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Comment favoriser la transmission intergénérationnelle du bien manger aux enfants ?
Le rôle des représentations sociales
Journée Interdisciplinaire AFM / REMOSCO – EHESS 18 Mars 2016Margaret Josion-Portail, IAE Gustave Eiffel, Université Paris-Est Créteil - IRG EA 2354
▪ Contexte de la recherche
▪ L’enjeu de la transmission alimentaire
▪ Revue de littérature
▪ Famille et transmission des pratiques de consommation
▪ Influence pressentie des représentations sociales et d’autres variables psychographiques
▪ Méthodologie
▪ Phase qualitative et phase quantitative
▪ Résultats et discussion
▪ Contributions théoriques
▪ Implications sociales et managériales
IntroductionPlan de la présentation
2
CC creative commons – Obra Shalom Campo Grande 2011
Contexte de la RechercheL’enjeu de la transmission alimentaire
▪ La consommation alimentaire▪ Une fonction biologique, hédonique, symbolique, culturelle et sociale.
▪ Le modèle alimentaire
▪ Ensemble de connaissances technologiques accumulées au fil des
générations et ensemble de codes symboliques, participant à la
construction de l’identité culturelle d’un groupe social (Poulain, 2002).
▪ Modèle français : rôle pressenti dans la limitation de l’obésité.
▪ L’importance de la transmission intergénérationnelle
▪ Je suis née de deux familles où bien manger et partager autour d’unplat étaient art de vivre, et cuisiner et pâtisser étaient passions etreligions. Et, que l’on ait été cuisinier et cuisinière de métier, charcutier,charpentier, épicier ou institutrice, il était de son devoir et de son vouloirde transmettre : transmettre des valeurs, une histoire, un savoir, unsavoir-faire, une technique et, bien sûr, des recettes », Hélène Darroze,chef étoilé.
3
▪ Des changements dans les comportements
alimentaires des jeunes générations
▪ « Manger n’est pas seulement un acte fonctionnel, c’est un plaisir
quotidien et partagé qui obéit à certaines (...) Ces règles définissent un
modèle alimentaire français. Cependant, ce constat ne doit pas
cacher la remise en cause croissante de ce modèle, notamment
chez les jeunes. Ces derniers cuisinent moins ; ils achètent des plats
préparés, délaissent la table pour le canapé et préfèrent le « snacking »
à la prise de repas à heure fixe. Ils consacrent à peine 8% de leur
budget à l'alimentation, contre 15% pour leurs parents et 20% pour
leurs grands-parents », (PNA, 2011).
▪ Les programmes impulsés par les Pouvoirs Publics▪ Programme National Nutrition Santé (2001)
▪ Programme National pour l’Alimentation (2011)
Contexte de la RechercheLes préoccupations des pouvoirs publics
4
▪ « La Fondation Nestlé France a vocation à favoriser la transmission dela culture alimentaire française. Cela implique une connaissanceapprofondie des pratiques qui constituent cette culture (produits,composition, ritualisation, commensalité des repas, lieux et temps duplaisir et du partage…) ainsi que l’identification et la protection de sesaspects les plus favorables pour la santé », Fondation Nestlé France,2016.
▪ « L’Observatoire des Cuisines Populaires est un lieu virtuel témoignant dufoisonnement de la cuisine quotidienne des Français. Son but est dedécouvrir, transmettre, ce qu’est la cuisine populaire aujourd’hui, pourremettre le quotidien, source d’imaginaire et d’originalité, au centre denotre intérêt pour la cuisine … », Observatoire des Cuisines Populaires,2016.
Contexte de la RechercheL’implication des marques alimentaires
5
Comment favoriser la transmission alimentaire du bien manger aux plus jeunes ?
▪ Facettes ?
▪ Acteurs ?
▪ Facteurs ?
Question de Recherche
6
▪ Socialisation à la consommation▪ « L’ensemble des processus par lesquels de jeunes personnes acquièrent des savoir-faire, une connaissance et
des attitudes influençant fortement leurs comportements d’achat » (Ward, 1974).
