 volts, et il pleuvait dansla galerie de paléontologie par lestrous de la verrière », explique Phi-lippe Taquet, directeur du labora-toire de paléontologie du Muséum.

Il n’a, malheureusement, pas étépossible d’effectuer une restaura-tion aussi ambitieuse que celle dela Grande Galerie en 1994. Il auraitfallu pour cela 80 millions de francs(12,2 millions d’euros). Or 8,6 mil-lions de francs (1,31 millionsd’euros) seulement ont été déblo-qués pour une première tranche detravaux par le Muséum, le minis-tère de l’éducation nationale, de larecherche et de la technologie et lamission interministérielle desgrands travaux. Les fonds ne sontpas encore débloqués, mais deuxautres tranches de travaux sontdéjà acquises. L’une prévoit laconstruction d’une réserve creuséele long du bâtiment pour stockerdeux millions de fossiles. L’autrecomplètera la rénovation del’ensemble du bâtiment, sous ladirection de l’architecte DominiqueBrard, qui a refait les salles égyp-tiennes du Musée du Louvre.

Les trois mois de travaux de lapremière tranche ont permis deréparer la verrière, de lessiver murs

et plafonds et de mettre auxnormes circuits électriques, gainesd’évacuation, issues de secours etchauffage. Si les collections desquelettes et de fossiles ont étédépoussiérées, seule une partie desvitrines a été restaurée et présentéed’une manière plus claire. PhilippeTaquet pour la paléontologie, Jean-Pierre Gasc pour l’anatomiecomparée et Michel Van-Praëtpour la muséologie se sont efforcésd’y allier tradition et modernité, enintégrant de manière discrète lestechnologies actuelles de l’infor-mation.

LE SQUELETTE ROIDans la galerie d’anatomie

comparée, au rez-de-chaussée,trône toujours le « troupeau cen-tral », constitué de milliers desquelettes de vertébrés. Autour, lesvitrines réaménagées privilégienttrois thèmes principaux : « Lesgrands groupes de vertébrés »,« L’anatomie comparée et l’alpha-bet du squelette », « Le squelettetémoin d’adaptation ». Au premierétage, la galerie de paléontologieest une véritable machine à remon-ter le temps. Ici, quatre grandsthèmes ont été retenus : « Les pro-boscidiens », « Des dinosaures auxoiseaux », « L’évolution des équi-dés » et « L’histoire des primates ».

A tous les étages, le squelette estroi. « C’est un élément essentiel dumode de locomotion et il a, de cefait, une mémoire fonctionnelle etévolutive », explique PhilippeTaquet. De surcroît, son « pland’organisation est le même » cheztous les vertébrés : les éléments dusquelette sont disposés de façon

identique les uns par rapport auxautres, ce qui permet à un spécia-liste d’identifier un os isolé. Danscette formidable unité du vivant, lesquelette est un témoin privilégiéde l’adaptation des différentesespèces de vertébrés en fonctiondu milieu où elles vivent. Histori-quement, ses caractères ont permisde reconnaître les grands groupesde vertébrés qui à la fin duXIXe siècle étaient conçus commedes « grades évolutifs » : poissons,amphibiens, reptiles, oiseaux etmammifères, et parmi ces derniersles primates et l’homme.

Les fossiles sont souvent specta-culaires. Au premier étage, du côtédes proboscidiens, groupe demammifères comprenant notam-ment les éléphants, la vitrine res-taurée montre l’évolution desdents de ces animaux et des mam-mouths. En face trônent des sque-lettes de mastodontes et de mam-mouths ainsi que le gigantesqueMammuthus meridionali, de plus de4 mètres de haut, jeune adultedatant de 1,5 à 2 millions d’annéesdécouvert dans le Gard, en France,en 1972.

Plus loin, d’autres vitrinesexpliquent comment de petitsdinosaures carnivores de l’espèceDromaesaurus ont donné naissanceà nos oiseaux actuels. Cette trans-formation paraît incroyablelorsque l’on contemple, au milieude la galerie, l’immense Diplodocuscarnegiei, de 25 mètres de long, unmoulage de l’original découvertaux Etats-Unis, offert à la Francepar le mécène Andrew Carnegie.

Christiane Galus

LeMonde Job: WMQ0801--0024-0 WAS LMQ0801-24 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0418 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S

LOTORésultats des tirages no 2 effectués mercredi6 janvier.Premier tirage : 10, 22, 28, 30, 32, 45 ; numé-ro complémentaire : 2. Pas de gagnant pour6 numéros. Rapports pour 5 numéros et lecomplémentaire : 1 148 095 F (175 014,48 ¤) ;5 numéros : 7 510 F (1 144,81 ¤) ; 4 numéros etle complémentaire : 312 F (47,56 ¤) ; 4 numé-ros : 156 F (23,78 ¤) ; 3 numéros et le complé-

mentaire : 32 F (4,88 ¤) ; 3 numéros : 16 F(2,44 ¤).Second tirage : 3, 10, 19, 28, 33, 42 ; numérocomplémentaire : 25. 6 numéros : 7 582 095 F(1 155 807,16 ¤) ; 5 numéros et le complémen-taire : 25 505 F (3 887,96 ¤) ; 5 numéros :5 360 F (817,07 ¤) ; 4 numéros et le complé-mentaire : 252 F (38,41 ¤) ; 4 numéros : 126 F(19,21 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire :26 F (3,96 ¤) ; 3 numéros : 13 F (1,98 ¤).

Vers un Mondial de footballbisannuel les années impairesLE PROJET du président de la Fédération internationale (FIFA), SeppBlatter, d’organiser une Coupe du monde tous les deux ans ne pourravoir le jour qu’après 2008, et très certainement les années impaires.Après le pacte de « non-agression » négocié avec le Comité internatio-nal olympique (CIO) lors d’une réunion organisée mercredi 6 janvier, àZurich (Suisse), il est désormais acquis qu’une Coupe du monde et desJeux olympiques d’été ne pourront pas cohabiter la même année, etencore moins le même été.« Cette idée de Coupe du monde bisannuelle n’est pas un jouet, a répétéSepp Blatter. Si à l’issue des travaux, que vont entamer les secrétaires gé-néraux des différentes associations le 15 janvier, on parvient à la conclu-sion que la compétition doit se jouer tous les deux ans, après l’horizon2008, les années impaires, nous le ferons. »

DÉPÊCHESa BASKET-BALL : l’Asvel Villeurbanne a été nettement dominé parZadar (74-56), mercredi 6 janvier, lors d’un match, en Croatie,comptant pour la 1re journée de la deuxième phase de l’Euroligue.a DOPAGE : le Tribunal arbitral du sport (TAS), réuni mercredi6 janvier à Lausanne (Suisse) pour étudier le cas du judoka françaisDjamel Bouras (Le Monde du 6 janvier) qui a fait appel de la suspen-sion que lui a infligé la Fédération internationale de Judo (FIJ) pourcontrôle positif aux anabolisants, a mis sa décision en délibéré.a FOOTBALL : Kléber Bobin (soixante-deux ans), fonctionnaire àla retraite, a été nommé, mercredi 6 janvier, président de la Sociétéanonyme à objet sportif (SAOS) du Football Club Nantes-Atlantique. Ilremplace Jean-René Toumelin, qui a démissionné le 26 novembre 1998.a Lors de la 15e journée du championnat d’Italie. la Fiorentina, vic-torieuse à domicile de la Sampdoria (1-0), a conservé son avance detrois points sur Parme, qui s’est imposé également sur le même scoreface à l’Inter Milan, mercredi 6 janvier, Le choc Milan AC-Juventus Tu-rin s’est achevé par un match nul (1-1).a RALLYE-RAID : l’Espagnol José-Maria Servia, sur son « buggy »Schlesser-Renault, a pris la tête du rallye Grenade-Dakar, mercredi6 janvier, à l’issue de la 6e étape Atar-Tidjikja (492 km), disputée sur lesroutes mauritaniennes. L’Allemande Jutta Kleinschmidt (Mitsubishi),dont la voiture s’est ensablée à deux reprises, est désormais troisième àplus de quatorze minutes du leader. Côté moto, l’Autrichien Heinz Ki-nigadner (KTM), victime d’un traumatisme dorsal, a été contraint àl’abandon. L’Espagnol Oscar Gallardo (BMW) conserve la premièreplace du classement de la catégorie.

TROIS QUESTIONS À...

ISAAC AUSTIN

1 En tant que joueur, commentavez-vous vécu ce lock-out ?

Comme tout le monde, j’ai pa-tienté en tentant d’entretenir maforme physique. La saison passée,j’étais en fin de contrat avec lesLos Angeles Clippers, après avoirété échangé en cours d’année parles Miami Heat. Du coup, j’étaissans équipe. Alors, j’ai laissé mafamille dans l’Utah et je me suisinstallé à Phoenix [dans l’Arizona],où j’avais fait mes études et où ré-sident mon agent et beaucoup demes amis. Là, j’étais sûr de trouverdes bonnes conditions de prépara-tion.

2 Avez-vous une idée de lasomme d’argent que vous

avez perdue, vous qui êtes consi-déré comme l’un des joueurs lesplus recherchés sur le marché destransferts ?

En fait, je n’ai rien perdupuisque j’étais en fin de contrat.Mais le manque à gagner a toutde même été énorme. J’étais censésigner un gros contrat au cours del’été dernier, au moins six équipesvoulaient me recruter. On parlait

de 6 ou 7 millions de dollars [de5,1 à 6 millions d’euros], en salaireannuel, pour une saison qui auraitdû débuter en novembre 1998...J’ai donc vécu sans revenus depuisle printemps 1998, date de mondernier match en NBA.

3 Les joueurs ont semblé trèssolidaires et prêts à risquer

l’annulation pure et simple de lasaison. N’avez-vous jamais ététenté de céder face aux proprié-taires d’équipes ?

Pas vraiment, non. Il n’était pasquestion pour les joueurs d’accep-ter un accord qui nous aurait faitreculer de dix années. Beaucoupont perdu d’importantes sommes,mais notre syndicat a joué ungrand rôle : il a aidé financière-ment les gars qui étaient dans lebesoin, il nous a informés réguliè-rement de l’avancement des négo-ciations et il nous a expliqué lesréalités économiques du basket-ball américain. Je viens d’une fa-mille pauvre, j’ai appris très jeuneà me battre pour exister. Alors, cen’était sûrement pas deux ou troismois sans salaire qui allaient mefaire paniquer.

Propos recueillis parAlain Mercier

En France, la presse spécialisée a souffertEn France, un secteur a aussi été durement affecté par le lock-

out de la NBA : celui des journaux spécialisés, axés pour une ma-jorité sur le seul basket-ball américain. Si Basket Hebdo se féli-cite presque de ventes en baisse de seulement « 15 % à 20 % », lasituation est jugée « catastrophique » au mensuel Mondial Bas-ket, dont les ventes en kiosque sont de « 10 000 à 15 000 numéros,contre 40 000 en moyenne début 1998 ». Au point que le titre a en-visagé de changer de périodicité, voire de s’arrêter. La publica-tion du mensuel Basket in Action (7 000 numéros) a été suspen-due. 5 majeur, autre mensuel, n’est pas reparu depuis quelquesmois, car le lock-out s’ajoutait à une situation déjà dégradée.« L’effet de mode, après la Dream Team [la sélection américaine etses vedettes NBA] des Jeux de Barcelone en 1992, qui avait porté lapresse basket en France à 250 000 exemplaires par mois, a vécu,constate-t-on à Basket Hebdo. Depuis deux ans l’engouement s’estérodé. Les annonceurs ont pris leurs distances. »

La reprise du championnat NBA soulageles acteurs économiques du basket américain

Les termes de l’accord passé avec les joueurs n’ont pas été dévoilésAprès 191 jours de grève, le syndicat des joueurset les dirigeants de la NBA ont trouvé, mercredi6 janvier, un accord qui met un terme à la pre-

mière interruption de l’histoire du championnatde basket-ball américain. Les joueurs ont notam-ment accepté le principe d’un plafond salarial.

Le championnat devrait reprendre le 2 février,au grand soulagement des acteurs économiquesdurement affectés par le lock-out.

LES « MILLIONNAIRES » dubasket-ball américain reprennent letravail. Après six mois de grève,marqués la première interruptiondu championnat de l’histoire de laNBA, la ligue américaine et lesjoueurs professionnels sont parve-nus à un accord, mercredi 6 janvierdans la matinée, après un ultimumround de négociations secrètes me-nées par David Stern, le patron dela NBA, et Billy Hunter, le repré-sentant du syndicat des joueurs.

Les joueurs devraient reprendrel’entraînement le 18 janvier, et ledébut du championnat a été fixé au2 février. La saison, déjà amputéed’un tiers, devrait être ramenée à52 matchs, au lieu de 82, avant lesplay-offs. Elle devrait s’acheveren mai, et non à la fin avril.

L’accord, obtenu moins de30 heures avant l’expiration du dé-lai fixé par David Stern, qui mena-çait d’annuler la saison 1999, a déjàété ratifié par une assemblée géné-rale des joueurs, par 179 voixcontre 5. « Tout le monde a perdu,reconnaissait Charles Barkley, lejoueur des Houton Rockets. Nousavons perdu trois mois et nous avons

rendu un mauvais service au basket,donc il n’y a ni gagnants ni per-dants ». Environ 300 matches ontété annulés, et le manque à gagnerconsécutif au lock-out de la NBA aété estimé à « plusieurs centaines demillions de dollars ».

Les propriétaires des 29 clubs (oufranchises) devaient, eux, se pro-noncer le lendemain, jeudi 7 janvierdans la soirée, et dévoiler à cetteoccasion les termes de l’accord. Lenouveau pacte, qui porte sur unedurée de 6 ans, devrait leur êtreplus favorable que l’ancien, mêmesi le revenu moyen des basketteursne devrait pas, dans un premiertemps, s’éloigner du niveau actuel,soit 2,6 millions de dollars (2,21 mil-lions d’euros). En revanche, d’icitrois ans, les joueurs ne devraientplus percevoir que 55 % del’énorme gâteau que représente lesrevenus globaux de l’entrepriseNBA (plus de 2 milliards de dollarspar an, soit 1,7 milliard d’euros). En1998, leur part s’était élevée à plusde 57 %, ce qui avait déclenché lafureur de leurs patrons, et la crise.

Le syndicat des basketteurs – lesmieux payés de tout les sportifs

américains – a également acceptéle principe d’un salaire individuelmaximum, une première dans lesport professionnel américain : unjoueur riche de 10 années d’expé-rience ne pourra pas percevoir plusde 14 millions de dollars (près de12 millions d’euros) ; les revenusdes joueurs qui ont entre 6 et 9 ansd’ancienneté seront plafonnés à11 millions de dollars (9,3 millionsd’euros) et ceux des jeunes joueurs(1 à 5 ans d’expérience) à 9 millionsde dollars (7,6 millions d’euros).

En revanche, un joueur en fin decontrat (free agent) qui resignepour le club qui l’employait peutobtenir 105 % de son ancien salaire.Michael Jordan, qui a encaissé en-

viron 33 millions de dollars(28 millions d’euros) la saison der-nière pourrait donc prétendre à unsalaire de 34,7 millions (29,5 mil-lions d’euros) s’il décide de rejoueravec les Chicago Bulls. Mais il nepourra prétendre à plus de 14 mil-lions de dollars s’il rejoint un autreclub.

Le conflit salarial n’est pas restésans conséquences économiques.Pour les joueurs, privés de salaires,mais aussi pour les industries quivivent de ce championnat. Acommencer, aux Etats-Unis, par lesgrands réseaux de télévision câblée,pour qui le basket constitue unproduit d’appel fort : du fait dulock-out, TNT est tombé du premierau deuxième rang des réseaux câ-blés pour l’audience en prime time.Et qui dit téléspectateurs en moins,dit annonceurs publicitaires qui re-portent ou annulent leurs spots.Dans le même temps, les droitspayés à la NBA pour retransmettreles matchs, eux, courent toujours :pas loin de 500 millions de dollars

(425 millions d’euros) pour l’en-semble de la saison.

Aucun des grands « networks »américains n’a jusqu’à présentchiffré précisément le manque àgagner. Chez Time Warner, on atout juste indiqué, fin 1998, que25 % environ des annonceurs ayantciblé le championnat ont annuléleurs spots. Lors de la saison pré-cédente, NBC facturait 100 000 dol-lars (85 000 euros) le spot publici-taire de 30 secondes, chiffre quimontait à 500 000 dollars(425 000 euros) pour les phases fi-nales.

Les grands équipementiers dusport, au premier rang desquels lesfabricants de chaussures et de pro-

duits textiles (maillots, shorts), ontété directement affectés par lacrise. Nike, qui a décidé en dé-cembre 1998 de ne plus payer leséquipes et les 230 joueurs portantdes produits à sa griffe, a annoncédes résultats financiers en fortebaisse au cours de son dernier tri-mestre fiscal, achevé fin no-vembre : ses bénéfices se sont ré-duits de 51 %. L’entreprise a imputéce repli pour un bonne part à demauvaises ventes de ses produitsdu fait du lock-out de la NBA.

« Sur un marché recentré sur lespratiquants, où l’on a du mal à atti-rer la clientèle des jeunes pour deschaussures de basket portées dans larue, il est clair que l’affaire de laNBA tombe mal, explique-t-on chezAdidas. Car si nous avions l’espoird’attirer à nouveau les jeunes avecdes produits véhiculant l’image debasketteurs américains, ces espoirss’amenuisent. »

Eric Collier etPhilippe Le Cœur

LeMonde Job: WMQ0801--0025-0 WAS LMQ0801-25 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0419 Lcp: 700 CMYK

A U J O U R D ’ H U I - M O D E S D E V I E LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 25

Servi sur un plateau L’offre de services à domicile répondà presque tous les besoins du consommateur.Récit d’une journée bien remplie... en chaussons

Pour commencer,un petit déjeunerfaçon grand hôtelavec groomen livrée

LES PIZZAS livrées à domicilesont devenues la plus célèbre rouede secours des soirées impromp-tues et des réfrigérateurs vides.Nul n’ignore aujourd’hui ceslivreurs-kamikazes qui voussauvent un dîner d’un coup demobylette. Chacun sait égalementqu’on peut faire livrer des fleurs oufaire porter chez soi les courses dusupermarché.

L’éventail du service à domicileest cependant bien plus large queces trois têtes d’affiche. Aux Etats-Unis, ce mode de consommationest depuis longtemps passé dansles mœurs. En France, pas encore,mais les propositions existent. Sur-tout à Paris, où les trajets parfoisinterminables, les stationnementsdifficiles et les magasins bondés leweek-end ont de quoi faire hésiterles plus courageux.

Stressés, pressés et débordés,personnes âgées et tous ceux quine peuvent se déplacer constituentla part la plus importante de laclientèle des services à domicile,qui désormais répondent àpresque tous les besoins duconsommateur. Suivre un cours degymnastique, se faire masser,manucurer, coiffer pendant qu’unspécialiste du bricolage répare, parexemple, votre tringle à rideau oumonte vos étagères, faire garderson chien ou son chat (son perro-quet...), recevoir des médicaments,donner ses vêtements au pressing,remplir son congélateur, organiserun cocktail entre amis avant deleur proposer un dîner de roi et unspectacle de saltimbanques... toutcela sans bouger de chez soi : c’estpossible. Pour se reposer des soi-rées de fête, se réfugier dans soncocon, ou tout simplement se faireplaisir, on peut imaginer une jour-née bien remplie... en chaussons.

Pour commencer, un petit-déjeuner façon Grand Hôtel. Uncoup de fil la veille, et le lendemainmatin, à l’heure précise, un groomen livrée se présente à la porte.Dans ses bras, un grand plateaud’osier garni de nombreuses vien-noiseries, fruits, confitures, lai-tages et café chaud. Le tout agré-menté de quelques fleurs coupées.La note est élevée, mais pour leprix vous conserverez le plateau etla vaisselle de porcelaine. La der-nière gorgée de café avalée, la son-nette retentit à nouveau. C’est lepressing qui, cette fois, vient cher-cher votre linge. Il vous reviendra,impeccable, quarante-huit heuresplus tard.

Il est temps de se mettre entenue. Le professeur de gymnas-tique arrive avec sa panoplie : cas-settes pour rythmer la séance,manches à balai, élastiques, hal-tères... Après deux ou trois ques-tions sur vos habitudes sportives,un « petit » échauffement suivi dequelques exercices cardiovas-culaires. Puis musculation desépaules, des trapèzes, des lom-baires, des obliques, de la taille,des fessiers, des jambes (adduc-teurs et abducteurs)... Soufflez !

Le corps est chaud. C’est lemoment d’attaquer les abdomi-naux et le stretching. En cours indi-viduel à domicile, pas de tricherie.Impossible de se dissimuler der-

rière son voisin ou de faire sem-blant. Le professeur corrige lesmauvaises positions, vérifie lamoindre articulation et vousoblige à tenir les quatre séries dehuit. C’est long, une heure... Desmouvements de relaxationmettent un terme à la séance, vouslaissant le corps détendu, l’espritlavé.

