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Comme elle est drôle cette maison quadrillée ! On y lit comme dans un livre : l’alternance de briques et de pierres traduit un certain goût de la couleur, le haut soubassement en pierres de taille et la porte précédée de quelques marches indiquent que le rez-de-chaussée est légèrement surhaussé à cause de la cave qui est accessible depuis la rue par la porte en bois qui se trouve à droite. Le trou noir à gauche donne accès à une étroite ruelle qui longe la maison et débouche rue du Château. La porte et la fenêtre du rez-de- chaussée sont totalement entourées de pierres alors que les fenêtres de l’étage alternent brique et pierre, mais elles sont toutes les quatre ponctuées d’une clé gravée d’une coquille et de deux petites fleurs. La corniche est en pierre moulurée sur frise dentée. Parmi les assauts qui se succèdent, celui de 1552 mené par Henri II est d’une violence extrême. Le château est incendié et abandonné ensuite en grande partie. En 1607, le célèbre Charles III de Croÿ décide de transformer le manoir vétuste en palais fastueux et moderne de style Renaissance, tout en aménageant des plateformes à canons sur les tours. L’impressionnant ensemble ne résiste cepen- dant pas à l’artillerie. Après les dernières attaques françaises de 1640, le château est abandonné petit à petit. Au 18 e siècle, la désaffection est cruelle, la majorité du vieux château n’est plus que ruines. Lorsque la famille de Riquet de Caraman en hérite après la Révolution, François- Joseph et son épouse se concentrent sur les parties encore debout et redonnent vie au château. Confortable, il retrouve ses fastes et se voit doté d’un petit théâtre mondain. En 1863, le théâtre se pare d’une nouvelle salle néo-classique intérieure qualifiée d’unique, charmante, exceptionnelle. Avec sa loge princière et deux étages de balcons, décorée de peintures, de stucs blanc et or et de toiles peintes exécutées d’après des cartons destinés au théâtre de Fontainebleau, la salle ovale offre une acoustique surprenante. Dans la nuit du 5 mai 1935, un incendie ravage le château. On dit qu’il aurait été causé par le nid d’un choucas logé dans une cheminée… Quelques éléments en réchappent parmi lesquels le donjon et le théâtre. Le Prince Elie et la Princesse Elisabeth de Chimay sauvent de justesse les archives remarquables du château et font appel à Raymond Pelgrims, restaurateur de demeures historiques. Soucieux de rendre au château l’aspect de sa période la plus glorieuse, il le restaure en référence au style Henri IV, tel que décrit dans les fameux albums de Croÿ. Vers 1606, Charles de Croÿ souhaite ouvrir son château vers la ville et fait percer la neuve rue qui relie les grilles du château et la place du marché. Il fait construire à chaque extrémité une arcade monumentale en pierre de taille ornée des armoiries du prince. Cette porte a été remplacée en 1838 par un portail en style néo-gothique. L’entrée carrossable est flanquée de deux accès pour les piétons. La devise JUVAT PIETAS – la piété réjouit – est celle des Caraman. 13 LA PORTE TRIOMPHALE C’est sur la Grand-Place, dite aussi place du Marché ou simplement « l’place » par les chimaciens, qu’a été réalisé ce monument néo-gothique en 1852 par le célèbre sculpteur Guillaume Geefs à l’emplacement d’une ancienne fontaine. Il est surmonté d’une allégorie en bronze personnifiant la bonne ville de Chimay. Couronnée de tours, elle porte l’épée et prend appui sur l’écusson des princes. Ses quatre faces abritent les statues de membres de la famille princière. 