▪ Rôle de l’âge de l’enfant (Piaget, 1940 ; Roedder John, 1999).
▪ Stade perceptuel (3-7 ans)
▪ Stade analytique (7-11 ans)
▪ Stade réfléchi (11-16 ans)
▪ Importance de l’influence familiale▪ « Les changements les plus importants dans le processus de socialisation du consommateur n’apparaissent pas de
façon isolée mais (…) s’inscrivent dans le contexte de la famille, des pairs, des médias et des institutions
marketing » (Roedder John, 1999).
▪ Capital transgénérationnel : « actif de prédispositions relatives au choix de consommation ou de marques, intégré à
la dynamique de la trajectoire de vie de son possesseur » (dont le fait de cuisiner maison, ou les choix de
structuration des repas) (Ladwein, Carton et Sevin, 2009).
Revue de LittératureLa transmission intra-familiale des pratiques de consommation
7
• Le rôle parental : éducation à la nutrition• Rôle des parents dans l’éducation nutritionnelle de l’enfant (Ezan, Gollety, Guichard et Nicolas-Hémar,
2010).
• Les enfants associés par leurs mères à des activités en relation avec l’alimentation
possèdent de meilleures connaissances en matière de nutrition (Anliker et al., 1992).
• Le rôle grand-parental : pressenti mais mal connu • « Investissement massif » auprès des petits-enfants (Attias-Donfut et Segalen, 2002).
• Activités récréatives, comme la cuisine et le jardinage (Chouchena et Soulé, 2003).
• Rôle dans les apprentissages alimentaires de l’enfant (Ayadi et Brée, 2010 ; Ezan et al., 2010).
• Seconds après les parents (devant la publicité) pour la connaissance des produits
alimentaires (Derbaix, Leheut et Maesa, 2010).
Revue de LittératureLe rôle parental et grand-parental dans la transmission alimentaire
8
▪ La fonction d’orientation des représentations sociales▪ Un savoir de sens commun (Jodelet, 1984).
▪ Noyau central et système périphérique (Abric, 1988, Michel, 1999, Michel et Donthu, 2014).
▪ Guident les pratiques collectives (Abric, 1994).
• Des caractéristiques psychographiques pouvant influencer la
transmission▪ Centralité du rôle de parent et de grand-parent (Rosenberg, 1979 ; Kivnick, 1983).
▪ Reconnexion au passé personnel (Kivnick, 1983).
▪ Générativité (Erikson, 1959 ; Kotre, 1984 ; Mc Adams et de St Aubin, 1992 ; Urien et Kilbourne, 2011).
▪ Dimension agentique
▪ Dimension communale
Revue de LittératureLe rôle pressenti des représentations sociales et de certainescaractéristiques psychographiques
9
• Facettes du « bien manger »
• Génération d’items de mesure (représentations sociales et pratiques de transmission)
Etude documentaire et exploration qualitative
• Comparaison des pratiques
• Structure des représentations
• Influence des représentations sociales et des caractéristiques psychographiques
Etude quantitative auprès de 235 mères et grands-mères
MéthodologieEtude documentaire et qualitative, et étude par questionnaire
10
MesuresPratiques de Transmission du Bien Manger
Lorsque mes enfants (petits-enfants) sont avec moi…
EQUILIBRE
(α = 0.81)
• J’explique à mes enfants (petits-enfants) qu’il faut varier les aliments
pour être en bonne santé.
• Je parle à mes enfants (petits-enfants) des règles de l’équilibre
nutritionnel.
• J’explique à mes enfants (petits-enfants) que chacun doit manger
des quantités adaptées à ses besoins.
PLAISIR ET
COMMENSALITE
(α = 0.70)
• Les repas avec mes enfants (petits-enfants) sont une occasion de
beaucoup échanger avec eux.
• J’achète à mes enfants (petits-enfants) des choses qu’ils aiment.
• Lorsqu’ils mangent, je suis à table avec mes enfants (petits-
enfants).
