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Travaux presentes a la Peripheral Vascular SurgicalSociety - Hiver 2007
Clampage suprarenal trans-peritonealou retroperitoneal pour le traitementdes anevrismes de l’aorte abdominalea collet sous-renal hostile
Carl-Magnus Wahlgren, Giancarlo Piano, Tina Desai, Wael Shaalan,
Hisham Bassiouny, Chicago, Illinois, Etats-Unis
Les anevrismes aortiques abdominaux sous-renaux (AAA) avec un collet aortique sous-renalhostile non accessible a au traitement endovasculaire (EVAR) relevent d’une chirurgie directeavec clampage aortique sus-renal. Nous avons compare les resultats de la voie trans-peritoneale et de la voie retroperitoneale pour la cure des AAA sous-renaux necessitant unclampage sus-renal, et la frequence relative de ces techniques apres l’introduction d’EVARdans notre pratique clinique. De janvier 1998 a septembre 2005, 478 anevrismes aortiquessous-renaux ont ete repares de maniere elective. Il y avait 160 (33%) chirurgies directes (71%trans-peritoneales et 29% retroperitoneales) et 318 (67%) reparations endovasculaires. Dans38 cas (24%) un clampage sus-renal a ete utilise (47% des voies trans-peritoneales et 53%des voies retroperitoneales) en raison d’un collet sous-renal hostile. Un collet aortique hostileetait defini comme un collet dont l’angulation etait importante (>60�), un collet court (<15mm), la presence de calcifications etendues, ou d’un thrombus circulaire. L’age median etaitde 70 ans ; 47% des patients etaient des hommes ; 16% avaient un diabete, 29% uneinsuffisance respiratoire, 53% une coronaropathie, et 11% une insuffisance renale. La taillemediane des anevrismes etait de 6,0 cm. Une analyse retrospective a ete faite pour comparerles resultats postoperatoires a 30 jours entre les cohortes retroperitoneale et trans-peritoneale. Les resultats etaient determines pendant deux periodes de temps pour evaluer sila chirurgie directe avec clampage sus-renal etait executee plus frequemment en raison de laplus grande utilisation d’EVAR. Apres 2002, le taux d’EVAR est passe de 60% a 71% ( p ¼0,04) tandis que la chirurgie directe diminuait de 40% a 29% ( p ¼ 0,01). La voieretroperitoneale a double de 19% a 39%, alors que l’approche transperitoneale diminuait de81% a 61% ( p ¼ 0,02). Le clampage sus-renal a augmente de 11% apres 2002. Il n’y avaitaucune difference significative d’age, de sexe, de taille des anevrismes, ou de comorbiditesentre les groupes trans-peritoneal et retroperitoneal avec clampage sus-renal. La mortalite a30 jours etait de 2/38 (5%) et observee seulement dans le groupe trans-peritoneal. L’abordtrans-peritoneal etait associee a des pertes sanguines sensiblement plus importantes et a uneplus grande duree de clampage sus-renal (2.400 contre 1.800 mL et 38 contre 29,5 min ;
DOI of original article: 10.1016/j.avsg.2007.07.012.
Presente a la Dix-septieme Reunion Annuelle d’Hiver de laPeripheral Vascular Surgery Society, Steamboat Springs, CO,Etats-Unis, 26-28 janvier 2007.
Section of Vascular Surgery, Department of Surgery, University ofChicago, Chicago, IL, Etats-Unis.
Correspondance : Hisham S. Bassiouny, MD, University of Chicago,Department of Surgery, Section of Vascular Surgery, 5841 S. MarylandAvenue, MC 5028, Chicago, IL 60637, USA, E-mail: [email protected]
Ann Vasc Surg 2008; 21: 687-694DOI: 10.1016/j.acvfr.2008.01.003� Annals of Vascular Surgery Inc.Edite par ELSEVIER MASSON SAS
321
322 Wahlgren et coll. Annales de chirurgie vasculaire
p ¼ 0,03), mais sans difference significative des complications postoperatoires a 30 jours. Dansnotre experience de 7 ans, il y a eu une augmentation progressive de l’utilisation d’EVAR pourles AAA sous-renaux. Parallelement, plus d’AAA sous-renaux avec un collet aortique hostilenecessitant un clampage aortique sus-renal ont ete traites. Dans de tels cas, l’abordretroperitoneal est plus sur, avec moins de pertes sanguines perioperatoires et une duree declampage sus-renal plus courte. Ceci est probablement attribuable a une meilleure expositionde l’aorte abdominale sus-renale, permettant une anastomose proximale plus sure.
