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Comment conduire un vignoble en Agriculture B iologique ? L a conduite d’un vignoble en AB ne se réduit pas seulement au respect d’une liste d’intrants autorisés ! En effet, pour être durable, elle passe par l’optimisation des techniques de prophylaxie et de gestion du sol. La réussite d’un projet en AB nécessite pour cela une bonne maîtrise du vignoble, du matériel et de la main d’œuvre. L’objectif est de pérenniser la vigne dans son environnement par la recherche d’un bon équilibre sol/ plante/climat et par la protection du milieu (érosion, qualité de l’eau, diversité biologique...). En pratique il s’agit de : - favoriser et préserver l’activité biologique du sol, - planter un matériel végétal adapté au milieu, respecter l’équilibre de la souche (végétation/récolte/ racines), - respecter la faune auxiliaire en préservant ou restaurant des zones enherbées, des haies ... Le présent document met en lumière les principaux points techniques qu’il faut particulièrement maîtriser en AB. Il a été rédigé en octobre 2012 d’après le règlement (CE) n°834/2007 qui s’applique à l’ensemble des productions en agriculture biologique, et à tous les types d’activités (production, transformation, distribution, importation...). Le règlement (CE) n°889/2008 (ARTICLES et ANNEXES ) en définit les modalités d’application. Les annexes faisant référence sont : - Annexe I pour les engrais et amendements du sol, - Annexe II pour les produits phytosanitaires. Attention : Ce document ne constitue pas un outil réglementaire. Pour tout achat d’intrants exiger la mention « Utilisable en AB ». Si cela n’est pas possible, vérifier auprès de l’organisme certificateur que le produit est bien autorisé en agriculture biologique. En complément, consulter la publication annuelle inter-régionale « Guide des Vignobles » et ses rubriques « viticulture biologique ». Edition AREDVI C’EST à DIRE - S’opposer à l’érosion - Réguler l’humidité - Maintenir la porosité - Maintenir des taux suffisants en éléments minéraux et organiques - Améliorer la disponibilité des éléments nutritifs nécessaires à la plante ... EN ENTRETENANT SA FERTILITé - Limiter les exportations (sarments et feuilles) - Utiliser l’herbe comme une alliée - Limiter les passages d’engins (compaction) - Entretenir, augmenter si nécessaire, le taux de matière organique et la teneur en éléments minéraux - novembre 2012 - Comment conduire un vignoble en Agriculture Biologique ? Gérer son sol, c’est le préserver ...

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Comment conduire un vignobleen Agriculture Biologique ?

La conduite d’un vignoble en AB ne se réduit pas seulement au respect d’une liste d’intrants autorisés ! En effet, pour être durable, elle passe par l’optimisation des techniques de prophylaxie et de gestion du sol. La réussite d’un projet en AB nécessite pour cela une bonne maîtrise du

vignoble, du matériel et de la main d’œuvre.L’objectif est de pérenniser la vigne dans son environnement par la recherche d’un bon équilibre sol/plante/climat et par la protection du milieu (érosion, qualité de l’eau, diversité biologique...).En pratique il s’agit de :

- favoriser et préserver l’activité biologique du sol,- planter un matériel végétal adapté au milieu, respecter l’équilibre de la souche (végétation/récolte/

racines),- respecter la faune auxiliaire en préservant ou restaurant des zones enherbées, des haies ...

Le présent document met en lumière les principaux points techniques qu’il faut particulièrement maîtriser en AB. Il a été rédigé en octobre 2012 d’après le règlement (CE) n°834/2007 qui s’applique à l’ensemble des productions en agriculture biologique, et à tous les types d’activités (production, transformation, distribution, importation...). Le règlement (CE) n°889/2008 (ARTICLES et ANNEXES ) en définit les modalités d’application. Les annexes faisant référence sont : - Annexe I pour les engrais et amendements du sol,- Annexe II pour les produits phytosanitaires.

Attention : Ce document ne constitue pas un outil réglementaire. Pour tout achat d’intrants exiger la mention « Utilisable en AB ». Si cela n’est pas possible, vérifier auprès de l’organisme certificateur que le produit est bien autorisé en agriculture biologique.

En complément, consulter la publication annuelle inter-régionale « Guide des Vignobles » et ses rubriques « viticulture biologique ».