14 LA FONTAINE DES PRINCES Dominant la Grand-Place avec sobriété, voilà certainement une des églises parmi les plus remarquables de la province de Hainaut. Ce grand édifice tout en pierre a la grande particularité d’être à la fois collégial par son chœur, réservé autrefois aux seuls chanoines, et paroissial par sa nef. Construit vers 1275, le chœur est la partie la plus ancienne de l’église. Son chevet – c’est-à-dire l’extrémité du chœur – est plat et percé de trois lancettes et d’une imposante rosace. Il trahit l’inspiration raffinée du gothique français et plus spécifique- ment de la cathédrale de Laon et de l’église abbatiale bénédictine Saint-Michel-en-Thiérache. Le vaisseau – c’est-à-dire la partie où se tiennent les paroissiens – remonte quant à lui au 15 e siècle et constitue un bel exemple de style gothique hennuyer. Il s’apparente aux églises de type halle caractérisées par l’absence d’arcs-boutants extérieurs, la présence de contreforts intérieurs, et la couverture des nefs par une bâtière unique. Ses hautes verrières qui donnent sur la place baignent les nefs et les chapelles d’une belle clarté naturelle. L’intérieur de la collégiale, peu modifié depuis le 15 e siècle, regorge de statues, pein- tures, retables et autre mobilier religieux à goûter en silence. Appréciez l’association douce des pierres, briques et moellons mêlés. À vos pieds, vous foulerez les dalles funéraires des nobles, bourgeois, chanoines et clercs de la cité qui ont eu l’honneur d’être enterrés à l’intérieur de l’édifice. Si le temps disponible ne permet d’admirer qu’une seule chose, il ne faut pas manquer le mausolée en marbre noir et albâtre de Charles Ier de Croÿ. Mort en 1527, le premier prince de Chimay, parrain et précepteur de Charles Quint, est représenté en armure, drapé d’un manteau, ceint d’une couronne et portant le collier de l’Ordre de la Toison d’or. À ses pieds, le lion, attribut des hommes de guerre, veille sur le gisant pour l’éternité. 15 L’HÔTEL DE VILLE 16 LA COLLÉGIALE SAINTS- PIERRE-ET-PAUL CŒUR HISTORIQUE DE CHIMAY DÉCOUVERTE PÉDESTRE DU PATRIMOINE 11 8 9 10 14 15 16 2 6 5 7 13 La traversée des siècles n’a pas été de tout repos pour la petite ville de Chimay. Située dans la fertile vallée de l’Eau blanche, entre les forêts de la Fagne et de la Thiérache, à un endroit stratégique au carrefour de plusieurs routes, la petite ville fortifiée a été assiégée, pillée, incendiée sans trêve. Elle a aussi hébergé malgré elle pendant des siècles des troupes d’occupation, amies ou ennemies, tant espagnoles, françaises qu’autrichiennes, qui n’ont laissé que ruines. Mais la bonne ville de Chimay s’est toujours relevée. Si peu de monuments anciens sont parvenus intacts jusqu’à aujourd’hui, les traces du passé se lisent partout dans la ville. 12 LE CHÂTEAU 11 GRAND-RUE N° 26 Une « maison de ville » se doit de rivaliser avec les autres autorités locales – le château et l’église – et de se démar- quer du bâti environnant. Elle se caractérise souvent par ses dimensions monumentales et décoratives qui trahissent l’état de santé des finances communales et les prétentions des élus locaux, ainsi que par son pro- gramme. Celui-ci comprend une salle pour les réunions du conseil – souvent à l’étage –, ouverte sur la place par un balcon destiné aux proclamations, une salle d’archives, une prison, parfois aussi une salle de classe primaire et une salle dédiée à l’exercice de la Justice de paix. L’existence d’une « maison de paix » est attestée sur la Grand-Place de Chimay depuis le 16 e siècle. La jolie façade classique datée 1724 qui s’affiche sur la place a été intégrée en 1871 dans un imposant bâtiment en pierre qui pastiche allègrement le 18 e siècle. Le rez-de- chaussée a longtemps accueilli un marché couvert. Fonds européen de développement régional Une édition de l’asbl Chimay Promotion dans le cadre du projet Transfrontalier Euraphis III, avec le soutien financier du Fonds FEDER (Programme Interreg IVa) et du Commissariat Général au Tourisme de la Région Wallonne Conception et réalisation Patrimoine à Roulettes asbl / Coordination Yves Hanosset / Texte Cristina Marchi Graphisme Dominique Hambye Illustrations Élisa Ahn 1 3 Rue Saint-Nicolas Grand’Rue Rue Basse Ville Rue du Château Rue Rogier Place du Chapitre 4 Château 12 i leaflet:Mise en page 1 14/06/12 14:07 Page 1

