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CONTRIBUTION À QUALIFICATION MÉCANIQUE DES FONTES GRISES ET A L'AMÉLIORATION DE LEUR COMPORTEMENT EN SERVICE THÈSE PRÉSENTÉE A L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE, ZURICH POUR L'OBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR ES SCIENCES TECHNIQUES PAR Albert Collaud ING. CHIM. E. P. Z. DE BULLE (FRIBOURG) Rapporteur: M. le Prof. H. GUGLER Corapporieur : M. le Prof. M. ROS IMPRIMERIE VOGT-SCHILD S.A., SOLEURE 1944

Collaud Thesis 1944

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  • CONTRIBUTION

    L QUALIFICATION MCANIQUE DES

    FONTES GRISES ET A L'AMLIORATION

    DE LEUR COMPORTEMENT EN SERVICE

    THSE

    PRSENTE A L'COLE POLYTECHNIQUE FDRALE, ZURICHPOUR L'OBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR ES SCIENCES

    TECHNIQUES

    PAR

    Albert CollaudING. CHIM. E. P. Z.

    DE BULLE (FRIBOURG)

    Rapporteur: M. le Prof. H. GUGLER

    Corapporieur : M. le Prof. M. ROS

    IMPRIMERIE VOGT-SCHILD S.A., SOLEURE

    1944

  • Table des matires

    Pages

    I. - Introduction I

    II. - L'anisotropie de la structure et des proprits mcaniques des fontes grises 6

    III. - Les tensions internes des moulages en fontes grises et leur limination par

    recuit de stabilisation 34

    IV. - Etude critique du comportement des fontes grises soumises des sollicitations

    mcaniques 45

    V. L'essai de flexion et le comportement des fontes grises soumises des solli

    citations mcaniques 56

    VI. - Etude des facteurs de composition et de structure qui influent sur le com

    portement des fontes grises lorsqu'elles sont soumises des sollicitations

    mcaniques statiques 69

  • Biographie

    N le 4 dcembre 1898 Bulle (canton de Fribourg). De 1904

    1912 : coles primaire et secondaire Bulle. De 1912 1918 :

    tudes au gymnase et au lyce du collge Saint-Michel Fri

    bourg, suivies du diplme de maturit latin-grec. De 1918 1923 :

    tudes l'cole de chimie de l'Ecole Polytechnique Fdrale

    Zurich, suivies du diplme d'ingnieur chimiste spcialis en

    lectrochimie.

    De 1923 1930 : ingnieur attach au Service Central des

    Usines de la Socit des Hauts Fourneaux et Fonderies de Pont-

    -Mousson (France). De 1930 1944 : chef du laboratoire mtal

    lurgique de l'usine de Klus de la Socit des Usines de Louis

    deRollS.A.

  • I. - Introduction.

    La fonte grise est non seulement un des

    mtaux les plus rpandus et les plus ancienne

    ment utiliss dans l'industrie, elle est aussi un de

    ceux qui prsentent les proprits les plus origi

    nales, les plus varies et les moins faciles qualifier. Si l'on veut bien comprendre pourquoi la

    fonte grise, malgr des insuffisances plutt

    apparentes que relles, a pris une place aussi

    importante dans notre civilisation moderne, il

    faut bien s'imprgner de la considration de cer

    tains de ses avantages vis--vis d'autres mat

    riaux, avantages qui la rendent irremplaable.Parmi beaucoup de ceux-ci, nous citerons la

    modicit de son prix de revient, la simplicit

    apparente de sa mtallurgie et sa trs grandefacilit de mise en uvre. Il n'est pas douteux

    que ces avantages crrent des circonstances

    extrmement favorables au dveloppement de

    sa production et de son emploi. Ils contriburent

    en particulier la multiplication et la dispersion des fonderies de fontes grises. Ceci ne serait

    pas un grand mal si ces fonderies travaillaient

    toujours avec une exprience suffisante et selon

    une technique bien tudie et parfaitement mise

    au point. Malheureusement, il n'en est pas partout ainsi et, nous pouvons bien le dire sans

    avoir l'intention de froisser aucune susceptibilit,certaines dficiences ne contriburent pas peu

    au reproche, souvent jutifi, que l'on a pu faire

    la fonte grise d'tre un mtal de qualit inf

    rieure, cassant, irrgulier, ainsi qu' l'opiniontrs rpandue qu'il est parfaitement illusoire de

    vouloir chercher la mieux connatre et

    l'amliorer. Cette opinion n'a malheureusement

    pas seulement cours auprs des constructeurs, ce

    qui, jusqu' un certain point, pourrait se com

    prendre comme consquence de certains d

    boires, mais galement dans certains milieux de

    fondeurs. Ceci est beaucoup plus grave et ne

    peut tre attribu qu' la faiblesse inhrente

    notre nature humaine qui veut que, de prf

    rence, nous dpensions beaucoup d'ingniosit chercher des moyens susceptibles d'viter les

    difficults plutt qu' faire un effort sincre pour

    poser franchement le problme et le rsoudre.

    On n'a que trop souvent tendance consid

    rer la fonte grise comme un parent pauvre de

    l'acier. Il est bien certain que, dans le cas de

    l'acier, le terrain tait beaucoup plus favorable

    pour que des progrs rapides et substantiels

    puissent tre raliss. En effet, sa mtallurgie et

    sa mise en uvre sont, du moins en apparence

    et nous nous permettrons d'insister sur ce point,

    beaucoup plus compliques que ce n'est gnralement le cas pour la fonte grise. Le rsultat

    en fut que, ds le dbut, l'industrie de l'acier s'est

    concentre dans un petit nombre d'usines impor

    tantes, qui ont tt compris la ncessit de la

    recherche scientifique, et qui ont systmatiquement orient leur fabrication d'aprs les

    mthodes tudies et mises au point en labora

    toire. Il n'est ds lors pas tonnant que nous

    ayons pu assister, depuis le dbut de ce sicle

    surtout, un progrs extraordinairement ra

    pide et ininterrompu qui a abouti la mise

    au point de nouvelles familles d'aciers et

    d'alliages dous de proprits jusque-l insoup

    onnes. Parmi ces familles, nous nous plairons citer les aciers de construction trs haute

    limite lastique, les aciers rapides, les outils

    extra-durs obtenus par mtallo-cramique, les

    aciers inoxydables et rsistant des milieux

  • chimiquement trs aggressifs, les aciers rfrac-

    taires, les aciers nitrurs, les aciers trs haute

    force coercitive pour aimants permanents, les

    aciers permabilit magntique leve pour

    appareils et machines lectriques el tant d'autres

    encore.

    Durant ce prodigieux essor, et principalement

    pour la raison que nous en avons indique, la

    fonte grise faisait effectivement et fait encore

    figure de parent pauvre. Elle restait un des

    derniers refuges de l'empirisme sculaire qui

    rgnait souverainement sur la technique de sa

    mise en uvre et provoquait trop souvent une

    opposition systmatique tout dsir de progrs

    et tout esprit de recherche scientifique. On se

    rendait parfaitement compte des insuffisances de

    la fonte grise, de ses dfauts mme, mais plutt

    que de chercher y remdier, on trouvait beau

    coup plus simple de s'en accommoder, lorsqu'on

    ne se bornait pas tout simplement les nier. Ce

    renoncement, infiniment plus grave, provoqua de

    graves dboires et contribua dans une large me

    sure au discrdit de la fonte grise dans le cercle

    de ses usagers. Les chercheurs que cette situation

    ne satisfaisait pas et qui eurent, il y a peine une

    trentaine d'annes, le courage d'entreprendre la

    lutte contre les prjugs et d'introduire la

    mthode scientifique l o il n'y avait aupara

    vant que routine traditionnelle, ne se heurtrent

    pas seulement de grosses difficults, mais aussi

    la sourde rsistance des praticiens. Ceux-ci

    avaient le sentiment d'tre initis aux myst

    rieux arcanes d'un art vritable - on parlait en

    effet toujours de l'art du fondeur comme on par

    lait de la science de l'ingnieur , d'tre les

    dtenteurs privilgis d'une sorte de rvlation

    sotrique conserve jalousement secrte, trans

    mise de pre en fils et dont ils craignaient qu'on

    veuille les dpossder. Les pionniers de l'esprit

    scientifique furent rcompenss de leur patience

    et de leur opinitret par l'abondance des rsul

    tats acquis, car, mesure qu'ils apprenaient la

    mieux connatre, la fonte grise se rvlait comme

    un mtal extrmement intressant et complexe,

    dou de proprits trs diverses, susceptibles

    non seulement de varier dans de trs larges

    limites, mais encore d'lre considrablement

    amliores.

    Il est malheureusement trop certain que

    ces tentatives ne furent pas toujours trs

    judicieuses. En voulant, sans discrimination,

    transposer la fonte les progrs raliss dans le

    domaine de l'acier, on mconnut parfois le fait

    trs important que les amliorations que peuvent

    subir les proprits des fontes grises sont limites

    par un certain plafond systmatique d ses

    caractristiques naturelles, et qu'il est contraire

    2

    son essence d'en vouloir faire un mauvais

    acier. En effet, la fonte grise ne peut et ne doit

    en aucun cas renoncer ses prrogatives pri

    mordiales, et, en particulier, la simplicit de sa

    mise en uvre. Le dessein du prsent travail est

    prcisment de montrer que, si l'on veut raliser

    un progrs important dans le sens d'une meil

    leure utilisation de ses proprits et d'une augmentation des tensions admissibles sans danger

    en service, il est absolument indispensable

    d'analyser, d'une manire plus approfondie

    qu'on ne l'a fait jusqu'ici, pourquoi la fonte se

    comporte d'une manire si personnelle lors

    qu'elle est soumise des sollicitations mca

    niques, et dans quelle direction il faut nces

    sairement orienter les recherches pour amliorer

    ce comportement sans compromettre son origi

    nalit foncire. Les efforts tents depuis une

    vingtaine d'annes ont trop souvent nglig ces

    considrations de simple bon sens. On a voulu

    crer des types de fontes grises dont la rsistance

    la traction tait de plus en plus leve, sans

    toujours se rendre compte que l'on tendait ainsi

    compromettre la facilit du moulage, augmenter dangereusement les tensions internes et,

    trop souvent, hlas, rendre le mtal beaucoup

    plus sensible aux effets d'entaille ainsi qu'auxchocs dynamiques ou thermiques. Il en est

    rsult une srie d'checs qui n'ont pas peucontribu aggraver la mfiance que beaucoup

    de constructeurs prouvent l'gard de la fonte

    grise. L'opinion, trs rpandue, que les fontes

    modernes sont loin de valoir, tout particulirement comme tnacit, les fontes produites autre

    fois par le haut-fourneau charbon de bois, n'est

    malheureusement pas toujours inexacte ou pr

    conue. Cette opinion reste mme enracine

    dans certains milieux de fondeurs et ne doit en

    aucun cas tre nglige, si l'on veut orienter

    dans la bonne direction les progrs que la fonte

    grise est susceptible de raliser.

    En un certain sens, c'est une rhabilitation de

    la fonte grise que nous tentons ici, en exposant

    une vue d'ensemble des recherches que nous

    avons effectues depuis une dizaine d'annes.