Après le bain réparateur– conseillé par le professeur –,imaginons maintenant qu’il vouspasse par la tête de changer de lite-rie. La cohue du week-end, l’idéed’avoir à tester votre future coucheen vous allongeant sur les litsexposés en magasin freinent votre

envie ? Là encore, un coup de filsuffit. Votre interlocuteur tente decerner vos exigences, interroge.« Vous dormez sur du ressort, deslattes ou de la mousse ? Quel estvotre poids, et celui de votreconjoint ? Vos tailles à l’un etl’autre ? Quelle largeur de lit dési-rez-vous ? Voulez-vous un couchermoelleux ou ferme ? Quel est votrebudget ? »

Les questions précises se suc-cèdent pour définir la literie idéale.Dès le lendemain, on viendra vouslivrer le matelas et le sommierchoisis, en vous débarrassant parla même occasion des anciens.Matelsom – qui a adapté ceconcept des Etats-Unis – offrequinze nuits gratuites à l’essai. Surce point, la société annonce peu deretours grâce à « l’entretien télé-phonique très pointu ». Elle garantitaussi les prix les plus bas, qu’elleaffirme obtenir en traitant directe-ment avec les fabricants. Si voustrouvez meilleur marché, elle rem-bourse la différence.

Voilà votre lit neuf commandésans avoir quitté l’ancien. Il nes’agit pas pour autant de s’endor-mir : l’esthéticienne arrive. Dansune pièce proche de la salle debains, elle déplie sa table longue,prépare son matériel. Pour un soindu visage, pas de différence avecun institut. Elle démaquille, nettoiela peau, masse, applique unmasque puis une crème. Vous pou-vez compléter par un maquillage,demander un soin manucure ouune épilation.

La société Beati corpus envoieaussi des coiffeurs, des masseursprofessionnels. L’essentiel de laclientèle de cette société de ser-vices est constitué par les clientsdes grands hôtels. Cependant, deplus en plus de particuliers surme-nés, d’hommes ou de femmes qui,après un massage, préfèrent resterchez eux, de personnes âgées et dehandicapés, de femmes enceintesmais aussi d’hommes qui n’osentpas franchir le seuil d’un institutfont appel à ce service, dont les

tarifs sont très corrects. Vous voilàprêt pour organiser une soiréeentre amis. Telemarket, qui four-nissait déjà, par catalogue, lescourses à domicile, organise désor-mais des cocktails à la carte ouselon des formules définies enfonction du nombre d’invités – de15 à 50 personnes – et de la duréede la réception (avec choix depetits fours salés ou sucrés, pyra-mides de saumon, pains-sur-prises...). La commande passée estlivrée quarante-huit heures plustard.

Pour le repas, vous n’avez quel’embarras du choix, de nombreuxrestaurants et traiteurs viennentaujourd’hui livrer à domicile. Enrevanche, si vous désirez vousconsacrer entièrement à vos invi-tés, Ludéric Service, une sociétédont le principale activité estd’organiser de grands événements,fournit maître d’hôtel et aidesménagères pour remettre tout enordre une fois la réception finie.

Enfin, si vous voulez vraimentanimer votre soirée et étonner vosamis, Jeux interdits vous envoie,pour 20 à 2 000 personnes, tablesde roulette, de boule, de black-jack, les accessoires (jetons, cartes,sabots, dés, rateaux...) et les crou-piers. Il ne vous reste plus qu’à dis-tribuer les plaques à vos convives– gracieusement, puisque les jeuxd’argent sont interdits – pour qu’ilspuissent miser, sans angoisse.

Vos invités repartis, vous n’avezplus qu’une chose à régler : savoirsi vous restez encore chez vousdemain ou si vous allez enfin vousdécider à sortir.

Véronique Cauhapé DES

SIN

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AM

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Une sélection de servicesFORME ET BEAUTÉb Beati Corpus : coupe-brushing(400 francs, 60,97 euros),manucure (300 F, 45,73 euros),épilation (de 350 à 500 F, de 53,35à 76,21 euros), soin du visage(370 F, 56,40 euros), maquillage(320 F, 48,78 euros), massage(650 F, 99,08 euros l’heure)...Service dans la demi-heure quisuit l’appel. Tarifs majorés après21 heures. Déplacements gratuitsà Paris et banlieue proche. Pour lagrande banlieue, majoration aukilomètre. 7 jours sur 7 et24 heures sur 24. Tél. :01-48-74-44-93 ou 01-48-74-33-16ou 01-48-74-14-84.b Malika : soin du visage (250 F,38,10 euros), manucure (170 F,25,91 euros), pédicure (180 F27,43 euros), maquillage (à partirde 200 F, 30,48 euros), massages(drainages lymphatiques,relaxation... 300 F, 45,73 eurosl’heure), maquillagesemi-permanent (eyes-liner,pourtour des lèvres... de 700 à1 000 F, 106,70 à 152,43 euros)...Prendre rendez-vous huit joursavant. Déplacements gratuits àParis et banlieue proche. Du lundiau samedi, de 8 h 30 à 20 heures.Tél. : 01-42-19-05-37 et06-81-27-87-50.b Centre Chrysalide : séances desophrologie (séances de

relaxation pour le traitement decertains symptomes et ledéveloppement personnel,préparation aux examens, àl’accouchement...), massageschinois... Compter une dizaine deséances (à raison d’une séancepar semaine, à 300 F, 45,73 euros,la demi-heure ou l’heure). A Pariset banlieue proche uniquement.Le service peut être rendu dansles 24 heures. Du lundi au jeudi(pour la sophrologie). Tél. :01-40-53-08-60.b Fit-home : cours d’entretien,de remise en forme, de stretching,d’abdos ou fessiers, de yoga...350 F, 53,35 euros l’heure.Abonnement de 10 ou 20 séancesà 300 F, 45,73 euros l’heure. Pariset toute banlieue accessible enRER. Prendre rendez-vous aumoins 24 heures avant. Du lundiau vendredi, possibilité le samedi.Tél. : 01-46-47-70-16.

PETITS DÉJEUNERS, DÉJEUNERS,COCKTAILS, DÎNERS, SOIRÉESb Groom Etoile : petit déjeunercomplet apporté par un groom enlivrée. Le plateau, la porcelaine etle bouquet de fleurs coupées segardent. 580 F, 88,41 euros pourdeux personnes. Livraisongratuite à Paris, supplément de100 F, 15,24 euros pour la prochebanlieue, de 200 F, 30,48 eurospour la grande banlieue. Réserverla veille au soir pour une livraisonle lendemain matin, à partir de7 heures. Pour un petit déjeunerle dimanche matin, appeler lesamedi avant 16 h 30. Fonctionne7 jours sur 7. Tél. : 01-40-31-09-08.b Grill-room : repas japonais(yakitori au feu de bois, poissoncru, sashimi, sushi...). A la carteou au menu. Uniquement surl’Ouest parisien. Livraisongratuite pour une commandeminimale de 100 F, 15,24 euros. Dulundi au samedi, de 11 à22 heures. Tél. : 01-46-24-42-11.b Atlas-couscous : spécialiste decuisine orientale (pas moins de8 couscous et 7 tagines...),méchoui (un agneau entier pourune trentaine de personnes,1 700 F, 259,14 euros environ,téléphoner 48 heures avant). Dumardi au dimanche. Commandede 10 heures à 14 h 30 et de19 heures à 22 h 30. Livraison troisquarts d’heure plus tard. Gratuitpour la rive gauche, le16e arrondissement, la banlieuesud et Boulogne). Supplémentpour les autres arrondissementset banlieues. Atlas-couscous livre

jusqu’à 50 kilomètres de Parispour les grosses commandes.Tél. : 01-45-41-22-22.b Télémarket : cocktails selondes formules ou à la carte. Pourun cocktail d’une heure trente etde 15 personnes : 730 F,111,28 euros (boissons noncomprises). Frais de port : 90 F,13,72 euros. On peut commandertous les jours, avant 14 heures.Livraison à Paris et en banlieue,48 heures après du lundi auvendredi de 8 à 19 heures. Lesamedi, jusqu’à 15 heures. Tél. :08-03-00-70-00 (1,49 F, 0,23 euro,la minute).b Allô-apéro : vins, bières, sodas,jus de fruit, alcools, champagne,glaçons, biscuits apéritif, gobeletsou verres... Le service ouvre à 20heures. Commande minimale :

120 F, 18,29 euros. Frais delivraison 20 F,3,04 euros ou 30 F,4,57 euros selon l’arrondissement.Du lundi au jeudi, de 20 heures à2 heures du matin. Le vendredi etle samedi, jusqu’à 4 heures ? Ledimanche, fermeture à 13 heures.Tél. : 01-53-31-14-44.b Jeux interdits : tables àroulettes, tables de boule et deblack-jack, accessoires (jetons,cartes, sabots, dés...) et croupiers.Passer commande trois semainesavant. Dessert la France entière.5 000 F, 762,19 euros la table et lecroupier professionnel pour toutela soirée. Du lundi au samedi, de9 à 20 heures. Tél. : 01-45-80-26-82ou 01-45-89-39-56.b Allo K7 : livraison cassettesvidéo à domicile, dans les40 minutes. 65 F, 9,90 euros la K7.7 jours sur 7. Tél. : 01-45-67-77-27.

S.O.S. EN TOUT GENREb Ludéric-service : maîtresd’hôtel, chauffeurs, aidesménagères... Ludéric servicedépanne en toute circonstance...promène les chiens, déménage lescaves, va chercher les enfants à lagare... ou encore, dans le cas desabots fixés aux voitures,

Ludéric-service récupère lescartes d’identité des propriétaireset effectue les démarchesnécessaires pour libérer lesvéhicules. Le concept de cettesociété : « Nous n’avonsd’imagination que la volonté desgens. » Service assuré dansl’immédiat. Pour toute demande,le « ludéricien » se paye 50 F,7,62 euros de l’heure. Paris etbanlieue (avec dédommagementde frais d’essence). 24 heures sur24, 7 jours sur 7. Tél. :01-47-59-04-04.b OK-service : réalise tous lestravaux de bricolage que l’on nesait pas faire ou que l’on n’a pasle temps d’effectuer.Abonnement : 210 F, 32,01 eurospar mois. Sans abonnement :119 F, 18,14 euros la demi-heureplus 239 F, 36,43 euros de frais dedéplacement. Paris et toute larégion d’Ile-de-France.Dépannage dans la journée. Pourconnaître l’agence la plus prochede chez soi, composez le08-01-85-55-42.b Allô-nettoyage express :assure le nettoyage à sec, lablanchisserie et le repassage,vient chercher et rapporte dansles 48 heures le linge et lesvêtements. Du lundi au vendredi,de 8 à 20 heures sansinterruption. Tél. : 01-48-83-05-05.b Matelsom : change les matelaset les sommiers en fonction desbesoins et des budgets. Apporteles nouveaux et débarrassent leou les anciens. Quinze nuitsd’essai gratuites. Livraisongratuite. 7 jours sur 7, de 9 à21 heures. Livraison en 24 heures.Tél. : 08-00-00-30-30 (appelgratuit).b Pharma presto : un coursiervient chercher les ordonnances etles rapporte aussitôt avec lesmédicaments. La course estfacturée 120F, 18,29 euros (180 F,27,43 euros après 18 heures).7 jours sur 7, 24 heures sur 24.Tél. : 01-42-42-42-50.

LeMonde Job: WMQ0801--0026-0 WAS LMQ0801-26 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0420 Lcp: 700 CMYK

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Athènes

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Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brumebrouillard

Brèveséclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropoleAJACCIOBIARRITZBORDEAUXBOURGESBRESTCAENCHERBOURGCLERMONT-F.DIJONGRENOBLELILLELIMOGESLYONMARSEILLE

NANCYNANTESNICEPARISPAUPERPIGNANRENNESST-ETIENNESTRASBOURGTOULOUSETOURSFRANCE outre-merCAYENNEFORT-DE-FR.NOUMEA

PAPEETEPOINTE-A-PIT.ST-DENIS-RÉ.EUROPEAMSTERDAMATHENESBARCELONEBELFASTBELGRADEBERLINBERNEBRUXELLESBUCARESTBUDAPESTCOPENHAGUEDUBLINFRANCFORTGENEVEHELSINKIISTANBUL

KIEVLISBONNELIVERPOOLLONDRESLUXEMBOURGMADRIDMILANMOSCOUMUNICHNAPLESOSLOPALMA DE M.PRAGUEROMESEVILLESOFIAST-PETERSB.STOCKHOLMTENERIFEVARSOVIE

VENISEVIENNEAMÉRIQUESBRASILIABUENOS AIR.CARACASCHICAGOLIMALOS ANGELESMEXICOMONTREALNEW YORKSAN FRANCIS.SANTIAGO/CHITORONTOWASHINGTON AFRIQUEALGERDAKARKINSHASA

LE CAIREMARRAKECHNAIROBIPRETORIARABATTUNISASIE-OCÉANIEBANGKOKBOMBAYDJAKARTADUBAIHANOIHONGKONGJERUSALEMNEW DEHLIPEKINSEOULSINGAPOURSYDNEYTOKYO

08 JANVIER 1999

6/16 N 10/14 P 9/13 N 5/10 P 7/9 P 6/8 P 6/8 P

5/12 P 6/9 P 1/8 N 6/8 P 4/9 P

5/12 P 3/13 S

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7/16 S 6/9 N 4/12 P 6/18 S 6/9 P

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24/27 P 24/28 N 25/29 C

8/16 S 9/16 S 5/8 P

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1/5 P -3/4 C 2/5 P 1/4 C 5/8 P -3/5 N -1/3 C -3/0 C 1/5 P 3/6 P 3/9 C

-11/-7 N 8/10 S

2/6 C 4/12 N 1/6 P

3/8 S 3/9 S

-3/2 10/17 N

-9/1 1/5 P 8/14 S -10/-8 S 6/16 N 2/4 P 7/14 S

10/19 N -1/4 N

-12/-7 -7/-5 N

11/13 C -2/3 N

-14/-11 C 23/30 N 17/29 N 19/26 C

2/5 C 2/6 C

19/23 N 9/17 S 6/21 S

-17/-9 N -9/5 P 6/11 S

12/29 S -14/-8

-8/8 P

6/20 S 19/22 S 23/30 C

12/17 S 7/20 N

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11/17 S 10/23 N

22/30 N 14/29 S 25/29 P 16/26 N 12/20 S 11/17 S 10/16 N 7/16 S -11/-5 S -13/-5 N 24/28 P 23/29 S 2/6 N

08 JANVIER 1999 08 JANVIER 1999

------------------------------------------------------------- VENDREDI, le flux de sud-ouest

des derniers jours bascule au nord-ouest. Une perturbation, amenantpluies et vents, descendra du Nord-Ouest vers le Sud-Est en perdantde l’activité. Les températuresperdent 3 à 4 degrés, atteignant 8 à15 du nord au sud.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. – Les pluies locale-ment soutenues de la matinée se-ront rapidement suivies d’averses,avec du vent d’ouest et de rareséclaircies. On ne dépassera pas les10 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Après une matinée plu-vieuse et ventée, on bénéficied’une accalmie avant le retour desaverses par l’ouest. Les Ardennes etl’est de l’Ile-de-France et du Centredevraient conserver de belleséclaircies l’après-midi. Il ne fera pasplus de 7 à 10 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. –Cette journée sera marquée par lepassage de pluies parfois soute-

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

26 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 A U J O U R D ’ H U I

0123 est édité par la SA Le Monde. La reproduction de tout article est interdite sans l’accordde l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437.

ISSN 0395-2037

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94852 Ivry cedexPrésident-directeur général : Dominique AlduyVice-président : Gérard MoraxDirecteur général : Stéphane Corre

21bis, rue Claude-Bernard - BP 21875226 PARIS CEDEX 05

Tél : 01.42.17.39.00 - Fax : 01.42.17.39.26

P U B L I C I T É

PROBLÈME No 99007

HORIZONTALEMENT

I. Elimine les parasites. – II. Luiheureusement ne tue pas. Colportela rumeur. – III. Préposition.Homme d’église et homme delettres. – IV. Article. Lire à moitié.Accroche dans les deux sens. – V.Bulletin de vote. Prises à l’ennemi.– VI. Bien fatiguée. Poussée un peuloin. – VII. Voyelles. Prit des forcesavant d’aller au lit. Ecorce broyée.– VIII. Spirituel. Aplomb à remettredans le bon sens. – IX. Beurre, fro-

mage et yogourts. – X. Coule enIrlande. Touchée en plein cœur. –XI. Ne sont jamais à bout d’argu-ments dans leurs propos.

VERTICALEMENT

1. Manquer d’aisance dans lepropos. – 2. Son droit frappe lessuivants. Beau parleur. – 3. Petitegalette. Petite patronne. Quand iln’y a plus rien à faire. – 4. Coupd’envoi. A éviter dans le texte. – 5.Nettoya les noix. Garde les bandes.

– 6. A vu couler beaucoup d’eaudepuis le passage de César. Bois-son anglaise. – 7. Prend l’eau departout. Feutré. – 8. Gardent poureux. Relevée. – 9. En tête. En têtedes stations. Grecque. – 10. Poètede la chambre noire. Cité antique.– 11. Comme des plates-bandes auprintemps.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 99006

HORIZONTALEMENTI. Vulgum pecus. – II. Ereinte-

ment. – III. Signe. Tir. – IV. Pau.Sophora. – V. Agés. Geai. – VI.Sériait. Néo. – VII. Avenu. Eon. –VIII. Epia. Oins. – IX. Nie. Té. Bi. – X.Nanisme. Pan. – XI. En-tête. Miss.

VERTICALEMENT1. Vespasienne. – 2. Uriage. Pian. –

3. Légueraient. – 4. Gin. Siva. Ie. – 5.Unes. Ae. Est. – 6. Mt. Ogino. Me. –7. Perpétuité. – 8. Em. Ha. Né. – 9.Cétoines. Pi. – 10. Unir. EO. Bas. – 11.Strapontins.

L’ART EN QUESTION No 99 En collaboration avecMOTS CROISÉS

Un pharaon réformateurPOUR Aménophis IV, Aton, le dieu du Soleil, le

disque solaire rayonnant, est la source de toutevie et le dieu unique. Le pharaon et sa famille ensont les premiers adorateurs, et il lui rend hom-mage dès les premières années de son règne, àKarnak même, en faisant construire une immensecour à ciel ouvert.

Pour lui, il change de nom et se fait appeler Ak-hénaton, « celui qui est utile à Aton », il transporteThèbes, la capitale, sur un site vierge – au-jourd’hui Armana – et fait même proscrire leculte des dieux traditionnels, dont celui du tout-puissant Amon. Il impose de nouvelles conven-tions dans la représentation de l’image royale :yeux en amande, visage étiré en hauteur, bouchecharnue, menton proéminent, et ose se faire re-présenter avec la reine Néfertiti et leurs filles. Cefragment de buste fut offert à la France par legouvernement égyptien en 1972, en remercie-ment de son aide. De quelle aide s’agit-il :

b Des fouilles du Serapeum de Memphis ?b Du sauvetage des temples de Nubie ?b Du sauvetage de la momie de Ramsès II ?

Réponse dans Le Monde du 15 janvier.

Solution du jeu no 98 paru dans Le Monde du 1er janvier.Picasso a peint en 1907 Les Demoiselles d’Avignon, qui ont rompu avec lafiguration traditionnelle, ouvrant les portes au mouvement cubiste.

« Fragment d’un buste d’Aménophis IV »,Karnak-Est,

Nouvel Empire, vers 1353-1337 av. J.-C.Grès,

hauteur 137 cm, Paris, Musée du Louvre.

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CalendrierANTIQUITÉS ET BROCANTESb Paris, rond-point desChamps-Elysées, Salon desantiquaires, du vendredi 8 au lundi18 janvier, de 11 heures à 20 heures,nocturne le jeudi 14 janvier jusqu’à22 heures, 40 exposants, entrée50 francs (7,62 euros).b Saint-Gély-du-Fesc (Hérault),Salon des antiquaires, salleGeorge-Brassens, du vendredi 8 au lundi 11 janvier, de 10 heures à 19 heures, nocturne le vendredijusqu’à 21 heures, 50 exposants,entrée 20 francs (3,04 euros).b Donzère (Drôme), Antiquitésbrocantes, salle polyvalente,

samedi 9 et dimanche 10 janvier,de 9 h 30 à 18 heures,20 exposants, entrée 10 francs (1,52 euros).b Vienne-Sainte-Colombe(Rhône), Salon des antiquaires, laVerlière des Cordeliers, du samedi9 au dimanche 10 janvier, de9 heures à 20 heures, 40 exposants,entrée 30 francs (4,57 euros).b Charenton (Val-de-Marne),Salon des antiquaires, espaceMédicis, samedi 9 et dimanche10 janvier, de 9 h 30 à 18 heures,50 exposants, entrée 15 francs (2,28 euros).b Saint-Léger-en-Yvelines(Yvelines), Antiquités brocantes,salle des fêtes, samedi 9 et

dimanche 10 janvier, de 9 h 30 à18 h 30, 20 exposants, entrée20 francs (3,04 euros).