CŒUR DE CHIMAY - · PDF fileAvec son épaisse muraille et son allure trapue, c’est certainement le vestige le plus homogène aujourd’hui des anciennes fortifications urbaines

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Page 1: CŒUR DE CHIMAY - · PDF fileAvec son épaisse muraille et son allure trapue, c’est certainement le vestige le plus homogène aujourd’hui des anciennes fortifications urbaines

Comme elle est drôle cette maison quadrillée ! On y lit comme dans un livre :l’alternance de briques et de pierres traduit un certain goût de la couleur, lehaut soubassement en pierres de taille et la porte précédée de quelquesmarches indiquent que le rez-de-chaussée est légèrement surhaussé àcause de la cave qui est accessible depuis la rue par la porte en bois qui setrouve à droite. Le trou noir à gauche donne accès à une étroite ruelle quilonge la maison et débouche rue du Château. La porte et la fenêtre du rez-de-chaussée sont totalement entourées de pierres alors que les fenêtres del’étage alternent brique et pierre, mais elles sont toutes les quatre ponctuéesd’une clé gravée d’une coquille et de deux petites fleurs. La corniche est enpierre moulurée sur frise dentée.

Parmi les assauts qui se succèdent, celui de 1552 mené par Henri IIest d’une violence extrême. Le château est incendié et abandonnéensuite en grande partie. En 1607, le célèbre Charles III de Croÿ décide de transformer le manoir vétuste en palais fastueux et moderne de style Renaissance, tout en aménageant des plateformesà canons sur les tours. L’impressionnant ensemble ne résiste cepen-dant pas à l’artillerie. Après les dernières attaques françaises de 1640,le château est abandonné petit à petit. Au 18e siècle, la désaffectionest cruelle, la majorité du vieux château n’est plus que ruines.

Lorsque la famille de Riquet de Caraman en hérite après la Révolution, François-Joseph et son épouse se concentrent sur les parties encore debout et redonnent vieau château. Confortable, il retrouve ses fastes et se voit doté d’un petit théâtremondain. En 1863, le théâtre se pare d’une nouvelle salle néo-classique intérieure qualifiée d’unique, charmante, exceptionnelle. Avec sa loge princière et deux étages debalcons, décorée de peintures, de stucs blanc et or et de toiles peintes exécutéesd’après des cartons destinés au théâtre de Fontainebleau, la salle ovale offre uneacoustique surprenante. Dans la nuit du 5 mai 1935, un incendie ravage le château.On dit qu’il aurait été causé par le nid d’un choucas logé dans une cheminée… Quelqueséléments en réchappent parmi lesquels le donjon et le théâtre. Le Prince Elie et la Princesse Elisabeth de Chimay sauvent de justesse les archives remarquables duchâteau et font appel à Raymond Pelgrims, restaurateur de demeures historiques.Soucieux de rendre au château l’aspect de sa période la plus glorieuse, il le restaureen référence au style Henri IV, tel que décrit dans les fameux albums de Croÿ.

Vers 1606, Charles de Croÿ souhaite ouvrir son château vers la ville et fait percerla neuve rue qui relie les grilles du château et la place du marché. Il fait construireà chaque extrémité une arcade monumentale en pierre de taille ornée des armoiries du prince. Cette porte a été remplacée en 1838 par un portail en stylenéo-gothique. L’entrée carrossable est flanquée de deux accès pour les piétons.La devise JUVAT PIETAS – la piété réjouit – est celle des Caraman.

13LA PORTE

TRIOMPHALE

C’est sur la Grand-Place, dite aussi place du Marché ousimplement « l’place » par les chimaciens, qu’a été réalisé ce monument néo-gothique en 1852 par le célèbre sculpteur Guillaume Geefs à l’emplacementd’une ancienne fontaine. Il est surmonté d’une allégorieen bronze personnifiant la bonne ville de Chimay. Couronnée de tours, elle porte l’épée et prend appui sur l’écusson des princes. Ses quatre faces abritent lesstatues de membres de la famille princière.