    Nous chercherons, tout d'abord, dfinir les

    critres susceptibles de caractriser l'anomalie

    de son comportement lorsqu'elle est soumise

    des sollicitations mcaniques. Il est bien vident

    que les causes de mise hors d'usage des mou

    lages en fonte grise sont d'autant plus nom

    breuses que ceux-ci doivent jouir des proprits

    les plus diverses pour rpondre aux exigences

    extraordinairement varies qu'on leur impose en

    service. On estime souvent que la fonte est

    bonne tout et tout la fois bonne rien : bonne

    tout, parce qu'elle permet de raliser peu de

  • frais les objets les plus varis sortant de l'imagination des constructeurs et s'adapte fort bien

    des conditions de service parfois draisonnables,bonne rien, parque que trop souvent on la

    considre comme un mtal trs fragile, qu'il est

    fort imprudent de vouloir soumettre des efforts

    de traction ou des chocs. On en est venu

    dimensionner les moulages en fonte grise de

    telle faon que la sollicitation en service ne

    dpasse en aucun cas le 10 20 % de la rsistance

    la traction observe sur prouvette coule

    sparment, et reste toujours infrieure au 25 %

    de la rsistance la fatigue sous flexions

    alternes. Un tel tat de choses a videmment

    sa raison d'tre et se base aussi bien sur une

    longue exprience que sur certains dboires quifurent parfois trs graves. Loin de nous l'ide de

    critiquer un tel point de vue. Nous le consid

    rons comme parfaitement lgitime, aussi long

    temps que l'on n'aura pas mis en vidence les

    causes effectives de certaines ruptures acciden

    telles en service, ruptures d'autant plus nigma-

    tiques que les tensions atteintes n'taient qu'unefraction insignifiante de la rsistance statique de

    la fonte utilise. Chercher la cause relle de

    certaines de ces ruptures apparemment inexpli

    cables d'aprs les ides gnralement admises,de certaines fautes que nous avons nous-mmes

    commises en croyant avoir ralis un progrs,nous a incits entreprendre l'tude complted'un problme dont nous ne nous dissimulons

    pas les difficults. Nous ne voulons pas prtendre lui avoir trouv une solution dfinitive,

    mais simplement montrer pourquoi nous l'avons

    cherche dans une direction nettement dfinie

    et quels rsultats nous sommes jusqu'ici parvenus. Notre ambition sera amplement satisfaite

    si les suggestions nouvelles que nous faisons

    intressent les milieux de producteurs et d'usa

    gers et provoquent des discussions ou des

    contradictions toujours fructueuses pour tous.

    Lorsqu'on cherche tablir un critre de

    qualit d'une fonte grise quelconque, disons

    d'un moulage qui s'est rvl comme dfectueux

    dans certaines conditions de service, on se

    heurte plusieurs importantes difficults issues

    de la nature mme de la fonte grise. Tout

    d'abord, celle-ci est essentiellement anisotrope.Nous ne parlons d'anisotropie ou de quasi-

    isotropie des fontes grises que pour nous confor

    mer la terminologie en cours, mais nous

    aurons l'occasion plus loin de prciser ce quenous entendons par ce terme. Nous voulons

    simplement dire ici que les proprits mca

    niques sont trs notablement influences par la

    variation, en fonction du temps, du gradient de

    temprature s'tablissant dans le moulage aprs

    la coule. Il en rsulte que les proprits

    mcaniques, et la structure dont elles dpendent,

    ne varient pas seulement avec l'paisseur du

    moulage considr, ou avec la conductibilit

    thermique plus ou moins leve de la matire

    constituant le moule, mais encore, dans une

    mme section, du point o s'effectue l'obser

    vation. L'anisotropie de la structure explique

    partiellement l'anisotropie des proprits mca

    niques et trouve son origine dans les phnomnes trs particuliers qui se produisent, soit

    lors de la solidification, soit lors du refroidisse

    ment ultrieur. C'est l'instant de la solidi

    fication, ou dans un domaine de tempraturetrs voisin, que se produit la graphitisation quiconfre la fonte grise une de ses caractris

    tiques essentielles. Cette graphitisation, ainsi queles circonstances dans lesquelles elle se produit,

    a fait l'objet de nombreuses recherches qui se

    proposaient de dterminer si la sparation des

    lamelles de graphite se produit directement

    partir de la solution du carbone dans le fer, ou si

    elle est due la dcomposition de carbures

    solidifis la temprature eutectique. Sans vou

    loir prendre position dans un dbat qui n'est

    pas encore clos, nous voulons simplement mettre

    en relief le fait qu'il s'agit l d'un phnomne

    irrversible, d'o rsulte une structure primaire

    dpendant aussi bien de la composition physico-

    chimique de la fonte considre que de sa

    vitesse de refroidissement lors du passage

    l'tat solide. Or, et nous insisterons sur ce point

    important, cette structure primaire est donne

    une fois pour toutes et ne peut plus tre modifie

    par un traitement thermique ultrieur quel

    conque. Les proprits qui sont influences

    uniquement par la quantit et par la rpartitiondu graphite resteront donc immuables, quelquetraitement qu'on fasse subir la fonte grise. Il

    en est tout autrement de la structure secondaire

    qui prend naissance lors de la transformation

    eutectodique des cristaux mixtes gamma. Cette

    structure secondaire est galement affecte parla vitesse de refroidissement dans le domaine

    critique de transformation. Mais, ce qui en fait

    la caractristique essentielle, c'est qu'elle n'est

    pas seulement susceptible d'tre profondment modifie par traitement thermique, mais

    encore qu'elle est rversible. Thoriquement, il

    est toujours possible, aprs ce traitement, de

    restituer la structure secondaire son aspect

    primitif et ses proprits initiales. Si nous insis

    tons ds l'introduction sur cette profonde dif

    frence entre la structure primaire et la structure

    secondaire, c'est que seule elle peut permettre

    d'expliquer l'anomalie de certaines des pro

    prits des fontes grises, et qu'elle est appele

    3

  • prendre une trs grande place dans notre travail.

    Mais, si la structure secondaire de la fonte

    grise prsente, de mme que la structure pri

    maire, un caractre d'anisotropie aussi accentu,

    on doit invitablement se poser la question

    suivante : Comment est-il possible de dfinir le

    critre de qualification d'un moulage, si l'on se

    base sur les rsultats d'essais observs, soit sur

    des prouvettes coules sparment, soit sur des

    prouvettes prleves en un point donn du

    moulage lui-mme ? Cette question a fait l'objet

    de nombreux travaux entre 1925 et 1935, travaux

    qui ont abouti la mise au point de deux

    mthodes permettant de dterminer, en un point

    quelconque du moulage et avec une prcision

    satisfaisante, certaines caractristiques mca

    niques considres jusqu'ici comme critres de

    qualii. Ceci revient, en multipliant les essais et

    les points de prlvement, effectuer ce qu'il a

    t convenu d'appeler la topographie mca

    nique du moulage lui-mme. La premire en

    date de ces mthodes, dite mthode franaise,

    prvoit le prlvement en divers points de

    petites prouvettes qui ne compromettent pas

    les proprits du moulage et qui sont soumises

    des essais de flexion, de cisaillement et de

    duret. La deuxime mthode, beaucoup plus

    lgante et plus gnralement applicable, puis

    qu'elle vite le prlvement d'prouvettes dans

    le moulage, a vu le jour en Suisse et est issue

    des beaux travaux de E. Dbi. Nous nous occu

    perons exclusivement de cette dernire mthode

    et aurons l'occasion de citer quelques exemples

    de son application.La question qui vient immdiatement

    l'esprit est de se demander si une telle topo

    graphie mcanique, aussi parfaite et complte

    soif-elle, permet de prvoir comment le moulage

    lui-mme, pris dans sa totalit, se comportera en

    service, non seulement sous les sollicitations

    mcaniques normales pour lesquelles il a t

    prvu, mais encore sous certaines sollicitations

    accidentelles, toujours possibles et beaucoup

    plus dangereuses. Nous avons consacr l'tude

    de cette question un chapitre qui aboutit une

    conclusion ngative, en ce sens que, si l'on

    dsire augmenter sans danger le taux de sollici

    tation d'un moulage en service, il ne suffit pas

    d'utiliser simplement une fonte dont la rsis

    tance statique soit plus leve, que cette rsis

    tance soit mesure la traction ou selon tout

    autre mode d'essai. C'est pour avoir mconnu

    l'importance que peuvent prendre les tensions

    internes dans les moulages en fonte grisa que

    les progrs raliss dans le sens d'une augmen

    tation de certaines caractristiques mcaniques,

    telles que la rsistance la traction, la fle

    xion, au cisaillement, etc., se sont traduits en

    pratique par des checs parfois dsastreux. Nous

    montrerons qu'un traitement thermique appro

    pri permet d'liminer la totalit de ces tensions

    internes, sans nuire notablement aux caractris

    tiques mcaniques, et qu'un tel traitement est

    indispensable si l'on veut profiter des progrs

    raliss dans le domaine des fontes haute

    rsistance.

    Cette difficult est peine rsolue qu'une

    autre se prsente spontanment dans un ordre

    d'ides diffrent mais d'importance tout aussi

    grande. Elle a trait au critre de qualit qu'il y a

    lieu d'utiliser pour caractriser le comportement

    des fontes grises soumises des sollicitations

    mcaniques. On a dit et rpt que la fonte grise

    est non seulement un mtal fragile (affirmation

    extrmement discutable), mais encore que son

    comportement s'carte trs notablement des lois

    classiques de la rsistance des matriaux, et ceci

    dj pour de faibles sollicitations. En particulier

    sa capacit de dformation plastique est si

    faible dans le cas d'un effort de traction, qu'il

    est trs difficile au moyen de ce mode d'essai

    de la mesurer avec une prcision suffisante.

    Aussi bien, dans tous les pays o l'essai de

    traction a servi de base de normalisation, seule

    la rsistance la rupture a t prise en consid

    ration, l'exclusion de toute prescription rela

    tive la dformation plastique et, en particulier,

    l'allongement permanent la rupture. Les

    consquences de cette mthode de normali

    sation furent parfois dsavantageuses. En admet

    tant, a priori, que seule la rsistance la traction

    peut servir de critre de qualit d'une fonte

    grise, et que c'est dans le sens d'une augmen

    tation de cette rsistance qu'il faut chercher

    l'amliorer, on en vint sacrifier la tnacit la

    rsistance statique pure et crer des types de

    fontes fragiles qui se sont souvent fort mal com

    portes en service. Nous aurons ds lors re

    prendre toute la question de la qualification

    mcanique des fontes grises et, en particulier,

    rechercher quelles proprits fondamentales il

    convient de dfinir et de chiffrer pour permettre

    la prvision du comportement du moulage sous

    les sollicitations usuelles de la pratique, notam

    ment celles pour lesquelles il est prvu. Nous

    montrerons que ces proprits fondamentales

    sont indpendantes, dans une large mesure, du

    mode d'essai, et qu'elles peuvent tre dfinies et

    chiffres aussi bien au moyen de l'essai de

    traction, qu'au moyen de l'essai de flexion. Ces

    deux modes d'essais nous ont permis, en effet,

    de dterminer et de dfinir des caractristiques

    de rigidit, de ductilit et de tnacit, qui re

    vtent une importance au moins aussi consid-

  • rable que la rsistance la rupture et permet

    tent, beaucoup mieux que celle-ci, de prvoir

    comment un moulage donn se comportera en

    pratique. Nous aurions pu videmment tudier

    le comportement de la fonte sous un grandnombre d'autres modes de sollicitation. Si nous

    nous sommes borns la traction et la flexion,

    cela provient, d'une part, du fait que ce travail

    tait dj suffisamment important, et, d'autre

    part, de ce que la traction et la flexion sont de

    loin les modes de sollicitation les plus habituels.