Edition AREDVI

C’est à dire

- S’opposer à l’érosion - Réguler l’humidité- Maintenir la porosité- Maintenir des taux suffisants en éléments

minéraux et organiques- Améliorer la disponibilité des éléments

nutritifs nécessaires à la plante

... en entretenant sa fertilité - Limiter les exportations (sarments et feuilles)- Utiliser l’herbe comme une alliée - Limiter les passages d’engins (compaction) - Entretenir, augmenter si nécessaire, le taux de

matière organique et la teneur en éléments minéraux

- novembre 2012 -

Comment conduire un vignobleen Agriculture Biologique ?

Gérer son sol, c’est le préserver ...

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Entretien du sol : quelles options ?

La réglementation de l’agriculture biologique autorise le travail du sol, l’enherbement semé ou naturel, certains paillages et le désherbage thermique. Le paillage (dégradable) fait actuellement l’objet d’expérimentations pro-metteuses dans la région. L’intérêt du désherbage thermique se limite à des situations exceptionnelles (forts

dévers, rangs plantés en bordure de banquettes…) !

Elle décompacte le sol, le protège de l’érosion, de l’asphyxie et favorise la vie biologique et le maintien du taux de matière organique. De plus, en retenant les feuilles, elle limite les exportations de matière organique. Cependant, en raison des conditions pédo-climatiques régionales, un enherbement total n’est qu’exceptionnel-lement envisageable, quelles que soient les espèces pré-sentes. Les itinéraires ont donc pour objectif de limiter l’herbe

aux surfaces et périodes souhaitées par le vigneron, avec les contraintes de main d’œuvre et de matériel propres à chaque exploitation. On distingue les interventions entre les rangs des interventions sur le rang. Le choix d’un itinéraire est déterminé selon les con-ditions pédo-climatiques et les objectifs de produc-tion. Chaque itinéraire doit pouvoir être réorienté entre les campagnes, si ce n’est au cours d’une campagne.

L’herbe au coeur du raisonnement

Conseils pour l’entretien du rang

Les différentes techniques de travaiL du soL

soL enherbé

vigne

historique sans intervention cLassique novateur 1

Exemple Novateur 1 avec trèfle blanc sous le rang

novateur 2

soL travaiLLé

Si les trois premières techniques sont bien connues, les deux stratégies novatrices schématisées sont actuellement en cours d’expérimentation :- Pour la technique Novateur 1, les questions portent

principalement sur la concurrence de l’herbe.

- Pour la technique Novateur 2, elles portent sur les pratiques d’entretien sous le ½ rang.

L’entretien du rang présente le plus de difficultés :

C’est une opération lente et délicate. Les vignes en dévers ainsi que les plus vieilles, les plantiers et les gobelets, nécessitent un soin tout particulier.

La maîtrise des adventices y est très importante  : les essais et observations récents montrent que leur présence génère une concurrence marquée.De plus, le développement d’adventices ne favorise pas un micro-climat aéré et peut provoquer une gêne en cas de récolte manuelle. Il peut également entraîner des mauvais goûts en cuve (en cas de récolte mécanique, les adventices - l’érigéron en particulier - peuvent être emportées et mélangées à la vendange).

Elargir la zone d’intervention inter-rang facilite l’entretien sous le rang, les outils de travail intercep pénètrant mieux en limite de la zone travaillée. La contrainte est de ne pas abîmer les pieds.Pour cela, il faut une grande attention et un outil stable. Dans des sols légers ou caillouteux, les lames bineuses présentent le meilleur compromis. Les autres outils deviennent intéressants uniquement en sol lourd ou compacté si les adventices sont développées.

Limiter le chevauchement du travail de l’intercep lors des interventions de chaque côté du rang. Cela permet des vitesses d’avancement plus élevées sans risque pour les pieds. Pour cela, il faut un sol suffisamment meuble.

Sachant que les outils interceps provoquent des projections de terre, pour préserver les surfaces que l’on a choisi d’enherber la meilleure solution est un disque qui sectionne proprement le gazon tout en empêchant les projections de terre.

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exemple d’un itinéraire pratiqué dans la région  : itinéraire «Classique» enherbé un entre-rang sur 2

Entre-rangs travaillés Entre-rangs enherbés Sous le rangObjectif Outil Objectif Outil Objectif Outil

Fin février Broyage sarments Broyeur à marteaux

Broyage sarments

Broyeur à marteaux

MarsEnfouissement

superficielsarments et herbe

Charrue vigneronne

Ameublissement, maîtrise de l’herbe

Décavailloneuse à petit soc

Avril à début août

1 à 3 passage(s)