COLLECTIONSb Dijon (Côte-d’Or), Salon desminéraux et fossiles, parc desexpositions, salle Chambertain,samedi 9 et dimanche 10 janvier,de 10 heures à 19 heures,30 exposants, entrée 25 francs(3,81 euros).b Barjac (Gard), Salon de la cartepostale et du vieux papier, châteaude Barjac, samedi 9 et dimanche10 janvier, de 9 heures à 18 h 30,30 exposants. Entrée libre.b Evian-les-Bains (Haute-Savoie),Festival du disque et de la bande

dessinée, palais des congrès,samedi 9 et dimanche 10 janvier,de 10 heures à 19 heures,50 exposants, entrée 20 francs(3,04 euros).b Paris, Marché international dudisque de collection, espaceChamperret, samedi 9 et dimanche10 janvier, de 10 heures à 19 heures,120 exposants, entrée 30 francs(4,57 euros).b Limoges (Vienne), Salon descollections parfumées, pavillon desVerduriers, samedi 9 et dimanche10 janvier, le samedi de 14 heures à19 heures, le dimanche de10 heures à 19 heures,15 exposants, entrée 20 francs (3,04 euros).

VENTES

Des châles en cachemire français et indiens dispersés à DrouotÀ LA FIN du XVIIe siècle, les pre-

miers voyageurs européens en Indedécouvrent avec émerveillement ladouceur et la finesse du cachemire.Un siècle après, les Anglaises suc-combent à son charme grâce auximportations, suivies par les Fran-çaises au début du XIXe. Joséphine,frileuse comme beaucoup decréoles, apprécie tout de suite lachaleur de ces châles légers et lancecette mode, qui déferle sur laFrance pendant un siècle.

En 1806, le blocus continental im-posé par Napoléon interdit l’im-portation de marchandises trans-portées par les navires anglais, dontles châles. Cette mesure favorise laproduction des filatures françaises,qui vont désormais imiter les fa-meuses étoffes orientales, d’abordavec de la laine, de la soie et du co-ton, puis avec du cachemire impor-té après la chute de l’Empire.

Vers 1818, les châles commencentà être tissés sur des métiers Jac-quard, sur lesquels on peut réaliserdes dessins beaucoup plus grands.Les bordures et les fonds n’ont plusbesoin d’être tissés séparémentpuis cousus, ce qui développe en-core la production. Peu à peu, lesaccessoires deviennent à la portée

de femmes de plus en plus nom-breuses. A l’époque, leur prix dé-pend surtout du nombre de cou-leurs utilisées : moins de sept pourles plus modestes, sept pour lamarchandise courante, de huit àquinze pour les plus riches. Le dé-cor habituel consiste en un dessincentral entouré d’une profusion depalmettes, rinceaux, fleurettes, etc.La disposition des motifs évolueavec les années, et la réserve rétré-

cit de plus en plus au cours duXIXe siècle.

Un ensemble de châles en cache-mire français et indiens de diffé-rentes périodes seront vendus àDrouot mardi 19 janvier. Leur va-leur augmente selon l’origine, l’an-cienneté et la rareté de certainsdessins.

Les modèles indiens, entièrementréalisés à la main et qui nécessi-taient environ trois ans de travail,

se révèlent d’une qualité supérieureà la production européenne, doncplus chers.

LE « QUATRE SAISONS »Dans la vente, les trois plus belles

pièces, estimées entre 10 000 et15 000 francs (de 1 798 à 2 286 eu-ros), datent des années 1850-1855.Elles portent le décor dit des« quatre saisons », une inventioningénieuse du fabricant français : la

réserve centrale est divisée enzones de couleurs, qui permet-taient aux élégantes d’assortir unseul châle à des tenues de couleursdifférentes, en le pliant et le dra-pant d’une manière étudiée. De-vant le succès commercial de cetteinvention, les Indiens imitent à leurtour le décor « quatre saisons »,que l’on retrouve sur un châle in-dien réalisé vers 1870-1880 (de 8 000à 10 000 francs, de 1 438 à 1 798 eu-

ros, état de conservation impar-fait).

Les modèles des années 1820-1830 sont considérés comme assezanciens. De cette période, un châlelong à fond blanc entouré de pal-mettes inclinées est annoncé entre4 000 et 6 000 francs (de 719 à1 079 euros). Un autre, exécuté vers1840-1845, déploie des bandes depalmes autour d’une réserve rougeornée de palmes fleuries (de 3 000 à5 000 francs, de 539 à 899 euros).L’un d’entre eux, daté vers 1860,offre un décor double-face (de2 000 à 3 000 francs, de 359 à539 euros). Les châles plus cou-rants, fabriqués vers 1870 et après,se négocient entre 1 000 à1 500 francs (de 179 à 269 euros).

Catherine Bedel

. Drouot-Richelieu, mardi 19 jan-vier ; exposition la veille, de11 heures à 18 heures, et le matinde la vente, de 11 heures à12 heures. Etude Dumousset-Deburaux, 105, rue de la Pompe,75116 Paris, tél. : 01-47-04-84-03.Expert : Aymeric de Villelume,17, rue Pétrarque, 75116 Paris,tél. : 01-56-28-04-12.

LE CARNETDU VOYAGEUR

a FRANCE. Jusqu’au mercredi13 janvier, Air France propose desvols à moins de 590 F A/R (90 ¤) enFrance métropolitaine, à moins de984 F (150 ¤) en Europe, soit unecentaine de destinations à prix ré-duits : Paris-Toulouse, 490 (74,70 ¤),Paris-Londres, 721,48 F (109,99 ¤), Pa-ris-Rome, 982,51 F (149,78 ¤). Une se-maine pour acheter, deux mois pouren profiter, l’offre concernant desvoyages à effectuer entre le 16 jan-vier et le 15 mars. Renseignementsdans les agences et au 0802-802-802.a AUSTRALIE. La compagnie Qan-tas propose, pour l’achat de billetA/R vers l’Australie dont la date dedépart sera située entre le 7 janvieret le 31 mars, deux vols intérieursgratuits. Parmi la vingtaine de desti-nations : Adélaïde, Darwin, Mel-bourne, Sydney et Perth. Vols A/R àpartir de 6 800 F (1036 ¤) au départde Paris, 7 400 F (1128 ¤) au départde province, hors taxes. Réservationsau 0803-846-846.

Situation le 7 janvier à 0 heure TU Prévisions pour le 9 janvier à 0 heure TU

Temps automnal avant l’hivernues, avec un peu de vent, et le re-tour de la neige des Vosges au Jura.Il fera au mieux 7 à 11 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Une dégradationse fait rapidement par le nord. Despassages pluvieux, accompagnésd’un vent d’ouest, sont à craindre.Quelques éclaircies se dessinerontcependant de l’Aquitaine au Poi-tou-Charentes dans l’après-midi. Ilfera de 11 à 15 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Du Limousin à l’Au-vergne,les quelques pluies du ma-tin se généralisent à la mi-journéeavant de se raréfier. En Rhône-Alpes, le temps se dégrade dans lajournée avec de petites pluies. Onperd 2 à 3 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse.–Après une matinée ensoleillée, leciel se voile dans la journée. Levent, de dominante ouest, se lève.Il atteindra en soirée 80 à 90 km/hentre la Corse et le continent ainsique sur le golfe du Lion. Les tem-pératures restent agréables.

LeMonde Job: WMQ0801--0027-0 WAS LMQ0801-27 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:47 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0421 Lcp: 700 CMYK

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C U LT U R ELE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

Michel Petrucciani en 1998.

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« Il se cassait les doigts sur le piano »Producteur et fondateur de la compagnie phonographique Owl

Records, Jean-Jacques Pussiau, se souvient des débuts de Petruccia-ni : « C’est Aldo Romano, en 1981, qui nous a présentés. Il est venu unjour avec Michel Petrucciani dans ses bras. Ce fut le début d’une amitiétrès forte. A mon tour, je l’ai porté dans mes bras, contre ma poitrine,comme on porte un enfant. J’entendais battre son cœur. C’est une rela-tion unique. Après notre premier disque avec Aldo Romano et Jean-François Jenny-Clarke, on se faisait jeter par les radios, la télévision, lessalles de concerts parce qu’ils ne voulaient pas d’un handicapé. Avec lesuccès, ce sont les mêmes qui nous ont appelés. Avec l’âge, il a commencéà accepter son état, sa maladie, sa douleur, à en parler... Il se cassait lesdoigts sur le piano. Avec lui, le moindre moment du quotidien swin-guait, grâce à sa force de caractère, son énergie, tous les projets qu’ilvoulait voir réaliser. »

Discographieb Chez Owl Records. MichelPetrucciani Trio (1981) ; Date WithTime, solo (1981) ; Toot Sweet, duoavec Lee Konitz (1982) ; Oracle’sDestiny, solo (1983) ; Note’n’Notes,solo (1984) ; Cold Blues, duo avecRon McClure (1985).b Chez Blue Note. Pianism(1986) ; Power of Three, avec JimHall et Wayne Shorter (1987) ;Michel Plays Petrucciani (1988) ;Music (1989) ; Playground (1991) ;Promenade With Duke, solo(1993) ; Live (1994).

b Chez Dreyfuss Jazz. Marvelous,avec un quatuor à cordes (1993) ;Conférence de presse, duo avecEddy Louiss, vol. 1 (1994) et vol. 2(1995) ; Théâtre desChamps-Elysées, solo (1995) ;Flamingo, quartette avec StéphaneGrappelli (1996) ; Both Worlds(1997) ; Solo Live (1998).b Autres. Flash (Bingow Records,1980) ; Live in Montreux 1982, avecle Charles Lloyd Quartet(Elektra/Musicians 1983) ; 100Hearts (Columbia 1983) ; Live atVillage Vanguard (Columbia,1985).

Le musicien de jazz français le plus connu avec GrappelliMICHEL PETRUCCIANI venait

de fêter ses trente-six ans. La crised’asthme dont il avait souffertquelques jours avant sa morts’était transformée en infectionpulmonaire. Né le 28 décembre1962 à Orange (Vaucluse), MichelPetrucciani a vécu dans une famillede musiciens (son père Antoine estguitariste, ses frères Philippe etLouis respectivement guitariste etcontrebassiste). Atteint d’une os-téogenèse imparfaite – la maladiede cristal –, une maladie génétiquequi freine la croissance et fragiliseles os, Michel Petrucciani est mis,par son père qui avait perçu sondon de musicien, face au piano dèsl’âge de quatre ans.

Il fait ses débuts dans sa région.à la fin des années 70. Le batteurAldo Romano, un des premiers àl’entendre, sera à l’origine d’unerencontre décisive entre le jeunepianiste et le producteur Jean-Jacques Pussiau qui accompagnerases débuts. Petrucciani connaîtalors ses premiers succès. Il veut,très tôt, conquérir les Etats-Unisqu’il considère comme la terre dujazz. En 1982, il arrive en Californieoù il rencontre le saxophonisteCharles Lloyd qu’il va convaincre

de revenir à la scène. Durant cinqannées, Michel Petrucciani parti-cipe à la formation du saxopho-niste tout en menant une carrièreparallèle en France. C’est avecJean-Jacques Pussiau qu’il enre-gistre son premier disque en solo,un genre qui a sa préférence.

Il s’installe aux Etats-Unis aprèsla signature, en 1985, d’un contratde sept disques avec la compagniephonographique Blue Note. Il estle premier artiste européen du la-bel qui vient alors d’être relancé.L’expérience américaine sera pour

Michel Petrucciani l’occasion demultiplier les formules orches-trales au-delà du trio piano-basse-batterie dont les fondations ontété posées par Bill Evans puisKeith Jarrett (le romantisme), deuxdes influences de Petrucciani, avecArt Tatum (le swing) et surtoutDuke Ellington (la profusion desidées). Il joue alors avec le gratindes musiciens de studio et quel-ques-unes des stars du jazz améri-cain dont il devient l’égal aux yeuxdu public.

En 1993, Michel Petrucciani re-

vient s’installer en France tout engardant des attaches avec la villede New York. Il entame alors unecollaboration avec le producteurFrancis Dreyfuss. Déjà très popu-laire (il est le musicien de jazzfrançais le plus connu après Sté-phane Grappelli), Michel Petruc-ciani, qui régulièrement indiquaitqu’il avait envie de se ménager,multiplie les tournées. Il est pro-grammé dans la quasi-totalité des200 festivals français, présent surle circuit des scènes nationales,sollicité pour jouer dans des sallesprestigieuses comme le Théâtredes Champs-Elysées où il enregis-trera l’intégralité d’un concert solomémorable. Son dernier concertremonte au 19 décembre 1998,au Vatican, en présence de JeanPaul II.

Depuis le printemps 1998, il s’ac-tivait pour faire avancer son projetd’une école internationale de jazzpour transmettre les savoirs dujazz qu’il estimait être « en train demourir ». Son projet avait récem-ment reçu l’agrément de fondationd’utilité publique par la Fondationde France.

Sylvain Siclier

JAZZ Le pianiste et compositeurMichel Petrucciani est mort dans lanuit du mardi 5 au mercredi 6 jan-vier à New York des suites d’une in-fection pulmonaire. Agé de trente-

six ans, il était l’un des musiciens dejazz français les plus connus dans lemonde entier. En dépit d’une mala-die génétique qui avait bloqué sacroissance et fragilisé ses os, ce

jeune prodige avait commencé sacarrière dans les années 70 enFrance, avant de se faire connaîtreaux Etats-Unis. b EN 1985, il s’y étaitinstallé, après la signature d’un

contrat de sept disques avec lacompagnie phonographique BlueNote. Il fut le premier artiste euro-péen de cette maison qui venaitalors d’être relancée. b DE RETOUR

en France en 1993, il était sur toutesles scènes, dans tous les festivals.Depuis le printemps 1998, il s’acti-vait pour faire avancer son projetd’une école internationale de jazz.

Michel Petrucciani, un jeune homme presséLe pianiste et compositeur de jazz est mort, dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 janvier à l’hôpital Beth Israel de New York,

d’une infection pulmonaire foudroyante. Il était âgé de trente-six ansAU DÉBUT, il y a sa nature, tru-

culente et pressée. Un corps quigigote en permanence, la têtechercheuse, le rire d’un éclat ras-surant. La voix d’immédiate après-mue et l’accent de Toulon : « Jesuis très rapide. Je veux aller viteparce que c’est ainsi. J’ai déjà faitdans ma vie beaucoup d’expé-riences, comme si j’avais vécu plu-sieurs fois. La rapidité, ce n’est ni unchoix ni une envie : c’est ma vie quiva vite. A neuf ans, j’ai commencéune carrière professionnelle. J’aiconnu des tas de trucs, des tas dedéboires. En trois ans, on peut ac-cumuler quinze vies. Ça dépend desnatures... »

Il y a ce corps qui n’a jamais lais-sé tranquille, ce corps qui rappelleà tout instant la vie, cette façond’être différent, sa maladie, le malde Lobstein, l’« ostéogenèse ina-chevée », dont on a parlé commeon a pu, en se débrouillant, les unset les autres ; de toute façon, ilétait d’assez loin celui de tous quien parlait le mieux. Qui en riait lemieux. Ah oui ! Ça revient. Il enriait. Il riait de tout. D’un rire so-nore. Il adorait rire, parler, boire,manger, baiser, il aimait la nuit, lavie, jouer aux échecs – et la mu-sique.

Il aimait les histoires drôles. Il enracontait des saumâtres, des his-toires d’animaux pas clairs, decorps tordus, de chameaux contre-faits, de chiens sans pattes (« Hé !comment tu l’appelles ton chien ? –Il a pas de nom, mon chien. – C’estpas possible un chien qui a pas denom. – De toute façon, ça sert à riende l’appeler, il peut pas venir, il apas de pattes »). Là, il fallait ducœur. Il faisait pleurer de rire unetablée, aux petites heures, en ra-contant comment des soubrettesde palaces qu’il avait appelées autéléphone, le découvrant derrièrela porte, balançaient leur plateaudu petit déjeuner en criant« ouh ! ». « Tu vois, disait-il à Di-dier Lockwood, c’est comme si ellesm’avaient pris pour un monstre,con... » Toujours avec l’accent desPetrucciani de Toulon.

En fait, il contrôlait ses effetscomme les harmonies. Sa maladielui a donné la musique. Il ne l’a paslâchée. Son corps tenait à peinedebout. Mais avec quelle assise surterre, quelle présence devant unclavier, messeigneurs, quelleforce ! Il se brisait les os à toutbout de champ. Au début, c’était àchaque concert ; puis le calciums’est fixé, il tenait mieux, ce furentalors les tendons, les coudes, unpeu tout, n’importe quoi. Il n’a ja-mais cessé de souffrir. Cruellementmais toujours en riant. Un coup, ildisait, « on ne s’habitue jamais à la

douleur. C’est marche ou crève... »Puis, comme repérant une grimacede pitié : « Si j’avais su jouer auballon avec les copains, j’aurais per-du du temps. »

Parce que le temps, la vitesse,l’énergie, le calcium, la jouissance,tout passait dans le trou noir de lamusique. Quand il parlait du jeu, ilparlait des poignets, des épaules,du bas des reins. Et des organesqui gonflaient dans son squelettearrêté. On le portait en scène, les

batteurs surtout. C’est Aldo Ro-mano qui popularisa le geste, quil’avait rendu simplement possible.Depuis quelques années, BernardBenguigui s’en chargeait. C’étaittoujours un geste doux, fraternel.Nombre de musiciens, pas mal dechanteurs normaux, d’ailleurs,moins en jazz que dans les autresmusiques, donnent cet infimetrouble que l’on chasse commeune mouche. Petrucciani, jamais.Pas une seconde ! Ses chapeaux (il

aura pas mal travaillé du chapeau),son gros torse qui mangeait le cla-vier, les lèvres pincées, sa tête je-tée en arrière et les guiboles quibrinquebalent dans le vide ou pé-dalent sur les échasses spécialesdu Steinway modèle D, tout son-nait juste.

Peu de musiciens européens au-ront eu son carnet de bal. On neparle pas du palmarès, des bre-loques, non : mais de ce qui nement pas en jazz, les rencontres.

En jazz, personne à pouvoir impo-ser la moindre rencontre à per-sonne. Eût-il mesuré trente centi-mètres de moins, cela n’aurait rienchangé. Les anciens, les modernes,les glorieux, les discrets, il a jouéde tous. Séducteur, irrésistible –par la musique seule. C’est avecLubat et l’orchestre d’Alain Brunetque Clark Terry l’entend, le veut,lors d’un modeste festival, àCliousclat, dans la Drôme, en 1978.C’est avec Mike Zwerin, Jaume,Lubat et son frère bassiste, LouisPetrucciani, qu’il joue à LaGrande-Motte en 1980. A côté deMichel Petrucciani, il y a les autresPetrucciani : le père, Antoine, gui-tariste scrupuleux, qui se lève à4 heures pour relever les solos deWes Montgomery et court milleboulots pour faire vivre. Commeon fait. Les frères, le bassiste, leguitariste. Puis, Aldo Romano etJean-François Jenny-Clark pourune rythmique de rêve : Keith Jar-rett commença avec eux. Pourquoifile-t-il en Amérique, à Big Sur, Ca-lifornie ? Parce qu’il est gonflé, ilva vite, il n’a rien à perdre. Pour lejazz. Pour lui.

Il remet en selle le presque ou-blié Charles Lloyd qui le met surles routes du monde. Ce qui suitest un album. Des images de vie,des images de jazz, des imagesd’histoire ; les duos avec Lee Ko-nitz, Grappelli, Eddy Louiss ou Di-dier Lockwood ; la rencontre pré-cieuse de Jim Hall (son histoire estcelle des guitaristes et des bat-teurs) et celle de Bob Brook-meyer ; un dialogue insensé àMontreux avec Wayne Shorter ; le« Manhattan Project » avec Stan-ley Clarke et Lenny White ; un pas-sage de l’écurie Blue Note auDreyfus Jazz Line ; une époustou-flante improvisation à quatremains, dans la nuit tropicale de laMartinique, grillons et crapaudsdans le rôle des chœurs, c’est dé-cembre 1993, avec le Cubain Ru-balcaba ; plus un instant de grâcequ’on n’est pas près d’oublier, aubalcon de la demeure, quandtoutes les femmes de la soirée lefêtent, une par une, le cajolantdans leurs bras : « Je ne fais paspeur. Je fais confiance. Elles sonttranquilles, maternelles et trèsfemmes à la fois, c’est parfait... » ;ses croisements avec le gotha de lamusique américaine, Joe Hender-son, Jack DeJohnette, tous les bas-sistes (Buster Williams, Ron Car-ter, Cecil McBee, Eddie Gomez,Charlie Haden) ; son trio de luxeavec Gary Peacock et Roy Haynes.Des drôleries sans nom avec Roy,de presque quarante ans son aîné,dans la piscine de l’hôtel, ni l’un nil’autre ne sachant nager. Quand

on est musicien à ce point, savoirnager ne sert pas.