INTRODUCTION
Ces dernieres annees, le traitement endovasculaire
des anevrismes de l’aorte abdominale (EVAR)
a emerge comme une alternative therapeutique
mini-invasive acceptable. Plus de 62.000 patients
ont d’ores et deja ete traites avec des stentgrafts
dans le monde entier.1 Des stentgrafts ont ete
approuves aux Etats-Unis par la ‘‘Food and Drug
Administration’’ (FDA) pour une utilisation
clinique generale en 1999. La fixation aortique
proximale est indiscutablement la partie la plus
critique de la mise en place des stentgrafts. Un
collet aortique sous-renal favorable augmente la
probabilite de la fixation et de l’etancheite
proximales, ce qui empeche le risque d’endofuite
de type I, de flux peri-prothetique, et de rupture
d’anevrisme.2 La possibilite d’EVAR va de 45 a
66% selon les series.3-5 De maniere previsible, un
plus grand recours a EVAR est susceptible d’avoir
comme consequence un plus grand nombre
d’anevrismes aortiques abdominaux sous-renaux
(AAA) ayant un collet aortique complexe
imposant une chirurgie directe avec clampage
aortique sus-renal.
Des etudes randomisees anterieures ont tire
differentes conclusions au sujet des avantages
potentiels de l’abord retroperitoneal par rapport a
l’abord trans-peritoneal pour le traitement des
AAA sous-renaux.6-8 Parmi les avantages distincts
de l’approche retroperitoneale figurent des
complications pulmonaires postoperatoires moins
frequentes, et un ileus et des pertes liquidiennes
moindres. L’objectif de cette etude etait de
comparer les resultats des abords trans-peritoneal
et retroperitoneal pour la reparation des AAA
sous-renaux a collet aortique hostile necessitant
un clampage sus-renal ainsi que la frequence
relative de ces techniques apres l’introduction
d’EVAR dans notre pratique clinique.
MATERIELS ET METHODES
Selection des Patients
De janvier 1998 a septembre 2005, 478 anevrismes
aortiques sous-renaux ont ete traites de maniere
elective dans notre etablissement (Fig. 1). Il
s’agissait de 160 (33%) chirurgies directes (71%
d’abords trans-peritoneaux et 29% d’abords
retroperitoneaux) et 318 (67%) reparations
endovasculaires. Il y avait 61 patients (38%) avec
un collet aortique sous-renal hostile qui ont eu
une chirurgie directe. Dans 38 cas (24% des
chirurgies directes) le clampage sus-renal a ete
realise en raison d’un collet hostile. Cette cohorte
d’AAA sous-renaux, comportant 18 patients
(47%) ayant un abord trans-peritoneal et 20
patients (53%) ayant un abord retroperitoneal,
a constitue le groupe etudie. L’age median etait de
70 ans ; 47% etaient des hommes ; 16% avaient
un diabete, 29% une insuffisance respiratoire,
53% une maladie coronarienne, et 11% une
insuffisance renale (Tableau I). La taille mediane
des anevrismes etait de 6,0 cm. Apres
l’approbation de notre comite institutionnel, la
demographie, les facteurs de risque, les compte
rendus operatoires, et les resultats postoperatoires
ont ete retrospectivement analyses pour comparer
les resultats postoperatoires a 30 jours des cohortes
Trans-peritoneale et retroperitoneale. Pour
prendre en compte les tendances possibles liees au
type de procedure (directe vs. EVAR) et d’abord
(retroperitoneal vs. trans-peritoneal), les resultats
ont ete analyses de maniere separee pour les
annees 1998-2001 et 2002-2005.