Maîtrise de l’herbe, Maintien d’un sol

ouvert

Cultivateur à dents vibrantes

Maîtrise de l’herbe Girobroyeur Ameublissement,

maîtrise de l’herbe Bineuse à lames

Après vendanges

Apport de terre meuble sous le rang, maîtrise de l’herbe

Charrue vigneronne

Le matériel d’entretien du solC’est LA question lors de la conversion ! Cependant, plus que les spécificités techniques, c’est l’utilisation du matériel qui conditionne la réussite.L’offre est de plus en plus importante : pour comparer les différents types de matériel, il convient de se référer aux démonstrations de matériels, aux sites spécialisés et aux publications.Pour les outils intercep, il s’agit toujours d’un compromis

entre l’efficacité autour du cep, les risques de blessures des souches et la vitesse d’avancement. L’adaptabilité, la fiabilité, la disponibilité des pièces détachées ainsi que leurs prix complètent les critères. L’usage de la charrue vigneronne peut être utile pour la maîtrise d’une forte pression d’adventices, cependant les déplacements de terre limitent la portance, ce qui est très dommageable en printemps pluvieux.

Les itinéraires techniques de travail du sol sont à moduler en fonction des objectifs de production, des sols, des pentes et des conditions climatiques de l’année. On définira un itinéraire technique pour chaque îlot de parcelles homogènes. Le compromis à trouver est de maîtriser l’herbe tout en limitant le nombre (et la durée) des interventions. En effet, chaque passage représente un coût (temps passé et

consommables), une consommation d’énergie (impact environnemental) et augmente les risques d’érosion et de compaction ! Pour permettre un bon développement de la flore automnale, le travail du sol après vendange n’est pas conseillé (sauf cas particulier, par exemple : semis d’engrais verts).

Le repos du sol : nécessité agronomique mais difficulté économique !En effet, il est difficile de tirer un revenu d’une parcelle en attente de plantation d’une vigne et pourtant cette attente répond à des impératifs agronomiques :

Diminution du risque de virose par baisse des populations de nématodes (idéalement 7 ans de repos entre arrachage et replantation si court-noué avéré).

Diminution de l’inoculum de pourridié si ce champignon est présent.

Amélioration de la structure du sol et de la fertilité par la mise en place de cultures intermédiaires.

Interceps classiques

Décavaillonneuse Lame bineuse Brosse Intercep à disques

Interceps : deux autres techniques

Court-nouéUn porte-greffe tolérant, le Nemadex AB, est inscrit au catalogue depuis 2011.Voir son pépiniériste et son conseiller.

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La Fertilisation : pourquoi et comment ?

Il ne faut pas fertiliser systématiquement ! En effet, la restitution des bois de taille, la décomposition de l’herbe ainsi que des feuilles de vigne peuvent suffire à maintenir un niveau de fertilité suffisant.La bonne fertilité est celle qui maintient des ceps équilibrés pour la production souhaitée, sans compro-

mettre la durabilité du sol. Un sol très fertile peut représenter une contrainte. La période de repos du sol avant plantation est l’occasion de mettre en place des cultures intermédiaires pour protéger, ameublir et fertiliser le sol.

Elle s’appuie sur une analyse physico-chimique et un examen de fosse pédologique souhaitable. Cela oriente les éventuels apports de correction à réaliser avant plantation.

La fumure de fond

En cas de faible taux de matière organique, l’apport d’engrais organiques n’est pas suffisant et/ou très coûteux. Des amendements organiques sont alors nécessaires, avec la contrainte de leur volume et de leur épandage sur des vignes en place.

Un impératif : veiller à l’équilibre des principaux élé-ments nécessaires à la vigne par l’observation des parcelles, par des analyses de pétioles, de moûts, et éventuellement de sol (plus délicat sur vigne en place).

Carence en magnésiesur Grenache

Potassium, magnésium et azote, peuvent être apportés de façon régulière, en veillant à l’équilibre des deux premiers.Phosphore et oligoéléments ne doivent être apportés qu’en cas de besoins avérés. Des applica-tions foliaires peuvent suppléer à un manque. Elles ont souvent un effet limité dans le temps.