CULTURE
(α = 0.72)
• Je cuisine à mes enfants (petits-enfants) des recettes de famille.
• Je sers à mes enfants (petits-enfants) des produits/plats typiques de
ma région, ou de ma région d’origine.11
Pour moi, un repas où les enfants (petits-enfants) ont bien mangé c’est …
EQUILIBRE
(α = 0.92)
• Un repas qui leur procure tous les nutriments dont ils ont
besoin
• Un repas qui leur donne suffisamment d’énergie
PLAISIR ET
COMMENSALITE
(α = 0.78)
• Un repas où on est ensemble à table lorsqu’ils mangent.
• Un repas où on échange
• Un repas où ils se régalent
CULTURE
(α = 0.83)
• Un repas où je sers des plats /des produits typiques de
ma région, ou de ma région d’origine.
• Un repas où je cuisine une recette de famille.
MesuresReprésentations sociales du repas où les enfants ont bienmangé
12
PARENTS
(α = 0.84)
• Depuis que je suis parent, je me retrouve en train de revivre ma propre enfance.
• Quand je partage des activités avec mes enfants, je me souviens des moments partagés
avec mes propres parents.
• C’est important pour moi d’essayer d’être à la hauteur de mes parents, de marcher dans
leurs traces.
• Etre devenu parent m’a fait penser à mes propres parents.
GRANDS-
PARENTS
(α = 0.84)
• Depuis que je suis grand-parent, je me retrouve en train de revivre ma propre enfance.
• Quand je partage des activités avec mes petits-enfants, je me souviens des moments
partagés avec mes propres grands-parents.
• C’est important pour moi d’essayer d’être à la hauteur de mes grands-parents, de
marcher dans leurs traces.
• Quand je regarde mes petits-enfants pratiquer leurs activités, c’est comme si je
pratiquais moi-même ces activités.
• Etre grand-parent, cela consiste en partie à revivre sa propre vie d’adulte.
MesuresReconnexion au passé personnel
13
PARENTS
(α = 0.85)
ENGAGEMENT
(α = 0,87)
• Je consacre une part importante de mon temps et de mon énergie à
l’éducation de mes enfants.
• Je suis très impliqué(e) dans l’éducation au quotidien de mes enfants.
• Je suis très impliqué dans l’éducation de mes enfants.
RECOMPENSE
(α = 0,77)
• Si j’avais choisi de ne pas avoir d’enfants, je le regretterais.
• Ma vie serait vide si je n’avais pas eu d’enfants.
• Bien qu’être parent demande beaucoup de sacrifices, l’amour et le
plaisir que nous procurent nos enfants en vaut la peine.
GRANDS -
PARENTS
(α = 0.92)
• Etre devenu grand-parent a donné un nouveau sens et une nouvelle
plénitude à ma vie.
• Etre grand-parent est la chose la plus importante de ma vie.
• Mes petits-enfants sont ma principale raison de vivre.
• Voir mes petits-enfants me donne plus de plaisir que toute autre chose.
• Je fais partie de ces gens dont la vie tourne autour de leurs petits-
enfants.
MesuresCentralité du rôle
14
ENGAGEMENT
TRANSMISSION
(α = 0.85)
• Je me suis engagé auprès de nombreux types de personnes et de groupes
dans ma vie.
• Les autres disent que je suis une personne qui produit beaucoup de choses.
• Dans ma vie, j’essaie de transmettre la connaissance que j’ai acquise au travers
de mes expériences.
• J’ai le sentiment d’avoir contribué à changer la vie de nombreuses personnes.
• Dans ma vie, j’ai réalisé et créé des choses qui ont eu un impact sur les autres
personnes.
• J’ai des compétences importantes que j'essaye d’enseigner à d’autres.
POSTERITE
(α = 0.87)
• Je pense qu’on se souviendra de moi longtemps après ma mort.
• Les autres diront que j’ai apporté des contributions uniques à la société.
• Je pense que j’ai fait des choses qui survivront après ma mort.
• J’ai l’impression que ce que j’ai fait existera après ma mort.