14LA FONTAINE DES PRINCES

Dominant la Grand-Place avec sobriété, voilà certainement une deséglises parmi les plus remarquables de la province de Hainaut. Ce grand édifice tout en pierre a la grande particularité d’être à la foiscollégial par son chœur, réservé autrefois aux seuls chanoines, et paroissial par sa nef. Construit vers 1275, le chœur est la partie la plusancienne de l’église. Son chevet – c’est-à-dire l’extrémité du chœur –est plat et percé de trois lancettes et d’une imposante rosace. Il trahit l’inspiration raffinée du gothique français et plus spécifique-ment de la cathédrale de Laon et de l’église abbatiale bénédictineSaint-Michel-en-Thiérache. Le vaisseau – c’est-à-dire la partie où se tiennent les paroissiens – remonte quant à lui au 15e siècle etconstitue un bel exemple de style gothique hennuyer. Il s’apparenteaux églises de type halle caractérisées par l’absence d’arcs-boutantsextérieurs, la présence de contreforts intérieurs, et la couverture desnefs par une bâtière unique. Ses hautes verrières qui donnent sur laplace baignent les nefs et les chapelles d’une belle clarté naturelle.

L’intérieur de la collégiale, peu modifié depuis le 15e siècle, regorge de statues, pein-tures, retables et autre mobilier religieux à goûter en silence. Appréciez l’associationdouce des pierres, briques et moellons mêlés. À vos pieds, vous foulerez les dalles funéraires des nobles, bourgeois, chanoines et clercs de la cité qui ont eu l’honneurd’être enterrés à l’intérieur de l’édifice. Si le temps disponible ne permet d’admirerqu’une seule chose, il ne faut pas manquer le mausolée en marbre noir et albâtre deCharles Ier de Croÿ. Mort en 1527, le premier prince de Chimay, parrain et précepteurde Charles Quint, est représenté en armure, drapé d’un manteau, ceint d’une couronne et portant le collier de l’Ordre de la Toison d’or. À ses pieds, le lion, attributdes hommes de guerre, veille sur le gisant pour l’éternité.

15L’HÔTEL

DE VILLE

16LA COLLÉGIALE

SAINTS-PIERRE-ET-PAUL

CŒUR HISTORIQUE DE CHIMAY

DÉCOUVERTE PÉDESTREDU PATRIMOINE

11

8

910

14

15

162

6

5

7

13

La traversée des siècles n’a pas étéde tout repos pour la petite ville de

Chimay. Située dans la fertile vallée de l’Eaublanche, entre les forêts de la Fagne et de la

Thiérache, à un endroit stratégique au carrefourde plusieurs routes, la petite ville fortifiée a étéassiégée, pillée, incendiée sans trêve. Elle a aussihébergé malgré elle pendant des siècles des troupesd’occupation, amies ou ennemies, tant espagnoles,françaises qu’autrichiennes, qui n’ont laissé que ruines. Mais la bonne ville de Chimay s’est

toujours relevée. Si peu de monuments anciens sont parvenus intacts jusqu’à

aujourd’hui, les traces du passé se lisent partout dans la ville.

12LE CHÂTEAU

11GRAND-RUE N° 26

Une « maison de ville » se doit de rivaliser avec les autresautorités locales – le château et l’église – et de se démar-quer du bâti environnant. Elle se caractérise souvent par ses dimensions monumentales et décoratives quitrahissent l’état de santé des finances communales et les prétentions des élus locaux, ainsi que par son pro-gramme. Celui-ci comprend une salle pour les réunionsdu conseil – souvent à l’étage –, ouverte sur la place par un balcon destiné aux proclamations, une salle d’archives, une prison, parfois aussi une salle de classeprimaire et une salle dédiée à l’exercice de la Justice depaix. L’existence d’une « maison de paix » est attestée surla Grand-Place de Chimay depuis le 16e siècle. La joliefaçade classique datée 1724 qui s’affiche sur la place a été intégrée en 1871 dans un imposant bâtiment enpierre qui pastiche allègrement le 18e siècle. Le rez-de-chaussée a longtemps accueilli un marché couvert.

Fonds européende développement

régional

Une édition de l’asbl Chimay Promotion dans le cadre

du projet Transfrontalier Euraphis III,avec le soutien financier du Fonds

FEDER (Programme Interreg IVa) et du Commissariat Général au Tourismede la Région Wallonne

Conception et réalisation Patrimoine à Roulettes asbl / Coordination

Yves Hanosset / Texte Cristina MarchiGraphisme Dominique Hambye

Illustrations Élisa Ahn

13

Rue Saint-Nicolas

Grand’Rue

Rue Basse Ville

Rue du Château

Rue Rogier

Place duChapitre

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Château 12

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leaflet:Mise en page 1 14/06/12 14:07 Page 1