La fumure d’entretien

Les composts

exemples d’effluents d’élevage

autorisés en vitiCulture biologique

exemples d’éléments d’origine naturelle

autorisés en vitiCulture biologique 

Eléments Produits Teneurs (à titre indicatif)

Azote

Farine de plumesGuanoPoudre de sangFientes de volaillesTourteau de ricin

10 à 12 % N15 % N12 à 14 % N3 à 6 % N4 à 6 % N

Phosphore

Arêtes de poissonsPhosphate naturel (solubilité variable en sol calcaire)Phosphal (phosphate alumino-calcique)ScoriesPoudre d’os

20 à 25 % P28 % P

34 % P

8 à 16 % P18 à 25 % P

Potassium

PatenkaliVinasse de betteraveCertains sulfates de potassium

30 % K, 10 % Mg23 à 43 % K, 12 % N50 % K

Magnésium Kiésérite 27 % Mg

CalciumLithothamneCarbonate de calcium (calcaire broyé)

42 à 46 % Ca + Mg45 à 57 % Ca

Type d’élevage d’origine des

effluents

Utilisation des effluents Conditions

Biologique Autorisée

Extensif Autorisée

Intensif Autorisée Compostageobligatoire

Hors-sol Interdite

Les composts sont issus de la décomposition aérobie de matières organiques (végétales et/ou animales).Cette fermentation contrôlée en tas entraîne une élévation de température, une réduction du volume, une modification de la composition chimique et biochimique, un assainissement au niveau des pathogènes, des graines d’adventices et de certains résidus. Les avantages des composts par rapport aux matières

brutes sont donc un volume moindre pour un amendement identique (un taux d’humus supérieur) et l’absence d’éléments indésirables.Les composts ont des caractéristiques très variables qui dépendent des éléments de départ et de leur «  maturité  ». Ils peuvent être utilisés soit en amendement de fond soit en apports réguliers, plutôt pour stimuler la vie microbienne des sols que pour les éléments qu’ils apportent.

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Protection phytosanitaire : les clefs de la réussiteMettre en place des mesures prophylactiques

Les ravageurs

Adapter ses interventions

Etre réactif

Etre équipé d’un matériel performant et efficace

En amont des traitements phytosanitaires, elles permettent de limiter le développement des maladies et ravageurs, de diminuer la sensibilité de la vigne et d’améliorer la pénétration des produits phytosanitaires.Elles consistent à :

Maîtriser la vigueur  : matériel végétal, fertilisation, enherbement, taille

Créer un microclimat aéré, défavorable aux maladies : éviter l’entassement du feuillage et des grappes (taille, palissage, opérations en vert)

Préserver les auxiliaires : choix des produits, maintien d’une diversité végétale dans les parcelles ou à proximité.

Pouvoir intervenir rapidement si la pression sanitaire le justifie (forte pression mildiou, pluies annoncées…) : avoir du matériel adapté, disposer d’une main d ‘œuvre réactive et formée, être approvisionné en produits, connaître la capacité de ses sols à réessuyer.

Un matériel correctement réglé assurera une pulvérisation plus efficace. Il convient d’appliquer la juste dose et d’assurer une répartition homogène de la substance sur la cible tout en minimisant les risques pour l’environnement et pour l’opérateur.

A la pression des maladies et ravageurs Aux stades de réceptivité de la vigne Aux conditions climatiques Aux caractéristiques du produit

Connaître la sensibilité de son vignoble parcelle par parcelle Savoir identifier les maladies et ravageurs et connaître les méthodes de lutte Effectuer des contrôles réguliers de l’état sanitaire Se tenir informé : abonnement au bulletin phytosanitaire local, consultation des données météo Solliciter son technicien viticole.

L’efficacité d’une pulvérisation dépend de : La couverture du végétal : les faces du rang traité directement sont mieux couvertes. L’homogénéité de la répartition de la bouillie. La qualité des gouttelettes (taille et nombre). L’hygrométrie, la température et le vent. Les périodes optimales étant le matin sans grosse rosée, le matin après la

rosée, le soir ou la nuit, sans vent. La vitesse d’avancement  : quel que soit le type d’appareil, elle ne doit pas dépasser 4 à 5 km/h. Le réglage du pulvérisateur  : étalonnage, manomètre, positionnement des mains et des canons, taille des gouttelettes, régime de la prise de force, débits, volume de bouillie par hectare.