    Leur importance n'est d'ailleurs pas gale. La

    traction est et restera toujours le mode d'essai

    idal. C'est le seul mode de sollicitation simple

    dans lequel toutes les forces agissantes sont

    parallles et rgulirement rparties dans toute

    la section. Nous aurions pu sans difficult nous

    borner ce mode d'essai, ce qui aurait singulirement facilit notre dmonstration. Si nous

    lui avons joint la flexion, malgr les reproches

    que l'on peut adresser ce mode d'essai, cela

    tient aux circonstances suivantes: la dforma

    tion totale de la fonte grise, et en particulier sa

    dformation plastique qui nous intresse particulirement (allongement permanent), sont si

    faibles que, pour les mesurer avec prcision, il

    faut disposer, non seulement de machines d'essai

    extrmement sensibles, mais encore d'un personnel suffisamment qualifi pour excuter des

    mesures aussi dlicates. Par contre, sans machi

    nes coteuses, ni personnel spcialement form,il est possible, au moyen de l'essai de flexion

    tel qu'on l'effectue couramment, de dterminer

    des valeurs de rigidit, de ductilit et de tna

    cit que nous tenterons de dfinir exactement et

    qui permettent de qualifier parfaitement bien le

    comportement mcanique de la fonte grise. Ceci

    est l'unique raison qui nous a pousss donner

    dans notre travail une telle importance l'essai

    de flexion.

    Ce critre de qualification une fois tabli,

    nous avons cherch, dans un dernier chapitre,

    esquisser son application au classement et

    l'amlioration du comportement mcanique des

    fontes. Nous montrerons comment les propritsfondamentales sont influences par la compo

    sition physico-chimique, par la structure, par la

    vitesse de refroidissement, par les traitements

    thermiques ultrieurs, etc. Ayant ainsi pos les

    bases du problme, il nous deviendra enfin

    possible de nous demander quelles propritsil convient particulirement d'amliorer, soit

    pour augmenter le taux de travail admissible

    en service, soit, sollicitation gale, pour dimi

    nuer notablement les paisseurs de parois. La

    voie suivie jusqu'ici, et qui consistait unique

    ment raliser des valeurs de rsistance la

    traction de plus en plus leves, a abouti un

    chec. Un trs grand nombre de ruptures en

    service tant dues des sollicitations dyna

    miques, il est bien vident qu'on ne peut y

    parer qu'en amliorant les proprits de

    tnacit, ce qui revient en dernire analyse

    augmenter la ductilit. Nous avons pleine

    conscience de heurter ainsi beaucoup d'ides

    admises, mais nous avons galement pleine

    conscience d'exposer non pas une opinion,

    mais l'interprtation logique de faits exprimen

    taux qui ne peuvent prter confusion. Ceci

    ressort indiscutablement des tudes que nous

    avons faites au sujet de l'influence de traite

    ments thermiques de recuit sur le comportement

    mcanique de certaines classes de fontes grises. Si

    ces traitements ne sont pas mme de modifier

    la structure primaire donne par la rpartition

    du graphite, ils peuvent par contre confrer la

    structure secondaire des caractristiques trs

    intressantes, et, en particulier, en amliorer si

    considrablement la ductilit, que le travail de

    rupture en subit une augmentation pouvant

    atteindre jusqu' 100 % ! A l'poque de grave

    pnurie de matires premires dans laquelle

    nous vivons, et qui peut se prolonger encore

    longtemps aprs la fin de la guerre, ce rsultat

    nous parat revtir une importance considrable

    et nous serions trs heureux si notre travail

    pouvait exercer une modeste influence dans le

    sens que nous avons indiqu. Nous nous

    rservons de le complter en montrant de quelle

    faon le comportement de la fonte grise sous des

    sollicitations dynamiques et sous des sollicita

    tions alternes est conditionn par les proprits

    fondamentales, telles que nous les avons dfi

    nies. Ce travail a t excut dans le laboratoire

    mtallurgique de la Socit des Usines de Louis

    de Roll Klus et en collaboration avec le Labo

    ratoire fdral d'essai des matriaux et Institut

    de recherches Zurich. Je tiens ici tmoigner

    toute ma reconnaissance M. le professeur Ros

    pour la bienveillance avec laquelle il s'est

    intress ces recherches, pour fous les docu

    ments qu'il m'a communiqus et pour tous les

    conseils qu'il m'a prodigus. Je tiens galement remercier trs vivement la Socit des Usines

    de Louis de Roll et tout particulirement M. le

    directeur gnral Dr E. Dbi et M. le directeur

    Dr W. Anderhub pour l'intrt qu'ils portent

    la recherche scientifique et la sollicitude avec

    laquelle ils ont encourag ce travail.

    5

  • IL- L'Anisotropie de la structure et

    des proprits mcaniques des fontes grises.

    Dans la plupart des pays, en particulier en

    Angleterre, en Allemagne, en Suisse, etc., on a

    choisi, comme base de qualification des fontes

    grises, la rsistance la traction observe en cas

    sant des prouvettes standardises, prleves

    dans des jets cylindriques de diamtre bien

    dfini, soit adhrents la pice, soit couls

    sparment. La feuille de normes suisses VSM

    10691, rvise en 1942, prvoit que les prou

    vettes de traction seront prleves dans des jetsde 30 mm. de diamtre. Dans ces conditions bien

    dfinies et toujours reproductibles de refroidis

    sement dans le moule aprs coule (les prou

    vettes sont coules debout et en source dans des

    moules pralablement schs), l'anisotropie est

    exclue dans ce sens, que les conditions de solidi

    fication et de refroidissement ultrieur sont tou

    jours les mmes pour toutes les fontes, et queseules les proprits spcifiques sont mises en

    vidence.

    Mais, avant de poursuivre notre expos, nous

    tenons dfinir ce que nous entendons en par

    lant de l'anisotropie des fontes grises. Selon la

    dfinition classique, l'anisotropie est la propritd'un rseau cristallin qui veut que les caract

    ristiques physiques et mcaniques varient selon

    la direction par rapport aux axes de symtriedans laquelle on les observe. Cela est valable

    pour un cristal unique, mais, s'il s'agit d'un

    difice cristallin form de cristaux lmentaires

    orients arbitrairement dans tous les sens, ce qui

    est le cas de la plupart des mtaux techniques

    aprs un recuit de recristallisation, le milieu sera

    statistiquement isotrope ds que l'prouvette

    aura des dimensions suffisantes, c'est--dire ds

    que le nombre des cristaux lmentaires sera

    assez grand. Par contre, si la mise en oeuvre du

    mtal provoque l'apparition de cristaux pri

    maires orients selon certaines directions pri

    vilgies qu'il ne sera plus possible par la

    suite de modifier par un traitement thermique

    quelconque, nous nous trouverons devant une

    nouvelle sorte d'anisotropie qui ncessitera une

    nouvelle dfinition: il ne s'agira plus ici d'une

    anisotropie lmentaire, mais bien d'une ani-

    sotropie statistique. Ceci est le cas de la fonte

    grise en particulier, o le dveloppement des

    lamelles de graphite est influenc par le gradientde temprature lors du refroidissement en

    moules. Si nous coulons une prouvette cylin

    drique, la fonte sera isotrope selon l'axe de

    symtrie, mais anisotrope selon le plan perpendiculaire cet axe, c'est--dire perpendiculaire

    ment la surface de refroidissement. Le ferme

    d'anisotropie s'applique ici d'ailleurs assez mal,

    puisque, dans le plan considr, les proprits

    ne varieront pas selon la direction, mais selon la

    distance par rapport l'axe. Faute d'une expres

    sion mieux adapte, nous parlerons encore ici

    d'anisotropie, puisque nous observons des pro

    prits nettement diffrentes selon qu'on les

    mesure perpendiculairement ou paralllement

    l'axe de symtrie.

    Par analogie, on a eu coutume jusqu'ici, du

    moins dans le cas des fontes grises, d'tendre la

    notion d'anisotropie un autre ordre de phnomnes. Si nous coulons des prouvettes de

    diffrents diamtres dans des moules dont les

    coefficients de conductibilit thermique sont

    identiques, et que nous observions leurs pro

    prits dans la direction de leur axe de symtrie

    (comme c'est le cas pour les prouvettes de

    traction tailles dans des jets cylindriques) nous

    observerons que ces proprits sont fonction des

    conditions du refroidissement exprimes par le

    diamtre de l'prouvette. Pour peu que des

  • variations de la section de l'prouvette brute

    n'influencent pas sensiblement la rsistance

    la traction ou la duret, on a eu coutume jus

    qu'ici de parler de quasi-isotropie de la fonte.

    Il ne s'agit plus d'une isotropie ou d'une

    anisotropie spatiale, observe dans un seul et

    mme milieu, mais de la comparaison des pro

    prits observes dans des milieux diffrents.

    Faute d'une meilleure expression et pour nous

    conformer la terminologie gnralement ad

    mise, nous dfinirons donc par anisotropie

    de la fonte grise la variation, en fonction du dia

    mtre des jets, des proprits observes selon

    leur axe de symtrie.Nous entendrons,en outre, par proprits

    spcifiques des fontes grises, les caractris

    tiques observes sur des prouvettes coules

    dans des conditions rigoureusement identiques,

    comme c'est le cas pour les prouvettes pr

    vues par la feuille de normes. Nous devons

    insister particulirement sur le fait que les pres

    criptions de la feuille de normes relatives aux

    caractristiques mcaniques ne s'appliquent

    pas au moulage, comme on a gnralementtendance le croire, mais uniquement aux

    rsultats d'essais observs sur les prouvettes

    normalises. Il en rsulte que la classification

    des fontes grises selon la feuille de normes

    VSM 10691 pose un certain nombre de problmes

    que nous nous proposons d'aborder. Nous

    chercherons d'abord montrer comment, pour

    diverses fontes grises coules dans des condi

    tions toujours identiques, les proprits mca

    niques spcifiques sont en relation directe avec

    la structure, comment ces proprits mcaniquessont influences parla vitesse de refroidissement,

    et enfin de quelle faon il est possible, au moyen

    d'prouvettes isoles, de qualifier les proprits

    mcaniques d'un moulage coul avec une fonte

    donne.

    Selon la composition physico-chimique de la

    fonte, et ceci pour des diffrences de teneurs

    en lments d'accompagnement relativement

    faibles, on peut observer des proprits mca

    niques extrmement diverses, en particulier en

    ce qui concerne la rsistance la traction que

    nous continuerons provisoirement considrer

    comme base de rfrence. Cette rsistance

    la traction peut varier de 15 kg./mm2 plus de

    40 kg./mm2. La feuille de normes VSM prvoit

    un classement des fontes grises en familles

    prsentant une rsistance minimum la traction

    croissant de 5 en 5 kg./mm2 depuis 15 kg./mm2

    plus de 30 kg./mm2 et a affect ces familles des

    symboles Ge 15.91, Ge 20.91, Ge 25.91 et Ge 30.91.