MesuresGénérativité
15
RésultatsEngagement des mères (grands-mères) dans les pratiquesde transmission
MERES
(N=117)
GRANDS-
MERES (N=118)
Test de Mann
Whitney
Conclusion
TRANSMISSION
EQUILIBRE5,57 5,50 0,758 Différence NS
TRANSMISSION
PLAISIR ET
COMMENSALITE
6,0 6,4 0,000
Différence
statistiquement
significative
TRANSMISSION
CULTURE4,7 5,3 0,000
Différence
statistiquement
significativeEchelle de 1 à 7
16
Groupe Item
Réponses
« négatives »
(1+2+3)
Réponses
« positives »
(4+5+6+7)
Conclusion
MERES
(N=117)
Un repas qui ne leur donne pas
suffisamment d’énergie peut-il
être un repas où les enfants ont
bien mangé ?
77 40
Rejet majoritaire du construit
=>test du Chi-Deux d’inférence
P = 0.001 < 0.05
=> Association centrale
GRANDS-
MERES
(N=118)
Un repas où ils ne se régalent
pas peut-il être un repas où les
petits-enfants ont bien mangé ?73 45
Rejet majoritaire du construit
=>test du Chi-Deux d’inférence
P = 0.01 < 0.05
=> Association centrale
RésultatsStructure des représentations sociales des mères et des grands-mères (1)
17
Mères Grands-mères
Se régalentSuffisamment d’énergie
Plats/produits région
Recettes famille
Ensemble
à table
Echange
Nutriments
Suffisamment
d’énergie
Plats/produits région
Recettes famille
Se régalent
EchangeNutriments
Ensemble à table
RésultatsStructure des représentations sociales des mères et des grands-mères (2)
18
RésultatsInfluence des variables sur les pratiques de transmission
MERES
(N = 117)
• TRANSMISSION EQUILIBRE[R2 ajusté = 42,8%]
• RS Equilibre (β = 0.553, sig. 0.000)
• TRANSMISSION PLAISIR –
COMMENSALITE[R2 ajusté = 38,5%]
• RS Plaisir-Commensalité (β = 0.577, sig. 0.000)
• Centralité « Récompense » (β = 0.168, sig. 0.061)
• TRANSMISION CULTURE[R2 ajusté = 50,3%]
• RS Culture (β = 0.616, sig. 0,000)
GRANDS-
MERES
(N = 118)
• TRANSMISSION EQUILIBRE[R2 ajusté = 16,8%]
• RS Equilibre (β = 0.418, sig. 0,000)
• TRANSMISSION PLAISIR-
COMMENSALITE[R2 ajusté = 46,7%]
• RS Plaisir-Commensalité (β = 0.596, sig. 0,000)
• Centralité (β = 0.240, sig. 0,003)
• Générativité « Postérité » (β = - 0.178, sig. 0,061)
• TRANSMISSION CULTURE[R2 ajusté = 40,5%]
• RS Culture (β = 0.629, sig. 0,000)
• Générativité « Engagement/transmission» (β = 0.181, sig.
0,062)19
▪ Mesure des RS du repas où les enfants
ont bien mangé.
▪ Différence dans la structure des RS du
repas où les enfants ont bien mangé
chez les mères et les grands-mères.
▪ Identification du rôle des RS dans la
transmission des différentes facettes du
bien manger (fonction d’orientation).
▪ Identification de l’influence de la
centralité du rôle grand-parental dans la
transmission du plaisir-commensalité.
▪ Potentiel explicatif d’autres variables
(centralité-récompense et générativité).
▪ Communication sur les facettes dubien manger (pouvoirs publics etmarques).
▪ Mobilisation des associations degrands-parents dans le cadre péri-scolaire (pouvoirs publics).
▪ Développement d’actions ciblées« grand-parent et petit-enfant » pourpromouvoir le patrimoine culinairerégional (recensement recettes, visitessites remarquables du goût).
ConclusionsContributions théoriques, implications sociales et managériales
20
Merci de votre attention !
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CC creative commons – Obra Shalom Campo Grande 2011