Son père l’avait prévenu : « Si tufais quelque chose, tu dois être lemeilleur ; sinon, ce n’est pas lapeine, tu vas te coucher. » Sa mala-die de cristal aurait, prétend la Fa-culté, arrêté sa croissance. Il n’enfinissait plus de grandir : « Plus ongrandit musicalement, plus on a deresponsabilité par rapport à soi-même. Une erreur de tempo, c’estpas grave, nous sommes humains ;ce qui est grave, c’est de faire unefaute profonde dans le choix descouleurs. »

« Une erreurde tempo, c’est pasgrave, nous sommeshumains ; ce qui estgrave, c’est de faireune faute profondedans le choixdes couleurs »

Aldo Romano lui demande si leplaisir de jouer, le plaisir qu’il in-voque toujours, se double d’exi-gence : « La musique, pour moi,c’est un dieu, tu sais, un dieu aveclequel il ne faut pas tricher. Il fautêtre très clair dans son âme, être sûrque ce qu’on fait c’est ce qu’on dé-sire vraiment faire. » Récemment,le temps grimaçait sur les touches,un doigt raidi, paralysé, les mainslongues comme durcies, la dou-leur qui oblige à frapper. Michel,« Pétruche » (ainsi l’appelaient sesamis, comme d’autres, Coluche :Toulonnais, pensez-y !), voulaits’acheminer vers le solo, fatigué detous. Comme si le corps gagnait.

De ses trois enfants, l’un,Alexandre, le filleul d’Aldo, ils lesurent très tôt pendant la gros-sesse, avec sa femme, a hérité deson ostéogénèse. Et alors ? « Lenier, ç’aurait été me nier ; lui don-ner la vie, c’est un cadeau, le ca-deau de la vie telle qu’elle est. »Tandis qu’on trottinait en nage àsa remorque, lui, Michel Petruccia-ni, a avalé sa vie avec des bottes desept lieues. Au début − il le disaitassez −, on a cru qu’il n’en avaitpas pour si longtemps. A force, ons’était, par paresse, habitué à sonespèce d’immortalité. Imprudentesieste de l’âme. C’est lui qui étaitnormal. L’aura-t-on vraiment su ?

Francis Marmande

LeMonde Job: WMQ0801--0028-0 WAS LMQ0801-28 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0422 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 C U L T U R E

Quand le danseur est hommeCarlotta Ikeda ne travaille qu’avec des danseuses. Les danseurs, elle

ne peut tout simplement pas imaginer les diriger. En revanche, elleavait toujours besoin, jusqu’à ces derniers temps, du regard du choré-graphe Ko Murobushi pour finaliser ses spectacles. « Parce que l’hommeest dans l’idéal. » A sa façon, Christine Bastin ne dit pas le contraire, quiaime écrire pour eux et leur transmettre sa gestuelle pour mieux se dé-passer, inventer autrement tout en restant dans la justesse du rapportintériorité-extériorité. Marceline Lartigue pensait que sa danse étaitinabordable pour un garçon. Trop de hanches, de chair, de spirale. Jus-qu’à ce que Jean-Yves Lormeau, de l’Opéra de Paris, lui demande Por-trait de Marjoleine et le fasse sien avec une évidence sidérante. Emma-nuelle Huynh, elle, n’imaginait l’Autre dans Tout contre que du sexemasculin pour envisager tous les modes d’être à deux. Corps compres-sés, présence d’une densité extrême, un rapport de couple saturé. Loinde la séduction, l’art des femmes captive les hommes.

Marceline Lartigue et Franck Journo dans « Centaures » (1996).LA

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Une certaine idée de la féminitéLe désir de danse de quatre femmes chorégraphes, qui utilisentleur technique irréprochable pour questionner leur corps et son intimité

LA DANSE contemporaine : uneaffaire de femmes ? Réponse affir-mative en ce début d’année. DuThéâtre des Abbesses à celui de laBastille en passant par l’Etoile duNord, elles occupent le terrain.Leurs noms : Christine Bastin, Ca-therine Diverrès, EmmanuelleHuynh, Carlotta Ikeda, MarcelineLartigue. Au-delà de leurs diffé-rences d’âge (la plus jeune a trente-cinq ans, la plus âgée cinquante-quatre), elles abordent la dansedans le même état d’esprit : libre etaventureux, et suivent leurs par-cours singuliers avec entêtement.

Si elles connaissent parfaitementla musique du ballet, en maîtrisenttous les paramètres – temps, es-pace, mouvement –, leur intérêt estailleurs. Détentrices d’une tech-nique irréprochable, elles ne s’en

servent que pour questionner cequi les préoccupe : leur corps etson intimité. Pendant que Jean-Claude Gallotta, William Forsytheou José Montalvo cadrent, struc-turent, élaborent le spectaculaire,elles ne songent qu’à devenir cequ’elles sont.

A l’instar des pionnières IsadoraDuncan ou Mary Wigman, qui édi-fièrent leur identité contre le balletclassique et le fantasme masculind’une corps de danseuse évaporée,le désir de danse de ces femmeschorégraphes est besoin de se dire.D’abord telles qu’elles sont, pe-tites, râblées, avec des hanches demontgolfière ou des seins inexis-tants. L’enveloppe raconte lafemme et fait la danseuse. « J’ai

longtemps eu honte de mes piedspalmés que je m’évertuais à fairerentrer dans des chaussons depointes, confie Emmanuelle Huynh.Quand je suis passée au contempo-rain à vingt ans, ce fut un soulage-ment d’être pieds nus. Mais il a falluattendre Mua, solo créé dix ans plustard, en 1995, après un séjour auVietnam, le pays de mon père, pourque je les considère enfin comme ilssont : enracinés dans la terre viet. »

Acceptation de soi et non frus-tration de ce que l’on voudraitêtre ; il s’agit d’habiter son corpspour incarner sa danse. Cetteconquête de soi, lente et périlleuse,est au cœur de la démarche de cesartistes qui n’ont de cesse de s’im-merger en elles-mêmes pour fairesurgir la vérité de leur mouvement.Une investigation profonde, de

l’ordre de l’introspection, souventdouloureuse, où le corps devient lelieu même du voyage et de la révé-lation de « cet intérieur que l’onignore », pour paraphraser Rilke.La danse, pour spectaculairequ’elle soit, se fait alors processusd’éclosion, voire d’accouchement,comme dans Mua, où EmmanuelleHuynh sort nue des ténèbres pourse poser, grande et compacte, par-faite incarnation d’un métissagefranco-berrichon.

« AVANT, J’ÉTAIS ASEXUÉE »« C’est la première fois que je

n’étais pas dans le faire mais dansl’être. Lorsque j’étais interprète, je vi-vais mon corps comme celui d’unedanseuse, performante, athlétique,

mais pas comme celui d’une femme.Je montrais ma technique mais jen’étais rien. Aujourd’hui, dans leduo Tout contre, que j’interprèteavec Dimitri Chamblas, je suis unefemme qui danse avec un homme. »

Cette affirmation de l’identité,enjeu fondamental de la réflexionchorégraphique féminine, CarlottaIkeda, cinquante-quatre ans, l’a vé-cu comme un choc. C’est en inter-prétant le solo Waiting (1998), quecette danseuse buto s’est sentiefemme pour la première fois de savie. « Avant, j’étais asexuée, une en-fant qui ne grandissait pas. Mainte-nant, je suis devenue adulte. Mêmesi je suis toujours tiraillée entre monintérieur de petite fille et mon exté-rieur de femme âgée, je peuxcommencer à vivre librement etcontinuer à danser avec un corpsmoins souple. Mais quelle femmesuis-je réellement, je ne le sais pasencore. »

Dans cette avancée humaine etchorégraphique, l’art et la vie sepropulsent l’un l’autre. Incarnationd’une féminité maternelle déchiréeentre le goût de donner la vie et lahantise de livrer la mort, ChristineBastin, mère de trois enfants, n’apas hésité à danser alors qu’elleétait enceinte de sept mois. Unecréation qui conjuguait l’audace dugeste, la mise en œuvre plastiqued’un corps inédit et un bonheur demère tout bête. « C’était un cadeaupour mon bébé. J’ai une telle jouis-sance à danser que cela s’est imposéà moi. J’aime la sensation de l’air surma peau, sentir la vibration dumuscle, m’inscrire dans l’espace. »Fureur presque animale de sentir,de comprendre l’énigme humaine,Christine Bastin fouille avec vio-lence les rapports tumultueux ducouple, d’une mère et son enfant,dans sa nouvelle création, BE.L’ambiguïté du vivant, entre chairet spiritualité, s’y exhibe sans fard.

Car aucun territoire n’est taboupour ces femmes à la vitalité trèscrue. Loin de toute imagerie fémi-nine bienséante, il s’agit de s’af-franchir pour sublimer sa proprehistoire. Se raconter impliquetransgression et dévoilement. AinsiMarceline Lartigue explore-t-elledepuis dix ans l’érotisme féminin àtravers une gestuelle ondulatoireet reptilienne. Sa pièce L’Oraged’une robe qui s’abat pousse à ses

extrémités sa recherche sur lasexualité et la violence desfemmes, souvent occultées par lasociété, autour du personnaged’Erszebet Bathory, comtesse hon-groise qui se nourrissait du sang dejeunes vierges. « J’ai mis dix ans àoser m’affronter à cette volonté dedétruire l’autre dans laquelle peu defemmes ont envie de se reconnaître.Il faut l’accepter pour parler du désirféminin et du rapport avec le corpsde l’homme qui reste un parfait mys-tère. »

PEU DE CHAIRCette énigme du masculin, Ca-

therine Diverrès la cherche plutôt àl’intérieur d’elle-même. « Je mepense d’abord en tant qu’artiste, ti-raillée entre le yin et le yang, précisela chorégraphe, qui dissèque lesétats du corps, de la transe à l’hal-lucination, dans son nouveau spec-tacle, Corpus. Je travaille sur uneénergie très forte plutôt masculinemais traversée de douceur. » Sur leplateau, des hommes en costumes,des femmes en robes longues. Pas

de doute sur le sexe des uns et desautres. Longue, diaphane, sur lapointe des pieds, Catherine Diver-rès déploie une gestuelle gracieuseet coupante à la fois. Elle danse au-dessus d’une faille. Peu de chair,désir d’éther. Une féminité méta-physique qui rêve d’abandonnerun corps qui ne se laisse jamais ou-blier. Etre une femme ne va pastoujours de soi.

Rosita Boisseau

. Mua et Tout Contre, d’Emma-nuelle Huynh. Le 24 janvier, à Cha-lon-sur-Saône ; le 4 février, à An-necy. Haru No Saiten, de CarlottaIkeda. Du 7 au 17 janvier, auThéâtre de la Bastille à Paris. Be,de Christine Bastin. Du 12 au16 janvier, au Théâtre des Ab-besses. L’Orage d’une robe quis’abat, de Marceline Lartigue. Les8 et 9 janvier, à l’Etoile du Nord àParis. Corpus, de Catherine Diver-rès. Du 12 au 27 janvier, auThéâtre national de Bretagne, àRennes.

La grâce de Sophie Guillem de retour à l’Opéra de Paris

LES GRANDS SOIRS se suc-cèdent, ces temps-ci, à un rythmesoutenu, au Palais Garnier. Aprèsles adieux de Marie-Claude Pietra-galla (Le Monde du 6 janvier), Syl-vie Guillem, la ballerina assoluta,faisait son grand retour à l’Opérade Paris pour danser le rôle de Ki-tri du Don Quichotte chorégraphiépar Noureev. Le marché noir batson plein à l’extérieur, le hall estbondé, des centaines de jeunesgens surexcités cherchent un stra-pontin. On se bouscule dans legrand escalier. L’atmosphère estélectrique.

Après un prologue qui n’em-porte qu’une adhésion polie, elleapparaît. L’orchestre est alors to-talement submergé sous un ton-nerre de vivats et d’applaudisse-ments. Ils ne cesseront que lorsdes sorties de scène de la dan-seuse. En un instant, le spectaclechange, l’attention se concentre,les visages s’illuminent. Dès lespremiers pas de Guillem, le publics’enflamme. Avec son partenaire,complice et ami de toujours,Laurent Hilaire, magnifique dansle rôle du barbier Basilio, elle en-chaîne les figures de style de ceballet pétri d’académisme avecune facilité déconcertante – elle vaplus haut, plus droit, plus loin quequiconque.

On secoue la tête, on se dit « cen’est pas réel, pas possible ».Rendre crédible un personnagecomme Kitri, sur une telle musiqueet dans une production si kitsch,est un exploit. Espiègle, mutine,

femme fatale, gamine insuppor-table et séductrice irrésistible, Syl-vie Guillem laisse pantois. Le pu-blic crie sans arrêt de bonheur.L’ambiance est délirante, la salle atotalement chaviré. Les « Sylviiie »ont remplacé les « Patriiick ».

La présence scénique de la dan-seuse est assez impitoyable pourdes partenaires, au demeurant ex-cellents, mais manifestement trou-blés par tant de facilité. La grâce atouché la danseuse.

ELLE TOUCHE LA PERFECTIONUne grâce incarnée, sensible, in-

telligente. Cette étoile éclaire l’ac-tion, synthétise l’anecdotique. Va àl’essentiel. Son sens de l’épure luipermet des audaces. En débarras-sant, par exemple, sa façon demarcher, sur scène, des quelquesoripeaux formels du ballet clas-sique. Parce qu’elle touche la per-fection. Et qu’on le sait. Alors onen serait presque contraint à décli-ner un catalogue de superlatifs.Comme, en son temps, et dans unautre domaine, avec Callas. Le pu-blic, toujours lui, ne s’y trompepas : ovation finale de vingt mi-nutes, bouquets de fleurs lancéssur scène, foule sur le plateau pourles mondanités d’après-spectacle,dizaines de fans à la sortie des ar-tistes.

Sylvie Guillem danse encore Ki-tri les 8 et 14 janvier. Elle reviendraà l’Opéra-Bastille pour danser LeLac des cygnes en juin et juillet.

Philip de la Croix

Les meilleuresventes de livresen 1998

Les maisons de disques dans la tourmenteLe marché est devenu incertain, menacé par les pirates et Internet

BOUCLÉ en décembre 1998, lerachat de la compagnie PolyGrampar le groupe canadien Seagram,propriétaire d’Universal (disques,cinéma) pour un montant de10,2 milliards de dollars (9,45 mil-liards d’euros) va donner naissanceen avril à une nouvelle compagnie,Universal Music Group (UMG), di-rigée depuis les Etats-Unis parDoug Morris.

En mariant les deux structures eten regroupant les dizaines de la-bels qui déclinent l’identité dugroupe (du très classique DeutscheGrammophon à Motown), UMGespère réaliser une économie an-nuelle de 300 millions de dollars(1,665 milliard de francs ; 253 mil-lions d’euros), en procédant à envi-ron trois mille licenciements dansle monde.

De son côté, le groupe britan-nique EMI cherche toujours à sevendre. Trop cher ? C’est la thèsesoutenue par The Times. Le quoti-dien britannique consacrait un édi-torial récent aux tourments decette major, en vente potentielledepuis quatre ans – des rumeursinsistantes avaient, un temps, faitpenser à son rachat par Disney.Après l’échec des négociationsavec Seagram début 1998, descontacts étroits ont été pris encours d’année avec la multinatio-nale allemande Bertelsmann MusicGroup (BMG), filiale discogra-phique du géant de la communica-tion Bertelsmann, mais aussi avecle groupe Murdoch. Dirigé par SirColin Southgate (également pré-sident de l’Opéra royal de CoventGarden, à Londres), EMI a notam-ment été fragilisé par ses mauvaisrésultats en Asie du Sud-Est, où safiliale locale a beaucoup investi,ainsi qu’en témoignent lescomptes annuels du groupe pu-bliés à la fin de novembre 1998.

Ces bouleversements nemanquent pas d’affecter les activi-

tés des filiales française et euro-péennes de ces majors, à commen-cer par celles de PolyGram et deson nouvel alter ego, Universal,dont la filiale française doit cesserses activités le 1er février. Nommé,en décembre, PDG du groupe Po-lyGram-France, Pascal Nègre, jus-qu’alors PDG de PolyGram Mu-sique France, devra prendre laprésidence de la nouvelle UniversalMusic France lors de sa créationofficielle, le 5 avril 1999. « Cela setraduit, dit Pascal Nègre, par unetrentaine de licenciements chez Uni-versal, et une quinzaine de départs àla retraite chez PolyGram. » Unchiffre auquel il convient d’ajouterquelques départs anticipés, commecelui d’Hervé Deffranoux, direc-teur général d’Island-Remark, unlabel de PolyGram désormais fon-du à Mercury.

Universal Music France occupe-ra toujours, selon Pascal Nègre,« environ 39 % du marché français,dont 60 % de local », maîtrisantainsi la moitié de la productionfrançaise. « Nous allons rééquilibrerle national − les catalogues Barclay,Mercury − et l’international − Is-land − au sein des labels, expliquePascal Nègre. Les artistes françaisd’Island (Matthieu Boggaerts, Domi-nique Dalcan), iront chez Mercury,le rap chez Barclay. Le catalogueUniversal, essentiellement interna-tional, entre chez Polydor, avec le la-bel A & M, fusionné avec Interscopet Geffen. Barclay récupère le labelde rap Deff Jam, MCA et Motown. »

La cartographie des producteursde disques est ainsi redessinée enfonction du marché à venir, unmarché incertain, menacé par lescopies pirates rendues possiblespar les duplicateurs de CD, et parla nouvelle distribution de la mu-sique sur Internet.

Lancée en 1973 par RichardBranson, la maison de disques bri-tannique Virgin créait à Paris en

1980 sa première filiale euro-péenne. En 1992, Virgin était ra-chetée par le groupe Thorn-EMI.Son PDG, Patrick Zelnik, cédaitalors les rênes de Virgin-France àEmmanuel de Buretel. Ce derniervient d’être nommé président deVirgin Continental Europe. Quand,traditionnellement, les sièges euro-péens des multinationales dudisque se trouvent à Londres, leprésident de Virgin-France coor-donne dorénavant depuis Paris lesactions de toutes les filières euro-péennes de Virgin, hors la Grande-Bretagne.

Les bouleversementsdes « majors »,à commencer par Universal, se répercutentsur les filialesfrançaises

Cette nomination récompensesans doute les succès internatio-naux des artistes français de Virgin(Daft Punk, Air, Manu Chao), etaussi une stratégie : en créant deslabels/laboratoires autonomes– Delabel, Source, Labels, Hos-tile... –, Virgin a su pister les nou-veaux courants musicaux commele rap, le rock alternatif, la popélectronique ou la techno. Virgin-France a, d’autre part, parié sur ladécentralisation des zones de pro-duction en signant en direct avecdes artistes anglophones tels queKeziah Jones, J. J. Cale ou Chezere.Un label berlinois et un label ro-main devraient rapidement voir lejour. Si les Britanniques ne sont

pas concernés par l’autorité duprésident de cette entité continen-tale, ils ne sont pas en paix pourautant. Au printemps, Virgin-France lancera à Londres un labeldirigé par Philippe Ascoli, actuelresponsable de Source, le labeld’Air. Il sera chargé de découvrirles nouveaux talents insulaires.

Tandis que EMI France se pré-pare à l’arrivée, le 18 janvier, deson nouveau PDG, Marc Lumbro-so (créateur de Remark), BMGFrance a changé le sien en sep-tembre 1998. Transfuge de Poly-Gram, où il dirigeait le label Poly-dor depuis mars 1994, BrunoGerantes est arrivé dans la maison,entouré de Varda Kakon, directriceartistique, et de Christophe Wai-gnier, vice-président chargé de ladivision administrative et logis-tique, pour lui redonner une iden-tité perdue, « rapprocher sa posi-tion de celle de BMG dans lemonde » (environ 15 % de parts demarché, 20 % en Espagne et en Al-lemagne, à peine 5 % en France).Mal identifiée, la « jeune major »,créée il y a dix ans, a, selon le nou-veau PDG, souffert en France d’un« brouillage d’image après un dé-marrage fulgurant », ne sachantpas construire son catalogue aprèsles succès populaires des débuts(Patrick Bruel, Roch Voisine) etsouffrant d’une structure bicé-phale, divisée entre RCA et Ariola,auquel s’ajoute Vogue. Le premieracte politique du nouveau PDG aété de regrouper les deux labelssous un seul, intitulé BMG France.Après un premier plan social bou-clé, l’été 1998, et touchant unevingtaine de collaborateurs, undeuxième concernant une quin-zaine de collaborateurs, « dû au re-groupement des deux structures »,est en cours.

Stéphane Davet et Véronique Mortaigne

SELON le classement établi parLivres Hebdo, les trois romans lesplus vendus en 1998 sont La Pre-mière Gorgée de bière, de PhilippeDelerm (L’Arpenteur-Gallimard) ;Tu m’appartiens, de Mary HigginsClark (Albin Michel) et La Cin-quième Montagne, de Paulo Coelho(Anne Carrière). Signalons parmiles vingt premiers La Maladie deSachs, de Martin Winckler (P.O.L.) ;La Première Epouse, de FrançoiseChandernagor (Fallois) ; Les Rivièrespourpres, de Jean-Christophe Gran-gé (Albin Michel) ; Confidence pourconfidence, de Paule Constant ; LesParticules élémentaires, de MichelHouellebecq (Flammarion) et Long-temps, d’Erik Orsenna (Fayard). Aurayon « essais et documents »,Comment voyager avec un saumon,d’Umberto Eco (Grasset) ; Il était unpiano noir, mémoires inachevés deBarbara (Fayard) ; Manuel du guer-rier de la lumière, de Paulo Coelho(Anne Carrière) et Les Filles et leursmères, d’Aldo Naouri (Odile Jacob)sont talonnés par la toute récenteTraversée de la nuit, de Genevièvede Gaulle-Antonioz (Seuil).