Maladie Prophylaxie Stratégie d’intervention et produit

Vers de la grappe Eudémis (Lobesia

botrana) et Cochylis (Eupoecilia

ambiguella)

Aérer la zone fructifèreLimiter la vigueurPréserver la faune auxiliaire

Surveillance des populations : piégeage des papillons et comptages des glomérules et pontes. Confusion sexuelle : pose de diffuseur de phéromone en début de vol de 1ère génération.Bt (Bacillus thurengensis) à appliquer stade “tête noire”, juste avant l’éclosion des œufs - efficacité irrégulière en 1ère génération.Spinosad (R50/53 - très toxique pour les organismes aquatiques) à appliquer stade “tête noire”, avant l’éclosion des œufs. Il ne peut être utilisé que 2 fois au cours de la campagne contre un même ravageur. A utiliser pour le traitement de 2 générations différentes, si un renouvellement est nécessaire, il sera réalisé avec du Bt. Remarque : le Spinosad est plus efficace que les Bt sur zones à Cochylis

Flavescence dorée (vecteur:

Scaphoïdeus titanus)

Arracher et brûler les cepsChoisir des plants traités à l'eau chaude - Brûler les bois de taille de plus de 2 ans - Epamprage

Pyrèthre naturel (seulement en zones de lutte obligatoires) aux dates de traitements définies dans les arrêtés préfectoraux. Traitement 1 : 1 mois près l’apparition des premières larves (≈ mi-juin),Traitement 2 : 2 semaines après le T1, Traitement 3 : au moment du pic de présence des adultes.Huile blanche de pétrole (hors zones de lutte obligatoire) à appliquer sur les troncs en hiver.

Cicadelle verte (Empoasca vitis)

Limiter la vigueur, préserver la faune auxiliaire

Surveiller les populations à la floraison : tolérance à 200 larves / 100 feuilles. A noter que les grillures sur feuilles sont rarement dommageables pour la récolte.Aucune substance autorisée. Appliquer la prophylaxie.

Acariens(P.ulmi, E. carpini)

Aménagement des parcelles favorisant l'installation des auxiliaires

Vérifier la présence d'acariens prédateurs ; si absence, introduction de pampres issus de parcelles refuges exemptes de cicadelle de la flavescence ou réintroduction de typhlodromes.

Acariose (Calepitrimerus vitis)

Intervention sur les parcelles présentant des symptômes réguliers : faire 1 application de soufre mouillable (2 kg/hl de bouillie en pulvérisation en jet projeté, sans flux d’air) entre les stades “bourgeon dans le coton” et “pointe verte de la pousse visible”.

Erinose(Colomerus viti)

Si symptômes réguliers mais sans préjudice notable, les effets secondaires du soufre appliqué contre les maladies fongiques, notament l’oïdium, sont suffisants.Si forte présence d’érinose l’année précédente, faire 1 application de soufre mouillable (2 kg/hl de bouillie en pulvérisation en jet projeté, sans flux d’air) entre les stades “bourgeon dans le coton” et “pointe verte de la pousse visible”.

Mildiou sur grappeRot gris

Larve de Cochylis

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Les maLadies cryptogamiques

Maladie Prophylaxie Produit et Stratégie d'intervention

Mildiou (Plasmopara

viticola)

Eviter la formation de mouillères (drainage, entretien du sol)Opter pour un épamprage précoce Soigner le palissageLimiter la vigueur

Cuivre dose maximale autorisée : 6 kg/ha/an ou 30 kg/ha sur 5 ans. (Révision prévue en 2014).

Intervenir contre le mildiou n’est pas systématique. La stratégie d’intervention et les doses apportées sont raisonnées suivant la pression parasitaire (déterminée par la pluviométrie, la température, la maturité des formes de conservation du parasite), la sensibilité de la parcelle et la vigueur. Consulter le Bulletin Santé du Végétal PACA (BSV). Le cuivre est un produit strictement préventif, tout traitement doit être positionné avant une pluie. Pour les doses de cuivre, se référer au Guide des Vignobles.

- Premier traitement : sur les parcelles peu sensibles, attendre la sortie des foyers primaires avant la première intervention. Sur les parcelles sensibles, vigoureuses, où l’humidité persiste, le début de la protection peut commencer juste avant la sortie prévisible des foyers primaires.

- Floraison-fermeture de la grappe : si pression, intervenir après une croissance de plus de 20 cm et/ou après un épisode pluvieux lessivant.

- Fermeture de la grappe-véraison : protection en fonction du niveau de risque de l’année. Le risque sur baie diminue à l’approche de la véraison mais les attaques sur feuillage sont encore possibles (mildiou mosaïque).

- Véraison-récolte : intervenir selon la présence de mildiou dans la parcelle et dans la région, selon les traitements effectués entre fermeture de la grappe et début véraison, et selon le climat et la sensibilité de la parcelle.

De façon générale, les meilleures efficacités sont davantage obtenues par le resserrement de la cadence d’intervention et l’anticipation de l’épisode contaminant que par l’augmentation des doses de cuivre. Quelles que soient les caractéristiques d’un épisode pluvieux, une proportion non négligeable du cuivre apporté reste sur la plante. L’utilisation régulière de faibles doses de cuivre en viticulture biologique crée une «réserve de cuivre».