    A ces quatre familles de fontes normalises, nous

    en avons ajout une cinquime : Ge 35.91 qui est

    une fonte allie prpare au four lectrique

    depuis de longues annes l'usine de Klus et

    qui, ainsi que nous le verrons au cours de ce

    travail, est susceptible de prsenter des caract

    ristiques trs intressantes. Pour l'instant, nous

    ne considrerons cette qualit qu' titre docu

    mentaire et nous nous occuperons surtout des

    quatre familles de fontes grises normalises,toutes quatre prpares au cubilot.

    Nous voulons fout d'abord montrer quellerelation troite il existe entre la structure et les

    proprits mcaniques spcifiques des fontes

    grises. A cet effet, nous reproduisons dans les

    tableaux II-1, II-2, II-3, II-4 et II-5 les rsultats

    observs pour dix coules diffrentes de chacune

    des cinq classes de fontes Ge 15.91, Ge 20.91,

    Ge 25.91, Ge 30.91 et Ge 35.91. On a souvent

    Tableau II-l. - Analyses et proprits mcaniques usuelles observes sur 10 coules diffrentes de fonte Ge 15.91.

    Eprouvettes normales de 30 mm. de diamtre.

    1 2 ! 4 5 6 7 8 9 10 Moyenne

    3,49 3,49 3,45 3,34 3,38 3,46 3,39 3,32 3,35 3,31 3,40

    2,7 2,4 2,5 2,7 2,7 2,8 2,5 2,6 2,5 2,9 2,60

    0,50 0,50 0,50 0,51 0,51 0,52 0,58 0,51 0,59 0,46 0,52

    0,89 0,85 0,81 0,84 0,84 0,85 0,80 0,82 0,79 0,87 0,84

    0,134 0,124 0,148 0,114 0,115 0,117 0,134 0,120 0,140 0,135 0,128

    16,6 16,3 16,1 15,2 15,4 15,0 16,1 14,7 15,5 17,2 15,81

    33,0 31,7 30,7 31,5 32,0 31,0 29,5 30,3 29,8 32,8 31,23170 163 163 156 163 159 156 156 170 179 163,5

    32,8 32,4 32,9 33,7 31,0 30,2 36,0 35,0 34,4 31,7 33,01

    22,0 23,5 21,9 21,3 21,6 19,8 21,5 21,8 21,7 22,6 22,77

    10,5 9,2 10,7 12,3 10,0 11,6 13,3 12,0 11,4 9,8 11,08

    Analyse: C %Si %

    Mn%P %S %

    Proprits mcaniques usuelles :

    Rsistance la traction en kg /mm2Rsist. au poinonnage en kg./mm2Duret Brinell en kg./mm2Rsistance la flexion en kg./mm2Tension de flexion pour / = 6 mm.

    Flche de rupture en mm.

  • Tableau II-2. - Analyses et proprits mcaniques usuelles observes sur 10 coules diffrentes de fonte Ge 20.91.

    Eprouvelies normales de 30 mm. de diamtre.

    1 2 2 4 s 6 7 8 9 10 Moyenne

    3,47 3,39 3,45 3,44 3,42 3,45 3,46 3,47 3,50 3,35 3,44

    2,1 2,1 2,1 2,1 2,0 2,1 2,1 1,9 1,8 2,2 2,05

    0,98 0,85 0,92 0,90 0,78 0,84 0,92 0,94 0,99 0,84 0,90

    0,45 0,42 0,46 0,46 0,49 0,47 0,38 0,27 0,26 0,41 0,41

    0,148 0,132 0,153 0,126 0,102 0,120 0,115 0,114 0,120 0,113 0,124

    21,0 22,7 23,1 20,2 23,5 22,6 21,5 25,9 26,0 22,1 22,86

    36,0 38,9 38,5 36,0 39,15 38,6 36,5 41,0 41,7 37,6 38,39

    187 187 187 187 187 187 187 192 196 192 189,1

    43,6 46,0 45,4 43,7 44,4 45,0 42,0 45,5 46,7 42,7 44,50

    25,7 27,5 26,4 26,2 27,6 26,6 25,5 25,4 21,1 26,9 26,59

    13,8 12,7 13,7 13,1 12,0 13,2 12,7 15,8 12,3 12,0 13,13

    Analyse: C %Si %

    Mn%P %S %

    Proprits mcaniques usuelles:

    Rsistance la traction enkg./mm2Rsist. au poinonnage en kg./mm2Duret Brinell en kg./mm2Rsistance la flexion en kg./mm2Tension de flexion pour / = 6 mm.

    Flche de rupture en mm.

    Tableau II-3. - Analyses et proprits mcaniques usuelles observes sur 10 coules diffrentes de fonte Ge 25.91.

    Eprouvettes normales de 30 mm. de diamtre.

    1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Moyenne

    3,34 3,44 3,27 3,40 3,55 3,47 3,40 3,45 3,44 3,35 3,41

    1,3 1,3 1,7 1,5 1,1 1,3 1,4 1,4 1,1 1,7 1,38

    0,90 1,08 1,02 1,05 0,88 0,70 0,79 0,90 0,84 0,92 0,91

    0,20 0,24 0,23 0,22 0,16 0,31 0,32 0,25 0,29 0,18 0,24

    0,103 0,117 0,091 0,100 0,125 0,139 0,144 0,150 0,129 0,115 0,122

    31,2 30,9 27,2 32,0 30,1 27,4 29,2 33,1 32,8 25,6 29,95

    45,3 46,9 43,8 46,3 46,2 45,2 46,5 48,5 50,2 45,5 46,44

    207 212 207 207 207 207 212 228 235 207 212,9

    50,4 53,4 47,0 54,5 54,1 50,5 51,4 55,4 60,8 51,1 52,86

    32,1 32,3 30,6 32,2 34,0 31,5 32,0 33,8 35,3 30,7 32,45

    12,5 13,6 12,1 14,0 12,7 12,5 12,4 12,7 14,6 13,8 13,09

    Analyse: C %Si %

    Mn%P %S %

    Proprits mcaniques usuelles:

    Rsistance la traction en kg./mm2Rsist. au poinonnage en kg./mm2Duret Brinell en kg./mm2Rsistance la flexion en kg./mm2Tension de flexion pour / = 6 mm.

    Flche de flexion en mm. .

    Tableau II-4. - Analyses et proprits mcaniques usuelles observes sur 10 coules diffrentes de fonte Ge 30.91.

    Eprouvettes normales de 30 mm. de diamtre.

    1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Moyenne

    2,98 3,05 3,00 2,98 2,96 3,09 3,10 3,16 3,00 2,98 3,03

    1,9 2,0 1,7 1,9 1,6 2,0 1,6 1,6 1,8 2,1 1,82

    0,83 0,88 0,89 0,87 0,84 0,81 0,98 0,88 0,83 0,88 0,87

    0,35 0,35 0,31 0,40 0,41 0,42 0,31 0,37 0,40 0,40 0,37

    0,188 0,160 0,186 0,210 0,196 0,180 0,149 0,140 0,165 0,164 0,174

    34,4 31,8 32,0 32,5 33,6 32,0 32,6 33,3 34,2 33,6 33,00

    48,8 47,1 48,3 48,1 49,4 48,5 49,5 50,3 52,5 51,2 49,37

    228 212 217 223 228 223 228 223 235 228 224,5

    55,0 57,1 55,8 55,0 57,2 53,9 53,4 54,6 54,1 55,7 55,18

    36,5 34,6 34,6 34,8 34,6 33,5 35,0 34,3 35,5 34,6 34,82

    10,7 13,0 12,3 11,5 13,0 11,9 11,0 12,3 10,9 11,6 11,82

    Analyse: C %Si %

    Mn%P %S %

    Proprits mcaniques usuelles :

    Rsistance la traction en kg./mm2Rsist. au poinonnage en kg./mm2Duret Brinell en kg./mm2Rsistance la flexion en kg./mm2Tension de flexion pour / = 6 mm.

    Flche de flexion en mm. .

    8

  • Tableau II-5. - Analyses et proprits mcaniques usuelles observes sur 10 charges diffrentesde fonte lectrique allie Ge 35.91.

    Eprouvettes normales de 30 mm. de diamtre.

    1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Moyenne

    3,13 2,90 3,16 2,98 3,09 2,96 3,10 2,90 3,04 2,85 3,01

    1,9 1,9 1,8 2,1 1,8 1,8 1,9 2,3 2,3 2,4 2,02

    0,77 0,85 0,79 0,75 0,71 0,72 0,75 0,80 0,63 0,73 0,75

    0,12 0,14 0,11 0,13 0,16 0,15 0,15 0,14 0,10 0,09 0,13

    0,053 0,050 0,060 0,070 0,072 0,060 0,067 0,065 0,052 0,048 0,060

    0,58 0,60 0,59 0,63 0,64 0,70 0,62 0,75 0,56 0,15 0,58

    0,82 0,79 0,81 0,67 0,68 0,94 0,65 0,70 0,93 0,28 0,73

    0,30 0,30 0,28 0,27 0,28 0,30 0,32 0,25 0,81 1,60 0,47

    39,5 42,5 37,9 38,9 40,4 36,8 35,2 37,5 40,1 46,4 39,52

    55,1 55,7 53,8 55,9 55,6 56,9 53,8 58,0 58,9 65,4 56,91

    255 269 255 269 269 286 255 269 269 286 268,2

    60,0 60,7 57,6 62,5 63,0 66,5 60,3 57,9 68,7 72,4 63,06

    37,5 40,1 37,8 38,2 40,0 43,5 37,4 38,0 39,4 44,6 39,65

    10,7 9,6 10,0 11,4 10,6 10,4 11,0 9,6 13,3 11,4 10,80

    Analyse: C %Si % . .' . . .

    Mn%P %S %Ni %Cr %

    Mo%

    Proprits mcaniques usuelles:

    Rsistance la traction en kg./mm2Rsist. au poinonnage en kg./mm2Duret Brinell en kg./mm2Rsistance la flexion en kg./mm2Tension de flexion pour / = 6 mm.

    Flche de flexion en mm. .

    coutume de qualifier les fontes d'aprs leurs

    teneurs en lments d'accompagnement gn

    ralement doss. En comparant la composition

    chimique moyenne des quatre familles de fontes

    non allies, nous obtenons le tableau II-6a

    suivant :

    Tableau II-6a

    c% Si /o Mn/o po/o s%

    Fonte Ge 15.91 3,40 2,60 0,52 0,84 0,128Fonte Ge 20.91 3,44 2,05 0,90 0,41 0,124Fonte Ge 25.91 3,41 1,38 0,91 0,24 0,122

    Fonte Ge 30.91 3,03 1,82 0,87 0,37 0,174

    Ce qui frappe surtout dans cette rcapitula

    tion, c'est l'extraordinaire influence que peuvent

    exercer de faibles diffrences dans les teneurs

    en lments usuels d'accompagnement sur

    les proprits mcaniques, en particulier sur

    la rsistance la traction qui, de la fonte

    Ge 15.91 la fonte Ge 30.91, passe du simple

    au double. Ceci met en relief, mieux que tout

    commentaire, les trs grosses difficults que peutrencontrer une fonderie de fontes grises, dont la

    fabrication n'est pas soumise un contrle trs

    serr et ne se base pas sur une doctrine scien

    tifique exprimentalement prouve, lorsqu'elleest amene fournir des moulages de qualittrs rgulire et nettement dfinie.