DÉPÊCHESa THÉÂTRE : le ThéâtreEdouard-VII à Paris, fermé depuistrente-deux mois pour cause derestructuration du groupe d’im-meubles l’entourant, rouvrira sesportes le 9 janvier. Julien Vartet,propriétaire de cette salle et égale-ment auteur dramatique, y a inscrità l’affiche sa récente pièce Les Ciné-mas de la rue d’Antibes, qu’il a misen scène lui-même.a PRIX : la Ligue internationalecontre le racisme et l’antisémi-tisme (Licra) a décerné son grandprix antiraciste 1998 à Pierre Perretpour son album La bête est revenue.Ce prix lui sera remis par le pré-sident de la Licra, Pierre Aiden-baum, le 23 janvier, lors d’un dînerofficiel présidé par le premier mi-nistre, Lionel Jospin, à l’occasion du42e congrès national de la Licra.a MUSIQUE : le compositeurMarc-Olivier Dupin a été re-conduit dans ses fonctions de direc-teur du Conservatoire national su-périeur de musique de Paris, qu’iloccupe depuis 1993, par décret duprésident de la République publiéau Journal officiel du 6 janvier.

LeMonde Job: WMQ0801--0029-0 WAS LMQ0801-29 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:07 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0423 Lcp: 700 CMYK

La parole de Myriam C. portée par la tragédie

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C U L T U R E LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 29

GUIDE

FILMS NOUVEAUXD’une vie à l’autrede Richard Lagravenese (Etats-Unis,1 h 40).Ennemi d’Etatde Tony Scott (Etats-Unis, 2 h 13).L’Escortede Denis Langlois (Québec, 1 h 30).Le Grand Galopde Krzysztof Zanussi (Pologne, 1 h 45).High Artde Lisa Cholodenko (Etats-Unis, 1 h 35).J’aimerais pas crever un dimanche (**)de Didier Le Pêcheur (France, 1 h 32).Les Joueursde John Dahl (Etats-Unis, 2 h).Lila Lilide Marie Vermillard (France, 1 h 45).Pourquoi pas moi ? de Stéphane Giusti (France, 1 h 35).Tueur à gagesde Darejan Omirbaev (France-Kazakh-stan, 1 h 20).

(**) Interdit aux moins de seize ans.

TROUVER SON FILMTous les films Paris et régions sur le Mi-nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn)

REPRISESLilithde Robert Rossen, avec Warren Beatty,Jean Seberg, Peter Fonda.Américain, 1964, noir et blanc (1 h 54).Action Christine, 6e (01-43-29-11-30).La Nuit du chasseurde Charles Laughton, avec Robert Mit-chum, Shelley Winters, Lillian Gish.Américain, 1955, noir et blanc (1 h 33).Grand Action, 5e (01-43-29-44-40).

FESTIVALSLa Filmothèque de Jean DouchetMadame Bovary (Vincente Minnelli,1949) : le 7, à 18 heures ; Onze Fiorettide saint François d’Assise (Roberto Ros-sellini, 1950) : le 7, à 20 h 30 (film et dé-bat avec Jean Douchet) ; le 8, à 14 et16 heures.Grand Action, 5, rue des Ecoles, Paris 5e.Mo Cardinal-Lemoine. Jusqu’au 12 jan-vier. Tél. : 01-43-29-44-40. 25 F.

ENTRÉES IMMÉDIATESLe Kiosque Théâtre : les places du jourvendues à moitié prix (+ 16 F decommission par place). Place de la Ma-deleine et parvis de la gare Montpar-nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardiau samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le di-manche.Au buffet de la gare d’Angoulêmede François Bon, mise en scène de GillesBouillon.Artistic-Athévains, 45 bis, rue Richard-Lenoir, Paris 11e. Mo Voltaire. Le 7, à19 heures. Tél. : 01-43-56-38-32. 80 F et150 F.Henry IVde William Shakespeare, mise en scènede Yann-Joël Collin.Grand Théâtre de la Ferme-du-Buisson,allée de la Ferme, 77 Noisiel. Le 7, à20 h 15. Tél. : 01-64-62-77-77. 70 F et100 F.Françoise Pollet (soprano)Bruno Fontaine (piano)De Verdi à Brel.Théâtre, place Jacques-Brel, 78 Sartrou-

ville. RER Sartrouville. Le 7, à 21 heures.Tél. : 01-30-86-77-77. 130 F.Eric Barret, Alain Jean-MariePetit Opportun, 15, rue des Lavan-dières-Sainte-Opportune, Paris 1er.Mo Châtelet. Le 7, à 22 h 30. Tél. : 01-42-36-01-36. 80 F.Olivier Temine QuartetAu Duc des Lombards, 42, rue des Lom-bards, Paris 1er. Mo Châtelet. Le 7, à22 heures. Tél. : 01-42-33-22-88. 80 F.Mona Heftre chante Rezvani.Gérard Daguerre (piano).Sentier des Halles, 50, rue d’Aboukir,Paris 2e. Mo Sentier. Le 7, à 20 heures.Tél. : 01-42-36-37-27. De 80 F à 100 F.Charles DumontAuditorium Saint-Germain, 4, rue Féli-bien, Paris 6e. Mo Odéon. Le 7, à 20 h 45.Tél. : 01-44-07-37-43. De 150 F à 200 F.Urs KarpatzL’Européen, 3, rue Biot, Paris 17e .Mo Place-de-Clichy. Le 7, à 20 h 30. Tél. :01-43-87-97-13. De 80 F à 120 F.Najat Aatabou (Maroc)Café de la danse, 5, passage Louis-Phi-lippe, Paris 11e . Mo Bastille. Le 7, à20 heures. Tél. : 01-40-21-70-70. De 80 Fà 120 F. Dans le cadre des « Belles Nuitsdu Ramadan ».Naçreddine ChaouliCentre culturel algérien, 171, rue de laCroix-Nivert, Paris 15e. Mo Boucicaut. Le7, à 20 h 30. Tél. : 01-45-54-95-31. 80 F.Idrissa Diop& « Conscience Collective »Baiser salé, 58, rue des Lombards, Pa-ris 1er. Mo Châtelet. Le 7, à 22 h 30. Tél. :01-42-33-37-71. De 35 F à 80 F.

RÉSERVATIONSLe Cabaret sauvageFemmes d’Algérie, cinq nuits d’un des-tin.Cabaret sauvage, Parc de La Villette, Es-pace « au bord du canal », Paris 19e.Mo Porte-de-la-Villette. Du 11 au 15 jan-vier à 20 heures. Tél. : 01-40-03-75-15.100 F.Partage de midide Paul Claudel, mise en scène de Gé-rard Desarthe.Théâtre national de Chaillot, place duTrocadéro, Paris 16e. Du 14 janvier au28 février. Tél. : 01-53-65-30-00. 120 F et160 F.Les Huissiersde Michel Vinaver, mise en scène AlainFrançon.Théâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, Paris 20e. Du 14 janvier au28 février. Tél. : 01-44-62-52-52. De 110 Fà 160 F.

DERNIERS JOURS10 janvier : Millet, Van GoghMusée d’Orsay, 62, rue de Lille, Paris 7e.Tél. : 01-40-49-48-14. 40 F.Dominique Gonzalez-Foerster,Pierre Huyghe, Philippe ParrenoMusée d’art moderne de la Ville de Pa-ris, 11, avenue du Président-Wilson, Pa-ris 16e. Tél. : 01-53-67-40-00. 27 F.Lydie Arickx : les racines du chaosCouvent des Cordeliers, 15, rue del’Ecole-de-Médecine, Paris 6e. Tél. : 01-43-29-39-64. 20 F.11 janvier : Lorenzo Lotto (1480-1557)Galeries nationales du Grand Palais,square Jacques-Perrin, Paris 8e. Tél. : 01-44-13-17-17. 45 F.

SORTIR

PARIS

Le Chant de la carpeJuif d’origine roumaine, GhérasimLuca (1913-1994) était arrivé enFrance en 1952. De Luca, GillesDeleuze avait dit un jour qu’ilétait « le plus grand poètefrançais », parce qu’il avaitreconnu en lui l’apatride, le poètepar qui le sens, délivré de touteassignation à résidence, se mettaità bouger dans le langage commela flamme dans le feu. « Comments’en sortir sans sortir », demandaitle poète de Héros-limite ?Aujourd’hui, il nous revient par lavoix de Pascal Bongard, qui lit desextraits de Héros-Limite et duChant de la carpe.Théâtre, 41, avenue des Grésillons,92 Gennevilliers. Mo Gabriel-Péri.Les 8, 11, 18 et 25 janvier, à 20 h 30.Tél. : 01-41-32-26-26. 60 F.Talib Kibwe QuartetLe saxophoniste régulierd’Abdullah Ibrahim et de RandyWeston, deux pianistes de jazzmarqués par l’Afrique, prendparfois son envol en leader. A

Paris, il sera accompagné par lepianiste Mario Canonge, lecontrebassiste John Lewis etl’immense batteur John Betsch.La Villa, 29, rue Jacob, Paris 6e.Mo Saint-Germain-des-Prés. Les 7,8, 9 et 12 janvier, à 22 h 30. Tél. :01-43-26-60-00. De 120 F à 150 F.Christian Vander QuartetL’histoire qui relie la musique deJohn Coltrane et celle de ChristianVander est celle d’une passion,d’un engagement total de la partdu batteur, chanteur et pianiste.Après les groupes Magma(électrique) et Offering(acoustique), l’Alien Quartet avecses deux pianos, le trio, l’octetteWelcome codirigé avec SimonGoubert, Vander avance toujoursun peu plus au cœur de l’œuvrecoltraniennne avec cette fois lesaxophoniste Yannick Rieu, lepianiste Emmanuel Borghi et lecontrebassiste EmmanuelGrimonprez.Sunset, 60, rue des Lombards,Paris 1er. Mo Châtelet. Les 7, 8 et 9, à 22 heures. Tél. : 01-40-26-46-60.80 F.

NOUVEAUX FILMS

D’UNE VIE A L’AUTREa Avant de passer à la réalisation,Richard LaGravenese avait signéles scénarios de Fisher King, deTerry Gilliam, et de Sur la route deMadison, de Clint Eastwood. Il estdonc étonnant qu’un scénaristeaussi doué livre un premier film àce point médiocre. A partir d’uneintrigue mélodramatique quipourrait être celle de n’importequel téléfilm (Judith Nelson, unefemme d’âge mûr larguée par sonmari et gagnée par la déprime,commence à nouer une relationavec le liftier de son immeuble, quine se remet pas de la mort de safille), LaGravenese essaie sans suc-cès de jouer sur plusieurs niveauxde réalité grâce à la superpositiond’intrigues virtuelles (la rencontrefantasmée entre Judith Nelson etla chanteuse Queen Latifah, la pré-sence de cauchemars filméscomme des scènes réelles). Cettesophistication inutile ne masquepas l’insignifiance du sujet et lafaiblesse de la mise en scène. HollyHunter et Danny De Vito, les deuxinterprètes principaux, font cequ’ils peuvent, mais ne réussissentjamais à passer le stade du caboti-nage. Samuel BlumenfeldFilm américain de Richard LaGra-venese. Avec Holly Hunter, DannyDe Vito, Queen Latifah, Martin Do-novan. (1 h 40.)

LE GRAND GALOPa Présenté voici deux ans au Festi-val de Cannes, le film de KrzysztofZanussi entre dans la catégorie desbilans cinématographiques de l’èresoviétique. Sujet délicat, qui n’aguère produit jusqu’à présent defilms à sa hauteur, qu’ils soient dé-clinés sur le mode de la chroniqued’un paysage après la bataille ousur celui de la reconstitution histo-rique. C’est à ce dernier genre, au-quel il ajoute une dimension auto-biographique, qu’appartient LeGrand Galop, sans convaincre da-vantage. L’action se déroule dansla Pologne des années 50, sous laforme d’un roman d’éducationdont le héros, un garçonnet de dixans, est confronté aux pesanteurset aux lâchetés secrétées par un ré-gime liberticide. Sa tante Idalia,qui l’héberge à Varsovie, incarnepar son tempérament rebelle, sonparler haut en couleurs et sonamour invétéré des chevaux l’âmepolonaise telle que l’éternité ne lachange pas. Empesé dans sa re-construction méticuleuse del’époque, incapable de pousserl’aventure au-delà de ce dualismeédifiant, le film révèle vite ses li-mites. Jacques MandelbaumFilm polonais de Krzysztof Zanussi.Avec Maja Komorowska, BartoszObuchowicz, Karolina Wajda.(1 h 45.)

VIE DE MYRIAM C., de FrançoisBon. Mise en scène : CharlesTordjman. Avec Arlette Bon-nard, Aude Briant, ChristineBrücher, Serge Maggiani, AnnieMercier, Catherine Mestoussis,Jean-Michel Portal, HélèneRoussel.THÉÂTRE NATIONAL DE LACOLLINE, 15, rue Malte-Brun,Paris 20e. Tél. : 01-44-62-52-52.Mo Gambetta. De 80 F à 160 F (de12 à 24 euros). Durée : 1 h 40. Lemardi à 19 heures ; du mercrediau samedi à 21 heures ; le di-manche à 16 heures. Jusqu’au14 février.

Itinéraires de la mort dansante.Ceux, entrecroisés, d’une ville, etd’une femme : Myriam C. Leurcommun abandon par l’espoir decroire, l’espoir de croître. Leurlente dégradation et leur anéan-tissement, programmé de l’une,réalisé par l’autre. Avec, poséed’emblée, comme pour signifierce qui demeurerait de tragédiedans la cité moderne, l’impossibi-

lité de « rompre ou dévier le coursmauvais des choses ».

Myriam C. se distingue desautres à ce qu’elle porte de destinqui leur échappe. Plus mortelleque les simples mortels d’être au-delà de la marge. Entraînant lessiens dans son basculement etnous repoussant, d’autant, spec-tateurs déjà et condamnés à l’être.

A l’origine, François Bon propo-sait un récit, C’était toute une vie(« Le Monde des livres » du 6 oc-tobre 1995) où se mêlaient fictionet enquête, menée à Lodève (Hé-rault) autour des textes « fulgu-rants, poignants » d’une très jeunemère de trois enfants, Myriam C.,qui avait participé à ses ateliersd’écriture, avant de mourir d’unesurdose.

Sous l’impulsion du metteur enscène Charles Tordjman, il nes’était pas contenté de redistri-buer les pages et les rôles pourcréer sa pièce : il avait changé delangue. Et dans le dialogue poé-tique neuf, dans sa scansion, sonverbe paraissait avoir trouvé savéritable destination. Il se mettait

à chanter plus haut d’avoir à pas-ser par des corps, si haut qu’il pa-raissait presque hors d’atteinte,contraignant les acteurs à sehausser vers lui : « C’est eux/ Ilssont autour de moi/ la trace qu’on asur terre/ avoir renvoyé à chacun lesimple fait qu’il demeure et parle etpense et agit est une question quine trouve ni apaisement ni solu-tion. »

Ainsi parle Myriam C., dans sontourment de la minute comptée.Comme prise au jeu de l’antique,dans l’impuissance de ces voix quine parlent que de nous, du mondeimmédiat que nous laissons à sadestruction. Et si François Bon enappelle aux Grecs, c’est parce quetoute approche du tragique porteun peu de leurs ombres. Mais àqui confier les destins en l’ab-sence des dieux ? Et quand le col-lectif qui pourrait les suppléer sedérobe, le spectateur se retrouveseul, face à lui-même et à la ma-chine de mort, dans l’impossibilitéde penser au sacrifice d’une, quisauverait les autres.

Dans le dispositif tournant ima-giné par Charles et Vincent Tordj-man, les femmes (grand-mère,mère, sœur, amie) entrent etsortent comme un chœur de for-tune, divisé, contradictoire, appe-lé par la faiblesse des hommes :

Jean-Christy, le dealer (Jean-Mi-chel Portal), et l’humble pèreadoptif de Myriam ; Bébel (SergeMaggiani), devenu serviteur desmorts après avoir voulu être celuides vivants. Chaque femmeconsciente de l’insuffisance deson chant, sans pour autant setravestir en pleureuse, mais parti-cipant à la tentative d’élucider laprogression implacable du mal.Toutes sont des mères, y comprisAimée (Annie Mercier), patronnedu bistrot qui materne la ville, oc-cupée à sauver ce qui peut l’être.

Sur scène, Myriam C. (AudeBriant) apparaît comme sonpropre rêve et son démenti. Sestraits, amers, sont déjà gagnés parle froid ultime : « Sens, tes doigtssur mon visage, ta main, le masquemortuaire qui est dessous, qui at-tend. » Elle est un fantôme traver-sant les murs, au-delà de toutesouffrance, en recherche d’équi-libre terrestre, glissant sur seschaussettes blanches, qui savourele plancher ciré. De passage, insai-sissable, impalpable, qui le sait eten joue sans pathos, jetant le via-tique de ses mots à ceux quirestent : « L’énigme où on est/ en-suite continue et moi-même/ jecherche. »

Jean-Louis Perrier

PEINTURES ET ŒUVRES SURPAPIER, 1906-1931, Musée-gale-rie de la Seita, 12, rue Surcouf,Paris 7e. Mo Invalides. Tél. : 01-45-66-60-17. Du mardi au dimanchede 11 heures à 19 heures. Entrée :25 F (3,8 ¤). Jusqu’au 7 mars.

Oscar Kokoschka n’a pas la no-toriété de Klimt et de Schiele.Schiele est plus évidemment scan-daleux. Klimt est plus évidemmentthéâtral. La commotion suscitéeen 1909 par sa pièce Assassin, es-poir des femmes et sa liaison avecAlma Mahler ne suffisent appa-remment pas à hisser Kokoschka àleur hauteur dans l’échelle duspectaculaire. Autre cause :Schiele et Klimt ont disparu avecl’Empire austro-hongrois, en 1918,et leur existence, de la sorte,semble se confondre avec l’ultimeâge d’or viennois. Kokoschka asurvécu à tout ; il est mort en 1980,à quatre-vingt-quatorze ans, aprèsune longue carrière, des émigra-tions, des changements de style etun itinéraire artistique tortueux.

L’exposition d’aujourd’hui re-fuse elle aussi le schématisme.Quoiqu’elle ne traite que d’une

période courte – les années 10 et20 – et privilégie les œuvres surpapier, elle n’en affirme pas moinsque rien n’est plus étranger à Ko-koschka que l’ambition d’inventerune manière et de s’y tenir en-suite. Klimt et Schiele ont inventéleur manière singulière, l’un par laprolifération de la courbe et del’ornemental, l’autre par une ad-mirable stylisation des corps et lavirtuosité d’une ligne cassée.L’ayant établi, ils l’ont maintenu àpeu près intact jusqu’à la fin,même s’il demeure possible dedistinguer des phases stylistiqueset des évolutions. Rien de tel chezleur contemporain.

Soit un sujet, le plus ordinaire,le nu féminin. Entre ses débuts en1906 et ses expériences de l’après-guerre se succèdent des re-cherches hétérogènes. Kokoschkaemprunte d’abord à Schiele et dé-montre qu’il sait, lui aussi, enfer-mer une anatomie ou une expres-sion à l’intérieur d’un trait decrayon continu et net. Il sait toutaussi bien les rehausser d’aqua-relle, avec une prédilection pourles couleurs réputées offusquer lebon goût. Il pourrait s’en conten-ter. Il ne s’en contente pas. Il re-

garde vers l’expressionnisme alle-mand, vers Dresde et vers Munich,dont l’intéressent les archaïsmesgraphiques et les aplats cernés. Ilexcelle dans ce genre-là, dont iltire des illustrations et jusqu’à descartes postales.

VERTIGE DE DÉTAILSSoit. Il pourrait s’en tenir à ce

point et se mettre à produire detelles œuvres séduisantes, estam-pillées OK. Pas plus. Bien avant1914, il abandonne la ligne purepour des traits plus nombreux etplus dynamiques, plus écrasés etplus violents. Les nus, jusqu’alorsstatiques, allongés ou accroupis,se mettent en mouvement – diffi-culté que Kokoschka s’imposeobstinément, si dangereuse soit-elle pour lui. La stylisation élé-gante des visages ne le satisfaitpas davantage. Il tombe dans unvertige de détails, il insiste, ilcomplète, il complique. Quelque-fois, il réussit. Pas à tout coup,mais souvent : quand les figuresbougent, quand les regards n’ontplus une fixité hypnotique qui de-viendrait systématique à lalongue.

Vient la guerre, la blessure, le

sauvetage in extremis, l’hôpital et,à nouveau, la guerre – en mon-tagne cette fois. Belle occasionpour s’essayer au paysage deruines et d’horizons inaccessibles.Après ces épisodes, Kokoschka nereprend pas son œuvre au pointoù elle avait été interrompue parla mobilisation. Le mouvementcontinue. La couleur domine dé-sormais, à tel point qu’il accomplitdes suites d’aquarelles où destouches et des traînées assurentseules la reconnaissance du motif.Sur la toile, même exigence : lepaysage se constitue progressive-ment par l’accumulation appa-remment désordonnée des frottiset des traces. Il y gagne une inten-sité chromatique et une luminosi-té remarquables.