Page 2: CŒUR DE CHIMAY - · PDF fileAvec son épaisse muraille et son allure trapue, c’est certainement le vestige le plus homogène aujourd’hui des anciennes fortifications urbaines

Avec son épaisse muraille et son allure trapue, c’est certainement le vestige le plus homogène aujourd’hui desanciennes fortifications urbaines. La tour remonterait au12e siècle et faisait à l’origine douze mètres de haut et dixde diamètre. Désaffectée suite au démantèlement desremparts, elle a servi à des fins utilitaires comme lieud’entreposage, logement et même carrière de matériauxfinis. Elle a longtemps abrité une taverne au caractèrerustique, le Café de la vieille tour, pour accueillir ensuitele Syndicat d’initiative jusqu’en juin 2009. Elle sera réaffectée à des fins touristiques et culturelles dans lesprochaines années.

La métallurgie s’est développée à Chimay grâce à trois précieux ingrédients : un sous-solferrugineux dû aux terrains schisteux, des forêts et de l’eau. Les rivières et les forêts fournissent aux fabriques de fer l’énergie et le combustible nécessaires aux soufflets etaux marteaux. À partir du 15e siècle, l’exploitation s’intensifie et la petite ville est réputéepour ses fabriques. À Chimay comme ailleurs, les maîtres de forge sont de grands bour-geois qui aiment montrer leur puissance en construisant de jolis hôtels à la mode. Construitvers 1740 par un maître de forge opulent, ce bel hôtel classique perpendiculaire à la ruecompte alors, outre la maison de maître, une vaste cour, une grange, des écuries, une remiseet des jardins. Acquis en 1805 par le maître de forge Pierre Savary dont il porte le nom, il est racheté un siècle plus tard pour quarante-cinq mille francs par l’état belge qui en feraun hôtel des Postes au service de la population. Observez la manière dont la pierre de tailleencadre les baies et marque l’axe de l’entrée surmontée d’un fronton.

2L’HÔTEL

DES POSTES, ANCIEN HÔTEL SAVARY

DE CERISY

C’est l’unique source d’eau vive qui jaillit naturellementdans l’enceinte de la ville au Moyen Age. À ciel ouvert,puis entourée de murs, elle sera formellement emmuréeet dotée de porte et serrure en 1827. Suite à l’installationvers 1865 de l’eau courante dans les maisons, elle seradélaissée petit à petit.

6LA LÉGENDE DES SEPTSAUTS (SOTS)

CE QUE LES PIERRES ONT VU

Située sur un axe fréquemment emprunté par les envahisseurs, Chimay a toujours dû se protéger des assauts, pillages et brigandages divers. Une enceinte urbaine est certifiée à Chimay en tout cas depuis le 14e siècle. La muraille de sept mètres dehaut se développe sur un petit kilomètre mais compte près de vingt tours rondes oucarrées de neuf à douze mètres, combinées parfois avec des portes. Cette ceinturefortifiée perd sa raison d’être au 16e siècle suite au développement de l’artillerie. Peu efficace, mal entretenue, elle se détériore et sert ensuite de carrière de pierre.L’enceinte ne présente plus que des sections irrégulières et ruinées lorsque son démantèlement officiel est ordonné par Joseph II en 1782.

Elle est ainsi nommée en allusion au chapitre de chanoines séculiers deSainte-Monégonde, fondé au 10e siècle par les premiers seigneurs de Chimay et supprimé à la Révolution. Un chanoine séculier est un religieux qui,contrairement au reste du clergé, ne doit pas faire vœu de pauvreté et peutdonc jouir de ses biens personnels. Il pratique la prière, le chant et le travailmanuel, mais réside dans une maison individuelle située à proximité del’église. Remarquez le nombre important d’ancres sur les façades des maisonset le chevet de la collégiale.