    Mais si la composition chimique lmentaire

    des fontes grises ne peut, elle seule, expliquerla trs grande diversit des proprits mca

    niques spcifiques, quoi cette diversit doit-

    elle tre attribue? Il s'agit l d'un problmetrs complexe et trs vaste, que nous devons

    nanmoins aborder au moins succinctement,

    car nous aurons beaucoup nous occuper,

    au cours de notre expos, de l'influence de

    la structure sur le comportement mcanique

    des fontes. Nous avons dj dit dans notre

    introduction que l'originalit des fontes grises,

    ce qui en fait un mtal bien part, dou

    de proprits personnelles et soumis des

    lois propres, est rechercher en premier lieu

    dans sa structure. Au contraire de tous les autres

    mtaux utiliss habituellement en fonderie, la

    fonte grise est un conglomrat de deux consti

    tuants qui cristallisent d'une manire quasi

    indpendante l'instant de la solidification,

    crant ainsi une structure primaire qu'il ne sera

    plus possible, par la suite, de modifier par un

    traitement thermique quelconque. Ce conglo

    mrat a ceci de particulier que l'un de ses

    constituants, le graphite, ne prsente ni cohsion,

    ni rsistance mcanique, et n'agit sur les pro

    prits globales de l'ensemble qu'en crant des

    discontinuits dans la masse fondamentale qui,

    elle, est doue de rsistance. La structure pri

    maire sera donc essentiellement conditionne

    par la quantit et la forme de rpartition du

    graphite, c'est--dire par la cristallisation d'une

    phase htrogne partir d'une solution en voie

    de solidificaiipn.

    Or, les phnomnes qui se produisent lors de

    la cristallisation d'une solution sursature en

    voie de solidification sont trs complexes et

    .encore mal connus. Thoriquement, on peut dire

    que la dimension des cristaux obtenus, galit

    de vitesse de refroidissement dans un domaine

    critique de temprature, dpend de la vitesse

    de formation spontane de germes de cristalli

    sation d'une part et, d'autre part, des phno-

    9

  • mnes de diffusion' qui influencent la vitesse de

    croissance des germes de la phase htrogne.En pratique, le processus est encore plus com

    plexe. Non seulement certaines impurets, pr

    existantes dj l'tat solide par suite de leur

    point de fusion plus lev, peuvent exercer, par

    inoculation, une action trs importante sur la

    vitesse de formation spontane des germes, mais

    encore d'autres impurets peuvent, au contraire,abaisser trs sensiblement la vitesse de diffusion

    ou provoquer des phnomnes de surfusion.

    Pour la fonte grise, fous ces facteurs jouent

    un rle qui peut tre important. Cependant la

    complexit des conditions prsidant la for

    mation de la structure primaire est encore plus

    grande qu'on ne pouvait le supposer. Selon que, l'instant de la solidification, la position du

    point exprimant la composition de la fonte dans

    le domaine stable du diagramme fer-carbone se

    trouve plus ou moins droite ou plus ou moins

    gauche de la saturation eutectique, le graphite

    peut se sparer, soit directement partir de la

    phase liquide, soif l'instant de la solidification

    des cristaux mixtes, soit aprs une surfusion

    notable. On a .coutume d'exprimer la positiondu point donnant la composition globale de la

    fonte l'instant de la solidification dans le dia

    gramme fer-carbone en pourcentage de la con

    centration eutectique en carbone et on lui a

    donn le nom de degr de saturation

    eutectique. Tous les lments usuels d'ac

    compagnement influencent la position du pointde saturation eutectique, mais, par simplificationet en corrlation avec le fait que le manganseet le soufre ne varient que dans les limites assez

    troites et que leur influence tend se com

    penser mutuellement, nous utiliserons de prfrence la formule prconise par Hanemann

    l' Edelgussverband , formule qui s'exprime de

    la faon suivante, t] exprimant le degr de satu

    ration eutectique:

    C%v =

    4,23 0,275 P Si

    3,2

    Si nous appliquons cette formule aux com

    positions moyennes des 4 classes de fontes non

    allies dans le tableau II-6, nous observons queles degrs moyens de saturation eutectique

    varient de la faon suivante:

    Tableau II-6b.

    Fonte Ge 15.91 Degr de saturation eutectique: 1,066Fonte Ge 20.91 0,990

    Fonte Ge 25.91 s 0,913Fonte Ge 30.91 > . 0,852

    Nous observons maintenant qu'un ordre lo

    gique succde l'incertitude laquelle on se

    10

    heurte invitablement en ne considrant que les

    rsultats isols de l'analyse lmentaire. Cette

    incertitude semble d'autant plus justifie que, si

    l'on compare entre eux les rsultats d'analyse

    obtenus dans chaque famille pour chacune des

    fontes prises isolment, on peut relever des

    diffrences sensibles qui, au premier abord,

    paraissent aussi importantes que celles qui se

    prsentent d'une famille l'autre. Ceci n'est

    qu'une trompeuse apparence. Si l'on calcule

    pour chacune des fontes tudies le degr de

    saturation eutectique, on observe que ceux-ci

    varient entre les limites extrmes suivantes:

    Tableau II-6c.

    Fonte Ge 15.91 1,05-1,12Fonte Ge 20.91 0,97-1,01Fonte Ge 25.91 0,88-0,93Fonte Ge 30.91 0,84-0,87

    On voit donc que, si les carts, invitables en

    pratique, semblent relativement importants par

    rapport la composition idale prescrite, ils sont

    cependant tels que les degrs de concentration

    eutectique se groupent- autour de certaines

    moyennes, et que, en aucun cas, cette mthode

    de classement ne prsente de chevauchement

    par rapport aux fontes voisines.

    Nous pouvons maintenant dire en toute cer

    titude que, galit de vitesse de refroidisse

    ment, le graphite sera d'autant moins abondant,

    sa rpartition sera d'autant plus fine et le mo

    ment de sa formation sera d'autant plus tardif

    que le degr de saturation sera plus faible.

    Il semblerait donc bien premire vue quela composition chimique devrait rgner souve

    rainement sur la fabrication des fontes grises.

    Nous ne reviendrons pas sur ce problme que

    nous avons trait en octobre dernier dans le n 5

    des von Roll-Mitteilungen sous le titre Zeit-

    gemsse Problme des Gattierens im Kupolofen.

    Nous avons en effet cherch montrer dans ce

    travail que le problme est encore beaucoup

    plus complexe et que l'analyse lmentaire,

    telle qu'elle est normalement effectue, est dans

    l'incapacit absolue de permettre de prvoir

    comment s'effectuera la graphilisalion de la

    fonte. En effet, outre la composition chimique, il

    existe une foule de facteurs encore mal connus,

    mais souvent extrmement importants, dus aussi

    bien l'histoire thermique lors de la fusion qu'

    certaines influences hrditaires provenant du

    choix des matires premires, comme aussi

    des teneurs en gaz divers qui chappent totale

    ment aux mthodes usuelles d'analyse.

    C'est en premier lieu en cherchant les con

    ditions susceptibles d'entraner un affinement

    du graphite, c'est--dire de diminuer l'influence

    nfaste des discontinuits, qu'il a t possible,

  • dans des conditions de refroidissement iden

    tiques, d'augmenter considrablement la rsis

    tance la traction. Pour mettre ceci en vidence,

    nous avons reproduit ci-joint les microstructures

    observes dans les diverses classes de fontes

    grises coules sous forme d'prouvettes cylin

    driques de 15 mm., de 30 mm. et de 60 mm. de

    diamtre. Si l'on compare la rpartition du gra

    phite vue sous un grossissement de 50 fois pour

    l'chelon de 30 mm. de diamtre des fontes

    Ge 15.91 (fig. II-3), Ge 20.91 (fig. II-9), Ge 25.91

    fig. 11-15), Ge 30.91 (fig. 11-21), on observe un

    affinement continu et graduel de la structure

    primaire. Mais celle-ci n'est pas seulement con

    ditionne par le caractre physico-chimique de

    la fonte considre. La vitesse de refroidissement

    dans le domaine de temprature o se produit la

    solidification joue un rle pour le moins aussi

    important. Il suffit, pour s'en rendre compte, de

    comparer, pour l'une quelconque des classes de

    fontes tudies, la rpartition du graphite dans

    les trois chelons de 15 mm., de 30 mm. et de

    60 mm de diamtre. De cet examen qualitatif

    (nous verrons par la suite qu'il est aisment possible d'exprimer la structure primaire sous forme

    quantitative), il apparat nettement que les diff

    rences de structure primaire observes pour une

    seule et mme fonte dans diverses conditions de

    refroidissement, diffrences qui expriment ce

    que nous englobons sous la dsignation d'

    a n i -

    sotropie primaire, sont au moins aussi

    accentues, si ce n'est davantage, que les diff

    rences de structure primaire qui se produisent

    sous la seule influence des facteurs physico-

    chimiques dans des conditions identiques de

    refroidissement (par exemple pour les prou-

    vettes de 30 mm de diamtre) entre la fonte la

    plus rsistante et la fonte la moins rsistante.

    L'paisseur de paroi joue donc dans les fontes

    grises un rle prpondrant.

    Mais la structure primaire n'est pas mme,

    elle seule, d'expliquer la grande diffrence de

    rsistance mcanique que l'on observe entre les

    diffrentes qualits de fontes. A ce point de vue,la structure secondaire joue galement un rle

    important. Nous appellerons structure secon

    daire et, par analogie, anisotropie secon

    daire, la structure prsente par la matrice.

    Cette structure se forme par dcomposition des

    cristaux mixtes la temprature de transfor

    mation eutectodique, et elle subit l'influence

    aussi bien des caractres physico-chimiques de

    la fonte considre que de sa vitesse de refroi

    dissement dans le domaine critique de trans

    formation. Si nous comparons la structure secon

    daire, vue sous un grossissement de 500 fois, pourl'chelon de 30 mm. de diamtre des fontes

    Ge 15.91 (fig. II-4), Ge 20.91 (fig. 11-10), Ge 25.91

    (fig. 11-16), Ge 30.91 (fig. 11-22) et Ge 35.91 (fig.

    11-27), ce qui revient isoler l'influence des ca

    ractres physico-chimiques, nous voyons qu'elle

    se modifie graduellement et passe d'une perlite

    trs grossire accompagne de larges bandes de

    ferrite le long des lamelles de graphite une

    perlite de plus en plus fine et de plus en plus

    rgulire, pour aboutir une perlite partielle

    ment sorbitise pour la fonte plus de 35

    kg./mm2 de rsistance la traction. Cette varia

    tion de la structure secondaire s'accompagnant

    d'une variation parallle de la rsistance mca

    nique de la matrice prise isolment, on voit

    qu'il est possible galement d'amliorer sen

    siblement les proprits mcaniques de la fonte

    grise, galit de vitesse de refroidissement et

    de rpartition du graphite, en agissant sur la

    composition physico-chimique et, en particulier,

    sur la teneur en certains lments tels que: Si,

    Mn,P, Cr, Ni, Mo, etc.

    Pour mettre en vidence le rle jou par la

    vitesse de refroidissement sur la formation de la

    structure secondaire dans des conditions phy

    sico-chimiques identiques, il suffit de comparer

    cette structure dans des jets de diffrents dia

    mtres couls avec chacune des fontes tudies.

    On voit que l'anisotropie secondaire peut, elle

    aussi, jouer un rle extrmement important.

    Les micrographies ci-jointes montrent que, pour

    une mme fonte, la structure secondaire peut

    prendre une gamme trs varie d'aspects.