Il faudrait, pour voir, accrocherces toiles avec des Dufy contem-porains. Il faudrait surtout une ré-trospective plus complète. Maisrien de tel ne figure au pro-gramme des musées français,presque tous désespérément in-différents à l’art allemand et autri-chien de la première moitié dusiècle.

Philippe Dagen

Le Musée-galerie de la Seita, à Paris, consacrejusqu’au 7 mars une exposition au peintre autri-chien Oscar Kokoschka. Si les œuvres présentées

sont essentiellement des travaux sur papier etdatent toutes des années 10 et 20, ce choix nedoit pas faire oublier la diversité de production

d’un artiste qui aura traversé le siècle avec lesouci constant de se renouveler, comme en té-moigne l’évolution de ses nus féminins.

A la redécouverte d’Oscar Kokoschka,peintre autrichien toujours en mouvement

Le Musée-galerie de la Seita propose une introduction à une œuvre complexe et changeante

LeMonde Job: WMQ0801--0030-0 WAS LMQ0801-30 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0424 Lcp: 700 CMYK

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K I O S Q U ELE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999

SUR LA TOILE

COMMERCE ÉLECTRONIQUEa La librairie en ligne américaineAmazon.com a vendu 7,5 millionsd’articles (livres, CD et cassettesvidéo) en décembre 1998, soit plusque pendant tout 1997. Son chiffred’affaires pour le dernier trimestre1998 se monte à près de 250 mil-lions de dollars (213,6 millionsd’euros). Malgré cette augmenta-tion d’activité, la société reste défi-citaire. – (AP.)www.amazon.com

PLAGIATa Le service en ligne America On-Line (AOL) a perdu la premièremanche du procès pour plagiatqu’il avait intenté à la filiale defourniture d’accès Internet d’ATT.Pour prévenir ses abonnés qu’ilsont reçu un courrier électronique,ATT affiche depuis quelques se-maines le message « You havemail » (« Vous avez du courrier »),qu’AOL estime trop proche de soncélèbre « You’ve got mail ». Unjuge fédéral a décidé qu’une actionimmédiate n’était pas justifiée,mais n’a pas exclu que l’affaire soitjugée au fond à une date ulté-rieure. L’affaire semble liée au filmYou’ve got mail, dans lequel TomHanks et Meg Ryan se rencontrentsur AOL et tombent amoureux.

www.basicint.org/y2krept.htmUn rapport alarmant sur les effets possibles du bogue de l’an 2000 sur les missiles nucléaires

« L’EFFET du bogue de l’an 2000sur les systèmes d’armes nucléairesest hautement incertain et presqueentièrement imprévisible. » Telle estla conclusion du rapport intituléThe Bug in the Bomb, publié en no-vembre 1998 par le British-Ameri-can Security Information Council(Basic), association indépendantecréée en 1987 par un militant anti-nucléaire. Aujourd’hui, Basiccompte parmi ses membres unLord anglais, deux ambassadeursaméricains et un représentant auCongrès de Washington.

Afin de toucher un public élargi,l’association a décidé de divulguerson rapport, réalisé à partir de pu-blications officielles et d’entretiensavec diverses personnalités, dontplusieurs responsables du secréta-riat à la défense de Washington.

Le rapport exclut a priori les scé-narios catastrophes absolus,comme le départ accidentel d’unmissile, ou une fausse alerte dé-clenchant des tirs. Pour autant, leproblème du passage à l’an 2000des ordinateurs militaires reste in-quiétant. Tout d’abord, au mo-

ment du changement de date, lessystèmes de détection risquent dene plus être opérationnels. Le rap-port note qu’en 1993 un test effec-tué sur les ordinateurs du Norad(commandement des forces aé-riennes et spatiales pour l’Amé-rique du Nord) avait provoqué une

panne générale de tous les radars.Si un incident de ce type se repro-duisait, le système ne pourrait plusdistinguer une attaque délibéréed’un tir accidentel : une fuséeétrangère passant par erreur àproximité du territoire américainpourrait déclencher une riposte

massive. Par ailleurs, les auteurs durapport estiment que dans ce do-maine le problème est au moinsaussi grave du côté russe.

L’autre grande préoccupation deBasic porte sur la réponse desEtats-Unis si un ennemi décidait delancer une attaque le 31 décembreà minuit. Le bogue pourrait consi-dérablement allonger le temps deréaction des systèmes decommande, ou même empêcher lelancement des missiles interconti-nentaux.

Enfin, le rapport estime que desexplosions au sol ne sont pas im-possibles. Les détonateurs non nu-cléaires des missiles, répondant àdes ordres de mise à feu erronées,pourraient se déclencher, provo-quant des chocs dans les silos àproximité immédiate des têtes nu-cléaires, dont le comportement de-viendrait alors complètement im-prévisible. A ce jour, malgré lesdémarches de Basic, le Pentagonen’a pas réagi à la publication de cesinformations.

Vincent Delègue

Le réveil soudain de la Russie et de ses journaux à l’euroDans un pays qui vit une relation ambiguë avec le billet vert – il y est roi, mais la « dollarisation » est ressentie

comme humiliante –, la monnaie européenne, bien que découverte avec retard, alimente l’imagination de la pressePROFONDÉMENT assoupie du-

rant les fêtes de fin d’année, lapresse russe a découvert cette se-maine seulement, à son réveil, lephénomène euro. « N’est-ce pas unpeu tard ? », interrogeait, mardi5 janvier, Sovietskaïa Rossia, un dessurvivants de la presse communistenationale. Le reproche vise bien sûrle gouvernement, qui a attendu le25 décembre pour créer unecommission de travail spécialechargée d’étudier les conséquencespour la Russie de l’introduction del’euro. Elle devra remettre son rap-port en avril...

Le délai n’est pas nécessairementtragique pour un pays qui, depuisle séisme financier du 17 août, abien d’autres problèmes. L’in-

fluence d’éventuelles décisionsrusses sur l’euro ne peut ensuitequ’être infime. Les réserves de laRussie ne s’élèvent plus qu’à 11 mil-liards de dollars (9,4 milliards d’eu-ros) dont la moitié est détenue enor et minerais précieux et l’autre, à90 %, en monnaie américaine. Lebillet vert est aussi la référencepour 80 % des transactionscommerciales de la Russie, maisleur poids compte peu, venant d’unpays dont le PIB est estimé actuel-lement à moins de 1 % du PIB mon-dial.

Pourtant, la « dollarisation » dela Russie, où les billets verts en cir-culation représenteraient plus dutriple de la valeur de la masse mo-nétaire en roubles, est suffisam-

ment honnie pour que l’avènementde l’euro donne des idées à quel-ques-uns. Le quotidien Komsomols-kaïa Pravda expose ainsi celle d’un« économiste moscovite », ArtourSazonov, qui voit dans l’euro « unnouveau moyen pour soutirer encorede l’argent au profit de nos ré-formes ». Il s’agit de créer un

« rouble-or » qui serait lié non audollar, mais à l’euro. Reste àconvaincre l’Union européenne deconsentir un crédit à la Russie de 30à 50 milliards d’euros, déposé surun compte à l’étranger pour servirde fonds de stabilisation au rouble-or, comme cela fut fait pour la Po-logne en 1990. Cela « permettraitd’interdire la circulation du dollar etd’obliger les clients étrangers du gazet du pétrole à payer en rouble-or ».

« Si la Russie prend des crédits eneuros, elle renforce l’euro », n’hésitepas à affirmer le quotidien pour ex-pliquer l’intérêt de l’Union euro-péenne à l’affaire. La dette exté-rieure russe, dont le total s’élève àl’équivalent de plus de 150 milliardsde dollars (128 milliards d’euros) et

sur laquelle le gouvernement russea déjà commencé à faire défaut,n’est pas citée dans la démonstra-tion. Une proposition quelque peusemblable avait pourtant été faitefin août à Moscou, de façon infor-melle, aux ambassadeurs euro-péens, par un des membres consi-dérés comme les plus sérieux desréformateurs russes.

Le quotidien Segodnia, dugroupe financier Most, voit de soncôté dans l’euro l’occasion d’inciterles Russes à reprendre le chemindes banques. « Ceux qui ne désirentplus, en raison de la crise, avoir re-cours aux banques et gardent leursdollars chez eux risquent de voirleurs économies fondre avec la chutepossible du cours du dollar », écrit-il.« Par contre, les déposants peuventse prémunir contre ce risque enconvertissant leurs avoirs en euros. »D’autant plus, précise Segodnia,que la banque centrale a « re-commandé aux organismes de créditde faire les conversions sans prendrede commissions ». Si cette « re-commandation » devait être suivie,ce serait une première en Russie.Elle témoigne cependant d’un inté-rêt discret porté par Moscou aunouveau-né européen, qui « affec-tera la Russie plus que d’autres pays,en raison de ses liens économiquesétroits avec l’Europe », affirmait dèsoctobre le vice-président de labanque centrale russe, Oleg Mo-jaïski. 50 % du commerce de la Rus-sie avec l’Occident est en effet eu-ropéen. Et 40 % de sa detteextérieure...

Sophie Shihab

a La Food and drugadministration vient d’autoriserla mise sur le marché américaindu Clomicalm, antidépresseurpour les chiens qui nesuppportent pas de rester seuls àla maison.

a Un Allemand de Glindow,enrageant d’avoir été mordu parson pitbull, a tué, d’instinct, labête à coup de poings.

a L’institut de recherche de ladéfense norvégienne demandeaux sous-marins d’éviter les eauxscandinaves en février et mars,période où les morues en rutbrouillent les ondes des sonarsen grognant toutes lesquatre-vingts secondes.

a Micheline Dorner, maire deBréançon dans le Val-d’Oise, quiboudait sa mairie et qui, sansdonner de raison, n’adressaitplus la parole à ses administrésdepuis mars 1997, accepte deprésenter sa démission ausous-préfet de Pontoise.

a « On est jaloux de moi, parceque j’ai un jour vendu des fleurs àClaude François », ne s’étonneguère Mohammed T., Françaisd’origine algérienne qui « entenddans sa tête des voix quil’insultent », interné trente-troisfois dans des établissementspsychiatriques, condamné,mercredi 6 janvier, pour avoirsoudain porté un violent coup depoing au visage d’un passagerd’un bus à Maisons-Laffitte, àonze mois de prison ferme par letribunal de Versailles.

a Vladimir Andrès,schizophrène qui, en 1993, avaittué à coups de couteau une amiede sa mère, déclaréirresponsable, soigné à l’hôpitalpsychiatrique du Perray-Vaucluseà Epinay-sur-Orge, calmé, sorti,habitant Vincennes, a obtenu undeuxième non-lieu du tribunal deCréteil pour avoir récemmentpoignardé le Diable, MargueriteJarossay, sa voisine.

a Les familles crétoisesMouzourakis, Dikonomakis etSelianakis qui, en 1994, pourbris de clôture non loin deLa Canée, avaient inauguré unevendetta au couteau, ontassassiné leur sixième parent à lakalachnikov, le premier de l’an, àAthènes.

a La presse belge, aux aguetsdepuis la mort, en septembredernier, de Sémira Adamu,demandeuse d’asile nigériane,étouffée pendant sonexpatriation, condamne lesdouches forcées imposées par lesgendarmes aux sans-papiers qui,pour empêcher leur expulsionmanu militari, se couvrent deleurs excréments.

a Mardi 5 janvier, le pilote d’unbiplan qui faisait des loopings àbord d’un Buecker de 1940, dansle ciel du canton de Saint-Gall,en Suisse, s’est écrasé mollementdans une fromagerie d’Abtwil.

Christian Colombani

EN VUE

QUEL EST le quotient intellec-tuel de Jacques ? Quel est celuide Lionel ? Selon « Nimbus », lemagazine scientifique deFrance 3, qui enquêtait, l’autrenuit, sur « Les clés de l’intelli-gence », la question n’a plusl’importance qu’elle avait au dé-but de leur scolarité. Les psycho-logues s’accordent désormais surce point : le quotient intellectuel,le fameux QI, n’est plus l’uniqueétalon en matière d’intelligence.Il reste un bon outil pour mesu-rer l’intelligence logico-mathé-matique de l’enfant, son aptitudeà organiser ses connaissances.C’est pour cela qu’il a été inventéà l’époque où l’avenir semblaitse réduire à un problème d’al-gèbre. Mais ses performancesont pris un coup de vieux depuisque l’intelligence se conjugue aupluriel.

Car, si l’on ne sait toujours pasvraiment ce qu’est l’intelligence,on sait néanmoins qu’elle estmultiforme. Les explorateurs de

la matière grise ont déjà repérécinq autres types d’intelligence :l’intelligence spatiale, l’intelli-gence linguistique, l’intelligencemusicale, l’intelligence émotion-nelle, l’intelligence kinesthésique(l’aptitude du corps à se mou-voir).

Si l’on en croit le reportageque ce numéro de « Nimbus » aconsacré à l’école de football deLens, il existe même une intelli-gence du ballon rond à la fran-çaise. Et cela confirme la théoriedu professeur Aimé Jacquet, se-lon lequel, pour développer lescapacités intellectuelles des indi-vidus, rien ne vaut un bon ap-prentissage collectif de la disci-pline sur un terrain propice auxrebonds. Ce n’est donc pas unhasard si Jacques et Lionel se re-trouvent aujourd’hui coude àcoude après avoir été côte à côtedans le même stade. La forme decompétition qui les associe il-lustre simplement ce nouvel ac-quis des connaissances pédago-

giques : la faculté de s’adapter àtoutes les situations est uneforme d’intelligence plus utile,de nos jours, que celle quiconsiste uniquement àcomprendre les choses. Jacqueset Lionel forment une paire dontle fonctionnement prouve, en ef-fet, que la cohabitation à la fran-çaise rend plus intelligents ceuxqui y sont contraints par le suf-frage universel parce qu’elle sti-mule en permanence leur créati-vité. Ce que Pascal appelait« l’esprit de finesse » en le distin-guant de « l’esprit de géométrie ».

Un seul vrai risque les menace.C’est celui du déficit guettanttous les sujets précoces, commele rappelait, dans ce même« Nimbus », un professeur ducollège de l’Immaculée-Concep-tion, à Aubenas, en Ardèche :« La seule forme d’intelligence quifasse un peu défaut aux plusdoués, c’est celle de la relation hu-maine. Ils ont un peu de mal àvivre ensemble... »

La clé de la cohabitation par Alain Rollat

DANS LA PRESSE

FRANCE-INTERDominique Brombergera Est-ce le début des hostilitésdans le domaine diplomatiqueentre Jospin et Chirac ? Certes, iln’y a pas eu de déclaration deguerre en bonne et due forme,Lionel Jospin l’a soigneusementévité, mais quand un premier mi-nistre, en période de cohabita-tion, s’exprime sur la façon dontest faite la politique étrangère,on peut, on doit dresser l’oreille.Après tout, que le président et lechef du gouvernement ne soientpas d’accord sur les 35 heures,cela n’a rien de vraiment éton-nant. Quand le président insiste àrépétition sur un thème sensiblepour l’équipe gouvernementale,

on voit bien que tout ne va paspour le mieux. Mais quand cesont les affaires diplomatiquesqui surgissent sur le devant de lascène, la curiosité redouble. Il y aà cela deux raisons. Tout d’abord,il y a cette phrase de l’évangilepolitique français : vis-à-vis del’étranger, la France parle d’uneseule voix. Et puis, il y a cettepratique de la Ve République se-lon laquelle le président joue unrôle prééminent en matière depolitique étrangère. Quand la co-habitation est brève, une réparti-tion des rôles s’instaure : le pré-sident de la République s’inclineen politique intérieure, tandisque le premier ministre lui laissela vedette sur la scène internatio-nale. Mais si la cohabitation dure,que le président relève la tête,

donne de la voix et de la critique,le premier ministre est moinsporté à se montrer accommo-dant, et la confrontation est iné-vitable. C’est exactement le scé-nario qui transparaît dansl’interview donnée par LionelJospin au Monde.

INTERNATIONAL HERALDTRIBUNEWilliam Pfaffa Le lancement réussi de la mon-naie unique européenne, l’euro, asuscité deux sortes de com-mentaires américains, inca-pables, l’un comme l’autre, desaisir un point essentiel, qui estque l’euro existe non pas pouraméricaniser l’économie euro-péenne mais pour empêcher sonaméricanisation. Les commenta-

teurs américains ont, pour l’es-sentiel, affirmé le contraire. Lesconservateurs félicitent les Euro-péens de rattraper les Etats-Unis.Les gens de gauche mettent engarde les Européens contre lesdangers du modèle américain.Les uns et les autres necomprennent pas ce qu’est réel-lement l’euro. La plupart des res-ponsables et des commentateursaméricains devraient au contraireadmettre que, dans le court etmoyen terme, l’euro est un risquepour les Etats-Unis. La nouvellemonnaie, non seulement menacela domination internationale dudollar, mais pourrait produire despressions inflationnistes auxEtats-Unis en affaiblissant la va-leur du dollar et en augmentantle coût des importations.

LeMonde Job: WMQ0801--0031-0 WAS LMQ0801-31 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 09:58 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0425 Lcp: 700 CMYK

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / VENDREDI 8 JANVIER 1999 / 31

JEUDI 7 JANVIER

VENDREDI 8 JANVIER

Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro-grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévisionainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite.Le nom qui suit le genre de l’émission (film, téléfilm, etc.) est celui du réalisateur.

SIGNIFICATION DES SYMBOLES :E Signalé dans « Le Monde Télévision-Radio-Multimédia ».a On peut voir.

a a Ne pas manquer.a a a Chef-d’œuvre ou classiques

d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants.

FILMS DE LA SOIRÉE

20.00 Le Comte de Monte-Cristo a aRobert Vernay [1/2] (France, 1942,N., 120 min). TV 5

20.30 Un thé au Sahara a a aBernardo Bertolucci (GB,1989, 140 min). Cinéstar 1

20.55 On achève bienles chevaux a aSidney Pollack (Etats-Unis, 1969,125 min). Téva

21.00 Regain a aMarcel Pagnol (France, 1937,N., 125 min). France 3

21.00 Fahrenheit 451 a aFrançois Truffaut (Grande-Bretagne,1966, v.o., 110 min). Paris Première

22.15 Nos plus belles années a aSidney Pollack (Etats-Unis, 1973,120 min). RTL 9

22.20 In the Soup a aAlexandre Rockwell (Etats-Unis, 1992,N., v.o., 105 min). Canal Jimmy

22.25 E Soleil vert a aRichard Fleischer (Etats-Unis, 1973,v.o., 90 min). Arte

22.25 Assunta Spina a aMario Mattoli (Italie, 1948,N., v.o., 95 min). Ciné Classics

22.30 Le Comtede Monte-Cristo a aRobert Vernay [2/2] (France, 1942,N., 120 min). TV 5

22.45 La Symphonie fantastique a aChristian-Jaque (France, 1941,N., 120 min). Mezzo

22.55 Brazil a aTerry Gilliam (Grande-Bretagne, 1984,145 min). Cinéstar 2

23.15 Providence a a aAlain Resnais (France - Suisse, 1977,v.o., 110 min). Ciné Cinémas

0.35 Le Pas suspendu de la cigogne a a aThéo Angelopoulos (France - Grèce,1991, v.o., 130 min). Cinéstar 1

0.40 Grand Hôtel a aEdmund Goulding (Etats-Unis, 1932,N., v.o., 110 min). Cinétoile

GUIDE TÉLÉVISION

MAGAZINES

18.00 et 21.00 Le Grand Journal. LCI

18.30 Le Magazine de l’Histoire.Spécial siècle barbare.Invités : Krystof Pomian,Alain Besançon, DominiqueBorne, Eric Vigne. Histoire

18.30 Nulle part ailleurs.Invités : Zazie, Blankass,Julien Clerc. Canal +

19.10 et 0.10 Le Rendez-vous. LCI

20.00 20h Paris Première.Serge Trigano. Paris Première

20.05 Temps présent.Premiers secours de l’âme. La leçondes grands singes. Le siècle en images :Le Sentier Lumineux. TSR

20.55 Envoyé spécial.Voyage au bout de l’insomnie.Nourrices, mensonges et vidéo.Portrait d’Hillary Clinton. France 2

22.50 Courts particuliers.Claude Lelouch. Paris Première

23.00 De l’actualité à l’Histoire.Les islams intégristes.Invités : Séverine Lebat, Olivier Roy,Farhad Khosrokhavar. Histoire