3LA TOUR

DE LA COLLÉGIALE

Autrefois, chaque ménage campagnard, paysan ou non,possède un jardin potager derrière ou à proximité del’habitation. En ville, cette pratique est courante car lesnombreux jardins et vergers donnent aux habitants unerelative indépendance alimentaire. Ils les installent là où l’espace le permet. À Chimay, le coteau escarpé est organisé en terrasses permettant la culture aisée de légumes (poireaux, betterave, carotte, laitue, persil, cerfeuil, haricot, pois, oignon), de plantes médicinales oucondimentaires (guimauve, ciboulette, oseille), de plantesaromatiques (thym, menthe) et de petits arbres fruitiers(groseilliers, framboisiers). En contrebas de la ville haute,la basse ville vous plonge directement dans l’histoiremédiévale de la cité : proximité de l’Eau blanche, étroitesvenelles, maisons resserrées, escaliers pentus, moulinindustrieux, frais lavoirs et ruines des épais remparts racontent des siècles de vie quotidienne. La topographiemédiévale illustrée par les anciennes gravures se retrouve presqu’intacte dans le plan actuel de la ville.

7LES JARDINS

EN TERRASSE

Construit à même la roche, il occupe un site défensif depremière qualité, surplombant de plus de seize mètresun cours d’eau navigable à l’époque. Son histoire estlongue et tourmentée, faite d’une litanie de destructionset de restaurations. Tout semble commencer vers le 11e

siècle avec l’installation d’un complexe aristocratiquecomptant un imposant édifice religieux qui accueille lechapitre, bien avant la collégiale actuelle sur la Grand-Place. Dans le courant du 12e siècle, une muraille depierre vient ceinturer l’éperon englobant les bâtimentsqui l’occupent. Au siècle suivant, la nouvelle place-forteadopte un plan géométrique avec ses tours et son entréefortifiée. La ville de Chimay y adossera plus tard sa propre enceinte de tours, fossés et remparts.

LES ANCIENSREMPARTS

En 1622, lors d’un des multiples sièges armés de la bonne ville de Chimay,les soldats ennemis décident de pénétrer la place forte en passant par lelarge tuyau d’évacuation des eaux du lavoir. C’est sans compter sur l’ardeurdes lavandières occupées à leur labeur quotidien : elles assomment puiségorgent pas moins de sept soldats… L’eau rougie de sang donne l’alerte et l’armée ennemie bat en retraite. Pour fêter leur victoire, les lavandièresforment alors une ronde et sautent sept fois, chaque bond correspondant àun « sot ». Cette danse a longtemps ponctué les réjouissances populaires.Transformé, agrandi, puis déplacé au fil du temps, le lavoir témoigne aujourd’hui de la vie quotidienne d’autrefois.

5LA FONTAINE SAINTE-

PRISCE

Lorsque l’on se promène dans les rues de Chimay, on admire des maisons relativement cossues de style assez homogène. Elles datent principalementdu 18e siècle car les guerres et occupations successives des siècles antérieursont eu raison de tout ce qui a précédé. Le 18e siècle est un siècle prospère etcalme qui jouit à Chimay d’une expansion démographique et d’une croissanceéconomique importantes. Les riches marchands et industriels s’y fontconstruire de nouvelles demeures en pierre et au goût du jour.

10RUE SAINT-NICOLAS

9LE TERNE

ROGNAC

8LE CHÂTEAU

C’est le nom donné au faubourg se situant en bas de la rue Saint-Nicolas, au-delà de l’ancienne porte des remparts et du pont d’en-bas qui a été longtemps le seulmoyen de franchir la rivière. Ce quartier comprend un ensemble intéressant du début du 17e siècle, composéd’une chapelle gothique dite de la Saillie, dédiée à Notre-Dame de Zichem, et d’une maison de style traditionnel enbriques et calcaire – sans doute un ancien couvent – avecsoubassement en moellon biseauté, chaînes d’angle ettoiture ardoisée.Remarquez sur la chapelle le millésime1607 donné cette fois par un jeu de briques.

1LA VIEILLE TOUR

CONNUE AUSSICOMME GROSSE TOUR, TOUR STEFFANY,

TOUR BERGER, TOUR MANIGAUX

Détruite et reconstruite à plusieurs reprises, la tour de la collégiale Saints-Pierre-et-Paul affiche le millésime 1732. Elle doit son allure baroque au profil de bulbe de la flèche de sa toiture qui culmine à soixante-quatre mètres,un profil bien caractéristique de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Elle abrite un carillon de vingt-six cloches, fondu à Bruges en 1760 et restauré en 1997, remarquable par la rareté du clavier de piano mécanique.

4LA PLACE DU CHAPITRE

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