Tous les patients ont ete evalues par angioscanner
(CTA) de l’abdomen et, parfois, par arteriographie
(n ¼ 18). Un collet aortique hostile a ete defini en
tant qu’une angulation marquee (>60�), un collet
court (<15 mm), des calcifications etendues, ou
un thrombus circulaire. Une anatomie hostile du
collet a habituellement exclu EVAR, et une
chirurgie directe a ete consideree (Figs. 2 et 3). Un
collet aortique court etait la condition
morphologique la plus frequente excluant une
procedure endovasculaire (Tableau II). Chez les
patients consideres comme physiologiquement
inaccessibles a une chirurgie directe, EVAR etait
une option de traitement malgre l’anatomie hostile
du collet. Le choix de l’abord trans-peritoneal ou
retroperitoneal dans la cohorte d’etude des collets
aortiques defavorables etait a la discretion du
Vol. 21, No. 6, 2008 Clampage trans-peritoneal ou retroperitoneal 323
chirurgien. Les interventions ont ete realisees par
sept chirurgiens differents au cours de la periode
de l’etude. Les patients presentant un AAA sus-
renal, un anevrisme thoraco-abdominal, ou un
anevrisme rompu ont ete exclus de l’etude.
Intervention
Les incisions trans-peritoneales et retroperitoneales
etaient faites de maniere standard. Brievement,
l’abord trans-peritoneal etait effectue par une
incision mediane verticale. Le peritoine parietal
etait ouvert jusqu’au ligament de Treitz et le
duodenum etait mobilise et retracte lateralement.
Le retroperitoine recouvrant le collet de
l’anevrisme etait incise et la veine renale gauche
retractee doucement vers le haut. L’exposition
retroperitoneale de l’aorte etait realisee par une
incision oblique faite a partir de l’extremite de la
onzieme ou de la douzieme cote jusqu’au bord du
muscle grand droit au niveau de l’ombilic. Le
patient etait place dans une position semi-laterale
mais avec la possibilite de remettre les hanches en
supination. Les muscles obliques et les muscles
transverses de l’abdomen etaient sectionnes
lateralement, le peritoine etait refoule vers la
droite, et le rein gauche vers l’avant. La branche
lombaire de la veine renale gauche etait
sectionnee pour faciliter la mobilisation anterieure
du rein et de la veine renale.
De l’heparine (100 unites/kg) etait administree
par voie generale en intraveineux avant le
clampage sus-renal. Du mannitol a egalement ete
administre chez sept patients et de la dopamine a
faible dose chez un patient avant le clampage
aortique. Des mesures visant a prevenir l’ischemie
renale, telles que la perfusion froide, n’ont pas ete
478 AAA sous-rénaux
160 chirurgie directe 318 EVAR
38 clampage sous-rénal 122 clampage sous-rénal
18 abord trans-péritonéal 20 abord rétropéritonéal
Fig. 1. Anevrismes aortiques sous-renaux operes de
maniere elective dans notre etablissement de janvier
1998 a septembre 2005.
employees. Une prothese droite ou bifurquee en
Dacron/polytetrafluoroethylene (PTFE) etait
interposee au niveau de l’aorte sous-renale en
utilisant la technique d’endoanevrismorraphie.
L’heparinisation systemique etait neutralisee avec
du sulfate de protamine si necessaire. Les incisions
etaient refermees selon la technique habituelle, et
les soins postoperatoires etaient d’abord prodigues
en unite de soins intensifs. La douleur etait
controlee avec des narcotiques intraveineux ou un
catheter epidural. Les patients etaient par la
clinique vasculaire pendant 14 a 30 jours en
postoperatoire.