23.40 Tapage. France 3

1.00 Des racines et des ailes.Un petit coin de paradis.Prison en famille. Francs-maçons :ils parlent. France 3

DOCUMENTAIRES

17.55 Couleur de l’Afrique.Ame noire. La Cinquième

18.00 Laughin’ Louis. Muzzik

18.25 Le Tunnel sous la Manche.[1/3]. Planète

18.30 Le Lycaon. La Cinquième

19.00 Voyages, voyages. Hawaï. Arte

19.10 Histoires d’opéra. Muzzik

19.15 Eddy Paape. Planète

19.30 Vittorio Mussolini.Le cinéma fasciste. Odyssée

19.45 Les Meilleurs momentsdes JO. [1/10]. Histoire

20.15 360o , le reportage GEO.Les Villes rêvées. [4/4]. Arte

20.35 E Cinémaet apartheid. [1/2]. Planète

20.40 Soirée thématique.Nos assiettes les intéressent ! Arte

21.25 Expédition à Svalbard.[1/3]. Au paysdes ours polaires. Odyssée

21.45 New York paparazzi. Planète

22.25 Le Temps des cathédrales.Les nations s’affirment. Odyssée

22.55 La Légendede Marilyn Monroe. TMC

23.20 Le Pénitencier d’Ihawig. Odyssée

SPORTS EN DIRECT

20.30 Basket-ball.Euroligue. Cibona Zagreb -Pau-Orthez. AB Sport

22.30 Golf.Mercedes Championship. AB Sport

1.35 Hockey NHL. Philadelphie Flyers -New York Islanders. Canal +

MUSIQUE

20.59 E SoiréePoulenc-Cocteau. Muzzik

21.35 La Voix humaine.Mise en scène. Dominique Delouche.Par l’Orchestre du Théâtre nationalde l’Opéra comique,dir. Georges Prêtre. Muzzik

21.45 Julia Varadyinterprète Wagner. Mezzo

22.40 La Voix humaine.Opéra de Poulenc.Mise en scène. Peter Medak.Par l’Orchestre national de France,dir. Georges Prêtre. Muzzik

23.50 Georges Prêtre dirigeRichard Strauss. Paris Première

TÉLÉFILMS

18.20 L’Orange de Noël.Jean-Louis Lorenzi. Festival

20.45 Masada. Boris Sagal [1/4]. Histoire

22.10 Adieu la vie.Maurice Dugowson. Festival

22.35 Made in America.Opération Pandora.John Terlesky et Jim Wynorski. TF 1

23.05 Liaison maléfique.Deryn Warren. 13ème Rue

SÉRIES

19.20 Force de frappe.Les tulipes du Rhin. 13ème Rue

20.00 Dharma & Greg. Bague audoigt et doigt dans le nez. Téva

20.00 Quoi de neuf docteur ? TMC

20.10 Happy Days. Potsieet le show-business. Série Club

20.40 Buffy contre les vampires.La momie inca. Série Club

20.50 Navarro.L’Honneur de Navarro. TF 1

22.10 Highlander.Traque sur ordinateur. Série Club

22.40 La Chambre secrète.Une histoire d’amour (v.o.). 13ème Rue

23.25 3e planète après le Soleil.Same Old Songand Dick (v.o.). Série Club

FILMS DU JOUR13.45 Dune a a

David Lynch (Etats-Unis, 1984,135 min). Cinéstar 2

13.55 Un théau Sahara a a aBernardo Bertolucci(Grande-Bretagne, 1989,135 min). Cinéstar 1

16.05 Grand Hôtel a aEdmund Goulding (Etats-Unis, 1932,N., v.o., 110 min). Cinétoile

19.30 Rio Grande a aJohn Ford (Etats-Unis, 1950, N.,110 min). Cinétoile

20.35 Assunta Spina a aMario Mattoli (Italie, 1948, N., v.o.,95 min). Ciné Classics

21.20 L’Homme tranquille a aJohn Ford (Etats-Unis, 1952, v.o.,130 min). Cinétoile

22.40 Qui veut la peaude Roger Rabbit ? a aRobert Zemeckis(Etats-Unis, 1988, v.o.,100 min). Ciné Cinémas

22.55 Retour vers le futur a aRobert Zemeckis (Etats-Unis, 1985,v.o., 115 min). Cinéstar 1

23.30 Jerry chez les cinoques a aFrank Tashlin (Etats-Unis, 1964, v.o.,90 min). Cinétoile

0.20 Aliens, le retour a aJames Cameron (Etats-Unis, 1986,135 min). Ciné Cinémas

0.50 Hanussen a aIstvan Szabo (Allemagne - Hongrie,1988, v.o., 115 min). Arte

1.30 Le Faucon maltais a a aJohn Huston (Etats-Unis, 1941, N., v.o.,100 min). Ciné Classics

3.40 Le Septième Ciel a aB. Jacquot (F, 1997,d,85min). Canal+

GUIDE TÉLÉVISION

MAGAZINES

13.25 Parole d’Expert.Invité : Patrick Fiori. France 3

14.00 20 h Paris Première. Serge Trigano. Paris Première

14.10 Le Club.Jean-Hugues Anglade. Ciné Classics

15.00 Ecran savoir multimédia.Invité : Jacques Durieux. RTBF 1

16.30 Le Magazine de l’Histoire.Spécial siècle barbare.Invités : Krystof Pomian ;Alain Besançon ; Dominique Borne ;Eric Vigne. Histoire

17.00 Les Lumières du music-hall.Gloria Lasso.Yves Montand. Paris Première

18.00 Stars en stock. Lauren Bacall.Frank Sinatra. Paris Première

18.30 De l’actualité à l’Histoire.Les islams intégristes. Invités : Séverine Lebat ; Olivier Roy ;Farhad Khosrokhavar. Histoire

18.30 Nulle part ailleurs.Invités : Daniel Prevost et son fils,Offspring. Holly Hunter. Canal +

19.00 Tracks. Arte

19.30 Envoyé spécial, les années 90.De Vesoul à Zagreb.Les dopés du sport. Histoire

21.00 Thalassa.Soupe et soupçons. France 3

21.00 Les Documents de Savoir plus.Le malade est une personne. TV 5

22.10 Faut pas rêver.Suisse : Les peintres de l’alpage.France : Les chaisiers de Bresse.Etats-Unis : Fête au Far West. Invité : Marin Karmitz. France 3

22.30 Au nom de la loi spécial.Objectif Bruxelles.L’ordre noir. Le siège d’Anvers.Un flic au Blok. TV 5

22.35 Bouillon de culture.Affaires criminelles. Invités : Jacques Attali ;Claude Chabrol ; Eric Halphen ;Michel Steiner. France 2

23.00 Intérieur nuit. Glasgow,a Fucking Friendly City. RTBF 1

23.10 Sans aucun doute.L’argent à tout prix. TF 1

23.30 Les Dossiers de l’Histoire.Les Emprunts russes :histoire d’une spoliation. France 3

0.20 Le Live du vendredi.Soul of Axelle Red. M 6

0.45 Envoyé spécial.Voyage au bout de l’insomnie.Nourrices, mensonges et vidéo.Portrait d’Hillary Clinton. France 2

DOCUMENTAIRES

17.05 Vittorio Mussolini.Le cinéma fasciste. Odyssée

17.25 Les Grandes Batailles du passé.[10/28]. Mexico 1521. Planète

17.55 Couples légendaires. Clark Gableet Carole Lombard. La Cinquième

18.05 Le Temps des cathédrales.Les nations s’affirment. Odyssée

19.00 Les Secrets du sommeil. Odyssée

19.40 Jazz Collection.[6/11]. Bernard Lubat. Planète

19.55 Whistler,un Américain à Paris. Odyssée

20.15 Palettes, Manet. Le modèle au chatnoir : Olympia, 1865. Arte

20.20 Les Marmottesdu grand rocher. Odyssée

20.35 Les Années algériennes. [1/4]. D’amour et de haine. Planète

20.45 A la recherchede Karine Saporta. Mezzo

20.50 Le Mystère Giono. Odyssée

21.45 Conférences de presse.4 février 1965 [3/3]. Histoire

21.55 Sur la piste de la loutre. Odyssée

22.15 E Grand format.Ocho-a, un procès à Cuba. Arte

22.30 Le Tunnel sous la Manche.[1/3]. Planète

23.30 Tina Turner. Canal Jimmy

23.40 Un oiseau mythique. Odyssée

0.35 La Case de l’Oncle Doc.Un siècle à la une. France 3

0.40 E Cinéma et apartheid.[1/2]. Planète

SPORTS EN DIRECT

13.00 Biathlon. Coupe du monde :7,5 km sprint dames. Eurosport

17.30 Tennis. Tournoi messieurs de Doha :quarts de finale. Eurosport

20.30 Football. Tournoi international de Maspalomas (Esp.). Eurosport

22.30 Golf. Mercedes Championship(2e jour). AB Sport

MUSIQUE

18.00 50e anniversaire du label Verve.Carnegie Hall, 1994. Muzzik

20.00 Jazz Dance."De Broadway aux Champs-Elysées".Enregistré en 1987. Muzzik

21.00 Mojazz.La Nouvelle-Orléans, 1994. Muzzik

21.55 Beethoven. Sonate pour violoncelle et piano no 3.Avec Hüseyin Sermet, piano ; XavierPhillips, violoncelle. Mezzo

22.30 Falstaff de Verdi.Par l’Orchestre de l’Opéra royal, dir.Carlo Maria Giulini. Paris Première

22.45 Myung-Whun Chung dirige...Fauré et Ravel. par l’Orchestre symphoniquede la Radio de Sarrebruck. Mezzo

22.45 These Are Special Times. Concert enregistré en 1998.Avec Céline Dion ; Rosie O’Donnell ;Andrea Bocelli. TMC

23.25 Pictures on the Edge."Tableaux d’une exposition,de Moussorgski". Avec les danseurs deMomix et l’Orchestre symphonique deMontréal, dir. Charles Dutoit. Muzzik

23.45 Requiem de Fauré.Par l’English Chamber Orchestraet le Winchester Cathedral Choir,dir. Martin Neary. Mezzo

TÉLÉFILMS

18.25 L’Enigme blanche.Peter Kassovitz. Festival

20.30 La Nuit des hulottes.Michaela Watteaux. Festival

20.45 Piège du bonheur.Jürgen Bretzinger. Arte

20.50 La Passion de Vénus.Dominique Othenin-Girard. M 6

20.55 Le Portrait. Pierre Lary. France 2

20.55 L’Affaire Dreyfus.Yves Boisset [1/2]. TMC

22.10 Micro-climat.Marc Simenon. Festival

23.00 Louis XI. A. Astruc [2/2]. Histoire

23.00 Le Piège. Michael Keusch. Téva

23.05 Le Baiser de l’ange.B. Corcoran. TSR

23.40 Au bord de l’Irtych.Viatcheslav Sorokine. Arte

COURTS MÉTRAGES

0.20 Libre Court. Mabrouk Moussa.Jean-Philippe Gaud. France 3

SÉRIES

20.10 Happy Days.Enseigner est un art. Série Club

20.40 Chicago Hospital.Tourner la page. RTL 9

21.00 McCallum. Les Soupçons. Canal +

21.20 Fallen Angels.Le Confessionnal (v.o.). Canal Jimmy

22.35 X-Files. Nous ne sommes pas seuls.Gorge profonde. M 6

23.05 Seinfeld.La grenouille (v.o.). Canal Jimmy

1.00 Star Trek, Deep Space Nine.Vortex (v.o.). Canal Jimmy

1.45 Star Trek,la nouvelle génération. [2/2].Droit ancestral (v.o.). Canal Jimmy

3.00 New York Police Blues.Quand lahainetue(v.o.). CanalJimmy

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 119.05 Le Bigdil.20.00 Journal, Météo.20.50 Navarro. L’Honneur de Navarro.22.35 Made in America.

Opération Pandora.Téléfilm. John Terleskyet Jim Wynorski.

0.15 Les Rendez-vous de l’entreprise.0.45 TF 1 nuit, Météo.0.55 Frédéric Pottecher.

[2/3]. L’affaire du siècle.1.50 Reportages.

Les Prêtres de la dernière heure.

FRANCE 218.45 Cap Dakar.19.20 1 000 enfants vers l’an 2000.19.25 Qui est qui ?19.55 L’Euro.20.00 Journal, Météo, Point route.20.55 Envoyé spécial.

Voyage au bout de l’insomnie.Nourrices, mensonges et vidéo.Portrait d’Hillary Clinton.

23.05 Le Roi des aulnes aFilm. Volker Schloendorff.

1.00 Journal, Météo.

FRANCE 318.20 Questions pour un champion.18.50 Un livre, un jour.18.52 L’Euro, mode d’emploi.18.55 Le 19-20 de l’information.20.00 Météo, Météo des neiges.20.05 Le Kouij de 20 heures.20.35 Tout le sport. 20.38 Le Journal du Dakar.20.50 Consomag.21.00 Regain a a

Film. Marcel Pagnol.23.05 Météo, Soir 3.23.40 Tapage. 0.35 Espace francophone.

CANAL +

E En clair jusqu’à 20.4018.30 Nulle part ailleurs.20.30 Le Journal du cinéma.20.40 Carton jaune a

Film. David Evans.22.20 Succube.

Film. James Bond III.23.55 Sergent Bilko.

Film. Jonathan Lynn (v.o.).1.35 Hockey sur glace.

ARTE19.00 Voyages, voyages. Hawaï.19.45 Météo, Arte info.20.15 360o , le reportage GEO.

Les Villes rêvées. [4/4]. Celebration :harmonie à l’américaine.

20.40 Soirée thématique.Nos assiettes les intéressent !Les enjeux de l’industrie alimentaire.20.45 2001, l’odyssée de l’assiette.21.40 La Guerre des graisses.22.25 E Soleil vert a aFilm. Richard Fleischer (v.o.).

23.55 Brevet sur la vie.0.35 XXIe Festival mondial

du cirque de demain.

M 618.25 Loïs et Clark.19.20 Mariés, deux enfants.19.54 Le Six Minutes.20.10 Notre belle famille.20.35 Météo des neiges.20.40 Décrochage info, Passé simple.20.50 Jack et Sarah. Film. Tim Sullivan.22.45 Max, le meilleur ami

de l’homme aFilm. John Lafia.

RADIO

FRANCE-CULTURE20.02 Les Chemins de la musique. [4/5].20.30 Agora. Alain Rey (Dictionnaire

historique de la langue française).21.00 Lieux de mémoire.

Les grottes de Lascaux.22.10 For intérieur. Jean Biès, écrivain.23.00 Nuits magnétiques. [3/5].

FRANCE-MUSIQUE20.00 Concert à quatre.

Par l’Orchestre national de France,dir. Georges Prêtre, Annick Massis,soprano, Alexandre Tharaud, piano :Œuvres de Poulenc.

22.30 Musique pluriel.23.07 Papillons de nuit.

RADIO-CLASSIQUE20.15 Les Soirées...

Sonate pour piano et violon no 24 K 296,de Mozart, Alexander Lonquich, piano,Frank Peter Zimmermann, violon.20.40 L’orchestre de Meiningen.

22.46 Les Soirées... (suite).

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 113.45 Les Feux de l’amour.14.30 Arabesque.15.25 La loi est la loi.16.15 L’homme qui tombe à pic.17.05 Sunset Beach.17.45 Beverly Hills.18.35 Exclusif.19.05 Le Bigdil.20.00 Journal, Météo.20.50 Les Années tubes.23.10 Sans aucun doute.

L’argent à tout prix.1.00 TF 1 nuit, Météo.1.15 Frédéric Pottecher.

[3/3]. La voix de la justice.

FRANCE 213.55 Derrick. 14.50 Soko. 15.45 La Chance aux chansons. 16.50 Des chiffres et des lettres.17.25 Cap des Pins.17.50 Hartley, cœurs à vif.18.45 Cap Dakar.19.15 1 000 enfants vers l’an 2000.19.20 Qui est qui ?19.55 L’Euro.20.00 Journal, Météo.20.55 Le Portrait.

Téléfilm. Pierre Lary.22.35 Bouillon de culture.

Affaires criminelles.23.45 Journal, Météo.0.10 Paris-Dakar.0.35 Mezzo l’info.0.45 Envoyé spécial.

FRANCE 313.25 Parole d’Expert.14.25 Les Craquantes.14.50 Simon et Simon. 16.40 Les Minikeums.17.45 La Piste du Dakar. 18.20 Questions pour un champion.18.50 Un livre, un jour.18.52 L’Euro, mode d’emploi.18.55 19-20 de l’information, Météo. 20.10 Le Kouij de 20 heures.20.35 Tout le sport.20.40 Le Journal du Dakar. 21.00 Thalassa. Soupe et soupçons. 22.10 Faut pas rêver.23.05 Météo, Soir 3.23.30 Les Dossiers de l’Histoire.

Les Emprunts russes : histoire d’une spoliation.

0.20 Libre Court. Mabrouk Moussa. Court métrage. Jean-Philippe Gaud.

0.35 La Case de l’Oncle Doc.Un siècle à la une.

1.30 Nocturnales. Jazz à volonté.

CANAL +

E En clair jusqu’à 13.4013.34 Les mots ont des visages. 13.40 Big Night a

Film. Stanley Tucci et Campbell Scott.15.25 L’Œil du cyclone. 15.50 Le Journal du cinéma.15.55 Le Comédien.

Film. Christian de Chalonge.17.35 H.18.00 Blague à part. [7/20]. E En clair jusqu’à 21.0018.30 Nulle part ailleurs. 20.30 Allons au cinéma ce week-end.21.00 McCallum. Les Soupçons. 22.40 Roméo et Juliette.

Film. Baz Luhrmann.0.35 La Vengeance de Fu Manchu.

Film. Jeremy Summers (v.o.).2.10 Happy Gilmore. Film. D. Dugan.

LA CINQUIÈME/ARTE13.40 Le Journal de la santé.14.00 Les Lumières du music-hall. 14.30 La Cinquième rencontre...

Travail et économie.L’évolution des conditions de travailau XXe siècle. 14.40 Cent ans de travail.15.30 Entretien avec Robert Castel.

16.00 Olympica. [1/26].16.30 Le Magazine Ciné.17.00 Au nom de la loi. 17.30 100 % question.17.55 Couples légendaires.18.20 Météo.18.30 Le Monde des animaux. 19.00 Tracks.19.45 Météo, Arte info.20.15 Palettes, Manet.

Le modèle au chat noir : Olympia, 1865.20.45 Piège du bonheur.

Téléfilm. Jürgen Bretzinger.22.10 Contre l’oubli.

Pierre Duterte (France-Etats-Unis).22.15 E Grand format.

Ocho-a, un procès à Cuba.23.40 Au bord de l’Irtych.

Téléfilm. Viatcheslav Sorokine (v.o.).0.40 Le Dessous des cartes. Algérie :

territoire du chaos, territoire protégé.0.50 Hanussen a a

Film. Istvan Szabo (v.o.).

M 613.30 Le Paradis d’Angela.

Téléfilm. Joe Napolitano.15.10 Les Routes du paradis. 16.00 Boulevard des clips.17.40 Les Nouvelles Aventures

de Robin des Bois. 18.25 Loïs et Clark. 19.20 Mariés, deux enfants.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.10 Notre belle famille.20.40 Décrochage info,

Politiquement rock.20.50 La Passion de Vénus.

Téléfilm. Dominique Othenin-Girard.

22.30 X-Files, l’intégrale.22.35 Nous ne sommes pas seuls. 23.30 Gorge profonde.

0.20 Le Live du vendredi.

RADIO

FRANCE-CULTURE19.45 Les Enjeux internationaux.20.02 Les Chemins de la musique. [5/5]. 20.30 Agora. Michel Delon (Sade. Tome III).21.00 Black and Blue.22.10 Fiction.

Nouvelles, de Christophe Burns.23.00 Nuits magnétiques. Micro gadjo. 0.05 Du jour au lendemain. [5/5].

FRANCE-MUSIQUE19.00 Histoires de Lieder. 19.40 Prélude. 20.05 Concert franco-allemand.

Œuvres de Sibelius, Brahms.22.30 Musique pluriel. 23.07 Jazz-club.

RADIO-CLASSIQUE20.15 Les Soirées.

Œuvres de Boccherini. 20.40 Le Festival de musique dechambre de Jérusalem. Œuvres deGlinka, Prokofiev, Rachmaninov,Tchaïkovski, Rimsky-Korsakov.

23.00 E L’Isola disabitata.Opéra de Haydn. Interprété parl’Orchestre de chambre de Lausanne,dir. Antal Dorati.

NOTRE CHOIX

b 20.45 Arte2001, l’odyssée de l’assietteC’est à une exploration du mondede la cuisine industrielle que nousconvie ce documentaire d’AlainLasfargues, diffusé en ouvertured’une « Thema » intitulée Nos as-siettes les intéressent ! Les consom-mateurs actuels et les restaura-teurs veulent des plats prêts àl’emploi qu’ils peuvent réchaufferrapidement. Cette cuisine express,qui n’a plus rien à voir avec la cui-sine familiale, s’élabore dans d’im-menses usines, dont certaines,comme Culinar Food, dans l’Illi-nois aux Etats-Unis, fournissentde 3 à 4 millions de portions parsemaine. La technologie y estreine, et les machines manipulentdes denrées alimentaires à latonne. Le but de l’opération est defournir le produit alimentaire leplus adapté à la demande du res-taurateur, de façon que le clientn’y voie que du feu et pense qu’ils’agit d’un plat cuisiné. Mais aubout du compte, le consommateurs’y retrouve-t-il sur le plan gustatifet, surtout, sur le plan de la sécuri-té alimentaire ? – C. Ga.

b 0.35 Cinéstar 1Le Pas suspendu de la cigogneDans une petite ville frontalière,un reporter de la télévisiongrecque tourne un documentairesur les réfugiés attendant l’autori-sation d’émigrer. Parmi ceux-ci, ilcroit reconnaître un homme poli-tique qui a disparu. Il fait venirl’épouse de cet homme. Une fablemoderne sur l’identité, le pro-blème des immigrés, la perte desillusions politiques et sociales. Ad-mirable mise en scène de TheoAngelopoulos en longs plans-sé-quences, recherches sur la couleur,atmosphère d’hiver, de mélanco-lie, de fin de monde. Mastroianniet Jeanne Moreau superbes. – J. S.