Oïdium (Erysiphe necator)

Aérer les grappesEviter l'entassement du feuillageLimiter la vigueur

Soufre mouillable ou en poudre, bouillie sulfocalcique, fénugrec (Stifénia, efficacité très variable), huile essentielle d’orange douce (Prev-am).Stratégie raisonnée selon la sensibilité des cépages, le stade phénologique, le niveau de dégâts observé l’année précédente et la présence du champignon dans les parcelles voisines .Dose : 10 kg de soufre pur/ha (sauf Héliosoufre 7,5 l/ha) - Stifénia et Prev-am : se référer au Guide des Vignobles.

- Premier traitement - Cas général : stade “10-12 feuilles étalées”. - Cépages sensibles et/ou vignoble régulièrement attaqué : stade “5-6 feuilles étalées”. - Cépages très sensibles avec drapeaux: stade “2-3 feuilles étalées”.

- Traitements suivants Attention, la période d’encadrement de la floraison est la plus sensible. Les traitements doivent être renouvelés tous les 10 jours et/ou après un lessivage par les pluies (20 mm pour le soufre mouillable). Il est recommandé d’appliquer des soufres poudres aux stades clé (floraison à fermeture de la grappe) et/ou de les intercaler entre deux soufres mouillables.

- Fin de la protection : En cas d’absence de maladie, arrêt de la protection dès la “fermeture de la grappe”. Si des symptômes sont observés (10 à 30 % des grappes atteintes), maintien de la protection jusqu’à “début véraison” avec du soufre poudre.

Maladie Prophylaxie Produit et Stratégie d'interventionPourriture

grise (Botrytis cinerea)

Limiter la vigueur, favoriser l'aération des grappes, limiter les blessures mécaniques et pathologiques.

Bacillus subtilis (Sérénade). Efficacité variable et limitée.Se référer au Guide des Vignobles.

Excoriose (Phomopsis

viticola)A la taille, éliminer les sarments attaqués.

Soufre mouillable : 2 traitements à 1,25 l/hl à positionner avant les pluies. Traitement 1 à 50% bourgeons au stade "éclatement du bourgeon" et traitement 2 à 50 % des bourgeons au stade "2-3 feuilles étalées" ; renouveler les traitements tous les ans jusqu'à maîtrise de la maladie.

Black rot (Guignardia

bidwellii)

A la taille, supprimer les organes touchés (grains momifiés, feuilles et sarments infectés).Les brûler ou les enfouir par un labour de printemps.

Aucune substance active autorisée. Le cuivre n'a qu'une action secondaire partielle.

Pourriture acide

Eviter les blessures mécaniques ou pathologiques et l'entassement de la zone fructifère. Si un égrappage est nécessaire, le faire avant la véraison pour ne pas risquer d’attirer les drosophiles.

Aucune substance active connue.Effets secondaires des traitements cupriques à partir de la fermeture de la grappe.

Nécrose bactérienne

(Xylophilus ampelinus)

Pour les opérations pouvant blesser le cep, commencer par les parcelles apparemment saines et terminer par les parcelles malades. Désinfecter le matériel entre chaque parcelle (javel, alcool). Tailler avant les pleurs.

Cuivre : traitements possibles à différents stades clé à la bouillie bordelaise.Voir Guide des Vignobles.

Pourridié

Lors d'une replantation : arrachage soigneux, extraction d'un maximum de racines, drainage des zones humidesRepos du sol pendant 4-5 ans avec si possible implantation d’une culture intermédiaire.

Aucune substance active connue. La prophylaxie est le seul moyen de lutte et les résultats restent aléatoires.

Eutypiose (Eutypa lata)

Tailler tardivement à la période des pleurs.Retirer et brûler les souches et les bras morts.Réduire les blessures et plaies de taille.Protéger les plaies de taille (mastic cire d’abeille).

Trichoderma atroviride (Esquive) efficacité non éprouvée au champ.Recépage en vert : avant l’ébourgeonnage, sectionner les parties atteintes jusqu’au bois sain. Retirer et brûler les parties malades. Reconstituer la souche à partir d’un pampre situé 5 cm en dessous de la coupe.Recépage d’hiver : repérer les ceps atteints en période végétative et préserver les gourmands bien placés, sectionner en hiver le tronc malade 5 cm au-dessus du gourmand conservé et protéger la plaie, enlever les souches sectionnées et les brûler.