Evaluation des resultats
Les mesures primaires de resultats ont analyse les
donnees peroperatoires et les complications
postoperatoires. Les donnees peroperatoires passes
en revue etaient le type d’incision et de traitement,
le temps de clampage sus-renal, les pertes sanguines
estimees, et les reinterventions. Les complications
postoperatoires analysees etaient les hematomes
parietaux, les infections de paroi, les pneumonies,
les infections urinaires, les infarctus du myocarde,
l’insuffisance renale, la dialyse, les thromboses
veineuses profondes, les eventrations et les
douleurs sur cicatrice. L’insuffisance renale etait
definie comme un taux postoperatoire de creatinine
superieur a 2,0 mg/dL ou une augmentation de
50% par rapport a un taux de base augmente.
L’infarctus du myocarde etait defini comme une
elevation des enzymes cardiaques et des
modifications de l’electrocardiogramme. La
pneumonie etait determinee radiologiquement, le
diagnostic d’infection urinaire necessitait une
culture urinaire positive, et la thrombose veineuse
profonde etait diagnostiquee par echographie
duplex. Les complications de paroi etaient
determinees par l’examen physique dans les deux
groupes. La duree de sejour et la mortalite a 30
jours etaient egalement determinees. Le Social
Security Death Index a ete employe pour
determiner la mortalite a long terme.
Analyse Statistique
Les resultats sont presentes comme mediane et
extremes sauf indication contraire. La mediane
a ete employee en raison de la petite taille de la
population etudiee et de la distribution non
normale de certaines variables. La comparaison
statistique entre les groupes a ete effectuee avec le
test t de Student et le test exact de Fisher. La
survie apres chirurgie a ete calculee par analyse de
Kaplan-Meier. Les interactions entre les variables
324 Wahlgren et coll. Annales de chirurgie vasculaire
Table I. Caracteristiques demographiques des patients
Totalite (n ¼ 38)Voie retroperitoneale(n ¼ 20)
Voie trans-peritoneale(n ¼ 18) p
Hommes 18 (47%) 11 (55%) 7 (39%) -
Age (ans) 70 (52-82) 71 (60-82) 70 (52-79) 0,41
Hypertension 27 (71%) 14 (70%) 13 (72%) 0,88
Coronaropathie 20 (53%) 11 (55%) 9 (50%) 0,77
Diabete 6 (16%) 3 (15%) 3 (17%) 0,89
Broncho-pneumopathie
chronique obstructive
11 (29%) 5 (25%) 6 (33%) 0,58
Insuffisance renale 4 (11%) 3 (15%) 1 (6%) 0,36
Obesite 2 (5%) 0 (0%) 2 (11%) 0,13
Tabagisme (passe ou actif) 25 (66%) 14 (70%) 11 (61%) 0,58
statistiquement significatives ont ete verifiees. La
significativite statistique a ete consideree pour p <0,05. STATISTICA (logiciel d’analyse de donnees),
version 6.1 (StatSoft, Tulsa, OK, Etats-Unis), a ete
employe pour les calculs statistiques.
RESULTATS
Le nombre total de cures d’anevrisme aortique sous-
renal a augmente apres 2002 de 212 a 266 ( p ¼0,002). Apres 2002, le taux d’EVAR est passe de
60% a 71% ( p ¼ 0,04) tandis que la chirurgie
directe diminuait de 40% a 29% ( p ¼ 0,01).
Fig. 2. Anevrisme sous-renal a collet court et angule.
L’abord retroperitoneal a double, passant de 19%(n ¼ 16) a 39% (n ¼ 30), alors que l’abord trans-
peritoneal diminuait de 81% (n ¼ 68) a 61% (n ¼46) au cours des deux periodes de temps
( p ¼0,02). Le clampage sus-renal a augmente de
11% apres 2002 (18/84 a 20/76). Le clampage
sus-renal etait egalement plus frequent avec la
voie retroperitoneale (43%) qu’avec la voie trans-
peritoneale (16%). Dans la cohorte de l’etude
necessitant un clampage sus-renal, 20
interventions ont ete executees par une incision
retroperitoneale et 18 par une incision trans-
peritoneale. Il n’y avait aucune difference
significative d’age, de sexe, de taille d’anevrisme,
ou de comorbidites entre les groupes trans-
peritoneal et retroperitoneal avec clampage
sus-renal.