    L'anisotropie secondaire, due aussi bien

    l'paisseur de parois du moulage qu' la con

    ductibilit thermique de la matire constituant

    le moule, ajoute son action celle de l'aniso

    tropie primaire et gnralement l'amplifie. Puis

    que l'augmentation de la vitesse de refroidisse

    ment agit toujours dans le sens d'un affinement

    aussi bien de la structure primaire que de

    la structure secondaire, et que cet affinement

    peut, pour une seule et mme fonte, varier dans

    des limites aussi tendues, il devient parfaite

    ment vident que l'prouvette normalise, telle

    qu'elle est prvue, ne peut pas permettre de

    prvoir la structure que prendra cette mme

    fonte lorsqu'elle subit d'autres conditions de

    refroidissement.

    Il y a entre l'anisotropie primaire et l'aniso

    tropie secondaire des fontes grises une diff

    rence essentielle. Alors que la structure primaire

    est dfinitivement influence par les conditions

    de refroidissement aprs coule, la structure

    secondaire des fontes grises est susceptible d'tre

    trs profondment modifie par traitement ther

    mique ultrieur et, selon les conditions de ce

    traitement, ainsi que selon les caractres physico-

    11

  • Fig. II-1 II-6. - Sliuctuie d'une fonte Ge15.91.

    Rpartition du graphite X 50.

    I si \ L" t .

    \ /-J

    y -' ' /J*ir* : V > -

    Structure de la matrice X 500.

    ' ^TT" "V. -*

    \

    -* -

    Eprouvette de 15 mm. de diamtre.

    *o'

    NX \

    wy-i'"vp^

    ^.iV

    *-"V

    y.

    *-. >

    Eprouvette de 30 mm. de diamtre.

    II-5

    12

    Eprouvette de 60 mm. de diamtre.

  • Fig. II-7 11-12. - Slruclure d'une fonie Ge 20.91.

    Rpartition du graphite X 50. Structure de la matrice X 500

    4 v-

    "\ *

    s-.

    \ *

    t X

    r*

    i

    4

    / ;-\y/

    C.

    r i?

    V

    Eprouvette de 15 mm de diamtre.

    i

    -1 cf Y ) I :A) a,- ;v.'m

    i_- - \.

    Eprouvette de 30 mm de diamtre

    y.

    /,

    Eprouvette de 60 mm de diamtre.11-12

    13

  • Fig. 11-13 11-18. - Structure d'une fonte Ge 25.91.

    Rpartition du graphite X 50.

    t t \s ' ''

    Structure de la matrice X 500

    t A_^^\" Ml'

    -- Y-

    -^->;>-^

    [i-i3 Eprouvette de 15 mm de diamtre

  • Fig. 11-19 11-24. - Siruciure d'une fonie Ge 30.91.

    Rpartition du graphite X 50. Structure de la matrice X 500.

    ,\VI \

    >\ at. - ^~*i~~ --5 .^

    Eprouvette de 15 mm. de diamtre.

    > N x >'r'

    Eprouvette de 30 mm. de diamtre.

    A'?

    Eprouvette de 60 mm. de diamtre. 11-24

    15

  • Fig. 11-25 11-30. - Siruciure d'une ionie Ge 35.91.

    -

    Rpartition du graphite X 50.Structure de la matrice X 500

    ^

    '^ ^ 'f-./ U ~* i? "/*-A

    *

    -,-' - /'^ W v/ ,- ',,, iA Ur*

    Eprouvette de 15 mm. de diamtre.

    r - V- ' ^ >" -i

    ^ ~~

  • chimiques, peut revtir toutes les formes que

    l'on observe par traitement thermique de l'acier,

    depuis l'austnite pure jusqu' la ferrite pure en

    passant par la martensite, la sorbite et toutes les

    nuances de perlite. Il y a l un trs vaste champ

    de possibilits et nous aurons l'occasion d'y

    revenir.

    Nous nous sommes occups jusqu'ici de

    l'anisotropie de structure des fontes grises. Il

    nous reste voir quelle influence cette struc

    ture exerce sur leurs proprits mcaniques.

    Nous commencerons par comparer les rsultats

    moyens observs sur des prouvettes normali

    ses de 30 mm. de diamtre et de 650 mm. de

    longueur, coules en source dans des moules

    schs. Comme caractristiques mcaniques,

    nous considrerons pour les cinq classes de

    fontes : la duret Brinell, la rsistance la trac

    tion, la rsistance la flexion, la tension de

    flexion observe pour une flche de 6 mm. et la

    rsistance au cisaillement par poinonnage. La

    figure 11-31 reproduit la variation des diverses

    caractristiques en fonction de la rsistance

    observe la traction. Il semblerait bien,

    premire vue, qu'il existe entre les diffrentes

    caractristiques un paralllisme trs marqu.

    Aussi a-t-on dj propos plusieurs reprises

    diverses formules exprimant une proporiionnalit

    entre les diverses caractristiques, en particulier

    entre la duret Brinell et la rsistance la

    traction. Il y a lieu d'tre extrmement cir

    conspect dans le jugement que l'on peut porter

    S

    ?>*?

    55

    Rsistance a la flexion

    a Duret Brinell

    A Rsistance aupoinonnage

    ? Tension de Flexion pour f-6 mrn

    300

    290

    280

    270

    2S0

    250

    Z40

    230

    14 te ta 20 22 24 2f 21 30 32 34 36 JS 40

    Rsistance la traction en kg/mm*

    Fig. 11-31. - Caractristiques mcaniques usuellesdes fontes grises classes selon la feuille de

    noimes V. S. M. 10691 en fonction de la rsistance

    la tiaciion.

    Se

    30

    76

    7!

    (8

    64

    60

    S6

    S2

    46

    44

    40

    36

    32

    !3

    24

    20

    te

    t!

    Rsistance a la flexion

    Rsistance a la traction

    Rsistance au poinonnage

    Tension de flexion pour f- 6mm

    140 ISO 160 170 ISO rOO 210 2t0 220 230 240 250 260 270 230

    *J Duret Brinell

    Fig. 11-32. - Caractristiques mcaniques usuelles

    des fontes grises classes selon la feuille de

    normes V. S. M. 10691 en fonction de la duret

    Brinell.

    sur de telles formules. En effet, si la duret

    Brinell n'est que fort peu influence par la

    rpartition du graphite et ne dpend, presque

    essentiellement, que de la structure secondaire,

    la rsistance la traction, elle, ainsi que nous

    l'avons vu, doit dpendre aussi bien de la

    rpartition du graphite que de la structure de la

    matrice. Il en est de mme si nous comparons la

    rsistance la traction et la tension de flexion

    observe pour une flche de 6 mm. (prouvette

    de 30 mm. de diamtre essaye avec 600 mm.

    d'cart entre appuis). Nous verrons, dans la

    suite de ce travail, que cette tension est en

    relation troite avec le module lastique

    l'origine qui, lui, ne dpend exclusivement quede la rpartition du graphite. Nous pouvonsdonc observer de quelle faon la structure pri

    maire et la structure secondaire, prises isolment,

    agissent sur la rsistance la traction. C'est ce

    que montrent les figures 11-32 et 11-33 o nous

    avons port la rsistance la traction une fois

    en fonction de la tension de flexion pour une

    flche de 6 mm. et l'autre fois en fonction de la

    duret Brinell. On voit nettement que la rsis

    tance la traction crot d'une manire presque

    proportionnelle en fonction des deux caract

    ristiques de structure. Ce qui a cr la confusion

    et encourag les tentatives faites pour tablir

    une relation entre la duret Brinell et la rsis

    tance la traction, tentatives ncessairement

    voues l'chec, puisque ces deux caractris

    tiques ne dpendent pas des mmes facteurs

    17

  • fonctionnelle, au moins apparente, entre la

    duret Brinell et la tension de flexion pour une

    flche de 6 mm., c'est--dire entre la structure

    secondaire et la structure primaire. Il faut donc

    ncessairement admettre que, au moins dans les

    conditions de refroidissement auxquelles sontsoumises les eprouvettes normalises, il existeune corrlation entre la rpartition du graphiteet la structure de la matrice, corrlation qui veut

    que les moyens utiliss en mtallurgie pouraffiner le graphite provoquent gnralement, et

    d'une manire compltement indpendante, unrelvement des proprits mcaniques de la

    matrice. Cette indpendance de deux phnomnes exclusivement parallles apparat nette

    ment ds que l'on soumet une fonte quelconque un recuit au-dessus de 500 . La structure

    primaire, exprime par le module lastique

    l'origine, n'en subit aucune modification, tandis

    que la structure secondaire, exprime par la

    duret, sera profondement affecte. Nous ver

    rons tout l'heure de quelle faon un recuit de

    ferritisation 850 agit sur la rsistance la

    traction des cinq classes de fontes.

    Il nous reste tudier l'anisotropie mca

    nique proprement dite des fontes grises, c'est--

    dire observer comment les caractristiques

    mcaniques varient en fonction de l'paisseur de

    Tableau II-7. - Anisoiropie des cinq classes de fontes d'aprs la feuille de normes V. S. M. 10691 l'tal brut decoule et aprs recuit de ferritisation 850 .

    Ge 15.91 Ge 20.91 Ge 25.91 Ge 30 91 Ge 35.91

    Etat brut de coule.

    Eprouvettes de 15 mm. de diamtre :

    Eprouvettes de 30 mm. de diamtre:

    Eprouvettes de 60 mm. de diamtre :

    212

    21,5

    173

    17,0

    140

    14,3

    225

    28,4

    194

    22,5

    165

    17,8

    229

    34,0

    203

    29,6

    188

    25,3

    251

    37,6

    219

    31,4

    201

    26,8

    283

    47,9

    258

    38,2

    248

    31,2

    Aprs recuit 850 .

    Eprouveites de 15 mm. de diamtre :

    Eprouvettes de 30 mm. de diamtre :

    Rsistance traction

    Eprouvettes de 60 mm. de diamtre:

    140

    16,4

    128

    13,5

    119

    11,2

    132

    17,9

    124

    16,2

    115

    13,0

    135

    20,3

    133

    19,5

    128

    17,4

    145

    21,4

    139

    21,0

    130

    19,9

    251

    39,9

    245

    36,3

    242

    32,6

    ; 80

    76

    72

    68

    64

    60

    Si

    S2

    Rsistance a ta flexion

    Duret Brinell

    Rsistance au poinonnage

    Rsistance a la traction

    300

    290

    2SO

    770

    26

    250

    240

    730

    220

    210

    700

    13 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42

    * Tension de flexion en kg/mm2pour /'- 6'mm

    Fig. 11-33. - Caractristiques mcaniques usuellesdes fontes grises classes selon la feuille denormes V. S. M. 10691 en fonction de la tension

    de flexion pour / = 6 mm.

    structuraux, ressort clairement de l'tude des

    deux figures 11-32 et 11-33. Ces deux graphiques

    montrent, en effet, qu'il existe une relation

    )8

  • paroi pour les cinq classes de fonte considres.

    Le tableau -7 reproduit les valeurs observes

    pour la duret Brinell et pour la rsistance la

    fraction dans des prouveffes de 15 mm., de

    30 mm. et de 60 mm. de diamtre, pour une fonte

    de chacune des cinq classes normalises, ceci

    aussi bien l'tat brut de coule qu'aprs recuit

    de ferrifisation 850 . Nous nous occuperons

    tout d'abord de l'tat brut de coule.