Esca et BDA(Black Dead Arm)

Retirer et brûler les ceps morts.Limiter les blessures et plaies de taille. Aucune substance active connue

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Quelquefois visibles, souvent discrètes, ces «petites bêtes» jouent un rôle important dans la régulation des ennemis de la vigne .

Les acariens prédateurs ou «typhlodromes» sont les plus connus pour leur forte activité contre les acariens phytophages (nuisibles). Toutefois, les nombreux travaux réalisés ces dernières années montrent qu’il ne faut surtout pas négliger les araignées et insectes qui peuvent s’avérer également très performants.

Comment agissent-ils ? Soit en se nourrissant directement de leur proie (acariens, jeunes chenilles, cicadelles…), il s’agit donc de prédateurs, qui durant leur vie, consomment plusieurs proies. Soit en pondant un œuf à l’intérieur de ce ravageur (au stade œuf, larve ou nymphe…) pour assurer leur descendance. Il s’agit dans ce cas de parasitoïdes. Chaque ponte provoque la mort d’un seul hôte.

Les coûts de production

Les auxiliaires, alliés du viticulteur

Ils sont très variables dans la région en fonction des itinéraires techniques, de la mécanisation, des appellations, des objectifs de rendement.

Quel est le différentiel Bio/Conventionnel  ? Il dépend totalement des situations comparées.

Ci-dessous deux itinéraires de même niveau qualitatif sont comparés :

Grenache palissé sur 1 fil, densité 4000 ceps/ha Rendement 50 hl/ha, récolte à la machine par entreprise Parcelle prétaillée, ébougeonnée, fertilisée. Travail du sol inter-rang.

BIO Conventionnel Ecart

Main d’œuvre 1 659 1 585 + 74

Appros 610 688 - 78

Matériel 713 606 + 107

Amortiss. Plant 818 818 0TOTAL 3 800 3 697 + 103

De façon générale, si le vignoble est en bon état et si la conversion a été bien préparée - matériel, main d’œuvre, réflexion sur la protection phytosanitaire, entretien de sol et fertilisation - les rendements ne varient pas. Cette phase de préparation du vignoble avant la conversion est un préalable qui prend plus ou moins de temps selon les pratiques de départ. Si celles-ci sont très éloignées des itinéraires bio, il est souvent opportun de mettre en place progressivement le travail mécanique du sol et la fertilisation organique avant la conversion effective.Dans cette optique et sachant qu’une vigueur mesurée est la meilleure des prophylaxies, il est plus aisé de convertir en bio un vignoble à objectif de rendement modéré qu’un vignoble destiné à une forte production.

les rendements baissent-ils quand on adopte la vitiCulture bio ?

Source : Références technico-économiques Campagne 2011 - Chambre d’Agriculture de Vaucluse

Typhlodrome (acarien prédateur)

Larve de pyrale parasitée par des larves de micro-hyménoptères

Araignée chassantà l’affut

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Coûts en €/ha

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Ils témoignent ...Régis HENRY Viticulteur coopérateur à St Maximin-la-Ste-Baume (83)année d’installation : 2006année de conversion bio : 2009

Denis ALARY Viticulteur Domaine Alary à Cairanne (84)année d’installation : 1982année de conversion bio : 2009

Surface : 15 haAppellation : 50% Vin de Pays, 50% Côteaux VaroisEncépagement : 20% blancs (Rolle, Ugni Blanc, Sémillon)80% rouges (Grenache, Cinsaut, Syrah, Cabernet Sauvignon)Main d’oeuvre : saisonnier uniquement pour taille, épamprage et entretien du palissage.Commercialisation : par cave coopérative en cuvée bio.

Surface : 28 haAppellation : Cairanne, Côtes du Rhône, Vin de PaysEncépagement : 10% blancs (Roussanne, Clairette, Bourboulenc, Viognier)90% rouges (Grenache, Syrah, Mourvèdre)Main d’œuvre : 2 salariés permanents + saisonniers pour épamprage et récolte.Commercialisation : en cave particulière. Mise en marché de 120 000 bouteilles /an dont 50 % à l’export.

pourquoi la bio ?

satisfaCtions et diffiCultés liées au bio

CaraCtéristiques de l’exploitation

projets

«  Dans la conversion vers la viticulture biologique, le plus dur c’était la maîtrise de l’herbe ». Il lui a fallu 3 ans pour s’approprier les différents outils, adapter ses interventions au type de sol et à la climatologie : « le passage sera efficace si on passe au bon moment : quand le couvert n’est pas trop développé et quand l’état du sol est correct  ». Régulièrement, Régis Henry teste différents itinéraires techniques : l’année prochaine il intégrera les disques dans son programme de travail sur le rang.