Fig. 3. Anevrisme aortique sous-renal avec un thrombus
circulaire du le collet proximal juste au-dessous des
arteres renales.
Vol. 21, No. 6, 2008 Clampage trans-peritoneal ou retroperitoneal 325
Trois chirurgiens ont realise la majorite des
interventions (28/38). Le choix de l’abord a ete
distribue parmi ces chirurgiens comme suit :
chirurgien A, 50% retroperitoneal ; chirurgien B,
46% retroperitoneal ; et chirurgien C, 67%
retroperitoneal. Le clamp aortique a ete place au-
dessus des deux arteres renales chez 26 patients,
au-dessus de l’artere renale gauche mais au-
dessous de la droite chez six patients, et au-dessus
de l’artere renale droite mais au-dessous de la
gauche chez un patient. Chez deux patients le
clamp a ete place au-dessus de l’artere
mesenterique superieure et chez trois patients au
niveau supra-coeliaque. Quand le clampage supra-
visceral a ete employe, un abord trans-peritoneal
a ete utilise chez deux patients et un abord
retroperitoneal chez trois patients.
Les resultats peroperatoires et les resultats
postoperatoires sont decrits dans les tableaux III et
IV. Les pertes sanguines etaient significativement
plus importantes et la duree de clampage sus-renal
plus longue dans le groupe trans-peritoneal ( p ¼0,03). Il y avait une plus grande frequence des
protheses bifurquees dans le groupe trans-
peritoneal (61% contre 45%, non significatif). La
veine renale gauche a ete sectionnee chez sept
patients dans le groupe trans-peritoneal (39%).
Il n’y avait aucune difference significative dans
les resultats postoperatoires (Tableau IV). Deux
patients du groupe retroperitoneal ont du etre
dialyses en postoperatoire. Ces deux patients
avaient une insuffisance renale preoperatoire et un
temps de clampage sus-renal de 47-50 min. En
outre, trois patients ont eu besoin d’une
reintervention en raison d’un saignement (n ¼ 2)
et pour thrombectomie des membres inferieurs
(n ¼ 1). Il n’y avait aucune difference de duree de
sejour entre les groupes. La mortalite a 30 jours
etait de 2/38 (5%) et n’est survenue que dans le
groupe trans-peritoneal ( p ¼ 0,13). Un patient
a eu une rupture de la paroi aortique sous-renale
lors du clampage ainsi qu’une laceration splenique.
Table II. Evaluation de la morphologie du collet
aortique.
Anatomie du colletPatientsatteints (n)a
Patients avecune caracteristiquedu collet (n)
Collet court 35 15
Angulation du collet 6 1
Collet large 9 0
Thrombus/calcification 7 2
aLes patients pouvaient avoir plus d’une caracteristique.
Une coagulopathie, une acidose, et des troubles du
rythme cardiaques sont survenus par la suite.
L’autre patient necessita une thrombectomie des
membres inferieurs et developpa une insuffisance
renale aigue et un syndrome de detresse
respiratoire de l’adulte.
Suivi a long terme
Des douleurs cicatricielles postoperatoires ont ete
rapportees par un patient dans chaque groupe, et
un patient du groupe trans-peritoneal s’est avere
avoir une eventration. L’analyse actuarielle ne
montrait aucune difference significative de la
survie a long terme entre les deux abords
(Tableau V) ( p ¼ 0,23). L’erreur standard depassait
deja 10% au suivi a un an, indiquant le manque
de fiabilite des estimations. La duree moyenne
de suivi etait de 24 mois (extremes 6-60). Il y avait
17 deces (85%) dans le groupe retroperitoneal et
14 deces (78%) dans le groupe trans-peritoneal
apres 5 ans.