NOTRE CHOIXb 23.30 France 3Les Dossiers de l’Histoire

Emprunts russes,enquêteet dramaturgie

LA QUESTION du rembourse-ment des emprunts russes ne seraprobablement pas réglée avant lafin du siècle, pourtant la passionsuscitée par ce retentissant fiascofinancier n’a jamais faiblie. Rap-pellons quelques données : pourfinancer le développement écono-mique d’un géant à peine sorti deson Moyen Age, les derniers tsarsRomanov firent appel à la coopé-ration de bailleurs de fonds euro-péens. Avec plus de 1 600 000 sous-cripteurs qui fournirent quelque11 milliards de francs-or entre 1890et 1914, c’est la France qui assura leplus gros de ce financement quipermit, notamment, la réalisationdu Transsibérien.

Débutant sur la spectaculaireannonce de l’accord conclu entrela France de Chirac et la Russied’Elstine en novembre 1996 – quin’indemnisait les actuels porteurs,héritiers ou non des épargnants lé-sés, qu’à hauteur de 1 % de la va-leur faciale originelle des titres –,Les Emprunts russes, histoire d’unespoliation, de Joël Freymond etJacques Tréfouël, joue de l’enquêteet de la dramaturgie en croisantimages d’archives (parfois d’unedouteuse authenticité), parolesd’acteurs plus que de témoins etanalyses d’historiens – de loin lesinterventions les plus éclairantes.L’investigation se veut aiguë, sinonaccusatrice. Les questions fausse-ment naïves, posées aux interve-nants, suggèrent une malignitédans l’incurie du problème qui estsans doute didactique mais aussiun peu facile, puisque le cours del’enquête annule une part de l’in-dignation sollicitée.

On regrettera le flou des chrono-logies qui lissent les phases succes-sives des liens franco-russes jus-qu’à caricaturer en engouementaveugle un projet diplomatiquemoins anecdotique qu’il n’y paraît.Et la spoliation n’évoque que leshéritiers d’un avoir évanoui alorsqu’aujourd’hui nombre de por-teurs détiennent des titres auterme d’une spéculation, certeshasardeuse, mais qui doit peu à latransmission filiale. Au-delà de cesréserves, un intéressant regard surun problème plus souvent évoquéque traité, et qui attend toujoursson historien.

Philippe-Jean Catinchi

LeMonde Job: WMQ0801--0032-0 WAS LMQ0801-32 Op.: XX Rev.: 07-01-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:07,11, Base : LMQPAG 17Fap:100 No:0426 Lcp: 700 CMYK

Affaire Elf : les mandats d’arrêt visant Alfred Sirven,le suspect principal, sont diffusés dans le monde entier

L’Institut Curie ouvre ses archivessur les victimes d’irradiation

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VENDREDI 8 JANVIER 1999

Le 15 mars, nouvelle date limitepour déclarer ses revenusLE MINISTRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES, DominiqueStrauss-Kahn, a annoncé par un communiqué, publié mercredi 6 jan-vier, qu’il a décidé de reporter au lundi 15 mars, à minuit, la date li-mite de dépôt des déclarations de revenus de 1998, au lieu du 1er mars.Cette date du 1er mars est celle prévue par la loi, mais chaque année, ilest d’usage que Bercy accorde un délai de grâce de quelques jours auxcontribuables pour remplir leur déclaration. Pour tenir « compte descongés scolaires », le délai est donc, cette fois, plus important, puis-qu’il est de deux semaines. Le ministère des finances annonce qu’il« s’appliquera également les années suivantes ».

Plainte à proposdu paiementdes loyersdes Le Pen

LE PRÉSIDENT du Front natio-nal, Jean-Marie Le Pen, pourrait,selon Libération du jeudi 7 janvier,être à nouveau au centre d’unetourmente judiciaire. A l’originede l’affaire, la propriété de1 645 mètres carrés comprenantjardin, dépendances et piscinequ’occupe le couple Le Pen àRueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Une plainte avec constitution departie civile a été déposée, mardi,auprès du doyen des juges d’ins-truction de Paris, René Humetz,contre Jean Garnier, ancien épouxde Jany Le Pen, et Jean-PierreMouchard, ami de trente ans ethomme de confiance du présidentdu Front national, pour avoir, du-rant un an, versé les loyers de lamaison de Rueil sur les deniers deleur entreprise, Ecotec. Cetteplainte émane d’un co-actionnaired’Ecotec, Carlos Miriel, inventeurdu carburant mêlant eau et ga-zole, vendu à Elf par Ecotec. Ilpoursuit MM. Garnier et Mou-chard pour abus de biens sociaux,ce qui pourrait, par contrecoup,constituer un recel pour Jany LePen, mais aussi pour son époux,qui a fait de la maison son domi-cile principal depuis son mariageavec l’ex-Mme Garnier.

Interrogé par Libération,M. Garnier invoque une histoirede famille et de divorce pour lepaiement de ces loyers. « J’ai étémarié pendant trente ans à Jany.Puis je lui ai versé une pension ali-mentaire de 20 000 francs[3 050 euros] par mois », explique-t-il en reconnaissant que, s’il apayé momentanément le loyer dela propriété de Rueil, il l’a fait « àtravers un compte courant d’asso-cié, ce qui n’a rien d’illégal ».

Le couple Le Pen connaîtd’autres inquiétudes avec cettemaison. Celle-ci fait, en effet, éga-lement, depuis plusieurs années,l’objet d’un conflit avec son pro-piétaire, la Secri, une société im-mobilière. Mme Le Pen, qui contes-tait la vente de la villa, a perdu enpremière instance, en 1995, puisen appel, en 1998. Selon la Secri, lecouple Le Pen, qui ne paie plus sesloyers depuis plusieurs années, areçu, en décembre 1998, un nou-veau commandement de quitterles lieux mais il faudra attendre lafin de la pause hivernale pour quel’expulsion puisse être effective.Toujours selon la Secri, le montantdes loyers impayés s’élèverait à1,8 millions de francs (274 000 eu-ros).

Christiane Chombeau

La droite allemande s’élève contrela réforme du code de la nationalité

Le débat se focalise sur l’autorisation de la double nationalitéBONN

de notre correspondantLa polémique enfle en Alle-

magne sur la réforme du code de lanationalité, fondé jusqu’à présentsur le droit du sang et toujours régipar une loi du Reich de 1913. Leschrétiens-démocrates (CDU) et leschrétiens-sociaux (CSU), emmenéspar le ministre-président de Ba-vière, Edmund Stoiber, ont décidéde faire du sujet leur nouveau che-val de bataille.

Le gouvernement de GerhardSchröder compte faire adopter laréforme par le Parlement avant lapause estivale. Le ministre de l’in-térieur, Otto Schily, a annoncé,mercredi 6 janvier, qu’il présente-rait un projet de loi la semaineprochaine. Ce projet devrait s’ins-pirer du contrat de coalition signéen octobre 1998 entre le Parti so-cial-démocrate (SPD) et les Verts.Celui-ci prévoit d’accorder la na-tionalité allemande aux étrangersnés en Allemagne si l’un de ses pa-rents est lui-même né en Alle-magne ou s’il y séjourne depuisl’âge de quatorze ans.

Le contrat de coalition prévoitaussi d’accorder la nationalité auxétrangers résidant depuis huit ansen Allemagne, contre quinze ansjusqu’à présent. Surtout, ils ne se-ront plus obligés de renoncer àleur nationalité d’origine. Ce refusde la double nationalité était unobstacle considérable à l’intégra-tion des étrangers, ces derniersn’acceptant pas de ne devenir

« uniquement » allemands. La to-lérance de la double nationalitéouvrirait la voie à la naturalisationquasi immédiate des 4,1 millionsd’étrangers présents en Allemagnedepuis plus de huit ans (sur un to-tal de 7,4 millions d’étrangers, soit9 % de la population).

LE PROBLÈME TURCL’introduction de la double na-

tionalité provoque un tollé àdroite. M. Stoiber a estimé qu’elleétait pour la paix civile une menaceplus dangereuse que la terreur dela Fraction armée rouge dans lesannées 70. L’ancien ministre des fi-nances Theo Waigel (CSU) a mena-cé mercredi de déposer plainte de-vant la Cour constitutionnelle deKarlsruhe ou la Cour de justice eu-ropéenne. Pendant la trêve deNoël, le clan Stoiber a lancé l’idéed’organiser une consultation po-pulaire sur le sujet, même si laConstitution allemande exclut desréférendums au niveau national,sauf pour l’entrée de nouveauxEtats dans la fédération. La CSUs’est finalement entendue avec laCDU pour organiser une pétition,censée recueillir plusieurs millionsde signatures, contre la réformegouvernementale.

Cette initiative est une aubainepour la CSU, habituée à ratissertrès à droite, mais elle divise laCDU. Son président, WolfgangSchäuble, a considérablement dur-ci son discours depuis qu’il estdans l’opposition, mais l’aile

gauche du parti craint de se couperencore plus de la société alle-mande en adoptant une attitudeaussi conservatrice, d’autant que leparti d’extrême droite NPD sou-tient la pétition. En riposte, le dé-puté en charge des étrangers, laVerte Marieluise Beck, a annoncéune campagne d’information enfaveur de la double nationalité,pour un montant d’environ 2 mil-lions de marks (plus de 1 milliond’euros).

La débat se focalise actuellementsur la double nationalité, alors quedeux millions de personnes, origi-naires de pays de l’Est ou membresde familles binationales, sont déjàdans cette situation sans que celapose problème. La vraie questionconcerne l’intégration des étran-gers non ressortissants de l’Unioneuropéenne, en particulier les deuxmillions de Turcs présents en Alle-magne, dont une partie de la droitene veut pas reconnaître qu’ilspeuvent devenir allemands. Laparti bavarois agite le spectre d’unparti turc ou islamiste au Bundes-tag et ne veut pas entendre parlerd’une société multiculturelle. C’estla raison pour laquelle HelmutKohl avait refusé l’entrée de la Tur-quie dans l’Union européenne.Symptomatiquement, quand unTurc se fait naturaliser, on ne lequalifie pas outre-Rhin d’Allemandmais de « Turc avec un passeport al-lemand ».

Arnaud Leparmentier

Tirage du Monde daté jeudi 7 janvier 1999 : 517 273 exemplaires. 1-3

LE PROFESSEUR Jean-MarcCosset, chef du département deradiothérapie de l’Institut Curie(Paris), a pris la décision de rendrepublic le contenu des archives mé-dicales concernant les victimes,françaises et étrangères, des irra-diations professionnelles qui ontété pris en charge par cet établise-ment depuis 1951. Compte-tenudes craintes que suscite l’énergienucléaire et du secret qui a long-temps entouré cette activité, cesdonnées, publiées par Le Figaro du7 janvier, étaient jusqu’à présentconsidérées comme confiden-tielles.

On apprend aujourd’hui que,depuis 1951, 696 personnes ont étéprises en charge par l’InstitutCurie, parmi lesquelles 128 pa-tients d’origine étrangère. Il s’agitpour l’essentiel d’ouvriers de l’in-dustrie nucléaire ou de scienti-fiques exposés à des sources radio-actives, mais aussi de maladescancéreux victimes d’accidents deradiothérapie. Au total, on recense131 accidents dans des laboratoiresde recherche et 73 cas d’accidentssurvenus chez des patients ayantsubi un examen diagnostic ou unethérapeutique à partir de produitsradioactifs. Les personnes les plussévèrement touchées sont en ma-jorité d’origine étrangère.

L’Institut Curie avait notam-ment été conduit à prendre encharge, en 1958, six scientifiques

d’un institut de recherches nu-cléaires de Belgrade, victimes detrès fortes irradiations acciden-telles. Ils avaient été soignés grâceà des greffes de moelle osseuse.

En 1978, l’Institut Curie avaitpris en charge quatre enfants algé-riens qui, dans la région deConstantine, avaient été exposés àdessources radioactives compo-sées d’iridium 192. En octobre1997, des militaires géorgiensayant subi des irradiations impor-tantes de césium 137 avaient éga-lement été soigné dans l’établisse-ment parisien de la rue d’Ulm. Lesspécialiste de Curie avaient aussiété sollicité après un accident dû àune bombe au cobalt survenu enmai 1981 à l’hôpital de Saintes(Charente-Maritime).

L’analyse des archives de cet ins-titut met en lumière la fréquenceplus élevée des irradiations frap-pant le personnel peu qualifié desentreprises sous-traitantes de l’in-dustrie nucléaire (44,5 %) par rap-port à celui de l’EDF ou du CEA(10,5 % au total). Conscient desrisques sanitaires inhérents au tra-vail par intérim dans ce secteurd’activité, le gouvernement a déci-dé, il y a un an (Le Monde du 19 fé-vrier 1998), de l’interdire dans cer-tains sites nucléairespotentiellement les plus dange-reux.

Jean-Yves Nau

LE PARQUET de Paris a ordon-né, mardi 5 janvier, la diffusiondans les 177 pays affiliés à Interpoldes deux demandes d’arrestationprovisoire visant l’ancien direc-teur des affaires générales d’Elf-Aquitaine, Alfred Sirven. Agé desoixante et onze ans, il est consi-déré comme le personnage centralde l’affaire Elf, depuis que les en-quêtes menées en France et enSuisse ont révélé son rôle détermi-nant dans les détournements ef-fectués au préjudice du groupepétrolier entre 1989 et 1993. Emispar les juges français en 1997 et1998, ces deux mandats d’arrêtn’avaient jusqu’alors été diffusésque dans les pays liés par les ac-cords de coopération de Schengen– soit dans une partie de l’Eu-rope – et transmis, via Interpol,aux autorités suisses. De sorte queM. Sirven n’était l’objet de re-cherches effectives que dans cepays.

L’extension des investigationsdestinées à retrouver M. Sirven,dont l’absence continue de peser,tant sur l’affaire Elf que sur le dos-sier visant Roland Dumas, est in-tervenue à la suite de la mise enévidence, par Le Monde, de ces re-tards inexplicables (nos éditionsdes 5 et 6 janvier). Après avoircontesté toute responsabilité fau-

tive dans la conduite de la procé-dure présidant à l’engagement desrecherches, les autorités judi-ciaires et policières se sont ren-dues à l’évidence : le dispositif misen place était nettement insuffi-sant pour espérer interpeller le fu-gitif. Doté d’un titre de résident àGenève, M. Sirven a disposé deplusieurs résidences en Suisse,dont la juge Eva Joly avait dresséla liste lors de la rédaction du pre-mier mandat d’arrêt, le 5 mai 1997.La magistrate ayant elle-mêmeécrit, dans ce document, que selondiverses sources, « l’intéressé setrouverait toujours en Suisse » àcette époque, le parquet de Paris,à qui incombait la diffusion dumandat, avait restreint le champd’application des recherches à laseule Confédération helvétique.

LA FIN DU RÉPITDans une note adressée aux ser-

vices du procureur mardi, lesjuges Joly et Vichnievsky se sontdéclarées « surprises » par cetteinterprétation restrictive. Un re-présentant du parquet de Paris aindiqué au Monde, mercredi ma-tin, que cet épisode avait « permisd’attirer l’attention sur le fait queces mandats d’arrêts sont peut-êtregérés de manière trop administra-tive » et a admis un « certainmanque de communication ».

A ce dysfonctionnement ap-parent se sont néanmoins ajoutéscertains retards difficilement justi-fiables. Entaché de plusieurs irré-gularités, le premier mandat d’ar-rêt avait dû être corrigé parMme Joly, qui en avait délivré uneseconde version le 13 juin 1997.Les autorités helvétiques avaientalors réclamé aux juges parisiensun complément d’explication surles infractions reprochées àM. Sirven, afin de déterminer sielles étaient réprimées par le droitsuisse ; la réponse française neleur fut adressée que neuf moisplus tard. Dans l’intervalle, lemandat d’arrêt n’était pas exé-cutoire sur le territoire suisse.

Comble de l’ironie : le nom deM. Sirven fut officiellement inscritsur le fichier des personnes re-cherchées en Suisse en mai 1998,date à laquelle la plupart des té-moins de l’affaire tenaient pourcertain qu’il avait quitté le pays.Entretemps, le 30 mars 1998, undeuxième mandat avait été émis,relatif à l’instruction menéecontre Christine Deviers-Joncour

et Roland Dumas. Lui aussi ne futdiffusé qu’au sein de l’espaceSchengen et en Suisse. Si bienqu’en Afrique, aux Etats-Unis ouen Asie du Sud-Est, destinationsles plus fréquemment évoquéespour localiser le fugitif de l’affaireElf, aucune recherche n’était en-gagée. L’émission d’une « noticerouge » d’Interpol – qui désigne la« demande d’arrestation provisoireaux fins d’extradition » – vient pal-lier cette carence et marque, pourM. Sirven, la fin d’un répit inespé-ré. Découvertes fin 1998, lorsd’une perquisition, des photogra-phies de son visage sont en coursde diffusion dans le monde entier,par le réseau informatique d’In-terpol.

Hervé Gattegno

Une bien belle photopar Pierre Georges

AH ÇA, on peut le dire, c’étaitune belle photo ! Genre ors et ve-lours grenat d’un fauteuil ély-séen, pose semi-officielle pourJospin simili-président, les mainscroisées sur deux dossiers, cos-tume sombre, mine grave. N’ymanquait guère qu’un drapeau,deux plutôt, français et euro-péen, pour faire fond et pour quel’illusion soit totale. A encadrer,le document. Et à placer le jourvenu dans la salle des mariagesdes mairies de France.

C’était une belle photo, dansLe Monde d’hier. Ce qui devraitsuffire à expliquer qu’elle soit pu-bliée. Mais ce fut, bien involon-tairement, plus que cela : un do-cument qui prenait sens, dans lamalignité présumée de ceux quien décidèrent la publication.

Le crime, ou plutôt le flagrantdélit était consommé : alors nonseulement Le Monde avait inter-viewé, en long, en large et en dé-tail, le premier ministre, mais ilpubliait un document comme enmajesté auquel il ne manquaitguère, inscrite par le travers ducouvercle, que la mention « Jos-pin président ! ». Le Monde, ser-vant en cela les desseins de sonhôte, venait de signer par làmême son entrée en campagneprésidentielle. En avant toute,machines à fond, vers un jospi-nisme radieux !

Bigre ! Quelle affaire ! En cam-pagne présidentielle déjà ! Ici etmaintenant, un 6 janvier 1999,sans préavis ni sommations, sanscalendrier républicain précis niposte vacant, en campagne pré-sidentielle, on vous dit, l’inten-tion est claire, l’engagement ma-nifeste !

Si claire, si manifeste d’ailleursque cela provoqua, au sein mêmedu journal, un débat de la plushaute tenue. A peine arrivés les

premiers exemplaires, tout justesortis des presses et encore tièdesd’encre, un comité de salut publicimprovisé se réunit d’urgencepour statuer en flagrant délit desens. La directrice artistique futsommée de s’expliquer : « Maisqu’est-ce que c’est que cette pho-to ? » Et savez-vous ce qu’elle ré-pondit, la bougresse ? « Une bellephoto ! » « D’accord elle est belle,mais elle a du sens, on dirait unportrait officiel ! » « On dirait sur-tout une belle photo », rétorqua-t-elle, avant d’ajouter, furibarde :« Ce n’est pas moi qui ait intervie-wé Jospin sur deux pages. Deuxpages, cela doit bien avoir aussi unsens, non ? »

Bref, aucune chance d’en sor-tir. Sauf à donner la plus véri-dique, donc la plus banale des ex-plications à ce grand mystère dela photographie-semi-officielle-qui-prit-sens. Cette explicationtient en deux éléments. Primo,cette photographie de Lionel Jos-pin ne fut pas réalisée à l’occa-sion de l’interview. Secundo, ellefut prise le 10 juillet 1997 dans lessalons de l’Elysée, par ChristianVioujard, de l’agence Gamma,lors de la remise par PierreTruche, président de la Cour decassation, de son rapport sur laréforme de la justice au présidentde la République, Jacques Chirac.Toutes choses qui auraient duesêtre précisées dans une légendeoubliée.

Voilà, c’est aussi simple que ce-la. Bête comme un oubli. Mais iln’empêche, on peut s’interroger.Si une simple et belle photo deLionel Jospin prend ainsi tout unsens, est-ce dû au seul docu-ment ? Ou au climat étranged’une rentrée, à toutes ces ru-meurs de quinquennat quiagitent le microcosme et son mi-croscope ?