    La figure 11-34 reproduit la variation de la

    duret Brinell en fonction du diamtre des jets.On voit que la diffrence de duret entre le jetde 15 mm. et le jet de 60 mm. crot assez rgulirement de 36 units pour la fonte Ge 35.91

    72 units pour la fonte Ge 15.91, ce qui revient

    dire que l'anisotropie secondaire sera d'autant

    plus prononce que la rsistance la traction est

    plus basse. L'examen des structures expliquetrs bien ce phnomne qui a son origine dans

    la tendance marque la ferritisation que prsente la fonte Ge 15.91, la diffrence de duret

    entre la perlite et la ferrite tant plus prononce

    qu'entre les perlites diversement sorbitises dela classe Ge 35.91. Ceci est rapprocher de

    l'opinion trs rpandue que les fontes perlitiques bas carbone n'ont qu'une faible anisotropie.Cette opinion est valable pour l'anisotropie

    secondaire, mais elle ne l'est pas en ce quiconcerne l'anisotropie primaire, ainsi que le

    montre la figure 11-35, dans laquelle nous avons

    port la rsistance la traction en fonction du

    diamtre des jets. On voit ici que l'anisotropie

    \ ' 6e 3.9t

    \

    1

    \ 6e 3119f|

    '"* 6e 2h 9)

    6e iS91

    Ce 1 (9/

    300

    !90

    2ss

    P70

    160

    150

    140

    230

    !?l

    sro

    200

    t90

    rao

    N /70

    160

    rso

    MO

    /30

    I /20^Dfomi/re ofes *provre//es

    Fig. 11-34. - Anisotropie des cinq classes defontes grises l'tat brut de coule.

    Variation de la duret Brinell en fonction du diamtre des prouvettes.

    \\

    \\

    \\

    \

    V"S Se 3S9I

    Ge 309f

    -Ge 2591

    \

    \ 1 1

    Ge tS.St

    fSmm* JOnm* 60n>m4

    Diamtre des prouveffes

    Fig. 11-35. - Anisotropie des cinq classes de

    fontes grises l'tat brut de coule.

    Variation de la rsistance la traction en fonction du

    diamtre des prouvettes.

    exprime par la diffrence de rsistance la

    traction entre les jets de 15 mm. et ceux de

    60 mm. de diamtre passe de 7,2 pour la fonte

    Ge 15.91 16,7 pour la fonte Ge 35.91, c'est--dire

    qu'elle est d'autant plus forte que la rsistance

    la traction est plus leve. Cette variation est

    l'inverse de celle que nous avions observe pour

    l'anisotropie secondaire et ne peut tre expli

    que qu'en admettant que l'anisotropie primairevolue dans le mme sens que la rsistance la

    traction, et ceci d'une faon encore plus accen

    tue. ; !

    Dans la figure 11-36, nous avons port toutes

    les valeurs de rsistance la traction observes

    en fonction de la duret Brinell. Il est clair que,

    si une relation approximative existe entre les

    deux caractristiques lorsque l'on compare des

    prouvettes de fontes coules dans des condi

    tions identiques, cette relation disparat totale

    ment ds que l'on compare des chantillons

    couls dans des conditions diffrentes. C'est

    ainsi que, pour une duret Brinell constante de

    200 kg./mm2, la rsistance la traction peutpasser de 20 29 kg./mrrr lorsqu'on fait varieraussi bien la qualit des fontes que le diamtredes jets. Ceci dmontre une fois de plus que la

    dpendance mutuelle que l'on a cru observer

    entre la structure primaire et la structure secon-

    19

  • 4/

    41/

    y

    /

    42

    4e

    ia

    36

    3i

    n

    30

    M

    ?

    30

    7g

    76

  • moulages ayant subi un traitement thermique de

    stabilisation, d'tablir la caractristique de

    duret au moyen d'prouvettes ayant subi un

    recuit rigoureusement identique. Que cela soit

    possible ressort du deuxime exemple que nous

    en avons donn dans le deuxime chapitre.

    Il nous est donc maintenant possible de

    rpondre une des questions que nous nous

    sommes poses et d'mettre le principe suivant :

    Pour que la caractristique de duret de E. Diibi

    soit mme, non seulement d'effectuer la topogra

    phie mcanique d'un moulage en fonte grise, mais

    encore de fournir une indication sur les proprits

    mcaniques du moulage pris dans son ensemble et

    de prvoir son comportement en service, au moins

    deux conditions indispensables doivent tre rem

    plies :

    1 Le moulage doit subir un traitement thermiquede stabilisation qui le dbarrasse de toutes ses

    tensions internes.

    2 Les prouvettes destines l'tablissement de la

    caractristique de duret, et qui ont t coules

    avec la mme poche de fonte, doivent tre sou

    mises un traitement thermique rigoureusement semblable celui subi par le moulagelui-mme.

    /

    f34

    P^ 32

    *^.

    >, 30

    e28

    * 26^

    P 94>

    ??

    S 21)^

    1 mK

    rt

    5

    S: t?

    ro

    Ten e

    /Se 30 91

    /

    /Se 2S9ta

    S Se 20 9 f

    '

    e /S 91

    ISO f60 no ISO 190 200 2/0 220 230 240 250 260 270 200

    ure/e Brmell

    Fig. III-9. - Essais de mesure des lensions internesdans un moulage et de leur limination par

    recuit de stabilisation.

    Relation entre l'anisotropie primaire mesure par latension de flexion pour une flche de \ mm. (20 mm.de diamtre) et de 6 mm. (30 mm. de diamtre) etl'anisotropie secondaire mesure par la duret Brinell.

    Mesures effectues avant recuit.

    Il nous reste montrer l'importance que

    peuvent prendre les tensions internes. Pour les

    mesurer dans le cas des moulages selon la figure

    III-5, nous avons pourvu ceux-ci, soit l'tat

    brut de coule, soit aprs le recuit aux diverses

    tempratures, d'un goujon fix par usinage

    chacune des extrmits du jet de 30 mm. de dia

    mtre. Aprs mesure de la distance sparant ces

    deux goujons avec une prcision de l'ordre de

    grandeur du centime de millimtre, nous avons

    sci le jet de 30 mm. de manire librer les

    tensions lastiques et nous avons rpt la

    mesure. Pour pouvoir calculer approximative

    ment les tensions internes, il nous suffira de

    connatre le module lastique des diverses

    fontes. Or, le module lastique la traction des

    fontes grises ne dpend pas seulement de la

    qualit de la fonte, mais galement de la tension

    atteinte. Les modules lastiques moyens que

    nous avons utiliss dans le tableau III-7 tiennent

    compte de ces deux faits et peuvent tre consi

    drs comme assez proches de la ralit pour

    les tensions que nous aurons considrer. Ce

    tableau donne les tensions internes calcules en

    valeur absolue et en pour-cent de la rsistance

    42

  • la traction, ceci l'tat brut de coule et aprsun recuit de stabilisation diverses tempratures.Ces valeurs nous ont permis d'tablir les deux

    diagrammes que nous avons runis dans la

    figure III-ll o nous avons port en fonction de

    la temprature de recuit, une fois, la rsistance

    la traction et, l'autre fois, la tension interne de

    traction dans le jet de 30 mm. On voit ici de

    nouveau que le recuit 500 ne modifie pas

    sensiblement la rsistance de la fonte Ge 30.91,

    tandis que la fonte Ge 25.91 en est dj affecte

    et la fonte Ge 20.91 encore bien davantage. Par

    recuit au-dessus de 500 , toutes les fontes

    subissent un abaissement plus ou moins consi

    drable de leur rsistance la traction. En ce

    qui concerne les tensions internes, nous voyons

    que, l'tat brut de coule, elles passent de

    7,9 kg./mm2 pour la fonte Ge 15.91 18,1 kg./mm2

    pour la fonte Ge 30.91, ce qui, exprim en fonc

    tion de la rsistance la traction observe dans

    la mme section, correspond respectivement

    46 % et 53 % de' sa valeur. Nous voyons donc

    ici la confirmation du fait paradoxal signal, queles tensions internes ne sont pas seulement

    d'autant plus leves en valeur absolue que la

    fonte est plus rsistante, mais qu'elles le sont

    galement en valeur relative si on les exprimeen pourcentage de la rsistance la fraction.

    Pour un moulage de forme donne, le danger de

    rupture due des tensions internes peut donc

    parfaitement tre d'autant plus grand que la

    fonte est de rsistance plus leve.

    Tableau III-7. - Essais de mesure des tensions internes dans un moulage en fonte grise et de leur liminationpar recuit de stabilisation diverses tempratures.

    Valeurs des tensions de traction calcules partir des allongements lastiques.

    Ge 15.91 Ge 20.91 Ge 25.91 Ge 30.91

    Module lastique moyen approximatif pour un diamtre

    Allongements lastiques mesurs sur une longueur de650 mm. en mm.:

    Aprs recuit 400

    Aprs recuit 500

    Aprs recuit 600

    Tensions internes de traction en kg./mm8 :

    Aprs recuit 400.

    Aprs recuit 500

    Aprs recuit 600

    Tensions internes en % de la rsistance la traction:

    Avant recuit

    Aprs recuit 400 .

    Aprs recuit 500Aprs recuit 600

    6000

    0,86

    0,12 0,01+ 0,00

    7,9

    1,10

    0

    46

    6,4

    0

    0

    8000

    1,00

    0,12 0,02

    -0,01

    12,3

    1,5

    0

    0

    51

    6,10

    0

    10 000

    0,99

    o,n

    0,00+ 0,00

    15,2

    1,7

    0

    0

    50

    5,50

    0

    12 000

    0,98

    0,16

    0,02 0,02

    18,1

    2,1

    0,3

    0

    53

    5,8

    1,6

    0

    43

    et

    42

    to

    38

    36

    3t

    32

    30

    23

    21

    ?iN

    H 72> 20

    te

    U tf

    3t*

    n

    12

    m

    .*

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    l 4

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    U 30.91,>>'Se 30Ot

    ,

    Se 2S9ty

    d

    /se 2S 9t

    &

    f

    s* / 7e 20.9Se 20 9 /'

    -

    Se fS 90e/S.9f ''

    c^

    _*'

    nO 130 140 ISO 160 170 ISS 100 200 2fO 220 230 2*0 2S0 260 270

    Duret Brinell

    Fig. 111-10. - Essais de mesure des tensionsinternes dans un moulage et de leur limination

    par recuit de stabilisation.

    Variation de la caractristique de duret d'aprsE. Dbi, avant et aprs recuit 500 pour les quatre

    classes de fontes.

    Ce danger est d'autant plus grand que, ainsi

    que nous l'avons dit, il ne s'agit pas ici uniquement de tensions linaires, mais de tensions

    spatiales qui se rpartissent selon les trois axes.

  • 0 Rsistance la traction Tension interne

    400 SOO* 600

    Temprature de recuit

    Fig. III-ll. - Essais de mesuie ds tensions

    internes dans un moulage en fonte grise el deleur limination par recuit de stabilisation

    diverses tempratures.

    Variation de la rsistance la traction et de la tension

    interne en fonction de la temprature du recuit destabilisation.

    En ce qui concerne l'importance des tensions

    internes aprs traitement thermique, nous

    voyons que, dans le cas prsent, un recuit 400

    a permis d'liminer le 90 % de leur valeur et

    qu'un recuit 500 assure leur limination totale,

    sauf dans le cas de la fonte Ge 30.91, o cela se

    produira pour une temprature de 510 520 .