DISCUSSION
EVAR est maintenant considere comme une
alternative fiable a la chirurgie directe des
anevrismes de l’aorte abdominale. Les etudes
randomisees chez les patients anatomiquement
adaptes a EVAR et susceptibles d’avoir une
chirurgie directe ont prouve qu’EVAR presente un
avantage a court terme par rapport a la chirurgie
directe.9,10 Cependant, EVAR semble n’offrir
aucun avantage compare a la chirurgie directe en
ce qui concerne la mortalite toutes causes apres 4
ans, mais elle offre une meilleure survie liee a
l’anevrisme.
L’incidence globale rapportee de l’utilisation des
stentgrafts chez les patients ayant une cure d’AAA
varie de 40% a 66%.3-5 Dans notre serie,
l’aptitude anatomique a EVAR etait de 67% pour
toute la periode etudiee. La raison la plus
frequente d’exclusion d’EVAR est un collet
defavorable.4 Nous avons observe une
augmentation reguliere et significative d’EVAR
depuis 1998. Ceci a ete accompagne d’une plus
grande utilisation de l’abord retroperitoneal pour
le clampage aortique sus-renal chez les patients
ayant chirurgie directe.
Un article recent indique que la chirurgie directe
des anevrismes de l’aorte abdominale est
aujourd’hui techniquement plus difficile qu’avant
l’arrivee des stentgrafts.4 La complexite des
reparations aortiques s’est accompagnee d’une
plus grande frequence du clampage sus-renal, de
326 Wahlgren et coll. Annales de chirurgie vasculaire
Table III. Donnees peroperatoires
Globalite Voie retroperitoneale Voie trans-peritoneale p
Taille des anevrismes (cm) 6.0 (4.5-11) 6.0 (5.0-8.0) 6.9 (4.5-11) 0,14
Clampage suprarenal (min) 32.0 29.5 38.0 0,03
Pertes sanguines
estimees (mL)
2,300 1,800 2,400 0,03
Prothese bifurquee 20 (53%) 9 (45%) 11 (61%) 0,33
Reintervention 3 (8%) 1 (5%) 2 (11%) 0,50
Duree de sejour (jours) 8 8 7 0,19
section de la veine renale, et du traitement des
lesions anevrismales et occlusives iliaques
associees. Cependant, une autre etude n’a pas
soutenu l’hypothese selon laquelle les operations
aortiques a ciel ouvert pour lesions anevrismales et
occlusives sont devenues techniquement plus
difficiles en meme temps que le nombre de
procedures EVAR augmentait.5
Le clampage sus-renal pour la chirurgie des
anevrismes a ete associe a une augmentation
significative de l’incidence des complications
postoperatoires et une augmentation de la
mortalite par comparaison avec le clampage sous-
renal11-13. Dans notre etablissement la frequence
du clampage sus-renal a augmente avec le temps.
Shaw et coll.14 ont rapporte que parmi les patients
ayant un collet aortique defavorable, 25% (12 sur
45) avaient du avoir un clampage sus-renal. Le
type d’incision de cette cohorte n’etait pas ete
rapporte, mais la duree du clampage aortique
sus-renal proximal atteignait 24-29 min. En cas
de dissection periaortique difficile, le clampage
sus-renal devrait etre envisage.15,16 L’abord
retroperitoneal a generalement ete prefere pour le
clampage aortique sus-renal en raison du meilleur
Table IV. Mortalite et complications
postoperatoires
Voieretroperitoneale
Voie trans-peritoneale p
Mortalite a 30 jours 0 (0%) 2 (11%) 0,13
Hematome de paroi 0 (0%) 1 (6%) 0,28
Infection de paroi 2 (10%) 2 (11%) 0,87
Pneumonie 1 (5%) 0 (0%) 0,36
Infection urinaire 1 (5%) 1 (6%) 0,91
Infarctus du myocarde 0 (0%) 0 (0%) -
Insuffisance renale 2 (10%) 1 (6%) 0,62
Dialyse 2 (10%) 0 (0%) 0,19
Thrombose veineuse
profonde
0 (0%) 0 (0%) -
Eventration 0 (0%) 1 (6%) 0,28
Douleur de cicatrice 1 (5%) 1 (6%) 0,91