Au niveau phytosanitaire : la restriction de l’usage des produits ne lui a posé aucun problème. Au contraire, « il est plus intéressant de travailler avec les produits autorisés en bio car on gère mieux la dose et on traite uniquement lorsque c’est nécessaire ». Il précise également qu’avec le bio, il évite la manipulation de produits chimiques de synthèse.

Depuis qu’il est en bio, Régis Henry n’a constaté ni baisse de rendement, ni baisse de vigueur.

« Le travail mécanique du sol peut représenter un surplus de travail, cependant on gagne du temps en combinant les outils (travailler l’inter-rang et le rang en un même passage)», «  le nombre de passages dépend de la climatologie et du degré de tolérance que l’on a vis-à-vis de l’herbe ».

«  La protection phytosanitaire peut nécessiter plus d’interventions et donc plus de temps en cas de climatologie favorable aux maladies. »

Régis Henry consulte la presse et les ouvrages spécialisés, les bulletins techniques viticoles et le site de l’IFV.

« C’est vraiment l’entretien du sol dans les coteaux qui est contraignant ». En effet, les interceps à correcteur de dévers sont trop difficiles à utiliser et «  j’entretiens le rang des parties les plus pentues des 3 ha de coteaux avec une débroussailleuse thermique ». Deux passages par an totalisant 40 heures sont nécessaires.

Ensuite «  le point noir en protection phytosanitaire ce sont les quantités de soufre appliquées contre l’oïdium », « je ne pratique pas de diminution de dose avec le soufre mouillable, avec 2 à 3 poudrages dans la saison cela fait beaucoup, et contrairement au mildiou il n’y a pas d’année sans ! ». Le mildiou n’est pas jusqu’à présent un souci avec des applications de 1,5 à 2,5 kg de bouillie bordelaise. « Je dispose de 2 appareils de traitement qui peuvent intervenir en même temps  en cas d’année difficile ».

Le cahier des charges «  Vin bio  » ne posera pas de difficulté particulière. Comme au vignoble, Denis Alary a réduit les intrants dans ses vins. Notamment le S02 pour lequel les vins finis sont déjà en deçà des limites. Le tri à la parcelle (tout en récolte manuelle) puis à la cave sur des tables, permet de vinifier uniquement les raisins sains et de limiter par la suite les intrants et les interventions.

Denis Alary est abonné au bulletin technique « L’Info Viti » dans lequel il trouve des préconisations bio.

Mise en place d’engrais verts pour améliorer la struture du sol (décompaction).

Une aire de lavage avec traitement des effluents viticoles ainsi qu’un hangar pour le parc matériel qui augmente !

Rédacteurs : Eric L’HELGOUALCH (CA 84), Claire BONTEMPS et Garance MARCANTONI (CA 83)Coordination : Fabien BOUVARD ([email protected]) - Crédit photos : Chambres d’AgricultureChambre Régionale d’Agriculture PACA - 22 Ave H. Pontier - 13626 - Aix-en-Provence - Tel : 04 42 17 15 00Mise en page : Brigitte LAROCHE - Illustration : Bernard NICOLAS

Le dispositif Ref Bio PACA est coordonné par Bio de Provence et la Chambre Régionale d’Agriculture Provence -Alpes-Côte d’Azur.

- le Guide des vignobles Rhône Méditerranée - édition annuelle AREDVI- La faune auxiliaire des vignobles de France – IFV - Septembre 2011- itab.asso.fr : les fiches techniques ITAB- matevi-france.com : sur le matériel viticole 

- aredvi.asso.fr/ : les résultats des essais en région PACA  et Note Inter-Régionale Ferti. - agribio-languedoc-roussillon.fr/viticulture : réglementation, résultats d’expé.- agriculture-paca.fr : la Chambre Régionale d’Agriculture PACA - Le BSV- ca83.fr : les coûts de production en viti bio en

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Pour préserver ses terres et sa santé.Sa cave coopérative a mis en place une cuvée Bio, il est donc sûr que la production sera bien valorisée.

Pour préserver sa santé et celle de ses « enfants qui jouaient dans le bac à sable » pendant qu’il traitait ...Après une évolution technique progressive, il a demandé la certification pour satisfaire ses clients qui réclamaient la recon-naissance « bio ».

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