    Ceci confirme quantitativement, avec une trs

    bonne approximation, les rsultats que nous

    avions prcdemment observs au moyen de

    de l'essai de flexion.

    Nous pouvons maintenant rpondre de la

    manire suivante l'autre question que nous

    nous tions pose :

    Les tensions internes ne sont pas seulement

    d'autant plus leves en valeur absolue, mais encore

    en valeur relative par rapport la rsistance la

    traction, que la fonte est plus rsistante. Un traite

    ment thermique de stabilisation sera donc d'autant

    plus ncessaire que, pour augmenter le taux de

    travail en service, on aura choisi une fonte

    rsistance plus leve. Ces tensions internes qui

    peuvent atteindre le 50 % de la rsistance la

    traction, mme si le moulage ne prsente pas des

    diffrences de sections trs importantes, peuventtre entirement limines par un recuit une

    temprature adapte la qualit de la fonte et quiest voisine de 500 .

    44

  • IV. - Etude critique du comportement des

    fontes grises soumises des sollicitations mcaniques.

    Les deux chapitres prcdents ont eu pour

    objet de montrer que l'essai de traction, choisi

    comme base de la normalisation des fontes

    grises dans la plupart des pays, se heurte dans

    son application pratique deux ordres de

    difficults : d'une part une difficult d'inter

    prtation des rsultats observs sur des prou-

    vettes coules isolment, rsultats qui n'ont

    qu'une parent fort lointaine avec les proprits

    mcaniques du moulage lui-mme, cause de

    l'anisotropie du mtal, d'autre part, l'ineffi

    cacit des mthodes iopographiques d'tude

    des proprits du moulage, cause de l'importance des tensions internes qui peuvent atteindre

    des valeurs suffisamment leves pour rendre

    cette lude topographique parfaitement illu

    soire. Il a t montr que la caractristique de

    duret de E. Dbi, applique aprs recuit d'li

    mination de tensions aussi bien du moulage quedes prouvettes coules isolment, est unemthode lgante d'liminer les deux ordres de

    difficults. Cette mthode n'en reste pas moins

    insparable de la valeur de l'essai de traction

    rupture, considr jusqu'ici comme critre de

    qualit des fontes grises, de sorte que l'on envient invitablement se poser la questionsuivante : La rsistance mcanique la rupture,observe la traction ou sous une autre forme

    quelconque d'essai, est-elle mme de permettre de prvoir comment un moulage enfonte grise se comportera lorsqu'il est, en service,soumis certaines sollicitations plus ou moins

    bien dfinies ?

    On remarquera ds l'abord que nous avons

    tenu gnraliser le problme, en considrant

    non seulement la valeur de l'essai de traction,mais celle de tout essai statique effectu sous un

    mode de sollicitation quelconque. Cette question du mode de sollicitation a tenu une place

    extrmement importante dans les discussions,

    parfois passionnes, qui ont eu lieu dans lecadre des commissions internationales chargesd'tudier les mthodes d'essais des fontes grises,discussions qui n'ont jamais pu aboutir qu' desdcisions de compromis, chacun restant irrduc

    tiblement sur ses positions. Nous ne voulons

    aucun prix nous laisser entraner raviver ces

    discussions, et c'est avec intention que nous

    avons, autant que possible, vit de parler des

    proprits mcaniques des fontes grises pour neconsidrer que leur comportement sous des

    sollicitations mcaniques. Si nous nous sommes,au cours de notre travail, adresss principalement l'essai de flexion, nous tenons bien prciser qu'il ne s'agit aucunement d'une prdilection de notre part, mais uniquement d'une raison

    de commodit. L'essai de traction exige des

    mesures incomparablement plus dlicates, maisn'en reste pas moins l'essai-type qui doit servirde base de rfrence aux autres mthodes

    d'essai, de sorte que c'est galement sur lui quenous nous baserons.

    Il ne faut jamais oublier, lorsqu'on veut

    interprter des rsultats d'essais mcaniques,

    que les sollicitations imposes en service nesont qu'une fraction des tensions de rupture.Il Y a donc moins lieu de s'attacher caractriser

    et chiffrer telle ou telle rsistance la rupture

    de la fonte grise que les facteurs dont ces

    caractristiques dpendent, la connaissance et

    l'interprtation de ces facteurs tant seules mme de permettre la prvision du comportement en service d'une manire gnrale. En

    effet, les domaines d'emploi de la fonte grisesont si varis, les sollicitations auxquelleselle est soumise en pratique sont si diverses,

    qu'il est impossible d'exprimer par les rsul

    tats d'un seul essai rupture toutes les pro-

    45

  • 50

    40

    ! 3020

    10

    0 2 A 6 8 10 12 14 16 18 20

    * Allongement en %

    Fig. IV-1. - Diagramme schmatis de tractionde l'acier doux.

    prits que l'on exige d'elle. Or, les moulages

    en fonte grise sont toujours calculs avec un tel

    coefficient de scurit, que les cas de rupture en

    service par sollicitation statique dans des condi

    tions normales d'emploi ne se rencontrent

    jamais. Dans tous les cas de rupture, on peut

    dceler l'action prpondrante de sollicitations

    parasites, qu'il s'agisse de tensions internes, de

    chocs, de variations brusques de temprature,

    ou de tout autre accident fortuit, sans mme

    parler des dfauts de fonderie que nous ne

    considrons pas pour l'instant. Il n'y aura donc

    que deux mthodes qui permettront de prvoir

    comment une fonte se comportera en service :

    d'une part, on pourra dterminer comment la

    fonte se comportera selon tous les modes de

    sollicitation susceptibles de se prsenter en

    pratique, mthode longue et le plus souvent

    irralisable,- d'autre part, il est peut-tre possible,

    par l'analyse du comportement de la fonte

    considre selon un mode dfini de sollicitation,

    d'isoler certaines caractristiques fondamentales

    qui permettront de prvoir, d'une manire au

    moins approximative, comment la fonte se com

    portera selon tout autre mode de sollicitation.

    Nous nous sommes attachs l'tude de cette

    deuxime mthode qui, si elle est pratiquement

    ralisable, offre l'avantage d'une vidente

    simplicit. Nous tenons cependant bien pr

    ciser qu'il est impossible, au moyen d'un seul

    essai, de classer rigoureusement les fontes sans

    tenir compte du mode de sollicitation. Un mtal

    ne pourra jamais tre entirement connu, si on

    ne connat pas son comportement selon tous les

    modes de sollicitations. Nanmoins, les pro

    prits fondamentales, telles que nous les avons

    dfinies, peuvent servir de base de rfrence

    suffisante pour permettre une classification.

    Avant d'aborder le problme que nous nous

    sommes pos, nous voulons, au pralable,

    considrer ce qui se passe dans le cas beaucoup

    plus simple de l'acier. Il est bien vident qu'il

    est impossible de concevoir un classement des

    aciers qui n'ait pas pour base l'essai de traction.

    Il n'y a aucun doute que, dans le cas de l'acier,

    comme dans celui de la fonte d'ailleurs, l'essai

    de traction prsente le gros avantage de la

    simplicit des efforts mis en jeu, efforts qui,

    pratiquement, se rpartissent uniformment sur

    toute la section. Mais, tel qu'on l'applique

    l'acier, l'essai de traction prsente encore

    d'autres avantages trs importants. Non seule

    ment il donne d'une manire commode la tension

    maximum qui n'a pas la signification qu'on lui

    attribue gnralement et que l'on continue

    utiliser, plutt par habitude, comme critre de la

    rsistance mcanique, mais encore il fournit quatre

    caractristiques importantes: le module lastique

    la traction, la limite lastique la traction,

    l'allongement permanent et la striction aprs la

    rupture. Il s'agit l de caractristiques qui ne

    sont valables que pour des efforts de traction.

    Nous les appellerons donc : caractris

    tiques drives, puisqu'elles dpendentdu mode de sollicitation. Elles expriment, dans

    les conditions dfinies par le mode de l'essai,

    l'influence de deux proprits fondamentales :

    la rsistance la dformation ou

    facteur de rigidit, exprime par le

    module lastique et la limite lastique d'une

    part et, d'autre part, la plasticit ou fac

    teur de ductilit, exprime par la stric

    tion et l'allongement permanent. Cette division

    n'est nullement arbitraire, puisque les deux

    proprits fondamentales s'adressent deux

    modes diffrents de dformation : la dformation

    lastique qui caractrise la rigidit, et la dfor

    mation plastique qui est une consquence de la

    ductilit. Dans le cas de l'acier, ces deux modes

    de dformation se succdent assez nettement

    dans l'chelle des tensions, la dformation

    plastique ne devant se produire thoriquement

    qu'au-dessus de la limite lastique, c'est--dire

    au-dessus du domaine de validit de la loi de

    Hooke.

    Les diverses caractristiques de l'acier peuvent

    donc, en premire approximation, tre dduites

    du diagramme tension-allongement que, pour la

    simplicit de l'expos, nous schmatiserons

    selon la figure IV-1. Ce diagramme ne nous

    donne aucune indication sur la striction que

    nous ngligerons par la suite, car c'est le cas de

    la fonte grise qui nous occupe, et la fonte grise

    casse sans striction mesurable. L'exprience a

    montr en outre que, du moins en premire

    approximation et mis part certains cas anor

    maux, il existait une relation vidente entre le

    diagramme tension-dformation et la structure

    46

  • de l'acier. Ainsi interprt, l'essai de traction

    statique de l'acier permet, en premire analyse,d'en oprer le classement et de prvoir sa tenue

    en service.

    Passons maintenant l'interprtation de

    l'essai de traction dans le cas de la fonte grise.La figure IV-2 reproduit la courbe tension-

    allongement observe sous forme schmatique.On remarque, et nous aurons l'occasion d'en

    parler par la suite en donnant les rsultats

    d'essais extrmement prcis effectus parl'Institut Fdral d'Essais des Matriaux Zurich

    sous la direction de M. le professeur Ros, qu'iln'existe aucune portion de ce diagramme quisoit rigoureusement droite, ce qui revient dire

    qu'il n'existe aucun domaine de tensions o la

    dformation de la fonte grise soit purement

    lastique et o la loi de Hooke soit vrifie.

    En d'autres termes, et nous le montrerons bien

    tt, les dformations permanantes d'une

    prouvette en fonte grise soumise une sollici

    tation mcanique apparaissent dj pour des

    tensions trs faibles. Nous avons ici, non plusune juxtaposition, mais une superposition des

    deux domaines de dformations lastiques et de

    dformations plastiques, l'incurvation continue

    du diagramme indiquant que les dformations

    plastiques deviennent proportionnellement d'au

    tant plus importantes que la tension est plusleve. Il devient ds lors absurde de parler de

    module lastique ou de limite lastique des

    fontes grises, sans dfinir exactement ce quel'on entend par ces notions.

    L'essai de traction, tel qu'on l'emploiegnralement en ne lui demandant que de

    chiffrer la rsistance la rupture, n'est donc pas mme de nous donner directement et sans

    autre convention une indication utilisable

    concernant les caractristiques de rigidit de lafonte grise. En outre, et ceci n'est pas fait pourrendre plus aise la solution du problme pos,la courbe tension-allongement obtenue, nonseulement par traction, mais sous un mode desollicitat