acces et de la meilleure exposition de toute l’aorte
sus-renale. Des etudes plus recentes ont prouve
que le clampage aortique sus-renal est sur, facilite
la reparation, et n’augmente pas la mortalite de
maniere significative.15,16
Au cours des 25 dernieres annees, un
enthousiasme croissant s’est developpe pour la
voie retroperitoneale, en particulier pour les
lesions aortiques plus complexes.17,18 Les
indications relatives de la voie retroperitoneale
incluent les antecedents de chirurgie abdominale
iterative, le rein en fer a cheval, ou les anevrismes
inflammatoires.19 Les indications relatives pour
l’exposition trans-peritoneale incluent l’acces a un
anevrisme iliaque ou aux deux arteres renales,
une veine cave gauche, une pathologie intra-
abdominale coexistante, ou les AAA rompus. Le
choix de l’incision trans-peritoneale ou
retroperitoneale dans cette etude etait laisse a la
discretion du chirurgien. Nous ne pouvons pas
commenter dans cette revue retrospective les
parametres exacts employes par chaque chirurgien
pour choisir l’incision. Parmi les trois chirurgiens
executant plus de cinq procedures chacun, le
choix de l’abord a ete assez egalement distribue.
Trois etudes randomisees sur le traitement des
AAA ont tire differentes conclusions sur les
avantages potentiels de la voie retroperitoneale sur
la voie trans-peritoneale.6-8 Cambria et coll.6 n’ont
trouve aucune difference entre les incisions en
termes de temps de clampage, de besoins
transfusionnels, ou de degre d’hypothermie.
L’incidence des complications respiratoires etait
identique dans les deux groupes. D’autres aspects
des suites postoperatoire, y compris le
retablissement de la fonction gastro-intestinale, les
besoins en narcotiques, les parametres
metaboliques du stress operatoire, l’incidence des
complications importantes et mineures, et la duree
du sejour hospitalier, etaient semblables pour les
deux voies. Sicard et coll.7 ont montre que l’abord
retroperitoneal pour la chirurgie aortique
abdominale etait associe a peu de complications
Vol. 21, No. 6, 2008 Clampage trans-peritoneal ou retroperitoneal 327
Table V. Courbe de survie actuarielle selon Kaplan-Meier pour les voies trans-peritoneale et
retroperitoneale ( p ¼ 0,23)
AbordRétroTrans
0 10 20 30 40 50 60mois
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
Pro
bab
ilité d
e su
rvie
13
8
10
6
4
8
3
7
Temps (mois)
Pourcentage desurvie (erreur standard) 0 1 10 20 30 40 50
Retroperitoneale 0,95 (0,05) 0,80 (0,09) 0,50 (0,11) 0,30 (0,10) 0,20 (0,09) 0,15 (0,08) -
Trans-peritoneale 0,94 (0,05) 0,83 (0,09) 0,61 (0,11) 0,50 (0,12) 0,44 (0,12) 0,39 (0,12) 0,22 (0,10)
postoperatoires, a un sejour plus court a l’hopital et
en unite de soins intensifs, et a de moindres couts.
Au cours du suivi a long terme, le groupe
retroperitoneal rapportait plus de douleurs au
niveau des incisions, mais aucune difference n’a
ete trouvee quant aux eventrations ou aux atonies
parietales. Dans une autre etude randomisee,
Sieunarine et coll.8 n’ont trouve aucune difference
significative entre les deux voies d’abord
concernant la duree operatoire, le temps de
clampage, les pertes sanguines, les besoins
d’analgesie, la fonction gastro-intestinale, la
mortalite, et la duree du sejour. Concernant le
suivi a long terme, il y avait significativement plus
de problemes parietaux dans le groupe
retroperitoneal, incluant des atonies, des
eventrations, et des. La mortalite a long terme etait
semblable dans les deux groupes.
Une revue retrospective comprenant des patients
presentant une maladie anevrismale et occlusive
a rapportee une diminution de la duree de sejour en
unite de soins intensifs, de l’ileus postoperatoire, du
volume peroperatoire de cristallo€ıdes, et de la duree
totale du sejour dans le groupe retroperitoneal
compare au groupe trans-peritoneal.20 Avec
l’introduction d’EVAR, une etude plus recente
a prouve qu’un abord retroperitoneal modifie,
principalement utilisee chez les patients presentant
une anatomie difficile et des comorbidites, avait une
mortalite perioperatoire et des complications
comparables a l’abord trans-peritoneal .14
Les deux patients necessitant une dialyse dans
notre etude avaient une insuffisance renale
preoperatoire et eurent un clampage aortique sus-
renal prolonge. Il semble que si la duree du
clampage sus-renal est breve, les patients
presentant des taux preoperatoires de creatinine
normaux n’ont aucune augmentation ou une
augmentation marginale du taux de creatinine
apres chirurgie aortique.21 Un clampage sus-renal
de moins de 50 min apparaıt sur et bien tolere
dans ce groupe de patients. Il n’y avait aucune
difference en termes de douleurs parietales ou
d’incidence des eventrations entre les voies
d’abord. Nous trouvons important avec l’abord
retroperitoneal de le faire en se reperant bien sur
les cotes pour eviter des lesions des nerfs
intercostaux, d’eviter les longs prolongements
dans l’espace intercostal, et d’assurer une
fermeture soigneuse de l’incision.
La survie a 5 ans etait seulement de 15% pour le
groupe retroperitoneal et 22% pour le groupe trans-
peritoneal (non significatif). Cette proportion de
survie est basse comparee a des series anterieures
de chirurgie programmee pour AAA. La survie a
cinq ans apres cure reussie d’AAA dans les series
328 Wahlgren et coll. Annales de chirurgie vasculaire
modernes est d’environ 70% comparee a environ
80% dans une population generale appariee pour
l’age et le sexe.22 Nous n’avons pas trouve
d’explication pour cette moindre survie autre
qu’une cohorte de patients probablement plus
malades par comparaison a la population generale
des anevrismes aortiques sous-renaux.
Le traitement endovasculaire en presence d’un
collet aortique hostile est actuellement envisage.
Ces dernieres annees, des patients selectionnes
avec un collet aortique de moins de 15 mm ont ete
traites dans notre pratique avec des stentgrafts
avec fixation suprarenale. Les stentgrafts fenetres
peuvent etendre les options de traitement pour les
AAA sous-renaux avec un collet aortique non
adapte a une reparation endovasculaire standard.
Les premieres donnees montrent une tendance a
une mortalite plus elevee des patients selectionnes
pour recevoir des stentgrafts fenetres que pour les
procedures utilisant des stentgrafts standard, mais
le taux de mortalite est comparable a celui de la
chirurgie directe.23 L’evaluation clinique des
resultats et de la durabilite de cette technologie
demandent certainement a etre encore surveilles
avant une acceptation en tant qu’element de la
pratique courante.
Les principales limites de cette etude sont sa
nature retrospective et le nombre limite de
patients ayant un clampage sus-renal. Cependant,
nous pensons la voie d’abord doit etre discutee
pour cette cohorte de patients, compte tenu des
quelques etudes anterieures et du nombre
croissant d’EVAR. L’etude n’est pas randomisee, ce
qui implique que des facteurs non reconnus
susceptibles de modifier les resultats ont ete
distribues de facon inegale entre les deux voies.
Une etude clinique randomisee multicentrique
pourrait certainement mieux determiner la
meilleure voie d’abord chez ces patients.
En conclusion, notre cohorte avec un collet
aortique sous-renal hostile peu accessible a l’EVAR
et necessitant un clampage sus-renal semble plus
beneficier d’un abord retroperitoneal que d’un
abord trans-peritoneal. Les avantages de l’abord
retroperitoneal incluent de moindres pertes
sanguines perioperatoires et un temps de clampage
sus-renal plus court, ce qui peut expliquer la
tendance a une meilleure survie a 30 jours par
comparaison avec l’abord trans-peritoneal.
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